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THÈSE
Pour l'obtention du grade deDOCTEUR DE L'UNIVERSITÉ DE POITIERS
UFR des sciences fondamentales et appliquéesInstitut de chimie des milieux et matériaux de Poitiers - IC2MP
(Diplôme National - Arrêté du 7 août 2006)
École doctorale : Sciences pour l'environnement - Gay Lussac (La Rochelle)Secteur de recherche : Chimie organique, minérale, industrielle
Présentée par :Soizic Brillouet
Désoxygénation de composés modèles représentatifs de ceuxprésents dans les biohuiles sur catalyseurs sulfurés
Directeur(s) de Thèse :Frédéric Richard, Sylvette Brunet
Soutenue le 11 décembre 2014 devant le jury
Jury :
Président Annie Pradel Directeur de recherche CNRS, Université de Montpellier
Rapporteur Carole Lamonier-Dulongpont Professeur des Universités, Université de Lille 1
Rapporteur Dorothée Laurenti Chargé de recherche CNRS, Université de Lyon
Membre Frédéric Richard Maître de conférences, Université de Poitiers
Membre Sylvette Brunet Directeur de recherche CNRS, Université de Poitiers
Pour citer cette thèse :Soizic Brillouet. Désoxygénation de composés modèles représentatifs de ceux présents dans les biohuiles surcatalyseurs sulfurés [En ligne]. Thèse Chimie organique, minérale, industrielle. Poitiers : Université de Poitiers,2014. Disponible sur Internet <http://theses.univ-poitiers.fr>
THÈSE
POUR L’OBTENTION DU GRADE DE
DOCTEUR DE L’UNIVERSITÉ DE POITIERS
FACULTÉ DES SCIENCES FONDAMENTALES ET APPLIQUÉES
(Diplôme National - Arrêté du 7 août 2006)
ÉCOLE DOCTORALE : Sciences pour l’environnement GAY LUSSAC N°523
Secteur de Recherche : Chimie organique, minérale, industrielle
Présentée par
Soizic BRILLOUET
Master recherche Biomolécules, Catalyse et Environnement ---------------
DESOXYGENATION DE COMPOSES MODELES REPRESENTATIFS DE CEUX PRESENTS DANS LES
BIOHUILES SUR CATALYSEURS SULFURES -----------------
Directeur de thèse : Frédéric Richard, Maître de Conférences, Université de Poitiers
Co-directeur de thèse : Sylvette Brunet, Directeur de Recherche CNRS, Université de Poitiers
Soutenue le 11 décembre 2014 devant la Commission d’Examen
-----------------
JURY
Président : Mme. Annie PRADEL, Directeur de Recherche, CNRS, ICG Montpellier
Rapporteurs : Mme. Carole LAMONIER, Professeur, UCCS Lille
Mme. Dorothée LAURENTI, Chargée de Recherche, CNRS, IRCELYON
Examinateurs : Mme. Sylvette BRUNET, Directeur de Recherche, CNRS, IC2MP Poitiers
M. Frédéric RICHARD, Maître de Conférences, IC2MP Poitiers
THÈSE
POUR L’OBTENTION DU GRADE DE
DOCTEUR DE L’UNIVERSITÉ DE POITIERS
FACULTÉ DES SCIENCES FONDAMENTALES ET APPLIQUÉES
(Diplôme National - Arrêté du 7 août 2006)
ÉCOLE DOCTORALE : Sciences pour l’environnement GAY LUSSAC N°523
Secteur de Recherche : Chimie organique, minérale, industrielle
Présentée par
Soizic BRILLOUET
Master recherche Biomolécules, Catalyse et Environnement ---------------
DESOXYGENATION DE COMPOSES MODELES REPRESENTATIFS DE CEUX PRESENTS DANS LES
BIOHUILES SUR CATALYSEURS SULFURES -----------------
Directeur de thèse : Frédéric Richard, Maître de Conférences, Université de Poitiers
Co-directeur de thèse : Sylvette Brunet, Directeur de Recherche CNRS, Université de Poitiers
Soutenue le 11 décembre β014 devant la Commission d’Examen
-----------------
JURY
Président : Mme. Annie PRADEL, Directeur de Recherche, CNRS, ICG Montpellier
Rapporteurs : Mme. Carole LAMONIER, Professeur, UCCS Lille
Mme. Dorothée LAURENTI, Chargée de Recherche, CNRS, IRCELYON
Examinateurs : Mme. Sylvette BRUNET, Directeur de Recherche, CNRS, IC2MP Poitiers
M. Frédéric RICHARD, Maître de Conférences, IC2MP Poitiers
Remerciements
Sans l'aide de nombreuses personnes, ce manuscrit de thèse n'aurait jamais pu être rédigé. Je
tiens ainsi à remercier, dans les quelques lignes qui suivent, l'ensemble des personnes qui ont pu
aider, de près ou de loin, à la réalisation de ce manuscrit de thèse.
Je remercie en premier lieu la région Poitou Charentes et le CNRS pour le financement de ces
travaux de thèse, ainsi que Sabine Petit, directrice de l’Institut de Chimie des Milieux et Matériaux
de Poitiers (UMR CNRS 7285), de m’avoir accueilli au sein de cet ensemble de laboratoires.
Je remercie vivement Sylvette Brunet, tout d'abord pour m'avoir accueilli au sein de son
équipe (l'ex-équipe "Fluorations et Hydrotraitements"), ainsi qu'au hall des réacteurs sous pressions.
De plus, je lui suis très reconnaissant de m'avoir fait profiter de son expérience et de ses
connaissances au cours de ces trois années de thèse.
Je remercie plus spécifiquement Frédéric Richard, qui a suivi au plus près ces travaux de
thèse durant ces trois années. Il a été présent au quotidien tout au long de ces trois années, et m'a
fait profiter de sa rigueur scientifique, de ses critiques constructives, de son savoir, mais aussi de sa
joie de vivre et de son humour. Je suis très honoré d'avoir pu travailler avec lui, et ai appris
beaucoup à ses côtés.
Je remercie Carole Lamonier et Dorothée Laurenti d'avoir accepté la lourde tâche de corriger
ce manuscrit. J'ai beaucoup apprécié nos échanges durant la soutenance de thèse.
Je remercie également Annie Pradel, pour avoir examiné ces travaux, ainsi que pour avoir
présidé ce jury de thèse. Je suis aussi ravi d'avoir pu collaborer avec elle pour la réalisation d'une
partie de ces travaux de thèse, ainsi qu'avec Géraldine Leyral, Laurence Courthéoux et Michel
Ribes.
Je remercie grandement Michel Chauveau, pour son aide inestimable sur le micropilote sous
pression utilisé afin de réaliser ces travaux, ainsi que pour sa bonne humeur. Ses compétences ont
permis de gagner un temps considérable sur ces travaux de thèse, permettant de travailler dans des
conditions idéales.
De nombreuses personnes sont passées au cours de ces trois années au hall des réacteurs sous
pressions (appelé aussi le B30). Je pense ainsi ici à Céline, Séverine, Svetan, Vinicius, Kevin, Alan,
Edwin, Olivier et Julien, et les remercie pour les bons moments passés. Je remercie plus
particulièrement Julien, qui a du me supporter moi et mes goûts plus ou moins douteux en matière
de musique (la réciproque est vraie également), ou encore mes "vrais faux" prix Nobel pendant ces
trois années. Ce fut un plaisir de t'avoir en tant que collègue de bureau.
Je remercie l'ensemble de l'ex-équipe "Fluorations et Hydrotraitements", et plus
particulièrement les membres se retrouvant tous les jours en salle café au 2ème centre du B27
(Morgane, Stéphane, Stève, Christophe, Arnaud et Styven, entre autres). Ces pauses cafés me
manqueront, elles et leurs débats enflammés sur le système de calcul des cotisations, ou les
discussions plus ou moins pertinentes sur les pénaltys, les lancers francs, LeBron James, et plus
généralement sur le tennis ou le football (Roger Federer et Arsenal sont bien les meilleurs
représentants de ces deux sports !).
Bien que plus occasionnelles, il m'est arrivé de m'inviter dans d'autres lieux afin de partager
un café avec diverses personnes. Pour m'avoir accepté, je remercie toutes les nombreuses personnes
qui ont pu partager un café avec moi, que ce soit à l'annexe de chimie, à l'ENSIP, au 1er nord, au
1er sud, ou au 2ème sud.
Durant cette thèse, grâce à un formdable "Maître du Jeu", à Fantasy Craft, nous avons pu
incarner des personnages dans un univers médiéval-fantastique. Je remercie ainsi grandement
Romain, pour avoir su nous gérer (et ça n'a pas du être de tout repos, loin s'en faut !), ainsi que
l'ensemble de la "Compagnie d'Andra", à savoir Alex, Popeye, Nelly, Mika, et Méli. Nous ne
saurons pas si nous aurions réussi à sauver le continent de Lotenam, mais ce fut un plaisir de
partager ces moments avec vous.
Je remercie grandement toutes les personnes qui ont pu, au cours de ces trois années, partager
un repas le midi au RU (ou ailleurs), pauses nécessaires au cours de ces travaux de thèse. Je pense
plus particulièrement ici aux membres les plus "fidèles" du groupe, à savoir Nelly, Romain, Mika,
Méli, Florent et Caro. Ces personnes ont aussi été présentes au cours de ces trois années en dehors
du travail, et leur amitié m'a été (et m'est encore !) précieuse. Nous avons partagé beaucoup de bons
moments, d'autres un peu moins drôles, mais vous avez tous été important pour moi, et j'estime
avoir beaucoup de chance de vous connaître et de pouvoir compter sur vous.
Enfin, je remercie ma famille, mon père, ma mère, et mon frère. Il est certain que, sans vous,
tout ceci n'aurai pas eu lieu, je sais ce que je vous dois, et je vous en suis éternellement
reconnaissant.
Sommaire
1
INTRODUCTION GENERALE ----------------------------------------------------------------------------------- 5
CHAPITRE 1 : PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE ---------------------------------------------------------------- 11
I. TRANSFORMATION DE LA BIOMASSE EN BIOCARBURANTS -------------------------------------------------- 13
I.1. Description des principaux biocarburants ---------------------------------------------------------------- 13
I.2. Production de biocarburants liquides à partir de la biomasse -------------------------------------- 17
I.2.1. Fermentation alcoolique ---------------------------------------------------------------------------------------------- 18 I.2.2. Trituration/Extraction -------------------------------------------------------------------------------------------------- 18 I.2.3. Trans estérification ----------------------------------------------------------------------------------------------------- 19 I.2.4. Gazéification -------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 20 I.2.5. Pyrolyse -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 21 I.2.6. Liquéfaction hydrothermale ------------------------------------------------------------------------------------------ 22
I.3. Caractéristiques physico-chimique des biohuiles ------------------------------------------------------- 23
I.4. Valorisation des biohuiles en carburants ----------------------------------------------------------------- 25
II. CATALYSEURS D’HYDROTRAITEMENT ----------------------------------------------------------------------- 26
II. . St u tu e d’u atal seu sulfu e o p o u lassi ue ---------------------------------------------- 27
II.2. Effet du promoteur : influence sur la structure des catalyseurs sulfures ------------------------ 28
II.2.1. Premières théories développées ----------------------------------------------------------------------------------- 29 II.2.2. Théorie des « phases mixtes » : st u tu e des atal seu s d’h d ot aite e t ------------------------ 30 II.2.3. Nature et localisation des sites actifs ----------------------------------------------------------------------------- 32
II.3. Catalyseurs sulfures supportés ----------------------------------------------------------------------------- 34
II.4. Catalyseurs sulfures massiques ---------------------------------------------------------------------------- 36
II. . Aut es atal seu s d’h d ot aite e t : nitrures, borures et phosphures ----------------------- 39
II.5.1. Nitrures ------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 39 II.5.2. Borures -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 41 II.5.3. Phosphures --------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 42
III. REACTIONS D’HYDRODESOXYGENATION ------------------------------------------------------------------- 44
III.1. Transformation de charges réelles ----------------------------------------------------------------------- 44
III.2. Transformation de composés oxygénés modèles sur catalyseurs sulfures --------------------- 48
III.2.1. Composés furaniques ------------------------------------------------------------------------------------------------ 48 III.2.2. Composés phénoliques ---------------------------------------------------------------------------------------------- 51 III.2.3. Esters et acides --------------------------------------------------------------------------------------------------------- 54
III. . Effet de l’h d og e sulfu su la t a sfo atio de o pos s o g s -------------------- 57
III.4. Transformation de composés oxygénés modèles en mélange ------------------------------------ 59
III.4.1. Effet de sous-produits de désoxygénation (CO, H2O) -------------------------------------------------------- 59 III.4.2. Effet de fonctions oxygénées --------------------------------------------------------------------------------------- 61
IV. CONCLUSION------------------------------------------------------------------------------------------------ 63
CHAPITRE 2 : PARTIE EXPERIMENTALE ------------------------------------------------------------------- 65
I. TECHNIQUES DE CARACTERISATION DES CATALYSEURS ------------------------------------------------------ 67
I.1. Analyse texturale par adsorption / d so ptio d’azote ----------------------------------------------- 67
I.2. Fluorescence X -------------------------------------------------------------------------------------------------- 67
I.3. Analyse élémentaire (carbone, soufre)-------------------------------------------------------------------- 68
I.4. Microscopie électronique à balayage ---------------------------------------------------------------------- 68
I.5. Microscopie électronique à transmission ---------------------------------------------------------------- 68
I.6. Spectroscopie de photoélectrons X (XPS) ---------------------------------------------------------------- 68
I.7. Diffraction des rayons X --------------------------------------------------------------------------------------- 69
I.8. Spectroscopie Raman ------------------------------------------------------------------------------------------ 69
II. MESURE DES ACTIVITES CATALYTIQUES --------------------------------------------------------------------- 69
II.1. Appareillage utilisé -------------------------------------------------------------------------------------------- 69
II.2. Conditions opératoires --------------------------------------------------------------------------------------- 72
Sommaire
2
II.2.1. Chargement du réacteur --------------------------------------------------------------------------------------------- 72 II.2.2. Sulfuration ---------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 73 II.2.3. Conditions de réaction ------------------------------------------------------------------------------------------------ 74 II. . . M thodes d’a al se des p oduits de a tio ----------------------------------------------------------------- 76
III. EXPLOITATION DES RESULTATS ----------------------------------------------------------------------------- 84
III.1. Quantification des produits issus de la réaction ------------------------------------------------------ 84
III.2. Sélectivité et activités ---------------------------------------------------------------------------------------- 85
IV. PRODUITS CHIMIQUES UTILISES ---------------------------------------------------------------------------- 86
CHAPITRE 3 : DESOXYGENATION DE COMPOSES OXYGENES SUR CATALYSEURS SULFURES
SUPPORTES ------------------------------------------------------------------------------------------------------ 89
I. CARACTERISATIONS DES CATALYSEURS ---------------------------------------------------------------------- 92
I.1. Teneur métalliques des différents catalyseurs ---------------------------------------------------------- 92
I.2. Diffraction des rayons X --------------------------------------------------------------------------------------- 92
I.3. Analyse texturale par adsorption - d so ptio d’azote ----------------------------------------------- 93
I.4. Composition élémentaires en carbone et en soufre après étape de sulfuration --------------- 94
I.5. Microscopie électronique en transmission (MET) ------------------------------------------------------ 95
II. TRANSFORMATION DE COMPOSES OXYGENES MODELES SUR CATALYSEUR MO/AL2O3 EN PRESENCE DE
DMDS ---------------------------------------------------------------------------------------------------------- 96
II. . T a sfo atio de l’a ide d a oï ue ------------------------------------------------------------------- 96
II.1.1. Influence du temps de travail et du temps de contact ------------------------------------------------------- 97 II.1.2. Transformation des principaux intermédiaires réactionnels (décanal, 1-décanol, 1-décanethiol)
------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 102 II.1.3. Transformation du mélange décanal - acide dodécanoïque ---------------------------------------------- 106
II.2. Transformation du phénol --------------------------------------------------------------------------------- 109
II.3. Discussion ------------------------------------------------------------------------------------------------------ 111
II. . . S h a de t a sfo atio de l’a ide d a oï ue su atal seu sulfu e ---------------------------- 111 II.3.2. Schéma de transformation du phénol sur catalyseur sulfure -------------------------------------------- 115 II.3.3. Sites actifs et mécanismes impliqués en désoxygénation ------------------------------------------------- 116
III. EFFET PROMOTEUR DU COBALT ET DU NICKEL ----------------------------------------------------------- 119
III. . T a sfo atio de l’a ide d a oï ue ---------------------------------------------------------------- 120
III.2. Transformation du décanal ------------------------------------------------------------------------------- 126
III.3. Transformation du phénol -------------------------------------------------------------------------------- 127
III.4. Discussion ----------------------------------------------------------------------------------------------------- 129
IV. INFLUENCE DE LA NATURE ET DE LA QUANTITE D’AGENT SULFURANT ----------------------------------- 133
IV. . T a sfo atio de l’a ide d a oï ue e a se e de atal seu ------------------------------ 133
IV. . T a sfo atio de l’a ide d a oï ue e a se e d’age t sulfu a t ------------------------- 134
IV. . I flue e de l’h d og e sulfu su la t a sfo atio de l’a ide d a oï ue ------------- 140
IV. . I flue e de la atu e de l’age t sulfu a t ----------------------------------------------------------- 146
IV. . . T a sfo atio de l’a ide d a oï ue ------------------------------------------------------------------------ 146 IV.4.2. Transformation du phénol sur catalyseur CoMo/Al2O3 --------------------------------------------------- 148
IV.5. Discussion ----------------------------------------------------------------------------------------------------- 149
V. TRANSFORMATION DE MELANGES DE COMPOSES OXYGENES -------------------------------------------- 153
V. . Effet de l’a ide d a oï ue su la t a sfo atio du ph ol ------------------------------------ 153
V. . Effet de l’a ide p opa oï ue su la t a sfo atio du ph ol ----------------------------------- 157
V. . Effet du ph ol su la t a sfo atio de l’a ide d a oï ue ------------------------------------ 159
V.4. Effet du monoxyde de carbone sur la transformation du phénol ------------------------------- 160
V. . Effet du o o de de a o e su la t a sfo atio de l’a ide d a oï ue su atal seu CoMo/Al2O3 --------------------------------------------------------------------------------------------------------- 162
V.6. Discussion ----------------------------------------------------------------------------------------------------- 163
VI. CONCLUSION---------------------------------------------------------------------------------------------- 164
Sommaire
3
CHAPITRE 4 : DESOXYGENATION DE COMPOSES MODELES SUR CATALYSEURS NIMOS
MASSIQUES --------------------------------------------------------------------------------------------------- 167
I. EFFET DU SUPPORT EN TRANSFORMATION DE MOLECULES OXYGENEES MODELES ----------------------- 170
I.1. Synthèse du catalyseur massique de référence ------------------------------------------------------- 170
I.2. Caractérisations ----------------------------------------------------------------------------------------------- 171
I.2.1. Analyse globale -------------------------------------------------------------------------------------------------------- 171 I.2.2. Analyse structurale par microscopie électronique ----------------------------------------------------------- 172 I.2.3. Analyse de la nature des espèces présentes en surface (XPS) -------------------------------------------- 173
I. . Mesu e d’a tivit s e t a sfo atio de o pos s o ygénés modèles ----------------------- 173
I. . . T a sfo atio de l’a ide d a oï ue -------------------------------------------------------------------------- 173 I.3.2. Transformation du phénol ------------------------------------------------------------------------------------------ 176
II. SYNTHESES DE CATALYSEURS MASSIQUES EN PRESENCE DE LIQUIDE IONIQUE --------------------------- 179
II.1. Synthèse des différents catalyseurs massiques structurés par ajout de liquide ionique -- 180
II.2. Caractérisations ---------------------------------------------------------------------------------------------- 182
II.2.1. Analyse globale ------------------------------------------------------------------------------------------------------- 182 II.2.2. Analyse structurale -------------------------------------------------------------------------------------------------- 183 II.2.3. Analyse de la nature des espèces présentes en surface (XPS) ------------------------------------------- 190
II. . Mesu e d’a tivit s e t a sfo atio de l’a ide d a oï ue ------------------------------------ 191
III. SYNTHESE DE CATALYSEURS MASSIQUES : INFLUENCE DE LA NATURE DU SOLVANT -------------------- 193
III.1. Synthèse du catalyseur massique dans le solvant eau --------------------------------------------- 193
III.2. Caractérisations --------------------------------------------------------------------------------------------- 194
III.2.1. Analyse globale ------------------------------------------------------------------------------------------------------- 194 III.2.2. Analyse structurale -------------------------------------------------------------------------------------------------- 195
III. . Mesu e d’a tivit s e t a sfo atio de o pos s o g s od les ---------------------- 198
III.3. . T a sfo atio de l’a ide d a oï ue ------------------------------------------------------------------------ 198 III.3.2. Transformation du phénol ---------------------------------------------------------------------------------------- 201
IV. DISCUSSION ----------------------------------------------------------------------------------------------- 203
V. CONCLUSION ---------------------------------------------------------------------------------------------- 206
CONCLUSION GENERALE ----------------------------------------------------------------------------------- 207
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES ----------------------------------------------------------------------- 213
4
5
Introduction générale
6
Introduction générale
7
Les ressources fossiles, notamment le pétrole, le charbon et le gaz naturel, sont
actuellement les sources principales d’énergies sur Terre. L’exploitation par l’Homme de ce
type de substance s’est surtout développée durant la révolution industrielle (XVIII et XIXème
siècle), avec un accroissement de la demande lié à l’augmentation du niveau de vie de la
population (usines, chauffage, éclairage, transport). Ces ressources, largement exploitées à
l’heure actuelle et technologiquement bien maîtrisées, présentent toutefois plusieurs
inconvénients majeurs. En effet, celles-ci sont non-renouvelables, elles seront probablement
épuisées à plus ou moins court terme selon les scénarios envisagés, et elles sont très
polluantes, contribuant notamment aux changements climatiques actuels via l’augmentation
des émissions de plusieurs gaz à effet de serre dans l’atmosphère (méthane et dioxyde de
carbone).
Pour ces différentes raisons, l’Union Européenne encourage depuis quelques années le
développement des énergies dites renouvelables, c’est-à-dire l’énergie éolienne, solaire,
hydraulique, marémotrice, géothermique et celles produites à partir de la biomasse, afin de
diminuer l’emploi des ressources fossiles. Le développement des biocarburants provenant de
diverses sources de biomasse (huiles végétales, lignocellulosique, algale,…) pourrait ainsi
permettre de remplacer partiellement les produits pétroliers, notamment comme source de
carburants. Toutefois, s’il est possible de transformer la biomasse solide en composés
liquides, ceux-ci présentent de fortes teneurs en oxygène (jusqu’à 40 %pds.), conférant à ces
biohuiles une mauvaise stabilité au cours du temps ainsi qu’un mauvais pouvoir calorifique,
ce qui empêche leur utilisation directe comme carburants. Ainsi, la teneur en oxygène de ces
biohuiles doit être fortement diminuée avant de pouvoir les introduire dans le pool carburant.
Les catalyseurs constitués de phases sulfures de métaux de transition du groupe VI (Mo,
W) promus par le cobalt et le nickel et déposées sur alumine sont largement utilisés dans les
procédés d’hydrotraitement des coupes pétrolières, afin d’en éliminer le soufre et l’azote. Ces
mêmes catalyseurs peuvent également permettre la réduction du taux d’oxygène contenu dans
les biohuiles. Ainsi, l’un des principaux avantages de l’utilisation de ces catalyseurs est qu’ils
pourraient permettre le traitement des biohuiles dans les unités de raffinerie déjà existantes.
A cause de leur complexité, l’étude de la désoxygénation de biohuiles ne permet pas de
comprendre le mode de fonctionnement de ces catalyseurs sulfures. Ainsi, celles-ci sont
souvent modélisées à l’aide de molécules oxygénées représentatives des composés qu’elles
contiennent. Les composés phénoliques sont souvent employés comme molécules modèles
représentatives des biohuiles d’origine lignocellulosique, et l’étude de leur désoxygénation a
Introduction générale
8
fait l’objet de nombreux travaux. En revanche, la désoxygénation des acides carboxyliques a
été beaucoup moins étudiée sur catalyseurs sulfures, bien qu’ils soient présents en quantités
relativement importantes dans les biohuiles et qu’ils soient également des intermédiaires dans
la transformation des esters présents dans les huiles végétales.
L’objectif de ce travail de thèse est donc de déterminer précisément le mode de
transformation de différentes molécules oxygénées modèles (composés phénoliques, acides
carboxyliques, aldéhydes) dans des conditions proches de celles utilisées dans les procédés
d’hydrotraitement au sein des raffineries (4 MPa de pression totale et à 340°C) sur catalyseurs
sulfures. Pour cela, des solides présentant différentes phases à base de molybdène promues ou
non par du cobalt ou du nickel, soit supportés sur alumine, soit sous forme massique ont été
utilisés comme catalyseur de désoxygénation. Ainsi, l’étude de leurs principales propriétés
catalytiques, à savoir leur activité, leur sélectivité et leur stabilité, dans différentes conditions,
notamment en présence ou en absence d’agents soufrés, devrait permettre d’accéder à des
informations quant aux mécanismes réactionnels impliqués ainsi qu’à la nature des sites
actifs.
Ce mémoire de thèse est divisé en quatre chapitres. Tout d’abord, l’étude
bibliographique portera sur la transformation de la biomasse en biocarburants, sur la
description des catalyseurs d’hydrotraitement, et en particulier les catalyseurs sulfures, ainsi
que sur les réactions d’hydrodésoxygénation de charges réelles et de molécules modèles sur
ces catalyseurs.
Le montage expérimental utilisé au cours de ces travaux de thèse ainsi que les moyens
de caractérisation des solides utilisés seront décrits dans un second chapitre.
Le troisième chapitre, quant à lui, sera consacré à la transformation de molécules
oxygénées modèles (acide décanoïque, décanal, phénol) sur catalyseurs supportés sur
alumine. Les schémas de transformation et les mécanismes réactionnels impliqués lors de la
désoxygénation de l’acide décanoïque et du phénol seront détaillés, l’effet promoteur du
cobalt et du nickel sur la transformation de ces trois composés sera discuté ainsi que
l’influence de la nature et de la quantité d’agent sulfurant introduit. L’étude de la
transformation de mélanges binaires (acide carboxylique - aldéhyde, acide carboxylique -
phénol, phénol - CO, acide carboxylique - CO) sera également abordée.
Le dernier chapitre portera sur la désoxygénation de l’acide décanoïque et du phénol sur
catalyseurs massiques de type NiMoS. Cette étude a été réalisée dans le cadre d’une
Introduction générale
9
collaboration avec l’équipe « Chalcogénures et Verres » de l’Institut Charles Gerhardt de
Montpellier, celle-ci étant reconnue pour son savoir-faire dans la synthèse de solides NiMoS
massiques. Différents solides ont été préparés dans deux solvants (formamide et eau) et en
présence ou non de liquide ionique, l’objectif étant de modifier la morphologie des phases
sulfures. L’effet de ces modifications sera alors chiffré en désoxygénation de l’acide
décanoïque et du phénol.
10
11
Chapitre 1 : Partie
bibliographique
12
Chapitre 1 : Partie bibliographique
13
Ce premier chapitre présente une étude bibliographique réalisée afin de résumer les
connaissances actuelles sur l’hydrodésoxygénation de composés issus de la biomasse pour la
valorisation en biocarburants. Dans une première partie, les moyens de transformation de la
biomasse en biocarburants seront détaillés, et la nécessité de désoxygéner les produits formés
au cours de ces procédés sera expliquée. Ensuite, une seconde partie sera dévolue à
l’explication du mode de fonctionnement des catalyseurs utilisés en hydrodésoxygénation, et
en particulier sur les catalyseurs sulfures utilisant les métaux de transition du groupe VI.
Enfin, les réactions d’hydrodésoxygénation seront présentées dans une dernière partie,
notamment lors de la transformation de charges réelles puis de molécules modèles.
I. Transformation de la biomasse en
biocarburants
La diminution des ressources fossiles poussent la recherche scientifique à explorer
d’autres voies de formation d’énergies, notamment concernant les carburants liquides. Dans
cet objectif, la valorisation de la biomasse en carburants est une des voies possibles. La
biomasse, ensemble de la matière organique disponible à la surface de la Terre issue de
l’agriculture, la sylviculture ou de la fraction biodégradable des déchets, a l’avantage d’être
une ressource renouvelable et pratiquement neutre concernant les émissions de dioxyde de
carbone dans l’atmosphère. La production de biocarburants (combustibles liquides ou gazeux
utilisés pour les transports) à partir de la biomasse permettrait ainsi de remplacer,
partiellement, ou totalement, l’utilisation actuelle des ressources fossiles comme source de
carburants.
I.1. Description des principaux biocarburants
La directive 2009/28 du parlement européen [1] décrit ce que sont les produits
considérés actuellement comme biocarburants. Ceux-ci sont listés dans le Tableau 1, avec une
indication de leur pouvoir calorifique, ainsi qu’une comparaison avec l’essence et le gazole
d’origine fossile.
La plupart des biocarburants sont sous forme liquide, mais il existe aussi quelques
biocarburants sous forme gazeuse (bio-diméthyléther et biogaz). L’ensemble de ces
biocarburants proviennent soit directement de la biomasse, soit de la transformation de
Chapitre 1 : Partie bibliographique
14
composés issus de la biomasse (par exemple, le bio-éthyltertiobutyléther est formé à partir du
bioéthanol et de l’isobutène issu de la coupe C4 provenant de la transformation du pétrole).
Tableau 1 : Liste des biocarburants définis par l’Union Européenne [1] et
comparaison de leur pouvoir calorifique avec l’essence et le diésel issu du pétrole
Type de carburant Contenu énergétique spécifique
(pouvoir calorifique, MJ kg-1)
Bioéthanol 27 Biométhanol 20
Biobutanol 33
Biodiésel 37
Bio-ETBE (éthyl-tertio-butyl-éther) 36 (37 % renouvelable)
Bio-MTBE (méthyl-tertio-butyl-éther) 35 (22 % renouvelable)
Bio-ETAE (éthyl-tertio-amyl-éther) 38 (29 % renouvelable)
Gazole filière Fischer-Tropsch 44
Huile végétale pure 37
Huile végétale hydrotraitée 44
Bio-DME (diméthyléther) 28
Biogaz 50
Essence 43
Gazole 43
Les biocarburants sont souvent différenciés selon leur origine. Ainsi, les premiers
biocarburants mis sur le marché sont ceux directement issus de l’agriculture : ils peuvent aussi
être appelés agrocarburants.
Les huiles végétales peuvent être formées à partir de plantes oléagineuses (colza,
tournesol, soja, palme). Ces huiles végétales peuvent ensuite être transformées en ester
méthylique d’acide gras (« EMHV », ou « FAME » en anglais), appelés aussi biodiésel.
Plusieurs auteurs [2-4] ont ainsi détaillé la formation et l’exploitation du biodiésel : ce sont les
biocarburants dits de première génération. Ces huiles végétales peuvent aussi être directement
utilisées comme biocarburants [5].
Le bioéthanol peut être produit à partir de la fermentation de plantes riches en sucres
(betterave, canne à sucre) ou en amidon (pomme de terre, maïs). Il s’agit du bioéthanol de
première génération. Celui-ci peut être directement introduit dans les essences ou bien être
Chapitre 1 : Partie bibliographique
15
transformé en bio-ETBE, molécule présentant un très bon indice d’octane (égal à 118)
permettant ainsi d’augmenter la qualité des essences.
Ces agrocarburants sont à l’heure actuelle commercialisés. Cependant, l’utilisation de
ces composés comme carburants reste très controversée, et ce pour plusieurs raisons. En effet,
le principal désavantage des agrocarburants est leur concurrence directe avec l’alimentation
humaine. Cela a entraîné (et entraîne toujours) une augmentation du coût des denrées
alimentaires, ce qui représente un risque certain dans un monde où 12 % de la population est
en situation de sous-alimentation [6]. De plus, le bilan environnemental de cette ressource est
médiocre, puisque la production agricole à outrance de ces plantes entraîne une augmentation
de la pollution due à l’utilisation intempestive de pesticides ou d’engrais, ainsi qu’un
accroissement de la déforestation (dans l’objectif d’augmenter la surface des terres
cultivables), ce qui provoque une réduction de la biodiversité dans les régions concernées.
Le jatropha curcas possède plusieurs avantages par rapport aux autres plantes
oléagineuses [7] : elle pousse sur les terres semi-arides et abandonnées, et son huile n’est pas
comestible, donc ne rentre pas en compétition avec l’alimentation humaine. Sur les terres
agricoles, la production d’huile végétale à partir du jatropha (entre 1η00 et 1900 L ha-1) est
bien plus importante qu’à partir du soja (4η0 L ha-1), du tournesol (950 L ha-1) ou encore du
colza (1190 L ha-1). Cependant, sur des terres semi-arides, le rendement en huile végétale du
jatropha atteint seulement 600 L ha-1 [8]. La culture du jatropha pourrait aussi stopper la
désertification et permettre de préserver, voire d’augmenter, la surface agricole mondiale [7].
Néanmoins, cette plante est toxique, et doit être manipulée avec précaution lors de la
récupération de son huile. De plus, un récent rapport de la FAO indique que le jatropha
curcas ne peut pas se substituer au pétrole [9]. En effet, l’utilisation de cette plante ne semble
économiquement viable qu’à une échelle locale, ce qui permettrait d’améliorer les conditions
de vie des agriculteurs pauvres dans les régions semi-arides au globe.
Afin de pallier au problème de la compétition alimentaire humaine, de nouvelles
sources de biomasse pour former les biocarburants sont explorées à l’heure actuelle. Ces
biocarburants sont appelés biocarburants de seconde génération lorsque la biomasse est
d’origine lignocellulosique, ou bien biocarburants de troisième génération quand la biomasse
est d’origine algale. Parmi celles-ci, la biomasse lignocellulosique fait partie des meilleurs
candidats. Cette biomasse provient de la paille, du bois, ou encore des déchets de l’industrie
agro-alimentaire ou forestière. Ces ressources sont non comestibles pour l’Homme, limitant
ainsi la compétition entre usage alimentaire et non alimentaire de ces produits agricoles.
Chapitre 1 : Partie bibliographique
16
La biomasse lignocellulosique est composée principalement de lignine, de cellulose et
d’hémicellulose. La cellulose est un polymère de glucose, de formule (C6H10O5)n avec n
compris entre 200 et 3000 (Figure 1). L’hémicellulose regroupe tous les polymères de sucres
solubles dans l’eau, majoritairement des pentoses. La lignine, quant à elle, est une
macromolécule constituée de composés phénoliques, dont les trois unités le constituant sont
l’alcool coumarylique, l’alcool coniférylique et l’alcool synapylique [10] (Figure 2).
Figure 1 : Formule topologique de la cellulose
Figure 2 : Formules topologiques des trois motifs constituants la lignine
Le Tableau 2 montre quelques exemples de composition en cellulose, hemicellulose et
lignine pour différents types de biomasse lignocellulosique.
Tableau 2 : Composition en lignine, cellulose et hémicellulose de différents
types de biomasse (en %mass.) [11]
Type de biomasse Cellulose Hémicellulose Lignine
Conifères (bois tendre) 35-40 25-30 27-30 Feuillus (bois dur) 45-50 20-25 20-25
Paille de blé 33-40 20-25 15-20
Panic érigé 30-50 10-40 05-20
Chapitre 1 : Partie bibliographique
17
Un autre type de biomasse peut aussi être utilisé afin de produire des biocarburants : il
s’agit des micros algues (biocarburants de troisième génération). Cette ressource semble
prometteuse, car permettant de produire de plus grandes quantités de biocarburants tout en se
renouvelant plus rapidement que la biomasse lignocellulosique et en n’empiétant pas sur les
terres agricoles. Cependant, il existe encore plusieurs verrous à lever avant de pouvoir
envisager une production de micro algues à grande échelle. Tout d’abord, des recherches sont
menées afin de trouver l’algue qui possèdera le meilleur compromis entre vitesse de
croissance et teneur en graisses (et plus particulièrement teneur en triglycérides) [12]. De plus,
la production et la récolte des micros algues demandent des techniques spécifiques, qu’il faut
encore perfectionner afin d’en baisser les coûts. Enfin, à l’heure actuelle, cette ressource reste
pour le moment onéreuse, et n’est pas viable, sur le plan économique, face aux autres sources
de biomasse et face au pétrole [13].
I.2. Production de biocarburants liquides à partir de la
biomasse
L’ensemble des techniques existantes à l’heure actuelle afin de convertir la biomasse
solide en biocarburants sont regroupés dans la Figure 3.
Figure 3 : Organigramme de la transformation de la biomasse en biocarburants
(inspiré de [14])
La formation de biocarburants liquides fait intervenir trois grandes voies de
transformation : la voie biochimique (via la fermentation), la voie mécanique (via la
Chapitre 1 : Partie bibliographique
18
trituration et l’extraction), et la voie thermochimique (via la gazéification, la pyrolyse et la
liquéfaction) (Figure 3).
I.2.1. Fermentation alcoolique
La fermentation alcoolique est un processus biochimique permettant de transformer les
sucres en alcool par l’action d’enzymes ou de levures. La formation d’alcool s’effectue dans
des conditions contrôlées de température (autour de 25-30 °C), de teneur en oxygène et en
azote (permettant la croissance et le maintien en vie des levures), ainsi que de concentration
en alcool. En effet, au-delà de 15 %vol., les alcools formés agissent comme un poison pour les
levures. La réaction mise en jeu au cours de ce procédé est écrite ci-dessous, avec pour
exemple la formation d’éthanol à partir de glucose :
Le traitement de la biomasse lignocellulosique par fermentation est possible : toutefois,
plusieurs étapes doivent être effectuées au préalable, afin d’isoler notamment le glucose et le
xylose, deux sucres qui peuvent être par la suite fermentés. La Figure 4 illustre la
transformation de la biomasse lignocellulosique en éthanol [15]. L’éthanol obtenu par ce
procédé est appelé bioéthanol de seconde génération, en opposition à l’éthanol produit par
fermentation des plantes vivrières (appelé bioéthanol de première génération).
Figure 4 : Transformation de la biomasse lignocellulosique en éthanol par
fermentation [15]
I.2.2. Trituration/Extraction
Ce procédé s’effectue sur les plantes oléagineuses afin d’en extraire l’huile végétale
[16]. Après séparation entre la plante et ses graines, celles-ci sont chauffées entre 60 et 80 °C,
Chapitre 1 : Partie bibliographique
19
puis comprimées sous une presse à plusieurs centaines de bars : c’est l’étape nommée
trituration. Ensuite, une extraction par solvant organique (généralement l’hexane) permet de
retirer le maximum de matière grasse possible de ces graines. Le solvant et l’huile végétale
sont ensuite séparés par distillation, à 70 °C. Cette extraction d’huile végétale produit
également des tourteaux, résidus solides utilisables pour l’alimentation animale. Pour le colza,
γ tonnes sont requises afin de produire 1 tonne d’huile végétale [14].
I.2.3. Trans estérification
La formation d’ester méthylique d’acide gras se fait principalement par réaction entre
les triglycérides et le méthanol, conduisant à la formation de glycérol et d’esters méthyliques.
Il est aussi possible de former ces esters à partir des acides gras pouvant être contenus dans
ces huiles. La trans estérification peut être catalysée soit avec des catalyseurs homogènes
(basiques ou acides), soit par des enzymes, ou soit par catalyse hétérogène. Les catalyseurs
homogènes basiques sont les plus utilisés, sauf dans le cas où l’huile à traiter contient
beaucoup d’acides gras. Dans ce dernier cas, l’utilisation des catalyseurs acides hétérogènes
est recommandée, évitant ainsi les réactions de saponification [15]. Les mécanismes mis en
jeu au cours des réactions de trans estérification en catalyse hétérogène acide (Figure 5) sont
présentés ci-dessous.
Figure 5 : Cycles catalytiques de réactions d’estérification et de trans estérification sur catalyseur acide hétérogène [17]
Chapitre 1 : Partie bibliographique
20
I.2.4. Gazéification
La gazéification s’effectue à des températures proches de 900 °C, et permet de
transformer la biomasse en gaz par réaction avec l’air, sous l’effet de la chaleur [14,15,18]. Le
produit obtenu, appelé gaz de synthèse, est un mélange composé majoritairement de CO et de
H2 (des traces de CO2, CH4 et N2 sont aussi présentes).
Le gaz formé au cours de la gazéification est utilisé pour la production d’électricité et de
chaleur. Ce gaz peut aussi être valorisé, en formant de l’hydrogène (via la réaction de Water
Gas Shift [19], équation (1)), des hydrocarbures (via la réaction de Fischer Tropsch [20]
équation (2)) ou bien du méthanol [21] (équation (3) et (4)).
(1)
(2)
(3)
(4)
La Figure 6 illustre le fonctionnement d’une unité de gazéification, avec l’ensemble des
possibilités offertes par cette technologie (formation de carburants et de produits chimiques,
d’hydrogène, et production d’électricité et de chaleur).
Figure 6 : Schéma du fonctionnement d’une unité de gazéification [22]
Chapitre 1 : Partie bibliographique
21
I.2.5. Pyrolyse
Le procédé de pyrolyse est une technique qui permet de convertir la biomasse en trois
fractions valorisables : les huiles de pyrolyse, un solide carboné, et les gaz de pyrolyse. Ces
trois fractions sont intéressantes pour la production d’énergie [18].
La pyrolyse s’effectue en chauffant la biomasse lignocellulosique en absence
d’oxygène. Le principe de fonctionnement de la pyrolyse est schématisé dans la Figure 7 [23].
Figure 7 : Schéma d’un procédé de pyrolyse rapide [23]
Avant utilisation de ce procédé, la biomasse doit être séchée et mise en forme en de
petites particules de taille variable selon le type de pyrolyse envisagé (de l’ordre de quelques
millimètres). Ensuite, celle-ci est chauffée, le solide carboné est récupéré, puis les vapeurs
sont refroidies afin de séparer les vapeurs condensables des gaz non condensables.
Il est possible d’influer sur l’obtention de la fraction souhaitée en modifiant deux
paramètres essentiels au cours de la pyrolyse : la température de chauffage et le temps de
séjour de la biomasse dans le réacteur, comme le montre la Figure 8 [24]. Ainsi, le type de
chauffage permet de différencier les différents types de pyrolyse (flash, rapide, intermédiaire,
ou lente). Dans l’objectif de former un maximum de biohuiles, la pyrolyse flash ou rapide doit
être effectuée à température modérée, ce qui correspond à une vitesse de chauffage élevée, et
un temps de séjour de la biomasse très court (de l’ordre de la seconde).
Chapitre 1 : Partie bibliographique
22
Figure 8 : Influence du temps de séjour et de la température de chauffage sur la
nature des produits obtenus (adapté de [24]).
I.2.6. Liquéfaction hydrothermale
La liquéfaction hydrothermale, procédé semblable à la pyrolyse, permet de transformer
la biomasse en biocarburants dans des conditions de températures modérées (entre 250 et
550 °C) et de pressions élevées (entre 5 et 25 MPa). Le principal atout de ce procédé face à la
pyrolyse est son indifférence quant à la quantité d’eau présente dans la biomasse à traiter.
Ainsi, bien que ce procédé soit plus énergivore que le procédé de pyrolyse, celui-ci est tout
indiqué afin de traiter et de produire des biocarburants à partir des micros algues, type de
biomasse particulièrement riche en eau.
La liquéfaction hydrothermale permet de former 4 phases différentes : un résidu solide,
une fraction gazeuse, ainsi que deux fractions liquides, une phase aqueuse et une phase
organique, la biohuile, produit recherché en priorité au cours de ce procédé. De nombreux
paramètres influencent directement le rendement en biohuiles, comme le choix de la biomasse
à traiter, la température et le temps de chauffage, l’utilisation d’un catalyseur au cours du
traitement ainsi que la séparation des produits et le solvant choisi pour effectuer cette
séparation [25].
La liquéfaction hydrothermale s’effectue généralement dans l’eau. Cependant, il est
aussi possible de réaliser ce procédé dans d’autres solvants (acétone, éthanol, éthylène glycol,
toluène, diéthylène glycol, glycérol) [26,27]. Les propriétés de la biohuile obtenues au cours
de ce procédé (appelé alors solvolyse) sont ainsi fortement dépendantes du solvant utilisé. Les
solvants polaires protiques sont ceux qui permettent d’obtenir les meilleures conversions et
les rendements en biohuiles et en gaz les plus importants. Cependant, le pouvoir calorifique
Chapitre 1 : Partie bibliographique
23
des liquéfiats formés est meilleur avec l’utilisation de l’éthanol ou du toluène en tant que
solvant (Tableau 3).
Tableau 3 : Liquéfaction de 15 g de fibres de rafle de palmier à huile en
présence de 20 mL de solvant : influence du solvant sur le rendement massique
et le pouvoir calorifique des liquides obtenus (275 °C ; 60 min) [26]
Solvant Rendement (%pds.) Pouvoir calorifique de la
biohuile obtenue (MJ kg-1)
Acétone 65,3 15,82 Ethanol 71,0 29,42
Ethylène glycol 96,4 19,67
Toluène 64,7 27,56
Eau 74,1 9,31
I.3. Caractéristiques physico-chimique des biohuiles
Les principales caractéristiques physico-chimiques de biohuiles obtenues via différents
procédés sont données dans le Tableau 4, avec pour point de repère la composition chimique
d’un fuel lourd.
Tableau 4 : Comparaison des caractéristiques physico-chimiques de différentes
huiles, selon le traitement subi (pyrolyse et liquéfaction) et l’origine (lignocellulosique, algale ou pétrolière)
Pyrolyse Liquéfaction Fuel lourd
Bois
[28,29]
Algue [30] Paille de riz
[31]
Algue [30] [32]
Teneur en O (%pds.) 28-40 11,4 16,1 10,2 <1 Teneur en N (%pds.) <0,4 10,7 2,5 6,3 <1
Teneur en S (%pds.) <0,05 0,5 - 0,9 <4
pH 2,5-3,8 9,4 - 9,6 -
Densité 1,05-1,25 1,2 1,02 0,97 0,86
Viscosité (cP) 25-1000
(à 42 °C)
100
(à 40 °C)
1200
(à 50 °C)
190
(à 40 °C)
180
(à 42 °C)
HHV(a) (MJ kg-1) 16-19 29,3 33,9 34,2 44
(a) : HHV (Higher Heating Value) : Pouvoir calorifique
Chapitre 1 : Partie bibliographique
24
La teneur élevée en azote des huiles provenant des algues est problématique pour
l’utilisation de celles-ci en tant que carburant. En effet, la présence d’azote n’est pas
souhaitable au cours des procédés utilisés dans la raffinerie, les molécules azotées étant
connues pour être des poisons de catalyseurs présentant des propriétés acides. De plus, la
présence de composés azotés dans les carburants n’est pas souhaitable, afin d’éviter la
formation de NOx, famille de composés nocifs pour l’environnement.
La forte teneur en oxygène (entre 10 et 40 %pds.) des biohuiles issues de la
transformation de la biomasse par les procédés de liquéfaction et de pyrolyse entraine divers
problèmes [29]. D’une part, cette forte teneur en oxygène provoque une faible miscibilité
entre ces biohuiles et les fractions pétrolières. De plus, le pouvoir calorifique des biohuiles
issues de la biomasse est inférieur à celui d’un carburant pétrolier. Enfin, l’instabilité des
biohuiles pendant leur stockage altère leur densité, leur viscosité et leur pouvoir calorifique.
Cette instabilité est causée par la possible repolymérisation des oléfines, ainsi que par la
réaction des cétones, aldéhydes et acides afin de former respectivement des éthers, des acétals
et des hémiacétals [32].
La répartition en composés oxygénés de différentes huiles est reportée dans la Figure 9.
Figure 9 : Répartition des fonctions oxygénées dans des biohuiles de diverses
origines (adapté de [30,31,33])
Chapitre 1 : Partie bibliographique
25
Ces biohuiles possèdent ainsi des molécules organiques présentant de nombreux types
de fonctions oxygénées : acide carboxylique, ester, alcool, aldéhyde, cétone, furanes, phénols,
et sucres (Figure 9). Leur répartition est fortement dépendante de plusieurs paramètres,
notamment de l’origine de la biomasse utilisée et du traitement qui lui est appliqué. Les huiles
d’origine algale présentent de fortes concentrations en acides et esters, celles provenant du
bois sont plutôt riches en sucres et en composés phénoliques, tandis qu’une biomasse
lignocellulosique plus riche en lignine forme une biohuile riche en composés phénoliques.
I.4. Valorisation des biohuiles en carburants
Afin de pouvoir utiliser les biohuiles en tant que carburants, il est nécessaire d’éliminer
partiellement ou totalement l’oxygène qu’elles contiennent. Pour cela, il est possible
d’effectuer sur ces biohuiles un procédé appelé hydrodésoxygénation (ou HDO).
Il existe de fortes similitudes entre les procédés d’hydrodésoxygénation et
d’hydrodésulfuration (HDS). Tous deux s’opèrent dans des conditions similaires de pression
en hydrogène (entre 10 et 100 bars), de températures (entre 150 et 400 °C), et nécessitent
l’emploi de catalyseurs afin d’éliminer les hétéroatomes (soufre pour l’HDS ou oxygène pour
l’HDO) sous forme respectivement d’hydrogène sulfuré et d’eau. En outre, les catalyseurs
utilisés pour les réactions d’hydrodésulfuration sont aussi actifs dans les réactions
d’hydrodésoxygénation [34].
Ainsi, il est envisageable d’effectuer la désoxygénation des biohuiles dans les unités
d’hydrodésulfuration des coupes pétrolières présentes dans les raffineries. Une option est
alors le co-traitement des fractions pétrolières et des biohuiles au sein des raffineries [32,35-
37]. Dans ce cas, les biohuiles pourraient subir un premier traitement afin d’éliminer les
composés oxygénés les plus réactifs. Ensuite, ces biohuiles seraient soumises à un procédé
d’hydrodésoxygénation, en mélange avec les fractions pétrolières, afin d’y être transformées
en carburants.
Une autre alternative à la valorisation de la biomasse en biocarburants serait la
construction de bioraffineries (Figure 10). La biomasse serait dans un premier temps traitée
afin de la liquéfier. Les biohuiles générées seraient ensuite acheminées vers une bioraffinerie,
pour y subir tout d’abord une hydrodésoxygénation avant d’être valorisée en biocarburants ou
en d’autres produits issus de l’industrie pétrolière [32].
Chapitre 1 : Partie bibliographique
26
Figure 10 : Production de carburants à partir de biomasse : schéma de la
valorisation catalytique des biohuiles dans une bioraffinerie [32]
II. Catalyseurs d’hydrotraitement
Les réactions d’hydrotraitement, notamment d’hydrodésoxygénation, sont
majoritairement effectuées en présence de catalyseurs hétérogènes solides composés de
métaux de transition du groupe VI (molybdène ou tungstène), promus ou non par du cobalt ou
du nickel, et déposés sur un support de grande surface spécifique, en majorité de l’alumine.
Ce type de catalyseur est utilisé depuis longtemps dans l’industrie pétrolière, notamment dans
les procédés d’hydrodésulfuration [38]. Le maximum d’activité est observé pour un rapport
de Co(Ni)/[Co(Ni)+Mo(W)] proche de 0,3 quelles que soient la nature de la phase active ou
encore le type de réaction que l’on cherche à effectuer [39-41].
Ces catalyseurs sont utilisés sous forme sulfure. Cependant, ceux-ci sont préparés et
stockés sous forme oxyde, forme sous laquelle ces catalyseurs sont quasiment inactifs dans les
réactions d’hydrotraitement. Ainsi, il est nécessaire, avant leur utilisation, de procéder à une
Chapitre 1 : Partie bibliographique
27
étape de sulfuration. Cette étape peut se réaliser de diverses manières, avec l’emploi
d’hydrogène sulfuré ou d’additifs soufrés spéciaux, sous des conditions de pression et de
températures contrôlées. La sulfuration des catalyseurs est une étape cruciale, conditionnant la
formation des phases actives et stables pour les procédés d’hydrotraitement, et ayant donc une
influence directe sur les performances et la durée de vie de ces solides [42,43].
Afin de mieux comprendre le mode de fonctionnement de ce type de catalyseur,
l’exemple d’un solide non promu sera tout d’abord abordé. L’ajout d’un promoteur (Co ou
Ni) sur ce type de matériau sera par la suite discuté, avant de mettre en évidence la nature et la
localisation des sites actifs de ces catalyseurs.
II.1. Structure d’un catalyseur sulfure non promu
classique
La phase active des catalyseurs non promus est composée de sulfure de molybdène (ou
de tungstène) de type MoS2 (ou WS2). Cette phase se présente sous forme de feuillets
hexagonaux disposant de deux types de bords : les bords métalliques ( 0110 ) et les bords
soufres ( 0101 ). La Figure 11 illustre, avec un modèle de balles, une représentation de cette
phase, ainsi que des deux types de bords observés [44].
Figure 11 : Représentation à l’aide d’un modèle de balles d’un feuillet MoS2
exposant deux types de bords (représentation en vue de côté du bord
métallique à gauche, et du bord soufre à droite, selon différentes couvertures
en soufre et en hydrogène) [44]
Chapitre 1 : Partie bibliographique
28
Il a été proposé que le type de bord exposé par la phase sulfure, ainsi que la couverture
de ces bords en soufre, pouvait être fonction des conditions de synthèse du catalyseur. En
effet, selon les conditions de sulfuration, notamment le choix de l’agent sulfurant ou de la
température de sulfuration, il est possible d’exposer uniquement des bords métalliques (la
phase active est alors de forme triangulaire) ou bien les deux types de bords, comme le
montre la Figure 12 [45]. En outre, selon l’agent sulfurant utilisé (H2S, DMDS, DMS), il est
possible d’obtenir des bords totalement ou partiellement soufrés [44]. Ainsi, les bords sont
couverts de soufre à 100 % lorsque l’H2S ou le DMDS sont utilisés, contre seulement 50 %
lorsque le DMS est choisi comme agent sulfurant.
Figure 12 : Clichés STM de feuillets MoS2 synthétisés sous conditions
sulfurantes (PH2S/PH2 = 500 ; (A)) ou sous conditions sulfo-réductrices (PH2S/PH2
= 0,07 ; (B)) [45]
II.2. Effet du promoteur : influence sur la structure des
catalyseurs sulfures
Afin de bien comprendre le fonctionnement des catalyseurs d’hydrotraitement
conventionnels, il est important de connaitre leur structure. L’effet de synergie induit par
l’ajout de promoteur (Ni ou Co) dans les phases sulfures (MoS2 ou WS2) a été le principal
verrou scientifique concernant la compréhension de ce type de matériau, ce qui a eu des
répercussions sur leur développement industriel, ainsi que sur la recherche de nouveaux
solides plus performants. De nombreuses théories ont vu le jour, à partir des années 1970, afin
d’expliquer le fonctionnement de ces catalyseurs promus. Deux idées générales se sont
dégagées, et se sont opposées : la théorie de « synergie de contact », et la théorie des « phases
mixtes ». C’est avec les avancées technologiques et scientifiques, notamment sur la
Chapitre 1 : Partie bibliographique
29
spectroscopie Mössbauer, puis, plus récemment, sur la microscopie à effet tunnel et avec les
calculs DFT, que la communauté scientifique s’est mis d’accord sur un modèle structural
concernant ce type de catalyseur.
II.2.1. Premières théories développées
Afin d’illustrer les différentes théories qui ont été établies par le passé, un catalyseur
sulfuré de type CoMo déposé sur alumine sera présenté comme modèle.
Apparu au début des années 1970, le premier modèle proposé dans la littérature est celui
de la monocouche, établi par Schuit et Gates [46]. D’après ces auteurs, le sulfure de
molybdène se déposait à la surface de l’alumine, sous forme d’une monocouche, stabilisé par
des ions Co2+ situés sur des sites tétraédriques du support.
Voorhoeve et Stuiver [47-49] ont ensuite proposé le modèle de l’intercalation interne,
où les atomes de cobalt se placeraient entre les feuillets de MoS2, dans des sites octaédriques,
augmentant ainsi la proportion de Mo3+, considérés alors comme étant les sites actifs de ces
catalyseurs.
La théorie de « synergie de contact » a été émise pour la première fois en 1973, par
Hagenbach et al. [50]. Reprise plus en détails par Delmon [51], cette théorie suppose
l’existence et la collaboration entre deux phases distinctes à la surface du catalyseur. Les
feuillets de MoS2 verraient ainsi leur activité être encensée par la présence de Co9S8 à
proximité. En effet, les particules de Co9S8 activeraient les atomes d’hydrogène, qui seraient
ensuite transmis à la surface des feuillets de MoS2 par un phénomène de « spillover ».
L’hydrogène, ainsi activé, favoriserait la création de lacunes anioniques à la surface de la
phase MoS2, et donc augmenterait le nombre de sites actifs disponibles afin d’effectuer les
différentes réactions d’hydrotraitement. La pression en hydrogène, le taux et le type du
promoteur à la surface du catalyseur permettraient d’influencer la nature des sites actifs,
orientant ainsi les sites actifs du catalyseur soit sur des réactions d’hydrogénation, soit sur des
réactions d’hydrodésulfuration. La proximité entre les deux types de cristallites serait donc
essentielle, d’après ce modèle, pour le bon fonctionnement du catalyseur. Cette théorie et la
collaboration entre les deux types de phases est illustré dans la Figure 13.
Chapitre 1 : Partie bibliographique
30
Figure 13 : Modèle de synergie de contact [51]
Ce modèle de « synergie de contact » a longtemps été opposé au modèle des « phases
mixtes », mais il a été mis en défaut par l’apparition de la microscopie à effet tunnel et des
calculs DFT, ainsi que par l’observation expérimentale suivante : l’augmentation de la teneur
en cobalt, au-delà d’un certain seuil, ne permet pas d’augmenter l’activité du catalyseur [52].
II.2.2. Théorie des « phases mixtes » : structure des catalyseurs
d’hydrotraitement
La théorie globalement admise actuellement est celle des « phases mixtes », proposée
en premier par Ratnasamy et Sivasanker en 1980 [53], puis démontrée et détaillée par Topsoe
et al. [45,54-67]. La théorie des phases mixtes suppose l’existence, à la surface du catalyseur,
de phases CoMoS (ou NiMoS), où le promoteur se place sur les bords du feuillet MoS2, en
substitution d’atomes de molybdène. Il existe aussi, dans le catalyseur, des atomes de cobalt
ou nickel isolés à la surface ou dans le support, des sulfures de cobalt ou de nickel (Co9S8 ou
Ni2S3), ou bien encore des phases non promues MoS2, mais c’est la phase mixte qui explique
la majeure partie de l’activité de ce type de catalyseurs dans les réactions d’hydrotraitement.
La Figure 14 illustre cette représentation, en reprenant l’exemple d’un catalyseur
CoMo/Al2O3 [59].
Figure 14 : Représentation d’un catalyseur CoMo/Al2O3 selon Topsoe [59]
Chapitre 1 : Partie bibliographique
31
Topsoe et al. [63] ont mis en évidence l’existence de deux types de phases mixtes. En
effet, selon la température de sulfuration à laquelle ces phases actives sont formées, ainsi que
le taux de promoteur ajouté au catalyseur, il est possible d’obtenir des phases de type I ou
bien des phases de type II. Les phases de type I sont liées au support par des liaisons
oxygènes (ou soufre) localisées aux niveaux des bords reliant les atomes de molybdène à des
atomes d’aluminium. En augmentant la température de sulfuration, ces liaisons disparaitraient
ou se transformeraient en liaisons soufre, conduisant à la formation des phases de type II.
Cette modification de phase active permet une augmentation significative de l’activité de ces
catalyseurs dans les réactions d’hydrotraitement. La Figure 15 montre cet effet en
hydrodésulfuration du thiophène sur un catalyseur CoMo/Al2O3, présentant différent taux de
promotion.
Figure 15 : Influence du type de phase sur la vitesse de réaction en
hydrodésulfuration du thiophène [63]
Cette théorie des phases mixtes a été confortée à l’aide des calculs DFT, notamment
réalisés dans les équipes de l’IFPEN [41,68-71] et de l’UCCS [72-74]. Ces calculs ont été
effectués en simulant les conditions typiques d’hydrotraitement dans lesquelles ces
catalyseurs sont utilisés. La phase mixte CoMoS présente une morphologie proche d’un
hexagone, où le promoteur prend place sur le bord soufre, en substitution des atomes de
molybdène. La décoration partielle du bord métallique est aussi possible, pour des taux de
promotions plus élevés. Les feuillets de NiMoS ont la forme d’hexagones tronqués, exposant
majoritairement des bords métalliques. Le nickel prend alors place sur les deux bords, en
substitution des atomes de molybdène. Dans la Figure 16 sont représentés les feuillets non
promu et promus par le cobalt et le nickel, obtenus après calculs théoriques [75].
Chapitre 1 : Partie bibliographique
32
Figure 16 : Représentations de feuillets de (a) : MoS2 ; (b) : CoMoS ; (c) : NiMoS
en condition d’hydrodésulfuration ([70]). Mo en magenta, S en jaune, Co en
vert, Ni en bleu
II.2.3. Nature et localisation des sites actifs
Il est maintenant admis que l’activité de ces catalyseurs provient de sites localisés sur
les deux types de bords décrits précédemment et qui seraient des lacunes anioniques situées
sur les atomes de molybdène et/ou de promoteur (cobalt ou nickel). Le plan basal de ces
feuillets est, quant à lui, souvent considéré comme inactif. Sur ce type de catalyseur, la
présence de lacunes anioniques est fortement supposée. Cette théorie a tout d’abord été
proposée par Lipsch et Schuit [76]. L’énergie de formation de ces lacunes dépend du type de
catalyseur étudié. Sur les phases non promues, la formation d’une lacune exige au préalable
une réaction endothermique, soit par départ d’une molécule d’hydrogène sulfuré, soit par
déplacement d’un atome de soufre, ce qui est plus facilement réalisable sur le bord métallique
(Tableau 5) [73,77]. A titre d’exemple, le profil énergétique de la formation d’une lacune sur
le bord soufre est illustré en Figure 17 [78].
Tableau 5 : Energies nécessaires (en kJ mol-1) à la création de lacunes
anioniques sur phase MoS2 et CoMoS [73,77]
Phase active MoS2 CoMoS
Bord soufre 130-160 100
Bord métallique 50-60 0
Chapitre 1 : Partie bibliographique
33
Figure 17 : Mécanisme de formation de la première lacune sur le bord soufre sur
une phase non promue [78]
Sur les solides promus, selon la localisation du promoteur, ces lacunes anioniques sont
stables sur les bords métalliques, tandis qu’une réaction endothermique est toujours requise
afin de créer ces lacunes sur le bord soufre [73]. L’ajout de promoteur augmente
considérablement le nombre de lacunes anioniques au niveau des bords [70]. Celles-ci
peuvent alors être formées sur les atomes de molybdène, les atomes de promoteur, ou encore
sur les deux types de métaux. La Figure 18 schématise différents types de lacunes, ainsi que
leur taille sur catalyseur non promu et promu.
Figure 18 : Représentation sous la forme de modèles de balles de lacunes
anioniques sur catalyseurs sulfures [73]. Phase MoS2 : bord soufre (A) et bord
métallique (B). Phase CoMoS : bord soufre (C) et bord métallique (D). Atomes
de soufre en jaune, de molybdène en cyan, de cobalt en bleu
Chapitre 1 : Partie bibliographique
34
Outre les lacunes en soufre, un autre type de site actif a été proposé plus récemment
dans la littérature par Topsoe et al. [55,57,75,79,80]. Ces sites, nommés « brim sites », se
situeraient sur les bords des clusters MoS2 totalement saturés en soufre. Ceux-ci pourraient
expliquer les premières étapes dans les réactions des voies hydrogénantes sur les réactions
d’hydrodésulfuration. En effet, après dissociation de dihydrogène, des groupements S-H se
formeraient à la surface de ces sites, fournissant ainsi de l’hydrogène actif en hydrogénation
de liaisons C=C de noyaux aromatiques.
Le modèle « Rim-Edge », proposé par Daage et Chianelli [81] est en accord avec cette
proposition. En effet, ces auteurs ont étudié l’hydrodésulfuration du dibenzothiophène sur
catalyseur massique MoS2, et sont parvenus à la conclusion qu’il existait deux types de sites
actifs sur ces solides, aux fonctions différentes. A l’extrémité des empilements des feuillets,
les bords, appelés « Rim », seraient plutôt actifs en hydrogénation, tandis que les feuillets
situés au cœur de ces empilements (appelés « Edge ») ne permettraient d’effectuer que les
ruptures de liaisons carbone - soufre. Les feuillets appelés « Rim » correspondraient ainsi de
la même manière que les « brim sites » de Topsoe et al., alors que les feuillets nommés
« Edge » concorderaient avec les lacunes anioniques décrites précédemment.
II.3. Catalyseurs sulfures supportés
En catalyse, un support est généralement utilisé afin de maximiser la surface de contact
de la phase active avec le milieu réactionnel, par rapport à la masse de phase active utilisée.
Dans le cadre des catalyseurs sulfures et l’utilisation de supports dans les réactions
d’hydrotraitement, celui-ci a deux autres fonctions. D’une part, le support induit une
modification des propriétés électroniques ou morphologiques de la phase sulfure, d’autre part,
le support peut aussi réagir avec le milieu réactionnel, notamment via des réactions acido-
basiques, afin de faciliter par la suite l’hydrotraitement de la charge [82].
En hydrotraitement, le support le plus répandu pour les catalyseurs sulfures est
l’alumine. Ce support est peu onéreux, et présente des propriétés mécaniques et texturales
intéressantes. La formation de sulfures de molybdène ou de tungstène promu par le cobalt ou
le nickel à la surface de l’alumine permet d’obtenir des catalyseurs très stables dans les
conditions d’hydrotraitement. Cependant, des espèces indésirables peuvent se former à la
surface de l’alumine lors de la synthèse du catalyseur (de type (Co)NiAl2O4) [56,64], des
espèces qui sont des précurseurs pour la formation des phases Co9S8 ou Ni2S3, phases sulfures
Chapitre 1 : Partie bibliographique
35
quasi inactives en hydrotraitement. De plus, l’acidité de l’alumine entraîne divers problèmes,
notamment une désactivation rapide du catalyseur par dépôt de coke [83].
Afin d’améliorer les performances des catalyseurs sulfures dans les réactions
d’hydrotraitement, notamment en hydrodésoxygénation, de nombreux supports ont été et sont
encore testés.
Le carbone activé est un support considéré comme « neutre », comme n’intervenant pas
dans l’acte catalytique. Ce support permet de diminuer la formation de coke par rapport à
l’alumine, attribué à une faible acidité de ce support [84]. Delmon, Grange et coll. [85-88] ont
étudié la désoxygénation de la 4-methylacetophénone, du décanedioate de diéthyle et du
guaiacol sur catalyseurs CoMo/C, et ont comparé les performances de ce solide avec un
catalyseur CoMo/Al2O3 (280 °C, 7 MPa). L’utilisation du carbone activé à la place de
l’alumine diminue l’activité globale du catalyseur en transformation de composés oxygénés,
mais permet d’augmenter la sélectivité en produits désoxygénés.
L’oxyde de titane (TiO2) et l’oxyde de zirconium (ZrO2) ont tous deux montré des
propriétés intéressantes en hydrodésulfuration [89]. Le support TiO2 permet de modifier la
morphologie des feuillets de phase sulfure déposés à sa surface : ceux-ci sont plus petits et ont
un taux d’empilement moins important [90]. Le support ZrO2 permet quant à lui d’obtenir une
plus grande dispersion des phases sulfures à la surface du catalyseur [91]. Les performances
de sulfure de CoMo déposés sur ces deux supports ont été comparées à un catalyseur
CoMo/Al2O3 en hydrodésoxygénation du guaiacol (4 MPa, 300 °C) [92]. Le catalyseur
CoMo/ZrO2 est alors le plus actif, presque quatre fois plus que le CoMo/TiO2 et environ 5,5
fois plus que le catalyseur CoMo/Al2O3. Cette différence d’activité est liée directement au
support, qui oriente la transformation du guaiacol soit vers la voie de déméthylation puis
d’hydrogénation ou de désoxygénation directe (TiO2 et Al2O3), soit uniquement vers la voie
de démethoxylation puis de désoxygénation directe (ZrO2).
Des supports de type silice-alumine (zéolithes, enrichissement en aluminium de
supports de type SiO2, MCM-41, SBA-15,…) peuvent aussi être employés, notamment dans
l’objectif de former des supports possédant une certaine acidité de Brønsted afin de modifier
la nature des produits présents dans la charge réactionnelle.
Pérot [93] a ainsi rapporté que, dans le cas du 4,6-dimethyldibenzothiophène, un des
composés les plus réfractaires à l’hydrodésulfuration, cette augmentation d’acidité de
Brønsted permettait de favoriser sa transformation, par l’intermédiaire de deux effets
distincts. D’une part, l’acidité de Brønsted favorise la transformation de cette molécule via
Chapitre 1 : Partie bibliographique
36
des réactions d’hydrogénation sur les cycles aromatiques. D’autre part, cette acidité favorise
les réactions d’isomérisation sur des groupements alkyles, et donc d’éliminer l’effet stérique
néfaste de ces méthyles en hydrodésulfuration du 4,6-dimethyldibenzothiophène [94].
En hydrodésoxygénation du stéarate de méthyle (entre 300 et 375 °C, 3 MPa), Qian et
al. [95] ont utilisé comme support de phase NiMoS une zéolithe SAPO-11 et une silice
mésostructurée (SBA-15) avec divers enrichissements en aluminium. Ils ont comparé les
performances catalytiques de ces solides obtenus avec un catalyseur NiMo/Al2O3. La
désoxygénation du stéarate de méthyle est similaire sur l’ensemble des solides testés,
toutefois, des réactions d’isomérisations et de craquage se produisent après désoxygénation du
composé. L’isomérisation permet d’améliorer les propriétés d’écoulement à froid des
biodiésels [96], alors que les réactions de craquage sont à éviter. Sur alumine, Qian et al. ont
noté peu de réactions de craquage et d’isomérisation. Sur supports SBA-15 enrichis en
alumine, la quantité d’isomères formés est importante (entre 20 et 25 % des produits formés),
mais les réactions de craquage sont très importantes (environ 10 % à 300 °C, jusqu’à 40 % à
350 °C). La zéolithe permet d’éviter ces réactions de craquages (inférieures à β % à 300 °C et
environ 5 % à 350 °C) tout en produisant des quantités importantes d’isomères, environ 40 %
à 350 °C. Cette zéolithe présente des sites acides de Brønsted désignés comme faible ainsi que
des micropores, alors que les SBA-15 enrichies en alumine sont plus acides et sont constitués
de mésopores, qui semblent plus favorables aux réactions de craquage.
II.4. Catalyseurs sulfures massiques
L’intérêt porté à l’utilisation de catalyseurs sulfures sous forme massique est double :
d’une part, cela permet de mesurer les performances catalytiques de la phase sulfure seule, en
éliminant tout effet potentiel du support. D’autre part, les métaux de transition étant
disponibles à des prix raisonnables, l’utilisation industrielle de tels solides n’est pas à exclure,
notamment lors du traitement de charges très lourdes [97].
Afin de modifier les propriétés texturales des phases sulfures, il est nécessaire de
s’intéresser aux différentes voies de synthèse possible : celles-ci permettent un contrôle sur la
morphologie finale du solide. De plus, avec l’ajout d’un agent structurant, il est aussi possible
d’influencer la structure des phases sulfures.
La technique majoritairement utilisée afin de préparer les catalyseurs sulfures est la
sulfuration des formes oxydes. Pour cela, l’oxyde correspondant subit un traitement sulfo-
Chapitre 1 : Partie bibliographique
37
réducteur, en présence d’hydrogène sulfuré ou d’agent sulfurant. L’équation générale du
passage entre phase oxyde et phase sulfure est présenté ci-dessous : Le molybdène se réduit au cours de l’étape de sulfuration, son degré d’oxydation
évoluant de +VI sous forme oxyde à +IV sous forme sulfure. Bien que cette technique soit la
plus utilisée afin de préparer les catalyseurs sous forme sulfure, celle-ci n’offre aucun contrôle
sur la morphologie finale du solide synthétisé.
Pecoraro et Chianelli [98] ont mis en évidence, dans les années 1980, l’intérêt
d’effectuer la synthèse des sulfures monométalliques dans un milieu non aqueux. Pour la
synthèse de MoS2, la réaction suivante est effectuée, sous agitation dans l’acétate d’éthyle
pendant 4 heures : Après traitement sulfo-réducteur, ces auteurs ont rapporté la formation de sulfure de
molybdène possédant une surface spécifique de 50 m² g-1.
Les sulfures de molybdène peuvent aussi être synthétisés par décomposition de leur
précurseur métallique. Cette technique implique que le soufre soit présent dans le précurseur
avant sa décomposition. La décomposition thermique de thiomolybdate a été particulièrement
étudiée afin de synthétiser ce type de catalyseurs [99-101]. La synthèse de thiomolybdate
d’ammonium peut se faire à partir de l’heptamolybdate d’ammonium, avec un excès de
sulfure d’ammonium [102]. Par traitement sulfo-réducteur, le sulfure de molybdène MoS2 se
forme, en passant par un intermédiaire MoS3 pour des températures modérées (comprises
entre 210 °C et 400 °C) [103]. La formation d’un solide promu par le cobalt ou le nickel à partir du thiomolybdate
d’ammonium est aussi possible, comme l’ont décrit Fuentes et al. [99]. Cependant, l’ajout de
cobalt ou de nickel fait chuter la surface spécifique des matériaux synthétisés de 80 m² g-1
pour le MoS2 à environ 15 m² g-1 pour les solides CoMoS et NiMoS.
Récemment, Bag et al. [104] ont proposé une synthèse de catalyseurs massiques
CoMoS et NiMoS par formation d’aérogels. Ces solides présentent de grandes surfaces
spécifiques, environ 350 m² g-1 pour les solides frais. Ces auteurs ont aussi mis en évidence
qu’en hydrodésulfuration du thiophène, leur technique de synthèse permettait la formation de
Chapitre 1 : Partie bibliographique
38
catalyseurs deux fois plus actifs qu’un catalyseur supporté classique CoMo/Al2O3. De plus,
ces catalyseurs massiques présentent de bonnes stabilités, avec moins de 10 % de perte
d’activité en 48 heures de réaction à 370 °C. Cependant, une baisse importante de la surface
spécifique (de 340 à 142 m² g-1) a aussi été rapportée : cette diminution semble intervenir très
rapidement, et n’aurait ainsi pas d’influence sur la stabilité de ces catalyseurs.
Lors de la synthèse de phases sulfures massiques, il est également possible d’utiliser des
agents structurants. Ceux-ci sont alors rajoutés au milieu réactionnel au cours de la synthèse
afin d’organiser le solide.
Ainsi, il a été montré récemment que certains liquides ioniques permettent la
structuration des phases sulfures au cours de leur synthèse [105,106]. Les liquides ioniques
ont pour particularité d’avoir une température de fusion inférieure à 100 °C, bien que souvent,
ceux-ci soient sous forme liquide à température ambiante. Ma et al. [105] ont ainsi synthétisé
des sulfures MoS2, en utilisant du [BMIM][BF4] et du [BMIM][PF6] ([BMIM] : 1-Butyl-3-
Methylimidazolium ; [BF4] : Tetrafluoroborate ; [PF6] : Hexafluorophosphate). Ces auteurs
ont montré que la nature du liquide ionique permettait de moduler la forme des particules de
sulfure de la structure, des particules sphériques étant obtenues lorsque le [BMIM][BF4] est
utilisé, alors que le [BMIM][PF6] conduit à la formation de particules en forme de fleurs. La
quantité de liquide ionique influence la taille des particules : si la quantité de liquide ionique
ajoutée est insuffisante, la transformation du MoS2 en nanoparticules est partielle ; avec trop
de liquide ionique dans le milieu, les nanoparticules de solides formées sont de taille
irrégulière.
Wu et al. se sont intéressés à l’emploi de polymères au cours de la synthèse de MoS2
[107]. Le polyéthylène glycol a été utilisé afin de mettre en forme le sulfure de molybdène.
L’emploi de ce polymère a permis de former des nanosphères de sulfure de molybdène d’une
taille moyenne de 100 nm.
Leyral et al. ont adapté les techniques de synthèse de MoS2 avec ajout de liquide
ionique et de polymère afin de synthétiser des catalyseurs sulfures massiques de type NiMoS
[106,108]. L’ajout de structurant permet d’augmenter la surface spécifique des solides formés
à 15 m² g-1 après ajout de liquide ionique, et jusqu’à η0 m² g-1 après ajout de polymère. Cet
ajout d’agent structurant permet de structurer les matériaux, sous forme de nanoparticules,
sans modifier la nature de la phase majoritaire.
Une autre technique de synthèse utilisée pour former des solides ordonnés est celle de la
réplication. Cette technique a été adaptée par Shi et al., afin de former des phases sulfures de
Chapitre 1 : Partie bibliographique
39
type MoS2 ou WS2 [109]. Au cours de cette synthèse, les sels précurseurs, de type
H3PM12O40, xH2O (avec M : Mo ou W) sont intégrés à une silice mésoporeuse (SBA-15 ou
KIT-6). Après sulfuration, la silice mésoporeuse est détruite afin de former des sulfures
possédant une surface spécifique élevée (environ 100 m² g-1). Avec cette synthèse, il est
possible de faire varier la structure et la morphologie des phases sulfures selon le choix de la
silice mésoporeuse.
II.5. Autres catalyseurs d’hydrotraitement : nitrures,
borures et phosphures
Afin de réaliser les réactions d’hydrotraitement, de nombreux catalyseurs ont été
envisagés et étudiés, afin, notamment, d’éviter l’ajout de soufre nécessaire au maintien de
l’état de sulfuration des catalyseurs sulfures. Si cela ne pose pas de problème dans le cas d’un
co-traitement biohuile - charge pétrolière, dans le cas du traitement d’une biohuile seule, la
teneur en soufre de celle-ci ne suffit pas à maintenir l’état de sulfuration des catalyseurs
sulfures [18].
La faible concentration en azote et en soufre des biohuiles d’origine lignocellulosique
ou produites à partir d’oléagineux permet d’envisager l’utilisation de métaux nobles réduits
(Pt, Rh, Pd) déposés sur divers supports (par exemple l’alumine, la silice, le carbone activé,
l’oxyde de titane ou l’oxyde de zircone) [110]. Cependant, en raison de leur coût élevé, de
nouveaux catalyseurs ont été explorés afin d’effectuer les réactions d’hydrodésoxygénation :
il s’agit des nitrures, des borures et des phosphures.
II.5.1. Nitrures
Les nitrures sont des composés produits lorsque l’azote réagit avec un métal. Les
nitrures et les oxynitrures (matériaux contenant de l’azote et de l’oxygène) sont utilisés
généralement comme catalyseurs basiques. Les différentes façons de préparer les nitrures
pour des applications catalytiques ont récemment été regroupées par Hargreaves [111]. Volpe
et al. ont été les premiers à synthétiser des nitrures de molybdène et de tungstène avec une
grande surface spécifique [112]. Choi et al. [113] se sont par la suite intéressés aux facteurs
affectant la surface spécifique des nitrures de molybdène, démontrant que le facteur
déterminant était la vitesse de montée en température au cours de la réaction entre l’oxyde de
molybdène et l’ammoniac. Chouzier et al. [114] ont ensuite montré qu’à partir d’un
Chapitre 1 : Partie bibliographique
40
précurseur de molybdène, il était possible de synthétiser des nitrures ou des carbures de
molybdène avec de bonnes surfaces spécifiques en modifiant le gaz utilisé au cours de la
décomposition du précurseur. Ainsi, sous azote ou sous ammoniac, il est possible de former
des nitrures de molybdène ayant des surfaces spécifiques respectivement de 145 et 175 m² g-1.
Des études ont été menées en hydrodésazotation afin de comprendre la nature des sites
actifs des nitrures [115,116]. Deux types de sites coexistent à la surface de ces matériaux : des
sites métalliques sur les atomes de molybdène, permettant les réactions d’hydrogénation, et
des lacunes en azote, efficaces dans les ruptures de liaisons C-N.
Les performances de nitrures en hydrodésoxygénation du guaiacol (300 °C, 3 MPa) ont
récemment été évalués [112,117-119]. L’influence de la préparation de nitrures massiques sur
leurs performances catalytiques a été vérifiée : la synthèse effectuée sous NH3 permet la
préparation des solides les plus performants [117]. Les phases nitrures ont aussi été déposées
sur deux supports (alumine et SBA-15) puis comparés aux catalyseurs sulfures
conventionnels (NiMo/Al2O3) : les nitrures déposés sur alumine sont pratiquement deux fois
plus actifs que le catalyseur sulfure conventionnel [118]. Sur SBA-15, les nitrures sont moins
actifs, mais la sélectivité de la réaction est modifiée, avec une orientation vers la formation de
phénols, alors que sur alumine, la transformation du guaiacol est plus orientée vers le
catéchol. Cette différence de sélectivité entre les supports provient soit de la différence
d’acidité entre ceux-ci (en effet, dans cette étude, l’alumine est environ quatre fois plus acide
que la SBA-1η), soit d’une modification des sites actifs selon le support utilisé. Plus tard, ces
auteurs ont utilisé du carbone activé afin d’y déposer leurs phases nitrures [119]. Sur ces
catalyseurs, les phases nitrures formées en utilisant un mélange N2/H2 permettent la formation
des catalyseurs les plus actifs. Cette meilleure activité est attribuée à une meilleure dispersion
des nitrures à la surface du catalyseur. Les stabilités des nitrures massiques, déposés sur
carbone et d’un catalyseur sulfure conventionnel lors de la transformation du guaiacol ont
aussi été testés (Figure 19). Si le catalyseur sulfure convertit plus de guaiacol initialement que
les deux nitrures testés, le sulfure se désactive rapidement et fortement (perte de la moitié de
la conversion en 8 heures de temps de travail), contrairement aux deux phases nitrures testées
qui elles maintiennent le même taux de conversion sur toute la durée de l’exprience.
Chapitre 1 : Partie bibliographique
41
Figure 19 : Transformation du guaiacol (300 °C, 3 MPa, réacteur fermé) sur
catalyseurs nitrures massique (), sur catalyseur nitrure déposé sur carbone
() et sur catalyseur sulfure (). Evolution de la conversion en guaiacol en
fonction du temps de travail [119]
II.5.2. Borures
Un borure est une espèce résultant de la réaction entre le bore et un métal. De
nombreuses espèces peuvent former des borures, et des phases bimétalliques peuvent aussi
être formées. Cette famille de composés possède une bonne stabilité thermique. Un exemple
de structures cristallines est fourni en Figure 20, avec l’exemple de borures de nickel.
Cependant, les phases borures amorphes sont plus actives en hydrotraitement, notamment en
hydrodésoxygénation [120].
Figure 20 : Structure cristalline de différents borures de nickel [120]
Chapitre 1 : Partie bibliographique
42
Des études effectuées en hydrodésoxygénation sur catalyseurs borures massiques sont
apparues dans la littérature récemment. Wang et al. [121] a montré que des catalyseurs de
type NiMoB pouvaient être efficaces en transformation du phénol (entre 175 et 250 °C,
4 MPa). Différents rapports Ni/Mo ont été testés lors de ces travaux. Le solide possédant un
rapport Ni/Mo = 1 est sélectif en cyclohexanol, tandis que le borure ayant un rapport Ni/Mo =
0,5 est quant à lui sélectif en cyclohexane. La modification de ce rapport devrait donc
permettre d’influer sur la sélectivité du catalyseur. Aussi, l’addition de lanthane ou de cobalt
permet d’améliorer les performances de ces catalyseurs NiMoB [122]. Divers solides CoMoB
ont aussi été synthétisés puis testés en désoxygénation du phénol (entre 250 et 275 °C, 4 MPa)
[123]. Le ratio Co/Mo optimum afin de maximiser la désoxygénation du phénol est égal à 3,
permettant une conversion totale du phénol et une sélectivité en cyclohexane de plus de 98 %
lorsque la réaction se déroule à 275 °C. Ce catalyseur a aussi été testé en transformation d’un
mélange phénol-benzaldéhyde-acétophénone : la désoxygénation du mélange est totale après
3 heures de réaction. L’utilisation de borures bimétalliques permet d’associer des sites
hydrogénants (Ni ou Co), enrichis en électrons via la présence d’atomes de bore, avec des
sites acides (Mo). Aucune étude n’a été rapportée concernant un effet de support sur
catalyseurs borures.
II.5.3. Phosphures
Le nom de phosphure est donné au produit de la réaction entre un métal et le phosphore.
Les propriétés des phosphures sont proches de celles observées pour les carbures et les
nitrures. Ce sont de bons conducteurs électriques et thermiques, et ils présentent une très
bonne stabilité thermique et chimique. De nombreuses structures cristallines existent : en
effet, il est possible de créer des phosphures à partir de tous les métaux compris dans le bloc d
du tableau périodique. De plus, certains métaux permettent de former plusieurs phosphures,
avec des stœchiométries et des structures propres. Oyama et al. [124] ont illustré plusieurs
structures cristallines de ces phosphures (Figure 21). Des phosphures bimétalliques peuvent
aussi être obtenus (notamment des phases de type NiMoP). Ces solides peuvent être utilisés
en catalyse, sous forme massique ou bien sous forme supportée [120].
Chapitre 1 : Partie bibliographique
43
Figure 21 : Structure cristalline de différents phosphures [124]
Ce type de catalyseur semble prometteur pour être utilisé lors des réactions
d’hydrotraitement, en HDS [125-127] ou en HDN [126,128]. En outre, Oyama et al. [127] ont
montré qu’en HDS sur charge réelle, un catalyseur Ni2P/SiO2 était légèrement plus actif qu’un
catalyseur sulfure CoMo/Al2O3. Concernant les réactions d’hydrodésoxygénation, les études
publiées sur l’utilisation de catalyseurs sous forme phosphures en transformation de composés
modèles sont très récentes, le premier papier datant de 2010 [129].
Des catalyseurs massiques sous forme sulfure, oxyde et phosphure à base de molybdène
ont été testés par Whiffen et Smith en désoxygénation du 4-méthylphénol (4,4 MPa, 350 °C)
[129]. Le catalyseur sous forme phosphure est le plus actif. Dans un second article [130], ces
auteurs ont évalué les propriétés catalytiques du Ni2P dans les mêmes conditions, ce dernier
étant environ 2,4 fois plus actif que le catalyseur MoP.
Contrairement aux phases borures, des phosphures ont aussi été utilisés sous forme
supportée en hydrodésoxygénation. Par exemple, Li et al. [131] ont testé trois phases
phosphures (Ni2P, NiMoP et MoP) déposés sur silice en désoxygénation de l’anisole (γ00 °C,
1,5 MPa), alors que Zhao et al. [132] ont testé des phases Ni2P, Fe2P, MoP, Co2P et WP
Chapitre 1 : Partie bibliographique
44
déposées sur silice en HDO du guaiacol (entre 200 et 300 °C, Patm). A chaque fois, le
catalyseur Ni2P/SiO2 est le catalyseur le plus actif en hydrodésoxygénation.
Des catalyseurs Ni2P ont aussi été déposés sur différents supports (Al2O3, SiO2, ZrO2)
puis testés en HDO du guaiacol (300 °C, Patm) par Zhao et al. [133]. Le catalyseur déposé sur
ZrO2 a été désigné comme étant le plus actif, alors que celui sur SiO2 est le moins actif. En
outre, les trois solides testés voient leurs performances grandement diminuées après 8 heures
de travail (baisse de 100 % de conversion à moins de 20 %).
III. Réactions d’hydrodésoxygénation
L’hydrodésoxygénation est la réaction mise en œuvre au cours de la valorisation de la
biomasse en biocarburants. Cette réaction consiste à éliminer totalement ou partiellement
l’oxygène présent dans les biohuiles. En présence d’un catalyseur, sous pression en hydrogène
(10 à 100 bars) et pour des températures relativement élevées (250 à 450 °C), les molécules
oxygénées se transforment en hydrocarbures, avec élimination de l’oxygène sous forme
d’eau, de monoxyde de carbone, ou de dioxyde de carbone, selon les fonctions oxygénées
présentes. Il existe de fortes similitudes entre hydrodésoxygénation, hydrodésulfuration et
hydrodésazotation.
L’hydrodésoxygénation de charges réelles sera tout d’abord abordée. Ensuite, la
transformation de plusieurs molécules oxygénées modèles sera détaillée. L’effet de l’ajout
d’hydrogène sulfuré sera par la suite décrit, avant d’aborder la transformation de mélanges de
molécules oxygénées.
III.1. Transformation de charges réelles
La plupart des études rapportées dans ce paragraphe ont été principalement effectuées
en présence de catalyseurs sulfures. En général, la désoxygénation de charges réelles est
réalisée en deux étapes : les composés oxygénés les plus réactifs sont éliminés dans un
premier temps, afin de stabiliser la biohuile, puis une hydrodésoxygénation poussée est
réalisée afin de transformer les molécules oxygénées les plus réfractaires à ce traitement.
Xu et al. ont publié des travaux portant sur la désoxygénation d’une huile de pyrolyse
réalisée en deux étapes [134]. Un catalyseur Ru/C a été utilisé dans des conditions « douces »
(10 MPa et 300 °C), puis la désoxygénation de la biohuile a été réalisée dans des conditions
plus sévères, sur un catalyseur NiMo/Al2O3 (13 MPa et 400 °C). Avant traitement, la biohuile
Chapitre 1 : Partie bibliographique
45
contenait 48 %pds. d’oxygène, et avait un pouvoir calorifique de 17 MJ kg-1. Le premier
traitement permet d’obtenir une biohuile ne contenant plus que 9 %pds. en oxygène et son
pouvoir calorifique atteint environ 39 MJ kg-1. Après hydrodésoxygénation poussée, la
biohuile contient moins d’1 %pds. d’oxygène et le pouvoir calorifique de la biohuile est
d’environ 4θ MJ kg-1. Cette étude montre ainsi l’influence bénéfique de l’élimination de
l’oxygène pour la formation de biocarburants, celle-ci étant réalisée notamment en présence
de catalyseurs sulfures.
En autoclave, Zhang et al. [135] ont étudié la désoxygénation d’une huile de pyrolyse
sur catalyseurs CoMoP/Al2O3. Leurs travaux ont montré que les conditions optimales de
désoxygénation de cette huile étaient atteintes pour une température de 360 °C, un temps de
séjour de 30 min et une pression en hydrogène de 2 MPa. Ainsi, le taux de désoxygénation est
de 76 %, avec notamment 60 % d’hydrocarbures, et un pouvoir calorifique atteignant les
41 MJ kg-1 (contre 21 MJ kg-1 avant hydrotraitement).
La transformation de biohuiles produites par solvolyse (dans un mélange équi-massique
glycérol - diéthylène glycol contenant 3 %pds. en acide para-toluène sulfonique) a aussi été
étudiée sur de nombreux catalyseurs par Grlic et al., sous 8 MPa d’hydrogène et à 300 °C
[136]. Les différents catalyseurs testés ici sont plusieurs NiMo/Al2O3 (sous forme oxyde,
réduite ou bien sulfure), un Pd/Al2O3 sous forme réduite, un Pd/C sous forme réduite, un
Ni/SiO2-Al2O3 sous forme réduite ainsi qu’un catalyseur massique MoS2. Afin d’évaluer les
performances de ces catalyseurs, les auteurs se sont concentrés sur le pouvoir calorifique de la
biohuile transformée, ainsi que sur la proportion de produits condensables formés. Le
catalyseur sulfuré NiMo/Al2O3 est alors le plus performant (Figure 22). Les auteurs rapportent
aussi que les biohuiles hydrotraitées sur catalyseurs oxyde ou réduit de type NiMo/Al2O3 ont
une haute viscosité, avec des liquéfiats qui se collent aux parois du réacteur. Les bons
résultats obtenus avec la forme oxyde, qui apparaissent dans la Figure 22, sont donc à
nuancer.
Chapitre 1 : Partie bibliographique
46
Figure 22 : Pouvoir calorifique (à gauche) et répartition des produits obtenus (à
droite) sur plusieurs catalyseurs en hydrotraitement d’une biohuile de solvolyse [129]. Pour les catalyseurs NiMo/Al2O3 : O : forme oxyde ; R : forme réduite ;
TS : forme sulfure
Kubicka et coll. [137-139] ont étudié la transformation d’huile végétale issu du colza
sur catalyseurs sulfures supportés de type (Co,Ni)Mo (sous 3,5 MPa, températures comprises
entre 250 et 310 °C). Ces auteurs ont tout d’abord vérifié l’influence de la phase active sur
l’hydroconversion d’huiles végétales et l’importance d’utiliser des catalyseurs promus [137].
La désactivation des catalyseurs sulfures et l’effet bénéfique de l’ajout d’hydrogène sulfuré
dans la charge réactionnelle a ensuite été étudié [138]. L’effet de différents supports (SiO2,
TiO2 et Al2O3) sur le rendement (support SiO2 le plus performant) et la sélectivité en
hydrocarbures (C18 favorisés sur TiO2 et Al2O3 ; C17 favorisés sur SiO2) a aussi fait l’objet
d’un article [139]. Un schéma de l’hydroconversion des triglycérides en hydrocarbures a été
proposé à partir de ces expériences (Figure 23).
Chapitre 1 : Partie bibliographique
47
Figure 23 : Schéma de transformation de triglycérides en hydrocarbures [137]
Enfin, la transformation d’une biohuile de synthèse a aussi été réalisée sur catalyseurs à
base de platine, sous 0,7 MPa d’azote et à γη0 °C [140]. L’huile contenait 41,4 % en poids en
oxygène, avec les composés suivants : méthanol (5 %pds), acétaldéhyde (12 %pds), acide
acétique (14 %pds), glyoxal (4 %pds), hydroxyacétone (8 %pds), glucose (8 %pds), guaiacol
(17 %pds), furfural (4 %pds), vanilline (8 %pds) et eau (20 %pds). Après transformation, la
biohuile de synthèse ne contenait plus que 2,8 %pds en oxygène (contre 41,4 %pds.
initialement). Des schémas simplifiés proposent les mécanismes de désoxygénation impliqués
au sein de cette biohuile, comme le montre la Figure 24.
Figure 24 : Mécanismes simplifiés de désoxygénation au sein d’une biohuile [140]
Chapitre 1 : Partie bibliographique
48
L’étude de la désoxygénation de biohuiles est complexe, notamment de par le fait que
ces biohuiles contiennent de nombreux composés et que celles-ci peuvent être très différentes
selon leur origine. Ainsi, afin d’avoir une idée plus précise des mécanismes mis en jeu au
cours des réactions d’hydrodésoxygénation, des molécules modèles sont régulièrement
étudiées dans la littérature.
III.2. Transformation de composés oxygénés modèles
sur catalyseurs sulfures
Les études précédentes ont montré que les catalyseurs sulfures sont efficaces en
désoxygénation de biohuiles. Cependant, il est difficile de comprendre leur mode d’action lors
de la transformation de charges réelles. Ainsi, l’utilisation de molécules oxygénées modèles
facilite la compréhension de l’acte catalytique impliqué dans les réactions de désoxygénation.
Ces études devraient aussi permettre de développer de nouveaux catalyseurs afin de parvenir à
éliminer l’oxygène contenu dans les biohuiles. Les molécules modèles sont choisies afin
d’être représentatives de tout un groupe de composés chimiques. Le choix de l’étude de ces
groupes de composés est fonction de leur présence dans les biohuiles et de la difficulté
rencontré lors de leur désoxygénation.
III.2.1. Composés furaniques
Bien qu’ils soient présents en faibles quantités dans les biohuiles d’origine
lignocellulosique, l’étude de la transformation des composés furaniques reste importante, afin
de retirer le maximum d’oxygène des biohuiles. De plus, certains composés de cette famille
sont plus réfractaires aux procédés d’hydrodésoxygénation (benzofurane et dérivés).
La désoxygénation du furane, composé furanique le plus simple, a été étudié par
Furimsky sous pression atmosphérique et à 400 °C [141]. Le schéma de transformation
proposé fait apparaitre deux voies de transformation (Figure 25). La première possibilité
conduit à la formation d’hydrocarbures à 4 atomes de carbone (butadiène et butènes), par
rupture directe des liaisons C-O, tandis que la seconde possibilité fait apparaitre un état de
transition après hydrogénation et une première rupture C-O, avant décomposition en
propylène ou en butènes.
Chapitre 1 : Partie bibliographique
49
Figure 25 : Schéma de transformation du furane selon Furimsky [141]
Badawi et al. [142] ont étudié l’adsorption du furane et du thiophène sur un feuillet de
MoS2 par calculs théoriques. La création d’une lacune anionique est nécessaire à l’adsorption
du furane, quel que soit le bord (métallique ou soufre) considéré. De plus, le furane ne
s’adsorbe que via le mode 1, sur son atome d’oxygène, contrairement au thiophène, qui peut
aussi s’adsorber à plat sur le bord métallique. Le schéma de transformation proposé par
Furimsky [141] concorde avec cette étude théorique.
Le benzofurane, composé plus difficile à désoxygéner que le furane, présente un
schéma de transformation beaucoup plus complexe et qui a fait l’objet d’un certain nombre de
propositions. Sur catalyseurs sulfures de type CoMo (entre 2 et 10 MPa ; entre 290 et 430 °C),
Rollman [143] identifia l’éthylcyclohexane comme étant le produit de désoxygénation
principal, et il proposa un schéma de réaction consécutif faisant intervenir le 2,3
dihydrobenzofurane et le 2-ethylphénol comme composés oxygénés intermédiaires. Dans des
conditions moins sévères (7 MPa, entre 220 et 260 °C), sur catalyseur sulfure CoMo/Al2O3,
Lee et al. [144] montra ensuite la présence d’autres composés désoxygénés : l’éthylbenzène,
l’éthylcyclohexène, l’éthylcyclohexane, ainsi que des traces de cyclohexène et de
cyclohexane. Sur catalyseur NiMo/Al2O3, (6,9 MPa, 375 °C), Satterfield et Yang [145]
observèrent la formation d’éthylcyclohexane, de méthyléthylcyclopentane, ainsi que de traces
de dihydrobenzofurane. Edelman et al. [146] proposa en premier l’existence d’une voie de
désalkylation du 2-ethylphénol sur catalyseur NiMo/ -Al2O3, avec formation de phénol et de
benzène (étude réalisée entre 300 et 400 °C et sous 3,5 MPa).
Une étude plus récente, réalisée sur catalyseur NiMoP/Al2O3 (7 MPa, 340 °C) par
Romero et al. [147], a mis en évidence l’existence de trois voies de transformations à partir du
benzofurane, ayant pour intermédiaire commun le 2-éthylphénol. Ces voies sont nommées
voie hydrogénante (HYD), avec formation d’éthylcyclohexène et d’éthylcyclohexanes, voie
de désoxygénation directe (DOD) conduisant à l’éthylbenzène, et la voie impliquant à la fois
Chapitre 1 : Partie bibliographique
50
les propriétés acides et désoxygénantes du catalyseur (notée ACI) et qui conduit aux
diéthylphénols, au phénol, au 3-éthylphénols et à leurs produits de désoxygénation. La Figure
26 montre le schéma de transformation proposé par ces auteurs.
Figure 26 : Schéma de transformation du benzofurane selon Romero et al. [147]
La désoxygénation du dibenzofurane a été relativement peu étudiée. Sur catalyseur
NiMo/Al2O3 (7 MPa, entre 350 et 390 °C), LaVopa et Satterfield [148] ont montré que les
formes sulfures permettaient l’obtention d’hydrocarbures monocycliques, tandis que
l’utilisation de formes oxydes favorisaient les hydrocarbures polyaromatiques. Furimsky [34]
reprit plusieurs études sur le dibenzofurane afin de proposer un schéma de désoxygénation du
dibenzofurane (Figure 27). Le dibenzofurane se transforme selon trois voies, ce dernier peut
soit subir une rupture simultanée des deux liaisons C-O, soit une rupture d’une liaison C-O ou
bien une hydrogénation d’un de ses cycles aromatiques, avant rupture d’une première liaison
C-O.
Figure 27 : Schéma de transformation du dibenzofurane selon Furimsky [34]
Chapitre 1 : Partie bibliographique
51
III.2.2. Composés phénoliques
Les composés phénoliques sont présents dans les biohuiles, et plus particulièrement
lorsque celles-ci proviennent de matières premières riches en lignine. Cette famille de
composés est particulièrement réfractaire à l’hydrodésoxygénation, et de nombreuses équipes
emploient ce type de composés afin de mesurer les performances de différents catalyseurs en
hydrodésoxygénation.
La désoxygénation des composés phénoliques met généralement en compétition deux
voies de transformation. La première consiste en l’hydrogénation du cycle aromatique avant
hydrogénolyse de la liaison carbone-oxygène : dans le cas du phénol, cette voie est appelée
voie hydrogénante (ou « HYD »). La seconde consiste en la rupture directe de la liaison C-O
et est appelée voie « DOD » (pour DésOxygénation Directe).
En tant que composé phénolique le plus simple, la désoxygénation du phénol a
largement été étudiée dans la littérature. Son schéma de désoxygénation sur catalyseurs
sulfures, présenté dans la Figure 28, fait apparaitre les deux voies de transformations décrites
ci-dessus, avec le benzène comme produit de désoxygénation de la voie DOD et le
cyclohexane et le cyclohexène comme produits de la voie HYD.
Figure 28 : Schéma simplifié de transformation du phénol
La sélectivité en produits d’hydrodésoxygénation du phénol est fortement dépendante
de la nature du catalyseur étudié, et notamment du type de promoteur utilisé. En effet, sur
catalyseur NiMo/Al2O3 (à 340 °C et sous 7 MPa), la voie hydrogénante est la voie majoritaire,
comme cela a été montré par Aubert et al. [149]. En revanche, sur catalyseur CoMo/Al2O3 (à
des températures comprises entre 200 et 300 °C et sous 1,5 MPa) Viljava et al. ont observé la
présence majoritaire de benzène, produit de la voie DOD [150]. Dans des conditions
Chapitre 1 : Partie bibliographique
52
opératoires identiques (7,5 MPa, 250 °C), la nette différence de sélectivité entre ces deux
catalyseurs a été vérifiée par Senol et al. [151] : le rapport DOD/HYD sur catalyseur promu
au cobalt est proche de 9 ; sur catalyseur promu au nickel, ce rapport est proche de 0,1
indiquant clairement une influence importante du type de promoteur utilisé sur la sélectivité
observé au cours de la transformation du phénol.
En tant que produit intermédiaire clé de la désoxygénation du benzofurane, Romero et
al. se sont plus particulièrement intéressés à l’étude de la transformation du β-éthylphénol
[152]. Sous 7 MPa et à 340 °C, trois catalyseurs ont été testés : un catalyseur non promu, le
Mo/Al2O3, et deux solides promus, CoMo/Al2O3 et NiMo/Al2O3. Ces résultats ont permis
d’établir un schéma de transformation complet de cette molécule, faisant apparaitre, en plus
des voies HYD et DOD décrites précédemment, une troisième voie de transformation, notée
ACI, expliquée par les propriétés acides du support (Figure 29). En effet, le support seul
permet d’obtenir les produits oxygénés formés selon cette voie de transformation. L’ajout de
phase active sur ce support permet de désoxygéner le 2-éthylphénol, notamment lorsque cette
phase active est promue par le cobalt ou le nickel. Il est d’ailleurs possible d’orienter la
désoxygénation selon le choix du promoteur, comme indiqué dans le Tableau 6. L’ajout de
cobalt sur le catalyseur favorise ainsi la voie DOD, observation déjà faite dans le cas de la
transformation du phénol [151].
Figure 29 : Schéma de transformation du 2-éthylphénol sur catalyseurs sulfures
selon Romero et al. [152]
Chapitre 1 : Partie bibliographique
53
Tableau 6 : Activités sur différents catalyseurs en transformation du 2-
éthylphénol (340 °C, 7 MPa) [152]. L’effet promoteur du cobalt et du nickel par rapport au catalyseur Mo/γ-Al2O3 est indiqué entre parenthèses
-Al2O3 Mo/ -Al2O3 CoMo/ -Al2O3 NiMo/ -Al2O3
Activités (mmol h-1 g-1)
Totale(a) 15,0 17,0 28,0 (1,6) 30,8 (1,8)
HDO(b) 0 8,3 19,0 (2,3) 23,1 (2,8)
HYD 0 5,7 11,4 (2,0) 19,3 (3,4)
DOD 0 1,2 4,6 (3,8) 1,4 (1,2)
ACI 15,0 10,1 12,0 (1,2) 10,1 (1,0) (a) : activité en transformation totale du 2-éthylphénol (b) : activité en formation de produits désoxygénés
Sur catalyseur CoMo/Al2O3 (6,8 MPa, entre 225 et 400 °C), Odebunmi et Ollis [153]
ont montré les similitudes dans la désoxygénation des crésols et du phénol. En effet, il existe
deux voies parallèles de transformation des crésols : l’une commence par la rupture directe de
la liaison C-O afin de former le toluène (similaire à la voie DOD sur le phénol), tandis que
l’autre forme du méthylcychohexène, après hydrogénation complète du cycle aromatique
avant déshydratation (similaire à la voie HYD du phénol). La formation de toluène est par
ailleurs favorisée sur catalyseur promu au cobalt, alors que dans une étude récente (300 °C,
4 MPa), Wang et al. [154] ont montré qu’un catalyseur NiMoS permettait de former plus
majoritairement le methylcyclohexane, ce qui reste en accord avec les différences de
sélectivité observées précédemment.
Il existe plusieurs intérêts à l’étude de la désoxygénation du guaiacol. Tout d’abord,
c’est un composé aromatique qui présente deux types de groupements oxygénés : un
groupement hydroxyl (C-OH) et un groupement méthoxyl (C-OCH3). De plus, ce composé est
présent en quantités relativement importantes dans les biohuiles issues de la pyrolyse. Enfin,
lors de sa transformation, ce composé a tendance à produire une quantité importante de coke
[155]. Son utilisation comme molécule oxygénée modèle devrait également permettre de
chiffrer la résistance des catalyseurs testés à la désactivation.
Philippe et al. [156] ont étudié la transformation du guaiacol sur catalyseur
CoMoP/Al2O3 (340 °C, 4 MPa), alors que Bui et al. [157] ont étudié cette réaction sur
catalyseurs sulfures Mo et CoMo (300 °C, 4 MPa). Les deux études montrent que le guaiacol
peut initialement soit subir une déméthylation (DME), formant le catéchol, soit subir une
démethoxylation (notée DMO), formant le phénol. Cette voie DMO n’est observée que sur les
Chapitre 1 : Partie bibliographique
54
catalyseurs promus. L’entièreté du schéma de transformation du guaiacol est présentée dans la
Figure 30.
Figure 30 : Schéma de transformation du guaiacol selon Bui et al. [157]
III.2.3. Esters et acides
Présents en quantités non négligeables dans les biohuiles, la réactivité des fonctions
ester et acide ont également suscité récemment l’intérêt des chercheurs, notamment dans le
cadre de la valorisation des huiles végétales comme biocarburants [3,4]. De plus, l’instabilité
de la fonction acide carboxylique fait que leur désoxygénation est une nécessité pour l’emploi
des biohuiles en tant que carburants.
Dupont et al. [68] se sont intéressés à l’adsorption du propanoate de méthyle et de ses
principaux produits de désoxygénation (acide propanoïque, propanal, propanol), sur
catalyseurs MoS2 et NiMoS, via des études DFT. Le caractère plus nucléophile de la liaison
C=O fait que le propanoate de méthyle et l’acide propanoïque s’adsorbent préférentiellement
via cet atome d’oxygène. Le propanal peut, en plus, s’adsorber par l’intermédiaire de deux
liaisons sur le solide promu : une liaison reliant l’atome d’oxygène à un atome de molybdène,
et une autre liaison liant l’atome de carbone à un atome de nickel. La Figure 31 illustre
quelques-uns des modes d’adsorption décrits ci-dessus.
Chapitre 1 : Partie bibliographique
55
Figure 31 : Modes d’adsorption les plus stables pour le propanoate de méthyle (sur MoS2 (A) et sur NiMoS (B)) et le propanal (sur MoS2 (C) et sur NiMoS (D))
[68]. Légende : Mo en bleu, Ni en marron, S en jaune, C en gris, O en rouge, H
en blanc
Laurent et Delmon [155] ont été les premiers à publier sur la désoxygénation de ces
familles de composés, en choisissant comme molécules modèles le décanoate d’éthyle et
l’acide décanoïque. Sur catalyseurs CoMo/ -Al2O3 et NiMo/ -Al2O3 (7 MPa, entre 260 et
300 °C), ces auteurs ont mis en évidence l’existence de deux types de réactions sur ces
composés : les réactions d’hydrogénation (notée HDO), conduisant aux hydrocarbures à 10
atomes de carbone, et les réactions de décarboxylation (notée DEC), conduisant aux
hydrocarbures à 9 atomes de carbone. Ils ont aussi proposé que l’acide décanoïque soit
l’intermédiaire clé de la désoxygénation du décanoate d’éthyle, puisque la réactivité de l’ester
est deux fois plus importante que celle de l’acide dans leurs conditions réactionnelles.
Des études plus récentes ont permis d’affiner le schéma de transformation des esters et
des acides. Senol et al. [158] ont ainsi étudié la transformation de l’heptanoate de méthyle, sur
catalyseurs CoMo/ -Al2O3 et NiMo/ -Al2O3 (1,5 MPa, entre 250 et 300 °C). Cette étude a
permis d’identifier plusieurs autres types de produits : l’heptanol comme intermédiaire
réactionnel, ainsi que des alcènes (hexènes et heptènes). En étudiant la transformation de
l’acide heptanoïque [159], d’autres produits ont été identifiés : l’heptanal, l’heptanoate
d’heptyle (issu d’une réaction d’estérification entre l’acide et l’alcool), et le diheptyl éther
(formé par éthérification entre deux molécules d’heptanol). L’analyse des effluents gazeux a
aussi permis d’observer la présence de monoxyde de carbone. Le schéma de transformation
de l’heptanoate de méthyle est ainsi présenté dans la Figure 32. Une différence de sélectivité a
Chapitre 1 : Partie bibliographique
56
aussi été observée entre les catalyseurs NiMo/ -Al2O3 et CoMo/ -Al2O3, notamment en ce qui
concerne la proportion d’alcanes et d’alcènes. En effet, sur les deux familles d’hydrocarbures
considérés (à 6 ou 7 atomes de carbone), le rapport alcane/alcènes sur catalyseur promu au
nickel est proche de 6, tandis que sur catalyseur promu au cobalt, ce rapport est proche de 0,3.
Le ratio DEC/HDO est proche sur les deux catalyseurs, 0,5 pour le catalyseur promu au
cobalt, et 0,7 pour le catalyseur promu au nickel.
Figure 32 : Schéma de transformation de l’heptanoate de méthyle selon Senol et
al. [159]
Afin de s’affranchir de l’effet du support, Ruinart de Brimont et al. ont travaillé sur
différents catalyseurs sulfures massiques dans la réaction de l’heptanoate d’éthyle et de
plusieurs de ses intermédiaires (250 °C, 1,5 MPa) [160]. Le Ni2S3, le MoS2, et trois NiMoS
présentant des rapports Ni/Mo compris entre 0,1 et 0,43 ont ainsi été étudiés. Le schéma de
transformation décrit est légèrement différent de celui proposé par Senol et al., en faisant
apparaitre, dans la voie hydrogénante, un intermédiaire soufré (formé par substitution
nucléophile de l’alcool en thiol), qui pourrait ensuite subir soit une réaction
d’hydrodésulfuration pour conduire à un alcane, soit subir une réaction d’élimination (avec
perte d’hydrogène sulfuré), conduisant à la formation de l’alcène. Aussi, la quantité de
promoteur influe directement sur la sélectivité des produits formés. En effet, la sélectivité en
produits de décarbonylation et décarboxylation (produits de la voie DEC) augmente avec la
quantité de nickel contenu dans le catalyseur. Sans nickel, le rapport DEC/HDO est proche de
0. Cependant, le rapport DEC/HDO est directement lié à la quantité de promoteur ajouté dans
le catalyseur : l’ajout progressif de nickel permet de faire évoluer ce ratio. Par exemple, avec
20 % de nickel, le solide NiMoS présente un rapport DEC/HDO égal à 0,5, tandis que le
NiMoS contenant 43 % de nickel présente un rapport DEC/HDO égal à 1,8. Ce rapport est
Chapitre 1 : Partie bibliographique
57
bien plus important que ce qu’avaient observé Senol et al. [159], toutefois, le taux de
promotion du catalyseur n’a pas été indiqué dans leur étude.
Enfin, Philippe et al. [161] ont travaillé sur la désoxygénation de l’acide décanoïque sur
catalyseur CoMoP/Al2O3 (340 °C, 4 MPa). Dans cette étude n’apparaissent que les voies
d’hydrogénation et de décarbonylation (Figure 33) : en effet, le dioxyde de carbone n’a pas
été détecté expérimentalement par ces auteurs. Aussi, comme pour Ruinart de Brimont et al.,
leur schéma de transformation montre la possibilité de former des thiols, obtenus par réaction
entre l’hydrogène sulfuré et les alcènes (Figure 33). Au cours de cette étude, sur catalyseur
promu au cobalt, la voie de décarbonylation est majoritaire, avec un rapport C9/C10 proche
de β, ce qui correspond au ratio observé lors de l’étude de Ruinart de Brimont et al., à taux de
promotion similaires (le rapport molaire Co/Mo étant égal à 0,4 pour le catalyseur
CoMoP/Al2O3 utilisé par Philippe et al.). De plus, le rapport alcane/alcènes est fortement
dépendant du temps de résidence de l’acide décanoïque sur le catalyseur : plus ce temps est
grand, plus le rapport l’est également, les alcènes s’hydrogénant alors en alcanes.
Figure 33 : Schéma de transformation de l’acide décanoïque selon Philippe et al.
[161]
III.3. Effet de l’hydrogène sulfuré sur la transformation
de composés oxygénés
En présence de catalyseur sulfure, l’ajout d’un agent sulfurant dans la charge
réactionnelle est souvent nécessaire quant au maintien de l’état de sulfuration de ces solides.
Chapitre 1 : Partie bibliographique
58
Cependant, l’hydrogène sulfuré impacte l’activité et la sélectivité des catalyseurs lors de la
transformation des composés oxygénés. Les études publiées sur ce sujet semblent montrer que
cet effet est fortement dépendant de la fonction oxygéné étudiée, des conditions de réactions,
ainsi que du type de catalyseur utilisé, notamment la nature du promoteur présent (nickel ou
cobalt).
Ainsi, lors de l’hydrodésoxygénation du benzofurane sur catalyseur NiMo/Al2O3
(3,5 MPa, entre 200 et 320 °C), Bunch et al. [162] ont montré un effet inhibiteur de l’H2S sur
la transformation de cette molécule. En revanche, sur catalyseurs NiMoP/Al2O3 (340 °C,
7 MPa), Romero et al. [147] ont noté un effet bénéfique de l’hydrogène sulfuré, avec une
conversion totale presque doublée et un rendement en produits désoxygénés multiplié par 8.
L’enrichissement en phosphore de la phase sulfure et/ou les différences dans les conditions de
réactions pourraient expliquer en partie les différences d’effet de l’hydrogène sulfuré observé.
Sur les composés phénoliques, plusieurs études [150,151,163,164] ont montré que
l’hydrogène sulfuré a un effet inhibiteur sur leur taux de désoxygénation. De plus, la voie
DOD de transformation du phénol (conduisant au benzène) est plus affectée que la voie HYD
(conduisant entre autres au cyclohexane), cet effet étant plus accentué sur catalyseurs promus
au cobalt [151]. Cependant, sur NiMoP/Al2O3, Romero et al. [147] ont rapporté un effet
promoteur de l’hydrogène sulfuré sur la transformation du β-ethylphénol. Sur ce même
composé, Bouvier et al. [165] ont montré un effet bénéfique de l’hydrogène sulfuré sur
catalyseurs Mo/Al2O3 et NiMo/Al2O3, tandis que le catalyseur CoMo/Al2O3 a une activité
globale qui reste inchangée. Toutefois, en observant les trois voies de transformation du 2-
ethylphénol, sur tous les catalyseurs, la voie DOD est inhibée par la présence d’H2S, alors que
les voies HYD et ACI sont promues. Ceci explique la différence de comportement entre les
catalyseurs Mo et NiMo d’une part, et CoMo d’autre part. En effet, le catalyseur CoMo voit la
majeure partie de son activité globale être attribuée à la voie DOD alors que la voie HYD est
la voie majoritaire de transformation du 2-éthylphénol sur catalyseurs Mo et NiMo.
Selon plusieurs études réalisées par Senol et al., la conversion de l’heptanoate de
méthyle, de l’acide heptanoïque et de l’heptanol est favorisée par l’ajout d’hydrogène sulfuré
[166,167]. De plus, avec l’ajout d’hydrogène sulfuré, la voie de décarbonylation -
décarboxylation est favorisée. Aussi, sur catalyseur promu au nickel, le rapport alcane/alcènes
diminue avec l’augmentation de l’hydrogène sulfuré dans la charge réactionnelle. Cependant,
aucun effet notable de l’hydrogène sulfuré n’a été mesuré sur la stabilité des catalyseurs.
Chapitre 1 : Partie bibliographique
59
Ferrari et al. [87,88] a aussi étudié l’effet de l’hydrogène sulfuré sur l’hydrodésoxygénation
du décanoate d’éthyle sans avoir repéré aucun effet notable de ce gaz sur cette réaction.
En désoxygénation d’une huile végétale (γ10 °C, 3,5 MPa), Kubicka et Horacek [138]
ont observé deux effets à l’ajout de DMDS comme agent sulfurant. Sur catalyseur
CoMo/Al2O3, l’ajout de DMDS permet de maintenir le rendement en désoxygénation de
l’huile végétale. De plus, une modification du rapport entre hydrocarbures en C18 et
hydrocarbures en C17 est observée : sans ajout d’agent sulfurant, ce rapport est situé entre 3
et 4, alors que l’ajout de DMDS fait baisser ce rapport entre 1 et 1,η. L’augmentation des
réactions de décarbonylation et décarboxylation serait due, d’après ces auteurs, à une
augmentation de l’acidité du catalyseur induite par l’ajout d’hydrogène sulfuré. La promotion
de l’hydrogène sulfuré sur la voie DEC observée par ces auteurs est en accord avec les
résultats obtenus par Senol et al. [166,167].
III.4. Transformation de composés oxygénés modèles en
mélange
Connaitre le comportement de fonctions oxygénées sur les catalyseurs n’est qu’une
première étape dans la compréhension de la désoxygénation des biohuiles. En effet, dans les
conditions d’hydrotraitement réelles, plusieurs fonctions se transforment en même temps, et
peuvent mutuellement altérer leurs transformations. De plus, en se désoxygénant, certaines
fonctions oxygénées se transforment en des sous-produits pouvant modifier les performances
des catalyseurs, en inhibant par exemple certaines voies de transformation des molécules
oxygénées étudiées. Ainsi, des travaux ont porté sur l’étude de la transformation de mélanges
de molécules oxygénés.
III.4.1. Effet de sous-produits de désoxygénation (CO, H2O)
Différentes études ont porté sur l’influence du monoxyde de carbone et de l’eau sur les
performances des catalyseurs sulfures. Par exemple, le monoxyde de carbone est utilisé afin
de caractériser les phases sulfures, et il est connu pour avoir de fortes interactions avec celles-
ci [74,168]. De ce fait, cette molécule peut altérer les performances catalytiques des sulfures
de molybdène (promus ou non), entrant en compétition pour l’adsorption sur les sites actifs.
L’eau est aussi connue pour changer la structure des catalyseurs sulfurés [34], et celle-ci est
présente en grandes quantités dans les biohuiles.
Chapitre 1 : Partie bibliographique
60
Plusieurs études ont montré l’effet néfaste que pouvait avoir le monoxyde de carbone
sur les performances catalytiques des sulfures, notamment en désulfuration de composés
thiophéniques [161,169,170]. En hydrodésoxygénation du 2-éthylphénol, Bouvier et al. [165]
ont montré que l’effet du CO dépendait du catalyseur étudié. Aucun effet n’a été remarqué sur
le Mo/Al2O3, le NiMo/Al2O3 se désactive très légèrement, tandis que le CoMo/Al2O3 est très
fortement affecté par la présence de CO, perdant 30 % de son activité pour une pression
partielle de seulement 2,5 kPa. La voie DOD est la plus affectée (perte d’environ 50 % de
l’activité dans cette voie pour une pression partielle en CO de β,η kPa), mais la voie HYD est
elle aussi touchée par cette baisse (perte d’environ γ0 % pour cette même pression partielle).
Il faut noter toutefois que cet effet inhibiteur du CO est totalement réversible.
Laurent et Delmon [171] ont montré que, sur un catalyseur NiMo/Al2O3 et en réacteur
fermé (360 °C, 7 MPa), la présence de 10 mL d’eau pour 180 mL de solution totale diminue
l’activité de ce catalyseur en désoxygénation du 4-methylphénol. En effet, en présence ou en
absence d’agent sulfurant, le catalyseur voit son activité baisser de près de 70 % en l’espace
de 60 heures, alors qu’en absence d’eau, le catalyseur ne perd que ββ % de son activité dans
ce même intervalle de temps.
En transformation du 2-éthylphénol, Badawi et al. [72] ont observé que les catalyseurs
Mo/Al2O3 et CoMo/Al2O3 étaient tous deux sensibles à la présence d’eau. La voie HYD est
affectée sur les deux solides (divise l’activité du Mo par γ et du CoMo par 1,γ), tandis que la
voie DOD est insensible à l’eau. De plus, l’effet de l’eau est en partie irréversible sur le
catalyseur non promu. La présence de cobalt sur les phases sulfures permet de limiter les
échanges soufre-oxygène entre le catalyseur et l’eau, permettant ainsi de stabiliser les phases
sulfures et ainsi diminuer l’effet de l’eau sur le catalyseur en transformation du β-éthylphénol.
L’effet de l’eau a aussi été étudié en désoxygénation de l’heptanoate de méthyle par
Senol et al. [166], sur catalyseurs promus (Co,Ni)Mo/Al2O3. Sur NiMo, l’eau a un effet
inhibiteur, qui peut être corrigé en rajoutant de l’hydrogène sulfuré dans la charge. Pour le
CoMo, l’eau a peu d’effet sur l’activité du catalyseur, ce qui semble en accord avec les
résultats décrits par Badawi et al. [72], indiquant que les phases sulfures promues au cobalt
semblent relativement insensible à la présence d’eau.
Ces deux molécules ont donc des effets inhibiteurs sur les catalyseurs sulfures. Le
monoxyde de carbone affecte plus les catalyseurs promus au cobalt, tandis que l’eau impacte
plus les catalyseurs non promus ou bien promus au nickel. En transformation de composés
phénoliques, le monoxyde de carbone inhibe la voie DOD, tandis que l’eau diminue le
Chapitre 1 : Partie bibliographique
61
rendement en produits de la voie HYD. Ces deux composés semblent donc affecter chacun un
type de site actif bien précis à la surface des catalyseurs sulfures.
III.4.2. Effet de fonctions oxygénées
L’influence de composés oxygénés sur l’hydrodésulfuration de molécules soufrés a fait
l’objet de quelques études, tout comme l’effet de molécules oxygénées en
hydrodésoxygénation d’autres composés oxygénés.
En désulfuration d’une charge réelle, Pinheiro et al. [36] ont mesuré l’effet de différents
composés oxygénés (2-propanol, cyclopentanone, anisole, guaiacol, acide propanoïque et
décanoate d’éthyle) sur catalyseur CoMo/Al2O3 (à 330 °C et entre 3 et 5 MPa). Seuls l’acide
propanoïque et le décanoate d’éthyle ont eu un effet négatif sur la désulfuration de cette
charge, attribuée, selon les auteurs, à la formation de CO et CO2 lors de la désoxygénation de
ces composés.
Philippe et al. [156,161] se sont intéressés à l’effet de divers composés oxygénés
(phénol, guaiacol, acide décanoïque) sur la désulfuration de dibenzothiophènes sur catalyseur
CoMoP/Al2O3 (340 °C, 4 MPa). L’acide décanoïque est ainsi le composé qui provoque la
désactivation la plus importante de ce catalyseur, suivi par le monoxyde de carbone, le
guaiacol puis le phénol, comme le montre la Figure 34. De plus, l’effet sur les voies de
transformation des dibenzothiophènes n’est pas le même selon le composé oxygéné considéré.
En effet, l’acide décanoïque et le monoxyde de carbone inhibent plus la voie de rupture
directe des liaisons C-S. Le guaiacol a un effet plus important et irréversible sur la voie
hydrogénante. Le phénol, quant à lui, a un effet similaire sur ces deux voies de
transformations. Ces résultats semblent confirmer qu’il existe sur les phases sulfures
différents types de sites, actifs en rupture de liaison C-S ou bien en hydrogénation.
Chapitre 1 : Partie bibliographique
62
Figure 34 : Activité relative en HDS du 4,6 DMDBT en fonction de la présence de
différents composés oxygénés sur catalyseur CoMoP/Al2O3 (340 °C, 4 MPa)
[161]
En ce qui concerne l’influence de différents composés oxygénés, la désoxygénation de
mélanges de 2-propylphénol / benzofurane et 2-propylphénol / 2,3-dihydrobenzofurane a été
étudiée par Romero et al. [147], sur catalyseurs NiMoP/Al2O3 (340 °C, 7 MPa). Le
benzofurane n’est pas affecté par la présence du 2-propylphénol. En revanche, en présence de
benzofurane ou de 2,3 dihydrobenzofurane, la transformation du 2-propylphénol diminue
drastiquement, étant divisée par un facteur 12 en présence de benzofurane et par un facteur 18
en présence de 2,3 dihydrobenzofurane. Il existe donc un effet inhibiteur du benzofurane ou
de son isomère hydrogéné (2,3-dihydrobenzofurane) sur la transformation du 2-propylphénol,
probablement causé par une compétition à l’adsorption sur les sites actifs entre ces deux
molécules.
Ryymin et al. [163] ont travaillé sur la désoxygénation d’un mélange phénol /
heptanoate d’éthyle sur NiMo/Al2O3. Le phénol a peu d’effet sur la conversion de l’ester,
mais il diminue tout de même légèrement la formation d’hydrocarbures à 7 atomes de
carbones (diminution de 90 % à 85 % de sélectivité). Les auteurs expliquent ceci à cause
d’une compétition entre les réactions de réduction du phénol avec les réactions de réduction
de l’acide heptanoïque, de l’heptanal et de l’heptanol. En revanche, l’heptanoate d’éthyle a un
effet inhibiteur important sur la désoxygénation du phénol.
Chapitre 1 : Partie bibliographique
63
IV. Conclusion
Cette partie montre clairement que la biomasse de type lignocellulosique, mais
également la biomasse oléagineuse ou algale sont des sources prometteuses de biocarburants
liquides, pouvant être utilisée en remplacement partiel, voire total (à plus longue échelle) des
carburants fossiles. Cependant, les liquides obtenus après traitement de ces différentes
biomasses possèdent de fortes teneurs en oxygène, responsables de leurs mauvaises propriétés
physico-chimiques (notamment une forte instabilité, une viscosité élevée et un mauvais
pouvoir calorifique). Il est donc nécessaire d’éliminer partiellement ou totalement cet
oxygène, et ceci peut se faire par hydrodésoxygénation catalytique. La transformation des
biohuiles peut se faire en co-traitement avec les charges pétrolières, ce qui représente une
solution économiquement viable, avec l’utilisation des mêmes infrastructures pour le
traitement des deux types de charges.
Les catalyseurs couramment utilisés afin de réaliser les réactions d’hydrotraitement, et
plus particulièrement l’hydrodésoxygénation, sont des catalyseurs sulfures à base de
molybdène ou de tungstène, promu par le cobalt ou le nickel, et déposé sur alumine. Sur ce
type de catalyseur, les sites actifs sont des lacunes anioniques situées sur les atomes de
molybdène et/ou de promoteur. Des travaux existent encore afin d’améliorer les performances
de ces catalyseurs, notamment en modifiant la phase active de ces catalyseur (taux
d’empilement et taille des feuillets, interaction avec le support).
La transformation de composés oxygénés sur catalyseurs sulfures a été largement
étudiée, notamment la transformation de composés phénoliques, molécules les plus
réfractaires aux traitements de désoxygénation et présents en grandes quantités dans les
biohuiles. Bien que les composés acides soient plus faciles à transformer que les composés
phénoliques, l’étude de leur désoxygénation est digne d’intérêt : en effet, ils sont présents en
grand nombre au sein des biohuiles, et sont entre autre responsables de leur instabilité. Par
ailleurs, ils sont aussi le premier intermédiaire de transformation des esters, molécules
présentes dans les huiles végétales. Cependant, il reste quelques inconnues concernant la
désoxygénation des acides, notamment concernant leur schéma et leur mécanisme de
transformation exact, ou encore l’impact subi ou bien infligé lorsque ce composé est présent
en mélange.
Ainsi, dans ce manuscrit de thèse, un chapitre sera dévolu à l’étude de
l’hydrodésoxygénation de plusieurs molécules oxygénées (acide décanoïque, décanal, phénol)
Chapitre 1 : Partie bibliographique
64
sur catalyseurs sulfures supportés industriels. Des solides de type NiMoS massiques, mis en
forme par ajout de liquide ionique ou bien par modification du solvant de synthèse, ont aussi
été testés en désoxygénation de l’acide décanoïque et du phénol.
65
Chapitre 2 : Partie
expérimentale
66
Chapitre 2 : Partie expérimentale
67
Dans ce chapitre, dans un premier temps, l’ensemble des techniques de caractérisations
utilisées afin de décrire au mieux les différents catalyseurs utilisés au cours de ces travaux de
thèse seront décrits. Ensuite, le micro pilote sous pression ayant servi à réaliser les tests
catalytiques sera détaillé. Les calculs utilisés afin d’exploiter les résultats expérimentaux
seront alors détaillés, puis la liste des composés chimiques commerciaux employés au cours
de ces travaux sera fournie.
I. Techniques de caractérisation des catalyseurs
Les différentes techniques de caractérisations utilisées pour déterminer les propriétés
physico-chimiques et texturales des différents catalyseurs sont décrites ci-dessous.
I.1. Analyse texturale par adsorption / désorption
d’azote
Par mesure d’adsorption et de désorption d’azote, il est possible d’avoir accès à de
nombreuses données concernant les matériaux. Cette technique a été utilisée ici afin d’avoir
accès à la surface spécifique, au volume poreux ainsi qu’à la taille moyenne des pores des
catalyseurs utilisés, en utilisant deux méthodes (BET pour la surface spécifique, et BJH pour
le volume poreux et la taille moyenne des pores).
Les mesures ont été effectuées sur deux appareils différents (Micromeritics ASAP 2000
et Micromeritics Tristar). Les échantillons sont dégazés au préalable sous vide durant une nuit
à βη0 °C, avant d’effectuer l’analyse d’adsorption d’azote à -196 °C par injection
automatique, en suivant les méthodes conventionnelles par rapport au type de matériau étudié.
I.2. Fluorescence X
Les teneurs en métaux des catalyseurs ont été déterminés par analyse en fluorescence X,
réalisées au sein de l’ICβMP par Mme Sandrine Arrii-Clacens, ingénieur de recherche.
L’appareil utilisé afin de réaliser ces mesures est un spectromètre Bruker S4 Explorer
dispersif en longueur d’onde, et ce système a permis l’analyse quantitative des éléments
chimiques (du sodium à l’uranium) contenus dans les solides.
Chapitre 2 : Partie expérimentale
68
I.3. Analyse élémentaire (carbone, soufre)
Les teneurs en carbone et en soufre des différents solides ont été déterminées par
analyse élémentaire et ont été réalisées par Mme Morgane Vilette, technicienne au sein de
l’ICβMP. Pour cela, l’échantillon est porté à 10β0 °C à l’aide d’un appareil NAβ100 Protein
Thermoquest, les différents éléments chimiques sont ensuite séparés par une colonne
chromatographique remplie avant d’être détectés à l’aide d’un catharomètre.
I.4. Microscopie électronique à balayage
La morphologie des échantillons massiques synthétisés à Montpellier a été déterminée,
entre autre, à l’aide de la microscopie à balayage. Pour cela, l’échantillon a été analysé sur un
microscope de type HITACHI S-4800. Ces analyses ont été réalisées au sein de l’Institut
Charles Gerhardt de Montpellier.
I.5. Microscopie électronique à transmission
La taille des feuillets, leur taux d’empilement, ainsi que la morphologie des solides
après sulfuration ont été déterminés par microscopie électronique à transmission. Des
analyses dispersives en énergie ont aussi été effectuées afin de déterminer la composition
locale des solides analysés.
L’appareil utilisé afin de réaliser ces analyses est un microscope JEOL β100 UHR, avec
une résolution de 0,19 nm. Les échantillons solides sont maintenus sous atmosphère inerte
avant d’être mis en solution dans l’éthanol puis d’être déposés sur une grille de cuivre
recouverte d’un film de carbone troué. L’échantillon est alors placé dans la chambre sous vide
du microscope après séchage à température ambiante.
Les analyses ont été réalisées par Mme Julie Rousseau, ingénieur d’études CNRS au
sein de l’ICβMP.
I.6. Spectroscopie de photoélectrons X (XPS)
Cette technique permet l’analyse de composés solides, afin d’obtenir des
renseignements sur le degré d’oxydation des espèces situés en surface de l’échantillon
analysé, ainsi que sur leurs concentrations relatives. La profondeur maximale d’analyse est
comprise entre 5 et 10 nm, et tous les éléments chimiques sont détectables, à l’exception de
Chapitre 2 : Partie expérimentale
69
l’hydrogène et l’hélium. Ici, cette technique a permis d’avoir accès au taux de sulfuration du
molybdène, ainsi qu’au taux de promotion des phases sulfures.
L’appareillage utilisé afin de réaliser ces analyses est un spectromètre Kratos Analytical
AXIS UltraDLD équipé d’une source monochromatique à aluminium. Ces analyses ont été
réalisées par Mme Anne-Sophie Mamède, maître de conférences au sein de l’UCCS de Lille.
I.7. Diffraction des rayons X
Les catalyseurs supportés ont été caractérisés par diffraction de rayons X sur un
diffractomètre Bruker « D5005 » et d’une source radioactive Cu Kα. (λ = 1,η40θ Å).
L’acquisition a été réalisée par pas de 0,0β ° s-1 en angle β , de 10 à 90°. Les
diffractogrammes ont été comparés à l’aide des fichiers de la base de données JCPDS.
Les catalyseurs massiques ont quant à eux été analysés à Montpellier, sur un
diffractomètre Philips X’Pert MPD X-RAY utilisant une source radioactive Cu Kα. (λ =
1,η40θ Å). L’acquisition a été réalisée par pas de 0,002653 ° s-1 en angle β , de η à θη°. Les
diffractogrammes ont été comparés à l’aide des fichiers de la base de données JCPDS.
I.8. Spectroscopie Raman
Ces analyses ont été effectuées à Montpellier, avec l’utilisation d’un appareil LabRAM
ARAMIS de la société Jobin Yvon Horiba, possédant une source laser de 633 nm. Lorsque
l’échantillon est soumis à une source de lumière, une partie des photons échangent de
l’énergie avec le milieu, engendrant le changement de fréquence de cette lumière diffusée par
rapport à la lumière incidente. Ces changements de fréquences sont directement liés à la
nature des liaisons composant le matériau analysé. Ainsi, la position de raies obtenues lors de
l’exploitation d’un spectre Raman permet de donner des informations sur à la nature de
l’espèce analysée.
II. Mesure des activités catalytiques
II.1. Appareillage utilisé
La sulfuration in situ du catalyseur ainsi que la mesure d’activité catalytique sont
réalisés dans un réacteur dynamique à lit fixe. Trois parties sont facilement identifiables sur le
Chapitre 2 : Partie expérimentale
70
montage expérimental : le réacteur et son système de chauffage, l’alimentation en gaz et en
charge liquide réactionnelle, ainsi que le système de prélèvement des échantillons.
L’ensemble du montage expérimental est schématisé dans la Figure 35, avec la
représentation du réacteur (1), de l’arrivée en gaz (β) et en charge liquide (γ), de la pompe
HPLC (4), du condenseur (η) et du système de neutralisation et d’évacuation des gaz (θ).
Le réacteur est constitué d’un tube en acier inoxydable, possédant les caractéristiques
suivantes :
- longueur : 40 cm
- diamètre extérieur : 1,72 cm
- diamètre intérieur : 1,26 cm
- pression d’essai : 25 MPa
L’extrémité supérieure du réacteur permet l’acheminement des réactifs (trois au
maximum) au sein du tube en acier inoxydable. Une première arrivée est réservée à la charge
réactionnelle liquide, une seconde permet d’acheminer l’hydrogène dans le réacteur, tandis
que la troisième entrée permet l’envoi de différents gaz dilués dans l’hydrogène, selon les
besoins expérimentaux (H2S, CO, CO2).
L’extrémité inférieure du réacteur est équipée d’un puits thermométrique, permettant
d’insérer un thermocouple au cœur du lit catalytique afin de mesurer la température exacte au
sein du catalyseur.
Le chauffage du réacteur est assuré par trois coquilles SOTELEM. Chacune des
coquilles est équipée de thermocouples, permettant d’obtenir la température de la paroi du
réacteur. Ces thermocouples sont reliés à des régulateurs électroniques, qui gèrent la consigne
et permettent, en cas d’écarts trop importants, de couper l’alimentation du montage. Elles ont
une puissance de 500 W (sous 220 V) et peuvent atteindre une température de 600 °C.
L’alimentation en hydrogène et en gaz dilués est réalisée par des bouteilles comprimées
à 20 MPa, par des détendeurs (réglés à 1 MPa au-dessus de la pression de travail) et par des
débitmètres de type Brooks 5850 TR (étalonnés afin de fonctionner dans une gamme de débits
comprise entre 0 et 30 NL h-1).
Les charges réactionnelles liquides sont stockées dans des burettes réservoirs,
maintenues sous une légère pression en air (de l’ordre de η0 kPa). La charge est injectée dans
le réacteur à l’aide d’une pompe HPLC Gilson (modèle γ07, tête de pompe η cm3), permettant
de travailler sous de hautes pressions (pouvant atteindre une pression de 60 MPa).
Chapitre 2 : Partie expérimentale
71
Figure 35 : Schéma du micro pilote sous pression pour réalisation des tests
catalytiques
(6)
(1)
(2)
(3)
(4)
(5)
Manomètre
Tamismoléculaire
Débitmètremassique
Régulateur
Détendeur
Vannepneumatique
Filtre
Filtre
[S.E.]
[M.S.]
[C.P.]
Déverseur
Solution saturée de soude
Sortie
Condenseur
Débitmètreà bulles de savon
Manomètre
By-pass
LEGENDE :
[S.E.] : Soupape d'Eclatement
[M.S.] : Manomètre deSécurité[C.P.] : Contrôleur dePression
[S.C.] : Système de Chauffage.
: Clapet anti-retour
: Vanne d'arrêt
Puit thermométrique
Réacteur
[S.C.]Pompe
Amorçage
Air (0,8 bar)
ChargeMélange
sulfurationde
Vannes d’isolement
Sortie
Gaz
FiltreC.G
[C.G] : Chromatographie gazeuse
Chapitre 2 : Partie expérimentale
72
En sortie de réacteur, une vanne 6 voies permet de procéder à des injections en ligne
dans une première chromatographie en phase gaz. Les effluents sont par la suite recueillis
dans un séparateur gaz / liquide à double enveloppe, refroidi à 10 °C par circulation de liquide
de refroidissement (mis en circulation à l’aide d’un cryostat Minichiller Huber). Les effluents
liquides sont prélevés dans ce condenseur.
A l'aval de ce condenseur, une vanne de purge permet de prélever des échantillons
liquides. Les gaz non condensables, quant à eux, sont détendus à pression atmosphérique
avant barbotage dans une solution saturée de soude (permettant l’élimination de l’hydrogène
sulfuré), puis ils sont évacués. Le contrôle du débit de gaz en sortie du réacteur est assuré à
l’aide d’un débitmètre à aiguille (Ritter, modèle TG 0η) couplé à un compteur à gaz (Ritter,
modèle EDU γβ FP). Un débitmètre à bulle permet aussi, lorsque cela s’avère nécessaire, de
contrôler le débit de gaz en sortie de réacteur.
Lors des prélèvements d’échantillons liquides, le condenseur est isolé et réajusté à la
pression de travail avant d’être reconnecté au système expérimental. Cette procédure permet
d’éviter de perturber la réaction par des chutes de pression. Les prélèvements, effectués
régulièrement, sont ensuite analysés par chromatographie en phase gaz pour l'identification et
la quantification des produits.
II.2. Conditions opératoires
II.2.1. Chargement du réacteur
Les trois catalyseurs commerciaux utilisés sont fournis sous forme d’extrudés de 1/1θ
de diamètre. Avant réaction, il convient donc de les broyer puis de les tamiser, afin d’obtenir
une poudre dans une gamme de granulométrie comprise entre 250 µm et 315 µm. Les
catalyseurs synthétisés sont, quant à eux, introduits tel quel dans le réacteur. Le catalyseur (de
masse comprise entre 5 mg et 200 mg) est dilué dans du carborundum (carbure de silicium, un
solide inerte), de granulométrie comprise entre 0,4 mm et 0,5 mm, pour maintenir un volume
de lit catalytique constant (d’une hauteur de η8 mm), quelle que soit la masse de catalyseur
utilisée (la somme des masses du catalyseur et du carborundum étant égale à 2 g). Ceci
permet de conserver le même écoulement du milieu réactionnel sur le lit catalytique pour
chacune des expériences réalisées. L’écoulement au sein du réacteur est bien de type piston,
les relations suivantes étant vraies : D/dp > 10 et L/dp > 50 (où L est la hauteur du lit
Chapitre 2 : Partie expérimentale
73
catalytique, D le diamètre du réacteur (12,6 mm) et dp le diamètre des particules de
catalyseur).
Le lit catalytique repose entre des billes de verres de 2 mm de diamètre, afin d’éviter la
formation de chemins préférentiels pour la charge réactionnelle, du coton de verre séparant
chaque section. Un schéma représentant une vue de coupe du réacteur chargé est présenté
dans la Figure 36, avec une flèche indiquant le sens de la charge réactionnelle.
Figure 36 : Vue de coupe du réacteur chargé
II.2.2. Sulfuration
Avant d’effectuer un test catalytique, le catalyseur doit être préalablement sulfuré. Ce
prétraitement, effectué à 350 °C et sous 4 MPa d'hydrogène, consiste en une sulfuration in situ
du catalyseur par le sulfure d'hydrogène provenant de la décomposition du diméthyldisulfure
(DMDS), selon la réaction suivante :
La charge sulfurante est constituée d'un mélange contenant du DMDS (5,8 %pds) dilué
dans le toluène. Le débit en charge sulfurante est de 8 mL h-1, celui en hydrogène est de
4,7 NL h-1. Le rapport H2 / charge est ainsi égal à 587 NL/L.
La charge sulfurante est tout d’abord injectée à 1η0 °C, puis, après 1 heure, la
température est portée à 350 °C, avec une rampe de 5 °C min-1. Le chauffage est alors
maintenu durant 14 heures. Enfin, la température est abaissée à la température de réaction
Chapitre 2 : Partie expérimentale
74
(généralement 340 °C). Les pressions partielles des différents composés dans le réacteur au
cours de l’étape de sulfuration sont reportées dans le Tableau 7.
Tableau 7 : Pression totale et pressions partielles des différents réactifs au
cours de la sulfuration (valeurs exprimées en MPa)
Ptotale PH2 Ptoluène PCH4 PH2S
4,00 2,57 1,15 0,14 0,14
II.2.3. Conditions de réaction
La transformation des différents composés oxygénés dilués dans le toluène a été étudiée
à 340 °C, sous une pression totale de 4 MPa et avec un rapport H2/HC constant et égal à
486,4 NL/L sur des catalyseurs sulfures à base de molybdène.
Le temps de contact sur catalyseur (exprimé en min) est égal au rapport entre le volume
de catalyseur et le débit volumique de réactif à l’état gazeux. Sa formule complète est la
suivante :
Où : tcontact : temps de contact (min)
mcata : masse de catalyseur (g)
P : pression de réaction (Pa)
ρc : masse volumique du catalyseur (g L-1)
Fmol : débit molaire du réactif (mol min-1)
R : constante des gaz parfaits (J mol-1 K-1)
T : température de réaction (K)
Ainsi, pour obtenir un temps de contact de 0,16 min avec un catalyseur de type
CoMo/Al2O3 (de masse volumique égale à 0,62 g cm-3) sous 4 MPa de pression et à une
température de 340 °C, il faut mettre dans le réacteur 30 mg de catalyseur, et envoyer un débit
de charge liquide égal à 36 cm3 h-1, tandis que celui en hydrogène doit être de 17,5 L h-1.
Chapitre 2 : Partie expérimentale
75
De nombreuses charges réactionnelles ont été utilisées dans le cadre de ces travaux. La
charge réactionnelle contient la (ou les) molécule(s) à étudier, éventuellement le DMDS
(agent sulfurant), du n-heptane, utilisé comme étalon interne pour l’analyse
chromatographique des produits de réaction et un solvant, le toluène. Les compositions
chimiques des charges liquides les plus utilisées sont répertoriées dans le Tableau 8. Les
pressions partielles générées par ces différentes charges au sein du réacteur sont regroupées
dans le Tableau 9.
Tableau 8 : Composition chimique des charges liquides utilisées (en %mol.)
Charge Toluène n-heptane Acide Décanal Phénol DMDS
Acide C10(a) (DMDS) 91,8 2,6 4,3 - - 1,3
Acide C10(a) (sans DMDS) 93,2 2,5 4,3 - - -
Phénol (DMDS) 92,0 2,5 - - 4,2 1,3
Décanal (DMDS) 91,8 2,6 - 4,3 - 1,3
Décanal + 20 kPa acide
C12(b)
90,0 2,6 1,7 4,4 - 1,3
Phénol + 20 kPa acide C10(a) 90,4 2,5 1,6 - 4,2 1,3 (a) : acide C12 = acide décanoïque (b) : acide C10 = acide dodécanoïque
Tableau 9 : Pressions partielles générées dans le réacteur selon la nature des
différentes charges réactionnelles (en kPa)
Charge H2 Toluène n-heptane Composé
oxygéné H2S CH4
Acide C10(a) (DMDS) 2720 1130 31 53 33 33
Acide C10(a) (sans DMDS) 2754 1162 31 53 0 0
Acide C10(a) (avec H2S) 2735 1161 31 53 20 0
Phénol (DMDS) 2684 1166 31 53 33 33
Décanal (DMDS) 2718 1132 31 53 33 33
Décanal + 20 kPa acide C12(b) 2734 1096 31 53 + 20 33 33
Phénol + 20 kPa acide C10(a) 2695 1135 31 53 + 20 33 33
(a) : acide C12 = acide décanoïque (b) : acide C10 = acide dodécanoïque
Chapitre 2 : Partie expérimentale
76
II.2.4. Méthodes d’analyse des produits de réaction
L’analyse des produits de réaction se fait via deux chromatographies phase gaz (Varian
GC 4η0 pour l’analyse en ligne des effluents gazeux ; Varian GC 4γ0 pour l’analyse des
effluents liquides).
La séparation des produits gazeux est effectuée par l’intermédiaire de trois colonnes
capillaires : une colonne HayeSep T (longueur : 0,5 m ; diamètre intérieur : 1/8 in ; épaisseur
du film : 2,0 mm), une colonne HayeSep Q (longueur : 0,5 m ; diamètre intérieur : 1/8 in ;
épaisseur du film : 2,0 mm) et un tamis moléculaire 13X (longueur : 1,5 m ; diamètre intérieur
: 1/8 in ; épaisseur du film : 2,0 mm). Un détecteur à conductivité thermique (TCD), chauffé à
160 °C est utilisé ici, tandis que le filament est porté à une température de 200 °C. Par un jeu
de vannes, les composés légers (CO, CO2, H2S, CH4) sont isolés des autres composés plus
lourds afin d’être analysés. Un jeu de vanne a été mis en place, décrit dans la Figure 37 et le
Tableau 10. Celui-ci permet de stocker au préalable le CH4 et le CO dans le tamis
moléculaire, puis de laisser passer le CO2 et l’H2S dans la seconde colonne avant un balayage
de la première colonne afin d’évacuer les composés plus lourds. Afin de mieux séparer les
différents constituants, les colonnes ont été chauffées selon les valeurs indiquées dans le
Tableau 11. Un exemple de chromatogramme obtenu en cours de réaction est illustré dans la
Figure 38.
Figure 37 : Schéma de fonctionnement du jeu de vannes pour la séparation des
composés gazeux. A : Position « Forward » ; B : Position « Backflush »
Chapitre 2 : Partie expérimentale
77
Tableau 10 : Jeu de vanne utilisé pour la séparation des composés gazeux
Temps (min) Forward/Backflush Series/Bypass
Initial Backflush Series
0,01 Forward Series
0,80 Forward Bypass
4,00 Backflush Bypass
7,00 Backflush Series
21,00 Backflush Series
Tableau 11 : Méthode de chauffage des colonnes utilisées pour l’analyse des composés gazeux
Rampe (°C min-1) Température (°C) Temps (min) Durée d’analyse (min)
Initial 40 10,00 10,00
10,00 150 0,00 21,00
Figure 38 : Exemple d’un chromatogramme obtenu après la transformation de
l’acide décanoïque sur catalyseur massique NiMoS
Concernant l’étalonnage des composés gazeux, celui-ci a été réalisé à l’aide des
différents gaz dilués dans l’hydrogène. L’aire sous le pic est ensuite reporté en fonction de la
pression partielle injectée afin d’en déterminer le coefficient de réponse (Figure 39). Pour
Chapitre 2 : Partie expérimentale
78
l’hydrogène sulfuré, la fonction de sa droite d’étalonnage est affine mais pas linéaire (avec
une ordonnée à l’origine négative, comme montré dans la Figure 39 (B)). En effet, il faut une
certaine quantité d’hydrogène sulfuré afin qu’il puisse être détecté (quantité correspondant à
environ 6,2 kPa).
Figure 39 : Droites d’étalonnage du monoxyde de carbone (A) et de l’hydrogène
sulfuré (B)
Ainsi, il existe la relation suivante entre pression partielle, aire sous le pic et coefficient
de réponse : Avec Pi la pression partielle en composé i (exprimée en kPa), ATCD,i l’aire sous le pic du
composé considéré (en µV min-1) et αi le coefficient de réponse du composé considéré (en
kPa µV-1 min-1), coefficients détaillés dans le Tableau 12.
Tableau 12 : Temps de rétention et coefficients de réponse des composés
gazeux
Composé chimique Temps de rétention
(min)
Coefficient de réponse
(kPa µV-1 min-1)
Dioxyde de carbone 1,26 (a)700(a)
Hydrogène sulfuré 3,54 (a)470(a)
Méthane 7,61 (a)550(a)
Monoxyde de carbone 8,24 (a)620(a) (a) : Ordonnée à l’origine égale à -2880
Concernant les composés chimiques contenus dans les effluents liquides, ceux-ci sont
stockés dans le condenseur avant d’être récupérés à intervalles de temps réguliers. Dans le cas
où la charge réactionnelle contient un acide, l’échantillon liquide subit un traitement préalable
Chapitre 2 : Partie expérimentale
79
avec séchage sur MgSO4 puis avec un agent de silylation (le TMCS, ou trimethylchlorosilane,
utilisé à 1 % dilué dans le BSTFA, ou N,O-bis(triméthylsilyl)trifluoroacétamide)).
L’échantillon est ensuite injecté dans la chromatographie (la température de l’injecteur étant
fixée à 250 °C et le volume de solution injecté étant de 0,8 µL). La séparation des diverses
espèces chimiques est effectuée à l’aide d’une colonne DB 1 (longueur : 30 m ; diamètre
intérieur : 0,320 mm ; épaisseur du film : 5 µm), et les composés sont détectés à l’aide d’un
détecteur à ionisation de flamme (FID) chauffé à 280 °C. Le Tableau 13 montre la
programmation de température du four utilisé afin de favoriser la séparation des divers
composés contenus dans l’échantillon liquide à analyser.
Tableau 13 : Programmation du chauffage utilisé pour l’analyse des effluents liquides
Rampe (°C min-1) Température (°C) Temps (min) Durée d’analyse (min)
Initial 50 10,00 10,00
2,00 90 10,00 40,00
7,00 250 0,00 62,86
10,00 280 14,14 80,00
La nature des composés chimiques formés après réaction a été déterminée soit par co-
injection de produits commerciaux, soit par couplage GC-MS (Finnigan INCOS 500).
Les coefficients de réponse des principaux composés formés sont déterminés soit par
étalonnage, soit déduits par rapport à leur nombre de carbone, celui du n-heptane, étalon
interne utilisé pour l’analyse chromatographique des composés liquides, étant fixé à 1. Les
coefficients de réponse sont déterminés par étalonnage en reportant le rapport molaire entre le
composé à étalonner et le n-heptane en fonction du rapport entre l’aire du pic du composé à
étalonner et l’aire du pic du n-heptane, comme illustré pour le 1-décanethiol et le cyclohexène
en Figure 42.
Le détail des composés identifiés, leurs temps de rétention sur la colonne ainsi que leurs
coefficients de réponse sont donnés dans les Tableau 14 (produits de transformation de l’acide
décanoïque), Tableau 15 (produits de transformation du phénol) et Tableau 16 (autres
produits observés). Divers exemples de chromatogrammes sont aussi illustrés Figure 40 et
Figure 41.
Chapitre 2 : Partie expérimentale
80
Tableau 14 : Temps de rétention et coefficients de réponse des composés
observés lors de la transformation de l’acide décanoïque
n° trétention (min) Composé chimique Coefficient de réponse
1 11,44 Méthanethiol -
2 12,51 n-heptane 1,00
3 14,97 DMDS -
4 16,86 TMCS -
5 18,14 Toluène 0,83(a)
6 28,59 Produits de décomposition du TMCS -
7 30,87 1-nonène 0,74(b)
8 31,59 i-nonène 0,74(b)
9 32,11 n-nonane 0,74(a)
10 32,41 i-nonène 0,74(b)
11 33,40 i-nonène 0,74(b)
12 43,30 1-décène 0,72(b)
13 43,55 i-décène 0,72(b)
14 43,79 i-décène 0,72(b)
15 44,28 n-décane 0,72(a)
16 44,41 i-décène 0,72(b)
17 45,06 i-décène 0,72(b)
18 52,87 Décanal 0,81(a)
19 53,95 1-nonanethiol 0,88(a)
20 54,78 1-décanol 0,71(a)
21 56,68 Nonylméthylthioéther 0,88(b)
22 56,84 1-décanethiol 0,74(a)
23 57,27 Acide décanoïque 0,94(a)
24 57,81 1-décanol silylé 0,54(a)
25 59,18 Décylméthylthioéther 0,74(b)
26 59,55 Acide décanoïque silylé 0,57(a)
27 60,63 Thiométhanoate de décyle 0,74(b)
28 71,12 Didécyléther 0,50(b)
29 74,01 Décanoate de décyle 0,50(b) (a) : coefficient déterminé par étalonnage (b) : coefficient estimé
Chapitre 2 : Partie expérimentale
81
Figure 40 : Exemple d’un chromatogramme obtenu après la transformation de l’acide décanoïque sur catalyseur Mo/Al2O3. A) Chromatogramme complet ;
B) Zoom entre 52 et 61 min
Chapitre 2 : Partie expérimentale
82
Tableau 15 : Temps de rétention et coefficients de réponse des composés
observés lors de la transformation du phénol
n° trétention (min) Composé chimique Coefficient de réponse
1 7,13 Méthylcyclopentane 1,20(a)
2 8,57 Benzène 1,20(b)
3 9,25 Cyclohexane 1,20(a)
4 10,43 Cyclohexène 1,22(a)
5 12,43 n-heptane 1,00
6 14,38 Méthylcyclohexane 1,00(b)
7 18,57 Toluène 0,83(a)
8 39,57 Phénol 1,28(a)
9 55,94 Bicyclohexane 0,64(b)
10 56,89 Phénylcyclohexane 0,64(b)
11 59,32 1-cyclohexyl-x-méthylbenzène 0,64(b)
12 59,44 1-cyclohexyl-x-méthylbenzène 0,64(b)
13 59,53 1-cyclohexyl-x-méthylbenzène 0,64(b)
14 62,64 4-cyclohexylphénol 0,64(b)
15 63,47 2-cyclohexylphénol 0,64(b) (a) : coefficient déterminé par étalonnage (b) : coefficient estimé
Figure 41 : Exemple d’un chromatogramme obtenu après la transformation du
phénol sur catalyseur Mo/Al2O3
Chapitre 2 : Partie expérimentale
83
Tableau 16 : Temps de rétention et coefficients de réponse de l’acide propanoïque ainsi que de composés observés lors de la transformation du hex-
1-ène et de l’acide dodécanoïque
n° trétention (min) Composé chimique Coefficient de réponse
1 5,26 1-hexène 1,13
2 5,76 n-hexane 1,13
3 5,91 i-hexène 1,13(a)
4 6,38 i-hexène 1,13(a)
5 21,31 Acide propanoïque silylé -
6 49,21 1-undecène 0,74(b)
7 49,40 i-undecène 0,74(b)
8 49,50 i-undecène 0,74(b)
9 49,69 n-undecane 0,74(b)
10 50,16 i-undecène 0,74(b)
11 52,91 1-dodecène 0,45(c)
12 53,26 n-dodécane 0,45
13 53,63 i-dodecène 0,45(c)
14 58,42 Dodécanal 0,81(d)
15 59,34 1-dodécanol 0,71(e)
16 61,45 1-dodécanethiol 0,74(f)
17 61,58 Acide dodécanoïque 0,82
18 62,03 1-dodécanol silylé 0,54(g)
19 63,14 Dodécylméthylthioéther 0,50(h)
20 63,55 Acide dodécanoïque silylé 0,55 (a) : coefficient égal à celui du 1-hexène (b) : coefficient égal à celui du n-nonane (c) : coefficient égal à celui du n-dodécane (d) : coefficient égal à celui du décanal (e) : coefficient égal à celui du 1-décanol (f) : coefficient égal à celui du 1-décanethiol (g) : coefficient égal à celui du décanol silylé (h) : coefficient estimé
Figure 42 : Exemples de droites d’étalonnages de composés liquides (1-
décanethiol (A) et cyclohexène (B))
Chapitre 2 : Partie expérimentale
84
III. Exploitation des résultats
III.1. Quantification des produits issus de la réaction
Après réaction, les proportions en composés chimiques récupérés dans les effluents
liquides sont calculées à partir des chromatogrammes obtenus avec la chromatographie phase
gaz GC 4γ0, selon l’équation suivante :
Où : %i : Proportion du composé i dans l’échantillon (%mol.)
Ai : Aire sous le pic du composé i (µV min)
An-heptane : Aire sous le pic du n-heptane (µV min)
αi : Coefficient de réponse du composé i
%n-heptane : Proportion du n-heptane dans l’échantillon (%mol.)
Les rendements en produits chimiques liquides (notés Yi et exprimés en %mol.) sont
alors déterminés à partir de la relation suivante :
La conversion en réactif étudié (notée X et exprimée en %mol.) est alors calculée de la
manière suivante :
Chapitre 2 : Partie expérimentale
85
III.2. Sélectivité et activités
La sélectivité (notée Si et exprimée en %mol.) est déterminée de la manière suivante :
L’activité catalytique a pu être calculée à partir de ces données, pour des conversions
inférieures à 40 %, à l’aide de l’expression suivante, qui suppose un ordre global des réactions
égal à 1 :
Où : ATotale : Activité du catalyseur (en mmol h-1 gcata-1)
F : Flux molaire du réactif (en mmol h-1)
mcatalyseur : Masse de catalyseur introduit dans le réacteur (en g)
A partir de cette relation, l’activité en produits désoxygénés (AHC) a aussi été calculée,
en remplaçant la conversion en réactif étudié par le rendement en produits désoxygénés
(YHC).
Concernant les activités obtenues dans les diverses voies de transformations, celles-ci
ont été obtenues par le calcul suivant, en prenant l’exemple de la voie de décarbonylation,
notée DEC :
Où : ADEC : Activité du catalyseur dans la voie DEC (en mmol h-1 gcata-1)
SDEC : Sélectivité en produits de la voie DEC (en %mol.)
Chapitre 2 : Partie expérimentale
86
IV. Produits chimiques utilisés
L’ensemble des composés chimiques commerciaux utilisés ont été regroupés dans deux
tableaux : le Tableau 17 pour les composés chimiques liquides ou solides, et le Tableau 18
pour les composés chimiques gazeux.
Tableau 17 : Composés chimiques commerciaux utilisés, fournisseur et pureté
des produits
Composé chimique Fournisseur Pureté minimum (%)
Sulfure d’ammonium Aldrich 40-48 dans l’eau
Heptamolybdate d’ammonium Sigma - Aldrich 81-83
Nitrate de nickel hexahydraté Sigma - Aldrich 98,5
Nitrate de cobalt hexahydraté Sigma - Aldrich 98
Acétone Sigma - Aldrich 99,8
Isopropanol Fluka 99,8
DMDS Fluka 98
Toluène Sigma - Aldrich 99,8
n-heptane Carlo Erba 99,7
Acide décanoïque SAFC 98
Acide dodécanoïque Sigma 99
Acide propanoïque Sigma - Aldrich 99,5
Décanal Sigma - Aldrich 98
1-hexène Aldrich 99
Phénol Sigma - Aldrich 99
1-décanol Alfa Aesar 98
1-décanethiol Aldrich 96
n-hexane Sigma - Aldrich 97
n-nonane Sigma - Aldrich 99
n-décane Sigma - Aldrich 99
n-dodécane Sigma - Aldrich 99
1-nonanethiol Aldrich 95
Cyclohexanol Janssen Chemica 99
Cyclohexane Sigma – Aldrich 99
Cyclohexène Fluka 99
Methylcyclopentane Fluka 99
TMCS + BSTFA Supelco 99,3 ; 99,6
Chapitre 2 : Partie expérimentale
87
Tableau 18 : Composés gazeux utilisés
Composé chimique Fournisseur Pureté (%)
Dihydrogène Air Liquide - Hydrogène U 99,95
Monoxyde de carbone Air Liquide – Mélange Crystal 1,003 ± 0,0201
Dioxyde de carbone Air Liquide – Mélange Crystal 1,012 ± 0,020
Hydrogène sulfuré (1%) Air Liquide – Mélange Crystal 1,010 ± 0,031
Hydrogène sulfuré (10%) Air Liquide – Mélange Crystal 10,23 ± 0,030
88
89
Chapitre 3 : Désoxygénation
de composés oxygénés sur
catalyseurs sulfures supportés
90
Chapitre 3 : Désoxygénation de composés oxygénés sur catalyseurs sulfures supportés
91
Dans ce chapitre, la transformation de différents composés oxygénés, principalement
l’acide décanoïque, le décanal et le phénol, a été étudiée sur des catalyseurs sulfures
supportés, non promu (Mo/-Al2O3), ou bien promu soit par du cobalt (CoMo/-Al2O3), soit
par du nickel (NiMo/-Al2O3). Les réactions ont été effectuées sous hydrogène, dans des
conditions proches de celles utilisées typiquement lors des réactions d’hydrotraitement
(340 °C, 4 MPa).
Les caractéristiques des solides, fournis par la société Total, sont tout d’abord
présentées. Ensuite, les transformations de l’acide décanoïque et de ses intermédiaires
réactionnels (décanal, 1-décanol, 1-décanethiol) ainsi que celle du phénol sont décrites sur
catalyseur non promu, afin de déterminer le schéma complet de ces composés dans les
conditions d’hydrotraitement.
L’effet promoteur du cobalt et du nickel sur la transformation de l’acide décanoïque, du
décanal et du phénol sera ensuite mesuré.
L’influence de la nature et de la quantité d’agent sulfurant (H2S ou DMDS) utilisé au
cours de la transformation de l’acide décanoïque et du phénol seront aussi chiffrés.
Enfin, l’étude de la transformation de plusieurs mélanges de composés oxygénés (parmi
l’acide décanoïque, l’acide propanoïque, le phénol et le monoxyde de carbone) sur les trois
catalyseurs sera présentée.
Chapitre 3 : Désoxygénation de composés oxygénés sur catalyseurs sulfures supportés
92
I. Caractérisations des catalyseurs
Les catalyseurs utilisés au cours de cette étude ont été fournis sous forme d’extrudés par
la société Total. Les solides fournis sont le support seul (-Al2O3), un catalyseur non-promu
(Mo/-Al2O3) et deux catalyseurs promus soit par du cobalt (CoMo/-Al2O3), soit par du
nickel (NiMo/-Al2O3). Les caractérisations présentées ici ont principalement été réalisées
dans le cadre de la thèse de Mme Yilda Romero [172].
I.1. Teneur métalliques des différents catalyseurs
Les compositions chimiques des trois catalyseurs ont été fournies par la société Total
(Tableau 19). La teneur en molybdène a été déterminée par plasma à couplage inductif (ICP),
celles en cobalt et en nickel l’ont été par fluorescence X.
Tableau 19 : Composition chimique des catalyseurs
Catalyseur Mo (%pds.) Promoteur (%pds.) Prom. / (Prom+Mo)
(rapport molaire)
Mo/Al2O3 9,9 - - CoMo/Al2O3 9,3 3,9 0,41
NiMo/Al2O3 9,2 4,2 0,43
Les quantités en molybdène sont proches sur les trois catalyseurs analysés. De plus, la
quantité de promoteur est presque identique entre le CoMo/Al2O3 et le NiMo/Al2O3.
I.2. Diffraction des rayons X
Les diffractogrammes du support et des différents catalyseurs sont reportés dans la
Figure 43, où sont également indiqués les pics de diffraction correspondant aux plans
cristallins de la fiche JCPDS 050-0741 de la -Al2O3 permettant d’indexer tous les pics
observés sur ces diffractogrammes.
L’ajout de métaux au support seul ne permet pas d’observer de pic supplémentaire sur
ces diffractogrammes. La présence des différentes phases oxydes n’est pas observée, car les
particules sont probablement de petites tailles. Cependant, une diminution progressive de
l’intensité des raies est observée, en fonction de la quantité de métal ajouté.
Chapitre 3 : Désoxygénation de composés oxygénés sur catalyseurs sulfures supportés
93
Figure 43 : Diffractogramme des catalyseurs sous forme oxyde. Support seul et
catalyseurs Mo/Al2O3, CoMo/Al2O3 et NiMo/Al2O3. Comparaison avec les
diffractions relatives pour le Al2O3 fichier JCPDS 050-0741
I.3. Analyse texturale par adsorption - désorption
d’azote
Les solides ont été caractérisés sous forme oxyde (forme sous laquelle ils sont stockés)
et sous forme sulfure (forme sous laquelle ces catalyseurs sont actifs en
hydrodésoxygénation). Le résultat de ces caractérisations est présenté dans le Tableau 20.
Tableau 20 : Analyse texturale par adsorption et désorption d’azote des catalyseurs en phase oxyde et sulfure
Forme Catalyseur SBET(a) (m² g-1)
Volume poreux(b)
(cm3 g-1)
Diamètre moyen
de pores(c) (Å)
Oxyde
Al2O3 252 0,85 38
Mo/Al2O3 256 0,70 38
CoMo/Al2O3 252 0,64 33
NiMo/Al2O3 254 0,66 39
Sulfure
Al2O3 221 0,77 38
Mo/Al2O3 258 0,70 38
CoMo/Al2O3 243 0,61 38
NiMo/Al2O3 255 0,64 38
(a) : déterminé à partir de (P/Po)/Va*(1-P/Po)]=f(P/Po), sur les points 0,05 < P/Po < 0,35 (b) : déterminé par la courbe d’adsorption d’azote sur le point P/Po = 0,99 (c) : déterminé par la courbe de désorption d’azote à partir de l’équation de Harkin-Jura
Chapitre 3 : Désoxygénation de composés oxygénés sur catalyseurs sulfures supportés
94
Les surfaces BET de tous les solides caractérisés sont pratiquement constantes et
proches de 250 m² g-1, qu’ils se présentent sous forme oxyde ou bien sous forme sulfure.
Cependant, le volume poreux diminue avec l’introduction des phases oxydes ou sulfures.
Sous forme oxyde, l’introduction de molybdène entraîne une baisse d’environ 18 % du
volume poreux (par rapport au support), tandis que l’introduction de promoteur entraîne une
baisse globale d’environ βη % du volume poreux.
La procédure de sulfuration ne semble pas altérer les propriétés texturales des
catalyseurs. Cependant, le support Al2O3 seul subit une baisse de surface spécifique et de
volume poreux total lorsqu’il est soumis à la procédure de sulfuration, alors que ces
diminutions ne sont pas observées sur les catalyseurs à base de molybdène.
I.4. Composition élémentaires en carbone et en soufre
après étape de sulfuration
Le Tableau 21 reporte les compositions élémentaires en carbone et en soufre du support
et des trois catalyseurs après sulfuration.
Tableau 21 : Composition élémentaire en carbone et en soufre des catalyseurs
après sulfuration
Catalyseur sulfuré C (%pds.) S (%pds.) S théorique (%pds.)
Al2O3 2,7 0 0
Mo/Al2O3 1,3 5,3 6,6
CoMo/Al2O3 1,2 7,4 8,2
NiMo/Al2O3 0,4 7,9 7,6
La teneur en soufre est plus élevée sur catalyseurs promus par rapport au catalyseur non
promu, ce qui est en accord avec la littérature : il est connu que la présence du promoteur
permet une meilleure sulfuration de ce type de catalyseur [173].
Le taux de soufre obtenu sur catalyseurs promus est relativement proche de celui
attendu pour ce type de catalyseurs. Aussi, le soufre n’est pas observé sur le support seul : ces
résultats sont en accord avec ceux décrits par Arrouvel et al. [174], qui ont montré que le
support -Al2O3 ne peut être sulfuré dans les conditions utilisées en hydrotraitement.
Du carbone est aussi observé après sulfuration (entre 0,4 et 1,3 %pds. sur les trois
catalyseurs). Ce résultat peut s’expliquer par la nature de l’agent sulfurant (dimethyldisulfure,
Chapitre 3 : Désoxygénation de composés oxygénés sur catalyseurs sulfures supportés
95
ou DMDS) utilisé au cours de la sulfuration des catalyseurs. Sur le support seul, le taux de
carbone est plus élevé (2,7 %pds.) : ceci peut expliquer la baisse de surface spécifique et de
volume poreux observé lors de l’analyse texturale sur support sulfuré (Tableau 20).
I.5. Microscopie électronique en transmission (MET)
La Figure 44 montre des clichés MET des trois catalyseurs sous forme sulfure. Comme
attendu, à la surface de ces trois solides, les phases sulfures présentent une structure lamellaire
sous forme d’un empilement de feuillets.
Figure 44 : Clichés MET des catalyseurs sulfures : Mo/Al2O3 (a) ; CoMo/Al2O3
(b) ; NiMo/Al2O3 (c)
Chapitre 3 : Désoxygénation de composés oxygénés sur catalyseurs sulfures supportés
96
Par comptage de particules (environ 200 particules pour chacun des catalyseurs), la
longueur et le taux d’empilement moyen des feuillets sont donnés dans le Tableau 22.
Tableau 22 : Taille et taux d’empilement moyen des feuillets à la surface des catalyseurs sulfures déterminés par microscopie électronique à transmission
Catalyseur sulfuré Taille (nm) Taux d’empilement
Mo/Al2O3 3,3 2,0
CoMo/Al2O3 3,1 1,6
NiMo/Al2O3 2,2 1,2
L’ajout de promoteur entraîne une diminution du taux d’empilement des feuillets. Cette
diminution est plus importante sur catalyseur NiMo/Al2O3. De plus, l’ajout du nickel induit
une forte diminution de la taille moyenne des feuillets (environ 30 % par rapport au catalyseur
non promu). L’ajout de cobalt, quant à lui, n’entraîne pas de changement important de la taille
moyenne des feuillets. Aucune particule de sulfure de nickel ou de sulfure de cobalt n’a été
observée sur les catalyseurs promus.
II. Transformation de composés oxygénés
modèles sur catalyseur Mo/Al2O3 en présence de
DMDS
La transformation de l’acide décanoïque et de ses intermédiaires réactionnels (décanal,
1-décanol, 1-décanethiol) ainsi que celle du phénol a été réalisée sur catalyseur non promu
(Mo/Al2O3), sous 4 MPa de pression et à 340 °C. La transformation de l’acide décanoïque a
été analysée en détails, afin de proposer un schéma de transformation complet, ainsi qu’un
mécanisme de désoxygénation sur catalyseurs sulfures. L’étude de la transformation du
phénol a été moins poussée, puisque cette molécule a déjà fait l’objet de plusieurs études,
dans la littérature et au laboratoire [149-151,175].
II.1. Transformation de l’acide décanoïque
La désoxygénation de l’acide décanoïque a été effectuée sur catalyseur non promu et en
présence d’agent sulfurant (introduction de 1,γ %pds. de DMDS) afin de comprendre le mode
Chapitre 3 : Désoxygénation de composés oxygénés sur catalyseurs sulfures supportés
97
de transformation de ce composé, permettant ainsi l’élaboration de son schéma de
transformation sur catalyseurs sulfures.
II.1.1. Influence du temps de travail et du temps de contact
Dans un premier temps, un test a été réalisé en absence de catalyseur dans l’objectif de
mesurer la part thermique dans la transformation de l’acide décanoïque. Pour cela, la charge
réactionnelle contenant le DMDS, l’acide décanoïque et le n-heptane dilués dans le toluène a
été envoyée dans le réacteur en absence de catalyseur. La conversion de l’acide décanoïque
mesurée est inférieure à 1 %, avec formation majoritaire de décanal (0,5 %mol.) et de 1-
décanol (0,2 %mol.)
Les expériences ont ensuite été menées sur catalyseur non promu (Mo/Al2O3). La
Figure 45 (A) reporte la conversion de l’acide décanoïque en fonction du temps de travail,
ainsi que les rendements en divers types de produits, selon qu’ils soient oxygénés, soufrés ou
bien des hydrocarbures. Sur 7 heures de réaction, pour un temps de contact égal à 0,17 min, la
conversion de l’acide (proche de 30 %) est stable, de même que les rendements obtenus dans
les diverses familles de composés. Pour ce temps de contact, les composés oxygénés
(principalement le décanal et le 1-décanol) sont clairement majoritaires.
Figure 45 : Conversion de l’acide décanoïque et rendements en composés oxygénés, soufrés et en hydrocarbures sur catalyseur Mo/Al2O3 en fonction du
temps de travail ((A), tcontact : 0,17 min) et en fonction du temps de contact (B)
(340 °C, 4 MPa, en présence de 1,3 %pds. de DMDS)
L’effet du temps de contact sur le catalyseur est quant à lui reporté sur la Figure 45 (B),
pour un temps de travail égal à 7 heures. L’évolution de la conversion de l’acide décanoïque
est presque linéaire, avec une légère inflexion de la courbe pour les plus forts temps de
contact. Pour de faibles temps de contact (inférieurs à 0,3 min, correspondant à une
Chapitre 3 : Désoxygénation de composés oxygénés sur catalyseurs sulfures supportés
98
conversion en acide de 40 %), les molécules oxygénées sont les produits majoritaires dans les
effluents liquides. Au-delà de ce temps de contact, la quantité de composés oxygénés
diminue, au profit de la formation des hydrocarbures. Des molécules soufrées sont aussi
détectés parmi les produits de la réaction, en faibles quantités.
Deux points ont été pris au même temps de contact (0,21 min), avec différents débits de
charges et différentes masses de catalyseurs. Ces points se superposent, démontrant que, dans
ces conditions, il n’y a pas de limitation diffusionnelle externe.
Au cours de la désoxygénation de l’acide décanoïque, différentes molécules ont été
identifiées et quantifiées dans les effluents liquides.
Les principaux composés oxygénés formés au cours de la transformation de l’acide
décanoïque sont le décanal et le 1-décanol (Figure 46). Deux autres composés oxygénés sont
détectés en plus faibles quantités, le décanoate de décyle, ainsi que quelques traces de
didécyléther.
Figure 46 : Sélectivités en composés oxygénés au cours de la transformation de
l’acide décanoïque sur catalyseur Mo/Al2O3 (340 °C, 4 MPa, en présence de
1,3 %pds. de DMDS)
Cinq composés soufrés sont aussi formés au cours de la transformation de l’acide
décanoïque (Figure 47). Ceux-ci sont présents en faibles quantités dans le milieu réactionnel,
hormis à faible conversion, où le thiométhanoate de décyle est présent en importantes
proportions (sélectivité proches de 18 %mol.). La quantité de ce composé diminue fortement
avec l’augmentation de la conversion de l’acide, puisqu’il n’est présent qu’à l’état de traces
pour des conversions en acide supérieures à 50 %. Ce composé provient probablement d’une
réaction d’estérification entre le méthanethiol, produit de décomposition partielle du DMDS,
et l’acide décanoïque. Sa faible quantité pour de plus fortes conversions en acide peut
s’expliquer en partie par le fait que, dans ces conditions de temps de contact, la
Chapitre 3 : Désoxygénation de composés oxygénés sur catalyseurs sulfures supportés
99
décomposition du DMDS en hydrogène sulfuré et en méthane est probablement totale. Ce
point particulier sera abordé ultérieurement dans ce manuscrit. L’autre composé soufré
majoritairement formé est le 1-décanethiol. Des traces de 1-nonanethiol, de
décylméthylthioéther et de nonylméthylthioéther ont également été détectées et quantifiées.
Figure 47 : Sélectivités en composés soufrés au cours de la transformation de
l’acide décanoïque sur catalyseur Mo/Al2O3 (340 °C, 4 MPa, en présence de
1,3 %pds. de DMDS). (A) : vue globale, (B) : zoom sur les plus faibles sélectivités
Les sélectivités en hydrocarbures, composés majoritairement formés lorsque la
conversion en acide décanoïque dépasse les 40 %, sont reportées dans la Figure 48. Le décane
et les décènes sont les composés majoritairement produits au cours de la transformation de
l’acide décanoïque sur catalyseur Mo/Al2O3. Le nonane et les nonènes sont aussi présents en
quantités non négligeables. Il peut être noté que les formations des alcanes et des alcènes
semblent indépendantes, au regard des allures des courbes illustrés dans la Figure 48 (A),
c’est-à-dire que les alcanes ne proviennent pas de l’hydrogénation des alcènes.
Figure 48 : Sélectivités en hydrocarbures (A) et plus particulièrement en
alcènes (B) au cours de la transformation de l’acide décanoïque sur catalyseur Mo/Al2O3 (340 °C, 4 MPa, en présence de 1,3 %pds. de DMDS)
Chapitre 3 : Désoxygénation de composés oxygénés sur catalyseurs sulfures supportés
100
Concernant les alcènes, plusieurs isomères ont été détectés (au moins 4 isomères de
nonènes, et 5 isomères de décènes). Cependant, seul le 1-nonène et le 1-décène ont été
clairement identifiés. Ces deux isomères sont, par ailleurs, les isomères majoritairement
formés au cours de la désoxygénation de l’acide décanoïque sur catalyseur non promu.
Toutefois, à forte conversion de l’acide (supérieure à 40 %), la quantité d’isomères augmente
fortement (Figure 48 (B)).
Des expériences complémentaires ont été effectuées afin de vérifier que, dans ces
conditions expérimentales et en présence d’un catalyseur Mo/Al2O3, l’hydrogénation des
alcènes en alcane ne se produit pas.
Pour cela, la réactivité du 1-hexène a été mesurée, en présence et en absence d’acide,
pour un temps de contact de 0,17 min. Deux charges réactionnelles ont donc été préparées,
l’une en remplaçant totalement la quantité d’acide décanoïque par le 1-hexène, l’autre en
intégrant 0,2 %pds. de 1-hexène à la charge contenant l’acide, quantité permettant de générer
2,5 kPa d’alcène. Cette pression correspond pratiquement à la quantité de nonènes et de
décènes formés sur ce catalyseur, pour ce temps de contact.
Comme le montre le Tableau 23, en présence d’acide décanoïque, l’alcène est très peu
réactif : seulement 3,4 % de 1-hexène sont transformés, majoritairement par isomérisation. En
absence d’acide, la réactivité du 1-hexène est plus importante. Les sélectivités en hexènes et
en hexane sont similaires, que la transformation du 1-hexène soit effectuée en présence ou en
absence d’acide. Ainsi, la transformation des alcènes en alcane est possible sur le catalyseur
Mo/Al2O3 mais est fortement inhibée par la présence de l’acide décanoïque.
Tableau 23 : Transformation du 1-hexène seul et en mélange avec l’acide décanoïque sur catalyseur Mo/Al2O3 (tcontact : 0,17 min, 340 °C, 4 MPa, en
présence de 1,3 %pds. de DMDS)
Charge réactionnelle Conversion 1-hexène (%) Sélectivités (%mol.)
Hexènes n-hexane
Acide décanoïque + 1-hexène 3,4 74 26
1-hexène 74,7 70 30
L’évolution de la quantité des produits gazeux identifiés en fonction du temps de
contact est indiquée dans la Figure 49. La quantité de DMDS introduite dans le réacteur
permet de former au maximum 32 kPa de méthane et d’hydrogène sulfuré. Néanmoins, ces
quantités ne sont atteintes que pour des temps de contact sur le catalyseur supérieurs à
Chapitre 3 : Désoxygénation de composés oxygénés sur catalyseurs sulfures supportés
101
0,4 min. Il est à noter qu’aucune trace de DMDS n’est détectée en sortie de réacteur. Une
étude réalisée par Texier et al. [42] a montré que, sur catalyseurs sulfures, la décomposition
du DMDS en méthane et hydrogène sulfuré passait par la formation de méthanethiol. Ce
composé a bien été détecté dans les effluents liquides pour de faibles temps de contact, bien
qu’il n’ait pas pu être quantifié. Comme attendu, du monoxyde de carbone a aussi été détecté
dans les effluents gazeux. Les quantités de monoxyde de carbone observées ici correspondent
exactement aux quantités de nonane et de nonènes produits lors de la transformation de
l’acide décanoïque. Toutefois, aucune trace de dioxyde de carbone n’a été observée durant
toutes les expériences.
Figure 49 : Effet du temps de contact sur catalyseur Mo/Al2O3 sur la quantité de
gaz détectés (340 °C, 4 MPa, en présence de 1,3 %pds. de DMDS)
L’absence de dioxyde de carbone dans le mélange gazeux obtenu pourrait s’expliquer
par sa grande réactivité dans les conditions expérimentales. En effet, en présence de H2, il
peut subir une réaction de méthanation (1) ou la réaction inverse de water gas shift (2). Les
calculs thermodynamiques, effectués à l’aide du logiciel HSC Chemistry, indique que la
réaction de méthanation est favorable thermodynamiquement, contrairement à sa
transformation en monoxyde de carbone. Cependant, la réaction de méthanation à partir du
monoxyde de carbone (3) est plus favorable thermodynamiquement que celle effectuée à
partir du dioxyde de carbone.
(1) Keq = 3,3 104
(2) Keq = 4,2 10-2
(3) Keq = 77,5 104
Chapitre 3 : Désoxygénation de composés oxygénés sur catalyseurs sulfures supportés
102
Afin de mesurer la réactivité du dioxyde de carbone dans ces conditions expérimentales,
une expérience supplémentaire a été réalisée. Pour cela, après transformation de l’acide
décanoïque durant 7 heures, du dioxyde de carbone a été rajouté dans le milieu réactionnel
pendant deux heures. Comme l’indique la Figure 50, les quantités de méthane et de monoxyde
de carbone ne varient pas (ou peu pour le méthane), mais surtout, après injection du dioxyde
de carbone, l’entièreté de la quantité injectée est retrouvée en sortie de réacteur. Ceci
démontre que le dioxyde de carbone n’est pas réactif dans ces conditions expérimentales, et
donc que l’acide décanoïque ne subit pas de réaction de décarboxylation. Les hydrocarbures à
9 atomes de carbone ne peuvent donc provenir que de la réaction de décarbonylation de
l’acide décanoïque ou du décanal.
Figure 50 : Transformation de l’acide décanoïque sur catalyseur Mo/Al2O3
(tcontact : 0,21 min). Pressions partielles en composés gazeux en fonction du
temps de travail (introduction de 11 kPa de CO2 à 7 heures) (340 °C, 4 MPa, en
présence de 1,3 %pds. de DMDS)
II.1.2. Transformation des principaux intermédiaires réactionnels
(décanal, 1-décanol, 1-décanethiol)
Afin d’établir précisément le schéma de transformation de l’acide décanoïque sur
catalyseurs sulfures, la transformation de ses intermédiaires réactionnels (décanal, 1-décanol
et 1-décanethiol) a également été étudiée sur catalyseur Mo/Al2O3.
Dans un premier temps, la transformation de ces intermédiaires a été réalisée pour un
même temps de contact (0,17 min). Les résultats de ces expériences sont indiqués dans le
Tableau 24, avec pour point de référence la transformation de l’acide décanoïque.
Le décanal, le 1-décanol et le 1-décanethiol sont au moins trois fois plus réactifs que
l’acide décanoïque. Les transformations du décanal, du 1-décanol et du 1-décanethiol
Chapitre 3 : Désoxygénation de composés oxygénés sur catalyseurs sulfures supportés
103
conduisent à la formation majoritaire d’hydrocarbures à 10 atomes de carbone (décane et
décènes).
Tableau 24 : Transformation de l’acide décanoïque et de plusieurs intermédiaires réactionnels sur catalyseur Mo/Al2O3 (tcontact : 0,17 min).
Conversion et sélectivités en composés oxygénés, soufrés et en hydrocarbures
(340 °C, 4 MPa, en présence de 1,3 %pds. de DMDS)
Acide
décanoïque Décanal
1-
décanol
1-
décanethiol
Conversion (%) 27,1 92,8 83,6 97,0
Sélectivités Décanal 22,8 - 0,5 0,0
(%mol.) 1-décanol 18,6 16,4 - 0,0
Décanoate de décyle 6,9 0,3 0,0 0,0
Didécyléther 0,1 2,5 1,5 0,0
Thiométhanoate de décyle 5,9 0,0 0,0 0,0
1-décanethiol 5,7 5,0 2,2 -
Décylméthylthioéther 1,7 3,4 3,9 3,7
1-nonanethiol 1,8 0,0 0,0 0,0
Nonylméthylthioéther 0,6 0,0 0,0 0,0
Décane 12,4 24,4 33,5 57,2
Décènes 9,6 43,9 58,3 39,1
Nonane 5,7 3,7 0,2 0,0
Nonènes 8,2 0,4 0,0 0,0
Rapport hydrocarbures C10 / C9 1,6 16,7 459 -
En transformation du décanal, les composés soufrés (majoritairement le 1-décanethiol et
le décylméthylthioéther) sont aussi présents (environ 15 %mol. en sélectivité). Parmi les
hydrocarbures à 9 atomes de carbone, le nonane est largement majoritaire par rapport aux
nonènes, bien qu’il soit formé en quantités relativement faibles (γ,7 %mol. en sélectivité).
La transformation du décanal a ensuite été effectuée à plusieurs temps de contact
(Figure 51 (A)). En absence de catalyseur, la conversion du décanal est relativement faible
(11 %), avec production majoritaire de 1-décanol (4,6 %mol.) et de nonane (3,6 %mol.). Comme
pour l’acide décanoïque, les composés oxygénés sont majoritaires pour de faibles temps de
contact tandis que les hydrocarbures sont majoritaires à fortes conversions (supérieures à
50 %). En outre, des composés soufrés sont aussi présents dans le milieu réactionnel, en
faibles proportions.
Chapitre 3 : Désoxygénation de composés oxygénés sur catalyseurs sulfures supportés
104
Les rendements en hydrocarbures en fonction du temps de contact sur le catalyseur sont
représentés Figure 51 (B). Comme pour l’acide décanoïque, les productions de décane et de
décènes semblent indépendantes : les décènes ne s’hydrogénant pas en décane. Concernant les
produits de décarbonylation, les nonènes ne sont présents qu’à l’état de traces, tandis que la
quantité de nonane est toujours proche de celle observée en absence de catalyseur, indiquant
que le catalyseur utilisé n’a pas d’influence sur la formation de ce composé, celui-ci
provenant uniquement de la décomposition thermique du décanal.
Figure 51 : Conversion du décanal et rendements en composés oxygénés,
soufrés et désoxygénés (A) sur catalyseur Mo/Al2O3 en fonction du temps de
contact. Rendements en hydrocarbures détaillés sur (B) (340 °C, 4 MPa, en
présence de 1,3 %pds. de DMDS)
En ce qui concerne la réactivité des deux autres intermédiaires réactionnels étudiés (1-
décanol et 1-décanethiol), ceux-ci conduisent majoritairement aux hydrocarbures à 10 atomes
de carbone (Tableau 24). Les décènes sont majoritairement obtenus à partir du 1-décanol,
tandis que le décane est le produit majoritaire à partir du 1-décanethiol. Comme attendu, très
peu de composés comportant 9 atomes dans leur chaîne carbonée sont observés à partir de ces
deux intermédiaires, indiquant l’absence de réactions d’hydrogénolyse.
La transformation du 1-décanol et du 1-décanethiol a également été réalisée pour de
plus faibles temps de contacts (0,02 min). Les résultats obtenus lors de ces expériences sont
reportés dans le Tableau 25. Le 1-décanethiol est environ deux fois plus réactif que le 1-
décanol. De plus, ces deux composés se transforment majoritairement en décane et en
décènes, comme observé précédemment pour de plus fortes conversions. La sélectivité en
hydrocarbures atteint 67,5 %mol. pour la transformation du 1-décanol, et dépasse les 92 %mol.
dans le cas de la transformation du 1-décanethiol.
Chapitre 3 : Désoxygénation de composés oxygénés sur catalyseurs sulfures supportés
105
Tableau 25 : Transformation du 1-décanol et du 1-décanethiol sur catalyseur
Mo/Al2O3 (tcontact : 0,02 min). Conversion et sélectivités en composés oxygénés,
soufrés et en hydrocarbures (340 °C, 4 MPa, en présence de 1,3 %pds. de DMDS)
1-décanol 1-décanethiol
Conversion (%) 20,1 41,3
Sélectivités (%mol.) Décanal 12,6 0
Didécyléther 5,8 0
Thiométhanoate de décyle 0,3 0
1-décanethiol 6,0 -
Décylméthylthioéther 7,8 7,2
Décane 16,2 41,4
Décènes 51,3 51,4
Le rapport décane / décènes est reporté dans le Tableau 26, en fonction du temps de
contact et du composé étudié. Concernant l’acide et l’aldéhyde, ce rapport semble
indépendant du temps de contact et donc de la conversion du réactif, mais dépend clairement
de la nature du réactif utilisé : il est supérieur à 1 à partir de l’acide, alors qu’il est proche de
0,η à partir de l’aldéhyde.
Tableau 26 : Transformation sur catalyseur Mo/Al2O3 de plusieurs composés.
Evolution du rapport décane / décènes en fonction du temps de contact (340 °C,
4 MPa, en présence de 1,3 %pds. de DMDS)
Réactif Temps de contact (min) Conversion (%) Rapport décane / décènes
Acide décanoïque 0,17 27,1 1,3
0,54 77,8 1,4
Décanal 0,02 28,5 0,5
0,17 92,8 0,6
1-décanol 0,02 20,1 0,3
0,17 83,6 0,6
1-décanethiol 0,02 41,3 0,8
0,17 97,0 1,5
Le temps de contact sur le catalyseur n’ayant aucune influence sur le rapport
décane / décènes, ce résultat confirme qu’il n’y a pas d’hydrogénation des alcènes en alcane
lorsque l’acide carboxylique ou l’aldéhyde sont utilisé comme réactifs. En revanche, ce
rapport décane / décènes augmente avec l’augmentation du temps de contact sur le catalyseur
Chapitre 3 : Désoxygénation de composés oxygénés sur catalyseurs sulfures supportés
106
lors de la transformation du 1-décanol et du 1-décanethiol, indiquant que, en absence d’acide
ou d’aldéhyde et dans ces conditions réactionnelles, l’hydrogénation des alcènes en alcane est
possible. Aussi, ce rapport est plus élevé au cours de la transformation du thiol comparé à
celui observé lors de la transformation de l’alcool, indiquant que la formation d’alcane est
plus favorisée à partir d’un thiol que d’un alcool.
II.1.3. Transformation du mélange décanal - acide dodécanoïque
Afin de vérifier et de quantifier un possible effet inhibiteur de la fonction acide sur la
transformation des aldéhydes, des expériences ont été réalisées en utilisant un mélange
réactionnel constitué d’un réactif présentant la fonction aldéhyde (décanal) et d’un réactif
présentant la fonction acide carboxylique (acide dodécanoïque). L’acide dodécanoïque a été
utilisé à la place de l’acide décanoïque afin que ses produits de transformation ne se
superposent pas à ceux du décanal lors de l’analyse chromatographique des effluents liquides
de la réaction.
Dans un premier temps, la réactivité de l’acide dodécanoïque a été étudiée et comparée
à celle de l’acide décanoïque (Tableau 27).
Tableau 27 : Transformation sur catalyseur Mo/Al2O3 de l’acide décanoïque et de l’acide dodécanoïque (340 °C, 4 MPa, en présence de 1,3 %pds. de DMDS)
Acide décanoïque Acide dodécanoïque
Temps de contact (min) 0,21 0,23
Conversion (%) 34,4 35,0
Sélectivités (%mol.) Oxygénés 44,7 45,5
Soufrés 11,2 5,0
Hydrocarbures 44,1 49,5
Comme attendu, ces deux acides carboxyliques présentent sensiblement les mêmes
réactivités. Aussi, les sélectivités obtenues selon la nature des composés formés sont
semblables, les hydrocarbures représentant un peu moins de 50 %mol. en sélectivité de
l’ensemble des produits formés.
L’impact de l’acide dodécanoïque sur la transformation du décanal a été étudié en
réalisant des expériences dites en créneaux. Celles-ci ont été effectuées en trois étapes. La
réaction du décanal (7,1 %pds., générant 53 kPa de pression partielle en aldéhyde) a tout
d’abord été effectuée pendant γ heures. Ensuite, un mélange de décanal (7,1 %pds.) et d’acide
Chapitre 3 : Désoxygénation de composés oxygénés sur catalyseurs sulfures supportés
107
dodécanoïque (entre 0,2 et 3,4 %pds., générant entre 1,4 et 20,3 kPa de pression partielle en
acide carboxylique) a été envoyé dans le réacteur durant 5 heures, afin de mesurer l’impact
immédiat de l’acide sur la transformation de l’aldéhyde. Enfin, un dernier créneau de
4 heures, où seul le décanal est envoyé dans les mêmes conditions que lors du premier
créneau, permet de vérifier la réversibilité ou non de l’influence de l’acide sur la
transformation de l’aldéhyde.
Un exemple de résultat obtenu avec ce type d’expérience est illustré dans la Figure 52.
L’effet de l’acide est rapide et important sur la transformation de l’aldéhyde, avec une
diminution de la conversion mesurée de 28,5 % en absence d’acide à 1γ,1 % en présence de
1,8 %pds. d’acide dodécanoïque. Le rendement en hydrocarbures est également affecté par la
présence de cet acide. Cependant, l’effet inhibiteur de l’acide est totalement réversible : la
conversion en décanal ainsi que le rendement en hydrocarbures reviennent très rapidement
aux niveaux observés avant envoi de la charge contenant les deux molécules oxygénées.
Figure 52 : Expériences en créneaux sur catalyseur Mo/Al2O3. Transformation
du décanal seul (A) ou en mélange avec 1,8 %pds. d’acide dodécanoïque, générant 10,4 kPa d’acide (B) (340 °C, 4 MPa, en présence de 1,3 %pds. de
DMDS)
Les expériences en créneaux ont donc été réalisées pour cinq pressions partielles
différentes en acide dodécanoïque. Lorsque le mélange réagit, l’acide dodécanoïque subit une
très faible transformation, inférieure à 5 %, pour toutes les pressions partielles étudiées, avec
formation majoritaire de dodécanal (3,0 %mol.) et de 1-dodécanol (1,5 %mol.). Ce résultat était
attendu : en effet, pour le temps de contact utilisé (0,02 min), la conversion de l’acide estimée
à partir des résultats mesurés précédemment (Figure 45 (B), page 97) est de l’ordre de η %.
La conversion en décanal est reportée en fonction de la pression partielle en acide dans
la Figure 53. L’effet de l’acide est important, et ce dès l’introduction dans le milieu
réactionnel de la plus faible quantité d’acide testée (perte de β0 % de la conversion en décanal
Chapitre 3 : Désoxygénation de composés oxygénés sur catalyseurs sulfures supportés
108
dès l’introduction de 0,β %pds. d’acide, soit 1,4 kPa générés). Cet effet se répercute sur la
formation de toutes les familles de composés. Cependant, cet effet n’est pas aussi important
sur la formation d’hydrocarbures (perte de η0 % pour 20,3 kPa d’acide) que sur la formation
des composés soufrés et oxygénés (perte de 60 % pour 20,3 kPa d’acide).
Figure 53 : Effet de la pression partielle en acide dodécanoïque sur la
transformation du décanal sur catalyseur Mo/Al2O3 (tcontact : 0,02 min, 340 °C,
4 MPa, en présence de 1,3 %pds. de DMDS)
Afin de chiffrer plus précisément l’influence de l’acide sur la formation des
hydrocarbures, les rendements en décane, décènes et nonane sont reportés Figure 54, en
fonction de la pression en acide dodécanoïque ajoutée au milieu réactionnel. Si la quantité de
décane et de décènes diminue en fonction de la pression en acide, la quantité de nonane reste
constante sur toute la gamme de pressions en acide testée. En effet, comme montré
précédemment (Figure 51 (B), page 104), la formation de nonane provient uniquement de la
décarbonylation thermique du décanal.
Figure 54 : Effet de la pression partielle en acide dodécanoïque sur le
rendement en hydrocarbures au cours de la transformation du décanal sur
catalyseur Mo/Al2O3 (tcontact : 0,02 min, 340 °C, 4 MPa, en présence de 1,3 %pds.
de DMDS)
Chapitre 3 : Désoxygénation de composés oxygénés sur catalyseurs sulfures supportés
109
Aussi, le rapport entre décane et décènes est fortement affecté par la présence d’acide
dans le milieu réactionnel. En effet, le rapport décane / décènes augmente avec la quantité
d’acide, évoluant de 0,η sans acide à 1,0 pour la plus forte pression en acide. Il existe donc un
effet important de l’acide sur la sélectivité en hydrocarbures au cours de la transformation de
l’aldéhyde, ce qui est en accord avec les résultats rapportés dans le Tableau 26, page 105.
II.2. Transformation du phénol
La désoxygénation du phénol a également été étudiée sur catalyseur Mo/Al2O3.
Toutefois, cette étude est beaucoup moins poussée que celle menée sur la transformation de
l’acide décanoïque et de ses intermédiaires réactionnels, car le phénol a été très souvent utilisé
comme molécule oxygénée modèle représentative de composés issus des huiles de pyrolyse et
a, à ce titre, déjà fait l’objet de plusieurs études [150,151].
A 340 °C, en présence de DMDS dans la charge et en absence de catalyseur, aucun
produit de décomposition du phénol n’a été observé. En présence de Mo/Al2O3, pour un
temps de contact de 3,03 min, la conversion du phénol est de 25 % (Tableau 28). Ce temps de
contact est bien supérieur à celui utilisé afin de réaliser la transformation de l’acide
décanoïque (0,17 min), pour une conversion similaire (27,1 %). Comme attendu, le phénol est
donc un composé bien plus réfractaire à l’hydrodésoxygénation que l’acide décanoïque.
Dans les conditions opératoires utilisées, lors de la transformation du phénol, divers
produits ont été identifiés et regroupés en trois catégories (Tableau 28).
La majorité des composés formés sont des produits monocycliques. Le benzène, seul
composé aromatique monocyclique produit, est issu d’une rupture de liaison directe carbone-
oxygène du phénol. Deux autres composés cycliques à six chaînons sont aussi produits : il
s’agit du cyclohexène et du cyclohexane. Ces deux composés sont les plus produits au cours
de la transformation du phénol sur catalyseur non promu. Du methylcyclopentane a aussi été
détecté, composé issu d’une réaction d’isomérisation du cyclohexane.
Quelques composés polycycliques ont aussi été formés au cours de la transformation du
phénol, à hauteur de 15 %mol. en sélectivité. Parmi ces composés ont été identifiés le
bicyclohexyl et le phenylcyclohexane, deux dimères à 12 atomes de carbone. Sous
l’appellation 1-cyclohexyl-x-methylbenzène ont été regroupés les dimères formés entre le
cyclohexène et le toluène, solvant utilisé au cours de la réaction. Aussi, certains dimères
Chapitre 3 : Désoxygénation de composés oxygénés sur catalyseurs sulfures supportés
110
formés contiennent de l’oxygène car formés par réaction entre le cyclohexène et le phénol : il
s’agit des y-cyclohexylphénol (2-cyclohexylphénol et 4-cyclohexylphénol).
Du méthylcyclohexane a aussi été détecté en sortie de réacteur : ce composé est issu de
l’hydrogénation du toluène, solvant de la réaction. Cependant, les quantités observées sont
très faibles, avec une pression partielle en sortie de réacteur de 0,3 kPa sur catalyseur
Mo/Al2O3, tandis que la pression partielle en toluène est d’environ 11θ0 kPa au cours de la
réaction.
Tableau 28 : Transformation du phénol sur catalyseur Mo/Al2O3 : temps de
contact utilisés, conversion en phénol et sélectivités (340 °C, 4 MPa, en
présence de 1,3 %pds. de DMDS)
Mo/Al2O3
Temps de contact (min) 3,03
Conversion (%) 25,4
Sélectivités
(%mol.) Benzène
11,5
Cyclohexène
24,5
Cyclohexane
45,5
Methylcyclopentane
3,1
Bicyclohexyl
1,7
Phenylcyclohexane
4,5
1-cyclohexyl-x-methylbenzène
5,4
y-cyclohexylphénol
3,8
Chapitre 3 : Désoxygénation de composés oxygénés sur catalyseurs sulfures supportés
111
II.3. Discussion
II.3.1. Schéma de transformation de l’acide décanoïque sur
catalyseur sulfure
Les produits de la transformation de l’acide décanoïque sur catalyseur sulfure peuvent
être classés selon plusieurs catégories.
Tout d’abord, une première voie de transformation de l’acide décanoïque conduit à la
formation d’hydrocarbures sans occasionner de perte d’atome de carbone dans la chaîne
carbonée (décane et décènes), faisant intervenir plusieurs intermédiaires oxygénés (décanal,
1-décanol) et soufrés (1-décanethiol, décylméthylthioéther) : c’est la voie dite
hydrodésoxygénante (ou voie « HDO ») où l’oxygène est éliminé uniquement sous forme
d’eau.
Une seconde voie de transformation aboutit à la formation d’hydrocarbures, après perte
d’un atome de carbone sous forme de monoxyde de carbone (nonane et nonènes). De plus, le
1-nonanethiol et le nonylméthylthioéther, présents en très faibles quantités, sont aussi
comptabilisés dans cette voie, tous deux ayant le même nombre d’atomes de carbone dans
leur chaîne carbonée principale. Cette voie est nommée voie de décarbonylation (ou voie
« DEC »), l’oxygène est alors éliminé en eau et en monoxyde de carbone.
Enfin, la dernière voie regroupe les composés qui n’ont pas pu être classé dans l’une ou
l’autre des deux voies de désoxygénation de l’acide décanoïque (décanoate de décyle,
didécyléther et thiométhanoate de décyle). Cette voie est nommée voie « Autres produits ».
La Figure 55 illustre la sélectivité dans ces différentes voies de transformation selon la
conversion en acide. La voie de décarbonylation est relativement stable en fonction de la
conversion en acide, tandis que la voie « Autres produits » diminue en faveur de la voie HDO,
voie majoritaire de transformation de l’acide décanoïque sur catalyseur Mo/Al2O3.
Chapitre 3 : Désoxygénation de composés oxygénés sur catalyseurs sulfures supportés
112
Figure 55 : Effet de la conversion de l’acide décanoïque sur catalyseur Mo/Al2O3
sur la sélectivité en produits des différentes voies de transformation (340 °C,
4 MPa, en présence de 1,3 %pds. de DMDS). « HDO » : produits à 10 atomes de
carbone dans leur chaîne principale ; « DEC » : produits à 9 atomes de carbone
dans leur chaîne principale ; « Autres produits » : décanoate de décyle +
thiométhanoate de décyle
Trois voies de transformation de l’acide ont ainsi été mises en évidence : seules les
voies HDO et DEC aboutissent à la formation d’hydrocarbures, l’objectif principal lors de la
mise en œuvre de l’hydrodésoxygénation. Ces hydrocarbures sont le décane et les décènes
pour la voie HDO, et le nonane et les nonènes pour la voie DEC.
La première étape de la voie HDO est la formation du décanal qui fait intervenir une
réaction d’hydrogénation suivie par une déshydratation.
Comme observé au cours des réactions effectuées sur le décanal seul, une possibilité de
transformation de ce composé conduit au 1-décanol obtenu par hydrogénation. L’alcool peut
ensuite subir deux transformations différentes : une réaction d’élimination (ou de
déshydratation) qui, après perte d’eau conduit au 1-décène, qui peut par la suite s’isomériser
en d’autres décènes, ou une réaction d’hydrogénolyse, produisant le décane et de l’eau.
Toutefois, le rapport décane / décènes, inférieur à 1 lors de la réaction du 1-décanol seul,
indique que la réaction d’élimination est favorisée par rapport à la réaction d’hydrogénolyse.
Le décanal peut aussi se transformer en un intermédiaire soufré, le 1-décanethiol. La
formation de ce thiol par addition de groupement sulfhydrile sur les décènes est fortement
improbable : la règle de Markovnikov indique que le thiol formé serait au moins secondaire.
De plus, avec la multitude de décènes formés, de nombreux isomères du décanethiol seraient
identifiés, ce qui n’est pas le cas ici. De plus, lors de l’étude de la réactivité du 1-hexène, il
n’a pas été observé d’hexanethiol. Enfin, dans des travaux d’isomérisation et d’hydrogénation
d’oléfines sur catalyseurs sulfures, Badawi et al. n’ont pas détecté de composés soufrés [17θ].
Chapitre 3 : Désoxygénation de composés oxygénés sur catalyseurs sulfures supportés
113
La formation du 1-décanethiol à partir du 1-décanol n’est pas à exclure. En effet,
Dupont et al. ont proposé la possibilité d’un échange du groupement -OH du 1-propanol par
un groupement -SH [68]. Cependant, dans cette étude, ces auteurs ont montré que la
substitution nucléophile du 1-propanol en 1-propanethiol a une barrière d’activation élevée
(environ 130 kJ mol-1). De plus, les résultats obtenus ici montrent qu’au cours de la
transformation du 1-décanol, même à faible conversion en alcool, la sélectivité en thiol reste
très faible. Etant donné que le 1-décanethiol est deux fois plus réactif que le 1-décanol, la
substitution nucléophile de l’alcool en thiol ne peut pas être totalement exclue. Cependant, la
formation directe du 1-décanethiol à partir du décanal semble plus probable.
Les principaux hydrocarbures formés à partir du 1-décanol et du 1-décanethiol sont
identiques (décane et 1-décène), néanmoins, les sélectivités en ces composés sont différentes,
selon le réactif considéré. En effet, le 1-décanol se transforme principalement en 1-décène,
par réaction d’élimination, comme discuté auparavant. Concernant le 1-décanethiol, sa
transformation conduit plutôt à l’alcane. En effet, le rapport décane / décènes obtenu à partir
du thiol est plus élevé que celui obtenu à partir de l’alcool. Ce résultat est en accord avec une
étude DFT, menée sur la transformation de l’éthanethiol sur catalyseur sulfure non promu, qui
montre que l’hydrogénolyse d’un thiol en alcane est plus aisée que la réaction d’élimination
conduisant à l’alcène [177].
De plus, le rapport décane / décènes est plus élevé lors de la transformation de l’acide
décanoïque par rapport à celui observé lors de la transformation du décanal. En effet, comme
illustré au cours des réactions en compétition entre décanal et acide dodécanoïque, la présence
d’acide carboxylique inhibe plus fortement la production des décènes que du décane. Ainsi,
pour expliquer ces différences, une hypothèse serait que l’hydrogénation du décanal en 1-
décanol est inhibée par l’acide, la désulfuration du 1-décanethiol (issu de la sulfuration du
décanal) en décane devenant alors la voie de transformation majoritaire de la voie HDO lors
de la transformation de l’acide décanoïque sur catalyseur non promu.
L’acide décanoïque peut aussi se transformer selon la voie de décarbonylation (DEC).
Sur le catalyseur non promu, cette transformation conduit en grande majorité au 1-nonène, cet
alcène pouvant ensuite s’isomériser en nonènes, avec élimination de monoxyde de carbone et
d’eau. Dans ces conditions opératoires, les résultats indiquent qu’il n’y a pas de
décarboxylation de l’acide puisqu’aucune trace de CO2 n’a été détecté, ce dernier ne se
transformant pas dans le milieu réactionnel. Concernant la formation du nonane, celui-ci
Chapitre 3 : Désoxygénation de composés oxygénés sur catalyseurs sulfures supportés
114
provient très majoritairement de la décomposition thermique du décanal, l’hydrogénation des
nonènes en nonane étant pratiquement nulle sur ce catalyseur.
Enfin, il existe trois autres types de réactions possibles dans ces conditions
réactionnelles. Tout d’abord, l’acide décanoïque et le 1-décanol peuvent se transformer en
décanoate de décyle. Ce type de composé a déjà été observé par d’autres auteurs, sur
catalyseurs sulfures supportés [159] et massiques [160]. Les propriétés acides du support
et/ou de la phase sulfure sont probablement responsables de ce type de réaction.
Ensuite, du didécyléther a aussi été détecté, notamment lors de la transformation du
décanal ou du 1-décanol. Ce composé se forme probablement par condensation de deux
molécules de 1-décanol. Cependant, les quantités observées lors de la transformation de
l’acide décanoïque sont très faibles.
Enfin, du thiométhanoate de décyle est aussi présent dans les produits de transformation
de l’acide décanoïque, en fortes proportions pour de très faibles conversions en acide. Ce
composé est issu de la réaction entre l’acide décanoïque et le méthanethiol. Pour de faibles
temps de contact sur le catalyseur (et donc de faibles conversions en acide), le DMDS utilisé
comme agent sulfurant ne se transforme pas entièrement en méthane et en hydrogène sulfuré ;
le méthanethiol, intermédiaire au cours de cette transformation, subsiste donc dans le milieu
réactionnel. Ainsi, il peut réagir avec l’acide décanoïque afin de former un thioester. Ce
méthanethiol est aussi responsable de la présence des thioéthers (décylmethylthioéther et
nonylmethylthioéther). En effet, dans la suite de ce manuscrit, l’utilisation d’hydrogène
sulfuré en tant qu’agent sulfurant fait complètement disparaitre ces composés (thioéthers et
thioester) dans le milieu réactionnel, ce qui confirme bien cette hypothèse.
En s’appuyant sur l’ensemble des résultats acquis ainsi que sur la littérature, un schéma
de transformation de l’acide décanoïque sur catalyseurs sulfures est ainsi proposé en Figure
56. Le didécyléther, le nonanethiol et les thioéthers (décylmethylthioéther et
nonylmethylthioéther) n’ont pas été représentés, ces composés n’étant présent qu’à l’état de
traces. De plus, sur ce schéma, les réactions minoritaires ont été représentées en pointillées.
Chapitre 3 : Désoxygénation de composés oxygénés sur catalyseurs sulfures supportés
115
Figure 56 : Schéma de transformation de l’acide décanoïque sur catalyseur sulfure Mo/Al2O3 (340 °C, 4 MPa)
II.3.2. Schéma de transformation du phénol sur catalyseur sulfure
La transformation du phénol sur catalyseurs sulfures a été étudié par de nombreuses
équipes de recherche, et son schéma de transformation est maintenant bien connu [150,151].
Il est à noter aussi que, dans ces conditions expérimentales (340 °C, 4 MPa et en présence de
1,3 %pds. de DMDS), le phénol est environ 18 fois moins réactif que l’acide décanoïque.
La voie principale de transformation du phénol (environ 74 % des produits) est la voie
dite hydrogénante (ou voie « HYD »). Après formation d’un intermédiaire oxygéné, le
cyclohexanol (non observé dans les expériences effectuées au laboratoire), celui-ci se
déshydrate en cyclohexène, qui peut ensuite s’hydrogéner en cyclohexane. Ce dernier peut
également, par isomérisation, conduire au méthylcyclopentane.
Une seconde voie, nommée voie de désoxygénation directe (ou voie « DOD »), consiste
en la rupture directe de la liaison C-O afin de conduire à la formation de benzène. Cette voie
représente environ 11 % de l’ensemble des produits.
La dernière voie commence par la réaction entre le phénol et le cyclohexène, afin de
former le 2-cyclohexylphénol (ou le 4-cyclohexylphénol), qui peut ensuite s’hydrogéner et/ou
se désoxygéner. Tous ces composés à 12 atomes de carbone ont été regroupés sous la voie de
dimérisation (ou voie « DIM »). Avec l’utilisation du toluène comme solvant, d’autres
Chapitre 3 : Désoxygénation de composés oxygénés sur catalyseurs sulfures supportés
116
dimères à 13 atomes de carbone ont été observés (1-cyclohexyl-x-methylbenzène), produit de
la réaction entre le cyclohexène et le toluène. La formation de dimères a déjà été observée
dans la littérature, notamment par Ryymin et al. [150].
Le schéma de transformation du phénol est présenté dans la Figure 57. Trois voies de
transformation ont ainsi pu être décrites.
Figure 57 : Schéma de transformation du phénol sur catalyseurs sulfures
(340 °C, 4 MPa, en présence de 1,3 %pds. de DMDS)
II.3.3. Sites actifs et mécanismes impliqués en désoxygénation
Il est généralement accepté que les sites actifs impliqués dans les réactions sur
catalyseurs sulfures sont situés sur les bords des phases sulfures, sous forme de lacunes
anioniques. Une représentation de ces lacunes est illustrée dans la Figure 58.
Pour l’acide décanoïque, le mécanisme proposé ici débute par une première étape de
dissociation hétérolytique d’une molécule de dihydrogène, afin de former un groupement
sulfhydryle et un hydrure métallique [178]. L’acide carboxylique peut ensuite s’adsorber sur
la lacune, par le groupement carbonyle [θ8]. L’acidité du groupement sulfhydryle peut alors
protoner l’acide adsorbé sur le catalyseur. Par élimination d’eau, un intermédiaire cationique,
l’ion 1-oxo decylium, peut alors se former à la surface du catalyseur.
Dans le mécanisme proposé ici, cet ion 1-oxo decylium serait l’intermédiaire clef entre
les voies HDO et DEC dans la transformation de l’acide utilisé. En effet, cet intermédiaire
cationique pourrait subir deux réactions distinctes : une addition d’hydrure, et une réaction
d’élimination. La première réaction s’effectuerait par l’attaque de l’hydrure métallique sur le
Chapitre 3 : Désoxygénation de composés oxygénés sur catalyseurs sulfures supportés
117
carbocation, conduisant à la formation du décanal, premier intermédiaire de la voie
d’hydrodésoxygénation (HDO). La réaction d’élimination, conduisant aux produits de la voie
DEC, serait initiée, quant à elle, par une attaque basique sur un des atomes d’hydrogène situé
en position (par rapport au carbone portant la charge positive), entraînant une rupture de
liaison carbone-carbone. Cette réaction d’élimination nécessite un site basique qui pourrait
être un ion sulfure (S2-), situé dans le voisinage de la lacune anionique, un type de site qui a
déjà été proposé dans la littérature [1η]. Les produits formés par la réaction d’élimination sont
le 1-nonène et le monoxyde de carbone. Après désorption du monoxyde de carbone, le site
pourrait accueillir une nouvelle molécule d’acide.
Figure 58 : Mécanisme de transformation de l’acide décanoïque sur une phase sulfure non promu
Sur catalyseur non promu, la voie HDO est favorisée par rapport à la voie DEC. D’après
le mécanisme proposé ci-dessus, ceci signifie que lors de la réaction de l’intermédiaire
cationique commun, l’addition d’hydrure serait favorisée par rapport à la réaction
Chapitre 3 : Désoxygénation de composés oxygénés sur catalyseurs sulfures supportés
118
d’élimination. Les étapes élémentaires mises en jeu lors de la transformation de cet ion 1-oxo
decylium sur un site non promu sont illustrées dans la Figure 59.
Figure 59 : Etapes élémentaires intervenant dans la transformation de l’ion 1-
oxo decylium sur phase sulfure non promue : addition d’hydrure en noir, réaction d’élimination en gris et en pointillés
Le cycle catalytique schématisant la transformation du phénol sur ce type de site actif
(Figure 60) implique initialement la même étape que cette décrite dans la désoxygénation de
l’acide, à savoir la dissociation hétérolytique de l’hydrogène, conduisant à la formation d’un
groupement sulfhydryle et d’un hydrure métallique [178]. Le phénol peut alors s’adsorber
selon un mode 1 [7γ,1η1]. L’acidité du groupement sulfhydryle peut alors protoner le phénol,
les trois carbones pouvant subir cette attaque sont soit celui qui est en position α, soit ceux qui
sont en position par rapport à l’atome d’oxygène. L’intermédiaire I (Figure 60), dont la
charge positive est localisée sur le carbone en position α par rapport au carbone portant
l’atome d’oxygène, est proposé ici comme intermédiaire réactionnel conduisant au benzène
(voie DOD), alors que l’intermédiaire II (Figure 60) (issu de la protonation en du
groupement -OH) serait le premier intermédiaire réactionnel impliqué dans la voie HYD.
Statistiquement, le rapport HYD / DOD devrait être égal à 2 (avec 2 positions
attaquables pour conduire à la voie HYD contre seulement 1 pour la voie DOD). Toutefois, le
rapport HYD / DOD est égal à θ sur catalyseur non promu. L’explication énoncée ici pourrait
être l’implication d’autres types de sites favorisant la voie HYD. Ces sites permettraient
l’adsorption du phénol selon un mode 5, à plat sur son cycle aromatique. Ce mode
d’adsorption requiert plus de place que le mode 1, donc au moins deux lacunes adjacentes
Chapitre 3 : Désoxygénation de composés oxygénés sur catalyseurs sulfures supportés
119
seraient nécessaires afin de servir de site actif, comme proposé par Romero et al. en
transformation du 2-ethylphénol [152]. Les bords totalement soufrés (ou « brim sites »
[ηη,η7,7η,79,80]) pourraient aussi permettre d’adsorber le phénol selon un mode 5 et être
donc un autre point de départ à la formation des produits de la voie HYD.
Figure 60 : Mécanisme de transformation du phénol sur une phase sulfure non
promu (adsorption de type η1)
III. Effet promoteur du cobalt et du nickel
Les performances en transformation sur catalyseurs promus soit par du cobalt
(CoMo/Al2O3), soit par du nickel (NiMo/Al2O3) de l’acide décanoïque, du décanal et du
phénol ont été mesurées et comparées aux résultats décrits précédemment, obtenus sur
catalyseur non promu (Mo/Al2O3).
Chapitre 3 : Désoxygénation de composés oxygénés sur catalyseurs sulfures supportés
120
III.1. Transformation de l’acide décanoïque
Dans un premier temps, les performances globales de ces trois solides ont été
comparées pour des temps de contact proches. Les stabilités de ces trois solides sur 7 heures
de réactions sont reportées dans la Figure 61. Ces trois solides ont des stabilités similaires sur
7 heures, et la conversion varie peu sur cet intervalle de temps. A temps de contacts similaires
(entre 0,16 et 0,17 min), le catalyseur promu au nickel est le plus actif (conversion égale à
37 % après 7 heures de temps de travail), tandis que le catalyseur non promu est le moins actif
en transformation de l’acide décanoïque (conversion égale à β7 % après 7 heures de temps de
travail).
Figure 61 : Conversion de l’acide décanoïque sur catalyseurs (Co,Ni)Mo/Al2O3
en fonction du temps de travail (tcontact : 0,17 min sur catalyseur non promu ;
0,16 min sur catalyseurs promus) (340 °C, 4 MPa, en présence de 1,3 %pds. de
DMDS)
Les trois catalyseurs ont été testés à différentes températures afin d’avoir accès à
l’énergie d’activation nécessaire à la transformation de l’acide décanoïque. Pour cela,
plusieurs expériences ont été effectuées à des températures comprises entre 300 et 360 °C.
En reportant le logarithme népérien de l’activité du catalyseur en transformation de
l’acide décanoïque en fonction de l’inverse de la température à laquelle a été réalisée la
réaction, il est possible d’avoir accès à l’énergie d’activation de la transformation de l’acide
sur le catalyseur considéré (Figure 62).
Les pentes de droites ainsi obtenues sont proportionnelles aux énergies d’activation
selon l’équation suivante : Ea = -aR, avec « Ea » l’énergie d’activation, « a » la pente de la
droite obtenue précédemment et « R » la constante universelle des gaz parfaits.
Chapitre 3 : Désoxygénation de composés oxygénés sur catalyseurs sulfures supportés
121
Figure 62 : Logarithme népérien de l’activité des catalyseurs Mo/Al2O3 (),
CoMo/Al2O3 () et NiMo/Al2O3 () en transformation de l’acide décanoïque en fonction de la température de réaction (4 MPa, en présence de 1,3 %pds. de
DMDS)
Ainsi, l’énergie d’activation de la transformation de l’acide décanoïque a pu être
déterminée sur les trois catalyseurs étudiés. Les résultats sont reportés dans le Tableau 29.
L’ajout de promoteur sur le catalyseur favorise ainsi la transformation de l’acide décanoïque,
en abaissant son énergie d’activation. Parmi les trois catalyseurs testés, celui promu au cobalt
présente l’énergie d’activation de l’acide décanoïque la plus faible.
Tableau 29 : Energie d’activation de l’acide décanoïque sur catalyseurs (Co,Ni)Mo/Al2O3 (4 MPa, en présence de 1,3 %pds. de DMDS)
Mo/Al2O3 CoMo/Al2O3 NiMo/Al2O3
Energie d’activation (kJ mol-1) 157 115 130
Les activités totales ainsi que dans les trois voies de transformation décrites
précédemment en transformation de l’acide décanoïque sur catalyseurs (Co,Ni)Mo/Al2O3 sont
reportées dans le Tableau 30.
Comme attendu, l’ajout d’un promoteur permet d’améliorer les performances du
catalyseur, avec une augmentation de l’activité totale par rapport au catalyseur Mo/Al2O3.
Ainsi, l’ajout de cobalt permet de multiplier l’activité en transformation de l’acide décanoïque
par un facteur de 1,3, alors que le catalyseur NiMo/Al2O3 est 1,5 fois plus actif que le
catalyseur non promu. Cet effet promoteur est encore plus visible au regard du taux
d’hydrocarbures parmi les produits de la réaction : les catalyseurs promus ont une sélectivité
en désoxygénation de l’acide décanoïque supérieure à 90 %mol., là où le solide Mo/Al2O3 est à
seulement 36 %mol..
Chapitre 3 : Désoxygénation de composés oxygénés sur catalyseurs sulfures supportés
122
Tableau 30 : Activités en transformation de l’acide décanoïque sur catalyseurs (Co,Ni)Mo/Al2O3 (4 MPa, en présence de 1,3 %pds. de DMDS)
Mo/Al2O3 CoMo/Al2O3 NiMo/Al2O3
Activités Totale 145 189 (1,3)(a) 212 (1,5)(a)
(mmol h-1 gcata-1) Voie HDO 102 52 (0,5)(a) 50 (0,5)(a)
Voie DEC 24 133 (5,5)(a) 159 (6,6)(a)
Voie Autres produits 19 4 (0,2)(a) 3 (0,2)(a)
Rapport HDO/DEC 4,2 0,4 0,3
Sélectivité en hydrocarbures (%mol.) 36 90 92
Rapport hydrocarbures C10/C9 1,6 0,3 0,2
(a) : effet du cobalt ou du nickel chiffré par le rapport entre l’activité du catalyseur considéré (CoMo/Al2O3 ou NiMo/Al2O3) et l’activité du catalyseur Mo/Al2O3
L’utilisation de catalyseurs promus au cobalt ou au nickel en désoxygénation de l’acide
décanoïque entraîne donc une modification importante de la sélectivité en produits formés. En
effet, alors que la voie HDO est majoritaire lorsque la transformation de l’acide décanoïque
est réalisée sur le catalyseur Mo/Al2O3, l’ajout de cobalt et du nickel diminue l’activité en
produits formés dans cette voie HDO (environ de moitié), et un fort effet promoteur est
observé dans la voie de décarbonylation, avec une activité multipliée au moins par 5 sur ces
solides promus. Le rapport HDO/DEC s’inverse donc, selon si le catalyseur utilisé est non
promu (4,2), ou bien promu par le cobalt (0,4) ou par le nickel (0,3). Cette modification de
sélectivité dans les voies de transformation de l’acide se répercute évidemment sur la nature
des hydrocarbures formés. En effet, si le décane et les décènes sont majoritairement produits
sur le catalyseur Mo/Al2O3, l’ajout d’un promoteur permet de produire majoritairement des
hydrocarbures à 9 atomes de carbone (nonane et nonènes).
Comme illustré en Figure 63, les nonènes sont majoritairement formés au cours de la
désoxygénation de l’acide décanoïque sur les deux catalyseurs promus. De plus, la quantité de
nonane provenant de l’hydrogénation des nonènes est plus importante sur catalyseur
NiMo/Al2O3, indiquant que ce catalyseur possède un pouvoir hydrogénant plus important que
le catalyseur CoMo/Al2O3. En outre, ce même constat peut être fait sur les hydrocarbures à 10
atomes de carbone.
Chapitre 3 : Désoxygénation de composés oxygénés sur catalyseurs sulfures supportés
123
Figure 63 : Sélectivités en hydrocarbures en fonction de la conversion en acide
décanoïque sur catalyseur CoMo/Al2O3 (A) et NiMo/Al2O3 (B) (340 °C, 4 MPa, en
présence de 1,3 %pds. de DMDS)
Les rapports alcane / alcènes sont reportés sur la Figure 64 pour les trois catalyseurs
testés. Sur catalyseur non promu, les rapports nonane / nonènes (Figure 64 (A)) et
décane / décènes (Figure 64 (B)) sont pratiquement indépendants de la conversion en acide,
indiquant que l’hydrogénation des alcènes en alcane ne se produit pas, comme indiqué
précédemment. En revanche, sur catalyseurs promus, ces rapports augmentent avec la
conversion en acide, ce qui confirme que ces solides sont actifs en hydrogénation des alcènes.
Pour de faibles conversions, les rapports décane / décènes des trois catalyseurs étudiés
évoluent, dans le sens croissant, CoMo/Al2O3 < NiMo/Al2O3 < Mo/Al2O3. La formation de
l’alcène est ainsi plus favorable sur catalyseurs promus, notamment sur celui promu au cobalt,
que sur le catalyseur non promu. Ceci indique que la voie d’hydrogénolyse du 1-décanethiol
conduisant au décane est privilégiée sur Mo/Al2O3, alors que l’ajout de nickel et surtout de
cobalt sur le catalyseur favorise la voie de déshydratation du 1-décanol en 1-décène.
Figure 64 : Effet de la conversion de l’acide décanoïque sur le rapport nonane/nonènes (A) et décane/décènes (B) sur catalyseurs (Co,Ni)Mo/Al2O3
(340 °C, 4 MPa, en présence de 1,3 %pds. de DMDS)
Chapitre 3 : Désoxygénation de composés oxygénés sur catalyseurs sulfures supportés
124
Les rapports 1-alcènes / alcènes sont reportés en Figure 65 sur les trois catalyseurs. Sur
le catalyseur non promu, le rapport 1-alcène / alcènes est proche de 1 à faible conversion :
seul le 1-nonène et le 1-décène sont donc formés. Cependant, ce rapport diminue à partir de
40 % en conversion de l’acide, celui-ci atteignant 0,7 pour 80 % de conversion. La baisse de
la quantité d’acide dans le milieu réactionnel favorise ainsi les réactions d’isomérisation des
alcènes. En effet, le fort effet inhibiteur de l’acide a déjà été constaté au préalable, lors de la
transformation d’un mélange décanal - acide dodécanoïque (II.1.3. page 106).
Sur catalyseurs promus, ce rapport est bien plus faible. De plus, celui-ci diminue très
rapidement avec l’augmentation de la conversion en acide. Le catalyseur promu par le nickel
présente des valeurs plus faibles que le catalyseur promu au cobalt. Ceci montre que, malgré
la présence de l’acide carboxylique ou de l’aldéhyde, les catalyseurs promus sont actifs dans
les réactions d’isomérisations.
La Figure 65, qui illustre la réaction d’isomérisation du 1-nonène (ou du 1-décène), est
une réaction qui nécessite une certaine acidité de Brønsted. Il serait donc possible, via ces
rapports, de classer les trois catalyseurs selon leurs acidités, plus précisément selon l’acidité
de leurs phases actives, ces trois solides étant déposés sur le même support. Ainsi, les trois
catalyseurs pourraient être classés selon l’ordre suivant, de la phase active la moins acide à la
plus acide : Mo/Al2O3 < CoMo/Al2O3 < NiMo/Al2O3.
Figure 65 : Evolution en fonction de la conversion en acide décanoïque des
rapports 1-nonène / nonènes (A) et 1-décène / décènes (B) sur catalyseurs
(Co,Ni)Mo/Al2O3 (340 °C, 4 MPa, en présence de 1,3 %pds. de DMDS)
La Figure 66 illustre l’analyse des composés gazeux en sortie du réacteur après
transformation de l’acide décanoïque sur catalyseurs promus. Le dioxyde de carbone n’a pas
été détecté dans les effluents gazeux : l’ajout de promoteur sur les catalyseurs ne provoque
pas de décarboxylation de l’acide décanoïque.
Chapitre 3 : Désoxygénation de composés oxygénés sur catalyseurs sulfures supportés
125
La réactivité du DMDS sur catalyseurs promus est plus importante que sur Mo/Al2O3,
puisque sa décomposition est totale à partir de 0,2 min en présence des catalyseurs
CoMo/Al2O3 ou NiMo/Al2O3, alors qu’elle n’est totale qu’à partir de 0,4 min sur le solide non
promu (Figure 49, page 101). Aussi, le monoxyde de carbone est détecté et ce dans les mêmes
proportions sur les deux catalyseurs promus, ce qui est bien en accord avec le fait que ces
deux solides présentent des activités proches en décarbonylation (Tableau 30).
Figure 66 : Effet du temps de contact sur catalyseurs promus sur la quantité de
gaz détectés. Symboles pleins : CoMo/Al2O3 ; symboles vides : NiMo/Al2O3. :
méthane ; : hydrogène sulfuré ; : monoxyde de carbone ; : dioxyde de
carbone (340 °C, 4 MPa, en présence de 1,3 %pds. de DMDS)
Le rapport entre les voies HDO et DEC en fonction de la conversion de l’acide
décanoïque sur catalyseur non promu et sur catalyseurs promus est illustré en Figure 67. Sur
le catalyseur non promu, la voie HDO est favorisée, et ce rapport augmente avec la
conversion en acide. En effet, comme illustré précédemment (Figure 55, page 112), la voie
Autres Produits décroit lorsque la conversion en acide augmente, en faveur des produits de la
voie HDO.
Figure 67 : Effet de la conversion de l’acide décanoïque sur catalyseurs
(Co,Ni)Mo/Al2O3 sur le rapport entre les voies HDO et DEC (340 °C, 4 MPa, en
présence de 1,3 %pds. de DMDS)
Chapitre 3 : Désoxygénation de composés oxygénés sur catalyseurs sulfures supportés
126
Sur catalyseurs promus, ce rapport HDO / DEC est toujours inférieur à 0,7, et il est
inférieur à 0,5 à partir de 20 % de conversion en acide. Les deux catalyseurs promus ont des
valeurs similaires sur l’ensemble de la gamme de conversions étudiées.
III.2. Transformation du décanal
Les performances globales de ces trois solides ont été comparées à des temps de contact
similaires en désoxygénation du décanal (Figure 68). Ces trois solides ont des stabilités
similaires sur 7 heures. L’effet promoteur du cobalt et du nickel est visible sur la
transformation du décanal puisque les conversions de l’aldéhyde sont plus importantes sur
catalyseurs promus, cet effet étant dans le même ordre de grandeur que celui observé lors de
la transformation de l’acide décanoïque (Tableau 30, page 122). Le catalyseur CoMo/Al2O3
est le solide le plus actif en transformation du décanal, alors que le catalyseur NiMo/Al2O3
était le plus actif en transformation de l’acide décanoïque.
Figure 68 : Conversion du décanal sur catalyseurs (Co,Ni)Mo/Al2O3 en fonction
du temps de travail (tcontact : 0,02 min, 340 °C, 4 MPa, en présence de 1,3 %pds.
de DMDS)
La transformation du décanal sur catalyseurs sulfures conduit pratiquement aux mêmes
produits que ceux observés à partir de l’acide décanoïque (Tableau 31).
Le 1-décanol est le composé majoritairement formé sur Mo/Al2O3, tandis que les
catalyseurs promus au cobalt et au nickel favorisent la production d’hydrocarbures,
notamment les décènes. Les composés soufrés sont présents en quantités semblables sur les
trois solides, le 1-décanethiol étant majoritaire. Il est à noter que le thiométhanoate de décyle
et le decylmethylthioéther ne sont présents qu’à l’état de traces. Ce résultat était attendu car la
décomposition du DMDS est plus importante sur catalyseurs promus que sur le catalyseur non
promu, comme observé précédemment.
Chapitre 3 : Désoxygénation de composés oxygénés sur catalyseurs sulfures supportés
127
Tableau 31 : Transformation du décanal sur catalyseurs (Co,Ni)Mo/Al2O3 .
Conversion, activités et sélectivités (temps de contact : 0,02 min, 340 °C,
4 MPa, en présence de 1,3 %pds. de DMDS)
Mo/Al2O3 CoMo/Al2O3 NiMo/Al2O3
Conversion (%) 28,5 46,2 37,1
Activités (mmol h-1 gcata-1) 1260 2370 (1,9)(a) 1780 (1,4)(a)
Sélectivités 1-Décanol 48,3 24,9 15,8
(%mol.) Décanoate de décyle 3,0 0,9 1,2
Didécyléther 4,2 0,4 0,0
Thiométhanoate de décyle 0,7 0,1 0,2
1-Décanethiol 8,0 12,9 8,6
Décylméthylthioéther 3,3 1,8 0,8
Décane 6,7 11,9 19,6
Décènes 14,1 37,9 41,2
Nonane 11,3 8,3 11,1
Nonènes 0,4 0,9 1,5 (a) : Effet promoteur chiffré par le rapport entre l’activité du catalyseur considéré (CoMo/Al2O3 ou NiMo/Al2O3) et l’activité du catalyseur Mo/Al2O3
La présence de nonane est notée sur les trois catalyseurs en quantités similaires. L’ajout
de promoteur sur les catalyseurs ne permet donc pas de favoriser une décarbonylation
catalytique du décanal : seule la décarbonylation thermique est donc possible à partir du
décanal, sur les trois catalyseurs étudiés.
III.3. Transformation du phénol
L’activité en transformation du phénol sur ces trois catalyseurs est reportée dans la
Figure 69 en fonction du temps de travail. Sur 7 heures de réaction, les catalyseurs Mo/Al2O3
et CoMo/Al2O3 sont relativement stables. En revanche, sur catalyseur NiMo/Al2O3, l’activité
diminue continuellement, passant de 32,5 à 26,6 mmol h-1 gcata-1 entre 2 et 7 heures de temps
de réaction.
L’effet promoteur du cobalt et du nickel est clairement visible sur l’activité globale de
ces trois catalyseurs, l’ajout de promoteur permettant d’augmenter grandement l’activité des
catalyseurs sulfures (par 3,2 sur catalyseur CoMo/Al2O3 et par 3,7 sur catalyseur
NiMo/Al2O3).
Chapitre 3 : Désoxygénation de composés oxygénés sur catalyseurs sulfures supportés
128
Figure 69 : Activités en transformation du phénol en fonction du temps de
travail sur catalyseurs (Co,Ni)Mo/Al2O3 (340 °C, 4 MPa, en présence de
1,3 %pds. de DMDS)
Ces activités en transformation du phénol et selon les trois voies précédemment
identifiés sont reportées en Tableau 32. L’effet promoteur est différent selon la nature de
celui-ci. En effet, la présence de cobalt favorise très fortement la voie DOD, avec un effet
promoteur proche de 8. L’ajout de nickel permet quant à lui d’augmenter principalement
l’activité hydrogénante du catalyseur (voie HYD promue par un facteur 4,γ). Cette différence
de promotion dans les deux voies de transformation du phénol conduisant aux composés
monocycliques est visible sur le rapport HYD / DOD. Bien qu’il soit supérieur à 1 sur
l’ensemble des catalyseurs testés, indiquant que la voie HYD est la voie de transformation
majoritaire sur tous les solides testés, ce rapport HYD / DOD est proche de 2 sur catalyseur
promu au cobalt, alors qu’il est supérieur à θ sur Mo/Al2O3 et approche les 15 sur
NiMo/Al2O3, catalyseur très sélectif selon cette voie de transformation.
Tableau 32 : Activités en transformation du phénol sur catalyseurs
(Co,Ni)Mo/Al2O3 (340 °C, 4 MPa, en présence de 1,3 %pds. de DMDS)
Mo/Al2O3 CoMo/Al2O3 NiMo/Al2O3
Activités Totale 7,7 24,3 (3,2)(d) 28,8 (3,7)(d)
(mmol h-1 gcata-1) Voie HYD(a) 5,6 14,1 (2,5)(d) 24,4 (4,3)(d)
Voie DOD(b) 0,9 6,9 (7,8)(d) 1,6 (1,9)(d)
Voie DIM(c) 1,2 3,3 (2,8)(d) 2,8 (2,3)(d)
Rapport HYD / DOD 6,4 2,1 14,9 (a) : voie HYD : cyclohexène, cyclohexane et methylcyclopentane (b) : voie DOD : benzène (c) : voie DIM : bicyclohexyl, phenylcyclohexane, 1-cyclohexyl-x-methylbenzène et y-cyclohexylphénol (d) : effet promoteur chiffré par le rapport entre l’activité du catalyseur considéré (CoMo/Al2O3 ou NiMo/Al2O3) et l’activité du catalyseur Mo/Al2O3
Chapitre 3 : Désoxygénation de composés oxygénés sur catalyseurs sulfures supportés
129
Les sélectivités en produits formés mesurées à isoconversion du phénol sur catalyseurs
sulfures sont regroupés dans le Tableau 33. Aucun nouveau composé n’a été détecté en
présence de catalyseurs promus.
Comme déjà indiqué, la proportion de benzène, produit de la voie DOD, est fortement
dépendante de la nature du catalyseur utilisé. En effet, par rapport au catalyseur Mo/Al2O3, le
solide promu au cobalt permet de multiplier la sélectivité en benzène par 2,6, tandis que sur
catalyseur NiMo/Al2O3, la sélectivité en benzène est divisée par deux. Cet effet se répercute
sur les autres composés cycliques formés à 6 atomes de carbone : le catalyseur promu au
nickel est celui qui permet d’en produire le plus sélectivement (84 %mol.), alors que sur
catalyseur promu au cobalt, ceux-ci ne représentent que 58 %mol. des produits formés. Parmi
ces composés cycliques, il est à noter que le cyclohexane est le produit majoritairement formé
sur Mo/Al2O3, alors que sur les deux catalyseurs promus, le cyclohexane et le cyclohexène
sont produits en quantités équimolaires. Les produits de dimérisation sont peu représentés sur
les trois catalyseurs étudiés.
Tableau 33 : Transformation du phénol sur catalyseurs (Co,Ni)Mo/Al2O3 : temps
de contact utilisés, conversion en phénol, activité catalytique et sélectivités
(340 °C, 4 MPa, en présence de 1,3 %pds. de DMDS)
Mo/Al2O3 CoMo/Al2O3 NiMo/Al2O3
Temps de contact (min) 3,03 0,80 0,56
Conversion (%) 25,4 22,7 19,0
Sélectivités Benzène 11,5 29,8 5,7
(%mol.) Cyclohexène 24,5 29,8 40,9
Cyclohexane 45,5 28,0 43,1
Methylcyclopentane 3,1 1,0 0,7
Bicyclohexyl 1,7 0,4 0,7
Phenylcyclohexane 4,5 3,9 2,5
1-cyclohexyl-x-methylbenzène 5,4 4,4 2,0
y-cyclohexylphénol 3,8 2,7 4,4
III.4. Discussion
Un effet promoteur du cobalt et du nickel sur la transformation totale de l’acide
décanoïque, du décanal et du phénol a été observé. Cet effet promoteur est proche de celui
déjà décrit en transformation du 2-ethylphénol pour ces mêmes catalyseurs [1θη]. L’effet
Chapitre 3 : Désoxygénation de composés oxygénés sur catalyseurs sulfures supportés
130
promoteur observé est directement lié au plus grand nombre de lacunes anioniques dû à la
présence de ces atomes, comme déjà discuté auparavant dans la partie bibliographique [41].
En transformation de l’acide décanoïque et du décanal, l’effet promoteur du cobalt et du
nickel augmente aussi la sélectivité en hydrocarbures sur ces deux catalyseurs. Cet effet a déjà
été rapporté sur catalyseurs sulfures supportés, en transformation du guaiacol [157], du 2-
ethylphénol [1ηβ], ou d’huile de colza [1γ7]. Le taux de désoxygénation du phénol est
presque total (au moins 95 %mol. des produits formés) sur les trois catalyseurs testés. Le seul
composé oxygéné détecté lors de la transformation du phénol en sortie de réacteur est issu
d’une réaction de dimérisation entre le phénol et le cyclohexène.
En ce qui concerne l’acide décanoïque, le changement de sélectivité observé en
présence d’un promoteur est conséquent : le rapport HDO / DEC, supérieur à 4 sur catalyseur
non promu, est environ égal à 0,3 sur les deux catalyseurs promus. Ce phénomène a déjà été
remarqué expérimentalement, sur catalyseur NiMo/Al2O3 [155] ou bien sur catalyseur
CoMoP/Al2O3 [161]. Ce changement de sélectivité, induit par la présence du cobalt ou du
nickel, pourrait être dû à un enrichissement électronique des atomes de soufre à la surface du
catalyseur [180]. Les atomes de soufre situés à proximité des atomes de promoteur (Co ou Ni)
seraient ainsi plus basiques que sur une phase non promue [94,179,181]. Cette plus grande
basicité des atomes de soufre sur catalyseurs promus favoriserait ainsi la réaction
d’élimination impliquée pour expliquer la formation du 1-nonène, produit majoritaire sur
catalyseurs promus (Figure 70). Ce type de mécanisme a déjà été proposé afin d’expliquer les
ruptures de liaisons C-S impliquées lors de la désulfuration des dibenzothiophènes [182].
Figure 70 : Etapes élémentaires intervenant dans la transformation de l’ion 1-
oxo decylium sur phase sulfure promue (ici une phase CoMoS) : addition
d’hydrure en gris et en pointillés, réaction d’élimination en noir
Chapitre 3 : Désoxygénation de composés oxygénés sur catalyseurs sulfures supportés
131
Les rapports alcane / alcènes permettent de décrire plusieurs aspects sur cette réaction et
sur les catalyseurs.
La formation de nonane, sur catalyseur non promu, est majoritairement due à la
décomposition thermique du décanal. Sur les catalyseurs CoMo/Al2O3 et NiMo/Al2O3, en
revanche, le rapport nonane / nonènes croit avec la conversion en acide, tandis que ce rapport
est fixe sur catalyseur Mo/Al2O3 : les catalyseurs promus au cobalt et au nickel sont donc plus
hydrogénants, cet effet ayant déjà été reporté en hydrogénation des oléfines dans la
littérature [176].
Le rapport décane / décènes croit aussi sur catalyseurs promus. Toutefois, en plus de
décrire un effet hydrogénant des catalyseurs sulfures, le rapport décane / décènes permet aussi
de montrer la prédominance entre passage par le 1-décanol ou par le 1-décanethiol au cours de
la transformation du décanal, premier intermédiaire de la voie HDO de l’acide décanoïque.
Bien que la présence d’acide carboxylique influence grandement ce rapport, au moins sur
catalyseur non promu, il est possible d’établir une hiérarchie entre les trois catalyseurs
étudiés, en regardant la valeur de ce rapport pour une faible conversion en acide. Ainsi, le
rapport décane / décènes, sur catalyseurs sulfures, évolue dans le sens suivant : Mo/Al2O3
(1,4) > NiMo/Al2O3 (0,7) > CoMo/Al2O3 (0,3). Ceci signifie donc que, dans la voie HDO, la
désoxygénation du décanal sur le catalyseur Mo/Al2O3 se fait principalement en passant par la
production de 1-décanethiol (rapport décane / décènes environ égal à 1,4), tandis que sur
catalyseur CoMo/Al2O3 cette désoxygénation s’effectue principalement avec formation du 1-
décanol comme intermédiaire (rapport décane / décènes égal à 0,3 pour 9 % de conversion en
acide). Le catalyseur NiMo/Al2O3 favorise aussi la formation du 1-décanol, mais est moins
sélectif que le catalyseur promu au cobalt. Ces résultats peuvent vraisemblablement
s’expliquer par une activité en hydrogénation plus importante des catalyseurs promus :
l’hydrogénation du décanal étant plus facile que sa sulfuration.
Les réactions d’isomérisation des alcènes font intervenir, par catalyse hétérogène, des
sites présentant une acidité de Brønsted. Les rapports 1-alcène / alcènes mesurés au cours de
la transformation de l’acide décanoïque permettent ainsi de chiffrer les différences d’acidités
entre les trois catalyseurs testés. Le support étant le même sur les trois solides testés et
présentant une acidité de Brønsted très faible, la comparaison des résultats obtenus devrait
permettre de déterminer quelle phase sulfure présente la plus grande acidité. Les rapports 1-
nonène / nonènes et 1-décène / décènes évoluent, sur les trois catalyseurs testés, dans ce sens :
Mo/Al2O3 >> CoMo/Al2O3 > NiMo/Al2O3. Les catalyseurs promus semblent donc être plus
Chapitre 3 : Désoxygénation de composés oxygénés sur catalyseurs sulfures supportés
132
acides, ce qui est en accord avec la littérature [182], le nickel induisant une acidité de
Brønsted plus grande que le cobalt.
Ce résultat est toutefois en contradiction avec l’explication proposée précédemment, à
propos de l’augmentation de la voie de décarbonylation, attribuée à l’augmentation de la
basicité des anions sulfures en présence de promoteur (Co ou Ni). Ces deux effets
antagonistes du cobalt et du nickel pourraient s’expliquer en considérant la présence de deux
types de sites différents, responsables de ces deux réactions. L’acidité des phases sulfures
serait due à des groupements -SH responsables des réactions d’isomérisation et présents sur
les bords totalement sulfurés, alors que la basicité de ces phases serait attribuée à des espèces
S2- responsables des réactions d’élimination et voisines des lacunes anioniques.
En transformation du décanal, aucune modification importante dans les voies de
désoxygénation n’a été observé en présence du cobalt et du nickel. L’ajout de promoteur ne
permet donc pas la décarbonylation catalytique du décanal en hydrocarbures à 9 atomes de
carbone.
En transformation du phénol, les résultats obtenus sur les trois catalyseurs testés
(Mo/Al2O3 CoMo/Al2O3 et NiMo/Al2O3) sont en adéquation avec la littérature [149-151,175].
L’utilisation d’un promoteur permet d’augmenter l’activité du catalyseur : le cobalt permet de
multiplier l’activité catalytique par γ,β et le nickel par γ,7 après 7 heures de réaction.
Toutes les voies de transformations sont favorisées en présence de catalyseur promus.
Contrairement aux deux autres molécules oxygénées étudiées, la nature du promoteur permet
d’orienter la transformation du phénol plutôt vers la voie DOD (avec le cobalt), ou vers la
voie HYD (avec le nickel), ce qui semble indiquer que la nature des sites impliqués dans ces
deux voies est différente.
L’effet promoteur important du cobalt dans la voie DOD en transformation de
composés phénoliques a déjà été observé [150,151]. Cette voie de transformation nécessite
une adsorption de type ŋ1 sur l’atome d’oxygène, adsorption favorisée sur les phases CoMoS.
En effet, sur cette phase et notamment sur son bord métallique, dans les conditions de
sulfurations utilisés ici, d’après les travaux publiés par Raybaud et coll. [41,71,157], la
promotion de la phase MoS2 par les atomes de cobalt serait partielle, et permettrait ainsi la
création de lacunes isolées et stables, plus favorables à une adsorption de type ŋ1.
Sur catalyseur promu au nickel, bien que les deux voies de transformation du phénol
soient favorisées, le rapport HYD / DOD observé expérimentalement est proche de 15.
D’après la littérature, dans les conditions opératoires utilisées ici, les phases NiMoS
Chapitre 3 : Désoxygénation de composés oxygénés sur catalyseurs sulfures supportés
133
exposeraient principalement des atomes de nickel sur les bords métalliques [69,183]. Dans le
cas d’une phase NiMoS, ces bords métalliques permettraient ainsi l’adsorption à plat du
phénol, favorisant ainsi sa transformation selon la voie dite hydrogénante.
IV. Influence de la nature et de la quantité
d’agent sulfurant
Toutes les expériences précédentes ont été réalisées en présence de diméthyldisulfure
(DMDS) comme agent sulfurant, afin de générer de l’hydrogène sulfuré dans le milieu
réactionnel. Toutefois, d’autres agents sulfurant peuvent être utilisés, comme l’hydrogène
sulfuré, le sulfure de diméthyle (DMS) ou encore le sulfure de carbone (CS2).
Dans cette partie, l’hydrogène sulfuré a été utilisé comme agent sulfurant en
transformation de l’acide décanoïque et du phénol, sur les trois catalyseurs étudiés
précédemment. Des expériences ont donc été réalisées en absence et en présence de diverses
quantités en hydrogène sulfuré, afin de mesurer son influence en transformation de l’acide
décanoïque. Une comparaison entre H2S et DMDS sera aussi présenté, lors de leur utilisation
en transformation de l’acide décanoïque et du phénol.
IV.1. Transformation de l’acide décanoïque en absence
de catalyseur
La charge réactionnelle ne contenant pas de DMDS a tout d’abord été injectée dans le
réacteur, en présence de diverses pressions partielles en hydrogène sulfuré, et en absence de
catalyseur. Les résultats sont reportés Tableau 34, avec pour point de comparaison les
résultats obtenus lorsque la charge injectée contenait du DMDS.
En absence d’agent sulfurant et de catalyseur, la conversion de l’acide décanoïque est
égale à 9,4 %, avec production majoritaire de décanal (4,2 %), de nonènes (1,9 %) et de
nonane (1,6 %). L’ajout d’hydrogène sulfuré dans le milieu permet de diminuer de manière
significative la décomposition thermique de l’acide décanoïque, avec des conversions
comprises entre 5,3 et 6,9 % quelle que soit la pression partielle en H2S. Ainsi, la présence
d’hydrogène sulfuré conduit à une diminution du rendement en décanal et en hydrocarbures à
9 atomes de carbone, mais entraîne une augmentation croissante des composés soufrés (1-
décanethiol et 1-nonanethiol).
Chapitre 3 : Désoxygénation de composés oxygénés sur catalyseurs sulfures supportés
134
En revanche, en présence de DMDS, l’acide décanoïque ne se transforme pratiquement
pas, comme cela a déjà été indiqué dans la partie II.1.1. de ce manuscrit. Puisqu’il sera
difficile de faire la part entre produits formés par décomposition thermique et ceux dus à la
présence de catalyseur, les activités calculées en absence et en présence d’hydrogène sulfuré
seront toujours surestimées.
Tableau 34 : Transformation de l’acide décanoïque en présence de différentes pressions partielles en hydrogène sulfuré et en absence de catalyseur (340 °C,
4 MPa)
Agent sulfurant Aucun Hydrogène sulfuré DMDS
PH2S générée (kPa) 0 2,5 5 20 30 32(a)
Conversion (%) 9,4 6,3 5,9 6,9 5,3 0,8
Rendements (%) Décanal 4,2 2,3 1,7 1,5 0,8 0,5
1-décanol 0,5 0,3 0,4 0,3 0,2 0,2
Décanoate de décyle 0,6 0,4 0,3 0,1 0,0 0,0
Didécyléther 0,6 0,2 0,2 0,1 0,1 0,0
1-décanethiol 0,0 0,1 0,3 1,4 1,5 0,1
1-nonanethiol 0,0 0,6 0,9 1,3 1,6 0,0
Décane 0,0 0,1 0,1 0,3 0,1 0,0
Décènes 0,0 0,3 0,2 0,4 0,1 0,0
Nonane 1,6 0,7 0,5 0,6 0,4 0,0
Nonènes 1,9 1,3 1,3 0,9 0,5 0,0 (a) : valeur attendue (valeur mesurée : 4 kPa)
IV.2. Transformation de l’acide décanoïque en absence
d’agent sulfurant
La transformation de l’acide décanoïque a été effectuée en absence d’agent sulfurant sur
les trois catalyseurs, à un temps de contact égal à 0,08 min. L’évolution de la conversion et du
rendement en hydrocarbures en fonction du temps de travail est reporté Figure 71.
La conversion et le rendement en composés oxygénés est légèrement croissant au cours
du temps de travail, tandis que le rendement en hydrocarbures diminue dans le même temps.
Ce phénomène est particulièrement visible lors de la transformation de l’acide décanoïque sur
NiMo/Al2O3 (Figure 71 (C)).
Chapitre 3 : Désoxygénation de composés oxygénés sur catalyseurs sulfures supportés
135
La conversion en acide est très proche sur les catalyseurs Mo/Al2O3 et NiMo/Al2O3
(environ 35 % après 7 heures de réaction), alors qu’elle est légèrement inférieur sur
CoMo/Al2O3 (31 % après 7 heures de réaction) indiquant une absence d’effet promoteur du
nickel ou du cobalt sur la transformation totale de l’acide. Cependant, un effet catalytique de
ces trois solides est bien mis en évidence, puisque dans les mêmes conditions, la conversion
de l’acide décanoïque était inférieure à 10 % en absence de catalyseur.
L’absence d’agent sulfurant dans le milieu réactionnel limite la transformation de
l’acide décanoïque en hydrocarbures : les composés oxygénés sont majoritaires sur les trois
catalyseurs étudiés, avec 27 % de rendement sur catalyseur non promu et environ 21 % sur
catalyseurs promus. En revanche, le rendement en hydrocarbures est légèrement supérieur sur
les catalyseurs promus (environ 12 %) par rapport au catalyseur non promu (environ 7 %).
Figure 71 : Transformation de l’acide décanoïque et rendements en hydrocarbures, composés oxygénés et composés soufrés en fonction du temps
de travail sans agent sulfurant sur catalyseurs Mo/Al2O3 (A), CoMo/Al2O3 (B) et
NiMo/Al2O3 (C) (tcontact : 0,08 min, 340 °C, 4 MPa)
Bien qu’aucun agent sulfurant ne soit introduit dans le réacteur, des composés soufrés
présents à l’état de traces (0,β % sur le catalyseur non promu, et 0,6 % sur le catalyseur promu
au nickel) sont observés pendant la première heure de la réaction (Figure 72). Ce soufre
provient de l’étape de sulfuration in situ, effectuée juste avant la réaction. Ce résultat montre
Chapitre 3 : Désoxygénation de composés oxygénés sur catalyseurs sulfures supportés
136
qu’il y a donc du soufre labile en surface des catalyseurs, notamment sur la phase NiMoS, au
moins après 1 heure de réaction. Cette quantité de composés soufrés formés est réduite à l’état
de traces après 3 heures de réaction sur les trois catalyseurs.
Figure 72 : Rendements en composés soufrés au cours de la transformation de
l’acide décanoïque en fonction du temps de travail sans agent sulfurant sur catalyseurs (Co,Ni)Mo/Al2O3 (tcontact : 0,08 min, 340 °C, 4 MPa)
Les rendements en hydrocarbures obtenus à partir de l’acide décanoïque sur les trois
catalyseurs en absence d’agent sulfurant sont reportés Figure 73. En absence d’agent sulfurant
et de catalyseur, le rendement en nonane est de 1,6 %, celui en nonènes de 1,9 %, comme noté
précédemment, dans la partie IV.1. Sur Mo/Al2O3, nonènes et nonane sont majoritaires par
rapport aux hydrocarbures à 10 atomes de carbone et ils sont formés en quantités
équivalentes. Sur les deux catalyseurs promus, les nonènes sont majoritaires.
Sur les trois catalyseurs, les rendements en décane et surtout en décènes diminuent, au
cours du temps, avec une baisse relativement importante, de l’ordre de η0 % sur 7 heures.
Cette baisse des hydrocarbures de la voie HDO n’affecte pas le rendement global dans cette
voie, pour les trois catalyseurs (Figure 74 (A)). L’absence d’hydrogène sulfuré dans la charge
affecte ainsi le taux de désoxygénation de la voie HDO, avec une diminution des
hydrocarbures en faveur du décanal et du 1-décanol. La voie DEC reste aussi constante, sur
les trois catalyseurs, en fonction du temps de travail (Figure 74 (B)).
Chapitre 3 : Désoxygénation de composés oxygénés sur catalyseurs sulfures supportés
137
Figure 73 : Rendements en hydrocarbures au cours de la transformation de
l’acide décanoïque en fonction du temps de travail sans agent sulfurant sur catalyseurs (Co,Ni)Mo/Al2O3 (tcontact : 0,08 min, 340 °C, 4 MPa)
Figure 74 : Rendements dans les voies HDO (A) et DEC (B) au cours de la
transformation de l’acide décanoïque en fonction du temps de travail sans agent sulfurant sur catalyseurs (Co,Ni)Mo/Al2O3 (tcontact : 0,08 min, 340 °C, 4 MPa)
Les activités en transformation de l’acide décanoïque en absence d’agent sulfurant sont
reportées dans le Tableau 35. Ces activités sont surestimées puisque l’acide se décompose
thermiquement en des proportions non négligeables dans ces conditions de réaction, comme
noté dans le paragraphe précédent.
Chapitre 3 : Désoxygénation de composés oxygénés sur catalyseurs sulfures supportés
138
Tableau 35 : Activités en transformation de l’acide décanoïque sur catalyseurs (Co,Ni)Mo/Al2O3 (tcontact : 0,08 min, 340 °C, 4 MPa)
Mo/Al2O3 CoMo/Al2O3 NiMo/Al2O3
Activités Totale 387 335 (0,9)(a) 393 (1,0)(a)
(mmol h-1 gcata-1) Voie HDO 250 204 (0,8)(a) 188 (0,8)(a)
Voie DEC 66 84 (1,3)(a) 121 (1,8)(a)
Voie Autres produits 71 47 (0,7)(a) 84 (1,2)(a)
Rapport HDO/DEC 3,8 2,4 1,6
Sélectivité en hydrocarbures (%mol.) 21 34 37 (a) : Effet promoteur chiffré par le rapport entre l’activité du catalyseur considéré (CoMo/Al2O3 ou NiMo/Al2O3) et l’activité du catalyseur Mo/Al2O3
Sans agent sulfurant, il n’y a pas d’effet promoteur du nickel sur l’activité totale en
transformation de l’acide décanoïque. L’ajout de cobalt sur le catalyseur induit même un effet
très légèrement inhibiteur en transformation de l’acide. Toutefois, l’ajout de promoteur
influence les voies de transformation de l’acide décanoïque. La voie HDO est inhibée, et la
voie DEC est promue. Cet effet est cependant loin d’être le même que celui observé en
présence de DMDS (Tableau 30, page 122). Alors qu’en présence de DMDS, la voie HDO
était inhibée de moitié sur catalyseurs promus, sans agent sulfurant, l’inhibition est bien
moins élevée (perte d’environ β0 % de l’activité entre catalyseur non promu et catalyseurs
promus). La voie DEC, quant à elle, était promue par un facteur au moins 5 : ici, la promotion
est d’un facteur de 1,γ sur catalyseur CoMo/Al2O3, et 1,8 sur catalyseur NiMo/Al2O3. Ainsi,
le rapport HDO / DEC indique que, en absence d’agent sulfurant, sur les trois catalyseurs
étudiés, la voie HDO est favorisée. Ce résultat, déjà observé sur catalyseur Mo/Al2O3, est plus
surprenant sur les catalyseurs promus au cobalt et au nickel, où ce rapport était inférieur à 0,4
en présence de DMDS (Tableau 30, page 122).
Le taux d’hydrocarbures est légèrement plus important sur catalyseurs promus (autour
des 35 %mol.) que sur catalyseur non promu (21 %mol.). Toutefois, alors que la voie HDO est
majoritaire sur les trois catalyseurs, les hydrocarbures à 9 atomes de carbone sont
principalement formés en absence d’agent sulfurant, avec un rapport entre hydrocarbures en
C10 et hydrocarbures en C9 égal à 0,4 sur catalyseur promu au cobalt et 0,2 sur les
catalyseurs Mo/Al2O3 et NiMo/Al2O3. Ce phénomène peut s’expliquer par le fait que, sur la
voie HDO (qui aboutit à la formation du décane et des décènes), l’absence d’hydrogène
sulfuré ne permet pas de désoxygéner totalement les intermédiaires réactionnels oxygénés
Chapitre 3 : Désoxygénation de composés oxygénés sur catalyseurs sulfures supportés
139
(décanal et 1-décanol), alors que l’ensemble des composés formés dans la voie DEC sont des
hydrocarbures.
L’ensemble des produits formés à partir de l’acide décanoïque en absence d’agent
sulfurant et à isoconverison en acide (entre 30 et 34 %) après 7 heures de réaction sont
présentés dans le Tableau 36, en absence et en présence des trois catalyseurs. Les composés
oxygénés sont majoritaires sur les trois catalyseurs, et la proportion de décanoate de décyle
est relativement conséquente.
Les rapports alcanes / alcènes ont aussi été reportés Tableau 36. En absence
d’hydrogène sulfuré, la formation d’alcène est favorisée par rapport à la formation d’alcane,
notamment sur les deux catalyseurs promus, comme le montre les valeurs de ces rapports, en
particulier celle du rapport décane / décènes. Ce résultat est conforme à ce qui a été proposé, à
savoir que la formation du 1-décène provient majoritairement de la déshydratation du 1-
décanol, alors que le décane proviendrait principalement de l'hydrogénolyse du 1-décanethiol,
composé formé uniquement à l’état de traces en absence d’agent sulfurant.
Tableau 36 : Transformation de l’acide décanoïque en absence d’agent sulfurant sur catalyseurs (Co,Ni)Mo/Al2O3 (tcontact : 0,08 min, temps de travail : 7 heures,
340 °C, 4 MPa)
Sans
catalyseur Mo/Al2O3 CoMo/Al2O3 NiMo/Al2O3
Conversion (%) 9,4 34,5 30,6 34,6
Rendements(%) Décanal 4,2 10,6 6,4 9,3
1-décanol 0,5 10,3 9,6 5,2
Décanoate de décyle 0,6 5,5 3,6 6,8
Didécyléther 0,6 0,9 0,7 0,6
1-décanethiol 0,0 <0,1 <0,1 <0,1
1-nonanethiol 0,0 <0,1 <0,1 <0,1
Décane 0,0 0,6 0,3 0,3
Décènes 0,0 0,7 2,4 1,8
Nonane 1,6 2,8 2,8 3,8
Nonènes 1,9 3,1 4,8 6,8
Rapports HC C10 / C9(a) - 0,2 0,4 0,2
Décane / Décènes - 0,9 0,1 0,2
Nonane / Nonènes 0,8 0,9 0,6 0,5 (a) : rapport entre décane+décènes et nonane+nonènes
Chapitre 3 : Désoxygénation de composés oxygénés sur catalyseurs sulfures supportés
140
IV.3. Influence de l’hydrogène sulfuré sur la
transformation de l’acide décanoïque
L’impact de l’hydrogène sulfuré sur la transformation de l’acide décanoïque a été
mesuré en effectuant des expériences en créneaux. Ainsi, la charge réactionnelle est envoyée
en absence d’agent sulfurant lors du premier créneau, pendant γ heures. Ensuite, en plus de la
charge réactionnelle, de l’hydrogène sulfuré est ajouté dans le milieu réactionnel. Pour cela,
de l’H2S dilué à 1 % dans le dihydrogène a été utilisé afin d’ajouter l’agent soufré en diverses
quantités (comprises en 2,5 et 30 kPa) pendant η heures. Enfin, l’envoi d’hydrogène sulfuré
est interrompu, et l’acide décanoïque est transformé durant 4 heures supplémentaires dans les
conditions initiales, c’est-à-dire celles du premier créneau.
La Figure 75 illustre un exemple de ces expériences en créneaux sur les trois catalyseurs
étudiés, pour une pression partielle en hydrogène sulfuré égale à 20 kPa.
Figure 75 : Expériences en créneaux de la transformation de l’acide décanoïque sur catalyseurs Mo/Al2O3 (A), CoMo/Al2O3 (B) et NiMo/Al2O3 (C) (PH2S : 20 kPa,
340 °C, 4 MPa)
L’effet de l’hydrogène sulfuré est rapide et est totalement réversible. Celui-ci conduit à
une baisse de la conversion de l’acide décanoïque, mais aussi à l’augmentation de la quantité
Chapitre 3 : Désoxygénation de composés oxygénés sur catalyseurs sulfures supportés
141
d’hydrocarbures formés, quel que soit le catalyseur considéré, montrant un effet antagoniste
de l’hydrogène sulfuré puisqu’il conduit à une diminution de la réactivité de l’acide mais
favorise son taux de désoxygénation.
L’évolution de la conversion de l’acide décanoïque sur les trois catalyseurs en fonction
de la pression partielle en hydrogène sulfuré dans le milieu réactionnel ainsi que les
rendements en composés oxygénés, soufrés et en hydrocarbures est illustré Figure 76. Sur les
trois catalyseurs, l’ajout d’une faible quantité d’hydrogène sulfuré (η kPa) entraîne une
diminution significative de la conversion de l’acide décanoïque, de γη à β4 % sur Mo/Al2O3,
de 31 à 22 % sur CoMo/Al2O3 et de 35 à 20 % sur NiMo/Al2O3. Cette diminution s’explique
principalement par une baisse importante de la formation de tous les composés oxygénés.
Figure 76 : Effet de l’hydrogène sulfuré sur la conversion de l’acide décanoïque et les rendements en produits oxygénés, soufrés et en hydrocarbures sur
catalyseurs Mo/Al2O3 (A), CoMo/Al2O3 (B) et NiMo/Al2O3. (C) (tcontact : 0,08 min ;
ttravail : 8 heures ; 340 °C, 4 MPa)
Sur les trois catalyseurs, l’ajout d’hydrogène sulfuré permet de favoriser la production
des composés soufrés et des hydrocarbures, au détriment des composés oxygénés. Toutefois,
selon le catalyseur considéré, l’évolution de ces rendements est différente. En effet, sur le
catalyseur Mo/Al2O3, les composés oxygénés demeurent majoritaires sur toute la gamme de
pressions partielles en hydrogène sulfuré. En revanche, sur catalyseurs CoMo/Al2O3 et
Chapitre 3 : Désoxygénation de composés oxygénés sur catalyseurs sulfures supportés
142
NiMo/Al2O3, les hydrocarbures deviennent les produits majoritaires, même en présence d’une
faible quantité d’hydrogène sulfuré lors de la transformation de l’acide décanoïque. Ces
hydrocarbures représentent environ 80 %mol. de l’ensemble des produits obtenus sur les deux
catalyseurs promus pour 30 kPa d’H2S.
Le rendement en composés formés selon les différentes voies (HDO, DEC et Autres
produits) au cours de la transformation de l’acide décanoïque sur les trois catalyseurs en
fonction de la pression partielle en hydrogène sulfuré dans le milieu réactionnel est illustré
Figure 77. L’ajout d’hydrogène sulfuré dans le milieu réactionnel réduit considérablement la
sélectivité de la voie « Autres produits », représentée ici en grande majorité par le décanoate
de décyle. Cette baisse de ce produit formé par la réaction d’estérification entre l’acide
décanoïque et le 1-décanol s’explique par la baisse de l’alcool dans le milieu réactionnel, qui
va de concert avec l’augmentation d’hydrogène sulfuré dans le milieu.
Figure 77 : Effet de l’hydrogène sulfuré sur le rendement au cours de la transformation de l’acide décanoïque dans les diverses voies de transformation (HDO, DEC et autres) sur catalyseurs Mo/Al2O3 (A), CoMo/Al2O3 (B) et
NiMo/Al2O3. (C) (tcontact : 0,08 min ; ttravail : 8 heures ; 340 °C, 4 MPa)
Sur le catalyseur non promu (Figure 77 (A)), la voie HDO est la voie majoritaire de
transformation de l’acide décanoïque quelle que soit la quantité d’hydrogène sulfuré
Chapitre 3 : Désoxygénation de composés oxygénés sur catalyseurs sulfures supportés
143
introduite. Aussi, sur ce catalyseur, la voie de décarbonylation (DEC) est insensible à la
présence d’hydrogène sulfuré.
Sur le catalyseur CoMo/Al2O3 (Figure 77 (B)), la voie HDO est inhibée par l’hydrogène
sulfuré, alors que celui-ci a un effet promoteur sur la voie de décarbonylation, effet qui
semble maximum pour une pression partielle en hydrogène sulfuré de 20 kPa. L’ajout
d’hydrogène sulfuré dans le milieu réactionnel permet d’avoir des rendements dans les voies
HDO et DEC similaires sur ce catalyseur.
L’influence de l’hydrogène sulfuré sur le catalyseur NiMo/Al2O3 (Figure 77 (C)) est
différente sur la transformation de l’acide décanoïque par rapport à celle observée sur le
catalyseur promu au cobalt. En effet, d’une part, si comme sur les deux autres catalyseurs
testés, l’ajout d’hydrogène sulfuré entraîne une diminution des produits de la voie HDO sur le
catalyseur promu au nickel, un effet promoteur de l’H2S est ensuite noté sur cette voie. Ainsi,
les produits formés par la voie HDO sont pratiquement identiques, que ce soit en absence ou
en présence de 30 kPa de pression partielle en hydrogène sulfuré. D’autre part, comme sur le
catalyseur non promu, l’ajout d’hydrogène sulfuré ne semble pas avoir d’influence sur la voie
DEC.
Afin de mieux décrire l’influence que l’ajout d’hydrogène sulfuré provoque sur la
transformation de l’acide décanoïque sur ces trois catalyseurs, la Figure 78 illustre l’évolution
du rendement en nonane, nonènes, décane et décènes. Sur l’ensemble des catalyseurs étudiés,
l’ajout d’hydrogène sulfuré permet d’améliorer grandement les rendements en hydrocarbures
à 10 atomes de carbone (de 1 à 6 % sur catalyseur Mo/Al2O3, de 3 à 8 % sur catalyseur
CoMo/Al2O3 et de 2 à 10 % sur catalyseur NiMo/Al2O3).
Les rendements en hydrocarbures à 9 atomes de carbone sont dépendants du catalyseur
considéré. En effet, sur catalyseur non promu, les nonanes et nonènes diminuent de 3 à 2 %
avec l’introduction d’hydrogène sulfuré. Sur catalyseurs promus, le rendement en nonane
n’évolue pas, restant constant à β %. Alors que le rendement en nonènes est stable et proche
des 7 % sur catalyseur promu au nickel, il faut ajouter de l’hydrogène sulfuré au catalyseur
CoMo/Al2O3 afin de passer de 5 à 7 % de rendement en nonènes.
Chapitre 3 : Désoxygénation de composés oxygénés sur catalyseurs sulfures supportés
144
Figure 78 : Effet de l’hydrogène sulfuré sur les rendements en hydrocarbures sur catalyseurs Mo/Al2O3 (A), CoMo/Al2O3 (B) et NiMo/Al2O3. (C) (tcontact :
0,08 min ; ttravail : 8 heures ; 340 °C, 4 MPa)
L’évolution du rapport entre hydrocarbures à 10 atomes de carbone et hydrocarbures à 9
atomes de carbone en fonction de la pression partielle est présenté Figure 79. Sur les trois
catalyseurs, ce rapport croit avec l’ajout d’hydrogène sulfuré. Toutefois, la croissance de ce
rapport est continue sur Mo/Al2O3 (passant de 0,2 à 1,6). Sur CoMo/Al2O3, l’ajout
d’hydrogène sulfuré fait monter ce rapport de 0,4 à 0,8, mais il n’évolue pas avec l’ajout de
plus grandes quantités d’agent sulfurant. Enfin, sur catalyseur promu au nickel, plus il y a
d’hydrogène sulfuré dans le milieu, plus le rapport augmente, atteignant 1,0 pour γ0 kPa
d’agent sulfurant.
Chapitre 3 : Désoxygénation de composés oxygénés sur catalyseurs sulfures supportés
145
Figure 79 : Effet de l’hydrogène sulfuré sur le rapport entre hydrocarbures à 10
atomes de carbone et hydrocarbures à 9 atomes de carbone en transformation
de l’acide décanoïque sur catalyseurs (Co,Ni)Mo/Al2O3 (tcontact : 0,08 min ; ttravail :
8 heures ; 340 °C, 4 MPa)
L’évolution de différents rapports entre les hydrocarbures formés au cours de la
transformation de l’acide décanoïque en fonction de la pression partielle en hydrogène sulfuré
est reporté Figure 80.
Le rapport nonane / nonènes (Figure 80 (A)) diminue dès l’introduction d’une faible
quantité d’hydrogène sulfuré sur les trois catalyseurs. Ce rapport évolue de 0,9 à 0,7 pour le
catalyseur non promu, et de 0,6 à 0,3 pour les deux catalyseurs promus, ces deux solides ayant
des comportements similaires dès l’introduction de η kPa d’hydrogène sulfuré. Ensuite, ce
rapport n’évolue plus, quelle que soit la quantité d’hydrogène sulfuré envoyée dans le milieu
réactionnel.
Le rapport décane / décènes varie peu sur catalyseur non promu (compris entre 0,9 et
1,1), que ce soit en absence ou en présence hydrogène sulfuré. Sur catalyseurs promus, ce
rapport augmente faiblement avec l’ajout d’hydrogène sulfuré, passant de environ 0,1η en
absence d’agent sulfurant à entre 0,4 et 0,η en présence de γ0 kPa d’hydrogène sulfuré.
L’augmentation de ce rapport provient de l’apparition et de l’augmentation du rendement en
1-décanethiol, molécule conduisant principalement à la formation de l’alcane, comme observé
au préalable (Tableau 26, page 105).
Chapitre 3 : Désoxygénation de composés oxygénés sur catalyseurs sulfures supportés
146
Figure 80 : Effet de l’hydrogène sulfuré sur les rapports nonane / nonènes (A)
et décane / décènes (B) au cours de la transformation de l’acide décanoïque sur catalyseurs Mo/Al2O3 (), CoMo/Al2O3 () et NiMo/Al2O3 () (tcontact :
0,08 min ; ttravail : 8 heures ; 340 °C, 4 MPa)
IV.4. Influence de la nature de l’agent sulfurant
IV.4.1. Transformation de l’acide décanoïque
Les résultats obtenus en transformation de l’acide décanoïque sous une pression
partielle en hydrogène sulfuré de 30 kPa ont été comparés à ceux obtenus précédemment avec
le DMDS (générant 32 kPa d’hydrogène sulfuré).
Les activités en transformation de l’acide décanoïque sur les trois catalyseurs ont été
mesurées en présence de DMDS et en présence d’hydrogène sulfuré (Tableau 37). Les
activités observées en présence d’hydrogène sulfuré sont toutefois surestimées : l’acide
décanoïque se décompose thermiquement en présence d’H2S, comme noté au préalable dans
ce manuscrit alors que sa décomposition est très faible en présence de DMDS (Tableau 34,
page 134).
Globalement, les activités totales en transformation de l’acide décanoïque en présence
d’hydrogène sulfuré sont supérieures à celles observées en présence de DMDS. Sur le
catalyseur Mo/Al2O3, la différence d’activité est trop importante pour n’être expliquée que par
la décomposition thermique de l’acide décanoïque. Il semble donc exister un effet inhibiteur
lorsque le DMDS est utilisé en tant qu’agent sulfurant sur catalyseur non promu.
Chapitre 3 : Désoxygénation de composés oxygénés sur catalyseurs sulfures supportés
147
Tableau 37 : Effet du choix de l’agent sulfurant sur les activités et sélectivités en transformation de l’acide décanoïque sur catalyseurs (Co,Ni)Mo/Al2O3
(340 °C, 4 MPa)
Mo/Al2O3 CoMo/Al2O3 NiMo/Al2O3
Agent sulfurant H2S DMDS H2S DMDS H2S DMDS
Quantité d’hydrogène sulfuré (kPa) 30 32 30 32 30 32
Temps de contact (min) 0,08 0,17 0,08 0,16 0,08 0,16
Conversion (%) 24,2 27,1 22,8 33,5 25,6 36,6
Activités Totale 252 145 242 189 273 212
(mmol h-1 gcata-1) HDO 182 102 121 52 154 50
DEC 51 24 118 133 108 159
Autres produits 19 19 3 4 11 3
Rapport HDO/DEC 3,6 4,2 1,0 0,4 1,4 0,3
Sélectivités Oxygénés 42 48 11 6 12 6
(%mol.) Soufrés 18 16 11 4 13 2
Hydrocarbures 40 36 78 90 75 92
Rapport hydrocarbures C10 / C9 1,6 1,6 0,8 0,3 1,0 0,2
De plus, l’utilisation du DMDS réduit fortement l’activité dans la voie HDO de
transformation de l’acide décanoïque sur les trois catalyseurs testés. Cette inhibition est
toutefois moins importante sur le catalyseur non promu (perte d’environ 44 % de l’activité)
que sur catalyseurs promus (perte de 57 % sur catalyseur CoMo/Al2O3 et 68 % sur catalyseur
NiMo/Al2O3).
Le choix de l’agent sulfurant a également un fort impact sur la voie de décarbonylation,
celui-ci diffère selon le catalyseur considéré. Sur catalyseur Mo/Al2O3, l’utilisation de DMDS
inhibe cette voie, avec une perte d’environ ηγ %, similaire à celle observée sur la voie HDO
conduisant à une faible variation du rapport HOD / DEC (compris entre 3,6 et 4,2). Le choix
de l’agent sulfurant provoque peu de différences de sélectivités sur le catalyseur Mo/Al2O3,
que ce soit au niveau de la nature des composés formés ou du rapport entre hydrocarbures à
10 atomes de carbone et deux à 9 atomes de carbone.
En revanche, sur catalyseurs promus, l’utilisation du DMDS à la place de l’hydrogène
sulfuré permet de promouvoir cette voie de décarbonylation. Sur le catalyseur CoMo/Al2O3,
la promotion est relativement faible (environ 11 %), mais celle-ci est plus importante sur
catalyseur NiMo/Al2O3 (environ 32 %).
Chapitre 3 : Désoxygénation de composés oxygénés sur catalyseurs sulfures supportés
148
Ces effets différents entre utilisation d’hydrogène sulfuré et DMDS sur ces deux voies
de désoxygénation de l’acide décanoïque sur catalyseurs promus entraîne des modifications
de la sélectivité entre voies HDO et DEC, le rapport HDO/DEC étant élevé pour le Mo/Al2O3
(compris entre γ,θ et 4,β) alors qu’il est bien plus faible sur catalyseurs promus (entre 0,γ et
1,4). Le choix du DMDS en lieu et place de l’hydrogène sulfuré conduit à une diminution de
ce rapport pour les deux catalyseurs promus. Par exemple, sur catalyseur CoMo/Al2O3, le
rapport HDO / DEC est égal à 1 avec l’utilisation d’H2S, et descend à 0,4 en présence de
DMDS. Le choix de l’agent sulfurant a donc une très grosse influence sur la voie de
transformation privilégiée par l’acide décanoïque sur les deux catalyseur promus.
Sur catalyseurs promus, l’utilisation du DMDS en lieu et place de l’hydrogène sulfuré
permet d’augmenter la quantité d’hydrocarbures formés avec une augmentation d’environ 7η
à 90 %. Aussi, la nature des hydrocarbures est dépendante du choix de l’agent sulfurant sur
les catalyseurs promus, ce qui est conforme aux différences observés sur le rapport
HDO / DEC. En effet, le rapport des hydrocarbures formés montre qu’en présence d’H2S, les
sélectivités entre hydrocarbures à 10 atomes de carbone et 9 atomes de carbone sont très
proches. Ce résultat diffère de ce qui avait été observé, en présence de DMDS, où les nonanes
et nonènes étaient produits en forte majorité sur les deux catalyseurs promus (rapports entre
hydrocarbures à 10 atomes de carbone et hydrocarbures à 9 atomes de carbone proche de 0,2).
IV.4.2. Transformation du phénol sur catalyseur CoMo/Al2O3
Comme cela a été montré précédemment, l’agent sulfurant a un effet non négligeable
sur la transformation de l’acide décanoïque. L’influence du choix de l’agent sulfurant a donc
été étudiée sur le phénol, mais seulement sur le catalyseur promu au cobalt.
Ainsi, les activités en transformation du phénol sur catalyseur CoMo/Al2O3 en fonction
de la nature de l’agent sulfurant utilisé (H2S ou DMDS) sont reportées dans le Tableau 38.
L’activité totale est similaire, quel que soit l’agent sulfurant utilisé. Cependant, l’utilisation de
l’hydrogène sulfuré permet d’augmenter légèrement la voie de désoxygénation directe
(DOD), au détriment de la voie HYD, la nature de l’agent sulfurant n’ayant qu’un effet
négligeable sur l’activité en formation des dimères. Cette influence se répercute évidemment
sur le rapport HYD / DOD, qui passe de β,1 en présence de DMDS à 1,γ en présence d’H2S.
Toutefois, l’utilisation de l’un ou l’autre des agents sulfurant ne modifie pas la hiérarchie
établie entre les différentes voies de transformations : la voie HYD demeure la voie
majoritaire de transformation du phénol sur catalyseur CoMo/Al2O3.
Chapitre 3 : Désoxygénation de composés oxygénés sur catalyseurs sulfures supportés
149
Tableau 38 : Activités en transformation du phénol sur catalyseur CoMo/Al2O3
(340 °C, 4 MPa)
H2S DMDS
Temps de contact (min) 0,80 0,82
Conversion (%) 22,7 23,8
Activités Totale 25,1 24,3
(mmol h-1 gcata-1) Voie HYD 12,8 14,1
Voie DOD 9,7 6,9
Voie DIM 2,7 3,3
Rapport HYD / DOD 2,1 1,3
Le Tableau 39 regroupe les résultats observés au cours de la transformation du phénol
sur catalyseur CoMo/Al2O3, en fonction de l’agent sulfurant utilisé. L’utilisation de
l’hydrogène sulfuré à la place du DMDS permet de favoriser légèrement la production de
benzène (30 à 38 %mol.), tout en diminuant la sélectivité en cyclohexène (30 à 23 %mol.). Sur
les autres produits formés, les différences en hydrogène sulfuré et DMDS sont minimes.
Tableau 39 : Sélectivités en transformation du phénol sur catalyseur
CoMo/Al2O3 (340 °C, 4 MPa)
H2S DMDS
Temps de contact (min) 0,82 0,80 Conversion (%) 23,8 22,7
Sélectivités Benzène 38,4 29,8
(%mol.) Cyclohexène 23,0 29,8
Cyclohexane 27,1 28,0
Methylcyclopentane 0,9 1,0
Bicyclohexyl 0,3 0,4
Phenylcyclohexane 4,2 3,9
1-cyclohexyl-x-methylbenzène 4,0 4,4
y-cyclohexylphénol 2,1 2,7
IV.5. Discussion
Dans cette partie, il a été montré que la quantité et la nature de l’agent sulfurant ont une
influence sur la transformation des molécules oxygénées étudiées, dépendant à la fois du type
de composé à transformer et du catalyseur utilisé.
Chapitre 3 : Désoxygénation de composés oxygénés sur catalyseurs sulfures supportés
150
Toutefois, même en absence de catalyseur, le choix de l’agent sulfurant impact la
décomposition de l’acide décanoïque. En effet, en présence de DMDS, la décomposition
thermique est très faible, alors qu’elle est plutôt conséquente en présence d’H2S on en absence
d’agent sulfurant. Par un mécanisme radicalaire, le dihydrogène peut se décomposer
homolytiquement en absence de catalyseur pour conduire à des radicaux H·. La présence de
ce type d’espèce peut expliquer l’hydrogénation de l’acide décanoïque en décanal, ainsi que la
formation d’hydrocarbures à 9 atomes de carbone par décarbonylation de l’acide ou du
décanal. L’introduction d’hydrogène sulfuré dans le milieu réactionnel diminue la formation
de ces espèces, car la conversion en acide est abaissée d’au moins un quart. L’utilisation de
DMDS comme agent sulfurant conduit à une disparition quasi-totale des produits de
décomposition de l’acide décanoïque, ce dernier permettant très probablement de piéger les
espèces radicalaires H·, celles-ci contribuant à la formation du méthane et de l’hydrogène
sulfuré.
En absence d’hydrogène sulfuré, la conversion en acide décanoïque est proche sur les
trois catalyseurs testés. Si l’effet promoteur du cobalt et du nickel n’est pas visible sur la
transformation totale de l’acide, celui-ci l’est sur le taux d’hydrocarbures produits, la présence
de promoteur (Co ou Ni) permettant aussi de favoriser la voie DEC conduisant à une
diminution du rapport HDO / DEC par rapport à celui observé sur Mo/Al2O3. Toutefois, sur
catalyseurs promus, ces taux de désoxygénations sont bien inférieurs à ceux mesurés par
Senol et al. (taux de désoxygénation de l’heptanoate de méthyle proche de 70 % sur
catalyseur CoMo/Al2O3 et de 90 % sur catalyseur NiMo/Al2O3) [151,167]. Cependant, ces
auteurs travaillaient dans des conditions assez éloignées de celles utilisées ici (en réacteur
fermé, à 250 °C et sous 1,5 MPa).
D’après le schéma de transformation de l’acide proposé dans la première partie de ce
chapitre (II.3.1. page 111), le premier intermédiaire de la voie HDO est le décanal. Ensuite, ce
composé peut se transformer soit en 1-décanol, soit en 1-décanethiol. En absence d’hydrogène
sulfuré, la transformation du décanal en 1-décanethiol est presque impossible puisque les
composés soufrés sont quasi inexistants dans ces conditions. De plus, l’absence d’hydrogène
sulfuré dans la charge réactionnelle semble empêcher la transformation du décanal et du 1-
décanol au cours du temps, et conduit à une diminution des hydrocarbures à 10 atomes de
carbone, cet effet pouvant être expliqué en partie par une diminution d’activité du catalyseur,
limitant la déshydratation du 1-décanol en décènes. Cette diminution serait due à la perte de
groupements -SH à la surface du catalyseur. Néanmoins, aucun effet notable n’a été observé
Chapitre 3 : Désoxygénation de composés oxygénés sur catalyseurs sulfures supportés
151
sur la formation des hydrocarbures issus de la voie de décarbonylation (nonane et nonènes) au
cours du temps. Ces effets avaient déjà été identifiés en transformation d’huile de colza, en
absence d’agent sulfurant, par Kubicka et al. [138], où le taux d’hydrocarbures à 17 atomes de
carbone (issus de la voie DEC) restait stable au cours du temps de travail, contrairement au
taux d’hydrocarbures à 18 atomes de carbone (issus de la voie HDO), qui passait de 65 à
45 %mol. de sélectivité en 120 heures.
L’ajout d’hydrogène sulfuré sur les trois catalyseurs provoque une diminution de la
conversion totale de l’acide décanoïque, suite probablement à une compétition à l’adsorption
entre l’H2S et l’acide, en faveur du premier. Cependant, cette diminution de conversion
entraîne aussi un gain sur le rendement en composés désoxygénés. Cet effet bénéfique de
l’ajout d’agent sulfurant sur le taux de désoxygénation a aussi été noté par Kubicka et al.
[138], avec une diminution drastique de la formation des composés oxygénés en faveur des
hydrocarbures en présence d’agent sulfurant. Ces résultats indiquent clairement que l’ajout
d’un agent sulfurant dans la charge réactionnelle est indispensable afin de permettre la
désoxygénation de l’acide.
En réacteur fermé, Senol et al. [167] ont remarqué un effet promoteur sur la formation
des hydrocarbures à 6 atomes de carbone (voie DEC) de l’hydrogène sulfuré lors de la
transformation de l’heptanoate de méthyle sur catalyseurs CoMo/Al2O3 et NiMo/Al2O3. En
effet, le rapport entre hydrocarbures issus de la voie HDO (heptane et heptènes) et
hydrocarbures issus de la voie DEC (hexane et hexènes) était passé de 2 à 1 sur CoMo/Al2O3,
et de 1,4 à 0,5 sur NiMo/Al2O3. En transformation d’huile de colza, Kubicka et al. [138] ont
noté que, sur catalyseur CoMo/Al2O3, le rapport entre hydrocarbures provenant de la
décarbonylation (hydrocarbures à 17 atomes de carbone) et ceux provenant de la voie de
désoxygénation (hydrocarbures à 18 atomes de carbone) était proche de 1,3 en présence de
DMDS, contre plus de γ en absence d’agent sulfurant. Ces chiffres sont proches des rapports
HDO / DEC observés ici sur catalyseurs promus, en absence et en présence d’hydrogène
sulfuré (autour de β en absence d’H2S ; proche de 1,β en présence d’H2S).
La nature de l’agent sulfurant choisi impacte fortement la transformation de l’acide
décanoïque sur catalyseurs sulfures. Tout d’abord, l’utilisation du DMDS en lieu et place de
l’hydrogène sulfuré entraîne une baisse d’activité globale des trois catalyseurs sulfures testés,
cette diminution étant plus importante sur catalyseur non promu. Cet effet pourrait s’expliquer
par une désulfuration de la phase MoS2 non promue car il a été proposé précédemment que la
décomposition du DMDS était partiellement inhibée en présence de l’acide décanoïque. La
Chapitre 3 : Désoxygénation de composés oxygénés sur catalyseurs sulfures supportés
152
baisse d’activité observée pour les deux catalyseurs promus (environ β0 %) pourrait, quant à
elle, être expliquée par la part thermique de dégradation de l’acide en présence d’hydrogène
sulfuré, part qui est inhibée lorsque le DMDS est additionné à la charge réactionnelle.
De plus, il est clair que l’agent sulfurant a une influence notable sur la sélectivité des
catalyseurs. En effet, l’utilisation du DMDS à la place de l’hydrogène sulfuré permet aussi de
favoriser la voie de décarbonylation, sur les deux catalyseurs promus, tout en inhibant
fortement la voie HDO. Une hypothèse possible sur la modification de la sélectivité en
transformation de l’acide décanoïque sur catalyseurs promus, entre DMDS et H2S, serait liée
à la présence d’espèces radicalaires lors de la décomposition du DMDS [184]. Ces espèces
radicalaires pourraient alors enrichir électroniquement les atomes de soufre à la surface des
catalyseurs sulfures, et donc entraîner une plus grande basicité de ces atomes de soufre, ce qui
accentuerait alors la sélectivité dans la réaction d’élimination au détriment de l’addition
d’hydrure, et donc favoriserait la voie de décarbonylation par rapport à la voie
d’hydrodésoxygénation.
L’effet de l’hydrogène sulfuré sur composés phénoliques a déjà fait l’objet de travaux
au sein du laboratoire [1θη]. Ici, l’étude n’a donc porté que sur le choix de l’agent sulfurant, et
uniquement sur le catalyseur CoMo/Al2O3. Ainsi, sur ce solide, l’utilisation du DMDS ou de
l’hydrogène sulfuré permet d’obtenir la même activité totale en transformation du phénol. Ce
résultat n’est pas en contradiction avec ceux observés lors de la transformation de l’acide
décanoïque. En effet, le phénol étant moins réactif, les temps de contact utilisés pour le
transformer sont plus élevés (environ 0,8 min contre moins de 0,2 min en transformation de
l’acide) et le DMDS est donc totalement décomposé en hydrogène sulfuré et en méthane. Un
léger changement de sélectivité a toutefois été noté, en faveur de la voie DOD. Ce
changement est tout de même moins important que celui observé en transformation de l’acide
décanoïque, et la voie HYD demeure la voie majoritaire de transformation du phénol, quel
que soit l’agent sulfurant utilisé au cours de sa transformation.
Chapitre 3 : Désoxygénation de composés oxygénés sur catalyseurs sulfures supportés
153
V. Transformation de mélanges de composés
oxygénés
Après avoir étudié la transformation de molécules oxygénées seules (acide
carboxylique, aldéhyde, composé phénolique), plusieurs mélanges binaires de composés
oxygénés ont été étudiés, afin d’évaluer l’influence que ces composés ont les uns sur les
autres.
Pour cela, des expériences en créneaux ont été utilisées afin de chiffrer les effets de
composés tels que les acides carboxyliques, le monoxyde de carbone ou le phénol sur la
transformation du phénol ou des acides. Celles-ci ont toutes été réalisées selon le même mode
opératoire :
- un premier créneau où le composé étudié réagit durant 3 heures, dans une charge où ce
composé oxygéné est le seul réactif,
- un second créneau où deux composés oxygénés sont transformés ensemble pendant
5 heures, avec une charge réactionnelle contenant ces deux molécules oxygénées,
- un dernier créneau, d’une durée de 4 heures, où la transformation du premier mélange
réactionnel est étudiée afin de chiffrer la réversibilité de l’effet potentiellement observé lors
du second créneau.
V.1. Effet de l’acide décanoïque sur la transformation du
phénol
L’effet de l’acide décanoïque (1,θ %pds., soit 20 kPa générés) sur la transformation du
phénol (4,2 %pds., soit 53 kPa) a été étudié dans un premier temps sur les trois catalyseurs
(Tableau 40). La Figure 81, où sont reportés l’activité en transformation du phénol en
fonction du temps de travail sur catalyseur (Co,Ni)Mo/Al2O3, montre un fort effet inhibiteur
de l’acide décanoïque, quel que soit le catalyseur utilisé, l’effet inhibiteur étant plus important
sur les catalyseurs promus. En effet, la perte d’activité est d’environ 40 % sur le catalyseur
Mo/Al2O3 en présence d’acide décanoïque, alors qu’elle atteint 70 % sur catalyseur promu au
nickel et 80 % sur catalyseur CoMo/Al2O3 (Tableau 40). D’ailleurs, en présence d’acide
décanoïque, les activités en transformation du phénol sont proches sur catalyseurs Mo/Al2O3
et CoMo/Al2O3. Aussi, un retour à l’activité attendue, déterminée à partir des expériences
effectuées avec le phénol seul est observé sur les trois catalyseurs.
Chapitre 3 : Désoxygénation de composés oxygénés sur catalyseurs sulfures supportés
154
Figure 81 : Activités en transformation du phénol sur catalyseur Mo/Al2O3 (A),
CoMo/Al2O3 (B) et NiMo/Al2O3 (C) seul ou en présence de 20 kPa d’acide décanoïque (340 °C, 4 MPa, en présence de 1,3 %pds. de DMDS). Symboles
pleins : expériences en créneaux ; symboles vides : transformation du phénol
seul (Figure 69, page 128)
Tableau 40 : Activités en transformation du phénol seul et en mélange avec
l’acide décanoïque sur catalyseurs (Co,Ni)Mo/Al2O3 (entre parenthèses :
pourcentage de l’activité en transformation du phénol perdue par rapport à l’activité observée après 3 heures) (340 °C, 4 MPa, en présence de 1,3 %pds. de
DMDS)
Créneau Mo/Al2O3 CoMo/Al2O3 NiMo/Al2O3
Temps de contact (min) 3,03 0,80 0,56
Activités 1er (3 heures, seul) 7,9 24,8 33,7
(mmol h-1 gcata-1) 2ème (8 heures, mélange) 4,3 (42 %)(a) 5,0 (80 %)(a) 9,5 (70 %)(a)
3ème (12 heures, seul) 7,4 (7 %)(a) 19,9 (20 %)(a) 24,8 (22 %)(a) (a) : Pourcentage de l’activité perdue par rapport à l’activité observée après γ heures de réaction
Au cours de la transformation du mélange de composés oxygénés (second créneau),
l’acide décanoïque est totalement transformé en hydrocarbures, aucun intermédiaire soufré ni
oxygéné n’est détecté dans les produits de la réaction (Tableau 41). Ceci peut s’expliquer par
Chapitre 3 : Désoxygénation de composés oxygénés sur catalyseurs sulfures supportés
155
le fait que les temps de contact utilisés soient relativement élevés par rapport à ceux employés
lors de l’étude de la transformation de l’acide décanoïque. Sur catalyseur non promu, le
décane est le produit formé majoritairement, alors que le nonane est le produit majoritaire au
cours de la transformation sur catalyseurs promus : la voie HDO est favorisée sur catalyseur
non promu, et la voie DEC est favorisée sur catalyseurs promus, ce qui est en accord avec
l’étude précédente. Par ailleurs, sur catalyseurs promus, la valeur du rapport HDO / DEC en
transformation de l’acide décanoïque en mélange avec le phénol (0,4) est proche de celui
observé précédemment lors de la transformation de l’acide décanoïque seul (entre 0,β et 0,γ).
Toutefois, sur catalyseur Mo/Al2O3, ce rapport est légèrement plus élevé ici (7,4 contre 4,2
lorsque l’acide décanoïque était transformé seul).
Aussi, les pressions de monoxyde de carbone observées correspondent bien à celles
attendues, ce qui confirme qu’il n’y a pas de méthanation du CO dans ces conditions.
Tableau 41 : Transformation du phénol en mélange avec l’acide décanoïque sur
catalyseurs (Co,Ni)Mo/Al2O3 : conversion en acide décanoïque et sélectivités en
hydrocarbures (340 °C, 4 MPa, en présence de 1,3 %pds. de DMDS)
Créneau Mo/Al2O3 CoMo/Al2O3 NiMo/Al2O3
Temps de contact (min) 3,03 0,80 0,56
Conversion acide décanoïque (%) 100 100 100
Sélectivités Décane 87,5 22,7 22,0
(%mol.) Décènes 0,6 4,2 4,9
Nonane 11,7 57,3 58,1
Nonènes 0,2 15,8 15,1
Rapport hydrocarbures C10/C9 7,4 0,4 0,4
Pression partielle en CO générée (kPa) 3,1 13,1 13,4
Pression partielle en CO attendue (kPa) 2,4 14,6 14,6
L’analyse des effluents gazeux au cours de ces expériences en créneaux est reporté
Figure 82. Pour ces temps de contact, le DMDS, utilisé comme agent sulfurant, est totalement
décomposé en hydrogène sulfuré et en méthane. Aussi, du monoxyde de carbone est détecté
lorsque le mélange acide - phénol est envoyé dans le réacteur. Comme déjà observé au
préalable, il n’y a pas de trace de dioxyde de carbone : il n’y a pas de décarboxylation de
l’acide décanoïque, mais uniquement de la décarbonylation.
Chapitre 3 : Désoxygénation de composés oxygénés sur catalyseurs sulfures supportés
156
Figure 82 : Analyse des effluents gazeux au cours de la transformation du
phénol sur catalyseur Mo/Al2O3 (A), CoMo/Al2O3 (B) et NiMo/Al2O3 (C) seul ou
en présence de 20 kPa d’acide décanoïque (340 °C, 4 MPa, en présence de
1,3 %pds. de DMDS). Légende : hydrogène sulfuré () ; méthane () ; monoxyde
de carbone ()
L’acide décanoïque a peu d’influence sur les sélectivités des catalyseurs en
transformation du phénol, puisque la répartition de ses trois voies de transformation sont
identiques, avec ou sans acide dans la charge, au moins dans le cas des catalyseurs Mo/Al2O3
et NiMo/Al2O3 (Figure 83). Sur catalyseur CoMo/Al2O3, une faible diminution de la voie
DOD (baisse de 29 à 23 %mol.) est observée au profit des produits de la voie HYD.
Figure 83 : Transformation du phénol sur catalyseurs (Co,Ni)Mo/Al2O3.
Sélectivités dans la voie DOD (marron), HYD (bleu) et DIM (rose) en fonction de
la charge réactionnelle (de gauche à droite : phénol seul, phénol en présence
d’acide décanoïque et point retour sur phénol seul) (340 °C, 4 MPa, en présence
de 1,3 %pds. de DMDS)
Chapitre 3 : Désoxygénation de composés oxygénés sur catalyseurs sulfures supportés
157
V.2. Effet de l’acide propanoïque sur la transformation du
phénol
Afin de chiffrer l’éventuel influence de la longueur de la chaîne carbonée de l’acide
carboxylique sur l’inhibition de la transformation du phénol, l’acide propanoïque a été utilisé
en remplacement de l’acide décanoïque. Le système analytique ne permet pas de quantifier
précisément tous les composés formés au cours de la transformation de l’acide propanoïque,
ceux-ci étant très légers. Toutefois, il a été possible de chiffrer la conversion de l’acide ainsi
que la sélectivité dans la voie de décarbonylation, via la quantité de monoxyde de carbone
générée.
Les résultats de ces expériences sont présentés dans le Tableau 42. Comparés aux
résultats obtenus avec l’acide décanoïque (Tableau 40, page 154), ceux-ci sont, à défaut d’être
identiques, très proches.
Tableau 42 : Activités en transformation du phénol seul et en mélange avec
l’acide propanoïque sur catalyseurs (Co,Ni)Mo/Al2O3 (340 °C, 4 MPa, en
présence de 1,3 %pds. de DMDS)
Créneau Mo/Al2O3 CoMo/Al2O3 NiMo/Al2O3
Temps de contact (min) 2,89 0,80 0,56
Activités 1er (3 heures, seul) 9,3 25,8 40,3
(mmol h-1 gcata-1) 2ème (8 heures, mélange) 6,0 (35 %)(a) 6,2 (76 %)(a) 9,3 (77 %)(a)
3ème (12 heures, seul) 8,2 (12 %)(a) 27,0 (-)(a) 27,4 (32 %)(a)
Conversion acide propanoïque (%) 100 100 100
Pression partielle en CO générée (kPa) 3,4 13,0 13,6
Sélectivité voie DEC (%mol.) 17(b) 65(b) 68(b) (a) : pourcentage de l’activité perdue par rapport à l’activité observée après 3 heures de réaction (b) : déterminé à partir du rapport entre la pression partielle en monoxyde de carbone observée en sortie de réacteur et la pression partielle en acide propanoïque introduite (20 kPa)
Le Tableau 43 montre les similitudes en transformation des deux acides carboxyliques
testés, en mélange avec le phénol. En effet, la conversion est totale, sur tous les catalyseurs.
De plus, les pressions partielles en monoxyde de carbone générées sont semblables entre les
expériences effectuées avec l’acide décanoïque et l’acide propanoïque. La transformation de
l’acide propanoïque et de l’acide décanoïque sont donc semblables dans ces conditions.
Chapitre 3 : Désoxygénation de composés oxygénés sur catalyseurs sulfures supportés
158
Tableau 43 : Transformation d’un mélange phénol - acide carboxylique sur
catalyseurs (Co,Ni)Mo/Al2O3 : comparaison entre acide propanoïque et acide
décanoïque sur la conversion en acide et la quantité de monoxyde de carbone
générée (340 °C, 4 MPa, en présence de 1,3 %pds. de DMDS)
Créneau
Mo/Al2O3 CoMo/Al2O3 NiMo/Al2O3
C3(a) C10(b) C3(a) C10(b) C3(a) C10(b)
Temps de contact (min) 2,89 3,00 0,80 0,80 0,56 0,56
Conversion acide (%) 100 100 100 100 100 100
Pression partielle en CO générée (kPa) 3,4 3,1 13,0 13,1 13,6 13,4 (a) : C3 : acide propanoïque (b) : C10 : acide décanoïque
Comme lors de la transformation du phénol en présence d’acide décanoïque (Figure 82),
l’ajout d’acide propanoïque (Figure 84) n’entraîne pas de différence majeure de sélectivité.
S’il existe quelque petites variations dans les voies de transformation du phénol, celles-ci sont
très faibles et il est raisonnable de considérer que l’acide propanoïque n’impacte pas les
sélectivités en transformation de ce composé.
Figure 84 : Transformation du phénol sur catalyseurs (Co,Ni)Mo/Al2O3.
Sélectivités dans la voie DOD (marron), HYD (bleu) et DIM (rose) en fonction de
la charge réactionnelle (de gauche à droite : phénol seul, phénol en présence
d’acide propanoïque et point retour sur phénol seul) (340 °C, 4 MPa, en
présence de 1,3 %pds. de DMDS)
Chapitre 3 : Désoxygénation de composés oxygénés sur catalyseurs sulfures supportés
159
V.3. Effet du phénol sur la transformation de l’acide
décanoïque
Comme observé précédemment, les acides carboxyliques impactent fortement la
transformation du phénol sur catalyseurs sulfures, notamment leur activité. Des expériences
ont été réalisées afin d’observer un éventuel effet du phénol sur la transformation de l’acide
décanoïque. La Figure 85 reporte la conversion en acide décanoïque sur les trois catalyseurs
testés, en fonction du temps de travail, à l’aide d’expériences en créneaux réalisées en
utilisant la procédure expérimentale décrite précédemment. Toutefois, il faut noter que les
temps de contact utilisés ici sont très faibles par rapport à ceux employés dans les expériences
où le phénol était la molécule à désoxygéner (0,16 min en transformation de l’acide, contre
entre 0,56 et 3,03 min, selon le catalyseur, en transformation du phénol), ceci à cause des
différences de réactivité entre les deux molécules à désoxygéner. Dans ces conditions, la
conversion du phénol est très faible, inférieure à 0,5 %.
Dans ces expériences, aucun effet du phénol n’a été observé sur la conversion en acide.
En effet, sur les trois catalyseurs, la conversion en acide ne varie pas en présence du phénol.
Figure 85 : Transformation de l’acide décanoïque en présence de 20 kPa de
phénol sur catalyseurs Mo/Al2O3 (), CoMo/Al2O3 () et NiMo/Al2O3 ()
(tcontact : 0,16 min, 340 °C, 4 MPa, en présence de 1,3 %pds. de DMDS)
De même, la présence du phénol n’entraîne aucune modification de la sélectivité en
transformation de l’acide décanoïque, sur les trois catalyseurs testés (Figure 86).
Chapitre 3 : Désoxygénation de composés oxygénés sur catalyseurs sulfures supportés
160
Figure 86 : Sélectivités en transformation de l’acide décanoïque en présence de 20 kPa de phénol sur catalyseurs Mo/Al2O3 (A), CoMo/Al2O3 (B) et NiMo/Al2O3
(C) (tcontact : 0,16 min, 340 °C, 4 MPa, en présence de 1,3 %pds. de DMDS)
V.4. Effet du monoxyde de carbone sur la transformation
du phénol
Les résultats précédents ont montré un fort effet inhibiteur de l’acide carboxylique
(décanoïque ou propanoïque) sur la transformation du phénol. Afin de mesurer la part de
l’effet inhibiteur dû à la présence de monoxyde de carbone, produit de décomposition des
acides carboxyliques, des expériences ont aussi été réalisées avec introduction de CO dans le
milieu réactionnel. En effet, le monoxyde de carbone est connu pour avoir un effet inhibiteur
lors de la transformation de molécules phénoliques [165] ou de composés soufrés
[36,156,161].
Afin de déterminer si l’effet inhibiteur observé précédemment en transformation du
phénol en présence d’acide est dû à la présence du monoxyde de carbone, des expériences ont
été réalisées avec le monoxyde de carbone en mélange avec le phénol. Pour cela, 14 kPa de
pression partielle en CO ont été injectées en même temps que le phénol dans des expériences
en créneaux. Cette quantité de monoxyde de carbone correspond à la quantité générée par la
Chapitre 3 : Désoxygénation de composés oxygénés sur catalyseurs sulfures supportés
161
désoxygénation de 20 kPa d’acide sur catalyseurs promus (comme décrit dans le Tableau 41,
page 155). Ainsi, il sera possible de déterminer si le monoxyde de carbone est responsable ou
non de la diminution de l’activité en transformation du phénol en présence d’acide
carboxylique.
La Figure 87 illustre la transformation du phénol seul et en mélange avec le monoxyde
de carbone sur catalyseurs Mo/Al2O3 et NiMo/Al2O3 d’une part, et sur CoMo/Al2O3 d’autre
part. Aucun effet du monoxyde de carbone n’est noté sur la transformation globale du phénol
sur les catalyseurs Mo/Al2O3 et NiMo/Al2O3. En revanche, sur catalyseur CoMo/Al2O3, le
monoxyde de carbone entraîne une baisse importante de l’activité en transformation du
phénol, baisse de 60 % après 8 heures de réaction. Cependant, cet effet inhibiteur est
totalement réversible, avec un retour aux activités du premier créneau deux heures après avoir
retiré le monoxyde de carbone du milieu réactionnel.
Figure 87 : Activités en transformation du phénol en présence de 14 kPa de
monoxyde de carbone sur catalyseurs (Ni)Mo/Al2O3 (A) et CoMo/Al2O3 (B)
(tcontact : 3,04 min pour le Mo/Al2O3 ; 0,57 min pour le NiMo/Al2O3 ; 0,80 min
pour le CoMo/Al2O3) (340 °C, 4 MPa, en présence de 1,3 %pds. de DMDS)
L’ajout de monoxyde de carbone entraîne peu de modifications dans les sélectivités en
produits de la voie DOD, HYD ou DIM sur les catalyseurs Mo/Al2O3 ou NiMo/Al2O3 (Figure
88). Concernant le catalyseur CoMo/Al2O3, l’effet du monoxyde de carbone est similaire à
celui observé en présence d’acide décanoïque (Figure 82, page 156) : celui-ci entraîne une
baisse de la voie DOD (de 28 à 21 %mol. en sélectivité), au profit principalement de la voie
HYD, cet effet étant totalement réversible.
Chapitre 3 : Désoxygénation de composés oxygénés sur catalyseurs sulfures supportés
162
Figure 88 : Transformation du phénol sur catalyseurs (Co,Ni)Mo/Al2O3.
Sélectivités dans la voie DOD (marron), HYD (bleu) et DIM (rose) en fonction de
la charge réactionnelle (de gauche à droite : phénol seul, phénol en présence de
monoxyde de carbone et point retour sur phénol seul) (340 °C, 4 MPa, en
présence de 1,3 %pds. de DMDS)
V.5. Effet du monoxyde de carbone sur la transformation
de l’acide décanoïque sur catalyseur CoMo/Al2O3
Le monoxyde de carbone ayant un effet inhibiteur sur la transformation du phénol
uniquement sur catalyseur CoMo/Al2O3, la transformation d’un mélange acide décanoïque et
de CO a été effectuée dans une nouvelle expérience en créneaux. Comme illustré en Figure 89
(A), la conversion de l’acide décanoïque n’est pas affectée par la présence de monoxyde de
carbone. De plus, les sélectivités dans les diverses voies de transformation de l’acide
décanoïque ne sont pas modifiées par la présence du monoxyde de carbone Figure 89 (B).
Figure 89 : Conversion (A) et sélectivités selon les voies HDO, DEC et Autres
produits (B) en transformation de l’acide décanoïque en présence de 14 kPa de
monoxyde de carbone sur catalyseur CoMo/Al2O3 (tcontact : 0,16 min, 340 °C,
4 MPa, en présence de 1,3 %pds. de DMDS)
Chapitre 3 : Désoxygénation de composés oxygénés sur catalyseurs sulfures supportés
163
V.6. Discussion
L’effet inhibiteur des acides carboxyliques sur la transformation du phénol est plutôt
conséquent et est indépendant de la longueur de la chaîne carbonée de l’acide. En revanche, il
est directement lié la nature du catalyseur utilisé : il est notamment plus important sur
catalyseurs promus que sur catalyseur non promu et ne semble pas être expliqué simplement
par les quantités de monoxyde de carbone formées. Ainsi, sur les trois catalyseurs étudiés ici,
l’impact des acides carboxyliques et du monoxyde de carbone (produit de transformation des
acides carboxyliques) sur la transformation du phénol sont différents :
- sur catalyseur Mo/Al2O3, l’effet des acides est modéré, avec une baisse de 40 % de
l’activité en transformation du phénol, cet effet inhibiteur étant totalement réversible, et aucun
effet du CO n’est observé,
- sur catalyseur NiMo/Al2O3 l’effet des acides est important, avec une baisse de 7η % de
l’activité en transformation du phénol, ce catalyseur étant lui aussi insensible au CO,
- sur CoMo/Al2O3, l’effet des acides est important avec une baisse de 80 % de l’activité
en transformation du phénol. De plus, sur ce catalyseur, un effet inhibiteur du CO a été
observé (baisse de 60 % de l’activité).
L’effet inhibiteur de l’acide provient probablement d’une compétition à l’adsorption
entre celui-ci et le phénol. Aucune différence de sélectivité n’a été observée au cours de la
transformation du phénol en présence ou en absence d’acide sur les catalyseurs Mo/Al2O3 et
NiMo/Al2O3 indiquant que les sites des voies HYD et DOD des phases MoS2 et NiMoS, s’ils
sont différents, sont affectés de la même façon par l’acide. Sur catalyseur CoMo/Al2O3, l’effet
inhibiteur induit par l’acide s’accompagne d’une légère modification dans la sélectivité au
cours de la transformation du phénol : l’inhibition induit par l’acide est plus fort sur la voie
DOD que sur la voie HYD. Ce même effet est aussi observé lors de l’ajout de CO dans le
milieu réactionnel et avait déjà été observé au laboratoire, lors de la transformation du 2-
éthylphénol [165]. Les lacunes sur les phases sulfures promues par le cobalt sont
principalement des lacunes isolées, plus actives dans la voie DOD que les sites composés de
deux lacunes adjacentes. Ces lacunes isolées seraient ainsi sensibles à la présence de CO ou
d’acide, contrairement aux sites composés de deux lacunes adjacentes.
Enfin, le phénol n’impacte pas la transformation de l’acide décanoïque. De plus, le
monoxyde de carbone, qui a un effet inhibiteur sur la transformation du phénol sur le
catalyseur promu au cobalt, n’a aucun effet lors de la transformation de l’acide décanoïque.
Chapitre 3 : Désoxygénation de composés oxygénés sur catalyseurs sulfures supportés
164
Au laboratoire, Philippe et al. [161] ont étudié les effets inhibiteurs du phénol, du CO et de
l’acide décanoïque en transformation de composés soufrés sur catalyseurs CoMoP/Al2O3.
L’effet inhibiteur, attribué à une compétition à l’adsorption de type Langmuir-Hinshelwood
entre molécule oxygénée et molécule soufrée, est le plus grand avec l’acide décanoïque,
classé devant le CO puis le phénol. Ainsi, sur catalyseurs sulfures, l’acide décanoïque
s’adsorbe plus fortement que le CO ou le phénol, ce qui explique le phénol n’inhibe pas la
transformation des acides carboxyliques.
VI. Conclusion
Ces travaux ont permis d’établir un schéma de transformation complet et détaillé de
l’acide décanoïque sur catalyseurs sulfures, en s’appuyant sur des expériences menées sur
l’acide décanoïque et plusieurs de ses intermédiaires réactionnels. Deux voies de
désoxygénation ont été mises en évidence : la voie de décarbonylation (DEC), entraînant la
perte d’un atome de carbone sous forme de CO mais consommant peu d’hydrogène, et la voie
d’hydrodésoxygénation (HDO), consommant γ à 4 molécules de dihydrogène mais permettant
de maintenir le même nombre d’atomes de carbone. La transformation du phénol a aussi été
réalisée, montrant deux voies de formation de composés monocycliques, la voie de
désoxygénation directe (DOD) conduisant au benzène et la voie hydrogénante (HYD)
produisant majoritairement le cyclohexène et le cyclohexane. Une voie de dimérisation (DIM)
a aussi été observée dans les conditions de réactions.
Le choix du catalyseur afin d’effectuer la transformation de ces composés oxygénés
permet d’orienter la nature des produits formés. Dans tous les cas, l’utilisation d’un solide
promu par le cobalt ou le nickel permet d’améliorer les performances catalytiques, ainsi que le
taux de désoxygénation dans le cas de la transformation de l’acide.
Pour l’acide décanoïque, le catalyseur non promu est sélectif dans la voie HDO, tandis
que les deux catalyseurs promus permettent de favoriser la réaction de décarbonylation de
l’acide décanoïque. Ainsi, un mécanisme a été proposé qui implique l’existence d’un
intermédiaire commun entre les deux voies de désoxygénation. Cet intermédiaire peut soit
subir une réaction d’élimination conduisant aux produits de la voie DEC, soit être l’objet
d’une addition d’hydrure conduisant aux produits formant la voie HDO. Les atomes de
promoteur permettraient d’augmenter la basicité des atomes de soufre en surface du
catalyseur, favorisant ainsi la réaction d’élimination au détriment de l’addition d’hydrure.
Chapitre 3 : Désoxygénation de composés oxygénés sur catalyseurs sulfures supportés
165
En ce qui concerne le phénol, bien que la voie hydrogénante soit toujours la voie
majoritaire, l’utilisation d’un catalyseur promu au cobalt permet de produire aussi des
quantités importantes de benzène, tandis que le solide NiMo/Al2O3 est très sélectif vis-à-vis
de la voie HYD. La nature même des sites actifs seraient responsables de ces différences de
sélectivité, les lacunes simples étant actives dans les voies DOD et HYD, contrairement aux
lacunes doubles, qui seraient actives principalement dans la voie HYD puisqu’elles
permettent l’adsorption à plat du phénol puis son hydrogénation.
En transformation de l’acide décanoïque, une étude sur la nature et la quantité d’agent
sulfurant utilisé a permis de mettre en évidence le rôle important qu’a l’hydrogène sulfuré sur
le taux d’hydrocarbures obtenu en sortie de réacteur. De plus, la nature de l’agent sulfurant
semble impacter l’activité et la sélectivité des catalyseurs promus en transformation des
acides, alors que l’agent sulfurant n’a que peu d’effet sur la désoxygénation du phénol.
Enfin, plusieurs mélanges de composés oxygénés ont été utilisés. La fonction acide
carboxylique induit un fort effet inhibiteur sur la désoxygénation de composés phénoliques,
de 40 % sur catalyseur non promu et proche des 75 % sur les deux solides CoMo/Al2O3 et
NiMo/Al2O3. La longueur de la chaîne carbonée de l’acide carboxylique testé ne semble pas
être un paramètre important. L’acide décanoïque permet ainsi de modéliser aussi bien les
acides carboxyliques des huiles de pyrolyse, de faible masse atomique, que les acides bien
plus longs qu’il est possible de retrouver dans les EMHV ou les biohuiles d’origine végétale.
L’effet inhibiteur de ces acides carboxyliques proviendrait d’une compétition à l’adsorption
de type Langmuir-Hinshelwood entre les composés oxygénés du mélange, en faveur des
acides.
166
167
Chapitre 4 : Désoxygénation
de composés modèles sur
catalyseurs NiMoS massiques
168
Chapitre 4 : Désoxygénation de composés modèles sur catalyseurs NiMoS massiques
169
Dans le chapitre précédent, les schémas de transformation et les mécanismes détaillés
de plusieurs molécules oxygénées modèles ont été proposés sur catalyseurs sulfures
supportés. Dans ce chapitre, l’intérêt a été porté sur l’utilisation de catalyseurs sulfures
massiques, afin de s’affranchir d’un possible effet de support lors de la transformation de ces
composés oxygénés. En effet, sur les catalyseurs sulfures, les supports peuvent influencer
aussi bien les propriétés électroniques et morphologiques de la phase sulfure que réagir avec
les charges réactionnelles, via des réactions acido-basiques [82,85].
Un solide, de type NiMoS non supporté, a donc été synthétisé, ses caractéristiques ayant
été comparées à celles du catalyseur NiMo/Al2O3 utilisé dans le chapitre précédent.
Afin de mesurer l’influence de la mise en forme des phases sulfures massiques, d’autres
solides de type NiMoS ont été synthétisés, soit par modification du solvant (formamide et
eau), soit en présence d’un liquide ionique, le [BMIM][NTf2] (ou
Bis(trifluoromethanesulfonyl)imide de 1-butyl-3-méthylimmidazolium) utilisé comme agent
sulfurant. En effet, ces derniers ont déjà été utilisés comme agent structurant des phases
sulfures afin de modifier leur morphologie [105,106]. Ces synthèses ont été réalisées dans
l’équipe « Chalcogénures et Verres » de l’Institut Charles Gerhardt de Montpellier, dans le
cadre de la thèse de Mme Géraldine Leyral [108]. L’ensemble des solides formés ont été
caractérisés par diverses méthodes physico-chimiques, effectuées à Montpellier et à l’ICβMP.
Ces solides ont ensuite été testés en transformation de l’acide décanoïque et du phénol.
Chapitre 4 : Désoxygénation de composés modèles sur catalyseurs NiMoS massiques
170
I. Effet du support en transformation de
molécules oxygénées modèles
Dans un premier temps, un catalyseur massique, appelé dans la suite de ce manuscrit
« NiMoS Ref », a été synthétisé par une voie de synthèse classique [99], afin de servir comme
référence aux autres catalyseurs synthétisés à Montpellier. Dans cette partie, la synthèse et les
caractérisations de ce catalyseur de référence seront détaillées. Les performances catalytiques
en désoxygénation de deux molécules modèles (acide décanoïque et phénol) de ce solide
massique seront comparées à celles du catalyseur supporté (NiMo/Al2O3).
I.1. Synthèse du catalyseur massique de référence
La méthode décrite par Fuentes et al. [99] a été utilisée afin de synthétiser le sulfure
massique de référence. Cette synthèse a été réalisée au sein du laboratoire. La première étape
consiste en la formation du tétrathiomolybdate d’ammonium (NH4)2MoS4 à partir de
l’heptamolybdate d’ammonium (NH4)6[Mo7O24].4H2O [102]. Pour cela, 2 g
d’heptamolybdate d’ammonium ont tout d’abord été placés dans 10 mL d’eau déminéralisée.
16 g de sulfure d’ammonium ((NH4)2S) à 42 % en solution aqueuse ont ensuite été rajoutés au
mélange (de couleur rouge orangé), sous agitation et sous chauffage à 60 °C pendant 1 heure.
Le térathiomolybdate d’ammonium est ensuite précipité pendant γ heures par refroidissement
dans un bain de glace au repos. Le solide obtenu, rouge, est alors filtré, lavé à l’isopropanol
puis séché pendant 1 heure à température ambiante.
Le tétrathiomolybdate d’ammonium ainsi formé est alors utilisé pour y imprégner le
nitrate de nickel (Ni(NO3)2), mis au préalable en solution dans 10 mL d’acétone. Pour cela,
2 g de tétrathiomolybdate d’ammonium préparé précédemment et 0,9θ g de nitrate de nickel
sont placés sous agitation à température ambiante jusqu’à évaporation complète de l’acétone.
La quantité de nitrate de nickel est ajustée de manière à avoir un rapport atomique
Ni/(Ni+Mo) proche de 0,3. La phase NiMoS est obtenue après traitement sulfo-réducteur à
400 °C (avec une vitesse de chauffage de 3,3 °C min-1) pendant 4 heures et sous 30 mL min-1
d’un mélange à 10 % en hydrogène sulfuré dans l’hydrogène.
Chapitre 4 : Désoxygénation de composés modèles sur catalyseurs NiMoS massiques
171
I.2. Caractérisations
Le solide massique NiMoS de référence (nommé NiMoS Ref) ainsi obtenu a été
caractérisé afin de le décrire au mieux. Les descriptions physico-chimiques ainsi obtenues ont
été comparées à celles obtenues précédemment dans le cas du catalyseur supporté
NiMo/Al2O3.
I.2.1. Analyse globale
Le Tableau 44 regroupe la surface spécifique et les teneurs en carbone, soufre,
molybdène et nickel du catalyseur massique et du catalyseur supporté.
La surface spécifique du catalyseur NiMoS Ref est très nettement inférieure à celle du
catalyseur déposé sur alumine. Ce résultat était attendu : en effet, les catalyseurs massiques
NiMoS formés par cette voie de synthèse ont généralement des surfaces spécifiques
inférieures à 15 m² g-1 [185,186].
En toute logique, les taux de soufre, de molybdène et de nickel sont très différents entre
catalyseur massique et supporté. Aussi, le rapport Ni/(Ni+Mo) est inférieur sur catalyseur
massique par rapport au catalyseur supporté. Toutefois, ce rapport, égal à 0,29, est proche du
rapport ciblé sur cette synthèse (0,γ), afin d’avoir un solide possédant le même rapport entre
métaux que les synthèses effectuées à Montpellier, qui seront décrites ultérieurement dans ce
manuscrit.
Tableau 44 : Analyse globale des catalyseurs
Catalyseur Surface spécifique
(m² g-1)(a)
Composition chimique (%pds.) Rapport molaire
C(b) S(b) Mo(c) Ni(c) Ni/(Ni+Mo)
NiMoS Ref 7,5 0,5 34 36,2 9,1 0,29
NiMo/Al2O3 255 0,4 7,9 9,3 3,9 0,43 (a) : déterminé par adsorption d’azote à partir de (P/Po)/Va*(1-P/Po)]=f(P/Po), sur les points 0,05 < P/Po < 0,35 (b) : déterminé par analyse élémentaire (c) : déterminé par fluorescence X
Chapitre 4 : Désoxygénation de composés modèles sur catalyseurs NiMoS massiques
172
I.2.2. Analyse structurale par microscopie électronique
Les deux échantillons ont été analysés par microscopie électronique à transmission. Des
clichés MET du catalyseur supporté et du catalyseur massique sont présentés en Figure 90.
Figure 90 : Clichés MET du catalyseur supporté NiMo/Al2O3 sous forme sulfure
(A) et du catalyseur massique NiMoS Ref (B)
Les phases sulfures présentent une structure lamellaire sous forme d’un empilement de
feuillets. Sur catalyseur supporté, ces feuillets sont parsemés à la surface de l’alumine. Le
solide massique présente quant à lui uniquement ces feuillets de phase NiMoS, entremêlés les
uns aux autres. Aucune particule isolée de MoS2 ou de NiSx n’a été repéré à la surface du
solide massique.
Par comptage de particule, la taille et le taux moyen d’empilement ont été déterminés
sur les deux catalyseurs (Tableau 45). Le catalyseur massique possède des feuillets environ
trois fois plus grands et avec un taux d’empilement environ trois fois plus élevé que le
catalyseur supporté. L’utilisation ou non d’un support permet ainsi de modifier
considérablement la structure des phases sulfures.
Tableau 45 : Taille et taux d’empilement moyen des feuillets à la surface des catalyseurs sulfures déterminés par microscopie électronique à transmission
Catalyseur sulfuré Taille (nm) Taux d’empilement
NiMoS Ref 6,6 3,3
NiMo/Al2O3 2,2 1,2
Chapitre 4 : Désoxygénation de composés modèles sur catalyseurs NiMoS massiques
173
I.2.3. Analyse de la nature des espèces présentes en surface (XPS)
Des caractérisations XPS ont aussi été effectuées sur le solide massique de référence.
Malheureusement, cette analyse n’a pas été effectuée sur le catalyseur supporté. Par
décomposition du spectre du Ni 2p3/2, il est possible de retrouver la composition chimique des
espèces Ni en surface de l’échantillon.
Sur ce solide, la présence de sulfure de nickel monométallique, probablement du NiS,
est bien mise en évidence par une énergie de liaison de 852,9 eV. De plus, la phase mixte
NiMoS a aussi été identifiée (853,9 eV), la proximité entre ces deux énergies fait qu’il est
souvent difficile de chiffrer précisément le taux de promotion de cette phase sulfure estimé ici
à 45 % (Tableau 46). Le taux de sulfuration de ce solide est de 79 %. Aussi, la phase promue
est majoritairement retrouvée en surface de ce solide. Toutefois, il existe une part relativement
importante de sulfure monométallique de nickel (34 %).
Tableau 46 : Analyse quantitative XPS du sulfure NiMoS Ref
Catalyseur Phase Ni2+ oxyde
(%pds.)
Phase NiMoS
(%pds.) Phase NiSx (%pds.)
NiMoS Ref 21 45 34
I.3. Mesure d’activités en transformation de composés
oxygénés modèles
Les performances catalytiques des deux solides ont été mesurées en
hydrodésoxygénation des deux molécules oxygénées étudiés dans le chapitre précédent (acide
décanoïque et phénol).
I.3.1. Transformation de l’acide décanoïque
L’activité en transformation totale de l’acide décanoïque ainsi que la sélectivité en
hydrocarbures formés a tout d’abord été reportée Figure 91. Comme attendu, l’activité du
catalyseur supporté est plus importante que celle du catalyseur massique (Figure 91 (A)). De
plus, si pour ce temps de contact, le catalyseur supporté permet de produire en grande
majorité des hydrocarbures (environ 90 %), le catalyseur massique ne produit que 60 % de
Chapitre 4 : Désoxygénation de composés modèles sur catalyseurs NiMoS massiques
174
produits désoxygénés (Figure 91 (B)). Ainsi, un effet du support existe, tant sur la
transformation de l’acide décanoïque que sur son taux de désoxygénation.
Figure 91 : Activités totale (A) et sélectivités en hydrocarbures (B) en
transformation de l’acide décanoïque sur catalyseurs supporté NiMo/Al2O3 et
massique NiMoS Ref en fonction du temps de travail (tcontact : 0,16 min, 340 °C,
4 MPa, en présence de 1,3 %pds. de DMDS)
Les activités en transformation de l’acide décanoïque sur ces deux catalyseurs peuvent
être exprimées de différentes façons : par unité de masse, par unité de surface, ou bien par
atome de molybdène (Tableau 47). Par unité de masse, le solide NiMoS Ref est presque deux
fois moins actif que le catalyseur supporté. En revanche, bien qu’il soit délicat de comparer
les activités par unité de surface entre catalyseur supporté et catalyseur massique, force est de
constater la nette supériorité, sur ce critère, du NiMoS massique par rapport au solide
supporté. L’activité rapportée par atome de molybdène est largement supérieure sur le
catalyseur supporté, le support permettant aussi d’optimiser l’utilisation des atomes de
molybdène sur le catalyseur NiMo/Al2O3.
Tableau 47 : Activités en transformation de l’acide décanoïque sur catalyseurs supporté NiMo/Al2O3 et massique NiMoS (tcontact : 0,16 min)
NiMo/Al2O3 NiMoS Ref
Activités (mmol h-1 gcata-1) 212 128 (0,6)(a)
(mmol h-1 m-2) 0,8 17,0 (21,3)(a)
(mmol h-1 At. Mo-1) (.10-21) 364 56 (0,2)(a) (a) : rapport entre l’activité du catalyseur massique et l’activité du catalyseur supporté
Les sélectivités en produits formés au cours de la transformation de l’acide décanoïque
sur les deux catalyseurs sont reportées Tableau 48. Aucun nouveau composé n’a été détecté
Chapitre 4 : Désoxygénation de composés modèles sur catalyseurs NiMoS massiques
175
en présence du solide massique par rapport à ceux identifiés au préalable sur catalyseurs
supportés.
La quantité de composés oxygénés est plus importante sur le catalyseur massique
(proche des 17 %mol.), contre seulement environ 5 %mol. sur catalyseur supporté.
Sur catalyseur supporté, pour ce temps de contact, les produits soufrés n’étaient présents
qu’à l’état de traces. Sur le catalyseur massique, ces composés soufrés dépassent les β0 %mol.
de sélectivité, avec une quantité très importante de thiométhanoate de décyle (12,5 %mol.), issu
d’une réaction entre l’acide décanoïque et le méthanethiol, produit formé par décomposition
partielle du DMDS. Ce produit avait aussi été observé en de telles proportions, sur catalyseurs
supportés, mais pour de plus faibles conversions en acide. Ce résultat semble indiquer que le
catalyseur massique est moins actif en décomposition du DMDS que le catalyseur supporté.
Aussi, les rapports 1-alcène / alcènes sont moins élevés sur le catalyseur supporté (0,1)
que sur le solide massique (0,4). Le catalyseur supporté est donc globalement plus acide que
le solide massique.
Tableau 48 : Transformation de l’acide décanoïque sur catalyseurs sulfures supporté (NiMo/Al2O3) et massique (NiMoS Ref). Sélectivités en produits formés
(tcontact : 0,16 min, 340 °C, 4 MPa, en présence de 1,3 %pds. de DMDS, ttravail : 6 h)
NiMo/Al2O3 NiMoS Ref
Temps de contact (min) 0,16 0,16
Conversion (%) 36,6 23,0
Sélectivités Décanal 1,6 6,1
(%mol.) 1-décanol 2,9 8,9
Décanoate de décyle 0,8 1,8
Didécyléther 0,1 0,2
Thiométhanoate de décyle 0,5 12,5
1-décanethiol 0,9 4,4
Décylméthylthioéther 0,0 1,6
1-nonanethiol 0,6 0,2
Nonylméthylthioéther 0,2 4,2
Décane 7,8 3,0
Décènes 10,3 4,2
Nonane 27,4 12,5
Nonènes 46,9 40,4
Rapports HDO / DEC 0,3 0,5
1-nonène / nonènes 0,1 0,4
1-décène / décènes 0,1 0,4
Chapitre 4 : Désoxygénation de composés modèles sur catalyseurs NiMoS massiques
176
Le taux d’hydrocarbures est donc plus faible sur catalyseur massique que sur catalyseur
supporté (Figure 92 (A)). Toutefois, ceux-ci sont les composés majoritairement formés,
notamment les nonènes, qui représentent environ 40 %mol. des produits en sortie de réacteur.
La voie de décarbonylation est majoritaire sur les deux solides testés (Figure 92 (B)).
Toutefois, si cette voie atteint les 75 %mol. de sélectivité sur catalyseur supporté, elle ne
représente que 57 %mol. des produits formés sur le NiMoS massique. Sur les deux solides, les
sélectivités dans la voie HDO sont similaires (autour des 25 %mol.). Le rapport HDO / DEC est
donc inférieur à l’unité, avec une valeur de 0,γ sur le catalyseur supporté et de 0,η sur le
catalyseur massique. Aussi, le catalyseur massique permet de produire une quantité très
importante de thiométhanoate de décyle, qui est comptabilisé dans les autres produits.
Figure 92 : Histogrammes des sélectivités en nature des produits (A) et dans les
voies de transformation (B) de l’acide décanoïque sur catalyseur supporté NiMo/Al2O3 et massique NiMoS Ref (tcontact : 0,16 min, 340 °C, 4 MPa, en
présence de 1,3 %pds. de DMDS, ttravail : 6 h)
Si, comme cela a été proposé dans le chapitre précédent, la proportion en produits issus
de la voie DEC (nonane et nonènes) par rapport aux produits formés par la voie HDO
(produits à 10 atomes de carbone) permet de comparer les taux de promotions par le nickel
des différentes phases MoS2, il semble donc que celle du catalyseur massique soit moins
promue que celle du catalyseur supporté. Ce résultat serait à confirmer, notamment par
analyse XPS.
I.3.2. Transformation du phénol
L’activité en transformation du phénol en fonction du temps de travail, sur les deux
catalyseurs testés, est reportée Figure 93. Le catalyseur supporté est bien plus actif, par unité
de masse, que le solide massique en transformation du phénol, composé qui est plus
Chapitre 4 : Désoxygénation de composés modèles sur catalyseurs NiMoS massiques
177
réfractaire en désoxygénation que l’acide décanoïque. L’écart d’activité observé ici est bien
plus important que celui observé en désoxygénation de l’acide décanoïque (Figure 91, page
174).
L’utilisation d’un catalyseur massique en transformation du phénol fait chuter son
activité lorsque celle-ci est exprimée par unité de masse. Toutefois, par unité de surface, ce
solide massique de référence est presque trois fois plus actif que le catalyseur supporté
NiMo/Al2O3 (Tableau 49). Lorsque l’activité est exprimée en fonction du nombre d’atomes
de molybdène contenu dans le catalyseur, le solide supporté est beaucoup plus actif. Comme
observé déjà précédemment en transformation de l’acide décanoïque, le support permet
d’optimiser l’utilisation des atomes de molybdène sur le catalyseur.
Figure 93 : Activités des deux solides en transformation du phénol sur
catalyseurs supporté NiMo/Al2O3 et massique NiMoS Ref en fonction du temps
de travail (tcontact : 0,16 min, 340 °C, 4 MPa, en présence de 1,3 %pds. de DMDS)
Tableau 49 : Activités en transformation de l’acide décanoïque sur catalyseurs supporté NiMo/Al2O3 et massique NiMoS Ref
NiMo/Al2O3 NiMoS Ref
Activités (mmol h-1 gcata-1) 28,8 2,3 (0,08)(a)
(mmol h-1 m-2) 0,11 0,31 (2,8)(a)
(mmol h-1 At. Mo-1) (x10-21) 49,3 1,0 (0,02)(a) (a) : rapport entre l’activité du catalyseur massique et l’activité du catalyseur supporté
Les sélectivités en produits formés au cours de la transformation du phénol sur les deux
catalyseurs sont reportées Tableau 50. Comme dans le cas de l’acide décanoïque, l’utilisation
d’un catalyseur massique n’a pas entraîné la formation de nouveaux produits.
Chapitre 4 : Désoxygénation de composés modèles sur catalyseurs NiMoS massiques
178
Le catalyseur massique est plus sélectif en formation du benzène que le catalyseur
supporté (11,1 %mol. contre 5,7 %mol.). Toutefois, ce sont toujours les naphtènes (cyclohexène
et cyclohexane) qui sont les composés majoritairement formés, sur ces deux catalyseurs.
Parmi ces naphtènes, alors que le catalyseur supporté produisait des quantités équivalentes de
cyclohexane et de cyclohexène, sur solide massique, le cyclohexane est le composé
majoritairement formé (environ 53 %mol. de sélectivité), alors que le cyclohexène est produit
en bien plus faibles proportions (41 %mol. sur NiMo/Al2O3 contre 12 %mol. sur NiMoS Ref).
De plus, la réaction d’isomérisation du cyclohexane en methylcyclopentane est bien plus
importante sur solide massique (environ 6 %mol.) que sur catalyseur supporté (moins de
1 %mol.). Ce résultat semble indiquer que le catalyseur massique serait plus acide que le
catalyseur supporté, ce qui est en contradiction avec ce qui avait été noté lors de la réaction de
l’acide décanoïque.
Les dimères sont aussi présents en quantités plus importantes sur catalyseur massique
que sur catalyseur supporté. En particulier, la production des 1-cyclohexyl-x-methylbenzène
est beaucoup plus importante sur le solide NiMoS Ref (environ 11 %mol.) que sur le catalyseur
supporté (2 %mol.). Ces produits sont issus de la réaction entre le cyclohexène et le solvant
(toluène). Cette différence pourrait également être expliquée par une acidité plus importante
de la phase sulfure puisque cette réaction implique la protonation du cyclohexène. Cela
expliquerait aussi en partie pourquoi la proportion de cyclohexène est plus faible sur le
NiMoS Ref.
Tableau 50 : Transformation du phénol sur catalyseurs sulfures supporté
(NiMo/Al2O3) et massique (NiMoS Ref). Sélectivités en produits formés (340 °C,
4 MPa, en présence de 1,3 %pds. de DMDS, ttravail : 6 h)
NiMo/Al2O3 NiMoS Ref
Temps de contact (min) 0,56 3,69
Conversion (%) 19,0 10,5
Sélectivités Benzène 5,7 11,1
(%mol.) Cyclohexène 40,9 11,8
Cyclohexane 43,1 52,7
Methylcyclopentane 0,7 5,8
Bicyclohexyl 0,7 0,2
Phenylcyclohexane 2,5 0,5
1-cyclohexyl-x-methylbenzène 2,0 11,3
y-cyclohexylphénol 4,4 6,6
Rapports HYD / DOD 14,9 6,3
Chapitre 4 : Désoxygénation de composés modèles sur catalyseurs NiMoS massiques
179
Les sélectivités dans les voies de transformation du phénol sur catalyseur supporté et
massique sont illustrées en Figure 94. La voie HYD est majoritaire sur les deux catalyseurs.
Toutefois, la sélectivité en voie HYD est plus importante sur catalyseur supporté (85 %mol.)
que sur catalyseur massique (70 %mol.). Aussi, sur ce catalyseur, la production de benzène,
seul produit de la voie DOD, est légèrement plus favorable que sur catalyseur supporté, ce qui
conduit à une diminution du rapport HYD / DOD entre le NiMo/Al2O3 (14,9) et le
NiMoS Ref (6,3). De plus, sur ce dernier, la voie de dimérisation est plus représentée
(19 %mol.).
Figure 94 : Histogrammes des sélectivités dans les voies de transformation du
phénol sur catalyseur supporté NiMo/Al2O3 et massique NiMoS Ref (tcontact :
0,16 min, 340 °C, 4 MPa, en présence de 1,3 %pds. de DMDS, ttravail : 6 h)
II. Synthèses de catalyseurs massiques en
présence de liquide ionique
L’étude précédente a permis d’évaluer les performances catalytiques d’un solide
massique en transformation de deux composés oxygénés. Ces résultats serviront de référence
afin de comparer les performances en hydrodésoxygénation de plusieurs solides de type
NiMoS. Ces solides ont été synthétisés en présence de diverses quantités de liquide ionique, le
[BMIM][NTf2], servant ici d’agent structurant pour les phases sulfures. Dans cette partie, la
méthode de synthèse utilisée afin de produire les différents solides NiMoS, synthèse mise au
point et effectuée par l’équipe « Chalcogénures et Verres » de l’Institut Charles Gerhardt de
Montpellier, sera tout d’abord détaillée. Les différents solides obtenus ont ensuite été
caractérisés, à Montpellier ainsi qu’à Poitiers. Enfin, ces différents solides ont uniquement été
Chapitre 4 : Désoxygénation de composés modèles sur catalyseurs NiMoS massiques
180
testés en hydrodésoxygéntion de l’acide décanoïque au sein du laboratoire, les quantités de
solides reçues ayant été trop faibles.
II.1. Synthèse des différents catalyseurs massiques
structurés par ajout de liquide ionique
Les synthèses des catalyseurs massiques structurés ont été réalisées au sein de l’institut
Charles Gerhardt de Montpellier par Mme Géraldine Leyral, au cours de sa thèse [108]. Un
agent structurant, un liquide ionique, le [BMIM][NTf2] (ou
Bis(trifluoromethanesulfonyl)imide de 1-butyl-3-méthylimmidazolium) a été utilisé afin de
réaliser la synthèse de tels solides.
Les synthèses sont réalisées sous argon, à 23 °C, et dans des solvants dégazés
20 minutes au préalable. Les réactifs (4 mmol de (NH4)2MoS4 et de Ni(NO3)2.6H2O) sont
broyés puis dissous séparément dans 40 mL de formamide. Le liquide ionique est
éventuellement ajouté, puis la solution de nitrate de nickel est versée dans celle de
tétrathiomolybdate d’ammonium. La réaction est immédiate, et conduit à la formation d’un
produit de couleur noire. Le milieu est alors laissé sous atmosphère inerte pendant une
semaine à 6 °C. Par la suite, le milieu réactionnel est centrifugé à 5600 tours par minute
pendant au moins une heure, jusqu’à formation d’un culot. Ces culots sont alors lavés trois
fois avec de l’eau distillée, afin d’éliminer toute trace de réactif, puis trois fois avec de
l’éthanol absolu, afin de faciliter l’étape de séchage. Pour chaque lavage, 15 mL de solvant de
lavage sont introduits dans le tube contenant le culot puis ce dernier est centrifugé pendant 1
heure (ou plus si nécessaire) à 5600 tours par minute. Le produit est alors séché sous vide
primaire pendant 24 heures, puis il subit un traitement thermique sous atmosphère inerte, à
500 °C (rampe de 1 °C min-1) pendant 2 heures avant retour à température ambiante à
1 °C min-1. Le Tableau 51 regroupe les solvants et rapports molaire entre réactif et liquide
ionique utilisés.
Dans le cas de la synthèse effectuée avec un rapport molaire réactif : liquide ionique de
1:100, 2,7 mmol (au lieu des 4 mmol) de réactif sont introduits chacun dans 40 mL de liquide
ionique et 2 mL de formamide. L’objectif était de réaliser la synthèse uniquement dans le
liquide ionique, cependant, en absence de solvant, les deux réactifs ne se solubilisaient pas.
Chapitre 4 : Désoxygénation de composés modèles sur catalyseurs NiMoS massiques
181
Tableau 51 : Quantités de [BMIM][NTf2] ajoutées lors des diverses synthèses
Solvant Rapport molaire
réactif : liquide ionique
Volume de liquide ionique ajouté
(en mL)
Formamide
1:0 0
1:0,5 0,6
1:1 1,2
1:10 11,7
La Figure 95 regroupe le protocole expérimental suivi afin de réaliser les catalyseurs
NiMoS avec ajout d’agent structurant.
Figure 95 : Principe de synthèse des catalyseurs NiMoS structuré par ajout de
liquide ionique [108]
Durant sa thèse, Géraldine Leyral [108] a vérifié plusieurs paramètres au cours de la
synthèse de ces matériaux. Un temps plus élevé et une température de vieillissement plus
grande n’ont eu aucun impact ni sur la nature des composés, ni sur leur morphologie.
Toutefois, le traitement thermique est nécessaire afin de former les phases mixtes de sulfure
de molybdène promues par le nickel. Cette synthèse a donc servi à concevoir cinq solides
différents de type NiMoS. En plus d’un solide formé en absence de liquide ionique, quatre
rapports différents entre réactifs et liquide ionique ont été produits. Ces cinq solides seront
nommés, dans la suite de ce chapitre, par rapport à ce rapport réactif - liquide ionique
(« NiMoS 1:0 », « NiMoS 1:0,5 », « NiMoS 1:1 », « NiMoS 1:10 » et « NiMoS 1:100 »).
Chapitre 4 : Désoxygénation de composés modèles sur catalyseurs NiMoS massiques
182
II.2. Caractérisations
Les solides massiques NiMoS synthétisés précédemment ont été caractérisés. Celles-ci
ont été effectuées conjointement à Montpellier et à Poitiers. L’analyse XPS a quant à elle été
réalisée à l’UCCS de Lille.
II.2.1. Analyse globale
La surface spécifique ainsi que les teneurs en carbone, soufre, molybdène et nickel de
l’ensemble des catalyseurs synthétisés à Montpellier sont reportés dans le Tableau 52.
Tableau 52 : Analyse globale des catalyseurs synthétisés
Catalyseur Surface spécifique
(m² g-1)(a) [108]
Composition chimique (%pds.) Rapport molaire
C(b) S(b) Mo(c) Ni(c) Ni/(Ni+Mo)
NiMoS Ref 7,5 0,5 34 36,2 9,1 0,29
NiMoS 1:0 <1 2,5 35 24,8 4,7 0,24
NiMoS 1:0,5 <1 7,2 30 29,0 10,3 0,37
NiMoS 1:1 15 6,5 34 32,9 7,9 0,28
NiMoS 1:10 6 6,2 38 38,5 8,3 0,26
NiMoS 1:100 15 7,1 35 - - - (a) : déterminé par adsorption d’azote à partir de (P/Po)/Va*(1-P/Po)]=f(P/Po), sur les points 0,05 < P/Po < 0,35 [108] (b) : déterminé par analyse élémentaire (c) : déterminé par fluorescence X
Les surfaces BET mesurées des solides synthétisés sans et avec la plus faible quantité
de liquide ionique testée (NiMoS 1:0 et 1:0,5) sont inférieures à 1 m² g-1. L’ajout d’une plus
grande quantitée de liquide ionique permet de générer de la surface spécifique, celle-ci
pouvant atteindre 15 m² g-1. Ces surfaces spécifiques sont équivalentes à ce qui peut se
trouver dans la littérature pour la formation de solides massiques de type NiMoS
[160,185,186].
Les solides formés à Montpellier sont plus riches en carbone que le catalyseur de
référence. Sans ajout de liquide ionique, ce taux de carbone est déjà égal à 2,5 %, contre
0,5 % pour la synthèse de référence. De plus, l’utilisation de liquide ionique, quelle que soit la
quantité utilisée au cours de la synthèse, conduit à une augmentation du taux de carbone à
Chapitre 4 : Désoxygénation de composés modèles sur catalyseurs NiMoS massiques
183
environ 7 %. Le carbone provient du solvant et du liquide ionique piégé au sein des
matériaux, au cours du traitement thermique. Le taux de soufre est, quant à lui, constant sur
l’ensemble des solides produits et est proche des γη %.
La quantité de molybdène dans les synthèses effectuées à Montpellier semble liée à la
quantité de liquide ionique utilisé au cours de la synthèse. En effet, plus la quantité de liquide
ionique utilisée est importante, plus le solide formé contient du molybdène. Le rapport
Ni/(Ni+Mo) des solides synthétisés à Montpellier est voisin de 0,3. La synthèse effectuée sans
liquide ionique est légèrement en-dessous de cette valeur, tandis que le NiMoS 1:0,5 a la plus
forte teneur en nickel conduisant au rapport Ni/(Ni+Mo) le plus élevé (0,37). Ces valeurs de
rapport Ni/(Ni+Mo) sont celles qui sont connues pour conduire aux phases sulfures les plus
performantes en hydrotraitement [39-41].
II.2.2. Analyse structurale
Les diffractogrammes obtenus pour l’ensemble des synthèses effectuées à Montpellier
sont représentés en Figure 96 [108].
Figure 96 : Diffractogramme des catalyseurs massiques NiMoS synthétisés à
Montpellier. Comparaison avec les diffractions relatives pour les phases MoS2
( ; référence JCPDS : 010751539) et NiS ( ; référence JCPDS : 010771624)
[108]
Ces diffractogrammes sont similaires, quelle que soit la quantité de liquide ionique
ajouté au cours de la synthèse. Deux phases cristallines ont été identifiées : des phases MoS2
et des phases NiS.
Chapitre 4 : Désoxygénation de composés modèles sur catalyseurs NiMoS massiques
184
Le pic à β = 14° correspond au plan (00β) des phases MoS2 et est représentatif de
l’empilement des feuillets [187]. Cependant, il n’a pas été possible ici de déterminer cet
empilement à l’aide de ces données, à cause de la mauvaise résolution des diffractogrammes
obtenus. L’accès au taux d’empilement moyen des feuillets sera donc déterminé par comptage
de particules, à partir de la microscopie électronique à transmission.
La Figure 97 présente les spectres Raman de deux des solides synthétisés à Montpellier.
Ces deux spectres sont similaires pour de faibles longueurs d’ondes, et sont caractéristiques
d’une structure de type MoS2. Avec l’ajout de liquide ionique, pour des longueurs d’ondes
comprises autour des 1500 cm-1, des bandes caractéristiques du carbone issu du liquide
ionique sont observées.
Figure 97 : Spectres Raman des solides NiMoS 1:0 et 1:10 [108]
Des clichés pris par microscopie à balayage sont présentés dans la Figure 98 [108]. Les
solides NiMoS 1:0 et 1:0,5 ont des morphologies similaires, à savoir un gel massif non
poreux, ces solides présentant une faible surface spécifique (Tableau 52). Les NiMoS 1:1
et 1:100 ont une morphologie différente, avec formation de nanoparticules de quelques
dizaines de nanomètres. Le NiMoS 1:10 présente des particules sphériques de l’ordre de la
centaine de nanomètres. Ainsi, avec l’ajout de liquide ionique, la structure des solides évolue,
et ce en fonction de la quantité de liquide ionique ajouté au cours de la synthèse.
Aussi, sur tous les solides synthétisés, des cristaux de NiS ont été détectés (comme
illustré par exemple dans la Figure 98 (D)). Ces cristaux sont de tailles variables, pouvant
Chapitre 4 : Désoxygénation de composés modèles sur catalyseurs NiMoS massiques
185
aller jusqu’à plus d’1 µm. Ceci confirme ce qui avait été vu précédemment sur les
diffractogrammes obtenus pour ces synthèses (Figure 96).
Figure 98 : Clichés MEB des différentes solides NiMoS synthétisés à Montpellier
(NiMoS 1:0 (A) ; NiMoS 1:0,5 (B) ; NiMoS 1:1 (C) ; NiMoS 1:10 (D) ;
NiMoS 1:100 (E)) [108]
Les échantillons ont été analysés par microscopie électronique à transmission. A titre
d’exemple, des clichés sont présentés en Figure 99. Ici aussi, des particules de NiS ont été
détectées sur toutes les synthèses effectuées à Montpellier (comme illustré en Figure 99 (A),
pour l’exemple de la synthèse effectuée en absence d’agent structurant).
Chapitre 4 : Désoxygénation de composés modèles sur catalyseurs NiMoS massiques
186
Figure 99 : Clichés MET des différents solides synthétisés (grossissement
x50000 : NiMoS 1:0 (A) ; grossissement x300000 NiMoS 1:0 (B) NiMoS 1:0,5
(C) ; NiMoS 1:1 (D) ; NiMoS 1:10 (E) ; NiMoS 1:100 (F))
Chapitre 4 : Désoxygénation de composés modèles sur catalyseurs NiMoS massiques
187
Par comptage de particules (environ 500 particules pour chacun des catalyseurs), la
longueur et le taux d’empilement moyen des feuillets ont pu être déterminés (Tableau 53). Ce
comptage de particules a permis d’établir des histogrammes sur la répartition des feuillets
selon leur taille (Figure 100) et selon leur taux d’empilement (Figure 101).
Aussi, par analyse dispersive en énergie, il a aussi été possible d’accéder à la teneur
métallique des feuillets de NiMoS. Ces analyses ont été réalisées en prenant soin de ne pas
analyser les zones riches en particules de NiS. Le résultat de ces analyses est présenté dans ce
même Tableau 53.
Tableau 53 : Taille, taux d’empilement moyen et teneurs en métaux des feuillets à la surface des catalyseurs sulfures massiques déterminés par microscopie
électronique à transmission
Catalyseur Taille moyenne
(nm)
Taux d’empilement moyen
Rapports molaires
Ni/Mo Ni/(Ni+Mo)
NiMoS Ref 6,6 ± 3,4 3,3 ± 1,6 0,44 0,29
NiMoS 1:0 6,7 ± 3,0 3,8 ± 1,4 0,32 0,23
NiMoS 1:0,5 6,7 ± 3,2 3,5 ± 1,6 0,41 0,29
NiMoS 1:1 6,1 ± 3,0 2,7 ± 1,2 0,47 0,32
NiMoS 1:10 7,1 ± 3,5 3,2 ± 1,4 0,42 0,30
NiMoS 1:100 6,4 ± 2,9 3,4 ± 1,3 0,40 0,28
La taille moyenne des particules sur l’ensemble des solides synthétisés à Montpellier
sont proches sur tous les solides formés, avec des moyennes comprises entre 6,1 et 7,1 nm. Le
taux d’empilement moyen semble également peu affecté par l’ajout de liquide ionique au
cours de la synthèse.
Aussi, hormis pour la synthèse effectuée dans le formamide sans ajout d’agent
structurant, toutes les synthèses ont des rapports Ni/(Ni+Mo) observés par analyse dispersive
en énergie équivalents et proches de 0,3. Ces valeurs correspondent à celles qui avaient été
détectées après analyse par fluorescence X (Tableau 52).
Chapitre 4 : Désoxygénation de composés modèles sur catalyseurs NiMoS massiques
188
Figure 100 : Histogrammes de la répartition des feuillets selon leur taille sur
catalyseurs sulfures déterminé par MET. Légende : (A) : NiMoS Ref, (B) : NiMoS
1:0, (C) : NiMoS 1:0,5, (D) : NiMoS 1:1, (E) : NiMoS 1:10, (F) : NiMoS 1:100
Chapitre 4 : Désoxygénation de composés modèles sur catalyseurs NiMoS massiques
189
Figure 101 : Histogrammes de la répartition des feuillets selon leur taux
d’empilement sur catalyseurs sulfures déterminé par MET. Légende : (A) :
NiMoS Ref, (B) : NiMoS 1:0, (C) : NiMoS 1:0,5, (D) : NiMoS 1:1, (E) : NiMoS 1:10,
(F) : NiMoS 1:100
Chapitre 4 : Désoxygénation de composés modèles sur catalyseurs NiMoS massiques
190
II.2.3. Analyse de la nature des espèces présentes en surface
(XPS)
Des caractérisations XPS ont aussi été effectuées sur ces solides massiques. Par
décomposition des spectres correspondant au Ni 2p3/2, la composition chimique des espèces
Ni situées en surface de l’échantillon ont été identifiées et quantifiées. Le sulfure de nickel
monométallique, la phase mixte et l’oxyde de nickel ont tous trois été détectés sur l’ensemble
des solides synthétisés à Montpellier.
Les analyses quantitatives obtenues à partir de ces spectres sont reportées dans le
Tableau 54. Globalement, l’ensemble des synthèses effectuées en présence de liquide ionique
ont des taux de promotion supérieurs au solide de référence. Les taux de sulfuration observés
sur les solides synthétisés en présence de liquide ionique ont de meilleurs taux de sulfuration
que le solide de référence, hormis pour la synthèse NiMoS 1:100. Aussi, la présence de
sulfure monométallique de nickel est moins importante sur les solides synthétisés à
Montpellier présence de liquide ionique, excepté pour la synthèse NiMoS 1:10 qui montre un
taux de sulfure de nickel relativement élevé (39 %). Cependant, comme les phases NiSx et
NiMoS ont des énergies de liaison très proches (comprises entre 852 et 860 eV), il est souvent
difficile de les séparer. Ici, la phase NiSx semble peu représentée, alors que les analyses DRX,
MEB et MET ont permis d’observer des cristaux de NiSx. Les résultats obtenus par XPS sont
donc probablement peu précis en ce qui concerne la répartition entre phase NiMoS et phase
NiSx, il semble donc difficile de conclure quant à l’effet du liquide ionique sur le taux de
promotion du nickel de la phase sulfure MoS2.
Tableau 54 : Analyse quantitative XPS des sulfures NiMoS
Catalyseur Phase Ni2+ oxyde
(%pds.) Phase NiMoS (%pds.) Phase NiSx (%pds.)
NiMoS Ref 21 45 34 NiMoS 1:0 35 65 <1
NiMoS 1:0,5 7 89 4
NiMoS 1:1 14 74 12
NiMoS 1:10 15 46 39
NiMoS 1:100 29 62 9
Chapitre 4 : Désoxygénation de composés modèles sur catalyseurs NiMoS massiques
191
II.3. Mesure d’activités en transformation de l’acide
décanoïque
Les différents solides synthétisés à Montpellier ont été testés en désoxygénation de
l’acide décanoïque. Aucun test catalytique n’a été effectué en transformation du phénol avec
ces solides. En effet, les quantités de solides synthétisés ne permettaient pas de pouvoir
envisager des tests catalytiques en transformation de ce composé moins réactif que l’acide,
qui nécessite donc l’utilisation de masses de solides plus importantes.
Dans un premier temps, l’évolution de l’activité totale et de la sélectivité en
hydrocarbures en transformation de l’acide décanoïque sur catalyseurs massiques NiMoS est
illustré Figure 102 et Tableau 55. Pour tous les solides, les activités ont été mesurées pour des
conversions en acide décanoïque comprises entre 16 et 23 %. La synthèse du catalyseur de
référence est celui qui est le plus actif, au moins deux fois plus que les solides synthétisés à
Montpellier. L’ajout de liquide ionique en quantités suffisantes (rapport supérieur ou égal à
1:1) permet tout de même d’augmenter l’activité catalytique de ces solides. Cet ajout de
liquide ionique entraîne aussi une meilleure sélectivité en hydrocarbures (Figure 102 (B)),
sélectivité supérieure à celle observée sur le catalyseur de référence.
Figure 102 : Activités totale (A) et sélectivités en hydrocarbures (B) en
transformation de l’acide décanoïque sur catalyseurs massiques de type NiMoS en fonction du temps de travail (340 °C, 4 MPa, en présence de 1,3 %pds. de
DMDS). Temps de contacts utilisés : NiMoS Ref : 0,16 min, NiMoS 1:0 : 0,72 min,
NiMoS 1:0,5 : 0,91 min, NiMoS 1:1 : 0,37 min, NiMoS 1:10 : 0,41 min, NiMoS
1:100 : 0,26 min
Chapitre 4 : Désoxygénation de composés modèles sur catalyseurs NiMoS massiques
192
Tableau 55 : Activités en transformation de l’acide décanoïque sur catalyseurs massiques NiMoS (340 °C, 4 MPa, en présence de 1,3 %pds. de DMDS, ttravail : 6 h)
Ref 1:0 1:0,5 1:1 1:10 1:100
Temps de contact (min) 0,16 0,72 0,91 0,37 0,41 0,26
Conversion (%) 23,0 18,2 19,3 18,5 15,5 18,6
Activités (mmol h-1 gcata-1) 128 21,2 17,9 42,5 31,3 60,7
(mmol h-1 m-2) 17,0 -(a) -(a) 2,8 5,2 4,0
(mmol h-1 At. Mo-1) (x10-21) 56,0 13,6 9,8 20,6 13,0 -(b)
Rapport HDO / DEC 0,5 0,3 0,9 0,4 0,3 0,4 (a) : non calculée car surface spécifique inférieure à 1 m² g-1 (b) : non calculée car teneur en Mo non déterminée
Sur l’ensemble des synthèses effectuées à Montpellier, un léger phénomène d’activation
des catalyseurs est visible sur la transformation totale de l’acide décanoïque et sur le
rendement en hydrocarbures. Les tests catalytiques effectués sur ces synthèses ont été
effectués sans sulfuration in situ, le phénomène d’activation observé ici pourrait être dû à une
sulfuration des solides en cours de test catalytique. En effet, comme observé par analyse XPS,
il reste une certaine quantité d’oxyde à la surface de ces solides.
Les sélectivités en composés oxygénés, soufrés et en hydrocarbures en transformation
de l’acide décanoïque sur l’ensemble des catalyseurs massiques testés sont illustrées dans la
Figure 103 (A). Aucun nouveau composé n’a été détecté en présence des solides massiques
formés à l’aide de liquide ionique par rapport à ceux identifiés au préalable.
Figure 103 : Histogrammes des sélectivités en nature des produits (A) et dans
les voies de transformation (B) de l’acide décanoïque sur catalyseurs massiques NiMoS (340 °C, 4 MPa, en présence de 1,3 %pds. de DMDS, ttravail : 6 h)
Les catalyseurs NiMoS 1:0 et 1:0,5 sont moins performants que le solide de référence
pour produire des hydrocarbures. Le NiMoS 1:0,5 est le seul solide à être plus sélectif en
Chapitre 4 : Désoxygénation de composés modèles sur catalyseurs NiMoS massiques
193
composés soufrés (62 %mol.) qu’en hydrocarbures. Les autres synthèses effectuées en présence
de liquide ionique permettent d’obtenir de meilleures sélectivités en hydrocarbures que le
solide de référence. Cette sélectivité en hydrocarbures est comprise entre 70 %mol. (pour le
NiMoS 1:10) et 78 %mol. (pour le NiMoS 1:1).
Les deux solides synthétisés en absence de liquide ionique (NiMoS Ref et NiMoS 1:0)
présentent des sélectivités similaires concernant les voies de transformation de l’acide
décanoïque, notamment en voie DEC (proche de 58 %) (Figure 103 (B)). Le catalyseur
NiMoS 1:0,η a des sélectivités particulières, ce solide favorise la formation d’autres produits,
notamment du thioester. Les trois autres synthèses effectuées en présence de liquide ionique
ont des sélectivités dans la voie DEC supérieures à ce qui avait été observé sur le catalyseur
de référence, avec une valeur proche des 70 %mol. sur ces trois solides, qui pourrait être
expliquée par une promotion de la phase sulfure plus importante.
L’utilisation d’un liquide ionique lors de la synthèse de NiMoS massique semble avoir
peu d’influence sur l’activité en désoxygénation de l’acide décanoïque.
III. Synthèse de catalyseurs massiques :
influence de la nature du solvant
Afin de vérifier s’il était possible de transposer la technique de synthèse précédemment
présentée dans un solvant non toxique et « vert », un nouveau solide a été synthétisé dans
l’eau, en absence de liquide ionique. L’influence de ce changement de solvant sur la nature du
produit formé (nommé « NiMoS Eau ») ainsi que sur ses performances catalytiques sont
détaillés dans cette troisième partie, en conservant comme références le NiMoS synthétisé
dans le formamide (appelé « NiMoS 1:0 » dans la partie précédente, et qui sera nommé
« NiMoS Formamide » ici) ainsi que le NiMoS synthétisé à Poitiers (toujours noté
« NiMoS Ref »).
III.1. Synthèse du catalyseur massique dans le solvant
eau
La synthèse de catalyseur massique dans le solvant eau a aussi été réalisée au sein de
l’institut Charles Gerhardt de Montpellier par Mme Géraldine Leyral, au cours de sa thèse
[108]. Pour cela, le même mode opératoire que celui décrit précédemment (II.1. page 180) a
Chapitre 4 : Désoxygénation de composés modèles sur catalyseurs NiMoS massiques
194
été utilisé en remplaçant le formamide par l’eau. Aucun autre agent structurant n’a été ajouté
au cours de cette synthèse. Toutefois, si les synthèses effectuées dans le formamide devaient
être réalisées sous argon, dans l’eau, il est possible de travailler sous air, les réactifs ne
s’oxydant pas dans ce solvant.
III.2. Caractérisations
Le solide massique NiMoS synthétisé précédemment a été caractérisé à Montpellier et à
Poitiers. Ces caractérisations sont comparées à celles obtenues dans le cas de la synthèse
effectuée dans le formamide ainsi qu’à celles du solide de référence.
III.2.1. Analyse globale
Les surfaces spécifiques et teneurs en carbone, soufre, molybdène et nickel sont
présentés dans le Tableau 56. Le solide synthétisé dans l’eau a une surface spécifique égale à
76 m² g-1. Cette valeur est très élevée, surtout pour un solide de type NiMoS, où de telles
surfaces spécifiques n’ont été dépassées que dans le cas de synthèses effectuées par voie
hydrothermale (200 m² g-1) [188] ou bien par formation d’aérogels (γη0 m² g-1) [104].
Logiquement, aucune trace de carbone n’a été détectée sur le NiMoS synthétisé dans
l’eau (Tableau 56). La teneur en soufre est similaire sur les trois catalyseurs synthétisés. Les
teneurs en métaux sont légèrement inférieures lorsque la synthèse est effectuée dans l’eau par
rapport à celles observées sur le solide de référence. Toutefois, le rapport molaire Ni/(Ni+Mo)
est de 0,33 sur le solide synthétisé dans l’eau, proche de celui observé sur le NiMoS Ref
(0,29).
Tableau 56 : Analyse globale des catalyseurs synthétisés
Catalyseur Surface spécifique
(m² g-1)(a) [108]
Composition chimique
(%pds.)
Rapport
molaire
C(b) S(b) Mo(c) Ni(c) Ni/(Ni+Mo)
NiMoS Ref 7,5 0,5 34 36,2 9,1 0,29
NiMoS Formamide <1 2,5 35 24,8 4,7 0,24
NiMoS Eau 76 <0,0
1
35 28,9 8,6 0,33
(a) : déterminé par adsorption d’azote à partir de (P/Po)/Va*(1-P/Po)]=f(P/Po), sur les points 0,05 < P/Po < 0,35 [108]
(b) : déterminé par analyse élémentaire
(c) : déterminé par fluorescence X
Chapitre 4 : Désoxygénation de composés modèles sur catalyseurs NiMoS massiques
195
III.2.2. Analyse structurale
Les solides formés dans le formamide et l’eau ont été observés par microscopie
électronique à balayage (Figure 104) [108]. Alors que, sous formamide, la phase NiMoS se
présentait sous la forme d’un gel massif ne présentant aucune porosité, sous eau, le solide
formé montre une certaine porosité inter-grains, ce qui est en accord avec les surfaces
spécifiques mesurées (inférieure à 1 m² g-1 pour le NiMoS Formamide contre 76 m² g-1 pour
le NiMoS Eau). Des cristaux de NiS ont aussi été observés au cours de l’analyse, d’une taille
proche du micromètre, sur les deux matériaux.
Figure 104 : Clichés MEB des différentes solides NiMoS synthétisés à Montpellier
dans le formamide (A) et dans l’eau (B) [108]
Des clichés pris par microscopie électronique à transmission sont illustrés dans la
Figure 105, pour les synthèses effectuées dans le formamide et dans l’eau.
Par comptage de particules (environ 500 particules pour chacun des catalyseurs), la
longueur et le taux d’empilement moyen des feuillets ont pu être déterminés (Tableau 57). Ce
comptage de particules a permis d’établir des histogrammes sur la répartition des feuillets
selon leur taille (Figure 106) et selon leur taux d’empilement (Figure 107).
Chapitre 4 : Désoxygénation de composés modèles sur catalyseurs NiMoS massiques
196
Figure 105 : Clichés MET de catalyseurs NiMoS synthétisés dans le formamide
(A) et dans l’eau (B)
Tableau 57 : Taille, taux d’empilement moyen et teneurs en métaux des feuillets à la surface des catalyseurs sulfures massiques déterminés par microscopie
électronique à transmission
Catalyseur Taille moyenne
(nm)
Taux d’empilement moyen
Rapports molaires
Ni/Mo Ni/(Ni+Mo)
NiMoS Ref 6,6 ± 3,4 3,3 ± 1,6 0,44 0,29
NiMoS Formamide 6,7 ± 3,0 3,8 ± 1,4 0,32 0,23
NiMoS Eau 6,8 ± 2,7 4,5 ± 1,7 0,15 0,13
L’utilisation de l’eau en lieu et place du formamide ne change pas la longueur moyenne
des feuillets. Toutefois, ceux-ci présentent un taux d’empilement légèrement plus important
(4,5 contre 3,8 pour le solide produit dans le formamide).
Aussi, les analyses dispersives en énergie réalisées montrent que les rapports
Ni/(Ni+Mo) observés pour le solide formé dans l’eau est nettement inférieur à la synthèse
réalisée dans le formamide. Ce rapport sur NiMoS Eau obtenu par analyse dispersive en
énergie (0,13) est inférieur à ce qui avait été observé par analyse par fluorescence X (0,24),
indiquant potentiellement une plus forte quantité de NiSx dans ce matériau, comme observé
par microscopie électronique.
Chapitre 4 : Désoxygénation de composés modèles sur catalyseurs NiMoS massiques
197
Figure 106 : Histogrammes de la répartition des feuillets selon leur taille sur
catalyseurs sulfures déterminé par MET. Légende : (A) : NiMoS Ref, (B) : NiMoS
Formamide, (C) : NiMoS Eau
Figure 107 : Histogrammes de la répartition des feuillets selon leur taux
d’empilement sur catalyseurs sulfures déterminé par MET. Légende : (A) :
NiMoS Ref, (B) : NiMoS Formamide, (C) : NiMoS Eau
Chapitre 4 : Désoxygénation de composés modèles sur catalyseurs NiMoS massiques
198
III.3. Mesure d’activités en transformation de composés
oxygénés modèles
Les performances catalytiques de ce solide NiMoS synthétisé dans l’eau ont été
mesurées en hydrodésoxygénation des deux molécules oxygénées étudiées dans le chapitre
précédent (acide décanoïque et phénol) puis comparées au catalyseur massique de référence
ainsi qu’au solide formé dans le formamide sans ajout d’agent structurant.
III.3.1. Transformation de l’acide décanoïque
L’évolution de l’activité totale et de la sélectivité en hydrocarbures en transformation de
l’acide décanoïque sur les trois solides massiques NiMoS est illustré Figure 108. Pour tous les
solides, les activités ont été mesurées pour des conversions en acide comprises entre 16 et
23 %. La synthèse effectuée dans l’eau permet de former le solide le plus actif en
transformation de l’acide décanoïque. Toutefois, celui-ci subit une désactivation plutôt
importante, en seulement 6 heures de temps de travail, son activité étant pratiquement divisée
par deux sur cet intervalle de temps.
Ce solide synthétisé dans l’eau présente aussi les meilleures sélectivités en
hydrocarbures (Figure 108 (B)). Cependant, il est à noter que cette sélectivité diminue, elle
aussi, en fonction du temps de travail (passant de 92 %mol. après 1 heure à 79 %mol. après 6
heures).
Figure 108 : Activité totale (A) et sélectivités en hydrocarbures (B) en
transformation de l’acide décanoïque sur catalyseurs massiques de type NiMoS en fonction du temps de travail (340 °C, 4 MPa, en présence de 1,3 %pds. de
DMDS). Temps de contacts utilisés : NiMoS Ref : 0,16 min, NiMoS Formamide :
0,72 min, NiMoS Eau : 0,06 min
Chapitre 4 : Désoxygénation de composés modèles sur catalyseurs NiMoS massiques
199
La désactivation observée au cours de la transformation de l’acide décanoïque sur
catalyseur massique synthétisé dans l’eau est différente selon la voie de transformation de
l’acide considérée (Figure 109). En effet, la voie DEC (conduisant au nonane et aux nonènes)
est bien plus affectée que la voie HDO (composés à 10 atomes de carbone). Ainsi, le rapport
HDO / DEC, d’une valeur de 0,β après 1 heure de réaction, augmente progressivement
jusqu’à 0,4 après θ heures de temps de travail sur le catalyseur NiMoS Eau.
Figure 109 : Evolution des rendements dans les différentes voies de
transformation de l’acide décanoïque au cours du temps de travail sur catalyseur massique NiMoS Eau (tcontact : 0,06 min, 340 °C, 4 MPa, en présence
de 1,3 %pds. de DMDS)
Les activités mesurées après 6 heures en transformation de l’acide décanoïque sur les
trois solides NiMoS sont récapitulées dans le Tableau 58.
Tableau 58 : Activités en transformation de l’acide décanoïque sur catalyseurs massiques NiMoS (340 °C, 4 MPa, en présence de 1,3 %pds. de DMDS)
NiMoS Ref NiMoS Formamide NiMoS Eau
Temps de contact (min) 0,16 0,72 0,06
Conversion (%) 23,0 18,2 15,5
Activités (mmol h-1 gcata-1) 128 21,2 (0,2)(a) 213 (1,8)(a)
(mmol h-1 m-2) 17,0 -(b) 2,8 (0,2)(a)
(mmol h-1 At. Mo-1) (x10-21) 56 13,6 (0,2)(a) 117 (2,1)(a) (a) : rapport entre l’activité du catalyseur massique considéré et l’activité du catalyseur massique NiMoS Ref (b) : non calculé car surface spécifique inférieure à 1 m² g-1
Le solide formé dans l’eau a une activité environ deux fois supérieure à celle du solide
de référence, que cette activité soit exprimée par unité de masse ou bien par atome de
Chapitre 4 : Désoxygénation de composés modèles sur catalyseurs NiMoS massiques
200
molybdène. Toutefois, par unité de surface, le catalyseur de référence reste le catalyseur le
plus actif. L’activité observée par unité de surface dans le cas de la synthèse effectuée dans
l’eau est dans le même ordre de grandeur (comprises entre β,θ et η,β mmol h-1 m-2) que pour
les synthèses effectuées avec liquide ionique (Tableau 55, page 192).
Les sélectivités en produits formés au cours de la transformation de l’acide décanoïque
sur les deux catalyseurs sont reportées Tableau 59 et Figure 110. Aucun nouveau composé n’a
été détecté en présence du solide massique formé dans l’eau.
Tableau 59 : Sélectivités en produits formés au cours de la transformation de
l’acide décanoïque sur catalyseurs sulfures massiques (340 °C, 4 MPa, en
présence de 1,3 %pds. de DMDS, ttravail : 6 h)
NiMoS Ref NiMoS Formamide NiMoS Eau
Temps de contact (min) 0,16 0,72 0,06
Conversion (%) 23,0 18,2 15,5
Sélectivités Décanal 6,1 8,1 5,8
(%mol.) 1-décanol 8,9 1,5 5,2
Décanoate de décyle 1,8 0,3 0,6
Didécyléther 0,2 0,5 0,3
Thiométhanoate de décyle 12,5 25,2 5,4
1-décanethiol 4,4 2,6 2,1
Décylméthylthioéther 1,6 0,1 0,1
1-nonanethiol 0,2 4,7 2,6
Nonylméthylthioéther 4,2 10,0 1,5
Décane 3,0 2,3 4,0
Décènes 4,2 1,5 8,9
Nonane 12,5 13,6 16,6
Nonènes 40,4 29,6 46,9
Rapport HDO / DEC 0,3 0,5 0,4
La quantité de composés oxygénés est plus importante sur le catalyseur massique de
référence (proche des 17 %mol.), par rapport aux synthèses effectuées dans le formamide
(environ 11 %mol.) ou dans l’eau (environ 1β %mol.), comme indiqué dans la Figure 110 (A).
Le catalyseur synthétisé dans l’eau permet aussi d’éviter la formation de composés
soufrés (12 %mol.), par rapport aux autres solides massiques testés ici. Le NiMoS Eau permet
d’avoir une meilleure décomposition du DMDS par rapport aux deux autres solides testés ici,
ce qui conduit à une formation en thiométhanoate de décyle et en thioéthers relativement
faible sur ce solide.
Chapitre 4 : Désoxygénation de composés modèles sur catalyseurs NiMoS massiques
201
Parmi les hydrocarbures formés, les nonènes sont les produits majoritaires sur les trois
catalyseurs testés, atteignant 47 %mol. de sélectivité dans le cas du solide synthétisé dans l’eau,
la formation de ces hydrocarbures étant très affectée par la désactivation de ce catalyseur.
La voie de décarbonylation est aussi la voie favorisée lorsque la transformation de
l’acide décanoïque est effectuée sur le solide synthétisé dans l’eau (Figure 110 (B)). Ce solide
est d’ailleurs plus sélectif dans cette voie de transformation que le catalyseur de référence,
avec des résultats, encore une fois, similaires à ceux observés précédemment sur les trois
synthèses de NiMoS en présence de liquide ionique (1:1, 1:10 et 1:100) (Figure 103 (B), page
192), indiquant probablement une bonne promotion par le nickel de la phase MoS2 de ce
solide.
Figure 110 : Histogrammes des sélectivités en nature des produits (A) et dans
les voies de transformation (B) de l’acide décanoïque sur catalyseurs massiques NiMoS (340 °C, 4 MPa, en présence de 1,3 %pds. de DMDS, ttravail : 6 h)
III.3.2. Transformation du phénol
L’activité en transformation du phénol en fonction du temps de travail, sur le catalyseur
de référence et sur le solide synthétisé dans l’eau sont illustrés Figure 111 et Tableau 60 . Le
solide synthétisé dans le formamide n’a pas été testé en transformation du phénol puisque les
quantités synthétisées fournies ne permettait pas de pouvoir envisager des tests catalytiques en
transformation de ce composé.
Le solide synthétisé dans l’eau est 4,η fois plus actif que celui de référence et 5,6 fois
plus actif par atome de molybdène (Tableau 60). En outre, contrairement à ce qui avait été
observé dans le cas de l’acide décanoïque (Figure 108, page 198), l’activité en transformation
du phénol est stable sur ce solide produit dans l’eau, sur les 7 heures de réaction. Une
explication possible est que le test catalytique, en présence du phénol, a été fait à un temps de
Chapitre 4 : Désoxygénation de composés modèles sur catalyseurs NiMoS massiques
202
contact plus élevé que celui utilisé pour la transformation de l’acide décanoïque, permettant
une décomposition totale du DMDS et donc une meilleure préservation de la phase sulfure.
Figure 111 : Activités en transformation du phénol sur catalyseurs massiques
NiMoS Ref et NiMoS Eau en fonction du temps de travail (340 °C, 4 MPa, en
présence de 1,3 %pds. de DMDS)
Tableau 60 : Activités en transformation du phénol sur catalyseurs massique
(340 °C, 4 MPa, en présence de 1,3 %pds. de DMDS)
NiMoS Ref NiMoS Eau
Activités (mmol h-1 gcata-1) 2,3 10,3 (4,5)(a)
(mmol h-1 m-2) 0,31 0,14 (0,4)(a)
(mmol h-1 At. Mo-1) (x10-21) 0,61 5,7 (5,6)(a) (a) : rapport entre l’activité du catalyseur NiMoS Eau et l’activité du catalyseur NiMoS Ref
Aucun nouveau produit n’a été identifié au cours de la transformation du phénol sur le
solide synthétisé dans l’eau (Tableau 61). Le détail des composés formés sur les deux
catalyseurs massiques testés ici montrent peu de différences. Toutefois, le solide synthétisé
dans l’eau permet de produire plus de cyclohexane (θβ %mol. contre 53 %mol. sur NiMoS Ref),
au détriment du cyclohexène et du benzène.
Au niveau des voies de transformation, aucune différence notable n’a été identifiée
entre le solide massique de référence et celui formé dans l’eau (Figure 112). La voie
hydrogénante est toujours la voie majoritaire (plus de 70 %mol.), et la production de dimères
est toujours aussi importante sur catalyseurs massiques (environ 20 %mol.).
Chapitre 4 : Désoxygénation de composés modèles sur catalyseurs NiMoS massiques
203
Tableau 61 : Sélectivités en produits formés au cours de la transformation du
phénol sur catalyseurs sulfures massiques (340 °C, 4 MPa, en présence de
1,3 %pds. de DMDS, ttravail : 6 h)
NiMoS Ref NiMoS Eau
Temps de contact (min) 3,69 2,00
Conversion (%) 10,5 21,9
Sélectivités Benzène 11,1 6,9
(%mol.) Cyclohexène 11,8 6,7
Cyclohexane 52,7 61,5
Methylcyclopentane 5,8 5,1
Bicyclohexyl 0,2 0,4
Phenylcyclohexane 0,5 0,5
1-cyclohexyl-x-methylbenzène 11,3 10,6
y-cyclohexylphénol 6,6 8,3
Rapports HYD / DOD 6,3 10,7
Figure 112 : Histogrammes des sélectivités dans les voies de transformation du
phénol sur catalyseurs massiques NiMoS (340 °C, 4 MPa, en présence de
1,3 %pds. de DMDS, ttravail : 7 h)
IV. Discussion
La comparaison entre catalyseur supporté et catalyseur massique de référence montre
que, comme attendu, l’utilisation d’un support permet d’optimiser au mieux les atomes de
molybdène qu’il contient, et qu’il est donc généralement plus actif qu’un catalyseur massique.
Cette différence est d’autant plus grande lorsque le composé est difficile à transformer. Ainsi,
la différence d’activité en transformation du phénol entre catalyseur supporté et catalyseur
Chapitre 4 : Désoxygénation de composés modèles sur catalyseurs NiMoS massiques
204
massique de référence est beaucoup plus élevée (égale à un facteur 12,5) que celle observée
en transformation de l’acide décanoïque (égale à un facteur 1,7).
Dans le formamide, l’utilisation du liquide ionique [BMIM][NTf2] comme agent
structurant de phase NiMoS a conduit à une augmentation de leur surface spécifique.
Cependant, cela n’a malheureusement pas permis d’augmenter l’activité en désoxygénation de
l’acide décanoïque de ces phases sulfures, par rapport au catalyseur massique de référence.
Le catalyseur massique synthétisé dans l’eau est quant à lui le catalyseur massique le
plus actif parmi tous les catalyseurs de ce type testés dans ces travaux, que ce soit en
transformation de l’acide décanoïque ou bien en transformation du phénol. Cette plus forte
activité peut sans doute être expliquée par sa plus grande surface spécifique, atteignant les
76 m² g-1 (contre 7,5 m² g-1 pour le solide de référence). L’ensemble des catalyseurs
synthétisés en absence ou en présence de liquide ionique, dans le formamide ou dans l’eau,
présentent des activités similaires en transformation de l’acide décanoïque lorsque celle-ci est
ramenée par unité de surface (entre 2,8 et 5,2 mmol h-1 m-² pour tous ces solides).
L’utilisation d’un support ne permet pas de produire de nouveaux produits, que ce soit
en transformation de l’acide décanoïque ou bien du phénol, indiquant que l’acidité du support
n’interfère pas sur la composition du mélange réactionnel. Sur d’autres molécules modèles, le
support était pourtant connu pour former de nouveaux composés. En effet, en transformation
du guaiacol, Bui et al. [92,157] avaient noté l’apparition de composés lourds dus à des
réactions acido-basiques sur les différents supports testés. En transformation du 2-
ethylphénol, le support alumine provoquait l’apparition de réactions d’isomérisation et de
dismutation [152].
En revanche, l’utilisation ou non d’un support conduit à une modification de la
sélectivité en transformation de composés oxygénés. Ainsi, lors de la transformation de
l’acide décanoïque, les catalyseurs NiMoS Ref, NiMoS 1:0 et NiMoS 1:0,5 ont montré une
sélectivité dans la voie DEC inférieure à celle observée sur le catalyseur supporté. Cette
baisse de sélectivité pourrait être attribuée à un degré de promotion du nickel moins important
de la phase MoS2 de ces catalyseurs massiques par rapport au catalyseur supporté, taux qui est
souvent difficile de mesurer, même par XPS. En effet, l’étude menée par Ruinart de Brimont
et al. [1θ0] en désoxygénation de l’heptanoate d’éthyle sur plusieurs catalyseurs massiques de
type NiMoS possédant des taux de promotions différents montre que la sélectivité dans la
voie DCO (équivalent de la voie DEC ici) augmente avec le taux de promotion. En effet, le
rapport HDO / DCO passe ainsi de 7,1 sur le solide NiMoS avec un rapport Ni/Mo de 0,1 à
Chapitre 4 : Désoxygénation de composés modèles sur catalyseurs NiMoS massiques
205
une valeur de rapport HDO / DCO égal à 0,6 pour le solide présentant un rapport Ni/Mo de
0,43. Cette diminution du rapport HDO / DCO peut être attribuée à une augmentation de la
promotion de la phase MoS2 par le nickel, mesurée par XPS.
Ainsi, le rapport HDO / DEC en désoxygénation de l’acide décanoïque pourrait être
utilisé pour déterminer le taux de promotion d’une phase CoMoS ou NiMoS. Les catalyseurs
synthétisés avec utilisation de liquide ionique en quantités suffisantes (au moins un
rapport 1:1) entraînent une augmentation de la sélectivité selon la voie DEC, semblant alors
indiquer que l’utilisation du liquide ionique, notamment en large excès, permet de favoriser
l’incorporation du nickel à l’intérieur des phases sulfures MoS2, favorisant sa promotion.
Cette augmentation de promotion n’a cependant pas pu être mise en évidence par analyse
XPS.
En présence du NiMoS Eau, la sélectivité dans la voie DEC est similaire à celle
observée sur catalyseur supporté ou sur les solides synthétisés avec excès de liquide ionique.
Ceci semble indiquer que la promotion de la phase MoS2 par le nickel est similaire sur tous
ces solides. Toutefois, c’est aussi le seul solide à présenter une très forte désactivation au
cours du test catalytique en transformation de l’acide décanoïque. Cette désactivation entraîne
une légère croissance du rapport HDO / DEC. Une explication possible serait que la
promotion des phases sulfures serait altérée au cours de la réaction par l’acide décanoïque,
augmentant ainsi le rapport HDO / DEC. Ce nickel pourrait alors se recomposer en phases
non promues à la surface du catalyseur, diminuant ainsi l’accessibilité aux phases mixtes et
diminuant du même coup l’activité globale du solide.
En transformation du phénol, le rapport entre les voies HYD et DOD est plus faible sur
catalyseurs massiques que sur catalyseur supporté. Cette diminution peut être corrélée avec
l’augmentation du taux d’empilement des feuillets observé sur les solides massiques par
rapport au catalyseur supporté. En effet, la voie HYD requiert soit au moins deux lacunes
adjacentes, soit l’implication des « brim sites » [55,57,75,79], sites totalement sulfurés
localisés probablement sur les bords des feuillets externes. Avec l’accroissement du taux
d’empilement des feuillets, la proportion de sites localisés sur les feuillets externes est
moindre, ce qui diminue cette activité dans la voie HYD et permet donc de diminuer le
rapport HYD / DOD sur catalyseur massique, comme cela a été proposé par Daage et
Chianelli [81] avec le modèle « Rim-Edge ».
Chapitre 4 : Désoxygénation de composés modèles sur catalyseurs NiMoS massiques
206
V. Conclusion
Différents catalyseurs massiques ont été synthétisés selon une méthode originale
développée par Mme Géraldine Leyral, au sein de l’Institut Charles Gerhardt de Montpellier.
Plusieurs solides NiMoS ont été obtenus, tous possédant des natures similaires mais des
morphologies différentes. Ces solides ont été testés en désoxygénation de deux composés
modèles, l’acide décanoïque et le phénol.
La mise en forme de ces phases NiMoS a permis notamment d’obtenir des solides
possédant des surfaces spécifiques différentes, celle-ci étant connue pour être un des facteurs
déterminants affectant l’activité des catalyseurs. Ainsi, plus le solide synthétisé possède une
surface spécifique élevée, plus son activité exprimée par unité de masse est élevée. Cette
augmentation de surface spécifique permet aussi de favoriser sensiblement, en transformation
de l’acide décanoïque, le taux de désoxygénation.
Les sélectivités dans les voies de transformation des deux composés oxygénés (acide
décanoïque et phénol) semblent permettre la description à la fois du degré de promotion de la
phase MoS2 par le nickel et également des différences de taux d’empilement des feillets
sulfures. Ainsi, l’acide décanoïque, molécule très réactive aussi bien sur les sites non promus
que sur les sites promus, permet de comparer les taux de promotion entre différents
catalyseurs selon le rapport entre les voies HDO et DEC. Plus celui-ci sera faible, plus les
phases actives seront promues. Le rapport HYD / DOD en transformation du phénol permet
quant à lui d’obtenir des informations sur des différences de taux d’empilement moyen des
feuillets de phase NiMoS. Plus le taux d’empilement sera élevé, moins la voie HYD sera
favorisée et donc le rapport HYD / DOD sera plus faible.
207
Conclusion générale
208
Conclusion générale
209
L’utilisation de biohuiles comme carburants provenant de la transformation de
différents types de biomasse (lignocellulosique, huile végétale, algue,...) est une alternative
intéressante aux produits pétroliers développée depuis quelques années par l’Union
Européenne. Cependant, le taux d’oxygène de ces biohuiles doit être fortement réduit avant
leur introduction dans le pool carburant. Cette réduction peut être effectuée par un procédé
appelé hydrodésoxygénation.
L’objectif de ces travaux était donc de déterminer précisément le mode de
transformation de différents composés oxygénés modèles de ceux présents dans ces biohuiles
(composés phénoliques, acides carboxyliques, aldéhydes) dans des conditions proches de
celles utilisées dans les procédés d’hydrotraitement au sein des raffineries (4 MPa de pression
totale et à 340 °C) sur catalyseurs sulfures. Pour cela, des solides présentant des phases à base
de molybdène promues ou non par du cobalt ou du nickel, soit supportés sur alumine, soit
sous forme massique ont été utilisés comme catalyseurs de désoxygénation. Ainsi, l’étude de
leurs principales propriétés catalytiques, à savoir leur activité, leur sélectivité et leur stabilité,
dans différentes conditions, notamment en présence ou en absence d’agents soufrés, a permis
d’accéder à des informations quant aux mécanismes réactionnels impliqués ainsi qu’à la
nature des sites actifs.
La désoxygénation de l’acide décanoïque s’effectue selon deux voies de transformation.
Une première voie, nommée voie d’hydrodésoxygénation (ou voie HDO), conduit à des
hydrocarbures à 10 atomes de carbone (décane et décènes) via des réactions d’hydrogénations
et de déshydratations. La seconde voie (nommée voie DEC) permet de former des
hydrocarbures à 9 atomes de carbone (nonane et nonènes) par décarbonylation de l’acide
décanoïque ou du décanal. Cette dernière voie est promue par l’ajout de cobalt ou de nickel
sur le catalyseur. Un intermédiaire commun à ces deux voies a été proposé, celui-ci pouvant
subir soit une addition d’hydrure menant aux produits de la voie HDO, soit une réaction
d’élimination conduisant aux produits de la voie DEC. Cette réaction d’élimination serait
favorisée par la présence de cobalt ou de nickel induisant une plus grande basicité des phases
sulfures.
Le phénol se transforme selon deux voies principales, la voie hydrogénante (notée
HYD) produisant des naphtènes (cyclohexane, cyclohexène, méthylcyclopentane) et la voie
de désoxygénation directe (notée DOD) conduisant uniquement au benzène. Sur tous les
catalyseurs testés, la voie HYD est la voie majoritaire de transformation. L’ajout de
promoteur permet de favoriser ces deux voies, toutefois, le cobalt favorise plutôt la voie DOD
Conclusion générale
210
tandis que l’ajout de nickel permet d’obtenir des catalyseurs très sélectifs vis-à-vis de la voie
HYD. Ces promoteurs agiraient directement sur la nature des sites actifs, le cobalt favorisant
la création de lacunes anioniques simples, alors que l’ajout de nickel augmenterait le nombre
de lacunes multiples à la surface des phases sulfures.
La nécessité de l’addition d’un agent sulfurant dans la charge réactionnelle a été
clairement montrée. En effet, cette addition permet d’augmenter significativement l’activité
en désoxygénation des catalyseurs utilisés, notamment sur les catalyseurs promus par le
cobalt ou le nickel. De plus, lors de la transformation de l’acide décanoïque, un effet de la
nature de l’agent sulfurant a été mis en évidence, l’hydrogène sulfuré étant plus efficace que
le diméthyldisulfure. Cette influence n’a cependant pas été observée dans le cas de la
transformation du phénol.
La désoxygénation de différents mélanges binaires (acide - aldéhyde, acide - phénol,
acide - CO, phénol - CO) a également été étudiée. Il a été montré que les acides carboxyliques
impactaient fortement la transformation des aldéhydes et des composés phénoliques, même si
ceux-ci sont plus réfractaires à la désoxygénation. Cet effet inhibiteur serait lié à une
compétition à l’adsorption de type Langmuir-Hinshelwood, celle-ci ne dépendant pas de la
longueur de la chaîne carbonée de l’acide carboxylique. Les catalyseurs promus sont par
ailleurs plus sensibles à la présence d’acide carboxylique en transformation du phénol que le
catalyseur non promu.
Afin de s’affranchir de l’effet du support, différents catalyseurs massiques de type
NiMoS ont été synthétisés, dans deux solvants (formamide et eau) et en présence d’un liquide
ionique, le Bis(trifluoromethanesulfonyl)imide de 1-butyl-3-méthylimmidazolium. Leurs
propriétés catalytiques ont ensuite été évaluées en transformation de l’acide décanoïque et du
phénol. Si l’ajout de liquide ionique comme agent structurant au cours de la synthèse ne
semble pas prometteur, les solides synthétisés dans l’eau présentent les activités les plus
élevées, celles-ci pouvant être attribuées, au moins en partie, à un effet de surface, ces solides
présentant des surfaces spécifiques relativement élevées.
Enfin, il a été proposé que les transformations des deux molécules oxygénées étudiées
(acide décanoïque et phénol) pourrait être utilisées comme réactions modèles permettant de
caractériser les phases sulfures, ces informations étant parfois difficiles à obtenir à partir des
techniques de caractérisation usuelles. Par exemple, le rapport HDO / DEC mesuré lors de la
transformation de l’acide décanoïque permettrait d’accéder au taux de promotion d’une phase
sulfure par le cobalt ou le nickel, la décarbonylation étant favorisée sur sites promus alors que
Conclusion générale
211
la voie HDO est nettement inhibée. Le rapport HYD / DOD observé en transformation du
phénol serait lié quant à lui à la morphologie du matériau, plus particulièrement au taux
d’empilement des feuillets de phase sulfure. En effet, plus l’empilement serait important, plus
ce rapport serait élevé.
Ces travaux de thèse ont clairement montré que les catalyseurs sulfures sont efficaces en
désoxygénation de molécules modèles présentant différentes fonctions (phénol, acide
carboxylique et aldéhyde), mais ils nécessitent pour cela la présence d’un agent sulfurant. Si
ces catalyseurs sont utilisés pour traiter des biohuiles, l’addition de charges pétrolières,
connues pour être relativement riches en composés organosoufrés, est donc indispensable.
Dans le cas contraire, c’est-à-dire lors du traitement de biohuiles seules, l’utilisation d’autres
catalyseurs doit être envisagée, les solides les plus prometteurs pourraient alors être les
borures ou bien les phosphures.
Par ailleurs, une méthode originale a permis de préparer dans l’eau des phases NiMoS
massiques qui présentent des activités importantes en désoxygénation. Il serait donc très
intéressant de supporter ces phases sur des solides présentant de grandes surfaces spécifiques,
afin d’améliorer encore leurs performances catalytiques, que ce soit pour une application en
hydrodésoxygénation ou bien en hydrodésulfuration.
212
213
Références bibliographiques
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