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Du 12/06 au 9/07/2015 : Exposition « Ipséité » Raymond BERBIGUIER (Peintre) Rolland BURAUD (Peintre) Jean-Marie SALANIE (Peintre) Vernissage le vendredi 10 juillet à partir de 19 h avec une performance de Jean-Marie Salanié Le vendredi 18 juillet à partir de 19 h 30 : Film « Regards qu’on plisse » d’Alain NAHUM sur Roland BURAUD Le vendredi 24 juillet à partir de 19 h 30 et autour d’un cocktail : Conférence « Paul KLEE » par Joëlle EYRAUD Illustration musicale : Jean-Marc EYRAUD (guitare), Valérie WASTABLE (clarinette), Nans EYRAUD (éléctronique) EBATS DE SENS 22 Les carnets de brouillon de la galerie Sens Intérieur «La vie est un brouillon qu’on ne mettra jamais au propre» Wolinski ACTUALITÉS DU MOMENT Juillet 2015 EDITORIAL « Ipséité » … voilà un titre d’exposition qui renvoi au dictionnaire : « ce qui fait qu’un être est unique , singulier, comparable à nul autre » … Voir impénétrable pour autrui … Mais aussi constant au plus profond de lui, en dépit de tous les bonheurs ou adversités qui peuvent subvenir au sein d’une existence. Voici donc 3 artistes singuliers dont l’oeuvre est centrée sur l’être et non le paraître. ils ont tous choisi d’être hors mode, hors temps, hors marché. Ils ont privilégié l’expression libre de leur talent et de la perception qu’ils ont d’eux-même. Ils sont tous de très grands dessinateurs avant d’être des peintres de l’âme, de leur âme … ou plutôt à la recherche de leur âme. Ils produisent tous des images existentielles, des mises à nu de leur être profond, confronté à l’expérience de leur propre vie. Ce présent numéro de EBATS de SENS consacre exceptionnellement 3 « analyse d’une oeuvre » distinctes à ces 3 formes et forces d’expression, qui plus est de très grandes factures. Certes, ces oeuvres dérangent, parfois par leur violence, parfois par leur banalité, toujours par leur force. L’un de ces artistes me disait : « les gens ont peur de mes oeuvres car en réalité ils ont peur d’eux-mêmes ». Cette exposition est une leçon de vie, pour apprendre à se vivre et à vivre l’échange à l’autre.. Bruno BERNARD

EBATS de SENS N°22sensinterieur.com/data/documents/EBATS-de-SENS-Ndeg22.pdfACTUALITÉS DU MOMENT Juillet 2015 Roland BURAUD « Sans titre » - Huile / toile - 96*136 cm - Mai 2008

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Du 12/06 au 9/07/2015 : Exposition « Ipséité » Raymond BERBIGUIER (Peintre) Rolland BURAUD (Peintre) Jean-Marie SALANIE (Peintre) Vernissage le vendredi 10 juillet à partir de 19 h avec une performance de Jean-Marie SalaniéLe vendredi 18 juillet à partir de 19 h 30 : Film « Regards qu’on plisse » d’Alain NAHUM sur Roland BURAUDLe vendredi 24 juillet à partir de 19 h 30 et autour d’un cocktail : Conférence « Paul KLEE » par Joëlle EYRAUD Illustration musicale : Jean-Marc EYRAUD (guitare), Valérie WASTABLE (clarinette), Nans EYRAUD (éléctronique)

EBATS DE SENS 22 Les carnets de brouillon de la galerie Sens Intérieur «La vie est un brouillon qu’on ne mettra jamais au propre» Wolinski

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EDITORIAL

« Ipséité » … voilà un titre d’exposition qui renvoi au dictionnaire : « ce qui fait qu’un être est unique , singulier, comparable à nul autre » … Voir impénétrable pour autrui … Mais aussi constant au plus profond de lui, en dépit de tous les bonheurs ou adversités qui peuvent subvenir au sein d’une existence. Voici donc 3 artistes singuliers dont l’oeuvre est centrée sur l’être et non le paraître. ils ont tous choisi d’être hors mode, hors temps, hors marché.

Ils ont privilégié l’expression libre de leur talent et de la perception qu’ils ont d’eux-même. Ils sont tous de très grands dessinateurs avant d’être des peintres de l’âme, de leur âme … ou plutôt à la recherche de leur âme. Ils produisent tous des images existentielles, des mises à nu de leur être profond, confronté à l’expérience de leur propre vie. Ce présent numéro de EBATS de SENS consacre exceptionnellement 3 « analyse d’une oeuvre » distinctes à ces 3 formes et

forces d’expression, qui plus est de très grandes factures. Certes, ces oeuvres dérangent, parfois par leur violence, parfois par leur banalité, toujours par leur force. L’un de ces artistes me disait : « les gens ont peur de mes oeuvres car en réalité ils ont peur d’eux-mêmes ». Cette exposition est une leçon de vie, pour apprendre à se vivre et à vivre l’échange à l’autre..

Bruno BERNARD

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Raymond BERBIGUIER « Sans titre »

Technique mixte sur papier 42* 39,5 cm

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Roland BURAUD « Sans titre » - Huile / toile - 96*136 cm - Mai 2008

Jean-Marie SALANIE « Sans titre » - Triptyque - Acrylique & pastel / toile - 146 * 342 cm - 2013

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Né en 1935 à Marseille et diplômé des Beaux Arts de cette même ville, Raymond Berbiguier est un très grand dessinateur … mais là n’est pas le coeur de son oeuvre. Pour le plus grand nombre, il peint la souffrance, la douleur, le morbide. «  Je n’aimerai pas être dans sa peau … voilà ce que j’entends si souvent à la galerie ! C’est vraiment mal le connaitre ! C’est un homme de combats, intellectuels et physiques. C’est un homme de révolte contre l’homme et toutes les atrocités dont il est capable au sein de toute civilisation anciennes ou modernes, comme si l’humanité niait dans les actes, les faits et l’histoire, tout progrès. Ce n’est pas pour rien qu’il a pratiqué le Karaté et l’Aïkido … tout autant que la méditation transcendantale orientale.

Ses combats, il les expriment dans sa peinture pour dénoncer l’absurde, mais aussi pour entretenir l’espoir. Le voir peindre, c’est assister à un combat : la violence du geste, la précision du trait, la création d’un magma pictural d’où jaillira soudain des formes que nul ne peut prédire, pas même l’artiste. Et pourtant, il y a chez lui une lente maturation (ses dessins préparatoires sont déjà des oeuvres d’art), puis des fulgurances soudaines dans la réalisation. « Raymond Berbiguier est un donneur de vie.  » … pour reprendre l’expression d’un grand patron de l’industrie qui le collectionne depuis toujours.

Analyse de l’oeuvre de Raymond BERBIGUIER Par Bruno BERNARD

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Raymond BERBIGUIER

« Sans titre» Technique mixte sur papier

46*30,5 cm

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Né en 1946 à La Rochelle, diplômé des Beaux Arts de Paris, Roland Buraud est décédé à Paris en 2009.

Extraits de « Une compassion désespérée  » de Christian GATTINONI :

Les corps dans la peinture de Roland BURAUD ont la teneur de linceul en suspens sur le fond monochrome sombre. Chaque toile est barrée par une telle présence corporelle qui occupe le centre le plus large du tableau. Chacune se trouve dans la position d’une moderne descente de croix. Cependant la spiritualité qui baigne l’ensemble est proprement laïque. Aucun espoir d’au-delà, mais la toute présence de la vie dans son impossible. Si un univers littéraire trouve ici une traduction c’est celui de BECKETT. Nous sommes en «  fin de partie  » d’une tragédie forcément individuelle. Le dialogue des présences est réduit à sa plus simple expression. En disparition lente, fusionnelle. Un corps arqué sur sa solitude ne converse dans l’inversion des formes

qu’avec son ombre portée qui semble assumer indépendamment son potentiel charnel. D’autres corps parcellaires viennent se poser en croix, se pencher, s’abîmer sur les figures centrales. Leur mouvement global en arc complémentaire semble manifester une empathie physique. Ils sont tout entier dans ce geste qui les courbe vers le grand corps tendu comme un gisant. Les brouillons de visage sont laminés par des traits peints qui leur confère une présence fantômale. Le corps principal s’affirme plutôt comme masculin quand les petites formes qui les crucifient de leur présence consolatrice se revendiquent de restes de féminité. Non pas des pleureuses, impossible dans cette atmosphère de haut silence, mais des déplorantes. …/… La peinture a cette fragilité épidermique qui frissonne de ces présences rémanentes. La «  nouaison  » des corps qui hantent les arrières-saisons de la vie tente cet acharnement compassion comme une thérapie de la dernière chance, celle du projet qui fait oeuvre dans les infimes variations de ces situations humaines d’une extrême tension. Au crépuscule des corps.

Analyse de l’oeuvre de Roland BURAUD Par Christian GATTINONI (Critique d’art et Enseignant à l’Ecole Nationale Supérieure de la Photographie d’Arles)

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Roland BURAUD

« Sans titre » Huile / toile-

63*78 cm

« Nous sommes des navires lourds de nous-mêmes, Débordants de choses fermées, nous regardons A la proue de notre périple toute une eau noire S’ouvrir presque et se refuser à jamais sans rive. » Yves BONNEFOY

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Né en 1960 à Paris et diplômé de l’Ecole Nationale Supérieure des Arts Décoratifs de Paris, Jean-Marie Salanié vit et travail dans le Sud-Ouest de la France.

«  Métaphysique de la chair ou les entrailles du merveilleux »

«  Si la peinture de Jean-Marie Salanié s'inscrit incontestablement dans la généalogie du tragique, elle atteint pour moi un genre nouveau qui par sa singularité, la distingue d'une figuration expressionniste en général. Ici l'artiste est résolument tourné vers une quête incessante  : celle d'une vision. C'est à dire, d'une révélation visuelle qui prend sa source dans la mortification des chairs. Non pas celle du corps visible dans la totalité de son enveloppe charnelle mais plutôt, celle moins convenue des entrailles.

Ici nous sommes dans l'en dedans du corps, dans la plaie béante de nos peurs, dans les viscères polychromes qui s'exposent à travers les splendeurs du drame et de la tragédie. Au premier regard, nous avons l'impression d'être les témoins d'un art divinatoire comme celui des haruspices antiques où l'on se livrait à l'interprétation des entrailles d'un animal sacrifié. Il y a une sorte d'écriture dans cette chair picturale qui se métamorphose sous les coups répétés, les sollicitudes et les assauts du geste créateur. L'oeuvre de Salanié est une mantique onirique où les accidents et les repentirs sont autant de blessures dans une bataille dénuée de tout soutien. Elle n'est pas chargée d'une complaisance morbide, elle est une condamnation de la mort elle même et l'artiste la met en demeure de lui apporter une réponse comme si, en exhibant ce chaos de chair il voulait en extraire un souffle de vie. »

Analyse de l’oeuvre de Jean-Marie SALANIE Par Frédéric M-L RUSCONI (Artiste peintre)

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Jean-Marie SALANIE

« Sans titre » Acrylique / toile

117*90 cm