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DOSSIER LE BATO FRACAS - Les Protos-types

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Page 1: DOSSIER LE BATO FRACAS - Les Protos-types

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Avant Propos

Nous aimons cette idée de grande carcasse de fer avec ses traces, ses

éraflures, ses couches de peinture qui sont comme autant de cernes sur un tronc

d’arbre ou de rides sur un visage.

Les Protos-types, férus de constructions et de spectacles dans la rue, proposent des créations à destination d’un large public. La compagnie crée aujourd’hui le Bato Fracas.

Notre bateau a effectué sa première sortie le dimanche 7 juillet 2013. Il était le premier tableau du Grand Défilé de Dunkerque Capitale Régionale de la Culture 2013, régi par Le Bateau Feu, Scène Nationale de Dunkerque.

A partir de l’image dévoilée ce jour-là, nous avons ressenti le besoin d’aller plus loin, d’aller au bout de la création, de faire vivre une histoire aux personnages créés pour cette occasion. Notre équipe de constructeurs-comédiens était au service du Bato Fracas, c’est lui qui va désormais servir nos propos.

Nous avons la volonté d’écrire une fresque ouvrière, tracer l’histoire d’un groupe de mécaniciens pêcheurs qui se relèvent des abîmes du chômage. C’est le récit d’un instinct de survie collectif, d’une reconversion professionnelle, d’une dignité.

Nous ne donnons de leçon à personne, simplement un bon coup de vent frais revigorant.

Nous avons envie de parler des ressources incroyables de chacun, du rebond, du fait de se creuser les méninges pour s’en sortir, de la force de l’amitié, la force des énergies et des compétences qui se bonifient au contact les uns des autres ; souligner la place et l’importance de l’individu dans un groupe, comment il se fond dans la masse au service d’un bien commun.

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Les intentions et l’imaginaire

Note d’intention générale

Flâner dans un courant d’embruns polyphoniques, se laisser porter par

la déferlante, sans vague à l’âme. Quitter la mer pour s’aventurer dans les terres.

Nous invitons le public à embarquer avec nous pour une croisière urbaine, un voyage qui déverrouille les imaginaires, délie les langues, dépoussière les oreilles et les yeux ; concocte du souvenir et du remue méninge.

Nous proposons cette odyssée avec un vaisseau surprenant et insensé, pour être à la hauteur d’une folie ; s’extirper du réel et foncer vers le fantastique.

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Prendre la rue avant qu’elle ne nous happe et nous déchiquette.

Le bateau est le véhicule de notre histoire, il symbolise le mouvement, la force de vie, et s’oppose ainsi à l’inertie, l’abattement.

Notre fable contemporaine prend racine dans une actualité morose, où l’on se sent submergé par le mot crise : économique, politique, identitaire... Face à une société qui prétend nous dicter un mode de vie ; nous avons envie de proposer une réaction, une utopie.

Nous inventons une appropriation d’un outil de travail en mettant sur roues un navire destiné à la casse ; c’est le projet fou de marins qui vont s’adapter, saisir leurs destins et prendre la route.

Nous voulons sillonner la ville comme une manifestation, une revendication poétique, un témoignage fracassant, une lame de fond.

Fracas : rupture ou fracture violente et bruyante, grand bruit, tumulte,

désordre. Ce qui frappe l’oreille et l’esprit.

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Nous donnons du sens à l’instant crucial où, dans une vie, tout peut basculer. Pourquoi sommes-nous capables ou incapables de tirer un trait sur une situation désespérée ? D’où vient l’étincelle ? Quelle est la flamme qui permet de ressaisir son histoire, de ne pas se laisser glisser ?

C’est cet endroit de bascule d’un monde à l’autre, ce moment fragile, ce nouvel élan né d’une cassure, qui est le fil conducteur de ce spectacle. Ce sera de manière symbolique, notre fracas.

Nous voulons créer et faire vivre ces fracas en fouillant des notions paradoxales. Nous désirons qu’une rupture ou l’addition de ruptures théâtrales perturbent et ouvrent des champs imaginaires. En basculant de l’usine à l’intime, nous allons assembler, croiser, superposer différents niveaux de jeux.

Ces variations scéniques se déclinent sous forme :

• mécanique : marche / arrêt

• scénographique : bateau ouvert / fermé

• musical : son industriel / mélodique

• sociologique : individu / groupe

• psychologique : raison / folie

Prendre la rue comme on prend la mer.

L’objet monumental et le propos poussent le spectacle dans la rue, au cœur de la population. Il ne peut en être autrement.

La taille imposante du bateau, la fluidité de son déplacement le rendent inouï. Par son réalisme, il accroche instantanément l’œil ; par sa musicalité, il frappe l’oreille ; par son esthétisme particulier, il invite à la rêverie. Sa métamorphose, de bateau usine en boite à musique ambulante, nous entraîne vers les chemins de l’enfance.

La rue est un lieu de vie, de rencontres, d’échanges, un terrain de jeu. Elle est gratuite, offerte, ouverte à tous et

toutes. Nous aimons l’incongruité de circuler en ville avec un bateau à roues. L’histoire nous conduit à fendre la rue, l’occuper, l’envahir : stopper la circulation bien huilée, les trajets ordonnancés, insuffler des contretemps.

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Nous avons pu apprécier, à Dunkerque, comment notre épopée transformait la perception d’une ville. Selon si le navire est seul ou entouré d’une foule, selon l’angle de vue ou la distance à laquelle on se situe, selon le propos ou la musique de l’instant, la rue va se modifier naturellement. Les images insolites ainsi créées offrent une vision urbaine décalée, tout en laissant au public, sa liberté de perception.

Ce qui a de bien quand on est plusieurs, c’est qu’on n’est pas tout seul.

Alors que notre monde et sa technologie semblent nous aspirer inexorablement vers l’individualisme, nous ancrons notre proposition dans une aventure collective. Notre conte est humaniste ; ses protagonistes traversent des zones de turbulence, de fragilité psychologique pour se relever ensemble, rebondir et s’accomplir. La complicité et la solidarité sont alors défendues comme fondamentales à la reconstruction de chacun.

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« Les machines tournent. Au long des jours, au long des nuits, le moteur bat, haletant, et son métal

gémit. Un souffle précipité jette sa folie de désir.

La machine est un monde, sa vie est intense ; c’est de la machine que dépendent la sécurité et le travail.

Il faut qu’elle soit entretenue, soignée comme les membres d’un lutteur ;

il ne faut pas que s’arrête jamais ni son battement, ni l’action de ses auxiliaires. Ni jour ni nuit,

son mécanisme ne devra être stoppé ; et cela pendant des semaines, des mois. »

Anita Conti

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La notion de groupe est primordiale sur un bateau, chacun est un maillon indispensable d’un mécanisme exigeant. Dans notre cas de figure, les protagonistes ne dérogent pas à la norme, ils servent la machine et, par allégorie, le groupe. Pour éviter de se faire happer par leur système, ils se donnent le pouvoir d’inverser la règle du jeu et de mettre la machine à leur service. Ils créent un espace d’expression libre, une soupape : la Baraque à Crincrin.

Baraque à Crincrin : terme non répertorié dans le dictionnaire.

La Baraque à Crincrin est avant tout un instant magique et décalé, elle est matérialisée par la scission de la coque du navire par son milieu. Cette ouverture, caractérisée par une clef mécanique géante au son cristallin, offre un espace intime au cœur du bateau, une vraie scène bi-frontale de trois mètres d’ouverture.

Les Baraques à crincrin sont comme une boite de Pandore, des Matriochkas qui se déboîtent et dévoilent les entrailles du bateau et les jardins secrets des travailleurs. À cet instant, tout l’équipage se met à la disposition d’une envie : un rêve, un délire, une poésie, une confidence. Et même si tous se mettent à l’unisson de la Baraque à Crincrin, le public a alors affaire à l’un d’eux, UN, tout seul, unique, face à son intime, intime fantasque, bucolique, rageur, idéaliste.

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SynopsisDes années durant, des mécaniciens-pêcheurs ont travaillé sur un même chalut. Ils y ont vécu leurs plus belles années mais aussi les plus rudes. Un jour, l’armateur dépose le bilan, le bateau se retrouve à quai et les marins au bistrot chez Malou. Ils ruminent leur nouveau statut de chômeur, sombrent mais restent solidaires dans cette nouvelle tourmente.

Malou :« Et pis un jour ou plutôt une nuit, j’ me

rappelle, il y a la Carpe d’un coup qui dit : « Et si on rachetait not’ rafiot et qu’on en ferait eun Baraque à Crincrin ! »

Y a eu un silence mazette ! Et pis après un grand…un gros…fracas, z’ont tous beuglé ensemb’, à n’y rien comprendre et c’était reparti jusqu’à cinq heures…

Voilà c’est comme ça que ça a commencé not’ Bato Fracas. »

Le bateau, promis à la ferraille, est racheté pour l’euro symbolique. Les matelots l’installent en cale sèche et le remettent sur pied. Ils passent d’un bateau usine à une boite à musique, ils quittent la mer pour s’aventurer dans les terres. De taiseux, les marins deviennent prolixes chacun avec leurs langages propres, ils composent une partition théâtrale et musicale et dévoilent les entrailles du bateau et de son équipage.

Le Bato Fracas se déplace lentement, poussé par ses hommes, il part pour une traversée unique avec escales, le public est transporté progressivement vers d’autres contrées revendicatives, fantasques, poétiques.

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L’équipageL’équipage du Bato Fracas est constitué de ceux qui l’ont rêvé avant de le construire, l’écriture rejoignant alors le réel. Ce sont ces personnages qui vont rythmer l’avancée, les transformations du bateau mais aussi qui vont se raconter et exprimer leurs rêves.

La Malou : La Capitaine du Bato Fracas.

Tenancière de bistrot au port. Veuve de marin, elle connaît bien les gars pour les avoir accueilli et écouté des soirées entières. Elle a effacé un certain nombre d’ardoises pour maintenir la paix dans les ménages. Suite au chômage, c’est elle qui les a secoués, quand ils plongeaient. Grand respect des gars pour Malou, ce sont eux qui sont venus la chercher pour l’embarquer sur le Bato Fracas. Imposante, mélange de féminité et de grande gueule, fière et généreuse, elle ne craint rien.

Les Mécanos : matelots ou marins pêcheurs…tout à la fois. Hommes de terrain et d’action.

Ils sont soudés comme les doigts de la main, chacun est indispensable au bon fonctionnement du Bato Fracas. Ils ont tous une particularité, un truc qui les passionne et qui leur fait oublier tout le reste. Parmi eux…

L’Turbo : Chef mécano. Beau frère de Malou.

Expert en moteurs. Aime le travail bien fait et rapide. Généreux mais imprévisible, il peut partir dans une rage folle et dans la minute qui suit déblatérer une grosse connerie ou se lancer dans une explication pointilleuse à propos d’un moteur ou d’un arbre à came qui ne tourne pas rond. Il est très fier du Bato Fracas, de l’avoir sorti de la casse.

La Carpe : Mécano, taiseux.

C’est lui qui a eut l’idée de la Baraque à Crincrin. Passionné de sons de toutes origines, les percus ça le botte, les musiques fortes qui roulent, il veut toujours que ce soit plus fort. Son regard bleu fixe est signe de gros grain en prévision.

L’ Crab : Mousse lunaire, un peu plus bavard.

Homme à tout faire, jamais fatigué. La Malou c’est son égérie, sa figure de prou, sa boussole.

Etc etc………

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Le spectacle

L’histoire s’écrit devant nous, avance et se cisèle au long du parcours. Chaque

personne est partie prenante, investie de proposer un beau voyage et le nourrir.

Le spectacle se déploie sur la journée, en trois temps.

Aux aurores, avant l’effervescence du quotidien, le bateau est déposé dans la ville : un carrefour, une place de marché. Par sa stature, il commence d’interpeller le passant comme une météorite tombée dans la nuit ou un cadeau déposé au pied du sapin. Le Bato Fracas est « à quai », énigmatique, largué au milieu de la vie urbaine ; il attend son heure.

Pendant la journée, l’équipe du bateau met en place des indices sur le parcours du spectacle du soir : sérigraphies, fils de linges à sécher, bouées, filets de pêche…Ces actions réalisées sans jeu théâtral, alimentent le propos et donnent lieu à des échanges avec les habitants du quartier, les passants.

Le soir, l’équipage va rejoindre le bateau pour une traversée urbaine, celle-ci se scinde en trois temps : deux à l’arrêt avec un dispositif scénique frontal, un en mouvement ouvert à tous vents.

Appareillage

Le public a rendez-vous autour du bateau. Il règne une ambiance de petit matin, une radio en fond diffuse des témoignages, la météo marine, des documentaires liés au travail et à ses conditions…

L’équipage se complète petit à petit, des marins arrivent au travers du public, leurs

discussions mêlent travail et préoccupations individuelles ; puis chacun s’attelle aux préparatifs pour lever l’ancre : montée de matériel sur le bateau, maintenance des moteurs, vérifications diverses…

Une corne de brume tonitruante appelle au voyage et introduit la prise de parole de la Capitaine Malou. Son texte relate la genèse de leur histoire et présente succinctement l’équipage. La première Baraque à Crincrin s’ouvre alors sur une véritable boîte à musique, l’instant est précieux. La coque se referme, le ton est donné. Une corne de brume annonce le départ, les moteurs se mettent en route, le bateau quitte le quai…

Le public a les cartes en main, il est convié à vivre l’aventure.

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Chacun à son poste ! Le bateau fend la houle de la foule

Navigation à vue

Le bateau avance très lentement, poussé par quelques uns de ses matelots ; une partition sonore et musicale se construit grâce aux moteurs, aux musiciens, aux électrovannes. La Capitaine veille au grain. Les « pousseurs » se relaient et sont en constante liaison avec le pont.

Les Baraques à crincrin s’égrainent au long de la traversée, comme autant d’escales. Techniquement, à l’arrêt comme en mouvement, il y a ouverture et fermeture de la coque du bateau dans sa longueur. Artistiquement, les matelots peaufinent des saynètes délicates et font basculer le spectacle dans un mode intime.

Après ces respirations théâtrales, la Capitaine redonne les ordres, chacun reprend son poste. Le Bato Fracas reprend sa route, en mode usine, avant de s’immobiliser à nouveau.

Tout au long du parcours, le son est omniprésent, chacun s’affaire sur le pont, il y a des prises de paroles, des chants, un matelot écrit sur la coque du bateau.

Des écritures comme des slogans, un bateau comme un tableau de bord, une

palissade de revendications, c’est aussi un bateau en marche qui écrit son histoire

au plus près de la population et qui fonce avec culot et joie.

Abordage

Le bateau arrive à bon port. Un dispositif de quai et de scène sont là pour l’accueillir. Il s’agit de la dernière Baraque à Crincrin, l’équipage use alors de toute sa palette artistique pour un final mémorable et joyeux.

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Création du Bato Fracas

La construction du bateauLe Bato Fracas est un hybride. C’est un judicieux mélange entre un roulier, une péniche, et un brise glace. La clé mécanique posée sur la cabine est le déclencheur de l’ouverture et la fermeture du bateau, ce qui l’apparente à un jouet colossal.

Il a été entièrement construit par l’équipe. Cinq semaines de chantier nous ont permis d’arriver à un résultat brut satisfaisant. Nous estimons avoir besoin de deux semaines supplémentaires pour réaliser les adaptations nécessaires à la poursuite de l’aventure du Bateau Fracas : améliorations techniques et invention de nouveaux systèmes pour appuyer notre histoire.

Hormis les planchers en bois, notre navire est exclusivement en ferraille.

Malgré ces 5,5 tonnes (équipé), il se manœuvre facilement, huit personnes suffisant pour le déplacer. Sa direction placée à l’arrière lui permet de virer dans la rue avec le même mouvement que s’il le faisait sur l’eau.

Grâce à son type de construction, le montage et le démontage de la structure sont rapides : deux heures pour le déchargement et quatre heures d’assemblage suffisent pour le rendre opérationnel.

Il est actuellement stocké dans les locaux de Métalu, à Lille, il se patine, et attend son heure.

L’écriture Élargir, donner à voir et à rêver : la rue est multiple et nous avons l’ambition de vouloir parler à un maximum de gens ; c’est pourquoi l’écriture se fait sur plusieurs plans, démarre au lever du soleil et s’achève dans la soirée. Envie de foisonnement, de peps , de joie, de lutte , de versatilité…que chacun chope un truc au passage : un riff de guitare , une revendication lâchée sur une coque de bateau, la beauté d’une soudure, la patine d’un vieux rafiot, la harangue d’une gueule burinée rieuse…

Ce foisonnement revendiqué est le reflet de nos vies, de nos ambivalences, de notre cerveau et notre cœur connectés en permanence sur différentes lignes.

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« Au départ j’écris des choses dans mon coin, que je propose ensuite à l’équipe, et je peaufine au fur et à mesure. Je suis fortement marquée par les écrits d’Anita Conti (océanographe, photographe, écrivain).

Je veux une écriture simple qui aille droit au cœur, rythmée. La musicalité est importante, elle est la résultante des sons combinés par les syllabes, les sonorités et la ponctuation. Parfois j’oublie momentanément la définition du mot au bénéfice du swing de la phrase et, s’il s’avère que la signification a un penchant antagoniste, je trouve que cela fait une couche supplémentaire ; rien n’est jamais acquis.

Le vocabulaire lié à la mer est riche, nous l’employons dans notre quotidien sans plus y prêter attention et je trouve qu’il contient une poésie immédiate. Nous proposons une fable ouvrière c’est pourquoi il me semble adéquat que l’écriture se poétise, nous ne voulons pas produire un docu/déambulatoire. »

Domi Giroud

La création sonore

« Par nature bruyant, le moteur thermique, qu’il soit à deux ou quatre temps, se prête naturellement à la production de sons. Des bruits de

crécelles des premiers moteurs rotatifs aux basses caverneuses du moteur

Bernard, des micros judicieusement placés permettent d’apprécier le

gazouillis huileux des culbuteurs, le halètement du reniflard, le cognement des

pistons, l’affolement des soupapes. »

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Le son est omniprésen et se décompose en deux variations majeures : usine et intime.

Quand le bateau est en mode usine, le son est puissant, varié et mécanique. La matière sonore est orchestrée avec trois composantes :

-Des moteurs thermiques aux sonorités domptées.

-Des effets d’air et de compression d’électrovannes.

-Des instruments musicaux amplifiés.

Quand le bateau est en mode intime, les musiques sont mélodiques. Instruments et voix apparaissent comme pour marquer une respiration.

Les effets spéciaux L’ouverture et la fermeture du bateau sont deux effets de machinerie qui fonctionnent à merveille. Ce sont les plus visibles mais ce ne sont pas les seuls.

A petite échelle, des astuces servent les saynètes. L’apparition des accessoires, la fluidité des déplacements nécessitent une réflexion et une construction spécifique. Tout doit sembler facile et léger à réaliser sur cette masse de 5 tonnes. Chaque Baraque à Crincrin réclame sa dose d’invention.

En outre, nous disposons, sur le pont, d’un effet de feu composé d’électrovannes séquencées et d’allumages électriques. Les flammes sont détournées par des petites structures métalliques afin de donner des formes et des sons. Le système est placé sur une cheminée. C’est un bateau usine : même en journée il fonctionne.

L’utilisation de fumées blanches est imaginée à plus ou moins grande échelle, pour renforcer un univers industriel ou, tout simplement, créer une brume matinale.

Un canon à cartes postales, fixé sur le pont, permet d’envoyer, à 20 m de haut et en grande quantité, un texte poétique, une chanson… Le public emporte avec lui, une trace de notre passage.

La création lumièreLa dimension du bateau, sa ligne, ses couleurs patinées fonctionnent naturellement à la lumière du jour.

Dans la nuit, nous imaginons notre vaisseau, comme un point rayonnant, comme un navire en mer; en utilisant simplement la magie

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de la lanterne. Il s’agit de construire et d’installer de petites sources lumineuses qui se fondent dans le décor et sur le pont, en contre plongée et symétrie. L’unité de la lumière renforce alors la masse du bateau. Les flammes des électrovannes installées dans une des cheminées renforcent le dispositif.

Les Baraques à crincrin sont éclairées à l’aide de projecteurs traditionnels, adaptés ou inventés pour servir la magie de cet espace. C’est un focus, pour marquer la différence avec le pont.

Pour les scènes jouées à l’extérieur du bateau, lors de l’appareillage et du final, nous plaçons des ponctuels, pour fortifier la scénographie et la mise en scène.

Les costumesLes costumes aussi viennent renforcer les deux variations majeures du spectacle.

La combinaison de travail donne une unité au groupe, soulignant l’univers ouvrier. La personnalisation de ces tenues est faite au travers d’accessoires (couvre-chef, ceinture…) et par des nuances de teintes (rouille et bleu) qui font référence au Bato Fracas.

Les Baraques à crincrin permettent des rajouts loufoques sur cette base vestimentaire ou de présenter des costumes beaucoup plus marqués en lien avec la thématique abordée.

L’équipe artistique L’équipe des Proto-types est quelque peu en miroir de l’équipage du Bato Fracas : un groupe de personnes proches et complémentaires, humainement, artistiquement et techniquement.

Écriture et conception : Domi Giroud, Christophe Carpreau, Laurent Bonnard

Mise en scène : collective sous la direction de Domi Giroud

Construction : Pierre Pailles, Christophe Carpreau, Morgan Nicolas, John Bru, Joern Roesing

Création Lumière : Morgan Nicolas

Création sonore : Valentin Carette, Antonin Carette

Moteurs : Christophe Carpreau

Effets spéciaux : Paulo Loridant

Décoration / Costumes : Delphine Sekulak

Jeu : Louise Bronx, Laurent Bonnard, Antonin Carette, Valentin Carette, Christophe Carpreau, Pierre Pailles, Morgan Nicolas, Paulo Loridant, Delphine Sekulak, John Bru, Joern Roesing

Chargée de production :

Production : Métalu À Chahuter

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Biographies Domi Giroud : Comédienne, École de la Comédie de St Etienne, elle mélange depuis plus de 20 ans théâtre de salle et théâtre de rue, projets collectifs et en solo. Elle travaille avec les Cyranoïaques (Tentative d’Opérette, Un Air de, Amphytrionne…) le Phun (Les Pheuillus, Les Gûmes, Le Train Phantôme…), la Cie de l’Arbre à Roulettes, O.P.U.S (La Quermesse, Les Moulins de Mr Noël) le GdRA (Nour), les Protos-types… Elle poursuit parallèlement un travail d’écriture de spectacles et de nouvelles.

Christophe Carpreau : Il a commencé à goûter aux joies du théâtre de rue avec le Collectif Organum. Co-fondateur de Métalu A Chahuter à Lille, il s’implique dans de nombreux projets : La Baleine, Le festival « Les 400 clous », La Chocoteuf, Les Films à la Rue, le collectif Hirsute…Directeur technique du Phun depuis 2005. En région Nord-Pas-de-Calais, il travaille avec Le Prato, la Compagnie Eolie Songe, La Compagnie des Astres, le Festival les Agitations, Kling Klang, Culture Commune, Danse à Lille, Lille 3000, Les Maisons Folies, La Gare Saint Sauveur...

Laurent Bonnard : Comédien, il travaille avec Carnage Productions ( le G.I.G.N, les Extensibles…), s’investit au Phun ( Le Train Phantôme, Les Pheuillus, Les Gûmes, Père Courage). Il collabore avec d’autres compagnies dont Métalu A Chahuter (les Films à la rue), l’Agit (Cabaret Tchekhov). Il intervient en tant que regard extérieur avec plusieurs compagnies (Carnage Productions, Label Z, Joe Sature, Cie de la Rigole, Bêtes de Foires,…)

Morgan Nicolas : En collaboration avec l’Usine depuis 1992, il travaille avec le Phun (le Train Phantôme, Père Courage, Les Gûmes...),la famille Burattini (Contes Forains), La Machine (L’Araignée), Le Royal de Luxe (Retour d’Afrique), Katertone (La Trace). Concepteur et constructeur de décors, d’objets spéciaux, de luminaires et de petites machineries, il intervient sur des projets en théâtre, cirque, cinéma: Toulouse en piste, les 198 os, Burattini, Pronomades en Haute-Garonne, Les Cyranoïaques, Le Syphon cosmique, La Ménagerie...

Valentin Carette : Musicien. Depuis 2009 il enseigne la guitare électrique au Conservatoire de Musique de Dunkerque. Il fait partie du groupe Yolk et des Scathodick Surfers et développe un projet solo : Idiot Saint Crazy. Il a réalisé deux albums et joue en tournée en Europe. Il organise et participe à des workshops (résidence avec des musiciens au Brésil, Congo, Italie, États-Unis), et réalise des créations spécifiques ( musique de film, lecture musicale).

Antonin Carette : Musicien, il multiplie les expériences. Il participe à des projets avec des compagnies de théâtre et anime de nombreux ateliers. Il mène également un projet solo : Professeur Markass 1. Bassiste dans le groupe Scathodick Surfers et Yolk, il peut être aussi chef d’orchestre. Multi-instrumentiste, il collabore à des performances avec d’autres musiciens comme Frédérik Lejunter.

Pierre Paillès : Un des piliers d’Okupa Mobil (le cirque Mibol, Mouton de campagne, les Grooms, Le Marquis), il allie des qualités de clown et de constructeur. Il travaille avec le Phun (les Cents dessous, Père Courage), Color y Calor… Il conçoit et réalise des décors et machineries pour de nombreuses compagnies : le GdRA (Singularités Ordinaires et Nour), la Licorne (Spartacus), La Machine (le manège Carré Sénart, Escarlata Circus), Le Royal de Luxe (l’Eléphant, le Chien), le Phun (Train Phantôme), L’Illustre famille Burattini…

Louise Bronx : Comédienne, chanteuse, collagiste visuelle et sonore, performeuse. Elle travaille en tant que comédienne avec différentes compagnies de théâtre (Collectif Organum, Détournoyement, Art Point M, Eolie Songe...). Elle réalise des bandes sons de spectacles ou de ciné-concerts (La Pluie d’Oiseaux, Jean-Louis Accetone et Equipe Monaque 1, Amalgamix...). Avec Laure Chailloux, elle expérimente des personnages insolites. Ces dernières années, elle est partie prenante des 2ailes, en qualité de comédienne et collagiste sonore. Elle est membre du collectif Métalu A Chahuter depuis 2011.

Thierry Loridant, alias Polo : Expert en flammes techno et ingénieur en explosions à gaz. Responsable des effets spéciaux, constructeur et musicien (contrebasse) au sein notamment de la compagnie La Machine (La Symphonie mécanique, Les Résonateurs...), il fabrique également des éléments scéniques pour divers évènements à travers l’Europe.

Dephine Sekulak : Sérigraphe, décoratrice, illustratrice et plasticienne au sein du collectif Organum, d’Eolie Songe, du Grand Indoulou puis de Métalu A Chahuter... Elle se spécialise dans la conception de décors des Arts de la Rue. Fondatrice du collectif de décoration in situ Hirsute, qui intervient dans l’espace public et investit les jardins, cours, usines… Son équipe collabore régulièrement à des spectacles et des créations évènementielles.

John Bru : Constructeur polyvalent ; il travaille la serrurerie, la menuiserie, la soudure, la chaudronnerie, la forge, le tour métal… Depuis 2004, au Royal de Luxe, il travaille aussi pour les Mécaniques Savantes, la Machine, Le Phun, le Groupe Merci, l’Usine …

Joern Roesing : Constructeur, bidouilleur, régisseur, il travaille avec la Compagnie Octobre, Royal de Luxe, la compagnie 111, l’Usine, Tambour en piste, la Machine. Il participe à de nombreuses tournées européennes avec ces compagnies.

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Annexes

Calendrier des résidences

• Résidence 1 octobre 2014 12 personnes ; 2 semaines Sans le bateau

Reprise écriture texte, musique, mise en scène, constructions.

• Résidence 2 novembre 2014 6 personnes ; 2 semaines Avec le bateau

Constructions, aménagements du bateau.

• Résidence 3 janvier 2015 12 personnes ; 2 semaines Avec le bateau

Répétitions en conditions de spectacles.

• Résidence 4 février 2015 12 personnes ; 2 semaines Avec le bateau

Répétitions en conditions de spectacles.

• Résidence 5 avril 2015 6 personnes ; 1 semaine Avec le bateau

Reprise créations lumières et sons.

Fiche technique sommaire pressentie pour la diffusion

Caractéristiques Bato Longueur fermé : 10,5m ; ouvert 13,5mHauteur : 4,8mLargeur : 2,5mPoids équipé : 5,5 tonnesEspace nécessaire : 25m/15m

Demandes espace, fluides, matériel Loges et stockages sécurisésManuscopique 4t, Groupe électrogène10 samias

Demandes son Système complet (micros, table, amplis et diffusion)

Demande lumières Éclairage sur le parcours, avec armoires de raccordement.Les lumières embarquées sont fournies par la Cie.

Transport 1 camion super lourd type taut lyner

Planning représentation

J-2 Transport, arrivée sur les lieux de représentation.

Équipe restreinte, 6 personnes

J-1 Montage Équipe complète, 12 personnes

J Installation dans le décor urbainReprésentationPré-démontage

Équipe complète, 12 personnes

J+1 Démontage, départ Équipe complète, 12 personnes

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Table des matières

Avant Propos . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2Les intentions et l’imaginaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3Note d’intention générale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3Synopsis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6L’équipage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6Le spectacle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7Création du Bato Fracas . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9La construction du bateau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9L’écriture . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9La création sonore . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10Les effets spéciaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10La création lumière. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10Les costumes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11L’équipe artistique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11Biographies . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11Annexes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14Calendrier des résidences . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14Fiche technique sommaire pressentie pour la diffusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15Planning représentation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15

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