DUTILLEUX, H.- Tout Un Monde Lointain … : 3 Strophes Sur Le Nom de Sacher : DeBUSSY- Cello Sonata (Bertrand, Amoyel, Lucerne Symphony, Gaffigan)

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  • 7/24/2019 DUTILLEUX, H.- Tout Un Monde Lointain : 3 Strophes Sur Le Nom de Sacher : DeBUSSY- Cello Sonata (Bertrand, Amoyel, Lucerne Symphony, Gaffigan)

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    Tout un mondelointain

    Henri DutilleuxClaude Debussy

    Emmanuelle BertrandPascal Amoyel

    Luzerner Sinfonieorchester

    James Gaffigan

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    FRANZ LISZT

    HENRI DUTILLEUX(1916-2013)

    Trois Strophes sur le nom de Sacher(1976-82) pour violoncelle solo / for solo violoncello/ fr Violoncello solo

    1 | I. Un poco indeciso 328

    2 | II. Andante sostenuto 239 3 | III. Vivace 243

    CLAUDE DEBUSSY(1862-1918)Sonate pour violoncelle et piano(1915)

    en r mineur / D minor/ d-Moll4 | I. Prologue. Lent, sostenuto e molto risoluto 410

    5 | II. Srnade. Modrment anim 307 6 | III. Finale. Anim, lger et nerveux 323

    HENRI DUTILLEUX

    Tout un monde lointain(1967-70) Concerto pour violoncelle et orchestre / Cello Concerto/ Konzert fr Violoncello und Orchester

    7 | I. nigme 629 8 | II. Regard 741 9 | III. Houles 42310 | IV. Miroirs 454 11 | V. Hymne 429

    Emmanuelle Bertrand, violoncelloPascal Amoyel, piano (4-6)Luzerner SinfonieorchesterCond.James Gaffigan

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    Sous le signe de la trinit

    Une Sonate pour violoncelle et pianone se vend pas comme des petits pts, crit Claude Debussy,le 9 aot 1915, son diteur et ami Jacques Durand au moment de ngocier le contrat de cession duneuvre nullement produite pour flatter le got des amateurs. La partition amorce, en effet, un cycle desix pices que le compositeur souhaite entreprendre dans la forme ancienne, si soupleen variantles effectifs. La maladie qui allait lemporter le 25 mars 1918 ne lui permettra pas daller au-del dela troisime. Place sous le parrainage dun Couperin ou dun Rameau, la Sonate pour violoncelle et

    pianodbute par un Prologue qui joue avec le dbit dans lesprit des prludes improviss de lpoquebaroque. Le badinage instaur ensuite entre les deux instruments (Srnade exalte,Finaledansant)peut voquer linclinaison des couples peints par Watteau mais lon se gardera de lenvisager sous

    langle de la Commedia dellarte en ajoutant foi une rumeur (Pierrot fch avec la lune) dmentiepar le compositeur.Conu, si lon peut dire, quelques mois avant la sonate pour violoncelle de Debussy, Henri Dutilleux(n le 22 janvier 1916) nen a jamais vraiment t loign par un destin qui la trs tt plac sous lesauspices du compositeur de Pellas et Mlisande(partition prsente sur son piano ds ladolescence)et dans le voisinage du violoncelle (instrument pratiqu par son frre). Aussi nest-il pas surprenant devoir apparatre dans son catalogue une Suitepour violoncelle et piano, crite lintention de MauriceGendron, frachement diplm du Conservatoire. Le triptyque, prsent fin 1940, dbutait par un Prludeet sachevait par une Srnade sur le mode blues, deux lments invitant la comparaison avec laSonatede Debussy. Toutefois, ce nest pas la musique de chambre mais la production symphoniquequHenri Dutilleux devra son premier succs parisien avec la cration, en 1941, dune Sarabandepour orchestre. Vingt ans plus tard, les deux genres semblent avoir fait autant pour la notorit ducompositeur. La Sonate pour piano, que son pouse Genevive Joy a cre en 1948, est devenue unerfrence du rpertoire contemporain tandis que deux symphonies (1951, 1959) ont suscit plusieurscommandes pour orchestre. Parfois de faon inattendue. Ainsi, le 15 janvier 1961, Henri Dutilleux se

    rend-il, salle Pleyel, linvitation de lOrchestre Lamoureux, sans se douter que le concert va marquerun tournant dans sa vie. Entr dans la loge du soliste, Mstislav Rostropovitch, pour tmoigner duneadmiration naissante, le compositeur en ressort avec la commande dun concerto passe par le prodigerusse du violoncelle. Si le contrat est vite sign, la partition tarde figurer en priorit dans ses travaux.Henri Dutilleux doit dabord achever celle quil a accept dcrire pour le Cleveland Orchestra et quilaurait d livrer le 1erjuin 1957, cinq Mtabolesqui ne seront rvles quen janvier 1965. ce moment-l se produit une nouvelle interfrence avec le projet de concerto sous la forme dun ballet crer, en1967, loccasion du centime anniversaire de la mort de Charles Baudelaire. Toutefois, lchancepasse sans que la partition ne soit boucle. Avort, note Henri Dutilleux, en 1968, sur le dossier quiabrite ses esquisses du ballet. La lecture des Fleurs du mallui aura au moins servi dfinir luniversdu concerto, point dans le titre de luvre par un fragment de La Chevelure: Tout un monde lointain,absent, presque dfunt/Vit dans tes profondeurs, fort aromatique . lapproche de lt 1970, lefantasque Rostropovitch exulte Moscou ; il a en mains la partition dHenritchenka. Inversement, ledoux Dutilleux plit Paris ; Slava ne connat pas sa partie lorsquil se prsente lui huit jours avantla cration ! Le compositeur et son interprte travaillent beaucoup avant de rallier Aix-en-Provence oluvre est donne, le 25 juillet, avec lOrchestre de Paris sous la direction de Serge Baudo. Des rafales

    de vent perturbent lexcution dans la Cour de lArchevch mais la partition est bisse linitiativedu soliste, qui veut battre larchet baudelairien tant quil est chaud, et du chef, qui tient ce que labarre orchestrale soit place au plus haut de lchelle Dutilleux. Une bndiction pour le public qui peutrelire les vers placs en exergue de chaque mouvement et se livrer une interprtation personnelle dela musique quils ont inspire.

    I.nigme (Et dans cette nature trange et symbolique)Scintillement dune vision dans lamorce de luvre : les cymbales comme desvers luisants dans un paysage nocturne ; le violoncelle se charge de lnergie delorchestre.

    II.Regard(Le poison qui dcoule /De tes yeux, de tes yeux verts, /Lacs o monme tremble et se voit lenvers)Volet contemplatif ; mouvements contraires des cordes qui ralisent leffetplongeant dune criture tout en dlis ; forme cyclique avec rsurgence fugitive du

    dbut la fin.

    III.Houles (Tu contiens, mer dbne, un blouissant rve /De voiles, de rameurs, deflammes et de mats)Masse onctueuse ; magma la fois potique et sonore avec des clairs de tuttis ;tirement plus que dveloppement.

    IV. Miroirs(Nos deux curs seront deux vastes flambeaux /Qui rflchiront leursdoubles lumires/Dans nos deux esprits en miroirs jumeaux.)Gouttes de marimba et gerbes de harpe, dualit extatique ; la musique atteint une forme de sacr dans lacte dunion, des timbres comme des motifs, tourn versllvation spirituelle.

    V. Hymne(Garde tes songes /Les sages nen ont pas d aussi beaux que les fous !)Marche en avant festive et jubilatoire jusqu la dernire mesure o le soliste doitgarder aussi longtemps que possible son trille final : traduction sonore des pointsde suspension symboliquement inclus au titre Tout un monde lointain

    Deux semaines aprs la cration du concerto, Henri Dutilleux reoit une lettre de Paul Sacher, musicienalmanique qui, en qualit de chef dorchestre et de mcne, a suscit de nombreuses partitions duXXesicle. La missive, envoye linstigation de Mstislav Rostropovitch, consacre lentre en scne dunacteur dterminant pour le devenir du compositeur. En favorisant, notamment, une greffe de la corneralise Zurich en 1972, Paul Sacher lui permettra de sauver son il endommag par un zona. Premiersigne de reconnaissance, lHommagecrit en 1976 par Henri Dutilleux pour les 70 ans du chef bloissera suivi, en 1982, de deux autres pices pour violoncelle, galement dduites des notes (mi bmol,la, do, si, mi, r) fournies par le nom de Sacher. Trois Strophes successivement lgante, dclamatoireet volubile, dont Rostro incarne la fois lalpha (commanditaire) et lomga (crateur) au cur dela trinit Dutilleux-Rostropovitch-Sacher qui rgne depuis la premire parisienne (1971) de Tout unmonde lointain.

    PIERRE GERVASONI

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    Under the sign of the trinity

    A sonata for cello and piano doesnt sell like hot cakes, Claude Debussy wrote on 9 August 1915 to hispublisher and friend Jacques Durand during their negotiation of the royalty contract for a work by nomeans calculated to flatter the taste of amateur musicians. The sonata launched a cycle of six piecesthat the composer wished to undertake in the old form, which is so flexible, for a variety of instrumentalcombinations. The illness that led to his death on 25 March 1918 did not allow him to get any further thanthe third. With Couperin or Rameau as its spiritual godfathers, the Cello Sonata begins with a Prologuethat plays with the musical flow in a manner akin to the improvised preludes of the Baroque era. Thebadinage that subsequently emerges between the two instruments (an excitable Srnade, a dancelikeFinale) may perhaps evoke the penchants of the couples painted by Watteau, but one should beware ofviewing it from the perspective of the Commedia dellarte by lending credence to a rumour (that he hadsubtitled it Pierrot fch avec la lune, Pierrot angry with the moon) whose veracity was denied by thecomposer himself.Conceived, if we may be permitted the transition, a few months before Debussys Cello Sonata, HenriDutilleux (born 22 January 1916) was subsequently never very far away from the work in question,since fate placed him very early under the auspices of the composer of Pellas et Mlisande(a scoreto be found on his piano desk from adolescence onwards) and in the vicinity of the cello (which hisbrother played). Hence it is hardly surprising to see in his catalogue a Suite for cello and piano, writtenfor Maurice Gendron, who had just graduated from the Paris Conservatoire. The triptych, presentedto the public late in 1940, began with a Prlude and ended with a Srnade sur le mode blues, twoelements inviting comparison with the Debussy sonata. However, it was not to chamber music but to anorchestral work that Dutilleux owed his first Parisian success, with the premiere, in 1941, of a Sarabandefor orchestra. Twenty years later, the two genres seemed to have played an equal part in making thecomposers reputation. The Piano Sonata, which his wife Genevive Joy had premiered in 1948, hadbecome a benchmark of the contemporary repertory, while two symphonies (1951, 1959) prompted a

    number of orchestral commissions. Sometimes in a rather unexpected way. Thus, on 15 January 1961,Dutilleux attended a concert at the Salle Pleyel in Paris, at the invitation of the Orchestre Lamoureux,without the slightest notion that the event was to mark a turning point in his life. Having paid a call on thedressing room of the soloist, Mstislav Rostropovich, to express his burgeoning admiration, the composeremerged with a commission for a concerto given him by the prodigious Russian cellist. Although thecontract was quickly signed, it was some time before the score featured as a priority in his work schedule.Dutilleux had first to complete the work he had agreed to write for the Cleveland Orchestra and which heshould have handed in on . . . 1 June 1957; these were the five Mtaboles, which were not to be revealedto the public until 1965. Then came a new project that interfered with the composition of the concerto,in the form of a ballet to be premiered in 1967 to mark the centenary of the death of Charles Baudelaire.But the deadline came and went without the scores being finished. Avort (aborted), Dutilleux wrote in1968 on the file containing his sketches for the ballet. At least, though, his readings in Les Fleurs du malserved to define the universe of the concerto, as is indicated in the title of the work by a fragment from LaChevelure: Tout un monde lointain, absent, presque dfunt/Vit dans tes profondeurs, fort aromatique (Awhole distant world, absent, near-defunct, / Lives in your depths, aromatic forest). As the summer of 1970approached, the temperamental Rostropovich exulted in Moscow; he had the score by Henritchenka tohand. By contrast, the mild-mannered Dutilleux blenched in Paris; Slava did not know his part when hecame to see him a week before the world premiere! The composer and his interpreter worked very hardbefore going to Aix-en-Provence, where the work was given on 25 July with the Orchestre de Paris underthe direction of Serge Baudo. Gusts of wind perturbed the performance in the courtyard of the Archevch

    but the work was encored at the instigation of the soloist, who wanted to strike (his strings) while the(Baudelairean) iron was hot, and the conductor, who wanted to offer Dutilleux the highest standard oforchestral playing. A blessing for the audience, which thus had the opportunity to reread the lines placedat the head of each movement and indulge in a personal interpretation of the music they had inspired.

    I.nigme (Et dans cette nature trange et symbolique)(Enigma: . . . And in that strange and symbolic nature . . .)A sparkling vision to begin the work: the cymbals like glow-worms in a nocturnallandscape; the cello takes command of the energy of the orchestra.

    II.Regard(Le poison qui dcoule /De tes yeux, de tes yeux verts, /Lacs o monme tremble et se voit lenvers)(Gaze: . . . the poison that flows / From your eyes, your green eyes, / Lakes wheremy soul trembles and sees itself reversed . . .)

    A contemplative section; contrary motion in the strings, which realise the plungingeffect of the extremely fine textures; cyclic form, with a fleeting resurgence of theopening at the end.

    III.Houles (Tu contiens, mer dbne, un blouissant rve /De voiles, de rameurs, deflammes et de mats)(Surges: You contain, ebony sea, a dazzling dream / Of sails, of rowers, ofpennants and masts . . .)A smooth mass; a magma at once poetic and sonorous, with lightning flashes oftuttis; stretching rather than development.

    IV. Miroirs(Nos deux curs seront deux vastes flambeaux / Qui rflchiront leursdoubles lumires /Dans nos deux esprits en miroirs jumeaux.)(Mirrors: Our two hearts will be two immense torches / Which will reflect theirdouble lights / In our two spirits, those twin mirrors.)Droplets from the marimba and showers from the harp, ecstatic duality; the musicattains a form of the sacred in the act of union, of the timbres as of the motifs,looking towards spiritual elevation.

    V. Hymne(Garde tes songes /Les sages nen ont pas daussi beaux que les fous !)(Hymn: . . . Keep your dreams: / Wise men do not have such beautiful ones asmadmen!)A festive, jubilatory march, thrusting forward until the last bar, where the soloistmust hold his or her final trill as long as possible: a translation in sound of thepoints of suspension symbolically included in the title Tout un monde lointain . . ..

    Two weeks after the premiere of the concerto, Dutilleux received a letter from Paul Sacher, the SwissGerman musician who, in his twin capacities as conductor and patron, had commissioned numeroustwentieth-century scores. The missive, sent at the instigation of Mstislav Rostropovich, marked thearrival on the scene of a protagonist who was to be of decisive importance for the composers futureactivity. In particular, by arranging for a corneal graft operation performed in Zurich in 1972, Sacher

    permitted Dutilleux to save his eye, which had been damaged by an attack of shingles. His first tokenof gratitude, the Hommagewritten in 1976 for the seventieth birthday of the Basel conductor, wasfollowed, in 1982, by two more pieces for cello, again derived from the notes (E flat, A, C, B, E, D)that can be used to spell the name of Sacher.1Trois Strophes successively elegant, declamatory andvoluble with Slava embodying both the alpha (the commissioning artist) and the omega (the creator)at the heart of the Dutilleux-Rostropovich-Sacher trinity that had reigned since the 1971 Parisianpremiere of Tout un monde lointain . . ..

    PIERREGERVASONI

    Translation: Charles Johnston

    1 These note names are a mixture of German and French, doubtless fittingly for a Swiss dedicatee: S (Es= E flat in German) A C H (=B natural in German) E R (r= D in French). (Translators note)

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    Im Zeichen der DreieinigkeitEine Sonate fr Violoncello und Klavier verkauft sich nicht wie warme Semmeln, schrieb Claude Debussyam 9. August 1915 an seinen Verleger und Freund Jacques Durand, als sie ber den Vertrag zur Abtretungder Rechte an einem Werk verhandelten, das nicht geschrieben worden war, um die Dilettanten zu erfreuen.Die Komposition ist vielmehr die erste eines Zyklus von sechs Stcken, die der Komponist in der soanpassungsfhigen alten Form zu gestalten gedachte, jedes in einer anderen Besetzung. Wegen seinerKrankheit, die ihn am 25. Mrz 1918 dahinraffen sollte, war es ihm nicht mglich, mehr als drei dieser Stcke zuvollenden. Die Sonate fr Violoncello und Klavier, fr die sich Debussy Anregungen bei Couperin und Rameauholte, beginnt mit einem Prologue, der nach Art der improvisierten Prludes des Barock die musikalischeZeit variiert. Das dann folgende neckische Geplnkel der beiden Instrumente (schwrmerische Srnade,

    tnzerisches Finale) lsst Assoziationen an die einander zugeneigten Paare zu, wie Watteau sie gemalt hat,aber man hte sich davor, es in die Nhe der Commedia dellArte zu rcken und einer Vermutung Glauben zuschenken (Pierrot fch avec la lune), die der Komponist entschieden zurckgewiesen hat.Henri Dutilleux (geb. am 22. Januar 1916), der, wenn man so sagen darf, wenige Monate vor der Violoncellosonatevon Debussy gezeugt worden ist, hat sich durch eine Fgung, die ihn schon sehr frh dem Einfluss desKomponisten von Pellas et Mlisandeaussetzte (schon in seiner Jugend lag die Partitur auf seinem Klavier)wie auch der Allgegenwart des Violoncellos (sein Bruder spielte das Instrument), nie sehr weit von ihr entfernt.So ist es nicht verwunderlich, dass man in seinem Werkverzeichnis auf eine Suitefr Violoncello und Klavierstt, die er fr Maurice Gendron geschrieben hat, als dieser gerade das Conservatoire absolviert hatte.Das Ende 1940 aufgefhrte dreiteilige Werk begann mit einem Prludeund endete mit einer Srnade surle mode blues, zwei Formelementen, die es in die Nhe der Sonatevon Debussy rcken. Dennoch war esnicht die Kammermusik, sondern ein Werk seines sinfonischen Schaffens, dem Henri Dutilleux seinen erstenPariser Erfolg verdankte, nmlich einer 1941 uraufgefhrten Sarabandefr Orchester. Zwanzig Jahre spterhatten dann offenbar beide Gattungen gleichermaen Anteil an der Bekanntheit des Komponisten. Die Sonate

    pour piano, von seiner Ehefrau Genevive Joy 1948 uraufgefhrt, ist ein Standardwerk des zeitgenssischenRepertoires geworden, die beiden Sinfonien (1951, 1959) brachten ihm mehrere Kompositionsauftrge fr

    Orchester ein. Manchmal berraschend. So begab sich Henri Dutilleux am 15. Januar 1961 auf Einladung desOrchestre Lamoureux in die Salle Pleyel und ahnte nicht, dass dieses Konzert ein Wendepunkt in seinemLeben sein wrde. Der Komponist ging in die Knstlergarderobe des Solisten Mstislaw Rostropowitsch, umseiner gerade fr ihn erwachten Bewunderung Ausdruck zu geben, und kam mit dem Auftrag des russischenVioloncellogenies, ein Konzert fr ihn zu schreiben, wieder heraus. Es kam schnell zum Vertragsabschluss,aber Dutilleux konnte der Komposition nicht sofort Vorrang vor seinen laufenden Projekten geben. Er musstezuerst den Kompositionsauftrag fr das Cleveland Orchestra erledigen, dessen Fertigstellung fr den... 1. Juni1957 vorgesehen gewesen war, fnf Mtaboles, die schlielich im Januar 1965 zur ersten Auffhrung kamen.Dann geriet er wieder in Konflikte mit einem anderen Projekt, dem Konzert in Form eines Balletts, das 1967aus Anlass des hundertsten Todestags von Charles Baudelaire uraufgefhrt werden sollte. Das Jubilumsjahrverstrich jedoch, ohne dass die Komposition fertig geworden wre. Avort (abgebrochen) notierte HenriDutilleux 1968 auf der Mappe, in der er die Skizzen zu diesem Ballett aufbewahrte. Die Lektre der Fleursdu malregte ihn immerhin dazu an, die Ausdruckswelt des Konzerts zu skizzieren, die im Titel des Werksin Gestalt eines Fragments aus La Chevelureangedeutet ist: Tout un monde lointain... (Eine ganze Welt,fern, abwesend, beinahe schon tot / lebt und webt in deinen Tiefen, duftender Wald). Im Frhsommer 1970

    jubelte der schwrmerisch veranlagte Rostropowitsch: er hielt die Partitur Hendritschenkas in den Hnden.Der sanfte Dutilleux hinwiederum erbleichte in Paris: Slava konnte seinen Part nicht, als er acht Tage vor derUrauffhrung bei ihm erschien! Der Komponist und sein Interpret arbeiteten hart, bevor sie in Aix-en-Provenceeintrafen, wo das Werk am 25. Juli mit dem Orchestre de Paris unter der Leitung von Serge Baudo aufgefhrtwurde. Starker Wind strte die Auffhrung im Hof des Erzbischflichen Palais... aber auf Wunsch des Solisten,der das baudelairesche Eisen mit seinem Bogen schmieden wollte, solange es hei war, und des Dirigenten,der vom Orchester Hchstleistungen verlangte, um dem Anspruch eines Dutilleux zu gengen, wurde dieKomposition gleich anschlieend ein zweites Mal gespielt. Ein Segen fr das Publikum, das die Verse, diejedem Satz vorangestellt sind, mitlesen konnte, um so zu einer eigenen, ganz persnlichen Deutung der Musikzu gelangen, der sie als Vorlage gedient hatten.

    I.nigme (Rtsel)(...und in dieser befremdlichen und symbolischen Natur...)Schimmern einer Vision als Erffnung des Werks: die Becken wie Glhwrmchen in einernchtlichen Landschaft; das Violoncello spielt so kraftvoll wie das Orchester.

    II.Regard(Blick) (...Das Gift, das aus deinen Augen rinnt / aus deinen grnen Augen /Seen, in denen sich bebend und verkehrt meine Seele spiegelt...)Betrachtender Teil; Gegenbewegungen der Streicher, die die strzende Wirkung einer freibeweglichen Schreibweise hrbar machen; zyklische Form mit flchtiger Wiederkehr desAnfangs am Ende.

    III.Houles (Seegang)(...Du umschliet, tiefschwarzes Meer, einen gleienden Traum / vonSegeln, Ruderern, Flammen und Masten...)Zhflieende Masse; zugleich poetische und wohlklingende Klangmasse mit flchtigenTuttieinwrfen; eher schweifend als Durchfhrung.

    IV. Miroirs (Spiegel) (Unsere Herzen werden zwei gewaltige Fackeln sein / derendoppelter Schein / von unser beider Geist als Doppelspiegel zurckstrahlt.)Tupfen von Marimbaklngen und Garben von Harfenklngen, verzckte Zweisamkeit; dieMusik nimmt im Akt der auf spirituelle Erhhung gerichteten Vereinigung, der Klangfarbenwie der Motive, den Charakter des Sakralen an.

    V. Hymne(Hymnus) (...Bewahre dir deine Trume. / Die Vernnftigen haben nicht soschne wie die Irren!)Vorwrtsstrebender Marsch, festlich und jubelnd bis zum letzten Takt, in dem der Solist seinen

    Schlusstriller so lange wie mglich halten soll: bersetzung der symbolisch im Titel Tout unmonde lointain... enthaltenen Auslassungspunkte in Klang.

    Zwei Wochen nach der Urauffhrung des Konzerts erhielt Dutilleux einen Brief von Paul Sacher, demalemannischen Musiker, der als Dirigent und Mzen die Entstehung zahlreicher Kompositionen des 20.

    Jahrhunderts ermglicht hat. Mit diesem Schreiben, das Sacher auf Anregung von Mstislaw Rostropowitschan ihn richtete, trat ein Akteur in sein Leben, der fr seine Zukunft von entscheidender Bedeutung war.Paul Sacher ermutigte ihn insbesondere zu einer Hornhautbertragung, die 1972 in Zrich vorgenommenwurde, so dass sein durch eine Grtelrose geschdigtes Auge gerettet werden konnte. Als Zeichen seinerDankbarkeit komponierte Henri Dutilleux 1976 zum 70. Geburtstag des Dirigenten aus Basel Hommageund lie 1982 zwei weitere Stcke fr Violoncello folgen, die ebenfalls auf einem von den Notennamendes Namens Sacher (es, a, c, h, e, d) abgeleiteten Motiv aufgebaut sind. Trois Strophes nacheinandergediegen, deklamatorisch, gefllig im Charakter, wobei Rostro das Alpha (Auftraggeber) und Omega(Solist der Urauffhrung) im Zentrum dieser Dreieinigkeit Dutilleux-Rostropowitsch-Sacher war, die seit derPariser Erstauffhrung (1971) von Tout un monde lointain... bestanden hatte.

    PIERREGERVASONI

    bersetzung Heidi Fritz

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    La chevelure(titre du concerto pour violoncelle + III. Houles)

    toison, moutonnant jusque sur lencolure ! boucles ! parfum charg de nonchaloir !Extase ! Pour peupler ce soir lalcve obscureDes souvenirs dormant dans cette chevelure,Je la veux agiter dans lair comme un mouchoir !

    La langoureuse Asie et la brlante Afrique,Tout un monde lointain, absent, presque dfunt,Vit dans tes profondeurs, fort aromatique !Comme dautres esprits voguent sur la musique,Le mien, mon amour ! nage sur ton parfum.

    Jirai l-bas o larbre et lhomme, pleins de sve,Se pment longuement sous lardeur des climats ;Fortes tresses, soyez la houle qui menlve !

    Tu contiens, mer dbne, un blouissant rveDe voiles, de rameurs, de flammes et de mts :

    Un port retentissant o mon me peut boire grands flots le parfum, le son et la couleur ;O les vaisseaux, glissant dans lor et dans la moire,Ouvrent leurs vastes bras pour embrasser la gloireDun ciel pur o frmit lternelle chaleur.

    Je plongerai ma tte amoureuse divresseDans ce noir ocan o lautre est enferm ;Et mon esprit subtil que le roulis caresseSaura vous retrouver, fconde paresse,Infinis bercements du loisir embaum !

    Cheveux bleus, pavillon de tnbres tendues,Vous me rendez lazur du ciel immense et rond ;Sur les bords duvets de vos mches torduesJe menivre ardemment des senteurs confonduesDe lhuile de coco, du musc et du goudron.

    Longtemps ! toujours ! ma main dans ta crinire lourdeSmera le rubis, la perle et le saphir,Afin qu mon dsir tu ne sois jamais sourde !Nes-tu pas loasis o je rve, et la gourdeO je hume longs traits le vin du souvenir ?

    Avec ses vtements ondoyants et nacrs(I. nigme)

    Avec ses vtements ondoyants et nacrs,Mme quand elle marche on croirait quelle danse,Comme ces longs serpents que les jongleurs sacrsAu bout de leurs btons agitent en cadence.

    Comme le sable morne et lazur des dserts,Insensibles tous deux lhumaine souffrance,Comme les longs rseaux de la houle des mers,Elle se dveloppe avec indiffrence.

    Ses yeux polis sont faits de minraux charmants,Et dans cette nature trange et symboliqueO lange inviol se mle au sphinx antique,

    O tout nest quor, acier, lumire et diamants,Resplendit jamais, comme un astre inutile,La froide majest de la femme strile.

    CorrespondancesHENRIDUTILLEUX/ Tout un monde lointainCHARLESBAUDELAIRE/ Les Fleurs du mal

    Le poison(II. Regard)

    Le vin sait revtir le plus sordide bougeDun luxe miraculeux,Et fait surgir plus dun portique fabuleuxDans lor de sa vapeur rouge,Comme un soleil couchant dans un ciel nbuleux.

    Lopium agrandit ce qui na pas de bornes,Allonge lillimit,Approfondit le temps, creuse la volupt,Et de plaisirs noirs et mornesRemplit lme au del de sa capacit.

    Tout cela ne vaut pas le poison qui dcouleDe tes yeux, de tes yeux verts,Lacs o mon me tremble et se voit lenvers...

    Mes songes viennent en foulePour se dsaltrer ces gouffres amers.

    Tout cela ne vaut pas le terrible prodigeDe ta salive qui mord,Qui plonge dans loubli mon me sans remord,Et, charriant le vertige,La roule dfaillante aux rives de la mort !

    La mort des amants(IV. Miroirs)

    Nous aurons des lits pleins dodeurs lgres,Des divans profonds comme des tombeaux,Et dtranges fleurs sur des tagres,

    closes pour nous sous des cieux plus beaux.

    Usant lenvi leurs chaleurs dernires,Nos deux curs seront deux vastes flambeaux,Qui rflchiront leurs doubles lumiresDans nos deux esprits, ces miroirs jumeaux.

    Un soir fait de rose et de bleu mystique,Nous changerons un clair unique,Comme un long sanglot, tout charg dadieux ;

    Et plus tard un Ange, entrouvrant les portes,Viendra ranimer, fidle et joyeux,Les miroirs ternis et les flammes mortes.

    La voix(V. Hymne)

    Mon berceau sadossait la bibliothque,Babel sombre, o roman, science, fabliau,Tout, la cendre latine et la poussire grecque,Se mlaient. Jtais haut comme un in-folio.Deux voix me parlaient. Lune, insidieuse et ferme,Disait : La Terre est un gteau plein de douceur ;Je puis (et ton plaisir serait alors sans terme !)

    Te faire un apptit dune gale grosseur.Et lautre : Viens ! oh ! viens voyager dans les rves,Au del du possible, au del du connu !Et celle-l chantait comme le vent des grves,Fantme vagissant, on ne sait do venu,Qui caresse loreille et cependant leffraie.Je te rpondis : Oui ! douce voix ! Cest dalorsQue date ce quon peut, hlas ! nommer ma plaieEt ma fatalit. Derrire les dcorsDe lexistence immense, au plus noir de labme,Je vois distinctement des mondes singuliers,Et, de ma clairvoyance extatique victime,Je trane des serpents qui mordent mes souliers.Et cest depuis ce temps que, pareil aux prophtes,Jaime si tendrement le dsert et la mer ;

    Que je ris dans les deuils et pleure dans les ftes,Et trouve un got suave au vin le plus amer ;Que je prends trs souvent les faits pour des mensonges,Et que, les yeux au ciel, je tombe dans des trous.Mais la Voix me console et dit : Garde tes songes :Les sages nen ont pas daussi beaux que les fous !

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  • 7/24/2019 DUTILLEUX, H.- Tout Un Monde Lointain : 3 Strophes Sur Le Nom de Sacher : DeBUSSY- Cello Sonata (Bertrand, Amoyel, Lucerne Symphony, Gaffigan)

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    MAX REGERSonata no.2 for cello and pianoKleine Romanze op.79e+ RICHARD STRAUSSCello SonataEmmanuelle Bertrand, celloPascal Amoyel, pianoCD HMA 1951836

    WOLFGANG RIHMSymphony Nhe fernLuzerner Sinfonieorchester

    James GaffiganCD HMC 902153

    DMITRY SHOSTAKOVICHCello Concerto no.1Sonata for cello and piano op.40Emmanuelle Bertrand, celloPascal Amoyel, pianoBBC National Orchestra of Walesdir. Pascal RophCD HMC 902142

    Le violoncelle parleuvres pour violoncellede Cassad, Britten, Amoyel, KodlyEmmanuelle Bertrand, cello

    CD HMC 902078

    CHARLES-VALENTIN ALKANCello Sonata op.47Sonate pour violoncelle et piano

    + FRANZ LISZTComplete works for cello and piano

    Luvre pour violoncelle et pianoEmmanuelle Bertrand, cello

    Pascal Amoyel, pianoCD HMA 1951758

    ERNEST BLOCHSuites for cello solo / pour violoncelle seul

    Mditations hbraquesEmmanuelle Bertrand, cello

    Pascal Amoyel, pianoCD HMA 1951810

    ANTONN DVOKSymphony no.6

    American Suite op.98bLuzerner Sinfonieorchester

    James GaffiganCD HMC 902188

    OLIVIER GREIFSonate de Requiem for cello and piano

    pour violoncelle et pianoPiano Trio

    Emmanuelle Bertrand, celloPascal Amoyel, piano

    with Antje Weithaas, violinCD HMG 501900

    Already available / Dj paruAlso available digitally /Disponible galement en version digitale

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  • 7/24/2019 DUTILLEUX, H.- Tout Un Monde Lointain : 3 Strophes Sur Le Nom de Sacher : DeBUSSY- Cello Sonata (Bertrand, Amoyel, Lucerne Symphony, Gaffigan)

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  • 7/24/2019 DUTILLEUX, H.- Tout Un Monde Lointain : 3 Strophes Sur Le Nom de Sacher : DeBUSSY- Cello Sonata (Bertrand, Amoyel, Lucerne Symphony, Gaffigan)

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    HMC 902209

    harmonia mundi s.a.Mas de Vert, F-13200 ArlesP 2015

    Enregistrement novembre 2014 au Kultur-und Kongreszentrum de Lucerne (7-11)

    & dcembre 2014 au Teldex Studio BerlinDirection artistique : Martin Sauer

    Prise de son : Tobias Lehmann, Wolfgang Schiefermair, Teldex StudioPartitions : Editions Heugel & Cie (1-3), Alphonse Leduc (7-11)

    harmonia mundi pour lensemble des textes et des traductionsPhoto Henri Dutilleux par Franois Sechet

    harmoniamundi.com