Le vélo pour tous

JEAN-MICHEL RICHEFORT & JEAN LE BIVIC

Préface

Adepte des cyclo(sportives) depuis de nombreuses années, j’ai longtemps cultivé l’esprit de compétition et entretenu mes rêves de coureur cycliste… avant de savourer enfin les bienfaits du vélo.Au fil du temps, le vélo passion est devenu un véritable art de vivre ; oubliés l’hypertension et le stress, les insomnies, les articulations récalcitrantes et les kilos superflus… Désormais, le vélo est synonyme de bien-être, de convivialité et de loisirs.Quoi de plus agréable qu’une sensation de fatigue physique qui permet d’oublier le surmenage quotidien et qui déclenche un sommeil profond !Quoi de plus sympa qu’une sortie conviviale en famille ou entre amis sur les routes de campagne.Bien dans sa tête, bien dans son corps, on redécouvre les joies d’une vie saine, débarrassée des toxines et des états d’âme.Fort de ces impressions, on devient alors plus exigeant au niveau du matériel. On apprécie les bons braquets, on assure un suivi médical… On respecte enfin les règles d’or de l’entraînement.Gagné par la passion, il ne reste plus alors qu’à maîtriser le jargon du vélo, à troquer son « vieux clou » contre un cadre en carbone… « À flinguer » dans « les coups de cul »… À chatouiller les pédales… pour s’entendre dire enfin … « ce type-là a été vacciné avec un rayon de bicyclette ! »

HENRI SANNIERJournaliste France Télévision

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Préambule

Pour bien situer cet ouvrage dans la littérature déjà très fournie de cette discipline sportive, nous avons préféré mettre en évidence le terme vélo, plus général, plus populaire.Du vélo-promenade au vélo-loisirs : c’est le vélo pour tous. Volontairement, nous ne traiterons pas l’aspect compétition.Une bonne harmonie du corps et de la machine est indispensable pour qui veut profiter pleinement d’une simple promenade entre amis ou d’une randonnée longue parfois de plusieurs jours.Un dérailleur mal réglé, une selle un peu dure ou des pneus mal choisis peuvent vous gâcher une sortie dominicale. De même, une petite douleur articulaire ou musculaire se réveillant, après quelques kilomètres, au niveau du cou, d’un genou ou du dos, vous empêchera de pédaler sans souci.C’est la recherche de cette indispensable conjugaison harmonieuse des réglages mécaniques et corporels qui nous a amenés à coopérer à la rédac-tion de cet ouvrage.En dehors des conseils pratiques, nous ne vous suggérerons aucune marque de cycles, de produits énergétiques ou d’adresses médicales.Chacun d’entre nous réagit différemment. Personne n’a la même morpho-logie et n’assume de la même façon telle dose d’entraînement ou telle alimentation. Apprenez à connaître les réactions de votre corps.Combien voyons-nous de pratiquants aux allures plus que bizarres, parce qu’ils ont voulu copier tel champion de renom sans se préoccuper d’affiner leur position en fonction de leurs propres mensurations.Nous allons essayer de vous prodiguer, chacun dans notre domaine, quel-ques conseils parmi les plus simples, pour vous aider à découvrir et prati-quer, de la façon la plus satisfaisante possible, votre sport favori, quels que soient votre âge, votre forme physique ou votre objectif.

Introduction

Plaisir et santéL’engouement pour le sport loisir ne cesse de s’affirmer. Cette prise de conscience de la nécessité d’une pratique sportive douce pour lutter contre la sédentarité propre à notre société moderne est réelle.Individuellement, en groupe, au cours de randonnées itinérantes ou bien encore pour l’obtention de brevets d’endurance, le vélo libre ou organisé se place dans le peloton de tête des activités physiques les plus pratiquées de ce début de siècle, tant sur la route que sur les chemins. L’enquête publiée sur les pratiques sportives en France, réalisée par le Ministère des sports et l’Institut national du sport et de l’éducation physique (I.N.S.E.P.), démontre que le vélo est l’un des trois sports les plus pratiqués par les Français avec la natation et la randonnée pédestre.Nombreux sont les exemples de cet enthousiasme sans cesse renouvelé. La bicyclette fait désormais partie d’un art de vivre. Se distraire en solli-citant intelligemment notre corps, tel doit être le fil conducteur de notre pratique...Mais toute activité sportive ne doit-elle pas être accompagnée de conseils pratiques simples ? C’est pour répondre à la demande croissante des débu-tants que cet ouvrage a été réalisé. Vous savez, pour ceux qui n’ont pas encore été « vaccinés avec un rayon inox »... Un matériel adapté, une bonne condition physique et la volonté de sortir régulièrement permettent sans aucun doute d’améliorer les grandes fonctions de l’organisme : respi-ratoire, circulatoire, musculaire et cardiaque. Alors, faut-il s’entraîner ? À cette question, on peut répondre que l’entraînement, pour nous, est l’amé-lioration des capacités physiques quel que soit le niveau initial de chacun. Tout cycliste souhaite progresser, ne serait-ce que pour prendre plus de plaisir sur le vélo...Alors... Prenez votre vélo, munissez-vous d’une paire de chaussures adap-tées, un cuissard, un maillot et l’indispensable, l’outil à ne pas oublier : une carte routière à la bonne échelle, de préférence, et suffisamment détaillée. Ensuite, respirez, roulez, observez, prenez des notes ou une photo. La randonnée n’a de sens que par les sensations et les souvenirs qu’elle procure.

Les pratiques du vélo en EuropeLa pratique de loisirs

62% des cyclistes utilisent leur vélo pour accomplir des randonnées ou des promenades douces (route, VTT, VTC) sur des routes secondaires, forestières,

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parcours aménagés (véloroutes, voies vertes, circuits balisés), le week-end ou pendant les vacances.

La pratique utilitaire et urbaineElle représente 26% des utilisateurs, avec un potentiel important de déve-loppement compte tenu de la volonté d’implanter des aménagements cycla-bles dans la plupart des pays d’Europe occidentale et du Nord.

La pratique sportive12% des pratiquants effectuent régulièrement des sorties supérieures à 50 km d’une seule traite, sous forme d’entraînement sportif. (Source : I.F.M.A., Cologne.)

Un peu d’histoireC’est en 1817 que le baron allemand Drais von Sauerbronn inventa une « machine à courir ». Baptisée plus tard Draisienne, cet ancêtre du vélo est composé d’une poutre reliée à deux roues. Assis sur un siège, le conducteur fait avancer à grandes enjambées cet engin… pas vraiment confortable !Le véritable père du vélo est en réalité un Français, carrossier et charron de son état : Pierre Michaux. Avec son fils, il fixa des pédales à la roue avant pour faire avancer l’engin. À partir des années 1860, le vélocipède reçut des améliorations constantes. Ainsi, peu après, Clément Ader conçut un châssis en tubes d’acier. En 1868, des roues métalliques, mises au point par Gonel, virent le jour. En 1869, Suriray adopta les roulements à bille, inventés par le Français Tihay. À la même époque, Renard monta des rayons puis, en 1875, Truffault construisit des fourches creuses. Puis apparut le premier bicycle équipé d’une chaîne de liaison. L’invention de la transmission par chaîne entre le pédalier et la roue arrière (plateau et pignon) lance définitivement le vélo tel que nous le connaissons aujourd’hui. Enfin, on pouvait rouler plus vite que marcher.Autre découverte capitale : vingt-cinq ans plus tard, John Boyd Dunlop, vétérinaire écossais, équipe de pneumatiques, pour le rendre plus agréable, le tricycle de son fils. Nous sommes en 1888. La nouvelle invention, appli-

Les Européens et la pratique du vélo

Distance parcourue à vélo par personne (en kilomètres par an)1er Danemark  937 km2e Pays-Bas  849 km3e Belgique  323 km4e Allemagne  291 km5e Suède  271 km…12e France  73 km

Source : Commission européenne de l’énergie et du transport.

quée à la machine à deux roues, la rend maîtresse du marché et lui assure une primauté absolue pour la promenade mais aussi pour la course.Presque tous les détails techniques du vélo actuel ont été brevetés avant 1900 : la dynamo en 1880, le frein à disque en 1894 et le dérailleur Loubeyre en 1895. Ainsi, au début du xxe siècle, le vélo a acquis la forme que nous lui connaissons aujourd’hui.Pour accroître la distance parcourue à chaque tour, il faut augmenter le diamètre de la roue motrice. Cette contrainte aboutie à la construction du « grand Bi » : la roue avant est démesurément grande (jusqu’à 1,50 m de diamètre) par rapport à la roue arrière, qui ne sert qu’à maintenir l’équilibre.La bicyclette, telle que nous la connaissons, apparaît vers 1885. Équipée de roues à pneumatiques de dimensions identiques et d’une traction arrière par chaîne, il ne lui manque plus que le dérailleur, qui permettra de changer de développement et d’adapter la cadence de pédalage sans plus avoir à mettre pied à terre. Utilisé de nombreuses années durant par les cyclotouristes, le dérailleur ne sera autorisé dans le Tour de France qu’à partir de 1937.Sur le plan sportif, Charles Terront, vainqueur d’une course folle de 1 200 km en 1891 (Paris-Brest-Paris) marque les esprits. Douze ans plus tard, en 1903, aura lieu le premier Tour de France, créé par Henri Desgrange. Très vite alors, la bicyclette s’impose et se démocratise grâce à la fabrication en série. Synonyme de progrès, offrant une nouvelle liberté, elle devient ainsi la compagne de tous, l’outil de travail des ouvriers, des employés, des postiers. Les paysans sont pourtant largement réfractaires à la bicyclette, qu’ils asso-cient à la modernité urbaine et industrielle. Mais devant son utilité et le phénomène du Tour de France, le monde rural se laisse peu à peu griser par les charmes de la « petite reine ».Objet du quotidien, le vélo aura permis l’émancipation sociale et favorisé les rêves d’évasion d’une partie de la population. En 1936, avec les congés payés, on n’hésite plus à partir très loin, parfois pour de grandes randon-nées, à vélo ou en tandem.Silencieux, non polluant, bénéfique pour la santé, le vélo bénéficie dans les années 70 d’un regain de popularité tant en instrument de loisirs qu’en moyen de locomotion. Le premier choc pétrolier en 1976 relance le « deux roues » et le corps médical encourage vivement la pratique du vélo. Les premières journées nationales de la bicyclette sont organisées.À la fin du xxe siècle, les aménagements et les initiatives pour encourager les automobilistes à utiliser le « deux roues » se multiplient. La Suisse, l’Al-lemagne, la Belgique, la Hollande sont souvent citées en exemple pour la qualité de leur réseau cyclable. En France, des associations tels le Club des villes cyclables (C.V.C.), les Fédérations des usagers de la bicyclette (F.U.BICY), de cyclotourisme (F.F.C.T.) militent sur le plan national.Cependant, bien que l’on constate une prise de conscience réelle des pouvoirs publics, les infrastructures sont encore insuffisantes. De nouvelles formes de pratiques, telles que le vélo tout terrain (VTT), le vélo tout chemin (VTC), connaissent un succès grandissant auprès du public. Synonyme d’art de vivre, le « vélo vert » allie merveilleusement la pratique cycliste et la

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découverte de la nature. En 2000, le schéma des véloroutes et des voies vertes, coordonné par l’AF3V, est validé par l’État français.En Europe, le réseau Eurovélo a pour but de promouvoir la bicyclette comme mode de déplacement alternatif crédible. Il se compose de douze routes cyclables, longue distance, traversant plusieurs pays. L’Eurovélo6 est le plus bel exemple d’itinéraire cyclable de près de 5 000 km reliant l’Atlantique à la mer Noire en longeant des fleuves mythiques tels que la Loire, le Rhin et le Danube.Aujourd’hui, pour la plupart des pratiquants qui enfourchent leur vélo, n’est-ce pas d’abord dans le but de se promener individuellement, en groupe ou en famille ? Quant aux déplacements urbains, des initiatives concrètes sont mises en place dans de nombreuses grandes villes. Paris et Lyon sont deux exemples significatifs. La rapidité et le caractère pratique du vélo sont les deux principaux motifs invoqués par les usagers qui le jugent écologique et économique.