7/23/2019 Duval-La Littrature Syriaque-1900.pdf.pdf
1/473
j^j-^-ftitsyi
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University
of Toronto
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Bhliotbque
de
enseignement
deVEistoire
ecclsiastique
Sollicits
de
divers
cts de reprendre,
avec
les seules
ressources de
l'initiative
prive,
le projet
confi jadis
par
S.
S.
Lon XIII aux
cardinaux
de
Luca,
Pitra
et
Hergenrther,
la suite de la
lettre
pontificale
sur les
tudes
historiques,
savoir
la
composition d'une
His-
toire
ecclsiastique
universelle,
mise
au point
des
pro-
grs
de
la
critique
de
notre temps
>,
nous
nous
sommes
dtermins
entreprendre
la publication
de
cette
col-
lection
pour servir
l'tude et
l'enseignement de
l'his-
toire ecclsiastique. On
a
distribu
la matire
en
une
srie
de
sujets
capitaux,
chacun
devant
constituer
un
volume
indpendant,
chaque volume
confi
un savant
sous
sa
propre responsabilit,
chaque
collaborateur
charg, non
pas
tant
de
produire
un
travail
original,
que
de
dire
o.
en est
la science,
o
elle
se trouve
et
comment
elle
se
fait.
Nous
n'avons
pas
l'intention
de
faire
uvre pdagogique
et de publier
des
manuels
analogues
ceux
de
l'enseignement
secondaire,
ni
da-
vantage
uvre
de
vulgarisation
au
service
de
ce
que
Ton
est convenu
d'appeler le grand
public:
il
y
a une
i^vre
plus
urgente
raliser
en
matire
d'histoire ec-
clsiastique,
plus
conforme
aux
vues
exprimes
par le
Souverain
Pontife,
un
uvre
de
haut
enseignement,
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8/473
puisque,
en matire
d'histoire
ecclsiastique;
il
n'existe
pas,
du
moins
en pays
de
langue
franaise,
de
publi-
cations
intermdiaires entre
les
manuels lmentaires
et
des
uvres
comme
celles
de
Janssen,
de
De
Rossi
ou de
Hefele.
Nous
croyons
que
nous
rpondrions
au
dsir
de bien des
matres et
de
bien
des tudiants
de
l'enseignement
suprieur franais, autant
que
de bien
des
membres
du
clerg
et de l'lite
des
catholiques,
si
nous
russissions
crer
une collection
compa-
rable pour
le plan
V
Histoire universelle
de
W.
Onc-
ken.
Pour
cette uvre nous nous sommes
adresss
des
hommes
de
science, ayant
dj
fait
leurs preuves.
Le
plan
des sujets
traiter
a
t conu
de
faon
que l'en-
semble
des vingt-cinq
ou
trente
volumes
qui
compo-
seront notre
collection
embrasse toute
l'histoire
gnrale
de l'glise. Les
volumes
ne
paratront ni dans
l'ordre
chronologique,
ni
dates
fixes, mais
mesure
qu'ils
seront
prts. Et chaque volume,
de 300
400
pages,
se
vendra sparment.
La
direction
gnrale
de
la
publication
est
confie
un
comit,
sous
la
prsidence
de
M^'' Pierre
Batiffol,
recteur
de
l'Institut
Catholique
de
Toulouse.
V.
Lecoffre.
7/23/2019 Duval-La Littrature Syriaque-1900.pdf.pdf
9/473
Bibliothque de
l'enseignement de
l'Histoire
ecclsiastique
Les
origines
du catholicisme.
Le
christianisme
et
l'empire
romain.
Les
glises
du monde
romain.
Les anciennes
littratures
chrtiennes.
La
thologie
ancienne.
Les
institutions
anciennes
de l'glise.
Les
glises
du
monde
barbare.
Les glises
du
monde
syrien.
L'glise
by:{antine.
L'tat
pontifical.
La
rforme
du XI sicle.
Le sacerdoce
et
l'Empire.
Histoire
de
la
formation
du
droit
canonique.
La
littrature
ecclsiastique
du moyen ge.
La
thologie du
moyen
ge.
Les
institutions
de
la
chrtient.
L'Eglise
et
l'Orient
au moyen
ge.
L'glise et le Saint-Sige
de
Boniface
VIII
Martin
V.
L'glise
la
fin
du
moyen
ge.
La
rforme
protestante.
Le
concile de Trente.
L'glise
et l'Orient
depuis
le
XV
sicle.
La
thologie
catholique
depuis
le
XV
I^
sicle.
Le
protestantisme
depuis
la
Rforme.
L'expansion
de
V
glise
depuis
le
A'TT
sicle.
L'glise
et
les gouvernements
d'ancien
rgime.
L'Eglise
et
les rvolutions
politiques
(1789-1870).
L'glise
contemporaine.
7/23/2019 Duval-La Littrature Syriaque-1900.pdf.pdf
10/473
Bibliolliquc
de
renseiguemeul
de
l'Uisloire
ecclsiastique
VOLUMES
PARUS
:
Le
Christianisme
et
lEmpire
romain,
de
Nron
a
Thodose,
par
M.
Paul
Allard.
Troisime
dition.
Anciennes
littratures
chrtiennes
:
I.
La
littrature
grecque,
par M.
Pierre
Batiffol,
recteur
de
l'Institut catholique
de
Toulouse.
Deuxime
dition.
Anciennes
littratures
chrtiennes
:
IL
La
littrature
syria-
que, par
M.
RuBENS
Duval.
professeur
au
Collge
de
France.
Deuxime
dition.
Chaque
volume
in-1:^.
Prix
:
3
fr.
50
POUR
PARAITRE
PROCHAINEMENT
Histoire
des
dogmes
:
1. La
thologie ancienne,
par
M. L.
J.
TixERONT,
professeur
l'Institut catholique
de
Lyon.
Anciennes
littratures
chrtiennes
:
III. La littrature
latine,
par
M. Paul
Lejay,
professeur
l'Institut
catholique
de
Paris.
La
Rforme
du
XI
sicle,
par
M.
Chnon, professeur
la
Facult
de
droit
de
l'Universit
de Paris.
Les
Institutions
de la
Chrtient,
par
M.
Edouard
Jordan,
professeur
la
Facult des
lettres
de l'Universit
de
Rennes.
Les
Papes
d'Avignon,
par
leR.
P.
Louis Gurard,
de
l'Oratoire.
Le
grand
Schisme,
par
M.
Salembier,
professeur
la
Facult
de
thologie
de
Lille.
Histoire
des
dogmes
:
IL
La
thologie
du
moyen
ge,
par
le
R.
P.
Mandonnet,
professeur
la
Facult de thologie
de
l'Universit
de
Fribourg.
Les
origines
du
Protestantisme
et de
l'esprit moderne,
au
xiv
et
au
xv
sicles,
par
le
R.
P.
Baudrillart, professeur
l'Institut
catholique de
Paris.
L'glise
au
XV* scicle.
I.
Histoire
politique
et
religieuse,
par
M.
Jean
Guiraud, professeur
la
facuHt des lettres
de
l'Universit
de Besanon.
La
Rforme
protestante,
par M.
Imbart
de
la
Tour,
profes-
seur
la
Facult des
lettres
de l'Universit
de
Bordeaux.
L'glise
et
les
gouvernements
d'ancien
rgime,
par M.
Gau-
chie,
professeur
l'Universit
de
Louvain.
L'glise et
les
Slaves,
par
le
R.
P.
Pierling,
S.
J.
L'glise
contemporaine, par
M.
Georges Goyau, ancien
mem-
bre
de
l'cole franaise
de
Rome.
7/23/2019 Duval-La Littrature Syriaque-1900.pdf.pdf
11/473
Bibliothque
de
renseignement de
l'Histoire
ecclsiastique
ANCIENNES
LITTRATURES
CHRTIENNES
II
LA
LITTRATURE
SYRL\QUE
7/23/2019 Duval-La Littrature Syriaque-1900.pdf.pdf
12/473
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Bibliothque de
l'Enseignement de l'Histoire
ecclsiastique
ANCIENNES
LITTRATURES
CHRTIENNES
II
LA
LITTRATURE
SYRL\QUE
PAR
RrBENs
DUVAL
DEUXIEME
EDITION
PARIS
LIBRAIRIE VICTOR
LECOFFRE
RUE
BONAPARTE,
90
1900
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15/473
AVA^T
-PROPOS
DE LA
PREMIRE
DITION
La
littrature
syriaque
avait sa
place marque
dans
la
Bibliothque
de
renseignement
de
VHis-
toire
ecclsiastique,
car
elle
constitue
une des
principales
sources de
l'histoire de
TEglise
orien-
tale.
Le
livre
qui
lui est
consacr,
a
t
di^s-is
en
deux
parties
:
dans
la
premire,
on
s'est
propos
de
donner
une ^^le
d'ensemble
des
uvres
littraires
qui
nous
sont
parvenues
des Syriens; la
seconde
renferme
de
brves
notices
sur
les
auteurs
syria-
ques,
classes suivant
l'ordre
chronologique, d'a-
prs le
modle
de
l'article
de
W.
Wright
sur
la
littrature
syriaque dans
le XXIP volume de
VEn-
cyclopedia
britannica^.
Les
textes
dits
jusqu'
ce
jour
forment
une
bibliothque
de
plus
de
deux
cents volumes, dont
la
majeure
partie a
paru pen-
dant
ce
sicle. Nous
croyons
avoir
mentionn tous
I.
Une
dition
part de
cet
article
a
t
faite aprs
la mort
de l'auteur
:
A
short
Hislory
of
syriac
LUerature by Ihe
Me
William
Wright,
Londres,
1894.
C'est
cette dition
que
nous
avons
cite dans les
notes de ce
livre
sous
le
titre
de
Wright,
Syr.
lit.,
2*
d.
6
7/23/2019 Duval-La Littrature Syriaque-1900.pdf.pdf
16/473
X
AVANT-PROPOS.
ceux
qui
prsentent
quelque
intrt
littraire
,
mais
nous
avons
laiss
de
ct
les
publications
faites
dans
un
but
pratique,
telles
que
liturgies,
rituels
et
brviaires.
La
littrature
syriaque
n'est
rellement
entre
dans
le
domaine
des tudes
orientales
que
depuis
le
XIX
sicle,
quoique,
ds le
commencement
du
XVIIP,
Joseph
Simon Assmani
en
ait
rvl
l'im-
portance
en
crivant
sa
clbre
Bibliotheca
oren-
talis.
Cette
uvre capitale
demeura sans
rivale;
elle
suffisait
aux besoins du temps.
Autrefois l'-
tude
du
syriaque
,
qui avait principalement
en
vue
l'exgse
biblique,
n'tait
pas
pousse
trs
loin.
La
version
syriaque de TAncien et
du
Nouveau
Testament
,
dite
La
Peschitto
,
avait
t dite
dans
les
Polyglottes;
en
1669,
Edmond
Castell
avait
rdig
son Lexicon
heptaglotton
pour
la
Po-
lyglotte
de
Londres. C'est
sur
ce
fonds,
grossi
de
quelques
autres
publications analogues
,
que l'on
vivait;
il fournissait la
matire
des
livres
d'ensei-
gnement
: grammaires,
chrestomathies
et
lexiques.
Quand
la
Bibliotheca
orientalis
d'Assmani
eut
paru
,
on
lui
emprunta
quelques
textes
,
mis
la
porte
des
lves; le
Chronicon
syriacum
de
Barhebraeus,
dit
par
Bruns et
Kirsch,
Leipzig
en
1789,
procura ensuite
quelques
nouvelles
contri-
butions aux
chrestomathies.
Si
l'on
excepte
Renaudot
qui
,
dans
sa
collection
des
liturgies
orientales
,
traduisit
les
liturgies
7/23/2019 Duval-La Littrature Syriaque-1900.pdf.pdf
17/473
AVANT-PROPOS.
m
syriaques,
il
faut
reconnatre
que c'est aux
Maro-
nites
et
notamment
la
famille
des
Assmani que
revient
Thonneur
d'avoir
initi les
savants
de
l'Eu-
rope
aux
richesses
littraires
renfermes
dans
les
manuscrits
syriaques. Ces
manuscrits n'taient
pas
encore
trs
nombreux
dans
nos
bibliothques.
J.-S.
Assmani
avait
dot
la
Bibliothque
du
Vati-
can
d'une
belle
collection,
qu'il
tira
en
partie
du
couvent
de
Notre-Dame des
Syriens,
situ dans
le
dsert
de
Nitrie (ou
Sct)
en
Egypte
;
c'est dans
cette
collection
qu'il
prit
les
matriaux
de sa Biblio-
theca
orientalis.
Le
catalogue
des ms.
orientaux
du
Vatican,
qu'il
rdigea
avec
l'aide
d'Etienne
Evode
Assmani,
permettait
d'autres
Orientalistes
de
continuer et
d'amliorer
son
uvre
,
mais
la
Bi-
bliothque
Vaticane
tait
alors
peu
accessible
aux
trangers. Les autres
bibliothques
de
l'Europe,
moins
riches
,
n'avaient pas
encore
publi
leurs
catalogues
,
l'exception
de
la
Laurentienne
de
Florence ,
dont
Evode
Assmani
avait
dcrit les
ms.
orientaux, parmi
lesquels
figurent
quelques
ms. syriaques.
De
nos jours ,
les
Syrologues
sont
mieux
parta-
gs; le fonds syriaque
des
principales
bibliothques
s'est largement
accru
,
surtout
celui du Muse
bri-
tannique
qui
a
acquis
l'importante
collection
du
souvent de Notre-Dame
des
Syriens,
que
J.
Ass-
mani avait
seulement
entame.
Des
catalogues
descriptifs
et
analytiques
,
rdigs
par
des
biblio-
BQ
7/23/2019 Duval-La Littrature Syriaque-1900.pdf.pdf
18/473
XII
AVANT-PROPOS.
thcaires
comptents,
sont
maintenant
la
disposi-
tion de
tous
les
travailleurs.
D'un
autre ct,
les
relations que
les
savants
de
l'Europe
ont
noues
avec
le
monde
oriental,
permettent
d'utiliser
les
trsors
littraires
qui
sont
rests
en Orient.
Grce
ces
heureuses
circonstances,
il s'est
pro-
duit
pendant
notre
sicle
une
renaissance
des
tu-
des
syriaques
qui
ont,
dans
une
grande
mesure,
particip
au
nouvel
essor
imprim
l'orientalisme
et
l'histoire
ecclsiastique.
De
rcents
travaux
ont
mis
nu
les
lacunes et
les
imperfections
du
grand
travail
de
J.
Assmani;
nanmoins la
Biblio-
theca
orientalis
demeure
toujours
une
source
abon-
dante
d'informations.
La
fivre
de l'indit
qui
s'est
empare
de la
jeune
gnration
des
Orientalistes
ne
parait
pas,
heureusement,
prs
de
se calmer.
Ce
livre a
t
crit
pour
le
public
savant autant
que
pour
les
Orientalistes
;
nous
avons
donc
jug
propos
d'adopter,
pour
la
transcription
des
noms
propres
syriaques,
la forme
la
plus
simple
et
la
plus
rpandue
,
alors mme
qu'elle ne
rendrait pas
exac-
tement
la
prononciation
orientale.
Dans ce
dessein,
nous
avons
nglig
les
signes
conventionnels
dont
on
marque les lettres
syriaques
qui
n'ont
pas
leur
quivalent
dans
notre
alphabet,
et
nous avons
supprim
toute
distinction entre la
prononciation
des
Syriens
occidentaux
et
celle
des
Syriens
orien-
taux,
nous
en
tenant
la
premire
que
les
Maronites
ont
popularise
chez
nous.
Nous
crivons
Barde-
7/23/2019 Duval-La Littrature Syriaque-1900.pdf.pdf
19/473
AVAM-PROPOS.
XIII
ane,
phrem^
Narss
, selon
l'orthographe
vul-
gaire;
Barhebrus
avec
la
forme
latinise
de
ce
nom
;
Ebedjsu
selon
la
prononciation
des
Maro-
nites (et
non
Abdischo
ou
Audischo,
qui
reprodui-
rait
mieux la
prononciation
nestorienne),
etc.
Une
carte gographique,
jointe
au
volume,
donne
un aperu
du
domaine
littraire
des Syriens
et ai-
dera
le
lecteur
s'orienter
dans
les
diverses
con-
tres
qui sont
mentionnes
dans
Touvrage.
Paris,
janvier
1899.
7/23/2019 Duval-La Littrature Syriaque-1900.pdf.pdf
20/473
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21/473
AVAM-PROPOS
DE
LA
SECONDE
DITION
La
seconde
dition
de La
littrature
syriaque
diffre
peu de
la premire
dition
qu'elle
suit
de
si
prs.
Cependant
les
publications
parues
en
1898
et
1899
et que
nous
n'avions
pu
encore
utiliser,
ont
fourni
une
contribution
importante.
D'un
autre
ct,
on
a
fait
les corrections
ncessaires
et
rpar
les
omissions
grce aux
bienveillantes
communica-
tions
de
MM.
Nestl,
Lamy,
Franz
Cumont,
Bed-
jan,
Guidi et Chabot, auxquels
nous
adressons
nos
vifs
remerciements.
Afin
que
les
acqureurs
de
la
premire
dition
puissent
profiter de
ces
amliorations,
nous
avons
runi
les
nouvelles
additions
dans
un
appendice,
dont
un
tirage
part
est mis
la
disposition
des
premiers lecteurs
de La
littrature
syriaque.
Cet
appendice
est
suivi
de
la liste
des
corrections
faites
dans le corps du
livre.
Quelques critiques ont
exprim
le
regret
qu'un
livre
crit
en
vue
de
l'enseignement ecclsiastique
7/23/2019 Duval-La Littrature Syriaque-1900.pdf.pdf
22/473
XVI
AVANT-PROPOS.
ne
comprt pas
un
chapitre
sur la
liturgie si
bien
reprsente
chez
les
Syriens^.
Nous
avouons
notre
incomptence pour
crire ce
chapitre.
De
plus,
le
sujet
est,
semble-til,
trop
vaste
pour
tre
ren-
ferm
dans
quelques
pages,
il
devrait
tre trait
dans
un
volume
spcial
de
la
Bibliothque
de l'en-
seignement
de
l'Histoire
ecclsiastique-,
Paris,
novembre
1899.
1. M.
TixERONT,
L'Universit
catholique de
Lyon,
aot
1899,
p.
633:
M.
Chabot,
Revue
critique, 16
octobre
1899,
p.
298.
2.
Les
personnes
que
le sujet
intresse
pourront
consulter
:
BiCKELL,
Conspectus
rei
Syrorum
litterariae,
Munster,
1871, Vil,
De
Uturgiis
Syrorum,
p.
59 et
suiv., et
les
ouvrages
cits
dans
ce
livre.
Eberhard
Nestl, Syrische
Grammatik
mit
Litteratur,
Chre8lom,athie
iind
Glossar,
Berlin,
1888,
Litteratura, III,
Libri
ecclesiastici
(liturgici,
Rituales),
31-34.
P.
Bedjan,
Breviarium
chaldaicum
(en
syriaque).
Mil, Paris,
1886-1887.
Liturgia
S.
Apostolorum
Addaei
et
Maris,
cui
accedunt
duae
aliae
in
quibusdam
festis
et
feriis
dicendae,
necnon
Ordo
baptismi
(en
sy-
riaque),
Ourmia,
Mission
de
l'Archevque
de
Canterbury,
1890.
Brviaire
l'usage
du
clerg
maronite,
2
d.,
Beirouth,
1893
(en
syriaque)
Arthur
John
Maclean,
East
Syrian
Daily
Offices
translated
from
the
syriac
with
introduction,
notes
and
indices...
Londres,
1894.
F.
E.
Brightmann,
Eastern
and
western
liturgies,
Oxford,
1896,
t.
\,
Eastern
liturgies
Ephraem
n
Rahmani, Testa-
mentum
Domini
Nostri Jesu
Christi,
Mayence,
1899,
Disserta-
tio IIL
De
liturgia Missae,
p.
169.
7/23/2019 Duval-La Littrature Syriaque-1900.pdf.pdf
23/473
PREMIERE
PARTIE
-
LA
LITTERATURE SYRIAQUE
ET
SES
DIFFRENTS
GENRES
LITTRATURE
SYRIAQUE.
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24/473
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LES ORIGINES
DE LA
LITTERATURE
SYRIAQUE
La
littrature
syriaque
s'est
forme
et
dveloppe
d'abord dans
la Msopotamie
sous linfluence
du
chris-
tianisme
auquel
elle doit
le
caractre
religieux
qui la
distingue.
Elle
est
par-dessus
tout
une
littrature
ec-
clsiastique, les uvres qu'elle
nous
a
laisses
ayant
pour auteurs, presque sans exception,
des
membres
du
clerg
ou des
thologiens.
Les docteurs
mmes
qui
se
consacrrent
l'tude
de
la
philosophie
grecque,
comme
les
Matres
de l'Ecole
d'Edesse
au
Y^
sicle,
ou
aux sciences naturelles et
mdicales,
comme
Sergius
de
Reschaina,
au
sicle
suivant,
et
les
clbres
mdecins
syriens
de
Bagdad
au
temps
des califes
Abbassides.
tous
taient verss
dans
la
thologie.
Les
sciences,
en
effet,
taient rsumes
en
Orient
dans
le
mot
philoso-
phie
y
et
la
premire et
la
plus
importante
des
branches
de la
philosophie,
c'tait
la
connaissance
de
Dieu
et
des
dogmes
de
la
religion.
Cette
direction
des tudes
tenait
l'esprit
religieux
des
Smites,
aussi
profon-
dment enracin
chez
les
Syriens
que
chez
les
Isra-
lites
et
les
Arabes.
On
sait
que l'activit
intellectuelle
des
Juifs tait
surtout
concentre
dans
l'tude
de
la
Thora,
c'est--dire
de
la
loi religieuse,
et
que
l'ensei-
gnement
se
donnait
chez
les
Musulmans
dans
les
Ma-
7/23/2019 Duval-La Littrature Syriaque-1900.pdf.pdf
26/473
4
LES ORIGINES
cirasse
dpendant
des
mosques et diriges
par
des
Oulma
(docteurs
de
la
loi)
;
ainsi
les
chrtiens
sy-
riens allaient
tudier
dans
les
coles
rattaches
aux
couvents.
La Msopotamie
paenne
ne
compte pas parmi les
nations
doues d'un
gnie
littraire.
On
comprend
que
les
uvres
qu'elle aurait
produites
aient
somhr
avec
le
paganisme,
l'exception
de
quelques
inscriptions
conserves par
la
pierre.
Mais,
s'il
y
avait
eu
une
vraie
culture
nationale,
la
tradition
s'en
serait
conserve
ou
elle aurait
laiss
son
empreinte sur
l'poque chrtienne.
Il
n'en est
rien
:
la
littrature
syriaque
est
sortie
tout
entire du grand
mouvement religieux
qui
se
produisit
en
Orient
vers notre re
et qui entrana la Msopotamie
avec
une
rapidit
surprenante.
Cette
contre
ne
tarda
pas
devenir
un des
principaux
centres des
luttes re-
ligieuses
et
prendre
une place
importante
dans l'his-
toire
de
l'Eglise. Elle
sera
avec
Bardesane le
dernier
rempart
du gnosticisme,
puis
les
Syriens de l'empire
perse
accueilleront le
nestorianisme
vaincu
en
Occident,
pendant que
les
Syriens
de
l'empire
romain
se
dcla-
reront
partisans
de l'hrsie monophysite et formeront
les
Jacobites.
Nous avons
dit
que
la
Msopotamie
avait
t
le
ber-
ceau
de la
littrature
syriaque. Les
Syriens taient, il
est
vrai
,
rpandus
sur
une
vaste
tendue de
territoire.
La
Syrie
proprement
dite,
ou
Syrie
cis-euphratique,
la
Msopotamie,
la
Babylonie,
les
provinces
orientales,
telles
que
l'Adiabne,
la Garame,
la
Susiane,
taient
en
grande
partie
habites par
des
Aramens
qui,
aprs
l'vanglisation
de
ces contres,
prirent le
titre
de
Sy-
riens
^
Mais
la
Syrie,
aprs l'occupation
des
Sleuci-
\.
Le mot
aramcen
devint
dans la litU'rature
juive
le
synonyme
de
pafe^quand
les
Juifs,
transports
en
Baljylonie,
se
trouvrent
entours
7/23/2019 Duval-La Littrature Syriaque-1900.pdf.pdf
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DE LA
LITTRATLRE
SYR.VQL'E.
5
des,
s'tait
promptement
hellnise.
L'idiome
vulgaire
tait
le
syriaque,
mais
on
crivait en
grec.
L'usage
du
grec
tait
gnral
et
se
maintint
longtemps
aprs
la
conqute
romaine'. C'est en grec
quEusbe
de
Csa-
re,
Titus de
Bostra,
Svre d'Antioche
composrent
leurs
ouvrages.
Les
auteurs de
ce
pays qui, dans
les
premiers
sicles
de notre
re, se
servirent
du
syriaque.
comme
Isaac
d'Antioche
et
Jean
d'Asie,
taient origi-
naires
de
la
Msopotamie -.
Le
syriaque
msopotamien
ne
devint la langue
littraire
et ecclsiastique de la
Syrie
qu'aprs
l'tablissement
dfinitif
du schisme
mo-
nophysite dans cette contre.
Auparavant,
les
offices
taient
clbrs
en grec
et
les
Saintes Ecritures
taient
vraisemblablement
expliques
oralement
dans
le
dia-
lecte
populaire. Ce dialecte faisait partie
des
dialectes
aramens
occidentaux
qui
se
distinguaient
sensible-
ment des
idiomes
aramens parls
dans la
Msopotamie
et la
Babylonie^.
Les
origines
de
la
littrature syriaque sont troite-
ment
lies
l'vanglisation
de
la Msopotamie
qui,
suivant
une
tradition constante
,
dbuta Edesse.
Edesse,
la plus civilise
et
la plus
florissante
des
cits
de
cette
contre,
devait
sa
situation
gogra-
de
populations
aramennes adonnes
au culte
des astres.
Les
Aramens
chrtiens acceptrent le mot grec
.ZV'oot
pour se
distinguer des Ara-
mens demeurs paens.
1.
BAP.nF,BR.ECs, Chron. syr.,.
Br.iNS,
Leipzig,
1789,
p.
1-20,
d.
Bedjan,
Paris,
1890,
p.
115,
nous
apprend
que
le
grec
tait
la
langue
littraire
jusqu'au
vni
sicle
de
notre
re,
notamment
Damas
o
Walid
l'in-
terdit
pour la
rdaction
des
actes
officiels et
y
substitua l'arabe.
2. Isaac
naquit
Amid
et
t ses tudes
Ldesse.
Jean tait galement
d'Amid
o
il
fut
fait diacre,
et
d'o il
s'enfuit
pour
viter
les pers-
cutions.
3.
Sur ces
diffrents
dialecles
voir
Bahuedr-cls, uv. gramm.,
d.
Map.tin, II,
p.
.-;,
et
Histoire
des dynasties,
d.
PocockE,
Oxford,
IG63,
p.
16;
cd.
Saliam,
Beiroutli,
1890,
p.
18. Le
syriaque
occidental, trs corrompu,
est
encore
parl
aujourd'hui
dans
deux
villages
du
Liban.
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()
LES ORIGINES
[)liiqiie une importance
exceptionnelle.
C'tait une
place
forte,
entoure
d'une
double
muraille
et natu-
rellement
fortifie
louest
pur
un
massif
rocheux
auquel
elle tait adosse.
Cette
ville
commandait
les
passes
donnant
accs
l'Armnie et
dominait la
route
qui
traversait
la Msopotamie.
Elle
conserva son
indpendance sous
les
trente-quatre rois
qui
gou-
vernrent
rOsrhone
depuis
l'an
132
avant
notre
re
jusqu'
l'an
244
aprs
J.-C;
cette
poque
Edesse
devint
colonie
romaine
et
reut
un
gouverneur
romain.
desse
tait de
fait
la capitale
de
la
Msopotamie
et
on
s'explique
aisment
qu'elle ft
le
premier
objectif
des
missions
charges
de
rpandre
en
Orient
la
nou-
velle
religion.
Autant que
l'histoire
nous
permet de
le
juger,
une
communaut
chrtienne
existait
Edesse
vers
l'an
150,
et
cette
communaut
semble
s'tre
forme
d'abord
dans
l'lment
juif
de
la ville,
mais
le
christia-
nisme
ne
supplanta
dfinitivement l'ancienne religion
paenne
et
ne
devint
la religion
de
l'tat
qu'aprs
la
conversion
du
roi
Abgar IX,
conversion
c{ui
eut
lieu
vers
l'an
207
,
aprs
le
retour
de
ce
prince
de
Rome
et la
grande
inondation
d'desse de
l'an
201.
Ces
quelciues
donnes
historiques
rsultent de la
comparaison
des
anciens
documents
dont nous
nous occuperons bientt :
la
Lgende
d'Abgar,
la
chronique d'Edesse,
la
version
biblique
dite
la
Peschitto ,eic.
L'heureuse
influence du
christianisme ne tarda
pas
se
faire
sentir
en
Msopotamie.
Les
relations
suivies
qui
s'tablirent
entre
Edesse et
l'glise
de
Jrusalem
d'abord,
et
l'glise d'Antioche
ensuite,
crrent
un
mouvement
intellectuel
qui
fit de cette ville un grand
centre
des
tudes religieuses et
scientifiques, et de
Ta-
ramen
msopotamien
la
langue
littraire, qu'adop-
teront
un
jour
tous
les
Syriens depuis
les
bords
de
la
7/23/2019 Duval-La Littrature Syriaque-1900.pdf.pdf
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DE
LA
LllTEIl.VTLPiE
SYRIAQUE.
7
Mditerrane jusqu'
lAdiabne,
et depuis
le Taurus
jusqu'
l'Arabie et jusqu'au golfe Persique.
Un
phnomne
qui
surprend
est
la
fixit
de
la
lan-
gue
syriaque
qui
se
maintient
sans
changement
et
comme
strotype pendant
le
cours
des
longs
sicles
sur
lesquels s'tend
la littrature
syriaque. Si
l'on
par-
court
une
de ces
petites chrestomathies
l'usage
des
tudiants,
dans
lesquelles
se
trouvent, cte
cote,
des
passages
de
la
Peschitto
du
IP
s.
de
notre
re)
et
des
extraits
des uvres
de
Barhebrseus du XIIP
s.),
on
passe
d'un
texte
un
autre
avec
la mme facilit
que
si l'on
avait
sous
les
yeux
des
crits d'un mme auteur.
L'immutabilit n'a
rien
que
de naturel
pour la priode
de
dcadence
qui
suit la
conqute musulmane. L'arabe
tant
devenu
l'idiome
vulgaire
,
le
syriaque n'est
plus
qu'une
langue
morte,
apprise
l'cole
comme chez
nous
le
latin. Mais l'explication du
phnomne
est
moins
aise
pour
l'poque
classique qui
va
du
IP
sicle
jusque
vers
le
VHP. Que l'on
songe
la
vie mouve-
mente
de
nos
langues europennes
avant d'arriver
leur
forme actuelle 11 faut
bien
admettre
qu'au mo-
ment
o
la littrature
chrtienne
se
forma,
l'idiome
aramen
avait
dj
le
caractre
d'une
langue
littraire
consacre
par
l'usage,
l'abri des
modifications
que
subissent les dialectes
vulgaires
^
Si
cette
littrature
ne doit rien de
plus
aux temps anciens
.
comme
nous
le
croyons,
elle
trouva
tout achev
l'instrument
qui lui
tait
ncessaire
pour
se
manifester
au
jour
et
elle
le
reut comme
un prcieux hritage.
La
civilisation
avan-
ce
dont Edesse
jouissait sous
le
gouvernement
de
ses
rois
lgitime
du
reste
cette
manire de
voir.
1.
On sait combien
ces
modifications
sont nombreuses
et
profondes
pour
les
dialectes
syriaques
parls encore
de
nos
jours dans
le
Liban,
dans
le
Tour Abdin,
dans le
Kurdistan
et
aux
environs du
lacd'Ounnia,
en
Perse.
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30/473
8
LES
ORIGINES
On
a
cru
pouvoir remonter
plus
haut et rattacher
les
origines
de la
littrature
syriaque
la
science
chaldenne.
On
ne
peut
douter,
crivait
Renan
dans
son
Histoire
des langues smitiques
(4^
d.,
p.
259),
que,
de
trs
bonne
heure
,
il
ne se
soit
form
une
litt-
rature
chrtienne
en
langue syriaque.
Ce
serait
toute-
fois
une
confusion
que
de
rattacher immdiatement
cette
littrature
aux
premiers crits
du
christianisme,
qu'on peut
supposer
avoir
t
composs
en
syro-chal-
daque'
;
car,
malgr
la grande analogie
du
syriaque
et
de
la
langue
parle en
Palestine
l'poque du Christ,
on
ne
voit pas
le
lien qui
unirait
la
premire
littrature
de
Jude
au
dveloppement
que l'on
appelle
syriaque,
lequel
se
produit
au
lY^
sicle
-,
non
dans
la
Syrie
pro-
prement
dite,
mais
en
Msopotamie.
C'est
un
fait
sin-
gulier, il faut l'avouer, qu'une
littrature
apparaissant
ainsi
sans
antcdents,
et
sans qu'aucune
tradition
nous
ait
t conserve dune culture
nationale
ant-
rieure
;
mais
la
surprise
que
nous
cause cette brusque
apparition
n'est qu'un
effet
de
l'ignorance
o nous
sommes
sur
les
anciennes
tudes
aramennes. On
a
tabli
ci-dessus que
la
Chalde
avait
possd
une
litt-
rature
paenne et indigne
antrieure
au
christianisme.
La
Syrie proprement
dite
et
le nord de la
Msopota-
mie
ne paraissent
pas,
il
est
vrai,
avoir
particip
d'une
manire
efficace au
mouvement
des tudes
chalden-
nes
;
mais on
ne peut
croire
qu'elles
y
soient restes
tout
fait
trangres.
Il
est
remarquable
que
les
plus
anciens
crivains
dont
les
noms sont venus jusqu'
nous
taient
tous
des
Chaldens
vivant
sous
la
domina-
tion
des
Sassanides. L'ide
d'crire
en
langue ara-
menne
sur
les
choses chrtiennes
sera
venue
naturelle-
1.
C'est--dire
dans
le
dialecte
aramen
de
la Palestine
-2.
Sic,
lire
au
H^
sicle.
7/23/2019 Duval-La Littrature Syriaque-1900.pdf.pdf
31/473
DE
L.V
LTTTRATLRE
SYRIAQUE.
ment
clans un
pays
qui
possdait
dj
des
ouvrages
en
langue indigne
sur
toutes
sortes
de
sujets.
On
le
voit,
tout
cela
est
assez
vague.
Quand
Renan
crivait
son histoire des
langues
smitiques,
les
l-
ments
d'informations
que
nous
possdons
sur
la
littra-
ture
aramenne
n'taient
pas
encore
lucids
et vul-
gariss comme ils
le sont
aujourd'hui.
Ce que
Renan
disait
de
la
littrature
chaldenne
antrieure
au
chris-
tianisme
tait
emprunt
aux
lgendes
recueillies
parles
auteurs arabes,
venus
trop
tard
pour tre
des
autorits
dignes
de foi.
Ces
auteurs
dsignent
sous
le
nom
de
Chaldens
les
Nabatens
tablis
en
Babylonie
aprs
le
11^
sicle
de
notre
re.
L'importante
littrature
qu'ils
leur
attribuent
n'est qu'un
mythe.
Il
est
aujourd'hui
reconnu
que
le
trait
d'agriculture
qu'Ibn
^Vaschiyah
en
l'an 904
de notre
re)
disait
avoir
traduit
du
chal-
den
est
une uvre
sans
valeur
mise
sous
l'autorit
d'un
nom
suppos. Les
autres
livres
relatifs
aux
sciences
naturelles,
l'astrologie,
aux
mystres,
aux
Patriar-
ches
de
l'ancien
Testament dont
parlent
les
Arabes,
ne
sont
vraisemblablement
pas autre
chose
que
les
livres
des
Mandens,
qui
existent
encore
et qui
sont
post-
rieurs
au
christianisme.
L'illustre
orientaliste
est
plus
prcis
quand
il
ajoute
quelques
pages
aprs
'p.
262
:
Une
observation
qui,
ce
me
semble
,
n'est pas
sans
importance
pour
la
criti-
que
,
c'est
que Bardesane
se
rattache
directement
l'-
cole
chaldenne,
comme
le
prouvent
ses
crits
et
sur-
tout
les rfutations
de saint Ephrem.
Ceci
me
confirme
dans
l'opinion
qu'il faut
chercher
en Chalde
l'origine
de
la
littrature
syriaque
et
que
cette
littrature
n'est
autre
chose que le prolongement
chrtien
de
la littra-
ture
nabatenne. Selon
le
Kitab-cl-Fihn'st,
Mans
aurait
aussi
compos
en
syriaque
la
plupart
de
ses
livres.
1.
7/23/2019 Duval-La Littrature Syriaque-1900.pdf.pdf
32/473
]0
LES
ORIGINES
Renan
avait
t
amen
cette
conclusion,
parce
qu'il
considrait
Bardesane
comme
le
crateur
de la
littrature
syriaque
:
Ce
que
Bardesane
fut
sans
con-
testation,
crit-il
dans
son
Marc-Aiirle,
p.
442,
c'est
le
crateur
de
la
littrature
syriaque chrtienne
.
Bar-
desane
cra
la
posie
religieuse,
si
nous
en
croyons
saint
phrem,
mais
avant
qu'il
se
fit connatre
comme
thologien
et
philosophe,
c'est--dire avant le
dernier
quart
du
IP
sicle
(il
tait
n en
l'an
154),
la
commu-
naut
chrtienne
d'desse
possdait
dj
une version
de
l'Ancien
Testament,
la Peschitto, et
YHtuDionie
des
quatre
vangiles
de
Tatien, peut-tre mme une
ver-
sion
complte
des
quatre
Evangiles
,
comme
nous
l'ex-
poserons
plus
loin.
Saint
phrem
nous
fait
connatre
Bardesane
comme
un
gnostique
qui
inclinait
vers
le
systme de
Valentin.
Or
le
gnosticisme,
comme
le
christianisme,
procde
du
mouvement
religieux
qui
eut son essor
en
Palestine
et
auquel
la
Babylonie
demeura
d'abord trangre;
ce
n'est
qu'au
IIP
sicle
qu'apparat Mans d'origine
perse.
Bardesane
subit
l'influence
des
ides
religieuses
qui
taient
rpandues
en
Palestine
et en
Syrie et,
sous
ce
rapport ,
il
ne
doit rien
la
Chalde.
Mais
Bardesane
tait
vers
dans
la
connaissance
des
sciences
occultes
;
on
lui attribue
un
trait
d'astrologie
et
un
alphabet
mystique. De ce
ct,
il
pourrait
tre
rattach
la Chalde
qui
passe
pour
le berceau
de
ces
sciences;
nous
n'y
contredisons
pas,
nous
ferons
seulement
observer que,
pour
expliquer
le
fait,
il
n'est
pas
ncesaire
de
supposer
un commerce direct
entre le
nord
de
la
Msopotamie
et
le
sud de
la
Baby-
lonie. Ds
les
temps
anciens
la Msopotamie,
comme
la
Syrie,
tait
adonne
au
culte
des
plantes
et
les
Syriens
croyaient
l'influence
des
astres
sur
la
des-
7/23/2019 Duval-La Littrature Syriaque-1900.pdf.pdf
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DE
LA
LITTRATLRE
SYRIAOLE.
11
tine
humaine.
Ltude
des
sciences
occultes
tait
rpandue
dans
tout
l'Orient
et llorissait,
vers
l'poque
chrtienne,
surtout
en
Egypte.
Ce
n'est
pas
en
Chalde
que Basilide
avait
compos
son
Abra.vas;
du
reste
l'aphabet
mystique mis
sous le
nom de
Bardesane
est
d'origine
juive
^
Nous
ne
nous
croyons
donc
pas
autoris
rattacher
la
littrature
chrtienne
de
la
Msopotamie
la
littra-
ture
pa'ienne
de
la
Chalde.
Le
royaume
d'Edesse,
comme
les
autres
principauts
qui
se constiturent
en Baby-
lonie et en
Msopotamie
. sous l'gide
des
Parthes
.
aprs que
les
Sleucides
eurent
renonc
leurs
posses-
sions
trans-euphratiques,
avait
t
fond par
des
tribus
nabatennes
originaires
du
nord
de l'Arabie.
La
lan-
gue
littraire
de
ces
tribus
tait
l'aramen. Autrefois
on confondait
souvent
les
mots
aramen
et
chalden,
et
cette
confusion
a
t
la
cause
de
regrettables
erreurs.
1. Voir
R.
DuvAL,
Trait de
grammaire
syriaque,
Paris, 18S1,
p.
1-^.
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35/473
II
CARACTERES
GENERAUX
DE
LA LITTERATURE
SYRIAQUE.
LA posre.
1.
Caractres
de
la
littrature
syriaque.
La
littrature
syriaque n'est
pas
la
cration
gniale
d'une
nation qui
se
dveloppe
progressivement
et
pos-
sde
une
tradition
suivie.
Nous l'avons dit, rien
ne re-
lie
cette
littrature
un
pass indigne. Elle
germa
comme un rejeton de la
littrature
sacre
de
la
Pales-
tine
sur
lequel
se
grefrent
les
rameaux
de
la
culture
grecque.
Aussi bien
les
monuments qu'elle nous
a
lais-
ss
n'ont
pas
le
caractre
original
des
uvres
des
grands crivains qui
refltent
le gnie propre
de leur
peuple.
L'intrt de
cette
littrature
est
surtout historique.
Les chroniques renferment
des
documents
de
premier
ordre
pour
Ihistoire
de l'Asie
antrieure
sous
les
Ro-
mains,
les
Perses,
les
Arabes,
les
Mongols
et
les
Turcs.
Mais
ce
sont
les historiens
ecclsiastiques qui
revendiqueront
la
plus grande
part
de
cette littrature.
La Syrie
ne
resta indilTrente
aucune
des
luttes
qui
troublrent
le monde chrtien
: les
hrsies
et
les
schismes
y
trouvrent un terrain
fertile .
facile
ex-
ploiter,
et jusqu'au
VII*^
sicle, les
dissensions,
les
po-
7/23/2019 Duval-La Littrature Syriaque-1900.pdf.pdf
36/473
4
4
CARACTRES
lmiques
et
les
controverses
religieuses
agitrent
les
esprits
des
Syriens
dans
l'empire
romain
et
dans l'em-
pire
perse.
Par leur
anciennet
les versions
bibliques se recom-
mandent
l'exgte.
La Peschitto
apporte
un
contrle
utile
la
critique
du
texte
hbreu, comme Tllexaplaire
syriaque
celle
des
Septante.
Les versions du
Nou-
veau
Testament,
y
compris
THraclenne,
sont
con-
sultes
avec
fruit,
ainsi
que
les
commentaires que
les
Pres de
l'Eglise
syriaque
ont
faits
des
Saintes
Ecritu-
res.
La littrature
apocryphe
de la
Jude eut
son
cho
en
Syrie,
o l'imagination
s'exera
sur
les
Patriarches
bibliques,
sur
la
vie
de
Notre
Seigneur,
sur
la
Vierge
et
les
Aptres.
Il
se
forma des
lgendes
qui furent
ac-
ceptes en
Occident
mme.
L'hagiographie occupe
dans
la littrature
syriaque
une place
aussi
grande que dans les autres littratures
chrtiennes.
Les
Actes des martyrs rdigs
par
les
Sy-
riens
occidentaux
diffrent,
par leur caractre, de
ceux crits
par
les
Syriens
orientaux.
Ces
derniers ren-
ferment
des
donnes
historiques
et
gograpliiques
qui
servent
clairer
des points obscurs
des
temps
an-
ciens.
Nous
ne
nous
appesantirons
pas
sur ces
sujets
qui
trouveront
leurs
dveloppements dans
le
cours
de ce
livre
,
mais
nous
ferons
ressortir
ici la
valeur
des
tra-
ductions
des
livres
grecs,
qui
forment
une
des
bran-
ches
importantes
de
la
littrature
syriaque.
La
Msopotamie
paenne tait reste
ferme
aux
let-
tres
grecques.
La
ncessit de
connatre
les
uvres
des
Pres de
l'Eglise
grecque
et de
l'glise
hellnisante
d'Antioche
se fit
sentir
d'abord
dans
la
Msopotamie
antrieure
au
commencement
du
Y^
sicle.
A
cette
po-
7/23/2019 Duval-La Littrature Syriaque-1900.pdf.pdf
37/473
DE
L.V
LITTERATURE
S\T\IAQUE.
lo
que,
renseignement
du
grec
faisait
partie
du
pro-
gramme
de
la clbre
cole d'Edesse,
qui
publie
suc-
cessivement
des traductions
des
commentaires
de
Thodore de Mopsueste, des traits
de saint
Cyrille
d'Alexandrie, de la logique d'Aristote
et d'autres
livres
de
YOrgiinon.
De
l
l'tude
du
grec
se
rpand
dans
toute
la Msopotamie
et se
continue
pendant
les
sicles
suivants. Sous
les
Abbassides apparat
Bagdad
une
renaissance
scientifique
cre parles illustres
mdecins
que
les
califes
entretiennent
leur
cour.
Des
coles
diriges
par
des matres en renom
revisent
et rditent
les
anciennes
traductions
d'Aristote
et de Galien
et
publient en syriaque
les uvres
de
Dioscoride
et
de
Paul
d'gine.
Ce
sont encore
les
Grecs
qui
initient
les
Sy-
riens
la
connaissance
de la
grammaire
et de la
lexico-
graphie.
La
langue
syriaque
porte la
marque
visible
de
cette
culture.
Aprs avoir
t
les disciples
des
Grecs
les
Syriens deviendront les matres
des Arabes
et
leur
transmettront les livres
grecs. Il n'est gure
de version
arabe
dune
uvre
grecque qui
ne
suppose un interm-
diaire syriaque. Par un curieux
retour
des
choses,
la
philosophie
grecque
reviendra
d'Orient
en
Europe
par
les
livres
arabes
qui
firent
autorit chez
nous
au
moyen
ge.
Nous devons encore
aux
Syriens orientaux
des
ver-
sions
syriaques
de
livres
pehlwis
:
le livre
de
Kalila
et
Dinina
,
le
Roman
d'Alexandre
le
Grand,
et
pro-
bablement
le
livre
de
Sindbdn
ou
des
Sept
sages.
Ces
traductions nous ont
conserv un
certain
nom-
bre
d'uvres dont les originaux sont
perdus,
soit en
totalit,
soit
en
partie.
Certaines
versions
d'crits
grecs
valent
par
leur
ge
un
bon
manuscrit
et
mri-
tent
d'tre
consultes
pour
une
dition
critique.
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16
LA POlilSIE
SYRIAQUE.
2.
La
posie.
Si
l'on
veut
toucher
du
doigt
la
note
personnelle
de
l'esprit
littraire
des
Syriens,
c'est dans leur
posie
qu'il
faut
la
chercher.
On
ne
s'attendra
pas
trouver
dans
leurs
productions
potiques
les
hautes envoles
du
lyrisme
ni
le
charme
naf et captivant
de
l'pope
h-
roque
,
mais
le
caractre
particulier
de
cette
posie
en
fait
un
vnement
littraire
qui vaut
la
peine qu'on
s'y
arrte
et
qu'on
suive
son
histoire dans
le cours
des
sicles
^
La
posie syriaque,
purement ecclsiastique,
est
ne
et
s'est
dveloppe
dans le
clerg
pour
lequel
elle fut
l'instrument
le plus
apte
rpandre dans
le peuple
l'instruction
religieuse
et
donner aux offices du culte
toute
la
solennit
qu'ils
comportent. Ici encore pas
de
traces
d'une
tradition
qui relie
la posie chrtienne
aux
chants
populaires des
temps
paens. C'est
du ct
de
l'ancienne
posie hbraque
qu'on pourrait
chercher
quelques
analogies
:
les vers syriaques groups
deux
par
deux
forment
une
phrase
mtrique,
un
difice
()L^), comme
disent les Syriens,
rpondant
assez
bien
au
paralllisme
des
versets
hbreux. Il
ne
fait
pas
de
doute,
d'autre part,
que
l'usage
des
strophes
acrosti-
ches
qui
suivent l'ordre alphabtique
se
soit
introduit
dans
la
posie
syriaque
par imitation
de certains
Psaumes
et
des
Lamentations
de
Jrmie
qui
prsentent
cet
arrangement
strophique-.
1.
Ce que nous disons
plus loin de la
posie
syriaque
a
fait l'objet
d'une
lecture
l'Assemble
de
la
Socit
asiatique du
mois
de
juin
189 ,
et
a
t imprim
dans le
Journal
de cette
socit, n de
juillet-aot
189 .
2.
Les
homlies
mtri(|ues
de
Narss
(V
s.) encore
indites,
prsen-
tent de
nombreux
exemples
de
rponse,
c'est--dire
de la reprise
au
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39/473
L.V
POESIE
SYRIAQUE.
17
Cependant
le
principe
fondamental de la
m'.Hriqae
syriaque,
le
nombre
dtermin des
syllabes
du
vers,
n'existe
pas
en
hbreu.
Ce
serait
faire
fausse
route
que
d'en
chercher
l'origine
dans
l'ancienne posie
grecque
et
latine.
Les
Syriens
ne
distinguaient
pas
dans
les
vers
les
voyelles
longues
des
brves,
et
rien
ne trahit
chez
eux
la
connaissance
de
la posie
occidentale
l'aurore
de
leur
poque
littraire.
La
langue syriaque,
mousse
par
l'usure,
ne
maintient que
trs rarement
la
voyelle
brve
dans une
syllabe
ouverte;
par suite,
les
mots se
dcomposent
en syllabes
bien
tranches
qui
ont
la
mme
valeur
prosodique.
Il tait donc
naturel
qu'une
phrase
rythme
comprit
un
nombre
dtermin
de
syllabes. C'est
le
phnomne
qui
s'est
produit
ga-
lement
pour le
vers
franais, dans
lequel il
n'est pas
tenu compte
de la
dure d'mission
des voyelles.
On serait
plutt
tent
d'admettre
une certaine parent
entre
l'hymnologie
syriaque et
Ihymnologie byzantine,
en supposant
que celle-ci drive de
la premire.
C'est
l'hypothse
qui
a
t soutenue
en
1SS5
par M.
^Yilhelm
Meyer'; mais
sa
thse
a
rencontr
plus
d'adversaires
que
de
partisans;
la
prosodie
syriaque
tait
alors
trop
mal
connue
pour
servir
de base
un travail de compa-
raison
qui
et quelque
chance
d'tre
accept.
M.
Hu-
bert
Grimme^
a
depuis repris l'tude de cette
prosodie
comraenceraent
d'une
strophe, d'un
mot
ou
d'une pense de
la
strophe
prcdente.
Ce
phnomne
potique
a
t
signal
pour
rhcl)reu
par
M.
D. H.
Muller
dans
les
livres des Prophtes,
les
Psaumes
et
diverses
posies
bibli
7/23/2019 Duval-La Littrature Syriaque-1900.pdf.pdf
40/473
18
LA
POSIE
SYRIAQUE.
et
recherch
les
rgles
qui
rgissent
l'accent
tonique
elles
strophes
dans
la
posie
syriaque.
Nous
ne
pou-
vons
entrer
ici
dans l'examen
de
ce
sujet;
il
nous
suf-
fira
d'avoir
rappel
la
question
pose par
INI.
AVilhelm
Me
ver
pour
montrer
que
l'intrt
qu'olTre
la
posie
sy-
riaque
dpasse le
cercle
des
orientalistes.
C'est au clbre
Bardesane
d'desse,
qui
vivait
la
fin
du IP sicle de
notre
re,
que
revient,
dit-on,
l'hon-
neur
de
la
cration
de
la
posie
syriaque.
Dans
une
de
ses
hymnes
contre les
hrtiques
\
saint
phrem dit
de
Bardesane
:
II
cra
les
h3aines
et
y
associa
des
airs
musicaux.
II composa
des
cantiques
et
y
introduisit
les mtres.
En
mesures
et
en
poids
il
divisa les mots
2.
Il
offrit
aux
gens
sains
le
poison
amer
dissimul
par
la
douceur.
Les malades
n'eurent
point
le
choix
d'un
remde
salutaire.
11
voulut
imiter
David
et
se
parer
de sa
beaut.
Ambitionnant
les
mmes
loges, il
composa
comme
lui
Cent
cinquante
cantiques.
Selon saint
Ephrem,
Bardesane
avait
crit
ces
hym-
nes
pour
graver
dans
l'esprit
du
peuple
ses
enseigne-
ments
religieux.
Son invention
eut,
parat-il,
un
grand
succs,
et
son fils
Harmonius, rapportent
les
crivains
ecclsiastiques, excella
tellement
dans
cet
art
qu'il
sur-
passa
mme son pre. Malheureusement, il
ne
nous
est
rien rest
de
ces
posies,
si l'on excepte quelques
vers
de
Bardesane
cits
par
saint
Ephrem.
Les
crits
des
gnostiques
ont
dfinitivement pri
avec
les thories
qu'ils
exposaient.
Mais,
si
l'uvre disparut,
le moule qui
l'avait
faon-
i.
s.
Ephrxmi
syri opra
syriace
et
latine, d.
Stkpii.
Evod.
Ass-
MAM,
Rome,
1737-1743,
U,
p.
u>4.
2.
C'est--dire,
il
divisa
les
vers
en
mesures
rvthnies
et
accentues.
7/23/2019 Duval-La Littrature Syriaque-1900.pdf.pdf
41/473
LA
POESIE
SYRIAQLE.
\0
ne
subsista.
Un
sicle
et
demi
plus
tard,
saint
phrem
empruntait
Bardesane
son
armure potique
pour
combattre
les
doctrines
errones
et
c est
sous
la
l'orme
d'hymnes
et
d'homlies
mtriques que
lillustre
Pre
de
l'glise
syriaque
rfuta les
hrtiques
et
popularisa
les
doctrines
orthodoxes.
La
fcondit
littraire
de
saint
phrem
tient
du pro-
dige.
Ses
nombreuses
uvres
potiques
ont
t
reli-
gieusement
conserves
et
sont aujourd'hui
publies.
Il
est
vrai
que
l'auteur,
si
l'on
pouvait
voquer son
t-
moignage,
en
renierait
un
certain
nombre.
On a
mis
sous
l'autorit de
son
nom
des compositions
de
son
cole,
notamment
d'isaac
d'Antioche',
et
mme
deXes-
toriens,
tels que
Xarss-.
phrem
fut
dans
cet
art
le
grand
matre
que
les
crivains
de
l'poque
classique imitrent
et
rarement
dpassrent. On
lui
a
reproch
son manque
de
chaleur
et sa
prolixit.
Le
genre
didactique
et
parntique
se
prte
peu
au
lyrisme. Il
ne
faut pas non plus
perdre de
vue
le
caractre
spcial de
l'hymne
sacre,
qui tait
chante
par deux
churs pendant
les
offices
:
or, dans
ce
genre
de
posies,
la
phrase
est
subordonne
au
chant
qui
lui
donne son
relief.
Quant
la
prolixit de saint phrem que
nous
trou-
vons
parfois
fastidieuse,
on
ne
peut
la condamner
sans
tenir
compte
du
got
des
Syriens
qui
aimaient
les
r-
ptitions
et les
dveloppements de la mme pense,
et
voyaient
des
qualits
l
o
nous
trouvons
des
dfauts.
Ces
dfauts, nous les
rencontrons
les mmes non
seu-
lement
chez les potes
les plus
estims ,
Isaac
d'An-
tioche.
Xarss,
Jacques
de
Saroug,
mais
aussi chez
les
i.
BK.kFi.L,
con.spectHS rei
Syrorum lillerarix,
5Iunsler,
1871,
p.
23.
;2.
Fr.r.DMANN,
tiyrische
Wechscllicder von Narses,
Lcip-^ig, 189G;
NOELDEKE,
Lilerar.
Centralblatl,
lS7.
n
3.
j..
04.
7/23/2019 Duval-La Littrature Syriaque-1900.pdf.pdf
42/473
20
LA
POESIE
SYRIAQUE.
prosateurs
de
la meilleure
poque,
Aphraate
et
Phi-
loxne
de
Mabboug.
La
posie
syriaque
se divise
en
deux
groupes
princi-
paux
: les
homlies mtriques
et
les
hymnes.
Les
homlies ou
discours
potiques
jkiJcLioj
iv^)^'
ap-
partiennent
au
genre
narratif et
pique;
elles
suivent
une
marche
rgulire
et se composent de
vers
du
mme
mtre.
Saint
Ephrem
fit
usage,
dans
ses
homlies,
du
vers
de
sept
syllabes
qui,
le
plus
souvent,
se
divise
en
deux
mesures
rythmiques de
trois
et
quatre
syllabes.
Aprs
lui,
d'autres
mtres furent aussi
employs
pour
ce
genre
potique.
Mar Balai composa
des
homlies
en
vers
de
cinq
syllabes, comprenant deux
mesures
de
deux
et
trois
syllabes.
Narss, dit-on,
prfrait
le
m-
tre
de
six syllabes;
mais cette assertion
ne s'est
pas
vrifie
jusqu'
ce
jour
;
on ne connat
de cet
auteur
que
des
posies
en
vers de
sept
syllabes
et
envers
de
douze
syllabes.
C'est
galement
le
vers de
douze
syllabes,
divis en
trois
mesures de
quatre
syllabes
chacune,
qu'employa
Jacques
de
Saroug
dans
ses nombreuses
homlies.
Les
homlies
taient
le
plus
souvent
crites
en
vue
des
ftes de
l'glise et
des
commmoraisons
des
saints
et
des
martyrs,
pendant les offices
desquels
elles
taient
rcites.
Parfois
aussi elles
taient
destines
l'dification
des
fidles
et
servaient
de
lectures
pieuses.
Dans
ce
cas
elles
pouvaient
avoir l'tendue
d'un
long
pome.
Nous
possdons
d'Isaac
d'Antioche
une
hom-
lie sur
la
pnitence
de
1924 vers
et
une autre
de 2133
vers
sur
un
perroquet
qui
chantait
Antioche l'hymne
du
Trisagion. Jacques de
Saroug
est l'auteur
d'une
ho-
mlie
de
1400
vers
sur
le char qui
apparut
Ezchiel
,
d'une
autre
de
730
vers
sur
les lgendes
d'Alexandre
le
Grand.
Si
le
pome
tait
trop
long
pour
tre
lu
d'une
7/23/2019 Duval-La Littrature Syriaque-1900.pdf.pdf
43/473
LA
POSIE
SYRIAQUE.
21
seule
haleine,
on
le
divisait
en
plusieurs
homlies.
Ainsi
le
pome sur
Joseph, fils
de
Jacob,
attribu
saint
Ephrem,
comprend
douze
homlies
ou
chants.
Les
hymnes
forment
le
second
groupe
de
la
posie
sy-
riaque.
Je
retiens
\QTi\o\
hymne
qui
est
consacr
parlu-
sage.
Mais
les Syriens
ne
connaissaient
pas
ce terme;
ils
appelaient
ces
posies
des instructions
>ivyi\
C'-
tait
,
en effet,
nous l'avons
rappel
,
par
des
hymnes
que
Bardesane
rpandait
dans le
peuple
ses
doctrines,
et
saint
Ephrem
suivit
son
exemple
consacr
par
le
suc-
cs.
Si
Bardesane
composa
cent
cinquante
hymnes,
les
uvres
de
saint Ephrem
comprennent
plus
du
dou-
ble
de
ces
posies.
Les
unes
sont
dirig-es
contre
les
hrtiques
et les
sceptiques;
d'autres
sont
parnti-
ques;
d'autres encore taient
destines
aux
ftes
de
l'Eglise
et
des
saints
et
taient
chantes
la
suite
des
homlies.
a
Lorsque
saint Ephrem
,
rapporte
son
biographe
,
vit le
got
des
habitants
d'Edesse
pour les
chants,
il
institua
la contre-partie des jeux
et des
danses
des
jeunes
gens.
Il
tablit des churs
de religieuses
auxquelles
il
fit
apprendre
des
hymnes
divises
en
strophes
avec des
refrains.
Il mit dans
ces
hymnes
des
penses
dlicates
et des
instructions
spirituelles
sur la
Nativit,
sur
le
baptme
,
le
jene et
les
actes du
Christ
,
sur
la
Passion
,
la
Rsurrection
et
l'Ascension
,
ainsi
que sur
les
cons-
fesseurs,
la
pnitence
et
les
dfunts.
Les vierges
se
runissaient
le
dimanche,
aux
grandes
ftes
et aux
commmoraisons des martyrs;
et
lui,
comme
un
pre,
se
tenait
au
milieu
d'elles,
les
acompagnant
de la
harpe.
11
les divisa en
churs
pour les
chants
alter-
nants
et
leur
enseigna
les diffrents
airs musicaux,
de
sorte
que toute
la
ville
se
runit
autour
de
lui
et
que les
adversaires
furent
couverts
de honte
et disparurent.
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22
LA POtSIE
SYRIAQUE.
Une
lgende,
recueillie
par
riiistorion
Socrate
(YI,
8)
et
suivie par
Salomon
de
Bassora
[Le
livre de
Vabeille,
130,trad.
115)
et
par
BarhebrusiCVi/'o/i.
eccl.^
I,
41),
attribue
l'institution
de
lantiphone^
en Syrie,
saint Ignace d'Antioche,
qui
en
aurait
reu l'inspira-
tion
dans une
vision.
Les
anges lui
taient
apparus
c-
lbrant
les
louanges
de
la Trinit
dans
des hymnes
qu'ils chantaient
alternativement
^
A
la
diffrence
des
homlies
,
les
hymnes
repr-
sentent
le
genre lyrique
;
elles
renfermaient
toutes
les
varits
dont
ce
genre
est
susceptible,
depuis
le
vers
de
quatre
syllabes
jusqu'
celui
de
dix
syllabes,
et
com-
prenaient
un nombre
variable
de strophes
de
diffrente
longueur.
Les stropheslesplus
longues
taient
chantes
par
le
premier
chur; les
strophes
les
plus
courtes
for-
maient
le
refrain
et la
partie
du
second
chur.
Le
refrain
se composait
d'une
doxologie
ou
d'une
prire
,
il
revenait
sans
changement
aprs
chaque stro-
phe
principale,
ou
il
variait
dans
ses expressions.
11
tait chant
sur
le mme
air
que les
autres
strophes
de
l'hymne.
Les
airs
musicaux
taient
indiqus
par
des
rubriques.
Ces
rubriques
donnaient
les
premiers
mots
de Ihymne
dont
le
chant
connu
servait de
modle;
par
exemple,
la
rubrique
sur
V
air
de
Ce jour indiquait
le
chant
de
l'hymne sur
la
Nativit de
Notre Seigneur,
qui
com-
menait
par
Ce jour.
C'est dune
manire
analogue
que
les
airs
sont
nots
dans
nos
recueils
de
cantiques
ou
de
chansons
populaires.
Les
airs
variaient
suivant
les
diverses
espces
d'hym-
nes
,
dont
les
strophes
taient
formes
de
mtres
pa-
1.
L'institution
des
cliurs
en
Babylonie
et dans
la Msopotamie
orien-
tale
est
due
Sinion
bar
Sabb
, mort
en
341 ,
suivant
BARnEBR^us,
Chron.
eccL,
U, 33.
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LA
POSIE
SYRIAQUE.
23
reils,
ou
de
mtres
dingale
longueur.
M.
Lamy, qui
a
consacr
une
tude
aux
posies
de saint
Eplirem
,
a re-
connu
soixante-six
varits
d'hymaes
chez
cet
auteur'.
Saint
Ephrem
nous
a
laiss
un
certain nombre
d'hym-
nes
acrostiches
dans
lesquelles
les
strophes
sont dispo-
ses
suivant
l'ordre
alphabtique
,
l'instar
de plusieurs
posies
hbraques
de
la
Bible.
Avant
lui, Aphraate
avait
dj
fait
usage
de ce procd
de numrotage;
cha-
cune
de ses
homlies
en
prose
commence
par
une let-
tre
de
l'alphabet qui en
dtermine
la
place.
Des acros-
tiches
de
mots sont plus
rares.
Saint
phrem
a
sign
quelques-unes
de
ses
compositions
au moyen
de
l'acro-
stiche
form
des lettres
de
son
nom.
Une
varit
de
l'hymne
tait
le
cantique,
sougUhd
()?
jL^o)
,
qui contient
une
prire
ou
les
louanges de
la
Divinit
ou
d'un
saint.
On
possde
des
cantiques
crits
en
strophes acrostiches
et rattachs
des
homlies,
la
suite desquelles ils
taient
chants
par
les
churs
pendant
les
ftes
religieuses.
De
cette
espce
sont
les
neuf cantiques
du
docteur
nestorien
Narss
existant
dans
des
manuscrits
dont
deux
copies
se
trouvent
en
Europe,
l'une
la
Bibliothque
royale
de
Berlin,
l'au-
tre au
Muse
Borgia.
Nous en
devons
la
connaissance
MM.
Sachau
et
Feldmann
qui
les
ont
publis
rcem-
ment-. Ces cantiques
ont pour
sujet la
Nativit
de
No-
tre Seigneur,
l'Annonciation,
l'Epiphanie,
la
fte de
saint
Jean
-Baptiste,
la fte
des
Docteurs
nestoriens
Diodore,
Thodore
et
Nestorius;, la
Passion,
les Ha-
meaux, la
fte
de
Pques
et
]a
fte des
Confesseurs
(clbre le
vendredi
de la
semaine
de
Pques).
i.
On syriac
prosody,
dans les
Actes du
congrs
des
Orientalistes
de
Londres
de
1891.
2.
Sacuau,
Ueter die
Posie
in
der
Volksprache
der
Xeslorianer,
dans
les
Rapports
de
l'Acadmie
de
Berlin,
1890.
p.
i*j.j.208;
Feldma,
6'>/-
rische
Wechsellieder
von
Xarses,
Leipzig,
1890.
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24
LA
POSIE SYRIAQUE.
Le
caractre
distinctif
de
ces neuf cantiques
est
la
forme
dialogue.
Aprs
une
courte introduction
dont
l'tendue
varie
de
cinq
dix
strophes
de
quatre
vers
de
sept
syllabes,
commence
un dialogue entre
deux
per-
sonnages
ou
groupes
de
personnes; ainsi,
dans
le
cantique
de
la
Nativit,
le
dialogue
a
lieu entre
la
Sainte
Vierge
et
les
rois
Mages
;
dans
le
cantique
de
FAnnonciation
,
entre
l'Archange
Gabriel
et
la
Vierge
Marie.
A
chaque
personnage
est
attribue
,
tour
de
rle,
une
strophe;
les
strophes