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Dossier NRP Octobre 2010, n°4 Société Comment le Ramadhan bouleverse la vie des Algériens INSTITUT ABASSA Economie L’économie algérienne, toujours malade de sa dépendance aux hydrocarbures ? Thierry COVILLE Droit Cessions à l’étranger des sociétés de droit algérien: Le droit de préemption de l’état renforcé Mounir M. Culture Bataille pour l’hégémonie culturelle: Les intellectuels arabes entre Etats et intégrisme Hicham BEN ABDALLAH EL ALAOUI Algérie-France: Histoire d’amour ou guerre des mémoires?

Dossier - cdesoran.org · Nos doigts ont gardé la magie d’un exil volontaire. Mais voici la neige diamante Le dur besoin d’aimer…» Jean SÉNAC. 4 NRP, octobre 2010, n°4

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Dossier

NRP Octobre 2010, n°4

Société Comment le Ramadhan bouleverse la vie des AlgériensINSTITUT ABASSA

Economie L’économie algérienne, toujours malade de sadépendance aux hydrocarbures ?Thierry COVILLE

Droit Cessions à l’étranger des sociétés de droit algérien:Le droit de préemption de l’état renforcéMounir M.

Culture Bataille pour l’hégémonie culturelle:Les intellectuels arabes entre Etats et intégrismeHicham BEN ABDALLAH EL ALAOUI

Algérie-France: Histoire d’amour ouguerre des mémoires?

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NRP, octobre 2010, n°4

SommaireN° 4 octobre 2010

La NRP est la nouvelle formule de la « Revue de presse »,

créée en 1956 par le centre des Glycines d’Alger.

[Attestation du ministère de l’information: A1 23, 7 février 1977]

Revue bimensuelle réalisée en collaboration avec le :

Ont collaboré à ce numéro

Faïza GACHI

Bernard JANICOT

Fayçal SAHBI

Mehdi SOUIAH

Leila TENNCI

Houari ZENASNI

CENTRE DE DOCUMENTATION ECONOMIQUE ET SOCIALE

3, rue Kadiri Sid Ahmed, Oran • Tel: +213 41 40 85 83 • Courriel: [email protected]

Site web: www.cdesoran.org

DossierAlgérie-France: Histoire d’amour

ou guerre des mémoires?

Si vous voulez recevoir gracieusement les numérossuivants de la Nouvelle Revue de Presse, envoyez-nous un message à l’adresse suivante:

[email protected]

Les idées exprimées dans les textesrepris par la NRP n’engagent que laresponsabilité de leurs auteurs

France-Algérie : la guerre des mémoiresEntretien avec: B. STORA, p. 4

Camus l’AlgérienP.-L. REY, p. 5

Les damnés de Reggane racontent : 50ans sur cette terre mauditeA. MEDDI et M. MATARESE, p. 6

A propos du film «Hors-la-loi» de R. Bouchareb, p. 7

La France malade de ses guerresM. MOURIER, p. 8

SociétéComment le Ramadhan bouleverse la viedes AlgériensINSTITUT ABASSA, p. 9

Demandeurs d’emploi: Les Algérienspréfèrent les multinationalesDjamel B., p. 10

Algérie: les jeunes toujours en difficulté, p. 10

EconomieL’économie algérienne, toujours maladede sa dépendance aux hydrocarbures ? Thierry COVILLE, p. 11

La Loi de Finances Complémentaire publiée aujournal officiel: Le contrôle du transfert dedevises renforcé; L’investissement, unpréalable d’accès au marchéNassim I./Kezoul L., p.12

DroitLa loi sur la monnaie et le crédit modifiée:Vers l’«algérianisation» des banquesétrangèresD.Z., p. 13

La réforme du tribunal suscite débat

D. Z., p. 13

Cessions à l’étranger des sociétés dedroit algérien: Le droit de préemption del’état renforcéMounir M., p. 14

CultureBataille pour l’hégémonie culturelle: Lesintellectuels arabes entre Etats et intégrismeHicham BEN ABDALLAH EL ALAOUI, p. 15

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Bibliographie, p. 17

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Editorial

Algérie – France, ces deux amants – ennemis. Tantôt ils s’aiment passionnément, tantôt ils sehaïssent à la folie. Les moments où ils pleurent ensemble sont rares mais ils sont très forts jusqu’àoublier, la torture, les essais nucléaires de Reggane…Durant ces moments là, ils s’aiment. Ils ontla nostalgie. Ils regrettent de s’être fait du mal. Mais les autres moments, la haine et la colèrereprennent leur place. La guerre des mémoires refait surface. On se dispute le passé. On sedéchire au nom d’une nostalgie, d’un nationalisme. La «guerre des mémoires n’aura pas lieu». Laphrase a connu un grand succès sur la presse et sur Internet. En périodes d’élections, desresponsables politiques des deux rives l’ont reprise dans leurs discours. Mais les mots ne signifientpas toujours ce qu’ils semblent dire. Nos aînés, eux qui ont vécu la guerre d’Algérie pour les uns,ou la guerre de libération nationale pour les autres, n’ont pas oublié ce temps où des algériens etdes français vivaient ensemble dans l’amitié et dans la fraternité ; mais ils n’ont pas oublié aussile jour où ils ont été séparés sur un quai d’un port algérien. Ils n’ont pas oublié, et pour les uns etpour les autres, la torture, les enfumades des grottes de Mostaganem, la bombe de M’dina jdida,les victimes de la Sebkha d’Oran, ni les filles kidnappées ou violées. Combien sont-ils ces enfantsnés d’un viol? Non, ils n’ont pas oublié ceux que le FLN a égorgés et ceux que la France a abandonnésdans un bidonville de Nanterre. On a parlé de la «guerre des mémoires» à la suite de la polémiquedéclenchée par la loi reconnaissante des aspects positifs à la colonisation. Il s’agit bien sûr de laloi du 23 février 2005. Cinq ans plus tard, une autre loi a été déposée au parlement algérien pour«criminaliser» le colonialisme français. Le cinéma reprend ses droits. L’image va parler à la placede l’arme. Des films sont sortis, d’autres sont en cours de tournage au nom d’une mémoire pourexprimer la haine et l’amour entre la France et l’Algérie. Quelques mois après, les «Hors-la-loi»reviennent sous forme de trois frères, comme par hasard, pour être contesté à Cannes par ceuxqui sont toujours en colère en France. Les «hors-la-loi» seront bien reçus dans les salles d’Oran etd’Alger. Mais les fantômes de Reggane reviennent eux aussi pour régler leurs comptes. Leur terremaudite n’a pas été décontaminée. Aujourd’hui leurs bébés malformés ou leucémiques réclamentleurs droits. Quant à Camus, il n’a pas lui aussi oublié sa tragédie personnelle. Son «premierhomme» a refusé d’être le dernier pour ne rien oublier. Son histoire semble niée, promise à unéternel recommencement justement pour mieux aimer. Et tandis que la transition se fait aveclenteur et que les dernières gouttes de la coupe de vin coulent dans l’immense vasque du néant,une angoisse suspendue descend enfin sur des cœurs malades de leur guerre.Ce dossier que nous proposons se veut réaliste mais aussi optimiste. Réaliste d’un vécu noirenduré par des algériens et des français durant la colonisation, un vécu aussi rose car il n’y avaitpas que la torture et la guerre mais aussi l’amitié, la fraternité et l’amour. Il se veut optimistepour que cette vie en rose revienne, pas au nom d’une glorification coloniale quelconque, maispour un idéal purement humain longtemps révé. A travers cette sélection hasardeuse de quelquesarticles parus dans la presse écrite nationale et internationale, l’Algérie et la France ne sont-ellespas aujourd’hui des voisines séparées par un «fleuve» nommé Méditerranée et qui devraientconstruire un avenir en commun sur la base d’une mémoire construite avec le sang et les larmesdes algériens et des français?

Leïla TENNCI

«Enfant - tige. Enfant pareil à la colère des feuilles. Nous sommes ennemis des mêmes sépultures.Et la mort nous traverse comme un fleuve soigneux. Enfants nous sommes d’une amitié lointaine D’un soleil qui tue. Nos doigts ont gardé la magie d’un exil volontaire. Mais voici la neige diamanteLe dur besoin d’aimer…» Jean SÉNAC

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DOSSIER

France-Algérie : la guerre des mémoiresEntretien avec: Benjamin STORA

Au début de l’année 2010, une proposition de loi était déposée au Parlement algérien pour « criminaliser» le colonialisme français. Quelques mois plus tard, Hors-la-loi , de Rachid Bouchareb, était contesté dès

sa présentation au Festival de Cannes. Le point sur les enjeux de cette guerre des mémoires entre laFrance et l’Algérie à l’occasion de la sortie de Hors-la-loi , le 22 septembre.

L’Histoire : Est-il envisageableque, sur les deux rives de laMéditerranée, on f inisse unjour par écrire une histoire dela guerre d’Algérie sanstabous, libérée du poids desmémoires antagonistes ?

Benjamin Stora : Nous n’en prenons pas le chemin. EnFrance, il n’y a jamais vraiment eu de consensus politiqueclair sur le passage à l’indépendance algérienne. Celapeut paraître surprenant. L’approbation de la politiquedu général de Gaulle, bien sûr, a été massive, comme entémoignent les référendums : le 8 avril 1962, 90 % desFrançais ont ratifié les accords d’Évian qui ouvraient lavoie de l’indépendance algérienne.

Cependant, une fraction de l’opinion - un noyau dur - n’ajamais admis cette fin de l’histoire, considérée commeun abandon de trois départements français. Trois ans plustard, lors de l’élection présidentielle de 1965, lereprésentant de la droite extrême Jean-Louis Tixier-Vignancour recueille un million de voix : il a bénéficié duvote pied-noir, mais aussi du soutien d’un électorat del’ex-métropole qui revendique ouvertement sa filiationavec l’Algérie française. Une minorité, soit, maisirréductible.

C’est toute la différence avec Vichy. Trois ans après la finde la Seconde Guerre mondiale, il ne s’était trouvépersonne en France, dans un contexte résistancialistetrès marqué, il est vrai, pour se hasarder à défendrepubliquement, dans une campagne électorale, l’actionde Pétain.

L’H.: Et en Algérie ? La guerre a abouti à l’indépendance: le consensus politique a-t-il été pour autant plus facile?

B. S. : Il est très difficile en Algérie d’écrire une histoirede la guerre qui ne soit pas passée au crible des critiquesidéologiques et partisanes.

Dès l’été 1962, les principaux acteurs de cette guerred’indépendance sont écartés : Mohamed Boudiaf, KrimBelkacem, Hocine Aït Ahmed, Ferhat Abbas. Et le coupd’État de 1965, qui renverse Ahmed ben Bella, chefhistorique du FLN, au profit de Houari Boumediene(pendant la guerre chef des armées situées auxfrontières), installe à la tête du pays les militaires quiprennent en main la manière dont doit être racontéel’histoire. Ajoutons que, pendant la guerred’indépendance déjà, la mise à l’écart de Messali Hadj(le pionnier de la lutte indépendantiste) et l’éviction desmessalistes du MNA ont interdit d’emblée le consensusautour de l’idée nationale, confisquée par un clan duFLN.

Il n’y a pas non plus d’effort pour la réconciliationnationale. Si les messalistes sont tenus pour des « traîtres», imaginez ce qu’il peut en être des harkis, musulmansqui s’étaient engagés du côté des forces françaises. En

Algérie - comme en France -, les mémoires sont entréesen conflit pendant la guerre elle-même, et cela n’a pascessé après 1962.

On ne parvient même pas, des deux côtés de laMéditerranée, à se mettre d’accord sur la nature dusystème colonial. En Algérie, il est considéré comme lemal absolu. Pendant ce temps, dans la Francepostcoloniale, il s’est encore trouvé en 2005 un groupeactif pour faire voter à l’Assemblée une loi « mémorielle» qui enjoignait aux professeurs d’insister dans leurscours sur « les aspects positifs de la colonisation ». Onsait ce qu’il en advint : la mobilisation - à commencer parla gauche -, le retoquage par le Conseil constitutionnelde cet article mal inspiré. Mais, pour l’Algérie, le mal étaitfait : la guerre des mémoires était ravivée.

Face à ces mémoires concurrentes qui, d’un côté commede l’autre, dictent leur loi, leurs interprétations, leurschiffres, qui assènent leurs propres bilans, qui ont pris lepouvoir ici et là-bas et qui récrivent à leur façon le passénourri de leurs préjugés, l’historien semble parfoisimpuissant.

L’H. : [...] l’histoire coloniale est plutôt en Franceaujourd’hui celle de la mauvaise conscience. Le discoursde Nicolas Sarkozy en décembre 2007 à Constantine étaitune franche condamnation de la colonisation : n’y a-t-ilpas là un terrain d’entente ?

B. S. : Ce n’est pas si simple. Notamment parce qu’enAlgérie les choses ont pris une tournure plus radicale.L’Organisation nationale des moudjahidins ou les Enfantsdes martyrs (chouhada) ne veulent pas sortir de la guerredes mémoires. Ils ont leurs fondations, leurs relaisd’opinion, jusqu’au sommet de l’État. Ce sont eux quidéveloppent l’ idée de la « criminalisation de lacolonisation française ». Une revendication reprise parcertains dirigeants du pays, jusqu’à la proposition de loidans ce sens déposée en février de l’année 2010 auParlement algérien - une revendication législativecependant abandonnée en juil let 2010 par legouvernement algérien.

L’H. : Est-ce ainsi qu’il faut interpréter la polémique autourdu film de Rachid Bouchareb, Hors-la-loi, qui sort sur lesécrans ce mois de septembre ?

B. S. : En effet. Dès avant la présentation du film audernier Festival de Cannes, en mai 2010, des personnalitéspolitiques françaises ont émis, sans l’avoir vu, un avisnégatif : une oeuvre de fiction sur la guerre d’Algérieréalisée par un Français d’origine algérienne ne pouvaitêtre que de parti pris. Des responsables ont fait appel àune commission d’historiens de l’armée pour « viser » lefilm. La polémique est alors retombée.

Pour autant, Hors-la-loi n’est pas sans poser des questionsà l’historien.

L’H. : L’éternel problème des rapports entre histoire etfiction ?

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DOSSIER

B. S. : Il faut être clair, on ne peut pas jouer impunémentsur les deux registres.

Le film a le mérite d’aborder les massacres de Sétif et deGuelma de mai et juin 1945 : rappelons que, suite à unemanifestation pour l’indépendance2 qui tourne àl’émeute, provoquant la mort de 102 Européens, uneterrible répression s’abat sur le Constantinois ; le bilanofficiel fait état de 1 500 morts. On sait aujourd’hui qu’il ya eu plusieurs milliers de victimes du côté des Algériens3.Cet événement considérable, longtemps minoré, étaitresté ignoré par le cinéma. Mais l’on peut s’interrogersur le choix du réalisateur qui décide de concentrer enune seule journée des massacres qui, en fait, se sontétalés sur près de deux mois.

L'H. : Vous avez évoqué les archives. N'existe-t-il pas,malgré tout, des échanges de documents entre la Franceet l'Algérie, contribuant, au-delà des sautes d'humeurrécurrentes, à l'harmonisation des rapports ?

B. S. : Les Français ont procédé en effet à des restitutions,réclamées de longue date par les Algériens, notammentles cartes des mines posées à la frontière entre le Maroc

et l'Algérie. Il est question aussi des archivesadministratives des cadastres. Ce sont des gestesimportants assurément, mais il est peu probable que Parisaccède à la demande d'Alger sur les documentshautement sensibles concernant la sûreté et lerenseignement. Ils soulèvent trop de difficultés, tenantsurtout à l'implication de personnes encore vivantes.

Cependant, plus que la traditionnelle « bataille desarchives » entre les deux pays, ce qui rend la conciliationdifficile, ce sont toujours les sujets touchant à la violencecontre les populations civiles et les responsabilitéspolitiques en ces affaires, qu'il s'agisse des mouvementsnationalistes du côté algérien ou de celle desgouvernements français à l'époque. Une importantevague nouvelle de jeunes chercheurs traitent de cesquestions.

(Propos recueillis par Daniel Bermond.)

Camus a vécu la guerre d’Algérie comme une tragé-die personnelle.

n°356septembre 2010

Camus était un Algérien, ce qui signifiait, à une époqueoù n’existait pas encore de nationalité algérienne, qu’ilétait un Français d’Algérie ; le terme excluait, dans lelangage courant, les indigènes du pays. On était algériencomme on était breton ou bourguignon[…]. Pour élargirson horizon, il fallait sortir du milieu scolaire. Des « Arabes», Camus en a connu grâce au football. Le Racinguniversitaire d’Alger, dont il fut un brillant gardien debut, était heureusement plus mixte que l’université dontil se réclamait. A partir d’octobre 1938, il collabora auquotidien Alger républicain, « journal des classesmodestes » (selon l’expression de ses promoteurs),soutien de la politique du Front populaire, plus volontierslu par les intellectuels arabes que La Dépêche algérienneou L’Écho d’Alger . Il rencontra enfin des écrivainscomme Mohamed Dib ou Mouloud Feraoun, dont Le Filsdu pauvre (Seuil, 1954) , récit autobiographique, avaittoutes raisons de l’émouvoir[…]en juin 1939, il publiedans Alger républicain un reportage sur la Kabylie . Luiqui a toujours fait l’éloge de la pauvreté, il apprend à ladistinguer de la misère[…]A la mi-août 1942, Camus,atteint de tuberculose depuis l’âge de 17 ans, quittel’Algérie pour soigner ses poumons dans le Massifcentral. Il ne fera plus dans son pays natal que des séjourslimités. Au lendemain de l’armistice du 8 mai 1945, il y estenvoyé en vue d’un reportage par son journal Combat .A peine a-t-il regagné la métropole que des émeuteséclatent dans le département de Constantine3. La séried’articles qu’il publie à cette occasion énonce des véritésd’évidence propres à bouleverser ses amisalgériens[…].Camus fait état d’un « manifeste », issud’un mouvement présidé par Ferhat Abbas, qui constatel’échec de la politique d’assimilation et proclame lanécessité de reconnaître une nation algérienne, reliée àla France, mais munie de caractéristiques propres. Il nedit pas qu’il y adhère, mais il signale son existence. Auxarguments des « Amis du Manifeste », les autorités ont

n°349Janvier 2010

Camus l’AlgérienPierre-Louis REY

préféré « répondre par la prison et la répression. C’estune pure et simple stupidité » . L’article qui clôt la sériede Combat s’intitule : « C’est la justice qui sauvera l’Algériede la haine ». En réponse aux « Amis du Manifeste »,signale Camus, le Parti communiste a créé unmouvement ouvert aux Arabes, les « Amis de ladémocratie », qui a reçu l’approbation des radicaux etdes socialistes. Son programme, visant à accorderprogressivement aux Français musulmans l’égalité desdroits civiques et la justice sociale, est « la dernièrechance que la France garde de sauvegarder son aveniren Afrique du Nord ». En somme, Camus ne sous-estimepas les aspirations nationalistes qui ont poussé les «Arabes » à la révolte ; il espère seulement que la Franceles désarmera en accomplissant l’oeuvre qui les guérirade leurs déceptions[…]Chroniques algériennes résumesa position. La « revendication arabe », y explique-t-il,dénonce et refuse à juste titre « le colonialisme et sesabus » ainsi que « le mensonge répété de l’assimilationtoujours proposée, jamais réalisée » . Les Arabes, quijusqu’en 1945 « voulaient tous être français », se sontdétournés de la France à la suite de la répression desémeutes du Constantinois et du trucage des électionsde 1948. « Une réparation éclatante doit être faite aupeuple algérien, qui lui restitue en même temps la dignitéet la justice ».

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DOSSIER

12 février 2010week-end

Le vieil homme au chèche beige sourit. Les rides, aux coins de sesyeux, s’animent. Rien ne sert plus de pleurer. Ils sont tous partis. Desquinze ouvriers de son équipe, Mohamed Belhacen est aujourd’hui leseul survivant. Son bébé de 6 mois et son premier garçon de 4 anssont tombés malades quelques mois après l’explosion. Dans sa voix,il y a de la fatalité. [...] à Taourirt, reste-t-il encore quelqu’un ouquelque chose en vie ? Rien ne bouge dans ce hameau fantôme atta-qué sans répit par le sable, où portes et fenêtres restent closes. A 35km au bout de cette route de la mort se trouve le point Zéro. Là où le13 février 1960, la France fit exploser une bombe atomique de 70kilotonnes.Quatre fois Hiroshima. L’opération Gerboise Bleue marquait le débutd’un long cauchemar pour plus de 40 000 personnes – population duTouat hors Touareg – qui furent exposées aux radiations des essaisnucléaires entre 1960 et 1966. Dans son bureau à Adrar, KaloumMekki, notable de la ville et sociologue de formation, croule sous lesdossiers. Il cherche à lever une des nombreuses zones d’ombre decette affaire. Profitant de son aura, il lança, il y a quelques années, unappel dans les médias pour recenser tous les Algériens mobiliséspour travailler sur le site. A en juger par le nombre de photocopies depièces d’identité empilées sur son bureau, ils ont été des centaines àvenir frapper à sa porte. «Il y avait quelque 10 000 travailleurs sur lesite, dont 6500 Français et 3500 Algériens [...]. «Avant l’explosion,les Français nous ont demandé de sortir des maisons, se souvientMohamed Belhacen. Ils avaient peur qu’elles s’effondrent. Et puis, onnous a dit de nous mettre à plat ventre par terre, le bras devant lesyeux. Il y a d’abord eu une lumière, comme un soleil. Puis un quartd’heure après, un bruit assourdissant et, enfin, l’onde qui s’est pro-pagée dans le sol, pareille à celle d’un tremblement de terre qui vousemporte dans les profondeurs…» Avec ses doigts, le vieil hommedessine ses souvenirs dans le sable. Et d’un coup, lève les yeux versle ciel. «On a vu de la fumée noire, jaune, marron qui montait trèshaut. On ne comprenait pas, mais on savait que c’était un jour noir.Des hommes ont pleuré.» [...] Kaloum Mekki, à Adrar, se souvient«avoir lancé un cri d’alarme» en 1986, à l’occasion d’un colloque surles perspectives de l’agriculture saharienne. «J’avais relevé que lessymptômes de dégradation des écosystèmes de la région et leursrépercussions sur l’agriculture traditionnelle étaient les conséquen-ces des irradiations. J’avais parlé de “bayoud nucléaire” !» Maisaucune étude ne leur donne raison. Tout comme aucune enquêteépidémiologique ne permet d’établir une corrélation directe entreles radiations, les cancers et les malformations. Sidi Mokhtar, 4 ans,est un des f ils de Sid Ammar. Un petit bonhomme aux cheveuxbouclés. Il ne court pas aussi vite que ses copains car un de ses piedsest malformé. Abdallah, un autre de ses fils, 8 ans, n’a pas toutes sesfacultés mentales. Bien sûr, Sid Ammar sait qu’il ne doit pas accuserla bombe. Dans cette région du Sahara, les médecins ne se bouscu-lent pas. Et à Adrar, le chef-lieu de la wilaya, à 155 km, il n’y a mêmepas d’hôpital. Juste un ensemble de blocs réunis sous le nomd’«établissement public hospitalier». Abderrezak Mentouri y travailledepuis un an et demi. Il ouvre la porte de son logement de fonction,en face de la morgue. Débordé, les yeux cernés, les traits marqués, ilconfie sur un ton excédé : «Je n’ai pas de moyens, pas de quoi fairedes radiothérapies, les médicaments coûtent trop cher, alors je faisdu palliatif. Si j’arrive à leur ajouter trois à six mois de vie, je suiscontent.» Avant lui, il n’y a jamais eu d’oncologue dans la région.Aujourd’hui, tous les malades affluent vers son service. «J’avais com-plètement sous-estimé leur nombre ! Sur 70 cancers, je dois en avoir30 du sein ! Et aussi des leucémies, des cancers du poumon… bref,tous les cancers radio-induits, que l’on connaît depuis Nagasaki etTchernobyl. Normalement, on devrait avoir un registre des cancers.

Mais ici, il n’existe pas ! Alors au moment du diagnostic, je relève lelieu de naissance, l’adresse, l’âge… Autant d’éléments qui serviront àétablir une corrélation entre les radiations et les cancers.» A Reggane,Abdellahi M’barek, le président de l’APC, paraphe les documentsposés sur son bureau en expliquant : «Nous avons absolument be-soin d’études. On n’est sûrs de rien, par rapport à la terre, l’eau, lasanté. En tant qu’élu, j’ai besoin de ces données pour savoir ce qui estenterré. Beaucoup de choses sont dites mais j’ai des doutes, je senstoujours qu’il y a ‘quelque chose’ là-bas.» [...]Trois casernes françai-ses incluses dans le périmètre irradié, que les Algériens ont récupé-rées et transformé en camps d’internement. Entre 1992 et 1995, ilsseraient entre 18 000, selon la Commission nationale consultativepour la protection et la promotion des droits de l’homme, et 24 000,selon le Comité de défense des internés, à y avoir été déportés sursoupçon d’appartenance à l’ex-FIS (Front islamique du salut). Lesdeux ex-détenus ont aussi perdu l’odorat à In M’guel, en bas de lamontagne d’In Ecker. Un comble pour Nourredine, autrefois restau-rateur à Sétif. «Là où nous étions, rien ne poussait. Et du sol, sedégageait une odeur de pomme et de vinaigre», témoigne-t-il. Trenteans auparavant, le 1er mai 1962, la France effectuait, à In Ecker, un tirdans une galerie creusée dans une montagne. Lors de l’explosion, lesystème d’obturation céda sous la pression, projetant gaz, poussiè-res et matériaux radioactifs à l’extérieur. Pierre Messmer, ministredes Armées, et Gaston Palewski, ministre de la Recherche, présentslors de l’accident, furent irradiés. Le second mourut d’une leucémie.Le nuage radioactif qui s’était échappé a contaminé une partie de larégion. En 2005, l’Agence internationale de l’énergie atomique rele-vait dans un rapport que la radioactivité résiduelle y était encore trèsforte. [...] En Algérie, le dossier des essais nucléaires est longtempsresté fermé. A Bahou, Sid Ammar el Hammel, président de l’Associa-tion des victimes du 13 février 1960, écarquille ses yeux et passe lamain dans son épaisse barbe poivre et sel, comme pour mieux faireresurgir ses souvenirs. [...]

Les damnés de Reggane racontent : 50 ans surcette terre maudite

Le 13 février 1960, la France commençait, dans le Sahara algérien, une série d’essais atomiques qui al-laient lui donner son statut de puissance nucléaire. Cinquante ans après, d’Alger à Taourirt via Regganeet les villages ensablés de la RN6, nous avons pris la route de la mort. Où la population et l’environne-

ment portent à jamais les séquelles d’un crime resté longtemps enfoui dans les bunkers du secret d’Etat.

Adléne MEDDI et Mélanie MATARESE

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NRP, octobre 2010, n°4

DOSSIER

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On ne sait pourquoi, mais certains films attirent sur euxla foudre. Hors-la-loi fait partie de cette catégorie. Jus-qu'à présent, on n'aura parlé de ce long-métrage quepour des raisons extérieures à celles relevant du pur plai-sir cinématographique.A peine sélectionné en compétition à Cannes, cette an-née, le nouveau film de Rachid Bouchareb (Indigènes)aura rallumé les polémiques et ravivé les vieilles blessu-res sur la guerre d'Algérie. Sans même l'avoir vu, le dé-puté UMP des Alpes-Maritimes, Lionnel Luca, l'avait qua-lifié de «film négationniste, antifrançais». Des harkis etdes pieds-noirs avaient défilé sur la Croisette, accusantle réalisateur franco-algérien de « falsifier l'histoire».Rebelotte il y a une semaine. Hors-la-loi est vivementaccusé de plagiat par deux scénaristes, Farid Afiri et Phi-lippe Roques, qui affirment que l'ébauche de leur scéna-rio Sparring Partners aurait été pillée par ce dernier.

Des Hors-la-loi qui manquent desouffle

Par Olivier Delcroix, Jean-Luc WachthausenLe figaro, 21 septembre 2010

Dans un entretien paru dimanche dans Ouest-France, leréalisateur Rachid Bouchareb s’est réfusé à «toute re-touche» du film.«Pour qui et pour quelle raison (le ferais-je)? Parce que quelques personnes ont dit, sans l’avoirvu, qu’il posait problème?», s’est-il interrogé.Pour lui,l’heure est à l’écriture «sereine» de l’histoire. «Au lieu devivre une guerre de mémoire, il faudrait que des deuxcôtés de la Méditerranée, les historiens puissent débat-tre et écrire l’histoire ensemble, sereinement.»Contacté par l’APS, l’historien Henri Pouillot soutient quece film «est une oeuvre artistique, et à ce titre, en France,le droit à l’expression se doit de rester intangible. Ce filmrecèle d’énormes qualités», a-t-il affirmé.M.Pouillot a reconnu que «toutes les scènes qui sontmontrées dans ce film correspondent à des réalités quise sont produites à un moment ou à un autre. Ce seradonc une révélation pour une partie du public d’appren-dre ainsi une partie de l’histoire récente, souvent occul-tée.

Hors-la-loi: Où va la polémique?

Par O. HindL’Expression, 23 septembre 2010

����� $UT���� ��� ������8/10/2010

On fait un effort. On branche le logicielanti-pathos (un système spécial dans lecerveau qui permet d’effacer la bande-son et les bouches tordues de douleur,tout en continuant à regarder le film). Onarrive du coup à trouver quelques bellesimages, dont une trace de sang en par-fait quart de cercle sur un mur, et un cer-tain sens de la baston.On ne peut pas dire qu’on s’ennuie désa-gréablement. Juste qu’on s’en fiche, carHors-la-loi n’irrite pas au point de fairebroncher l’électroencéphalogramme. Uneheure après, il n’en reste rien, sinon quel-ques éléments d’Histoire, ce qui était lebut. Violence politique. Mais surtout,quand on sait à quel point le rapport dela France à la colonisation n’est pas ré-glé, ni celui de certains Français descen-

dants d’anciens colonisés aux «Céfrans»,on voit mal comment le film pourraitne pas soulever la question de la vio-lence politique, que ce soit celle de l’Etatou celle de ceux qui la subissent (ou es-timent la subir) et répliquent en retour.D’autant que la sympathie du specta-teur est volontiers entraînée vers Zemet Bouajila en membres du FLN qui pas-sent leur film à égorger et poser desbombes - la police française n’étant pasnon plus mauvaise à ce jeu-là, en parti-culier à travers la Main rouge, organisa-tion parallèle. Hors-la-loi interroge donc,de biais, les limites et les enjeux de laviolence insurrectionnelle, tout en rap-pelant opportunément que la répres-sion, à la longue, finit toujours par pro-fiter à ceux contre lesquels elle s’exerce.C’est éternellement actuel.

«Hors-la-loi», divertisse-ment post-colonial

Par Eric LoretLibération, 22 septembre 2010

«C’est un long métrage qui n’est « révisionniste » ni de «propagande ». Il a tenté de souligner que le septième artn’a pas pour vocation de refaire l’Histoire mais de dénoncer les contre vérités « grossières » qui résistent à l’épreuvedu temps. Faut-il s’étonner alors que « Hors la loi » soit attaqué en France par les militants racistes du Frontnational qui l’ont qualifié de « film voyou » ?! Les partisans de Jean-Marie Le Pen, et leurs relais, savent-ils apprécierun film, une œuvre d’art ?» F. Métaoui, El Watan, 7 Octobre 2010

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DOSSIER

LES guerres sont faites pour être gagnées. Cela est sivrai que le moral des nations est durablement affectépar l’issue d’un conflit, cette issue, triomphale oufuneste, fut-elle objectivement sujette àinterprétations divergentes.[…]Les succès et les échecs sont donc relatifs mais enfinc’est ainsi: la psychologie des foules vit dans l’euphoriela victoire et s’effondre dans la défaite, même siparfois les vainqueurs s’amollissent dans les délicesdes années folles pendant que les malheurs desvaincus contribuent à regonfler l’imbécile armadacasquée[…].Puis vint l’Algérie, dont l’épisode précédent,piteusement achevé à Diên Biên Phu,seconde implosion indiscutable aprèscelle de mai 1940, n’était que la répétitiongénérale. La, j’avais bien l’âge du forfaitmais pas du tout le désir. La désertion, àlaquelle j’étais absolument décide, nerencontrait pourtant pas l’approbation detous mes proches, tant s’en faut. Elle mefut épargnée un long temps par monstatut de sursitaire. Puis, alors que j’avaisrefusé toute formation d‘off icier deréserve et comme je venais néanmoinsd’être déclaré malgré moi tireur d’élite,donc mur pour le prochainembarquement, un providentielaccident de voiture, en m’esquintantpour longtemps la main droite, vint briseren plein élan ma vocation de tueur sansgages. D’où un enrôlement honteuxcomme bidasse de base dans le train deséquipages, et par là du tempssupplémentaire gagné sur lesnégociations en cours, enfin une affectation commegratte-papier au ministère des Armées, dans le bureaudirigé par un colonel analphabète dont le frère devaits’illustrer lors du complot de l’Ecole militaire, fomentécontre le traître De Gaulle. Suaves moments! La trouilledes gradés de carrière pris la main dans le sac du putschavorté, c’est là un spectacle qu’on savoure à petit bruit.Longtemps, non seulement je me suis couché de bonneheure, mais j’ai caressé 1’idée de conter ces péripétiesgrotesques (j’avais accumulé tout un dossier) sous le titreMes dix-huit mois de baroud. J’y ai renoncé par respectpour les pauvres diables qui, eux, se sont trouvés plongéstout crus dans la tinette algérienne. Et voilaqu’aujourd’hui parait un livre où quelqu’un se pose surson père, jeune mobilisé au moment de cette guerre,les questions que mon fils n’aurait pas manqué de meposer si je l’avais réellement faite autrement que le culsur une chaise au milieu de sous—officiers débiles etféroces qui se remémoraient en clapant de la langue lebon temps de leur combat contre les fellouzes, plein dedélicieux à-côtés.

Un roman qui fera dateCe livre, important a mon avis et beau tant par les sujetsqu’il aborde que par son écriture puissante et neuve,s’appelle une guerre sans fin. Il est de Bertrand Leclairet Maren Sell l’a publié.L’auteur se met personnellement en scène dans sontexte. Il tente d’y engager, en l’absence de toutrépondant, une manière pathétique de dialogue avecson père, ancien combattant en Algérie dite française,mais l’interlocuteur virtuel, frappé d’Alzheimer, adésormais ses terribles raisons pour rester muet etl’échange demeure à jamais impossible. Or, malgré cefort parfum d’autobiographie (sans doute fictive),l’ensemble fonctionne bien comme roman. Une intrigue

extrêmement serrée et retorse, aussiefficace que celle d’un policier, permetde traverser, par un système de chutessuccessives, une a une les strates quel’écrivain-narrateur doit parcourirjusqu’a la révélation d’une hypothétiquevérité.[...]Ce titre excellent [une guerre sans fin]indique d’emblé ce que le romandémontre Nous sommes pas sortis de lasale guerre d’Algérie. Car enf incomment expliquer qu’au sein d’unenation entre toutes à son aise, dontmême les riches envient le systèmede sécurité sociale, la tout de mêmeextraordinaire qualité de bonheurquotidien, que l’accroissementinsolent de l’espérance de vie rendsensible, le dynamismedémographique presque unique enEurope, bref tous ces signes de cequ’il n’y a pas si longtemps on

appelait la prospérité, comment expliquer que cettenation soit travaillée en profondeur par un marasmeexistentiel sans précédent depuis la batailled’Azincourt. [...] Mais il ya l’Algérie, la guerre quireste en travers de la gorge la guerre qui ne passepas. [...]La France est encore malade de l’Algérie, de sondépart la queue entre les pattes, des assassins Massu,Bigeard, Aussaresses, de la hideuse trahison desharkis, de tout ce que la victoire aurait aisément cachéet que révèle jour après jour la vieille défaite remâchéeet recuite. La fierté d’être soi est directement indexéesur « la musique qui marche au pas » que conspuaitBrassens. A musique en berne, moral en déconfiture.Moral et non pas morale, n’est-ce pas? Les deux motsn’ont rien à voir l’un avec l’autre, un livre qui fait datevient opportunément nous le rappeler.

Maurice MOURIER

La France malade de ses guerres

n°346, juillet 2008

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INSTITUT ABASSA

24 août2010

9 %7 %

36 %

48 %

Oui

Non

Oui, maispas tt les

Nspp

Les résultats de ces travaux et leurs archives numériques (plus de 900 pages de résultats exprimés en tableaux,graphes et croisements dynamiques pour chaque situation et pour chaque wilaya enquêtée) n’ont pas été renduspublics du fait du démantèlement de l’entreprise par les autorités. Son responsable Hamid Abassa a mis à ladisposition d’El Watan une synthèse. Si le sondage a été réalisé en 2007, il reste que ses résultats peuvent êtreconsidérés comme valables pour les années suivantes, et à ce jour, du fait principalement que la société algériennea très peu évolué. Le rapport des Algériens au Ramadhan n’a presque pas changé.

Ce sondage a été réalisé durant la dernière décade du mois de Ramadhan 2007 (septembre/octobre) dans 24wilayas du pays auprès d’un échantillon représentatif et consolidé de 3004 individus,16 ans et plus par

l’Institut Abassa, qui précise que pour la première fois (hormis un travail d’amateurs réalisé par desétudiants à Alger en 1970),il a été identifié, qualifié, quantifié et mesuré les principales conduites sociales

individuelles et collectives durant le mois sacré du Ramadhan.

Habituellement, faites-vous leRamadhan tous les jours de ce mois?- Oui, tous les jours: 48%- Oui, mais pas tous les jours : 36%(malades, femmes indisposées,pénibilité professionnelle, autresraisons)- Non, je ne fais pas volontairementle Ramadhan: 07%- NSPP : 09% (cette population seraitplutôt à classer dans la catégorie desnon-jeûneurs volontaires)

Observations liminairesA l’échelle géographique du pays, onobserve à quelques détails près (0,3

à1% d’écarts) les mêmes proportionsde réponses et les mêmes conduitesdans l’observation ou la non-observation du jeûne,quelle que soitla wilaya considérée : les wilayas deTizi Ouzou, Oran, Mostaganem,Annaba et Sétif réalisent à peu prèsles mêmes scores à quelquespoussières de pourcetage près. Leswilayas de Béjaïa, Ghardaïa, Chlef,Constantine, Batna se positionnentdans le peloton de tête (+ 0,8% parrapport à la moyenne nationale)Où se situent les écarts d’observationet d’inobservation du jeûne ?S’il n’existe absolument aucun écartdans la distribution -jeûneurs non-jeûneurs- entre les wilayas du pays, ilexiste certains écarts (de 2 à 6%) dansles situations suivantes :Ceux qui font le plus le RamadhanMoyennes calculées par rapport auxmoyennes nationales de la

catégorie.- Ville/campagne : +4% pour lescampagnes- Homme/femme : +3% pour lesfemmes (hors cas de maladies etd’indispositions)- Jeunes et moins jeunes (-30 ans /+30 ans) + 5% pour les plus de 30 ans.- Lettrés/illettrés : +6% pour lesillettrés.- Salariés/chômeurs : +2% pour lessalariés et autres à revenus réguliers.- Hauts revenus/bas revenus : +4%pour les bas revenus- Arabophones/Berbérophones/Francophones: +3,5 % pour lesarabophones, +2% pour lesberbérophones, -3% pour lesfrancophones.- Fumeurs/non fumeurs : +5% pourles non fumeurs.Ceux qui ne font pas volontairementle Ramadhan (hors cas de forcemajeure)Variable : languePourcentage par rapport à lacatégorie d’appartenance (7% del’échantillon interrogé)- Arabophones/Berbérophones/Francophones :- Arabophones monolingues : - 30%par rapport à la moyenne nationale.- Bilingues arabophones/berbérophones : - 22%- Bilingues arabophones/francophones : + 28%- Monolingues berbérophones : 0%par rapport à la moyenne nationale- Monolingues francophones : + 16%- Bil ingues francophones/berbérophones : + 4%.Variable : Ville/campagne- Milieux urbains: + 60%- Milieux suburbains : + 20%- Campagne : - 80%- Pour les autres variablesconsidérées, les écarts sont minimesquelle que soit la catégorie socialeconcernée, à l’exception de lacatégorie remarquée des niveauxd’instruction où les élites A++ (hautsniveaux d’instruction, cadressupérieurs, hauts revenus). Cette CSPmarque une tendance très élevée parrapport à la moyenne nationale (+

55%) La sous-catégorie «Etudiants»de cette CSP présente à peu près lamême tendance.- Durant le mois du Ramadhan,votre propre comportement detous les jours a-t-il changé ?- Oui : 72%- Non, pas du tout : 6%- NSPP : 22%Si changement = Oui- Oui en bien : 68%- Oui en mal : 3%- NSPP : 29%Je fais plus de bien et de la charitéautour de moi:- Oui : 75%- Non : 15%- NSPP : 10%- Et les comportements des autrespersonnes autour de vouspendant le mois de Ramadhan :- Oui en bien : 18%- Oui en mal : 69%- Plus aimables : 21%- Plus gentils : 12%- Plus serviables : 16%- Plus attentionnés : 9%- Plus charitables : 42%- Moins aimables : 65%- Plus agressifs : 82%- Plus égoïstes : 56%- Moins solidaires : 24%Au travail- Je travaille comme les autres moisde l’année : 9%- Je travaille moins que les autresmois de l’année : 56%- Je travaille plus que les autresmois de l’année : 2%- Je prends des congés de maladie,arrêts de travail, congé spécial :42%- Je prends mon congé annuel dedétente : 39%- J’arrive à l’heure au travail : 11%- J’arrive en retard au travail : 66%- Mon rendement au travailaugmente : 1%- Mon rendement au travail baisse: 77%- NSPP : 12%

Comment le Ramadhan bouleverse la vie des Algériens

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29 septembre2010

Avec un taux de chômage passé depresque 30% en 2000 à 11% en 2008,l’Algérie serait-elle en train derejoindre le camp des paysémergents? Pas si simple, avanceNora Alleki , qui montre l’ampleur desdifficultés que rencontre toujours lajeunesse du pays. Les moins de 35ans représentent 30% de lapopulation active, mais 88% deschômeurs. Car 500 000 jeunesarrivent chaque année sur le marchédu travail. En particulier, 100 000diplômés de l’enseignementsupérieur viennent chaque annéegrossir les rangs des chômeurs. Etceux qui parviennent à décrocher unemploi doivent, dans neuf cas surdix, accepter un déclassement. Pources jeunes diplômés, l’émigration estperçue comme la seule solution. Adéfaut, ils recourent à l’emploiinformel, qui progresserait de 8% paran et concernerait d’ores et déjà 1,5million de personnes. Pour remédierà cette situation, l’Etat a mis en placeen 2008 un «dispositif d’aide àl’insertion professionnelle»,comprenant notamment un «contratd’insertion des diplômés», d’unedurée d’un an et assorti d’uneformation, une partie du salaire étantprise en charge par la collectivité. Enoutre, l’Etat incite à la création demicro-entreprises au moyen d’unrégime fiscal avantageux, mais ledispositif souffre d’une bureaucratieexcessive. Au final, l’Algérie peinetoujours à sortir de la quasi-monoproduction d’hydrocarbures: larente pétrolière assure desressources, mais pas ledéveloppement.

Algérie: les jeunestoujours en difficulté

Alternatives Economiques n° 293 - juillet 2010

Source: «Portrait d’une génération...», Teamconsulting International, Tunis,juillet 2010publié par El Watan Economie, 04/10/2010

Selon un communiqué de cetorganisme, ce sondage a été réaliséavec la participation de 4450personnes sur l’emploi idéal et lescritères auxquels les candidats àl’emploi sont les plus sensibles.L’enquête a porté aussi bien sur lescritères d’attractivité d’unemployeur selon les demandeursd’emploi et sur la prédominance detel ou tel critère selon diversesvariables, à savoir : l’âge, le sexe etle niveau d’instruction. Sur la basede ce sondage, 60% des répondantssouhaitent travailler dans desentreprises multinationales, et ce, depar les avantages qu’elles offrent enmatière de rémunération, deformation et de carrière. Endeuxième position, Emploitic.com aretrouvé à égalité 15% des candidatsqui cherchent à travailler soit dansles administrations ou entreprisespubliques, soit dans les grandesentreprises privées algériennes.Cette catégorie recherchegénéralement la sécurité de l’emploi.En dernière position, le sondagerévèle qu’il n’y a que 5% descandidats qui souhaitent évoluerdans les PME/PMI algériennes. « Ceconstat ne fait que confirmer lemanque d’attractivité des PMEalgériennes ainsi que le retardqu’enregistre l’Algérie dans cesegment stratégique de l’économie», analyse la même source. S’agissant des critères qui oriententle choix de l’emploi, les résultats dece sondage ont dévoilé que 64% despersonnes sondées sont attirées parles salaires élevés, 59% par les offresde formations de qualité. Le sondagea souligné par ailleurs que les

femmes accordent plusd’importance à la sécurité del’emploi (51%), comparativementaux hommes (40%). Selon lesrésultats de cette enquête, lessecteurs offrant les meilleuresopportunités de carrière sontnotamment ceux de l’énergie,mines et matières premières(21%), informatique, Télécom etInternet (19%), l’industrie (14%). «Le secteur de l’informatique,Télécom-Internet, confirme icison dynamisme et reflète lesnombreuses campagnes derecrutement menées cesdernières années», souligne lemême communiqué. L’enquête aété mise en ligne sur le site del ’ o r g a n i s m e(www.emploitic.com) ainsi quesur des réseaux sociaux afin detoucher d’une manière généraleles internautes et les demandeursd’emploi algériens. La populationciblée par ce sondage a un niveaud’étude qui varie entre la 3èmeannée secondaire et bac + 5.Emploitic.com, créé en avril 2006à travers le dispositif de l’ANSEJ,est un organisme privé derecrutement sur Internet. Pour rappel, Tayeb Louh, ministredu Travail, de l’Emploi et de laSécurité sociale, a affirmé lundique 277.918 demandeursd’emploi ont été embauchés en2009. 75.572 emplois ontégalement été créés durant lamême année par l’Agencenationale de soutien à l’emploides jeunes (ANSEJ) et la Caissed’assurance-chômage (CNAC).Concernant les perspectivestracées en matière d’emploi pourla période 2010-2014, M. Louh aindiqué que l’ANEM est chargéede créer 200.000 postes d’emploipar an et que le nouveau dispositifd’aide à l’ insertionprofessionnelle devrait créer300.000 postes par an.

Demandeurs d’emploi:Les Algériens préfèrent les multinationales

Un récent sondage réalisé par Emploitic.Com, un organisme privéde recrutement sur Internet, a révélé que plus de la moitié des

demandeurs d’emploi souhaitent travailler dans des entreprisesmultinationales.

Djamel B.

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Thierry COVILLE

L’économie algérienne, après unedécennie noire due à la guerre civile,a opéré un véritable redressementdepuis le début des années 2000.Une politique économiqueprudente ainsi qu’une bonne tenuedu prix du pétrole et du gaz ontpermis d’enregistrer d’excellentsrésultats. […]. Toutefois, la crisefinancière, à travers son impact surle prix du pétrole, a remis enévidence à quel point l’économiesouffrait de sa dépendancepétrolière et gazière. Réduire cettedépendance et développer lesecteur privé permettraientnotamment d’améliorer lacompétitivité de l’économie etde préparer une intégrationréussie dans l’OMC.Une économie qui a « résisté »

à la crise financièreL’économie algérienne a étédirectement affectée par la crisef inancière, enregistrant unenette décélération de sacroissance de 3% en 2007 à 2,4%à 2008 puis à 2,1 % en 2009. Lecanal de transmission de la crisedes « subprimes » n’a pas touchéle système financier algérien quireste sous-développé. […]. Parailleurs, la bourse d’Alger est loind’avoir atteint une taille critiqueavec une capitalisation inférieure à1 % du PIB. Enfin, un système decontrôle des changes est toujoursen place et les flux financiers entrel’Algérie et le reste du monde sontquasiment inexistants. Cette faibleintégration dans le systèmefinancier international a d’ailleurspermis à l’Algérie d’être préservéedu choc immédiat induit par la crisefinancière de 2008. […].Mais la crise a touché l’économiealgérienne à cause de son impact surle marché des hydrocarbures. Eneffet, l’effondrement de lademande mondiale a conduit à unechute brutale du prix du pétrole,[…]. Cela a conduit à un recul desexportations algériennes quidépendent à plus de 99% du pétrole

et du gaz. […]. De même, les recettesbudgétaires de l’État, qui dépendentà près de 79% des exportationsd’hydrocarbures, ont également étéaffectées par ces mouvement deprix, […].Le gouvernement a réagi à cettechute des revenus pétroliers etgaziers en mettant en place unepolitique budgétaire contra-cyclique,[…]. Cette politique concerne lesdépenses courantes soutenues parune hausse des dépenses demaintenance des infrastructures etde soutien de l’emploi. Cet

accroissement des dépenses,compte tenu du recul des recettesbudgétaires, a entraîné une trèsnette dégradation des f inancespubliques, […].Le caractère stimulant de la politiquefiscale a permis de limiter l’impactrécessif du recul du prix deshydrocarbures. Le PIB horshydrocarbures a ainsi progressé de 9%en 2009 contre 6,1% en 2008. Outrela stimulation budgétaire, ce résultats’explique aussi toutefois par labonne performance du secteuragricole. […].

… mais des problèmeséconomiques persistants

La résilience de l’économiealgérienne face à la crise financièrene doit pas faire oublier que leproblème de sa dépendance parrapport aux revenus deshydrocarbures persiste. […].

[…], le fait que l’État puisserelancer des pétrodollars dénoteaussi des autres problèmes quepose cette dépendance : l’Étatalgérien propriétaire des revenuspétroliers et gaziers à travers lastructure publique de Sonatrach,est l’élément moteur del’économie algérienne auxdépens du secteur privé.Outre la domination du secteurpublic, […] l’Algérie reste un paysqui cumule de très importantsproblèmes sociaux. […], 22,6% dela population était en dessous du

seuil national de pauvreté et15% n’avait pas accès à l’eaucourante […].Autre problème récurrentdéjà évoqué, le sous-développement du systèmef inancier algérien. […],l’économie algérienne si elleveut à l’avenir développer uneéconomie moins dépendantedes hydrocarbures et unsecteur privé compétitif, astructurellement besoin d’unsecteur bancaire capable desélectionner les projetsd’investissement les plusefficaces.

Enf in, la question desconséquences de l’adhésion àl’OMC reste posée, l’Algérie étanttoujours en train de négocier à cesujet. La question est simple :comme une économiedépendante pour l’essentiel deses exportations de pétrole et degaz pourra-t-elle supporter le chocde la l ibéralisation de soncommerce extérieur ? On peutainsi penser qu’outre toutes lesréformes […], il faut que lesautorités algériennes négocientune ouverture graduelle de leuréconomie. L’État doit égalementmettre en place unenvironnement des affaires quipermettra l’essor d’un secteurprivé compétitif. […].

L’économie algérienne, toujours malade de sadépendance aux hydrocarbures ?

n°100, Automne 2010

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[…] La loi de f inancescomplémentaire LFC 2010, qui estdésormais promulguée, prévoit uneffet rétroactif de la règle des 49/51aux sociétés immatriculées avant laLFC 2009, lors d’une «modification»d’immatriculation au registre ducommerce. Ainsi, «pour augmenterleur capital ou modif ier leuractionnariat, les entreprisesdétenues à plus de 51% par desétrangers devront accueillir un ouplusieurs actionnaires locaux àhauteur de 51% du capitale. La mesurea pour objectif de mettre enconformité les sociétés étrangèresqui échappent à la condition dedétention du capital, en recourant àdes augmentations de capital et/oudes cessions d’actions ou de partssociales induisant une modificationde la représentation desparticipations».[…]. S’agissant du même contexte,le texte introduit aussi de nouvellesdispositions fiscales et renforceconsidérablement le contrôle de laDirection générale des impôts (DGI)sur les opérations de transfert dedevises à l’étranger. Certes, la LFC2010 met déf initivement f in auxprivilèges dont bénéficiaient jusque-là les investisseurs étrangers.Soumis désormais aux mêmescontraintes f iscales que lesnationaux, ces derniers ne peuventplus procéder à des transferts à leurguise. A travers cette loi, l’Etatprévoit également une batterie demesures supplémentaires pourréprimer de façon générale la fraudeet l’évasion fiscales !. Désormais, uneentreprise pourrait être amenée àjustifier les raisons d’un transfert dedevises effectué au profit d’unesociété basée à l’étranger.[…]. Cette mesure va en définitiverendre les opérations de transfert dedevises vers l’étranger pluscomplexes. Autre nouveautéfiscale, la possibilité d’élargir la taxesur les superprofits, actuellementappliquées dans l’activité pétrolière,aux autres secteurs. «Lessuperprof its réalisés dans desconjoncture particulières, hors du

secteur des hydrocarbures, peuventêtre soumis à une taxe forfaitaire.[…]. La LFC 2010 explique le motifde cette taxation par le souci destabilité, en mettant en place «desmécanismes et des outils à même deréguler d’une manière permanentenotre économie et de dissuaderquiconque de se livrer à desmanoeuvres spéculatives».D’autant, selon l’exposé des motifs,que le marché est soumis à desfluctuations de l’offre et de lademande liées généralement à descomportements spéculatifs, dontl’objectif est le gain facile et rapide.D’où la nécessité, pour les pouvoirspublics, «à chaque fois d’instaurer

des mécanismes de régulationdont l’impact est d’assurer ladisponibilité des produits à laconsommation et faire éviter desconjonctures de pénuries dont lesconséquences sont néfastes».[…]. En conclusion, la LFC 2010n’est en générale que leprolongement des décisionsprises depuis 2008 concernant lesrègles d’investissement. Elle estaussi considérée comme unprolongement des décisionsmises en oeuvre en 2009 en vuede brider les importations etréduire les transferts de capitaux.

La Loi de Finances Complémentaire publiée au journal

officiel Le contrôle du transfert de devises renforcé

07 septembre2010

La loi de finances complémentairepour 2010 a été publiée au Journalofficiel N° 49 du 29 août 2010. Letexte faut-il le rappeler comported’importantes mesures en matièred’encadrement des investissementsétrangers et de marché public.Pour le gouvernement, lepatriotisme économique n’est pasun simple slogan. En effet la loi definances complémentaire institueune obligation pour lessoumissionnaires étrangersdécrochant des contrats dans lecadre de marchés publics, des’engager à investir en partenariaten Algérie.C’est peut être l’une des plusimportantes mesures, de cette LFC2010, eu égard aux sommesimportantes engagées par l’Etatdans des projets infrastructurels,dont malheureusement lesentreprises algériennes n’ont pasvraiment tiré profit.Le gouvernement, lui-même,reconnaît que des investissementsréalisés avec les partenairesétrangers, notamment dans lesinfrastructures, ne sont pas souventsuivis d’un transfert au profit dupartenaire algérien d’un savoir faire,de formation du personnel voire,d’une modernisation de ce dernier.

Du coup les entreprisesétrangères, devant conclure descontrats de marchés publics,doivent remplir les conditions ducahier des charges, qui doitprévoir un engagement, en contrepartie des contrats qu’ilsobtiendront, d’investissementsavantageux pour les deux parties.[…]. Les importations de servicesnon facteurs ont augmenté deprès de 5%, passant d’undécaissement de 11,08 milliards dedollars en 2008 à 11,63 milliards dedollars en 2009, sous l’effet de laprogression des services importésau titre des infrastructurespubliques, dans le cadre del’exécution du budgetd’équipement de l’Etat. La vaguedes contrats qui ont servi àacheter des grands équipementsd’infrastructure entre 2005 et2009 a coûté à elle seule plus de50 milliards de dollars à l’Etatalgérien. […] L’Algérie, qui vientde lancer un nouveau programmequinquennal d’investissementspublics de 286 milliards de dollars,fait savoir ainsi à ses partenairesétrangers que les règles du jeuallaient changer. […]

Nassim I.

La LFC 2010 fixe les règles du marché pour les étrangersL’investissement, un préalable d’accès

au marché

Kezoul L.

08 septembre2010

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NRP, octobre 2010, n°4

L’«algérianisation» des banques etétablissements f inanciers àcapitaux étrangers se prononce àla suite de la modification de la loisur la monnaie et le crédit.

Publiée au Journal officiel en datedu 1er septembre 2010,l’ordonnance n°10-04 du 26 août2010 modif ie et complètel’ordonnance n°03-11 du 26 août2003 relative à la monnaie et aucrédit. A la lecture des nouvellesdispositions, il apparaît clairement lavolonté d’«algérianiser» le capitaldes banques et établissementsfinanciers à capitaux étrangers.L’ordonnance prévoit en effetl’obligation pour l’Etat algériend’être présent dans le capital desbanques et établissementsf inanciers à capitaux privés,nationaux ou étrangers. Ainsi, «lesparticipations étrangères dans lesbanques et établissementsfinanciers de droit algérien ne sontautorisées que dans le cadre d’unpartenariat dont l’actionnariatnational représente 51 % au moins ducapital», selon l’article 6.Comme l’on y précise que «paractionnariat national, il peut êtreentendu l’addition de plusieurspartenaires», algériens s’entend.Comme l’ordonnance stipule quel’Etat «détient une action spécifiquedans le capital des banques etétablissements financiers à capitauxprivés, en vertu de laquelle il estreprésenté, sans droit de vote, ausein des organes sociaux».Certes, l’ouverture bancaire n’estpas entièrement remise en cause,puisque l’installation de filiales debanques étrangères est maintenueavec l’obligation pour leursdirigeants d’avoir le statut derésidents en Algérie. Néanmoins, lacession d’actifs bancaires privés àdes tiers n’est possible que sur«autorisation de l’Etat».Les cessions d’actifs doivent êtreconclues sur le territoire national etl’Etat dispose d’un droit depréemption sur ces cessions. Enmatière de contrôle des banques etétablissements f inanciers, lacommission bancaire est tenued’établir un rapport annuel auprésident de la République.En outre, la nouvelle ordonnancedécide la mise en liquidation detoute banque ou établissementf inancier de droit algérien,succursale en Algérie de banque oud’établissement financier étranger,dont le retrait d’agrément a été

prononcé. Par ail leurs, toutepersonne qui ne dispose pas decompte bancaire ou n’est pasinterdite de chéquier peut ouvrir uncompte auprès de n’importe quellebanque.Selon la nouvelle ordonnance, toutepersonne qui n’arrive pas à ouvrir uncompte de dépôt dans une banquepeut désormais demander à laBanque d’Algérie de lui désigner unebanque pour le faire.Les banques sont également tenuesde mettre à la disposition de leursclients les moyens et instruments depaiement appropriés dans des délaisraisonnables. «Elles informent, defaçon périodique, leurs clients de leursituation visà- vis de la banque etdoivent tenir à leur disposition touteinformation utile relative auxconditions de banque», indique-t-on.D’autre part, la nouvelle ordonnancecherche à prévenir du risque desurendettement des ménages, àtravers la mise en place obligatoired’une centrale des risques desménages, une centrale des impayés

et une centrale des risquesentreprises.«La centrale des risques est unservice de centralisation desrisques chargé de recueill ir,auprès de chaque banque et dechaque établissement financier,notamment, le nom desbénéficiaires de crédits, la natureet le plafond des crédits accordés,le montant des utilisations, lemontant des crédits nonremboursés ainsi que lesgaranties prises pour chaquecrédit», comme l’indique le texte.Sur un autre plan, le texte dansson article 14 décide que toutesociété de droit algérienexportatrice, concessionnaire dudomaine minier ou énergétiquede l’Etat doit obligatoirementrapatrier et céder à la Banqued’Algérie les produits de sesexportations». D.Z.

La loi sur la monnaie et le crédit modifiée

Vers l’«algérianisation» des banques étrangères

12 septembre2010

La réforme du tribunal criminel et l’introduction dudouble degré de juridiction font actuellement l’objet

d’un débat. Juristes, magistrats et bâtonnats’expriment.

La réforme du tribunal criminel estimminente et verra l’introduction du doubledegré de juridiction, a indiqué dimanche àAlger le directeur général du Centre derecherche juridique et judiciaire. Cettequestion avait fait l’objet d’une journéed’études sur la réforme du tribunal criminelorganisée par le centre.

Droit à l’appel en matière criminelleLe droit à l’appel est actuellement consacréen matière correctionnelle etcontraventionnelle mais non en matièrecriminelle. Les condamnés pour crimepeuvent introduire un pourvoi en cassationdevant la Cour suprême qui juge lesjugements et non les justiciables.Le directeur général a indiqué que la réformedu tribunal criminel fait partie du processusde réforme de la justice et de transpositiondes normes internationales dans notrelégislation interne, notamment cellesconcernant les droits de l’homme qui«revêtent un caractère de priorité».

Jury populaire : à supprimer ?Le jury populaire au tribunal criminel a étéégalement au centre du débat, à travers laquestion de savoir s’il faut le maintenir oupas. Les participants ont estimé que seul lemagistrat est en mesure de juger un criminel,le jury populaire ayant «démontré seslimites». La loi n’exige que la capacité de

savoir lire et écrire pour le membre dujury populaire.Expliquer au justiciable pourquoi il est

condamnéLes participants ont plaidé, en outre,pour l’ introduction de la motivation dansles affaires criminelles, estimantqu’expliquer le pourquoi de la peine rendune justice de qualité, garantit latransparence qui permet au justiciable demieux comprendre les raisons de la peineet facilite le contrôle des décisions parles juridictions supérieures. Lesjugements du tribunal criminel sontprononcés sur la base de l’intimeconviction, alors que dans les affairescorrectionnelles et de contravention lesdécisions sont motivées.

Prise de corps : une pratique à revoirIl a été appelé, par ailleurs, à revenir surla pratique de l’ordonnance de prise decorps. Les juristes estiment qu’«unepersonne qui s’est présentée et a étélaissée en liberté offre les garanties dereprésentation ; il est inutile de la mettreen prison la veille de son jugement».Lors de la rencontre à laquelle ont prispart des magistrats marocains ettunisiens l’expérience de leurs pays enmatière de réforme du tribunal criminela été présentée. La Tunisie applique ledouble degré de juridiction depuis 2000et le Maroc depuis 2002. D. Z.

La réforme du tribunal suscite débat

Le Jeune Indépendant05 Octobre 2010

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C’est ce que révèlent lesmodif ications apportées dansl’ordonnance relative audéveloppement desinvestissements. L’Etat ou lesentreprises publiquesconservent, ainsi le droit deracheter les actions ou partssociales de la société concernéepar la cession directe ou indirecte.« Dans ce dernier cas, le prix durachat est fixé sur la base d’uneexpertise «, est-il expliqué dansl’article 47.Il faut dire que cette mesurepermettra à l’Etat ou auxentreprises publiquesd’appliquer le droit depréemption et de racheter lasociété, objet de la transaction, àun prix f ixé sur la base d’uneexpertise dont les modalitésseront f ixées par voierèglementaire. L’objectif de cettemesure est de renforcer lecontrôle de l’Etat sur les cessionsindirectes de participations dansdes sociétés algériennes àcapitaux étrangers.Cependant, la nouvelleréglementation oblige lespersonnes morales de droit

étranger, possédant des actionsdans des sociétés établies enAlgérie, de communiquerannuellement la liste de leursactionnaires authentif iée par lesservices en charge de la gestiondu registre de commerce du paysde résidence.».Par ailleurs, l’ordonnance sur ledéveloppement desinvestissements telle quemodifiée est claire sur le droit depréemption. L’Etat ainsi que lesentreprises publiqueséconomiques disposent d’undroit de préemption sur toutesles cessions de participations desactionnaires étrangers ou auprofit de ces derniers.La nouvelle réglementationoblige l’ investisseur étranger àformuler explicitement savolonté de renoncer au projet.«Toute cession est subordonnée,sous peine de nullité, à laprésentation d’une attestationde renonciation à l’exercice dudroit de préemption, délivrée parles services compétents duministère chargé del’investissement aprèsdélibération du Conseil desparticipations de l’Etat. «, précisela loi.La demande de l’attestation estprésentée aux servicescompétents par le notaire chargéde rédiger l’acte de cessionprécisant le prix et les conditionsde la cession, et en cas d’exercicedu droit de préemption, le prix estarrêté sur la base d’une expertise.«L’attestation de renonciation estdélivrée au notaire chargé derédiger l’acte de cession dans undélai maximum d’un mois, àcompter de la date du dépôt dela demande. En cas de délivrance

Cessions à l’étranger des sociétés de droit algérien Le droitde préemption de l’état renforcé

Le gouvernement exige, désormais, d’être consulté au préalable avant toute opération de «cessions àl’étranger, totales ou partielles, des actions ou parts sociales des sociétés de droit algérien ayant

bénéficié d’avantages ou de facilités lors de leur implantation».

Mounir M.

08 septembre2010

de l’attestation, l’Etatconserve, pendant unepériode d’une année, le droitd’exercice du droit depréemption tel que prévu parle code de l’enregistrement encas d’insuff isance du prix. «,précise encore le document.Il faut souligner que le défautde réponse par les servicescompétents pendant ce délaid’un mois vaut la renonciationà l’exercice du droit depréemption, sauf dans le cas oùle montant de la transactionexcède celui qui sera défini parvoie réglementaire, et lorsque

cette transaction porte sur desactions ou parts sociales d’unesociété exerçant l’une desactivités définies par la mêmevoie réglementaire, qui définiraégalement les modalités derecours à l’expertise ainsi quele modèle de l’attestation derenonciation.

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Au cours des deux derniers siècles,les oulémas se sont toujours méfiésdes formes modernes d’expressionculturelle, redoutant qu’elles nepermettent aux gens d’appréhenderleur vie et le monde selon desmodalités extérieures à la religion.Mais ils avaient beau protester, laplupart des pratiques artistiques etculturelles n’en restaient pas moinsacceptées. Certaines productions (lapeinture moderne, par exemple)portaient, il est vrai, la marquede l’Occident etn’intéressaient guère que leseffendis (bourgeoisoccidentalisés).

Cette tolérance prudenterelevait d’un cadre de penséethéologique (kalam) danslequel la religion ne se limitepas à la loi religieuse (charia),mais accueille également uncertain pluralisme. Despratiques littéraires etartistiques plus ou moinsprofanes (poésie, calligraphie,arts plastiques, musique)étaient jugées compatiblesavec la religion, même quandelles bousculaient lesconvenances. Des œuvresd’une formidable diversité etd’une créativité souvent audacieusefont partie intégrante de notrehistoire.

La grandeur de l’ islam résidaitprécisément dans son aptitude àabsorber une myriade d’influencesculturelles. Le monde musulmanprotégeait, étudiait et développaitles grandes traditions de la littératureet de la philosophie classiques. Aulieu de brûler les l ivres, on yconstruisait des bibliothèques pourles préserver. Ce fut longtemps unsanctuaire pour les documentsfondateurs de ce que l’on appelleraitplus tard l’Occident. Le mondemusulman avait compris que cethéritage constituait le patrimoineintellectuel de toute l’humanité.

Avec l’émergence des mouvementsfondamentalistes, une nouvellenorme a vu le jour. On la qualifiesouvent de « salaf iste », enréférence à la vision étroite del’orthodoxie religieuse sur laquelleelle s’appuie. Le fait qu’il s’agissed’une idéologie implicite, carrarement prescrite par la loi oul’administration, n’enlève rien à sapuissance, bien au contraire. Cettenorme tire son autorité non d’un

pouvoir politique, mais de laplace centrale qu’occupe désormaisla version rigoriste de l’Islam dansl’identité arabe : elle incarne larésistance à l’occidentalisation et aunéocolonialisme.

Il y a quelques décennies, cetteforme de religiosité se heurtait à unnationalisme arabe triomphant.Aujourd’hui, même les voixséculières modérées hésitent à lacontester ouvertement : enferméesdans le piège identitaire, ellescraignent de passer aux yeux durégime, des conservateurs et mêmedes populations pour des ennemiesde l’authenticité arabe.

Exemple frappant, ce groupe dejeunes Marocains qui, à l’été 2009,

voulurent rompre le jeune duramadan en pique-niquant dans unjardin public. Outre l’indignationprévisible des religieux, l’initiativedéclencha les foudres de l’Unionsocialiste des forces populaires(USFP), la principale formationsociale-démocrate du pays, quiréclama des sanctions contre lesbriseurs de jeune. Cette« religiosité » de gauches’exprimait dans un langage

emprunté aunationalisme, le pique-nique, étant jugéinsultant pour la culturemarocaine etdangereux pour leconsensus identitaire.En vertu de quoi lesautorités décidèrent depoursuivre les jeunespour « trouble à l’0rdrepublic», un motifrarement invoqué, la loiséculière servant ici deparavent à un rappel al’ordre religieux. Laclasse politique unanimene pouvait admettre lamoindre entorse auxpréceptes coraniques.I’espace public est ainsi

progressivement encadré par unenorme culturelle rigide,composée d’obligations etd’interdits issus d’une lecturestricte des textes religieux.Devenue un élément central del’idéologie dominante, la religiontend à se réduire à sa versionsalafiste et à instaurer une logiqueselon laquelle la culture jusque-làprofane devient mécréante. A laconception ouverte d’un islamassocie à la culture s’estsubstituée une interprétationobtuse de la charia qui proscrit laculture. Les points de passageentre la sphère sacrée de lareligion et l’espace profane de laculture sont désormais barres.

Hicham BEN ABDALLAH EL ALAOUI

Bataille pour l’hégémonie culturelleLes intellectuels arabes entre Etats et intégrisme

Là où, dans la plupart des pays arabes, on imagine un affrontement, c’est plutôt un jeu permanentd’alliances, un pacte tacite entre trois puissances inégales : autorisés à élargir leur emprise dans lasociété, les fondamentalistes cessent de privilégier la conquête du pouvoir politique ; protégés par

l’Etat de la férule des intégristes, les intellectuels laïques taisent les travers autoritaires du pouvoir etréservent leur militantisme à des causes consensuelles ; ménagé par les intellectuels et toléré par les

religieux, l’Etat autoritaire perdure.

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Abjurant le rôle qu’ils assumaient (etqu’ils assument encore parfois dansdes pays musulmans comme l’Iran oula Turquie), les artistes et lesintellectuels ne sont plus le fer delance d’un mouvement social,politique et culture]. Ils ressemblentdavantage à une faction decourtisans niches dans le giron del’Etat ou de quelques parrainsfortunes et puissants. Incarnéenaguère par l’écrivain égyptienSonallah Ibrahim ou le groupemusical marocain Nass El-Ghiwan, lafigure de l’artiste contestataire s’esteffacée. En Egypte, par exemple, lepeintre d’avant-garde Farouk Hosniest à présent ministre de la culture.En Syrie, la traductrice de JeanGenet, Hanan Kessab Hassan, a éténommée en 2008 commissairegénérale de « Damas, capitale arabede la culture », un programme

soutenu par l’Unesco. Aussiintéressantes que soient leurs idéessur la culture ou la société, desartistes comme Wael Chawki(exposé à la biennale d’Alexandrie)ou Hala El Koussi (lauréat du prixAbraaj Capital Art décerné a Dubaï)se tiennent à l’écart de toutengagement politique.

La modernisation des mouvementsculturels du monde arabe pourraitpourtant s’avérer féconde. Lesartistes impliqués bénéficient d’uncapital symbolique, d’un prestigedont ils peuvent user pour tenterd’impulser des changements dansleurs pays respectifs. Dépendre durégime en place n’étant pas lasolution, l’exploration de nouveauxespaces d’autonomie etd’expérimentation pourraitpermettre de régénérer1’opposition aux pouvoirsautocratiques qui gouvernent la

septembre 2010

majeure partie du monde arabe.Une chose est sure : pour que letravail artistique et intellectuelfavorise la démocratisationpolitique et sociale, il importe decontester la norme salafiste surson propre terrain, en proposantune alternative crédible. Loind’adopter un modè1epréfabriqués, il importe de puiserdans une tradition arabe etmusulman qui, pendant dessiècles, a multiplie les espacesd’autonomie culturelle. Cettenouvelle norme publique adaptéeau monde ta nos proprestraditions serait l’un des piliers detout projet authentique dedémocratisation. Elle ne saurait seconstruire sur le déni du déf isalaf iste. Ni en cédant sesconditions.

Le 14 septembre s’est éteint le professeur Mohammed ARKOUN à l’âge de82 ans.

Considéré comme un des plus grands islamologues de sa génération et un« passeur entre les cultures », il a marqué toute une génération de

chercheurs.Nous lui consacrerons le dossier du n° 5 de la Nouvelle Revue de presse

de décembre 2010.

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[BIBLIOGRAPHIE]

[FILMOGRAPHIE]

[DISCOGRAPHIE]

Des hommes et des dieux

Réalisé par : Xavier BEAUVOIS

Durée : 120’Pays de production :France

Synopsis : Un monastère perché dansles montagnes du Maghreb, dans lesannées 1990. Huit moines chrétiensfrançais vivent en harmonie avecleurs frères musulmans. Quand uneéquipe de travailleurs étrangers est

massacrée par un groupe islamiste, la terreur s’installedans la région. L'armée propose une protection auxmoines, mais ceux-ci refusent. Doivent-ils partir ? Malgréles menaces grandissantes qui les entourent, la décisiondes moines de rester coûte que coûte, se concrétisejour après jour…Ce film s’inspire librement de la vie des Moines Cister-ciens de Tibhirine en Algérie de 1993 jusqu’à leur enlè-vement en 1996.

Des Hommesde Laurent MAUVIGNIER (Editions Minuit), 2009

Ils ont été appelés en Algérie au momentdes « événements », en 1960. Deux ans plustard, Bernard, Rabut, Février et d'autressont rentrés en France. Ils se sont tus, ilsont vécu leurs vies. Mais parfois il suffit depresque rien, d’une journée d’anniversaireen hiver, d’un cadeau qui tient dans lapoche, pour que, quarante ans après, lepassé fasse irruption dans la vie de ceux quiont cru pouvoir le nier."Mon père a fait le guerre d’Algérie et en aramené plein de photos… sur lesquelles iln’y a rien, et ça me perturbait beaucoup.Lui n’en parlait pas, c’est ma mère qui me racontait ce qu’il avaitvécu, des histoire horribles, comment il avait, par exemple, ététraumatisé par la vue d’une femme enceinte piétinée par dessoldats français. Et puis chaque année, il y avait les repas desanciens d’Afrique du Nord, sauf qu’on ne savait pas ce que c’étaitpuisque personne ne disait rien…"Laurent Mauvignier

Avec la parution de ce numéro double sur Alger, la revueInsaniyat poursuit un projet, qui tend àdevenir, au cours des ans, une vraie tradi-tion. Celle de consacrer des numéros thé-matiques au devenir des villes algérienneset maghrébines nommément citées etscientifiquement décortiquées dans leursdivers aspects et métamorphoses physi-ques et culturelles. Venant après d’autresnuméros traitant des villes algériennes[1], qui avaient permis d’esquisser le regardanthropologique de la revue sur l’urbain,ce numéro sur Alger ambitionne de rajou-ter une touche à cet édifice commun. Ceparcours éditorial allant du global au local,

vouant un intérêt particulier aux faits et configurations maté-rielles et immatérielles inscrites dans des territoires, dans destropismes locaux, n’est pas fortuit. Il découle de la nécessité, ausein de la communauté des chercheurs sur l’urbain dans notrepays, de saisir la spécificité des processus de fabrication maté-rielle et symbolique des villes algériennes, à travers la prise encompte de ce que d’aucuns appelleraient les pesanteurs, leseffets de rémanence de leur histoire urbaine particulière.

Revue Insaniyat n°44-45, Avril-septembre 2009

L’Algiréde Hic (Editions Dalimen, Alger), 2010

Un an après son premier recueil de dessins, Le Hic réci-dive avec un second album intitulé“l’Algiré”, regroupant les meilleursdessins parus dans le quotidien ElWatan en 2009. Une compilation.“Le but est d'en éditer un par an,comme cela se fait sous d'autrescieux”, déclare-t-il. Partagé endouze parties, chacune en réfé-rence à un mois de l’année, le nou-vel opus de ce dessinateur depresse – c’est comme cela qu’il sedéfinit, préférant cette appellationà celle de caricaturiste – est un con-

densé de talent et d’humour très virulent sans toute-fois tomber dans la facilité ou la méchanceté gratuite.

Née à Alger en 1986, Kaouther Adimi a vécuentre Grenoble, Alger, Oran et Paris où ellea fait des études en lettres modernes. En2006, elle a obtenu le Prix du jeune écrivainet en 2008, le Prix du Festival du livre et delittérature de jeunesse d’Alger. Avec « DesBallerines de papicha », elle signe son pre-mier roman et y met en vedette les vécusindividuels, les perceptions renvoyées à unquotidien fait de promiscuité, de désœuvre-ment et de mal vivre. L’ouvrage s’appuiesur des textes qui offrent une lecture origi-nale d’un pan de notre société.

Des Ballerines de Papichade Kaouther ADIMI ( Barzakh, Alger) 2010

WTB 10WEST TOWN BOYS (WTB)

Genre : R&B, Soul, GospelSortie octobre aux édi-tions : AVM.Le groupe oranais WTB,un des premiers grou-pes d’R&b sur la scènemusicale algérienne etporte-drapeau de lamusique Soul, sort sonpremier album, après

dix ans de sa création. La bande composée deBouabdellah Houari (auteur de la majorité des tex-tes), Khalifa Mohamed Amine (co-compositeur éga-lement de la musique) et Cherifi Nazim, puise dans lequotidien du jeune oranais, et algérien en générale,pour chanter des thèmes comme l’amitié, l’amour, lamaman et les martyrs.

http://www.myspace.com/westownboys