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DOSSIER PEDAGOGIQUE : Le Moyen Age dans le Nord Isère Sabine Magne Professeure d’histoire-géographie Chargée du service éducatif, « patrimoine Nord Isère »

Dossier pédagogique - Le Moyen Age en Nord Isère

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DOSSIER PEDAGOGIQUE :

Le Moyen Age dans le Nord Isère

Sabine Magne

Professeure d’histoire-géographie

Chargée du service éducatif, « patrimoine Nord

Isère »

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Sommaire

Sommaire P. 2

Documents et propositions d’activités à destination des élèves p. 7

I. Le Haut Moyen Age p. 7

1. Les Burgondes et les « Royaumes barbares » p. 7

- le casque de Vézeronce p. 7

- le système domanial perdure p. 8

2. La christianisation p. 10

- l’épitaphe d’Aisberga p. 10

- l’église du Vernai à Saint-Romain-de-Jalonas p. 12

II. Le Moyen Age p. 13

1- La société p. 13

- le Dauphiné et la société féodale – pyramide féodo-vassalique p. 13

- le sceau de l’hommage de Guillaume de Surieu p. 14

2. Châteaux et maisons fortes p. 15

- estampe du XVIIIe siècle, le gouvernement de Quirieu p. 15

- croquis du château de Montbel p. 17

- Crémieu et Morestel p. 18

3. Vie quotidienne p. 20

- travaux des mois, église de La Balme-les-Grottes p. 20

- les fortifications de Crémieu p. 21

- la Porte de la Loi à Crémieu p. 22

- monnaies frappées à Crémieu p. 24

- la halle de Crémieu p. 26

- le tranchet des tanneurs p. 27

4. Architecture urbaine p. 28

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- la rue des Adobeurs p. 28

5. La vie religieuse p. 30

- l’architecture romane : Saint-Chef p. 30

- l’architecture romane : Porcieu-Amblagnieu p. 31

- l’architecture gothique : Morestel p. 32

- l’architecture gothique : Saint-Chef p. 33

- les ordres religieux – le couvent des Augustins de Crémieu p. 34

- la quête du Salut p. 36

Notices à destinations des enseignants p. 39

I. Le Haut Moyen Age p. 40

1. Les Burgondes et les royaumes barbares p. 40

2. le système domanial perdure p. 41

3. La christianisation p. 42

II. La société au Moyen Age p. 43

1. Le Dauphiné p. 43

2. La société féodale p. 44

3. Les châteaux et les maisons fortes p. 45

4. La vie quotidienne p. 49

5. La naissance des villes et des bourgs p. 50

6. L’artisanat et le commerce p. 51

III. La vie religieuse p. 53

1. L’architecture romane p. 53

2. L’architecture gothique p. 54

3. Les ordres religieux p. 55

4. La quête du Salut p. 56

Bibliographie p. 58

Liste des sites accueillant des scolaires sur le thème du Moyen Age p. 60

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Le Moyen Age en Isle Crémieu et au Pays des Couleu rs

Le Moyen Age en « Isle Crémieu » et « Pays des Coul eurs ».

L’Isle Crémieu et le « Pays des couleurs » appartiennent à une vaste zone dans un méandre

du Rhône, délimitée au sud par Saint-Chef, au nord par le château de Vertrieu et

comprenant des gros bourgs comme Crémieu et Morestel.

Cette région a un patrimoine médiéval extrêmement riche qui permet l’étude de l’ensemble

du Moyen Age. Une partie importante de ce patrimoine se concentre sur quatre sites :

Crémieu, Larina à Hières-sur-Amby, Morestel et Saint-Chef. Cependant, nous nous sommes

efforcés de faire état de sa diversité, en tenant compte du critère d’accessibilité des sites.

Les sources utilisées pour constituer ce dossier sont variées : archéologiques,

architecturales, iconographiques, toponymiques et écrites. Leur richesse est très inégale

selon les périodes : rares pour le haut Moyen Age (fin Ve siècle- Xe siècle), elles sont

nombreuses pour la période XIIe-XVe siècles.

Ce dossier est destiné aux enseignants et se présente sous forme de « fiches

élèves », mais surtout de nombreux documents qui abordent différents points du programme

de 5ème, et de « notices enseignants » qui apportent des informations sur les documents

proposés. Il a pour ambition de faire découvrir - ou redécouvrir - aux enseignants le

patrimoine local d’une période étudiée à l’école, au collège et au lycée ; et par-là même, de

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les inciter à emmener leurs élèves sur les sites et dans les musées et maisons du patrimoine

concernés, où ils seront épaulés par un personnel compétent.

Tout au long de ce travail, nous nous sommes attachés à étudier l’histoire locale pour

aborder une des parties principales du programme d’histoire en classe de 5e. En effet,

l’essentiel de la partie « l’occident médiéval » peut être abordé en classe en utilisant des

exemples locaux. Pourquoi étudier les églises de Vézelay ou Conques quand l’abbatiale de

Saint-Chef se trouve à une heure de car de Grenoble ? Quoi de plus passionnant et

pédagogique en effet que de montrer comment des faits généraux et lointains, étudiés par

les élèves dans leurs manuels, s’articulent avec leur interprétation locale ? Y a-t-il une

meilleure façon de rendre l’Histoire vivante et accessible ?

Organisation des fiches : - un document exploitable en classe

- un texte présentant le document en lien avec l’histoire locale et

nationale

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Documents et propositions

d’activités à destination des élèves

de 5e

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HAUT MOYEN AGE

LES BURGONDES ET LES « ROYAUMES BARBARES »

LE CASQUE DE VEZERONCE

Le casque de Vézeronce, en cuivre doré, laiton

et fer, appartenait sans doute à une sépulture

princière liée à la bataille qui opposa Francs et

Burgondes en 524.

Il a été découvert en juin 1870 par un cultivateur,

dans un marais de Vézeronce.

Collection du Musée dauphinois.

A la fin de l’Antiquité, des peuples germaniques envahissent l’Empire Romain d’Occident.

Les « royaumes barbares » se forment. Le royaume Burgonde (443-534) est conquis par les

Mérovingiens au début du VIe siècle et une nouvelle organisation économique et sociale se

met en place progressivement dans la région, autour des seigneurs francs.

- Présenter l’objet : nom, matériau, datation, lieu de la découverte, lieu de conservation.

- Ce casque appartenait-il à un soldat ou un chef ?

- Ce casque avait-il un usage d’apparat ou était-il porté sur le champ de bataille ? Justifier la réponse.

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HAUT MOYEN AGE

LES BURGONDES ET LES « ROYAUMES BARBARES »

LE SYSTEME DOMANIAL PERDURE -

LARINA

Villa gallo-romaine à Larina : maquette de la ferme mérovingienne exposée à la maison du patrimoine de Hières-

sur-Amby.

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Ferme mérovingienne (VI-VIIIe siècles) : sur le site de Larina

- Décrire la photographie. Que reste-t-il de la ferme mérovingienne ?

- Quels sont les matériaux visibles utilisés pour la construction du bâtiment?

- Pouvez-vous reconnaître les différentes parties du bâtiment ? Lesquelles ? Pour

répondre, vous pouvez vous aider de la photographie de la maquette.

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HAUT MOYEN AGE

LA CHRISTIANISATION

EPITAPHE D’A ISBERGA (28/11/491)

Traduction de l’épitaphe :

« Ici repose en paix Aisberga, vierge agréable à Dieu, pleine de chasteté dans toutes ses

actions. Elle est morte à l’âge de 24 ans, le 4 des calendes de décembre, sous le consulat

d’Olybrius l’Ancien. »

En 313, l’édit de Milan est promulgué ; il met fin aux persécutions des chrétiens dans

l’Empire romain. Au VIe siècle, l’ensemble de la population est christianisé.

Tombes de l’église de Larina : nécropole chrétienne de l’époque mérovingienne.

Inscription surmontée du monogramme du

Christ, inscrit dans une couronne.

On peut lire :

HIC REQVIESCIT IN PA

CE AISBERGA PUELLA

DEO PLACITA QUE VIR

GENALIS ACTUS OMNI

ONESTE CVSTODIENS

VIXET ANNIS XXIV TR

ANSIET D//// K DEC

IND XV OLIBRIO IVNI

ORE CVNS

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- Présenter le document (nature, date, auteur s’il est connu, thème…)

- Quand Aisberga est-elle morte ? A quelle date cela correspond-il dans le

calendrier chrétien ?

- Quelle est la religion d’Aisberga ? Quel élément de l’épitaphe le montre ?

- Qu’est-ce qu’un consul ? En 491, qu’en est-il de l’Empire romain ?

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HAUT MOYEN AGE

LA CHRISTIANISATION

EGLISE DU VERNAI A SAINT-ROMAIN DE JALIONAS

Le site semble aujourd’hui isolé, mais il se trouvait à proximité du Rhône et de plusieurs

voies terrestres qui le reliaient à Vienne et Lyon. Emplacement d’une vaste villa gallo-

romaine.

A l’origine, chapelle datant du VIIe siècle. Plan très simple à nef unique et chevet carré. Au

XIe siècle, l’église est dotée d’un clocher porche et entourée d’un cimetière paroissial.

- Placer les termes nef et chœur sur le plan de l’église primitive.

- Où était placé le prêtre ? Quel élément le séparait des fidèles ?

- Quelles sont les innovations architecturales apportées à l’église du XIe siècle ?

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MOYEN AGE

LA SOCIETE

LE DAUPHINE ET LA SOCIETE FEODALE - PYRAMIDE FEODO-VASSALIQUE DU DAUPHINE

Dauphin

Seigneurs et

Capitaines châtelains

Vassal

Vavasseur

Serfs

Au XIIe siècle, la région est constituée de grandes seigneuries : la Savoie et le Dauphiné, qui

sont initialement issus de l’ancien royaume de Provence.

- Quels sont les pouvoirs du Dauphin? Quel est son « titre » dans la hiérarchie

féodo -vassalique ?

- Qu’est-ce qu’un vassal ? Un vavasseur ? Quelles sont leurs obligations ?

- Qu’est-ce qu’un serf ? (Vous pouvez vous aider de votre manuel d’histoire-

géographie)

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MOYEN AGE

LA SOCIETE

SCEAU DE L ’HOMMAGE DE GUILLAUME DE SURIEU (7 MAI 1230),

qui se met sous la suzeraineté de l’église Saint-Maurice de Vienne.

« Guillaume de Surieu, chevalier, convertit en fief relevant de la fondation chargée de veiller

à la célébration des anniversaires pour le repos de l’âme des défunts dans l’église de Saint-

Maurice de Vienne, tout ce qu’il possédait en alleu dans les paroisses d’Assieu et de Surieu :

terres cultes, bois, prés, pâturages, moulin… ; il paiera, chaque année, à l’église cathédrale,

un cens de 16 livres viennoises. En échange de cette reprise de fief, Guigues d’Auris,

sacristain de ladite église, lui remet une somme de 320 livres viennoises.

Parmi les garants de cet acte, figurent Artaud de Roussillon et Adhémar, seigneur

d’Annonay. »

- Présenter le document.

- De qui Guillaume de Surieu devient-il le vassal ?

- Qu’est-ce qu’un fief ?

- Pourquoi convertit-il ses propriétés en fief ? Qu’est-ce que cela veut dire ?

- Que reçoit-il en échange ?

- Expliquez à partir de ce document ce que sont les relations féodo-vassaliques.

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MOYEN AGE

LES CHATEAUX ET LES MAISONS FORTES

ESTAMPE DU XVIIIE SIECLE, LE GOUVERNEMENT DE QUIRIEU

- Décrire l’image.

- Sur quel site est construit Quirieu ? Pourquoi est-ce un très bon site ?

- Quelle est sa situation ?

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- Comment est organisé le village de Quirieu ?

- A quoi sert le câble qui traverse le Rhône ?

- Pourquoi le port de Quirieu était-il une source de revenus importante pour les

seigneurs ?

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MOYEN AGE

LES CHATEAUX ET LES MAISONS FORTES

CROQUIS DU CHATEAU DE MONTBEL

a)

b)

c)

d)

e)

f)

g)

h)

i)

- Compléter le schéma ci-dessus en utilisant les termes suivants :

- donjon - créneau - merlon - citerne - treuil (cage à treuil)

- chemin de ronde - meurtrière - chapelle - basse-cour - tour d’angle

- herse - fossé - pont-levis - échafaudages

- latrines - maison de paysans - mur d’enceinte - poterne

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MOYEN AGE

LES CHATEAUX ET LES MAISONS FORTES

CREMIEU ET MORESTEL

Château de Crémieu.

Pour les deux photographies :

- Identifier les éléments architecturaux présents sur la photo.

- Comparer le château de Crémieu et la maison forte de Vertrieu. Peut-on

différencier aisément les deux ?

- Quelles sont les différences entre un château delphinal et une maison forte ?

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Donjon du château de Morestel au-dessus de la ville

Château de Crémieu.

Maison forte de Vertrieu, dit château vieux.

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MOYEN AGE

LA VIE QUOTIDIENNE

TRAVAUX DES MOIS , LA BALME LES GROTTES , EGLISE DU XIIE SIECLE

Mois de janvier Mois d’août

- Quels sont les personnages représentés ?

- Décrire ces deux personnages.

- Quels outils utilisent-ils pour travailler?

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MOYEN AGE

LA NAISSANCE DES VILLES

PLAN DES FORTIFICATIONS DE CREMIEU

Au XIIe siècle, la ville de Crémieu est établie sur deux collines, Saint-Hippolyte, pôle religieux

où est installé un prieuré de moines bénédictins, et Saint-Laurent, pôle militaire et civil où est

édifié un château. Le château et le prieuré de bénédictins sont tous deux entourés de leurs

propres fortifications. Entre les deux collines, il n’y a pas encore de ville.

- Sur quel site est construit Crémieu ?

- Quels éléments naturels permettent la défense de la ville ?

- Qu’est-ce qu’une enceinte ?

- Quels sont les différents éléments de défense qui composent l’enceinte de

Crémieu ?

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MOYEN AGE

LA NAISSANCE DES VILLES

PORTE DE LA LOI A CREMIEU (XIVE SIECLE)

Porte de la loi, Crémieu

Les portes de la ville représentent un élément majeur dans la fortification car ce sont elles

que l’on voit le plus. Elles jouent à la fois un rôle d’accueil, en temps de paix, et de défense,

en temps de guerre. Elles assurent la liaison entre l’intérieur et l’extérieur. Les portes

d’entrée de la ville sont les seules parties qui s’ouvrent ; elles doivent donc être

particulièrement protégées pour assurer la continuité de la fortification.

- Décrire l’édifice.

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Au XVe siècle, la Porte de la Loi est équipée d’un pont-levis, aujourd’hui remplacé par un

pont fixe en pierre. Si les assaillants réussissaient à franchir le fossé devant la porte de la

Loi, le défenseur faisait descendre une herse, lourde grille coulissant verticalement dans des

rainures pour fermer la porte et leur barrer la route.

En plus du pont-levis et de la herse, la Porte de la Loi possédait un assommoir : c’est une

ouverture à l’intérieur de la porte en hauteur qui permettait de tirer verticalement sur

l’ennemi. Pour permettre aux défenseurs de voir ce qui se passe au pied de la porte et de

se défendre, des éléments sont ajoutés en hauteur, dépassant du mur et comportant des

ouvertures au sol, des hourds ou des mâchicoulis. Sur la Porte de la Loi, l’emplacement du

hourd est très visible, avec ces éléments en pierre qui dépassent.

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MOYEN AGE

LA NAISSANCE DES VILLES

ATELIER MONETAIRE DE CREMIEU

Pièce de monnaie frappée à l’atelier monétaire de Crémieu en 1337 et 1354.

Revers Francorum Rex Franciscus Dei gratia

Avers

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- Description : quels sont les symboles importants à relever ? Que signifient-ils ?

- Crémieu, petite ville, dispose d’un atelier monétaire au XIVe siècle. En quoi est-ce

important ?

- Qu’est-ce que cela nous apprend sur la place de Crémieu dans les domaines

politique et économique?

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MOYEN AGE

LA NAISSANCE DES VILLES

LA HALLE DE CREMIEU (1434)

Halle de Crémieu, intérieur.

Halle de Crémieu, façade Est.

Les activités commerciales se déroulaient sur les marchés, les foires et dans les boutiques.

De nombreux villages avaient une halle, lieu marchand, mais aussi lieu d’échanges et de

communication. La halle de Crémieu représente un élément architectural exemplaire de la fin

du Moyen Age, témoin authentique des siècles qu’elle a parcourus. Elle est classée

monument historique en 1906.

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MOYEN AGE

LA NAISSANCE DES VILLES

TRANCHET DES TANNEURS

Dalle funéraire dans le couvent des Augustins représentant les tranchets des tanneurs et leurs initiales.

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MOYEN AGE

L’A RCHITECTURE URBAINE

LA RUE DES ADOBEURS

Carte postale de la rue des adobeurs à Crémieu au début du XXe siècle.

Photo ci-contre et suivante :

La rue des adobeurs au début du

XXIe siècle.

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- En comparant ces trois clichés, observer les changements architecturaux entre

le début et la fin du XXe siècle.

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MOYEN AGE

LA VIE RELIGIEUSE

L’A RCHITECTURE ROMANE – SAINT-CHEF

Elévation de la croisée du transept de Saint-Chef

Nef de l’église abbatiale de Saint-Chef

- Mise en place du

vocabulaire : transept, arcs

en plein cintre, chapiteaux,

voûtes…

- Proposer un travail sur

l’élévation de l’église

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MOYEN AGE

LA VIE RELIGIEUSE

L’A RCHITECTURE ROMANE – PORCIEU-AMBLAGNIEU

Chapelle de l’ancien prieuré d’Amblagnieu à Porcieu-Amblagnieu.

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MOYEN AGE

LA VIE RELIGIEUSE

L’ARCHITECTURE GOTHIQUE - MORESTEL

Eglise du prieuré de Morestel, XVe siècle.

- Noter sur le plan de l’église les termes suivants : nef, transept, abside, bas-côté.

- Après avoir observé la photographie, donner le style architectural de l’église.

- Sur la photographie, nous pouvons observer que l’abside et la nef sont séparées

par un jubet. Dans quel but ?

- Pourquoi l’abside est-elle si grande par rapport à la nef ?

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MOYEN AGE

LA VIE RELIGIEUSE

L’A RCHITECTURE GOTHIQUE – SAINT-CHEF

Portail gothique de l’église abbatiale de Saint-Chef.

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MOYEN AGE

LA VIE RELIGIEUSE

LES ORDRES RELIGIEUX – COUVENT DES AUGUSTINS DE CREMIEU

Cloître du couvent des Augustins de Crémieu, XIVe siècle.

Un grand nombre d’hommes et de femmes vouent leur vie à la religion avec le même idéal :

imiter le mode de vie du Christ et de ses apôtres. Afin d’approcher cet idéal, on élabore des

règles de vie qui donnent naissance au cours des siècles à différents ordres religieux.

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- Décrire ce lieu.

- Quelle est la place du cloître dans un couvent ?

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MOYEN AGE

LA VIE RELIGIEUSE

LA QUETE DU SALUT

Les quatre élus de la Jérusalem céleste, chapelle haute de Saint-Chef.

Au Moyen Age, la religion est très présente dans la vie quotidienne. L’Eglise encadre les

fidèles depuis la naissance jusqu’à la mort, à travers les sacrements (les principaux étant le

baptême, la communion, le mariage, l’extrême–onction), mais également en assurant leur

éducation religieuse et en leur montrant les voies du Salut.

Les peintures murales de la chapelle haute illustrent la Jérusalem céleste d’après les textes

de l’Apocalypse de saint Jean.

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- Décrire la fresque : bâtiment, personnages et animaux représentés.

- Que symbolise l’agneau peint au-dessus du château ?

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Christ en majesté, chapelle des Anges, Saint-Chef.

- Qui est le personnage central ? Que fait-il ?

- Quels éléments sont communs à cette photo et à la précédente ?

- Sur quelles parois de la chapelle ces fresques ont-elles été peintes ?

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Notices à destination des

enseignants

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II. Le Haut Moyen Age

1. Les Burgondes et les « royaumes barbares »

A la fin de l’Antiquité, des peuples germaniques envahissent l’Empire Romain d’Occident.

Les « royaumes barbares » se forment. Le royaume burgonde (443-534) est conquis par les

Mérovingiens au début du VIe siècle et une nouvelle organisation économique et sociale se

met progressivement en place dans la région, autour des seigneurs francs.

Le casque de Vézeronce

Le casque de Vézeronce, en cuivre doré, laiton et fer, appartenait sans doute à une

sépulture princière liée à la bataille qui opposa Francs et Burgondes en 524.

Collection du Musée dauphinois.

La localisation de la bataille qui opposa Burgondes et Francs en 524 à Vézeronce ne fait pas

de doute : Grégoire de Tours indique précisément que la rencontre des armées burgondes,

commandées par Gondemar, avec les armées franques, menées par Clodomir et Théodoric,

eut lieu près de Vézeronce, dans le territoire de la cité de Vienne. Lors de cette bataille, les

troupes franques de roi Clodomir sont battues par les Burgondes et leurs alliés ostrogoths ;

Clodomir y trouve la mort. Son royaume revint alors à son frère Childebert Ier.

Ce casque a été découvert en juin 1870 par un cultivateur, dans un marais de Vézeronce. Il

est dans un excellent état de conservation et la richesse de ses décors laisse supposer qu’il

s’agit d’une découverte archéologique importante. Cependant, cette découverte est isolée :

aucun autre objet, aucune trace de sépulture, n’ont été retrouvés par la suite sur le site.

Le casque découvert à Vézeronce appartient à la catégorie des casques dits de Baldenheim

(Alsace). Ils sont caractéristiques du VIe siècle. Seule une vingtaine de casques de ce type a

été retrouvée ; ce qui permet de supposer que ces objets étaient très rares et qu’ils étaient

réservés à une élite.

De forme ogivale, le casque est constitué de six arceaux de fer, doublés de cuivre,

assemblés au sommet par une rondelle de cuivre. Il est entièrement décoré et, à l’origine,

toutes les parties visibles étaient dorées à l’amalgame (alliage d’or et de mercure). A la base

du casque, un bandeau décoré épouse la forme des arcades sourcilières. Des protège-joues

(paragnathides) et un couvre-nuque en mailles de cuivre sont fixés par des lacets en cuivre.

Les six arceaux sont ornés au pointeau de croix de Saint-André et d’écailles. Le bandeau

comprend un motif avec une longue tige florale sur laquelle sont fixées des grappes de

raisins obtenues par estampage. Des croix pattées et des oiseaux aux ailes repliées, qui

picorent le raisin, occupent le reste du champ.

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2. Le système domanial perdure

Photo aérienne du site de Larina

Villa gallo-romaine à Larina : maquette de la ferme mérovingienne à la maison du

patrimoine de Hières-sur-Amby.

Implanté sur la commune de Hières-sur-Amby, le site de Larina présente les résultats de

quinze ans de fouille.

A partir du IVe siècle, un village d’une dizaine de cabanes de torchis s’implante sur l’ancien

oppidum. Très vite, les premières cabanes sont remplacées par d’autres où les éléments de

torchis sont renforcés par du bois et de la pierre. La plupart comportent deux pièces, une

grande salle d’habitation et une annexe. D’autres bâtiments servent aux activités agricoles et

artisanales : pressoir à vin, ateliers métallurgiques, entrepôt grange dans une halle à trois

nefs.

A partir du milieu du VIe siècle, le village est détruit pour être remplacé par une villa

mérovingienne composée de deux bâtiments, couvrant près de 1000 m² : une habitation et

un bâtiment d’exploitation. Les deux sont bâtis en pierres et couverts de lauzes. Le domaine

est fortifié et une chapelle est construite sur la plus haute colline du site.

Au VIIIe siècle, le site, trop excentré, est abandonné. Les habitants, après avoir muré au

préalable les ouvertures des bâtiments et de la chapelle, vont s’installer dans la vallée.

L’ancien oppidum de Larina est

installé au sommet des falaises de

l’Isle Crémieu, au débouché du Val

Romain.

Cet emplacement stratégique qui

commande la vallée du Rhône est

occupé du Néolithique au Moyen

Age.

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Dossier pédagogique, Le Moyen Age dans le Nord Isère

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3. La christianisation

Entre 313, date à laquelle est promulgué l’édit de Milan qui met fin aux persécutions

chrétiennes, et le VIe siècle, l’ensemble de la population est christianisé. Il est néanmoins

difficile de dire à quel moment précis le christianisme s’implante de façon durable dans la

région. La proximité de villes comme Vienne et Lyon, qui comptaient des communautés

chrétiennes depuis le IIe siècle, y a certainement joué un rôle.

Tombes et plan de l’église de Larina : nécropole ch rétienne de l’époque

mérovingienne.

Les paroisses rurales s’implantent dans les anciens bourgs.

En l’absence de textes, les études archéologiques ont permis de mieux connaître l’évolution

des pratiques religieuses au début du Moyen Age dans la région. Ainsi, on sait que la plupart

des chrétiens se faisaient enterrer la tête à l’ouest et les pieds à l’est, sans pièce dans la

bouche (contrairement aux rites païens).

Epitaphe d’Aisberga (28 novembre 491)

On voit apparaître ici le système de datation employé : le consulat, référence aux

magistratures romaines, l’indiction, période de quinze ans. Plus tard, dans les inscriptions

funéraires les plus tardives, on fera référence aux règnes des rois mérovingiens.

Eglise du Vernai à Saint-Romain de Jalionas

Le site semble aujourd’hui isolé, mais il se trouvait à proximité du Rhône et de plusieurs

voies terrestres qui le reliaient à Vienne et Lyon. Emplacement d’une vaste villa gallo-

romaine.

A l’origine, chapelle datant du VIIe siècle. Plan très simple à nef unique et chevet carré. Au

XIe siècle, l’église est dotée d’un clocher porche et entourée d’un cimetière paroissial.

Il est possible de mettre en rapport cette église avec celle de Saint-Laurent à Grenoble.

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Dossier pédagogique, Le Moyen Age dans le Nord Isère

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III. La société au Moyen Age

1. Le Dauphiné

La naissance du Dauphiné, qui comprend trois départements (Hautes-Alpes, Drôme, Isère),

est une conséquence lointaine de l’effondrement de l’Empire carolingien.

A la fin du IXe siècle, apparaît le second royaume de Bourgogne (Suisse Romande, Jura,

Nord de la Savoie), qui est absorbé par le royaume de Provence. Mais sous le règne de

Conrad le Pacifique (937-993), le royaume se désagrège sous les effets d’une crise sociale

et politique. Par ailleurs, la région doit subir des opérations sarrasines et des razzias des

cavaliers hongrois. Comme dans la plupart des anciens territoires de l’Empire carolingien, un

pouvoir féodal local se met en place, une nouvelle aristocratie militaire apparaît, assurant le

contrôle de territoires plus ou moins limités. Les hommes libres deviennent dépendants.

A la fin du Xe siècle, la féodalité s’affirme ; le comté de Savoie est crée, ainsi que la

principauté qui deviendra le Dauphiné.

Vers 1030, Humbert aux mains Blanches fonde la maison de Savoie. A la même époque,

Guigues I, seigneur de Vion, fonde la maison des comtes d’Albon, première lignée des

princes du futur Dauphiné. Le titre de Dauphin n’apparaît qu’en 1110, sous Guigues IV,

comte d’Albon.

Malgré tout, la principauté demeure fragile et fragmentée. Les conflits à répétition avec la

maison de Savoie creusent un trou dans les finances.

A la fin du XIIIe siècle, la maison d’Albon est remplacée par la maison du Viennois. En 1333,

Humbert II devient Dauphin du Viennois. Il ne réussit pas à résorber la crise financière, mais

engage le Dauphiné dans la voie d’un Etat moderne : institution d’un Conseil delphinal,

création d’une Chambre des comptes, création de l’université de Grenoble.

En 1349, Humbert II décide de quitter la principauté pour la vie monastique et cherche un

repreneur pour le Dauphiné car il n’a pas d’héritier. La solution se trouve dans le transfert du

Dauphiné à la couronne de France, qui, elle-même, est affaiblie.

En 1343, un accord préliminaire est signé. Il garantit les libertés, franchises et privilèges

attachés aux terres, aux villes et aux personnes en Dauphiné. Lors du traité de Romans en

1349, Humbert II s’engage vis à vis du roi de France Philippe IV de Valois. L’héritier du

royaume de France devient le Dauphin. Jusqu’en 1462, date à laquelle le dauphin Louis II

devient roi de France sous le nom de Louis XII, les dauphins résident régulièrement en

Dauphiné et cherchent à développer la principauté. A partir de la fin du XVe siècle, aucun

dauphin ne réside plus dans la principauté. Le titre est simplement porté par l’héritier du roi

de France.

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2. La société féodale

Au XIIe siècle, la région est constituée de grandes seigneuries : la Savoie et le Dauphiné, qui

sont initialement issus de l’ancien royaume de Provence. Bien qu’étant tous deux en théorie

dans le Saint Empire Romain Germanique, ces comtés sont largement indépendants. La

pointe du Nord Dauphiné appartient alors au baron de la Tour du Pin. D’abord plus ou moins

inféodés à la Savoie, les cantons actuels de Crémieu et Morestel passent en 1282 dans le

Dauphiné lorsque le baron Humbert I de la Tour succède au Dauphin par mariage.

Le système s’est complexifié au fil des ans, car les pouvoirs mis entre les mains de grands

seigneurs se sont morcelés entre des seigneurs de moindre importance. Ainsi, de délégation

de pouvoir en usurpation par des familles ou des hommes influents localement, la carte des

seigneuries de la région s’est peu à peu dessinée, touchant l’ensemble de la société et la

quasi-totalité des terres disponibles.

Sceau de l’hommage de Guillaume de Surieu (7 mai 12 30), qui se met sous la

suzeraineté de l’église Saint-Maurice de Vienne.

Pyramide féodo-vassalique du Dauphiné

Dauphin

Seigneurs et

Capitaines châtelains

Vassal

Vavasseur

Serfs

- Le Dauphin a comme titre précis, Dauphin du Viennois, comte d’Albon et seigneur de la

Tour.

- Les seigneurs et capitaines châtelains sont en charge d’un château delphinal

exemple : hommage de l’abbé Ayard de Saint-Chef à la Dauphine Béatrix en 1270.

hommage de l’écuyer Humbert d’Hières au baron de la Tour en 1270.

- Les vassaux sont maîtres d’une maison forte.

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- Les vavasseurs sont des vassaux sans vassal, très rares en Dauphiné.

Il faut différencier seigneur et châtelain : le seigneur est propriétaire d’un château, qui n’est

pas delphinal. Il a prêté hommage au Dauphin ; c’est son fils qui hérite.

Le châtelain administre un château delphinal, gère le territoire de la châtellenie, doit rendre

des comptes au Dauphin tous les ans. Les châtelains changent régulièrement pour éviter la

corruption.

3. Les châteaux et les maisons fortes

A partir du XIe siècle et surtout au XIIe siècle, des châtellenies se constituent autour de

châteaux et de maisons fortes. C’est sans doute à ce moment que l’habitat se regroupe en

village, à l’abri de ces places fortes.

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Jusqu’au début du XVIIe siècle, les guerres entre la Savoie et le Dauphiné sont fréquentes.

Enclavées, coupées du reste du Dauphiné par une ceinture de châtellenies savoyardes

allant de Meyzieu aux Avenières, les régions de l’Isle Crémieu devaient être capables de se

protéger elles-mêmes. Cette situation frontalière explique l’abondance des maisons fortes,

dispositif régional renforçant le rôle défensif des châteaux forts. Le « transport » du

Dauphiné en 1349, c’est-à-dire sa vente au royaume de France, n’a pas modifié la situation

puisque la Savoie gardait son indépendance.

Les châteaux delphinaux, construits entre le XIe et le XIIIe siècle, nous sont connus grâce

aux comptes de châtellenies : Crémieu (mentionné en 1222, l’édifice actuel est néo-

médiéval, datant de 1904), La-Balme-les-Grottes (cité en 1250, conservé par Henri II après

1349), dont il ne reste qu’une tour, Saint-Romain de Jalionas (l’église actuelle est

construite sur l’emplacement du château, connu dès 1315), Morestel , Quirieu , dont il ne

reste rien. Une motte castrale est signalée à Sablonnière en 1324.

Estampe : le gouvernement de Quirieu, photo Musée dauphinois, XVIII e siècle

Quirieu est situé sur une butte à 301m d’altitude. Le Rhône coule à sa base orientale. Site de

défense et de refuge.

La vallée du Rhône est faite d’une succession d’étranglements et de bassins. Quirieu

commande le rétrécissement qui ordonnance le bassin de Serrières-Montalieu de celui de

Faverges-Malville. En face du château, les rives du fleuve sont éloignées de cent mètres,

alors qu’elles s’écartent en amont et en aval. C’est là qu’il se franchit le plus facilement.

Quirieu était donc au Moyen Age un site de passage.

Jusqu’en 1856, un bac à traille a fait communiquer le port de Quirieu avec l’autre rive. C’est

là que se rencontraient les éleveurs bugistes et les paysans dauphinois.

Les seigneurs de Quirieu y trouvaient une source de revenus supplémentaire dans la

perception de droits de péage pour la traversée du fleuve et de redevances pour la

circulation d’amont en aval sur le fleuve lui-même.

Les origines de Quirieu sont obscures. Le site devait certainement être occupé dès

l’Antiquité, mais la première mention de Quirieu ne date que de 1190 : le châtelain est cité

parmi les témoins qui ont signé le testament d’Albert II de la Tour du Pin, probablement au

moment de son départ pour la Terre Sainte.

1276 : Hugues de Lhuis rend hommage au seigneur de La Tour pour ce qu’il possède à

vassalique

1282 : Humbert, baron de la Tour devient dauphin ; Quirieu entre dans le domaine delphinal.

1291 : la place est prise par le comte de Savoie, sans résistance du Dauphiné qui,

cependant, l’assiège à son tour et l’occupe de nouveau.

De nombreuses mentions sont faites jusqu’à la fin du MA

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Croquis du château de Montbel

Le château fut édifié au début du XIVe siècle à l'occasion des guerres delphino- savoyardes,

et prit la suite du château de Montbel, dont les ruines subsistent au hameau des Teppaz, sur

la commune de St Pierre d’Entremont.

La famille de Montbel d'Entremont, vassale des comtes de Savoie, changea de camp en

1306 et s'allia au Dauphin. Cette 'trahison' fut aussitôt punie et le château de Montbel fut pris

après un court siège.

C'est sans doute après cet épisode que Rollet de Montbel, seigneur d'Entremont, fit

construire un nouveau château sur la rive gauche du Guiers-Vif qui forme dès lors la

frontière entre les deux Etats. Ce château a été incendié sur ordre de Richelieu en 1633,

acheté et réparé par les Chartreux, puis repris par le gouvernement à la Révolution.

Vue du château de Crémieu

Ce château delphinal a été reconstruit en 1904 selon le style néo-médiéval.

Il est mentionné en 1222. Entouré de sa propre enceinte, il comportait un donjon, deux tours,

un corps de logis relié à la chapelle par des galeries attestées en 1507.

La première mention du site de Crémieu date de 1107.

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En 1190, l’existence d’un bourg est attestée, appartenant au Seigneur de La Tour-Du-Pin. La

ville reçoit l’attention particulière des Dauphins car elle se situe très près du territoire

savoyard.

Donjon du château de Morestel au-dessus de la ville

Première mention en 1075. Le château passe aux mains des barons de La Tour et devient

château delphinal en 1282. En 1421, la seigneurie de Morestel est cédée par le dauphin

Charles au seigneur de Bouchage.

L’actuel donjon, fortement restauré dans les années 1960-70, est sans doute ce que les

textes nomment « grande tour » ou « tour de la prison ». De plan quadrangulaire, il abrite

une salle basse où l’on plaçait peut-être les prisonniers et une salle haute, éclairée de

fenêtres à coussiège et accessible depuis le chemin de ronde. Une toiture couvrait

l’ensemble à la place de la terrasse actuelle.

Dans l’enceinte du château, à laquelle pont-levis et poterne donnaient accès, prenaient place

des édifices résidentiels, propres à loger, à l’occasion, des personnages prestigieux comme

le dauphin Humbert II (1334) et le futur roi de France Louis XI (1450).

Contrairement aux châteaux, avec lesquels elles sont parfois confondues, les maisons

fortes sont très nombreuses dans la région, constituant une pièce maîtresse du patrimoine

architectural régional. La plupart des paroisses en compte au moins une, et elles sont parfois

très proches les unes des autres. Elles datent le plus souvent des XIIIe et XIVe siècles.

D’après les statuts delphinaux de 1349, seuls les nobles peuvent construire des maisons

fortes, avec l’autorisation préalable du Dauphin car la zone est frontalière. La plupart sont

des fiefs tenus du Dauphin qui pouvait les reprendre ou les détruire.

Cinquante maisons fortes sont citées dans les textes, quarante-cinq localisées avec plus ou

moins de précision.

Souvent en hauteur, sur un flanc de coteau ou en bordure de plateau et situées près d’une

voie de passage, la maison forte jouxte en général un village. L’ensemble comprend un

corps de bâtiment principal quadrangulaire flanqué d’une ou plusieurs tours, et des

dépendances agricoles. La tour semble à elle seule qualifier la maison forte, mais celle-ci

comporte d’autres éléments défensifs : bretèche, mur d’enceinte, échauguettes, mâchicoulis

et meurtrières.

Aux XVe et XVIe siècles, elles subissent toutes d’importantes transformations privilégiant leur

fonction résidentielle au détriment de l’aspect défensif : percement de grandes ouvertures à

meneau et traverse, adjonction de tours d’escalier en vis, aménagement d’ailes

supplémentaires comprenant chambres et salle d’apparat.

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Maison forte de Vertrieu, dite château vieux

Citée dans l’acte d’hommage de Guionnet et Johannet de la Balme en 1289, cette maison

forte est située sur l’ancienne paroisse de la Balme, au mandement de Quirieu. Dominant le

Rhône et savoyardes, elle illustre la première génération d’édifices dont le plan se rapproche

du modèle castral avec haute et basse cours. La tour seigneuriale du XIIIe siècle s’adossait à

la courtine de la cour haute. Au XVIIe siècle, la maison forte fut délaissée au profit du

château neuf.

4. La vie quotidienne

Les cadres seigneuriaux et paroissiaux se chevauchent

Travaux des douze mois

Le village de la Balme a connu au Moyen Age un certain développement, dû à la faveur des

dauphins de la branche de la Tour, qui y fondèrent un couvent des Chartreuses de la Salette

en 1299 et plus tard un château où ils résidèrent fréquemment dans la première moitié du

XIVe siècle.

L’église Saint Pierre de la Balme est attestée dès la fin du XIIe siècle et l’édifice visible

aujourd’hui pourrait remonter à cette période. Il se compose d’une courte nef droite ouvrant

sur une travée de chœur couverte d’un berceau plein-cintre et portant un massif clocher et

d’une abside en hémicycle sous une voûte en cul-de-four.

Dans la travée droite du chœur, à la base de la voûte, étaient peints deux séries de six

quadrilobes enserrés dans des cercles tangents, qui présentent les Travaux des douze mois,

suivant un schéma iconographique traditionnel. Les couleurs ont quasiment toutes disparu.

Dans les médaillons conservés, le trait est épais, mais assez souple. Le dessin, plutôt

maladroit dans le détail (mains et pieds raides et surdimensionnés, visages ronds

stéréotypés), compose cependant de petites scènes vivantes et délicates.

La datation de cet ensemble est délicate : le cycle des mois est un thème commun dans les

églises romanes et gothiques.

Insister sur le fait que la vie est calée sur le soleil et le rythme des saisons.

Janvier : Homme se chauffant devant le feu. Assis sur un banc sommaire, l’homme porte

une espèce de bonnet souple tombant sur son épaule ; il a retiré l’un de ses souliers pour

chauffer son pied aux flammes. De sa main droite, il tient une louche plongeant dans une

marmite suspendue au-dessus du feu. Les arabesques rouges qui entourent le personnage

pourraient avoir été ajoutées tardivement.

Août : battage. Un homme à la chevelure bouclée, vêtu d’une courte cotte et jambes nues,

tient un fléau. A l’arrière plan, les gerbes encore nouées d’un lien jaune.

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5. La naissance des villes et des bourgs castraux

La « révolution castrale » aux environs de l’an mil est à l’origine de modifications importantes

dans l’organisation du peuplement. En effet, tous les châteaux majeurs vont générer un

nouveau type de groupement de l’habitat : le bourg castral.

Ces agglomérations particulières, suscitées et façonnées par le pouvoir seigneurial, se

caractérisent par une structure dense, quasiment urbaine, organisée autour et à partir du

château.

On y trouve tous les organes d’encadrement : judiciaire (cour de justice et gibet),

économique (halle ou foire, péage, four et moulin), religieux. La population installée dans ces

bourgs aux activités variées va donner naissance à une nouvelle classe sociale, la

bourgeoisie, qui se démarque du monde des campagnes.

Charte de franchise de Saint-Chef

Saint-Chef, comme Crémieu, Morestel et Quirieu, a bénéficié d’une charte de franchise. Ces

chartes donnaient aux habitants le titre de bourgeois, quand ils résidaient dans la ville depuis

un an et un jour, possédaient une maison, payaient l’impôt et se conduisaient bien. Elles

limitaient les prérogatives et les privilèges seigneuriaux. Elles autorisaient des assemblées

de représentants de bourgeois, les consuls (ou échevins), qui pouvaient présenter leurs

requêtes au Dauphin.

Le bourg fortifié de Crémieu

Au XIIe siècle, la ville de Crémieu est établie sur deux collines, Saint-Hippolyte, pôle religieux

où est installé un prieuré de moines bénédictins, et Saint-Laurent, pôle militaire et civil où est

édifié un château. Le château et le prieuré de bénédictins sont tous deux entourés de leurs

propres fortifications. Entre les deux collines, il n’y a pas encore de ville.

Le bourg de Crémieu s’est tout d’abord construit près du château, sur la colline Saint-

Laurent. Entouré de l’enceinte castrale, le château abritait sous sa protection le bourg

castral.

Au début du XIVe siècle, le dauphin Jean II décide la construction d’une ville nouvelle

accolée au bourg ancien. Par son rôle économique et militaire, elle va dominer le Bas-

Dauphiné jusqu’au XVIe siècle. L’ensemble est entouré d’une nouvelle enceinte, ponctuée de

portes (portes de la Loi, de Quirieu) et de tours circulaires, et reliée aux fortifications de

Saint-Hippolyte. Cette grande enceinte est longue de 2,250 km.

La porte de la Loi est percée d’une ouverture en arc brisé surmontée d’un vestige de

cadran solaire. Le dernier niveau est crénelé, recouvert d’une toiture en pierre, formant un

avant-toit. Les 2 étages supérieurs sont accessibles par une ouverture percée sur le côté

gauche, correspondant à l’aboutissement du chemin de ronde. Elle est équipée au XVe

siècle d’un pont-levis. Il y a aujourd’hui un pont fixe en pierre au-dessus du fossé.

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La porte de Quirieu appartient à la deuxième enceinte fortifiée de la ville. Sa position

surélevée la rendait peu commode à la circulation ; en 1535, elle est murée et remplacée par

la porte neuve.

La porte de Quirieu est ouverte et restaurée en 1930.

Le bourg fortifié de Morestel

Le bourg de Morestel s’est développé au pied du rocher qui porte le château et fut

certainement clos de rempart dans la première moitié du XIVe siècle. Deux portes y

donnaient accès, la porte Saint-Symphorien, dont la trace reste visible dans ce mur, et la

porte Murine, reliée par l’unique rue commerçante du bourg, aujourd’hui rue Ravier.

A l’intérieur de l’enceinte, parfois adossés aux remparts du château, se pressaient de

nombreuses maisons, granges et jardins, ainsi que les résidences de la petite noblesse

locale, parfois fortifiées. A l’extérieur des remparts, près des portes, se sont développés

deux faubourgs.

6. L’artisanat et le commerce

Située sur une route très fréquentée reliant Lyon à l’Italie et à la Suisse, bénéficiant de la

proximité de la grande voie fluviale rhodanienne, la région jouit au Moyen Age d’un essor

économique important, qui permet à Crémieu, Morestel et Quirieu de se développer.

Pièces de monnaie frappées à l’atelier monétaire de Crémieu en 1337 et 1354.

Collection particulière, Monsieur Alain Moyne-Bressand

Attestent de la présence d’un atelier monétaire à Crémieu au XIVe siècle.

Fleur de lys et Dauphin visibles.

La halle de Crémieu

Les activités commerciales se déroulaient sur les marchés, les foires et dans les boutiques.

De nombreux villages avaient une halle, lieu marchand, mais aussi lieu d’échanges et de

communication. La halle de Crémieu représente un élément architectural exemplaire de la fin

du Moyen Age, témoin authentique des siècles qu’elle a parcourus. Elle est classée

monument historique en 1906.

Dès le XIIIe siècle, un marché se tenait à Crémieu. Il était situé sur la colline Saint-Laurent,

dans une rue appelée aujourd’hui « rue du Marché Vieux ». En 1315, le dauphin Jean II

accorde à Crémieu une charte de franchise, qui apporte de nouveaux privilèges aux

habitants et accentue la liberté du commerce. La ville connaît alors une forte activité

commerciale et un essor économique. C’est ainsi que le marché se déplace vers un lieu plus

accessible et mieux situé, dans le bas de la ville. La halle n’est construite qu’en 1434.

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Dossier pédagogique, Le Moyen Age dans le Nord Isère

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La halle est un bâtiment très vaste, qui mesure 60,80 m de long sur 19,50 de large. C’est

une des plus grandes halles de France au Moyen Age après celle de Saint-Pierre-sur-Dives

dans le Calvados. Vue de l’extérieur, la halle dispose de trois baies, à l’est et à l’ouest.

L’intérieur est en effet partagé en trois grandes allées, une nef centrale et deux bas-côtés.

Ces allées sont séparées par des murs assez bas, appelées murs bahuts. Chaque allée était

spécialisée dans un genre de commerce déterminé. A l’extrémité est de la halle se trouve un

vaste comptoir, avec aux quatre coins des vasques sculptées : ce sont des mesures à grain.

Crémieu était la seule ville de la châtellenie où l’on pouvait mesurer officiellement le grain.

La toiture en lauze est vaste et impressionnante : 400 tonnes, 1200 m²

La charpente en chêne est dans un état exceptionnel de conservation ; seules certaines

poutres ont été remplacées ou réparées sans être changées. Elle est entièrement faite de

bois, sans boulon ni ferrure.

Les corps de métiers au Moyen Age

A partir des noms de rue de Crémieu, comme la rue des Adobeurs ou la rue Juiverie, il peut

être intéressant de travailler avec les élèves sur les différentes activités artisanales et

commerçantes que l’on trouve dans les bourgades médiévales. Sur certaines dalles

funéraires du couvent des Augustins de Crémieu se trouvent des tranchets de tanneurs,

indiquant la présence d’ateliers travaillant le cuir dans la ville.

L’architecture urbaine

D’une vocation commerçante et artisanale au Moyen Age, Crémieu a hérité d’un

échantillonnage très complet de maisons à échoppes dont on peut tracer l’évolution depuis

le XIIIe siècle jusqu’au XIXe.

De dimensions modestes, les maisons de Crémieu se réduisent bien souvent à un unique

étage d’habitation disposé au-dessus de rez-de-chaussée à usage commercial (l’échoppe)

ou artisanal (l’ouvroir), parfois même viticole (la cave). L’ensemble était surmonté d’un

grenier caractérisé par la présence d’une lucarne fenière équipée parfois encore de la poulie

destinée à monter le grain.

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Dossier pédagogique, Le Moyen Age dans le Nord Isère

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IV. La vie religieuse

1. L’architecture romane

Au XIe siècle, un chroniqueur célèbre, Raoul Glaber, écrit que vers l’an mil, l’Europe se

couvre « d’une robe blanche d’églises ». Il témoigne par ces mots de la ferveur qui pousse

partout en Europe à construire des églises. Dans l’Isle Crémieu, c’est progressivement un

véritable réseau de bâtiments religieux qui se constitue, comprenant des oratoires, des

chapelles, des églises, des prieurés, des couvents et une abbaye.

La période médiévale est assez peu représentée dans les régions de l’Isle Crémieu et du

canton de Morestel, les bâtiments ayant été reconstruits pour la plupart au XIXe siècle.

Cependant, les exemples qui témoignent de cette période sont remarquables.

Eglise abbatiale de Saint-Chef

L’église abbatiale de Saint-Chef est un des rares monuments romans du département,

classée Monument Historique par Mérimée en 1840.

Fondée au VIe siècle par Saint-Theudère, l’abbaye de Saint-Chef fut un des plus importants

et des plus illustres monastères du Dauphiné durant le Moyen Age. Du monastère construit

au XIIe siècle, seule subsiste l’église. L’architecture, inspirée de différents styles, et

notamment du roman auvergnat, constitue un bâtiment massif, épaulé de contreforts et

percé d’ouvertures en plein-cintre. A l’intérieur, la nef présente deux rangées de piles

formant des arcades.

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Dossier pédagogique, Le Moyen Age dans le Nord Isère

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Elévation extérieure :

- La base du toit est ornée d’un cordon horizontal décoré.

- Le chevet est muni de contreforts accostés de colonnes d’angles.

- Le transept est surmonté sur son extrémité méridionale d’une puissante tour barlongue. Le

troisième niveau est composé de baies cintrées avec des colonnettes.

Elévation et structure intérieure :

- La nef, de type basilical, est formée de deux rangées de six piles formant sept arcs en

pleins cintres qui la séparent de ses collatéraux. Au-dessus des arcades, des murs

gouttereaux nus.

- Le transept est peu saillant. Les croisillons du transept sont composés de deux travées,

chacune étant pourvue de deux absides aménagées dans un chevet plat.

- L’abside est large, semi-circulaire à l’intérieur, avec une maçonnerie à trois pans à

l’extérieur.

C’est dans le transept et le chœur que se trouvent la totalité des fresques connues de

l’église abbatiale.

- Les chapelles hautes s’ouvrent sur le chœur par une triple baie en plein cintre à

colonnettes médianes. La chapelle sud est couverte d’un berceau longitudinal et surmontée

de la chambre des cloches. La chapelle nord est voûtée en arc en plein cintre, munie d’une

abside à l’est et d’une grande fenêtre creusée dans l’épaisseur du mur au nord. Elle

présente l’image de la Jérusalem céleste et de tous les saints.

Les fresques remarquables de cette église sont abordées dans une autre partie du dossier.

2. L’architecture gothique

Eglise de Morestel

L’église de Morestel est un exemple intéressant d’architecture gothique. Construite au XVe

siècle, orientée à l’est, elle présente d’amples proportions. Le décor de pierre est très sobre

mais soigné. Il est intéressant de remarquer la grande taille du chœur, dans lequel se

trouvent les stalles destinées aux religieux (certainement disproportionnées par rapport au

petit nombre de frères). Nervures des voûtes et décors sont caractéristiques de l’art gothique

de la fin du XVe siècle.

Aux campagnes de restauration du XIXe siècle, on doit le rehaussement du clocher par une

lanterne néo-gothique terminée en terrasse, avec sa balustrade en ciment, une tourelle

d’angle abritant l’escalier d’accès à la plate-forme et le percement des oculi, fenêtres et rose

de la façade. Les vitraux contemporains dus à Christophe Berthier ont été installés après

complète restauration de l’édifice en 1999.

A noter : - La taille de l’abside, très allongée, prévue pour recevoir les frères.

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- La nef est assez petite proportionnellement ; il s’agit à l’origine d’une église de

prieuré (chapelle), non d’une église paroissiale.

Portail gothique de l’église abbatiale de Saint-Che f

Le portail gothique date du XVe siècle. On ne sait rien du portail roman. La clé de voûte du

portail est une petite tête sculptée. Huit autres têtes sculptées sont réparties sur la façade.

3. Les ordres religieux

Un grand nombre d’hommes et de femmes vouent leur vie à la religion avec le même idéal :

imiter le mode de vie du Christ et de ses apôtres. Afin d’approcher cet idéal, on élabore des

règles de vie qui donnent naissance au cours des siècles à différents ordres religieux :

- Les séculiers : ce sont les religieux qui vivent dans le siècle, comme les curés de paroisse

qui prennent en charge les âmes.

- Les réguliers : ce sont des hommes et des femmes qui vivent pour la plupart à l’écart du

monde, selon une règle définie (le temps de prière, le temps de travail, de repos, de repas, la

tenue vestimentaire, les vœux, les pénitences, etc. sont codifiés).

Les ordres réguliers sont les plus anciens et pratiquent la vie collective, retirés dans des

« déserts », régions isolées comme les montagnes de Chartreuse par exemple. En

revanche, les nouveaux ordres mendiants, tels les Ermites de Saint–Augustin, s’installent en

ville.

Couvent des Augustins de Crémieu

Le 13 décembre 1317, Jean II, dauphin du Viennois, établit un prieuré relevant des ermites

de Saint -Augustin, ordre mendiant fondé en 1256 en Italie, et pouvant accueillir dix religieux.

L’acte de fondation stipule que les moines sont autorisés à appuyer les constructions du

monastère contre l’enceinte urbaine.

A la fin du XIVe siècle, les bâtiments comprenaient une partie du rez-de-chaussée du logis

abbatial, sans doute un cloître, et l’église conventuelle, non orientée, correspondant aux

deux travées du chœur ainsi qu’à la dernière travée de la nef de l’église actuelle.

Couvent des Augustins de Morestel

Le couvent est situé en plein cœur de la ville avec un rôle de prédication auprès des

populations.

Les frères ermites de Saint Augustin sont établis à Morestel par Guillaume de Roussillon

vers 1425. Son fils Gabriel leur lègue en 1461 une somme importante pour la construction du

chœur de l’église et d’une maison.

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Dans son aspect actuel, le vaste bâtiment rectangulaire, accolé à l’église, évoque le XVIIe

siècle, époque à laquelle il fut construit et agrandi par Pierre de Gratet, conseiller du roi et

président du Parlement du Dauphiné ; ses armes figurent au-dessus de la porte.

Le couvent, qui a compté jusqu’à neuf religieux, n’en a abrité le plus souvent que quatre ; à

la dissolution de l’ordre en 1790, les moines n’étaient que deux.

4. La quête du Salut

Au Moyen Age, la religion est très présente dans la vie quotidienne. L’Eglise encadre les

fidèles depuis la naissance jusqu’à la mort, à travers les sacrements (les principaux étant le

baptême, la communion, le mariage, l’extrême–onction), mais également en assurant leur

éducation religieuse et en leur montrant les voies du Salut (du latin salus qui signifie la paix).

Pour assurer leur Salut, les fidèles doivent purifier leur âme par des pratiques religieuses

régulières : c’est notamment le rôle de la confession et de l’absolution.

A partir du XIIe siècle, se développe également le thème du purgatoire, un lieu transitoire de

l’au-delà, situé entre l’Enfer et le Paradis, qui a vocation de « purger les âmes ». Dans la vie

quotidienne, les actes de dévotion donnent lieu à des indulgences, concédées par l’Eglise,

qui laissent espérer un passage moins long au purgatoire. En échange d’un don fait à

l’Eglise, les fidèles croient obtenir le pardon de leurs péchés et gagner ainsi le Salut.

Toujours pour gagner le Salut de leur âme, les fidèles ont souvent recours à la Vierge et aux

saints. Ils les considèrent comme des intermédiaires entre les hommes et Dieu, ce sont

également des protecteurs. Ainsi, chaque église est dédiée à un "saint patron" sensé la

protéger : Saint-Symphorien à Morestel, Saint Jean-Baptiste à Crémieu, Sainte-Anne à

Malville (Creys - Mépieu). Les lieux, mais aussi les jours du calendrier et les personnes

peuvent être placés sous leur protection.

Les quatre élus de la Jérusalem céleste, chapelle d es Anges de Saint-Chef

Un château rectangulaire est encadré par deux tours, avec deux anges vêtus de blanc. A

chaque fenêtre, le visage de quatre élus qui ont déjà réintégré la cité céleste. De chaque

côté de la Jérusalem céleste se tient un groupe de deux personnages : à gauche, un ange

prend par la main un élu afin de l’introduire dans la Cité. Ce geste symbolise le salut, la

réconciliation du divin et de l’humain rendue possible grâce au sacrifice du Christ. A droite,

un ange identique au premier désigne au saint qui se trouve à ses côtés une double

représentation d’Adam et Eve.

Le Christ en majesté

La voûte en arc-de-cloître : centre et point de départ du programme. Quatre groupes de

personnages et, au centre, le Christ qui trône dans sa mandorle. Portant un riche manteau

brun sur une tunique bleue, il ouvre ses bras dans un large geste d’accueil. Portant un riche

manteau brun sur une tunique bleue, il ouvre ses bras dans un large geste d’accueil

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confirmé par la Bible ouverte à la page Pax Vobis Ego Sum, Paix à vous, c’est bien moi. Le

Christ lève les yeux vers la Jérusalem céleste.

On considère souvent que les peintures des églises romanes ont un rôle d’enseignement

auprès des fidèles, comme un livre d’images destiné à ceux qui ne savent pas lire. Or, seul

un moine qui savait lire avait accès à la chapelle haute ; les fresques y ont donc un autre

rôle. Les peintures vont le projeter hors de son univers quotidien et l’introduire

symboliquement dans le Paradis de la fin des Temps, la Jérusalem céleste. Elles servent de

support à la méditation.

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Bibliographie

Le patrimoine du Haut Rhône dauphinois

I. Ouvrages généraux

• Collectif : les communes du pays des couleurs se racontent, district du canton de

Morestel, 1994.

• BOCQUET A., Histoire des communes de l’Isère, arrondissement de La Tour du

Pin, Horwath, 1987, p. 205-208 (consultable au MD)

• CHAGNY André, Un pays aimé des peintres. Sites et monuments de la région de

Crémieu. Lyon : P. Masson, 1929.

• CHALABI, PELLETIER, ROYET, Canton de Crémieu – Isère, collection Images du

patrimoine, éd. ADIRA, Lyon, 1998

• DELACHENAL Roland, Une petite ville du Dauphiné, histoire de Crémieu. Grenoble.

impr. F. Allier, 1889. Réimpr. Marseille : Laffitte, 1979.

• COLARDELLE Michel (sous la direction de), Archéologie chez vous n°2 : canton de

Morestel, Archéologie au canton, des gaulois au Moyen Age, Grenoble, 1983

• MAZARD, Chantal (sous la direction de), Atlas du patrimoine de l'Isère, Musée

Dauphinois, Conservation du patrimoine de l'Isère, éd. Glénat, Grenoble, 1998

II. archéologie

• Collectif : Les premiers princes celtes, autour de la tombe de Saint Romain de

Jalionas (Isère), édition Musée dauphinois, Grenoble, 1990

• JOSPIN J.-P. (sous la coordination de), Les Allobroges – Gaulois et romains du

Rhône aux Alpes. Infolio éditions, Gollion (Suisse), 2002

• PERRIN F., Un dépôt d'objets gaulois à Larina. Documents d'archéologie en Rhône-

Alpes et en Auvergne n° 4. Circonscription des Anti quités historiques, Lyon, 1990

(consultable au MD)

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III. Patrimoine religieux

• VIVIER M., Les fresques romanes de Saint-Chef. Musée dauphinois, Grenoble,

2000

• Le patrimoine religieux du pays des couleurs, AMAPAC (Association de la Maison

du Pays des Couleurs), Morestel, 2002

IV. Ouvrages plus spécialisés

• ROSSIAUD Jacques, Dictionnaire du Rhône médiéval. Identités et langages,

savoirs et techniques des hommes du fleuve (1300 – 1550), Centre Alpin et

Rhodanien d'Ethnologie, Musée dauphinois, Grenoble, 2002.

V. Brochures touristiques et pédagogiques

• Carte : patrimoine de l'Isle Crémieu et du Pays des Couleurs (cantons de Crémieu

et de Morestel). Association musées et patrimoine, Musée dauphinois, Grenoble,

1999.

• Crémieu, sites et édifices. Circuit de découverte de la cité médiévale. Association

musées et patrimoine, Musée dauphinois, Grenoble, 1998

• Les fortifications de Crémieu, Association musées et patrimoine, Musée dauphinois,

Grenoble, 1998

• La halle de Crémieu, Association musées et patrimoine, Musée dauphinois,

Grenoble, 1997

• Crémieu, Cité médiévale. Livret guide. Office du tourisme de Crémieu.

• Le site archéologique de Larina à Hières-sur-Amby. Parcours découverte. Maison

du patrimoine de l'Isle Crémieu, Hières-sur-Amby.

• Le sentier du paysage calcaire à Hières-sur-Amby. Parcours découverte. Maison du

patrimoine de l'Isle Crémieu, Hières-sur-Amby.

• PORTE, Patrick. Le site archéologique de Larina : de la recherche à l'aménagement

touristique. Maison du patrimoine de l'Isle Crémieu, Hières-sur-Amby.

VI. Vidéo

• L'Isle Crémieu et le Pays des Couleurs… de A à Z, Nord Isère n°1. vidéocassette

VHS SECAM, couleur, 70 minutes. Kerozen 12/ 1996.

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Liste des sites accueillant des scolaires sur le th ème du Moyen Age

• Maison du Patrimoine de Hières-sur-Amby

Montée de la Cure

38 118 Hières-sur-Amby

Tél. : 04 74 95 19 10

• Maison du patrimoine de Saint-Chef

2 rue du seigneur de By

38 890 Saint-Chef

Tél. : 04 74 92 59 92

• Office de tourisme de Crémieu

Place de la Nation

38 460 Crémieu

Tél. : 04 74 90 45 13

• Office du tourisme de Morestel

Place des halles

38 510 Morestel

Tél. : 04 74 80 19 59

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Ce dossier a été commencé par Carole Darnault, professeur d’histoire-géographie,

détachée au service éducatif, et Estelle Couchouron, animatrice du patrimoine au Musée

dauphinois, poursuivi et achevé par Sabine Magne, avec la collaboration de Christel Belin,

également animatrice du patrimoine et Jérôme Deschamps, en stage au Conseil général de

l’Isère.

Crédits photo : Musée dauphinois.