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Dynamiques et rôles économique et social du secteur informel des TIC en Afrique de l’Ouest et du Centre : Cas du Burkina Faso, du Cameroun et du Sénégal Rapport final de recherche Septembre 2010

Dynamiques et rôles économique et social du secteur ... · Yam Pukri et les nouvelles technologies pour le développement ... dInternet, et, plus récemment, de lexpansion de la

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  • Dynamiques et rles

    conomique et social du

    secteur informel des TIC en

    Afrique de lOuest et du Centre :

    Cas du Burkina Faso, du Cameroun et du Sngal

    Rapport final de recherche

    Septembre 2010

  • Dynamiques et rles conomique et social du secteur informel des TIC en Afrique de lOuest et du Centre : Cas du Burkina Faso, du Cameroun et du Sngal

  • Yam Pukri et les nouvelles technologies pour le dveloppement

    Yam Pukri est une association pionnire dans le domaine des nouvelles technologies pour le dveloppement au Burkina Faso. Elle entreprend depuis 1997 des travaux dans le domaine de la formation, de linformation, de lappui-conseil dans le domaine des TIC pour le dveloppement.

    Elle est membre de plusieurs rseaux de recherches sur le thme de TIC pour le dveloppement. Elle participe de ce fait de nombreux travaux de recherches de niveau universitaire, dont la prsente. Yam Pukri a dj particip par exemple ltude sur la fracture numrique de genre avec ENDA Dakar, ltude sur le fonds de service universel avec lARCE, Burkina Faso, louvrage Les tlcoms, entre Biens publics et marchandises, la revue N022 de lannuaire Suisse de dveloppement, la revue N 4 les cahiers de NETSUD /CEAN/Bordeaux et bien dautres ouvrages.

    http://www.yam-pukri.org

    [email protected] [email protected]

    Bureau : (+ 226 50 37 39 74) Portable : (+ 226 70 25 04 49)

    Fax : (+226 50 37 93 06) 09 BP 1170, Ouagadougou 09, Burkina Faso

    Quartier Kalgondin, ditions, yam-pukri.

    http://www.yam-pukri.org/

  • Dynamiques et rles conomique et social du secteur

    informel des TIC en Afrique de lOuest et du Centre 3

    Ce document est ddi :

    Feu SOULAMA Souleymane,

    Agrg en Sciences conomiques, Matre de confrences lUniversit Ouaga II, Burkina Faso.

    Parti dans la fleur de lge, il sut faire de ses cours et de son enseignement une ppinire dconomistes africains.

    Au nombre des gnrations de professeurs et de chercheurs dont il fut lartisan figurent sept Burkinabs comptant parmi les contributeurs de ce livre et dont le travail rend hommage sa mmoire.

    Repose en Paix, mais que ton uvre soit perptuelle et continue par nous qui tu as trasmis ton flambeau.

  • 4 Dynamiques et rles conomique et social du secteur

    informel des TIC en Afrique de lOuest et du Centre

    Remerciements

    Au CRDI, Aux acteurs du secteur informel des TIC au Burkina Faso, Cameroun Sngal. Aux Institutions nationales des pays de ltude et aux institutions internationales Aux organisations associatives, prives et publiques des pays de ltude Aux personnes dont les noms suivent, prsentes latelier rgional : DAME Abdoulaye,Sidwaya, Burkina Faso DIONGUE Abdou K, Universit Gaston Berger de St Louis Sngal DRAME Mamadou, Universit Gaston Berger de St Louis /Sngal HIEN Y. Christophe, Burkina-ntic, Burkina Faso ILBOUDO Wendemi, Yam Pukri, Burkina Faso KABORE Pousga E.J.C, CCI / Burkina Faso KONTE Almamy, Ministre de lEnseignement suprieur/R, Sngal LACOMBE Bernard, IRD, France MAIGA Youssouf, ARCE /Burkina Faso MANDE Esther, Burkina Faso MBIATSO Yimgnia Thodore,Universit Yaound I /Cameroun NDJOMO Sbastien, INS /Cameroun NEBIE D. Hyacinthe, ESTA /Burkina Faso OUATTARA B. Safiatou, CCI / Burkina Faso OUEDRAOGO Mamadou, APROTIC /Burkina Faso SANOU Soumanan, ARCE /Burkina Faso SAWADOGO Alfred MPTIC, Burkina Faso SAWADOGO Franceline, Yam Pukri, Burkina Faso SOME Sankar Placide, INSD/ Burkina Faso TOURE Ndeye Mbana, Sngal TOWA Koh Michel, ACSIS /Cameroun TRAORE Sarata, Burkina Faso ZIO Amlie, Yam Pukri, Burkina Faso

  • AVANT PROPOS

    Lconomie des pays en dveloppement, africains notamment,

    est caractrise par la coexistence dun secteur formel et dun

    autre dit informel. Ce secteur occupe, selon les pays et les zones

    urbaine ou rurale, 70 80 % de la population active. Au cours

    des dernires annes, son expansion a t favorise par les crises

    conomiques cycliques et lapplication de politiques

    dajustement structurel.

    Aujourdhui, aucun domaine de la vie conomique et sociale de

    ces pays nchappe lemprise du secteur informel. Il en est

    ainsi avec lessor notable des technologies de linformation et de

    la communication (TIC) dans les pays de la rgion la faveur de

    la libralisation des tlcommunications, de lavnement

    dInternet, et, plus rcemment, de lexpansion de la tlphonie

    mobile jusque dans les zones les plus recules de beaucoup de

    pays de la rgion. Ce nouvel environnement technologique cre

    des opportunits conomiques qui contribuent la richesse

    nationale ainsi qu la cration demplois et dactivits

    cratrices de revenus au profit de diverses catgories sociales.

    Du vendeur de cartes de recharge au dveloppeur de logiciels en

    passant par le rparateur de tlphones mobiles, et le tenancier

    de tlcentres, le secteur informel des TIC revt des dimensions

    conomiques, sociales et politiques quil est intressant

    dobserver afin de mieux aider faonner ce nouveau terreau

    qui est porteur despoir si on coute les discours politiques et les

    messages des confrences internationales sur la thmatique des

    TIC pour le dveloppement. Le dveloppement rapide des

    technologies et lespoir suscit par le sous-secteur nous

    interpellent donc faire un tel travail.

    La recherche propose sinscrit donc dans une logique de

    valorisation du potentiel du secteur informel des TIC par la mise

  • 6 Dynamiques et rles conomique et social du secteur

    informel des TIC en Afrique de lOuest et du Centre

    en place de cadres rglementaires et la prise de dcisions

    politiques favorisant, le cas chant, le passage des activits et

    formes dentrepreneuriat relevant du formel. Le Burkina, le

    Cameroun et le Sngal sont les lieux dobservation.

    La recherche a commenc en 2007 et sest termine en 2010

    avec les restitutions nationales dans les pays concerns par

    ltude, latelier de validation finale et le dbut de la valorisation

    des rsultats de la recherche par des activits appropries.

    Nous tenons remercier tous les chercheurs, les enquteurs et

    les personnes ressources qui ont contribu ce travail en

    particulier le CRDI et toute son quipe base Dakar qui

    nont mnag aucun effort pour que ce travail puisse tre

    men bien.

    Les ides, opinions et penses dveloppes dans le prsent

    document de recherche engagent les auteurs et non le CRDI.

    Sylvestre Oudraogo

    Coordonnateur Rgional de ltude.

  • Dynamiques et rles conomique et social du secteur

    informel des TIC en Afrique de lOuest et du Centre 7

    Sommaire

    AVANT PROPOS .............................................................................. 5 SOMMAIRE ....................................................................................... 7 LISTE DES TABLEAUX................................................................... 8 ACRONYMES .................................................................................... 9 EQUIPE DE RECHERCHE ........................................................... 10 RSUM .......................................................................................... 12 INTRODUCTION GNRALE .................................................... 18 1. APERU DE LA SITUATION TIC DANS LES 3 PAYS .. 20 1.1 Etat de la diffusion des TIC dans les trois pays ................................ 20 1.2 Les oprateurs de tlphonie et de lInternet dans les trois pays. ... 23

    2. MTHODE DE RECHERCHE ............................................. 35 2.1 Secteur informel des TIC : un potentiel de dveloppement ? .......... 35 2.2 Objectifs et hypothses de recherche ............................................. 41 2.3 Cadre thorique et mthodologie de recherche .............................. 46 2.4 Mthodes dinvestigation ............................................................... 50

    3. CARACTRISTIQUES SOCIO DMOGRAPHIQUES DES PROMOTEURS DU SECTEUR INFORMEL DES TIC DANS LES TROIS TUDIS. .................................................................. 58 3.1 Caractristiques des acteurs ........................................................... 60 3.2 Les caractristiques des activits du sous-secteur informel des TIC 64

    4. RLE SOCIO-CONOMIQUE DU SECTEUR INFORMEL DES TIC ........................................................................................... 77 4.1 Dynamique du secteur informel ...................................................... 77 4.2 Potentiel socio-conomique............................................................ 91

    CONCLUSION .............................................................................. 101 RECOMMANDATIONS .............................................................. 105 RFRENCES BIBLIOGRAPHIQUES ..................................... 107 TABLE DES MATIRES ............................................................ 111 ANNEXES ...................................................................................... 114

  • 8 Dynamiques et rles conomique et social du secteur

    informel des TIC en Afrique de lOuest et du Centre

    Liste des tableaux

    Tableau 1. tableau comparatif de quelques indicateurs tic .......... 21 Tableau 2. essai de catgorisation des activits du secteur informel des tic 58 Tableau 3. rpartition entre le niveau dinstruction et lactivit principale 63 Tableau 4. rpartition des activits du secteur informel des tic .... 64 Tableau 5. rpartition des activits du secteur informel des tic dans le secteur des tlcommunications .................................................. 65 Tableau 6. rpartition des activits du secteur informel des tic dans le secteur de laudiovisuel............................................................. 69 Tableau 7. caractristique du secteur de linformatique ............. 70 Tableau 8. le march de la concurrence dans le secteur des tic .... 83 Tableau 9. accs au crdit ................................................. 86 Tableau 10. origine des crdits sitic ...................................... 87 Tableau 11. la productivit du sitic dans les pays tudis ............. 98

    Liste des figures

    Figure n 1. diffusion des tic en afrique ............................. 21

    Figure n 2. rpartition de la ville en segments ................... 51

    Figure n 3. rpartition compare des produits et services du burkina faso et du cameroun .................................................. 96

    Figure n 4. lments de charges : cas du burkina faso........... 97

  • Dynamiques et rles conomique et social du secteur

    informel des TIC en Afrique de lOuest et du Centre 9

    Acronymes ADSL

    ANTIC

    ARCE

    ART

    ARTEL

    ARTP

    BOAD

    CDMA

    CRDI

    CSC

    CSI

    DSL

    F CFA

    FCR

    FFMO

    GPRS

    GSM

    IUT

    MIC

    MPTIC

    MTN

    MTTIC

    OMD

    RnI

    RsI

    RSI RTC

    SENTEL

    SITIC

    SONATEL

    SONATEL

    SUDATEL

    TELMOB

    TIC

    UEMOA

    USB

    Asymmetric Digital Subscriber Line

    Agence Nationale des Technologies de lInformation et de la

    Communication

    Autorit de rgulation des communications lectronique

    Agence de Rgulation des Tlcommunications

    Autorit de Rgulation des Tlcommunications

    Agence de Rgulation des Tlcommunications et des Postes,

    Banque Ouest Africaine de dveloppement

    Code division multiple access en franais Accs multiple

    par rpartition en code (AMRC),

    Centre de Recherches sur le Dveloppement International

    Conseil Suprieur de la Communication

    Conseil Suprieur de lInformation

    Digital Subscriber Line

    Franc de la Communaut Financire Africaine

    France Cble Radio

    Forces-Faiblesses Menaces Opportunits

    General Packet Radio Service

    Global System for Mobile communications

    International Communication Union

    Millicom International Cellular

    Ministre des Postes et des Technologies de linformation et

    de la communication

    South Africa-based multinational telecommunications

    company,

    Ministre des Tlcommunications, des Nouvelles

    Technologies de lInformation et de la Communication

    Objectifs du Millnaire pour le Dveloppement

    Le Rel Normal d'Imposition

    Le Rel Simplifi d'imposition Le Rgime du Secteur Informel

    Rseau tlphonique commut

    Sngal tlcommunications (TIGO)

    Sous-secteur Informel des TIC

    Socit Nationale de Tlcommunications

    Socit nationale des Tlcommunications (orange)

    Sudan Telecommunications

    Tlcommunications Mobiles du Burkina

    Technologies de linformation et de la communication

    Union conomique et montaire ouest-africaine ().

    Universal Serial Bus

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Asymmetric_Digital_Subscriber_Line

  • 10 Dynamiques et rles conomique et social du secteur

    informel des TIC en Afrique de lOuest et du Centre

    Equipe de recherche

    Mr Bayala Serge, PhD ; Enseignant Chercheur en gestion lUniversit Ouaga II. Mr Camara Alioune, CRDI, Dakar Mme Chaupin Marie-Pierre Raky, Consultante en genre. Mr Diongue Abdou K, Statisticien Gaston Berger de Saint-Louis, BP 234, Saint-Louis, Sngal (http://www.ugb.sn) Institut des Sciences de l'Ingnieur, Mr Diouf Pape, Enseignant-Chercheur lInstitut de Hautes Etudes Internationales et du Dveloppement, HEID, Genve, SUISSE, [email protected] Mr Kabor Mose, Enseignant Chercheur lUFR de Sciences conomiques de lUniversit de Koudougou. Mr Kabor Samuel, Matre Assistant lUnit de formation et de Recherches en Sciences conomiques et de Gestion de lUniversit Ouaga II. [email protected] Mme Loquay Annie Cheneau, Directrice de Recherche au CNRS, Bordeaux. Mr Ndiaye Seydina M., Enseignant chercheur en Informatique, Universit Gaston Berger de Saint-Louis, BP 234, Saint-Louis, Sngal (http://www.ugb.sn) Institut des Sciences de l'Ingnieur, Pr Niang Abdoulaye, professeur de sociologie lUniversit Gaston Berger, [email protected] Sngal. Dr Niang Abdoulaye Jr, Enseignant Chercheur en sociologie LUniversit Gaston Berger de Saint-Louis.

  • Dynamiques et rles conomique et social du secteur

    informel des TIC en Afrique de lOuest et du Centre 11

    Mr Oudraogo Sylvestre, Enseignant Chercheur en Economie lUniversit Ouaga II, Prsident de lassociation Yam Pukri, Mr Som Placide, Ingnieur Staticicien Economiste lInstitut National de la statistique et de la dmographie (INSD) Burkina Faso Mme Tankeu Robertine Keutchankeu, Coordinatrice Anais.ac, membre du rseau de recherche RIA ResearchICTAfrica , Mme Thioune Ramata Molo, Administratrice de programme, CRDI, Dakar Mr Traor Inoussa, tudiant en DEA lUnit de formation et de Recherches en Sciences Economiques et de Gestion de lUniversit Ouaga II Mr Zahonogo Pam, Enseignant Chercheur lUnit de formation et de Recherches en Sciences Economiques et de Gestion de lUniversit Ouaga II . Mr Zerbo Boureima, Enseignant Chercheur de Statistiques lUnit de formation et de Recherches en Sciences Economiques et de Gestion de lUniversit Ouaga II

  • 12 Dynamiques et rles conomique et social du secteur

    informel des TIC en Afrique de lOuest et du Centre

    Rsum

    La recherche sur le rle conomique et social du secteur

    informel des TIC est mene sous la coordination de Yam Pukri

    en collaboration avec ANAIS AC au Cameroun et lUniversit

    Gaston Berger de St Louis. Plusieurs chercheurs sont impliqus.

    La recherche a t finance par le CRDI.

    Le choix des trois pays vise avoir une diversit de situation

    afin davoir une bonne vision du phnomne en Afrique de

    lOuest francophone et galement dobserver le phnomne au

    Cameroun qui reprsente lAfrique Centrale.

    Lobjectif gnral de ce projet est de mieux comprendre les

    dynamiques actuelles du secteur informel des TIC et le rle

    conomique et social quil joue afin de recommander la mise en

    place de cadres rglementaires et ladoption de mesures

    politiques propices au renforcement des capacits des acteurs

    qui y voluent et, le cas chant, leur passage des activits et

    des structures relevant du formel.

    De faon plus spcifique, le projet vise :

    - caractriser le secteur informel des TIC par lidentification plus prcise des acteurs et des activits

    dans lesquelles ils sont engags ;

    - analyser les dynamiques en cours afin didentifier le potentiel du secteur, les facteurs explicatifs de son

    dynamisme actuel, ses forces et faiblesses, mais aussi

    les opportunits et les menaces;

    - dterminer le rle social et conomique du secteur travers sa contribution la richesse nationale, la

    cration demplois et dactivits gnratrices de

    revenus, et limpulsion dautres secteurs nationaux et

    locaux ;

    - analyser les cadres rglementaires et les politiques existants afin de proposer les adaptations appropries et

    mettre la disposition des dcideurs politiques des

  • Dynamiques et rles conomique et social du secteur

    informel des TIC en Afrique de lOuest et du Centre 13

    donnes probantes destines la prise de mesures

    propices une meilleure exploitation du potentiel du

    secteur et au passage au formel de ses acteurs qui en ont

    le potentiel et les motivations.

    La logique dans laquelle sinscrit notre recherche part de la

    reconnaissance de lexistence du secteur informel comme lun

    des fondamentaux des conomies de pays en dveloppement

    surtout celles qui relvent de crises ou continuent de les vivre.

    Ds lors, nous considrons ce secteur comme une ralit

    incontournable pour la transition de nos conomies vers une

    situation dconomie mergente, conformment aux vux et

    aux discours dominants des dcideurs politiques. Malgr les

    politiques et tentatives de lradiquer dans certains pays, y

    compris par des mesures policires, le secteur informel reste

    toujours aussi vivace, voire dynamique et cratif, dans beaucoup

    de cas. Loption retenue dans notre recherche est celle de la

    valorisation du potentiel de ce secteur et de la cration des

    conditions rglementaires, institutionnelles et politiques qui

    peuvent favoriser le passage des activits et structures relevant

    du formel pour ses acteurs qui en ont le potentiel et les

    motivations.

    partir de mthodes de recherche prement discutes au cours

    dun atelier rgional, nous sommes parvenus certaines

    conclusions.

    La recherche sur le Secteur Informel des TIC (SITIC) a permis

    dobserver le phnomne en suivant les acteurs, les activits

    dune part et dautre part le rle conomique et social quil joue

    dans les pays concerns par ltude.

    Dans lensemble ; la recherche sest rvle trs riche en

    enseignements.

    Les observations sur le SITIC ont montr que le sous-secteur est

    domin par les hommes contrairement au secteur informel en

    gnral qui est lapanage des femmes. Les femmes qui

    interviennent dans le SITIC sont confines aux mtiers de

  • 14 Dynamiques et rles conomique et social du secteur

    informel des TIC en Afrique de lOuest et du Centre

    tlcommunications les plus basiques comme le CALL BOX au

    Cameroun et les tlcentres au Burkina Faso et au Sngal.

    Le SITIC est plus un milieu intellectuel quanalphabte. Cest

    un milieu o de jeunes hommes et femmes ayant un niveau

    dtudes secondaires en moyenne essaient de trouver leur

    chemin. Ce nest donc pas seulement une chappatoire, mais un

    domaine procurant des emplois plus ou moins stables.

    La formation sur le tas semble tre la rgle dans le SITIC. Les

    promoteurs qui y exercent un quelconque mtier ne proviennent

    pas souvent dun lyce technique ou dune cole dingnieurs,

    mais ils ont un niveau denseignement gnral et pour le reste,

    ils ont appris travailler en imitant ou se formant sur le tas.

    Le SITIC, malgr les difficults soulignes dans le rapport

    contribue grandement lconomie des pays. Il constitue dune

    part un appendice des grandes socits TIC comme les

    oprateurs de tlcommunications qui se passent donc de la

    fonction de distribution (ventes de cartes de recharges

    notamment, vente de puces) pour se cantonner la fonction

    de production.

    La femme dans les SITIC, elles occupent les mtiers les moins

    rentables et les plus risqus.

    On pourrait se demander pourquoi les femmes sont en reste dans

    le SITIC contrairement au mtier de linformel en gnral o

    elles sont les plus dominantes. Les hypothses les plus

    vraisemblables se contestent et nous voyons que la situation est

    diffrente selon les pays. Au Burkina Faso, la vente des cartes de

    recharge est domine par de jeunes garons, en revanche, au

    Cameroun, les femmes ont pu domestiquer ce secteur de recharges

    de crdits de tlcommunications si bien que dans ce pays, les

    Call box sont le business des femmes. Au Sngal, ce sont dans

    les tlcentres que lon voit le plus souvent les femmes.

  • Dynamiques et rles conomique et social du secteur

    informel des TIC en Afrique de lOuest et du Centre 15

    Repenser le secteur informel des TIC en Afrique ? la

    recherche dune nouvelle dnomination pour caractriser le

    sous-secteur.

    La faon dont le SITIC, se dploie, fonctionne et volue nous

    amne nous interroger sur des formes de dnomination pour

    mieux caractriser le sous-secteur.

    Dans la pratique, il semble se dgager une nouvelle conomie

    qualifie dinformelle, mais que lon pourrait assimiler une

    forme dconomie mergente comparable au modle asiatique,

    mais une autre chelle et fonctionnant avec dautres rgles. En

    effet, peut-on continuer appeler informel un systme qui est

    gnral et est accept par tous ?, Nest il pas mieux de trouver

    une autre dnomination plus marketing afin de mieux canaliser

    ce sous-secteur et lui donner plus de poids et despoirs ?

    Quelques recommandations sont formules ici pour continuer la

    rflexion sur le sujet et apporter quelques solutions aux

    promoteurs des SITIC des pays concerns par la recherche ;

    Recommandations

    Au terme de notre tude, nous pouvons formuler un certain

    nombre de recommandations pour le SITIC puisse tre un

    vritable levier de dveloppement dans les pays tudis et mme

    au-del. Les recommandations sont dduites de nos analyses,

    mais galement des rapports des ateliers de restitutions tenues au

    Burkina Faso, au Cameroun et au Sngal.

    Reconnatre limportance du SITIC

    Cette tude a permis de jeter des bases solides pour une

    exploration du phnomne du SITIC ; nous pensons, au vu de

    leur grande contribution lconomie que les autorits

    gouvernementales devraient mettre une ligne particulire dans

    les statistiques sur le plan de la nomenclature afin de mieux

    cerner le SITIC. Il en est de mme pour les services des impts

  • 16 Dynamiques et rles conomique et social du secteur

    informel des TIC en Afrique de lOuest et du Centre

    qui nont pas de lignes particulires pour le SITIC et le

    mlangent dautres volets. Lors des diffrentes restitutions de

    ltude, certaines institutions tatiques ont mme trouv que

    ctait ncessaire et dans les statistiques de la banque mondiale,

    on donne des chiffres en mettant toujours des rserves pour la

    non-prise en compte du secteur informel des TIC. La

    reconnaissance empirique et technique du SITIC est un

    pralable toute action oriente vers ce sous-secteur.

    Prendre en compte les acteurs du SITIC dans les projets et

    programmes TIC des pays.

    La non-reconnaissance des SITIC fait quil nest pas pris en

    compte dans les projets et programmes TIC. Les autorits de

    rgulation dans le cadre du fonds de service universel devraient

    insrer lappui du SITIC au rang de ses priorits dintervention.

    Vers une reconnaissance et une labellisation des capacits pour

    plus de performances

    Les acteurs du SITIC se forment principalement sur le tas

    comme nous lavons vu dans cette tude. Peut-on reconnatre ou

    formaliser les comptences dune personne qui est autodidacte

    ou comment vrifier intrinsquement la somme de

    connaissances que lindividu a dans un domaine particulier ?

    Cette question est actuellement brulante parce quelle remet en

    cause le processus de formation et dacquisition de

    connaissances dans un schma classique. On ne peut demander

    aux acteurs du SITIC de faire un concours classique pour cela et

    on devrait avoir de nouvelles mthodes pour vrifier quelle

    chelle se situe telle ou telle personne dans larbre de

    connaissances dune discipline donne. Cette approche peut

    renforcer les comptences manquantes une personne pour la

    rendre plus performante dans ce domaine.

    Elle concerne galement la mise en place de certificats

    techniques dans des domaines trs cibls comme on le constate

  • Dynamiques et rles conomique et social du secteur

    informel des TIC en Afrique de lOuest et du Centre 17

    dans les pays anglophones. Chaque acteur peut donc solliciter

    une formation trs spcifique de quelques jours quelques

    semaines pour tre plus efficace dans son domaine au lieu de se

    rinscrire dans un cycle classique qui lui prendra des annes et

    ne lui permettra pas de continuer exercer dans son mtier,

    principale source de ses lments de survie.

  • 18 Dynamiques et rles conomique et social du secteur

    informel des TIC en Afrique de lOuest et du Centre

    Introduction gnrale

    La recherche sur le sous-secteur informel des TIC au Burkina

    Faso, au Cameroun et au Sngal se situe dans une perspective

    exploratoire au vu de la nouveaut du thme (le secteur des TIC)

    et de sa complexit (le secteur informel).

    Ce double dfi a proccup les chercheurs tout au long de

    ltude.

    Sans ambitions de trouver de nouvelles thories ou de remettre

    en cause celles existantes, le travail entrepris vise mieux

    comprendre et expliquer un phnomne que nous jugeons

    important parce que dominant la vie conomique et sociale de

    nos pays. La vision souvent pjorative du secteur informel, la

    difficult pour le circonscrire ainsi que le phnomne TIC qui

    volue un rythme soutenu sont des ingrdients qui nous ont

    pousss cette difficile analyse.

    Le secteur informel des TIC semble tre la partie visible et

    invisible de liceberg des TIC en Afrique. Utilis par tous,

    exploit par chacun quand loccasion sy prsente, il constitue

    nen pas douter un nouveau secteur conomique qui puise sa

    force dans le besoin, la crativit et limagination de ses

    promoteurs dune part et dautre part dans la logique

    dimplantation des entreprises TIC en Afrique, presses de faire

    des hyper profits et externalisant les fonctions de distribution de

    leurs produits et services.

    La problmatique principale qui est aborde ici est de

    comprendre le rle conomique et social, et surtout la

    dynamique du sous-secteur informel des TIC dans les

    conomies concernes par ltude.

    Le rapport prsent ici est la synthse des tudes effectues au

    Burkina Faso, au Cameroun et au Sngal par des quipes de

    recherches de niveau universitaires et pluridisciplinaires.

  • Dynamiques et rles conomique et social du secteur

    informel des TIC en Afrique de lOuest et du Centre 19

    Le document est structur comme suit :

    Un premier chapitre qui prsente la situation des TIC dune

    faon gnrale dans les trois pays tudis. Cette partie nous

    permet de bien connatre le contexte dans lequel opre le sous-

    secteur informel des TIC (SITIC). Ce contexte est analys sous

    langle des acteurs en prsence et de lenvironnement

    institutionnel dans lequel ils voluent.

    Un deuxime chapitre pose la mthodologie de la recherche.

    Cette partie aborde les questions de recherche, les hypothses, la

    problmatique de base, le cadre thorique de rfrence et les

    outils danalyse.

    Le troisime chapitre essaie de caractriser le secteur informel

    des TIC en mettant laccent sur les acteurs dune part et dautre

    part sur les activits TIC entreprises par les acteurs.

    Le quatrime chapitre aborde le cur de notre travail, savoir

    lanalyse du rle conomique et social du sous-secteur des TIC

    dans les trois pays concerns par ltude.

    A ce niveau, il est fait tat de la dynamique des acteurs dune

    part et dautre part du potentiel conomique du secteur.

    Enfin, en termes de conclusion, les hypothses de dpart ont t

    reprises pour mettre en exergue leurs degrs de vrification.

    Quelques recommandations sont formules pour permettre au

    travail dtre oprationnel et de servir tant aux acteurs quaux

    institutions des pays concerns.

  • 20 Dynamiques et rles conomique et social du secteur

    informel des TIC en Afrique de lOuest et du Centre

    1. APERU DE LA SITUATION TIC DANS LES 3 PAYS

    Ltat des lieux du secteur des TIC vise dresser un panorama

    de la situation dans les trois pays de ltude. Cela permettra de

    voir comment les TIC se prsentent dans les pays concerns et

    comment le secteur informel des TIC est peru et apprhend

    dans la pratique. galement, ltat des lieux et la dynamique du

    secteur des TIC de faon gnrale peuvent fournir les premires

    explications sur la dynamique du secteur informel des TIC. Il

    sagira donc dans un premier temps de faire ltat des lieux de la

    diffusion des TIC, dans un deuxime temps ltat des lieux des

    oprateurs dans la tlphonie mobile et Internet et enfin dans un

    troisime temps ltat actuel des politiques nationales en matire

    de TIC dans les trois pays.

    Cet aperu va nous aider mieux comprendre lunivers dans

    lequel volue le sous-secteur informel des TIC.

    1.1 Etat de la diffusion des TIC dans les trois pays

    Tout dabord, il faut rappeler que le secteur des nouvelles

    technologies, notamment dans sa composante tlphonie mobile,

    est un secteur dans lequel les pays africains de manire gnrale

    ont enregistr des performances records. Ces performances sont

    bien illustres par lunion internationale des tlcommunications

    (UIT) travers les graphiques ci-dessous.

  • Dynamiques et rles conomique et social du secteur

    informel des TIC en Afrique de lOuest et du Centre 21

    Figure N 1. Diffusion des TIC en Afrique

    On constate que le rythme de diffusion de la tlphonie mobile

    est assez lev passant dune moyenne de 44% en 2002 une

    moyenne de 64% en 2007 soit un accroissement net de 20% sur

    ladite priode.

    En restreignant lanalyse sur les pays de la zone dtude savoir

    le Burkina Faso, le Cameroun et le Sngal, le tableau ci-dessous

    nous montre les disparits entre ces pays en matire de diffusion

    des TIC.

    Tableau 1. Tableau comparatif de quelques indicateurs TIC

    Ligne fixe

    pour 100 habitants

    Tlphonie

    mobile pour 100 habitants

    Bande

    passante linternational

    e par

    utilisateur (bit/s)

    Proportions

    de mnages ayant des

    ordinateurs

    Proportion de

    mnages ayant accs

    lInternet

    domicile

    2002 2007 2002 2007 2002 2007 2002 2007 2002 2007

    Burkina Faso

    0.5 0.7 0.9 10.9 320 2170 2 3 0.3 1.8

    Camerou

    n

    0.7 1 4.5 24.5 150 371 0.5 10.1 5.2

    Sngal 2.1 2.2 5.1 29.3 752 2079 1.7 7.8 0.5 1

    Source: International Telecommunications Union (2008)

  • 22 Dynamiques et rles conomique et social du secteur

    informel des TIC en Afrique de lOuest et du Centre

    Dans les pays de la zone dtude, nous constatons une diversit

    de situation dans le dveloppement des TIC. Dans lensemble,

    on observe une croissance entre 2002 et 2007. Si

    paradoxalement le Cameroun a fait une perce dans le domaine de

    lquipement des mnages (0.5 10.1% entre 2002 et 2007), le

    Cameroun enregistre des performances moindres en matire de

    bande passante. Le Burkina Faso, quant lui, enregistre un faible

    niveau de progression de lquipement des mnages dans la

    priode considre. Il faut dire que les taxes dimportation de

    matriels informatiques sont leves au Sngal, contrairement au

    Burkina o les taxes sont assez importantes.

    Dans lensemble, les pays concerns par ltude sont dans la

    frange faible par rapport aux indicateurs de dveloppement des

    TIC en Afrique.

    Pour ce qui est des activits, part le Sngal o on a quelques

    exemples de montages dordinateurs, lensemble des activits se

    regroupe dans le secteur tertiaire savoir le commerce et les

    prestations de services. Lanalyse des cots montre une diversit

    de situations dans les cots et services TIC dans la zone dtude.

    Certains pays comme le Sngal a opt pour la leve des taxes

    pour limportation des ordinateurs, ce qui a favoris le secteur

    alors quau Burkina, le matriel est tax assez cher, bien quun

    effort ait t fait par le gouvernement, les cots restent levs.

    Les biens et quipements informatiques sont taxs autour de

    20% et en prenant en compte la TVA (18 %), le transport,

    lassurance et la marge du commerant, on se retrouve vite avec

    70 75% daugmentation. Cela a comme consquence le

    dveloppement du march des secondes mains et donc de

    linformel.

    Dans la sous-rgion ouest-africaine, le Sngal semble tre le

    pays qui pratique les tarifs les plus bas pour les

    tlcommunications.

  • Dynamiques et rles conomique et social du secteur

    informel des TIC en Afrique de lOuest et du Centre 23

    1.2 Les oprateurs de tlphonie et de lInternet dans les trois pays.

    Le dveloppement de la tlphonie mobile et de lInternet de

    faon gnrale va offrir de nouvelles opportunits au secteur

    informel cest pourquoi il est important de faire ltat des lieux

    des principaux oprateurs dans les pays concerns.

    Il faut aussi rappeler que la tlphonie mobile est le sous-secteur

    des TIC qui connait un dveloppement fulgurant en Afrique,

    avec des possibilits dexpansion dans les zones rurales, le taux

    de pntration tant encore faible.

    Plusieurs raisons expliquent cet tat de fait : la chert des

    quipements, latomicit, la non-concentration des villages et

    labsence dlectricit. Pour pallier ces problmes, la plupart des

    pays comme le Burkina, le Cameroun et le Sngal disposent dun

    Fonds de service universel, mais loprationnalisation du fond

    tarde voir le jour. Dans les cahiers de charge des oprateurs de

    tlphonie mobile, il existe galement des exigences de

    couverture de certaines zones juges non rentables et des efforts

    sont entrepris dans ce sens.

    La tlphonie mobile

    La situation de la tlphonie mobile dans les trois pays prsente

    des similitudes plusieurs niveaux, toutefois les oprateurs

    diffrent dun pays un autre.

    Au Sngal, il existe trois oprateurs qui se partagent le march

    des tlcommunications : le groupe SONATEL (ORANGE),

    TIGO (SENTEL) et le dernier arriv, le SUDATEL.

    La SONATEL (Socit Nationale des Tlcommunications) est

    loprateur historique du Sngal cr en 1985 par la fusion de

    deux entits publiques, lOffice des Postes et

    Tlcommunications et Tl Sngal, a t privatise en juillet

    1997, avec le statut de socit anonyme. Elle a ouvert son

  • 24 Dynamiques et rles conomique et social du secteur

    informel des TIC en Afrique de lOuest et du Centre

    capital au public, par le biais d'une offre publique de vente, et

    un partenaire stratgique choisi par appel d'offres international :

    France Cble Radio (FCR), filiale 100% de France Tlcom.

    La SONATEL est titulaire dune licence de tlcommunications

    globale qui lui permet dexploiter tous les rseaux et services de

    tlcommunications. Depuis novembre 2006, le groupe a adopt

    la marque Orange . Le groupe SONATEL offre des solutions

    globales de tlcommunications dans les domaines du fixe, du

    mobile, de lInternet, de la tlvision et des donnes au service

    des particuliers et des entreprises.

    la suite de SONATEL, l'Etat du Sngal et la Socit SENTEL

    GSM ont conclu une convention de concession, le trois juillet

    1998 Dakar, pour lexploitation dune 2e licence de tlphonie

    mobile.

    La socit SENTEL GSM, est dtenue 75% par le groupe de

    tlcommunications Millicom International Cellular (MIC) et

    25% par un investisseur Senegalais priv. .

    Enfin, en septembre 2007, une troisime licence globale de

    tlcommunications a t attribue la socit soudanaise des

    tlcommunications SUDATEL pour un montant de 200

    millions USD.

    Au Burkina Faso, nous avons galement trois oprateurs qui se

    partagent le march du mobile : TELMOB, TELECEL et ZAIN

    (ex CELTEL).

    TELMOB est la branche mobile de loprateur historique

    ONATEL. Seul oprateur de Tlphonie fixe, pour linstant, en

    attendant la libralisation de ce volet, lONATEL contrle 41%

    du march du mobile.

    Loffice a lanc, en juin 2005, un emprunt obligataire sur le

    march financier sous-rgional, en faisant appel lpargne

    publique, dun montant nominal de 16 milliards de F CFA. le

    prix dmission de cet emprunt a t fix 10 000 FCFA. Les

  • Dynamiques et rles conomique et social du secteur

    informel des TIC en Afrique de lOuest et du Centre 25

    fonds mobiliss permettront lOffice de disposer de 525 728

    lignes fixes et 235 000 abonnements supplmentaires au

    tlphone mobile.

    Depuis dcembre 2006, le groupe Maroc-Tlcom est le nouvel

    actionnaire majoritaire 51 % de lONATEL.

    Ainsi, ayant accru sa capacit en 2006-2007, TELMOB a pu

    faire face la concurrence. Il compterait aujourdhui un nombre

    dabonns denviron un million.

    Ensuite on a le groupe Zain (ex CELTEL)1. Pour obtenir la

    licence de dix ans, CELTEL a vers 10.6 millions de dollars.

    CELTEL-Burkina peut senorgueillir davoir ralis, depuis son

    implantation, un investissement de plus de 20 milliards de

    FCFA et cre prs de 140 emplois directs et 3 000 indirects.

    Pour tendre et augmenter la capacit de son rseau et vanter les

    services quelle propose au public, la socit a aussi lanc, en

    aot 2003, un emprunt obligataire de 3 milliards de F CFA dans

    lespace de lUnion conomique et montaire ouest-africaine

    (UEMOA).

    Depuis son implantation en 2001, CELTEL a investi plus 25

    milliards de F CFA en infrastructure. Entre 2001 et 2004, elle a

    multipli par prs de trois son chiffre daffaires qui slevait en

    2006 plus de 5 milliards de F CFA.

    Son rseau stendait sur plus de 82 localits, mais son ambition

    est de couvrir 80 % de la population dici 2008. Dj, 80 % des

    villes exiges par le gouvernement dans le cahier des charges

    ont accs au rseau, selon les autorits Burkinab. CELTEL a eu

    1 Au moment o on mettait sous presse le rapport, ZAIN est devenu AIRTEL.

  • 26 Dynamiques et rles conomique et social du secteur

    informel des TIC en Afrique de lOuest et du Centre

    le temps de fter son millionime abonn en 2008 avant dtre

    englouti par le coren ZAIN. En dbut 2010, ZAIN est rachet

    par le groupe indien BHARTY.

    Enfin, on a le groupe TELECEL. Cre au dpart par un priv

    burkinab, TELECEL a vers 8 millions de dollars pour obtenir

    sa licence et a pu bnficier dun prt de 4 milliards de F CFA

    de la part de la Banque ouest-africaine de dveloppement

    (BOAD) pour financer lextension de son rseau.

    Trois principaux actionnaires se partagent le capital de

    TELECEL Faso : Planor Afrique SA, reprsent par un autre

    priv Burkinab, Atlantique Tlcom, contrl par un priv

    ivoirien (51 %) et West African Ground Fund (WAGF). Mais

    les bisbilles entre les actionnaires de TELECEL Faso, ont mis en

    pril, courant 2005, la survie de la compagnie de tlphonie

    mobile. En aot de cette mme anne, aprs avoir t mise sous

    administration judiciaire, la socit a frl la liquidation.

    Aujourdhui cette compagnie semble renatre peu peu de ses

    cendres. Le dernier vnement en date a t la suppression

    temporaire de sa licence du un non-paiement, ce qui a port un

    prjudice aux abonns de son rseau et aux employs qui y

    travaillent.

    Pour ce qui est du Cameroun, trois oprateurs sont galement

    prsents sur ce segment de march, savoir Orange, MTN et

    depuis 2006 CAMTEL. La forte demande dans le sous-secteur a

    amen les oprateurs offrir une gamme assez varie de

    produits et services leur clientle. Le parc dabonns ne cesse

    de crotre un rythme exponentiel. En moins de six ans, les

    deux oprateurs ont peu prs 5 millions dabonns ; la part de

    MTN (3 000 000 dabonns soit prs de 60%) dpasse celle

    dOrange. Mais Orange serait le leader sur le segment des

    entreprises et aussi en termes de couverture gographique.

    En moins de quatre ans, le nombre dabonns a plus que tripl.

    La grande majorit de ces abonns, soit 97%, sont sur le mode

  • Dynamiques et rles conomique et social du secteur

    informel des TIC en Afrique de lOuest et du Centre 27

    prpay. Le taux de couverture national est de 85% et concerne

    principalement les grandes villes de plus de 50 000 habitants.

    239 sur les 268 localits du pays sont connects lun des

    rseaux et de ce nombre, 99 sont couverts par les deux

    oprateurs. Le taux de pntration est pass de 10,20% en 2004

    15% en 2005 et se situerait autour de 17% ce jour. Du point

    de vue du Rgulateur, le march nest pas encore satur ; il y

    aura saturation lorsque le march atteindra 8 millions dabonns.

    En conclusion, on peut dire daprs le rapport dvaluation du

    secteur fait par lAgence de rgulation des tlcommunications

    entre fvrier et juin 2007, que malgr les efforts des deux

    oprateurs privs, loffre en service de tlcommunications est

    insuffisante et ncessite dtre amliore ; Les deux oprateurs

    de tlphonie mobile doivent tendre leurs rseaux et amliorer

    la qualit de leurs services afin de respecter les objectifs fixs

    dans le cahier de charges de leurs licences2.

    LInternet

    Linternet reste concentr dans les grandes villes comme partout

    ailleurs en Afrique, mais le dveloppement des technologies

    CDMA et les kits de connexion USB avec certains oprateurs au

    Burkina et au Sngal commencent booster le sous-secteur de

    lInternet mobile. Avec un simple tlphone mobile, il est

    possible davoir accs lInternet. Les particuliers, ONG et

    associations dans le monde rural et possdant la couverture

    rseau peuvent se connecter tout juste en crditant leurs comptes

    simplement.

    Cette rvolution risque de changer le visage de la connectivit

    Internet domin par les plthores de cybercafs en milieu urbain,

    2 Mobile telephone networks : Coverage and quality of service , Nouvelles

    de lART, No. 20, Janvier 2008

  • 28 Dynamiques et rles conomique et social du secteur

    informel des TIC en Afrique de lOuest et du Centre

    mais la chert dachat des ordinateurs ne va pas trop jouer au

    Burkina Faso. Les cybercafs sont devenus galement un

    phnomne social o des jeunes se donnent rendez-vous pour de

    multiples raisons et ce nest pas vident que linternet mobile

    vienne dtrner le march de cybercafs. On risque davoir deux

    produits complmentaires.

    Au Burkina Faso, le march de lInternet reste concentr dans la

    capitale qui compte prs de 80% des cybercafs du pays. Avec

    une dizaine de fournisseurs Internet actifs dont un seul, fasonet)

    possdent plus de 80% de la clientle, le march commence se

    redessiner avec des providers plus innovants avec des

    technologies wimax (exemple : connecteo, Giganet)

    Au Cameroun, depuis la libralisation du secteur des

    tlcommunications en 1998, le march de lInternet a connu

    des mutations. Actuellement, on compte une cinquantaine de

    fournisseurs daccs Internet parmi lesquels loprateur

    traditionnel CAMTEL, le seul fournisseur dInternet ADSL et le

    gestionnaire du point cm, MTN avec lachat de Global Net et

    Orange qui a obtenu une licence dexploitation. Ils sont relays

    sur le terrain par plus de 2500 cybercafs installs surtout en

    milieu urbain. Les fournisseurs daccs Internet se connectent

    au backbone soit directement au VSAT, soit par liaisons

    spcialises, soit par fibre optique.

    La connexion des utilisateurs seffectue par le RTC ou par

    liaison spcialise radiolectrique ou filaire. En 2005, CAMTEL

    exploitait huit nuds Internet dans les villes de Yaound,

    Douala, Bafoussam, Garoua, Ebolowa, Sangmlima, Bua et

    Kribi. Avec ces nuds, CAMTEL dispose dune bande passante

    de 155 Mbits/s. CAMTEL, dans un effort damlioration de la

    connectivit, a investi 18 milliards FCFA pour le raccordement

    du pays au cble sous-marin fibre optique

    SAT3/WASC/SAFE. Avec cet investissement, CAMTEL

    dispose dune bonne capacit de transmissions de 2,5 Gbits/s,

    dune large bande passante de transmissions de donnes haut

  • Dynamiques et rles conomique et social du secteur

    informel des TIC en Afrique de lOuest et du Centre 29

    dbit via les rseaux Inmarsat et Intelsat et ambitionne de jouer

    le rle dHub au niveau de la sous-rgion.

    Au Sngal, sur le march de lInternet, une douzaine de

    fournisseurs daccs Internet (FAI) dveloppe en sus de la

    distribution daccs Internet, une activit essentiellement axe

    sur le service informatique et la relation commerciale.

    Les fournisseurs daccs sont nombreux, mais sont encore

    dpendants du monopole de la SONATEL qui a pris fin en

    juillet 2004, notamment pour lattribution de bandes passantes.

    La SONATEL, par le biais de sa filiale SONATEL Multimdia,

    reste lheure actuelle le principal fournisseur daccs.

    Le march de lADSL domin par SONATEL compte plus de

    33 000 abonns.

    1.2.3 Des politiques nationales convergentes

    Les politiques nationales des TIC dans les trois pays de ltude

    semblent converger sur bien des points. Celui du Sngal semble

    se dmarquer par une politique volontariste cible et ambitieuse

    contrairement au Burkina Faso o les TIC semblent relever du

    domaine du dveloppement, donc li laide extrieure. En

    dehors des efforts entrepris dans la modernisation de la socit

    dEtat ONATEL qui a t vendue Maroc Tlcom, on ne voit

    pas dans les faits se dessiner une orientation claire et nette pour

    faire du secteur des TIC un levier de lconomie comme on le

    voit au Sngal avec la leve des taxes sur limportation du

    matriel informatique, lexistence de services valeur ajoute

    comme les calls centers dus lexistence dune bande passante

    confortable

    Dans les trois pays tudis, on semble suivre la mme dmarche

    sur le plan gnral. Cette dmarche suit bien la tendance

    louverture des conomies africaines amorces dans les annes

    1990.

  • 30 Dynamiques et rles conomique et social du secteur

    informel des TIC en Afrique de lOuest et du Centre

    On a donc le mme schma avec lexistence dun oprateur

    historique qui jouait en mme temps la fonction de rgulation du

    sous-secteur, de 1960 1990, louverture au march

    partiellement entre 1990-2000 avec lapparition des rseaux

    mobiles de tlcommunications et enfin, louverture totale 2000

    nos jours avec le march de lInternet et des donnes ouvert

    aux oprateurs. Cette ouverture semble tre partielle.

    Lorigine de ces politiques est rechercher dans les grandes

    lignes directrices des politiques nationales de lutte contre la

    pauvret crite dans les annes 90, politiques fondes sur des

    stratgies de dveloppements antrieures et rchauffs avec le

    vent de la libralisation pour donner une place de choix au

    secteur priv.

    Les documents de politiques TIC ont donc suivi cette courbe et

    pour le cas du Burkina Faso, ils ont t rviss plusieurs fois pour

    tenir compte du contexte. Dans lensemble, on peut dire que ces

    documents pour parler du Burkina Faso manquent

    doprationnalit du fait de la difficult de lier la pauvret aux

    TIC. En effet, il fallait que dans les axes du cadre stratgique de

    lutte contre la pauvret, les TIC apparaissent dans les volets de

    base.

    Les documents sont crits plus pour avoir la caution des

    bailleurs que pour servir de trame oprationnelle lclosion

    dune vritable socit des TIC au visage africain. On dnote

    donc une copie presque conforme des institutions TIC avec

    celles qui ont vu le jour en France.

    La mise en place des institutions lies aux TIC est galement en

    constante mutation du fait que le phnomne est nouveau et que

    lavance rapide de la technologie ne concorde pas avec les lois

    et dcisions au niveau national.

    Au Burkina Faso lautorit de rgulation des tlcommunications

    mise en place en 2000 pour jouer le rle de rgulateur, rle

  • Dynamiques et rles conomique et social du secteur

    informel des TIC en Afrique de lOuest et du Centre 31

    occup auparavant par lONATEL a t mu en autorit de

    rgulation des communications lectroniques (ARCE).

    LAutorit de rgulation des communications lectroniques est

    rgie par le dcret 2009-346/PRES/PM/MPTIC du 25 mai 2009.

    Sa mise en place fait suite ladoption en novembre 2008 dune

    loi portant rglementation gnrale des rseaux et services de

    communications lectroniques au Burkina, une loi qui entre dans

    le cadre du processus mis en place par la CEDEAO et

    lUEMOA pour garantir la libralisation du secteur et son

    ouverture la concurrence. Elle remplace dsormais lAutorit

    de rgulation des tlcommunications (ARTEL).

    Le conseil suprieur de lInformation, cre en 1995, mais

    oprationnel en 1997 a t chang en CSC (Conseil Suprieur

    de la Communication) pour tenir compte galement de certains

    aspects lis au TIC. Cest une institution dappui la dmocratie

    dans la mme ligne que le CIL et autres (commission de

    lInformatique et des liberts). Sur le site officiel du CSE, on lit

    bien que la nouvelle loi relative au CSC marque le passage de

    lappellation linstitution de Conseil suprieur de linformation

    (CSI) conseil suprieur de la communication (CSC). Ce

    changement de dnomination vise prendre en compte

    lvolution constate dans les techniques de diffusion de

    linformation et dattester officiellement lextension du champ

    de comptence de linstitution qui va, en ralit, au-del de la

    rgulation des mdias3.

    Le ministre des Postes et Tlcommunications a t chang en

    ministre des postes et des technologies de linformation ce

    ministre a t cr par dcret N 2006-002 PRES du 5 janvier

    2006 portant remaniement du gouvernement, le ministre des

    Postes et des Technologies de linformation et de la commu-

    nication. Le MPTIC assure la dfinition et le suivi de la mise en

    3 http://www.csc.bf/conseil/presentation.htm

    http://www.csc.bf/conseil/presentation.htm

  • 32 Dynamiques et rles conomique et social du secteur

    informel des TIC en Afrique de lOuest et du Centre

    uvre de la politique du gouvernement en matire des postes et

    des TIC.

    La dlgation gnrale lInformatique (DELGI) qui tait

    rattache au premier ministre a disparu par la mme occasion.

    Elle est maintenant rattache au MPTIC et est devenue un grand

    dpartement de ce mga- ministre . Il faut signaler que cest

    dailleurs le directeur de cette institution qui a t confirm au

    rang de ministre de MPTIC en 2006.

    La situation semble similaire pour le cas du Cameroun.

    En effet, au Cameroun, au lieu dtre rattach au premier

    ministre, lANTIC est rattach la prsidence. Elle est pourtant

    sous la tutelle du MINPOSTEL, on observe un amalgame, une

    confusion de rle avec le MINPOSTEL. Avant lentre en scne

    de lANTIC, ctait la responsabilit seule du MINPOSTEL,

    dpartement ministriel en charge des TIC, dlaborer et de

    mettre en uvre la politique dans le secteur. Dans les textes

    crant lANTIC, lune de ses missions est la dfinition et la mise

    en uvre de la politique en matire de TIC. Cette mission vient

    emboter le pas sur celle du ministre. Cette duplication a cr

    une duplication dinstruments de politique TIC. Cest ainsi

    quen 2005, le ministre a plac la charrue avant les bufs en

    dfinissant sa stratgie sectorielle des tlcommunications et

    TIC qui sinscrit dans la mouvance du DRSP et de la

    Dclaration des OMD, mais aussi dans la dynamique actuelle de

    globalisation des changes4.

    Quant lANTIC, en 2007, elle a labor la stratgie nationale

    de dveloppement des TIC qui sinscrit dans la perspective de

    mise en uvre des dispositions de la Constitution, du Code des

    investissements, des lois dorientation du secteur de lducation,

    4 Rapport tat des lieux TIC INFOR Cameroun

  • Dynamiques et rles conomique et social du secteur

    informel des TIC en Afrique de lOuest et du Centre 33

    des orientations majeures du DSRP ainsi que des engagements

    du Cameroun en faveur de la rduction de la pauvret dans le

    monde (OMD, ducation pour tous, Dclaration de Tunis sur la

    Socit de linformation, etc.).

    Cette stratgie qui vise 12 points, est sous-tendue par une vision

    politique o Larrimage du Cameroun la socit mondiale de

    linformation et des savoirs en mergence constitue une priorit

    nationale et un enjeu majeur pour son devenir. Aussi, le

    gouvernement entend-il utiliser les Technologies de

    lInformation et de la Communication comme lun des leviers de

    la lutte contre la pauvret et de la promotion du dveloppement,

    dans loptique de transformer le pays en une socit du savoir,

    du savoir-faire et du savoir-tre dans laquelle les citoyens, les

    mnages, les entreprises et les administrations utilisent

    pleinement Internet et les autres TIC de manire assurer

    louverture, la comptitivit et lattractivit du Cameroun et de la

    sous-rgion dAfrique Centrale dans le monde 5.

    La rgulation est assure par lART, tablissement public

    administratif dot de la personnalit juridique et de lautonomie

    financire, dcisionnelle et fonctionnelle. En plus de la

    rgulation du secteur des tlcommunications, elle est charge

    aussi du contrle, du suivi des activits des exploitants et des

    oprateurs et de la protection du consommateur de ce secteur.

    La situation au Sngal est marque par lexistence dun mga

    ministre dans lequel se trouve le dpartement charg des TIC.

    Ce mga ministre des Tlcommunications, des Nouvelles

    Technologies de lInformation et de la Communication, des

    transports terrestres et des transports ferroviaires est charg de

    prparer et de mettre en uvre la politique arrte par le Chef de

    5 Stratgie nationale de dveloppement des technologies de linformation et

    de la communication , Prsidence de la Rpublique, ANTIC, Octobre 2007

  • 34 Dynamiques et rles conomique et social du secteur

    informel des TIC en Afrique de lOuest et du Centre

    lEtat dans les domaines des Postes, des Tlcommunications et

    des Nouvelles technologies de lInformation et de la Commu-

    nication et des transports terrestres et des transports ferroviaires.

    Pour conclure, il faut dire que le sous-secteur des TIC est un vrai

    chantier sur le plan institutionnel.

  • Dynamiques et rles conomique et social du secteur

    informel des TIC en Afrique de lOuest et du Centre 35

    2. MTHODE DE RECHERCHE

    La mthode de recherche a t dveloppe dans un document

    spcifique. Lessentiel de ce document est prsent dans cette

    section. Il sera prfrable pour des dtails de se rfrer ce

    document de plus de 100 pages6 qui a ncessit la contribution

    de plusieurs chercheurs et spcialistes, dont des sociologues, des

    conomistes, des statisticiens et des spcialistes en genre.

    2.1 Secteur informel des TIC : un potentiel de dveloppement ?

    LAfrique est cite parmi les continents qui ont fait, cette

    dcennie, des bonds spectaculaires dans le domaine des

    technologies de linformation et de la communication(TIC). Le

    nombre dutilisateurs dordinateurs, de tlphones mobiles, de

    tlphones fixes et de lInternet a connu, des degrs divers, un

    accroissement sans prcdent.

    titre dillustration, lAfrique enregistre un taux de croissance

    annuel moyen de 65% du nombre des abonns au tlphone

    mobile contre respectivement 24, 38% pour les Amriques et

    lEurope sur une moyenne mondiale de progression de 33%

    (World Bank7 2006). Le mobile enregistre en effet une

    progression considrable et a dpass le fixe en 2001 surtout

    avec lintroduction des cartes prpayes, plus adaptes la

    6 Yam Pukri, 2009, Dynamiques et rle conomique et social du secteur

    informel des TIC au Burkina Faso, au Cameroun et au Sngal, lments

    mthodologiques pour une recherche sur la question, Yam Pukri, Burkina

    Faso.

    7 World Bank, 2006, Information and Communications for

    Development, Global Trends and Policies

  • 36 Dynamiques et rles conomique et social du secteur

    informel des TIC en Afrique de lOuest et du Centre

    consommation quotidienne pour une large partie de la

    population de ce continent qui vit au jour le jour.

    LAfrique ayant obtenu ces rsultats, on peut dire que ce

    nouveau mode de communication sied son environnement et

    sa logique. Le continent, surtout la partie subsaharienne se

    caractrise par un tat de pauvret absolu, une population

    fortement rurale plus de 60% (Henri de France; 2001) et une

    forte proportion de la population active notamment urbaine

    (75%, Traor et al 2000) se trouve dans le secteur dit informel.

    La mobilit tant le matre mot de ce secteur, on comprend alors

    pourquoi il existe un tel engouement pour cet outil de

    communication quest le mobile.

    En se rfrant Hamadoun Tour, secrtaire gnral de lUnion

    internationale des tlcommunications (UIT), les pays africains

    ont connu les plus forts taux de croissance en tlphonie mobile,

    allant de 50 400 pour cent ces trois dernires annes.

    LAfrique doit maintenant se donner comme objectif de

    reproduire cette prouesse pour le haut dbit, en apportant

    laccs Internet dans chaque village, chaque cole, chaque

    universit, chaque hpital.

    En matire de dveloppement de lInternet, les chiffres de lIUT

    montrent que moins de 4 % des Africains ont accs lInternet,

    la pntration du haut dbit reste infrieure 1 % et 70 % du

    trafic total est rachemin lextrieur du continent, do un

    surcot pour les utilisateurs. Daprs la Banque Mondiale, le

    cot de la connexion Internet en Afrique est le plus lev du

    monde (environ 250-300 USD par mois).

    Lessor des TIC en Afrique a intress plus dun oprateur du

    secteur des tlcommunications qui trouve sur ce secteur une

    mine exploiter. Le taux de croissance des chiffres daffaires

    ainsi que la masse financire dgage par les entreprises des

    Tlcommunications en Afrique sont trs importants. En effet,

    les oprateurs intervenant en Afrique nont pas connu les

  • Dynamiques et rles conomique et social du secteur

    informel des TIC en Afrique de lOuest et du Centre 37

    problmes de ceux doutre-Atlantique qui se sont embourbs

    avec les achats de sommes pharaoniques des licences UMTS de

    3e gnration dont les anticipations sur leurs dveloppements ne

    se sont pas avres exactes. Il y a donc eu comme des lments

    de compensation pour ces entreprises qui se rattrapent en

    Afrique en investissant ou en rachetant des parts dautres

    oprateurs nationaux ou privs. Au Burkina Faso, Maroc Telecom,

    dtenu en majorit par France Telecom a rachet 51% du capital

    de lONATEL (Office National des tlcommunications) avec

    141 milliards de FCFA. La mme opration a eu lieu avec sa

    filiale Orange qui a rachet les parts de plusieurs oprateurs

    dans la zone subsaharienne.

    Sur le plan local, au Nigeria, les tudes montrent que les

    investissements dans le secteur des tlcoms atteignent 3.5

    milliards de dollars en fin 2005, se situant juste aprs le ptrole

    et le gaz.

    En somme, au cours des deux dernires dcennies, les TIC ont

    radicalement transform le monde et son potentiel pour

    contribuer la rduction de la pauvret et acclrer la croissance

    dans les pays en dveloppement sest trs vite accru. La

    tlphonie mobile permet de mettre en contact par exemple les

    agriculteurs, leveurs et les entrepreneurs. LInternet livre aux

    coles et hpitaux des connaissances vitales. Les ordinateurs

    amliorent le service public et priv et accroissent la

    productivit. En mettant en relation les gens et les espaces, les

    TIC jouent un rle vital dans le dveloppement au plan national

    et rgional et offrent toujours dnormes perspectives pour

    lavenir. Par consquent, il y a lieu de bien comprendre et de

    cerner les TIC dans leur trajectoire.

    Malgr la faible pntration de lInternet sur le continent qui est

    pour le moment concentr dans les centres urbains, les TIC ont

    commenc redessiner le paysage conomique et social des

    Africains en induisant de nouveaux comportements. En effet, ils

    font lobjet dusages multiples et varis et contribuent ainsi la

  • 38 Dynamiques et rles conomique et social du secteur

    informel des TIC en Afrique de lOuest et du Centre

    cration de nombreux emplois. Toutefois, ce dynamisme des

    TIC est matrialis, limage des conomies dans son ensemble

    dans les pays en dveloppement par un dualisme : la coexistence

    dun secteur formel et dun secteur informel dont les activits

    relvent toutes des TIC. On constate donc dun ct les

    moyennes et grandes entreprises dont les leaders sont les

    oprateurs de tlphonie mobile, les fournisseurs daccs

    internet et les vendeurs de Hardware et de Software. D'un ct,

    nous avons les entreprises formelles dont la caractristique

    essentielle (en dehors des oprateurs de tlphonie mobile) est

    quelles ont pour principal client ltat. De lautre ct, nous

    avons les micro-entreprises informelles qui sont les plus

    nombreuses.

    Dans une perspective de dveloppement conomique, il est

    intressant de sinterroger sur la dynamique des activits

    informelles des TIC en Afrique, car la simple observation

    montre quelles se dploient vigoureusement dans tous les pays

    africains, en particulier dans les villes o se trouve une forte

    proportion de la demande solvable. De plus, la spontanit et la

    rapidit avec lesquelles les activits TIC se dploient, leur

    vivacit et les enjeux quelles pourraient reprsenter pour les

    pays sont autant de raisons qui appellent une analyse de ce

    secteur. Cela est dautant plus important que dans les

    valuations des impacts des TIC sur les pays pauvres ce secteur

    est trs souvent ignor pour des raisons lies aux difficults de

    collecte des donnes lies au secteur informel en gnral.

    Il existe peu dtudes et de recherches sur le secteur informel

    des TIC dans sa globalit, notamment dans ses dimensions

    conomiques. Des travaux antrieurs mens dans le cadre de

    recherches soutenues par le programme Acacia du Centre de

    recherches pour le dveloppement et portant sur les tlcentres

    communautaires ont abord les effets socio-conomiques des

    TIC travers leur capacit crer des emplois et offrir des

    opportunits de gnration de revenus, en particulier dans le

    cadre des stratgies de durabilit de ces tlcentres. Cest dans

  • Dynamiques et rles conomique et social du secteur

    informel des TIC en Afrique de lOuest et du Centre 39

    cette mme optique que lquipe Cyberpop dEnda Tiers-Monde

    a conduit entre 2001 et 2003 des recherches sur lancrage

    conomique de ces centres de ressources communautaires, dont

    la capacit gnrer des ressources financires durables sur la

    base de lexistence dune demande solvable au sein des

    quartiers o ils ont t implants.

    Les travaux de Oudraogo S. (2000, 2002) pour le compte de

    lInstitut International pour la communication et le

    dveloppement (IICD) au Burkina Faso soulignent le fait que le

    phnomne dappropriation des TIC se limite des usages

    basiques (bureautique, courrier lectronique) et que la baisse des

    cots et limportation du matriel informatique de seconde main

    permettent de petits entrepreneurs douvrir de cybercafs et de

    les faire fonctionner avec du personnel possdant trs peu de

    qualifications.

    La crativit de ce sous-secteur est pourtant sans limites comme

    le mentionne Loquay (2003)8 : les produits informatiques

    d'occasion alimentent un nouveau march crateur d'emplois et

    de ressources dont s'empare le secteur informel. Ce march

    prolifrant de l'occasion engorge les centres-villes et cre de

    nouvelles formes d'appropriation de l'espace urbain. Les grands

    commerants ouest-africains du Nigria du Sngal acteurs de ce

    commerce, sillonnent la plante entre les centres de l'conomie

    mondiale et les grandes villes africaines. Sandaga illustre

    l'efficacit de systmes et d'agents considrs comme

    marginaux, informels ou illgaux par rapport au concept

    traditionnel de l'conomie classique et qui gnrerait autour de

    60% du PIB sngalais.

    8 Annie Chneau-Loquay ,(2003) Les TIC sont elles compatibles avec

    l'conomie informelle en Afrique ? http://www.cities.lyon.fr/articles/211.html

  • 40 Dynamiques et rles conomique et social du secteur

    informel des TIC en Afrique de lOuest et du Centre

    Le rseau de recherche RIA en 2006 a ralis une tude sur

    laccs et lusage des TIC par les PME dans 14 pays en Afrique.

    Le but de la recherche tait dapprcier limpact des TIC dans la

    productivit de lentreprise. Une des conclusions est que le

    secteur informel a de la difficult faire le passage au formel

    cause de trop de procdures administratives qui demandent

    beaucoup dargent. De mme, la recherche a rvl que les

    petites et trs petites entreprises utilisent plus intensment les

    TIC que les moyennes entreprises9.

    Les rares tudes existantes indiquent que le secteur informel des

    TIC contribue rsorber le chmage des jeunes dans ces pays.

    Au Cameroun, daprs les statistiques de lInstitut National des

    Statistiques, lEtat emploie environ 5% de la main duvre, le

    priv peu prs de mme et le reste volue dans le secteur

    informel. travers ce cas, et bien dautres dans la plupart des

    pays africains, lon voit trs bien quelle place occupe le secteur

    informel dans le march de lemploi.

    De plus, malgr les normes profits que gnrent les

    tlcommunications et les activits connexes, et leur part

    croissante dans le PIB, il nexiste pas dtudes sur la

    contribution du secteur informel des TIC la richesse nationale.

    Dans le cas du Sngal, seules quelques indications paraissant

    dans la presse ou dans les rapports du syndicat des grants de

    tlcentres ou les rapports de loprateur donnent une ide de

    lampleur des montants concerns.

    Au moment o la plupart des pays africains, conscients de la

    place croissante des TIC dans leurs conomies, misent sur le

    secteur priv comme levier du dveloppement dans ce domaine,

    il y a lieu de sintresser au dynamisme dont fait preuve le

    secteur informel dans le march des TIC. Des recherches en la

    9 http://www.researchictafrica.net

  • Dynamiques et rles conomique et social du secteur

    informel des TIC en Afrique de lOuest et du Centre 41

    matire sont dautant plus opportunes que ce secteur nest pas

    bien connu parce que non clairement caractris et ses

    dynamiques actuelles non encore bien cernes.

    Il existe beaucoup dinterrogations sur le potentiel quil recle,

    les motivations de ses acteurs, les relations avec le secteur

    formel, et au-del des chiffres annoncs et parcellaires, sa

    contribution relle la richesse nationale, la formation de

    revenus significatifs pour les promoteurs et la cration

    demplois durables et qualifis. De mme, il est ncessaire de

    rflchir sur les cadres rglementaires et les politiques les plus

    appropris pour une meilleure exploitation du potentiel recle

    de ce secteur informel des TIC et pour favoriser, le cas chant,

    le passage de certains de ses acteurs des activits et des

    structures dentrepreneuriat relevant du formel.

    Ce sont ces gaps en matire de connaissances sur le secteur

    informel que la prsente recherche sest propose de combler

    par la mise disposition de lensemble des acteurs, en

    particulier les dcideurs politiques, de donnes empiriques

    probantes au moment o, sous lgide de la Commission des

    Nations Unies pour lAfrique, certains pays cherchent donner

    un contenu plus oprationnel leurs plans stratgiques de mise

    en uvre de leurs politiques TIC. Les propositions et

    recommandations qui sont proposes devraient permettre de

    tenir dsormais compte de ce secteur qui de loin est celui par

    lequel les TIC joueront peut-tre leur rle de dveloppement

    dans les pays africains.

    2.2 Objectifs et hypothses de recherche

    Objectifs

    Lobjectif gnral de ce projet est de mieux comprendre les

    dynamiques actuelles du secteur informel des TIC et le rle

    conomique et social quil joue afin de recommander la mise en

    place de cadres rglementaires et ladoption de mesures

  • 42 Dynamiques et rles conomique et social du secteur

    informel des TIC en Afrique de lOuest et du Centre

    politiques propices au renforcement des capacits des acteurs

    qui y voluent et, le cas chant, leur passage des activits et

    des structures relevant du formel.

    De faon plus spcifique, le projet vise :

    - caractriser le secteur informel des TIC par lidentification plus prcise des acteurs et des activits

    dans lesquelles ils sont engags ;

    - analyser les dynamiques en cours afin didentifier le potentiel du secteur, les facteurs explicatifs de son

    dynamisme actuel, ses forces et faiblesses, mais aussi

    les opportunits et les menaces;

    - dterminer le rle social et conomique du secteur travers sa contribution la richesse nationale, la

    cration demplois et dactivits gnratrices de

    revenus, et limpulsion dautres secteurs nationaux et

    locaux ;

    - analyser les cadres rglementaires et les politiques existants afin de proposer les adaptations appropries et

    mettre la disposition des dcideurs politiques des

    donnes probantes destines la prise de mesures

    propices une meilleure exploitation du potentiel du

    secteur et au passage au formel de ses acteurs qui en ont

    le potentiel et les motivations.

    Questions de recherche

    Pour ce faire, nous essayons de formuler, ci-aprs, les questions

    et hypothses de recherche auxquelles la recherche contribue

    donner des lments de rponses sont les suivantes :

    La logique dans laquelle sinscrit notre recherche part de la

    reconnaissance de lexistence du secteur informel comme lun

    des fondamentaux des conomies de pays en dveloppement

  • Dynamiques et rles conomique et social du secteur

    informel des TIC en Afrique de lOuest et du Centre 43

    surtout celles qui relvent de crises ou continuent de les vivre.

    Ds lors, nous considrons ce secteur comme une ralit

    incontournable de la transition de nos conomies vers le statut

    dconomies mergentes, selon les vux et les discours

    dominants des dcideurs politiques. Malgr les politiques et

    tentatives de lradiquer dans certains pays, y compris par des

    mesures policires, le secteur reste toujours aussi vivace, voire

    dynamique et cratif, dans beaucoup de cas. Loption retenue

    dans notre recherche est celle de la valorisation du potentiel de

    ce secteur et de la cration des conditions rglementaires,

    institutionnelles et politiques qui peuvent favoriser le passage

    des activits et structures relevant du formel pour ses acteurs qui

    en ont le potentiel et les motivations.

    Bien que les thses de lconomie solidaire soient plus proches

    des ralits des pays couverts par notre tude, il serait peu

    pertinent de limiter les actions du secteur informel comme

    relevant uniquement et entirement de la survie face la crise.

    Pour le secteur informel des TIC qui sappuie sur des

    technologies modernes et valeur hautement ajoute pour

    certaines dentre elles, il serait plus judicieux de procder une

    caractrisation plus prcise de ses acteurs qui y voluent et de

    leurs activits.

    Ceci permettra de distinguer les activits qui relvent de

    stratgies de survie et celles qui rpondent dautres

    motivations et qui, pour certaines, relvent dun secteur

    moderne non encore tudi ou sont plus en transition en

    labsence de cadres et de politiques facilitant le passage des

    activits plus formelles. Les leons tires du projet financ par le

    CRDI sur linsertion des jeunes dans le march mergent des

    tls services au Sngal ont montr lexistence chez de jeunes

    diplms dun potentiel et dune volont dentreprendre de

    faon durable, mais quils nont pas accs des financements,

    des conseils stratgiques et un accompagnement en matire de

    formation dans le domaine du management et du marketing.

  • 44 Dynamiques et rles conomique et social du secteur

    informel des TIC en Afrique de lOuest et du Centre

    En passant en revue les diffrentes conceptions du secteur

    informel, il est loisible de constater quil ny a pas de consensus,

    et que les critres varient dune dfinition lautre. Pour les

    besoins de notre recherche, nous allons adopter celle propose

    par le Professeur Abdoulaye Niang de lUniversit Gaston

    Berger et qui nous parat la plus comprhensive : Le secteur

    informel est lensemble des activits de commerce, de

    production de biens, de services valeur marchande, de

    pratiques associatives dpargne et de crdit, de transfert et de

    distribution des ressources, toutes se menant une chelle plus

    ou moins rduite, qui chappe partiellement ou totalement la

    lgislation et/ou aux normes dominantes qui rgissent le champ

    des activits et des pratiques de mme catgorie (Niang, 1996)

    .

    En appliquant cette conception au secteur des TIC, nous voulons

    y inclure les activits dcrites ci-dessus et relatives aux

    technologies numriques combinant les tlcommunications,

    linformatique et laudiovisuel. Il est intressant de noter que

    laudiovisuelle numrique offre des opportunits de gnration

    de revenus et demplois des personnels de plus en plus

    qualifis, notamment dans la production de documentaires.

    Remarque : Il est toutefois ncessaire de noter que nous

    excluons de notre champ de recherches les activits portant sur

    des biens ou services illicites mme si nous nignorons pas leur

    importance. Il sagit notamment des ventes de supports

    audiovisuels dont les contenus sont pirats, la vente de logiciels

    pirats, etc.

    La question principale de recherche que nous posons alors est la

    suivante :

    Dans des conomies nationales o la part des TIC continue de

    crotre, quels sont les caractristiques essentielles et le rle

    conomique et social du secteur informel des TIC ?

  • Dynamiques et rles conomique et social du secteur

    informel des TIC en Afrique de lOuest et du Centre 45

    Les questions spcifiques peuvent tre formules comme suit :

    Caractrisation du secteur informel des TIC

    - Que recouvre le secteur informel des TIC ? Quels sont les acteurs qui y voluent? Quelles sont les activits qui

    y ont cours ? Sous quelles formes sont-elles exerces

    (entrepreneur individuel ou entreprise)?

    - Quelles sont les raisons qui expliquent lexpansion et le dynamisme du secteur ?

    - Quel est le potentiel dinnovation du secteur ? Existe-t-il des innovations susceptibles de favoriser le passage

    dactivits informelles vers le secteur formel ?

    - Quelles sont les relations avec le secteur formel : complmentarit ou concurrence ?

    Rle social et conomique

    - Quelle est la vision des acteurs quant lavenir de leurs activits ?

    - Quels rapports entretiennent-ils en tant quentrepreneurs avec leur environnement (institutions financires,

    fournisseurs, clients, autres acteurs du secteur informel

    ou formel)

    - Quelle est la part relle du secteur dans la cration de la richesse nationale, demplois ou dactivits gnratrices

    de revenus au profit de certaines catgories de la

    population ? Cadre rglementaire et politique

    - Quel est le rapport au formel (vision des acteurs) et aux impts ?

    - Quelle est la place actuelle du secteur informel dans les politiques et stratgies TIC adoptes par les pays ?

    - Quelles sont les mesures et/ou les politiques appropries dencadrement et daccompagnement de ses

    acteurs qui veulent accrotre leurs activits et passer au

    formel le cas chant ?

  • 46 Dynamiques et rles conomique et social du secteur

    informel des TIC en Afrique de lOuest et du Centre

    Les hypothses que nous cherchons vrifier travers cette

    recherche sont ainsi formules :

    - dans des conomies nationales o la part des TIC crot de faon continue, le secteur informel y joue un rle

    dynamique et contribue au dveloppement conomique

    et social ;

    - lexistence dun cadre rglementaire et ladoption de mesures politiques appropries permettent de valoriser

    le potentiel dont recle le secteur informel des TIC et

    favoriser le passage de ses acteurs des activits et

    structures dentrepreneuriat formelles.

    2.3 Cadre thorique et mthodologie de recherche

    Fondements thoriques

    La littrature consacre lconomie informelle a connu une

    volution rapide. En effet, depuis les annes 50, on est tour

    tour pass des thories de la marginalisation du secteur informel

    aux thories le valorisant. Quatre courants peuvent ainsi tre

    identifis: les libraux, les marxistes, la thorie volutionniste et

    la thorie de lconomie solidaire.

    Les libraux vont dabord adopter une approche positive du

    secteur informel en le mettant en rapport avec les travaux de

    TODARO (1969) qui traitaient des problmes lis au chmage

    urbain et la question de lexode rural. Sous cet angle, ils

    considrent ce secteur comme une soupape de rechange qui

    permet lindividu (venant des zones rurales) ne disposant de

    suffisamment de moyens ni financiers, ni humains de pouvoir

    sinsrer dans la sphre productive par cette porte quest le

    secteur informel et dont les barrires lentre sont quasi-

    inexistantes.

    Par la suite pourtant, leur conception du secteur informel va

    voluer. Tout en le considrant comme un potentiel de

  • Dynamiques et rles conomique et social du secteur

    informel des TIC en Afrique de lOuest et du Centre 47

    production, les questions sur son devenir sont celles qui

    retiennent lattention. Pour certains, ce secteur devrait voluer

    vers une formalisation tant donn son potentiel et sa flexibilit.

    Sa persistance dans les annes 80 va amener certains auteurs

    accuser les Etats dtre les responsables de cette informalit des

    micro-entreprises. Est de ceux-l DE SOTO (1987). Pour ce

    dernier, ces micro-entreprises ne se formalisent pas cause des

    nombreuses contraintes lies ladministration au nombre

    desquelles on peut citer, la lourdeur administrative, la

    corruption, les frais de formalisation, la pression fiscale, etc.

    Plusieurs reformes ont t prises depuis par les diffrents Etats

    sans pour autant que la tendance de cration des entreprises

    informelles ne change. Elle se serait dailleurs renforce. Par

    ailleurs, les tudes visant vrifier leffet de la pression fiscale

    et des autres charges administratives sur les dterminants de la

    formalisation ne confirment pas cette vision. En effet, selon

    lOCDE (2001), la fiscalit comme contrainte la formalisation

    napparait au mieux quau troisime rang des contraintes, les

    autres tant lis labsence de financement, aux besoins

    dencadrement, autrement dit, il faudrait plutt mieux que

    moins dEtat. Dans cet ordre dide, les travaux de Kabor

    (2005) portant sur les dterminants de la formalisation montrent

    que la pression fiscale nest pas une variable dterminante dans

    llan de formalisation de nos jours. En effet, toutes les

    entreprises ou presque font face dune manire ou dune autre

    des charges (taxes, patentes, contribution du secteur informel,

    etc).

    Ce renforcement du secteur informel au fil des annes va

    amener certains auteurs sinterroger sur la vritable raison de

    cette progression malgr la rpression des autorits fiscales dans

    les annes 90 (cas de la Tunisie par exemple) Gauthier (2001).

    Cest au sein des nouveaux dveloppements des thories de la

    firme quon va trouver les lments de rponse tendant

    montrer que ce renforcement sexplique surtout par les contextes

    dans lequel ces micro-entreprises voluent, lerreur de base de

  • 48 Dynamiques et rles conomique et social du secteur

    informel des TIC en Afrique de lOuest et du Centre

    lanalyse librale selon ces auteurs tant de considrer une

    rationalit substantive comme fondement de leurs analyses

    plutt quune rationalit procdurale ou rationalit limite.

    Emprunte la thorie volutionniste, la rationalit procdurale

    prvoit des ajustements dans le comportement des agents

    conomiques en fonction des informations disponibles et de

    lvolution de leur environnement. Dans la thorie classique, la

    firme est perue comme un ensemble statique dont la trajectoire,

    parce qutablie partir dinformations quasi parfaites, est

    parfaitement dfinie et finie. Par contre dans la thorie

    volutionniste, lentreprise (assimile lentrepreneur), est un

    organisme dynamique qui gre de linformation imparfaite. La

    firme dans cette thorie se rvle ainsi diffrente de la bote

    noire , digrant sans ''heurts'' linformation. Elle devient

    vritablement un lment cyberntique, Hernandez et al (2003),

    agenant de manire astucieuse les comptences

    organisationnelles la recherche dun profit, non

    ncessairement maximales, mais meilleures, Yildizoglu (2004).

    Dans cette optique les auteurs, Hannan et Freeman (1985) cits

    par Hernandez (1997), classent les entreprises en 3

    catgories selon les ambitions des entrepreneurs: les

    entrepreneurs traditionnels, ceux modernes et enfin les

    entrepreneurs futuristes. Cette classification "contraste" une fois

    de plus avec la thorie traditionnelle. Cette classification prend

    en compte le temps donc le contexte et lambition qui devrait

    guider les choix stratgiques desdites entreprises. Pour ces

    auteurs, lentrepreneur, tourn vers le pass, utilise la tradition

    comme moteur de son action ; ancr dans le prsent, il use de

    limitation comme moyen de suivre la mode ; ax vers le futur,

    il sappuie sur linnovation comme vecteur davantages

    stratgiques.

    Cette grille danalyse conduit pouser la conception de Copans

    (1996) pour qui lanalyse de lentreprise africaine doit tre

    contextualise. En effet, selon lui ; lentreprise africaine

  • Dynamiques et rles conomique et social du secteur

    informel des TIC en Afrique de lOuest et du Centre 49

    serait donc entirement soumise aux rapports sociaux ambiants.

    Cette recomposition complte, continue-t-il, produirait demble

    une perversit structurelle interdisant toute gestion "rationnelle",

    au sens classique du terme, de lespace entrepreneurial. Ainsi,

    poursuit-il, les interrogations portant sur la formalisation et

    laccumulation au sein du secteur informel conduisent tudier

    les petits entrepreneurs dans une perspective aussi bien

    conomique que sociologique. Dans cette optique, la thorie de

    lconomie sociale et solidaire qui prend pour point dancrage

    des activits dans le secteur informel les conditions de ncessit

    et la communaut de destin des acteurs rend compte des

    impratifs de ces activits.

    Abondant dans le mme sens, Copans (1995) soutient que

    lanalyse de lentreprise africaine doit tenir