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1 Education et croissance économique : test du modèle de Lucas [1988] Marielle MONTEILS * Le débat relatif au rôle de l’éducation sur le processus de la croissance économique a connu une ampleur considérable. Ainsi, l’argumentation selon laquelle les modèles de croissance endogène expliquent la croissance de long terme est souvent avancée. La production de capital humain par le système éducatif induirait notamment une croissance auto-entretenue car les rendements marginaux de ce nouveau facteur sont au moins constants. L’objet de cet article est de tester empiriquement l’hypothèse clé du modèle de Lucas [1988] : les rendements de la production de capital humain sont – ils réellement non – décroissants ? En s’appuyant sur une étude empirique concernant la France aux 19 ème et 20 ème siècles, les résultats semblent infirmer la probable nature endogène de la croissance induite par le capital humain car le stock de capital humain présente, au même titre que le capital physique, des rendements décroissants. Education and Economic Growth : Lucas’ Model [1988] Test The debate concerning the various determinants of economic growth has attracted considerable attention. Thus, the argument that endogenous growth account for long-term economic growth is often put forward. The models affirm that the introduction of human capital, as new accumulation factor, induces self- maintained economic growth because its returns are at least constant. The aim of this article is to test the hypothesis of endogenous growth in Lucas’ [1988] model : human capital production returns are really non- decreasing? With an empirical study concerning France for the 19 th and 20 th centuries, the results seem to be in contradiction with the hypothesis of the new growth theories because of decreasing returns of human capital. * LAMETA. Université Montpellier I, Faculté des Sciences Economiques, Espace Richter, Bureau 522, Avenue de la Mer B.P. 9606, 34054 Montpellier Cedex 1. TEL : 04 67 15 83 22, FAX : 04 67 15 83 83, E-mail : [email protected]

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Education et croissance économique : test du modèle de Lucas [1988]

Marielle MONTEILS *

Le débat relatif au rôle de l’éducation sur le processus de la croissance économique a connu une ampleur

considérable. Ainsi, l’argumentation selon laquelle les modèles de croissance endogène expliquent la croissance

de long terme est souvent avancée. La production de capital humain par le système éducatif induirait notamment

une croissance auto-entretenue car les rendements marginaux de ce nouveau facteur sont au moins constants.

L’objet de cet article est de tester empiriquement l’hypothèse clé du modèle de Lucas [1988] : les rendements de

la production de capital humain sont – ils réellement non – décroissants ? En s’appuyant sur une étude empirique

concernant la France aux 19ème et 20ème siècles, les résultats semblent infirmer la probable nature endogène de la

croissance induite par le capital humain car le stock de capital humain présente, au même titre que le capital

physique, des rendements décroissants.

Education and Economic Growth : Lucas’ Model [1988] Test

The debate concerning the various determinants of economic growth has attracted considerable

attention. Thus, the argument that endogenous growth account for long-term economic growth is often put

forward. The models affirm that the introduction of human capital, as new accumulation factor, induces self-

maintained economic growth because its returns are at least constant. The aim of this article is to test the

hypothesis of endogenous growth in Lucas’ [1988] model : human capital production returns are really non-

decreasing? With an empirical study concerning France for the 19th and 20th centuries, the results seem to be in

contradiction with the hypothesis of the new growth theories because of decreasing returns of human capital.

* LAMETA. Université Montpellier I, Faculté des Sciences Economiques, Espace Richter, Bureau 522, Avenue de la Mer B.P. 9606, 34054 Montpellier Cedex 1. TEL : 04 67 15 83 22, FAX : 04 67 15 83 83, E-mail : [email protected]

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INTRODUCTION

Les nouvelles théories de la croissance confèrent à l’éducation et au savoir en général

une place et un rôle central en tant que moteur essentiel de la croissance économique. Dans la

lignée du modèle de Lucas [1988], l’éducation est au cœur du processus de croissance car le

savoir est envisagé selon une logique individuelle, il est incorporé aux individus en tant que

capital humain. L’argumentation selon laquelle les modèles de croissance endogène

expliquent la croissance économique de long terme est souvent avancée ; la production de

capital humain par le système éducatif induirait notamment une croissance économique auto-

entretenue. Cependant, malgré les nombreux développements théoriques, les tentatives de

vérifications empiriques semblent moins convaincantes et souvent contradictoires1, elles se

heurtent notamment à de sérieuses difficultés méthodologiques quant à l’évaluation du capital

humain. De plus, une large majorité des tests empiriques réalisés à ce jour porte sur la place

des facteurs dans la croissance ou sur des études en coupes transversales telles celles de Barro

[1991, 2000] effectuant des comparaisons internationales sans pour autant s’interroger et

apporter des éléments de réponse sur le fait que l’éducation puisse induire ou non une

croissance économique de long terme.

L’objet de cet article est de tester empiriquement le modèle de Lucas [1988], afin

d’apporter une justification ou une infirmation sur la probable nature endogène du processus

de croissance économique induit par la production de capital humain. En effet, à l’aube du

21ème siècle, force est de constater que l’on ne sait toujours pas comment le développement du

savoir est relié à la croissance économique, ni si le savoir, produit du système éducatif, est

réellement le moteur de cette croissance. Les hypothèses théoriques sont nombreuses, mais les

estimations numériques demeurent lacunaires. Après un rappel des hypothèses théoriques et

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un état des lieux en matière de vérification empirique (I), une lecture renouvelée sur la

fonction spécifique du capital humain dans le processus de la croissance économique est

présentée en utilisant comme champ d’application l’économie française aux 19ème et 20ème

siècles (II).

I, LES NOUVELLES THEORIES DE LA CROISSANCE : CONNAISSANCES

THEORIQUES ET EMPIRIQUES

1, Les hypothèses théoriques induisant la possibilité d’une croissance endogène : Lucas

[1988]

Le modèle de croissance endogène développé par Lucas [1988] utilise une conception

du savoir comme bien rival et à exclusivité d’usage, il est le produit de l'éducation et est

incorporé aux individus en tant que capital humain. Le capital humain se définit comme le

niveau général d’aptitudes, l’ensemble des capacités physiques, intellectuelles et techniques

de l’individu représentatif. Ce concept est largement antérieur aux nouvelles théories de la

croissance, il est en effet emprunté à Walsh [1935] ou aux théories du capital humain

développées dans les années 1960 par Schultz [1961], Mincer [1962] ou encore Becker

[1962]. Dans le modèle de Lucas, coexistent un secteur de la production et un secteur de la

formation. Dans le premier sont produits les biens à partir du capital physique et une partie du

capital humain qui, par hypothèse, est accumulable avec une productivité marginale non

décroissante, au moins constante. Dans la seconde sphère, le capital humain se forme et

s’accumule à partir de lui-même avec la part du capital humain non employée dans le secteur

productif. L’individu s’éduque seul utilisant pour cela son temps et une partie des

compétences qu’il a déjà acquises. La fonction de production d’éducation, ϕ, est supposée

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non – décroissante et linéaire, le capital humain, h, croît de façon linéaire sans limite, son

accumulation s’écrivant :

(1-u) représente le temps de non – loisir consacré à l’accumulation de capital humain.

Le moteur de la croissance économique réside dans l’efficacité de l’accumulation de capital

humain ϕ , le taux de croissance s’écrivant :

Dès lors, la croissance auto-entretenue repose uniquement sur l’hypothèse de non-

décroissance de la fonction de production d’éducation, ϕ, l’auteur spécifiant que l’ampleur

qu’exerce l’externalité positive, γ, sur la production de biens finals, ne sert qu’à accélérer le

processus de croissance mais n’en est pas la cause principale. L’introduction de cet effet

externe est utilisée pour justifier les différences de développement entre nations et les constats

de non – convergence. L’apport essentiel de ce modèle est donc d’introduire, dans la

formalisation de la croissance économique, les activités éducatives comme explications

centrales de la croissance de long terme et ainsi des différences de développement entre

nations.

Dans le cadre de son argumentation, Lucas s’est fortement inspiré du modèle d’Uzawa

[1965]. Les deux modèles paraissent pratiquement identiques, celui d’Uzawa spécifiait

cependant la décroissance de cette même fonction de production d’éducation et s’inscrivait

dès lors dans la tradition solowienne en conservant un processus de croissance exogène. D’un

point de vue théorique, les deux hypothèses sont recevables, cependant la croissance

)1(/ uhh −= ϕ&

)1/()1)(1( βγβϕ −−+−= ug

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endogène, dans le cadre mis en place par Lucas, repose uniquement sur la non-décroissance

de la fonction de production d’éducation que l’on peut aisément remettre en cause. Cette

faiblesse du modèle, Lucas [1988, p. 28] la met lui-même en exergue en affirmant que si

l’hypothèse de rendements constants du capital humain est supprimée, le stock de capital

humain ne peut plus être le moteur de la croissance remettant ainsi en cause l’intérêt de son

article. Seule une évaluation empirique, un test sur les rendements de cette fonction, peut

éventuellement apporter un éclaircissement quant à la nature endogène ou exogène du

processus de croissance économique. De plus, il semble que l’hypothèse de linéarité des

rendements de l’éducation soit peu réaliste comme le note P. Aghion and P. Howitt [1998, p.

330] : « The Lucas model is elegant and simple, but as always this comes at the expense of

some realism. For example, equation (10.2) (human capital accumulation) means that an

individual’s return to education remains constant over his or her whole lifetime, an

assumption that is at odds both the empirical evidence on education and with Becker’s theory

of human capital. Becker [1964] indeed suggest that returns to education tend to decrease

over the lifetime of an individual ». Fort de ces critiques, certains auteurs tels Azariadis and

Drazen [1990] ont construit des modèles à générations imbriquées où les individus héritent

d’une partie du capital humain de leurs parents, d’autres ont tenté de mettre en place des tests

empiriques permettant de appréhender la place de l’éducation au sein du processus de

croissance.

2, L’état des lieux des connaissances empiriques

Grâce aux premières évaluations empiriques de Solow [1957], Denison [1962] ou

Carré, Dubois et Malinvaud [1972] notamment, il est maintenant reconnu que la croissance

économique ne peut pas seulement être expliquée par une augmentation des facteurs de

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production traditionnels tels que le travail et le capital ; beaucoup d’auteurs ont alors utilisé le

concept de capital humain pour signifier que les capacités et le savoir des individus pouvaient

contribuer pour une large part à la croissance. Les modèles de croissance auto-entretenue ont

intégré ces idées pour l’heure novatrices afin d’expliquer la croissance au travers de nouveaux

facteurs accumulables tels que le capital humain, les infrastructures publiques, la recherche et

développement… Dans ce cadre, les travaux d’évaluation empirique se sont efforcés de

vérifier l’importance de ces nouveaux facteurs et également l’idée de convergence au moins

conditionnelle des économies internationales. L’article de Barro [1991] a démontré, pour un

échantillon de 98 pays sur la période 1960-1985, que le taux de croissance dépend

positivement du niveau initial de capital humain mesuré par les taux de scolarisation et

négativement du niveau initial de PIB par tête. La convergence peut se vérifier, les pays

pauvres tendront à croître plus rapidement que les pays riches uniquement pour une quantité

donnée de capital humain. Mankiw, Romer et Weil [1991], en utilisant une base de données

identique à celle employée par Barro [1991] (et construite par Summers et Heston [1988]),

confirment les conclusions du modèle de Solow [1956] à condition de reconnaître

l’importance du capital humain. Ils élargissent donc le modèle de Solow en introduisant

l’accumulation de capital humain mesuré par un taux de scolarisation et concluent que les

différences d’épargne, d’éducation et de croissance de la population expliquent les différences

de revenu par tête entre pays. Leur modèle solowien (avec progrès technique exogène et

rendements décroissants du capital) explique mieux, à leur sens, les variations internationales

de l’output par personne que les modèles de croissance endogène. Barro et Lee [1993]

étudient pour 129 pays entre 1960 et 1985 les taux de réussite scolaire de la population adulte

à différents niveaux (population sans instruction, population ayant reçu une éducation

primaire, une éducation secondaire et un enseignement supérieur) et concluent au pouvoir

explicatif considérable des niveaux d’éducation : l’éducation produit des effets positifs directs

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sur les taux de croissance du PIB. Benhabib et Spiegel [1994] poussent l’analyse plus avant ;

en effet pour ces derniers, le taux de croissance du capital humain mesuré par le nombre

moyen d’années d’étude de la population active, n’explique pas significativement le taux de

croissance de l’output par tête. Cependant, les niveaux de capital humain jouent un rôle

conséquent comme déterminants de la croissance du revenu par tête. Il n’est plus alors

possible de considérer le capital humain comme un facteur de croissance car cette supposition

impliquerait que son taux de croissance et non son niveau explique le taux de croissance de

l’output par tête. Cette conclusion induit une remise en cause des théories de la croissance

endogène. En revanche, Lee and Lee [1995] concluent au pouvoir hautement explicatif du

stock de capital humain sur la croissance économique et confortent le succès des nouvelles

théories de la croissance ; selon eux, le taux de réussite des étudiants, et non le taux de

scolarisation ou les années de formation, représente le facteur clé de la croissance

économique. De même, les conclusions de Charlot [1997] précisent que les rendements de

l’éducation sont croissants et influencent positivement le taux de croissance. Et enfin, il serait

difficile de clore cette énumération de travaux empiriques relatifs à la place du capital humain

dans la croissance, qui ne prétend d’ailleurs et en aucun cas être exhaustive, sans citer

l’analyse de Barro [2000]. En appliquant la méthode des comparaisons transversales

découlant d’un panel d’une centaine de pays, il conclut en outre que le taux de croissance est

stimulé par l’enseignement secondaire et supérieur des hommes et note que la scolarisation

féminine ne semble pas contribuer à la croissance de manière significative mais possède une

influence indirecte car elle abaisse la fécondité et permet ainsi un taux d’épargne plus élevé.

Une large majorité des tests empiriques réalisés à ce jour apportent des conclusions

divergentes sans qu’aucun d’entre eux ne testent directement l’hypothèse de croissance

endogène ; hypothèse, qui pour rappel, est également le principal résultat du modèle comme

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le souligne Solow [1998, p. 198] en évoquant que, dans tous les modèles de croissance

endogène portés à sa connaissance, le résultat désiré est toujours supposé. Le savoir produit

de l’éducation est est-il réellement le moteur principal de la croissance ? La question demeure

toujours sans réponse évidente.

II, LA VERIFICATION EMPIRIQUE

En prolongement de divers travaux plus généraux et notamment de Monteils [2000,

2001] ou Diebolt et Monteils [2000a et b, 2001a et b] qui proposent des tests empiriques de

modèles de croissance endogène où le savoir est le produit de l’éducation, de la recherche, ou

encore de l’apprentissage par la pratique ; un test sur les rendements de la fonction de

production d’éducation est proposé.

1, Les statistiques utilisées

Tester les rendements de la fonction de production d’éducation, ϕ, implique la

connaissance de deux grandeurs : le temps moyen de formation, (1-u), et le stock de capital

humain h. La méthode appliquée est celle de la régression linéaire simple, ce choix qui

impose la linéarité se justifie par l’hypothèse de Lucas qui suppose et donc impose également

(par souci de simplification) une relation linéaire entre durée moyenne de formation et taux de

croissance du stock de capital humain. Il serait dès lors intéressant de tester la linéarité contre

la non – linéarité, cette suggestion à retenir dépasse toutefois le cadre de ce travail qui se

donne comme principal objectif de tester la non – décroissance des rendements du stock de

capital humain.

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La première étape consiste à calculer la durée moyenne de formation de la population

active, (1-u). Cette dernière est empruntée aux travaux de Villa [1997] ou calculée en prenant

comme point de départ les effectifs scolarisés par niveau. L’intérêt essentiel de ce travail

demeure l’évaluation du stock de capital humain. Plusieurs approximations sont proposées : il

est en premier lieu appréhendé comme l’inverse de l’illettrisme. Les séries publiées par

l’INSEE [1988] et établissant le nombre d’époux illettrés entre 1854 et 1931, le nombre de

conscrits illettrés entre 1832 et 1936, ainsi que des tests directs de l’armée française entre

1991 et 1996 permettent de construire un stock de capital humain. Cette construction suppose

que les individus lettrés entrent dans le stock de capital humain à la date de leur mariage ou en

fin d’incorporation et en sortent à la date de leur retraite. Le capital humain est ensuite mesuré

par la validation de la formation. Pour Spence [1973] l’éducation améliore la productivité de

l’individu, cette dernière restant une inconnue pour les employeurs, ils sont forcés de se

référer à divers signaux et indices, tels que le niveau du diplôme, pour l’évaluer. La méthode

employée ici utilise donc un point de départ identique : le diplôme représente un signal du

niveau de capital humain des individus et ainsi le niveau de capital humain des individus est

supposé dépendre de la formation qu’ils ont suivie et par voie de conséquence des diplômes

qu’ils ont obtenus. Les statistiques utilisées concernent les flux de sorties nettes du système

éducatif selon le niveau de scolarisation, ou selon le diplôme dans les années 1970 à 1990

(INSEE [1986, 1987, 1988, 1993, 1996] et DEP [1998]). Une pondération est affectée à

chaque niveau de diplôme afin de rendre compte des différences qualitatives entre les années

de formation et entre les diplômes, cette pondération trouve sa source dans l’analyse des

dépenses d’éducation par niveau. Le stock de capital humain est constitué en supposant que

les individus entrent dans le stock dès leurs sorties du système éducatif et en sortent à l’âge de

leur retraite. Les salaires nets annuels moyens entre 1954 et 19962 sont enfin utilisés comme

évaluation directe du capital humain. Les rendements de la production de connaissances sont

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ensuite déterminés en établissant une régression linéaire entre taux de croissance du stock de

capital humain et durée de formation.

Sans omettre le fait indéniable selon lequel une infirmation empirique n’est pas

synonyme de réfutation d’une théorie, les résultats obtenus sont convergents. En effet,

quelque soit la façon de construire le stock de capital humain, la liaison unissant le taux de

croissance du stock à la durée de scolarisation est négative, le taux de croissance du stock de

capital humain est décroissant, il ne peut expliquer ni engendrer une croissance économique

auto–entretenue.

2, Les résultats obtenus

Quelque soit la façon de construire le stock de capital humain, la liaison unissant le

taux de croissance du stock à la durée de scolarisation est négative. Le test du T de student

fournissant une valeur supérieure à 2,96, en valeur absolue, suggère qu’il ne faille pas pour

autant exclure la variable explicative du modèle : la durée moyenne de formation. Les

résultats sont présentés ci-dessous.

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Tableau 1 : Taux de croissance du stock de capital en fonction de la durée moyenne de

formation

VARIABLE EXPLIQUEE, y : Stock de capital humain, h, (illettrisme des époux) 1855 – 1931 ; 77 observations VARIABLE COEFFICIENT ERREUR T-STATISTIQUE Durée de Formation -0,019318 0,005929 -3,257984 Coefficient de corrélation : 0,768371 DW : 0,283584 VARIABLE EXPLIQUEE, y : Stock de capital humain, h, (illettrisme des conscrits) 1834 – 1936 ; 103 observations VARIABLE COEFFICIENT ERREUR T-STATISTIQUE Durée de Formation -0,014978 0,001285 -11,65474 Coefficient de corrélation : 0,793916 DW : 0,565896 VARIABLE EXPLIQUEE, y : Stock de capital humain, (diplôme) h 1977 – 1996 ; 20 observations VARIABLE COEFFICIENT ERREUR T-STATISTIQUE Durée de Formation -0,022915 0,003218 -7,121095 Coefficient de corrélation : 0,738029 DW : 0,366012 VARIABLE EXPLIQUEE, y : Stock de capital humain (niveau de scolarisation), h 1980 – 1992 ; 13 observations VARIABLE COEFFICIENT ERREUR T-STATISTIQUE Durée de Formation -0,043425 0,004072 -10,66510 Coefficient de corrélation : 0,911820 DW : 0,686668 VARIABLE EXPLIQUEE, y : Capital humain h, (salaires) 1954 – 1996 ; 43 observations VARIABLE COEFFICIENT ERREUR T-STATISTIQUE Durée de Formation -0,015505 0,006388 -2,977248 Coefficient de corrélation : 0,125642 DW : 0,414001

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La relation entre durée moyenne de formation et taux de croissance du stock de capital

humain est toujours négative quelque soit l’approximation du capital humain retenue. Le

graphique ci-après illustre cette affirmation, seule l’évaluation du capital humain à partir des

niveaux de scolarisation est présentée les autres approximations étant quasiment semblables.

Figure 1 : Taux de croissance du stock de capital humain (niveau de scolarisation) en

fonction de la durée moyenne de formation

Le stock de capital humain croît mais à un taux décroissant, l’endogénéité de la

croissance telle que Lucas la suppose n’est pas vérifiée. Le fait que le taux de croissance du

stock de capital humain soit décroissant semble placer le modèle de Lucas dans le domaine du

normatif et non du positif comme il est souvent supposé. La robustesse des résultats est

vérifiée : il apparaît de façon générale que les variables explicatives sont bien la durée

moyenne de scolarisation, et non son taux de croissance notamment, ainsi que le stock de

y = -4,3425x + 56,428R2 = 0,9118

0

1

2

3

4

5

6

7

8

11,4 11,5 11,6 11,7 11,8 11,9 12 12,1 12,2

Durées moyennes de formation

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capital humain des années antérieures. Un test identifiant la durée moyenne de formation et le

stock de capital humain hérité des individus (défini par Azariadis et Drazen [1990] comme le

capital humain moyen) fournit les résultats suivants :

Tableau 2 : Taux de croissance du stock de capital humain en fonction de la durée de

formation et du stock de capital humain hérité.

Les résultats ne changent fondamentalement pas, les relations entre variable

dépendante et variables explicatives sont négatives. Le coefficient de corrélation est toutefois

plus élevé, l’introduction d’une nouvelle variable explicative améliore nécessairement le

modèle. La liaison entre durée de formation et niveau du capital humain est, quant à elle,

positive mais le niveau de capital humain n’est en aucun cas un facteur de croissance seul son

taux de croissance peut être considéré comme tel. Certaines séries étant intégrées d’ordre 1,

suite aux tests de Dickey-Fuller, des tests en différences premières sont réalisés et confirment

à nouveau les résultats acquis. Les résultats remettent en cause l’hypothèse de Lucas selon

laquelle le capital humain croît de façon linaire sans limite compensant ainsi les rendements

décroissants du capital physique. Le capital humain serait donc un facteur comme les autres

dans le sens où il ne dérogerait pas à la loi des rendements décroissants.

VARIABLE EXPLIQUEE, y : Capital humain (illettrisme des conscrits) h 1883 – 1936 ; 103 observations VARIABLE COEFFICIENT ERREUR T-STATISTIQUE Durée de Formation -0,008639 0,000512 -16,87741 Capital humain Hérité -3,83E-10 2,49E-11 -15,41775 Coefficient de corrélation : 0,944930

DW : 0,909938

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De plus, l’introduction du stock de capital humain dans la fonction de production

d’output final présentée ci-après ne semble pas améliorer l’efficacité du facteur travail.

L’évaluation est proposée pour les années 1970 à 1990 grâce aux Comptes de la

Nation publiés par l’INSEE [1990, 1996, 1997]. L’output final, Y, est représenté par la valeur

ajoutée brute en millions de francs 1980, le travail, L, par la population active occupée en

millions multipliée par la durée annuelle du travail et le capital physique, K, par le capital fixe

brut en millions de francs 1980 multiplié par son taux d’utilisation. L’approximation du stock

de capital humain retenue est celle utilisant les flux de sorties nettes du système éducatif selon

le diplôme.

Tableau 3 : Fonction de production de biens finals

L’élasticité de la production par rapport au facteur capital humain γ (γ = a / (1 - α)) est

égale à 0,49 et donc est inférieure à l’unité ; l’introduction d’un nouveau facteur n’améliore

haLKhLKY

LhKY

loglog)1(loglog)1(log)1(loglog

)( 1

+−+=−+−+=

= −

αααγαα

αλα

VARIABLE EXPLIQUEE, y : Output final 1970 – 1996 ; 27 observations VARIABLE COEFFICIENT ERREUR T-STATISTIQUE Capital Physique 0,358848 0,072374 4,958254 Travail 0,438116 0,081960 5,345477 Capital Humain 0,215878 0,069007 3,128330 Coefficient de corrélation : 0,998491 DW : 1,234867

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pas l’efficacité des flux de services du travail. Par conséquent, tout porte donc a croire que le

stock de capital humain défini par Lucas soit un facteur comme les autres qui ne déroge pas à

la loi des rendements décroissants et ne permet pas une croissance économique endogène. La

forme agrégée de la fonction de production est contestable. Il s’agit néanmoins de celle

retenue par Lucas (en omettant l’externalité). De plus, les valeurs du Durbin-Watson (à aucun

moment proches de 2) permettent de détecter une autocorrélation des erreurs d’ordre 1, ce qui

laisse supposer une mauvaise spécification du modèle ou l’absence d’une variable explicative

importante.

Une ultime critique est également à envisager, elle concerne la forme linéaire de la

fonction retenue généralement par les théoriciens des nouvelles théories de la croissance ;

pour ne citer qu’un seul exemple, Romer [1990] suppose également une relation linéaire entre

taux de croissance de la connaissance technologique et effectifs employés dans le secteur de

la recherche. Il est effectivement peu probable que le stock de capital humain augmente de

façon linéaire, on peut notamment supposer que sa croissance connaisse des effets de seuil et

des successions de périodes où les rendements sont constants, croissants ou décroissants. Une

analyse plus qualitative peut, en ce sens, être envisagée notamment en appliquant une

régression logistique. Ainsi, la variable dépendante prend la valeur 1 lorsque le taux de

croissance du stock de capital humain est croissant, et 0 s’il est décroissant :

Tableau 4 : Application d’une régression logistique

VARIABLE EXPLIQUEE, y : Variable dépendante 1883 – 1936 ; 103 observations VARIABLE COEFFICIENT ERREUR T-STATISTIQUE Durée de Formation 2,133195 1,714620 1,244121 Capital humain Hérité -9,94E-08 5,33E-08 -1,863663

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Il semblerait qu’un accroissement de la durée de formation augmente la probabilité

d’obtenir un taux de croissance croissant du stock de capital humain alors qu’une

augmentation du capital humain moyen n’accroisse pas cette même probabilité, test qui réfute

cette fois l’hypothèse centrale du modèle construit par Azariadis et Drazen [1990].

CONCLUSION

Les résultats obtenus ne semblent donc pas corroborer l’idée selon laquelle le savoir

produit de l’éducation formelle est un facteur de production particulier qui échappe à la loi

des rendements décroissants. En effet, le test empirique présenté dans cet article infirme

l’hypothèse clé - et également le résultat – du modèle de Lucas [1988] selon lequel le stock de

capital humain croît sans limite induisant ainsi une croissance économique auto–entretenue.

D’autres tests élargissant les sources de production de savoir aux activités de recherche et

développement et aux conséquences du learning by doing notamment confirment ces

résultats : le savoir qu’il soit le produit de l’éducation, celui de la recherche ou celui d’une

diffusion des connaissances croît à taux décroissant (Monteils [2000]). Ces divers résultats

ouvrent sur des pistes de recherche futures intéressantes et bousculent quelques idées forts

répandues quant au rôle crucial de la production de savoir au cœur du processus de

croissance. Il est notamment possible d’envisager un lien de causalité qui soit éventuellement

l’inverse de celui qui est habituellement supposé : la croissance induirait un développement

du savoir mais la production de savoir n’expliquerait pas la croissance économique. En ce

sens, les modèles de croissance endogène expliquent peu la croissance économique de long

terme, ils appartiennent donc plus au domaine du normatif qu’à celui du descriptif

contrairement à ce qui est souvent affirmé dans la littérature économique. Il s’agirait plus de

modèles expliquant les différences de développement. La croissance endogène pourrait

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éventuellement être le fruit d’externalités produites lors de la diffusion du savoir

contrairement à ce que suppose Lucas. Cependant cette suggestion ne prouve en aucun cas

que l’endogénéité soit la règle, les externalités pouvant être introduites dans un modèle de

croissance exogène lors de la convergence vers l’état stationnaire. Ces conclusions induiraient

un retour à la théorie de la croissance exogène et modifieraient en conséquence les

recommandations de politique économique. Si le choix d’un retour aux conclusions de Solow

n’est pas accepté, il est possible de perfectionner les modèles de croissance endogène en

essayant d’appréhender toute la complexité du concept de savoir, ce qui est possible en

ajoutant, par exemple, au modèle à générations imbriqués de Azariadis et Drazen [1990] le

savoir produit de la recherche, le savoir produit de l’apprentissage par la pratique, ainsi que

des considérations d’ordre qualitatives. Une autre piste de recherche est inspirée de Solow

[1998, p. 198-199] : la théorie de la croissance est basée sur une idée erronée qui définit

comme facteurs de croissance tout élément influant sur le taux de croissance ; selon cet

auteur, repenser la théorie de la croissance est possible en envisageant le fait que les facteurs

de croissance soient des éléments qui influencent également le niveau de celle-ci. Il est enfin

possible d’envisager le fait que le stock de connaissances sociales connaisse des phases de

rendements croissants et décroissants qui se succèdent : la croissance économique deviendrait

semi – endogène. Les rendements du stock de savoir seraient alors de façon générale

décroissants mais certains effets (dus, par exemple, à l’apparition de grappes d’innovations ou

à une meilleur adéquation temporelle entre système éducatif et marché du travail) pourraient

ponctuellement mettre en échec ces rendements décroissants.

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Mots – clés : Croissance endogène, éducation, évaluations empiriques, externalités, savoir.

Keywords : Education, empirical estimates, endogenous growth, externalities, knowledge.

Classification JEL : O41, I2, O47.

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