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Le magazine d’information de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire FAITS ET PERSPECTIVES Constats radiologiques régionaux de l’environnement OUVERTURE À LA SOCIÉTÉ Bilan des travailleurs enrichi grâce à la concertation Réseau Etson : faire avancer la sûreté et la radioprotection DOSSIER Réseau Etson : faire avancer la sûreté et la radioprotection N ° 09 avril 2011 TEMPS FORTS Spécial Japon : une mobilisation sans précédent à l’IRSN

DOSSIER sûreté radioprotection - IRSN · Repères N°09I avril 2011 2 SYNOPTIQUE cLe point de vue de l’IRSN sur la sûreté et la radioprotection du parc électronucléaire français

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Le magazine d’information de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire

FAITS ET PERSPECTIVES

Constats radiologiques régionaux de

l’environnement

OUVERTURE À LA SOCIÉTÉ

Bilan des travailleurs enrichi grâce

à la concertation

Réseau Etson:faire avancer la sûreté et

la radioprotection

DOSSIER

Réseau Etson:faire avancer la sûreté et

la radioprotection

N°09avril 2011

TEMPS FORTS

Spécial Japon :une mobilisation sans

précédent à l’IRSN

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2Repères N°09 I avril 2011

SYNOPTIQUE

c Le point de vue de l’IRSN sur la sûreté et la radioprotection du parcélectronucléaire français en 2009 vient de paraître. Ce rapport annuelapporte des éléments d’appréciation “à froid”. Il résume les conclusionsdes analyses techniques que l’Institut conduit en permanence, en no-tant les progrès enregistrés, mais aussi les faiblesses, voire les dérives.Il décrit une dizaine d’événements marquants et riches d’enseignements,comme la perte de la source froide de la centrale de Cruas.

RENSEIGNEMENTS :www.irsn.fr, rubrique Librairie

Centrales EDF :sûreté et

radioprotection

Des radionucléides

dans l’eaupotable?

cConnaissez-vous la radioactivité de l’eau qui coule de votre robi-net? Le deuxième bilan national sur la qualité radiologique des eauxdistribuées en France vous apportera la réponse. Élaborée par l’Auto-rité de sûreté nucléaire, la Direction générale de la santé et l’IRSN, cetteédition présente les résultats de mesure pour 2008-2009, avec les pro-portions de dépassement des références de qualité, et quelques nou-veautés: une base mieux renseignée, une progression du nombre depoints de mesures dans certains départements et la prise en compte duradon dans l’eau.

RENSEIGNEMENTS :www.irsn.fr, rubrique Avis et rapports>Rapports d’expertise

cPourquoi doit-on porter un dosimètre passif? Combien de temps?Qu’est-ce qu’une personne compétente en radioprotection? Sur lesite dosimetre.irsn.fr, vous trouverez des réponses pratiques aux ques-tions que vous vous posez sur le suivi des travailleurs exposés aux rayon-nements ionisants. Outre des informations sur les produits, les presta-tions et le laboratoire de l’IRSN, ce site se veut pédagogique. Une “foireaux questions” apporte des éclairages supplémentaires.

RENSEIGNEMENTS :dosimetre.irsn.frmail : [email protected], tél. 01 30 15 52 22

Le site dosimetre.irsn.fr à votre service

Premier dossier thématiquescientifique sur irsn.fr

c Le premier dossier thématique scientifique est disponible sur le siteirsn.fr. Consacré aux “effets biologiques des expositions chroniquesà des radionucléides et leurs impacts sur la santé”, il présente les ré-sultats des recherches conduites par l’Institut. Les dossiers théma-tiques proposent une information approfondie sur un angle derecherche. Ils complètent le périodique multimédia Aktis et se substi-tuent aux anciens rapports scientifiques et techniques.

RENSEIGNEMENTS :www.irsn.fr, rubrique La recherche>Publications et documentation >Aktis

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3 Repères N°09 I avril 2011

TEMPS FORTSSpécial Japon : une mobilisation sans précédent à l’IRSN 04

FAITS & PERSPECTIVESÉtats radiologiques régionaux de l’environnement : des territoiresfrançais sous surveillance 06

DÉBATLes points de vue de la société civilesont-ils pris en compte ? 14

INTERNATIONALTchernobyl : leçons tirées d’un territoire contaminé 16

OUVERTURE À LA SOCIÉTÉLe rapport sur la radioprotection des travailleurs restructuré et enrichi grâce à la concertation 17

ENJEUX & STRATÉGIELe contrat d’objectifs 2010-2013, qui définit l’approche stratégique de l’IRSN, est finalisé 18

GOUVERNANCEMieux comprendre le budget de l’IRSN 19

Repères – Éditeur : Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire – 31, avenue de la Division-Leclerc, 92260 Fontenay-aux-Roses – Tél. : 01 58 35 88 88 – Site Internet : www.irsn.fr – Courriel : [email protected]– Directeur de la publication : Jacques Repussard – Directrice de la rédaction : Marie-Pierre Bigot – Rédactrice en chef : Catherine Roulleau – Assistante de rédaction : Isabelle Cussinet – Comité de lecture : Michel Brière, Jean-Luc Pasquier – Assistance éditoriale, rédaction, secrétariat de rédaction, direction artistique, réalisation : Emapress – Iconographie :Nadia Bouda, Emapress – Infographies : Hervé Bouilly, Philippe Puiseux, Emapress – Impression : Galaxy (72) – Imprimé sur Cyclus print – ISSN : 2103-3811 – avril 2011.

DOSSIER 08

Sommaire

RÉSEAU ETSON : FAIRE AVANCER LA SÛRETÉ ET LA RADIOPROTECTION

04. Les ministres rencontrent la presse à l'IRSN aux côtés de la présidente du conseil d'administration.

06. Un technicien préleveur prépare un échantillon de carottes destiné à être analysé.

17. Le laboratoire mobile d’anthroporadiamétrie de l’IRSN permet de suivre in situ les professionnels exposés.

TEMPS FORTS FAITS & PERSPECTIVES OUVERTURE À LA SOCIÉTÉ

Pour vous abonner au magazine, connectez-vous sur irsn.fr rubrique Publications

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F ace aux événementsdramatiques qui se déroulentau Japon, nous bousculons

en dernière minute les premièrespages de ce numéro pour présen-ter différents aspects de la mobili-sation de l’IRSN à la suite del’accident nucléaire de Fukushima.L’Institut a en effet consacré des efforts très importants pour développer en temps réel, à partir d’informationsfragmentaires, une analyse de la situation et des conséquencesattendues à court terme, pourinformer les autorités françaises,y compris l’Ambassade de

France au Japon, et le public à travers les médias et son siteInternet.Au-delà, la mobilisation sepoursuit afin de contribuer à l’organisation des audits de sûreté dont le principe a étédécidé aux niveaux national et européen.À ce titre, la consolidation duréseau Etson des TSO européens(dont le TSO japonais JNES est d’ailleurs membre associé)vient à point nommé proposer un nouveau cadre en vue durapprochement des expertises desûreté sur le continent européen.

Etson au service de la

sûreté nucléaire

Éditorial

Jacques Repussard, directeur général de l’IRSN.

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de l’IRSN. La plus grande difficulté :”L’acquisition des données, en raisond’une grande dispersion des sources :l’opérateur de Fukushima 1, l’autorité desûreté japonaise à travers l’Ambassadede France, nos homologues allemands,britanniques, canadiens, américains.”D’où la prudence dans les conclusionset simulations, notamment dans les scé-narios et pronostics sur les réacteurs,d’autant que ces derniers sont à eaubouillante, une technologie américaineinutilisée en France.La cellule de crise assure en continu samission d’information: points de situa-tion réguliers auprès des autorités gou-

Repères N°09 I avril 2011

Une réunion du CTC santé.

Nom de code : “Criter Japon”.Mission : mettre à disposition du public les résultats de la surveillanceradiologique du territoire français assurée 365 jours par an par l’IRSN,dans le contexte des événementsnucléaires en cours au Japon. Il s’agit de rendre facilement accessibles des données habituellement collectées par le réseau de balises de surveillance du territoire, et ce par une interfacedidactique et pédagogique. De manièreconcrète, depuis le 14 mars, le site Internetde l’IRSN permet à tous les Françaisd’accéder, avec un décalage d’une heure,aux mesures de rayonnement gammadans l’air ambiant, transmises par lessondes du réseau Téléray. Quelques joursplus tard sont venus s’y ajouter lesrésultats de mesures effectuées enlaboratoire sur des prélèvements (eaux depluie...), d’où le différé de quelques jours.

TransparenceSuivre la radioactivitéen France

La centrale de Fukushima1, le 18 mars.

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Réactivité et information du public

Le centre technique de crise del’Institut immédiatement activé

Une mobilisation sansÀ la suite du séisme et du tsunami qui ont frappé le Japdu nord-est du pays, le centre technique de crise est auL’IRSN doit alors répondre à ses missions multiples. Plon

V endredi 11 mars, midi. Le centretechnique de crise (CTC) del’IRSN, à Fontenay-aux-Roses,

est activé, à la suite du séisme et du tsu-nami qui ont frappé le Japon. Ces catas-trophes naturelles ont privé la centralede Fukushima de ses sources externesd’électricité et de ses moyens internesde refroidissement du cœur. Missiondes spécialistes de la sûreté des réac-teurs, de l’environnement, de la santéet de la communication : “Diagnostic,pronostic et évaluation des conséquen-ces possibles pour l’environnement etl’homme”, résume Jérôme Joly, direc-teur de l’expertise nucléaire de défense

Jeudi 17 mars. Le CTC est sous lesprojecteurs. Nathalie Kosciusko-Morizet, ministre de l’Écologie, du

Développement durable, des Trans-ports et du Logement, et Éric Besson,ministre de l’Industrie, de l’Énergie etde l’Économie numérique, sont venusapporter leur soutien au personnel del’IRSN. Ils rendent hommage auxéquipes mobilisées, les remercient pourleur travail “précieux” et soulignent

l’importance de l’effort pédagogique del’Institut. Car l’IRSN assure, depuis ledébut de la crise, un rôle d’expert etd’appui technique pour aider les pou-voirs publics à comprendre la situation,ses enjeux, les scénarios envisageableset leurs conséquences pour l’homme etl’environnement.À l’issue de leur visite, les deuxministres, aux côtés d’Agnès Buzyn,présidente du conseil d’administrationde l’IRSN, et de Jacques Repussard,directeur général de l’Institut, rencon-trent la presse pour un point sur l’évo-lution de la situation au Japon et lescapacités d’appui de l’Institut propo-sées aux autorités japonaises pour lagestion de la crise nucléaire. �

Appui aux pouvoirs publics

L’IRSN aux côtés des ministres

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vernementales, information perma-nente de l’Ambassade de France auJapon, conférences de presse, diffusiond’information au quotidien sur le siteirsn.fr pour le public, mise en ligne surle site de points de situation et de car-tographies des résultats de mesures.Une cellule santé est mise sur pied pourrépondre aux appels de médecins et decitoyens sur les risques sanitaires. �

Jacques Repussard, directeurgénéral de l’IRSN, reçoit lesministres Nathalie Kosciusko-Morizet et Éric Besson au CTC.

TEMPS FORTS DERNIÈRE MINUTE >> SPÉCIAL JAPON*

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Où sont allés les rejets de la centrale de Fukushima 1 ? Une interrogation à laquellel’IRSN a apporté une réponse moins de cinq jours après le séisme, en publiant surson site web, dès le 17 mars , une première simulation de la dispersion atmosphé-

rique du panache radioactif. Cette animation donne, heure par heure, sa position et saconcentration en becquerels de césium 137 par mètre cube d’air (Bq/m3), sur la base desmesures de débit de dose sur site, des scénarios de dégradation des réacteurs et des pré-visions de Météo France. L’IRSN a aussi estimé les doses susceptibles d’être reçues par unenfant d’un an (le plus sensible à l’iode 131), qui resterait au même endroit et sans protec-tion (à l’extérieur) pendant toute la durée des rejets. Pour ces calculs également dispo-nibles en ligne, l’IRSN a donc choisi des hypothèses prudentes. �

Expertise technique

Simulations de la dispersion atmosphérique du panache radioactif

I et aussic Surveillance de l’environnement en FranceDeux réseaux automatisés de télésurveillance sont dédiés à la surveillance continue du milieuatmosphérique: Téléray surveille le rayonnement gamma ambiant de l’air (170 balises en France, dont 7 dans les DROM-COM); Sara assurela mesure de la radioactivité desaérosols atmosphériques (13 balises).

c ModélisationsLe séisme et le tsunami ont privé les réacteurs de leurs moyens de refroidissement, occasionnant une montée en température et laproduction de vapeur qui a dû êtreévacuée pour éviter l’éclatement del’enceinte. Cette ouverture des vannesprovoquant un rejet de produits defission dans l’environnement, l’IRSN aprocédé à des recoupements de calculsen coopération avec son homologueallemand GRS, pour évaluer la quantitéde radionucléides relâchés.

c Suivi dosimétrique

Un dispositif de mesuresanthroporadiamétriques de l’IRSN a étémis en place au Vésinet. Il accueille les équipages des avions Air France etcertains passagers arrivant du Japon,afin de vérifier l’absence d’exposition à des particules radioactives.

I En chiffre…

3,3 millionsde visites sur le site irsn.fren mars 2011, alors que la moyenne 2010 était de35000 visites par mois.

nementales et les conséquences surl’homme. Des représentants qui se font fortd’informer les médias en toute transpa-rence. À l’image de la déclaration duPr Patrick Gourmelon, directeur de la radio-protection de l’homme, en préambule à saprésentation de trois scénarios envisa-geables, lors d’un point presse organiséquatre jours après le début de cette crise:“Mon principal problème est que je ne dis-pose pas d’informations. La sûreté disposed’informations, l’environnement dispose demoins d’informations que la sûreté et la santéne dispose pas d’informations. Nous sommesdonc en pleine spéculation pour évaluer l’im-pact sanitaire. Nous avons néanmoins unegrande expérience. En outre, en France, noussommes des spécialistes mondiaux pour letraitement de ces accidents.” �

I Télex “Au moment de la conception des centrales francaises, l’ancêtre de l’IRSN a exigéque soit installé, en ultime secours, une turbine qui fonctionne avec la vapeur produite par le cœurnucléaire. Ainsi, nos réacteurs sont capables de faire fonctionner des circuits de refroidissement d’eausans aucun apport d’électricité, sans diesel. […] Si cette ressource avait été en place au Japon,peut-êtreque les choses auraient été différentes“, a rappelé Jacques Repussard, directeur général de l’Institut.

précédent à l’IRSNon et engendré des défaillances dans des centrales ssitôt activé et le personnel de l’Institut pleinement mobilisé.gée dans les premiers jours de cette crise.

* À l’heure où nous allions imprimer ce numéro de Repères, l’actualité nous a rattrapés et conduits à rédiger ces deux pages. La crise n’étant pas close à l’heure où nous mettons sous presse, certaines informations sont susceptibles d’évoluer.

Information des médias

Les points pressese succèdent“Àla fois modeste et essentiel.” Ainsi

Jacques Repussard, directeur géné-ral de l’IRSN, décrit-il le rôle de l’Ins-

titut. “Nous ne revendiquons pas le mono-pole de l’information de nos concitoyens, nide la compétence et nous ne prétendons pasqu’à partir des éléments parcellaires dontnous disposons, nos conclusions ou nosrecommandations d’aujourd’hui ne devrontpas être révisées demain. L’intervention denos experts dans les différents médias reflètecette attitude de prudence qui fonde notreautorité, car elle exclut toute arrogance. Elles’efforce d’informer au mieux pour répondreaux inquiétudes tout en laissant clairemententrevoir la part de doute.” Dans la pratique, les conférences de pressese succèdent, plusieurs fois par jour quandla situation l’exige. Trois porte-parole prin-cipaux ont été choisis pour aborder les ques-tions de la sûreté, les conséquences environ-

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Les porte-parole de l’IRSNrépondent aux journalistes.

DERNIÈRE MINUTE >> SPÉCIAL JAPON* TEMPS FORTS

Repères N°09 I avril 20115Pour en savoir plus : www.irsn.fr

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Mesure d’anthroporadiamétrie de la thyroïde.

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6Repères N°09 I avril 2011

produits analysés) et radiologique (mul-tiplier le nombre de radionucléidesrecherchés).“Jusqu’à présent, la surveillance radio-logique s’était surtout appuyée sur descontrôles aux portes du site nucléaire”,confie Michel Eimer, vice-président dela Commission locale d’information(CLI) de Saint-Laurent-des-Eaux (Loir-et-Cher). “Mais ce qui nous préoccupe,nous, riverains, c’est le territoire dans sonensemble. L’air n’a pas de frontière…”Requête entendue: avec les constats,l’IRSN enrichit ses connaissances de laradioactivité de l’environnement, no-tamment hors de la “zone d’influence”,celle qui se situe sous les vents domi-nants de l’installation ou à l’aval immé-diat du cours d’eau qui la borde. “Deséchantillons sont prélevés pour complé-ter les données existantes, issues desétudes radioécologiques antérieures etde la surveillance permanente assuréepar l’Institut”, indique Nathalie Chaptal-Gradoz, coordonnateur des constatsradiologiques à l’IRSN.

Produits agricoles locaux en ligne de mireAutre attente de la société civile: êtremieux informé du marquage radioactifdes denrées alimentaires. “Et en parti-culier sur nos produits locaux, comme levin”, témoigne Michel Eimer. Un travaild’analyse (cartographie de l’occupationdes sols, statistiques agricoles) et d’en-quête auprès des contacts locaux esteffectué par les experts pour identifierles productions représentatives de larégion. Place ensuite aux prélèvements.Là encore, les hommes du terroir vontêtre d’une grande aide. “Les membresdes CLI nous orientent vers tel produc-

États radiologiques régionaux de l’environnement

Des territoires français sous surv

Un incident survient dans une ins-tallation nucléaire. Des radionu-cléides sont rejetés dans l’envi-

ronnement. Les riverains s’affolent.Est-ce grave? Peut-on consommer lesproductions locales? Quand le niveaude radioactivité reviendra-t-il à la nor-male ? C’est en partie pour pouvoirmieux répondre à ces questions quel’IRSN a mis en place, en 2008, les cons-tats radiologiques régionaux, sentinel-les de l’environnement dans les régionsnucléarisées. Il s’agit de référentiels ac-

Eau, air, sol, denrées : l’IRSN évalue leur niveau deradioactivité dans quatre régions françaises équipéesd’installations nucléaires. Ces “constats radiologiques” permettront de mieux évaluer l’impact d’un éventuelincident nucléaire. La première étude vient de sortir.

tualisés des niveaux de radioactivitéaussi bien dans des zones qui peuventêtre sous influence des rejets des instal-lations que dans des zones plus loin-taines. Ils complètent la surveillancepermanente assurée par l’Institut etconcernent à ce jour quatre grands ter-ritoires : Val de Loire – étude terminéefin 2010 –, vallée du Rhône, grand Sud-Ouest et quart nord-est. Objectif : ap-profondir les connaissances d’un pointde vue géographique (élargir les zonesétudiées), écologique (diversifier les

FAITS & PERSPECTIVES

Préparation des denrées alimentaires.

Prélèvement de denrées alimentaires.

Les trois étapes d’un constat radiologique

2. Prélèvementset analyses

• Campagnes de prélèvements

sur site• Traitement

des échantillons• Métrologie

3. Point de l’état radiologique du territoire étudié• Examen des résultats• Analyse et synthèse des résultats de mesure

• Rédaction de l’étudeRéunion de restitution

des résultats*

1. Définition de la méthodologieExamen des données existantes• Données géographiques et radioécologiques • Localisation des zones de prélèvement

• Niveaux de radioactivité

Stratégie de prélèvement• Choix des échantillons et lieux de prélèvements complémentaires • Origines des radionucléides recherchés• Planning et contacts locaux

Réunion de présentation sur la méthodologie*

Réunion d’informationsur l’avancement des prélèvements*

*Ces réunions rassemblent l’IRSN, des partenaires de la société civile (Commissions locales d’information,associations locales), des partenaires institutionnels (Autorité de sûreté nucléaire, Direction générale del’alimentation…) et des exploitants.

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Magali Delporte/IRSNOlivier Seignette/Mikaël Lafontan/IRSN

Prélèvement de denrées alimentaires.

Préparation des denrées alimentaires.

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qui ne montraient aucune élévation.Les constats radiologiques régionauxélargissent la palette de radionucléidesrecherchés, notamment l’iode 131 et letechnétium 99m, liés aux services decancérologie. “Nous sommes confron-tés à leur période radioactive très cour-te –huit jours pour l’iode 131, six heures

pour le technétium 99m–, qui rend leurdétection difficile et nous oblige à traiternos échantillons en express”, reconnaîtNathalie Chaptal-Gradoz. �

Repères N°09 I avril 2011

eillance

Débutée mi-2008, l’étude du Val de Loireconstitue un prototype des constatsradiologiques régionaux. Le territoire a étédéfini autour de quatre centrales nucléaires deproduction d’électricité : Belleville-sur-Loire,Dampierre-en-Burly, Saint-Laurent-des-Eaux etChinon. L’étude s’est particulièrement intéresséeaux denrées alimentaires, pour lesquelles peu de données étaient disponibles. En plus des productions de référence à l’échellenationale (lait, salade), le vin, les asperges,les concombres et la viande, productionsdominantes sur le territoire étudié, ont étésélectionnés. L’étude a donné lieu à quatremissions, au cours desquelles 72 échantillons

ont été prélevés, dont deux tiers en zone non influencée par les centrales. Conclusion :les résultats témoignent essentiellement du bruit de fond naturel et de la rémanence des dépôts anciens des retombées des tirsatmosphériques d’armes nucléaires et del’accident de Tchernobyl. S’agissant de l’impactdes installations nucléaires locales, seules des valeurs en cobalt 58 et 60 et argent 110m,faibles au demeurant, ont pu être observéessporadiquement en milieu aquatique, à l’avalimmédiat des rejets. “Un constat, ça permetsurtout de vérifier que l’état de l’environnementest sain du point de vue radiologique”,conclut Nathalie Chaptal-Gradoz.

L’étude prototype du Val de Loire

7

teur de vin, ou tel chasseur de sanglier”,illustre Nathalie Chaptal-Gradoz. D’au-tres denrées sont systématiquementétudiées, comme la salade et le lait.Objet d’une surveillance nationale, ellesautorisent des comparaisons avec des“chroniques” (séries de mesures éta-lées dans le temps) déjà disponibles.

Mesures plus précisesCe travail serait incomplet s’il ne four-nissait que des informations semi-quan-titatives ou qualitatives. L’IRSN utilisedonc les méthodes les plus perfor-mantes pour le prélèvement, la prépa-ration et l’analyse métrologique deséchantillons, afin de quantifier préci-sément le niveau de contamination.“Savoir que la radioactivité est inférieu-re à la limite de détection ne nous suffitpas, nous voulons des chiffres”, rap-porte Michel Eimer. “Les méthodesd’analyse sont plus longues et plus com-plexes, mais mettent en évidence desmarquages de l’environnement plus dis-crets, ajoute Nathalie Chaptal-Gradoz.Autre avantage: quand on connaît leniveau de contamination exact, et qu’ondispose d’une riche base de données, onpeut donner des équivalences, plus par-lantes pour le public qu’un chiffre enbecquerel par mètre cube ou par kilo.”Connaître le niveau de radioactivité“habituel” rassure aussi face à une pol-lution suspectée. À l’image de ce quis’est passé l’été dernier, quand lesgrands incendies en Russie ont faitcraindre une libération de césium 137des forêts contaminées par Tcherno-byl : l’IRSN a pu informer les pouvoirspublics et la population française grâceà ses chroniques de mesures du niveaud’activité de ce radionucléide dans l’air,

Orléans

N I È V R E

L O I R E T

Y O N N EY O

C H E R

Poisson

Lait devache

Vin

Viandede bœuf

Feuillede chêneSol

Myriophylle

Légumefeuille

Concombre

Asperge

Châteauneuf-sur-Loire

Sully-sur-Loire

GienCentrale

de Dampierre-en-Burly

Centralede Belleville-

sur-Loire

Sancerre

Cosne-Cours-sur-Loire

10 km0

1

3

4

2

Châtillon-sur-Loire

LOIRE

Centralenucléaire

Île de laRéunion Étude

terminée

Étudeen cours

Étude enpréparation

Une technicienne réalise la radiochimie d’un radionucléide.

Herv

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Pour en savoir plus : www.irsn.fr,rubrique Avis et rapports>Rapports d’expertise>Surveillance de l’environnement

www

Val de Loire : prélèvements sur une zone

1. Val de Loire : étude prototype, commencée en 2008 et terminée en 2010.

2. Vallée du Rhône, 2009-2012 : territoirefrançais très nucléarisé, avec une large palette de radionucléides recherchés.Une quinzaine de missions de repérage sur le terrain et de campagnes de prélèvement

(trois jours en moyenne à deux personnes) ont déjà été réalisées sur place.

3. Grand Sud-Ouest, 2009-2012 : huit missionsont déjà été effectuées.

4. Quart nord-est, 2010-2013 : les premièrescampagnes de terrain datent de l’été 2010.

QUATRE TERRITOIRES À L’ÉTUDE

Magali Delporte/IRSN

Une technicienne réalise la radiochimie d’un radionucléide.

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Noak / Le Bar Floréal / IRSNmorganimation/Fotolia.com

Le rôle des TSOen Europe p.11

Six témoignages sur lesactions au quotidien p.

8Repères N°09 I avril 2011

Des experts de l’IRSN en visite sur le chantier de construction d’EPR sur le site d’Olkiluoto (Finlande).

La principale mission des organismestechniques de sûreté (technical safetyorganizations ou TSO) est d’évaluer la sûreté des installations nucléaireset les risques radiologiques sur desbases scientifiques. Ce n’est pas tout.Aujourd’hui regroupés dans le réseauEtson, ils interviennent aussi dans la recherche, dans les choix futurs,dans la formation ou encore dansl’ouverture aux citoyens.

Faire avancerla sûreté et laradioprotection

Faire avancerla sûreté et laradioprotection

Réseau Etson

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9 Repères N°09 I avril 2011

2010 du VUJE slovaque. La mêmeannée est arrivé le SSTC ukrainien entant que membre associé (car pays nonmembre de l’Union européenne), demême que le JNES japonais, début2011. “Les TSO de plusieurs pays d’Europe ont fait part de leur souhait de rejoindre le réseau”, précise HansSteinhauer, directeur du GRS.Ce développement a nécessité de doterEtson d’un statut et d’une structurelogistique propre qui assure sa vie auquotidien : secrétariat technique, ges-tion du site internet, etc. C’est finale-ment le statut français d’association loi1901, le plus souple identifié après untour d’horizon européen, qui a étéchoisi en 2010.Aujourd’hui, le réseau Etson regroupeles directeurs des TSO partenaires, quidiscutent des orientations à prendrepour améliorer la sûreté nucléaire. Cesorientations se concrétisent dans troisautres structures, dédiées à des activi-tés ciblées.

Être appui technique,mais pas seulement…Organisation. Réunis dans le réseau Etson, les TSO font avancer la sûreté à travers différentes structures et conseillent utilement la Commission européenne.

DOSSIER

Quel est le point communentre l’IRSN français, leGRS allemand, le Bel Vbelge, l’UJV tchèque, le VTTfinlandais, le LEI lituanien

ou le VUJE slovaque ? Réponse : cesont tous des organismes techniquesde sûreté appelés TSO, des organismesexperts de la sûreté nucléaire et quiassurent l’appui technique de leur auto-rité de sûreté nationale.

N’est pas TSO qui veutLes TSO doivent répondre à certainesexigences: être un organisme public ouprivé à but non lucratif, effectuer desévaluations de sûreté dans le respect dudroit, développer et maintenir unniveau élevé de compétence, etc. “Pourrésumer, un TSO doit disposer deconnaissances pointues en sûreténucléaire, y compris en recherche, etêtre également actif dans la pratique,c’est-à-dire émettre un avis techniquesur des installations. Il doit égalementrespecter une déontologie d’indépen-dance et d’impartialité. Autrement dit,être compétent et indépendant”, synthé-tise Édouard Scott de Martinville, direc-teur délégué aux relations internatio-nales de l’IRSN.Etson est issu de la décision des troismembres fondateurs, l’IRSN, le GRS etBel V, de regrouper les TSO en réseaueuropéen. Né en 2006, il est aujourd’huiprésidé par Jacques Repussard, direc-teur général de l’IRSN. Deux annéesplus tard, l’UJV tchèque et le VTT fin-landais sont venus grossir les rangs,suivis en 2009 du LEI lituanien, puis en

Couverture crédit illustration: ©morganimation/Fotolia.com/Emapress/Philippe Puiseux

L’organisation au service des TSO

ETSONCréé en 2006

Orientations politiques

RISKAUDITCréé en 1992

Expertise et sûreté

EUROSAFECréé en 1999Recherche et

communication scientifique

ENSTTICréé en 2009

Formation et tutorat

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10Repères N°09 I avril 2011

� � AIEA : Agence internationale de l’énergieatomique � Enstti : European Nuclear Safe-ty Training and Tutoring Institute � Etson :European TSO Network �GRS: Gesellschaftfür Anlagen- und Reaktorsicherheit� IRSN :Institut français de radioprotection et de sûre-té nucléaire � JNES : Japan Nuclear EnergySafety organization � LEI : Lithuanian Ener-gy Institute � Sarnet : Severe AccidentResearch Network of excellence � SSTC :State Scientific and Technical Center of nuclearand radiation safety � TSO : technical safe-ty organizations � UJV : Ustav JadernehoVyzkumu � VUJE : Vyskumny Ustav Jadro-vych Elektrarni.

LEXIQUE

Première d’entre elles : Riskaudit, grou-pement européen d’intérêt écono-mique, créé en 1992 par l’IRSN et leGRS. “Il a pour objectif de développerles activités de ces organismes dans ledomaine de la protection de l’homme etde l’environnement contre les risquestechnologiques. Pour cela, il négocie,conclut et gère des contrats pour lecompte de l’IRSN et de GRS en y asso-ciant les capacités d’autres supportstechniques principalement européens,dont les TSO d’Etson”, explique JoëlBardelay, cogérant de Riskaudit.La seconde structure à laquelle parti-cipe le réseau Etson, à savoir Eurosafe,est une organisation informelle de par-tage d’expérience et de communicationentre spécialistes (forums, publications,site web). Créée en 1999, elle accueillede nombreux membres. Elle organisechaque année le Forum Eurosafe,grande conférence de la sûreté. Auxmanettes des programmes: les TSO, etnotamment l’IRSN qui organise unforum sur trois et gère la moitié despublications. Cette démarche com-prend l’élaboration en commun deguides d’évaluation de sûreté ainsi que

la concertation sur les programmes derecherches nécessaires.Troisième structure où sont engagésdes membres d’Etson , l’Enstti, chargéde l’organisation de la formation conti-nue et du tutorat, mis en place fin 2009.Les formations sont, elles, assurées pardes membres des TSO.

De l’Europe au mondeL’extension d’Etson ne semble pas prèsde s’arrêter. “Les discussions de ladeuxième conférence sur les défis à rele-ver par les TSO, organisée en octobredernier par l’AIEA au Japon, soulignentqu’Etson est reconnu à travers le monde,confirme Hans Steinhauer. L’adhésionde la JNES en apporte la preuve. L’ex-pertise en sûreté est très demandée dansle monde. Les États “nouveaux venus”,comme l’Égypte, la Jordanie, le Viêtnam,la Turquie, font face à des défis spéci-fiques en raison des lacunes de leurinfrastructure. Etson soutiendra leurs

autorités réglementaires.” Avant d’ajou-ter : “L’AIEA encourage l’établissementd’un forum mondial des TSO pour aiderces pays. Etson occupe une positionunique pour assumer un rôle principaldans ce processus.” �

Pour en savoir plus sur Etson : www.eurosafe-forum.org, rubriquesEuropean TSO Network et Eurosafe Tribune; www.irsn.fr, rubrique Base deconnaissances >Installations nucléaires >Coopération internationale ensûreté nucléaire >“Réseau Etson : L’école d’été des organismes de sûreté”

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DOSSIER RÉSEAU ETSON: FAIRE AVANCER LA SÛRETÉ ET LA

L’implantation des TSO, membres d’Etson

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11 Repères N°09 I avril 2011

Le rôle des TSOen EuropeRéglementation. Les TSO apportent assistancetechnique et harmonisation. Demain, ils pourraientfournir l’expertise à la base de la réglementation.

RADIOPROTECTION DOSSIER

25 mars 1957 : la Commu-nauté européenne del’énergie atomique, Eura-

tom, naît de la volonté d’organiser lacoopération en matière de nucléairecivil. L’ambition du traité Euratom estclaire : bâtir une industrie nucléairede grande échelle, garantissant l’in-dépendance énergétique des Six 1.Paradoxalement, il a fallu attendre le25 juin 2009 pour que soit signée unedirective-cadre fixant les principesde la sûreté : 2009/71/Euratom. Sesdispositions se révèlent contrai-gnantes, puisque les 27 États mem-bres 2 devront avoir achevé sa trans-position dans leur législation natio-nale avant le 22 juillet 2011. Dans ce cadre réglementaire com-plexe, quelle est la place des TSO ?“Ils apportent une assistance tech-nique à l’autorité de sûreté, répondWolfgang Hilden, chef de secteur encharge de la sûreté nucléaire et de lagestion des déchets au sein de laCommission européenne. La direc-tive de 2009 le souligne de manièreparticulière: l’article 5 prévoit en effetla mise en place d’une autorité desûreté compétente et fonctionnelle-ment séparée de toute structure encharge de la promotion ou de l’utili-sation de l’énergie nucléaire, y com-pris la production d’électricité, afind’assurer son indépendance. Pour lesTSO, cela signifie que l’autorité desûreté doit s’assurer que les conseilsde ces derniers ne soient pas biaiséset conserver les compétences néces-saires pour évaluer le sujet délégué àun TSO afin de juger des résultats.”

Harmoniser les pratiquesd’évaluation de sûretéAutre dimension réglementaire àlaquelle participent les TSO: l’harmo-nisation, en contribuant au rappro-chement des pratiques et des règlesen place dans les différents pays en

matière de sûreté. “Jusqu’alors, lasûreté nucléaire avait toujours étéconsidérée comme une question d’in-térêt national, chaque pays faisant cequ’il souhaitait. Aujourd’hui, dans unephase d’harmonisation pratique etface à la volonté de l’Europe de ren-forcer son cadre réglementaire, lesTSO ont également un rôle à jouer”,considère Marc-Gérard Albert,directeur des affaires internationalesde l’IRSN.Il ne cache pas non plus une autreambition des TSO: celle de contribuerdemain, par leur expertise, à la for-malisation de la base scientifique ettechnique qui inspire et alimente laréglementation. En effet, toute régle-mentation nécessite, en amont, uneréflexion sur les événements, sur lamanière de les gérer, sur le type d’ap-proche à retenir. Par exemple, si l’onveut étudier l’éventualité d’un acci-dent de fusion du cœur des réacteurs,il faut définir le phénomène à obser-ver (le refroidissement par exemple)et le moyen à utiliser (tel qu’un codede modélisation du transfert de cha-leur). “Cette réflexion en amont, plustechnique, pourrait s’appuyer sur l’ex-pertise des TSO. Il ne s’agit pour lemoment que d’un projet. Mais il estenvisageable que les premiers résul-tats soient disponibles dans deux àtrois ans et que des doctrines de sécu-rité communes soient formalisées d’icicinq à dix ans”, poursuit Marc-GérardAlbert. À suivre… �

Dr Eugenijus Uspuras,directeur du LEI(Lituanie).“Au début des années1990, la Lituanie a

hérité de l’ancienneUnion soviétique la

centrale d’Ignalina, dotée dedeux réacteurs RBMK-1500, maisles organisations techniques sontrestées dans les autres pays,notamment en Russie. Nous avonsdû créer une structure capabled’assister le gouvernement et notreinstance de contrôle, le Vatesi. La réorganisation d’un TSO anécessité l’aide de l’Allemagne, desÉtats-Unis, de la France, du Japonet de l’Angleterre. Le LEI coopèreavec des groupes de l’Est et del’Ouest : une collaboration avec leGRS (Allemagne), relative à lathermohydraulique, à la dynamiquedes neutrons et aux systèmes de confinement en cas d’accident, a débuté en décembre 1992 ; une autre avec des experts des paysde l’Ouest, dont les Français, lesAllemands, les Italiens, les Suédois,les Anglais et les Américains, a permis la publication en 1996 du premier rapport d’analyse desûreté sur des réacteurs RBMK.”

Seppo Vuori,chercheurscientifique en chefde VTT (Finlande)“Outre les actions

communes au seind’Eurosafe (forum,

publications, méthodes d’expertise,programmes de recherche), les TSO membres du réseau Etsonpossèdent une expérience decoopération, notamment à traversles programmes d’aidecommunautaire en sûreté aux paysd’Europe centrale et orientale, et maintenant aux nouveaux paysnucléaires. VTT a jugé judicieux de poursuivre cette fructueusecollaboration au travers denouvelles activités : celles desmembres du réseau Etson.”

Parole aux TSOpartenaires

1. Les six pays qui ont signé l’acte fondateur de la Communauté économique européenne(CEE) le 25 mars 1957 : l’Allemagne, la France, l’Italie et les trois pays du Benelux– Belgique, Pays-Bas et Luxembourg.

2. Les membres de l’actuelle Europe des 27 sont : Allemagne, Autriche, Belgique,Bulgarie, Chypre, Danemark, Espagne,Estonie, Finlande, France, Grèce, Hongrie,Irlande, Italie, Lettonie, Lituanie, Luxembourg,Malte, Pays-Bas, Pologne, Portugal,République tchèque, Roumanie, Royaume-Uni, Slovaquie, Slovénie, Suède.

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12Repères N°09 I avril 2011

laisse entrevoir la nécessité de nou-velles itérations…”

www.riskaudit-int.org

R ECH E RCH E Capitaliser lesconnaissances acquisesJean-Pierre Van Dorsselaere, coordonnateur du réseaueuropéen Sarnet de recherche sur les accidents de fusiondu cœur des réacteurs nucléaires

“Sarnet a été créé pour optimiser l’usa-ge des ressources en harmonisant lesprogrammes de recherche, pérenniserles compétences et diffuser la connais-sance. Son atout : sa capacité à identi-fier les priorités de recherche et à pro-poser des programmes adéquats. Sarnet rassemble 42 organismes de21 pays (dont, hors Europe, les États-Unis, la Corée du Sud et le Canada)parmi lesquels figurent huit TSO et envi-ron 250 chercheurs. Ces TSO fournissent au réseau les ré-sultats de leurs programmes ou de leurslogiciels de simulation numérique etcontribuent à une interprétationconjointe des programmes expérimen-taux partagés par le réseau. Le logicielAstec, développé par l’IRSN et le GRS,en est une illustration concrète. Déjàapplicable à la plupart des réacteurs àeau sous pression de génération II et III,il est mis à la disposition des membres

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DOSSIER RÉSEAU ETSON: FAIRE AVANCER LA SÛRETÉ ET LA

� � BNRA: Bulgarian Nuclear Regulatory Agency ;� � Sarnet : Severe Accident Research Network

of Excellence ;� Snetp : Sustainable Nuclear Energy Technology

Platform.

LEXIQUE

EXPERTISE. Construction de lacentrale de Béléné (Bulgarie).

RECHERCHE. Les résultats expérimentaux sont analysés par les membres du réseau Sarnet.

EXPERTISE Évaluer la sûreté desréacteurs de Béléné (Bulgarie)Bruna Giovanni, adjoint au directeur à la sûreté des réacteurs de l’IRSN et coresponsable technique (avec le GRS) des projets Béléné pour Riskaudit

“En 2006, la Bulgarie a choisi deux réac-teurs russes VVER pour la constructionde deux tranches de 1000 MWe sur lesite de Béléné, au nord du pays. En2008, l’autorité de sûreté bulgare, laBNRA, a contacté Riskaudit pour uneévaluation des 10000 pages du rapportpréliminaire de sûreté remis par leconstructeur, et pour des études com-plémentaires, notamment sur le récu-pérateur du cœur en cas de fusion. Au terme de ce premier travail d’un an,350 recommandations, dont plus de250 de classe 1 ou 2 (donc indispen-sables ou importantes), ont été émises.Le concepteur a dû revoir sa copiedébut 2010 et Riskaudit a été de nou-veau sollicité pour vérifier la pertinencedes réponses apportées. Début 2011,50 recommandations de niveau 1 res-tent sans réponse convenable, ce qui

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du réseau qui contribuent à sa valida-tion. L’IRSN et le GRS assurent la for-mation et le support à l’utilisation dulogiciel et intègrent les modèles phy-siques proposés par le réseau, capitali-sant ainsi les connaissances acquises.”

www.sar-net.eu

ORIENTATION Définir les axes derecherche pour les 40 prochainesannéesÉdouard Scott de Martinville, directeur délégué aux relations internationales de l’IRSN

“La plateforme technologique pour uneénergie nucléaire durable ou Snetpregroupe les principaux décideurs euro-péens du nucléaire. Les TSO occupentune place reconnue dans cette structure,à tous les niveaux : au conseil d’admi-nistration (l’allemand GRS), au comitéexécutif, où ils sont représentés parl’IRSN, mais aussi dans les groupes detravail définissant les axes de recherchedes quarante prochaines années et leurstratégie de déploiement. Cela favorisela sûreté des réacteurs de génération IIet III, mais aussi de génération IV.”

www.snetp.eu

FORMATION Un apprentissagecommun pour une génération d’expertsDidier Louvat, directeur gérant de l’Enstti“L’Enstti est créé par les TSO pour satis-faire leurs besoins de formation, ensûreté, sécurité et radioprotection, etouvrir leurs actions de formation à despartenaires extérieurs. Les TSO y sontprofesseurs et élèves: en 2010, la pre-mière formation a été dispensée par desmembres des TSO, tandis que les40 participants venaient pour un quartdes TSO, pour la moitié d’organisationseuropéennes de sûreté et pour le quartrestant de pays non européens. Cette mutualisation harmonise les mé-thodes de sûreté, tant par cet apprentis-sage commun que par les contacts quise tissent entre les élèves et les forma-teurs. En 2011, il est prévu de poursuivreces activités et de mettre en place dututorat. Au total, 48 mois de stage en immersion à l’IRSN et 24 mois auGRS sont déjà programmés.”

www.enstti.euwww

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Agir au quotidienExemples. De l’expertise à l’ouverture à la société,nombreux sont les domaines d’intervention des TSO.Aperçu à travers six témoignages.

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13 Repères N°09 I avril 2011

Arrivant à maturité, Etson vamaintenant travailler à laconsolidation de ses acquis et

à l’élargissement du groupe des par-tenaires accueillis. Le réseau va sur-tout travailler au renforcement desliens entre les TSO : il veut promou-voir la solidarité entre organismestechniques de sûreté, de façon àconforter la compréhension et lesoutien mutuel qu’ils peuvent s’ap-porter en cas de besoin. Cela com-prend l’aide technique sur les sujetsde pointe, mais aussi le travail encommun sur des cas d’expertise. Cesoutien ira bien sûr en premier lieuà la JNES 1 : le TSO japonais ayantintégré le réseau au début de cetteannée, Etson répondra aux besoinsde son nouveau partenaire et pro-duira les expertises qu’il pourra luiapporter.En cinq ans, que de chemin parcou-ru! Les affinités entre les organismestechniques de sûreté européens ontpris une expression très concrète etles activités menées en commun cou-vrent maintenant la totalité des acti-vités potentielles d’un TSO. La notionde TSO s’est précisée : apporter lesupport technique nécessaire auxautorités de sûreté et de sécurité etdévelopper les compétences scienti-fiques utiles pour produire une ana-lyse technique au meilleur niveau.Des critères à remplir pour faire par-tie de l’association Etson.Plus claire, la notion de TSO est aussimieux défendue depuis que des orga-nismes internationaux commel’Agence internationale de l’énergieatomique et la Commission euro-péenne ont reconnu leur importanceparmi l’ensemble des acteurs desûreté. À côté des activités du grou-pement d’intérêt économique Riskau-dit et du forum de recherche Euro-safe, des groupes de travail dédiés à

la formalisation des méthodes com-munes d’évaluation de sûreté ont étérenforcés. Les compétences dévelop-pées par les nouveaux ingénieurs desûreté sont accessibles à tous au tra-vers de l’institut de formation et detutorat, Enstti. Le groupe des TSOs’est enrichi progressivement pourpasser à sept membres européens etdeux membres associés. Les statutsd’Etson ont donc pris une assise juri-dique pour permettre le fonctionne-ment d’un groupe plus important.

Après FukushimaEtson est aussi en train de devenir unpartenaire des organisations interna-tionales. Il vient d’être saisi par ledirecteur de l’énergie de la Commis-sion européenne pour définir les testsà réaliser afin d’évaluer la solidité desinstallations nucléaires et de leurmanagement en cas d’accident; c’estl’une des premières conséquencesde l’accident à Fukushima 1. Il espèreégalement, dans l’avenir, faire profi-ter à l’ensemble de la Communautéeuropéenne des méthodes pratiquesd’évaluation de sûreté en cours d’har-monisation et de rédaction entre lespartenaires d’Etson. Le changementd’échelle et de statut d’Etson va doncpermettre de faire avancer la sûretéet la radioprotection en agissant auniveau national et international. �

Perspectives. Désormais bien installé, le réseau Etson vaconsolider ses acquis et renforcer les liens entre TSO. Il soutiendra son nouveau partenaire japonais JNES.

Harmonisation et solidarité

RÉGLEMENTATION Participer àl’élaboration de doctrines de sûretéPieter De Gelder, chef du département d’analyse de sûreténucléaire et de radioprotection au TSO Bel V (Belgique)

“Les TSO jouent un rôle primordialdans la définition des stratégies desûreté, en développant une expertisedans différents domaines, comme lesétudes probabilistes [évaluation desrisques fondée sur une investigationsystématique des scénarios acciden-tels]. Autre illustration, les réacteurs degénération III des centrales de Flaman-ville 3 (France) et Olkiluoto 3 (Finlande):les TSO ont participé à l’évaluation desanalyses de sûreté présentées par lesconcepteurs et les exploitants. Enfin, la gestion du vieillissement desinstallations : certains exploitants pré-voient de faire fonctionner des cen-trales au-delà de la durée de vie pré-vue lors de la conception ; avant queles autorités de sûreté puissent rendreun avis favorable, les TSO auront unrôle à jouer dans l’évaluation du pro-gramme de gestion du vieillissementdes installations mis en œuvre par lesexploitants.”

TRANSPARENCE Donner accès àl’expertise pour que les citoyensparticipentLudivine Gilli, chargée de mission transparence et accès à l’expertise à l’IRSN

“Depuis 2009, une réflexion se poursuitau niveau européen sur la mise en œu-vre, dans le nucléaire, de la conventiond’Aarhus sur l’accès du public à l’infor-mation, à la participation et à la justiceen matière d’environnement. Il en estressorti l’importance de l’accès à l’ex-pertise pour garantir une participationefficace des citoyens, mais aussi les dif-ficultés associées : complexité techniqueet confidentialité des données. Dans ce contexte, la Commission euro-péenne, l’Association nationale descommissions et comités locaux d’infor-mation et l’IRSN ont coorganisé en jan-vier une table ronde à Luxembourg. Ellea réuni 80 participants d’une quinzainede pays issus de tous horizons et a étél’occasion de débattre des enjeux et desconditions qui permettent aux citoyensde construire leur propre questionne-ment sur le nucléaire et d’être des par-ticipants actifs.”

www.irsn.fr, mot-clé ”Aarhus”www

RADIOPROTECTION DOSSIER

Étude pour le stockage définitif en silosgranitiques dans des cylindres de cuivre, à Oskarshamn en Suède.

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/IRSN

1. Japan Nuclear Energy Safety Organization.

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14Repères N°05 I avril 2010

les propositions que je suggère sontécoutées, voire prises en compte ausein des groupes de travail. L’accidentde Tchernobyl et le défaut de commu-nication des autorités sur le sujet ontlargement mis à mal la confiance de lasociété civile : je peux vous dire que laquestion du nucléaire reste très polé-mique entre associations environne-mentales ! L’ouverture est encore vueavec suspicion par beaucoup d’entreelles. Je dois avouer que, malgré une pré-sence régulière dans bon nombre decommissions, il m’arrive encore dedouter des informations données lorsd’incidents tels ceux du Tricastinrécemment. Cette méfiance tenaceperdure et fait que très peu d’associa-tions acceptent de participer auxréunions. Il est reproché à l’associa-tion EDA d’être “l’alibi” des institu-tions, l’ouverture à la société n’étantpour beaucoup qu’une façade “verte”.

Pourquoi avoir accepté d’entrer dans ces groupes de travail? Que vous apportent-ils?A. V. : Nous soutenons les actions duréseau Sortir du nucléaire, mais noussommes pragmatiques : la France estun pays hypernucléarisé, avec des cen-trales vieillissantes. Que se passera-t-il, demain, en cas d’accident? Parti-ciper aux groupes de travail sur la ges-tion postaccidentelle, c’est espérer faireen sorte que les conséquences d’unéventuel accident soient moins désas-treuses. Quand je participe, je laisse decôté mes convictions personnelles. Je

n’ai jamais eu le sentiment que mesquestions, remarques, argumentssoient censurés… Je suis consciented’être atypique, à contre-courant mêmede la position des associations quenous avons l’habitude de côtoyer. C’estparfois conflictuel, bien sûr. “Traître”?Non, plutôt relais!M.-S. J. : C’est plus facile pour moi.J’ai, d’un côté, des patients qui de-mandent avant tout à être informés surles risques et, de l’autre, des expertsqui ne savent pas toujours commentcommuniquer. Finalement, l’objectifest le même pour tous : promouvoirl’information. Avec le groupe de travailde l’IRSN auquel je participe, nousallons publier une plaquette d’informa-tion à destination des usagers, sur lesrisques potentiels associés aux actes deradiographies de diagnostic. Nousavons effectué un sondage auprès denos adhérents pour évaluer leur niveaude connaissance sur ce sujet. Le résul-tat montre à quel point ce travail desensibilisation est nécessaire: plus de90 % n’ont jamais été informés desrisques, et n’imaginaient même pasqu’ils puissent exister… À titre personnel, j’apprends beaucoupde ce groupe de travail, de la confron-tation avec les professionnels. Cetteaventure est très enrichissante et m’aouvert les yeux sur le fait qu’on pouvaitrencontrer des gens différents, d’undomaine éloigné du nôtre et très spéci-fique, et pour autant discuter.A. V. : De par ces échanges, ces tra-vaux, j’ai découvert toute la complexitédes problèmes posés… et c’est ce que

Regards croi

À RETENIR� Dans le domaine du nucléaire, encore

beaucoup de méfiance de la part des associationsface aux instances.

� Nécessité de trouver un langage communentre experts et citoyens.

� Faibles connaissances de la société civile sur les sujets de la radioprotection et de la sûreté nucléaire.

L’ouverture à la société civile passe aussi par la mise en place d’unet associations. Deux membres d’associations, issus de la santé et

� Marie-Solange Julia Issue d’une famille d’avocats et philosophe de formation, elle préside

depuis près de trente ans la fédération des Associations d’aide aux victimesd’accidents médicaux (Aviam). À ce titre, elle participe au groupe

de travail mis en place par l’IRSN sur l’information despatients dans le domaine de la radioprotection liée

aux actes de radiodiagnostic.

Repères N°09 I avril 2011

DÉBAT LES POINTS DE VUE DE LA SOCIÉTÉ CIVILE SONT-ILS

Repères : Le nucléaire s’ouvre à la société civile. Les groupes de travailmis en place dans cette optiquepermettent-ils une réelle participationdes associations, ou est-ce seulement une pluralité de façade?Marie-Solange Julia : De ma propreexpérience dans le domaine de lasanté et de la radioprotection, non, cen’est pas une pluralité de façade. Nousavons vraiment le sentiment d’êtreécoutés et les instances publiques sontdemandeuses de nos témoignagesd’usagers.Anita Villers : Je n’ai pas le sentimentde “pluralité de façade”. Je pense participeractivement, car

Les propositions des associatifs sont bien accueillies par les experts.

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j’essaie d’expliquer aux membres duréseau associatif auquel l’associationEDA appartient. Ma situation resteambiguë : je suis partagée entre l’im-portance que j’accorde à ces travauxet la difficulté de me retrouver ensuitesur le gril vis-à-vis des autres associa-tions en essayant de les convaincre dela nécessité de participer et dedébattre. Je reste convaincue que lapolitique de la chaise vide n’a jamaisfait avancer les choses. Plus les asso-ciations seront nombreuses à s’asseoirautour de la table, plus la préventionet la gestion des risques seront effi-caces.

Comment discute-t-on de sujets aussi pointus que la sûreté nucléaireou la radioprotection, surtout avec des experts, au langage parfois châtié,“trop” spécialisé?A. V. : Il est vrai que les premières par-ticipations perturbent : suis-je à maplace? Vais-je pouvoir comprendre les“codes spécifiques” du langage desexperts, les sigles nouveaux ? Mais,chemin faisant, je m’aperçois qu’il faut“oser”, même si l’on ne se sent pas “àniveau”. Au contraire, notre rôle n’estpas de devenir spécialiste de la ques-tion, mais d’apporter notre “expé-rience” de terrain dans un souci decomplémentarité vis-à-vis de l’objec-tif poursuivi.M.-S. J. : Il y a des efforts à faire pourtrouver un langage commun. Il est, àmon sens, du devoir des experts de semettre au niveau de ceux qui ne saventpas. On peut, à ce titre, regretter quedans le milieu médical, il y ait encoreune forte culture de scission entreceux qui savent (le corps médical) etceux qui ne savent pas (les patients)…Il reste du chemin à parcourir.A. V. : Participer régu-lièrement aux groupes detravail permet d’être au

M.-S. J. : Il reste de gros efforts à fairepour sensibiliser tout un chacun. Nousavons, par exemple, demandé auxmembres de notre réseau d’aller surle site Internet de l’IRSN et de nousdire ce qu’ils en pensaient. Premierconstat : l’IRSN est très peu connu, sice n’est des personnes déjà sensibili-sées à l’environnement. Et tous onttrouvé que la navigation sur le siteétait compliquée et le vocabulaire dif-ficilement accessible. L’ouverturepasse pourtant, en premier lieu, parlà : être connu du grand public et utili-ser un langage qui lui est accessible.�

Pour en savoir plus : www.aviamfrance.orgwww.eda-lille.org

www

sés de militantesdialogue entre institut public de l’environnement, débattent.

� Anita Villers Lorsqu’elle quitte l’Éducation nationale après avoir

exercé comme institutrice en école maternelle, elle se consacre à l’association nordiste Environnement

et développement alternatif (EDA), affiliée,entre autres, au réseau Sortir dunucléaire. Elle siège depuis 2005 aucomité directeur postaccident de l’ASN.En tant que membre de l’Anccli(Association nationale des commissionset comités locaux d’information),elle participe au groupe de travail sur la gestion postaccidentelle.

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Experts et société civile débattent de la sûreté des réacteurs 900 MWe.

PRIS EN COMPTE ? DÉBATReportage photos : Magali Delporte/IRSN

fait des thématiques abordées. Je necache pas que cela demande un effort.Les experts que je côtoie sont loind’être distants ! Paradoxalement, lerisque est de devenir “expert” vis-à-vis des membres de l’association etdes réseaux associatifs qui nous sontproches : maintenant, je dois veiller àce que mes propos restent compré-hensibles et surtout à ne pas m’éloi-gner du “terrain” !

N’y a-t-il pas un risque que l’ouverture à la société se cantonne à un dialogueavec des experts citoyens? Qu’en est-il des citoyens?A. V. : Beaucoup de gens se désinté-ressent en effet du nucléaire au pré-texte que ce sujet est trop compliqué.

Repères N°09 I avril 2011

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d’années. “L’IRSN cherche à compren-dre pourquoi le plutonium migre à unevitesse bien plus élevée que prévu”,explique Didier Gay. Une vitesse liée àsa forme physico-chimique, elle-mêmepotentiellement liée à l’activité micro-bienne dans le sol. Cette question faitl’objet de travaux lancés par l’IRSN avecle CNRS. “Les microorganismes peu-vent piéger certains radionucléides enfavorisant la formation de minéraux aux-quels ils se trouvent incorporés; ils peu-vent aussi conduire à la formation decolloïdes, particules interagissant peuavec les sols.” Le plutonium serait ainsicoincé à l’intérieur d’un vecteur qui letransporterait à grande vitesse dans leseaux souterraines.Les chercheurs doivent aussi prévoirles effets à long terme sur la flore et lafaune d’une exposition chronique à cessubstances. Sachant que la sensibilitéaux rayonnements varie d’une espèceà l’autre: “Certains invertébrés sont unmillion de fois moins radiosensibles quedes mammifères”, illustre JacquelineGarnier-Laplace.Et les études sur l’homme ? Depuis2005, l’IRSN suit des enfants habitantles territoires contaminés de Russie etprésentant des pathologies inhabituel-les, non cancéreuses (cataractes, ané-mies, troubles du rythme cardiaque).Les premiers résultats concernant unpossible lien de cause à effet sont at-tendus pour 2013. ■

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délisation. “Nous avons déterminé desparamètres comme le coefficient de dis-tribution, qui exprime la proportion duradionucléide qui se fixe sur les sols etcelle qui reste en solution”, témoigneDidier Gay, spécialiste en sciences de laterre à l’IRSN.

Encore des zones d’ombreCertaines notions ont été ébranlées. Si,comme on le prévoyait, le césium estretenu par le sol et a peu migré depuisles tranchées, une fraction est captéepar les racines des arbres qui le confon-dent avec le potassium, chimiquementproche. Ce flux ascendant est encoreplus important pour le strontium. Sibien que l’on retrouve du césium et dustrontium des racines aux aiguilles dupin. “Pour ces arbres, la voie principaled’exposition des tissus lors de l’accidentétait l’irradiation externe. Vingt-cinq ansplus tard, on observe surtout une conta-mination interne”, poursuit JacquelineGarnier-Laplace.Les connaissances ont beaucoup pro-gressé, mais il reste à apprendre : parexemple, l’américium ou les isotopes duplutonium ont été moins étudiés, car ilsne deviennent les polluants radioactifsdominants qu’au bout de centaines

“L a nature a horreur du vide.”L’aphorisme d’Aristote se véri-fie autour de l’ancienne cen-

trale de Tchernobyl. Une dense végé-tation de bouleaux, d’arbustes etd’espèces herbacées a remplacé la forêtde pins et des espèces animales y ontélu domicile. “Les scientifiques dispo-saient de données suffisantes pour pré-voir les conséquences aiguës à courtterme, mais pas à moyen et long terme.Tchernobyl est une zone unique pourcollecter des données et apprendre”,reconnaît Jacqueline Garnier-Laplace,spécialiste de l’étude du comportementet des effets des radionucléides dansles écosystèmes à l’Institut.Depuis vingt-cinq ans, l’étude du site apermis de collecter des masses de don-nées, de valider des modèles sur un casréel de contamination très hétérogène.L’IRSN, avec des partenaires ukrainienset belges, s’est penché sur le devenir dedeux radionucléides, le césium 137 et lestrontium 90, contenus dans desdéchets enfouis dans une tranchéerecouverte de sable et plantée de pinset de bouleaux. Ils ont observé unemigration du strontium vers la nappephréatique et affiné leurs outils de mo-

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Tchernobyl

Leçons tirées d’un territoire contaminé Que sont devenus les radionucléides de Tchernobyl? Vingt-cinq ans après la catastrophe, des données ont nourriles connaissances des spécialistes en radioécologie.

Conférence anniversaire à KievSi l’accident de Tchernobyl est commémoré chaque année, l’Ukraine marque ce quart de siècleavec une conférence de grande envergure à Kiev, du 20 au 22 avril. Après l’ouverture par leprésident ukrainien, des personnalités internationales s’exprimeront, dont le secrétaire généraldes Nations unies (Ban Ki-moon) et le directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (Yukiya Amano). Côté français, sont invités la ministre de l’Écologie,Nathalie Kosciusko-Morizet, le ministre de l’Énergie, Éric Besson, et le directeur général de l’IRSN, Jacques Repussard, dont l’allocution portera sur “La sûreté nucléaire au XXIe siècle”.L’Institut participe à des sessions techniques avec des présentations sur la sûreté et la radioécologie. Plusieurs centaines de participants sont attendus pour ces trois jours qui se clôtureront par des recommandations… et une visite de la zone de Tchernobyl.

Une dense végétation a repoussé autour de la centrale de Tchernobyl.

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Rapport travailleurs

Le bilan restructuré et enrichigrâce à la concertation

“P lus pratique, plus facile à utili-ser au quotidien”. Le rapport2010 sur la radioprotection des

travailleurs, qui dresse le bilan desexpositions de 320000 travailleurs, asatisfait les médecins du travail et lespersonnes compétentes en radiopro-tection (PCR). Il faut dire que des spé-cialistes extérieurs, utilisateurs poten-tiels des données publiées, avaient étéconviés par l’IRSN à participer à saconception. Interrogé fin 2009 sur le rapport quivenait d’être publié, le groupe de tra-vail a formulé trois critiques majeures.Des informations lui paraissaient man-quer (par exemple, un découpage parsecteurs d’activité qui permet une uti-lisation plus aisée par les médecins dutravail). D’autres ont été jugées tropsuccinctes (dans la recherche, séparerles utilisateurs de sources scellées ounon, pour identifier les groupes lesplus à risque). D’autres, considérées

FÉVRIER

2009 2010 2011

Envoi d’un questionnaireau groupe de travail,appelé à critiquerle rapport en préparation.

Les dates clés du groupe de travail

MAI À OCTOBRE NOVEMBRE JANVIER MARS OCTOBREConstitution du groupe de travail.

Publication du rapport 2009*.

Réunion de bilanpour valider lesévolutions prévuesdans les prochainsrapports et dresserun bilan.

Réunion de travailpour présenter lasynthèse des réponsesau questionnaire etidentifier les thèmesà débattre.

Envoi d’un questionnaireau groupe de travail, appelé à critiquer le rapport en préparation.

Édition 2009 Édition 2010

Le rapport 2010 sur la radioprotection des travailleurs tranche avec les éditionsprécédentes. Un résultat dû à la participation de professionnels extérieurs.

assurant la surveillance individuelle :or, en janvier 2011, alors que débutaitla collecte des données du rapport2010, quatre des huit laboratoires netransmettaient toujours pas leurs don-nées classées par secteurs. Mais “la démarche est engagée, et c’estle principal, résume Isabelle Fitton. Enattendant, la structure du rapport a étérevue pour faciliter sa consultation et larecherche de données, et le contenucomplété par des exemples d’actionsmenées par l’IRSN qui précisent nosmessages de prévention.”À terme, Isabelle Fitton compte utiliserce rapport lors des formations du per-sonnel, afin de replacer les donnéesdosimétriques de l’hôpital Georges-Pompidou dans la perspective des sta-tistiques nationales. Un rapport que,jusque-là, elle n’utilisait jamais. ■

comme peu utiles (le détail des labora-toires ayant réalisé les analyses). “Dans le médical, le rapport ne distin-guait pas radiologies diagnostique etinterventionnelle”, témoigne IsabelleFitton, PCR à l’hôpital européenGeorges-Pompidou (Paris) et membredu groupe de travail. “Entre un radio-logue qui interprète des examens et unradiologue interventionnel exposé quo-tidiennement aux rayonnements, carpositionné au plus près du tube derayons X lors des opérations, le risquen’est pas le même. Le rapport devaitévoluer vers des sous-groupes pourplus de précision.”

La version 2010 revue et corrigéeDont acte en 2010. “Les secteurs sontmieux différenciés, surtout au niveau dumédical”, déclare Christine Gauron,conseiller médical en radioprotectionà l’Institut national de recherche et desécurité pour la prévention des acci-dents du travail et des maladies profes-sionnelles (INRS). “Le rapport s’est aussienrichi d’une partie sur la radioactiviténaturelle. En revanche, pour le secteurindustriel, nous ne disposons toujourspas de données par secteurs d’activité,ni par métiers, reconnaît Juliette Feuar-dent, ingénieure radioprotection char-gée de la coordination de ce rapport àl’IRSN. Pour y parvenir, nous avons dif-fusé, dès 2009, une nomenclature dessecteurs et des métiers.” Mais celanécessitera l’adhésion des laboratoires

Pour en savoir plus : siseri.irsn.fr, rubrique Bilans >Bilan exposition travailleur

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Une expertise plurielleLe groupe de travail représente lensembledes secteurs et intervenants. On dénombre :• pour les secteurs: 7 représentants du secteur nucléaire, 3 de l’industrie non nucléaire, 4 du médical, 3 de larecherche et 1 de la défense;• parmi les intervenants: 2 médecins du travail, 2 PCR, 4 représentants destravailleurs, 3 représentants des employeurs,2 institutionnels et 2 partenaires publics.

OUVERTURE À LA SOCIÉTÉ

*Rapport “La radioprotection des travailleurs: exposition professionnelle aux rayonnements ionisants en France”.

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Une manipulatrice radio prépare une injection pour une scintigraphie.

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Repères N°09 I avril 2011

ENJEUX & STRATÉGIE

“L’action de l’Institut, enqualité d’opérateur de l’État, est suivie au traversd’indicateurs de perfor-mance – par exemple, celuide la publimétrie, de la satis-faction des clients institu-tionnels ou du nombre delicences de logiciels de calcul utilisées à l’inter-national”, résume SylvieSupervil, directrice adjointede la stratégie, du dévelop-pement et des partenariatsde l’IRSN. Elle est chargée

de coordonner l’élaboration du COB,avec l’appui d’un comité de pilotage etd’un comité technique. Ce deuxième contrat s’inscrit dans ladroite ligne de son prédécesseur. “Iln’y a pas de rupture, confirme-t-elle.Les quatre axes prioritaires restent pra-tiquement identiques : la recherche,l’appui aux pouvoirs publics et auxautres clients, la transparence et l’ou-verture à la société civile, et la présenceà l’international.”Pour autant, le COB ne se limite pas àla seule définition des axes stratégiques.

Il les décline en enjeux opérationnels,présentés domaine par domaine (sû-reté, sécurité et non-prolifération,radioprotection, crise) avec, nouveauté,un chapitre sur la mise en perspectivedes risques. Cette édition s’est aussiadaptée à l’actualité: le vieillissementdes centrales et l’optimisation des pra-tiques, par exemple en radiothérapiemédicale, sont mis en exergue.

Améliorer la gouvernanceTroisième et dernier chapitre du COB :le pilotage de l’Institut. “À la différencedu premier contrat, qui correspondaità la mise en ordre de marche de l’Ins-titut, le COB 2010-2013 propose desvoies d’évolution ou d’amélioration”,résume Sylvie Supervil. Avant deconclure: “Ce contrat offre à l’État unevisibilité de l’action publique et de l’uti-lisation des deniers publics, et au per-sonnel de l’IRSN, un document per-mettant d’identifier les grands objectifsconfiés à l’Institut pour ces quatre ans.Pour autant, il faut garder en tête qu’ils’agit d’un document non exhaustif desactions menées et, surtout, d’un contratunilatéral qui fixe des objectifs, maisaucunement des moyens.” ■

Pour en savoir plus : www.irsn.fr,rubrique L’IRSN >Gouvernance:“Contrat d’objectifs État-IRSN”;rubrique Base de connaissances>Librairie >Publications institution-nelles >Rapport d’activité 2009

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Contrat d’objectifs (COB) 2010-2013

La stratégie del’IRSN validée

La page 44 du deuxièmecontrat d’objectifs(COB) quadriennal

entre l’État et l’IRSN aurafiguré parmi les sept sujetsdébattus pendant prèsd’un an. Elle aura ainsiretardé la signature duCOB 2010-2013, qui définitl’approche stratégique del’Institut. Cette page portesur l’évolution du mode definancement d’une partiedes activités d’expertise,finalement actée en dé-cembre 2010 avec la loi de financesrectificative. C’est en janvier dernierque le conseil d’administration a pudélibérer sur le contrat, les cinq mi-nistères de tutelle (Industrie, Santé,Défense, Écologie et Recherche) pou-vant maintenant le signer.

Axes stratégiques confortésÉtablissement public subventionné àplus de 70% par l’État, l’IRSN est sou-mis à une démarche de transparence.Cette subvention est discutée tous lesans et votée par les parlementaires.

Il a fallu attendre début 2011 pour que le COB 2010-2013, qui définit l’approche stratégique de l’IRSN, soitfinalisé. Le changement de mode de financement desactivités d’expertise, très discuté, a retardé sa validation.

“Financement: 2011, une réforme essentielle”Régine Bréhier, directrice de la recherche et de l’innovation au ministère de l’Écologie,du Développement durable, des Transports et du Logement (MEDDTL)

“Inscrite au programme 190 du budget de l’État –Recherche dans les domaines de l’énergie,du développement et de l’aménagement durable –, dont j’ai la responsabilité, la subventionpour charge de service public de 213M€ est la principale ressource de l’IRSN. Elle assure lefinancement de ses missions (recherche, appui technique aux pouvoirs publics et à l’ASN,sécurité nucléaire) et permet à l’État de disposer de l’expertise publique des risques nucléaireset radiologiques qui lui est nécessaire. L’instauration par la loi de contribution des exploitantscomplète désormais le financement de l’expertise, en conjuguant transparence des ressourceset indépendance de l’établissement. Le succès de cette réforme doit beaucoup au dialogueétabli avec toutes les parties prenantes, que je remercie vivement à cette occasion.”

“Une contribution forfaitaire pour financerla demande croissanted’expertise”Jean-Bernard Chérié, directeur généraladjoint de l’IRSN chargé de l’administration

“Développement du parc électronucléaire,création d’installations de recherche,exigences réglementaires, nouveaux sujetscomme la radioprotection médicale :entre 2010 et 2013, la demande d’expertisedevrait croître de 20%. Conséquence:une hausse du budget, à l’heure de lamaîtrise des dépenses publiques. La pisteretenue est celle d’une contributionannuelle, donnant un montant par typed’installation nucléaire de base. Le barèmeest assorti d’un coefficient, variant de 1 à 2, pour ajuster la contribution auxbesoins annuels prévisionnels de l’IRSN.La contribution actuellement établie à380000 € par réacteur EDF (coeff. 1) pourraainsi être amenée, si besoin, à doubler.Pour 2011, la réduction de 30M€ de lasubvention allouée à l’IRSN, qui cette années’établit à 213M€, sera compensée par les recettes de cette contribution.”

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Sylvie Supervil,directrice adjointe de la stratégie, du développement et des partenariats.

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GOUVERNANCE

Recherche40,6 %

Prestations9,8%

35,3%

Autres missions d’intérêt public14,3%

Frais de personnel 48,7%

Frais de fonctionnement42%

Investissements5,8%

Autres3,5%

Sûreté des installations nucléaires 61,3%

Appui techniqueaux autorités publiques

Protection de l’environnement et gestion de crise 16,8%

Protection de l’homme15,7%

Sécurité nucléaireet non prolifération6,2%

Répartitionpar secteur

Répartition par mission

Répartition par type

de dépenses

Les étapes clés de l’élaboration du budget

Année N-1 Année N

Identification des activités et des besoins de ressources à N+1

Arbitrage du directeur général sur le projet de budget de l’IRSN

Mise en place du budget de l’IRSN

Arbitrage du Premier ministre sur les choix budgétaires de l’État

juin juil oct décjanv janv

Vote du budget de l’IRSNpar le conseil d’administration

À la fin de chaque trimestreversement échelonné

des subventions de l’État

Au cours de l’année,possibilité de révision et de

réajustement du budget de l’IRSN

Présentation du projet de budget de l’État au Parlement

Dépenses

10,3%

14,7%

2,7%72,2%

291M€(budget 2011)

Subventions d’État

Autres subventions publiques

Contribution forfaitaireannuelle

Ressources propres

Autres ressources

•Ministère de l’Écologie 206,9 M€•Ministère de la Défense3,3 M€

(ex. financement d’une exposition par une région, Agence nationale de la recherche…)

collectée auprès des exploitants d’installations nucléaires (loi n°2010-1658 du 29 décembre 2010)

•Cofinancement R&D et études (avec Areva, CEA, Commission européenne, EDF...) 12,9 M€•Prestations (dosimétrie, formation…) 29,8 M €

(produits financiers,fonds dédié audémantèlement… )

Recettes

42,7 M€30 M€0,4 M€210,2 M€ 7,7 M€

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Repères N°09 I avril 2011

Financement

Mieux comprendre le budget de l’InstitutÉtablissement public à caractère industriel et commercial (EPIC), l’Institut bénéficie deressources multiples dont près des trois quarts proviennent de l’État. Son budget estaffecté chaque année à ses différentes missions, en respectant un processus précis.Décryptage du budget 2011.

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