12

Du même auteur - fnac-static.comdébordant de joie et, pendant que le vieillard s’éloignait, il retourna à la maison à pas de course. ... dans le cœur de cette fille, la semence

  • Upload
    others

  • View
    0

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Du même auteur - fnac-static.comdébordant de joie et, pendant que le vieillard s’éloignait, il retourna à la maison à pas de course. ... dans le cœur de cette fille, la semence

2

Page 2: Du même auteur - fnac-static.comdébordant de joie et, pendant que le vieillard s’éloignait, il retourna à la maison à pas de course. ... dans le cœur de cette fille, la semence

2 2

Du même auteur : Une œuvre similaire a été produite par l’auteur en

allemand, sous forme numérique sous le titre : Märchen und Erzählungen aus Kamerun, 2013, Books on Demand, Hamburg, BRD, ISBN 9783848263776

Page 3: Du même auteur - fnac-static.comdébordant de joie et, pendant que le vieillard s’éloignait, il retourna à la maison à pas de course. ... dans le cœur de cette fille, la semence

2 3

Je dédie ce livre à Sa Majesté HOMSI FEZE Francis Roi des Bandenkop et lui souhaite un très long et fructueux règne

Page 4: Du même auteur - fnac-static.comdébordant de joie et, pendant que le vieillard s’éloignait, il retourna à la maison à pas de course. ... dans le cœur de cette fille, la semence

2 4

Page 5: Du même auteur - fnac-static.comdébordant de joie et, pendant que le vieillard s’éloignait, il retourna à la maison à pas de course. ... dans le cœur de cette fille, la semence

2 5

Avant-propos

C’est dans de vieilles marmites qu’on fait de bonnes sauces ! Ce sont les vieilles calebasses qui conservent le bon vin !

Vous avez certainement déjà entendu l’un de ces deux proverbes. Mais vous êtes-vous jamais posé des questions sur le sens réel ou les circonstances dans lesquelles ils peuvent s’appliquer ? Certainement oui, probablement non !

Eh bien, dans la collection des contes qui suivent, l’auteur a délibérément emmuré la plupart de ses récits de la vie contemporaine dans les anciennes moules narratives des temps anciens. Le ton, les comparaisons, les suspens, bref le style des bons vieux contes et légendes qui ont bercé sa tendre enfance, sont restés intacts dans ses souvenirs, mais il a surtout retenu la conclusion de chaque récit, c’est-à-dire sa moralité dont la phrase-clé constituait en réalité toute la quintessence.

Quand l’auteur parle de contes à aphorismes, c’est bien de tout cela qu’il s’agit. L’intérêt universel de ces contes qui ont été dans le contenu, et jusqu’à un

Page 6: Du même auteur - fnac-static.comdébordant de joie et, pendant que le vieillard s’éloignait, il retourna à la maison à pas de course. ... dans le cœur de cette fille, la semence

2 6

certain point, inventés par l’auteur s’affiche d’abord par la multiplicité et la tournure universelle des origines des proverbes introduits en sous-titres dans chaque conte. Viennent ensuite la richesse des figures de style utilisées par l’auteur et enfin, la nature même des thèmes des différents contes, lesquels se rangent dans les préoccupations universelles de la vie de l’homme jusqu’aux fléaux actuels que sont les maladies, les relations Nord-Sud, les inégalités sociales, mais aussi le souci de solidarité entre les individus, les peuples et les cultures.

Page 7: Du même auteur - fnac-static.comdébordant de joie et, pendant que le vieillard s’éloignait, il retourna à la maison à pas de course. ... dans le cœur de cette fille, la semence

2 7

La plus belle femme du monde

Ou Le fond du cœur est plus loin que le bout du monde (proverbe chinois)

Ou Et Dieu dit : « Je me cacherai dans le cœur de l’homme ; c’est le seul endroit où il oubliera de me chercher » (proverbe indien)

Dans un petit village qui regorgeait de toutes sortes de belles femmes, vivait un jeune homme du nom d’Oumarou. Oumarou était célibataire et aurait bien voulu se marier, mais, comme par enchantement, un tout petit quelque chose l’empêchait tout le temps de réaliser son souhait. Et ce n’était rien d’autre que l’embarras de choix parmi les nombreuses jeunes filles qu’il pouvait aborder, d’autant plus que toutes celles-ci semblaient lui chatouiller le cœur. La situation se compliquait d’ailleurs par le fait qu’Oumarou avait une singulière conception de la beauté qu’il n’avait encore dévoilée ni à ses amis, ni à ses connaissances, ni même à sa parenté.

Un beau jour de la longue saison sèche, il y eut un évènement qu’Oumarou n’avait jamais encore envisagé, et qui marqua pour toujours le reste de sa vie. C’est qu’un vieux guérisseur, tout barbu et dont l’origine restait pour tous un mystère, fit son

Page 8: Du même auteur - fnac-static.comdébordant de joie et, pendant que le vieillard s’éloignait, il retourna à la maison à pas de course. ... dans le cœur de cette fille, la semence

2 8

apparition dans le village et, comme par hasard, approcha Oumarou et sollicita son assistance :

« Oumarou, dit le vieil homme, j’ai urgemment besoin de l’herbe fefè, qui se trouve hors de ton village. Peux-tu aller me la chercher ? » Oumarou répondit sans même se donner la peine de réfléchir :

« Oui, grand-père ! » Le vieux guérisseur ajouta : « C’est aujourd’hui même que j’ai besoin de cette herbe ».

Oumarou quitta le village comme un éclair sans dire au revoir à ses amis et sans savoir quel chemin allait le conduire jusqu’à l’herbe en question. Oumarou courut et courut. Ce jour-là, il courut plus qu’il ne l’avait fait dans sa vie par le passé. A plusieurs reprises, il entendit une voix dans le vent qui lui disait : « Oumarou, aujourd’hui c’est ton jour, l’herbe n’est plus très loin. Courage ! » Oumarou courut et courut. Il ne ressentit ni faim, ni soif, ni fatigue. Lorsqu’il arriva au pied d’une grande montagne, la voix lui ordonna : « Arrête-toi, Oumarou ! Tu as atteint le but ! »

Oumarou s’immobilisa et aperçut, quelques mètres plus loin, une petite fleur qui, tantôt lui sourit, tantôt lui cligna de l’œil, tantôt devint plus grande, tantôt plus petite. Plus Oumarou fixait du regard la petite fleur, plus distinctement il reconnaissait le visage du vieux guérisseur qui pourtant l’attendait dans son village. Le jeune homme hésita un instant, mais prit soudain son courage à deux mains et cueillit la petite fleur qui aussitôt se transforma en l’herbe fefè sollicitée par le vieillard. Oumarou enfonça la mystérieuse plante dans sa poche et reprit le chemin

Page 9: Du même auteur - fnac-static.comdébordant de joie et, pendant que le vieillard s’éloignait, il retourna à la maison à pas de course. ... dans le cœur de cette fille, la semence

2 9

de retour au village. Mais à peine avait-il commencé à courir qu’il aperçut déjà son agglomération habituelle. Quand il remit l’herbe à l’étrange guérisseur, ce dernier s’en réjouit si profondément qu’il demanda au jeune homme :

« Oumarou, dis-moi ton plus ardent souhait et je te le réaliserai en guise de modeste reconnaissance pour ton importante aide ! »

« A vrai dire, mon unique grand problème », répondit Oumarou, est actuellement la difficulté de me choisir une femme. Toutes celles qui vivent dans notre village sont si jolies que j’épouserais n’importe laquelle d’entre elles. Seulement, je ne peux pas voir le fond de leur cœur ! » Quelques instants s’écoulèrent pendant que le vieil homme contemplait d’un regard songeur notre héros. Touché par l’évident désespoir du jeune Oumarou, le guérisseur lui dit :

« Je vais t’offrir en cadeau quelque chose que je n’ai encore jamais donné à quelqu’un, même pas à mes collaborateurs de service ». Ce faisant, il sortit de sa poche à fond multiple une petite pelote noire et dit à Oumarou : « Ceci t’aidera à lire dans le cœur des humains, surtout dans celui des femmes ! Porte-le constamment autour du cou. Quand tu veux voir le cœur d’une personne, commande simplement à ton fuseau trois fois à voix basse : “Cœur ! Cœur ! Cœur !” me comprends-tu ? »

« Oui Maître », répondit le jeune homme tout débordant de joie et, pendant que le vieillard s’éloignait, il retourna à la maison à pas de course. “Maintenant”, se dit-il à lui-même en chemin, « je peux en toute tranquillité me choisir la femme qui possède le meilleur cœur ». Son voyage à travers les

Page 10: Du même auteur - fnac-static.comdébordant de joie et, pendant que le vieillard s’éloignait, il retourna à la maison à pas de course. ... dans le cœur de cette fille, la semence

2 10

cœurs des jeunes femmes de son village commença ce jour-là même.

« Cœur ! Cœur ! Cœur ! » et Oumarou découvrit dans le cœur de cette fille, la semence même de l’hypocrisie.

« Cœur ! Cœur ! Cœur ! » et il fut en face de la plus naïve crédulité et de la plus grande voracité.

« Cœur ! Cœur ! Cœur ! » et la petite pelote lui révéla l’insatiabilité dans tous les domaines de la vie.

Oumarou fut émerveillé par la récurrence de l’opposition entre la beauté physique et la hideur des penchants. Il ne s’arrêta cependant pas en si bon chemin, mais continua à questionner sa pelote.

« Cœur ! Cœur ! Cœur ! » et là se révéla soudain un cœur rempli à craquer d’intentions criminelles.

« Cœur ! Cœur ! Cœur ! » et il ne vit que du vide. Plusieurs jours et plusieurs nuits s’étaient écoulés.

Oumarou avait déjà pratiquement fait le tour du village, mais n’avait toujours pas découvert la fille au cœur immaculé. Néanmoins, un beau jour, il rencontra une jouvencelle qui, jusque-là, n’avait guère attiré son attention. Presque rendu au bord du désespoir, Oumarou s’adressa à sa pelote : « Cœur ! Cœur ! Cœur ! » Tout d’un coup se produisit ce que Oumarou n’eût plus pu escompter : il y discerna le grand amour et uniquement des desseins magnanimes.

Oumarou se décida pour cette jeune fille, et par bonheur, il fut en retour accepté par elle. Peu après, on fixa le jour du mariage. Tout le village fut invité à la fête. Mais tout ne se passa pas sans encombre,

Page 11: Du même auteur - fnac-static.comdébordant de joie et, pendant que le vieillard s’éloignait, il retourna à la maison à pas de course. ... dans le cœur de cette fille, la semence

2 11

puisque les avis au sujet de la beauté de sa femme divergaient : pour les uns, elle était la molle ; pour les autres, la maladroite. Mais personne ne lui dit qu’elle était belle. Cela toucha profondément Oumarou.

Une nuit, Oumarou rencontra le vieux guérisseur dans un rêve. Le patriarche lui dit : « La plus belle dans le cœur est la plus belle de toutes. Va et sois heureux avec ta femme ». Depuis ce jour-là, Oumarou ne prêta plus attention aux opinions des autres villageois concernant la beauté de sa femme. Les deux conjoints vécurent longtemps heureux et eurent beaucoup d’enfants.

Page 12: Du même auteur - fnac-static.comdébordant de joie et, pendant que le vieillard s’éloignait, il retourna à la maison à pas de course. ... dans le cœur de cette fille, la semence

2 12