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    2011 witin funding from

    University

    of Toronto

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    Bhliotbque

    de

    enseignement

    deVEistoire

    ecclsiastique

    Sollicits

    de

    divers

    cts de reprendre,

    avec

    les seules

    ressources de

    l'initiative

    prive,

    le projet

    confi jadis

    par

    S.

    S.

    Lon XIII aux

    cardinaux

    de

    Luca,

    Pitra

    et

    Hergenrther,

    la suite de la

    lettre

    pontificale

    sur les

    tudes

    historiques,

    savoir

    la

    composition d'une

    His-

    toire

    ecclsiastique

    universelle,

    mise

    au point

    des

    pro-

    grs

    de

    la

    critique

    de

    notre temps

    >,

    nous

    nous

    sommes

    dtermins

    entreprendre

    la publication

    de

    cette

    col-

    lection

    pour servir

    l'tude et

    l'enseignement de

    l'his-

    toire ecclsiastique. On

    a

    distribu

    la matire

    en

    une

    srie

    de

    sujets

    capitaux,

    chacun

    devant

    constituer

    un

    volume

    indpendant,

    chaque volume

    confi

    un savant

    sous

    sa

    propre responsabilit,

    chaque

    collaborateur

    charg, non

    pas

    tant

    de

    produire

    un

    travail

    original,

    que

    de

    dire

    o.

    en est

    la science,

    o

    elle

    se trouve

    et

    comment

    elle

    se

    fait.

    Nous

    n'avons

    pas

    l'intention

    de

    faire

    uvre pdagogique

    et de publier

    des

    manuels

    analogues

    ceux

    de

    l'enseignement

    secondaire,

    ni

    da-

    vantage

    uvre

    de

    vulgarisation

    au

    service

    de

    ce

    que

    Ton

    est convenu

    d'appeler le grand

    public:

    il

    y

    a une

    i^vre

    plus

    urgente

    raliser

    en

    matire

    d'histoire ec-

    clsiastique,

    plus

    conforme

    aux

    vues

    exprimes

    par le

    Souverain

    Pontife,

    un

    uvre

    de

    haut

    enseignement,

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    puisque,

    en matire

    d'histoire

    ecclsiastique;

    il

    n'existe

    pas,

    du

    moins

    en pays

    de

    langue

    franaise,

    de

    publi-

    cations

    intermdiaires entre

    les

    manuels lmentaires

    et

    des

    uvres

    comme

    celles

    de

    Janssen,

    de

    De

    Rossi

    ou de

    Hefele.

    Nous

    croyons

    que

    nous

    rpondrions

    au

    dsir

    de bien des

    matres et

    de

    bien

    des tudiants

    de

    l'enseignement

    suprieur franais, autant

    que

    de bien

    des

    membres

    du

    clerg

    et de l'lite

    des

    catholiques,

    si

    nous

    russissions

    crer

    une collection

    compa-

    rable pour

    le plan

    V

    Histoire universelle

    de

    W.

    Onc-

    ken.

    Pour

    cette uvre nous nous sommes

    adresss

    des

    hommes

    de

    science, ayant

    dj

    fait

    leurs preuves.

    Le

    plan

    des sujets

    traiter

    a

    t conu

    de

    faon

    que l'en-

    semble

    des vingt-cinq

    ou

    trente

    volumes

    qui

    compo-

    seront notre

    collection

    embrasse toute

    l'histoire

    gnrale

    de l'glise. Les

    volumes

    ne

    paratront ni dans

    l'ordre

    chronologique,

    ni

    dates

    fixes, mais

    mesure

    qu'ils

    seront

    prts. Et chaque volume,

    de 300

    400

    pages,

    se

    vendra sparment.

    La

    direction

    gnrale

    de

    la

    publication

    est

    confie

    un

    comit,

    sous

    la

    prsidence

    de

    M^'' Pierre

    Batiffol,

    recteur

    de

    l'Institut

    Catholique

    de

    Toulouse.

    V.

    Lecoffre.

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    Bibliothque de

    l'enseignement de

    l'Histoire

    ecclsiastique

    Les

    origines

    du catholicisme.

    Le

    christianisme

    et

    l'empire

    romain.

    Les

    glises

    du monde

    romain.

    Les anciennes

    littratures

    chrtiennes.

    La

    thologie

    ancienne.

    Les

    institutions

    anciennes

    de l'glise.

    Les

    glises

    du

    monde

    barbare.

    Les glises

    du

    monde

    syrien.

    L'glise

    by:{antine.

    L'tat

    pontifical.

    La

    rforme

    du XI sicle.

    Le sacerdoce

    et

    l'Empire.

    Histoire

    de

    la

    formation

    du

    droit

    canonique.

    La

    littrature

    ecclsiastique

    du moyen ge.

    La

    thologie du

    moyen

    ge.

    Les

    institutions

    de

    la

    chrtient.

    L'Eglise

    et

    l'Orient

    au moyen

    ge.

    L'glise et le Saint-Sige

    de

    Boniface

    VIII

    Martin

    V.

    L'glise

    la

    fin

    du

    moyen

    ge.

    La

    rforme

    protestante.

    Le

    concile de Trente.

    L'glise

    et l'Orient

    depuis

    le

    XV

    sicle.

    La

    thologie

    catholique

    depuis

    le

    XV

    I^

    sicle.

    Le

    protestantisme

    depuis

    la

    Rforme.

    L'expansion

    de

    V

    glise

    depuis

    le

    A'TT

    sicle.

    L'glise

    et

    les gouvernements

    d'ancien

    rgime.

    L'Eglise

    et

    les rvolutions

    politiques

    (1789-1870).

    L'glise

    contemporaine.

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    Bibliolliquc

    de

    renseiguemeul

    de

    l'Uisloire

    ecclsiastique

    VOLUMES

    PARUS

    :

    Le

    Christianisme

    et

    lEmpire

    romain,

    de

    Nron

    a

    Thodose,

    par

    M.

    Paul

    Allard.

    Troisime

    dition.

    Anciennes

    littratures

    chrtiennes

    :

    I.

    La

    littrature

    grecque,

    par M.

    Pierre

    Batiffol,

    recteur

    de

    l'Institut catholique

    de

    Toulouse.

    Deuxime

    dition.

    Anciennes

    littratures

    chrtiennes

    :

    IL

    La

    littrature

    syria-

    que, par

    M.

    RuBENS

    Duval.

    professeur

    au

    Collge

    de

    France.

    Deuxime

    dition.

    Chaque

    volume

    in-1:^.

    Prix

    :

    3

    fr.

    50

    POUR

    PARAITRE

    PROCHAINEMENT

    Histoire

    des

    dogmes

    :

    1. La

    thologie ancienne,

    par

    M. L.

    J.

    TixERONT,

    professeur

    l'Institut catholique

    de

    Lyon.

    Anciennes

    littratures

    chrtiennes

    :

    III. La littrature

    latine,

    par

    M. Paul

    Lejay,

    professeur

    l'Institut

    catholique

    de

    Paris.

    La

    Rforme

    du

    XI

    sicle,

    par

    M.

    Chnon, professeur

    la

    Facult

    de

    droit

    de

    l'Universit

    de Paris.

    Les

    Institutions

    de la

    Chrtient,

    par

    M.

    Edouard

    Jordan,

    professeur

    la

    Facult des

    lettres

    de l'Universit

    de

    Rennes.

    Les

    Papes

    d'Avignon,

    par

    leR.

    P.

    Louis Gurard,

    de

    l'Oratoire.

    Le

    grand

    Schisme,

    par

    M.

    Salembier,

    professeur

    la

    Facult

    de

    thologie

    de

    Lille.

    Histoire

    des

    dogmes

    :

    IL

    La

    thologie

    du

    moyen

    ge,

    par

    le

    R.

    P.

    Mandonnet,

    professeur

    la

    Facult de thologie

    de

    l'Universit

    de

    Fribourg.

    Les

    origines

    du

    Protestantisme

    et de

    l'esprit moderne,

    au

    xiv

    et

    au

    xv

    sicles,

    par

    le

    R.

    P.

    Baudrillart, professeur

    l'Institut

    catholique de

    Paris.

    L'glise

    au

    XV* scicle.

    I.

    Histoire

    politique

    et

    religieuse,

    par

    M.

    Jean

    Guiraud, professeur

    la

    facuHt des lettres

    de

    l'Universit

    de Besanon.

    La

    Rforme

    protestante,

    par M.

    Imbart

    de

    la

    Tour,

    profes-

    seur

    la

    Facult des

    lettres

    de l'Universit

    de

    Bordeaux.

    L'glise

    et

    les

    gouvernements

    d'ancien

    rgime,

    par M.

    Gau-

    chie,

    professeur

    l'Universit

    de

    Louvain.

    L'glise et

    les

    Slaves,

    par

    le

    R.

    P.

    Pierling,

    S.

    J.

    L'glise

    contemporaine, par

    M.

    Georges Goyau, ancien

    mem-

    bre

    de

    l'cole franaise

    de

    Rome.

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    Bibliothque

    de

    renseignement de

    l'Histoire

    ecclsiastique

    ANCIENNES

    LITTRATURES

    CHRTIENNES

    II

    LA

    LITTRATURE

    SYRL\QUE

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    Bibliothque de

    l'Enseignement de l'Histoire

    ecclsiastique

    ANCIENNES

    LITTRATURES

    CHRTIENNES

    II

    LA

    LITTRATURE

    SYRL\QUE

    PAR

    RrBENs

    DUVAL

    DEUXIEME

    EDITION

    PARIS

    LIBRAIRIE VICTOR

    LECOFFRE

    RUE

    BONAPARTE,

    90

    1900

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    AVA^T

    -PROPOS

    DE LA

    PREMIRE

    DITION

    La

    littrature

    syriaque

    avait sa

    place marque

    dans

    la

    Bibliothque

    de

    renseignement

    de

    VHis-

    toire

    ecclsiastique,

    car

    elle

    constitue

    une des

    principales

    sources de

    l'histoire de

    TEglise

    orien-

    tale.

    Le

    livre

    qui

    lui est

    consacr,

    a

    t

    di^s-is

    en

    deux

    parties

    :

    dans

    la

    premire,

    on

    s'est

    propos

    de

    donner

    une ^^le

    d'ensemble

    des

    uvres

    littraires

    qui

    nous

    sont

    parvenues

    des Syriens; la

    seconde

    renferme

    de

    brves

    notices

    sur

    les

    auteurs

    syria-

    ques,

    classes suivant

    l'ordre

    chronologique, d'a-

    prs le

    modle

    de

    l'article

    de

    W.

    Wright

    sur

    la

    littrature

    syriaque dans

    le XXIP volume de

    VEn-

    cyclopedia

    britannica^.

    Les

    textes

    dits

    jusqu'

    ce

    jour

    forment

    une

    bibliothque

    de

    plus

    de

    deux

    cents volumes, dont

    la

    majeure

    partie a

    paru pen-

    dant

    ce

    sicle. Nous

    croyons

    avoir

    mentionn tous

    I.

    Une

    dition

    part de

    cet

    article

    a

    t

    faite aprs

    la mort

    de l'auteur

    :

    A

    short

    Hislory

    of

    syriac

    LUerature by Ihe

    Me

    William

    Wright,

    Londres,

    1894.

    C'est

    cette dition

    que

    nous

    avons

    cite dans les

    notes de ce

    livre

    sous

    le

    titre

    de

    Wright,

    Syr.

    lit.,

    2*

    d.

    6

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    X

    AVANT-PROPOS.

    ceux

    qui

    prsentent

    quelque

    intrt

    littraire

    ,

    mais

    nous

    avons

    laiss

    de

    ct

    les

    publications

    faites

    dans

    un

    but

    pratique,

    telles

    que

    liturgies,

    rituels

    et

    brviaires.

    La

    littrature

    syriaque

    n'est

    rellement

    entre

    dans

    le

    domaine

    des tudes

    orientales

    que

    depuis

    le

    XIX

    sicle,

    quoique,

    ds le

    commencement

    du

    XVIIP,

    Joseph

    Simon Assmani

    en

    ait

    rvl

    l'im-

    portance

    en

    crivant

    sa

    clbre

    Bibliotheca

    oren-

    talis.

    Cette

    uvre capitale

    demeura sans

    rivale;

    elle

    suffisait

    aux besoins du temps.

    Autrefois l'-

    tude

    du

    syriaque

    ,

    qui avait principalement

    en

    vue

    l'exgse

    biblique,

    n'tait

    pas

    pousse

    trs

    loin.

    La

    version

    syriaque de TAncien et

    du

    Nouveau

    Testament

    ,

    dite

    La

    Peschitto

    ,

    avait

    t dite

    dans

    les

    Polyglottes;

    en

    1669,

    Edmond

    Castell

    avait

    rdig

    son Lexicon

    heptaglotton

    pour

    la

    Po-

    lyglotte

    de

    Londres. C'est

    sur

    ce

    fonds,

    grossi

    de

    quelques

    autres

    publications analogues

    ,

    que l'on

    vivait;

    il fournissait la

    matire

    des

    livres

    d'ensei-

    gnement

    : grammaires,

    chrestomathies

    et

    lexiques.

    Quand

    la

    Bibliotheca

    orientalis

    d'Assmani

    eut

    paru

    ,

    on

    lui

    emprunta

    quelques

    textes

    ,

    mis

    la

    porte

    des

    lves; le

    Chronicon

    syriacum

    de

    Barhebraeus,

    dit

    par

    Bruns et

    Kirsch,

    Leipzig

    en

    1789,

    procura ensuite

    quelques

    nouvelles

    contri-

    butions aux

    chrestomathies.

    Si

    l'on

    excepte

    Renaudot

    qui

    ,

    dans

    sa

    collection

    des

    liturgies

    orientales

    ,

    traduisit

    les

    liturgies

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    17/473

    AVANT-PROPOS.

    m

    syriaques,

    il

    faut

    reconnatre

    que c'est aux

    Maro-

    nites

    et

    notamment

    la

    famille

    des

    Assmani que

    revient

    Thonneur

    d'avoir

    initi les

    savants

    de

    l'Eu-

    rope

    aux

    richesses

    littraires

    renfermes

    dans

    les

    manuscrits

    syriaques. Ces

    manuscrits n'taient

    pas

    encore

    trs

    nombreux

    dans

    nos

    bibliothques.

    J.-S.

    Assmani

    avait

    dot

    la

    Bibliothque

    du

    Vati-

    can

    d'une

    belle

    collection,

    qu'il

    tira

    en

    partie

    du

    couvent

    de

    Notre-Dame des

    Syriens,

    situ dans

    le

    dsert

    de

    Nitrie (ou

    Sct)

    en

    Egypte

    ;

    c'est dans

    cette

    collection

    qu'il

    prit

    les

    matriaux

    de sa Biblio-

    theca

    orientalis.

    Le

    catalogue

    des ms.

    orientaux

    du

    Vatican,

    qu'il

    rdigea

    avec

    l'aide

    d'Etienne

    Evode

    Assmani,

    permettait

    d'autres

    Orientalistes

    de

    continuer et

    d'amliorer

    son

    uvre

    ,

    mais

    la

    Bi-

    bliothque

    Vaticane

    tait

    alors

    peu

    accessible

    aux

    trangers. Les autres

    bibliothques

    de

    l'Europe,

    moins

    riches

    ,

    n'avaient pas

    encore

    publi

    leurs

    catalogues

    ,

    l'exception

    de

    la

    Laurentienne

    de

    Florence ,

    dont

    Evode

    Assmani

    avait

    dcrit les

    ms.

    orientaux, parmi

    lesquels

    figurent

    quelques

    ms. syriaques.

    De

    nos jours ,

    les

    Syrologues

    sont

    mieux

    parta-

    gs; le fonds syriaque

    des

    principales

    bibliothques

    s'est largement

    accru

    ,

    surtout

    celui du Muse

    bri-

    tannique

    qui

    a

    acquis

    l'importante

    collection

    du

    souvent de Notre-Dame

    des

    Syriens,

    que

    J.

    Ass-

    mani avait

    seulement

    entame.

    Des

    catalogues

    descriptifs

    et

    analytiques

    ,

    rdigs

    par

    des

    biblio-

    BQ

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    18/473

    XII

    AVANT-PROPOS.

    thcaires

    comptents,

    sont

    maintenant

    la

    disposi-

    tion de

    tous

    les

    travailleurs.

    D'un

    autre ct,

    les

    relations que

    les

    savants

    de

    l'Europe

    ont

    noues

    avec

    le

    monde

    oriental,

    permettent

    d'utiliser

    les

    trsors

    littraires

    qui

    sont

    rests

    en Orient.

    Grce

    ces

    heureuses

    circonstances,

    il s'est

    pro-

    duit

    pendant

    notre

    sicle

    une

    renaissance

    des

    tu-

    des

    syriaques

    qui

    ont,

    dans

    une

    grande

    mesure,

    particip

    au

    nouvel

    essor

    imprim

    l'orientalisme

    et

    l'histoire

    ecclsiastique.

    De

    rcents

    travaux

    ont

    mis

    nu

    les

    lacunes et

    les

    imperfections

    du

    grand

    travail

    de

    J.

    Assmani;

    nanmoins la

    Biblio-

    theca

    orientalis

    demeure

    toujours

    une

    source

    abon-

    dante

    d'informations.

    La

    fivre

    de l'indit

    qui

    s'est

    empare

    de la

    jeune

    gnration

    des

    Orientalistes

    ne

    parait

    pas,

    heureusement,

    prs

    de

    se calmer.

    Ce

    livre a

    t

    crit

    pour

    le

    public

    savant autant

    que

    pour

    les

    Orientalistes

    ;

    nous

    avons

    donc

    jug

    propos

    d'adopter,

    pour

    la

    transcription

    des

    noms

    propres

    syriaques,

    la forme

    la

    plus

    simple

    et

    la

    plus

    rpandue

    ,

    alors mme

    qu'elle ne

    rendrait pas

    exac-

    tement

    la

    prononciation

    orientale.

    Dans ce

    dessein,

    nous

    avons

    nglig

    les

    signes

    conventionnels

    dont

    on

    marque les lettres

    syriaques

    qui

    n'ont

    pas

    leur

    quivalent

    dans

    notre

    alphabet,

    et

    nous avons

    supprim

    toute

    distinction entre la

    prononciation

    des

    Syriens

    occidentaux

    et

    celle

    des

    Syriens

    orien-

    taux,

    nous

    en

    tenant

    la

    premire

    que

    les

    Maronites

    ont

    popularise

    chez

    nous.

    Nous

    crivons

    Barde-

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    19/473

    AVAM-PROPOS.

    XIII

    ane,

    phrem^

    Narss

    , selon

    l'orthographe

    vul-

    gaire;

    Barhebrus

    avec

    la

    forme

    latinise

    de

    ce

    nom

    ;

    Ebedjsu

    selon

    la

    prononciation

    des

    Maro-

    nites (et

    non

    Abdischo

    ou

    Audischo,

    qui

    reprodui-

    rait

    mieux la

    prononciation

    nestorienne),

    etc.

    Une

    carte gographique,

    jointe

    au

    volume,

    donne

    un aperu

    du

    domaine

    littraire

    des Syriens

    et ai-

    dera

    le

    lecteur

    s'orienter

    dans

    les

    diverses

    con-

    tres

    qui sont

    mentionnes

    dans

    Touvrage.

    Paris,

    janvier

    1899.

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    AVAM-PROPOS

    DE

    LA

    SECONDE

    DITION

    La

    seconde

    dition

    de La

    littrature

    syriaque

    diffre

    peu de

    la premire

    dition

    qu'elle

    suit

    de

    si

    prs.

    Cependant

    les

    publications

    parues

    en

    1898

    et

    1899

    et que

    nous

    n'avions

    pu

    encore

    utiliser,

    ont

    fourni

    une

    contribution

    importante.

    D'un

    autre

    ct,

    on

    a

    fait

    les corrections

    ncessaires

    et

    rpar

    les

    omissions

    grce aux

    bienveillantes

    communica-

    tions

    de

    MM.

    Nestl,

    Lamy,

    Franz

    Cumont,

    Bed-

    jan,

    Guidi et Chabot, auxquels

    nous

    adressons

    nos

    vifs

    remerciements.

    Afin

    que

    les

    acqureurs

    de

    la

    premire

    dition

    puissent

    profiter de

    ces

    amliorations,

    nous

    avons

    runi

    les

    nouvelles

    additions

    dans

    un

    appendice,

    dont

    un

    tirage

    part

    est mis

    la

    disposition

    des

    premiers lecteurs

    de La

    littrature

    syriaque.

    Cet

    appendice

    est

    suivi

    de

    la liste

    des

    corrections

    faites

    dans le corps du

    livre.

    Quelques critiques ont

    exprim

    le

    regret

    qu'un

    livre

    crit

    en

    vue

    de

    l'enseignement ecclsiastique

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    22/473

    XVI

    AVANT-PROPOS.

    ne

    comprt pas

    un

    chapitre

    sur la

    liturgie si

    bien

    reprsente

    chez

    les

    Syriens^.

    Nous

    avouons

    notre

    incomptence pour

    crire ce

    chapitre.

    De

    plus,

    le

    sujet

    est,

    semble-til,

    trop

    vaste

    pour

    tre

    ren-

    ferm

    dans

    quelques

    pages,

    il

    devrait

    tre trait

    dans

    un

    volume

    spcial

    de

    la

    Bibliothque

    de l'en-

    seignement

    de

    l'Histoire

    ecclsiastique-,

    Paris,

    novembre

    1899.

    1. M.

    TixERONT,

    L'Universit

    catholique de

    Lyon,

    aot

    1899,

    p.

    633:

    M.

    Chabot,

    Revue

    critique, 16

    octobre

    1899,

    p.

    298.

    2.

    Les

    personnes

    que

    le sujet

    intresse

    pourront

    consulter

    :

    BiCKELL,

    Conspectus

    rei

    Syrorum

    litterariae,

    Munster,

    1871, Vil,

    De

    Uturgiis

    Syrorum,

    p.

    59 et

    suiv., et

    les

    ouvrages

    cits

    dans

    ce

    livre.

    Eberhard

    Nestl, Syrische

    Grammatik

    mit

    Litteratur,

    Chre8lom,athie

    iind

    Glossar,

    Berlin,

    1888,

    Litteratura, III,

    Libri

    ecclesiastici

    (liturgici,

    Rituales),

    31-34.

    P.

    Bedjan,

    Breviarium

    chaldaicum

    (en

    syriaque).

    Mil, Paris,

    1886-1887.

    Liturgia

    S.

    Apostolorum

    Addaei

    et

    Maris,

    cui

    accedunt

    duae

    aliae

    in

    quibusdam

    festis

    et

    feriis

    dicendae,

    necnon

    Ordo

    baptismi

    (en

    sy-

    riaque),

    Ourmia,

    Mission

    de

    l'Archevque

    de

    Canterbury,

    1890.

    Brviaire

    l'usage

    du

    clerg

    maronite,

    2

    d.,

    Beirouth,

    1893

    (en

    syriaque)

    Arthur

    John

    Maclean,

    East

    Syrian

    Daily

    Offices

    translated

    from

    the

    syriac

    with

    introduction,

    notes

    and

    indices...

    Londres,

    1894.

    F.

    E.

    Brightmann,

    Eastern

    and

    western

    liturgies,

    Oxford,

    1896,

    t.

    \,

    Eastern

    liturgies

    Ephraem

    n

    Rahmani, Testa-

    mentum

    Domini

    Nostri Jesu

    Christi,

    Mayence,

    1899,

    Disserta-

    tio IIL

    De

    liturgia Missae,

    p.

    169.

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    PREMIERE

    PARTIE

    -

    LA

    LITTERATURE SYRIAQUE

    ET

    SES

    DIFFRENTS

    GENRES

    LITTRATURE

    SYRIAQUE.

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    LES ORIGINES

    DE LA

    LITTERATURE

    SYRIAQUE

    La

    littrature

    syriaque

    s'est

    forme

    et

    dveloppe

    d'abord dans

    la Msopotamie

    sous linfluence

    du

    chris-

    tianisme

    auquel

    elle doit

    le

    caractre

    religieux

    qui la

    distingue.

    Elle

    est

    par-dessus

    tout

    une

    littrature

    ec-

    clsiastique, les uvres qu'elle

    nous

    a

    laisses

    ayant

    pour auteurs, presque sans exception,

    des

    membres

    du

    clerg

    ou des

    thologiens.

    Les docteurs

    mmes

    qui

    se

    consacrrent

    l'tude

    de

    la

    philosophie

    grecque,

    comme

    les

    Matres

    de l'Ecole

    d'Edesse

    au

    Y^

    sicle,

    ou

    aux sciences naturelles et

    mdicales,

    comme

    Sergius

    de

    Reschaina,

    au

    sicle

    suivant,

    et

    les

    clbres

    mdecins

    syriens

    de

    Bagdad

    au

    temps

    des califes

    Abbassides.

    tous

    taient verss

    dans

    la

    thologie.

    Les

    sciences,

    en

    effet,

    taient rsumes

    en

    Orient

    dans

    le

    mot

    philoso-

    phie

    y

    et

    la

    premire et

    la

    plus

    importante

    des

    branches

    de la

    philosophie,

    c'tait

    la

    connaissance

    de

    Dieu

    et

    des

    dogmes

    de

    la

    religion.

    Cette

    direction

    des tudes

    tenait

    l'esprit

    religieux

    des

    Smites,

    aussi

    profon-

    dment enracin

    chez

    les

    Syriens

    que

    chez

    les

    Isra-

    lites

    et

    les

    Arabes.

    On

    sait

    que l'activit

    intellectuelle

    des

    Juifs tait

    surtout

    concentre

    dans

    l'tude

    de

    la

    Thora,

    c'est--dire

    de

    la

    loi religieuse,

    et

    que

    l'ensei-

    gnement

    se

    donnait

    chez

    les

    Musulmans

    dans

    les

    Ma-

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    26/473

    4

    LES ORIGINES

    cirasse

    dpendant

    des

    mosques et diriges

    par

    des

    Oulma

    (docteurs

    de

    la

    loi)

    ;

    ainsi

    les

    chrtiens

    sy-

    riens allaient

    tudier

    dans

    les

    coles

    rattaches

    aux

    couvents.

    La Msopotamie

    paenne

    ne

    compte pas parmi les

    nations

    doues d'un

    gnie

    littraire.

    On

    comprend

    que

    les

    uvres

    qu'elle aurait

    produites

    aient

    somhr

    avec

    le

    paganisme,

    l'exception

    de

    quelques

    inscriptions

    conserves par

    la

    pierre.

    Mais,

    s'il

    y

    avait

    eu

    une

    vraie

    culture

    nationale,

    la

    tradition

    s'en

    serait

    conserve

    ou

    elle aurait

    laiss

    son

    empreinte sur

    l'poque chrtienne.

    Il

    n'en est

    rien

    :

    la

    littrature

    syriaque

    est

    sortie

    tout

    entire du grand

    mouvement religieux

    qui

    se

    produisit

    en

    Orient

    vers notre re

    et qui entrana la Msopotamie

    avec

    une

    rapidit

    surprenante.

    Cette

    contre

    ne

    tarda

    pas

    devenir

    un des

    principaux

    centres des

    luttes re-

    ligieuses

    et

    prendre

    une place

    importante

    dans l'his-

    toire

    de

    l'Eglise. Elle

    sera

    avec

    Bardesane le

    dernier

    rempart

    du gnosticisme,

    puis

    les

    Syriens de l'empire

    perse

    accueilleront le

    nestorianisme

    vaincu

    en

    Occident,

    pendant que

    les

    Syriens

    de

    l'empire

    romain

    se

    dcla-

    reront

    partisans

    de l'hrsie monophysite et formeront

    les

    Jacobites.

    Nous avons

    dit

    que

    la

    Msopotamie

    avait

    t

    le

    ber-

    ceau

    de la

    littrature

    syriaque. Les

    Syriens taient, il

    est

    vrai

    ,

    rpandus

    sur

    une

    vaste

    tendue de

    territoire.

    La

    Syrie

    proprement

    dite,

    ou

    Syrie

    cis-euphratique,

    la

    Msopotamie,

    la

    Babylonie,

    les

    provinces

    orientales,

    telles

    que

    l'Adiabne,

    la Garame,

    la

    Susiane,

    taient

    en

    grande

    partie

    habites par

    des

    Aramens

    qui,

    aprs

    l'vanglisation

    de

    ces contres,

    prirent le

    titre

    de

    Sy-

    riens

    ^

    Mais

    la

    Syrie,

    aprs l'occupation

    des

    Sleuci-

    \.

    Le mot

    aramcen

    devint

    dans la litU'rature

    juive

    le

    synonyme

    de

    pafe^quand

    les

    Juifs,

    transports

    en

    Baljylonie,

    se

    trouvrent

    entours

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    DE LA

    LITTRATLRE

    SYR.VQL'E.

    5

    des,

    s'tait

    promptement

    hellnise.

    L'idiome

    vulgaire

    tait

    le

    syriaque,

    mais

    on

    crivait en

    grec.

    L'usage

    du

    grec

    tait

    gnral

    et

    se

    maintint

    longtemps

    aprs

    la

    conqute

    romaine'. C'est en grec

    quEusbe

    de

    Csa-

    re,

    Titus de

    Bostra,

    Svre d'Antioche

    composrent

    leurs

    ouvrages.

    Les

    auteurs de

    ce

    pays qui, dans

    les

    premiers

    sicles

    de notre

    re, se

    servirent

    du

    syriaque.

    comme

    Isaac

    d'Antioche

    et

    Jean

    d'Asie,

    taient origi-

    naires

    de

    la

    Msopotamie -.

    Le

    syriaque

    msopotamien

    ne

    devint la langue

    littraire

    et ecclsiastique de la

    Syrie

    qu'aprs

    l'tablissement

    dfinitif

    du schisme

    mo-

    nophysite dans cette contre.

    Auparavant,

    les

    offices

    taient

    clbrs

    en grec

    et

    les

    Saintes Ecritures

    taient

    vraisemblablement

    expliques

    oralement

    dans

    le

    dia-

    lecte

    populaire. Ce dialecte faisait partie

    des

    dialectes

    aramens

    occidentaux

    qui

    se

    distinguaient

    sensible-

    ment des

    idiomes

    aramens parls

    dans la

    Msopotamie

    et la

    Babylonie^.

    Les

    origines

    de

    la

    littrature syriaque sont troite-

    ment

    lies

    l'vanglisation

    de

    la Msopotamie

    qui,

    suivant

    une

    tradition constante

    ,

    dbuta Edesse.

    Edesse,

    la plus civilise

    et

    la plus

    florissante

    des

    cits

    de

    cette

    contre,

    devait

    sa

    situation

    gogra-

    de

    populations

    aramennes adonnes

    au culte

    des astres.

    Les

    Aramens

    chrtiens acceptrent le mot grec

    .ZV'oot

    pour se

    distinguer des Ara-

    mens demeurs paens.

    1.

    BAP.nF,BR.ECs, Chron. syr.,.

    Br.iNS,

    Leipzig,

    1789,

    p.

    1-20,

    d.

    Bedjan,

    Paris,

    1890,

    p.

    115,

    nous

    apprend

    que

    le

    grec

    tait

    la

    langue

    littraire

    jusqu'au

    vni

    sicle

    de

    notre

    re,

    notamment

    Damas

    o

    Walid

    l'in-

    terdit

    pour la

    rdaction

    des

    actes

    officiels et

    y

    substitua l'arabe.

    2. Isaac

    naquit

    Amid

    et

    t ses tudes

    Ldesse.

    Jean tait galement

    d'Amid

    o

    il

    fut

    fait diacre,

    et

    d'o il

    s'enfuit

    pour

    viter

    les pers-

    cutions.

    3.

    Sur ces

    diffrents

    dialecles

    voir

    Bahuedr-cls, uv. gramm.,

    d.

    Map.tin, II,

    p.

    .-;,

    et

    Histoire

    des dynasties,

    d.

    PocockE,

    Oxford,

    IG63,

    p.

    16;

    cd.

    Saliam,

    Beiroutli,

    1890,

    p.

    18. Le

    syriaque

    occidental, trs corrompu,

    est

    encore

    parl

    aujourd'hui

    dans

    deux

    villages

    du

    Liban.

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    ()

    LES ORIGINES

    [)liiqiie une importance

    exceptionnelle.

    C'tait une

    place

    forte,

    entoure

    d'une

    double

    muraille

    et natu-

    rellement

    fortifie

    louest

    pur

    un

    massif

    rocheux

    auquel

    elle tait adosse.

    Cette

    ville

    commandait

    les

    passes

    donnant

    accs

    l'Armnie et

    dominait la

    route

    qui

    traversait

    la Msopotamie.

    Elle

    conserva son

    indpendance sous

    les

    trente-quatre rois

    qui

    gou-

    vernrent

    rOsrhone

    depuis

    l'an

    132

    avant

    notre

    re

    jusqu'

    l'an

    244

    aprs

    J.-C;

    cette

    poque

    Edesse

    devint

    colonie

    romaine

    et

    reut

    un

    gouverneur

    romain.

    desse

    tait de

    fait

    la capitale

    de

    la

    Msopotamie

    et

    on

    s'explique

    aisment

    qu'elle ft

    le

    premier

    objectif

    des

    missions

    charges

    de

    rpandre

    en

    Orient

    la

    nou-

    velle

    religion.

    Autant que

    l'histoire

    nous

    permet de

    le

    juger,

    une

    communaut

    chrtienne

    existait

    Edesse

    vers

    l'an

    150,

    et

    cette

    communaut

    semble

    s'tre

    forme

    d'abord

    dans

    l'lment

    juif

    de

    la ville,

    mais

    le

    christia-

    nisme

    ne

    supplanta

    dfinitivement l'ancienne religion

    paenne

    et

    ne

    devint

    la religion

    de

    l'tat

    qu'aprs

    la

    conversion

    du

    roi

    Abgar IX,

    conversion

    c{ui

    eut

    lieu

    vers

    l'an

    207

    ,

    aprs

    le

    retour

    de

    ce

    prince

    de

    Rome

    et la

    grande

    inondation

    d'desse de

    l'an

    201.

    Ces

    quelciues

    donnes

    historiques

    rsultent de la

    comparaison

    des

    anciens

    documents

    dont nous

    nous occuperons bientt :

    la

    Lgende

    d'Abgar,

    la

    chronique d'Edesse,

    la

    version

    biblique

    dite

    la

    Peschitto ,eic.

    L'heureuse

    influence du

    christianisme ne tarda

    pas

    se

    faire

    sentir

    en

    Msopotamie.

    Les

    relations

    suivies

    qui

    s'tablirent

    entre

    Edesse et

    l'glise

    de

    Jrusalem

    d'abord,

    et

    l'glise d'Antioche

    ensuite,

    crrent

    un

    mouvement

    intellectuel

    qui

    fit de cette ville un grand

    centre

    des

    tudes religieuses et

    scientifiques, et de

    Ta-

    ramen

    msopotamien

    la

    langue

    littraire, qu'adop-

    teront

    un

    jour

    tous

    les

    Syriens depuis

    les

    bords

    de

    la

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    DE

    LA

    LllTEIl.VTLPiE

    SYRIAQUE.

    7

    Mditerrane jusqu'

    lAdiabne,

    et depuis

    le Taurus

    jusqu'

    l'Arabie et jusqu'au golfe Persique.

    Un

    phnomne

    qui

    surprend

    est

    la

    fixit

    de

    la

    lan-

    gue

    syriaque

    qui

    se

    maintient

    sans

    changement

    et

    comme

    strotype pendant

    le

    cours

    des

    longs

    sicles

    sur

    lesquels s'tend

    la littrature

    syriaque. Si

    l'on

    par-

    court

    une

    de ces

    petites chrestomathies

    l'usage

    des

    tudiants,

    dans

    lesquelles

    se

    trouvent, cte

    cote,

    des

    passages

    de

    la

    Peschitto

    du

    IP

    s.

    de

    notre

    re)

    et

    des

    extraits

    des uvres

    de

    Barhebrseus du XIIP

    s.),

    on

    passe

    d'un

    texte

    un

    autre

    avec

    la mme facilit

    que

    si l'on

    avait

    sous

    les

    yeux

    des

    crits d'un mme auteur.

    L'immutabilit n'a

    rien

    que

    de naturel

    pour la priode

    de

    dcadence

    qui

    suit la

    conqute musulmane. L'arabe

    tant

    devenu

    l'idiome

    vulgaire

    ,

    le

    syriaque n'est

    plus

    qu'une

    langue

    morte,

    apprise

    l'cole

    comme chez

    nous

    le

    latin. Mais l'explication du

    phnomne

    est

    moins

    aise

    pour

    l'poque

    classique qui

    va

    du

    IP

    sicle

    jusque

    vers

    le

    VHP. Que l'on

    songe

    la

    vie mouve-

    mente

    de

    nos

    langues europennes

    avant d'arriver

    leur

    forme actuelle 11 faut

    bien

    admettre

    qu'au mo-

    ment

    o

    la littrature

    chrtienne

    se

    forma,

    l'idiome

    aramen

    avait

    dj

    le

    caractre

    d'une

    langue

    littraire

    consacre

    par

    l'usage,

    l'abri des

    modifications

    que

    subissent les dialectes

    vulgaires

    ^

    Si

    cette

    littrature

    ne doit rien de

    plus

    aux temps anciens

    .

    comme

    nous

    le

    croyons,

    elle

    trouva

    tout achev

    l'instrument

    qui lui

    tait

    ncessaire

    pour

    se

    manifester

    au

    jour

    et

    elle

    le

    reut comme

    un prcieux hritage.

    La

    civilisation

    avan-

    ce

    dont Edesse

    jouissait sous

    le

    gouvernement

    de

    ses

    rois

    lgitime

    du

    reste

    cette

    manire de

    voir.

    1.

    On sait combien

    ces

    modifications

    sont nombreuses

    et

    profondes

    pour

    les

    dialectes

    syriaques

    parls encore

    de

    nos

    jours dans

    le

    Liban,

    dans

    le

    Tour Abdin,

    dans le

    Kurdistan

    et

    aux

    environs du

    lacd'Ounnia,

    en

    Perse.

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    8

    LES

    ORIGINES

    On

    a

    cru

    pouvoir remonter

    plus

    haut et rattacher

    les

    origines

    de la

    littrature

    syriaque

    la

    science

    chaldenne.

    On

    ne

    peut

    douter,

    crivait

    Renan

    dans

    son

    Histoire

    des langues smitiques

    (4^

    d.,

    p.

    259),

    que,

    de

    trs

    bonne

    heure

    ,

    il

    ne se

    soit

    form

    une

    litt-

    rature

    chrtienne

    en

    langue syriaque.

    Ce

    serait

    toute-

    fois

    une

    confusion

    que

    de

    rattacher immdiatement

    cette

    littrature

    aux

    premiers crits

    du

    christianisme,

    qu'on peut

    supposer

    avoir

    t

    composs

    en

    syro-chal-

    daque'

    ;

    car,

    malgr

    la grande analogie

    du

    syriaque

    et

    de

    la

    langue

    parle en

    Palestine

    l'poque du Christ,

    on

    ne

    voit pas

    le

    lien qui

    unirait

    la

    premire

    littrature

    de

    Jude

    au

    dveloppement

    que l'on

    appelle

    syriaque,

    lequel

    se

    produit

    au

    lY^

    sicle

    -,

    non

    dans

    la

    Syrie

    pro-

    prement

    dite,

    mais

    en

    Msopotamie.

    C'est

    un

    fait

    sin-

    gulier, il faut l'avouer, qu'une

    littrature

    apparaissant

    ainsi

    sans

    antcdents,

    et

    sans qu'aucune

    tradition

    nous

    ait

    t conserve dune culture

    nationale

    ant-

    rieure

    ;

    mais

    la

    surprise

    que

    nous

    cause cette brusque

    apparition

    n'est qu'un

    effet

    de

    l'ignorance

    o nous

    sommes

    sur

    les

    anciennes

    tudes

    aramennes. On

    a

    tabli

    ci-dessus que

    la

    Chalde

    avait

    possd

    une

    litt-

    rature

    paenne et indigne

    antrieure

    au

    christianisme.

    La

    Syrie proprement

    dite

    et

    le nord de la

    Msopota-

    mie

    ne paraissent

    pas,

    il

    est

    vrai,

    avoir

    particip

    d'une

    manire

    efficace au

    mouvement

    des tudes

    chalden-

    nes

    ;

    mais on

    ne peut

    croire

    qu'elles

    y

    soient restes

    tout

    fait

    trangres.

    Il

    est

    remarquable

    que

    les

    plus

    anciens

    crivains

    dont

    les

    noms sont venus jusqu'

    nous

    taient

    tous

    des

    Chaldens

    vivant

    sous

    la

    domina-

    tion

    des

    Sassanides. L'ide

    d'crire

    en

    langue ara-

    menne

    sur

    les

    choses chrtiennes

    sera

    venue

    naturelle-

    1.

    C'est--dire

    dans

    le

    dialecte

    aramen

    de

    la Palestine

    -2.

    Sic,

    lire

    au

    H^

    sicle.

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    DE

    L.V

    LTTTRATLRE

    SYRIAQUE.

    ment

    clans un

    pays

    qui

    possdait

    dj

    des

    ouvrages

    en

    langue indigne

    sur

    toutes

    sortes

    de

    sujets.

    On

    le

    voit,

    tout

    cela

    est

    assez

    vague.

    Quand

    Renan

    crivait

    son histoire des

    langues

    smitiques,

    les

    l-

    ments

    d'informations

    que

    nous

    possdons

    sur

    la

    littra-

    ture

    aramenne

    n'taient

    pas

    encore

    lucids

    et vul-

    gariss comme ils

    le sont

    aujourd'hui.

    Ce que

    Renan

    disait

    de

    la

    littrature

    chaldenne

    antrieure

    au

    chris-

    tianisme

    tait

    emprunt

    aux

    lgendes

    recueillies

    parles

    auteurs arabes,

    venus

    trop

    tard

    pour tre

    des

    autorits

    dignes

    de foi.

    Ces

    auteurs

    dsignent

    sous

    le

    nom

    de

    Chaldens

    les

    Nabatens

    tablis

    en

    Babylonie

    aprs

    le

    11^

    sicle

    de

    notre

    re.

    L'importante

    littrature

    qu'ils

    leur

    attribuent

    n'est qu'un

    mythe.

    Il

    est

    aujourd'hui

    reconnu

    que

    le

    trait

    d'agriculture

    qu'Ibn

    ^Vaschiyah

    en

    l'an 904

    de notre

    re)

    disait

    avoir

    traduit

    du

    chal-

    den

    est

    une uvre

    sans

    valeur

    mise

    sous

    l'autorit

    d'un

    nom

    suppos. Les

    autres

    livres

    relatifs

    aux

    sciences

    naturelles,

    l'astrologie,

    aux

    mystres,

    aux

    Patriar-

    ches

    de

    l'ancien

    Testament dont

    parlent

    les

    Arabes,

    ne

    sont

    vraisemblablement

    pas autre

    chose

    que

    les

    livres

    des

    Mandens,

    qui

    existent

    encore

    et qui

    sont

    post-

    rieurs

    au

    christianisme.

    L'illustre

    orientaliste

    est

    plus

    prcis

    quand

    il

    ajoute

    quelques

    pages

    aprs

    'p.

    262

    :

    Une

    observation

    qui,

    ce

    me

    semble

    ,

    n'est pas

    sans

    importance

    pour

    la

    criti-

    que

    ,

    c'est

    que Bardesane

    se

    rattache

    directement

    l'-

    cole

    chaldenne,

    comme

    le

    prouvent

    ses

    crits

    et

    sur-

    tout

    les rfutations

    de saint Ephrem.

    Ceci

    me

    confirme

    dans

    l'opinion

    qu'il faut

    chercher

    en Chalde

    l'origine

    de

    la

    littrature

    syriaque

    et

    que

    cette

    littrature

    n'est

    autre

    chose que le prolongement

    chrtien

    de

    la littra-

    ture

    nabatenne. Selon

    le

    Kitab-cl-Fihn'st,

    Mans

    aurait

    aussi

    compos

    en

    syriaque

    la

    plupart

    de

    ses

    livres.

    1.

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    32/473

    ]0

    LES

    ORIGINES

    Renan

    avait

    t

    amen

    cette

    conclusion,

    parce

    qu'il

    considrait

    Bardesane

    comme

    le

    crateur

    de la

    littrature

    syriaque

    :

    Ce

    que

    Bardesane

    fut

    sans

    con-

    testation,

    crit-il

    dans

    son

    Marc-Aiirle,

    p.

    442,

    c'est

    le

    crateur

    de

    la

    littrature

    syriaque chrtienne

    .

    Bar-

    desane

    cra

    la

    posie

    religieuse,

    si

    nous

    en

    croyons

    saint

    phrem,

    mais

    avant

    qu'il

    se

    fit connatre

    comme

    thologien

    et

    philosophe,

    c'est--dire avant le

    dernier

    quart

    du

    IP

    sicle

    (il

    tait

    n en

    l'an

    154),

    la

    commu-

    naut

    chrtienne

    d'desse

    possdait

    dj

    une version

    de

    l'Ancien

    Testament,

    la Peschitto, et

    YHtuDionie

    des

    quatre

    vangiles

    de

    Tatien, peut-tre mme une

    ver-

    sion

    complte

    des

    quatre

    Evangiles

    ,

    comme

    nous

    l'ex-

    poserons

    plus

    loin.

    Saint

    phrem

    nous

    fait

    connatre

    Bardesane

    comme

    un

    gnostique

    qui

    inclinait

    vers

    le

    systme de

    Valentin.

    Or

    le

    gnosticisme,

    comme

    le

    christianisme,

    procde

    du

    mouvement

    religieux

    qui

    eut son essor

    en

    Palestine

    et

    auquel

    la

    Babylonie

    demeura

    d'abord trangre;

    ce

    n'est

    qu'au

    IIP

    sicle

    qu'apparat Mans d'origine

    perse.

    Bardesane

    subit

    l'influence

    des

    ides

    religieuses

    qui

    taient

    rpandues

    en

    Palestine

    et en

    Syrie et,

    sous

    ce

    rapport ,

    il

    ne

    doit rien

    la

    Chalde.

    Mais

    Bardesane

    tait

    vers

    dans

    la

    connaissance

    des

    sciences

    occultes

    ;

    on

    lui attribue

    un

    trait

    d'astrologie

    et

    un

    alphabet

    mystique. De ce

    ct,

    il

    pourrait

    tre

    rattach

    la Chalde

    qui

    passe

    pour

    le berceau

    de

    ces

    sciences;

    nous

    n'y

    contredisons

    pas,

    nous

    ferons

    seulement

    observer que,

    pour

    expliquer

    le

    fait,

    il

    n'est

    pas

    ncesaire

    de

    supposer

    un commerce direct

    entre le

    nord

    de

    la

    Msopotamie

    et

    le

    sud de

    la

    Baby-

    lonie. Ds

    les

    temps

    anciens

    la Msopotamie,

    comme

    la

    Syrie,

    tait

    adonne

    au

    culte

    des

    plantes

    et

    les

    Syriens

    croyaient

    l'influence

    des

    astres

    sur

    la

    des-

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    DE

    LA

    LITTRATLRE

    SYRIAOLE.

    11

    tine

    humaine.

    Ltude

    des

    sciences

    occultes

    tait

    rpandue

    dans

    tout

    l'Orient

    et llorissait,

    vers

    l'poque

    chrtienne,

    surtout

    en

    Egypte.

    Ce

    n'est

    pas

    en

    Chalde

    que Basilide

    avait

    compos

    son

    Abra.vas;

    du

    reste

    l'aphabet

    mystique mis

    sous le

    nom de

    Bardesane

    est

    d'origine

    juive

    ^

    Nous

    ne

    nous

    croyons

    donc

    pas

    autoris

    rattacher

    la

    littrature

    chrtienne

    de

    la

    Msopotamie

    la

    littra-

    ture

    pa'ienne

    de

    la

    Chalde.

    Le

    royaume

    d'Edesse,

    comme

    les

    autres

    principauts

    qui

    se constiturent

    en Baby-

    lonie et en

    Msopotamie

    . sous l'gide

    des

    Parthes

    .

    aprs que

    les

    Sleucides

    eurent

    renonc

    leurs

    posses-

    sions

    trans-euphratiques,

    avait

    t

    fond par

    des

    tribus

    nabatennes

    originaires

    du

    nord

    de l'Arabie.

    La

    lan-

    gue

    littraire

    de

    ces

    tribus

    tait

    l'aramen. Autrefois

    on confondait

    souvent

    les

    mots

    aramen

    et

    chalden,

    et

    cette

    confusion

    a

    t

    la

    cause

    de

    regrettables

    erreurs.

    1. Voir

    R.

    DuvAL,

    Trait de

    grammaire

    syriaque,

    Paris, 18S1,

    p.

    1-^.

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    II

    CARACTERES

    GENERAUX

    DE

    LA LITTERATURE

    SYRIAQUE.

    LA posre.

    1.

    Caractres

    de

    la

    littrature

    syriaque.

    La

    littrature

    syriaque n'est

    pas

    la

    cration

    gniale

    d'une

    nation qui

    se

    dveloppe

    progressivement

    et

    pos-

    sde

    une

    tradition

    suivie.

    Nous l'avons dit, rien

    ne re-

    lie

    cette

    littrature

    un

    pass indigne. Elle

    germa

    comme un rejeton de la

    littrature

    sacre

    de

    la

    Pales-

    tine

    sur

    lequel

    se

    grefrent

    les

    rameaux

    de

    la

    culture

    grecque.

    Aussi bien

    les

    monuments qu'elle nous

    a

    lais-

    ss

    n'ont

    pas

    le

    caractre

    original

    des

    uvres

    des

    grands crivains qui

    refltent

    le gnie propre

    de leur

    peuple.

    L'intrt de

    cette

    littrature

    est

    surtout historique.

    Les chroniques renferment

    des

    documents

    de

    premier

    ordre

    pour

    Ihistoire

    de l'Asie

    antrieure

    sous

    les

    Ro-

    mains,

    les

    Perses,

    les

    Arabes,

    les

    Mongols

    et

    les

    Turcs.

    Mais

    ce

    sont

    les historiens

    ecclsiastiques qui

    revendiqueront

    la

    plus grande

    part

    de

    cette littrature.

    La Syrie

    ne

    resta indilTrente

    aucune

    des

    luttes

    qui

    troublrent

    le monde chrtien

    : les

    hrsies

    et

    les

    schismes

    y

    trouvrent un terrain

    fertile .

    facile

    ex-

    ploiter,

    et jusqu'au

    VII*^

    sicle, les

    dissensions,

    les

    po-

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    4

    4

    CARACTRES

    lmiques

    et

    les

    controverses

    religieuses

    agitrent

    les

    esprits

    des

    Syriens

    dans

    l'empire

    romain

    et

    dans l'em-

    pire

    perse.

    Par leur

    anciennet

    les versions

    bibliques se recom-

    mandent

    l'exgte.

    La Peschitto

    apporte

    un

    contrle

    utile

    la

    critique

    du

    texte

    hbreu, comme Tllexaplaire

    syriaque

    celle

    des

    Septante.

    Les versions du

    Nou-

    veau

    Testament,

    y

    compris

    THraclenne,

    sont

    con-

    sultes

    avec

    fruit,

    ainsi

    que

    les

    commentaires que

    les

    Pres de

    l'Eglise

    syriaque

    ont

    faits

    des

    Saintes

    Ecritu-

    res.

    La littrature

    apocryphe

    de la

    Jude eut

    son

    cho

    en

    Syrie,

    o l'imagination

    s'exera

    sur

    les

    Patriarches

    bibliques,

    sur

    la

    vie

    de

    Notre

    Seigneur,

    sur

    la

    Vierge

    et

    les

    Aptres.

    Il

    se

    forma des

    lgendes

    qui furent

    ac-

    ceptes en

    Occident

    mme.

    L'hagiographie occupe

    dans

    la littrature

    syriaque

    une place

    aussi

    grande que dans les autres littratures

    chrtiennes.

    Les

    Actes des martyrs rdigs

    par

    les

    Sy-

    riens

    occidentaux

    diffrent,

    par leur caractre, de

    ceux crits

    par

    les

    Syriens

    orientaux.

    Ces

    derniers ren-

    ferment

    des

    donnes

    historiques

    et

    gograpliiques

    qui

    servent

    clairer

    des points obscurs

    des

    temps

    an-

    ciens.

    Nous

    ne

    nous

    appesantirons

    pas

    sur ces

    sujets

    qui

    trouveront

    leurs

    dveloppements dans

    le

    cours

    de ce

    livre

    ,

    mais

    nous

    ferons

    ressortir

    ici la

    valeur

    des

    tra-

    ductions

    des

    livres

    grecs,

    qui

    forment

    une

    des

    bran-

    ches

    importantes

    de

    la

    littrature

    syriaque.

    La

    Msopotamie

    paenne tait reste

    ferme

    aux

    let-

    tres

    grecques.

    La

    ncessit de

    connatre

    les

    uvres

    des

    Pres de

    l'Eglise

    grecque

    et de

    l'glise

    hellnisante

    d'Antioche

    se fit

    sentir

    d'abord

    dans

    la

    Msopotamie

    antrieure

    au

    commencement

    du

    Y^

    sicle.

    A

    cette

    po-

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    37/473

    DE

    L.V

    LITTERATURE

    S\T\IAQUE.

    lo

    que,

    renseignement

    du

    grec

    faisait

    partie

    du

    pro-

    gramme

    de

    la clbre

    cole d'Edesse,

    qui

    publie

    suc-

    cessivement

    des traductions

    des

    commentaires

    de

    Thodore de Mopsueste, des traits

    de saint

    Cyrille

    d'Alexandrie, de la logique d'Aristote

    et d'autres

    livres

    de

    YOrgiinon.

    De

    l

    l'tude

    du

    grec

    se

    rpand

    dans

    toute

    la Msopotamie

    et se

    continue

    pendant

    les

    sicles

    suivants. Sous

    les

    Abbassides apparat

    Bagdad

    une

    renaissance

    scientifique

    cre parles illustres

    mdecins

    que

    les

    califes

    entretiennent

    leur

    cour.

    Des

    coles

    diriges

    par

    des matres en renom

    revisent

    et rditent

    les

    anciennes

    traductions

    d'Aristote

    et de Galien

    et

    publient en syriaque

    les uvres

    de

    Dioscoride

    et

    de

    Paul

    d'gine.

    Ce

    sont encore

    les

    Grecs

    qui

    initient

    les

    Sy-

    riens

    la

    connaissance

    de la

    grammaire

    et de la

    lexico-

    graphie.

    La

    langue

    syriaque

    porte la

    marque

    visible

    de

    cette

    culture.

    Aprs avoir

    t

    les disciples

    des

    Grecs

    les

    Syriens deviendront les matres

    des Arabes

    et

    leur

    transmettront les livres

    grecs. Il n'est gure

    de version

    arabe

    dune

    uvre

    grecque qui

    ne

    suppose un interm-

    diaire syriaque. Par un curieux

    retour

    des

    choses,

    la

    philosophie

    grecque

    reviendra

    d'Orient

    en

    Europe

    par

    les

    livres

    arabes

    qui

    firent

    autorit chez

    nous

    au

    moyen

    ge.

    Nous devons encore

    aux

    Syriens orientaux

    des

    ver-

    sions

    syriaques

    de

    livres

    pehlwis

    :

    le livre

    de

    Kalila

    et

    Dinina

    ,

    le

    Roman

    d'Alexandre

    le

    Grand,

    et

    pro-

    bablement

    le

    livre

    de

    Sindbdn

    ou

    des

    Sept

    sages.

    Ces

    traductions nous ont

    conserv un

    certain

    nom-

    bre

    d'uvres dont les originaux sont

    perdus,

    soit en

    totalit,

    soit

    en

    partie.

    Certaines

    versions

    d'crits

    grecs

    valent

    par

    leur

    ge

    un

    bon

    manuscrit

    et

    mri-

    tent

    d'tre

    consultes

    pour

    une

    dition

    critique.

  • 7/23/2019 Duval-La Littrature Syriaque-1900.pdf.pdf

    38/473

    16

    LA POlilSIE

    SYRIAQUE.

    2.

    La

    posie.

    Si

    l'on

    veut

    toucher

    du

    doigt

    la

    note

    personnelle

    de

    l'esprit

    littraire

    des

    Syriens,

    c'est dans leur

    posie

    qu'il

    faut

    la

    chercher.

    On

    ne

    s'attendra

    pas

    trouver

    dans

    leurs

    productions

    potiques

    les

    hautes envoles

    du

    lyrisme

    ni

    le

    charme

    naf et captivant

    de

    l'pope

    h-

    roque

    ,

    mais

    le

    caractre

    particulier

    de

    cette

    posie

    en

    fait

    un

    vnement

    littraire

    qui vaut

    la

    peine qu'on

    s'y

    arrte

    et

    qu'on

    suive

    son

    histoire dans

    le cours

    des

    sicles

    ^

    La

    posie syriaque,

    purement ecclsiastique,

    est

    ne

    et

    s'est

    dveloppe

    dans le

    clerg

    pour

    lequel

    elle fut

    l'instrument

    le plus

    apte

    rpandre dans

    le peuple

    l'instruction

    religieuse

    et

    donner aux offices du culte

    toute

    la

    solennit

    qu'ils

    comportent. Ici encore pas

    de

    traces

    d'une

    tradition

    qui relie

    la posie chrtienne

    aux

    chants

    populaires des

    temps

    paens. C'est

    du ct

    de

    l'ancienne

    posie hbraque

    qu'on pourrait

    chercher

    quelques

    analogies

    :

    les vers syriaques groups

    deux

    par

    deux

    forment

    une

    phrase

    mtrique,

    un

    difice

    ()L^), comme

    disent les Syriens,

    rpondant

    assez

    bien

    au

    paralllisme

    des

    versets

    hbreux. Il

    ne

    fait

    pas

    de

    doute,

    d'autre part,

    que

    l'usage

    des

    strophes

    acrosti-

    ches

    qui

    suivent l'ordre alphabtique

    se

    soit

    introduit

    dans

    la

    posie

    syriaque

    par imitation

    de certains

    Psaumes

    et

    des

    Lamentations

    de

    Jrmie

    qui

    prsentent

    cet

    arrangement

    strophique-.

    1.

    Ce que nous disons

    plus loin de la

    posie

    syriaque

    a

    fait l'objet

    d'une

    lecture

    l'Assemble

    de

    la

    Socit

    asiatique du

    mois

    de

    juin

    189 ,

    et

    a

    t imprim

    dans le

    Journal

    de cette

    socit, n de

    juillet-aot

    189 .

    2.

    Les

    homlies

    mtri(|ues

    de

    Narss

    (V

    s.) encore

    indites,

    prsen-

    tent de

    nombreux

    exemples

    de

    rponse,

    c'est--dire

    de la reprise

    au

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    L.V

    POESIE

    SYRIAQUE.

    17

    Cependant

    le

    principe

    fondamental de la

    m'.Hriqae

    syriaque,

    le

    nombre

    dtermin des

    syllabes

    du

    vers,

    n'existe

    pas

    en

    hbreu.

    Ce

    serait

    faire

    fausse

    route

    que

    d'en

    chercher

    l'origine

    dans

    l'ancienne posie

    grecque

    et

    latine.

    Les

    Syriens

    ne

    distinguaient

    pas

    dans

    les

    vers

    les

    voyelles

    longues

    des

    brves,

    et

    rien

    ne trahit

    chez

    eux

    la

    connaissance

    de

    la posie

    occidentale

    l'aurore

    de

    leur

    poque

    littraire.

    La

    langue syriaque,

    mousse

    par

    l'usure,

    ne

    maintient que

    trs rarement

    la

    voyelle

    brve

    dans une

    syllabe

    ouverte;

    par suite,

    les

    mots se

    dcomposent

    en syllabes

    bien

    tranches

    qui

    ont

    la

    mme

    valeur

    prosodique.

    Il tait donc

    naturel

    qu'une

    phrase

    rythme

    comprit

    un

    nombre

    dtermin

    de

    syllabes. C'est

    le

    phnomne

    qui

    s'est

    produit

    ga-

    lement

    pour le

    vers

    franais, dans

    lequel il

    n'est pas

    tenu compte

    de la

    dure d'mission

    des voyelles.

    On serait

    plutt

    tent

    d'admettre

    une certaine parent

    entre

    l'hymnologie

    syriaque et

    Ihymnologie byzantine,

    en supposant

    que celle-ci drive de

    la premire.

    C'est

    l'hypothse

    qui

    a

    t soutenue

    en

    1SS5

    par M.

    ^Yilhelm

    Meyer'; mais

    sa

    thse

    a

    rencontr

    plus

    d'adversaires

    que

    de

    partisans;

    la

    prosodie

    syriaque

    tait

    alors

    trop

    mal

    connue

    pour

    servir

    de base

    un travail de compa-

    raison

    qui

    et quelque

    chance

    d'tre

    accept.

    M.

    Hu-

    bert

    Grimme^

    a

    depuis repris l'tude de cette

    prosodie

    comraenceraent

    d'une

    strophe, d'un

    mot

    ou

    d'une pense de

    la

    strophe

    prcdente.

    Ce

    phnomne

    potique

    a

    t

    signal

    pour

    rhcl)reu

    par

    M.

    D. H.

    Muller

    dans

    les

    livres des Prophtes,

    les

    Psaumes

    et

    diverses

    posies

    bibli

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    18

    LA

    POSIE

    SYRIAQUE.

    et

    recherch

    les

    rgles

    qui

    rgissent

    l'accent

    tonique

    elles

    strophes

    dans

    la

    posie

    syriaque.

    Nous

    ne

    pou-

    vons

    entrer

    ici

    dans l'examen

    de

    ce

    sujet;

    il

    nous

    suf-

    fira

    d'avoir

    rappel

    la

    question

    pose par

    INI.

    AVilhelm

    Me

    ver

    pour

    montrer

    que

    l'intrt

    qu'olTre

    la

    posie

    sy-

    riaque

    dpasse le

    cercle

    des

    orientalistes.

    C'est au clbre

    Bardesane

    d'desse,

    qui

    vivait

    la

    fin

    du IP sicle de

    notre

    re,

    que

    revient,

    dit-on,

    l'hon-

    neur

    de

    la

    cration

    de

    la

    posie

    syriaque.

    Dans

    une

    de

    ses

    hymnes

    contre les

    hrtiques

    \

    saint

    phrem dit

    de

    Bardesane

    :

    II

    cra

    les

    h3aines

    et

    y

    associa

    des

    airs

    musicaux.

    II composa

    des

    cantiques

    et

    y

    introduisit

    les mtres.

    En

    mesures

    et

    en

    poids

    il

    divisa les mots

    2.

    Il

    offrit

    aux

    gens

    sains

    le

    poison

    amer

    dissimul

    par

    la

    douceur.

    Les malades

    n'eurent

    point

    le

    choix

    d'un

    remde

    salutaire.

    11

    voulut

    imiter

    David

    et

    se

    parer

    de sa

    beaut.

    Ambitionnant

    les

    mmes

    loges, il

    composa

    comme

    lui

    Cent

    cinquante

    cantiques.

    Selon saint

    Ephrem,

    Bardesane

    avait

    crit

    ces

    hym-

    nes

    pour

    graver

    dans

    l'esprit

    du

    peuple

    ses

    enseigne-

    ments

    religieux.

    Son invention

    eut,

    parat-il,

    un

    grand

    succs,

    et

    son fils

    Harmonius, rapportent

    les

    crivains

    ecclsiastiques, excella

    tellement

    dans

    cet

    art

    qu'il

    sur-

    passa

    mme son pre. Malheureusement, il

    ne

    nous

    est

    rien rest

    de

    ces

    posies,

    si l'on excepte quelques

    vers

    de

    Bardesane

    cits

    par

    saint

    Ephrem.

    Les

    crits

    des

    gnostiques

    ont

    dfinitivement pri

    avec

    les thories

    qu'ils

    exposaient.

    Mais,

    si

    l'uvre disparut,

    le moule qui

    l'avait

    faon-

    i.

    s.

    Ephrxmi

    syri opra

    syriace

    et

    latine, d.

    Stkpii.

    Evod.

    Ass-

    MAM,

    Rome,

    1737-1743,

    U,

    p.

    u>4.

    2.

    C'est--dire,

    il

    divisa

    les

    vers

    en

    mesures

    rvthnies

    et

    accentues.

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    LA

    POESIE

    SYRIAQLE.

    \0

    ne

    subsista.

    Un

    sicle

    et

    demi

    plus

    tard,

    saint

    phrem

    empruntait

    Bardesane

    son

    armure potique

    pour

    combattre

    les

    doctrines

    errones

    et

    c est

    sous

    la

    l'orme

    d'hymnes

    et

    d'homlies

    mtriques que

    lillustre

    Pre

    de

    l'glise

    syriaque

    rfuta les

    hrtiques

    et

    popularisa

    les

    doctrines

    orthodoxes.

    La

    fcondit

    littraire

    de

    saint

    phrem

    tient

    du pro-

    dige.

    Ses

    nombreuses

    uvres

    potiques

    ont

    t

    reli-

    gieusement

    conserves

    et

    sont aujourd'hui

    publies.

    Il

    est

    vrai

    que

    l'auteur,

    si

    l'on

    pouvait

    voquer son

    t-

    moignage,

    en

    renierait

    un

    certain

    nombre.

    On a

    mis

    sous

    l'autorit de

    son

    nom

    des compositions

    de

    son

    cole,

    notamment

    d'isaac

    d'Antioche',

    et

    mme

    deXes-

    toriens,

    tels que

    Xarss-.

    phrem

    fut

    dans

    cet

    art

    le

    grand

    matre

    que

    les

    crivains

    de

    l'poque

    classique imitrent

    et

    rarement

    dpassrent. On

    lui

    a

    reproch

    son manque

    de

    chaleur

    et sa

    prolixit.

    Le

    genre

    didactique

    et

    parntique

    se

    prte

    peu

    au

    lyrisme. Il

    ne

    faut pas non plus

    perdre de

    vue

    le

    caractre

    spcial de

    l'hymne

    sacre,

    qui tait

    chante

    par deux

    churs pendant

    les

    offices

    :

    or, dans

    ce

    genre

    de

    posies,

    la

    phrase

    est

    subordonne

    au

    chant

    qui

    lui

    donne son

    relief.

    Quant

    la

    prolixit de saint phrem que

    nous

    trou-

    vons

    parfois

    fastidieuse,

    on

    ne

    peut

    la condamner

    sans

    tenir

    compte

    du

    got

    des

    Syriens

    qui

    aimaient

    les

    r-

    ptitions

    et les

    dveloppements de la mme pense,

    et

    voyaient

    des

    qualits

    l

    o

    nous

    trouvons

    des

    dfauts.

    Ces

    dfauts, nous les

    rencontrons

    les mmes non

    seu-

    lement

    chez les potes

    les plus

    estims ,

    Isaac

    d'An-

    tioche.

    Xarss,

    Jacques

    de

    Saroug,

    mais

    aussi chez

    les

    i.

    BK.kFi.L,

    con.spectHS rei

    Syrorum lillerarix,

    5Iunsler,

    1871,

    p.

    23.

    ;2.

    Fr.r.DMANN,

    tiyrische

    Wechscllicder von Narses,

    Lcip-^ig, 189G;

    NOELDEKE,

    Lilerar.

    Centralblatl,

    lS7.

    n

    3.

    j..

    04.

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    20

    LA

    POESIE

    SYRIAQUE.

    prosateurs

    de

    la meilleure

    poque,

    Aphraate

    et

    Phi-

    loxne

    de

    Mabboug.

    La

    posie

    syriaque

    se divise

    en

    deux

    groupes

    princi-

    paux

    : les

    homlies mtriques

    et

    les

    hymnes.

    Les

    homlies ou

    discours

    potiques

    jkiJcLioj

    iv^)^'

    ap-

    partiennent

    au

    genre

    narratif et

    pique;

    elles

    suivent

    une

    marche

    rgulire

    et se composent de

    vers

    du

    mme

    mtre.

    Saint

    Ephrem

    fit

    usage,

    dans

    ses

    homlies,

    du

    vers

    de

    sept

    syllabes

    qui,

    le

    plus

    souvent,

    se

    divise

    en

    deux

    mesures

    rythmiques de

    trois

    et

    quatre

    syllabes.

    Aprs

    lui,

    d'autres

    mtres furent aussi

    employs

    pour

    ce

    genre

    potique.

    Mar Balai composa

    des

    homlies

    en

    vers

    de

    cinq

    syllabes, comprenant deux

    mesures

    de

    deux

    et

    trois

    syllabes.

    Narss, dit-on,

    prfrait

    le

    m-

    tre

    de

    six syllabes;

    mais cette assertion

    ne s'est

    pas

    vrifie

    jusqu'

    ce

    jour

    ;

    on ne connat

    de cet

    auteur

    que

    des

    posies

    en

    vers de

    sept

    syllabes

    et

    envers

    de

    douze

    syllabes.

    C'est

    galement

    le

    vers de

    douze

    syllabes,

    divis en

    trois

    mesures de

    quatre

    syllabes

    chacune,

    qu'employa

    Jacques

    de

    Saroug

    dans

    ses nombreuses

    homlies.

    Les

    homlies

    taient

    le

    plus

    souvent

    crites

    en

    vue

    des

    ftes de

    l'glise et

    des

    commmoraisons

    des

    saints

    et

    des

    martyrs,

    pendant les offices

    desquels

    elles

    taient

    rcites.

    Parfois

    aussi elles

    taient

    destines

    l'dification

    des

    fidles

    et

    servaient

    de

    lectures

    pieuses.

    Dans

    ce

    cas

    elles

    pouvaient

    avoir l'tendue

    d'un

    long

    pome.

    Nous

    possdons

    d'Isaac

    d'Antioche

    une

    hom-

    lie sur

    la

    pnitence

    de

    1924 vers

    et

    une autre

    de 2133

    vers

    sur

    un

    perroquet

    qui

    chantait

    Antioche l'hymne

    du

    Trisagion. Jacques de

    Saroug

    est l'auteur

    d'une

    ho-

    mlie

    de

    1400

    vers

    sur

    le char qui

    apparut

    Ezchiel

    ,

    d'une

    autre

    de

    730

    vers

    sur

    les lgendes

    d'Alexandre

    le

    Grand.

    Si

    le

    pome

    tait

    trop

    long

    pour

    tre

    lu

    d'une

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    43/473

    LA

    POSIE

    SYRIAQUE.

    21

    seule

    haleine,

    on

    le

    divisait

    en

    plusieurs

    homlies.

    Ainsi

    le

    pome sur

    Joseph, fils

    de

    Jacob,

    attribu

    saint

    Ephrem,

    comprend

    douze

    homlies

    ou

    chants.

    Les

    hymnes

    forment

    le

    second

    groupe

    de

    la

    posie

    sy-

    riaque.

    Je

    retiens

    \QTi\o\

    hymne

    qui

    est

    consacr

    parlu-

    sage.

    Mais

    les Syriens

    ne

    connaissaient

    pas

    ce terme;

    ils

    appelaient

    ces

    posies

    des instructions

    >ivyi\

    C'-

    tait

    ,

    en effet,

    nous l'avons

    rappel

    ,

    par

    des

    hymnes

    que

    Bardesane

    rpandait

    dans le

    peuple

    ses

    doctrines,

    et

    saint

    Ephrem

    suivit

    son

    exemple

    consacr

    par

    le

    suc-

    cs.

    Si

    Bardesane

    composa

    cent

    cinquante

    hymnes,

    les

    uvres

    de

    saint Ephrem

    comprennent

    plus

    du

    dou-

    ble

    de

    ces

    posies.

    Les

    unes

    sont

    dirig-es

    contre

    les

    hrtiques

    et les

    sceptiques;

    d'autres

    sont

    parnti-

    ques;

    d'autres encore taient

    destines

    aux

    ftes

    de

    l'Eglise

    et

    des

    saints

    et

    taient

    chantes

    la

    suite

    des

    homlies.

    a

    Lorsque

    saint Ephrem

    ,

    rapporte

    son

    biographe

    ,

    vit le

    got

    des

    habitants

    d'Edesse

    pour les

    chants,

    il

    institua

    la contre-partie des jeux

    et des

    danses

    des

    jeunes

    gens.

    Il

    tablit des churs

    de religieuses

    auxquelles

    il

    fit

    apprendre

    des

    hymnes

    divises

    en

    strophes

    avec des

    refrains.

    Il mit dans

    ces

    hymnes

    des

    penses

    dlicates

    et des

    instructions

    spirituelles

    sur la

    Nativit,

    sur

    le

    baptme

    ,

    le

    jene et

    les

    actes du

    Christ

    ,

    sur

    la

    Passion

    ,

    la

    Rsurrection

    et

    l'Ascension

    ,

    ainsi

    que sur

    les

    cons-

    fesseurs,

    la

    pnitence

    et

    les

    dfunts.

    Les vierges

    se

    runissaient

    le

    dimanche,

    aux

    grandes

    ftes

    et aux

    commmoraisons des martyrs;

    et

    lui,

    comme

    un

    pre,

    se

    tenait

    au

    milieu

    d'elles,

    les

    acompagnant

    de la

    harpe.

    11

    les divisa en

    churs

    pour les

    chants

    alter-

    nants

    et

    leur

    enseigna

    les diffrents

    airs musicaux,

    de

    sorte

    que toute

    la

    ville

    se

    runit

    autour

    de

    lui

    et

    que les

    adversaires

    furent

    couverts

    de honte

    et disparurent.

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    22

    LA POtSIE

    SYRIAQUE.

    Une

    lgende,

    recueillie

    par

    riiistorion

    Socrate

    (YI,

    8)

    et

    suivie par

    Salomon

    de

    Bassora

    [Le

    livre de

    Vabeille,

    130,trad.

    115)

    et

    par

    BarhebrusiCVi/'o/i.

    eccl.^

    I,

    41),

    attribue

    l'institution

    de

    lantiphone^

    en Syrie,

    saint Ignace d'Antioche,

    qui

    en

    aurait

    reu l'inspira-

    tion

    dans une

    vision.

    Les

    anges lui

    taient

    apparus

    c-

    lbrant

    les

    louanges

    de

    la Trinit

    dans

    des hymnes

    qu'ils chantaient

    alternativement

    ^

    A

    la

    diffrence

    des

    homlies

    ,

    les

    hymnes

    repr-

    sentent

    le

    genre lyrique

    ;

    elles

    renfermaient

    toutes

    les

    varits

    dont

    ce

    genre

    est

    susceptible,

    depuis

    le

    vers

    de

    quatre

    syllabes

    jusqu'

    celui

    de

    dix

    syllabes,

    et

    com-

    prenaient

    un nombre

    variable

    de strophes

    de

    diffrente

    longueur.

    Les stropheslesplus

    longues

    taient

    chantes

    par

    le

    premier

    chur; les

    strophes

    les

    plus

    courtes

    for-

    maient

    le

    refrain

    et la

    partie

    du

    second

    chur.

    Le

    refrain

    se composait

    d'une

    doxologie

    ou

    d'une

    prire

    ,

    il

    revenait

    sans

    changement

    aprs

    chaque stro-

    phe

    principale,

    ou

    il

    variait

    dans

    ses expressions.

    11

    tait chant

    sur

    le mme

    air

    que les

    autres

    strophes

    de

    l'hymne.

    Les

    airs

    musicaux

    taient

    indiqus

    par

    des

    rubriques.

    Ces

    rubriques

    donnaient

    les

    premiers

    mots

    de Ihymne

    dont

    le

    chant

    connu

    servait de

    modle;

    par

    exemple,

    la

    rubrique

    sur

    V

    air

    de

    Ce jour indiquait

    le

    chant

    de

    l'hymne sur

    la

    Nativit de

    Notre Seigneur,

    qui

    com-

    menait

    par

    Ce jour.

    C'est dune

    manire

    analogue

    que

    les

    airs

    sont

    nots

    dans

    nos

    recueils

    de

    cantiques

    ou

    de

    chansons

    populaires.

    Les

    airs

    variaient

    suivant

    les

    diverses

    espces

    d'hym-

    nes

    ,

    dont

    les

    strophes

    taient

    formes

    de

    mtres

    pa-

    1.

    L'institution

    des

    cliurs

    en

    Babylonie

    et dans

    la Msopotamie

    orien-

    tale

    est

    due

    Sinion

    bar

    Sabb

    , mort

    en

    341 ,

    suivant

    BARnEBR^us,

    Chron.

    eccL,

    U, 33.

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    LA

    POSIE

    SYRIAQUE.

    23

    reils,

    ou

    de

    mtres

    dingale

    longueur.

    M.

    Lamy, qui

    a

    consacr

    une

    tude

    aux

    posies

    de saint

    Eplirem

    ,

    a re-

    connu

    soixante-six

    varits

    d'hymaes

    chez

    cet

    auteur'.

    Saint

    Ephrem

    nous

    a

    laiss

    un

    certain nombre

    d'hym-

    nes

    acrostiches

    dans

    lesquelles

    les

    strophes

    sont dispo-

    ses

    suivant

    l'ordre

    alphabtique

    ,

    l'instar

    de plusieurs

    posies

    hbraques

    de

    la

    Bible.

    Avant

    lui, Aphraate

    avait

    dj

    fait

    usage

    de ce procd

    de numrotage;

    cha-

    cune

    de ses

    homlies

    en

    prose

    commence

    par

    une let-

    tre

    de

    l'alphabet qui en

    dtermine

    la

    place.

    Des acros-

    tiches

    de

    mots sont plus

    rares.

    Saint

    phrem

    a

    sign

    quelques-unes

    de

    ses

    compositions

    au moyen

    de

    l'acro-

    stiche

    form

    des lettres

    de

    son

    nom.

    Une

    varit

    de

    l'hymne

    tait

    le

    cantique,

    sougUhd

    ()?

    jL^o)

    ,

    qui contient

    une

    prire

    ou

    les

    louanges de

    la

    Divinit

    ou

    d'un

    saint.

    On

    possde

    des

    cantiques

    crits

    en

    strophes acrostiches

    et rattachs

    des

    homlies,

    la

    suite desquelles ils

    taient

    chants

    par

    les

    churs

    pendant

    les

    ftes

    religieuses.

    De

    cette

    espce

    sont

    les

    neuf cantiques

    du

    docteur

    nestorien

    Narss

    existant

    dans

    des

    manuscrits

    dont

    deux

    copies

    se

    trouvent

    en

    Europe,

    l'une

    la

    Bibliothque

    royale

    de

    Berlin,

    l'au-

    tre au

    Muse

    Borgia.

    Nous en

    devons

    la

    connaissance

    MM.

    Sachau

    et

    Feldmann

    qui

    les

    ont

    publis

    rcem-

    ment-. Ces cantiques

    ont pour

    sujet la

    Nativit

    de

    No-

    tre Seigneur,

    l'Annonciation,

    l'Epiphanie,

    la

    fte de

    saint

    Jean

    -Baptiste,

    la fte

    des

    Docteurs

    nestoriens

    Diodore,

    Thodore

    et

    Nestorius;, la

    Passion,

    les Ha-

    meaux, la

    fte

    de

    Pques

    et

    ]a

    fte des

    Confesseurs

    (clbre le

    vendredi

    de la

    semaine

    de

    Pques).

    i.

    On syriac

    prosody,

    dans les

    Actes du

    congrs

    des

    Orientalistes

    de

    Londres

    de

    1891.

    2.

    Sacuau,

    Ueter die

    Posie

    in

    der

    Volksprache

    der

    Xeslorianer,

    dans

    les

    Rapports

    de

    l'Acadmie

    de

    Berlin,

    1890.

    p.

    i*j.j.208;

    Feldma,

    6'>/-

    rische

    Wechsellieder

    von

    Xarses,

    Leipzig,

    1890.

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    24

    LA

    POSIE SYRIAQUE.

    Le

    caractre

    distinctif

    de

    ces neuf cantiques

    est

    la

    forme

    dialogue.

    Aprs

    une

    courte introduction

    dont

    l'tendue

    varie

    de

    cinq

    dix

    strophes

    de

    quatre

    vers

    de

    sept

    syllabes,

    commence

    un dialogue entre

    deux

    per-

    sonnages

    ou

    groupes

    de

    personnes; ainsi,

    dans

    le

    cantique

    de

    la

    Nativit,

    le

    dialogue

    a

    lieu entre

    la

    Sainte

    Vierge

    et

    les

    rois

    Mages

    ;

    dans

    le

    cantique

    de

    FAnnonciation

    ,

    entre

    l'Archange

    Gabriel

    et

    la

    Vierge

    Marie.

    A

    chaque

    personnage

    est

    attribue

    ,

    tour

    de

    rle,

    une

    strophe;

    les

    strophes