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3:HIKLKJ=XUYUU\:?c@i@k@j@k; M 01093 - 2809 - F: 4,00 E Pag e 3 e 3 4 s N° 2809 65 e année Du 20 janvier au 2 février 2011 Paraît provisoirement les premier et troisième jeudis de chaque mois www.actionfrancaise.net TUNISIE : TUNISIE : PÉRIL ISLAMO-GA PÉRIL ISLAMO-GA UCHISTE UCHISTE p. 9 L’ACTION FRANÇAISE 2000 Ces régimes qui tombent NE MÉGOTONS PAS. Prenons vingt ans d'avance et que le Bon Dieu me patafiole si je médis. Une fois de plus, mais à présent en Tunisie, nous assistons à un opéra bouffe qui nous place devant un si gros mensonge qu'il est à peine pensable que cela en soit un. Depuis la mi-décembre en Tunisie on vient de nous rejouer, pour la énième fois, le caractère spontané du soulèvement popu- laire et démocratique, les victimes qui ne se comptent plus, le dictateur qui de fré- quentable est devenu méchant, la révolu- tion qui est au jasmin, formule inoffensive qui semble tout droit sortie d'une agence publicitaire. Rien de neuf en vérité. Un dic- tateur en place depuis vingt-trois ans, Ben Ali, vient d'être renversé en quelques heures par ses plus proches collaborateurs. On ne pouvait plus rien pour lui, même son vieux complice Bertrand Delanoé, originaire de Tunisie, même Dominique Strauss-Kahn, si élogieux pourtant en 2008. « Dos : partie du corps de vos amis que vous avez le privi- lège d'observer dans l'adversité. » Talley- rand qui s'y connaissait était plus bref : « Un régime qu'on soutient est un régime qui tombe ! » Le dictateur est parti et le moins que l'on puisse faire est de lâcher quelques symboles. Il n'y a donc plus de mi- nistère de la Communication et trois mi- nistres d'opposition entrent dans le nouveau gouvernement. Reste que six vieux amis de Ben Ali conservent l'Intérieur, les Finances, les Affaires étrangères, la Défense... C'est ce qui s'appelle de la nouveauté ! Comme ce genre de basculement politique n'est ja- mais le seul fait des autochtones - voyez la Roumanie de Ceaucescu en 1989 -, une fu- rieuse et persistante rumeur d'intervention étrangère à l'origine des émeutes se répand un peu plus chaque jour. Libération a pré- senté en une les chefs d'États arabes les plus menacés par l'effet contagieux du sou- lèvement, en se gardant d'y placer Moha- med VI. Il est vrai que Laurent Joffrin, di- recteur de la rédaction de ce journal, pos- sède un bien immobilier au Maroc... À quoi tiennent les choses ? Marc Savina « Tout ce qui est national est nôtre » L'ESSENTIEL ÉCONOMIE La Chine maître du jeu . . . . p. 2 POLITIQUE Après le congrès du FN . . . p. 4 SOCIÉTÉ Perspectives sociales . . . . . p.5 MONDE Présidence de l'UE : la tournante hongroise . . . . p. 7 Les moudjahidines d'Irak, assiégés à Achraf . . . . . . . . p. 8 ARTS & LETTRES Quand Maurras autopsiait l'amour romantique . . . . . . p. 10 HISTOIRE Clovis épouse Clotilde . . . p. 12 IDÉES Feu sur le culturalisme . . . p. 13 AFFAIRE ZEMMOUR 218 e anniversaire de la mort de Louis XVI Une sélection d'ouvrages . . . . . . . . .p. 11 & 16 La France bâillonnée

e e de la mort de Louis XVI La

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Page 1: e  e de la mort de Louis XVI La

3:HIKLKJ=XUYUU\:?c@i@k@j@k;M 01093 - 2809 - F: 4,00 E

PPaagge 3e 3

4 s y N° 2809 y 65e année y Du 20 janvier au 2 février 2011 y Paraît provisoirement les premier et troisième jeudis de chaque mois y www.actionfrancaise.net

TUNISIE :TUNISIE : PÉRIL ISLAMO-GAPÉRIL ISLAMO-GAUCHISTEUCHISTE pp.. 99

L’ACTION FRANÇAISE2 0 0 0

Ces régimes qui tombentNE MÉGOTONS PAS. Prenons vingt ansd'avance et que le Bon Dieu me patafiole sije médis. Une fois de plus, mais à présenten Tunisie, nous assistons à un opéra bouffequi nous place devant un si gros mensongequ'il est à peine pensable que cela en soitun. Depuis la mi-décembre en Tunisie onvient de nous rejouer, pour la énième fois,le caractère spontané du soulèvement popu-laire et démocratique, les victimes qui nese comptent plus, le dictateur qui de fré-quentable est devenu méchant, la révolu-tion qui est au jasmin, formule inoffensive

qui semble tout droit sortie d'une agencepublicitaire. Rien de neuf en vérité. Un dic-tateur en place depuis vingt-trois ans, BenAli, vient d'être renversé en quelquesheures par ses plus proches collaborateurs.On ne pouvait plus rien pour lui, même sonvieux complice Bertrand Delanoé, originairede Tunisie, même Dominique Strauss-Kahn,si élogieux pourtant en 2008. « Dos : partiedu corps de vos amis que vous avez le privi-lège d'observer dans l'adversité. » Talley-rand qui s'y connaissait était plus bref :« Un régime qu'on soutient est un régimequi tombe ! » Le dictateur est parti et lemoins que l'on puisse faire est de lâcherquelques symboles. Il n'y a donc plus de mi-nistère de la Communication et trois mi-nistres d'opposition entrent dans le nouveau

gouvernement. Reste que six vieux amis deBen Ali conservent l'Intérieur, les Finances,les Affaires étrangères, la Défense... C'estce qui s'appelle de la nouveauté ! Commece genre de basculement politique n'est ja-mais le seul fait des autochtones - voyez laRoumanie de Ceaucescu en 1989 -, une fu-rieuse et persistante rumeur d'interventionétrangère à l'origine des émeutes se répandun peu plus chaque jour. Libération a pré-senté en une les chefs d'États arabes lesplus menacés par l'effet contagieux du sou-lèvement, en se gardant d'y placer Moha-med VI. Il est vrai que Laurent Joffrin, di-recteur de la rédaction de ce journal, pos-sède un bien immobilier au Maroc... À quoitiennent les choses ? q

Marc Savina

« Tout ce qui est

national est

nôtre »

L'ESSENTIEL

3 ÉCONOMIE

La Chine maître du jeu . . . . p. 2

3 POLITIQUE

Après le congrès du FN . . . p. 4

3 SOCIÉTÉ

Perspectives sociales . . . . . p.5

3 MONDE

Présidence de l'UE :

la tournante hongroise . . . . p. 7

Les moudjahidines d'Irak,

assiégés à Achraf . . . . . . . . p. 8

3 ARTS & LETTRES

Quand Maurras autopsiait

l'amour romantique . . . . . . p. 10

3 HISTOIRE

Clovis épouse Clotilde . . . p. 12

3 IDÉES

Feu sur le culturalisme . . . p. 13

AFFAIRE

ZEMMOUR

218e anniversaire de la mort de Louis XVI

Une sélection

d'ouvrages . . . . . . . . .p. 11 & 16

La France

bâillonnée

Page 2: e  e de la mort de Louis XVI La

z ÉCONOMIE

z 2 L’ACTION FRANÇAISE 2000 n° 2809 – Du 20 janvier au 2 février 2011

Directeur de 1965 à 2007 : Pierre Pujo (?)

Directeur de la publication : M.G. Pujo

Rédacteur en chef : Michel Fromentoux

Rédacteur graphiste : Grégoire Dubost

Politique française : Guillaume Chatizel, Jean-Philippe Chauvin,

Antoine Goursky, François Marcilhac,

Stéphane Piolenc, Marc Savina

Société :Stéphane Blanchonnet,

Jean-Pierre Dickès, Michel Fromentoux

Europe :

Charles-Henri Brignac,

Grégoire Dubost, Guy C. Menusier

International : Philippe Maine, Pascal Nari

Histoire :Michel Fromentoux, Yves Lenormand,

René Pillorget, Frédéric Winkler

Culture : Anne Bernet, Monique Beaumont,

Charles-Henri Brignac, Alain Waelkens

Chroniques : Jean-Baptiste Morvan

Combat des idées :Stéphane Blanchonnet, François Marcilhac

Abonnements, publicité, promotion : Monique Lainé

10 rue Croix-des-Petit10 rue Croix-des-Petits-Champs-Champs s

75001 Paris75001 Paris

Tél. : 01 40 39 92 06 - Fax : 01 40 26 31 63

wwwwww.actionfrancaise.net.actionfrancaise.net

[email protected]

[email protected]

[email protected]

ISSN 1166-3286

Dans la salle de marché desréserves chinoises, tourne,dit-on, un globe terrestre à

la mode de Coronelli où les océanssont de lapis-lazuli et les terresémergées d'or. Lui font face vingt-quatre postes de travail électro-niques. Qui voit le globe voitMammon, les Chinois adorent l'ar-gent. Nous sommes chez SAFE 1,State Administration of ForeignExchange. Les postes sont occu-pés par des super-gnomes, lacrème des jeunes mathématiciensde l'université.

La diversification en marcheC ' e s t s o u s l a h o u l e t t e d eMme Hu Xiaolian, qui fut vice-gou-verneur de la Banque populairede Chine (BPC) à quarante-septans, qu'a explosé l'accumulationdes réserves de change les plusformidables de l'empire célesteen dépassant les mille milliardsde dollars en 2006. À raison d'unmilliard de plus par jour, elles at-teindront bientôt trois trillionsde dollars 2 ! Mme Hu a retrouvéson poste de vice-gouverneur dela BPC et s'occupe aujourd'hui dediversification.En effet, 65 % des réserves cen-trales de Chine sont en dollarsaméricains, sous forme de bonsdu Trésor, titres d'agences et es-pèces. Les États-Unis consommentce que la Chine produit avec l'ar-gent que la Chine leur prête, prissur les bénéfices qu'elle engrangesur leur dos. Comme le dit La-wrence Summers, chef du Conseiléconomique national de BarackObama, les États-Unis et la Chinesont liés par une dissuasion fi-nancière dans le droit fil de la"destruction mutuelle assurée" quigouverna les relations russo-amé-ricaines de jadis. Mais si la Chinene peut se défaire de son encaissedollars au risque de tout perdre,elle peut manipuler la gestion deses bons en appui direct de sa di-plomatie, et elle ne s'en prive pas,au grand jour ou en sous-main parses fonds souverains.

Gens avisés, les dirigeants chinoischerchent à diminuer le risqueaméricain de deux façons : ils di-visent les encours, d'où leur in-tervention sur l'euro (26 % des ré-serves) dont nous allons parler,mais, surtout, ils veulent substi-tuer leur propre monnaie dans lesrèglements commerciaux avecl'étranger, une façon aussi de dif-férer sa réévaluation. Le com-merce chinois en Asie du Sud-Estest de plus en plus réglé en yuanset l'on a connaissance d'accordsde swap (échange financier) avecdes pays aussi divers que la Co-rée du Sud, la Malaisie, l'Argen-tine, la Biélorussie ou l'Indonesie.Qu Hongbin, chef économiste dela HSBC à Hong Kong, a déclarérécemment que 40 à 50 % du com-merce extérieur chinois serait ré-

glé en yuans en 2012. Quand despays (asiatiques) règleront leurséchanges hors-Chine en yuans, lamonnaie chinoise aura accédé austatut de devise internationale,prélude à celui, plus prestigieux,de sixième monnaie de réserveavec le franc suisse, le yen, lalivre sterling, l'euro et le dollaraméricain.

Au secours des PIGS

En attendant l'apothéose du "créa-tivisme idéologique", la SAFE vientsur l'euro en prenant des bons àrendement émis par les trésorsmalades européens, pour trois rai-sons : dans leur diversification desréserves de change, les Chinoismisent sur la continuation de lazone euro parce qu'ils ne voient

pas d'alternative et que les émis-sions des PIGS 3 sont garanties parl'Union européenne allemande,partenaire économique majeurdont la santé est liée à la leur ;le portefeuille de bons européensest un levier du même modèleque celui qu'ils utilisent contreles États-Unis, à la différence prèsque tout chantage à se défaire deces bons à vil prix affectera im-médiatement la BCE qui en dé-tient, mais aussi les systèmes ban-caires français et allemand quiont de fortes encaisses de bonspourris, entamant ce faisant leursratios prudentiels ; troisième rai-son, par la fenêtre monétaire, ilss'ouvrent le passage pour investirdans les fleurons européens et seprémunissent du protectionismeréclamé par les partis populaires.

L'Europe inféodée

Que peut refuser Madrid, qui vientde leur placer six milliards d'eu-ros au bon moment, à un géantindustriel chinois qui veut ache-ter des usines ou des banques ?L'Espagne pourra-t-elle taxer de-main un dumping chinois aprèsavoir signé 7 milliards d'euros decontrats export avec le vice-Pre-mier ministre Li Keqiang ? Et cen'est qu'un début, a dit celui-ciau roi. Que cela nous plaise ounon, les Chinois sont maîtres dujeu. Les effets sont d'évidence,les causes aussi, à commencer parun régime politique bien adaptéà la période de renaissance éco-nomique. Les cabinets ministé-riels forment leurs successeurs encontinu sur un agenda centennal.Un projet national de temps longexiste, qui convoque de grosmoyens et interdit les faux-fuyants et la démagogie. Malgrétout, ces réserves monstrueusesdevraient être dirigées aussi versla satisfaction des besoins essen-tiels des masses populaires sanspour autant alimenter l'inflationqui menace. C'est le vrai défi. n

Catoneo

1 Coffre-fort en anglais.2 Les réserves de change détenuesen Chine ont atteint fin décembrele montant de 2 847 milliards dedollars, a annoncé mardi la BPC(AFP, 11/01/2011). S'y ajoute 1,7trillion d'argent de circuit court,illégal mais mobilisable. Les réservesfrançaises totales sont de 182 mil-liards de dollars.3 Portugal, Irlande, Grèce et Es-pagne (Spain).

o RÉSERVES

Les Chinois maîtres du jeuDans le « désordre monétaire international » fustigé par Nicolas Sarkozy, Pékin esquisse son règne : alors que les États-Unis lui sont déjà liés, la Chine prend pied en Europe à la faveur de la crise des dettes souveraines.

AmbiguïtésémantiqueL'appel au "patriotisme écono-mique" n'est plus un tabou.Soulignant, le 6 janvier, le dé-clin des exportations fran-çaises, Pierre Lellouche avoulu y voir le motif d'un sur-saut en ce sens.

Les pourfendeurs du libre-échan-gisme doivent-ils s'en réjouir ?Loin s'en faut. Dans l'esprit du se-crétaire d'État en charge du com-merce extérieur, en effet, il n'estnullement question de pratiquer

un strict protectionnisme. « C'estbien sur ce terrain, celui de l'ex-port, que se joue la survie denotre modèle social, la place dela France dans le monde, son au-dience politique et géopoli-tique », a-t-il soutenu devant lesreprésentants de la Chambre decommerce et d'industrie de Paris(CCIP), risquant cette comparai-son historique : « Dans les an-nées 1960, pour faire exister laFrance dans le monde bipolaired'alors, le général de Gaulle avaitdonné la priorité à la constitu-tion d'une force de frappe indé-pendante, en même temps qu'àun grand programme de redres-sement économique. Mais en ce

début de XXIe siècle, la hiérar-chie des puissances se joue dé-sormais d'abord sur la conquêtedes parts de marché à l'étran-ger. » "Économique d'abord ?"

Berlin soumis aux aléas des marchés C'est, vraisemblablement, le slo-gan qui prévaut outre-Rhin, oùles pouvoirs publics semblentd'ailleurs s'accommoder sans tropbroncher de la mondialisation.Témoin, leur refus d'interférerdans le rachat d'Hochtief, le nu-méro 2 allemand du BTP, par sonconcurrent espagnol ACS. « Laprimauté laissée au jeu du mar-

ché est liée à la conviction par-tagée par de nombreux politi-ciens et éditorialistes de presseen Allemagne que la nation,championne des exportationsdonc très dépendante de marchésouverts dans le monde, ne peutpas en même temps dresser uneherse autour de ses frontièrespour empêcher qu'un groupe al-lemand passe sous pavillon étran-ger », commente notre confrèreJean-Philippe Lacour (Les Échos,04/01/2010). Ce pari sera-t-ilpayant ? Étant donné les pers-pectives démographiques se des-sinant outre-Rhin, on se demandesi beaucoup d'Allemands pourrontle vérifier. n G.D.

» ESPIONNAGE

Le dirigeant du fabricant alle-mand de satellites OHB Tech-nology n'apprécie pas ses voi-sins d'outre-Rhin, si l'on encroit des télégrammes améri-cains obtenus par Wikileaks,cités par le journal norvégienAftenposten : « S'épanchantabondamment sur son méprispour les Français, Smutny ex-plique que l'espionnage indus-triel français est tellementétendu que, dans leur tota-lité, les dégâts infligés àl'économie allemande sontplus importants que les dé-gâts provoqués par la Chineou la Russie. » « En France,l'espionnage industriel seraitune préoccupation nationale,selon les notes diplomatiquesqui évoquent formations etséminaires pour les entre-prises », rapportentLes Échos (05/01/2010).

» CACOPHONIE

La crise des dettes souve-raines européennes traverseune légère accalmie : le Por-tugal, l'Espagne et l'Italie ontéchappé à une nouvelle flam-bée des taux tandis qu'ilsémettaient leurs premièresobligations de l'année ; parailleurs, emboîtant le pas à laChine, le Japon a décidé d'in-vestir massivement pour sou-tenir la zone euro. La caco-phonie n'en continue pasmoins de régner au sein del'Union économique et moné-taire, où l'on polémique ou-vertement, par exemple, surl'évolution du fonds de stabili-sation financière. Dans cesconditions, comment les res-ponsables politiques pour-raient-ils apaiser durablementles marchés financiers ?

Les réserves de change de la Chine ont dépassé les mille milliards de dollars en 2006

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ÉDITORIAL z

L’ACTION FRANÇAISE 2000 n° 2809 – Du 20 janvier au 2 février 2011 3 z

z NOTRE SOUSCRIPTION POUR L'AF

Alors que la classe politiquefrançaise et les instanceseuropéennes n'ont pas de

mots assez durs pour flétrir le Pre-mier ministre hongrois, Viktor Or-ban, qui, au moment même oùson pays prend la présidence tour-nante de l'Union européenne, afait adopter une loi aussi stupidequ'effectivement liberticide pourla presse de son pays, en France,un procès honteux s'est déroulécontre le journaliste et essayisteÉric Zemmour, coupable, forcé-ment coupable... À Paris, pas be-soin, comme à Budapest, d'Auto-rité nationale des médias et descommunications (NMHH dans letexte) : la Licra, le Mrap, l'UEFJ,SOS Racisme et le procureur dela 17e chambre correctionnellesuffisent.

Deux poids, deux mesuresInutile de revenir sur les proposdu journaliste selon lesquels « laplupart des trafiquants sont noirset arabes, c'est comme ça, c'estun fait », ajoutant sur une autrechaîne, le même jour, que les em-ployeurs « ont le droit » de re-fuser des Arabes ou des Noirs.Comme l'a déclaré Ivan Rioufolvenu soutenir son collègue, c'estla tenue d'un tel procès qui esten soi « ahurissante ». On sait dureste que la justice s'est montréemoins zélée s'agissant d'Anne Lau-vergeon, la présidente d'Areva,amie du pouvoir sarkozyste, quiavait déclaré à l'automne 2009 :« À compétences égales, on choi-sira une femme ou quelqu'un ve-nant... d'autre chose qu'un mâleblanc pour être clair ! »Les associations communauta-ristes, véritables états confédé-rés colonisant depuis de longuesdécennies un État complaisant,pour ne pas dire complice, sontaussitôt montées au créneau.Pour Patrick Klugman, avocat deSOS Racisme, Éric Zemmour a dé-fini « une population comme cri-minogène en raison de ses ori-gines », accusation fallacieuseque l'avocat du journaliste n'a paseu de mal à démonter en souli-gnant que celui-ci n'a « jamaisdit : "la plupart des Noirs et lesArabes sont des trafiquants" »,ce qui eût été, effectivement,assimiler une ethnie à un crime.Quant à la provocation au non-respect de la loi, s'agissant de la

discrimination, il a rappelé queZemmour n'a jamais incité qui-conque à violer la loi, mais s implement donné son avis sur celle-ci.Mais c'est bien connu : qui veutnoyer son chien l'accuse de larage. Et le procureur, comme lesparties "civiles", ont accablé Zem-mour, prétextant que sa notoriétél'obligeait à plus de neutralité. Legrand Léon Daudet aimait à rap-peler que la polémique est l'âmede la presse. Pour nos censeurs,un journaliste cathodique ou ra-diophonique doit être placé, dece fait même, en liberté surveillée– quand il ne s'y place pas lui-même : cela s'appelle l'autocen-sure. L'appel de la Licra à un pou-voir des juges en matière depresse est de ce point de vue ter-rifiant : « Elle ne demande pas,a déclaré son avocat, de fairetaire Éric Zemmour mais de rap-peler les limites de la liberté d'ex-pression et "les limites, c'est laloi". » La parole, aseptisée, doitconforter les puissants du moment– entendez les « groupes d'op-pression », comme les appelait leregretté Philippe Muray, qui ai-mait à dénoncer ces « cages aux

phobes » que forment ces harpiesde la bien-pensance cosmopoliteet mondialiste.Éric Zemmour sera condamné. Ilne peut en être autrement. Toutd'abord parce que le régime n'ajamais aimé les hommes libres -un siècle d'Action française le dé-montre suffisamment. Mais aussiet avant tout parce que la relaxed'Éric Zemmour signifierait le re-niement de quarante années de« tyrannie associative », dénon-cée naguère par le professeur dedroit Anne Le Pourhiet 1, qui lafait remonter à l'adoption de laloi Pleven en 1972. Car s'il estquestion de "dérapages", c'est bienquarante ans de dérapages légis-latifs qu'il s'agit de dénoncer - loiPleven de 1972, loi Gayssot de1990, créant des « délits d'opi-nion » (dixit Anne Le Pourhiet),loi Perben II puis création de laHalde en 2004 avec, notamment,la poursuite des propos préten-dument « homophobes ». Venue,en 2008, à l'Assemblée nationale,rappeler à l'ordre la représenta-tion nationale en matière de li-berté d'expression 2, Anne Le Pou-rhiet avait même évoqué un « to-talitarisme orwellien », déclarant

qu'en matière de lois mémoriellesnotamment - en 2005, plus de sixcents historiens avaient demandéleur abolition -, elle préférait àtout prendre une résolution ba-varde à une « loi scélérate ».

Milice de la pensée

Mais ces associations liberticides,véritable milice de la pensée qui,c'est un comble, vivent de grassessubventions publiques aux dépensd'un contribuable français...qu'elles bâillonnent chaque jourdavantage, pouvaient d'autantmoins lâcher prise qu'elles sen-tent bien le rejet croissant desFrançais à leur encontre. La lo-botomisation des esprits n'a pasentièrement réussi et nos com-patriotes, croyant de moins enmoins aux mensonges universa-listes inculqués au « pas de loi »(Muray), sont de plus en plus nom-breux à ne plus supporter la cen-sure qui leur est imposée. Il suf-fit de voir le soutien populaire aujournaliste persécuté. Vivrions-nous les dernières années deplomb ? En tout cas, la chape sefissure de partout. Nous taironspar charité le soutien d'une tren-

taine de députés sarkozystes audouble langage : ils n'iront pasjusqu'à proposer l'abolition deslois liberticides au nom des-quelles, précisément, Zemmourest poursuivi. Mais journaliste dedroite, celui-ci a reçu le soutiende nombreux journalistes, y com-pris de gauche, comme ÉlisabethLévy, ou du socialiste Jean-PierreChevènement, qui, dans un cour-rier adressé au tribunal, a dé-claré : « Sans doute M. Zemmoura-t-il, dans le feu de la discus-sion, utilisé une formulation ex-cessivement brutale mais il n'ahélas, pas dit une chose maté-riellement inexacte. »

Parole scientifique

De leur côté, des scientifiques deplus en plus nombreux, tels queJean-Paul Gourévitch, Michèle Tri-balat ou Hugues Lagrange, dontcertains transmettaient naguèreencore, en toute bonne foi, la vul-gate imposée, publient, en touteimpartialité, des résultats qui laremettent radicalement en cause,n'échappant à des poursuites qu'enraison du sérieux de leurs tra-vaux... lequel condamne ceux-làmême dont la conception de laliberté rejoint celle des hommesde la Terreur – « pas de libertépour les ennemis de la liberté ».Certainement ces derniers re-grettent-ils de ne pas pouvoir fairesubir à ces scientifiques le sortque la République, qui n'avait pasbesoin de savants, a fait subir àLavoisier – et qu'ils cherchent au-jourd'hui à imposer moralementà un polémiste de talent. Dans sa préface aux Mémoires deson aïeul Louis-Philippe, le dé-funt comte de Paris, citant Vic-tor Hugo (Louis-Philippe « ré-gnant, la presse a été libre, latribune a été libre, la conscienceet la parole ont été libres ») rap-pelait que la liberté, au sens mo-derne du mot, est un cadeau dela monarchie. M. Viktor Orbandonnera-t-il bientôt des leçonsde liberté d'expression à la ré-publique française ?

François Marcilhac

1 In Judiciarisation et discrimi-nation, 2007.2 Intervention mise en ligne sur leblogue du CRAF, le quotidien enligne de l'Action française, le lundi17 janvier dernier.

Affaire Zemmour :

La France bâillonnée

COMME vous avez pu le remar-quer, à partir de ce numéro, L'AFfait peau neuve dans sa pré-sentation de la première page ;un changement destiné à atti-rer l'attention sur le journal dans les étals des kiosques de presse.Depuis plusieurs numéros déjà,nous nous efforçons d'améliorerle journal. Nous avons étoffé sonéquipe de rédacteurs pour di-versifier ses collaborations et

ainsi commenter l'actualité po-litique, étrangère, économique,sociale et culturelle, toujoursdans l'optique du seul intérêt na-tional. Notre objectif : conju-guer dans la grande traditiond'Action française la pertinencede l'analyse et l'impertinence du ton.Comme aimait à le rappeler LéonDaudet, « il importe de prendreparti. Le centrisme est le refugedes craintifs et des neurasthé-

niques, poids inutiles de laterre : "Je vomis les tièdes", pa-role sublime ! »Aujourd'hui la métamorphose sepoursuit, avec un rajeunissementde la maquette. Aidez nous àcontinuer nos améliorations envous abonnant et en participantà notre souscription.L 'Action française prépare l 'avenir. Ne vous en privez pas. Lisez-là, commenter-là, citez-là ! n AF

L'Action Française 2000 fait peau neuve

Liste n° 18Virements réguliers : Jean-Michelde Love, 7,52 ; Raymond Sultra,17,78 ; M me Bel legarde, 20 ; Mme Marie-Magdeleine Godefroy,22,87 ; « Pour que vive l'Action fran-çaise », François Favre (trois mois),60 ; Jean -Pie r re Lamy, 30 ; Mme Tatiana de Prittwitz, 45,73 ;Louis Moret, 100 ;

Alain Huet, 20 ; M. & Mme Michel

Pupion, 50 ; Mme Ghislaine Plaire Donati, 30 ; Cercle de l'Œillet blanc, 150.Total de cette liste : 428,30 sListes précédentes : 19 228,33 s

Total : 19 653,63 s

3 Merci d'établir vos chèques àl'ordre de Mme Geneviève Castelluc-cio et de les lui envoyer à cetteadresse : L'Action Française 2000, 10 rue Croix-des-Petits-Champs, 75001 Paris.

Page 4: e  e de la mort de Louis XVI La

Il y a quelque quatre-vingt-dixans, à Tours, du 25 au 30 dé-cembre 1920, le XVIIIe congrès

de la SFIO voyait la scission endeux du mouvement socialiste :tandis que la minorité restait fi-dèle au socialisme de la IIe inter-nationale, la majorité, formant laSection française de l'Internatio-nale communiste, se mettait sousla coupe du parti soviétique.

Pas de scission

Aucune scission, en revanche, les14 et 15 janvier derniers, auXIVe congrès du Front national,qui se déroulait, lui aussi, à Tours,devenue la ville des congrès his-toriques. Car si le ouiquène der-nier la droite nationale, commejadis la SFIO, y a vécu un momentcrucial de son existence, décidantde son avenir, c'est, toutefois,dans une ambiance d'unité, et defête, que Marine Le Pen a été pro-clamée la nouvelle présidente duFront national avec 67,5 % desvoix, contre un peu plus de 32 %pour son concurrent, Bruno Goll-nisch. Seule ombre au tableau :le départ du vieux grognard Ro-ger Holeindre. Mais cela ne suf-fit pas à faire une scission, augrand dam des media officielscomme d'une certaine extrêmedroite qui se fussent semblable-ment délectés de voir le Frontfrappé par la désunion au momentde son relèvement, les premiersparce que nuire à la droite na-tionale fait en quelque sorte par-tie de leur "cahier des charges",la seconde parce qu'un Front surle chemin, sinon de la victoire,du moins d'une popularité sanscesse croissante, les dérange dansleurs habitudes confortablesd'éternels maudits de l'histoire.Bruno Gollnisch avait même dû,durant la campagne, se désolida-riser de certains soutiens dont lavulgarité répugnante le desser-vait. Avec de tels amis, plus be-soin d'ennemis...Pas de scission en vue, donc : dansun sursaut d'amour-propre, BrunoGollnisch s'est contenté de refu-ser la place de vice-président quelui proposait, depuis le début dela campagne, Marine Le Pen encas de victoire. C'est que BrunoGollnisch n'est ni Bruno Mégret,ni Carl Lang. Il sait que toute scis-sion est vouée à l'échec quand ellen'est pas portée par un fort mou-vement d'adhésion : elle seraitressentie comme un acte de tra-hison par l'immense majorité desmilitants, car elle briserait la dy-namique que l'élection de Marinea enclenchée. Du reste, nullementhumilié par un score plus qu'ho-norable, c'est debout que toute lasalle l'a applaudi pour son discours,dimanche matin, dans lequel il n'arien lâché - c'est normal - maisdont la grande dignité ne peut querenforcer l'image d'unité du mou-vement. « Personne, Marine, ne

contestera ta légitimité pour nousreprésenter à l'élection prési-dentielle », a-t-il déclaré. Dureste, le nombre important de"gollnischiens" élus au comité cen-tral par les adhérents – 42 sur 100 –préserve la forte influence de ce-lui qu'on présente comme le ga-rant des valeurs historiques du FN.

De Clovis à Napoléon

Avec la victoire, Marine Le Pen estdésormais investie d'une lourderesponsabilité historique. Elle ensemble consciente, comme en té-moigne son discours, dimancheaprès-midi, où, insistant sur le rôlehistorique de l'État, elle s'est ré-férée autant à la France de Clo-vis, d'Henri IV et de... Bonaparte(nous apprécions moins) qu'à laRépubl ique, montrant que,contrairement à l'UMPS, et à cequ'on lui a souvent reproché, ellene fait pas commencer l'histoirede notre pays à 1789, voire àValmy, même, si malheureuse-ment, elle reste indéfectiblementrépublicaine... Elle se place déjàdans la dynamique présidentielle,car loin d'être celui d'un simpledirigeant politique, elle a pro-noncé dès hier après-midi un dis-cours de femme d'État. Entendredans sa voiture, le soir sur FranceInter, le socialiste Moscovicin'avoir pour seule perspective en2012 que le rassemblement de lagauche autour de DSK montraitl'abîme existant entre ces deuxambitions pour la France.

Marine Le Pen devra maîtriser savictoire, c'est-à-dire, avant tout,se méfier d'elle-même, savoir par-tager les responsabilités et, pourcommencer, adopter la maximede Louis XI accédant au trône :le roi de France ne se rappellepas les offenses faites au dauphin,ce qui suppose une grande forcede caractère. D'un point de vuestrictement politique, l'électionde Bruno Gollnisch eût été uneerreur historique, même si,comme il l'avait déclaré, il avaitlaissé la place à Marine Le Penpour la présidentielle. Les mili-tants ne l'ont pas commise, avanttout parce que la personnalité deMarine Le Pen a déjà élargi la basemilitante du Front national. Mais,surtout, les enjeux politiques ontbesoin de clarté. Non seulementles militants, mais les Françaispourront continuer d'identifierle Front avec une personnalitéunique, forte, médiatique - hierJean-Marie Le Pen, aujourd'huiMarine Le Pen, qui sera tout saufle clone de son père. Être devenue la chou-chou desmedia, d'aucuns lui en ont fait lereproche, y voyant la preuvequ'elle avait trahi les idéaux duFront. Il est vrai que, par la dé-diabolisation du parti qu'elle a en-gagée, elle peut donner l'impres-sion d'abandonner, notamment surles questions de société, desconvictions que partagent tous lesFrançais attachés aux valeurs denotre civilisation. Mais fait-elleautre chose que de prendre en

considération avec lucidité la so-ciété française quand elle refusela perspective d'une abolition pureet simple de la loi Veil, malheu-reusement impossible en l'état desmentalités de nos contemporains,comme était impossible, aux pre-miers temps du christianisme,l'abolition des jeux sanglants ducirque ? Elle doit évidemment nepas passer de la lucidité à la com-plaisance. De même, son refus del'obsession homophobe, qui tra-verse certains courants extré-mistes, ne doit pas se traduire parune autre complaisance, enversde nouvelles et fausses formes defamille dont les premières vic-times seraient les enfants. Dureste, en dépit du matraquagemédiatique, les Français ne voientni dans le mariage de personnesde même sexe ni dans l'adoptionpar des "couples" homosexuels despriorités ! Ils ont bien d'autres su-jets de préoccupation.

L'effet Marine

Surtout, il faut prendre con-science que les media, outre qu'ilsont une logique propre, la re-cherche de l'audimat, qui sert"Marine" tout autant qu'elle a des-servi "Bruno", ne feront, le mo-ment venu, aucun cadeau à lapremière. Ils l'ont déjà montréen diabolisant de façon artificielleses propos sur l'occupation desrues par des militants islamistes,qui préfèrent laisser vide, le jourde la prière, la mosquée de Pa-

ris. Avec cynisme, les media es-saieront de se servir de l'"effet"Marine Le Pen tant qu'il leur sem-blera utile dans la perspective de2012 pour favoriser ceux des can-didats qu'ils auront choisis - Sar-kozy, DSK... À Marine, en retour,de savoir se servir d'eux ! Et demontrer que le Front sait ré-pondre aux véritables préoccu-pations des Français qui sontd'ordre économique et social, laquestion de l'immigration ou cellede l'insécurité leur étant liées,en grande partie.

L'exemple du MSI ?

Disant cela, nous pensons évi-demment à l'accusation d'évolu-tion à la "Fini" - l'ancien chef duMSI italien devenu centriste -, queméditerait Marine Le Pen. Elle apourtant toujours affirmé lecontraire, notamment à L'AF 2000(n° 2804) : « Je crois avoir ététrès claire sur la question d'unquelconque rapprochement avecl'UMP qui est inenvisageable. Monobjectif est de faire du Front na-tional un pôle de rassemblementà vocation majoritaire et non deservir de béquille à un gouver-nement UMP qui conduit une po-litique nocive et radicalementdifférente de celle que nous prô-nons. » Certes, la vie politiquejustifie tous les revirements. Tou-tefois, le croire possible, c'estmettre en doute, plus encore queson honnêteté intellectuelle, sonintelligence politique. Qu'unnombre toujours croissant de mi-litants du parti présidentiel sou-haite, si on en croit les sondages,des alliances avec un Front na-tional en poupe, révèle surtout letravail que le Front doit fournirà leur égard car, côté respon-sables, la création de La Droitepopulaire téléguidée de l'Élyséemontre seulement une volonté cy-nique de réitérer le coup de 2007auprès de l'électorat populaire.Jean-François Kahn nous sembleplus proche de la réalité lorsqu'ilconclut son article du dernier Ma-rianne : « L'UMP finira-t-elle parfaire alliance avec elle ? La ré-ponse est claire - et elle en ditlong : c'est elle, Marine Le Pen,qui refusera. »On peut évidemment se tromper.Mais rechercher à se fondre dansle moule de la droite classiquepour accéder au pouvoir au mo-ment où les valeurs de la démo-cratie libérale, polluées par lemondialisme, meurent chaquejour davantage dans le cœur d'unnombre croissant de nos compa-triotes, serait faire preuve d'aveu-glement politique. Rien ne per-met, pour l'heure, d'affirmer queMarine Le Pen commettra cettefaute historique. n

François Marcilhac

z POLITIQUE

z 4 L’ACTION FRANÇAISE 2000 n° 2809 – Du 20 janvier au 2 février 2011

o FRONT NATIONAL

Tours : d'un congrès l'autreLa droite nationale se trouve à la croisée des chemins. Portée à la tête du Front national, Marine Le Pendevra cultiver la lucidité sans verser dans la complaisance, retourner à son profit l'hostilité de nosconfrères, et se positionner intelligemment face aux partis de gouvernement.

JEAN-PIERRE LAMY

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Marine Le Pen, en route pour 2012...

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SOCIÉTÉ z

L’ACTION FRANÇAISE 2000 n° 2809 – Du 20 janvier au 2 février 2011 5 z

Pour le mouvement social,l'année 2010 s'est mieux ter-minée qu'elle n'avait com-

mencé, même si la bataille desretraites s'est conclue par unéchec. Mais quel échec ? Des mil-lions de Français dans la rue, unfront syndical apparemment res-soudé, voire relégitimé aux yeuxd'un grand nombre de Français,une opinion publique largementacquise, un gouvernement con-traint de renvoyer à plus tard sonprogramme de "réformes".

Une réforme repoussée

Ainsi, on n'ouvrira aucune négo-ciation avant la fin du quinquen-nat sur la réforme du marché dutravail, inspirée des exigencesbruxelloises et, disons-le tout net,c'est tant mieux pour les salariésprécaires et pour les chômeurs,menacés de statuts encore plusaléatoires. Le gouvernement vou-drait bien parler de l'emploi desjeunes, mais les syndicats, échau-dés par le CPE et autre CIP, n'ontaucune envie de répondre à l'ap-pel. Quant au Medef, la contes-tation y bat son plein contreMme Parisot et ses mentors sarko-zystes ; ce n'est pas le meilleurmoment pour engager de nouvellesgrandes manœuvres. De même, la contestation contrela réforme des retraites a dopéles revendications salariales dansles entreprises. On n'a jamais au-tant négocié sur les salaires quedepuis octobre et dans un grandnombre de cas avec succès. C'estvrai chez Bosch où les débrayagesde l'automne ont permis aux sa-lariés d'engranger une hausse desalaire près de deux fois supé-rieure à ce que prévoyait leur di-rection. Même chose chez Rho-dia, à l'issue là encore d'un conflittrès dur qui a mobilisé 80 % dupersonnel de production. La fer-meté paye également sur le plan

juridique contre les licenciementsboursiers et les "patrons voyous".Les conseils de prud'hommes etles tribunaux sanctionnent de plusen plus souvent des plans sociauxbâclés, rédigés au mépris de laloi ou inexistants. À Cherbourg,les salariés de Sanmina Francefont condamner le groupe yankeequi les employait pour licencie-ments abusifs et obtiennent lesindemnités minimales qu'ils ré-clamaient. À Bernay, c'est legroupe PPR qui perd en appelcontre ses anciens salariés à quiil devra payer des sommes allantde 10 000 à 116 000 euros. On es-père qu'il en sera de même pourles salariés de Molex qui se bat-tent toujours pour que leur an-cien employeur - encore un groupeaméricain voyou - paye leurs in-demnités légales de licenciement.Des Molex qui ne comptent que

sur eux-mêmes dans cette durebataille ; ils ont pu en effet me-surer la duplicité d'un gouverne-ment qui les a abreuvés de bonnesparoles mais qui n'a rien fait pourqu'ils obtiennent justice.

Face aux Américains

On ne se méfiera d'ailleurs jamaisassez des groupes étrangers qui,une nouvelle fois en décembre,sont à l'origine des plans sociauxles plus lourds. C'est pourquoi l'at-titude d'équipes CGT comme celledes Verreries du Languedoc, quinégocie pied à pied la reprise deson entreprise par le géant amé-ricain Owens-Illinois, entraîne uncertain regain de popularité dessyndicats auprès des Français. Se-lon un sondage TNS-Sofres, publiéfin novembre, 54 % de nos conci-toyens font « tout à fait ou plu-

tôt confiance » aux syndicats pourles défendre, soit une hausse de8 points en deux mois. L'amélio-ration de cette image est parti-culièrement forte chez les jeuneset les salariés du secteur privé.La CGT et la CFDT affirment dureste assister depuis septembre àun afflux d'adhésions en prove-nance de ces deux catégories.

Indépendance

Les organisations syndicales sau-ront-elles tirer partie d'un con-texte qui leur est manifestementfavorable ? Il le semble si on seplace du point de vue de l'unitéd'action. L'intersyndicale qui s'estconstituée au moment de la ba-taille des retraites a tenu le choc ;elle s'est même érigée en struc-ture permanente et s'appuie surune plate-forme de revendicationssolide. Sa ligne d'indépendancevis-à-vis des partis politiques, eten particulier du PS, est très bienperçue par un grand nombre desalariés, les confortant dans l'idéeque c'est au sein du mouvementsocial et non pas dans les thinktanks à la mode que la transfor-mation de la société peut se con-struire. Encore faut-il être ca-pable de passer de la revendica-tion à la proposition et c'est làque le bât blesse. On l'a bien vulors du conflit des retraites oùdeux lignes de propositions se sontaffrontées : celle de la CGT, in-transigeante, et celle de la CFDT,plus sensible aux sirènes social-libérales des petits maîtres de larue de Solférino. Le chantier que vient d'ouvrir l'in-tersyndicale pour mettre à joursa plate-forme de revendicationspermettra-t-il de dépasser ces op-positions et de faire naître des"cahiers de propositions" ? Cechantier peut-il également mar-quer des avancées en matière derecomposition syndicale ? La CGTet la FSU le souhaitent visiblementet entendent battre le fer tantqu'il est chaud. Elles ont lancé, le16 décembre dernier un appel à« un rassemblement plus durablepour construire et renforcer unsyndicalisme rénové de transfor-mation sociale, articulant lutteset propositions ». Sera-t-il en-tendu ? L'avenir le dira. n

Jean Darville

o SYNDICATS

Perspectives socialesLes syndicats ont commencé l'année forts d'une popularité confirmée. Leur unité se maintient, tandis qu'ils remportent quelques victoires locales.Reste à passer des revendications aux propositions.

DIMANCHE 23 JANVIER

Marche nationale pourle respect de la vie "Unis pour la défense de la Vie", tel estle mot d'ordre de la septième marchepour le respect de la Vie, à laquelle les organisateurs ont assigné quatreobjectifs fondamentaux.

o Un révei l des consc iences - Laconscience dont il s'agit ici, c'est au pre-mier chef la conscience morale, celle qui,propre à l'être humain, permet de distin-guer le bien du mal. [...] Pour nombre denos concitoyens le fait de donner la mortà un enfant qui n'est pas encore né est unacte sans connotation morale : ce n'estplus un mal en soi. Plus de trente annéesde cette pratique devenue légale, quasi-ment libre en fait et même soutenue parles pouvoirs publics, ont atteint tant de

personnes et tant de familles que la léga-lité est devenue légitimité. [...] Il y a uneautre acception du terme conscience quiest ici en jeu, c'est la faculté d'appréhen-der la réalité, de distinguer le vrai du fauxou de l'imaginaire, de voir les choses tellesqu'elles sont et non comme on voudraitqu'elles soient. Ainsi le terme "amas decellules" qualifiant l'embryon pour nier sonhumanité [...]

o La libération des femmes poussées oumême contraintes à l'avortement - Lesfaits sont là : pour nombre de femmes en-ceintes c'est un véritable étau dans lequelelles sont prises du fait des pressionsqu'elles subissent, de la part de leur en-tourage. [...] Et par dessus tout le Plan-ning Familial subventionné par l'État et lesautres collectivités territoriales, c'est àdire, à leur insu, par les contribuables.[...] Comment desserrer cet étau, com-ment briser ce tabou de l'avortement quidétruit plus de 220 000 vies humaines par

an ? [...] Tout d'abord cesser de financerceux qui poussent au crime sous couvertdu droit, alors que tout notre droit estdans son principe fondé sur le respect etla protection de la vie humaine. Cesserd'organiser l'endoctrinement des jeunes enmatière d'avortement. Soutenir financiè-rement les mouvements d'aide aux femmesenceintes en difficulté. Rétablir le délitde provocation à l'avortement et sanc-tionner les comportements constitutifs d'in-citation à l'avortement.

o Une véritable politique au service dela Vie et de la famille, impliquant un dé-veloppement sans précédent des aides àla maternité et des structures d'accueilpour les femmes enceintes en difficulté.

o Le remplacement des lois et règle-ments contraires à la vie humaine pardes dispositions favorisant l'accueil dela Vie et respectant la loi naturelle - C'estdonc pratiquement toute la législation is-

sue de la loi du 17 janvier 1975 relativeà l'interruption volontaire de la grossesse,qu'il s'agit de modifier.

S'appuyer sur la détresse supposée d'unefemme enceinte pour lui permettre defaire supprimer son enfant [...] relève del'inconscience. [...] Confier à des méde-cins [la tâche] de la supprimer, est réali-ser un renversement éthique qui n'a pasfini de bouleverser la médecine et se ré-percute aujourd'hui sur l'ensemble de labioéthique. [...] Ce sont des chaînes qu'ilfaut briser pour rendre libre. [...] Toutêtre humain a un droit inhérent à la vie,de sa conception à sa mort naturelle. Tantque notre législation n'appliquera pas cedroit et restera entachée de la pire desdiscriminations, les Marches pour la vie nes'arrêteront pas. n

3 Rassemblement le dimanche 23 janvier à14 h 30, place de la Rrépublique, Paris 10e ;http://enmarchepourlavie.fr

À Paris, en octobre dernier

» GABEGIE

À peine lancé, déjàsupprimé : le réseau social del'UMP n'aura pas fait long feu.Lancé il y a un an par XavierBertrand, alors secrétaire gé-néral du parti, pour consti-tuer un « réseau d'action ci-toyenne à la fois sur les planslocal et national » le site In-ternet "Créateurs de pos-sibles" va fermer boutique.1,2 millions d'euros auraientété perdus dans cette affaire.

» PRIVATISATION

En dépit des controverses sus-citées par la "privatisation desarmées", la Marine nationaleva s'appuyer sur un presta-taire externe pour organiserses entraînements. Le groupe-ment V.Navy-V.Ship, qui aremporté l'appel d'offreslancé à cet effet, lui fournira« au coup par coup » lesmoyens humains et matérielsnécessaires aux exercices. Cefaisant, la Royale espère éco-nomiser le potentiel des na-vires militaires.

» VIE CHÈRE

Dans les départementsd'outre-mer, « le redresse-ment économique se fait tou-jours attendre », annonçaientLes Échos le 7 janvier, tandisque le président de la Répu-blique se rendait aux Antilles.Selon le magazine Linéairescité par nos confrères, lesprix alimentaires de la grandedistribution martiniquaise se-raient 84 % plus élevés queceux observés en métropole.

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z MONDE

z 6 L’ACTION FRANÇAISE 2000 n° 2809 – Du 20 janvier au 2 février 2011

L'Europe malade de l'euroLE SOMMET EUROPÉEN qui s'esttenu à Bruxelles les 16 et 17décembre fut, comme les pré-cédents, consacré à la crise fi-nancière. Cette constance duproblème suffit à montrer quele mal est à la fois profond etdurable. Il paraît bien lointainle temps du rêve idyllique oùM. Trichet déclamait ingénu-ment que le Fonds monétaireinternational (FMI) n'aurait pasà intervenir en Europe car lespays de l'Union européenneétaient à l'abri d'une crise dufait de l'euro. Aujourd'hui, lacrise, c'est l'euro, et le FMI estappelé à la rescousse.Avant le sommet, Mme Merkel,comme à l'accoutumé, a ex-posé sa stratégie au Bundestag.Elle a souligné que la monnaieunique profitait tout particuliè-rement à l'Allemagne. Donc ilfallait défendre l'euro. Notreprésident de la Républiquen'ayant, semble-t-il, sur cesquestions que les idées vaguesqu'il faut bien appeler l'igno-rance, a immédiatement ac-cepté la thèse du chancelier al-lemand. Dans le couple franco-allemand, c'est la femme quicommande.Et le Conseil européen depoursuivre dans la stratégie quiconsiste à essayer de remplirun tonneau sans fond. Le capi-tal de la Banque centrale euro-péenne (BCE) est pratiquementdoublé ; de 5,76 milliards d'eu-ros, il doit progressivementêtre porté à 10,76 milliards.Par ailleurs, un fonds perma-nent de secours pour résisteraux crises financières doit êtremis en place, ce qui nécessiteau passage une modification dutraité de Lisbonne. Ce fondsque Mme Lagarde, qui a déci-demment le sens de l'humourqualifie, « d'ajustement ma-jeur » a pour objet de rassurerles marchés sur la capacité derésistance de la zone euro.L'Antiquité avait connu le cultedes idoles. Cet acharnement àvouloir à tout prix défendrel'euro a quelque chose de pa-thétique ; les générations fu-tures auront sans doute du malà comprendre cette vénération

enfantine et idolâtre pour unsystème non seulement ineffi-cace mais malfaisant.Où est-elle la prospérité quinous était naguère promise parla zone euro ? L'austérité impo-sée par la crise accule la Grèceaux lisières de la guérilla ur-baine. Malgré trois plans de ri-gueur depuis 2008, et des se-cours financiers importants duFMI et de l'Union européenne,l'Irlande est enlisée dans un dé-ficit abyssal qui atteint 32 % deson PIB. Et l'agence Moody'svient de baisser de cinq cranssa note. Le Portugal est encrise. L'Espagne vend une par-tie de ses aéroports et sup-prime l'allocation de fin dedroit que touchaient 700 000personnes ; le chômage frappe20 % de la population active.Moody's vient de placer le payssous surveillance négative.L'Italie conjugue une croissancefaible (1 %) et une dette consi-dérable 1 900 milliards d'euros.Depuis le passage à l'euro, laFrance accuse une perte decompétitivité. L'investissementest poussif. La croissance se si-tuera aux alentours de 1,6 %.Mme Lagarde annonce une crois-sance de 2 % pour 2011 ; nonseulement elle a le sens del'humour, mais elle rêve.L'Europe de Bruxelles enfoncechaque jour davantage les paysde l'Union dans uns catastrophequi leur coûte cher aujourd'hui,et qui, dans peu de temps, leurcoûtera très cher. Bref, lespays européens sont placés àun carrefour décisif. Ou bienen finir avec l'Europe deBruxelles. Ou bien affronterdes révolutions. q

Alain BournazelSecrétaire général du Rassemblement

pour l'Indépendance de la France

3 Paru sur les Manants du Roi.

ITALIE

Démêlés juridiques du CavaliereQUAND le temps judiciaire rejoint le calen-drier politique : les juges de la Cour consti-tutionnelle italienne devaient initialementse prononcer le 14 décembre sur l'immunitéjudiciaire de Silvio Berlusconi, soit le jourmême du vote de censure finalement sur-monté de justesse par le président du Conseil.Une date jugée « politiquement inoppor-tune », mais ce n'était que partie remise. Unmois plus tard, le 13 janvier, les membres dela Cour constitutionnelle ont rendu leur sen-tence et, bien que marquée du sceau du com-promis, elle n'est guère rassurante pour Sil-vio Berlusconi.

Il s'agissait de déterminer si la loi adoptéel'an dernier par la majorité de droite, et quiprévoyait que le chef du gouvernement puissependant dix-huit mois ne pas déférer auxconvocations des procureurs milanais, étaitconforme à la constitution.

Le gouvernement fragilisé

Elle ne l'est que partiellement. La Cour consti-tutionnelle a estimé que la norme était ad-missible dans son principe, mais qu'elle nepouvait avoir un caractère automatique. Au-trement dit, Berlusconi devra justifier àchaque convocation d'un « empêchement lé-gitime » résultant de sa fonction pour refu-ser de se présenter au tribunal.Silvio Berlusconi a beau afficher une relativeassurance et rejeter l'idée d'élections antici-pées, la décision de la Cour suprême ne man-

quera pas de fragiliser la position du gouver-nement. D'autant que les juges, majoritaire-ment antiberlusconiens, entendent bien re-prendre leur "harcèlement". Si, jouant la montre, Berlusconi peut espé-rer bénéficier de la prescription dans des af-faires déjà anciennes, en revanche il ne doits'attendre à aucune mansuétude de la partdes procureurs les plus déterminés à s'empa-rer de dossiers en cours d'instruction, commecelui de la jeune "Ruby" qui défraie la chro-nique des mœurs.Dans cette passe difficile, la Ligue du Nords'affirme toujours plus comme la composanteindispensable de la coalition de droite et pré-tend être un "allié de fer" de Silvio Berlusconi.Déplorant « l'hostilité » de la Cour constitu-tionnelle, Umberto Bossi soutient que l'actiondu gouvernement ne s'en trouvera pas affec-tée. À vérifier dans un proche avenir. n G.C.M. Silvio Berlusconi

28 % des Français souhaite-raient en finir avec l'euro,selon un sondage Ifop réa-

lisé pour France Soir les 5 et 6 jan-vier. Bien que cette proportionsoit en recul par rapport à no-vembre, un tabou a manifeste-ment été brisé. Emmanuel Todds'en félicite : « L'acquis du der-nier trimestre de 2010, c'est qu'onest arrivé au bout de la croyanceen l'euro comme horizon spéci-fique pour l'Europe », a-t-il dé-claré, pariant sur la disparitionde la monnaie unique sous saforme actuelle d'ici la fin de l'an-née (Le Soir, 04/01/2010).

Deux opposants résignésSur la rive droite du souverai-nisme, Nicolas Dupont-Aignan s'endonne à cœur joie ; à gauche, enrevanche, Jean-Pierre Chevène-ment se montre timoré : « Je nepropose pas de sauter par le hu-blot », a-t-il expliqué (France In-ter, 06/01/2010). Rendant hom-mage à Philippe Séguin, HenriGuaino tient un discours similaire,soutenant que ce dernier « avaittout anticipé, tout prévu, et no-tamment qu'une fois que ce se-rait fait, il serait impossible derevenir en arrière » (Les Échos,06/01/2011). Selon le "conseillerspécial" de Nicolas Sarkozy, en ef-fet, « sortir de l'euro aurait uncoût colossal ». Allusion, peut-être, au renchérissement de ladette – libellée en euros – qui ré-sulterait de l'adoption d'une mon-naie dévaluée.Quoi qu'il en soit, selon la "vul-gate médiatique" dont le prési-dent de la République se fait icil'apôtre, « on ne peut avoir unemême monnaie et partager desstratégies économiques diffé-rentes », ni « parler convergenceéconomique sans convergence dessystèmes fiscaux » (Euractiv,13/01/2010). Outre les souverai-nistes, des libéraux contestentcette "surenchère européiste", telAlain Madelin, pour qui « de telles

propositions, si elles étaient sui-vies, conduiraient assurément àl'explosion et de l'euro et de l'Eu-rope ». « Il est chimérique d'ima-giner un budget fédéral européenorganisant des transferts finan-ciers massifs pour compenser lesdifférences de compétitivité »,proclame l'ancien ministre de l'É-conomie. « Tout comme il estchimérique de vouloir forcer lasolidarité par l'émission d'obliga-tions européennes communes. »Quant au projet d'harmoniser lespolitiques fiscales et sociales « autravers d'un gouvernement éco-nomique », il se heurte, selon lui,« tant à l'exigence de souplesseet de concurrence de la zone euroqu'à la nécessité de faciliter lesajustements des différences na-tionales par des variations rela-tives de prix et des politiquesbudgétaires autonomes ».De son côté, le Premier ministrecultive l'ambiguïté, arguant de sonpassé eurosceptique pour légiti-mer son discours : « N'ayant pasvoté pour le traité de Maastricht,je crois [...] ne pas pouvoir êtresuspecté de dogmatisme en la ma-tière », a-t-il déclaré en présen-tant ses vœux à la presse. « Cette

crise n'est pas la crise de l'euro», a-t-il assuré, prenant le contre-pied d'Alain Bournazel (voir ci-contre). « C'est avant tout la crisede pays qui ont été affaiblis parla récession économique qui a ré-vélé et qui a amplifié les lacunesde leurs modèles de croissance. »François Fillon en viendra-t-il àfustiger l'État-providence ?

Flatter l'opinion

Pour l'heure, cet écho à la cam-pagne de Maastricht semble par-ticiper d'un positionnement plusgénéral de l'exécutif, soucieux,sans doute, de flatter une opi-nion publique critique à l'égarddu "machin européen", mais sou-mis, également, à la pression descirconstances, les périodes decrise soulignant, inévitablement,la faiblesse des mécanismes com-munautaires. « Si la volonté po-litique [...] est bien présente,"l'esprit européen" ne l'est tou-jours pas », déplorait récemmentnotre confrère Éric Le Boucher(Les Échos, 14/01/11). Sont-ilsseulement compatibles ? n

Grégoire Dubost

o CONTROVERSE

L'euro sur la selletteMalmenée par la crise des dettes souveraines, la monnaie unique suscite des prises de positions ambiguës, où s'entremêlent parfois les arguments chers à chacun des "camps" souverainistes et européiste.

Emmanuel Todd annonce la disparition de l'euro d'ici la fin de l'année

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Depuis le 1er janvier, la Hon-grie préside l'Union euro-péenne pour six mois. C'est

au Premier ministre conservateur,Viktor Orban qu'échoit, après laBelgique, la responsabilité decette mascarade. Depuis l'entréeen vigueur du traité de Lisbonne,la présidence du Conseil de l'UEse distingue de la présidence duConseil européen. Sorte de "su-per" conseil des ministres com-posé des ministres des Étatsmembres, la première fait l'objetd'une présidente tournante tousles six mois et dispose d'un réelpouvoir de décision conjointementexercé avec le Parlement euro-péen, tandis que la seconde, quiest assurée par un président élupour deux ans et demi (l'actuelétant le Belge Herman Van Rom-puy), est l'organe supérieur del'Union qui s'occupe d'impulser lapolitique européenne et prend lesdécisions majeures en matière demodification des traités, parexemple.

Démocrate,ma non troppo

Cette tournante institutionnellene manque pas de faire l'objetde critiques âpres, dès lors quel'État qui en prend la présidencen'a pas l'heur de plaire aux "eu-ropiomanes" de tous poils quiconstituent la galaxie commu-nautaire. C'est le cas de la Hon-grie dont certains plumitifs,comme l'inénarrable Jean Qua-tremer (bruxelles.blogs.libera-tion.fr), ont cru devoir dénoncerla « dérive autoritaire » à causede la récente loi hongroise surles médias qui musellerait cesderniers. C'est que la Démocratie dont nosdonneurs de leçons se gargarisenttant est à géométrie variable. Ilsse verraient réformer les institu-tions européennes dans un sensplus restrictif de façon à éviterque de vilains et sombres canards(surtout ceux en provenance despays de l'Est, derniers entrés dansce Babel-Oued européo-mondia-liste) ne viennent saper les fon-dements de leur club impotent.On rappellera que Viktor Orbantravaille à l'entrée de la Rouma-nie et de la Bulgarie dans l'es-pace Schengen. L'enjeu straté-gique est de déplacer le problèmedes Roms de ses frontières aus-trales vers ces pays et d'en favo-riser le règlement définitif parBruxelles. Évidemment, la Francecomme l'Allemagne ne le souhai-tent guère. Sur le plan de sa po-litique interne, la Hongrie a misen place un système de taxationde "crise" frappant les banqueset les filiales des grandes entre-prises européennes sises sur sonterritoire, ce qui écorne sévère-ment le credo libre-échangistedont la Commission est la gar-dienne jalouse.

Mais il y a plus. Nos grandesconsciences eurobéates craignentque le chef du gouvernement ma-gyar ne soit par trop sensible auxdouces sirènes du Jobbik (Mou-vement pour une meilleure Hon-grie), parti nationaliste qui a re-cueilli près de 17 % des voix lorsdes législatives d'avril dernier.Elles n'ont pourtant pas tort, maispas pour de bonnes raisons. Sielles redoutent une telle influence(qui aurait des répercussions surla présidence hongroise de l'Eu-rope), c'est précisément à causedu tropisme de ce parti pour unaxe sino-russe en matière de po-litique étrangère qui serait lependant de l'américano-atlan-tisme militant de nos élites eu-ropéennes. Orban ne semble pasdéfavorable à cette orientationqui heurte de front la politiqueétrangère de l'Union dont on seplaira, en passant, à soulignerqu'elle est littéralement sabordéepar la Britannique Catherine Ash-ton, (actuel Haut représentant del'Union aux Affaires étrangères)qui en fait une dépendance du

Foreign Office, c'est-à-dire unesuccursale de la Maison-Blanche.Mais le Jobbik pousse égalementà un rapprochement avec la Tur-quie, voire avec des pays cousinstels que le Kazakhstan, l'Azer-baïdjan, l'Ouzbékistan, le Kir-ghizstan ou le Turkménistan. Sil'entrée du géant ottoman au seinde l'Union est loin d'être écartéepar les oligarques bruxellois, forceest de constater que d'un pointde vue géostratégique, les États-Unis comme les pays d'Europe cen-trale et orientale (PECO) visentl'effondrement ou, à tout lemoins, l'affaiblissement de l'Unioneuropéenne par la mithridatisa-tion du virus islamique.

Une relève coûteuse

Tout est donc pour le mieux dansla maison Europe qui, décidément,prend l'eau de toute part et perdjour après jour son crédit auprèsdes peuples qui la rejettent sansparvenir, nonobstant, à se débar-rasser de ses zélateurs stipendiés(grassement). Demain, la Pologne,

hier, la Belgique qui avait elle-même succédé à l'Espagne, tousles six mois, l'Union européenneoffre aux peuples, qui n'en peu-vent mais, le tableau d'une relèveinstitutionnelle aussi coûteusequ'inutile, quand on sait que parle jeu des délégations, le Conseilaliène son pouvoir réglementaireentre les mains d'une Commission(présidée par l'apathique Barroso)toujours plus omnipotente.

Comitologie

Là où le Conseil pouvait apparaîtrecomme une pseudo vitrine repré-sentative des Etats souverains, lesystème de la "comitologie" (dé-légations par le Conseil à des co-mités divers secondant la Com-mission), largement validé par laCour de justice depuis 1970 et dé-sormais codifié par le traité deLisbonne, confie la fonction nor-mative à un organe supranationaltotalement irresponsable politi-quement et surpuissant juridi-quement. La preuve en est que laBelgique, depuis plus de six moissans gouvernement, a pu assumerla présidence nominale du Conseil.Un chien coiffé d'un bonnet auxcouleurs belges, aurait sans doutefait l'affaire. C'est dire que la Com-mission est fondamentalement lenoyau atomique de cette « Eu-rope sans les peuples » (selonl'heureuse formule de l'ancien dé-puté européen Georges Berthu)aux mains d'élites mondialiséesqui ne se conçoivent plus commeappartenant à des nations, maisbien à une hyper-classe "blingbling" mondiale, méprisant laFrance et les autres États souve-rains, perçus comme de ridiculesforteresses à annihiler. Aussi, est-il de salubrité publiqued'alerter incessamment nos conci-toyens de la vacuité d'une Europesans âme et ayant délibérémentopté pour une acculturation an-historique (notamment, en refu-sant de reconnaître ses racineschrétiennes), coupée, ab initio,des peuples censés lui donner sasubstance vitale. Nos anciens mo-narques, qui pratiquaient l'euro-péanité par le mariage, inscri-vaient ainsi le vieux continentdans une histoire de famille oùles disputes pouvaient s'avéreraussi orageuses (nos guerres fra-tricides en attestent) que furentétroites les affinités et les ami-tiés, voire les amours. Là et seu-lement là résidait l'âme, le prin-cipe spirituel d'une Europe, en-trée depuis en dormition. n

Aristide Leucate

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o UNION EUROPÉENNE

La tournante hongroiseDepuis le 1er janvier, et pour une durée de six mois, la Hongrie préside la plupart des réunions du Conseil des ministres de l'Union européenne. Avec quels enjeux ?

BELGIQUE

Bart De Weversur la selletteLES ÉDITORIALISTES belgess'arrachent les cheveux etmartyrisent leur plume. « Et si on commençait à né-gocier ? », s'interroge Véro-nique Lamquin dans Le Soir.Depuis le 3 septembre, lesnégociateurs censés consti-tuer les assises d'un gouver-nement ne se sont plus re-trouvés. Le conciliateur royal,le socialiste flamand JohanVande Lanotte, a déposé sesconclusions, mais démocrate-chrétiens et NVA ne l'ont passuivi. « J'abandonne », s'est-ilécrié, découragé. « On neconduit pas à l'abreuvoir uncheval qui ne veut pasboire. » Le roi a insisté. Voilàle conciliateur persuadé dedevenir palefrenier... Mais labête demeure rétive.À l'impuissance politique semêle la douleur intime. Lamère de Johan Vande Lanottevient de mourir. La classe po-litique a processionné autourde sa tombe. La NVA, le partide Bart De Wever, n'était pasreprésenté. Mais les libérauxflamands ne l'étaient pas nonplus. Et comme jadis les "kré-minologues" au temps del'Union soviétique, on supputela signification d'une présenceou non lors de telle ou tellemanifestation.Francis Van de Woestyne,dans La Libre Belgique, y vad'un éditorial fantasmago-rique intitulé « Sans lui... ».Le nom n'est pas cité tant ilest présent dans les esprits.« Il suffirait qu'il ne soit paslà pour que d'un coup, le cielse dégage. Oui, on en rêve. »Et l'éditorialiste d'imaginerqu'un jour les démocrates-chrétiens retrouveront leursesprits, poussés par les milieux patronaux et syndi-caux. Rêve qui n'est pas tota-lement absurde.Du côté des syndicats chré-tiens, on se cabre. Leur prési-dent Luc Cortebeeck fut prisd'un coup de sang lorsqu'il en-tendit Bart De Wever s'atta-quer à la Sécurité sociale etaux allocations de chômageau nom d'un régionalisme soi-disant plus performant.« C'est honteux », a-t-il réagidevant la télévision flamande.Même du côté de la Voka,l'association patronale fla-mande, peut-être pour la pre-mière fois, on relève une dis-tanciation mesurée et pru-dente à l'égard des coups debutoir de la NVA. L'attentionportée à la Belgique par lesmarchés financiers pourraitexpliquer ce pas de deux, quin'est pas pour autant un revi-rement. Peut-être, aprèstout, que même les flamandsont lu La Fontaine et se pren-nent à songer que « tant vala cruche à l'eau qu'à la finelle se casse ». q

Charles-Henri Brignac

L'ACTION FRANÇAISE 2000

Bulletin à retourner avec un chèque à l'ordre de la PRIEP à :L'Action Française 2000 10 rue Croix-des-Petits-Champs 75001 PARISCCP Paris 1 248 85 A

3 Civilité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .3 Prénom . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .3 Nom . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .3 Adresse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

3 Code postal . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .3 Commune . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .3 Téléphone. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .3 Courriel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Premier abonnement (un an)o France . . . . . . . . . . . . .80 so Étranger . . . . . . . . . . .140 sAbonnement ordinaireo Un an . . . . . . . . . . . .125 so Six mois . . . . . . . . . . . .70 sAbonnement de soutien o Un an . . . . . . . . . . . .150 sÉtudiants, chômeurs, ecclésiastiques o Un an . . . . . . . . . . . . .70 sOutre-mer (un an)o DOM . . . . . . . . . . . . .135 so TOM . . . . . . . . . . . . .165 sÉtranger (un an)o Europe . . . . . . . . . . . .165 so Autres pays . . . . . . . . .178 s

BULLETIN D'ABONNEMENT

Le bâtiment Justus Lipsius, siège du Conseil de l'UE, "personnalisé" par la Hongrie

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z MONDE

z 8 L’ACTION FRANÇAISE 2000 n° 2809 – Du 20 janvier au 2 février 2011

Ceux qui s'appellent eux-mêmes les Moudjahidinesdu peuple font figure à la

fois d'oubliés et de persécutés del'histoire. Sans qu'on puisse pourautant les exonérer d'un passé debruit et de fureur dans leur pays,l'Iran. Comme souvent, les ac-teurs deviennent tour à tour bour-reaux et victimes. Au fil des ans,et malgré les ambitions nourriespar le shah pour son peuple,l'écart se creusa. Les dérives etles excès de la Savak, redoutablepolice politique, conduisirent àla rupture. Les alliés du shah sedétournèrent du "mal" et choisi-rent le "pire".

Un islam marxiste

Dans le mouvement populaire quibalaya la monarchie, les moud-jahidines, avec Massoud Radjavi,jouèrent leur rôle. Cela au nomd'un islam paré, pour les besoinsde la "modernité", d'une étiquettemarxiste, faux nez qui n'abusa pasgrand monde. Mais ces révolu-tionnaires se virent contrés et dé-faits par les mollahs chiites deKhomeini. Ce fut pour eux unedescente aux enfers qui n'a tou-jours pas trouvé son épilogue.Dans une fuite en avant, et surles chemins de l'exil, le mouve-ment s'est retrouvé en Irak, pro-tégé par Saddam Hussein. À lamort de celui-ci, réfugiés dansleur camp d'Achraf à une centainede kilomètres de Bagdad, lesmoudjahidines furent la cible desAméricains avant de passer aveceux un accord de cessez-le-feu.Ils ont toujours été considérés parles grandes puissances comme unyoyo dans les relations nouéesavec l'Iran des mollahs. Massoud Radjavi a disparu de lascène sans que personne sache s'ilest encore en vie.. C'est sa femmeMaryam, réfugiée en France, quia repris le flambeau. Autour d'elleet de son beau-frère, médecin éta-bli depuis des lustres à Anvers-sur-Oise, s'est constituée une véri-

table société avec ses règles, sesrites et ses espoirs. Les annéesont passé. Une bonne partie deces exilés se sont parfaitement in-tégrés dans la société française,sans jamais oublier leur souhaitle plus cher : "l'an prochain à Té-héran". Ce qui, en dépit de de l'in-lassable répétition d'une littéra-ture abondamment répandue parleurs officines, ressemble à l'in-accessible étoile...Nous avons assisté à la cérémo-nie des vœux, imposante célé-bration autour de Maryam Rad-javi. C'est elle qui vient apporterdes nouvelles d'Achraf. Beaucoup,dans l'assistance, y ont des pa-

rents, des amis. Ce qu'elle rap-porte est tout récent, avive l'in-quiétude, affermit l'indignationet la détermination.

Factions irakiennes

Le pouvoir irakien est parcourude mouvements divers et contra-dictoire, entre sunnites, chiiteset kurdes. Le Premier ministre,le chiite Nouri al-Maliki, est de-venu le persécuteur d'Achraf, de-vant le président, le kurde JalalTalabani qui, les bras croisés, faitde la figuration. Le 7 janvier, illaissé se développer (à moins qu'ill'ait organisée) une attaque de

vaste ampleur dont des imagesont été montrées. Les assaillantsont utilisé des cocktails Molotovet des barres de fer. On compta176 blessés parmi les assiégés,certains grièvement atteints. Lesprincipal hôpital de la région arefusé de les admettre.

Ennemis de Dieu

Cette agression se produit au len-demain de la pendaison, fin dé-cembre, à la prison d'Evine à Té-héran, d'Ali Saremi, un homme ar-rêté pour avoir rendu visite à sonfils à Achraf, ce qui lui a valu l'ana-thème de "moharebeh" (ennemide Dieu). Deux autres Iraniens,Jafar Kazemi et Mohamed Ali HadjAfgai, se trouvent en attente dumême sort pour des raisons simi-laires. Il y a quelques mois, c'estun monarchiste qui avait été exé-cuté. Le pouvoir iranien tue. Etle pouvoir irakien, ou certainesde ses factions, s'en montrentcomplices. Depuis un an, le campd'Achraf est entouré de centquatre-vingts hauts-parleurs.Ceux-ci déversent nuit et jour desvociférations infligeant une tor-ture continue aux habitants. Danstout cela, une nouvelle est venueéclaircir l'horizon. Par décision ju-diciaire, il leur a été reconnu ledroit à bénéficier de la protectionprévue par la convention de Ge-nève relative aux populations ci-viles en temps de guerre.Au-delà des analyses critiques etdes réserves que peuvent susci-ter les moudjahidines, la situa-tion et le sort qui leur est faitsont à prendre en compte. Il n'estpas indifférent que cinq millemaires de France, toutes ten-dances confondues, viennent designer un appel à une protectioninternationale et pressent les Na-tions Unies d'installer des obser-vateurs. Des observateurs pourremplacer les hauts-parleurs : quine pourrait souscrire ? n

Charles-Henri Brignac

o MOUDJAHIDINES

Les assiégés d'AchrafOpposés à la monarchie iranienne mais défaits par les mollahs, les moudjahidines se sont réfugiés en Irak, où leur camp est aujourd'hui assiégé. En France, leurs représentants se mobilisent.

Le Trésor de l'ActionfrançaiseSous la direction

de Pierre Pujo,

avec Sarah Blanchonnet,Stéphane Blanchonnet, Grégoire Dubost, Michel Fromentoux, Vincent Galliere, Pierre Lafarge, Aristide Leucate, Alain Raison, Francis Venant.

Depuis qu'elle a été fondéeen 1899, l'école d'Actionfrançaise a produit unnombre considérable d'ou-vrages de critique historique,politique, littéraire, qui, en-semble, constituent un tré-sor. Ils contiennent une abon-dante matière de réflexionsqui permettent de com-prendre non seulement l'his-toire du XXe siècle mais aussiles événements que nous vi-vons aujourd'hui.

Trente et un de ces ouvragesont été sélectionnés pourfaire l'objet d'articles publiésdans L'Action Française 2000en 2004 et 2005. Tel quel, cerecueil d'articles permet decomprendre l'originalité de lapensée politique de l'Actionfrançaise dont les années ontconfirmé la solidité.À travers les études publiées,le lecteur se familiariseraavec la pensée de JacquesBainville, Augustin Cochin,Léon Daudet, Pierre Gaxotte,Pierre Lasserre, Charles Maur-ras, Léon de Montesquiou,Maurice Pujo, le marquis deRoux, Henri Vaugeois.

3 Éditions de l’Âge d’homme, 138 p., 20 euros. Disponible ànos bureaux : 22,11 euros franco(chèque à l’ordre de la PRIEP).

AFGHANISTAN

La France en guerreLa France pleure un nouveau soldattombé en Afghanistan.

TOUS LES JOURS, des Français risquent leurvie en Afghanistan. Jeudi dernier, l'état-ma-jor des armées a rendu compte de l'opérationStorm Rumbling Puebla, déclenchée le 7 jan-vier dans le sud de la vallée de Tagab, avecl'objectif de saisir des armes et des munitionsdans le village de Mirkhel. L'infiltration démarre à la tombée de la nuit,où les soldats franchissent les murets et sefaufilent dans les ruelles grâce à leur inten-sificateur de lumière. Une fois le périmètresécurisé, ils entament les fouilles, qui vonts'enchaîner deux jours durant, tandis que lesdémineurs arpentent le terrain à l'affut des

engins explosifs improvisés (IED). Une mi-trailleuse, deux fusils d'assaut, un lance-ro-quette, plus de 230 munitions, dont des obusde mortier et des roquettes, et 20 kilos dematière explosive seront saisis.

Le menace permanente des engins explosifs improvisésLe lendemain, plus au sud, les responsablesdes actions civilo-militaires rencontrent desnotables afghans à l'occasion d'une shura. Lesinsurgés qui tentent une attaque sont re-poussés. Mais à la fin de la journée, alorsqu'il participe au dépannage d'un véhicule,un mécanicien est gravement blessé par l'ex-plosion d'un IED. Le caporal-chef Hervé Gui-naud, du régiment d'infanterie chars de ma-rine (RICM) de Poitiers, succombera peu après.Âgé de quarante-deux ans, il était marié etpère d'un enfant.

Alain Juppé lui a rendu hommage en cestermes : « Hervé Guinaud, [...] vous aviez àcœur de partager [votre compétence] avectous vos camarades, des plus jeunes aux plusaguerris. Si vous avez été choisi pour partiren Afghanistan, c'est que vous étiez un sol-dat d'exception, c'est parce que votre enga-gement était total. Engagement au servicede la France, de ses valeurs de liberté, desolidarité et de respect des droits de l'homme.[...] Là-bas, en Kapisa, vous incarniez les plusbelles valeurs de nos armées : la détermina-tion sans faille, l'esprit de sacrifice et la va-leur au combat qui font l'honneur du soldatfrançais. [...] Je suis venu dire à vos prochesque la nation toute entière s'incline devantvotre mémoire, je suis venu leur exprimernotre compassion et notre solidarité. » Enpareille circonstances, les considérations idéo-logiques passent au second plan ; aussi la voixdu ministre sera-t-elle aussi la nôtre. n G.D.

Le caporal-chef Hervé Guinauddécédé en Adfghanistan

Maryam Radjavi

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L’ACTION FRANÇAISE 2000 n° 2809 – Du 20 janvier au 2 février 2011 9 z

«La Tunisie s'éveille à ladémocratie », titrait di-manche dernier un

grand organe de presse. Doulou-reux réveil. Ce pays policé, or-ganisé, havre de paix, paradis destouristes et des investisseurs, oùil faisait bon vivre, où l'égalitéentre hommes et femmes étaitréelle, la classe moyenne pros-père et l'analphabétisme éradi-qué, où plus du quart du budgetétait consacré à l'éducation, estplongé depuis ce "réveil démo-cratique" dans le chaos et la vio-lence. On pille, on brûle, on tue.C'est la règle dans toutes les ré-volutions sanglantes.

Maîtriser le feu

Nous avons été informés, et sou-vent désinformés, en direct et pra-tiquement en permanence desévénements. Il est trop tôt pourtirer des leçons impartiales etfiables de ce changement brutalet, à vrai dire, inattendu : le dé-part précipité du président BenAli et la fin de son régime ont étéprovoqués en moins d'un mois.Avant le départ de M. Ben Ali, lesémeutes des derniers jours au-raient fait de vingt et un morts,selon les autorités, à une soixan-taine, selon les opposants radi-caux, le chiffre s'établissant sansdoute entre les deux en réalité.Depuis, des dizaines d'autres mortsse sont ajoutés à ce nombre, vic-times de règlements de compte,de violence gratuite, des incen-dies. Lundi matin, des touristes

suédois ayant été pris pour des"agents de Ben Ali" ont été ta-bassés dans les rues de Tunis, lacapitale, et sauvés à la dernièreminute par l'armée. Ils venaientdes montagnes tunisiennes et igno-raient même le changement durégime ! L'assaut donné au palaisprésidentiel de Carthage auraitfait des dizaines de victimes. Ilétait en cours ce lundi.On aura le temps pour analyserle bilan du régime instauré par leprésident Ben Ali, bilan largementpositif sur le plan économique,éducatif, social et culturel, la Tu-nisie étant devenue le pays pharede l'Afrique. Le système était au-toritaire, les oppositions radicales(communistes et islamistes) in-terdites et les autres marginali-sées mais guère inexistantes. Lesstructures syndicales étaient, etdemeurent, solides et encadrentune partie de la population.Au moment où nous écrivons celundi matin,17 janvier, le prési-dent du parlement assume, selonla constitution, la fonction du chefde l'État. Le Premier ministre sor-tant, homme intègre et irrépro-chable, semble-t-il, est en trainde négocier la formation d'un gou-vernement de transition englobantles principaux partis politiques etquelques personnalités respectées,pour organiser des élections lé-gislatives dans les délais légaux,deux mois, et la présidentielle,au plus tard dans six mois. La pe-tite armée tunisienne et sonhomme fort, le général Ammar,apprécient pour le moment ce pro-

cessus. On ne peut qu'en souhai-ter le succès afin que le feu soitmaîtrisé, que les pillages et lesviolences cessent, que la faminequi menace s'éloigne et que la vieredevienne normale. Quant au re-tour des touristes, principale ri-chesse du pays, et à la reprise del'activité économique, on verra.La normalisation, à l'inverse de ladestruction révolutionnaire, esttoujours un processus lent.

Dans le sillage de Carter

Les déclarations jubilatoires duprésident Obama pour appuyerles "révolutionnaires" étaient in-décentes. Une fois de plus, sonadministration rappelle celle dutristement célèbre Jimmy Carter.La prudence et le silence de laFrance officielle, décriées cesderniers jours par une gauche sur-excitée et quelques "con-sciences"ne représentant qu'elles-mêmes,n'ont pas, en revanche, à être cri-tiquées. Le président Ben Ali aété un ami de la France, de Mit-terrand à Sarkozy, vingt-cinq milleFrançais résident dans son pays,sans oublier les dizaines de mil-liers de touristes qui s'y rendentchaque mois. Paris est le princi-pal partenaire économique de laTunisie, un rang que d'autres vou-draient bien lui ravir, et le fran-çais y a une place prépondérante.Dans ces conditions on agit avecresponsabilité. Mais certains pour-r a i e n t d é p l o r e r l e r e f u s d'accueillir le président Ben Alien France.

Le rôle des médias audiovisuelset de la majeure partie de lagrande presse a été, nous semble-t-il, déplorable. Dans le pays "dic-tatorial", "fermé" et "tenu par lapolice" qu'était la Tunisie de BenAli, la presse internationale, fran-çaise surtout, était distribuée etlue sans la moindre restriction.Tout le monde y regarde leschaînes de télévision françaiseset écoute les radios qui émettentà partir du territoire français. Cesmédias formatent et oriententl'opinion. Ont-ils été impartiaux,objectifs ou plutôt tenus parquelques gauchistes véhiculantdes clichés politiquement cor-rects ? La seconde hypothèse n'estmalheureusement pas à écarter.Si la Tunisie bascule dans le chaoset le fanatisme et d'autres paysarabes suivent, la "responsabilité"de ces irresponsables sera écra-sante. Comme à propos du Viet-nam ou de l'Iran. Et ils se tairontalors pour se faire oublier ! Telleest la triste réalité.

Funeste union du rouge et du noirLa coalition à peine occulte entrel'extrême gauche communiste,dont le chef réfugié à Paris et lesprincipaux activistes viennent derentrer à Tunis, et les islamistesradicaux, salafistes ou khomey-nistes, bien que non chi'ites, ré-fugiés à Londres avec leur leaderRachid Ghannouchi, qui com-mencent également à retournerau pays, est le principal dangerqui menace la Tunisie et la ré-gion. La fameuse et funeste uniondu rouge et du noir. Selon des in-formations de bonne source, cesont ces islamo-gauchistes, ougaucho-islamistes, comme onveut, qui mènent et encadrentles violences et les pillages. Labonne vieille méthode des ré-voltes subversives menées parces radicaux.La petite armée tunisienne saura-t-elle, pourra-t-elle réagir à tempssans faire basculer le pays dansun régime militaire ? Telle est laquestion qui se pose. Le péril se-rait la prise en main du pays parcette minorité active et agissante,alimentée de l'étranger. La Tuni-sie de Ben Ali, malgré ses pointsfaibles, ses abus et la corruptionprêtée – il faudrait une enquêteimpartiale mais rapide sur ce su-jet – au clan Trabahi, celui de laseconde épouse du président,était un pays fiable et un rem-part contre l'islamisme radical quimenace non seulement les paysd'islam mais l'Occident. Si la Tu-nisie bascule dans l'islamisme,c'est toute la région du pourtourméditerranéen qui sera directe-ment menacée. Une menace quine devrait pas être prise à la lé-gère. Tunisie, attention danger. n

Pascal Nari

o SUBVERSION

Péril islamo-gauchiste sur la TunisieMalgré le départ du président Ben Ali, l'issue de la "révolution de Jasmin" demeure incertaine. Les violences perdurent, et si la Tunisie basculait dans le chaos et le fanatisme, d'autres pays arabes pourraient suivre.

» ESPACE

À l'approche du 50e anniver-saire du premier vol spatialhabité, 2011 a été déclaréeannée de l'espace en Russiepar le président Medvedev,apprend-on via Courrier Inter-national (14/01/2010). Unchoix plus exaltant que celuiintervenu en France, où legouvernement a fait de lalutte contre la solitude la"grande cause nationale"de l'année.

» CHRÉTIENS

La sécurité des chrétiens duMoyen-Orient préoccupe leQuai d'Orsay. « L'antichristia-nisme est aussi intolérableque l'antisémitisme ou l'anti-islamisme », a déclaré Mi-chèle Alliot-Marie, pour qui« il est urgent d'agir ». Dansune lettre adressée à Cathe-rine Ashton, Haut Représen-tant de l'UE pour les Affairesétrangères et la Politique desécurité, co-signée par ses ho-mologues hongrois, italien etpolonais, le ministre a de-mandé que ce point soit ins-crit à l'ordre du jour de leurprochaine réunion, qui setiendra le 31 janvier àBruxelles. Tous les Européensne s'accorderaient pas sur laconduite à suivre, craignant,notamment, de stigmatiser lesÉtats musulmans ou d'appa-raitre comme les promoteursd'une nouvelle croisade(Bruxelles 2, 12/01/2010).

» CÔTE D'IVOIRE

« La France ne prendra pasl'initiative d'une interventionmilitaire » en Côte d'Ivoire, aprévenu le ministre de la Dé-fense, Alain Juppé. L'aide auxressortissants français et lesoutien à la mission de l'Onudemeurent les objectifs assi-gnés officiellement auxquelques 800 militaires de laforce Licorne stationnéeà Abidjan.

» FRANCOPHONIE

Réuni en session extraordi-naire le 12 janvier, le Conseilpermanent de la Francophoniea exigé que Laurent Gbagbotransfère immédiatement etpacifiquement le pouvoir enCôte d'Ivoire à son rival Alas-sane Ouattara. En outre, il adécidé la réintégration de laGuinée, suspendue depuis jan-vier 2009. Parallèlement, laBulgarie envisagerait de quit-ter l'Organisation au cas oùParis s'obstinerait à lui refuserl'entrée dans l'espace Schengen.

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Devant le ministère de l'intérieur

à Tunis le 14 janvier 2011

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z ARTS & LETTRES

z 10 L’ACTION FRANÇAISE 2000 n° 2809 – Du 20 janvier au 2 février 2011

Géorgiques enfantineset mémorialesOÙ NOUS ENTRAÎNENT les réflexions sur lalangue française ? Elles mêlent capricieu-sement les réminiscences attendries auxfantaisies comiques. Est-ce par une pré-disposition héréditaire et déjà lointaineaux pratiques agricoles et aux étudesd'agronomie ? Toute méditation sur le lan-gage me semble digne d'être dédiée à Cé-rès, « déesse des moissons, des poireauxet des potirons » (comme nous chantionsjadis) bien plutôt qu'à Minerve, plus loin-taine, hiératique et solennelle. Peut-être les lassitudes et les déceptionscausées par les films télévisés, "polars" ou"non polars", m'ont-elles ramené ces temps-ci sur les sentiers d'un langage bocager,avec des hypothèses douteuses, des hu-

meurs capricieuses et des visions resurgiesde l'enfance et de brumes mémoriales etpatoisantes : "veurder". En Basse-Bourgognece mot désignait encore la promenade fan-taisiste, l'errance hasardeuse et parfois co-quine. Pourquoi ces termes reviennent-ilsavec leur mine bizarre parmi les fantômesdu souvenir ? Il en est qui ne reparaissentjamais sans que je les entende avec lesvoix des parents, des aïeuls : gens parve-nus alors à l'âge qui est le mien présente-ment... "Veurder" reste pour mois vague-ment comique, mais nimbé d'une ombrede tristesse, de nostalgie peut-être... On ressent quelque irritation à retrouverdes mots dont on ignore maintenant lesens, mais dont on est sûr qu'ils ont si-gnifié quelque chose. On fait aux nymphesdu langage des querelles d'amoureux : unpeu réjoui, un peu fâché des incertitudesrémanentes. Ainsi je conserve avec unevigilance attentive des mots comme "go-

delureau", "paltoquet", "bombance" – etaussi "capilotade" qui a l'avantage de ri-mer au besoin avec "sérénade" et "bas-tonnade" qui me proposent un retour for-tuit au pays du vieil Arlequin, cet éternelcompagnon d'enfance... On contempleavec un secret plaisir les mystificationsapportées à un mot par le temps quipasse : "philosophe" signifiait déjà dans leMisanthrope de Molière quelque chosecomme "j'm'enfoutiste"...

Les magies des toponymes

Il y a des sens qui sont aussi inséparablesde leur faux sens que le voyageur anglaiset son ânesse Modestie... Et qui dira lesmagies des toponymes ? J'attends et j'es-père qu'un enfant d'Auxerre m'explique unjour l'origine de la rue Fécauderie et duquartier Chantepinot. Mais il me suffit quej'aie autrefois connu une rue Fécauderie,

un bonhomme en blouse bleue, jovial etmoustache, possesseur d'un charmant pe-tit cheval, dont le souvenir est lié pour moià celui d'un autre coursier, de la ferme deChaumeronde, en pays tonnerrois où nousrendions visite à de vieux amis. Capricedes noms... Si "Chantepinot" évoque unjoyeux buveur, célébrant le vin du cru,"Chaumeronde" désigne pour moi une cam-pagne splendide, un jour d'été... J'espèrene jamais manquer de clefs dans le trous-seau de la souvenance : si le mot "barque"me revient en mémoire, je revois le ba-teau d'un vieil ami pêcheur, un après-midisur la Cure. En des jours peu réconfortants,il nous faut des mots doués de la vertu desintercesseurs secrets. Et quels meilleursmessagers du mystère trouverais-je que cesmots à mi-voix prononcés : « Les chevauxde Jadis la barque d'Autrefois » ? n

Jean-Baptiste Morvan

LIVRE

Poèmesd'IndochineMAURICE JOURNET, ami d'Ac-tion française, est un poète.Comme il le dit lui-même, filsde Rome et de Saint-Augustin,militaire sur le front d'Indo-chine et d'Algérie, il n'en fal-lait pas plus pour que cetaventurier tombe amoureuxdu charme asiatique. Un paysqui n'est plus renaît le tempsd'un recueil comme un souve-nir qui vient frapper le re-gard. Ses poèmes chantent lecœur des hommes et desfemmes, d'une Indochine dis-parue. Ils sont écrits par unedouce plume qu'un ange pour-rait bien jalouser. Ces vers selisent agréablement, si bienque l'on ne voit pas le tempspasser. Un instant au début dulivre, un autre à la fin,comme si ces deux momentsn'étaient espacés que par unclignement d'œil ! Ces textesne sont pourtant pas si courts,mais la beauté et le plaisir ré-duisent le temps. Une fortetristesse paraît, qui semble lé-gère tant la forme l'adoucit.L'idée de rédemption vientfrapper le lecteur telle l'épéeflamboyante de l'archange Mi-chel. La constante volonté del'auteur à s'unir au Christ fe-rait pâlir d'envie Blaise Pascal.En plus d'un amour pour Jé-sus, Maurice Journet exprimeau fil des pages une tendressetout aussi remarquable. Unebien-aimée, clé de voûte decet œuvre, vient le hantertelle une muse portant en sesmains la lyre d'Orphée. Plusqu'un récit de poèmes, c'estune ode à sa jeune tonkinoise,peut-être forme métaphoriquede l'Indochine elle-même,dont le lecteur ne pourra querêver les traits. Le deuil de laTonkinoise est le récit d'uneJuliette sous la plume de sonRoméo. qKavan Herbin

3 Maurice Journet : Le Deuil dela Tonkinoise, éditions Bénévent,13,50 euros

Le bicentenaire de la nais-sance d'Alfred de Musset –l'auteur de Lorenzaccio et

de la Confession d'un enfant dusiècle est né le 11 décembre 1810–, n'a pas manqué de susciter, se-lon les lois de ce genre d'événe-ment, rééditions, colloques etbiographies (celle de GonzagueSaint Bris, parue en octobre, enest un exemple). À l'Action fran-çaise, où nous pouvons légitime-ment nous enorgueillir d'être à lafois une école de pensée, unmouvement politique et un cou-rant littéraire, nous avons uneraison toute particulière de nousy intéresser. En effet, l'un desplus importants ouvrages de cri-tique littéraire de Charles Maur-ras, Les Amants de Venise, a poursujet, le récit et l'analyse desamours vénitiennes de GeorgeSand et de Musset.

Sous l'influence du théâtreParu pour la première fois en 1902et fréquemment réédité depuis(la 11e édition, chez Flammarion,date de 1995), cet essai vigoureuxpasse à juste titre pour la piècemaîtresse de la critique maurras-sienne du romantisme. Sa com-position s'inspire du théâtre avecune première partie intitulée « LesPersonnages », clin d'œil aux di-dascalies initiales qui figurent danstoute pièce classique, et dont lafonction, conformément aux mo-dèles dont elle s'inspire, est denous présenter les trois protago-nistes (la belle Aurore et ses deuxamants, le poète et Pietro Pagello,le médecin de Venise) ; deuxautres parties, que l'on pourraitsans mal qualifier d'actes, portentle nom des deux principaux genresdu théâtre, « La Tragédie » et « LaComédie », et proposent la rela-tion minutieuse des faits et gestesdu trio amoureux avec une érudi-tion toute lansonienne ; une der-nière partie, enfin, baptisée « Vé-

rité et Poésie », tire la leçon mo-rale, philosophique et littérairedes événements.

L'intrigue

L'intrigue, Maurras la résume lui-même dans sa dernière partie :« Pas à pas et sans rien mar-chander de la complaisance et del'admiration que demande uneœuvre bien faite, nous avons suivile détail du mal que peut faireune femme. » Il nous montre eneffet comment George Sand, parla puissance de ses charmes, parses mensonges et par une formesupérieure de perversité, alliée à

une bonne conscience très rous-seauiste, sut imputer à Musset –et cela jusque dans l'esprit de cedernier –, la faute qu'elle-mêmeavait commise en trompant lejeune homme dans les bras dumédecin vénit ien. Maurrasn'épargne pas non plus le poète,dont le goût masochiste pour lasouffrance (qui s'exprime avec élo-quence dans ses Nuits : « Rienne nous rend plus grand qu'unegrande douleur... ») a facilité lamanœuvre de la troublante ba-ronne Dudevant. C'est ainsi queMaurras peut faire de ses deuxpersonnages principaux les sym-bo le s du romant i sme qu ' i l

condamne (sans toutefois rien ca-cher de ses séductions). LaConscience prêchée par l'auteurdes Confessions a remplacé la mo-rale traditionnelle, à la fois ob-jective et sociale, par une mo-rale nouvelle, anarchique et in-dividualiste, qui justifie toutes lesfautes aux yeux de celui – de celleen l'occurrence – qui les commet.Quant au goût morbide de la souf-france pour elle-même, Mussetoublie que ce qui fait le prix dela souffrance c'est la qualité dece pour quoi on l'endure. On nesaurait être martyr de soi-même !

Le style

Les Amants de Venise valent aussipar le style de Maurras quand ils'attache à décrire le cadre desamours de ses personnages : « Ve-nise et son ciel coloré de nuagesimperceptibles, son eau morte aufaible remous, un espace silen-cieux traversé seulement du volet du cri des ramiers, les barquesfunéraires, la majesté des édi-fices immobiles, à la rose lumièrede leur soleil d'hiver. » Un pas-sage qui fait nécessairement échochez le lecteur d'aujourd'hui àl'évocation cinématographique desmêmes lieux par Luchino Viscontidans son adaptation de La Mortà Venise de Thomas Mann. L'iro-nie maurrassienne laisse aussilongtemps son empreinte dansl'esprit du lecteur : « Quelle pageaurait ajoutée à Don Quichotteun Cervantès qui eût écouté ledébat des deux seigneurs Alfredet Pierre aux genoux de leur maî-tresse ! Ainsi serait fixée l'im-pression de pitié profonde qui semêle à ce comique supérieur. »La célébration du bicentenaireMusset et la lecture des Amantsde Venise nous rappellent oppor-tunément que Maurras fut aussiun grand écrivain. n

Stéphane Blanchonneta-rebours.fr

o BICENTENAIRE MUSSET

Maurras autopsiant l'amour romantiqueRedécouverte des Amants de Venise : un essai vigoureux qui passe à juste titre pour la pièce maîtresse de la critique du romantisme par Maurras. Et qui nous rappelle que ce dernier était aussi un grand écrivain.

Maurras fait de ses deux personnages principaux les symboles du romantisme qu'il condamne.

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Aujourd'hui regardée commeun fait divers, minime com-paré aux scandales à répé-

tition de la république, l'Affairedu collier prit, en 1785, une di-mension qui dépassait, de loin,celle d'une banale escroquerie.Elle constitua la vengeance deparlementaires qui, rappelés parLouis XVI en 1774, - erreur fa-tale... -, le détestaient de ne passe plier à leurs exigences, quandils se posaient, sans droits, en dé-fenseurs du peuple et des liber-tés. Les ressorts de ce désastre,cependant, demeurent curieuse-ment obscurs, comme le souligneÉvelyne Lever.

Rohan était-il un parfait pigeon ?Certes, chacun en connaît lesgrandes lignes : une parure dediamants d'un million six centsmille livres, œuvre des joailliersBöhmer et Bassenge, conçue dansl'espoir de séduire la reine, pro-cédé courant parmi les artisansdu luxe, lui parut trop chère ; ellela refusa. Un an plus tard, Böh-mer se représentait, réclamantson argent, prétendant lui avoirvendu le bijou par l'intermédiairedu cardinal de Rohan, grand au-mônier de France. Or, de noto-riété publique, la reine haïssaitle cardinal...Depuis, deux versions s'affron-tent : la reine ignorait tout et Ro-han, parfait pigeon, avait étédupe d'un couple de malfrats ;Marie-Antoinette, qui n'en étaitpas à sa première imprudence,avait pu s'acoquiner avec le car-dinal et Mme de La Motte, comp-tant éponger ses dettes. Thèsespareillement insatisfaisantes, Ro-han n'étant pas aussi stupide qu'onle prétendît, et la police ayanttardé à interpeller Mme de LaMotte, qui ne sut pas en profiter,comme si on redoutait ses révé-lations. Son évasion en 1787 ren-força les soupçons.Évelyne Lever ne tranche pas.Quoique spécialiste de Marie-An-toinette, elle ne l'estime guère,et il lui manque le sens de la mys-tique royale qui interdit de soup-çonner la reine, si frivole fût-ellealors, de certains actes et cer-taines pensées. Peut-être faudrait-il poser d'autres questions : quelrôle joua Cagliostro, charlatan etmaçon de haut rang ? L'Angleterre,qui accueillit Mme de La Motte etdiffusa ses libelles ? Les parle-mentaires "éclairés", jubilant detraîner dans la boue l'Église et leRoi ? Ce qui apparaît, c'est le poidsd'une opinion prête à croire auxhorreurs concernant la reine, d'unejustice qui fit le procès de Marie-Antoinette, des forces conjuréespour saper l‘édifice capétien. Etl'insigne, la désespérante mal-adresse du roi dont l'autorité mal-venue fut ici plus tragique que lafaiblesse.

L'achat du collier eût été sansconséquence ; Louis XVI l'avaitproposé à sa femme, qu‘il préfé-rait occupée de coquetterie plu-tôt que de politique. Ce choix ex-plique l'importance conférée àM lle Bertin. On a vu en Marie-Jeanne Bertin, dite Rose, Abbe-villoise établie marchande demodes à Paris, l'inventrice de lahaute couture française. Il suffitpour assurer sa fortune et sa gloired'une robe de mariée confection-née pour Mlle de Penthièvre quiépousait le duc de Chartres. Toutela cour, la reine la première, nejura plus que par elle ; sa bou-tique du Palais Royal, le GrandMoghol, fut bientôt plus courueque les monuments de la capitale.

Haute couture

Le génie de Bertin fut de fairebouger la mode, non chaque sai-son, mais chaque semaine, obli-geant sa clientèle à suivre, quitteà se ruiner. Si l'on considère lenombre d'artisans et producteursque ce commerce de luxe faisaitvivre, la nécessité de représenta-tion de la Cour, ces achats somp-tuaires n'étaient évidemment pasdénués d'utilité. Là où Mlle Bertins'avéra dangereuse, c'est, contretoute attente, en participant aubesoin de changement ambiant.Marie-Antoinette voulait en finiravec les robes à la française, mo-numents de splendeur et gêne in-tolérable pour celles qui les por-taient. Bertin fit des vêtementsfaciles à vivre, élégants, mais quiramenaient la Reine au rang ducommun des mortelles. Marie-An-toinette lui accorda des attentions

qu'elle refusait à de très grandesdames, dont la fureur se déchaînaen attaques sordides. Ces baga-telles pesèrent plus lourds que lesmémoires de la couturière dansle discrédit jeté sur la souveraine.Michelle Sapori offre la premièrebiographie de cette femme d'af-faires avisée, à la clientèle inter-nationale, au talent remarquable,bizarrement oubliée des histo-riens. Un peu de légèreté dans lepropos eût toutefois rendu le livreplus plaisant.

Étrange folie

Ce ne sont pas les chiffons de lareine, ni ses bijoux, ni Trianon etFontainebleau qui creusèrent ledéficit de l‘État, insignifiant com-paré au nôtre, mais la guerred'Amérique. Pourtant, c'est sur cesdétails que focalisa la malveillancepublique, sur eux que se concen-trent les reproches de Malesherbesdans ses Mémoires au Roi. On eûtvoulu sacrifier les grandes écurieset voir le souverain courir laposte... Malesherbes était trop in-telligent pour croire que ces éco-nomies-là éviteraient la banque-route. Il avait compris, en re-vanche, qu'il fallait satisfaire lemonstre de l'opinion en semblantcéder à ses caprices. Publiés pourla première fois, ces Avertisse-ments de Cassandre vinrent troptard, couronnant l'extraordinaireaveuglement d'un magistrat in-tègre, d'une loyauté à son roi siparfaite qu'elle le conduisit avecles siens à l'échafaud. À le lire,on mesure l'étrange folie de cesparlementaires qui sapèrent leurunivers avec la certitude d'œuvrer

au bien commun et les ravagesopérés dans les consciences parl'esprit des Lumières.

Le premier atteint...

Faut-il l'avouer ? Louis XVI étaitle premier atteint et Fénelon luiavait fait un mal irréparable. Jeande Viguerie l'a admirablement ex-pliqué dans sa biographie du « toibienfaisant » ; Gérard Bedel ledit à son tour de manière plusconcise en publiant le texte d'uneremarquable conférence pronon-cée l'an dernier à l'occasion du21 janvier, Louis XVI ou la tragé-die de la vertu. S'appuyant sur uninédit de Bainville, lequel affir-mait qu'il fallait être un bien grandprince et l'avoir fait exprès pourdéfaire en quinze ans l'œuvre dequinze cents années, il décrypteles erreurs commises, les fautes,fruits d'un défaut de formation,et de caractère, liés, qui interdi-rent au roi, capable de penserclair, de prendre les décisions quis'imposaient. Hanté par l'exemplede Charles Ier, qui n'avait pas voulucéder à la Révolution, le malheu-reux Louis XVI crut bon d'opterpour le parti contraire. Nous sa-vons, hélas, où ce mauvais choixle conduisit, et la France, et nous,en même temps...Confrontés au désastre que pro-voqua l'incertitude royale, les rai-dissements tardifs succédant auxcomplaisances trop grandes en-vers les idées du temps, il est dif-ficile, quelle que soit la pitié etle respect suscités par la tragé-die du 21 janvier, de ne pas éprou-ver quelque rancune envers le roi.Marguerite Castillon du Perron a

choisi de revisiter ce drame à lalumière divine, et, pour ambitieuxque soit ce projet, il aboutit àune œuvre théâtrale, Le Sang duRoi, d'une hauteur, d'une profon-deur, d'une grandeur oubliées de-puis Bernanos et le Dialogue desCarmélites. Mme Castillon du Per-ron fut, il y a cinquante ans, labiographe du jeune Louis-Philippeet s'intéressa à ce titre à son père.Réhabiliter Philippe Égalité est unexercice auquel on s'est rarementattaqué, la cause paraissant per-due. À tort, comme le démontrel'historienne devenue dramaturge.

Repentir au théâtre

Nous sommes le 6 novembre 1793.Transféré de Marseille à Paris, leduc d'Orléans vient, incrédule,de s'entendre condamner à mort.On lui envoie un prêtre, asser-menté mais honnête homme quiregrette de n'être plus en règleavec Dieu et Rome. Cet abbé Lo-thringer témoignera que son pé-nitent était mort réconcilié avecle Ciel et plein d'un repentir sin-cère. Comment, en quelques ins-tants, la grâce a-t-elle pu opérerdans l'âme du Prince et le rame-ner à la foi de son enfance, ef-façant tout par le sacrement etle supplice ?Un à un vont défiler sur la scène,et dans le souvenir du duc d'Or-léans, ceux qui jouèrent un rôledans ses choix et ses errements :le vieux domestique fervent et fi-dèle, Mme de Buffon, sa maîtresse,Grace Elliot, l'Anglaise qui cher-cha à le retenir sur la mauvaisepente, Choderlos de Loclos, quiprend là une dimension quasi dé-moniaque. Il va se confronter àeux, au mal qu'il fit. Mais Philipperefuse obstinément d'affronterl'ombre de son cousin, envers le-quel il se croit toujours empli dehaine et de jalousie. Seul un mi-racle pourrait jeter une ultimeclarté dans cette âme orgueilleuseet tourmentée. Il est impossible de résumer uneoeuvre conçue pour être jouée,et qui ne le sera sans doute ja-mais, certains sentiments n'étantpas accessibles à ceux qui fontdésormais l'opinion. Il faut la lire,s'en pénétrer, la méditer. Et re-mettre, une fois pour toutes, nosquerelles, nos rancoeurs, nos sot-tises, nos incompréhensions danscette Lumière-là, la seule quivaille, qui transcende tout, aucœur de laquelle cet impensable,ce monstrueux gâchis que furentla révolution et ses suites san-glantes, revêt, ne devrions-nousle comprendre que de l'AutreCôté, un sens, et même une va-leur, humainement inimagi-nables. n

Anne Bernet

3 Évelyne Lever : L'Affaire du col-lier, Fayard, 435 p., 24 s.3 Michelle Sapori : Rose Bertin, cou-turière de Marie-Antoinette, Per-rin, 175 p., 19,90 s.3 Chrétien-Guillaume de Male-sherbes : À Louis XVI ou les aver-tissements de Cassandre, Tallandier,300 p., 19,90 s.3 Gérard Bedel : Louis XVI ou latragédie de la vertu, Via Romana,90 p., 10 s.3 Marguerite Castillon du Perron :Le Sang du Roi, François-Xavier deGuibert, 150 p., 16 s.

o LOUIS XVI

L'enfer des bonnes intentionsDeux cent dix-huit ans après sa mort, Louis XVI demeure présent dans nos mémoires. Les interrogations persistent : comment un roi vertueux et "bienfaisant" a-t-il pu perdre la monarchie ? Éléments de réponse…

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Cette année-là, la onzièmede son règne sur les Francssaliens, le païen Clovis,

vingt-six ans, épousait la ravis-sante princesse burgonde et chré-tienne Clotilde, vingt-sept ans,avec la bénédiction de Remi,évêque de Reims. Nous avons vudans notre dernier article com-bien le roi Childéric, grand ad-mirateur de Rome et ami de Ge-neviève, était pressé, dans lagrande débâcle de l'empire ro-main, de se rapprocher de l'Églisecatholique pour, avec son appui,peut-être réunifier la Gaule... Ilmourut trop tôt : son fils, Clovis,lui succédant à quinze ans, in-telligent et ambitieux, réaliserait-il ce grand rêve ?

Agrandir le royaume

Remi lui écrivit pour le féliciter :« Montre-toi plein de déférencepour tes évêques et recours tou-jours à leur avis. [...] Si tu t'en-tends avec eux, ton pays s'en trou-vera bien. » C'était tout un pro-gramme, mais, toujours fidèle àses dieux, Wotan, Baldur et lesWalkyries, il se montra d'abordsoucieux d'agrandir son royaume,car être seulement roi des Francssaliens et ne posséder que la Bel-gique seconde, autour de Tour-nay, ne lui suffisait pas : il n'hé-sita pas à occire les chefs desFrancs rhénans et des Francs deCambrai qui le gênaient, il allajusqu'à épouser une Franque rhé-nane pour renforcer ses positionsvers l'est.Au sud il avait un rival en la per-sonne de Syagrius, résidant à Sois-sons et se disant encore chef dela milice romaine, mais bien peule prenaient au sérieux. Pour envenir à bout, Clovis demanda etobtint le titre de patrice de laseule légitimité romaine encoredebout après l'effondrement deRome, celle de l'empereur byzan-tin Zénon. Syagrius ne l'admit pas,Clovis le défia sur le champ de ba-taille en 486, cet homme indignealla alors se réfugier chez les Wi-sigoths dans la région de Toulouse,mais le roi Alaric le réexpédia chez

Clovis qui lui réserva le sort destraitres. Puis en 491, Clovis en-treprit de soumettre d'autres cou-sins francs, ceux de Thuringe. Tantet si bien que le roi de Francs par-vint à ce moment-là à contrôlertout le Nord de la Gaule.

La belle Burgonde

Remi observait avec intérêt lamontée en puissance du jeune roi,qui avait l'air de se souvenir de salettre de recommandations,comme en témoigna l'affaire bienconnue du vase de Soissons danslaquel le i l vengea l ' Ég l i se.

D'ailleurs ses tentatives d'entrerdans Lutèce se heurteraient toutesau refus de Geneviève, vierge mi-franque mi-gallo-romaine, tantqu'il resterait païen, mais à ce mo-ment-là Clovis semblait plutôt en-clin à ménager les Wisigoths cham-pions de l'arianisme ; il avaitmême consenti au mariage de sasœur Aldoflède avec Théodoric,roi des Ostrogoths. Or l'épousede Clovis mourut soudain, aprèsavoir donné le jour à Thierry. Ildevenait urgent de tenter de luifaire épouser une princesse réel-lement chrétienne, qui pût avoirune certaine influence sur lui...

Avit, évêque de Vienne, écrivitalors à Remi et lui parla de lanièce de Gondebaud, roi des Bur-gondes. qui régnait en gros surles terres aujourd'hui savoyardeset dauphinoises. Le père de lajeune fille, Chilpéric, et sa mère,une gallo-romaine, avaient éténoyés dans le Rhône par Gonde-baud qui voulait régner seul et nepas être occis par ses frères –telles étaient les mœurs dynas-tiques barbares... -, mais leursdeux filles Chrona et Clotilde fu-rent épargnées et élevés dans unmonastère catholique où elleséchappèrent à l'arianisme se ré-pandant à la cour burgonde.Chrona prit l'habit, alors que Clo-tilde fut rappelée à la cour du roiGondebaud... pour y apprendrequ'on voulait la marier. Les chosesallèrent très vite : Clovis, mis aucourant par Remi était impatientde connaître une jeune fille quel'on disait aussi adorable et Gon-debaud ne pouvait rien refuser àClovis qui était plus qu'un roi, unpatrice ! La paix en Gaule sem-blait aussi devoir être un des fruitsdiplomatiques de cette belle his-toire d'amour.

Clotilde pose ses conditionsLe mariage fut célébré en grandespompes en l'église de Soissons en492. Clotilde n'avait posé qu'unecondition : que les enfants nés decette union fussent baptisés ca-tholiques. Clovis avait acceptésans réfléchir, mais quand leurpremier enfant, Ingomer, naquitet mourut une semaine après, ilse lança dans des blasphèmes surle Dieu des chrétiens qui ne va-lait pas Wotan et sa religion vi-rile... Clotilde lui parla de sacri-fice et d'espérance. Vrai dialoguede sourds. Drame déchirantqu'imagine avec talent Anne Ber-net dans son Clovis (éditions Clo-vis). En 495, nouvelle grossesse :le petit Clodomir fut très malade,mais il en guérit, sans que sonpère fût pour autant guéri de laconfiance en ses idoles « de boiset de pierre ». Il faudrait encoredes mois pour que son âme arri-vât à maturité. Pendant ce tempsles périls s'amoncelaient : déjà lesAlamans, plus ou moins alliés auxBurgondes, inquiétaient le roi deCologne Sigebert, parent de Clo-vis... Par ailleurs l'arianisme s'in-crustait en pays wisigoth et bur-gonde... Mais Clotilde priait etRemi gardait l'espérance. n

Michel Fromentoux

z HISTOIRE

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o CETTE ANNÉE-LÀ

492 : Clovis épousait ClotildeLe païen Clovis, vingt-six ans, épouse en l'église de Soissons la ravissanteprincesse burgonde et chrétienne Clotilde, vingt-sept ans, avec la bénédiction de Remi, évêque de Reims.

EXPOSITION

Fontainebleausous Henri IVMONTRER l'apport essentiel duroi Henri IV à la construction etau développement du château,qui fut sa résidence favorite :tel est l'objectif de l'expositionqui se poursuit à Fontainebleaujusqu'au 28 février.Une centaine d'œuvres ont étéréunies : peintures, sculptures,dessins, livres... Les organisa-teurs nous invitent à redécou-

vrir les aménagements durègne, dont l'idée a été perdueen raison des transformations,destructions, démantèlementset réemplois divers. Un "circuit thématique" a étéintégré au circuit de visiteprincipal. Dans les cours et lesjardins, la fontaine de Diane,le canal, la salle du Jeu dePaume, la cour Ovale, la portedu Baptistère, la cour des Of-fices (quartier Henri IV) ont étérendus accessibles. Un voyagedans le temps ! q

3 Tél. : 01 60 71 50 70

Clovis et sa familleGrandes Chroniques de France, XIVe siècle

RÉÉDITION

Les Camelotsdu RoiQUI NE CONNAÎT PAS déjà ceclassique du genre ? Véritablebréviaire du militant monar-chiste, ce livre retrace lesplus belles lignes de l'histoiredes Camelots du Roi. Ceshommes furent, avec leschouans, la gloire la plus in-contestable du royalisme. De 1908 à nos jours, il n'estpas une décennie sans que cespoètes de « la canne à boutferré » n'eussent fait parlerd'eux. Mettant « la violenceau service de la raison », véri-table expression vivante du« nationalisme intelligent »,défenseur et vendeur à lacriée de L'Action Française(« vertu éducative » selonMaurice Barrès lui-même), lecamelot peut se résumercomme un homme d'action etde réflexion : « dans la mainune bonne canne, dans lapoche un bon livre » (Henri Lagrange).Ici tout y est : des paires degifles données à AristideBriand (1910) jusqu'à laJeanne interdite de 1991, desmeurtres politiques au grandsmartyrs de l'AF (Marius Pla-teau, Philippe Daudet, ErnestBerger, Jean Guiraud, etc.),des fondateurs et des grandsnoms du nationalisme intégral(Jacques Bainville, Léon Dau-det, Louis Dimier, Henri Vau-geois, etc.) jusqu'aux cerclesd'ouvriers et petits produc-teurs royalistes tels que leCercle Proudhon, absolumentrien n'y manque. Même lapréface est de Pierre Pujo,c'est dire ! Le militant y trouvera tous leschants sacrés du royalisme,véritable chaîne d'union inter-générationnelle. Plus qu'unmouvement de masse, les Ca-melots du Roi étaient et res-teront une mystique au ser-vice de la France. Ce livre estenfin réédité, si vous nel'avez pas déjà, il serait grandtemps d'y songer... q K.H.

3 Xavier Cheneseau : Les Ca-melots du Roi (1908-1936) - Ilsvoulaient abattre... la Répu-blique ; éd. Agnus, 12,50 euros.

ÉCONOMIE

Aux origines du capitalismeHENRI HAUSER était un professeur d'histoireéconomique à la Sorbonne de l'entre-deux-guerres, également correspondant de l'Institut.Son influence dans le domaine des sciencessociales a fait de lui un maître du genre. Datantde 1931, Les Débuts du Capitalisme en Franceviennent d'être réédité.

Il est démontré ici ce que nient les grandesécoles matérialistes : l'esprit précède toujours lesconditions matérielles. Ce point est essentiel

pour qui défend l'ordre naturel. Il prouvecombien l'homme est libre de ses choix,responsable de son élévation comme de sonesclavage. La famille royale, garante d'unesociété organique et non chimérique, en estl'incarnation la plus solide... Second point, le marxisme est venu combler unmanque du capitalisme. Tout prouve ici que"l'idéologie aux 200 millions de morts" se montre,dès le départ, une continuité et non une antithèsedu système capitaliste. Par de tels écrits, le débatéconomique peut aujourd'hui continuer. Nul douteque cet opus d'Henri Hauser garde toute safraîcheur et son actualité. q K.H.

3 Henri Hauser : Les Débuts du capitalisme en France,éditions Grancher, 15 euros.

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IDÉES z

L’ACTION FRANÇAISE 2000 n° 2809 – Du 20 janvier au 2 février 2011 13 z

L'authenticité, la spontanéité,rester soi-même : tels sontles maîtres mots de notre so-

ciété de consommation. Unmonde qui tend à détacher cha-cun des liens qui l'unissent auxautres, à donner une pleine au-tonomie aux individus qui, déslors, sont censés être en mesurede s'épanouir. Parfums, voitures,sacs à dos, maquillage, iPod...sont vendus grâce à des slogansprometteurs : « Devenez vous-même, soyez différents ! » Pour-tant, comme nous le rappelleAlain Finkielkraut, « il suffit deregarder la télévision, tout lemonde est spontané et tout lemonde dit la même chose ». C'estune véritable crise de l'homme àlaquelle nous assistons, un hommedevenu incapable d'accéder à lui-même car privé de la médiationnécessaire à cette découverte desoi : la langue, la littérature, l'his-toire, la culture.

Individualisme

Au XIXe siècle, Ernest Renan s'op-posait déjà à cette idéologie selon laquelle l'homme « naît en-fant trouvé et meurt céliba-taire », en vain. L'histoire de l'an-thropologie démontre cette vic-toire de l'individualisme et cerefus de considérer les culturesdans leurs différences et à tra-vers leurs influences. Le cultura-lisme est une école d'anthropo-logie qui s'est principalement dé-veloppée aux États-Unis à partirdes années 1930. Tandis quel'école française représentée parDurkheim, Mauss ou van Gennepétudiait les sociétés, le cultura-lisme préfère considérer la cul-ture. Celle-ci, comprise commeun ensemble de valeurs partagéespar un même groupe et à l'ori-gine de comportements particu-liers, fait de l'homme un héritier.Le culturalisme a lié la psycha-nalyse et l'ethnologie et penseainsi une continuité entre l'en-fance et l'âge adulte qui possè-dent une expérience en commun.La culture se forme donc trèstôt ; elle est incorporée par cha-cun et se trouve être à la basede la personnalité.La question du langage est pri-mordiale dans les travaux des cul-turalistes américains. La thèse "Sa-pir-Whorf" a soulevé de nombreuxdébats dans les années 1950 : « Lefait est que la "réalité" est, dansune grande mesure, inconsciem-ment construite à partir des ha-bitudes linguistiques du groupe.Deux langues ne sont jamais suf-fisamment semblables pour êtreconsidérées comme représentantla même réalité sociale. Lesmondes où vivent des sociétés dif-férentes sont des mondes dis-tincts, pas simplement le mêmemonde avec d'autres étiquettes. »Ainsi, la langue n'est pas qu'un ob-jet de communication mais éga-

lement une manière de concevoirce qui nous entoure. Par exemple,certains peuples n'auraient pas lamême représentation du tempsque la nôtre, tels les Indiens Hopiqui n'ont aucun mot pour évoquerle passé. Les représentations desformes ou des couleurs seraientégalement différentes. Le mondeest donc organisé par la langueet les cultures se différencient no-tamment par le langage qu'ellesemploient. Ruth Benedict, pre-mière femme de l'anthropologie,pen se que l a cu l t u re c r éel'homme. L'enfant est malléableet c'est la culture qui lui donneses traits constitutifs. L'école estdonc au centre de cette réflexion.

Une école contestée

Mais le culturalisme américain aété attaqué pour sa tendance àl'essentialisme et au fixisme : lescultures seraient fermées surelles-mêmes et ne bougeraientpas. Si ces critiques étaient légi-times elles ont depuis été réso-lues et le culturalisme a permisl'essor d'une anthropologie com-prenant l'homme comme un indi-vidu composé d'un héritage qui lefaçonne, auquel s'ajoute une ten-dance à la variation individuellequi permet à chacun d'être uniquetout en partageant des modèlespropres à son univers culturel.Pourtant, des motifs idéologiquespoussent à mettre à l'écart cesconsidérations. Ce que Régis De-bray appelle la « religion desdroits de l'homme » ne sauraitsupporter qu'une culture puissese distinguer et refuser le modèledémocratique tellement vanté.De la même manière le respectdu multiculturalisme pousse à re-

jeter toute idée de différences etmène à l'angélisme d'une sociétéoù chaque culture pourrait vivreaux côtés des autres sans heurtsni conflits, ou s'y mélanger pourn'en former plus qu'une.

Déracinement

Le monde se nivelle, la globali-sation accompagne l'uniformisa-tion des cultures. Tandis qu'onnous parle de respect des diffé-rences à longueur de journée, noshommes politiques et médiatiquessemblent tout faire pour refuserles particularités et créer un"homme nouveau" déraciné et dé-taché de toute singularité cultu-relle. Toute importance concédéeà la culture est ainsi violemmentcondamnée par nos "élites". Lapolémique autour du Déni des cul-tures du sociologue Hugues La-grange ou des Yeux grands fer-més de la démographe MichèleTribalat le prouvent : tous lesdeux ont été accusés de cultura-lisme ! Dans « Le refus du réel »,un article paru sur le site duMonde le 15 octobre 2010, Mi-chèle Tribalat répond à ses dé-tracteurs : « Si c'est du cultura-lisme que de relever les difficul-tés particulières que rencontrentdes populations marquées parl'analphabétisme et des traditionséloignées, et j'ajouterai mêmedans certains cas contraires, à lasociété d'accueil, alors c'est leréel qu'il faut abolir pour échap-per à l'étiquette infamante. »Abolir le réel, faire table rase detout ce qui constitue le propre del'humanité, voilà le projet effa-rant de notre modernité. n

Dimitri Julien

o ANTHROPOLOGIE

Feu sur le culturalismeVantant la "réalisation de soi", ainsi qu'une "diversité" virant à l'uniformisation,la religion des droits de l'homme s'accommode mal d'une anthropologiesoulignant le poids de la culture dans l'identité des individus.

LE PARADOXE caractérise sou-vent les êtres les plus profondset témoigne moins d'une cer-taine inconstance que d'uneconsistance en quelque sortesupérieure : à quoi bon se pri-ver d'expériences de pensée oude vie qui, loin de nous rabais-ser, nous élèvent ? Précisé-ment, si Proust n'était certespas le seul à s'offrir des curesd'altitude mentale en lisantnotre journal, il est a priorisurprenant que Walter Benja-min en ait fait de même – etpourtant...

Sens de la catastrophe

Philosophe, historien, traduc-teur, critique littéraire et cri-tique d'art né à Berlin en 1892et mort tragiquement à la fron-tière franco-espagnole en 1940,Benjamin est à la mode cedont, pour une fois, nous pou-vons nous féliciter. Les champsdu savoir que son œuvre a par-courus et creusés sont donc im-mensément étendus : théolo-gie, littérature, linguistique,esthétique, politique – que l'onsonge à Enfance berlinoise,L'Origine du drame baroque al-lemand, Le Concept de critiqueesthétique dans le romantismeallemand, Thèses sur leconcept d'histoire, Le Livre despassages, Paris capitale duXIXe siècle, et aux nombreusesétudes regroupées dans sesOeuvres, en trois volumes, encollection Folio aux éditionsGallimard.Marxiste hétérodoxe marquépar le maître-livre de Lukacs,Histoire et conscience declasse, juif assimilé que FranzRosenzweig et Gerschom Scho-lem tirèrent de son amnésie, ildéveloppe une pensée oscillantentre matérialisme et messia-nisme apocalyptique, nourri parun pessimisme et un sens de lacatastrophe qui honorent sonintelligence. Critique subtil duprogressisme libéral, rationa-liste et humaniste issu des Lu-

mières, il propose une inter-prétation éloquente de L'Ange-lus Novus de Paul Klee.Ce tableau « représente unange qui semble avoir desseinde s'éloigner de ce à quoi sonregard semble rivé. Ses yeuxsont écarquillés, sa bouche ou-verte, ses ailes déployées. Telest l'aspect que doit avoir né-cessairement l'ange de l'his-toire. Il a le visage tourné versle passé. Où paraît devant nousune suite d'événements, il nevoit qu'une seule et unique ca-tastrophe, qui ne cesse d'amon-celer ruines sur ruines et lesjette à ses pieds. Il voudraitbien s'attarder, réveiller lesmorts et rassembler les vain-cus. Mais du paradis souffleune tempête qui s'est prisedans ses ailes, si forte quel'ange ne peut plus les refer-mer. Cette tempête le pousseincessamment vers l'avenir au-quel il tourne le dos, cepen-dant que jusqu'au ciel devantlui s'accumulent les ruines.Cette tempête est ce que nousappelons le progrès. »Admirateur du Paris vécu deLéon Daudet, Benjamin écrività G. Scholem le 13 juin 1924 :« Je me suis abonné à L'ActionFrançaise, le journal des roya-listes, dirigé par Léon Daudetet surtout Charles Maurras, etremarquablement écrit. Quelleque soit à coup sûr la fragilitésans bornes des fondements deleur politique en maints do-maines et sur l'essentiel, leurorientation me semble finale-ment la seule qui permette,sans s'abêtir, de scruter les dé-tails de la politique allemande.» Après une telle révélation, jen'ose songer à ce qu'il advien-dra de Walter Benjamin au seinde la république des lettres pa-risiennes... q

Louis Montarnal

3 Jean-Michel Palmier : WalterBenjamin, Les Belles Lettres,528 p., 15,50 euros.

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BULLETIN D'ABONNEMENT EN PAGE 4

WALTER BENJAMIN

Un abonné de prestige à L'Action Française

Portrait d'un marxiste hétérodoxe, qui fut à la fois historien, traducteur, critique littéraire et critique d'art.

Le slogan créé pour Apple en 1997

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z POUR UN JEUNE FRANÇAIS

z 14 L’ACTION FRANÇAISE 2000 n° 2809 – Du 20 janvier au 2 février 2011

Poullan. Finistère. Janvier2011. C'est un décor de Walter Scott ou de gestes

chouanniques, peuplé par lesombres d'Ivanhoé ou de Cadou-dal, nourrissant les âmes vi-brantes, un village perdu entrelandes et bois de pins, balayé parla violence des vents, à un jet depierre des grèves qui encerclentla baie de Douarnenez. Près de lamaison de Stang-ar-Groas, en lacommune de Poullan-sur-Mer, onrespire encore, le plus souventsous un ciel d'ardoise, « l'odeurde la poudre noire parlant pourla cocarde blanche » (Jean-Fran-çois Chiappe). Dans le cimetièreparoissial, sous une plaque deschiste frappée du Sacré-Cœurenveloppée d'un phylactère quiaffirme en breton « fidel be-pred », comprenez « toujours fi-dèle », repose Luc Robet (1913-1992), l'une des plus grandes f igures bretonnes d 'Act ion française.

Promenade au cimetière

Devant cette tombe, vous pouvezpasser sans voir. L'adage estconnu : les cimetières sont rem-plis de gens qui se croyaient in-dispensables. Naguère, on s'ypromenait pourtant volontiers.« Il fait beau, si nous allions aucimetière » lançait à l'occasionEmmanuel Berl. Et l'on interro-geait les plaques, on se souciaitdes voisins jusqu'à s'étonnercomme le héros de Blondin égaréau Père-Lachaise, devant cescouples qui jusque dans la mortfont cendres à part. Pourquoi doncs'arrêter sur le destin de Luc Ro-bet ? Bédame ! Parce que ce nefut pas une demie vie, frileuse etlimitée mais quatre ou cinq enune. Robet était habité par unepassion qui le démultipliait. Cettepassion, c'était la France, le Roi,l'honneur sans rien négliger du pa-nache.Luc Robet est né à Lisbonne en1913. Un an plus tard commencela saignée que l'on sait et sonpère, ingénieur chimiste dans lecivil, mobilisé comme sous-lieu-tenant, est à compter au nombredes toutes premières victimes àl'instar de Charles Péguy ou en-core du père d'Albert Camus. Or-phelin de père, il va grandir àNantes, dans le fief maternel desChancerelle, famille d'industriels

spécialisée dans la conserverie etqui étend alors son empire surtoute la côte sud de la Bretagne,jusqu'à Douarnenez où existe en-core l'entreprise Connétable. Àonze ans, premier contact avecl'Action française. « J'ignoraisalors qu'on pouvait être autrechose que catholique et roya-liste » avouera-t-il à Pierre Péanà la fin de sa vie. Le jeune Robetest prometteur: il n'a pas treizeans qu'il fonde un journal, Le Lysde France, qui fidélisera jusqu'àcinquante abonnés. Au collège jé-suite de Saint-Grégoire-de-Toursil poursuit son militantisme roya-liste avec fougue. Revenu àNantes, ce camelot du Roi estdéçu par l'AF lors des émeutes du6 février 1934. Nullement décou-ragé, il fonde alors les Compa-gnons de Cadoudal. Le chouansera toujours son héros.

Voler un sous-marin

En cette fin des années 1930, lesCompagnons de Cadoudal se mon-trent particulièrement actifs dansla lutte contre les républicains,sous toutes leurs formes y com-pris espagnole. C'est le temps oùla Cagoule aide Franco. Et c'estsur la foi de renseignements four-nis par Luc Robet que le com-mandant rebelle Troncoso etquelques Espagnols, mitrailletteau bras, tentent de s'emparer le18 septembre 1936 d'un sous-ma-rin C-2 - rien de moins - en pleinerade de Brest, à la barbe du Frontpopulaire. L'échec de l'entreprise,

qui se solde par un mort, ne freinepas les ardeurs de Robet. Aprèsdes études de droit, il a épouséle 8 février 1937 une demoiselleBéléguic et s'est installé commeassureur à Douarnenez. Et puisqueles Béléguic possèdent des terressur la commune voisine de Poul-lan, il y fera bâtir sa maison aulieu-dit de Stang-ar-Groas.De cette extrémité occidentale,Chateaubriand a dit : « Entre laterre et la mer s'étendent descampagnes pélasgiennes, fron-tière indécise des deux éléments.L'alouette des champs y vole avecl'alouette marine, la charrue etla barque, si proches l'une del'autre, sillonnent la terre etl'eau. » Lorsque l'occupant ger-manique foule cette terre de laLiberté, le sang de Robet ne faitqu'un tour. En bon maurrassien, iljuge toute collaboration avec lesAllemands révoltante. Il entre enrésistance dès novembre 1940. Ilentraîne avec lui plusieurs per-sonnalités locales comme l'abbéCariou ou encore son cousinGeorges Chancerelle. À la fin1942, il dirige le réseau Ven-geance. Le capitaine Luc Robetprend même le commandementde l'ORA (Organisation de résis-tance de l'armée) pour tout le dé-partement du Finistère à partirde septembre 1943. Il monte sonservice de renseignement car ils'agit pour lui de renseigner lesAlliés sur les défenses côtières del'armée allemande, ses champsd'aviation et ses champs de mines.Robet, qui se déplace de criques

en chemins creux, est dans la ré-sistance "Fanch le Gave". Plustard, il avouera: « Ce qui m'a pas-sionné dans la résistance, c'est lachouannerie ! »

Résistant déporté

L'aventure prend tragiquement finle 20 janvier 1944 dans une sou-ricière à Rennes. Torturé quatorzefois, il ne cède pas. On menaced'en faire autant à son épouse. Ilne parle pas. Les Allemands le dé-portent. Ce sera pour lui le campde Neuengamme, 13 500 prison-niers, le 2 juin 1944. Lorsqu'il re-vient à Paris le 13 juin 1945, LucRobet pèse 29 kilos. Il est trans-porté à La Salpétrière. Un moisplus tard, le 20 juillet, il fait sonretour à Douarnenez. Les hon-neurs l 'attendent : Croix deGuerre et officier de la Légiond'honneur. Mais là ne s'arrête pasle parcours de Luc Robet.Gentilhomme en son logis deStang-ar-Groas, il est élu premiermagistrat par les habitants dePoullan en 1959. Il sera maire jus-qu'en 1977, soit trois mandatures,ce qui n'est pas rien pour unhomme qui affiche ses opinonsavec un courage exemplaire. Mo-narchiste pour qui veut l'entendre,abonné à Aspects de la France, ila tout bonnement interdit danssa commune la moindre festivitéà chaque 14 juillet. Il a fait reti-rer de la mairie buste de Marianneet autres symboles du régimeusurpateur. Ces mesures étaientà ses yeux les conditions sine qua

non pour accepter la fonction. Parla suite, il ne cessera de défendrel'école libre de son village. Danscette commune rurale d'environ1 500 habitants, jamais le conseilmunicipal n'a encore été tenu au-trement que par un exploitantagricole. Robet assure : « On nefait pas de la politique pour de-venir quelqu'un. On fait de la po-litique parce qu'on est quel-qu'un. » En devenant maire dePoullan, il participait à un mou-vement de conquête de petiteset moyennes communes par desnotabilités, proches partisans defeu le comte de Paris. Ce dernierlui proposa même de participeraux législatives dans les annéessoixante. Mais là, Robet refusa.Aux yeux du prince, il s'agissaitd'établir un maillage d'élus surtout le territoire national prêts às'engager en cas d'accession duprince au pouvoir.

Un havre de paix

Pendant la guerre d'Algérie, Stang-ar-groas devint un hâvre de paixpour quelques amis de l'OAS oud'ailleurs. Robet avait l'âme gé-néreuse et son bungalow au fonddu jardin était confortable.D'ailleurs, le préfet, par obli-geance ou exquise courtoisie, pré-venait toujours par téléphone LucRobet du prochain passage de sesagents, gendarmes ou policiers.Robet restait l'un des barons dudocteur Martin, en mesure de sou-lever des troupes plus ou moinsimaginaires pour le grand soir. Decela seul, Robet fut lassé. « J'aiété longtemps en état d'alertepieuse pendant des années, avecun système très au point de cacheset de relais, comme celui montépar Cadoudal. J'ai épuisé meschefs de paroisses qui ne pou-vaient pas tenir indéfiniment enhaleine leurs gens. [...] J'ai étéde tous les coups de la contre-ré-volution, j'ai toute ma vie pré-paré un coup d'État, par nationa-lisme intégral. Je suis un spéci-men en train de devenir unvestige. » Commandeur de l'ordre de Malte,le "vestige" organisa encore dansles années1980 des convois pourla Pologne. Il fut également, àpartir de 1987, président d'hon-neur de la Fédération royaliste deBretagne. Lorsqu'il fut inhumé en1992 dans le petit cimetière dePoullan, devant ses concitoyensencore bluffés par l'exotisme desa personne, il portait sur le re-vers de sa veste la plaque des Ca-melots. Fidélité donc, mais aussi,la foi aidant, une volonté intré-pide, malgré les obstacles, jamaisvaincue. « Nous reprenons la mer,le cœur navré ; en avant, al-lons ! » (Odyssée, IX, 105) n

Marc Savina

o PORTRAIT

Parcours royaliste : Luc RobetFervent admirateur de Cadoudal, Luc Robet était habité par la passion de la France, du Roi et de l'honneur, sans rien négliger du panache. Portrait d'une grande figure bretonne de l'Action française.

Luc Robet et sa terre natale

«« POUR UN JEUNEPOUR UN JEUNE

FRANÇAISFRANÇAIS »»L'ŒUVRE maurrassienne doit beaucoup àla prison. Incarcéré à la Santé, Maurraspasse aussi des heures comme à son ha-bitude à répondre à la multitude de lettresqu'il reçoit quotidiennement. À Clairvaux,

il répond du fond de sa cellule en 1949aux questions d'un jeune historien, ClaudeDigeon. Celui-ci prépare en Sorbonne unethèse sur la répercussion de la défaite de1870 sur la littérature française. En jan-vier 1949, il a obtenu l'accord du minis-tère de la Justice pour interroger Maur-ras par courrier. La réponse du maître deMartigues devint une "épistole géante" de250 pages.

Oeuvre testamentaire par bien des cô-tés, Maurras lui donna comme titre Pourun jeune Français. Nous nous proposonsdonc en reprenant cet intitulé de fairepartager un peu de notre enthousiasmeet tout notre respect à de jeunes Fran-çais désireux d'en savoir davantage. Il s'agira de participer à la transmissiond'un bagage indispensable à qui veut dé-battre avec nos idées. Une façon de pen-

ser et de voir les choses de ce monde enhonnête homme et en royaliste. Tout seraprétexte à étude, les rubriques se décli-neront sous les mentions suivantes : labibliothèque, notre patrimoine, parcoursroyaliste, 7e et 9e arts. En découvrant progressivement et régulièrement cettepage nous émettons le vœu de faire sen-tir à nos plus jeunes la responsabilité d'un héritage. n M.S.

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COMBAT z

L’ACTION FRANÇAISE 2000 n° 2809 – Du 20 janvier au 2 février 2011 15 z

Président du Comitédirecteur d'AF

Stéphane BlanchonnetSecrétaire général

Olivier PercevalSecrétaire général

adjointRomain Hellouin

TrésorierGiovanni Castelluccio

SecrétaireadministratifMarie-Suzanne

de Benque d'AgutFormationMarc Savina

ProvincesPhilippe Castelluccio

MilitantismeJean-Baptiste

de l'AviathResponsableopérationnel

François Bel-Ker

Centre royaliste d'Action française10 rue Croix-des-Petits-Champs 75001 PARIS

[email protected]

o France royaliste Nice-Provence – Le di-manche 23 janvier à 10 heures sera célébréela messe pour le repos de l'âme de Louis XVIen la chapelle de l'Archiconfrérie de la TrèsSainte Trinité (Vieux Nice). Le déjeuner ami-cal suivra à 12 heures dans les salons duGrand Hôtel Aston, 12,avenue Félix Faure. À15 heures, M. Philippe Pichot-Bravard, chargéde cours à l'université libre d'Angers et an-cien chargé de mission au Parlement euro-péen, donnera sa conférence consacrée à ladéfense de la papauté et de ses États par lesroyalistes français de 1848 à 1870. La sou-veraineté du pape était menacée par les na-tionalistes révolutionnaires cherchant à réa-liser l'unité de l'Italie par des moyens dé-mocratiques. Aussi fit-il appel aux catholiquesdu monde entier. En France, ce furent lesroyalistes qui répondirent à l'appel, certainsmême s'engageant au sein des Zouaves pon-tificaux... Déjeuner et conférence, 35 eu-ros ; conférence seule, 5 euros ; étudiants,

2 euros. Pour tout renseignement, s'adresserà Mlle Josépha Guillemain au 04 93 98 10 45.

o Nantes – L'URBVM commémore la mort deLouis XVI à Nantes le 23 janvier. 12 h 15 :dépôt de gerbe au pied de la statue deLouis XVI ; 13 heures : déjeuner à La Ta-verne du Château, 1 place de la duchesseAnne (menu à 22 s, boissons comprises) ;15 heures : conférence d'Augustin Debackersur le royalisme aujourd'hui. Communiquersa participation à la journée en téléphonantau 06 81 35 53 69.

o Fête des Rois dans le Sud-Ouest – Confé-rence de Gérard Bedel sur le thème : "L'Ac-tion française en 2011, nationaliste et anti-capitaliste" ; sous la présidence de VincentGaillère. À Bordeaux : déjeuner-débat le ven-dredi 28 janvier à 11 h 30, au restaurant LeXaintrailles, 114 bd du maréchal Leclerc ; 24s par personne. À Toulouse, conférence le

samedi 29 janvier à 10 h 30, dans le centre-ville ; le lieu sera communiqué aux personness'étant préalablement inscrites ; 5 s parpersonne (hors consommations) ; déjeunerlibre. À Bayonne, conférence le samedi29 janvier à 18 h 30, quartier Saint-Léon ;le lieu sera communiqué aux personnes s'étantpréalablement inscrites ; 5 s par personne(hors consommations). Prière de s'inscrire,avec son règlement, auprès du CAEC, BP80093, 33035 Bordeaux Cedex ; chèques àl'ordre de CAEC CCP 15 503 63 W BOR.

o CLE Catholiques pour les libertés éco-nomiques – Conférence-débat le 31 janvierà 18 h 30, salle de l'ASIEM, 6 rue Albert deLapparent, Paris 7e (métro Sèvres-Lecourbe),La question "Faut-il supprimer le Conseilconstitutionnel ?" sera traitée par Yves-Ma-rie Laulan, économiste, démographe de l'Ins-titut de géopolitique des populations. Par-ticipation : 15 euros.

PARIS

Galette des rois Pour commencer l'année, l’Actionfrançaise a invité ses adhérents,amis et militants à partager satraditionnelle galette des rois. Cevendredi 7 janvier, une soixan-taine de personnes se sont re-trouvées dans nos bureaux. Toutesles générations étaient représen-tées. Parmi les nombreux jeunes,on pouvait remarquer la présencede camarades venus de Bour-gogne. Olivier Perceval, secrétairegénéral du mouvement d'AF, a prisla parole pour décrire l’état decrise que subit notre pays et an-noncer nos objectifs pour 2011.Après avoir partagé la galette ar-rosée d’un bon cidre, les convivesse sont quittés en se donnant ren-dez-vous pour la marche aux flam-beaux du 23 janvier. n

NAISSANCES

o C'est avec une grande joieque nous avons appris le nais-sance de Benoît , troisièmeenfant au foyer de nos jeunesamis François Crespin et sonépouse, née Cécile Nicolas.Nous présentons nos affec-tueuses félicitations aux pa-rents et grands-parents, ettous nos vœux de belle crois-sance en taille, en sagesse eten grâce à Benoît à la suitede son frère Louis et de sasœur Marie.

o M. et Mme Emmanuel Delhoume nous font part dela naissance de leur fils Caïus,4e enfant, après Salomé, Sa-rah, Clara-Anastasia. Nousadressons toutes nos vives fé-licitations aux heureux pa-rents et grands-parents, avectous nos vœux de bonheurpour Caïus.

Campagne nationale d'AF sur l'immigration

Conférence le 21 janvierLe coût de l'immigration en Francepar Jean-Paul Gourevitch (photo)

Rendez-vous à 19 h 30 dans les bureaux de l'Action française, 10 rue Croix-des-Petits-Champs, Paris 1er (métro Palais-Royal) ; entrée libre.

Conférence suivantes

Vendredi 28 janvier : Diasporas et identités par Rabat Aït AoudiaVendredi 4 février : Les immigrés entre anomie et communautarisme par Michel MichelVendredi 11 février : Analyse d'extrait de Dupont-Lajoie d'Yves Boisset (1974)

LYON

Hommage à Louis XVI et galette des roisNous vous invitons à participer à la messe qui sera célébréeen l'église Saint-Denis, à la Croix-Rousse (Métro Hénon), à18 h 30, le 21 janvier 2011 pour le roi Louis XVI et pour laFrance. À l'issue de la cérémonie, nous vous convions égale-ment à notre traditionnelle galette des rois qui est toujoursl'occasion de rassembler militants et sympathisants, jeunes etmoins jeunes, autour d'un événement convivial mais aussi poli-tique. Renseignements et inscription au 06 82 83 92 00.

PARIS

Cortège aux flambeauxLe dimanche 23 janvier à 19 h 30, rendez-vous devant lesmarches de l'église de la Madeleine pour notre traditionnellemarche aux flambeaux jusqu'à la Chapelle expiatoire. Veneznombreux, amenez familles et amis, il s'agit de témoigner de lafidélité de nombreux Parisiens à la mémoire du roi martyr, maisaussi de l'espérance qui nous porte vers le printemps des lys.

PERPIGNAN

La nation royale, socle des libertésSamedi 5 février 2011 à 18h30, la section de Perpignan vousinvite à une conférence d'Olivier Perceval, secrétaire généraldu mouvement d'AF : "La nation royale, socle des libertés". À l’hôtel Les Deux Mas, et à son restaurant Le Patio, 1 rue Madeleine Bres, 66330 Casbetany. Participation au dîner :30 euros. Pour tout renseignement et inscription appeler M. Baux au 04 68 66 76 06.

POUR AMÉLIORER la diffusion dujournal, nous venons de fairemodifier la liste de ses pointsde vente (kiosques, maisons dela presse, gares, etc.). Poursavoir où l'on peut acheterL'Action Française 2000, c'estsimple : rendez-vous sur le site Internet www.trouverlapresse.com ;vous obtiendrez la carte etl'adresse de tous les distributeursqui vendent notre journal à cinqkilomètres à la ronde de votredomicile ou d'un lieu donné. Pour nous permettre de vérifier

que le journal est bien exposédans ces points de vente (et nonlaissé sous le comptoir), nousdemandons à nos amis lecteurs (abonnés ou acheteurs aunuméro) d'en faire le tour et denous informer des anomaliesconstatées (écrire ou téléphonerau journal). Nous vous en serons très reconnaissants. q

À NOS AMIS LECTEURS

Diffusion de L'AF 2000

Page 16: e  e de la mort de Louis XVI La

Édité par PRIEP S.A. au capital de 59 880 euros – 10, rue Croix-des-Petits-Champs, 75001 Paris – Imprimerie RPN – 93150 Le Blanc-MesnilNuméro de commission paritaire 0410I86761 – Directeur de la publication : M.-G. Pujo

z MÉMOIRE

La messe pour le repos del'âme du roi Louis XVI etdes membres de la familleroyale sera célébrée àParis, à la demande del'Œillet blanc, en l'égliseSaint-Germain-l'Auxerrois,paroisse des rois deFrance, le vendredi21 janvier 2011 à 12 h 15.

Cortège aux flambeauxDimanche 23 janvier à 19 h 30(voir page 15).

Messes à Paris

o Ve n d r e d i 2 1 j a n v i e r à10 heures, place de la Concorde(face à l'hôtel Crillon) dépôt d'unegerbe de France Royaliste.o Vendredi 21 janvier à 18 h 30,église Saint-Nicolas-du-Chardon-net, 3 rue des Bernardins, Paris 5e.o Ve n d r e d i 2 1 j a n v i e r à19 heures, Centre Saint-Paul,12 rue Saint-Joseph, Paris 2e (ho-mélie par l'abbé Guillaume de Ta-noüarn).o Ve n d r e d i 2 1 j a n v i e r à19 heures, église Saint-Eugène, 4bis rue Sainte-Cécile, Paris 9e

(forme extraordinaire).o Dimanche 23 janvier à 15 h 30,place de la Concorde (messe cé-lébrée par l'abbé Néri).

Messes en province

o AMIENS - Samedi 22 janvier à17 h 30, chapelle 191-195 rue LéonDupontreué.o AVIGNON-ROGNONAS (13870) –Vendredi 21 janvier à 19 heures,église Saint-Pierre de Rognonas(avec la participation de la dévoteet royale compagnie des pénitentsgris, en présence de SAR le princeSixte-Henri de Bourbon Parme ;messe suivie d'un repas et d'uneconférence : "Hier, aujourd'hui, laFrance" ; PAF : 23 euros ; tél. :06 21 63 27 65).o BAYONNE - Dimanche 23 jan-vier à 10 h 30, chapelle Saint-Fran-çois des Capucins, avenue de laLégion tchèque (Fraternité Saint-Thomas Becket). o BEAUNE – Vendredi 21 janvierà 18 h 30, chapelle Saint-Domi-nique, rue des Dominicaines.o BIARRITZ – Dimanche 23 janvierà 11 heures, lieu de culte habi-tuel FSSPX (tél. : 05 59 65 70 05).o BORDEAUX – Vendredi 21 jan-vier 2011, 18 heures, chapelleNotre-Dame-du-Bon-Conseil,62 rue de Lisleferme (FSSPX) ;vendredi 21 janvier à 18 h 30,église Saint-Éloi, rue Saint-James(IBP) ; vendredi 21 janvier à19 heures, église Saint-Bruno, rueFrançois-de-Sourdis.o CAEN – Vendredi 21 janvier à18 h 30, chapelle Saint-Pie X,16 rue du Vaugueux.o CHALON-SUR-SAONE – Dimanche16 janvier à 10 h 30, chapelleNotre-Dame de la Citadelle, messedominicale (rite extraordinaireavec intentions).o DIJON – Samedi 22 janvier à11 heures, basilique Saint-Bernard

de Fontaines-les-Dijon (FraternitéSaint-Pierre).o FLAUX (Gard) – Dimanche23 janvier à 10 h 30, paroisse de la Sainte-Croix, chemin de Seyronnel.o FONTAINEBLEAU – Vendredi21 janvier à 18 h 30, église duCarmel, 6 bis boulevard du maré-chal Leclerc (selon la forme ex-traordinaire du rite romain).o LILLE – Vendredi 21 janvier à18 h 30, chapelle Notre-Dame duRosaire, avenue Émile Zola.o LIMOGES – Vendredi 21 janvierà 11 h 15, église Saint-Michel-des-Lions, place Saint-Michel (à l'issuede la cérémonie, repas amical aurestaurant Croque-en-bouche,place de la Cité).o LYON - Vendredi 21 janvier à18 h 30, église Saint-Denis (Croix-Rousse) ; vendredi 21 janvier à18 h 30, église Saint-Georges, quaiFulchiron ; samedi 22 janvier à10 h 30, église Saint-Pothin,127 rue de Créqui.o MARSEILLE – Vendredi 21 jan-vier à 19 heures, messe célébréepar Mgr Jean-Pierre Ellul pour lerepos de l'âme du roi Louis XVI etdes victimes de la Révolution,église du Sacré-Cœur, 81 avenuedu Prado, 8e arrondissement.o MONTPELLIER-FABRÈGUES –Vendredi 21 janvier à 18 h 30,prieuré Saint-François de Sales(FSSPX).o MULHOUSE – Vendredi 21 jan-vier à 19 h 30, église Saint-Étienne(forme extraordinaire), o NANCY - Dimanche 23 janvier à9 h 25, église Saint-Pierre, av. dumaréchal de Lattre de Tassigny.o NICE – Dimanche 23 janvier à10 heures, chapelle de la Confré-rie de la Très Sainte-Trinité, 1 ruedu Saint-Suaire ; dimanche 23 jan-vier à 10 heures, chapelle de laVisitation, Fraternité Saint-Pie X,place Sainte-Claire.o NIMES – Samedi 22 janvier à11 heures, église Sainte-Perpétue(messe suivie d'un repas amical auPalace et d'une conférence ayantpour thème "Du roi réformateur àla mort de l'homme libre" ; PAF :20 euros ; tél. : 04 66 76 27 57 ).o PERPIGNAN – Vendredi 21 jan-vier à 18 h 30, chapelle du Christ-Roi, 113 avenue Joffre ; vendredi21 janvier à 18 h 30, église Saint-Jacques, chapelle de la Sanch, ruede l'église Saint-Jacques.o TALENCE – Dimanche 23 janvierà 9 heures, chapelle du Christ-Rédempteur, 21 rue Achille-Allard (FSSPX).o THIBERVILLE (Eure) - Samedi23 janvier à 17 heures, église paroissiale Saint-Taurin (sous réserve).o TOULON – Vendredi 21 janvierà 18 h 30, église Saint-François dePaule, place Louis-Blanc.o TOULOUSE – Vendredi 21 jan-vier à 18 h 30, chapelle Notre-Dame-du-Férétra, place Saint-Roch(FSSPX) : vendredi 21 janvier à19 heures, chapelle Saint-Jean-Baptiste, 7 rue Antonin-Mercié(ICRSP).o VILLEURBANNE – Dimanche 16janvier à 11 heures. paroisse duCœur de Marie, 34 rue Richelieu.

218218 ee anniversaire anniversaire

de la mort du roi Louisde la mort du roi Louis XVIXVI

Les Français assistent deplus en plus nombreux auxmesses célébrées le 21 jan-

vier pour le repos de l'âme du roiLouis XVI. Ils éprouvent le besoind'échapper au vacarme abrutis-sant des Droits de l'Homme, les-quels ne sauraient masquer levide spirituel dans lequel laFrance s'enfonce depuis qu'elle achassé de ses institutions toutetranscendance.

Acte de barbarie

En mettant à mort le roi sacré,les révolutionnaires ont érigé ensystème le refus des lois natu-relles et surnaturelles qui assu-raient la pérennité et la duréedans la vie politique comme dansla vie des familles. Le lien esttrop évident entre le meurtre ri-tuel du 21 janvier 1793 et la loidu 17 janvier 1975 organisant lemeurtre de 220 000 enfants ànaître dans le sein de leur mère,sacrifiés à la toute-puissanced'une société hédoniste se per-mettant de décréter à la placedu Créateur si une vie vaut ounon d'être vécue.Cette année, nous recevons à laveille de l'anniversaire du "suicidede la France", pour reprendre l'ex-pression de Renan, une magnifiqueVie de Louis XVI. Il s'agit d'un ou-vrage de l'écrivain polémiste An-toine Jean Cassé Saint-Prosper(1790-1841), publié en 1821 et quenous présente aujourd'hui avec en-thousiasme Alain Sanders, souli-gnant que ce livre court fut écritpour le peuple, « première vic-time de cet acte de barbarie quimit la France en état de péché »,et que ce texte datant de la Res-tauration contient les avertisse-ments que l'on n'a pas voulu en-tendre en leur temps, mais qui

sont plus que jamais urgents. Dansun style très sobre, l'auteur, quin'est pas un érudit, entend laverla mémoire du roi-martyr de tousles traitements ignominieux dontl'ont souillée « ces hommes quiosent s'appeler libéraux » ; il veutamener les cœurs religieux à seranger « dans le combat à our-trance que les doctrines de des-truction livrent aux doctrines deconservation ». Le vrai bien ne fait pas de bruit.Louis était déjà discrètementl'exemple de toutes les vertusquand la mort de Louis XV le fitroi. Hélas, dès le début de sonrègne, « l'opinion publique, ou,pour parler plus juste, la clameurdes salons était devenue une puis-sance devant laquelle la majestédes rois s'inclinait soumise » ; ellecommanda donc au choix de sesministres et ce fut fatal. Ainsi mar-chait-on vers « les sanglantes sa-turnales de la Révolution ». Legrand souci du roi dans toutes cesjournées fut d'éviter de faire cou-ler le sang français. Puis ce fut laConstituante, la Législative en-core plus mal élevée, Varennes...Et le 20 juin et le 10 août, la dé-chéance et l'infâme procès, lesadmirables défenses de Male-sherbes et de de Sèze, enfin lejugement ignoble de Capet devantl'Histoire et devant les siècles...Louis, jusqu'au bout, s'inquiéta dusort de ses serviteurs. Puis on lui permit de revoir un ins-tant sa famille : « Le roi, dont lestraits étaient évidemment alté-rés, essayait de consoler sa fa-mille, pleurait de douleur pourelle et non par la crainte de lamort. [...] Aux consolations lesplus tendres, il mêla ensuite pourson fils de bonnes instructions re-ligieuses, insista pour qu'il par-donnât à ses assassins. Enfin il lui

donna sa bénédiction ainsi qu'à sasœur. » Puis voici la grande et cou-rageuse figure de l'abbé Edgeworthde Firmont : « Fils de saint Louis,montez au Ciel ! » La parole futcoupée au roi par le tambour deSancerre. « Alors les bourreauxle poussèrent sous la hache et, enun seul coup, tomba la tête dupuissant monarque qui jadis avaitoccupé le premier trône dumonde. Ivre de rage, le plus jeunedes bourreaux saisit cette têteauguste, le montra au peuple ruis-selante de sang. Cependant le plusprofond silence continua de ré-gner jusqu'au moment où des crispartirent d'un groupe de scélératsarmées. »

La fin de la France ?

Ainsi fut immolé le roi qui toutesa vie ne désira (trop ?) que lebonheur des Français. Ce livreédifiant le montre de bout enbout. Mais il contient aussi uneréflexion prémonitoire : « La Ré-volution a causé à la France uneperte de plus de dix millionsd'hommes ; une démoralisationcomplète ; quatorze années duplus effroyable despotisme etdeux invasions. Au reste il est in-contestable que, si on continuetoujours d'avoir la même bontéenvers la révolution elle finirapar faire disparaître de l'Europejusqu'au nom même de Fran-çais. » La France abortive et eu-ropéiste en a déjà pris le chemin.Mais rien n'est inexorable quandon veut vraiment revenir auxidées qui sauvent. n

Michel Fromentoux

3 Antoine Jean Cassé Saint-Pros-per : Vie de Louis XVI, AtelierFol'fer, 130 p., 18 euros.

o LOUIS XVI

Dans le cœur des FrançaisÀ la veille du 21 janvier, nous redécouvrons une Vie de Louis XVI publiéen 1821, où l'auteur s'adresse au peuple, « première victime de

cet acte de barbarie qui mit la France en état de péché ».

Plus de deux siècles après sa mort, les Français continuent de prier pour Louis XVI(Ici à Saint-Germain-l'Auxerrois le 21 janvier 2010)