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Nous présentons ici une démarche d’élaboration et de validation d’un outil destiné à l’étudede l’engagement d’élèves dans des situations d’apprentissage. Ce travail s’inscrit dans le cadre d’unprojet de recherche initié par l’IUFM de Bretagne (Groupe Innovation Recherche n°29) et soutenupar l’URAFF de l’Université de Bretagne Occidentale.

Ce groupe de recherche a réuni pendant deux années des enseignants de l’UFR sport et ÉducationPhysique et six professeurs d’EPS de collège ou de Lycée de l’Académie de Rennes.

Afin d’articuler étroitement recherche et innovation pédagogique, deux objectifs principaux étaientpoursuivis : décrire les stratégies spontanément utilisés par des élèves pour apprendre ; construire etexpérimenter un curriculum de formation "méthodologiques" en EPS permettant aux élèves d’apprendre à apprendre. Pour décrire la diversité des façons d’apprendre en contexte scolaire, nousavons construit deux échelles de mesure verbale : l’une concerne les stratégies d’apprentissage ;l’autre, présentée ci-près, concerne les stratégies de gestion de l’apprentissage.

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Élaboration et validation de l'EMSSG 1

Élaboration et validation d’une échelle de mesuredes stratégies de gestion (EMSSG)

de l’apprentissage en contexte scolaire

Les stratégies de gestion spontanément utilisées par des élèves en Éducation Physique et Sportive

Thierry MICHOT & Gilles KERMARREC

Laboratoire LI2 – Équipe d'accueil 2215 – UBO/ENIBÉquipe “Attitudes, Stratégies, Apprentissages et Performances”

UFR Sport et EP - UBOEmail : [email protected] ou [email protected]

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Développement et validation d’une échelle de mesure situationnelle des stratégies de gestion(EMSSG) de son apprentissage en contexte scolaire.Les stratégies de gestion spontanément utilisées par des élèves en Éducation Physique etSportive.

Résumé

L’objectif de cette étude est de mettre en évidence l’existence de différentes stratégies de gestion deson apprentissage spontanément utilisées par des élèves dans une situation d’apprentissage enEducation physique et sportive. Un questionnaire est constitué en 36 items et est proposé à des élèves de collège et de lycée de l’académie de Rennes. La validité du construit est étudiée à l’aided’une analyse discriminante. En EPS, le construit de stratégie de gestion de l’apprentissage révèleune structure hiérarchique en 3 niveaux. L’engagement dans la gestion de son apprentissage est dissocié en sept sous- échelle, sept catégories de stratégies : gérer son attention ; gérer l’aide ; gérerla situation ; gérer le temps ; gérer les relations entre élèves ; gérer sa motivation ; s’auto évaluer.Certaines sous-échelles se divisent en deux dimensions, deux orientations possibles du comportement. La gestion de l’attention peut consister soit à augmenter ou focaliser son attention,soit à relâcher, désengager l’attention. La gestion de l’aide se traduit parfois par une demande d’aide vers l’adulte parfois par une demande d’aide aux autres élèves. Pour gérer la gestion de lasituation, les sujets complètent leur choix de tâches par des modifications des variables de la tâche.La gestion des relations sociales au sein de la classe peut s’orienter vers la constitution de groupesd’apprentissage ou vers la diminutions des interactions avec les autres élèves. Enfin, pour se motiver, les sujets cherchent à progresser ou à faire mieux que d’autres élèves. La fiabilité des différentes orientations et des différentes sous-échelles est mesurée à l’aide du coefficient alpha de Cronbach. Cette procédure de validation met en évidence les qualités psychométriques acceptable d’une échelle de mesure finale constituée de N items.

Mots – clés : Autorégulation ; stratégies de gestion de l’apprentissage, contexte scolaire, situationd’éducation physique et sportive.

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I. Introduction

L’autorégulation de l’apprentissage (Nisbet &Schucksmith, 1986), c’est-à-dire la capacitépour un sujet à prendre en charge, à contrôler sapropre activité pour apprendre (Schunck &Zimmerman, 1996), est souvent présentécomme un facteur de réussite en contexte sco-laire (Zimmerman, 1990) ou en contexte sportif(Thill, 1999, 2001). Ce processus complexeconduit l’apprenant à mobiliser, plus ou moinsspontanément, deux types de stratégies d’auto-régulation : les stratégies d’apprentissage et lesstratégies de gestion (Kermarrec, 2004). Les stratégies de gestion de l’apprentissage sontdes moyens utilisés pour organiser et gérer sontravail. Elles consistent à savoir avec qui, où,quand et comment (Viau, 1998) obtenir lesconditions les plus favorables pour acquérirde nouvelles connaissances et compétences.Elles sont considérées comme complémentairesdes stratégies d’apprentissage qui, elles, visentle traitement des informations liées à un conte-nus disciplinaire. Parfois qualifiées de stratégiesde management ou de support (Dansereau,1985), elles seraient particulièrement transfé-rables d’un contexte d’apprentissage à un autrecontexte d’apprentissage. L’objectif de cette étude est de mettre en évi-dence les différentes stratégies de gestion spon-tanément utilisées par des élèves en contextescolaire. Plus précisément, il s’agit de construi-re et de valider une échelle de mesure psycho-métrique relative à l'utilisation de ces différentstypes de stratégies dans une situation d’appren-tissage en Education physique et sportive.

II. CADRE THÉORIQUE

Le construit de stratégie désigne une forme par-ticulière de connaissance procédurale (Hoc,1990), des règles de gestion de l’activité du sujet(Georges, 1990). Pour certains auteurs, les stra-tégies d’autorégulation correspondent à des acti-vités dans lesquelles le sujet s’engage de maniè-re consciente ; leur sélection doit être réfléchie,intentionnelle, volontaire (Fayol et Monteil,

1994). Pour nous, elles peuvent être activéesdirectement en mémoire à long terme par lecontexte (Richard, 1996), et être utilisées avecl’habitude, de façon relativement automatique,tout en restant accessible au contrôle volontairenotamment si un "incident" survient.

Pour identifier les stratégies d’autorégulationdes apprenants, les chercheurs ont procédé parobservation de leurs comportements (Weiss &Klint, 1987 ; Ille & Cadopi, 1999), par entre-tiens (Zimmerman & Martinez – Pons, 1986),ou par questionnaires (Romainville, 1993 ;Wolfs, 1998 ; Alava, 2000). Les questionnaires présentent l’avantage de per-mettre d’étudier un échantillon important desujets au sein d’une population. Si de nombreuxquestionnaires permettent de décrire les straté-gies d’étude à l’université (Schmeck, 1983 ;Romainville, 1993 ; Alava, 2000), ou les straté-gies d’autorégulation d’élèves de l’enseigne-ment secondaire (Wolfs, 1998), il n’existe pas ànotre connaissance de questionnaire relatif auxstratégies de gestion de l’apprentissage utiliséesdans le contexte particulier de l’éducation phy-sique et sportive, contexte à la fois scolaire etsportif. Par contre, on peut s’attendre à retrouverlors d’une leçon d’EPS, la diversité des straté-gies de gestion décrite dans la littérature en psy-chologie de l’éducation et en psychologie dusport.

Pour classer la diversité des propositions recen-sées dans la littérature, nous avons proposé dedistinguer des stratégies de gestion du contexteinterne et des stratégies de gestion du contexteexterne (Kermarrec, 2004). La gestion ducontexte interne semble faire appel de façonrécurrente à des stratégies de gestion de l’atten-tion ou de la concentration, à des stratégies degestion du stress ou des émotions, à des straté-gies de gestion de la motivation et à des straté-gies d’auto-évaluation. La gestion du contexteexterne renvoie à la gestion des relations àautrui (l’enseignant ou les autres élèves), à lagestion du temps, à la gestion des ressources etdes contraintes matérielles de la tâche.

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Dans les études antérieures utilisant des ques-tionnaires, ceux-ci sont, d’une part élaborés àpartir de modèles théoriques, d’autre part pré-sentés aux sujets en dehors de toute situationréelle d’apprentissage, ce qui peut modifier lanature du phénomène mesuré : on peut craindreun décalage entre ce qui est déclaré et ce qui estmis en œuvre, entre ce qui est explicité lors d’unquestionnaire et ce qui est effectivement mobili-sé pour apprendre. Les questionnaires décontex-tualisé mettent en évidence les représentationsdes élèves relatives à leur stratégies, des "straté-gies déclarées" (Wolfs, 1998) ou des métacon-naissances relatives aux stratégies, un "savoirmétacognitif relatif aux stratégies"(Romainville, 1993). Dans la mesure où on souhaite identifier desstratégies effectivement mobilisées hic etnunc, et non des stratégies d’autorégulationhabituellement utilisées ou des stratégies de ges-tion jugées efficaces par le sujet, on se méfierades discours décontextualisés ou des réponsesreconstruites en dehors de toute situation d’ap-prentissage. Notre échelle de mesure des stratégies de ges-tion de l’apprentissage peut alors être qualifiéede situationnelle car, dans une perspectivecognitivo–comportementale, on vise la descrip-tion de son activité par un sujet immergé dansune situation particulière. L’échelle devrait per-mettre l’identification des stratégies activées parle sujet et / ou par la situation. L’échelle serasoumise à des critères de validation classique :on étudiera successivement sa validité de conte-nu, sa validité de construit et sa fiabilité.

III. MÉTHODE ET RÉSULTATS

3.1-La validité de contenu de l’échelle demesure situationnelle des stratégie de gestionde l’apprentissage en EPS

La validité de contenu désigne le fait que le testmesure effectivement le phénomène qu’il estcensé mesuré. Elle fait référence au sens quel’on peut attribuer aux différents items del’échelle et est liée au jugement subjectif, et nonquantitatif (Vallerand & Hess, 2000).

La validité de contenu de l’échelle est ici asso-ciée à la démarche d’élaboration de la versionpréliminaire.

Pour établir la version préliminaire duquestionnaire, on exploite les résultats d’uneétude empirique antérieure (Kermarrec,Todorovitch & Fleming, 2004). Pour identifierles stratégies de gestion spontanément mobili-sées par des élèves en EPS, les auteurs obser-vent une situation d’apprentissage dans le cadred’une leçon d’EPS. Deux types de données sontrecueillies : des données comportementales,en filmant les sujets pendant la situation d’ap-prentissage ; des données verbales, lors d’unentretien d’explicitation consécutif à la leçond’EPS. L’évocation de l’activité du sujet estfacilitée par la présentation du film de la situa-tion. Le traitement des données utilise une ana-lyse de contenu (Bardin, 1998). Tout d’abord,une catégorisation thématique ou théoriquepermet de sélectionner des unités significatives,des comportements ou des portions de discoursqui se rapportent au concept de stratégie de ges-tion et de distinguer la gestion du contexte inter-ne et la gestion du contexte externe. Ensuite, unecatégorisation empirique regroupe les unitéssignificatives en sous catégories à partir de leurssimilitudes sémantiques. Ce qui semble caracté-ristique de cette étude, c’est que la typologie destratégies est élaborée à partir des donnéesissues de l’activité des sujets et non à partir d’unmodèle théorique a priori. (Cette typologieempirique a été mise en évidence et validée sta-tistiquement, e.g. Kermarrec, Todorovitch &Fleming, 2004). Partant de cette étude, on dispose de portions dediscours d’élèves, spontanés et représentatifs demoyens utilisés pour décrire sept façons d’orga-niser son apprentissage. Au sein des sept caté-gories de stratégies, on choisit les unités séman-tiques les plus fréquemment citées pour formu-ler les items d’un questionnaire, ceci afin de luiconférer une bonne validité de contenu. La version préliminaire de l’outil est alorsconstituée de sept sous–échelles chacune étantreprésentées par quatre items. gérer son atten-tion ; gérer l’aide ; gérer la situation ; gérer letemps ; gérer les relations entre élèves ; gérer samotivation ; s’auto évaluer.

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Le questionnaire est présenté avec la consignesuivante : "Vous venez de réaliser une leçonpour apprendre quelque chose en sport. Lisezattentivement les phrases suivantes. Est-ce-queces propositions décrivent ce que vous avez réa-lisé ou pensé lors de cette leçon ? Répondez sin-cèrement en pensant à ce qui vient de se passerréellement. Entourez le chiffre qui correspond àla réponse qui décrit le mieux ce que vous avezfait : 1 = Pas du tout ; 2 = Assez peu ; 3 = Oui,parfois ; 4 = Tout à fait".Neuf sujets de 12, 14 et 16 ans, choisis auhasard, ont renseigné cette version préliminaireen commentant chaque item à l’expérimentateurafin de vérifier la compréhension des énoncés.

Les réponses des sujets suggéraient que plu-sieurs sous–échelles n’étaient pas homogènes.D’un point de vue empirique et théorique deuxorientations du comportement étaient réuniessous une même sous - échelle. Ainsi, la gestionde l’attention peut consister soit à augmenter oufocaliser son attention, soit à relâcher, désenga-ger l’attention. La gestion de l’aide se traduitparfois par une demande d’aide vers l’adulteparfois par une demande d’aide aux autresélèves. Pour gérer la gestion de la situation, cer-tains sujets complètent leur choix de tâches pardes modifications des variables de la tâche. Lagestion des relations sociales au sein de la clas-se peut s’orienter soit vers la constitution degroupes d’apprentissage ou soit vers la diminu-tions des interactions avec les autres élèves. Enfin, pour se motiver, les sujets peuvent cher-cher à progresser par rapport à eux-même et / ouà faire mieux que d’autres élèves. Après cesajustements, on dispose finalement de 12 caté-gories de 3 items, au sein d’une l’Echelle deMesure Situationnelle des Stratégies de Gestion(EMSSG), dont le contenu correspond effective-ment à la description par des élèves de la diver-sité des moyens susceptibles d’être utilisés pourorganiser et optimiser l’apprentissage en EPS.On peut alors tester sa validité de construit.

3.2- La validité de construit de l’échelle demesure situationnelle des stratégie de gestionde l’apprentissage en EPS

La validité de construit, ou validité théorique,consiste à vérifier que l’échelle mesure bien lesdifférentes structures du construit tel qu’il estdéfini par la théorie. Si le chercheur ne disposepas de modèle théorique pour regrouper les items,il peut effectuer une analyse factorielle explora-toire. Dans le cas présent, où les sous–échellessont issues d’un modèle existant où d’une étudeantérieure, on peut utiliser une analyse confirma-toire. Ici, il s’agira de vérifier si les donnéesrecueillies à l’aide des items de l’échelle s’ajus-tent bien aux 12 orientations du comportementdistinguées lors l’élaboration de l’outil.

L’analyse discriminante est une forme d’analysemultivariée qui permet d’une part d’identifier sides variables catégorielles (les sous-échelles)permettent de discriminer significativement dessujets à partir d’observations, de donnéesrecueillies (ici les réponses aux questionnaires),d’autre part d’estimer la probabilité avec laquel-le chaque observation (items) peut être classéeau sein de la catégorie prévue (Laforge, 1981).

La validité de construit de l’EMSSG reposeraitsur le fait que les 36 items du questionnairesdevraient se regrouper statistiquement au sein de7 catégories de stratégies de gestion de l’appren-tissage : 1- gestion de l'attention, 1a- focalisationde l'attention (6 ; 34 ; 13), 1b- désengagement del'attention (12 ; 17 ; 31) ; 2- gestion de l'aide , 2a-recherche d'aide auprès de l'enseignant ( 4 ; 11;21), 2b recherche d'aide auprès de pairs (4 ; 9 ;36) ; 3- gestion de la situation, 3a- gestion devariables didactiques (14 ; 20 ; 30), 3b- choix dela tâche (8 ; 19 ; 27), 4- gestion du temps sous laforme d'alternance entre des moments d'activitésintenses et des moments de repos relatif. (3 ; 16;28) ; 5- gestion des interactions sociales, 5a-constitution d'un groupe favorable à l'apprentis-sage ( 1 ; 25 ; 35), 5b- diminution des relations,recherche de solitude relative (18 ; 23 ; 32) ; 6-gestion de la motivation, 6a-orientation vers desbuts de progrès, processus de comparaison tem-porelle (2 ; 22 ; 29),

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6b-orientation vers des buts de compétition, pro-cessus de comparaison sociale (5 ; 10 ; 33) ; 7-Auto - évaluation des acquisitions (15 ; 24 ; 26).

Participants et contexte de la rechercheLes participants à cette étude sont 41 élèves sco-larisés en Bretagne (France), au sein de 2 classesde première et terminale de lycée. Les ensei-gnants qui se prêtent à cette étude sont volon-taires pour s’engager dans une étude relative auxstratégies d’apprentissage de leurs élèves.L’étude est réalisée en début d’année scolaire.Les élèves sont également volontaires et ontobtenu une autorisation parentale. Ils sont âgésde 14 à 16 ans. En effet, à cet âge, on peut consi-dérer que les sujets sont relativement matures dupoint de vue du développement métacognitif.(Melot, 1991), ce qui leur permet de porter unjugement sur leur propre façon d’apprendre etde différencier les moyens qui leurs sont propo-sés par le questionnaire.

ProcédureL'étude est réalisée lors d'une leçon d'EPS. Laleçon est organisée en vue de l'enseignementd'une habileté motrice précise et clairementidentifiée. Cette habileté motrice est l'objectifd'apprentissage énoncé aux élève au début de laleçon. Cette leçon propose une tâche principale,particulièrement orientée vers l'apprentissage del'habileté motrice visée. La tâche est présentéeoralement et par écrit (but, consignes, critères deréussite). Après l’échauffement, l’enseignantdemande de constituer librement des groupes detravail de 3 à 5 élèves. Il rappelle égalementqu’il est à la disposition de tous pour les aider. L’EMSSG est proposé immédiatement à la finde la leçon. L’expérimentateur s’assure que lesconsignes introductives soient comprises partous les sujets. Les sujets s’assoient dans legymnase et répondent individuellement aux 36questions.

RésultatsTout d’abord, l’analyse discriminante (réaliséeavec le logiciel Statbox) permet de vérifierl’existence d’un lien multivarié. Le test dulambda de Wilks est significatif (Lambda = .00; p = .00). Les items de l’échelle permettent dediscriminer significativement les participants àpartir de leurs réponses au questionnaire.Seul le premier facteur (ou fonction discrimi-nante) de l’analyse canonique est significatif(F1, valeur propre = 278070 ; ddl = 280 ; p =.00). Le tableau 1 propose une répartition desobservations (les items) selon leur coefficientstandardisé. Plus le coefficient est fort, plus lacontribution de la variable à la discriminationentre les groupes est forte.

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Tableau 1 – Validité et fidélité de l’échelle : Coefficient Discriminant par itemset Alpha de Cronbach pour chaque sous– échelle

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Complémentairement, et plus particu-lièrementici, l’analyse discriminante permet de tester lavalidité interne d’une classification a priorid’observations. L’analyse discriminante calculeautomatiquement la probabilité qu’une observa-tion appartienne à un groupe parmi ceux propo-sés initialement. On classe chaque observationdans le groupe dont elle est le plus proche. Icil’AFD classe tous les items dans des groupes(sous–échelles estimées) identiques auxgroupes prévus (sous–échelle initiale).

L’échelle élaborée permet donc de discriminerles participants à l’aide des sept catégories pro-posées. Cependant les sous– échelles ne sontutilisées exclusivement par les sujets. Aucontraire, certaines stratégies semblent doncmobilisées de façon concomitante : gestion de lamotivation et de l’aide (voire du temps); gestionde la situation et auto–évaluation ; gestion desrelations sociales et de l’attention.

Ces différentes façons de gérer et d’organiserl’apprentissage sont cohérentes. Ainsi, un élèvequi souhaite adapter la difficulté d’une situationou choisir une tâche qui lui convienne doit préa-lablement avoir évaluer son niveau de compé-tence. De même, un élève qui est capable d’en-gager ou de désengager son attention, doit éga-lement, dans le contexte d’une situation scolai-re, pouvoir réguler les interactions sociales :s’isoler pour mieux se concentrer, choisir descamarades qui ne me perturbent pas quand je"fais le vide", … Enfin, un élève qui cherche àobtenir de l’aide de l’enseignant ou de pairspour mieux apprendre est probablement unélève motivé pour apprendre et qui se motive ; ilpeut également être amené à gérer son temps : ilalterne des phases de pratiques motrices et desphases de mise à distance, nécessaires pourréfléchir, identifier ses besoins et formuler desdemandes d’aide.

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3.3- La fidélité de l’échelle de mesure situation-nelle des stratégies d’appren-tissage en EPS

Alors que la validité d’une échelle fait référenceau contenu effectivement mesuré, la fidélité (oufiabilité) renvoie à la précision de la mesureeffectuée, indépendamment du phénomène étu-dié. (Vallerand & Hess, 2000).Si la fidélité temporelle n’est pas un critère per-tinent pour un test situationnel, c’est à dire unemesure contextualisée et réalisée hic et nunc,une autre technique d’estimation de la fidélitéd’un test porte sur sa cohérence interne, ouconsistance interne, c’est à dire le degré d’ho-mogénéité des différents items au sein dechaque sous–échelles du test. Autrement dit, lesitems formulés pour mesurer chaque catégoriede stratégie mesurent–ils effectivement la mêmechose ?

ParticipantsLes participants à cette étude sont 204 élèvesscolarisés en Bretagne et âgés de 12 à 18 ans. Eneffet, il semble important d’élargir notre échan-tillon en proposant l’échelle à des élèves plusjeunes et plus âgés. Même si les plus jeunes peu-vent éprouver des difficulté à différencier lessous-échelles, ils devraient pouvoir répondre defaçon homogène aux différents items de chaquesous–échelle.

ProcédureLa procédure est strictement identique à celleutilisée pour l’étude précédente et se dérouledans un contexte similaire, un mois plus tard.

RésultatsLe plus courant des indices de fiabilité ou defidélité est le coefficient Alpha de Cronbach(Cronbach, 1951). En général, un coefficientalpha est acceptable pour des valeurs comprisesentre .62 et .92 (Nunnally, 1978). Le logicielStatistica propose un calcul du coefficient alphade Cronbach standardisé. Pour cette étude, les 7 sous–échelles destinées àmesurer l’engagement dans la gestion de sonapprentissage ont un indice de fidélité correct(entre .62 et .75). On peut améliorer la fiabilité de la sous–échelle "gestion de l’attention" en supprimant l’item

QSG 13, ce qui nous amène à proposer un ques-tionnaire définitif à 35 items dont la fidélité peutêtre considérée comme satisfaisante (Tableau 1).

IV. DISCUSSION

L’objectif de cette recherche était de valider uneéchelle de mesure des stratégies de gestion del’apprentissage utilisées sponta-nément dans lecontexte scolaire d’une leçon d’éducation phy-sique et sportive. Après avoir élaboré sept sous-échelles en étant particulièrement attentifs à leurvalidité de contenu, nous avons entrepris devérifier la validité de construit de l’échelle, puisde tester sa fidélité.

La validité de contenu de notre échelle reposesur deux postulats : d’une part, les stratégies degestion spontanément utilisées en EPS peuventêtre identifiées par celui qui les utilise ; d’autrepart, les stratégies peuvent être décrites sousforme de procédures spécifiques. Sur le planthéorique, les stratégies dirigent l’activité cogni-tives des sujets et se manifestent par desmoyens, identifiés ici à l’aide de données ver-bales. Ces moyens stratégiques d’apprendre sontdirectement utilisables pour agir et restentaccessibles, verbalisables. Toutefois, cette étudene peut garantir avoir mis en évidence tous lesmoyens mobilisés pour apprendre : certainsd’entre eux, particu-lièrement procéduralisés,peuvent avoir résisté au protocole de recueil dedonnées. Dans ce cas, selon Fayol et Monteil(1994), on n’utilise plus le concept de stratégie,mais on conserve celui de procédure. Dans cette perspective, partir d’énoncésd’élèves recueillis en situation "naturelle" etprésenter ces énoncés à l’occasion d’une leçonréelle semble nécessaire pour identifier des stra-tégie effectivement utilisées.

Toutefois, on ne saurait prétendre à l’exhaustivi-té : d’autres stratégies peuvent être utilisées àl’école (gestion du stress en situation d’examen)sans que cela remette en cause la validité decontenu de notre échelle.

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La seconde étape consistait à vérifier si la struc-ture de l’échelle décrit correctement le construitde stratégies de gestion tel qu’il est défini par lathéorie. Plus précisément, l’échelle permet–ellede rendre compte des différents aspects de lastructure du construit ? L’étude de la validité de construit du question-naire a révélé une structure hiérarchique à deuxniveaux : les 36 items peuvent se regrouper ensept sous–échelles, ou stratégies, et certainesstratégies peuvent s’utiliser de façon conjointeafin d’améliorer l’efficacité de l’autorégulation.

Pourtant, certains résultats peuvent semblercontradictoire avec les modèles théoriques del’autorégulation. Ainsi, s’il semble logiquequ’un sujet autorégulé soit capable de se moti-ver (sous–échelle 6), les théories de la motiva-tion d’accomplissement montrent que les sujetssont motivés soit par des buts de maîtrise, et ilss’engagent alors dans un processus de compa-raison temporelle (recherche de progrès), soit

par des buts de compétition, et ils s’engagentalors dans un processus de comparaison sociale(être meilleur que…). Ici, ces deux orientationssont associées, ce qui nous amène à penser que,dans cette étude, de nombreux élèves se moti-vent en utilisant de façon alternative, en fonc-tion des contextes (groupe d’entraide ou groupede confrontation) ou des habiletés à acquérir, cesdeux orientations de stratégies motivationnelles.

Enfin, on peut regretter de ne pouvoir proposerici d’analyses de corrélats du construit de straté-gie de gestion. On envisage, dans des recherchesfutures, d’associer la passation de cette échelle àdes mesures de performances scolaires ou spor-tives, et à d’autres questionnaires (style cogni-tifs, buts motivationnels, attribution causale),pour pouvoir étudier la validité de convergencede l’EMSSG.

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