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5 SOMMAIRE Avant-propos 7 DU XVII E AU XIX E SIÈCLE Jean Barrié, disciple du père Marin Mersenne 9 Le chevalier Pierre de Rémy de Beauve et le sieur Fréminet 16 Fulton, un Américain à Brest 21 L’ichtioandre de Pierre-Marie Touboulic et l’hydro-aérienne de Charles-Célestin Testu 32 Prosper Payerne, l’inventeur oublié 37 Maxime Laubeuf, le Narval 45 1914-1918 - LA GUERRE SOUS-MARINE EN BRETAGNE Les U-Boote du Kaiser en Bretagne 51 La réplique bretonne et alliée 73 1918-1940 - L’ENTRE-DEUX-GUERRES L’Allemagne entre les deux guerres 95 La Bretagne entre les deux guerres 104 1940-1945 - LA SECONDE GUERRE MONDIALE La Bretagne sous le joug allemand 115 La base sous-marine de Lorient 121 La base sous-marine de Brest 130 La base sous-marine de Saint-Nazaire 136 Les sous-mariniers allemands en Bretagne 141 Les U-Boote, bras armé du nazisme 147 La bataille de l’Atlantique 154 Les épaves d’U-Boote sur les côtes bretonnes 162 La Bretagne bombardée 169 La Résistance, une implacable répression 183

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Sommaire

Avant-propos 7

Du xviie au xixe Siècle

Jean Barrié, disciple du père Marin Mersenne 9Le chevalier Pierre de Rémy de Beauve et le sieur Fréminet 16Fulton, un Américain à Brest 21L’ichtioandre de Pierre-Marie Touboulic et l’hydro-aérienne de Charles-Célestin Testu 32Prosper Payerne, l’inventeur oublié 37Maxime Laubeuf, le Narval 45

1914-1918 - la guerre SouS-marine en Bretagne

Les U-Boote du Kaiser en Bretagne 51La réplique bretonne et alliée 73

1918-1940 - l’entre-Deux-guerreS

L’Allemagne entre les deux guerres 95La Bretagne entre les deux guerres 104

1940-1945 - la SeconDe guerre monDiale

La Bretagne sous le joug allemand 115La base sous-marine de Lorient 121La base sous-marine de Brest 130La base sous-marine de Saint-Nazaire 136Les sous-mariniers allemands en Bretagne 141Les U-Boote, bras armé du nazisme 147La bataille de l’Atlantique 154Les épaves d’U-Boote sur les côtes bretonnes 162La Bretagne bombardée 169La Résistance, une implacable répression 183

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De l’aprèS-guerre à noS jourS

Le renouveau de la flotte sous-marine française 195Les vestiges du passé 207

Bibliographie 211Remerciements 215

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1640

jean Barrié, disciple du père marin mersenne

Et si tout avait commencé dans le lointain xviie siècle, sous le règne de Louis XIII qui était aussi le règne du cardinal de Richelieu. Un homme d’église, mais plus encore un homme d’État, qui croyait que la grandeur de la France passait par l’extension de sa puissance maritime. Est-il besoin de le rappeler ? L’ennemi juré, à cette époque, demeure l’Angleterre. Ses amiraux dominent les mers…

Battre l’Anglais sur son terrain. Le battre sur la mer… Vieux rêve que les Français répètent de génération en génération. Est-ce à dire que Marin Mersenne le fit à son tour ? Chose sûre, ce religieux, connu sous le nom

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Le père Marin Mersenne (1588-1648)

Du xviie au xixe Siècle

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de Marinus Mersenius, esquisse ce qui peut paraître, avec le recul, totalement incroyable : les plans d’un sous-marin ! Et pas seulement les plans puisqu’il pose aussi les bases de son fonctionnement…

Marin Mersenne est né le 8 septembre 1588 à Oizé. Il appartient à l’ordre des Minimes, fondé en 1436 par saint François de Paule. Ordo Minimorum, selon la formule latine alors en vigueur, s’inscrit dans la continuité des ordres mendiants. Les Minimes, lit-téralement « les tout petits », mènent une vie de péni-tence, modeste et austère. Ils font vœux de charité, d’obéissance, de pauvreté et de jeûne, s’interdisant de manger tout produit animalier. L’ordre fut approuvé par le pape Sixte IV en 1474.

Les Minimes portent une tunique de drap noir à larges manches, un court scapulaire avec un capu-chon rond serré par un cordon de laine noire à cinq nœuds.

un éruDit

Comment ce religieux-là, qui vit loin des contin-gences matérielles, en arrive-t-il à imaginer les plans d’un sous-marin ? Question qui étonne encore aujourd’hui et trouve certainement sa réponse dans son érudition, sa curiosité, son immense culture. Marin Mersenne, en effet, est un ecclésiastique à la fois philosophe et mathématicien, aux centres d’inté-rêt multiples. Il a beaucoup voyagé, beaucoup lu et multiplié les rencontres qui lui permettent d’entre-tenir une correspondance avec ces immenses savants que sont Descartes, Torricelli, Fermat, Roberval, Pascal, Peiresc…

De son côté, ses principaux travaux portent sur les mathématiques, la physique, la musicologie et la religion. En 1644 (il a 56 ans), il publie Les Cogitata, lourd ouvrage représentant la synthèse de toutes les réflexions et travaux qu’il a menés. Dans plusieurs de ses exposés, il traite en visionnaire des sous-marins et de la navigation sous-marine. Traitement partiel, il

Ordo Minimorum, un ordre mendiant. Moine en habit

traditionnel

Portrait de René Descartes (1596-1650) par Frans Hals

(Musée du Louvre, Paris)

L’œuvre de Mersenne, les Cogitata

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qui veulent lui soutirer son secret. Une nouvelle lettre patente signée de la reine Anne d’Autriche et du ministre Lionne lui accorde une protection avec défense à quiconque de s’approcher de sa patache. À Saint-Malo, une ordonnance est prise, édictant que « lorsque la patache hisserait à son mât le guidon annonçant qu’elle se préparait à plonger, défense serait faite à toute embarcation d’en approcher dans un rayon de trois cents brasses. »

la cloche à plongeur

En réalité, l’invention de Jean Barrié doit vraisem-blablement ressembler à une sorte de cloche à plon-geur. Il s’agit d’un système ancien bien connu : on immerge un récipient étanche dont l’ouverture est dirigée vers le fond. Ainsi l’air prisonnier de l’enve-loppe peut-il se comprimer, empêchant l’eau d’enva-hir la cloche. Des hommes peuvent alors s’y tenir et quitter la cloche grâce à un casque alimenté en air par un tuyau. Cette cloche à plongeur est employée pour

Portrait d’Anne d’Autriche (1601-1666), d’après Pierre

Paul Rubens (Musée du Louvre, Paris)

La cloche à plongeur d’Edmond Halley

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les u-Boote du Kaiser en Bretagne

Juin 1914. Le monde est sur le point de s’enflammer. Deux blocs s’opposent, la France et ses Alliés de la Triple-Entente, l’Empire russe et le Royaume-Uni ; en face, la Triple-Alliance constituée par l’empire d’Alle-magne, l’empire d’Autriche-Hongrie et l’empire Ottoman.

Le 28 juin, l’archiduc François-Ferdinand, héritier du trône des Habsbourg, est assassiné à Sarajevo. Cet événement est l’étincelle qui pré-cipite l’embrasement général. Un mois plus tard, le 28 juillet, la guerre est déclarée : d’abord l’entrée en guerre de l’Autriche contre la Serbie et la Russie. Puis celle de l’Allemagne contre la Russie et la France. Puis celle de la

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La Première Guerre mondiale est déclarée

1914-1918 - la guerre SouS-marine en Bretagne

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le savon. À cela s’ajoutaient en outre les vapeurs de pétrole des moteurs, qui nous tannaient la peau à effrayer à mort les capitaines lorsqu’ils se trouvaient en face de peaux rouges avec des barbes de quinze jours… »

l’arraiSonnement DeS navireS

Dans un premier temps, les U-Boote ont arraisonné les navires. Précisément, l’U-Boot stoppe le navire soit par coups directs dans la coque, soit par sommation : l’équipage doit alors quitter le navire à bord de cha-loupes. Plusieurs sous-mariniers montent ensuite à bord, se saisissent des papiers du bateau et de toutes les victuailles. Puis, avant de quitter le navire, les Allemands le sabordent en plaçant à fond de cale des charges explo-sives… Toutefois, cette tactique n’est pas sans risque car le navire attaqué peut, par radio, signaler sa position et rameuter alors des navires ou des avions à son secours… Aussi les U-Boote décident-ils de changer de tac-tique, privilégiant le torpillage en plongée qui évite toute riposte mais laisse peu de chance aux équipages.

Évidemment, ces attaques heurtent les lois de la guerre. Le torpillage sans sommation, par l’U-20, du paquebot américain Lusitania, le 7 mai 1915, soldé par la mort de près de mille deux cents passagers, offusque durable-ment l’opinion américaine et entraîne la suspension de ces attaques, du moins sur les navires neutres. Une trêve de dix-huit mois est alors décrétée de la part des Allemands qui craignent une entrée en guerre de la puissante Amérique…

Le torpillage du Lusitania relayé par la presse (Le Petit Journal)

Le naufrage du Lusitania. Affiche de propagande

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le télégramme De Zimmermann

Après la bataille de Verdun, Falkenhayn, général en chef des armées alle-mandes, est remplacé par les maréchaux Hindenburg et Ludendorff. Le 9 janvier 1917, à Pless, se tient une importante réunion entre Hindenburg, Ludendorff et le chancelier Bethmann-Hollweg. Devant l’insistance de Ludendorff, fervent partisan d’une guerre sous-marine totale, le chancelier finit par céder. À l’issue de cette réunion, il est décidé que la guerre sous-marine sans restriction sera appliquée avec la plus grande énergie à partir du 1er février 1917.

Le 31 janvier 1917, l’ambassadeur allemand à Washington transmet cette décision aux autorités américaines. « Tout navire neutre et soupçonné de se rendre dans l’un des ports alliés sera coulé sans sommation. » Wilson, président américain pacifiste, fait rompre les relations diplomatiques entre les deux pays, mais hésite encore à déclarer la guerre à cette Allemagne belliqueuse.

Cependant, dès le 16 janvier, soit sept jours après la réunion de Pless, et quinze jours avant l’annonce à l’ambassade des États-Unis de la reprise de la guerre sous-marine totale, Arthur Zimmermann, secrétaire d’État allemand aux Affaires étrangères, adresse un télégramme secret à son homologue mexicain via le comte de Bernstorff, ambassadeur allemand à Washington :

Flottille d’U-Boote à Kiel (Allemagne) en février 1914. On y distingue l’U-20 qui coulera le Lusitania un an plus tard

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la base sous-marine de Brest

Brest, par sa position géographique, constitue une base de premier ordre pour la Kriegsmarine. Aussi les Allemands remettent-ils très vite en état l’ar-senal, de même qu’ils investissent les rives de la Penfeld. Le 22 août 1940, le Kapitänleutnant Hans-Gerrit von Stockhausen, parti depuis deux jours de Lorient, est le premier commandant d’U-Boot à amarrer son U-65 au quai de la Penfeld. Cet U-65 est caréné dans le bassin n° 1 de l’arsenal, près de la porte Tourville. Fin septembre, il reprend la mer. En attendant l’ouverture de l’U-Bunker, les loups gris utiliseront les installations de la Marine natio-nale en Penfeld, au cœur de Brest.

La base de Brest dominée par le Centre d’instruction naval

1940-1945 - la SeconDe guerre monDiale

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espagnols. Grâce à ce puissant recrutement, les travaux avancent rapidement et, dès septembre 1941, les U-Boote peuvent s’abriter dans les premières alvéoles. L’U-83 du Kapitänleutnant Hans-Werner Kraus est le premier à y pénétrer.

L’inauguration complète des installations a lieu le 13 mai 1942 en la présence de l’amiral Hans-Herbert Stobwasser, du chef de cabinet de Speer, Xaver Dorsch, du Korvettenkapitän Günter Hessler représentant le com-mandement des U-Boote et des membres des équipages des deux flottilles basées à Brest, la 1.U-Flottille et la 9.U-Flottille.

Arrivée d’un U-Boot dans la base brestoise

La base après la libération de Brest,

automne 1944

Mém

oria

l des

Fin

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iens

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Pour la réparation et la maintenance des sous-marins, les Allemands ont réquisitionné les ouvriers de l’arsenal et les équipements existants. À ces hommes, il faut ajouter les mille employés des chantiers allemands AG Weser qui arrivent à Brest pour mener à bien l’entretien des sous-marins de type VII-C et VII-D.

Il est à noter que la construction de dix autres cales ou bassins de radoub en vue d’accueillir les U-Boote de type XXI a été envisagée. Mais cet agran-dissement restera à l’état de projet.

Plan de la base de Brest

Traverse centrale Cale sècheEntrée de l’U-Bunker

Entrée de l’U-Bunker

5 bassins à flot

10 cales sèches