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Paras du génie Le magazine de l’amicale du 17 e Régiment du génie parachutiste n°37 - 1 er quadrimestre 2004 Membre de la Fédération Nationale des Associations Parachutistes (FNAP) DIEN BIEN PHU 13 mars - 7 mai 1954. Descendus du ciel, ils découvrirent l’enfer, où 56 jours durant, l’héroïsme, l’abnégation, le dépassement de soi, l’honneur des armes... les conduisirent au sacrifice suprême ou à la captivité .

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Parasdu génieLe magazine de l’amicale du

17e Régiment du génie parachutiste

n°37 - 1erquadrimestre 2004Membre de la Fédération Nationale

des Associations Parachutistes(FNAP)

DIEN BIEN PHU13 mars - 7 mai 1954.

Descendus du ciel,ils découvrirent l’enfer,

où 56 jours durant,l’héroïsme, l’abnégation,

le dépassement de soi,l’honneur des armes...

les conduisirent au sacrifice suprême

ou à la captivité .

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Dans le précédent bulletin (n°36) en dernière page de couverture une affiche rappelait le 50e anniversaire de DienBien Phu. Qu'un hommage soit rendu à ses défenseurs et par extension à tous les combattants du Corps expéditionnai-re français en Extrême-Orient est un impérieux devoir d'information.

Dien Bien Phu, par exemple, voilà "un nom qui tonne, détonne et résonne" mais il ne faudrait pas qu'il étonneles futures générations.

Dans l'indifférence d'une nation au sortir de la guerre, en l'absence d'un réel soutien politique des gouvernementssuccessifs et avec l'opposition ouverte du parti communiste français, nos soldats ont lutté contre un nouveau totalitarismequi s'étendait "du rideau de fer au rideau de bambou".

A 12000 kilomètres de distanceA 12000 kilomètres d'où tu dansesA 12000 kilomètres d'ignoranceA 12000 kilomètres de mouvanceD'indifférence, d'insouciance et de silenceA la minute même où personne n'y penseUn Français meurt pour la FranceEt la fête continue.

"ni fleur, ni couronne"(Michel TAURIAC)

A ce poignant poème, j'ajouterai deux interrogations formulées par le Général Arnaud de FOÏARD :

"Pourquoi nous avoir laissé condamner sans nuance de mener un combat colonialiste ?""Pourquoi laisser mettre globalement l'action colonisatrice de la France au ban de l'humanité ?"

Il ne m'appartient pas de revenir sur la bataille et sur les opérations en général. S'il subsiste des interrogations, ilne faut guère s'attendre à trouver désormais des réponses. Les responsabilités politiques, stratégiques et tactiques, àdéfaut d'être toutes rigoureusement définies, se sont diluées avec le temps. Ce qu'on a su dégager, c'est que, dans laréalité de la boue, des rizières, des progressions dans la végétation luxuriante, des crapahuts dans des reliefsaccusés, l'application des schémas tactiques conventionnels n'avait plus cours face à la guerre révolutionnaire.

Je me suis attaché à rappeler les débuts du génie aéroporté en Indochine. Que nous soyons industrieux et ingénieux, c'est tout à notre honneur, mais que nous souffrions d'humilité et de

discrétion est dommageable dans la mesure où les documents d'histoire en notre possession ne rendent pas compte demanière exhaustive des pages de gloire des paras du génie.

Les acteurs à l'époque n'ont pas été incités à coucher sur le papier leur vécu. C'est dramatique car le génie para-chutiste ne figure pratiquement pas dans la quinzaine d'ouvrages de référence.

Avant qu'il ne soit trop tard je lance un appel vibrant à nos grands anciens, d'Indochine, de la Corée et d'Algérie,aux veuves de nos chers disparus afin de me confier des photos, des souvenirs, des témoignages (dont je me porte garantde la restitution), qui constitueront l'indispensable et précieux fonds historique qui nous fait cruellement défaut.

Je suis reconnaissant à tous les amicalistes qui ont témoigné dans ce bulletin, et tout particulièrement auColonel du BOUCHER qui nous confie une version génie de l'opération Hirondelle à méditer.

S'il vous plait, à vos plumes et à vos albums photos... un grand merci d’avance.

EDITO

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LLEE MMOOTT DDUU CCHHEEFF DDEE CCOORRPPSS

Ce premier semestre 2004 a été marqué par une phase particulièrement dense de pré-paration opérationnelle du Régiment.

La première activité majeure a été le camp régimentaire à LA COURTINE au mois defévrier. Tout au long de cette période, nous avons renoué avec la rusticité, l'aguerrissement etles valeurs intérieures très fortes de cohésion, de camaraderie et d'esprit d'équipe qui font dusapeur parachutiste un soldat d'élite et un exemple pour les autres. Ce camp a été fondé surle retour aux fondamentaux du soldat où l'on se contente de peu de confort pour s'endurcir,où on apprend à se connaître soi-même pour mieux se faire accepter par les autres, où onsurmonte la douleur et la souffrance partagées dans un effort individuel, collectif et totalementgratuit, mais aussi dans l'esprit, c'est-à-dire sans état d'âme et sans arrière pensée.De plus,nous nous sommes aussi préparés à l'exercice de PC de la Brigade "AURIGE 2004" qui a eulieu en mars. Derrière notre chef, le Général BETH et avec tous nos camarades de la BrigadeParachutiste et de l'Armée de l'air, nous avons mis en œuvre deux principes auquel je crois :le génie est une arme (et on peut y associer le service) de proximité et d'imbrication avec l'in-terarmes. Pour ce faire, et en ce qui nous concerne, le Régiment du génie de brigade interar-

mes doit, à tout moment, être capable d'apporter une réponse génie globale et cohérente à sa Brigade d'appartenance. Cela met enévidence le principe de la spécificité nécessaire et calculée au plus juste, composant avec la juste suffisance de l'homogénéité desbesoins globaux et transverses de tous les régiments du génie de brigade interarmes.

Quant à la deuxième partie du semestre, les événements récents qui ont douloureusement atteint nos amis Espagnols,conduiront le Régiment à s'impliquer très fortement dans la première mission qui incombe aux armées de la République: la sécuritédu territoire, notamment par une très forte participation aux plans VIGIPIRATE ou autres.

Nous nous retrouverons à MONTAUBAN, si les événements nous le permettent, pour fêter les 30 ans du Régiment les 18,19, et 20 juin 2004. En effet, cette fête sera conditionnée au niveau d'alerte VIGIPIRATE qui nous sera imposé. Quoique qu'il arrive,le Régiment, derrière son drapeau, participera, avec une fierté légitime, au défilé motorisé de sa Brigade le 14 juillet à PARIS.

A l'issue, j'aurai l'honneur et l'humilité de céder la place à la tête du "17" au Lieutenant-colonel (TA) KUNTZ, le 29 juillet 2004.Il est déjà venu prendre contact. Nous avons prévu de nous voir souvent et le Régiment lui est totalement ouvert pour assurer unecontinuité dans l'action mais aussi dans l'esprit qui est le nôtre: cohésion, camaraderie et esprit de corps.

Mes derniers mots vont vers mon très cher ami le capitaine Aimé BAJON, mort à OUADIDOUM le 13 novembre 2003.Noblesse de cœur, exemple de courage, de volonté et de ténacité, il était un Maréchal du génie parachutiste qui doit rester, à jamais,au plus profond de nos cœurs. Nous l'honorerons à la prise d'armes des "30 ans" comme le grand "17" sait le faire !

LLEE MMOOTT DDUU PPRRÉÉSS IIDDEENNTT

Votre fidèle attachement et vos encouragements contribuent à ce que le bureau de l'Amicaleressente de légitimes satisfactions, entretienne son enthousiasme et conforte son dévouement pouraméliorer son action afin que la grande famille des sapeurs parachutistes, toutes générations confon-dues, se rassemble davantage.

Vous répondez à nos attentes et, au nom de tous, je vous remercie et vous exprime mareconnaissance pour vos témoignages, vos photos, vos remarques, vos réflexions qui sont indispen-sables.

Notre satisfaction résulte également des 100 réponses aux 367 lettres de rappel transmi-ses aux camarades qui d'amicalistes adhérents s'étaient transformés en simples sympathisants.Chaque sapeur parachutiste a sa place réservée à l'Amicale : qu'il revienne et nous le recevrons sansarrières pensées comme l'enfant prodigue de l'Evangile.

Nous mesurons et apprécions également l’efficacité du travail de nos délégués. L’accueilchaleureux et les marques d’amitié, que j’ai reçus dans notre belle Alsace, m’ont permis de voir àquel point l’Amicale est bien ancrée et vivante.

Quant aux moments privilégiés des futures retrouvailles, retenez dès à présent quelques dates majeures.:18 juin Bal régimentaire18, 19 et 20 juin manifestations autour du 30e anniversaire de la recréation du régiment

(Les modalités pratiques feront l'objet d'une correspondance particulière)29 juillet Cérémonie de passation de commandement du régiment

entre le Colonel Jean-Yves DOMINGUEZ et le Lieutenant-colonel (TA) Jean-Luc KUNTZSeptembre Assemblée Générale 2004 et Festivités de la Saint Michel 16 novembre Cérémonie anniversaire du départ de la 17/1 pour l’Algérie en novembre 1954 (voir page 36)

REJOIGNEZ-NOUS, VENEZ NOMBREUX, RESTEZ FIDÈLESET QUE PAR SAINT MICHEL : VIVENT LES PARAS !

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1. RAPPEL HISTORIQUE DU GENIE AEROPORTE1.1. PREMIER ENGAGEMENT : BAC-KAN

C'est au cours du 4e trimestre 1947 que fut créée lapremière unité du génie aéroportée.De la taille d'une section, cette unité regroupée au sein dela 2e Cie du 61e Bataillon Colonial du Génie fut brevetée àHANOÏ. Commandée par le Sous-lieutenant GRAFF ellereçut le baptême du feu lors de l'opération LEA en sautantsur BAK KAN le 9 octobre avec le 1er Bataillon de Choc, puisà LA HIEN le 26 novembre dans le cadre de l'opérationCEINTURE.(voir bulletins 35 et 36)

1.2. ENGAGEMENTS ULTÉRIEURSUne section organisée à partir de volontaires para-

chutistes appartenant à la 2e Cie du 71e Bataillon de Marchedu Génie constitua en 1948 l'appui génie de la base aéro-portée Sud et opéra en COCHINCHINE. Commandée parle Sous-lieutenant TOUX elle fut brevetée à TAN DINH dèsle mois de janvier. Elle participa aux opérations aéroportéesHURON (région de PHUOC AN - 13 juin), CAÏBE (NONHBINH - 7 juillet), DRAGON (BA THU - 13 août) et en 1949 àJONQUILLE (Plaine des JONCS - 2 Juin).

A SETIF, en juillet 1948, une section destinée àdevenir l'unité génie du groupement aéroporté Nord (TON-KIN) fut constituée à partir d'une quarantaine de volontairesdu groupement du génie n° 17. Rattachée au II/1er RCP elleembarqua à ALGER le 2 septembre. Commandée par leLieutenant MEYRAN elle débarqua à HAIPHONG et s'ins-talla à SAÏGON à la "concession". Dès le 17 octobre elleparticipa à VALENTINE (MAÏ SUU) puis ONDINE (VIETRI,en novembre) et PEGASE (PHU LY) où son chef fut tué àYEN COC le 11 décembre.

Son remplaçant, le Lieutenant GUICHARD multi-plia les interventions en 1949 : PARASOL (NI YE en jan-vier), DIANE 1 (THANH SON en février), POMONE 1 (PHULO en avril), POMONE 2 (PHU DOAN, TUYEN QUANG enjuin), CANIGOU (VINH YEN en août), au raid de destructionamphibie dans la région du cap BOUTON (NORD ANNAM),lors de l'opération JUNON (début octobre) et fin décembreà DIABOLO dans le secteur du canal des bambous.

En mars 50, elle se distingua à QUADRILLE(région de PHU LY). Le 27 mai avec le 3e BCCP elle sautasur DONG KHE et contribua à la reconquête du poste enle-vé le jour même par un ennemi numériquement supérieur(4 bataillons viet minh). Toujours en appui du 3e BCCP ellefut larguée sur CAO BANG dans le massif de KE SANG(ALBATROS).

LLEE ""1177"" àà DD II EENN--BBII EENN--PPHHUU

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En août 1950, une nouvelle section commandéepar le Lieutenant ELISSALDE fut formée en AFN en vue dela relever. Cette unité devint la section génie de la baseaéroporté Nord. Mise à contribution aussitôt en sautant le1er octobre à THAÏ NGUYEN (opération PHOQUE) avec leslieutenants CONCHE puis BERTHELOT, elle assura auprèsdes bataillons paras sur toute la superficie du Delta tonki-nois, l'indispensable appui génie : VINH YEN, MAO KHE,opérations CITRON et MANDARINE. Dans le cadre de l'o-pération combinée LOTUS, le 14 novembre 1951, ellesauta sur HOA BINH et agit en liaison avec la 71/2 duLieutenant JUSANX qui avait remplacé le LieutenantPAGES en 1949 et avait participé à de nombreuses ouver-tures d'itinéraires (plaine des oiseaux et opération PARTI-SAN). Cette même 71/2 de nouveau au Sud, s'engageadans un raid amphibie puis lors de l'opération TOUR-BILLON 5 avec le Lieutenant MEMAIN.

Le 1er août 1952, la section du Lieutenant du BOU-CHER, formée d'éléments du 17e BGAP releva celled'ELISSALDE et s'illustra tout particulièrement durant l'o-pération LORRAINE (PHU DOAN) le 9 novembre 1952 etlors du raid d'aéroporté HIRONDELLE (LANGSON) enjuillet 1953 (voir article pages suivantes). Précédemment,elle avait renforcé l'organisation défensive de NASAN endécembre 52 puis début 53, elle avait œuvré successive-ment sur la RC6, dans le secteur de QUE SON TRI, dansle secteur de PHU LY, VAN DINH et le secteur deHADONG du 9 au 14 mai, tandis que la 71/2 effectuait lestravaux défensifs du camp retranché de la plaine des JAR-RES avec un saut sur SAM NEUA le 24 décembre 52 (opé-ration NOEL).

1.3. CRÉATION DE LA 17e COMPAGNIE PARACHUTISTEDU GÉNIE.

Une réorganisation des TAP en Indochine fin 1953fut marquée notamment par la création de la 17e

Compagnie Parachutiste du Génie le 1er novembre 1953 àHANOÏ. Constituée de la 71/2 et de la section para génie dela compagnie de garde et d'appui de la base aéroportéeNord, elle fut placée sous les ordres du Capitaine du BOU-CHER nouvellement promu.

Chaque section d'un effectif de 90 hommes auquelil convient d'ajouter l'apport vietnamien fut intégrée auBataillon divisionnaire aéroporté. La compagnie forte de270 hommes était stationnée à HA DUONG. Elle ne possé-dait pas de fanion. C'est celui de la section génie para quile remplaça. La mention Légion Etrangère sur un côté cor-respond à la présence de 25 légionnaires dans ses rangs.

A noter que presque simultanément, une compa-gnie para du génie vietnamien fut crée (3e Cie). Elle étaitcommandée par le Capitaine CRAMONT, précédent adjointdu Capitaine du BOUCHER.

La première action de la 17e Compagnie para netarda pas, puisque le 20 novembre, elle fût parachutée surDIEN BIEN PHU(1).

Relevée par le 31e Bataillon de marche du génie,elle quitta DIEN BIEN PHU et rejoignit HANOÏ le 9 décem-bre 1953.

Le 1er janvier 1954, elle fut rattachée au bataillondivisionnaire aéroporté.

A la mi-janvier elle agit avec le 2e BEP, le 1er

Bataillon Nord vietnamien (1BPVN) et le groupe de marchedu 35e RALP à NHA TRANG (Sud Annam) afin de prendrepart à l'opération ARETHUS première phase de l'opération

ATLANTE. Elle fut engagée ensuite dans des actions visantà dégager la RC 19 et ses abords, d'ANKHE à PLEIKU. Deretour au TONKIN, elle intervint sur l'axe HANOÏ-HAÏDUONG pendant près d'un mois. Fin août, elle retournaen COCHINCHINE pour s'installer à SAÏGON-BAQUEO.

Dissoute le 31 décembre 1954, elle fut recréée le1er janvier 1955 aux ordres du Lieutenant THORAUDcomme unité administrative élémentaire de la base aéro-portée d'Extrême Orient qui se substitua à la Base aéro-portée Sud. Sous le commandement du LieutenantCAMESCASSE à partir du 16 juin, elle fut définitivementdissoute le 30 juin 1955.

A noter qu'il n'existe pas d'insigne spécifique dugénie parachutiste français en Indochine. Les sapeurs de la61/2 portaient l'insigne du 61e Bataillon, ceux de la 71/2celui du 71e Bataillon. La demande formulée par la 17e CPGpour la confection d'un insigne n'aboutit pas. En revanche,la 3e compagnie parachutiste du génie (vietnamien) dispo-sait d'un insigne.

(1) Chef lieu de l’administration provinciale frontalière.

1.4. MISSIONS PRIVILÉGIÉES DU GÉNIE PARACHUTISTE-ouverture d'itinéraire, comblement de coupures, dégage-ment d'obstacles, déminage, dépiégeage;-réduction de points forts, destruction d'installations et dematériels pris à l'ennemi;-destruction de barrages vietminh sur les canaux;-réfection de routes et de voies ferrées;-aménagement de gués;-relevage de travées de ponts sabotés;-lancement et repliement de ponts métalliques, notammentBailey;-construction de postes et organisation défensive du terrain;-réalisation de terrains d'atterrissage pour avions légers;-protection de chantiers.

2. LA 17e COMPAGNIE PARACHUTISTE DU GÉNIE ÀDIEN BIEN PHU.2.1. MISE À TERRE

Appuyant le GAP 1, c'est avec le 6e BPC, le 2/1er

RCP et deux batteries du groupement de marche du 35e

RALP que la 17e CPG sauta le 20 novembre 1953 à partirde 10h30 sur la zone de saut n° 759 (DZ NATACHA).

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2.2. MISSION REÇUE-En priorité : reconnaître dès que possible l'emplacementd'un terrain pour MORANE et en commencer l'aménage-ment dans les plus brefs délais,-Baliser les gués sur la NAM-YOUN;-Pour la nuit de J (20 novembre) à J+1, participer à ladéfense de DBP sous les ordres du chef de Bataillon com-mandant le 6 BPC (BIGEARD).

2.3. DÉROULEMENTDès son arrivée au sol, la compagnie fut accro-

chée. Les feux d'armes légères et de mortiers furent meur-triers et accentuèrent la dispersion.

La compagnie constituée de 3 officiers (CNEDUBOUCHER, LTN RAGOT et MEMAIN, auxquels il fautrajouter le CNE CHARLET, conseiller Génie), de 6 sous-officiers dont BONNIN, FORCET, SERBON et LANGELEZ)et de 60 sapeurs parachutistes se regroupa seulement à15h30. On dénombra deux tués : les sergents BONNIN(2) etFORCET, et trois blessés (dont LANGELEZ), blessé auventre à côté de son capitaine (évacué aussitôt, avec dix-sept perforations intestinales, il sera sauvé).

En fin de soirée, les 6 gaines de matériel et d'ex-plosifs furent récupérées. C'est seulement le lendemainque le largage des gros équipements débuta. La mise àterre s'effectua sur la DZ OCTAVIE, à l'écart des zones"personnel". Le parachutage commença dans l'après-midi.

Si le contenu d'un Dakota représentant 2,5 tonnesd'outillage divers put être réceptionné sans problème, iln'en fut pas de même en ce qui concerne le premier bull-dozer (7 tonnes) qui, largué d'un Fairchild C119 Packet(flying boxcar) se décrocha de sa voilure et s'écrasa, s'en-fonçant de trois mètres dans la rizière.

Le 23 décembre, après cette expérience malheu-reuse, le conditionnement amélioré contribua à un poser endouceur d'un deuxième engin, "d'aplomb sur ses chenilles".

Il convient de souligner que ces bulls, comme lestrois autres largués ultérieurement en "avaient vu d'autres":ils avaient servi durant la campagne d'Italie, la libération dela France et la pénétration en Allemagne. Ils étaient en ser-vice depuis le début des opérations en Indochine.

(2) Extrait du CR de décès du sergent JeanBONNIN, 23 ans, marié depuis un an."…Pris à partie par des armes automatiques,le sergent BONNIN fut atteint par une balledans la région rénale. Sa mort ne fut pasinstantanée, il fut achevé au coupe-coupe pardes éléments viet-minh."

2.4. RÉALISATIONSLes travaux d'aménagement d'une piste

pour MORANE furent entrepris dès la prisede DBP. Une piste de 400 mètres fut livrée le21 au soir (J + 1).

Le chantier de rétablissement du terrainpour DAKOTA débuta dès J + 1 midi. Cetteremise en état de la piste d'atterrissage futl'effort principal de la compagnie. Il s'agissaitd'une mission d'appui à la mobilité… aérien-ne puisque l'objectif était de rendre opéra-

tionnelle un terrain construit avant-guerre, consciencieuse-ment endommagé par le creusement de plus de 1200 trousà bords francs d'un mètre cube rendant inutilisable l'aire deposer.

Si les opérations de dégagement ne soulevèrentpas de problèmes sérieux, le comblement constitua une"opération rustines" laborieuse. Un mélange de paille, degravier, de terre et d'huile de vidange, proposé par le CNECHARLET, fut retenu et le compactage sommaire à l'aidede dames s'avéra efficace puisque le chantier s'acheva le25 matin, en avance d'une semaine sur les prévisions.Encore faut-il préciser que tous les soirs, il convenait derecharger les trous systématiquement. Quoiqu'il en soit, lessapeurs parachutistes "firent merveille" puisqu'à 11h30, le25, le premier DAKOTA se posait.

Dès le déconditionnement du bulldozer, l'aménage-ment d'alvéoles pour avions et pour dépôts de munitions futentrepris.

En bout de piste, un pont en madriers fut construitpour l'accès des avions au parking. Ce pont qui tiendra mal-gré le bouleversement ultérieur du terrain (bombardementset inondations), fut qualifié "d'extraordinaire" par le CDTSUDRAT arrivé le 28 décembre pour prendre les fonctionsde commandant du Génie du camp retranché après la relè-ve du 17 par le 31e Bataillon de marche du Génie aéro-transporté respectivement les 4 décembre (3e compagnie),le 12 décembre (2e compagnie) et le 7 janvier 54 (détache-ment de soutien et d'entretien de la 21e compagnie).

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Un autre pont en bois fut construit sur la NAMYOUN pour relier la piste PAVIE et le terrain d'aviation à laroute provinciale 41 (RP 41) venant de TUAN GIAO.

A noter que les travaux furent conduits par les cad-res du Génie.

Leur exécution fut assurée par les bataillons suc-cessivement de jour comme de nuit (une compagnie rele-vée toutes les 6 heures).

2.5. FIN DE MISSIONLes missions fixées furent menées à bien en un

temps très court grâce à la coopération efficace desbataillons.

Le 8 décembre 1953, la 17e compagnie parachutis-te du Génie quitte la cuvette. Cette cuvette qui ne tarderapas à être qualifiée de "fond d'un casque colonial retournédont les vietnamiens tiennent les bords”. En effet, avec l'é-volution inquiétante de la situation militaire avant la fin jan-vier, suite à l'abandon des reconnaissances à longue dis-tance et la perte de la bataille pour le contrôle des hauteurs,la cuvette devint d'une grande vulnérabilité et ressembladésormais davantage à un grand stade (18 km x 6 km) auxgradins occupés par l'ennemi.

3. ÉVOLUTION DE LA MISSION DU GÉNIE.Interrompre les considérations sur l'Appui génie de

la base aéroterrestre au moment du rapatriement de la 17e

compagnie parachutiste du génie serait incomplète. Ilconvient, dans le cadre de cette évocation de DBP, d'élargirle propos à la bataille toute entière, et de ne pas négliger,avec la réalité du camp retranché, le volet génie qui figuretrop souvent de manière succincte dans les multiples expo-sés, compte rendus et témoignages.

La vulnérabilité grandissante du camp fut à courtterme accentuée par les effets d'une météo prévisibledétestable. En effet, les installations, sans protection effica-ce aux vues et aux coups ne seront en aucune manière pré-servées des précipitations saisonnières.

Avec la mise en place de moyens génie plus consé-quents, les travaux entrepris par les unités du 31e BMGs'inscrivirent sur une plus grande échelle en privilégiant l'in-frastructure centrale, le recouvrement de la piste et la cons-truction de ponts pour le passage de chars (18 tonnes).

Quand le commandement fixa le niveau de protec-tion des installations aux coups de 105, cette prescriptionne put être observée ; même le PC central et l'hôpital surlesquels le génie marqua un de ses efforts, ne furent à l'é-preuve du 105, encore moins du 120 et durent faire l'objetde renforcements.

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Que de nombreux officiers des formations aient puignorer, comme il a été écrit, tout des fortifications de cam-pagne, la diffusion de notices d'organisation du terrain neleur fut pas d'une grande aide dans la mesure où ils man-quaient de matériaux.

En effet, le problème majeur résida dans une"immense pénurie" de matériaux. A titre d'exemple, le bois,tant nécessaire, fut prélevé dans les villages au grand dés-espoir des indigènes, ainsi que dans les forêts. Mais, les 2200 tonnes ainsi récupérées, auxquelles s'ajoutèrent 3 500tonnes aérotransportées ne suffisèrent pas à assurer la pro-tection. Quand bien même l'option de fortifier la positionaurait été retenue, l'acheminement de tonnages faramineuxde ciment, de bois de coffrage et d'installations de concas-sage aurait été impossible.

Le commandant SUDRAT, commandant du Géniede DBP évalua les besoins à 36 000 tonnes.L'acheminement exclusif de ce fret aurait mobilisé la totali-té du potentiel de transport aérien durant 5 mois.

De surcroît, même si les bataillons avaient pudisposer des matériaux, encore aurait-il fallu qu'ils puissents'attacher aux travaux de protection pendant 2 mois alorsqu'ils étaient très souvent engagés.

Dans les faits, du 20 novembre au 7 mai 1954, letonnage du matériel livré à DBP (largué ou déposé) s'élevaà 22 275 tonnes. A noter qu'à partir du mois d'avril, 30 %étaient perdus, largués dans les lignes ennemies.

Pour le Génie, il fut alloué en supplément du bois 4000 tonnes décomposées principalement en 3 000 t de filde fer barbelé (dont les rouleaux de 150 kg étaient appelés"oreillers de fakir"), 510 t de plaques PSP (22 800 piècesqui recouvrirent les 6 000 m² de piste), 44 t d'éléments depont Bailey, 5 t de fers I.P.N., 40 t d'engins, 30 000 mines…

On était loin des 36 000 t réclamées.

On ne put pas davantage "tirer DPB de l'eau" nis'appliquer au camouflage d'autant que le Génie eut d'aut-res tâches à remplir : abris pour avions, dépôt de ravitaille-ment, fourniture d'énergie électrique et alimentation en eaupotable…

4. CONCLUSION.Il n'est pas exagéré de dire que dans ce déploie-

ment d'urgence, les sapeurs parachutistes ont su par lamaîtrise des savoir-faire techniques, l'audace et l'ingéniosi-té devant les situations et la ténacité farouche, remplir leurmission de manière exemplaire.

En leur rendant hommage en ce cinquantièmeanniversaire de la chute du camp retranché de DBP, n'ou-blions pas tous nos camarades du 31e BMG, marqués par lesacrifice de 24 des leurs, qui ont poursuivi avec courage etabnégation sous les feux et les assauts des "viets" pendantcinq mois, le travail que nous avions commencé dans lacuvette.

Le Génie, une fois de plus, fit des miracles. Mais,il ne faudrait pas oublier la formule :

"Pas assez…… trop tard."

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CONSIDERATIONS GENERALESLe Vietminh voulait poursuivre la guerre avec les

prisonniers dont il entendait faire des instruments de pro-pagande après les avoir "rééduqués".

L'univers carcéral du Vietminh, décrit dans desouvrages qui font autorité, est une diabolique machine dedéshumanisation et d'élimination dont les rescapés ont sudécortiquer les rouages.

En s'appesantissant sur l'abomination des campsnazis, certains ont bien cherché à occulter les horreurs desbagnes communistes. Fort heureusement il n'en est rien etl'on est édifié à la lecture des traitements pratiqués dans cesystème totalitaire malgré l'arrogance et les dénégationsvertueuses de tous ceux qui se cramponnent à "leur vérité".Aussi apparait-il indispensable, qu’en préalable au devoirde mémoire, un impérieux combat d’information soitmené.

Lors d'une rencontre récente, le Colonel du génieCharles CLERGET(promotion nouveau bahut 45-47) meraconta que son séjour en Indochine s'était prolongé aprèsCAO BANG par quatre années de captivité durant lesquel-les où il côtoya des camarades d'infortune qui avaient déjàété internés quelques années plus tôt en Allemagne.

En ce 50e anniversaire de la fin de la guerred’Indochine, il est pertinent de revenir en quelques pagessur cette tragédie vécue par des dizaines de milliers decombattants dont presque les trois quarts ne survécurentpas au calvaire imposé.Officiellement, les mots de crimes de guerre et, encoremoins ceux de crimes contre l'humanité, ne sont retenuspour ces faits. La loi établissant l'imprescriptibilié des cri-mes contre l'humanité (1964) alimentera encore longtempsdes débats car si un arrêt de la cour de cassation (1er avril1993) restreint cette notion "aux actes commis en Europepar et pour l'Allemagne nazie", tous les auteurs, coupablesou responsables, d'exactions en relation avec d'autres sys-tèmes totalitaires sont exonérés de tout châtiment.

Par ailleurs, on enregistra des trahisons parmi nosconcitoyens. Ces individus bénéficièrent de la loi d'amnistiedu 18 juin 1966, qui, déstinée à l’origine à la guerre d’Algé-rie, avait été élargie aux évènements consécutifs à l'insur-rection vietnamienne. Mais, s'ils purent ainsi échapper à lajustice, il est singulier qu'ils aient pu intégrer le servicepublic!

Le cas de Georges BOUDAREL, décédé le 26décembre 2003, illustre cette situation. Le 13 février 1991,cet universitaire, maître de conférence à PARIS VIII, émi-nent vietnamologue fut rattrapé par son passé. Tiède séminariste transformé en missionnaire du commu-nisme, enseignant politisé, il rejoignit à 24 ans le Vietminhpour devenir frère prêcheur du verbe marxiste.Son action en qualité de cadre (can bo) au camp n° 113 (derééducation par le travail et le repentir) sous l'appellationde DAÏ PHONG( fraternité universelle) marqua à tel pointles prisonniers, notamment avec ses cours de rééducationpolitique qui n'avaient rien des veillées des chaumières,que la leçon fut bien apprise et qu'ils le reconnurent qua-rante ans plus tard.

Malgré quelques aveux où il précisa même "qu'iln'était ni un idéaliste, ni un salaud mais un con" les interro-gations subsisteront quant à la sincérité de son début detravail de contrition alors que soutenu par les habituelsintellectuels, irréductibles nostalgiques des "justes causes"idéologiques qui ont la vie dure, il se lança dans des démar-ches juridiques difficiles à admettre.

Suite à une opposition de la justice d’instruire uneplainte pour crime contre l’humanité, confirmée en appel eten cassation, le professeur modèle déposa plainte contre xpour dénonciation calomnieuse. Malgré le dossier acca-blant établi par la Gendarmerie, la justice prononça un non-lieu et ordonna le dépôt au greffe. L’irrecevabilité d’uneplainte en citation directe fut confirmé en appel et en cas-sation.

Jusqu’au bout cet authentique apparatchik, glacialet cynique, affirma qu’il ne regrettait rien.

UN SEJOUR EN ENFER COMMUNISTELe système vietminh n'avait pas pour but principal

d'éliminer le prisonnier ayant combattu contre "le paradisrouge" mais de le manipuler, le retourner et le convertir à l'i-déologie communiste. Ainsi en accord avec "la ligne duparti", il pourra devenir un "agent actif" de l'anti-impérialis-me et de l'anti colonialisme dès sa libération ; liberté bienparticulière puisque la rectitude de sa conduite conditionne-ra la liberté d'autres prisonniers.Le statut de prisonnier de guerre ne lui sera pas reconnu :tout non-communiste est un fasciste et systématiquementqualifié de criminel de guerre. Jugé comme un "déchetsocial", il est d'abord mis au ban de la société et passe parun système de rééducation, véritable retournement psycho-logique qui s'appuie sur un enseignement comparable àune véritable torture morale qu'un aumônier parachutiste,Jean-Pierre JEANDEL qualifia de "supplice de la propagan-de" en soulignant "que les Viets avaient une patience infi-nie, la patience de la goutte d'eau qui finit par trouer la pier-re".C'est bien un voyage… au bout de l'enfer qui est imposéau captif.

Les organisateurs sont des commissaires poli-tiques (can bo), "ingénieurs de l'âme" chargés de l'endoc-trinement par un savant dosage de gavage de propagande,d'alimentation chichement consentie, de travaux et de mar-ches forcées, d'humiliations diverses accentuées par desconditions d'hygiène abominables et la prolifération de mal-adies en l'absence de contrôle du Comité de la Croix-rougejugé "organisation internationale d'espionnage à la soldedes puissances capitalistes".

Parmi les conclusions des études communistes surles expériences de lavage de cerveau, les temps moyensde conversion sont nettement différenciés selon les grou-pes sociaux : si l'homme du rang se soumet au bout de 6mois, il faut compter 18 mois pour le sous-officier et plu-sieurs années pour l'officier dont un nombre conséquentreste réfractaire à cette "expérience" qui, pire qu'une tuerie,est une véritable destruction intérieure menée selon desprocédés dignes de ceux des tortionnaires nazis.

PPRRIISSOONNNNIIEERRSS DDEESS VV II EETTSS

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LA METHODE Elle se décompose en trois parties :

La prise en main déstabilisatricePour débuter, il convient de mettre le prisonnier en

condition. Il faut extirper et chasser de lui le "vieil homme"bourgeois, égoïste, impérialiste et colonialiste. Il importequ'il rompe avec son passé (habitudes, pensées, vocabu-laire …) même la tenue militaire est remplacée par uneautre qui fera du porteur un bagnard anonyme à qui onenlève les derniers vestiges de son appartenance à l'ArméeFrançaise.

C'est au psychisme du prisonnier qu'on s'attaque etla prise en main est brutale même pour les valides avecfouille, déséquipement, confiscation, élimination demarques distinctives… bousculades et le martèlement dediscours déjà vus imprimés sur des tracts vietminh ou dansles feuilles de l'Humanité " :

-"vous êtes des colonialistes, des criminels deguerre qui ne méritent aucun égard. Nous allons vousrééduquer.

-Le peuple vietnamien ne vous tient pas rancune etgrâce à la haute clémence de notre vénéré président HOCHI MINH vous pourrez bientôt retrouver votre famille.

-Vous êtes tous des chiens enragés et assoiffés dusang des peuples. Nous vous ferons expier vos crimes abo-minables.

-La guerre des colonialistes français contre le peu-ple du Vietnam est une guerre injuste et criminelle.

-Votre libération dépend de votre aptitude à assimi-ler la vérité et aussi du bon vouloir du peuple de Francereprésenté par ses organisations démocratiques autour duPCF.

-Aveuglés, trompés par les colonialistes avides etles impérialistes cupides qui se servent de vous comme dechair à canon, vous vous êtes rendus coupables de crimeset d'atrocités sans nombre.

-Vous vous trouvez à la frontière du camp de la paixet du camp de la guerre.

-Vous devez choisir : ou vous restez des criminelsde guerre ou vous aurez été des victimes. On pardonne auxvictimes, pas aux criminels. Vous prouverez votre sincéritépar des actes.

-Vos esprits sont beaucoup plus malades que voscorps et les replis de votre cerveau plus sales et plus pour-ris que vos doigts de pieds ; Commencez donc à guérir dela tête avant de songer à vos pieds…."

On pratique la douche écossaise : on amène le pri-sonnier (Hu Binh) au bord du désespoir et promptement onle rassérène avant qu'il ne chute. L'accalmie est de courtedurée bien entendu ! Cette succession de phases dedétente calculée et de reprise en main rigoureuse semblene vouloir jamais s'arrêter. Tout en effet repose sur la répé-tition : alors quand c'est fini, ça recommence !

La difficulté repose sur le fait qu'avec le délabre-ment physique et moral qui s'accentue, il s'enfonce davan-tage.

Peu à peu le souhait de voir tout s'arrêter traversel'esprit et devient lancinant alors que la misère physique necesse de s'altérer.

La mise en condition évolue lentement mais enAsie où le temps ne compte pas, à force de patience, l'effetrecherché sera obtenu et l'infusion du poison s'insinueradoucement dans les esprits.

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L'ENDOCTRINEMENT PROPREMENT DITLes captifs peuvent aborder la deuxième partie de

la conversion et l'éducation politique va pouvoir démarrer.Dès que le doute s'installe chez le prisonnier, il est

mûr pour recevoir les signaux et les messages de la propa-gande qui suinte partout. D'ailleurs selon certains observa-teurs, la carence alimentaire en graisse maintiendrait lecorps en équilibre de survie et les esprits en état de récep-tivité.

Le "vieil homme" a perdu une grande partie de sesmoyens d'autodéfense : il est malléable, disposé à accueillirles messages et à acquérir les réflexes qui en feront un"homme nouveau" progressiste et socialiste.

Cette phase d'endoctrinement, dans un syncrétis-me de communisme et de confucianisme est une versionparticulière de la catéchisation : les mots sont courts, sco-laires, familiers, les phrases sont récitées sur un ton litur-gique et les discours réglés comme un office religieux.

Ces procédés se révèlent d'une redoutable efficaci-té pour l'acquisition des réflexes conditionnés indispensa-bles ; d'autant que les can bo sont animés d'une foi politiquequasi-religieuse, affichent une conviction et s'arment d'unepatience infinie dans l'éternelle méthode répétitive. Pour lesdirigeants il va de soi que la rigueur de l'endoctrinementprévaut pour toute la population également.

Comme dans un ordre religieux, la Règle - caté-chisme du Bien et du Mal - façonne chacun en "hommesnouveaux". Tout y concourt : exercices, chants patrio-tiques, meetings, abstinences matérielles et instructions,confessions écrites, autocritiques…

Progressivement les propos des captifs ne sontplus l'objet de discussion. Rien n'est compliqué dans lamesure où pour susciter les réflexes "pavloviens", les slo-gans sont simples et les associations d'idées clairescomme des paroles d'évangile qui s'imposent aux prison-niers. Ainsi, les impérialistes sont liés aux Américains, lescapitalistes aux "fauteurs de guerre", le rat est associé àvisqueux, la vipère à lubrique, la clémence à "HO CHIMINH", la "grande sœur" à "l'Union Soviétique" et leCEFEO à " l'instrument aveugle du colonialisme".

De guerre lasse, devant l'insistance du can bo, laréponse convenable qu'il attend tombe. Néanmoins ce n'estpas suffisant ; encore faut-t-il que le prisonnier explique cequ'il a compris réellement. Et, tant que la leçon n'est pasrécitée correctement, on recommence quand bien même onpeut tomber d'accord sur un point avec le commissaire.

Cette convergence ponctuelle est nécessaire pourque le piège diabolique se déclenche. Certes la démarchen'est pas régulière, il y a des défaillances, des retours enarrière, des rechutes, des blocages, mais à la longue, lespoints sont admis les uns après les autres et le prisonniertrouve "la lumière qui éclaire le chemin de la liberté" et serange à l'idée que "le communisme est le système idéaldans lequel l'humanité vivra heureuse, libre et pacifique,débarrassée de ses contradictions internes dans l'égalité, letravail et le bonheur".L'emploi des remèdes de la psychologie collective pouraméliorer la pensée et en extirper le mal vont se poursuiv-re.

à suivre...

prochain article “le sort des prisonniers”

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LLEE BBAARRRR AAGGEED'octobre 1958 à octobre 1959, j'ai participé au sein de

la 75e Compagnie du génie Aéroporté de la 25e DP à la construc-tion du barrage électrifié (Barrage Avant côté tunisien).

J'étais sergent et j'eus alors pour chef de section le Sous-lieutenant LOMBARD (appelé) puis les Adjudants DESBOIS etLORRAIS et comme commandants de compagnie le CapitainePRIMAUX puis le Capitaine BASTID.

C'est une période dont les anciens de la 75 ne parlentpas beaucoup et pourtant ils peuvent être fiers du travail qu'ils ontfourni pendant plus de 15 mois.

J'ai complété et ravivé mes souvenirs en reprenantcontact avec le Lieutenant-colonel SCHOULZ, qui présent à l'uni-té de 1959 à 1961, y commandait comme Sous-lieutenant la 3e

Section pendant la période des travaux sur le Barrage Avant. Sonaide m'a été précieuse.

En 1956, profitant de l'accueil de la Tunisie et du Maroc,le gouvernement provisoire de la république algérienne commen-ce à s'organiser et à entretenir des camps d'incorporation et d'ins-truction le long des frontières. L'Armée de Libération Nationale yprépare des hommes pour le combat. Une fois formés, ces soldatsrepassent la frontière en unités constituées pour renforcer les sixWillayas (circonscription de commandement dont l'ensemble cou-vrait toute l'Algérie).

Il a donc fallu construire un obstacle défensif dont la fonc-tion première était d'enrayer et de ralentir le passage de ces djou-nouds ainsi que des agents de liaison, des transporteurs d'armeset de fonds qui faisaient la navette au travers des frontières.

La seconde fonction du barrage était, à chaque franchis-sement, une tentative, une localisation du point où avait lieu l'inci-dent, en vue d'intervenir en force.

A cette fin, toute tentative de coupure ou de neutralisationde la haie électrique déclenchait une alerte sonore à l'intérieur duposte de surveillance (tous les 10 km) et l'appareillage de mesu-re, utilisant le principe de WHEATSTONE, indiquait par simple lec-ture sur des cadrans, le lieu de fonctionnement.

Le plus proche des détachements blindés qui circulaienten permanence sur la piste le long du barrage, prévenu par radio,pouvait alors réagir rapidement sur les lieux. (on appelait cela laherse).

Le commandement avait donc opté pour la constructionde la "ligne MORICE", du nom du ministre des armées de l'époque, sur les deux frontières.

Il va de soi, qu'un tel ouvrage, réalisé sur plus de 1500kilomètres de frontière, ne pouvait être parfaitement étanche, par-ticulièrement de nuit.

A sa mise en service, le barrage fit de nombreuses victi-mes par électrocution parmi les candidats au franchissement. Puisassez rapidement, le F.L.N. mit au point des techniques, soit pourpasser sans déclencher l'arc électrique (tunnel, échelle, etc) doncsans localisation possible, soit pour neutraliser l'obstacle rapide-ment et franchir dans la foulée avant la réaction de la HERSE ets'évanouir dans la nature (utilisation de cisailles isolantes, benga-lores, etc.) On assista donc à une course permanente entre tech-niques nouvelles de franchissement côté F.L.N. et parades côtéArmée Française, par renforcements successifs de l'ouvrage, dontle plus lourd fut la pose de mines, d'abord hors des barbelés puisdans les barbelés.

Le tracé de ce barrage côté tunisien, commencé en fin1956, poursuivi en 1957, passait à certains endroits assez loin dela frontière, pour des raisons tenant à la nature du relief, à l'im-plantation des unités d'intervention, à l'économie des moyens deconstruction et de surveillance.

Pour améliorer l'obstacle, fut alors décidée la réalisationdu Barrage-Avant, qui partant de la région de NEGRINE au sud etremontant jusqu'au Cap ROUX au nord doublait la ligne MORICEen passant au plus près possible de la frontière ;

Ainsi les bandes rebelles , signalées entre les deuxréseaux, étaient prises dans une masse et neutralisées plus effi-cacement.

C' est à la construction de ce Barrage Avant que la 75e

CGAP a participé, détachée de la 25e DP et mise à la dispositiondu Génie Divisionnaire N° 2 de la Zone Est Constantinois, de juin1958 à octobre 1959.

Au cours de cette période, la compagnie, partant du sudalgérien se vit attribuer six tronçons successifs de barrage à réali-ser : NEGRINE, BIR el ATER, BEKARIA, AIN ZERGA, LAMY,Coldes 4 vents, LETARF, le Cap ROUX, soit un total de plus de 100kilomètres.

Dans l’avancement des travaux de construction duBarrage vers le nord, le commandement réservait à la 75 les tron-çons présentant le plus de contraintes techniques et de difficultésopérationnelles, du fait de la nature du relief, des problèmes d'ac-cès, de l'éloignement des bases d'approvisionnement et des uni-tés d'intervention.

La compagnie releva le défi crânement, sans état d'âme.A chaque début de mise en chantier d'un tronçon, l'unité,

après une reconnaissance rapide, prenait deux jours pour instal-ler, à l'emplacement le mieux adapté, son camp de toile et y orga-niser son dispositif défensif.

Il ne faut pas oublier que la 75e C.G.A.P formait corps.Donc tout ce qui concernait la vie d'un corps de troupe devait trou-ver place au bivouac, sous les guitounes et y fonctionner. Du grou-pe effectifs-secrétariat assurant la gestion complète de plus de300 hommes (officiers, sous-officiers et hommes du rang), augroupe assurant toute l'intendance, en passant par l'approvision-nement en munitions et explosifs, en carburants, l'atelier 3e éche-lon des véhicules et engins, du Toubib et son infirmerie, auxfeuillées, en passant par le trésorier, le vaguemestre, l'ordinaire, lapopote, le ravitaillement en vivres et tout cela changeait d'implan-tation et de rattachement tous les deux à trois mois en plein dje-bel. S'ajoutant à cela le recrutement, la gestion et le paiementd'environs 300 ouvriers civils.

Le plus souvent, les premiers jours de notre installation,les fellagas venaient "tâter" le dispositif par un harcèlement de nuitaux armes automatiques : ce fut le cas à AIN ZERGA, au Col des4 vents et au Cap ROUX.

Puis il fallait passer à la mission. Le chantier se dérou-lait en s'appuyant le plus souvent sur une route ou piste existanteparallèle à la frontière qui, une fois l'ouvrage achevé, devait servirpour la circulation des unités de surveillance et d'intervention(herse).

Sur quelques tronçons la Compagnie a même eu à créercette piste sur plusieurs kilomètres.

La première phase du chantier consistait à dégager lelong de cette piste une plate-forme aussi plane que possible, larged'une bonne vingtaine de mètres.

Les travaux de déboisement lors de la traversée de forêtsde chênes lièges, de pétardements de rochers, de dégagement etnivellement au bull-dozer et la finition à la pelle-pioche et à la scie,se succédaient en fonction de la nature du terrain et de la végéta-tion.

Alors commençait, après piquetage du tracé, la secondephase, la construction échelonnée de l'ouvrage. Successivementet dans l'ordre en partant côté tunisien, un réseau dense de bar-belés sur piquets fer, puis une haie de barbelés électrifiés posée

12BIR EEL ATER, lle bbarrage ((1958)

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sur poteaux bois avec isolateurs (hauteur 2,5 m) ancrés dans lesplots de béton et enfin un réseau dense de barbelés identique côtéHerse. Tout ce travail de tressage de barbelés (pelote de 10 kg)était fait à la main.

Il arrivait que pour franchir une zone rocheuse, la posede chaque piquet devait faire l'objet d'un avant trou creusé au per-forateur. Au passage du Col des 4 vents sur des pentes à plus de50 %, les sapeurs devaient même travailler encordés.

Enfin le tronçon terminé, on passait aux vérifications defonctionnement avec mise en tension de la haie électrique : ce quientraînait améliorations, rectifications, réparations.

Le minage du réseau fut réalisé ultérieurement par d'au-tres unités de génie en liaison avec nous.

De la création de la plate-forme jusqu'à la finition, la 1ère,2e et 3e section renforcées du groupe engins assumaient toutesces tâches jusqu'à ce que le tronçon fonctionne parfaitement.

La 4e section, quant à elle, était spécialisée dans la cons-truction en béton armé des postes électrifiés(un tous les 10 km)permettant l'installation des groupes électrogènes de 4000 V, desappareils de mesures, du stockage du carburant et de la zone viede l'escouade d'électromécaniciens chargés du fonctionnementcontinu.

Poste électrique de BIR EL ATER, réalisé par la section du SLTBOUCHON.

L'équipement électrique proprement dit était installé parune unité d'électromécaniciens. De surcroît, cette 4e section eut àconstruire dans le sud, là où le terrain offrait les meilleures condi-tions d'exploitation, deux postes fortifiés de radars de détection ausol.

De la main d'œuvre locale civile (300 hommes) étaitrecrutée sur place et distribuée en renfort aux sections pendantles heures de chantier pour travailler dans les mêmes conditionsque les sapeurs. Les candidats ne manquaient pas et faisaientparfois quotidiennement trois heures à pied pour venir travailler.

Les employés civils à la construction du barrage.BIR EL ATER 1958.

Le salaire était satisfaisant et régulièrement payé, mais on peuts'interroger sur ce qui revenait au F.L.N. ?

Quoi qu'il en soit, li faut souligner que les Français desouche nord africaine qui travaillaient pour nous, payèrent unlourd tribut. Début 1959, un camion Willems qui transportait sur lapiste de la Herse une quarantaine de nos ouvriers à proximité deAIN ZERGA sauta sur une mine placée la nuit ; il y eut une ving-taine de morts et de nombreux blessés.

La remise en chantier quotidienne était le moment crucialde la journée. Il fallait toujours être en éveil pendant la circulationsur la piste et avant de commencer le travail, se méfier de la pré-sence toujours possible de pièges mis en place la nuit.

Le sergent VILLETTE,chef de groupeTransmission

(réglage du détecteurde mine SCR 625)

Alors que la compagnie achevait son tronçon dans larégion du TARF, eut lieu la plus importante destruction du réseaupar le FLN. En août 1959, quelques jours avant la visite annoncéedu Général de GAULLE, sur le Barrage Avant en voie de d'achè-vement dans la zone dite de "bec de canard"(1), une impression-nante manœuvre de destruction opérée la nuit, entraîna une cen-taine de coupures entre le TARF et LAMY rendant complètementinopérant le barrage sur 70 kilomètres.

Des embuscades simultanées, avaient neutralisé oudétruit les éléments de la herse et de puissants harcèlements depostes avaient bloqué toutes interventions immédiates. Au petitmatin, sur notre tronçon, plusieurs portions (environ 400 mètres)avaient été détruites. Tous les piquets avaient été déterrés et lesbarbelés découpés à l'explosif ou arrachés par les bourricots qu'u-tilisaient les fells.

On estima à 10 000 hommes l'effectif appliqué à cetteattaque réussie puis replié sur la Tunisie. Deux jours et deux nuitsfurent nécessaires à la compagnie pour réparer les dégâts et récu-pérer environ trois cents bengalores artisanaux qui n'avaient pasexplosé, rien que sur notre tronçon.L'importance de l'objectif et la priorité des délais à tenir firent queles chantiers se déroulaient pratiquement en continu, sans repos,même le dimanche hormis Saint-Barbe, Saint-Michel, 14 juillet,Noël et Jour de l'An, avec pour seule distraction le changement debivouac et les trop rares séances de sauts d'entretien à PHILIP-PEVILLE.

BIR EEL ATER 11958, le SSCH GGOOMIDHTT eet lla mmascotte.

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C'était un travail qu'il fallait pousser avec un maximum de rende-ment, malgré des conditions climatiques le plus souvent rudes :que ce soient les vents de sable de NEGRINE, le froid et la neigedu Col des 4 vents ou la canicule moite et les moustiques du CAPROUX. Travail répétitif, fastidieux, qui quotidiennement décapaitl'âme, déguenillait les treillis et lardait les mains malgré les gantsà barbelé, mais travail qui n'entama jamais l'essentiel à savoir leMORAL et la DISCIPLINE d'une unité à 90 % d'appelés, à lacohésion et l'efficacité sans faille, à la faculté d'adaptation remar-quable et qui fit honneur, là aussi à notre devise "SAPEUR suisPARA demeure".

Seules coupures dans le rythme : de temps à autre uneescouade était envoyée en déminage sur zone suspecte, après ladestruction d'un véhicule ou blindé ami ou bien une section étaitdétachée en accompagnement d'un groupement opérationnelpendant deux ou trois jours, généralement en zone interdite. C'estainsi qu'au lendemain de l'attaque massive des fellagas sur leréseau électrifié, en août 59 la 3e section fut intégrée à un grou-pement constitué d'un bataillon du 15e R.T.A et d'un escadron du1er R.E.C. Elle y ouvrit, sur une vingtaine de kilomètres longeant le"Bec de Canard", le passage aux blindés en dégageant manuelle-ment de multiples obstacles sur la piste. Sur les 300 abattis trai-tés certains, compte tenu du diamètre important des arbres, récla-mèrent le pétardement par charges intérieures.

Fin octobre 1959, la 75e C.G.A.P. avait honoré la missionque lui avait fixée le commandement du génie de la 2e Division dela Zone Est Constantinois et c'est avec joie et enthousiasme qu'el-le retrouva le giron de la 25e Division Parachutiste pour être lan-cée dans les opérations "PIERRES PRECIEUSES" dès le 1er

novembre .Au cours de cette période passée sur le Barrage Avant,

nous eûmes à déplorer la disparition de plusieurs camarades : unsapeur para fut écrasé par son bull-dozer, un autre fit une chutemortelle lors d'une séance de saut. Quant au Caporal-chefASTROU et au Sapeur BENOIS, ils furent tués le 12 octobre 1959dans l'explosion d'une mine au passage de la jeep du CapitaineBASTID (lui même très grièvement blessé), lors d'une reconnais-sance à proximité du bivouac du cap ROUX.

La Jeep du capitaine BASTID,12 octobre 1959 (côte 205)

Par son ordre du jour N° 8 du 21 octobre 1959, leGénéral DULAC, commandant la Zone Est Constantinois renditcet hommage à la compagnie :

"La 75e Compagnie du Génie Aéroporté vient de quitter laZone Est Constantinois après un séjour de dix neuf mois durantlequel elle a participé à tous les travaux de protection de la fron-tière algéro-tunisienne en prenant une part importante à la réali-sation du Barrage Avant.

Malgré les tâches ingrates qui lui furent confiées, elle atoujours su garder son dynamisme et son ardeur qui sont lescaractéristiques du génie aéroporté.

J'adresse toutes mes félicitations à son commandant d'u-nité, à ses officiers, sous-officiers et sapeurs qui ont donné unefois de plus la mesure de leurs qualités de courage et d'abnéga-tion par un travail acharné et une activité inlassable dans desrégions particulièrement dangereuses, contribuant ainsi à ladéfense de la frontière et à l'œuvre de pacification de l'ArméeFrançaises en Algérie".Claude MARECHALChef de bataillon (er)

(1) Le bec de canard appelé également "pépinière fellouze" par lesmilitaires était une zone boisée où le plus gros des troupes del'A.L.N. s'abritait.

Centre TTransmissions

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GASTONVILLE 1960,ferme Ste Croix,

l’écusson sur le château d’eau.

Tronçon du Cap-Roux,le sapeur parachutiste STOESSEL

et un MOC/FSNA

Bivouac à LAMY.(3e section)

La 3e section au travail, région de LAMY16

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Dans les pages suivantes, aux habituellesscènes de combats, il a été privilègié unregroupement de documents moins connuspour rendre compte de la guerre d’Indochine.

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Affiche du gouvernement provisoire d’Alger, 1943.

La baie d’Along.L’exotisme fascine. Exposition coloniale de 1931.(30 millions de tickets vendus!)

De Gaulle fait campagne.19

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Avant la guerre.

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Méfiez-vous des filles, agents du Viêt-Minh.

Habituelle représentation carricaturale. La réponse des anciens combattants.

Taisez-vous, les oreilles ennemies vous écoutent.

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Campagne anti-guerre PCF.

“Légion étrangère ou libertéQuitter la Légion signifie retour au pays.”24

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Recrutement de l’Armée cambodgienne.

“L’indépendance ou la mort.”

“Indépendance, prospérité, paix”25

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Armée et forces régionales Viêt-Minh, 1951. Le Viêt-Minh revendique le NAM-BÔ (la Cochinchine), 1946.

Exaltation de la lutte pour l’indépendance, 1946.26

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Tract aanti-gguerre àà ll’attentiondes ssoldats aafricains.

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Largage du deuxième bulldozer.

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"Aux jeunes du 17 actuel qui savent si bien entretenir la flamme".

Colonel Bernard du BOUCHERChef de corps du 17° RGAP 1970-1971

“17 juillet, avant l’envol vers LANGSON. L’air un peu dubitatif !!La chaleur y était pour beaucoup, il est vrai.”

"16 juillet : il fait chaud, très chaud même, en ce mois de juillet1983 à HANOÏ. L'avant veille, un défilé en l'honneur de notre fêtenationale, a réuni en particulier quatre bataillons parachutistes.En fait, c'était une excellente raison de rassembler, sans tropéveiller l'attention des Viëts, les paras à proximité des terrains d'a-viation car une opération aéroportée était programmée dans leplus grand secret pour le 17 juillet. En fin de matinée, le chef de la section génie des TroupesAéroportées Nord est convoqué au PC du Colonel Ducourneau,chef prestigieux des TAP Nord qui lui expose sa mission :Destruction massive d'armes et franchissement.Classique pour un sapeur… moins classique, c'est que la mise enplace et l'assaut se feront par parachutage et que ce sera très durphysiquement : Au moins 80 km à parcourir en zone viet, "à fondla caisse", dirait-on aujourd'hui et surtout… à pied évidemment."Combien de temps vous faut-il pour réaliser la destruction de plu-sieurs centaines d'armes, camions, munitions ?" demande le colo-nel. Prudent, le chef de section répond : "une demie-journée.""Je vous conseille d'établir vos prévisions sur des bases moins

élevées" rétorque Ducourneau qui ajoute : "Briefing ce soir à 21heures. Nous sautons demain matin. Prévoyez beaucoup d'explo-sif. Ne prenez que des gens en parfaite condition physique".Quid de la destruction ? Mystère… On n'a guère le temps d'y pen-ser car il faut percevoir les explosifs (500 kg de plastic qui serontlargués d'un avion spécial), conditionner les gaines, les bateauxpneumatiques, quelques mines… ça peut servir lorsqu'on estpoursuivi !Le soir arrive très vite. C'est l'heure du briefing. Beaucoup de"beau monde" : les patrons des 6e BPC, 8e BPC, 2e BEP entre aut-res.L'objectif est dévoilé : LANGSON… ça promet !

Rapidement mené, le briefing se déroule : deux bataillons sur lesdépôts, un bataillon en recueil à 40 km de LANGSON pour tenir unpassage sur le SONG KY CONG.Pour les sapeurs, les 2/3 de la section sur les dépôts, 1/3 sur leSONG KY CONG (heureusement que la section est en fait unepetite compagnie de 95 personnels).Retour à la base, ultime réunion et répartition des tâches. Seul, lechef de section connaît l'objectif et ne peut encore le divulguer.Il est minuit. Tout le monde au lit pour un sommeil aussi bref queréparateur, sinon illusoire.Et réveil à 4 heures, le 17 juillet : direction le terrain de BACH-MAÏoù les dakotas attendent Et la longue attente commence. Vers 7heures, l'heure d'embarquement arrive enfin. La séance de saunacommence dans les avions déjà surchauffés. Pour détendre ( ?)l'atmosphère, le chef de section peut, enfin, dévoiler l'objectif :LANGSON; les anciens tordent le nez, les jeunes prennent un airdégagé (et forcé).

Enfin, le décollage. L'avion tabasse sérieusement, ce qui ajouteaux délices d'une sudation abondante et au poids du harnache-ment un petit supplément !Puis c'est la délivrance du "debout, accrochez !"Le saut et, presque immédiatement, l'atterrissage car le largages'effectue à 150 mètres en raison de la présence probable d'uncomité d'accueil… viet bien sur, fort heureusement absent. La seule difficulté vient de la boue de la DZ qui n'est rien d'autrequ'une rizière et qui gène le dé-harnachement.

LL AANNGGSSOONN(17-18 juillet 1953)

Langson, au fond les calcaires de Ky Lua : l’objectif.31

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“J’ai chu mollement dans la bonnemerde...”

Une courte pose pour DUCOURNEAUet BIGEARD.

Les calcaires de Ky Lua.

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L’entrée de la grotte.

Un des quatre camions russes MOLOTOVA.

Ci-dessous, FM SKODAet leurs caisses.

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*Récupération des caisses d'explosifs et acheminement vers lesgrottes-dépôt. Les habitants du coin se proposent spontanément àtransporter les caisses. Leur accueil est extraordinaire car ilscroient que notre retour est définitif ; Ils racontent tout ce qu'ils ont souffert depuis deux ans que le communisme pur et dur les aasservis. Mieux que n'importe quel discours, les écouter justifiecette guerre contre ce régime inhumain. Hélas pour eux, la présence des paras n'est que momentanée.Pendant ce temps le 6° BPC donne l'assaut aux défenseurs desgrottes qui se battent vaillamment mais ne peuvent pas grand'

chose contre le bataillon Bigeard qui occupe les grottes et nousles livre.La grotte principale est un magnifique amphithéâtre, vraie caver-

ne d'Ali-Baba : Des caisses et des caisses de fusils mitrailleurstchèques, tout neufs, encore encoconnés, des camions Molotova,des fûts d'essence, des munitions, des explosifs et jusqu'à 11000paires de chaussettes (leur intendance, comme toutes les inten-dances, n'est pas à l'abri de certaines erreurs : on n'a jamais vu unbo-doï avec des chaussettes !).

Les paras ne perdent rien du spectacle.

“Le “grand chef” parait satisfait, au fond le dépôt brûle”.34

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Pas question de perdre du temps. Le PC donne l'ordre de décro-cher dans deux heures, car une colonne viet est signalée.L'explosif est bourré dans les caisses de FM et sur les moteursdes Molotova, les grenades incendiaires sont fixées sur les fûtsd'essence et pour éviter un retour de quelques Viets survivantsdans les siphons au fond de la grotte, des mines sont placées.Ainsi la mise à feu pourra se dérouler normalement.Six mises à feu simultanées sont mises en œuvre. Repli rapide.Sueurs froides (avec 40° à l'ombre !). Le chef de section, seuldevant ses responsabilités, les yeux fixés sur la trotteuse de samontre.

Libération de l'exploson … Le sol a tremblé et le souffle a renver-sé "les spectateurs" postés à 500 mètres. Une grosse fumée noires'échappe par un puit naturel dans le piton. C'est gagné.

Mais ce n'est pas terminé. La section s'intègre dans le dispositif,saluée au passage par Bigeard d'un "c'est bien les sapeurs".Il va falloir marcher rapidement car la colonne viet approche. Lapose de mines pour la retarder est abandonnée car une foule decivils vietnamiens veut se replier avec les paras. Elle se réduira aufur et à mesure des kilomètres nocturnes en raison de la fatigue.Cette fatigue est maintenant présente. C'est le "marche ou crève"cher à la Légion Etrangère. Il faut atteindre LOCN-BINH où le 2°BEP et le reste de la section génie ont sauté avant les Viets.Chose faite vers 2 heures du matin. Les sapeurs ont aménagé unva et vient avec six bateaux pneumatiques accomplis et le fran-chissement se fait sans difficulté. Un peu de repos est le bienve-nu car il va falloir repartir. Auparavant un dakota vient nous larguernotre ravitaillement avec, attention qui nous touche beaucoup, unapéritif anisé bien connu et… des blocs de glace. Non, décidé-ment, notre intendance est moins bête que la leur.Et la marche reprend. Encore bien des kilomètres avant de retro-uver le GM5 venu de la mer. Il faut marcher vite. Deux paras du 6°BPC meurent d'épuisement. Le manque de sommeil s'ajoute à lafatigue. On dort en marchant : et ce n'est pas une galéjade! On se

réveille quant on vient buter contre celui qui vous précède. Lestoubibs, admirables, se dépensent sans compter tout au long dela colonne, administrant force piqûres de Vitascorbol.A 1 heure du matin, la jonction est établie. Le GM5 et les camionstant espérés sont là. On va pouvoir enfin dormir. Certains s'endor-ment sur place… pour s'apercevoir au réveil qu'ils ont dormicomme des bienheureux dans la cour d'une pagode pavée decailloux en essaim.La section est au complet. Pas de perte à signaler.Le lendemain retour à HANOÏ pour un repos mérité.Mais ceci est une autre histoire.Ainsi s'achève l'opération HIRONDELLE puisqu'hirondelles il y a. Elle illustre bien la déclaration pleine d'humour britannique duColonel Bramble d'André Maurois : "le métier militaire est rude etparfois mêlé de réels dangers".

“Le franchissement du 6e BPC à l’aide de nos petit bateaux”

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LE PRESIDENT ET LES MEMBRES DU CONSEIL D'ADMINISTRATION VOUS ANNONCENT

Avec joie la naissance de

Maiann chez le Caporal-chef Frédéric BLOUQUIN le 23 novembre 2003Aude chez le Sergent Pierre-Henri MENANT le 23 janvier 2004

Avec plaisir le mariage de

Caporal-chef Nicolas LECOINTE et Mademoiselle Sonia SEREGANDA le 29 novembre 2003

Avec de profonds regrets le décès de

Jacques Roger BORAS le 08 décembre 2003Philippe MILLET le 05 janvier 2004Patricia (fille de Patrick HENNION) le 11 janvier 2004Paul BOULIN (père de l’ADC BOULIN) le 02 février 2004

AAVVII SSaux anciens de la 1ère Compagnie du 17e BGAP

"nous avions eu 20 ans dans les Aurès"

Maître Clément VAQUEZ, avocat honoraire, retiré à NOUMEA, est attaché à son 17 et à sa première compagnie. Il se souvient quele 16 novembre 1954, la première compagnie du 17ème BGAP quittait la caserne BANEL pour rejoindre l'ALGERIE.

Commandant d'unité Capitaine ELISSALDEOfficier adjoint Lieutenant MEMAIN (†)Services administratifs Adjudant MANS (†)Services techniques Sergent-chef AYMARD (†)Adjudant de compagnie Adjudant FOUGNIEChefs de section Sous-lieutenant VAQUEZ, Adjudant-chef BECHELEM, Sergent-chef LEMERRER (†)

Pour le 50e anniversaire de ce départ, il a envisagé que tous ceux qui ont vécu ce moment : militaires d'active, engagés et appelésdes 54/1 et 54/2 ayant servi du 17/11/54 au 1/09/55 et qui ont prolongé leur séjour "sous les drapeaux" jusqu'à 32 voire 36 mois, seretrouvent pour une journée du souvenir le mardi 16 novembre 2004 dans cette même caserne BANEL à CASTELSARRASIN.

Il est demandé aux personnes concernées de diffuser l'information aux camarades non amicalistes et de prendre contact avec

L'Amicale M. Roger LEONARD Général (cr) Claude MOUTONQuartier Doumerc - BP 766 3, impasse Emile de Girardin 23, route de Montech82087 MONTAUBAN Cedex 82100 CASTELSARRASIN 82000 MONTAUBANTEL 05.63.91.31.24 TEL 05.63.32.14.58 TEL 05.63.20.07.28

Les modalités pratiques, organisation matérielle, programme, déroulement feront l'objet d'une communication ultérieure.

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Phillipe MILLET, retourné à la vie civile avec le grade de sergent, avait fait son service militaire au 17 de 1988 à 1989.Il nous a quittés sous des rafales d'armes automatiques terroristes en Irak, lors d'une mission de sécurité au profit d’une organisationcivile.

Jacques Roger BORAS s'est éteint à l’âge de 70 ans.Ancien officier de réserve du Génie Parachutiste, il compta parmi ceux qui fondèrent le para-club de Dordogne et l'Union Nationaledes Parachutistes du département de Dordogne. Diverses fonctions lui furent confiées : trésorier du musée militaire, président dépar-temental des PEEP et de l'association de Bertrand-de-Born, Administrateur de l'office des HLM et membre du Syndicat d'initiative oùil s'occupait des relations publiques.

Directeur de la publication et de la rédaction:

Général (CR) Claude MOUTON

Madame Sylvie CARON

CCH Fabien LONGUET

Techni Print Montauban

Privées et archives INFOCOM 17e RGP.

Paras du Génie:Bulletin de l’Amicale

du 17e RGP

Les articles signés n’engagent quela responsabilité de leurs auteurs.

Secrétaire:

Collaboration technique,conception, réalisation:

Impression:

Crédit photos:

Adresse:

Amicale du 17e RGPQuartier DOUMERC, BP 76682087 MONTAUBAN Cedex

Association loi 1901déclarée le 15 avril 1981

JO du 20 mai 1981 (n°148 - page4910)Membre de la FNAP

Tel/Fax:05 63 91 31 24 ou tel 05 63 21 72 42E-mail: [email protected]

Site internet: http//www.Amicale17.org

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RETOURS COURRIER POSTALGeorges ADAM, Olivier LYAET, Daniel FRATICOLA, René PAR-TOUCHE, Thierry FECHOZ-CHRISTOPHE, Laurence TEMPERE,Eric CELESTIN, Guy SAHLER, Stéphane CALMETS, DominiqueMOTA, Bruno LORE, Denis ORACZ, Benoît BROUHEZ, PatrickALLEMAND, Bernard LAVIGNE, Jacques AUDRY, Pascal COP-POLANI, Jean-Philippe SOLIER, Guy MAZEVET.

DONSGuy GENRIES, Guy LEON-DUFOUR, Claude LUCAZEAU, LouisPORCU, Philippe MIGNOT, Andre BESAMAT, Paul MUDRY,Jean-Marie BRIET, Jean-Marie SUPPER, Philippe KJAN, PaulIRIGOYEN, Jacky DELIN, Marie FAVREAU.

PETITES ANNONCESLa FNAP a désormais son site internet. http://webfnap.free.fr

RECHERCHESAncien EV de la 84/02 et de la section Malaise, 1° compagnie,actuellement policier sur la cote, je cherche des personnes ayantservi avec moi.Contacter [email protected]

Je recherche les sapeurs de la section Lagrange 84/06pour correspondre via le net.Contacter Olivier [email protected]

Recherche personne classe 77/10 Compagnie d Appuiet ayant effectué un séjour à DjiboutiContacter [email protected] / 06.62.91.33.26

Recherche ancien de la 78/08 a 79/02Compagnie Commandement Services atelier 2bContacter Pascal [email protected]

Cherche à contacter le Colonel Berger je suis un de ses ancien chauffeur a la 11°lorsqu'il était Capitaine au 17 RGPContacter Michel DELL'[email protected]

Parmi vous de 87 à 91, j'ai retrouvé puis perdu Xavier Dewas (sur-nom:Half) quand il était Policier à Bourges(18).Si vous savez ou il est... Contacter [email protected]

Je recherche des personnes de la classe 94/10de la 2° Compagnie.Contacter [email protected] / 06.08.43.70.48

Quelle unité de paras était stationnée à Sétif (Algérie)dans les années 1946/1948/1949 et 1950.Quelqu'un aurait-il connu Guy Languillé ?Contacter Jean-Pierre [email protected]

Recherche toutes photos de mon groupe de la 11° Cie sous lesordres de l'Aspirant Saint Germain ou Sergent-chef CASTOR.Contacter Frédéric [email protected]

Classe 94/04 et deux ans de VSL, j'ai participé au BATINF2 avecla 2° Cie. Si vous voulez discuter ou échanger des photos…Contacter Amar [email protected]

ILS NOUS ONT REJOINTSJacques DELRIEU ( 71), Eric VIAUD (98), Jean-Pierre BOURGER(54), Maurice LEBOUT (59), Hubert AYMARD (75), Frederic REYX(24), Mickael PILLER (82), Pascal AGNERAY (59), Edmond KUTA(59), Guy LEON-DUFOUR (92), Seng-Ly LAM (82), Jean-BaptisteVILLAIN (59), Pierre-Henri MENANT (25), Carlos MATEOS (82),Olivier ESTEVE (31), Christophe GOETZ (67), Michel HECQUET(28), Pascal DHAENE (59), Michel LAGUILHON (31), PatriceMAILLARD (13). Michel ROBLIN (89), Laurent JAMBOU (75),Gérard SKONIECZNY (94), Claude LAURENS (82), Eric BRU-DER (91), Philippe FOURNIER (94), Claude FELIX (59), DidierCLICQ (46), Alfred SWIERGIEL (59), Michel PALAU (82), JeanPhilippe PORTAL (83).

MUTATIONS(connues à ce jour, liste non définitive)

ARRIVANTSLCL (TA) Jean-Luc KUNTZ (futur Chef de corps),LCL JosephBLONDE , LCL Christian JOUSLIN DE NORAY, SLT SteveSILLON, LT David RIBEIRO, LT Thierry BAUER, CBA Jean-LucBRETON, CNE Stéphane REMY (Aumonier), SCH GuillaumeCOCHE, SCH David ESTABES, SCH Laurent GAUZI, SCH MarcTOMBOLAN, SCH Patrick HOUDBINE, SGT Christophe DUBOIS,SGT Ly LAM SENQ, SGT Henri AVEROUS, SGT David PUJOL,CPL Christophe CHOCAT, CPL Laurent TEISSIER, SDT JoelREIATUA,

PARTANTSLTC Jacques DEMAN ECOLE ETAT MAJOR COMPIEGNE, LTCMichel ESPARSA STAT PC GPT EXP VERSAILLES, LT Philippe GAILLARD-MIDOL ESOA CADRES ST MAIXENT,CBA Yves JUSTINIEN ETAP PAU,CNE Sylvain PRADINE CEPC MAILLY LE CAMP,ADJ Olivier VIALLE 2° RPIMA ST PIERRE REUNION,ADC Alain SCHOULZ BIL-BG POLYNESIE, SCH Alain PAYET 6° RG ANGERS,SCH David PINTORE 2° RG METZ,SCH David LE PIOLET CNAM BRIANÇON,SGT Tony KOESSLER 1° RG ILLKIRCH, SGT Yann STANISLAWSKI 501-503° RCC MOURMELON, CCH Emmanuel POMMEY BASE PETROL.I.ARMEES. CHA-LONS/SAONE.CCH Michael ALLART 2° RPIMA ST PIERRE REUNION,CCH Arnaud LEBRUN GROUP SOUT LOURCINE PARIS,1CL Arnaud SIMON ESAG CADRES ANGERS,1CL Sébastien LATRE 31° RG CASTELSARRASIN

RETRAITECCH Christophe NICOD

Pour obtenir le timbre de cotisation 2004,il vous est demandé,en joignant votre carte,

de vous acquitter de la somme de 17 � avant le 1er juin 2004

Il est demandé aux titulaires de la carte du combattantou du TRN, d’adresser au bureau de l’Amicale le N° dudocument le plus rapidement possible.

Petit rappel concernant les images que vous envoyez: Evitez les photocopies, les photos imprimées, privilé-giez les photos sur support argentique.Pour les photos numériques, les adresser sur un sup-port informatique (disquette, CD, zip...) et évitez de lesinsérer dans un document word.

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NNOORRDD // PPAA SS--DDEE-- CC AALL AAIISS // PP II CC AARRDDII EE

Invitée par la municipalité deRoncq, notre délégationNord/Pas-de-Calais/Picardie aassisté à la cérémonie du 11novembre 2003.

Le 30 novembre 2003, la délégationNord/Pas-de-Calais/Picardie invitée àLille pour célébrer le "100e anniversairedu Génie".Notre fanion parmi les porte-drapeauxFrançais, Belges et Allemands.

Jean-Noël FLORIN69 1/C

Brevet : 286588

Daniel RISSELIN69 1/C

Brevet : 286587

Grâce à la Délégation… Ils se sont retrouvés en 2000, 30 ans après !

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C'est avec joie et honneur que nous avons accueilli, same-di soir notre président à la gare de Strasbourg, suivi d'unepetite soirée tartes flambées. En effet, pour la cinquièmeannée où nous commémorons la libération deGrussenheim, le Général (cr) MOUTON était des nôtres. C'est le dimanche 25 janvier à 9 h 45, par une belle journéefraîche, comme il se doit en Alsace, que débuta les céré-monies présidées par Monsieur Gilbert MEYER, députémaire de Colmar, Messieurs les Généraux PORMENTE,président de l'association de la 2e DB et MOUTON, ainsique Monsieur Charles LECLERC de HAUTECLOQUE. LeGénéral de division DUPRE s'était excusé, retenu par d'au-tres obligations au sein de la Région Terre Nord- Est Le Dépôt de gerbes au monument aux morts du village futsuivi par la grand-messe, en mémoire des victimes, célé-brée par le Père ROTH et rehaussée par la chorale SainteCécile. A l'issue du déplacement en bon ordre dans le villa-ge pavoisé, plusieurs gerbes furent déposées à la stèle dusouvenir, principalement celle de l'amicale portée par leGénéral et moi-même. Un vin d'honneur clôtura ces cérémonies. A cette occasionle drapeau des anciens de la 2e DB fut remis à MonsieurSEYLER, maire du village, pour la garde de celui-ci. Plus proche de nous, deux anciens du 17e RégimentColoniale du Génie, le Lieutenant-colonel (H) BERNARD etl'Adjudant-chef (H) MIARD firent connaissance, tous deuxayant participé aux combats de la poche de Colmar, maisdans des compagnies différentes. Ce fut certainement ungrand moment pour eux de se rencontrer 59 ans après cesévènements. Il est à noter que Monsieur MIARD faisait par-tie de la 2e compagnie, celle ayant subi les lourdes pertes

sur la rivière Blind, le 27 janvier 1945. (voir article joint)Après un arrêt sur le point de franchissement, nous rejoi-gnîmes le fort RAPP à Reischtett pour la suite des festivi-tés. Après un sympathique accueil, monsieur SHULER, pré-sident des "amis du fort Rapp" nous présenta un petit his-torique fort sympathique de cet ouvrage.A l'issue de la remise du cadeau à notre président (photo dufort encadrée), une choucroute bien garnie suivi d'un fro-mage de Munster nous rassasia. Le tout bien évidemmentarrosé d'un petit vin d'Alsace. La nuit était tombée depuis bien longtemps et les chants quiavaient fait vibrer le fort s'étaient tus, lorsque les derniersquittèrent les lieux.Nous nous rappellerons longtemps de cette journée pleinede souvenirs et de bonne humeur, renforcée par la présen-ce et quelle présence ! de notre président.Je tiens à remercier tous les participants et particulièrementle Lieutenant-colonel KUNTZ et Monsieur Robert EBELpour leur aide si précieuse dans la préparation de cettemanifestation.Amicalistes présents lors de cette journée. : M. le Général(cr) MOUTON, M. le Lieutenant-colonel KUNTZ etMadame, M. LE Chef de bataillon (H) SALEMBIER etMadame, M. le Chef de bataillon (H) STOLL et Madame, M.Le Capitaine CASTILLE et Madame, M. le Capitaine MON-TURET et Madame, M. MASSON, M. WAGNER, M..STEMMER, M. KORNETZKY et Madame, M. BENETAS etMadame, M. BARTHER, M. LETROUBLON et Madame, M.PIAT, M. FISCHER (porte fanion) , M. EBEL (le PèreFouras) et mon épouse.

AALLSS AACCEE // LLOORRRR AAIINNEE

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M. Robert EBEL, ancien de la 60, (foyerde campagne et vaguemestre) s’investitaujourd’hui dans la réfection du FortRAPP.

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Héritier des traditions du 17e Bataillon Colonial du génie, le17e RGP s'associe à toutes les pages de gloire et de deuildes sapeurs de ce bataillon.C'est à ce titre que la délégation Alsace-Lorraine del'Amicale participe annuellement aux manifestations com-mémoratives des combats de GRUSSENHEIM, organiséespar les anciens de la 2e Division Blindée, présidée par leGénéral de Corps d'Armée (cr) Georges PORMENTE,ancien chef de corps du 9e RCP et ancien commandant dela 2e DB.Ces combats s'inscrivent dans le cadre d'une offensive dela 1ère Armée (Général de LATTRE) qui s'est déroulée du 23janvier au 10 février 1945. Elle répondait, après l'échec dela contre-offensive allemande dans les Ardennes de la mi-décembre 1944, poursuivie en France, le 31 décembre parune manœuvre sans succès sur le versant lorrain des VOS-GES, à une nouvelle poussée sur l'ALSACE, arrêtée sur

l'ILL par la 1ère DFL (Général GARBAY) le 12 janvier aprèsun dur combat rétrograde et au prix de lourdes pertes.Il s'agissait d'une manœuvre conjuguée visant pour le 2e

CORPS (Général de MONTSABERT à attaquer plein Est,en vue d'atteindre les passages du Rhin, (à hauteur deNEUF-BRISACH) tout en détruisant, au fur et à mesureles résistances rencontrées (notamment le verrou deGRUSSENHEIM) et après jonction avec le 1er CORPS(Général BETHOUART) agissant sur la direction généraleMULHOUSE-COLMAR, s'emparer de cette dernière ville.Dans la zone d'action qui nous intéresse, le 2e CORPSdisposait du SUD vers le NORD, de la 5e DB(Général deVERNEJOUL), de la 3e DI-US, de la 1ère DFL et de la 2e DB(Général LECLERC) qui engagea ses groupements suc-cessivement, renforcée d'un bataillon de Légion Etrangère(Chef de Bataillon de SAIRIGNE).

GGRRUUSS SSEENNHHEE IIMM28 janvier 1945 - 28 janvier 2004

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C'est dans des conditions hivernales très marquées avecun épais manteau neigeux et des températures descendantjusqu'à -25° , que la contre-attaque du 2e CORPS futdéclenchée, dans la nuit du 22 au 23 janvier sur la directiongénérale ILLHAUESERN-MARCKOLSHEIM.

"Le combat dans la neige glacée, sous les bombardementssans fin, avec des balles invisibles qui sifflent, a quelquechose d'effrayant. Soldats, devenus fantômes sous lesdraps de lit ficelés sur leurs épaules, ils subissent ce froidet cette humidité qui grimpent le long des jambes aprèsavoir immobilisé les orteils. Ils voient, de leurs yeux brûléspar la réverbération de la lumière sur la neige, s'inscriredevant eux, jour après jour, le décompte des combats.Heureusement des vêtements sont arrivés et chacun a purecevoir, en plus, une peau de mouton…Il faut obliger les hommes, sans cesse, à organiser le ter-rain malgré leurs fatigues : on creuse le sol gelé sur lequelrebondissent, en tintant les barres à mines." GénéralSAINT-HILLIER

La progression était barrée par trois coupures successivesavant d'aborder le RHIN. D'OUEST en EST, on trouvait, audébouché, l'ILL, brèche de moyenne importance (de l'ordrede 50 m), puis la BLIND, affluent de l'ILL, qui nécessitait desmoyens de pontage et enfin, le canal du RHONE au RHIN. Malgré le rétablissement d'un passage par moyens Bailey,sur l'ILL, face à ILLHAEUSERN, sous des feux quasi-per-manents et à la lueur des incendies du village, la 1ère DFLfut bloquée par l'ennemi bien retranché et ne put déboucherque 72 heures plus tard.La manœuvre de réduction du verrou de GRUSSENHEIM,confié au sous-groupement du Lieutenant-colonel PUTZ (2e

DB) était conditionnée par le rétablissement rapide de l'iti-néraire au passage de la BLIND. Dès l'aube du 27 janvier,la décision de ponter avec du matériel TREADWAY, mis àdisposition par la division voisine au SUD (3e DI-US) futprise, mais les camions BROAKWAY ne regagnèrentjamais la BLIND (enlisement, ennuis mécaniques…)Avec ce contretemps, le Lieutenant-colonel PUTZ compritqu'il était illusoire de vouloir encore enlever GRUSSEN-HEIM avant le crépuscule et tandis que le bataillon de laLégion Etrangère renforcé de deux chars traversait parmoyens discontinus pour contrôler un espace de sécuritéen vue de créer une tête de pont durant l'après midi, la solu-tion de construire de nuit, un pont BAILLEY fut arrêtée. Alors que les réactions ennemies restaient faibles, lesreconnaissances techniques s'effectuèrent à la tombée dela nuit et le chantier fut entrepris vers 19h30.Toutes les conditions d'indiscrétion (bruits divers, chocsmétalliques, commandements à la voix, signaux lumi-neux,…) étaient malheureusement réunies sous le nez del'ennemi, qui vers 23 heures déclencha de violents tirsmeurtriers d'artillerie et d'un char qui s'abattirent sur le ponten cours de montage. La section perdit 12 hommes etcompta une vingtaine de blessés. Le chef de la section rele-vante mesura la difficulté de poursuivre l'implantation d'unpont fixe. Le lancement d'un TREADWAY s'imposa à lui etun arrangement avec le génie de la 5e DB faisant fi des che-minements procéduriers réglementaires contribua à dispo-ser rapidement d'un BROAKWAY sur le site vers 3h30. LeTREADWAY lancé sans réaction ennemie fut livré à l'aubeet la majeure partie des moyens était déployée sur l'autrerive à 10 heures.

Les légionnaires attaquèrent le village par l'Ouest tandisque le Lieutenant-colonel PUTZ effectuait un large débor-dement pour l'aborder par le SUD. Les combats très inten-ses et meurtriers se prolongèrent toute la journée du 28. Ala nuit GRUSSENHEIM tomba. Les pertes étaient très lour-des : 400 hommes mis hors de combat, 12 engins blindésrendus inutilisables sans parler du village dévasté : Parmiles morts il faut citer nos camarades du 17e BCG mais éga-lement le Lieutenant-colonel PUTZ, un des libérateurs deSTRASBOURG dont on a écrit : "la figure émaciée de cegrand baroudeur, de ce combattant de 1945, puis del'Espagne, puis des Corps Francs, s'empourpre de sangdans la grande blancheur de cet après-midi neigeux".

La conquête de GRUSSENHEIM allait permettre la libéra-tion de la poche de Colmar et la marche vers le Rhin.

Aspirant Marcel SILLON, sergent Joseph CAS-SADO, caporal Robert GASTON, maître-ouvrier Gabriel PUISELVERT, sapeur JacquesCHARPENTIER, sapeur Charles CHAUVET,sapeur Lucien DOGNAUX, sapeur MarcelDUDOUIT, sapeur Albert JACQUES, sapeurHenry LENY, sapeur André VION, le 27 janvier.Sergent-chef CASEMAJOUR, le 2 février.

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Les morts de la 3e section de la 2e Cie du 17e BCG du 27 janvierfigurent sur une stèle en contrebas du pont qui franchit la Blind :

Deux anciens, le lieutenant-colonel (H) BERNARD et l’adjudant-chef (H) MIARD se souviennent.

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CEUX QUI…

Ceux qui volontairementCeux qui d'officeCeux qui campagne simple aux T.O.E.

en attendant que ça passe Ceux qui traquentCeux qui détraquentCeux qui half-traquentCeux qui pitonnentCeux qui bétonnentCeux qui bobonnent Ceux qui déconnentCeux qui biberonnentCeux qui ouvrent la route et qui ont juste le droit

de la fermerCeux qui l'ancre au calotCeux qui l'encre au styloCeux qui donnent des ordresCeux qui les transmettent en les améliorantCeux qui se demandent comment les exécuterCeux qui se disent qu'on est commandé par des cons,

sans se rendre compte qu'ils pourraientfaire partie du haut commandement

Ceux qui cravate verteCeux qui cravate noireCeux qui aimeraient bien en avoir une

de la couleur de leur burnousCeux qui n'ont pas besoin de couleur pour cravaterCeux qui prennent des armes à l'ennemiCeux qui font plutôt des prises d'armes entre amisCeux qui au RégimentCeux qui à la BrigadeCeux qui à la DivisionCeux qui au Corps d'ArméeCeux qui à l'ArméeCeux qui "à l'assaut"

et qui n'ont rien parce qu'ils se retrouvent tout seuls

Ceux qui meurent en héros modestesCeux qui ne sont ni des héros, ni des modestes,

mais qui ne meurent pasCeux qui "Parapluie…ont"Ceux qui "en avant, vous autres !"Ceux qui tirent sur tout ce qu'ils voientCeux qui tirent sur tout avant de voirCeux qui ont compris

et qui se couchent en voyant arriver la MarineCeux qui se planquent

même là où la Marine ne vient pasCeux qui chinoiseCeux qui viêtnamienneCeux qui cambodgienneCeux qui laotienneCeux qui vénérienneCeux qui plieuse de parachutes

pour avoir la solde à l'AirCeux qui se contentent

d'amours masculines ancillaires

Ceux qui base arrièreCeux qui semaine anglaiseCeux qui boissons glacéesCeux qui rue Paul BertCeux qui croix de guerre avec palme

pour n'avoir pas hésité à se rendre en zone dangereuse

Ceux qui ventilateurs et sieste obligatoireCeux qui : bureau fermé, repassez demainCeux qui veulent pas l' savoirCeux qui taxi-girl chinoiseCeux qui le Bal de l'AmicaleCeux qui ont un séjour pénible…

Et il y a :Ceux qui deux ans de posteCeux qui patrouille d'ouvertureCeux qui réparation de la digueCeux qui les pieds dans l'eau et la tête au soleilCeux qui rôle du Chef de posteCeux qui opération cacahuèteCeux qui seront relevés dans six mois

et attendent encore à dixCeux qui cabane bambouCeux qui droppent la diguetteCeux qui vingt-quatre heures sur vingt-quatreCeux qui alerte de nuitCeux qui font tout avec rienCeux dont on ne parle pas

Parce qu'il n'y a rien à en direou peut-être rien à dire ou peut-être alors trop à diremais qu'on gratifiera d'une médaille colonialeavec agraphe "Extrême- Orient" ou "Deux ans de bons et loyaux servicesen béton"Je n'en sais rien… et ne veux rien savoircar au fond c'est une chance d'être de

Ceux qui font encore un effortCeux qui ont de la chance de faire des économies

et puis c'est normal qu'il y aitCeux qui sèment etCeux qui récoltentCeux qui jouent et Ceux qui regardent.

Ecrit le 14 août 1952 par le Lieutenant André GAITTE

tué au combat le 6 décembre 1952 à YEN BINH (TONKIN)