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Benoît Monnoyer - Aurore Philippot Nouvelle édition que du plaisir ! Lire Manuel 4

e que du plaisir ! elle édition - Plantyn

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Benoît Monnoyer - Aurore Philippot

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que du plaisir !LireManuel 4

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Crédits photos : © Shutterstock (Aispix, Andrey Yurlov, Sepri Suharjoto, Michele, Uryadnikov, Jerry Horbert, Somatuscan, Glenda M. Powers, igordutina, svand, hen-riklarsson, johan_swanepad, Serg64), Fotolia (Uryadnikov, Dléonis, Frog 974, Africa, Ecoview, Richard Carey, Bob Bartek, Bsites, Jeanne Hatch), Wikipedia (Olivier Ezratti), Wikimedia (John C. H. Gabrill), André Borbé, istock.

Graphisme intérieur : Double ClicGraphisme de couverture : Double ClicIllustration de couverture : Agnès de RyckelIllustrations : Nathalie SacréMise en page : Dominique Donckels

© Plantyn sa, Waterloo, BelgiqueTous droits réservés. Mises à part les exceptions formelles prévues par la loi, aucune partie de cette publication ne peut être reproduite, stockée dans une base de données ou retransmise publiquement, sous quelque forme ou de quelque manière que ce soit, sans l’autorisation écrite préalable de l’éditeur. Le photocopillage menace l’avenir du livre !L’éditeur s’est efforcé d’identifier tous les détenteurs de droits. Si malgré cela, quelqu’un estime entrer en ligne de compte en tant qu’ayant droit, il est invité à s’adresser à l’éditeur.

ISBN 978-2-8010-0602-3 LQDP40L-002-01 D2014/0120/074

Waterloo Office Park, Drève Richelle 161, bât. L, 1410 WaterlooT 02 427 42 47F 02 425 79 03 [email protected]

Cet ouvrage a été imprimé sur du papier d’origine responsable.

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Lire que du plaisir comprend également un cahier d’exercices de lecture et un cahier de grammaire/conjugaison.

Benoît Monnoyer – Aurore Philippot

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que du plaisir !LireExercices 4

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que du plaisir !Conjugaison 4

Lire

Benoît Monnoyer – Aurore Philippot

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que du plaisir !Grammaire 4

Lire

Lire que du plaisir est une collection de textes variés et captivants, élaborée pour te

transmettre la passion de la lecture.

Dans ce manuel, nous avons choisi pour toi des récits, des contes, des recettes et bien

d’autres textes passionnants pour continuer à enrichir ton vocabulaire et t’aider à com-

prendre le sens de ce que tu lis. Car, pour parfaire ton apprentissage de la lecture, il te

faut aller à la rencontre de textes variés : des textes pour comprendre, pour connaître,

pour t’émouvoir, pour t’informer, pour clari� er ta pensée, pour te faire une opinion…

Nous espérons que ces textes t’intéresseront et qu’ils te donneront surtout l’envie et le plai-

sir de lire.

Les auteurs

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Parfois, on doit se battre pour se défendre, pour se mesurer ou s’ amuser, c’ est l’énergie, ça fait partie de la vie ! Mais parfois on va trop loin, on ne se contrôle plus, on fait mal, on casse… et ce n’ est plus drôle du tout. Ça c’ est de la violence !

a. La violence existe depuis toujours !Nos ancêtres de la Préhistoire se battaient contre la nature, contre les animaux pour survivre et entre eux pour conquérir et pour défendre ce qu’ils possédaient.Aujourd’hui, il y a de la violence dans le monde.Pollution, bruit, misère, maladies, meurtres, accidents, vols, agressions, guerres…

b. Je deviens violent quand on m’attaque…Pourquoi ne pas se défendre ? On n’ a pas envie de se laisser faire, d’avoir mal, de se faire prendre ce qu’ on a. Si on ne réfléchit pas, on répond à la violence par la violence.

c. Je deviens violent quand on décide de tout à ma place…Jamais assez de temps pour jouer !Tout le temps être forcé de se dépêcher ou de se calmer !On ne se sent jamais le chef de sa vie.Et quand on est trop stressé, on explose !

d. Je deviens violent quand on me manque de respect !C’ est pas juste ! On est sûr d’ avoir raison, mais pas moyen qu’ on nous croie ou qu’ on reconnaisse nos efforts. Alors, on ne se sent pas respecté et on n’ a plus envie de respecter rien ni personne !

e. Je deviens violent quand je ne supporte pas d’obéir !

Quand les parents ne disent jamais non et ne disent pas ce qui est interdit, c’ est dur d’ obéir à des règles. Et quand on n’ a pas tout ce qu’ on veut tout de suite, on cherche la bagarre !

5. Non à la violence !

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f. Je deviens violent quand on se moque de moi !Quand on se fait traiter de nain, de moche, de nul, ça fait perdre la confiance en soi. On se sent minable de ne pas réussir. Mais pas question de protester, on serait encore plus ridicule. Alors on se venge de ces moqueries qui font si mal.

g. Je deviens violent quand je suis jaloux !Quel supplice d’ être jaloux ! Surtout si on n’ ose pas le dire. Souffrir d’ avoir moins d’ amour, de jouets, d’ amitié que les autres, se sentir de trop... La jalousie est un volcan brûlant prêt à exploser !

h. Je deviens violent quand je ne sais pas comment dire...Dur de trouver ses mots quand on est étranglé par la colère ou par la peur !Comme on n’ arrive pas à s’ expliquer sur ses sentiments, on se met à crier et à menacer.

i. Des pistes pour éviter la violence ! Demande conseil à un ami, à une personne en qui tu as confiance. Ne crois pas que tu es le seul à souffrir. En cas de dispute, essaie de savoir pourquoi tu te disputes, si ça en vaut la peine, s’il n’ y a pas un malentendu. Négocie, cède un peu, même si c’ est dur pour l’orgueil. Écoute et essaye de te mettre à la place de l’ autre. Si vous n’ arrivez pas à vous mettre d’ accord, trouvez un médiateur, enfant ou adulte, qui peut vous aider à vous expliquer et à trouver une solution. Tu deviendras peut-être un jour toi-même un médiateur.

Et puis… Fais du sport pour jouer avec des règles et pour te défouler. Dessine, fais de la musique ou du théâtre pour dire ce que tu sens. Mange et bois assez. Avoir faim ou soif, ça énerve. Dors assez ! C’est bon pour l’ équilibre !

j. Alors, face à la violence, qu’est-ce que tu choisis ? Tu la laisses te mener par le bout du nez, tu la subis ou tu la rends. Tu es piégé ! Tu la commandes et tu t’entends bien avec les autres. Tu es le plus fort !

D’après le « Petit livre pour dire NON à la violence », des Éditions Bayard Poche/Astrapi

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Dans un joli petit village d'Espagne vivait un jeune prince charmant, aux che-veux blonds et aux yeux bleus, appelé Hugo. Il était adroit ainsi que rusé. Il avait deux qualités : il était loyal et franc, et un défaut : il était têtu comme une mule.

Malgré le danger, Hugo voulait aller à la recherche de sa fi ancée Marie, prison-nière d'une méchante reine jalouse de sa beauté. Elle la détenait dans un châ-teau lugubre et isolé. Celui-ci était caché dans la forêt. Par chance, à l'orée d'un bois, Hugo fi t la connaissance d'un nain appelé Prof qui lui indiqua le chemin à prendre.

Il partit donc à l'aube en emportant son épée. Après avoir traversé des villages inconnus et des bois sauvages, il rencontra, par une journée au temps chaud, une fée victime d'un sortilège. Hugo n'hésita pas une seule seconde à la délivrer. Cette belle inconnue appelée Olivia le remercia en lui fai-sant cadeau d'un anneau magique qui lui permet-trait de se rendre invisible si besoin.

Au bout de plusieurs jours d'aventures, Hugo arriva enfi n au château mais les ennuis ne faisaient que commencer ! En effet, un dragon horrible à l'air ef-frayant en gardait l'entrée.

Il escalada alors les remparts et se faufi la par une petite porte mais fut surpris par son adversaire qui voulut s'emparer de lui pour le dévorer. Il utilisa son anneau magique et fi nalement fut le plus fort. Hugo enchaîna le dragon puis libéra sa fi ancée.

Ils quittèrent le château et retournèrent dans leur pays où on organisa des fêtes magnifi ques, puis ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants.

12. Les aventures d’Hugo

Écrit par Aurore Philippot.

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22. Les plus beaux carnavals du monde

Grande fête païenne qui précède le carême chrétien, le carnaval existe dans de très nombreux pays et se caractérise par ses déguisements farfelus, drôles ou provocants. Les participants défilent dans les rues de leur ville au son des orchestres et sous les applaudissements de la foule.Certains carnavals comme celui de Binche et celui de Venise sont connus dans le monde entier.

Le carnaval de Binche, oranges et plumes d’ autruche OÙ ?Binche est une petite ville située à une soixantaine de kilo-mètres de Bruxelles. Tous les ans, depuis des générations, ce carnaval légendaire fait vivre la ville, non seulement au moment du Mardi gras, mais aussi toute l’ année en raison de la prépara-tion minutieuse qu’ il nécessite.

QUAND ?Il se déroule au moment du Mardi gras, dans la semaine précé-dant le Mercredi des Cendres.

UN CARNAVAL LÉGENDAIRE :L’ origine du carnaval de Binche remonterait au XVIe siècle. À l’ époque, Marie de Hongrie, Dame de Binche, offrit des fêtes somptueuses en l’ honneur de son frère Charles Quint et de son fils Philippe II d’ Espagne. En définitive, cela donna sept jours de fastes et de costumes resplendissants, dont fut tiré un proverbe encore existant aujourd’ hui, « Mas bravas que las fiestas de Bains », que l’ on peut traduire par « Pas de fêtes plus magnifiques que celles de Binche ». Avec ces bals en costumes bariolés, ces simulations d’ actions militaires, ces banquets d’ abondance et ces feux d’ artifice, le carnaval de Binche gagna ses lettres de noblesse.

UN COSTUME TRADITIONNEL :Pour coller parfaitement à la tradition du carnaval de Binche, les participants sont vêtus d’ un costume traditionnel. Celui-ci se compose d’ une blouse et d’ un pantalon aux motifs des lions de Belgique, d’ un grelot placé sur le plastron, d’ une ceinture de lin garnie de fils de laine, de sabots, d’ un chapeau en plumes d’ autruche et d’ un masque. Ainsi costumés, les Gilles, nom des participants, paradent dans les rues de la ville et distribuent des oranges placées dans un panier en osier tressé. Mais attention, n’ est pas Gille qui veut, c’ est une tradition réservée aux natifs de Binche qui se transmet de génération en génération.

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Le carnaval de VeniseOÙ ?Venise est, avec Paris, la capitale des amoureux. C’ est dans cette ville située au nord-est de l’ Italie que se déroule chaque année depuis la Renaissance un carnaval qui autrefois pouvait durer jusqu’ à six mois.

QUAND ?Le carnaval de Venise se tient traditionnellement les dix jours précédant le Mercredi des Cendres.

MESDAMES, VOULEZ-VOUS DANSER ?Au début du carnaval, la tradition voulait que les participants, roturiers et aristocrates, revêtent des cos-tumes extravagants et restent anonymes grâce à leur masque ne faisant ressortir que les yeux. Ces dégui-sements permettaient aux Vénitiens de s’ échapper d’ un quotidien parfois trop lourd. Tout le monde se mettait alors à danser dans les rues. Mais à la suite de beaucoup de dérives, le carnaval fut interrompu de nombreuses années et ne reprit de l’ importance que dans les années 1970.

UN CARNAVAL TOURISTIQUE :Aujourd’ hui, le carnaval de Venise attire de nombreux touristes. Pendant dix jours, la fête l’ emporte sur la réalité et la ville entière se transforme en scène de théâtre. Toute la population sort déguisée, empruntant ses costumes au théâtre populaire du XVIIIe siècle quand des troupes d’ acteurs masqués racontaient des histoires simples, qui mêlaient humour et sentiments. Les héros de cette commedia dell’ arte sont des va-lets qui se nomment Arlequin, Pierrot, Scaramouche ou Polichinelle. Tantôt amoureux, tantôt pleurnichards, ils sont facilement traîtres, souvent jaloux… plein de défauts plus faciles à assumer sous un masque !

DES COSTUMES SOMPTUEUX :Les costumes du carnaval de Venise sont parmi les plus beaux du monde : il y a le « tabarro » ; longue cape noire, le « domino » ; robe flottante à capuchon, et de luxueux costumes multicolores. On peut y voir aussi de très beaux masques : loups, masques blancs, mais aussi des masques expressifs ornés de strass et de plumes qui sont de véritables œuvres d’ art.

Sources : Elisabeth Dumont-Le Cornec, « Les fêtes d’ ailleurs racontées aux enfants d’ ici »,

Éditions de La Martinière Jeunesse, 2006.J. Fijalkow, J. Garcia, P. Cayré et M. de la Cruz, « Le carnaval »,

Éditions Magnard documents, 1995.

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30. Et si on jouait aux osselets…

Autrefois, le jeu des osselets se pratiquait avec de petits os de mouton. Aujourd’hui, les osselets sont fabriqués en plastique.

En quoi consiste ce jeu ?

Ce jeu assez connu est principalement un jeu d’adresse. Le but est de réaliser, à l’aide des cinq osselets, un certain nombre d’épreuves qui permettront d’amener le(s) joueur(s) à l’épreuve fi nale appelée « Tête de mort ». Le 1, le 2, le 3, le 4, la tourcifel et la retournette sont les diffé-rentes épreuves à effectuer dans l’ordre dans lequel elles vous ont été données. Il n’y a que la retournette qui permet de marquer des points. Ce cycle d’épreuves est à recommencer jusqu’à ce qu’on obtienne 100 points. Une fois ces points additionnés, vient l’épreuve fi nale.

En quoi consistent ces épreuves ?

Un des cinq osselets est rouge et est nommé le « père ». Toutes les épreuves se jouent à une seule main, la droite pour les droitiers et la gauche pour les gauchers.

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Le 1 : les osselets sont lancés sur le sol. Le joueur ramasse le « père », le lance et pendant ce temps ramasse un osselet avec la même main, pour ensuite rattraper le « père » avant qu’il ne retombe. Si le « père » n’est pas rattrapé à temps, le joueur donne les osselets à un autre. Lorsque ce sera à nouveau à son tour, le joueur devra repasser l’épreuve qu’il a perdue.

Le 2 : même principe que le 1 mais dans cette épreuve, le joueur doit prendre les osselets 2 par 2.

Le 3 : dans cette épreuve, le joueur doit prendre la première fois un osselet et la deuxième fois, il doit attraper les trois osselets restant d’un coup.

Le 4 : le joueur doit prendre les quatre osselets d’un coup.

La tourcifel : le joueur tient les quatre osselets dans sa main, le poing fermé, le « père » est placé entre le pouce et l’index. Le joueur lance le « père » en l’air et dépose les quatre osselets sur le sol. Il rattrape ensuite le « père », le relance, reprend les quatre osselets et rattrape le « père » avant qu’il ne touche le sol.

La retournette : le joueur prend les cinq osselets en main, les lance en l’air et essaie d’en rattraper le plus possible sur le dos de la main. Aucun osselet ne doit tom-ber à ce moment-là. Le joueur relance les osselets pour les rattraper, cette fois-ci, dans la paume. Le joueur compte alors les points obtenus en sa-chant que quatre osselets valent 5 points et que le « père » en vaut 10.

L’épreuve fi nale, la « Tête de mort » : les quatre osselets sont placés entre les doigts. On effectue alors une retournette avec le « père ». Trois essais vous sont accordés pour y arriver. Puis, grâce au pouce, le joueur ramène les osselets qui sont entre les doigts, sans les faire tomber, au milieu de la main. Le premier joueur à réussir cette épreuve a gagné la partie. Si on échoue, on recommence la partie depuis le début.

Bon amusement !

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35. Nanook le brun et Nanook le blanc

Canada, AlaskaD'igloo en igloo, la nouvelle se propagea comme une traînée de poudre : Atitak, la femme d'Anakattak, venait de mettre au monde des jumeaux, deux garçons d'un poids exceptionnel. Chacun dans le village se réjouissait de la venue de ces deux nouveaux Inuits. On enviait leurs heureux parents qui, lorsqu'ils seraient vieux, pourraient compter sur ces deux chasseurs pour assurer leur subsistance.

Pourtant, Atitak, au lieu de se réjouir, pleurait, la tête enfouie sous ses couvertures, et pa-raissait inconsolable. Quand, après la naissance, elle avait approché la lampe à huile pour contempler ses enfants, elle avait poussé un cri d'horreur en découvrant deux petits êtres velus de la tête aux pieds. À peine si elle distinguait, parmi les poils qui couvraient leur visage, de minuscules yeux brillants. Quelle déception !

Tout en essayant de calmer son épouse, Anakattak s'occupait des deux nouveau-nés.

"Nanook !, dit-il, nous les appellerons Nanook !"

Il avait entendu dire par les Anciens qu'on ne doit pas laisser un enfant sans nom car cela porte malheur. Puis, toujours pour respecter les coutumes ancestrales, afi n de les protéger du mauvais sort, il leur glissa au poignet un bracelet fait de lanières de peau de phoque tres-sées.

Atitak sanglotait plus doucement. Elle paraissait se calmer. Elle allaita même les nouveau-nés, surmontant la répulsion qu'ils lui inspiraient... Anakattak, un peu rassuré, s'endormit.

Quand Atitak n'entendit plus aucun bruit dans le village, elle se leva. Elle prit dans ses bras les enfants qui dormaient à poings fermés, sortit de son igloo et marcha dans la nuit po-laire aussi longtemps qu'elle le put. À bonne distance du vil-lage, elle abandonna les deux Nanook et rentra se coucher près de son mari qui dormait toujours...

Les enfants, dans la neige et le froid, criaient. Mais personne ne les entendait. L'un d'eux rampa en direction de la mer ge-lée. Son frère, quant à lui, se traîna du côté opposé, vers l'inté-rieur des terres.

À son réveil, Anakattak s'étonna de ne pas retrouver ses fi ls. Il pensa que les esprits des glaces les avaient sans doute repris puisque leur mère ne les aimait pas.

Le temps passa ; Atitak eut un autre fi ls, Uluksak, puis encore un autre, Awa, de vrais enfants ceux-là, semblables à tous les petits Inuits. Ils grandirent près de leur père et, comme lui, devinrent d'habiles chasseurs.

Un jour, au début du printemps, Uluksak partit sur la banquise chasser le phoque. Son frère Awa préféra suivre dans la toundra la piste d'un caribou... Le soir, ni l'un ni l'autre ne rentra au village, ni les jours suivants. Leurs parents les crurent morts.

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Que leur était-il donc arrivé ?

Uluksak, alors qu'il se trouvait assez loin des côtes, sur la mer gelée, avait entendu d'étranges craquements : la glace, tout autour de lui, se cassait. Il essaya bien de revenir vers le rivage mais il était trop tard. Sur un bloc de glace transformé en radeau, il partait vers le large. Des jours durant, il dériva ainsi sur l'océan, mangeant le cuir de ses bottes pour ne pas mourir de faim...

De son côté, son frère Awa connaissait également des mésaventures. Alors qu'il marchait dans la toundra, au milieu des marécages, ses chiens, effrayés par des loups, s'étaient en-fuis. Il restait seul, désemparé. Longtemps, il erra, incapable de retrouver le chemin de son village. Épuisé, affamé, ayant perdu tout espoir, il s'endormit...

Uluksak se désespérait lui aussi lorsque son bloc de glace heurta un îlot. Apercevant l'entrée d'une grotte, il voulut s'y mettre à l'abri, mais il se trouva nez à nez avec un énorme ours blanc ! Il essaya bien de se sau-ver ; l'animal l'attrapa par la manche ! Uluksak pensa que sa dernière heure était venue. Pourtant, l'ours se mit à lui parler d'une voix rassurante :

"N'aie pas peur, je suis Nanook l’ours blanc, ton frère aîné. Mange un peu de poisson et je te raconterai mon histoire..."

Le lendemain, le vent tourna. Nanook l'ours blanc fi t monter Uluksak sur sa plaque de glace. Avant de lui dire adieu, il lui remit un petit bracelet fait de lanières de cuir de phoque tressées.

"Montre-le à notre mère, elle le reconnaîtra", dit Nanook, puis il ajouta :

"Dis-lui que je lui ai pardonné !"

Au même moment, à des lieues de là. Awa ouvrait les yeux. Il sentait sur son corps une douce chaleur. Une épaisse fourrure sombre le recouvrait... La fourrure bougea : c'était un ours !

"N'aie aucune crainte, dit l'animal, je suis Nanook l'ours brun, ton frère aîné. Mange un peu de viande et je te raconterai mon histoire..."

Le lendemain, l'ours brun reconduisit Awa sur le chemin de son village. En le quittant, il lui remit un petit bracelet fait de lanières de cuir de phoque tressées.

"Montre-le à notre mère, elle le reconnaîtra..."

Puis il ajouta :

"Dis-lui que je lui ai pardonné !"

Les deux frères revinrent au village, où plus personne ne les attendait, le même jour. En voyant les bracelets, leur mère s'évanouit...

Depuis, on raconte, dans le Grand Nord américain, que les ours et les Esquimaux appar-tiennent à la même famille.

Source : Bernard Briais et Claude-Catherine Ragache, Mythes et légendes "Les créatures fantastiques", Éditions Hachette, 1996.