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    La Propagande

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    HISTOIRE

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    Quest-ceque la propagande?

    La propagande a dabord t un concept religieux.

    La Congregatio de Propaganda de cre au 17e

    sicle par le pape Grgoire XV lutte pour imposer la

    vraie foi contre lhrsie. Il ne sagit pas de propager

    des ides fausses mais de transmettre une idologie.

    Le mot sest francis avec la rvolution franaise et

    a pris une connotation plutt ngative avec le temps

    (surtout depuis la Premire Guerre mondiale).

    La propagande a en effet connu un extraordinaire dveloppement depuisla Premire Guerre mondiale, premire guerre industrielle, totale o il taitessentiel denrler toute la population.Forger la conviction, parfois jusquau fanatisme, est indispensable au bondroulement de la guerre et lacceptation des sacrices consentir. Laguerre exige de largent et des hommes, la propagande doit veiller ce queltat ait les deux en sufsance. Il faut fortier le sentiment national et insistersur le pril encouru par la nation.

    Tous les pays belligrants crent ds lors des ofcines gouvernementales depropagande, la Belgique participe au mouvement.En fvrier 1915 est cr au Havre leBureau de Documentation belge, dpendantdu Ministre de la Guerre, avec sa tte Fernand Passelecq. 1916 voitapparatre lOfce de la Propagande belge, plac sous la direction dun comitgouvernemental de propagande compos de plusieurs ministres et dirigspar Henry Carton de Wiart. Enn Londres, il y a le service de propagandedirig par Henri Davignon et Washington apparat en dcembre 1917 le

    Belgian Ofcial Information Service dirig par deux professeurs duniversitbelges travaillant aux Etats-Unis, Paul Van den Ven et Albert J. Carnoy.

    En 1915, le Ministre de la Guerre belge dcide de constituer une collectiondarchives photographiques pour la documentation historique, lducationnationale de la jeunesse et lillustration darticles de propagande ltranger.Cest la cration du service photographique auquel sajoute, en 1916, unesection de reportage et de propagande. En 1916, lEtat-major belge, soutenupar le Roi Albert Ier, cre la Sectiondocumentaire artistique de lArme belge encampagne charge de montrer la ralitde la prsence belge dans la guerreet regroupant une srie dartistes qui

    peignent les paysages du front.

    Il faut faire une mention spciale dans cecontexte de propagande pour les Cave des peintres, Nieuport 1916-

    1918, MRA

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    Etats-Unis. Quand ces derniers dclarent la guerre en avril 1917, lopinionpublique y est fortement oppose. Pour la faire changer davis, le prsidentWilson met sur pied, encore le mme mois, la Commission on Public Information,appele aussi Commission Creel du nom du journaliste George Creel qui ladirige. Cette commission comprend des journalistes, des intellectuels, despublicistes et est une vritable ofcine de propagande moderne, ditant et

    publiant des afches, des tracts, des caricatures, des lms, des articles depresse, ... dans le but de mobiliser les gens, leur faire partager le point de vuedu gouvernement, distiller la haine de lennemi. Le succs extraordinaire aincit les entreprises, aprs la guerre, faire appel certains des membres decette commission, comme Edward Bernays, pour vendre leurs produits.

    Le mouvement sintensie avec la Seconde Guerre mondialePour les tats totalitaires, la propagande est essentielle pour soumettrela population, en empchant tout esprit critique, an de mener bienlacceptation sans nuance des ides du parti dominant. Des ministres de

    linformation ou de la propagande voient le jour:

    ministre de linformation, lagitation et la propagandeen URSScharg de mener la rvolution proltarienne dans le monde;la propagande diffuse la doctrine socialiste, lagitation montedes coups pour sensibiliser lopinion autour de mots dordreefcaces;ministre de la propagandeen Allemagne nazie aux mains duredoutable Joseph Goebbels;Minculpop (ministre de la Culture populaire), partir de 1937en Italie, encadrant les mdias.

    La guerre amne les dmocraties recrer des bureaux de contrle delinformation. Ainsi la Grande-Bretagne a un ministre de linformation quifait de la dsinformation, de la rtention dinformations voire des mensonges,tandis que les Etats-Unis ont un bureau dinformations la guerre.

    La propagande aujourdhui reste toujours dactualit travers les diffrentsmdias, la culture, le marketing politique, ...

    Le marketing politique rgle les relations entre un parti ou plus souvent unepersonnalit politique et lopinion publique, en appliquant les techniquesdtudes commerciales au domaine politique. Un homme politique tente decorrespondre et de rpondre aux aspirations (rvles par des tudes et dessondages dopinion) des lecteurs quil convoite. Est-ce de la dmagogie ouest-ce rpondre aux besoins rels exprims par une partie de la population?La communication se modernise. Si les afches restent toujours importantes,le principal impact vient de la tlvision o les conseillers en image, lespublicitaires, le medium tlvisuel imposent une coupe de cheveux, un tailleur,un maintien, une gestuelle, ... destins sduire et installer une certaine

    image de lhomme/femme politique. Les meetings bon enfant sont devenusdes grand-messes de la communication dont la mise en scne suppose unergie du son et de la lumire, un metteur en scne. Les candidats une lection

    Hit ler et Goebbels larrire -plan,s. d.

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    QUELLEPROPAGANDE?

    PUBLICITOU

    PROPAGANDE

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    ouvrent des blogs o ils proposent leur programme, donnent des lments deleur biographie, prennent position sur des faits dactualit, etc. Ceci renforcele lien (presquintime) entre un homme politique et lopinion publique.

    La communication dEtat tient parfois de la dsinformation. Ainsi en a-t-il t pour les armes de destruction massive qui auraient t dtenues

    par lIrak en dpit des dmentis de la commission de contrle. En cas deguerre, lEtat contrle et encadre strictement les correspondants de guerrequi ne lment et crivent que sur accrditation. Trucages, manipulations,obstructions tentent de verrouiller le discours ofciel.

    On distingue communment diffrents types depropagande:

    La propagande blanche qui provient dune source ouvertement identie,qui assume son origine; La propagande noire qui provient dune source soi-disant amicale mais enralit hostile. Elle cache son origine. Elle est constitue dhistoires faussesou vraies mais dont la source est fausse ou faussement attribue; La propagande grise qui provient dune source soi-disant neutre mais enralit hostile.

    On a souvent tendance associer publicit etpropagande car elles semblent bien souvent rpondre

    aux mmes motivations et utiliser les mmes

    rouages.

    La publicit vise la conviction des masses, dans une logique de consommation.

    Elle tend veiller des besoins lis des dsirs inconscients. La socit de

    consommation pousse les gens acheter des produits dont ils nont pasbesoin mais dont ils ont envie.

    La propagande, quant elle, vise au contrle de la socit, radiquer toute

    forme de reprsentation sociale et politique qui ne cadre pas avec les noncs

    du discours du pouvoir en place.

    La propagande (comme la publicit) se base sur des tudes sociologiques,

    psychologiques, voire mme psychiatriques pour manipuler linconscient,

    les dsirs refouls, les rexes des individus ou des foules. Elle utilise des

    techniques comme les sondages ou lappel un soi-disant comit dexperts

    pour augmenter la crdibilit de son message.

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    DMOCRATIEOU

    DICTATURE

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    La propagande est souvent le fait dun Etat totalitaire,

    qui distille son message et les valeurs quil entend

    promouvoir travers des monuments, la presse

    sa dvotion, les oeuvres dartistes son service, etc.

    En exerant la censure, il cherche museler touteopposition ou toute opinion indpendante.

    En dmocratie aussi, lopinion publique peut tre manipule par les autorits

    qui imposent leur imaginaire, leurs codes, leurs priorits, leur sens de lHistoire.

    Elles estiment quune minorit dhommes intelligents et responsables doit

    diriger la masse incapable de juger correctement les affaires publiques,

    car elle est dirige par des forces irrationnelles inconscientes, des pulsions

    animales.

    La dmocratie ne serait-elle quun leurre?

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    Les celles de la propagande

    Quelques thmes reviennent dune propagande lautre, gauche et droite,en temps de guerre ou de paix, dans une dictature ou dans une dmocratie.

    On dveloppe le culte du chef meneurdhommes et infaillible, mais aussi du chefde famille tendre et paternaliste, exaltantles principes dunion, dunication, etdhomognit.

    Nous ne voulons pas la guerre, cestlennemi le seul responsable.

    Notre cause est noble, voire mme sacre.

    Nous sommes unis contre un ennemicommun. Le monde simpli est rduit euxetnous.

    Nos pertes sont peu nombreuses, celles de lennemi sont bien plus

    importantes. Nous sommes prs de la victoire. Ce genre dassertion estcens dmoraliser lennemi et galvaniser le courage de sespropres troupes.

    Lennemi est diabolis. Il nappartient mmeplus au genre humain, cest le barbare, cestle Mal absolu, cest un animal. Lennemi seulcommet des atrocits, emploie des armes nonautorises. Une autre manire de le combattreest de le ridiculiser travers les caricatures.

    On utilise la peur pour mobiliser les foules.

    On fait appel lautorit sous la forme derfrences des personnages importants,clbres ou respects, des experts, descomits de scientiques.

    On fait appel lhistoire nationale, aux mythes fondateurs, fermentsidentitaires et exemples exaltants. Ex: la Rome antique, le chevalier teuton encroisade (auquel se rfre le SS en croisade contre le bolchevisme), la France

    de Vercingtorix et Clovis pour la construction de lidentit nationale etchrtienne, Jeanne dArc et Napolon pour leur combat contre les Anglais.

    Aff ich e lectorale, Allemagne1934, MRA

    Caricature de JamesThiriar, Belgique

    1914-1918, MRA

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    Des glissements smantiques introduisent un certainvocabulaire qui nest pas innocent, pour dchargercertaines expressions de leur contenu motionnelet les vider de leur sens, on manie leuphmismeou la dissimulation. Ex: frappes ariennes (pourbombardements), dommages collatraux (pour victimes

    civiles), solidarit (pour impts), intervention humanitaireprventive (pour expdition militaire). On accole destiquettes pjoratives un nom, un personnage ou un groupe de faon voquer des images ngatives.Il nest pas neutre de dsigner quelquun danti oualtermondialiste, progressiste ou radical, fasciste ounationaliste, cosmopolite ou mondialiste, libral ouultra-libral, parler de sans-papiers ou dimmigrants ensituation irrgulire.

    On utilise abondamment des symboles nationauxou imags, reconnaissables par tous permettant devaloriser lunion, la cohsion nationale au moyen dela bre patriotique. La communaut du peuple estutilise comme prtexte pour souligner la suprioritet la puret de la race lue.

    On utilise largument de banalit, - lhomme ducommun pense ainsi -, pour emporter ladhsion detous. Cet unanisme renforce leffet moutonnier ancrantla conviction que le nombre fait la force et dmontre lapertinence dune ide.

    La propagande privilgie les mots dordre clairs,les notions simples, les solutions videntes, faisantappel lmotion plutt qu la raison. Une idefausse mais claire et prcise aura toujours plus depuissance quune ide vraie mais complexe. Lemessage est rpt an de mieux le marteler.

    Il faut exagrer les enjeux, pour rester dans unregistre dramatique.

    Aff iche de propagandeallemande, 1942, MRA

    Aff iche dite par

    la Belgian MilitaryMiss ion Civil Affair,1944, MRA

    Vengeance , D. Shmari dov,URSS, 1942

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    LES AFFICHESLinvention de la presse lithographique, en

    1798, a grandement chang la faon dont nouschangions linformation. Les dpliants grandformat et les afches sont vite devenus une faoncourante dattirer lattention et datteindre unvaste public. La production dafches est devenueencore plus populaire aprs lavnement de lachromolithographie trois pierres, durant lesannes 1860. On pouvait alors imprimer desafches en couleurs en grand nombre et uncot relativement faible. Les premires afches

    politiques illustres naissent avec les tentativesde la part des mouvements de gauche de crer unart populaire, conu comme une ducation dunproltariat souvent illettr. Le dbut du XXe s.est marqu par des volutions techniques: offsetinvent en 1904 combin la presse rotative quiexiste depuis 1845.

    Ce mode de communication avec le public na peut-tre jamais t aussiefcace que durant la Premire Guerre mondiale, alors que les gouvernements

    des deux camps essayent de mobiliser les masses pour obtenir leur appui.Chaque pays investit pour recruter les meilleurs artistes, lancer de vastescampagnes et diffuser le plus largement possible les afches, associant imageet texte politique.

    Les outils de la propagande

    Belgique, f in 19 e s., MRA

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    Une bonne afche doit rpondre quelques principes de base.

    Limage est plus importante que le texte: formatsplus grands, graphisme plus attractif, texte de plusen plus court et percutant, soin apport au choix de

    la typographie qui devient parfois elle-mme uneimage.

    La symbolique, les gures, la gestuelle doiventtre soigneusement choisis et mis en pageen utilisant les avant et arrire-plans, lesdiagonales.

    La rhtorique est priori sommaire: dun ct le bien,de lautre le mal. Le choix est simple. Lafche doittre lisible mme pour des gens peu cultivs voireanalphabtes. Cest pourquoi le texte doit tre concis,facile dchiffrer.

    Le Muse possde une magniquecollection dafches dont quelques unes

    sont exposes dans les salles.De nombreuses afches des diffrents

    belligrants illustrent lappel au recrutement etau nancement de la guerre dans la salle 14-18.

    Dans les salles entre-deux-guerres et SecondeGuerre mondiale, les afches des diffrents camps

    voquent la mobilisation, les horreurs perptres par lennemi, le recrutement pourla campagne lEst, la foi en la victoire nale,...

    Aff ich e de recrutement,Grande-Bretagne,1914-1918, MRA

    Frans Van Immerseel ,Belgique, 1940-1944,

    MRA

    Allemagne, s. d.

    Symbole du Tro is ime Reichdtourn par les Alli s,

    [1944] , MR A

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    LAPHOTOGRAPHIE

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    LES PHOTOS ET FILMS

    La photographie de guerre est ne avec la Guerrede Crime (1853-56) et se limite encore des

    images statiques de paysages et de troupes aurepos. La Guerre de Scession (1861-65) rvle lavraie puissance de la photographie en montrantdes cadavres, consquences de la violence descombats. Mais ds 1870 apparaissent des clichsplus ou moins poss ou truqus des ns depropagande, pour dmontrer par exemple labarbarie de lennemi.

    Lusage des photographies se dmocratise ds

    la Premire Guerre mondiale (appareils photospersonnels ne demandant plus de longs tempsde pose). Les photos envahissent dsormaisla presse priodique. Vu (1928) est le premiermagazine qui utilise massivement limage. Laplace centrale accorde la photographie en fait lepremier grand hebdomadaire systmatiquementillustr de photographies. Regards, Le Miroir du

    monde,Photomonde, Voici, Voil,Paris-cran,LaVie illustre, Les Illustrs de France puis Match,

    Life... se dveloppent dans la foule.

    Le public considre souvent les photos comme ables, comme reprsentantvraiment la ralit alors que les retouches sont nombreuses (disparition depersonnages qui ne sont plus en cour, retouche du visage ou de la silhouette)ou les mises en scne factices. Ainsi les scnes de bataille sont trs rares lpoque car trop risques. Ces scnes sont donc souvent rejoues larrire.La plupart de ces reconstitutions sont alors utilises comme des documentsvridiques.

    La mme photo peut tre employe par deux camps ennemis avec un nouveau

    cadrage et une autre lgende. Dautre part, la mmephoto ne sera pas perue de la mme manire par lesdeux camps (utilisation des morts ou de prisonnierspour montrer la barbarie de lautre ou humilierlennemi).

    Les photographes de presse dont la professionsafrme grce aux progrs techniques (appareilsplus maniables, temps de pose rduit, ...) participent leur manire la propagande en immortalisant

    des gouvernements, des hommes politiques ou desvnements. Ainsi dans lAllemagne nazie, un petitgroupe de photographes est charg dimmortaliser

    Hit ler et une famille depay sans, s. d.

    Photographe, arme belge

    1914-1918, MRA

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    LE CINMA

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    Hitler et les grands vnements nationaux.Certaines images sont devenues des vritables icnes selon la rexiondUmberto Eco: Les vicissitudes de notre sicle sont rsumes par peu de photosexemplaires qui ont fait date: (...) le milicien tu de Robert Capa, les Marines qui

    plantent un drapeau dans un lot du Pacique; le prisonnier vietnamien excutdun coup de pistolet la tempe; Che Guevara martyris, tendu sur le lit de camp

    dune caserne. Chacune de ces images est devenue un mythe et a condens une sriede discours.

    Le centre de documentation du Muse de lArme possde lune des plusriches collections de photographies de la Premire Guerre mondiale.Clichs ofciels ou photos souvenirs personnels, classs par album privou par thme et pays, nul sujet nchappe loeil attentif, curieux ouautoris de la camra.

    Le cinma apparat la fois comme le miroir de la

    socit: il la rete, il la met en scne, il en livre unereprsentation, et la fois comme son ponge: ilsen imprgne et il nest nalement que le produitdes reprsentations sociales, des luttes, des rapportssociaux en cours. Le lm peut tre le rceptacle eten mme temps le diffuseur des reprsentations,des fantasmes, des tabous dune poque. Le lmdonne voir une image cense tre vridique et plussaisissante quune photo.

    Hitler la trs bien compris (dansMein Kampf

    ):Lart de la propagande consiste tre capabledveiller limagination publique en faisant appelaux sentiments des gens, en trouvant des formules

    psychologiquement appropries qui attirentlattention des masses et toucheront les coeurs. (...)

    Limage, sous toutes ses formes, jusquau lm, aencore plus de pouvoir sous ce rapport. L, lhommedoit encore faire moins intervenir sa raison; il lui

    suft de regarder et de lire, tout au plus, les textes lesplus courts.La cinaste Leni Riefenstahl en lmant lesgrands rassemblements nazis (Nuremberg 1934:

    Sieg des Glaubens) et les Jeux Olympiques deBerlin en 1936 (Olympia, 1938) met en pratiqueles principes dicts par Hitler.Quel que soit le mode utilis (documentaire,ction, actualit, ...) il existe une intention, uneidologie, une interaction avec un message.Les actualits cinmatographiques en priodede conit tentent de dissimuler ou truquer les

    nouvelles favorables lennemi, ceci dans chaque camp. Dans ce contexte, lesimages lmes sont souvent dtournes par le cadrage ou le commentaire oupar le fait quelles sont sorties de leur contexte.

    Der Ewige Jude, film depropagande de Fritz Hippler,

    1940

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    LES F ILMSDANIMATION

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    Les lms de ction ont galement t enrls dans leffort de guerre que cesoit en 1940-1945 ou aujourdhui avec la guerre en Irak. Durant la SecondeGuerre mondiale, on fait appel de grands ralisateurs hollywoodiens pourfaire des lms de propagande grand public. En 1942, le Gnral GeorgeC. Marshall ordonne la cration du Army Pictorial Service (APS) au sein duUS Armys Signal Corps,pour produire des lms destins lentranement,lendoctrinement et les loisirs des forces amricaines et allies. LAPS vaproduire plus de 2.500 lms durant la guerre. Aujourdhui encore, les autoritsamricaines nancent certains lms de ction grand public qui dfendentleurs ides et positions. (ex. The Sum of All Fears, 2002)

    Depuis le succs des lms, les grands partis politiques nhsitent pas, mmeen dmocratie, utiliser ce mdia populaire des ns de propagande destination de leurs militants, en commanditant des lms partisans, courtsou moyens mtrages, des documentaires ou de simples extraits de discoursbien monts. Ils interviennent parfois nancirement pour soutenir une

    grande production qui exaltent leurs ides (cf. des lms de Jean Renoir,sympathisant du Front populaire: La vie est nous, 1936; La Grande Illusion,1937;La Marseillaise,1937).

    Pour que le lm soit efcace, il doit rpondre quelques critre simples.Le montage est primordial pour crer lmotion, donner un sens, contribuer former les reprsentations et les mythes dune socit, rpter inlassablementles thmes principaux. Le lm, comme lafche, utilise le principe desimplication, dennemi unique, la rgle du grossissement qui consiste gommer la moindre nuance, accentuer, exagrer, surtout ne pas dtailler.Son discours doit tre la porte de tous.

    Les lms danimation deviennent aussi des armes depropagande durant la Seconde Guerre mondiale. AuJapon, les lms danimation dfendent et expliquentla politique expansionniste du pays en Asie et enAsie du Sud-Est. Ces lms exaltent le hros japonaisqui triomphe de tous sesennemis. Ces derniers sontsouvent tourns en drision.

    Aux Etats-Unis, ds Pearl Harbour, Disney et les

    studios Warner doivent vulgariser les enjeux duconit, dvelopper la bre patriotique, stigmatiserlennemi . Par ses ressorts propres et sa mise en scneattractive, le dessin anim est alors un formidableinstrument de manipulation, il acquiert un pouvoirdinuence considrable et devient un alli importantde la propagande politique.Les dessins anims emploient la caricature animalire(dans la tradition des fables de La Fontaine). Ainsi,Hitler est le grand mchant loup, car le loup, toujours

    porteur de symboles ngatifs, reprsente tout ce quia toujours suscit la peur dans le monde occidental.

    Tex Aver y, 194 2

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    LA PR ESSECRITE

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    LA PRESSE CRITE ETAUDIOVISUELLE

    La presse crite est ne au 17esicle crantun moyen efcace et rapide de propagerlinformation et de susciter un dbatdopinion au sein de la classe aise.

    Avec lindustrialisation, lalphabtisation, la cration de lapublicit, la presse grand tirage apparat. Linformationest alimente par les grandes agences de presse: Havas,

    AssociatedPress,Reuter, Wolf.Diffrents types de presse apparaissent. Il y a les journaux

    dinformation et dactualit qui prsentent les faits; lesjournaux dopinion, attachs un parti, qui prsententles faits avec leurs commentaires et la vision subjective duparti quils dfendent; enn, les journaux sensation quiexagrent la ralit et traquent le sensationnel.

    Tout comme les autres mdias, la presse crite peut tremanipule. Elle peut tre soumise la censure qui contrle les informationspour ne laisser passer que celles favorables la ligne des autorits. Parfois, cettemenace conduit les journaux pratiquer lautocensure, les amenant perdreleur objectivit par peur dune suspension ou par sentiment patriotique (nepas affaiblir, par des critiques, la position de son pays en guerre). La censuretravaille souvent main dans la main avec la propagande qui va faire publierdes informations fausses ou exagres pour soutenir la politique des autorits.La propagande multiplie les consignes quant la mise en page, les intituls,le choix des sujets et des caractres typographiques, etc.Mais le contrle de la presse ou sa manipulation ne se passe pas uniquementdans les dictatures, dans les dmocraties aussi la presse peut

    tre contrle, soumise une pense unique,ou objet de dsinformation quand les faits sont prsents horsde leur contexte. Les organes de la presse crite (comme tlvise) sont souvent

    La Gazette deThophraste

    Renaudot, 1631

    Daily Express, 5/11/1942,journal bri tannique

    LO euvre, 5/11/1942,journal franais

    col laborationnis te

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    LA RADIO

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    aux mains de grands groupes conomiques et nanciers, qui inuencentlinformation et les programmes ou articles en faveur de leurs intrts propres,qui concident souvent avec ceux des autorits au pouvoir. On a lillusion de lalibert dexpression, mais celle-ci est restreinte par les sources dinformation,les canaux de diffusion, les consignes relayes par les rdacteurs en chef.Les sujets abords ou non, les mots employs, la mise en exergue de certains

    faits ou au contraire la dissimulation dautres orientent lopinion publiquesouvent son insu. Cette drive est encore accentue par les exigences de lapublicit qui reprsente une indispensable source de revenus. Lintrt despublicitaires prvaut ds lors sur lobjectivit de linformation.

    Un autre organe de presse qui connat un succsgrandissant dans lentre-deux-guerres est la radio.

    A partir des annes 1920, la radio fait entrer les

    informations dans tous les mnages, de toutes les classes sociales, dans lescoins les plus reculs dun pays. Son impact est encore plus grand que celuide la presse crite. Les premiers programmes diffusent avant tout des varits.Viennent sy ajouter assez vite des rubriques sportives, des feuilletons et desjournaux parls. Devenue un medium part entire dans les annes 1930,la radio veille les apptits politiques, nanciers et industriels. Les hommespolitiques lutilisent pour des causeries politiques ou lectorales (GastonDoumergue en France, Roosevelt aux Etats-Unis). Il est important que lEtatpuisse la contrler mme si des radios prives font leur apparition. Elle peutdevenir un outil de contrle de lopinion, comme cest le cas dans lAllemagnenazie.

    En 1933 est mis en vente, en Allemagne, unposte radio bas prix, le Volksempfnger.En moins dun an, il occupe la moiti dumarch des ventes de radios. Il poursuit sondveloppement en connaissant de fortesbaisses de prix. Lappareil est linstrumentidal pour la diffusion des informations et dela propagande nazies, tout en faisant croireaux gens que cest une amlioration de leurs

    conditions. Brid sur les ondes moyennes,lappareil peut difcilement capter des radiostrangres. Malgr les discours de propagande,les programmes cherchent tre attractifs. Ilfaut donc trouver lquilibre entre les messages politiques (qui interdisentpar exemple le jazz ou les chants en anglais) et la musique de divertissementtrangre apprcie par les Allemands. Jusque dans les derniers mois de laguerre, la musique lgre est joue la radio, en contraste avec les circonstancespnibles de la ralit, voulant assurer la prnit dun monde lger et lgant,comme antidote langoisse.

    Durant la guerre, cest la BBC et ses 51 bulletins dinformation journaliers en 16langues qui incarnent la rsistance et lespoir pour les pays occups dEurope

    Volksempfnger, Allemagne, 1933,radio expose dans la sect ion entre-

    deux-guerres

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    LA TLVISION

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    occidentale. Chaque mission est adapte son pays cible et est anime pardes rfugis, qui ne sont pas tous des professionnels de linformation. Endpit des risques encourus et des brouillages, les populations occupescoutent Radio Londres. De leur ct, les Etats-Unis dmarrent en 1942 laradio Voiceof Americapour diffuser une information libre en Europe occupe.Elle poursuit son oeuvre aprs la guerre en direction des pays du bloc de

    lEst. Car dans le cadre de la guerre froide, la radio continue jouer son rlede propagande et de diffusion des ides et mots dordre de chaque bloc.

    Dans les dmocraties aussi, lEtat exerce un monopole de fait sur laradiodiffusion. En France, en Grande-Bretagne et en Belgique, les premiresradios sont nationales et les informations sont parfois contrles par lesautorits politiques.

    Aujourdhui encore, malgr la concurrence de la tlvision et dInternet,la radio reste une puissant arme de propagande (cf. Radio Mille Collines

    au Rwanda incitant au gnocide) et lors dun coup dtat, le btiment de laradio est toujours un des premiers tre occup.

    La tlvision a galement pris une place grandissantedepuis la Seconde Guerre mondiale.

    Cest surtout avec la guerre du Vietnam (1966-1973), o la tlvision a faitentrer la guerre dans tous les foyers, que les autorits politiques et militairesont compris limportance de ce nouveau medium, la ncessit de le contrleret de gagner cette guerre psychologique. Pour empcher les journalistes delmer nimporte quoi, il faut les incorporer dans des corps darme qui lescanalisent et dont ils nissent par partager la vision des vnements. On enarrive alors la guerre lme en direct lheuredes grands journaux tlviss amricains, commeen Somalie, en 1993, o nalement on ne voit plusaucun cadavre, une guerre propre donc. Parfois laTV ne montre que des victimes amies pour veillerla compassion, mais surtout pas de morts ennemis,pour ne pas voquer la puissance destructrice de

    larmement de son propre camp, pour alimenterlide dune guerre sans dgts collatraux. Lennemimort ou prisonnier nest montr que pour soulignerson humiliation.Aujourdhui certaines grandes chanes dinformationmettent 24h sur 24h, projetant parfois en bouclesles mmes images. Ce procd force les journauxcrits diter des supplments illustrs pour tenterde rattraper leur audience. La concurrence au niveau de limage est froce etchaque mdia veut gagner cette bataille.

    Meuble de tlvis ion dansles annes 1960

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    LARCHITECTURE

    On constate, depuis la plus Haute Antiquit,une volont bien marque dutiliser

    larchitecture comme vecteur didespolitiques mais aussi pour souligner puisdiffuser les mrites, la puissance ou encorele caractre sacr et ternel du souverainou du rgime.

    Au l des sicles et au gr de linventionde nouvelles techniques et la dcouvertede nouveaux matriaux de construction,larchitecture va poursuivre son travail de

    diffusion tout en diversiant ses moyensdactions.

    En analysant plusieurs exemples darchitecture utilise des ns depropagande diffrentes poques, on constate que les instigateurs de cettepropagande se rfrent trs frquemment au pass.

    Cette constatation se vrie particulirement au XXesicle. Fondamentalementconvaincus des opportunits de manipulation et de persuasion quoffrelarchitecture, Mussolini, Staline, Hitler et les autres vont sans cesse se rfrer laction de leurs prdcesseurs pour faire aussi bien voire encore mieuxqueux. Des comparaisons peuvent ainsi tre tablies travers les sicles.

    Larchitecture peut avoir plusieurs mobiles:1) La volont de crer une nouvelle capitale, symbole dun pouvoir fort.Les exemples sont nombreux: lempereur Auguste qui se vantait davoirtransform la Rome de briques en Rome de marbre (Sutone,Auguste, 28, 5),symbole de la puissance de lEmpire romain, ou Louis XIV qui, dans un soucide centralisation, transforme Versailles pour en faire le ple de son royaume,ou encore Napolon qui entreprend une srie de travaux dassainissementet dembellissement Paris pour en

    faire la premire ville de lOccident, ouenn Lopold II qui a voulu faire deBruxelles une capitale digne de rivaliseravec Paris, faisant couvrir la Sennepar des grands boulevards dont lesimmeubles imitent ceux de la capitalefranaise. Les rgimes totalitaires delentre-deux-guerres vont galementvouloir dune capitale grandiose,symbole de leur politique triomphante.

    Tandis quHitler, aid par Albert Speer,veut remodeler Berlin pour en faire laWelthauptstadt Germania (la capitale du

    Abu Simbel, Temple de Ramss II,13 es. avant JC

    Rome, Palazzo Civi lt Lavo ro (EUR), 1940

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    monde ), Mussolini, qui aime sidentier aux grands btisseurs de lAntiquit,commence par raser des quartiers entiers pour dgager les sites antiquespuis, trace des avenues colossales et construit de nouveaux dices qui sontcenss souligner la continuit entre la Rome impriale et la Rome fasciste(par exemple la Piazza Augusto Imperatore ou le complexe de lEUR destin accueillir lExposition universelle prvue en 1942 mais annule en raison de

    la guerre). Larchitecture devient galement un dcor pour les mises en scnedes grands rassemblements des rgimes totalitaires.

    2) La mise en scne, parfois grandiose, de la symbolique de lEtat.Versailles a ainsi t conu pourimpressionner et sert de dcor lamajest toute-puissante du roi. Cestun btiment qui glorie le roi guerrier,vainqueur de ses ennemis (intrieurset extrieurs). La mise en place

    dune tiquette trs lourde, thatrale,dexposition permanente de lapersonne du roi convient parfaitementau dcor construit comme une scnepublique.

    3) La mise en exergue dun programme dmocratiqueLes dmocraties utilisent aussi larchitecture pour faire passer leur message.La Belgique, nouvelle nation qui a besoin de safrmer et de safcher, exalte,ds 1830, une histoire nationale cense souligner le long pass commun desprovinces rcemment indpendantes, travers des monuments qui clbrentquelques hauts faits de lhistoire belge (la Brabanonne) ou qui veulentafrmer sa prsence sur la scne internationale. Cest surtout Lopold II quirve dimposer la Belgique.

    Le Cinquantenaire fait partie de ce programme de propagande etde reconnaissance internationale. Edi partir des annes 1880, en

    partie grce largent du Congo, le complexe destin de grandesexpositions internationales, souvre sur la ville par une monumentale

    porte en forme darc de triomphe.

    Un autre exemple est le projet de la construction dune cit universitaireinternationale Paris, aprs la Premire Guerre mondiale, tmoignantde lesprit de la SDN (Socit des Nations, anctre de lONU) qui croyaitaux relations culturelles internationales pour favoriser la paix. Lducationdes jeunes, les projets dchanges entre pays faisaient partie de cet esprit.Pour trouver des mcnes susceptibles de soutenir nancirement le projetde la cit, se dveloppe une vritable propagande en faveur dune Europepaciste. Mais au l des constructions, la diversit architecturale tmoignedes tensions internationales. A la veille de la Seconde Guerre mondiale, lacit universitaire internationale tait devenue une ralisation clectique dans

    laquelle coexistaient lexpression des nationalismes et celle de la modernit.

    Le palais de Versai lles

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    4) La barbarie de lennemiLa destruction de monumentsclbres ou religieux sert galementla propagande. Dtruire un btimentprestigieux, cest porter un coupau coeur mme de son ennemi. A

    contrario, lincendie de la bibliothqueuniversitaire de Louvain par lesAllemands en aot 1914 est prsentecomme un acte de barbarie pure. Aunom de la mmoire, dune certainepropagande, faut-il garder le souvenir

    de ces ruines? Cest la question qui sest pose aprs la guerre de 14-18, lorsde la discussion pour savoir si on laissait Ypres ltat de ruines pour enfaire un monument commmoratif de la guerre, sur la terre sacre o tantde Britanniques sont morts (point de vue dfendu par le Secrtaire dEtat

    la Guerre, Winston Churchill) ou si on reconstruisait la ville mdivale. Leshabitants ont nalement gagn la reconstruction.

    Louva in en aot 1914, MRA

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    LART

    Loeuvre dart peut avoir un triple statut: documenttmoin, objet esthtique et oeuvre patrimoniale, donc

    lie la mmoire collective. Tout comme la photo, lart estun tmoin peu able car loeuvre peutrepenser la ralit en y ajoutant ou enlevantdes lments pour mieux servir les buts depropagande du commanditaire.

    Les dmocraties, et plus encore les dictatures, ontsoin de diffuser une image contrle, correspondant la politique du moment. Mais si la dmocratie

    autorise de multiples expressions en dehors descanons ofciels, dans une dictature, lart doittre au service exclusif du pouvoir. Les thmeset la manire de les traiter sont soigneusementdnis. Ainsi limage du chef incarnant lui seulla nation quil dirige a toujours t utilise par la propagande. Quelle soitsculpte, peinte, dessine ou frappe sur le revers dune monnaie, limage doittransmettre un message facilement et rapidement comprhensible. Limagemontre alors un chef puissant et victorieux, dcid et sr de lui (Pharaonmatrisant les envahisseurs sur le pylne du temple dEdfou, Mussolinifondateur de lEmpire, portrait du Fhrer), surpris en plein travail, dvoucorps et me la bonne cause (Napolon dans son bureau, Lnine lInstitutSmolny), mettant en avant sa liation divine (Louis XIV en Apollon,) ou lelien qui lunit la tradition (Hitler en preux chevalier germanique, Mussolinien Romulus moderne).

    Pour justier les concepts quelle impose et renforcer lavolont de continuit et de prennit du rgime, la propagandercupre des symboles anciens voquant un pass glorieux ouune ide positive. Les symboles sont videmment reproduitsdans les uvres dart ou constituent des lments dcoratifs

    en architecture (les regalia, la eur de lys, la couronne delaurier en France, laigle allemand ou le svastika qui prtendrappeler tant le symbole aryen que la croix de lEmpire deCharlemagne chez les nazis, le faisceau des licteurs de la Romeantique dans lItalie mussolinienne,...).

    Suivant les pays, dautres thmes sont omniprsents dans lart.LItalie fasciste exalte la modernit, la vitesse, les innovations techniques etses artistes multiplient les emprunts au surralisme, au cubisme, au futurisme.Les peintres du futurisme italien, principalement Giacomo Balla, Umberto

    Boccioni, Carlo Carr, Luigi Russolo et Gino Severini, regroups en 1910autour du pote Filippo Tommaso Marinetti, proclament lidentit de lartet de la vie par le biais de la notion de vitesse. Hritant de la philosophie

    Al lemagne, s. d, MRA.

    Allemagne, 1944, MRA

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    de Bergson et de la thorie de la relativit dEinstein selon lesquelles lastabilit est une illusion rtrograde, ils choisissent la vitesse comme moyende percevoir et dacquiescer au principe fondamental qui rgit le mondemoderne, le mouvement. Ils prnent lamour de la vitesse, de la violence,de la machine, la guerre comme seule hygine du monde, le mpris dela femme. Ils souhaitent un art total, comme lindiquent leurs nombreuses

    activits: la peinture, la musique, larchitecture, le thtre, le cinma, la mode,la dcoration et mme la cuisine. Le Futurisme est un art de vivre.

    LAllemagne nazie, au contraire, clbre les forces vitales et animales abritespar le corps humain, la nature, les vertus paysannes, la vie saine la campagne opposer aux vices de la ville, aux dpraves de citadins, lart moderneconsidr comme dgnr.

    Lart en tant que vecteur idologique estgalement prsent dans les pays dmocratiques.

    En Belgique, pendant la Premire Guerremondiale, larme sest attache les servicesdartistes soldats chargs de tmoigner de laprsence belge dans le conit et des destructionscommises par lenvahisseur. Plusieurs slectionsduvres produites ont fait lobjet dexpositions ltranger pour diffuser limage dun paysqui rsiste toujours malgr la violence delattaque allemande et les dvastations quellea causes.

    Mme sil existe, lart dtourn des ns de propagande est assez difcile cerner: la frontire entre lart et la propagande est assez oue; uneinterprtation tire de son contexte est souvent fausse; les documents sont trop nombreux, etc.

    Le Muse de lArme possde une exceptionnelle collection de peintures,esquisses, estampes, aquarelles, etc., dartistes belges ayant travaill surle front durant la Premire Guerre mondiale. Nombre de ces oeuvres ontt acquises par le Roi Albert et la Reine Elisabeth qui en ont fait don au

    Muse. Plusieurs dentre elles ornent les murs de la salle 14-18.

    Achil le Van Sassenbrouck, Ruinesdu bguinage de Dixmude, 1919, MRA

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    LES MUSES DHISTOIRE

    Un muse dhistoire doit-il dfendre une idologie, unepolitique, dlivrer un message?

    Plus que tout autre muse, les muses dhistoire peuventdevenir les otages dune vision dtat, de la propagandeofcielle, des outils ou victimes du devoir de mmoirequi induit une rcriture de lhistoire.Dans cette ligne, le Muse de lAfrique Centrale Tervuren, ouvert en 1910, dessin par larchitecteCharles Girault pour Lopold II, devient un puissantinstrument de propagande. Aujourdhui encore, cemuse forme un lieu de mmoire et/ou de contestation

    du pass colonial belge.

    Le muse dhistoire ne peut chapper au fait dtre lels de son temps. On ne raconte plus le pass et/ou lesguerres selon les mmes perspectives aujourdhui quily a cinquante ans, quand par exemple le poids de la Seconde Guerre mondiale

    se faisait encore fort sentir. Lesnouveaux muses dhistoiresattachent lhistoire desmentalits et des socits pluttqu celle des armes. Mais traiterdes aspects plus contemporainsreste une tche difcile etdlicate car encore trop souventsujet controverses.Le muse dhistoire dfend unpays, sa vision politique, sonpoint de vue. La mme guerreou la mme bataille nest pasraconte, expose, illustrede la mme faon par le pays

    vainqueur ou larme vaincue.

    Le muse peut parfois devenir un argument publicitaire comme quand lesgrandes marques automobiles construisent des muses qui font partie de leurpolitique de communication et de marketing. VW, Mercedes-Benz, Porsche,BMW ont di de gigantesques muses la gloire de leurs plus prestigieusesvoitures, en faisant appel des architectes de renom.

    Si les muses dhistoire sont les plus susceptibles de servir dalibi lapropagande ofcielle, dautres muses, dart ou de sciences, peuvent galement

    orienter leurs expositions ou leurs explications suivant la ligne du pouvoir. Ilsuft de songer aux controverses actuelles autour de lacceptation ou du rejetde la thorie du darwinisme.

    Muse roya l de l Arme et dHistoire mil i taire Bruxel les

    Muse de l AfriqueCentrale Tervuren

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    LES RASSEMBLEMENTS DEMASSE

    Gustave Le Bon, auteurdu livre Psychologiedes foules(1895), asoulign que lhomme,quand il est en groupe,en particulier ungroupe surexcit parun meneur, perd sa

    conscience propreet se trouve commehabit par une autrepersonnalit.

    Les rassemblements de masse donnent la foule une impression depuissance, dappartenance un groupe, crent une atmosphre fusionnelleentre les participants qui font tous les mmes gestes au mme moment,poussant lentrain, la contagion par lexemple. Le public devient unvritable acteur et nest plus seulement spectateur.Ces rassemblements sont abondamment lms et photographis pourbien montrer ladhsion gnrale du peuple. Ce sont des impressionnantesdmonstrations de force lusage des ennemis et des indcis, unethtralisation de la politique la manire dun opra (musique, chants,dcors, lumires, ...). Ainsi, les apparitions de Hitler sont parfaitementorchestres: aprs un discours de Goebbels pour chauffer la salle, les SAfont leur entre portant des bannires frappes du svastika, au roulementdes tambours, avant que Hitler arrive. Il joue de sa voix (longues pauses ou

    cris quasi inaudibles) et de son corps (pointe du doigt, petit pas sur le ct,se frappe la poitrine). Il ne lit pas son texte, il le vit de faon dramatique etthtrale.

    Certaines architectures se veulent colossales pour mieux craser lindividu,lasservir la collectivit, dmontrer la supriorit de la doctrine sur lapersonne. Ce sentiment est renforc et mis en scne grce aux uniformes,aux drapeaux, aux symboles, aux chants. Le groupe se sent faire un avec lechef:Ein Volk, Ein Reich, Ein Fhrer.

    Dans lAllemagne nazie, les rassemblements avaient principalement lieu Nuremberg. Un site Internet permet den retrouver les vestiges actuels:www.kubiss.de/kulturreferat/reichsparteitagsgelaende/

    Crmonie douverture desJe ux Ol ympiques de Berl in,

    1936

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    LA SYMBOLIQUELa promotion dune symbolique spcique estlun des premiers actes importants dun rgime.Elle joue le mme rle quun logo aujourdhui:

    elle sert identier clairement et immdiatementun pouvoir. Si laigle a souvent t utilis pourpersonnier les rgimes impriaux, Napolon Ier aprfr labeille, symbole dimmortalit. Un autreanimal favori dans la course la reconnaissanceest le lion. Ds la rvolution brabanonne en1789, les Etats-Belgiques-Unis choisissent le lionse librant de ses chanes comme symbole de leurcombat pour la libert.La symbolique sattache aussi aux drapeaux. Le

    drapeau est un signe de reconnaissance et dappartenance un groupe,un signe de rassemblement et de ralliement. Au coeur de la bataille, il doitstimuler le soldat pour lequel il est plus prcieux que sa vie. Le serment audrapeau est une tape importante dans la vie militaire.

    Le Muse recueille et conserve les drapeaux des rgiments belges disparus.Orns de dcorations et de citations, ils rendent hommage au courage des

    soldats et ofciers.

    La symbolique est un instrument de propagande queles rgimes totalitaires ne ngligent pas.LURSS choisit la faucille et le marteau pour symboliserlunion des paysans et des ouvriers, des villes et descampagnes.

    Les fascistes italiens reprennent le faisceaudes licteurs de la Rome antique pour serattacher la puissance de lempire romain.Les nazis choisissent la croix gamme, ou svastika snestrogyre(tournant gauche) le plus souvent inclin 45, qui renvoie leur

    idologie aryenne, leur culte desIndo-Europens, la croix de lempirede Charlemagne (mme si le sens estinvers). Il devient lemblme ofciel

    du parti ds 1920 et a t choisi par Hitler lui-mme, qui dessine le drapeau du parti, avec unfond rouge, un cercle blanc et un svastika noirde faon lui donner le maximum de visibilitet de force.Ces symboles, lis des partis politiques,

    deviennent des symboles nationaux etsinscrivent dans le paysage de tous les paysoccups ou soumis par les rgimes totalitaires.

    Mdail lon en lai ton daprs undessin dE. Verboeckhoven, s.d.,

    sal le des Pays-Bas autrichiens

    Dcorations russesportant le marteau et la

    fauci l le, 1941-1945, sal leSeconde Guerre mondiale

    Elment darchitecture fascis teen Italie, s.l. , s.d.

    Allemagne, s. d.

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    MUSIQUE ETCHANTS

    Les compositeurs de courAux 17e/18e s., nombre de musiciens, pour pouvoirsurvivre, se sont attachs un souverain, un prince,un archevque, une ville qui offraient une pensionen change de musique de cour, de ballets, dodesaux armes (victorieuses), de Te Deum, de requiem,clbrant les idaux, ambitions, faits et gestes ducommanditaire. Ainsi en est-il de Jean-Baptiste Lully la cour de Louis XIV, de Haydn la cour des princesEsterhazy ou Mozart et le tyrannique archevque

    de Salzbourg. La tradition perdure jusquau 20e

    s.avec Edward Elgar (1857-1934), compositeur de la courdAngleterre. Il cre une srie dhymnes et de marches en lhonneur de lagrandeur et de la supriorit de lempire britannique (Land of Hope and Glory,

    Pump and Circumstance, ...). Mais la guerre 14-18 met un terme son patriotismeoptimiste et triomphant, car toutes les valeurs quil a clbres, la gloire,lhrosme, le sacrice semblent avoir abouti la mort dune gnration.

    Les hymnes nationauxLes hymnes nationaux sont typiquement des produits de la lutte mene au19es. pour la cration dEtats-nations. Chaque tat unitaire se doit davoirun hymne cens reprsenter le caractre national, emporter ladhsion descitoyens, glorier les valeurs communes. Ainsi sont ns et se sont imposs la

    Marseillaise(ne dj au 18es. avec la rvolution franaise), laBrabanonne,le Wilhelmus, leDeutschland ber Alles, le God Save the Queen, etc.

    La Premire Guerre mondialeLes guerres entranent souvent une rsurgence des chants patriotiques.Les tats-majors favorisent la publication de carnets de chants patriotiquesdestins exalter les vertus guerrires et entraner les troupes. Mais ceschants ne sont pas fort priss par les soldats qui leur prfrent des chansons

    issues du caf-concert ou des chantsmlancoliques qui rappellent ausoldat son foyer ou sa bien-aime.La chanson Lili Marleen ne enAllemagne pendant la PremireGuerre mondiale est typiquede ce courant et connatra unextraordinaire succs dans toutes lesarmes combattantes de la SecondeGuerre mondiale.

    La Brabanonne, 1930

    Orchestre amateur, arme belge, 1914-1918, MRA

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    Le chant au service dune dictature. Lexemple delAllemagne nazie

    Le chant est un outil de propagande et decommunication, pour veiller et entretenir lesentiment dappartenance un groupe, pourannoncer la bonne nouvelle aux populations,

    pour entraner le peuple, la communaut, dans lesillage du Fhrer, dfendre la patrie. Le chantcaptive, subjugue. Cest pourquoi les tambours etles chants des troupes paramilitaires envahissentles rues. La chanson et son rythme de prfrencefacile mmoriser servent la propagande par larptition et la mmorisation du message.Mais la musique nchappe pas lpurationaryenne.Entre 1933 et 1945, les hauts dignitaires nazis

    dcident de ce que le peuple doit aimer en matire de musique. Pour lamusique dite srieuse, les rfrences obligatoires sont les matres baroques,Beethoven, Bruckner et surtout Wagner (dont les uvres sont ancres dans lamythologie germanique), les marches militaires, les chants de propagande etles mlodies voquant le terroir (la fameuseHeimat). Pour la musique lgre,il faut avant tout distraire les foules et crer une impression de bonheuret dinsouciance. On voit donc eurir les comdies musicales, les bleuetteset les revues danses. Le rgime nazi engage dexcellents compositeurs etmusiciens dont ils exigent des uvres de qualit, modernes, mais exemptes

    de toute trace dinuence amricaine. Ils doiventtravailler selon des formes xes par la censure. Cestainsi que nat un genre musical trange, fortementsentimental, o les improvisations sont en ralitprvues dans la partition. Des annes durant, les tubesdu Troisime Reich, enjous et populaires, prtendentainsi vhiculer la joie de vivre et lme romantiquedes Allemands. Paralllement, les nazis bannissentce quils dcrtent tre la musique dgnre :le jazz et toute tendance musicale venue doutre-Atlantique, les musiques de ngres, les uvresdodcaphoniques, celles de compositeurs dorigine

    juive ou de compagnons de route de Bertolt Brechtcomme Kurt Weill, Paul Dessau ou Hanns Eisler. Ceuxqui malgr tout jouent cette musique interdite sont

    considrs comme des rsistants et dports en camp de concentration.

    La Seconde Guerre mondialeQuand la Seconde Guerre mondiale clate, la musique remplit plus encoreune mission patriotique.En URSS, Chostakovitch compose la 7esymphonie en lhonneur de Leningrad,en partie durant le sige de la ville (1941-1942). Cre le 5 mars 1942, elle est

    excute, le 9 aot 1942, Leningrad par lorchestre de la ville, aprs avoirrassembl tout ce quon pouvait trouver de musiciens (pensionns, sous lesarmes, amateurs, ...) pour former le grand ensemble ncessaire. Le concert

    Rassemblement du parti nazi ,jeunes tambours, s. d.

    Allemagne, s. d.

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    est retransmis par Radio Leningrad. La symphonie se compose de 4 parties:leffroi de linvasion, les souvenirs des temps heureux, les sentiments religieux,la victoire nale. La symphonie rpond aux normes sovitiques: sentimentspatriotiques, hrosme du peuple sovitique, optimisme en la victoire nalesont prsents. Par aprs, au vu des horreurs de la guerre (notamment contreles Juifs), Chostakovitch perdra sa foi en un avenir radieux et positif comme le

    prsentent les autorits sovitiques et ses deux autres symphonies de guerreparlent plutt de la douleur, la cruaut, lhorreur endures par la population,ce qui est moins du got des dirigeants.

    Le chant et la musique peuvent galement tre des formes de rsistance,en donnant courage, en faisant passer des messages despoir et de libert,exprimant des ides dangereuses. Le chant des partisans en est un parfaittmoignage. Les paroles sont de deux grands crivains, Maurice Druon etJoseph Kessel. ( Editions Breton)

    Ami, entends-tu le vol noir des corbeaux sur nos plaines ?Ami, entends-tu les cris sourds du pays quon enchane ?Oh, partisans, ouvriers et paysans, cest lalarme.Ce soir lennemi connatra le prix du sang et les larmes.

    Montez de la mine, descendez des collines, camarades !Sortez de la paille les fusils, la mitraille, les grenades.Oh, les tueurs la balle et au couteau, tuez vite !Oh, saboteur, attention ton fardeau : dynamite...

    Cest nous qui brisons les barreaux des prisons pour nos frres.La haine nos trousses et la faim qui nous pousse, la misre.Il y a des pays o les gens au creux des lits font des rves.Ici, nous, vois-tu, nous on marche et nous on tue, nous on crve...

    Ici chacun sait ce quil veut, ce quil fait quand il passe.Ami, si tu tombes un ami sort de lombre ta place.Demain du sang noir schera au grand soleil sur les routes.Chantez, compagnons, dans la nuit la Libert nous coute...

    Ami, entends-tu ces cris sourds du pays quon enchane ?

    Ami, entends-tu le vol noir des corbeaux sur nos plaines ?

    Dans le camp de concentration pour Juifs de Theresienstadt, la musique a prisla forme dune vasion et dune rsistance morales. Un opra pour enfants,

    Brundibar, y est mme cr et jou par les plus jeunes du ghetto.

    Les pomesMme sils ne sont pas ncessairement mis en musique, ayant leur rythmepropre, les pomes aussi sont des armes de rsistance face loppression.Ainsi en est-il du pome Libert de Paul Eluard publi clandestinement

    durant la Seconde Guerre mondiale. (Pierre SEGHERS,La Rsistance et sespotes. France 1940-1945, Seghers, Paris, 1974, p.478-480)

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    Libert (extraits)

    Sur mes cahiers dcolierSur mon pupitre et les arbres

    Sur le sable sur la neigeJcris ton nom

    Sur toutes les pages luesSur toutes les pages blanchesPierre sang papier ou cendreJcris ton nom

    Sur les images doresSur les armes des guerriers

    Sur la couronne des roisJcris ton nom

    Sur les merveilles des nuitsSur le pain blanc des journesSur les saisons ancesJcris ton nom

    Sur la sant revenueSur le risque disparu

    Sur lespoir sans souvenirJcris ton nom

    Et par le pouvoir dun motJe recommence ma vieJe suis n pour te connatrePour te nommer

    Libert.

    Dautres servent carrment la propagande, comme Emile Verhaeren qui relaie

    le mythe des mains denfants coupes par les Allemands lors de linvasion dela Belgique en aot 1914:

    Et quand ils rencontraient quelque Teuton frappPar une balle adroite, au bord dun chemin proche,Souvent ils dcouvraient dans le creux de ses poches,Avec des colliers dor et des satins frips,Deux petits pieds denfant atrocement coups.

    La Belgique sanglante (1915)

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    LES CARICATURES

    Les caricatures sont souvent considres comme lillustration mme dunesprit frondeur et indpendant ou lexpression dune rsistance toute formedoppression et de contrainte. Mais leurs auteurs peuvent tre galementembrigads par le pouvoir et ds lors faire oeuvre de propagande quandils exaltent le courant idologique du pouvoir en place et quils critiquentles autres tendances. Ce sont souvent les mmes auteurs qui participent llaboration dafches, rpondant des directives, des consignes, des slogansprcis. La recette du succs dune caricature est souvent la mme que pour uneafche de propagande politique. Incisive et rductrice, la caricature associeune image simplie un texte court, la parfaite recette de la propagandequi prfre des images simples et fortes, comprhensibles par le plus grandnombre et entranant une motion plutt quune rexion. La caricaturevhicule des images classiques et rductrices de lennemi, souvent les mmesque celles que lon retrouve sur les afches. Les caricaturistes engags dans

    la propagande doivent provoquer le rire sur des sujets bien dnis et trslimits, la dictature ne souffre ni lironie ni lauto-drision alors que dans lesdmocraties, mme les dirigeants sont mis en scne. Dans ces cas-l, le riredevient une soupape de scurit.Ces caricatures illustrent les journaux ou sont distribues sous forme decartes postales. Ces dernires sont diffuses par lEtat ou des organismesprivs, comme des associations patriotiques, pour maintenir la mobilisationguerrire, pour soutenir le moral des troupes ou pour appeler la solidaritavec les victimes de guerre (orphelins, mutils, veuves, etc.).Des exemples rcents de controverses autour de caricatures ont dmontr

    sufsance limpact que ce support a encore aujourdhui.

    Belgique, 1914-1918

    Na poleon I. als Nu ssknacker,Allemagne, 1813Collect ions MRA

    Belgique, caricatureanti-allie, 1914-1918

    Au guste Pol laerts, LesAl lemands continuent

    employer le s gazasphyxiants, 1915

    Collect ions MRA

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    LESJOUETS

    LESMONNAIES

    ETMEDAILLES

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    INTERNET

    Internet est devenu un outil incontournable de la communication et de lapropagande politiques, qui a lavantage datteindre les jeunes moins concerns

    par les medias traditionnels.Les caractristiques propres la propagande sur Internet sont la rapiditde diffusion des rumeurs (ou informations), la multiplication de laudiencevia les forums de discussions, crant une vritable dynamique de groupe.Internet a invent son style propre fait dun mlange de tournures oraleset typiquement crites, alliant la familiarit de la communication orale lapermanence de lcrit, pour crer un langage de conversation, renforantle ct persuasif du message. Le bouche--oreille trs efcace est amplipar le fait que toutes ces informations (fausses ou vraies) sont archives, doncconsultables pendant trs longtemps.

    Si nombre de journaux ont maintenant leur site, tout le monde peut mettresur pied son blog personnel, avec ses propres informations (par principeinvriables), crant une sorte de journalisme do it yourself. Mme lesjournaux ofciels peuvent tre pigs par des sources Internet qui ne sontpas ables.

    Aujourdhui lexcs dimages, la concurrence avec la tlvision et Internet (surlequel les amateurs envoient les photos prises par leur tlphone portable)ont entran une surenchre de limage choc, du scoop, du voyeurisme.La tlvision et Internet qui multiplient les images et les sujets un rythmesoutenu participent plus la dsinformation qu linformation censeclairer et enrichir le dbat dmocratique.

    DIVERS

    Dautres moyens de propagande ont t utiliss avec succs travers lessicles et mme encore aujourdhui.

    Toutes les formes de jeux (jeu deloie, cartes jouer, jeux vido, etc.)peuvent distiller, parfois de manireinsidieuse, de la propagande.

    La monnaie, les mdailles qui portent la guredun souverain, qui clbrent un vnement, quicommmorent une victoire ou une dynastie rpandent travers la population une version ofcielle de

    lHistoire.

    Je u de l o ie, rvo lutionbrabanonne, MRA

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    LESTRACTS

    LACARTOGRAPHIE

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    Les tracts sont des instruments pour dmoraliser lennemiou encourager les populations occupes. Durant laSeconde Guerre mondiale, James Monroe met au pointdes bombes remplies de tracts qui librent les feuilles

    basse altitude. Mais cette mthode a dj t employe durant la Premire

    Guerre mondiale. Ces tracts peuvent prendre diffrentes formes: journaux,lettres prives traques, brochures, feuillets illustrs. Des psychologues,des journalistes, des dessinateurs sattellent la cration de tracts allemandsdestins aux combattants. Cette propagande a un certain impact et lesdtenteurs de tracts ennemis, accuss de dfaitisme, sont svrement punis.Ces tracts peuvent aussi tre lancs pour soutenir le moral dune populationoccupe, comme en 1870, lors du sige de Paris par les Allemands, o destracts lancs par ballon appellent la population la rsistance.

    Les cartes gographiques peuvent tre dinsidieux

    moyens de propagande. Aucune carte nchappe son environnement politique, culturel, conomiqueou social.

    Selon le choix de la projection employe (cylindrique, conique, azimutale, etc.),la forme des continents sera diffrente (suivant certaine projection, lAfriqueest exagrment tire accrditant inconsciemment la perception duncontinent famlique). Le centre de la carte peut galement varier (centr surlEurope ou sur les continents amricains par exemple). Le choix de lchelle,de la typographie, des signes, des lments repris et ceux ignors jouent leurrle dans linterprtation du monde par la carte. Lemploi des couleurs estloin dtre innocent: couleurs vives pour des pays considrs comme agressifs,tons pastel pour des tats dont on veut donner une image pacique. Maislinterprtation des couleurs dpend de lenvironnement culturel. Le vert,par exemple, nest pas peru de la mme manire en Belgique quen Arabiesaoudite. Le point le plus dlicat reste le trac des frontires (ex.: mettre leTibet dans la Chine ou le prsenter comme un pays indpendant) ainsi quecertaines dnominations (golfe persique ou golfe arabique?).

    La carte est une reprsentation, une perception dun territoire. Elle estvolontairement ou involontairement tronque, incomplte, partiale, manipule,

    simplie. La carte nest pas un document scientique, elle tmoigne de lamanire de concevoir le monde du cartographe ou de ses commanditaires.Etablir une carte pour un pouvoir consiste montrer sa puissance, dfendreses revendications territoriales, afrmer sa prsence politique et conomique.Il ny a pas de reprsentation ofcielle admise par tous.

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