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Dossier pédagogique 1 SEM Formation DIP Genève / [email protected]

Dossier pédagogique · 1-Présenter le film aux élèves en classe avant la projection en salle Il s'agit de présenter cette activité comme un moment de liberté pédagogique et

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Dossier pédagogique

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Réalisation: ICIAR BOLLAIN Année de production: 2011

Pays: EspagneDurée: 1h44

vo st fr.dès 12 ans

Récompenses:Goya (Césars espagnols) 2011: Meilleur Acteur dans un second rôle, Meilleure Musique originale, Meilleure Direction de production.Ariel (Césars mexicains) 2011 : Meilleur Film latino-américainFestival de Berlin 2011: Prix du Public (Panorama)Prix de la critique cinématographique espagnole 2011: Meilleur Film, Meilleur Réalisateur, Meilleur Scénario original, Meilleure Photographie, Meilleure Musique.

Générique du film

Réalisation : Iciar Bollain

Scénario : Paul Laverty

Directeur de la photographie :

Alex Catalan

Décors : Juan Pedro de Gaspar

Musique originale : Alberto Iglesias

Son : Emilio Cortes

Montage : Angel Hernandez Zoido

Costumes : Sonia Grande

Casting : Eva Leira et Yolanda Serrano (Espagne)Rodrigo Bellot et Glenda Rodriguez (Bolivie)

Maquillage : Karmele Soler

Coiffure : Paco Rodriguez

Producteur : Juan Gordon

Production : Morena Films

Avec la collaboration de :

Télévision Espanola, AXNCanal + Espagne, Canal+ France

Principaux interprètes : Gael Garcia Bernal (Sebastian), Luis Tosar (Costa), Juan Carlos Aduviri ( Daniel/Hatuey), Carlos Santos (Alberto/Las Casas), Karra Elejalde (Anton/Christophe Colomb), Raul Arevalo (Juan/Montesinos), Casandra Ciangherotti (Maria), Leonidas Chiri (Teresa), Milena Soliz (Belen/Panuca)

Lieux de tournage : Ville de Cochabamba et autres régions de Bolivie

Langues parlées : Espagnol, anglais et quechua

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Synopsis (tiré du dossier de presse)

Sebastian, jeune réalisateur passionné et son producteur arrivent dans le décor somptueux desmontagnes boliviennes pour entamer le tournage d'un film. Les budgets de production sontserrés et Costa, le producteur, se félicite de pouvoir employer des comédiens et des figurantslocaux à moindre coût. Mais bientôt le tournage est interrompu par la révolte menée par l'undes principaux figurants contre le pouvoir en place qui souhaite privatiser l'accès à l'eaucourante. Costa et Sebastian se trouvent malgré eux emportés dans cette lutte pour la survied'un peuple démuni. Ils devront choisir entre soutenir la cause de la population et la poursuitede leur propre entreprise sur laquelle ils ont tout misé. Ce combat pour la justice vabouleverser leur existence.

Note de la réalisatrice

"Les premières versions du scénario écrites par Paul (Laverty) se déroulaient entièrement au XVe et XVIe siècle. Elles relataient les voyages de Colomb et ses premières années au « Nouveau Monde ». Le personnage central était Bartolomé de Las Casas*. C’était une histoire passionnante mais Paul a eu envie d’aller plus loin, de confronter ce récit à notre histoire contemporaine. Une nouvelle version a vu le jour, elle mettait en parallèle l’exploitation et la résistance des Indiens au XVIe siècle et la situation, aujourd’hui, en Amérique Latine.

La guerre de l’eau qui a eu lieu en 2000 à Cochabamba, fournissait le parfait exemple de résistance civile àla privatisation d’un bien essentiel plus précieux encore que l’or : l’eau.

MÊME LA PLUIE raconte le tournage d’un film d’époque dans une Bolivie déchirée par les conflits de l’eau.Paul a souhaité dédier le film à son ami Howard Zinn, mort au début de l'année. Cet historien radical américain, auteur d'Une histoire populaire des États Unis, l'a beaucoup aidé dans ses recherches pour le film.

Réaliser ce film était un véritable défi, cela revenait à réaliser trois films en un : tout d’abord un film d’époque, mais aussi un film sur un conflit récent, et enfin un film sur le tournage d’un film d’époque.

Maintenir la tension et faire progresser le récit à travers les trois histoires en maintenant l’intérêt du spectateur était un challenge. Mais en réalité la complexité du projet était un cadeau : un réalisateur a rarement l’occasion de travailler un matériau aussi original et riche, ayant de surcroît une telle résonance avec un des conflits les plus cruciaux de notre époque.

Etant donné la complexité du scénario, il était essentiel de mettre en exergue le personnage de Costa et l’évolution de sa relation avec Daniel**, interprété par l’acteur bolivien Juan Carlos Aduviri, qui le changeraprofondément.

Pendant le tournage puis pendant le montage, j’ai essayé de trouver les moments clés de cette évolution – parfois un simple regard, un silence. J’avais l’intime conviction que l’émotion du film naîtrait du conflit entre ces deux personnages et de la prise de conscience par Costa de la réalité dans laquelle vit Daniel : un monde bien plus dur que le sien."

Icíar Bollaín

* Bartolomé de Las Casas (Séville 1474 – Madrid 1566) : prêtre dominicain espagnol, célèbre pour avoir dénoncé les pratiques des colons espagnols et avoir défendus les droits des Indigènes en Amérique.** Daniel est un des leaders de la rébellion populaire mais aussi la personne choisie pour incarner le chef indien Hatuey.

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1-Présenter le film aux élèves en classe avant la projection en salle

Il s'agit de présenter cette activité comme un moment de liberté pédagogique et artistique. L'idée étant de créer de l'intimité entre les élèves et le film et de construire ensemble un chemin vers ces Amérindiens de Bolivie.

Ce dossier pédagogique permettra à chaque enseignant de se documenter et de s'inspirer des quelques pistes pédagogiques proposées.

Qu'est-ce un bon film?Par bon film, on entend ici un film qui élargit sa propre culture générale (connaissances d’autres réalités, du passé et d'aujourd'hui), procure des émotions de vrai spectacle cinéma (humour, joie, tristesse, suspens), donne un plaisir cinéphile (traitement du sujet, style, esthétisme) et surprend par son originalité globale. Remplissant ces critères, Et maintenant on va où? peut être considéré comme un bon film. Les nuances d'évaluation entre moyennement bon, très bon et autres superlatifs relèvent ensuite du jugement forcément subjectif de chaque spectateur.

Trois bonnes raisons de voir ce film:

Apprendre d'autres réalités : La richesse de ce film est incontestable dans trois domaines:- Un aperçu de l'Histoire de la conquête espagnole en Amérique du Sud (les méthodes coercitives pour accaparer les ressources en or, le débat entre religieux espagnols au sujet du statut des Amérindiens)- Le conflit social autour de l'accès à l'eau potable à Cochabamba- Les conditions d'un tournage d'un film d'époque dans cette situation sociale et interculturelle explosive

Réfléchir à comment construire la paix :

Dans le cadre narratif du film d'époque du 16e siècle, des religieux tentaient d'instaurer la paix entre les soldats espagnols et les Amérindiens spoliés de leurs terres et de leurs richesses. La cinéaste tente avec ce film de reconnaître la résistance des Amérindiens du 16e siècle, joués par des figurants qui puisent dans cette reconstitution pour défendre au 21e siècle leur droit à l'accès gratuit à l'eau potable. Avec ce film, on se rend compte que la construction de la paix ne peut se suffire de nobles intentions mais doit aussi se concrétiser en respect de droits dans la réalité économique et sociale.

Eduquer son regard de cinéphile : Ce film appartient aux types de films qui racontent l'histoire d'un tournage de film, qui plus est de nature historique, rattrapé par l'actualité brûlante.

Mots-clé pour entrer dans le film Privatisation/service public - Guerre de l'eau - Conquête espagnole/Amérindiens - Conditions sociales - Mise en abyme - Tournage de film/Figurants - Manifestations/répressions - Hatuey/Christophe Colomb/ Bartolomé de Las Casas

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– Utiliser certains documents de ce dossier pédagogique avant le visionnement de ce film. Exemples:

Affiche du film (cf. page une de ce dossier)

- Travail individuel ou en duo par écrit: 1er exercice: décrire avec précision ce qu'on observe sur l'affiche; 2e exercice: commenter l'affiche avec ses interprétations, ses ressentis, ses hypothèses sur l'histoire, ses questions.- Restitution collective et l'enseignant complète en présentant le synopsis du film et la biographie de la réalisatrice.

Biographie et filmographie de la réalisatrice (cf. Ressources)

Lire la biographie et la commenter.

Ressources à lire et commenter:Textes de Christophe Colomb* et de l'écrivain uruguayen Eduardo Galeano (cf. Ressources)

*Christophe Colomb n'est jamais allé en Bolivie au contraire de sonfils Diego.

Souligner aux élèves que l'un des buts de la cinéaste était de rappeler au public la conquête dévastatrice de l'Amérique du Sud et des Caraïbes par l'empire espagnol des 15 et 16e siècles. La reconstitution des scènes emblématiques de cette colonisation implacable ont placé les figurants amérindiens de 2010, qui sont les descendants directs des Indiens exploités et évangélisés férocement, dans une situation qui fait écho à leur propre statut d'exploité économique au 21e siècle, notamment par les multinationales nord-américaines de l'eau.

Ressources à lire et commenter:Verbatim du prêtre dominicain Montesinos (cf. Ressources)

Parmi les évangélisateurs espagnols du 16e siècle, certains dénonçaient les mauvais traitements des soldats et des colons à l'encontre des Amérindiens. Montesinos puis Bartolomé de Las Casas ont forcé l'Eglise catholique à reconnaître aux Amérindiens le statut d'êtres humains, doués d'une âme.

Ressources à lire et commenter:Hatuey, héros de la résistance amérindienne (cf. Ressources)

Présenter aux élèves le parcours réel du héros et martyr de la résistance amérindienne, le chef Hatuey, joué dans le film par le figurant bolivien Daniel.

Ressources à lire et commenter:La guerre de l'eau(cf. Ressources)

Informer les élèves de la guerre de l'eau survenue dans la ville de Cochabamba entre janvier et avril 2000, mise en scène dans ce film.

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Prolonger la portée pédagogique du film en classe

1- Conseils généraux

– Il s'agit surtout de permettre aux élèves de retrouver les intuitions créatrices de la réalisatrice à partir d'un travail adapté aux élèves au sujet de la structure du sens au cinéma.

– Il s'agit donc d'offrir à l'élève une autonomie dans sa compréhension des images du film. Pour cela, le passage obligé est de l'inciter à exprimer ses émotions, ses questions, ses remarques, ses opinions, et à en débattre avec les autres élèves. Au final, le groupe devrait être capable d'atteindre une dimension de créativité nouvelle dans cette reconstruction des regards portés sur le film.

– Exemple de structure de la discussion: leur demander d'abord d'exprimer leurs émotions, puis ce qu'ils ont appris en regardant ce film, leurs questions, leurs remarques sur la structure narrative, le langage cinématographique et la technique et enfin leurs hypothèses sur le sens de l'histoire.

– Il est important de rappeler aux élèves avant de telles discussions qu'il n'y a pas un regard unique sur un film mais autant de regards qu'il y a de spectateurs.

– Il est possible de revoir l'intégralité ou des séquences du film sur dvd en classe avant de mettre en place de telles discussions.

2- Autres activités pédagogiques

Les activités qui suivent sous forme de fiches visent à explorer les richesses de ce film tant au niveau du contenu que de la forme.

Elles sont conçues selon leurs apports aux disciplines du plan d'étude et sont donc intégrables aux différentes disciplines abordées en classe.

Restituer le sens des images et du film, c'est l'objectif qui sous-tend ces activités pédagogiques. Le sens d'un film se construit chez le spectateur à partir de trois éléments en interaction:– l'intention de l'auteur du film– le contenu du film, ce qui est raconté, ce qui est montré– le système de compréhension du spectateur, ses valeurs, ses références, son affectivité

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Activité pédagogique N°1 : Les personnages de Même la pluie

Objectifs: 1- Caractériser les personnages principaux du film 2- Mettre en évidence les interactions entre ces personnages

Dispositifs: 1- Par groupe de deux ou plus, les élèves remplissent ce tableau 2- Au cours de la discussion collective, l’enseignant pourrait demander aux élèves de caractériser chacun des personnages par une ou deux répliques du film, et d’indiquer les duos et/ou les trios moteurs du film

Sebastian Costa Daniel/Hatuey Autrepersonnage:

Autrepersonnage:

Statut (rôle social, statut civil, pouvoirde décision, etc)

Traits particuliers de caractère et d'expression

Connivence avec les autres personnages

Opposition avec les autres personnages

Evolution de son attitude au cours du film

Personnages Séquences emblématiques du film quicaractériseraient le mieux ces personnages

Sebastian:

Costa:

Daniel/Hatuey:

Autre personnage:

Autre personnage:

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Ressources

Biographie de Icíar Bollaín

Née à Madrid en 1967, Icíar Bollaín est aussi comédienne dans plusieurs films, notamment El Sur (1983) de Víctor Erice ; Land and Freedom (1995), de Ken Loach ou plus récemment Rabia (2009) de Sebastiàn Cordero. En 1995, Holaesta sola? est le premier long-métrage qu’elle écrit et réalise, récompensé, lors de la 40e Semaine Internationale de Cinéma de Valladolid, par le Prix du Meilleur Réalisateur, le Prix du Public ainsi que la Mention Spéciale du Jury de la Jeunesse. Son deuxième long-métrage, Flores de otro mundo, sélectionné en 1999 au Festival de Cannes obtient le Grand Prix de la Semaine Internationale de la Critique. Ne dis rien (Te doy mis ojos), son troisième long-métrage qui avait pour thème la violence conjugale, a rencontré un énorme succès lors de sa sortie en Espagne. C’était la première fois qu’était ainsi abordé par le biais de la fiction, un phénomène social qui frappe l’Espagne plus que tout autre pays européen. Mataharis, son troisième long métrage a été nommé pour 2 Goyas. Même la pluie (También la lluvia) a été présenté au Festival de Toronto en 2010 et a fait l’ouverture de la 55e Semaine Internationale de Cinéma de Valladolid. C’est par ailleurs le film qu’a choisi l’Espagne dans la course à l’Oscar du Meilleur Film Etranger. Elle est l'auteur d’un livre intitulé Ken Loach, un observador solidario (Un observateur solidaire), publié en novembre 1996 par El País Aguilar.

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Textes extraits du journal de bord de Christophe Colomb, 1492."En cette présente année 1492 (...) Vos Altesses (...) pensèrent m'envoyer aux Indes pour y voir la manière dont on pourrait convertir ces peuples à notre Sainte Foi (...). Il me semblait que tous les Indiens étaient des gens très pauvres en tout. Tous étaient nus, comme leurs mères les avaient faits, même les femmes. Certains se peignaient en noir, d'autres en blanc, en rouge. Ils ne possédaient rien en fer. Je crois qu'ils deviendront facilement chrétiens, car il me semble qu'ils n'ont aucun culte. Je me suis employé à savoir s'ils avaient de l'or. J'ai remarqué que quelques-uns d'entre eux en portaient un petit morceau suspendu [au] nez. J'ai réussi à apprendre, au moyen de signes, qu'en naviguant vers le sud, nous trouverions une contrée avec un roi qui possède de grands vases d'or et une grande quantité de ce métal (...). Que Vos Altesses veuillent me croire que les terres sont bonnes et fertiles, spécialement celles de cette île Hispaniola * (...). Les Indiens n'ont pas d'armes (...), n'ont pas le moindre génie pour le combat et sont si peureux qu'à mille, ils n'oseraient pas combattre trois des nôtres. Ils sont donc propres à être commandés et à ce qu'on les fasse travailler, semer etmener tous les autres travaux dont on aurait besoin, à ce qu'on les fasse bâtir des villes, à ce qu'on leur enseigne à aller vêtus et à prendre nos coutumes."

* Appelée aussi Saint-Domingue ; elle comprend aujourd'hui deux États : Haïti et la République dominicaine.

Lettre de Colomb sur la découverte d'Hispaniola

"En outre, cette dite île Hespañuola abonde en différentes espèces d’aromates, en or et en métaux ; les habitants des deux sexes de cette île, comme ceux des autres îles que j’ai visitées et ou dont j’ai entendu parler, sont toujours nus et tels qu’ils sont venus au monde. Quelques femmes cependant couvrent leur nuditéd’une feuille ou de quelque feuillage, ou d’un voile de coton qu’elles ont préparé pour cet usage. Tous manquent de fer comme je l’ai dit : ils manquent aussi d’armes ; elles leur sont inconnues pour ainsi dire ; et d’ailleurs ils ne sont point aptes à en faire usage, non par la difformité de leur corps, car ils sont bien faits, mais parce qu’ils sont timides et craintifs. Au lieu d’armes, ils portent des roseaux durcis au soleil, et aux racines desquels ils adaptent une espèce de lame de vois sec, terminée en pointe. Ils n’osent même plus s’en servir, car il arriva souvent que députant deux ou trois hommes vers quelques-unes de leurs bourgades afin de conférer avec eux, une foule d’Indiens sortaient, et dès qu’ils voyaient que les nôtres s’approchaient d’eux, ils prenaient promptement la fuite, au point que les pères abandonnaient leurs enfants, et réciproquement, quoiqu’on ne leur fît aucun mal. Cependant ceux que j’ai pu aborder, et avec lesquels j’ai pu échanger quelques paroles, je leur donnais des étoffes ou beaucoup d’autres choses sans qu’ils me donnassent autre chose en échange ; mais je le répète, ils sont naturellement craintifs et timides. Toutefois, quand ils se croient en sûreté, quand la crainte a disparu, alors ils se montrent simples, de bonne foi, et très généreux dans ce qu’ils ont. Aucun d’eux ne refuse ce qu’il possède à celui qui le lui demande. Bien plus, ils nous invitaient à leur demander. Ils ont pour tous une grande affection, se plaisent à donner beaucoup, pour recevoir peu, se contentent de la moindre bagatelle et même de rien du tout. J’ai défendu qu’on leur donnât des objets d’une trop mince valeur, ou tout à fait insignifiants, comme des fragments de plat, d’assiette, de verre ; ceux qui recevaient des clous, des lanières pensaient être en possession des plus beaux bijoux du monde. Il arriva à l’un des matelots de recevoir pour une lanière autant d’or qu’il en faudrait pour faire trois sous d’or. D’autres hommes de l’équipage dans leurs échanges ont été traités aussi favorablement ; pour de nouveaux blancas [petites pièces d’argent ou d’alliage (NdT)], pour quelques écus d’or, ces Indiens donnaient tout ce qu’on voulait. Ainsi, par exemple, une ou deux onces d’or pour une pièce de monnaie d’orqui n’en valait pas la moitié, ou trente à quarante livres de coton dont ces matelots connaissaient déjà la valeur. Enfin, pour des fragments d’arc, de vase, de carafe, de poterie réfrigérante, ils donnaient du coton ou de l’or dont ils se chargeaient comme des bêtes de somme. Mais comme ces échanges étaient contraires à l’équité, je les défendis et je donnai gratuitement à ces bons Indiens beaucoup d’objets beaux et agréablesque j’avais apportés avec moi, afin de me les attacher plus facilement, qu’ils se fissent chrétiens et qu’ils fussent plus portés à aimer notre roi, notre reine, nos princes, toutes les populations de l’Espagne ; afin de les engager à rechercher, à amasser et à nous livrer les biens dont ils abondent et dont nous manquons totalement."

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Extraits de l'ouvrage "Les Veines ouvertes de l'Amérique latine" d'Eduardo Galeano

« Les Indiens de l’Amérique totalisaient pas moins de soixante-dix millions de personnes lorsque les conquistadores firent leurs apparitions ; un siècle et demi plus tard, ils n’étaient plus que trois millions et demi. »

Eduardo Galeano rapporte ce qu'écrivit vers 1550 un indien Nahuatl à propos des soldatsespagnols lors qu'ils découvraient de l'or :

« Comme le feraient des singes, ils soulèvent l’or, ils s’assoient avec des gestes qui mimentleur jubilation, on dirait que leurs cœurs sont rajeunis et illuminés. Il est évident que c’est ce qu’ils désirent avidement. Tout leur corps se dilate à cette idée, ils montrent à cet égard un appétit furieux. Ils convoitent l’or comme des porcs affamés. »

« En même temps que la culpabilité, tout un système d’alibis se développa pour les consciences coupables. On transformait les Indiens en bêtes de somme car ils portaient unpoids supérieur à celui que pouvait supporter la faible échine d’un lama et on conclut tout naturellement que les indiens étaient des bêtes de somme. Le vice-roi du Mexique considérait qu’il n’y avait pas de meilleure remède que le travail dans les mines pour soigner la »Méchanceté Naturelle« des indigènes. L’humaniste Juan Ginès de Sepúlveda déclarait que les Indiens méritaient d’être ainsi traités car leurs pêchés et idolâtries offensaient Dieu. Buffon affirmait que l’on ne percevait chez les indiens, animaux frigides et débiles, aucune »activité de l’âme. »

Verbatim du Sermon de Montesinos, prêtre dominicain qui a précédé Bartolomé de Las Casas dans la défense des droits des Amérindiens lorsde la conquête espagnole (http://fr.wikipedia.org/wiki/Antonio_de_Montesinos )

Je suis la voix de Celui qui crie dans le désert de cette île et c'est pour cela qu'il faut que vous m'écoutiez avec attention Cette voix est la plus neuve que vous ayez jamais entendue, la plus âpre et laplus dure. Cette voix vous dit que vous êtes tous en état de péché mortel ; dans le péché vous vivez et vous mourrez à cause de la cruauté et la tyrannie dont vous accablez cette race innocente.

Dites-moi, quel droit et quelle justice vous autorisent à maintenir les Indiens dans une aussi affreuse servitude ? Au nom de quelle autorité avez-vous engagé de telles détestables guerres contre ces peuples qui vivaient dans leurs terres d'une manière douce et pacifique, où un nombre considérable d'entre eux ont été détruits par vous et sont morts d'une manière encore jamais vue tant elle est atroce ?Comment les maintenez-vous opprimés et accablés, sans leur donner à manger, sans les soigner dans leurs maladies qui leur viennent de travaux excessifs dont vous les accablez et dont ils meurent ? Pourparler plus exactement, vous les tuez pour obtenir chaque jour un peu plus d'or.

Et quel soin prenez-vous de les instruire de notre religion pour qu'ils connaissent Dieu notre créateur, pour qu'ils soient baptisés, qu'ils entendent la Messe, qu'ils observent les dimanches et autres obligations ?

Ne sont-ils pas des hommes ? Ne sont-ils pas des êtres humains ? Ne devez-vous pas les aimer comme vous-mêmes ?

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Hatuey, héros de la résistance amérindienne contre les conquistadors

( http://fr.wikipedia.org/wiki/Hatuey )

Hatuey fut condamné à être brûlé vif sur un bûcher, la peine réservée aux pires criminels.

Bartolomé de Las Casas raconte que quand on lui proposa de le baptiser pour effacer les péchés qu'il a commis contre les chrétiens, Hatuey réfléchit longtemps. Dans sa culture, les morts vivent dans un univers parallèle à celui des vivants et ne sont heureux que si les vivants continuent d'honorer leur mémoire en leur faisant des offrandes. Et Hatuey sait bien qu'il n'y aura bientôt plus un seul indien vivant pour honorer sa mémoire.

Il demande alors : "Et les gens baptisés, où vont-ils après la mort ?"

"Au paradis" lui répond le prêtre.

"Et les Espagnols, où vont-ils ?" demande encore Hatuey.

"S'ils sont baptisés, évidemment, ils vont au paradis."

"Ah ! dit Hatuey, les Espagnols vont au paradis... Dans ce cas, je ne veux pas y aller. Ne me baptise pas. Je serai mieux en enfer qu'avec des êtres aussi cruels."

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La guerre de l’eau...

En Avril 2000, une série de manifestations enflamme les rues de Cochabamba en Bolivie. Des barricades quadrillent la ville, le président bolivien déclare l’état d’urgence, un jeune homme tombe sous les balles des forces de l’ordre. L’objet de la révolte ? L’eau. Son prix. Sa propriété. Au terme des protestations, la rue obtient gain de cause : le service d’eau de la ville, privatisé quelques mois plus tôt, repasse dans le domaine public et l’augmentation de tarif est annulée. La légende de la guerre de l’eau de Cochabamba est née. Oscar Olivera en a été l’un des leaders.

A Cochabamba, la troisième ville la plus importante de Bolivie, dès la fin des années 1990, le service d’eau potable n’est assuré que quelques heures par jour. Principale raison : la population a drastiquement augmenté durant les trente dernières années. Pour faire face à cette situation il y aurait bien une solution : la construction du barrage de Misicuni. Installé derrière la montagne qui borde le nord de la ville, il permettrait de l’alimenter au travers d’un tunnel creusé dans la roche. Un projet qui fait l’unanimité au sein de la population et des dirigeants locaux... mais qui pose un problème de taille :son coût, estimé à 77 millions de dollars. Certaines mauvaises langues le soulignent, ce coût n’est de toute façon pas vraiment un problème pour ceux des dirigeants politiques qui espèrent des dessous-de-tables proportionnels au budget. Pour assurer les investissements nécessaires, le gouvernement bolivien se lance, sous l’influence libérale intransigeante de la Banque Mondiale, sur le chemin de la privatisation du service d’eau potable. En 1999, au terme d’un appel d’offres bâclé, la concession de l’eau de Cochabamba est attribuée au seul candidat, Aguas de Turani. En position de force, le consortium, mené par l’américain Bechtel, réussit à inscrire dans le contrat un retour sur investissement de 15% par an. Ce n’est pas la première privatisation que connaît la Bolivie, mais, comme Oscar Olivera le souligne, « pour le peuple, la privatisation d’une compagnie aérienne est invisible. L’eau, c’est autre chose ». Le 20 octobre 1999, une loi entérine la décision. Elle s’accompagne d’une clause qui donne à Aguas de Turani la concession de toutes les ressources en eau autour de la ville. Cette idéeétait évoquée depuis quelques années déjà pour autoriser le pompage dans les nappes phréatiques desenvirons. Mais pour les villageois cette loi représente une perte de contrôle, et même la menace d’une redevance, sur leurs puits et leurs systèmes d’irrigation. « Un véritable vol du patrimoine commun », s’insurge O. Olivera, « c’est ainsi que la guerre de l’eau a débuté dans les campagnes ». Dès novembre 1999, les fédérations agricoles prennent la route et viennent manifester à Cochabamba. Côtéville, une des premières mesures de Aguas de Turani est d’augmenter les tarifs : +35% en moyenne mais certaines personnes des quartiers pauvres, où on vit en moyenne avec moins d’un dollar par jour, voient leur facture doubler ! Une telle hausse est bien trop sévère pour la majorité de la population :

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des syndicats, des associations décident à leur tour de descendre dans la rue. Le 12 novembre 1999, les principales organisations d’agriculteurs, d’écologistes et les syndicats créent la Coordinadora, « la coordination pour la défense de l’eau et de la vie ». La Fédération des Travailleurs Manufacturiers de Cochabamba d’Oscar Olivera est au premier plan de la lutte, il devient l’un des principaux leaders du mouvement. Les premiers mois de l’an 2000 voient se succéder de nouvelles manifestations mais le président Banzer, ancien dictateur du pays, reste inflexible. La répression policière fait des centaines deblessés. Début avril, la Coordinadora hausse le ton et bloque complètement la ville de Cochabamba. La violence fait cette fois un mort et la révolte menace d’enflammer le pays tout entier. Face à ce tsunami social, Aguas de Turani jette l’éponge et le gouvernement modifie en urgence la loi du 20 octobre 1999. Cette victoire signe le dernier acte de la guerre de l’eau : Aguas de Turani retrouve son nom original (SEMAPA) et est reprise en main par les pouvoirs publics. Ces événements ont eu des répercussions bien au-delà des frontières de Cochabamba. Selon Oscar Olivera, « Le peuple a pu réaliser à cette occasion qu’il était possible de changer les choses. »

Extrait de « A Cochabamba, l'après-guerre de l'eau » http://aventure.blogs.liberation.fr/eautour_du_monde/2008/04/a-cochabamba-la.html Un blog de Libération.fr 25/04/2008

http://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_de_l%27eau_%28Bolivie%29

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Activité pédagogique N°2 : Réfléchir à propos de la paix

Objectifs - Retrouver les scènes-clé qui nourrissent la réflexion sur les obstacles à la paix etles tentatives de les dépasser.- Poser des hypothèses pour réunir les conditions d'une paix civile réelle et durable

Dispositifs Travail individuel ou en petits groupes puis discussion générale. Pourrait amorcerun article.

Colonisation 16e siècleDébat des religieux quant au statut des Amérindiens

Séquence(s) emblématique(s) ....................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

Personnages-clé ....................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

Emotions dominantes de la oudes séquence(s) choisie(s)

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Connaissances acquises à cesujet par les élèves

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Page 15: Dossier pédagogique · 1-Présenter le film aux élèves en classe avant la projection en salle Il s'agit de présenter cette activité comme un moment de liberté pédagogique et

Parallèle entre la résistance des Amérindiens 16e siècleet la révolte autour de l'eau privatisée au 20e siècle

Séquence(s) emblématique(s) ....................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

Personnages-clé ....................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

Emotions dominantes de la oudes séquence(s) choisie(s)

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Connaissances acquises à cesujet par les élèves

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Attitudes des cinéastes (leréalisateur et le producteur) faceà l'engagement de leur figurantDaniel dans la guerre de l'eau

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Page 16: Dossier pédagogique · 1-Présenter le film aux élèves en classe avant la projection en salle Il s'agit de présenter cette activité comme un moment de liberté pédagogique et

Activité pédagogique N°3 : Arrêt sur image

Objectifs - Restituer le contexte narratif d'un plan- Analyser et mieux comprendre les effets d'un cadrage

Dispositifs Travail individuel ou en petits groupes avec vision du dvd sur ordinateur. Travail suivi d'un exposé oral (éventuellement avec l'aide d'un vidéo-projecteur).

Cinq plans Restituer le contexte de ce plan Type de plan et impact ressenti

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