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RÉGINALD HARVEY L a Politique gouver- nementale d’éduca- tion des adultes et de formation conti- nue a vu le jour en 2002 sous le gouvernement de Bernard Landry et s’est ac- compagnée d’un plan d’action quinquennal de 450 millions de dollars, qui a pris fin en 2007. Ce choix politique était motivé à cette époque par « les nou- veaux défis que représentent la société du savoir et les change- ments technologiques et sociaux accélérés pour les adultes ». Vice-présidente de la CSN, Denise Boucher réclame le suivi de ce premier plan depuis belle lurette ; elle revient à la charge quand Le Devoir lui de- mande de dire quel discours sur les priorités en formation continue sur le marché du tra- vail elle tiendrait en tête-à-tête au futur ministre responsable de ce dossier : « Je dirais à la ou au ministre qu’on s’est doté d’une politique sur la formation des adultes ou la formation continue pour laquelle on attend toujours la suite des choses, soit un autre plan d’action. Avant que M me Beauchamp ne quitte ses fonctions, quand elle a été in- terrogée sur les crédits de son mi- nistère qu’elle aurait à défendre, elle avait annoncé qu’elle tra- vaillerait à déposer le fameux plan avec les sommes qui al- laient suivre, sans aucun doute. Elle a démissionné, en laissant en attente du plan numéro deux des organismes communau- taires, des organisations syndi- cales et même certains em- ployeurs. Elle est partie, on n’avait plus de gouvernement, et là on en a un nouveau… » Large consensus Elle plaiderait cette cause-ci : « On sait que les fonctionnaires ont planché là-dessus et on pour- rait sans doute réanimer ce dos- sier-là pour qu’on obtienne enfin le suivi auquel on s’attend. Il faut rappeler que cette politique a été mise de l’avant par les parte- naires de l’emploi et les parte- naires communautaires ; il est rare qu’on en arrive à un consen- sus aussi élargi et qu’on ait voulu le tuer en ne poursuivant pas le travail qui allait dans ce sens- là. Je dirais honnêtement qu’on attend cela depuis au moins qua- tre ou cinq ans ; je suis tenace et j’en parle chaque année. Si j’avais à rencontrer la nouvelle ou le nouveau ministre, ce serait un des sujets prioritaires que je placerais à l’ordre du jour.» Elle poursuit son exposé : « Il reste à mettre le plan en ac- tion et à voir quels sont les sommes qui suivent cette dé- marche ; le gouvernement dit qu’il a mis des sous dans toutes sortes de petites affaires pour soutenir les entreprises et qu’il a fait ceci et cela, mais il s’agit de saupoudrage. Il faut aller de l’avant avec quelque chose de plus complet et on doit aussi soutenir les organismes com- munautaires dans leurs actions sur la question de la formation des adultes ; il serait bon que les gens puissent savoir vers où ils se dirigent pour les cinq pro- chaines années et qu’ils soient en mesure d’organiser leur pro- pre plan d’action en fonction d’une vision quinquennale. C’est loin d’être banal. » Sans que ce soit pour l’ins- tant le free for all, elle émet ce vœu : « C’est quelque peu épars et ce serait plus pratique de sa- voir sur quoi le gouvernement veut plancher et quels sont ses propres objectifs dans ce do- maine. Je rappelle quand même ce que nous avons souvent dit : “ Sans avoir à recourir à de multiples mesures, on a à met- tre l’accent sur les bons moyens à prendre pour relever notre taux d’alphabétisation et nos difficultés lamentables en ma- tière de littératie : si on veut re- lever les défis de demain, c’est inévitable. En même temps, on doit se serrer les coudes pour qu’il y ait de la formation continue. ” » Le face-à-face se poursuit… M me Boucher souhaiterait aborder d’autres sujets avec le nouveau titulaire du minis- tère : « Compte tenu que ce sera peut-être la ou le ministre de l’Emploi et de la Solidarité sociale, je lui demanderais de ne pas créer des bouleverse- ments aussi grands que ceux qu’on a pu connaître lors du premier budget du gouverne- ment libéral en 2003 ; à partir de là, les entreprises n’ont plus été assujetties à la loi du 1 % à investir en formation, de telle sorte qu’on a senti leur déres- ponsabilisation à l’égard de celle-ci. Je lui dirais d’agir avec beaucoup de prudence ; il y en a qui veulent parfois faire leurs marques, mais ils ne le font pas toujours de la bonne façon ; on a plutôt intérêt à faire en sorte que les gens puis- sent avoir le plus possible accès à une formation. » Elle souligne un autre point qui serait abordé : « Si le gou- vernement décidait d’aller de l’avant avec le Plan Nord, je lui dirais de lancer un message aux entreprises : compte tenu d’un manque de main-d’œuvre qui semble assez évident, je les inviterais à ne pas faire appel à des jeunes qui n’ont pas com- plété leur scolarité ; il peut pa- raître avantageux d’embau- cher présentement des jeunes qui n’ont pas terminé leur cin- quième secondaire et de les en- voyer dans le Grand Nord pour travailler, parce qu’une telle démarche correspond aux im- pératifs économiques actuels de l’État ; mais cette façon de faire risque d’avoir un coût so- cial parce que, lorsque le mi- rage des mines disparaîtra, on va se retrouver avec des gens qu’on devra former pour qu’ils soient en mesure de réintégrer le marché du travail dans le Sud, un marché qui ne sera pas tout à fait le même que ce- lui du Nord. » Elle se montre insistante sur ce plan : « Quand un employeur décide de recruter un jeune, il faut que le contrat entre les deux parties stipule que celui-ci puisse terminer ses formations. On est en plein dans le volet de l’adéquation formation-emploi et il existe des moyens qui peu- vent être pris pour lui faciliter cette tâche ; autrement, on aura des coûts sociaux à assumer.» Collaborateur Le Devoir Ils sont 75 000 adultes inscrits à l’« autre » université Page 2 EDUCATION FORMATION CONTINUE Les diplômes d’études supérieures ont la cote Page 3 À la TÉLUQ, 40 ans et un nouveau départ Page 4 CAHIER SPÉCIAL H › L E D E VO I R , L E S SA M E D I 2 2 E T D I M A N C H E 2 3 S E P T E M B R E 2 01 2 Il existe bel et bien une politique de la formation continue éla- borée par les partenaires du marché du travail, mais l’appa- reil gouvernemental retarde depuis quelques années déjà l’adoption d’un deuxième plan d’action qui en assure l’appli- cation. À quoi s’attendre maintenant ? Un deuxième plan d’action se fait attendre depuis longtemps… « On a à mettre l’accent sur les bons moyens à prendre pour relever notre taux d’alphabétisation et nos difficultés lamentables en matière de littératie » PHOTOS 1 ET 4 : SOURCE COLLÈGE LIONEL-GROULX. PHOTO 2 : NORMAND BLOUIN. PHOTO 3 : SOURCE UNIVERSITÉ DE SHERBROOKE Photos 1 et 4: formation continue du Collège Lionel-Groulx. Photo 2: Denise Boucher, vice- présidente de la CSN. Photo 3: Centre de formation continue de l’Université de Sherbrooke. 1 2 3 4

EDUCATION - Le Devoir...le tuer en ne poursuivant pas le travail qui allait dans ce sens- ... C’est loin d’être banal.» ... Photos 1 et 4: formation continue du Collège Lionel-Groulx

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Page 1: EDUCATION - Le Devoir...le tuer en ne poursuivant pas le travail qui allait dans ce sens- ... C’est loin d’être banal.» ... Photos 1 et 4: formation continue du Collège Lionel-Groulx

R É G I N A L D H A R V E Y

L a Politique gouver-nementale d’éduca-tion des adultes etde formation conti-nue a vu le jour en

2002 sous le gouvernement deBernard Landr y et s’est ac-compagnée d’un plan d’actionquinquennal de 450 millions dedollars, qui a pris fin en 2007.Ce choix politique était motivéà cette époque par « les nou-veaux défis que représentent lasociété du savoir et les change-ments technologiques et sociauxaccélérés pour les adultes».

Vice-présidente de la CSN,Denise Boucher réclame lesuivi de ce premier plan depuisbelle lurette ; elle revient à lacharge quand Le Devoir lui de-mande de dire quel discourssur les priorités en formationcontinue sur le marché du tra-vail elle tiendrait en tête-à-têteau futur ministre responsablede ce dossier: «Je dirais à la ouau ministre qu’on s’est dotéd’une politique sur la formationdes adultes ou la formationcontinue pour laquelle on attendtoujours la suite des choses, soitun autre plan d’action. Avantque Mme Beauchamp ne quitteses fonctions, quand elle a été in-terrogée sur les crédits de son mi-nistère qu’elle aurait à défendre,elle avait annoncé qu’elle tra-vaillerait à déposer le fameuxplan avec les sommes qui al-laient suivre, sans aucun doute.Elle a démissionné, en laissanten attente du plan numéro deuxdes organismes communau-taires, des organisations syndi-cales et même cer tains em-ployeurs. Elle est par tie, onn’avait plus de gouvernement, etlà on en a un nouveau…»

Large consensusElle plaiderait cette cause-ci :

«On sait que les fonctionnairesont planché là-dessus et on pour-rait sans doute réanimer ce dos-sier-là pour qu’on obtienne enfinle suivi auquel on s’attend. Il fautrappeler que cette politique a étémise de l’avant par les par te-naires de l’emploi et les parte-

naires communautaires ; il estrare qu’on en arrive à un consen-sus aussi élargi et qu’on ait voulule tuer en ne poursuivant pas letravail qui allait dans ce sens-là. Je dirais honnêtement qu’onattend cela depuis au moins qua-tre ou cinq ans; je suis tenace etj’en parle chaque année. Sij’avais à rencontrer la nouvelleou le nouveau ministre, ce seraitun des sujets prioritaires que jeplacerais à l’ordre du jour.»

Elle poursuit son exposé :« Il reste à mettre le plan en ac-tion et à voir quels sont lessommes qui suivent cette dé-marche ; le gouvernement ditqu’il a mis des sous dans toutessor tes de petites af faires poursoutenir les entreprises et qu’ila fait ceci et cela, mais il s’agitde saupoudrage. Il faut aller del’avant avec quelque chose deplus complet et on doit aussisoutenir les organismes com-munautaires dans leurs actionssur la question de la formationdes adultes ; il serait bon que lesgens puissent savoir vers où ilsse dirigent pour les cinq pro-chaines années et qu’ils soienten mesure d’organiser leur pro-pre plan d’action en fonctiond’une vision quinquennale.C’est loin d’être banal. »

Sans que ce soit pour l’ins-tant le free for all, elle émet cevœu : « C’est quelque peu éparset ce serait plus pratique de sa-voir sur quoi le gouvernementveut plancher et quels sont sespropres objectifs dans ce do-maine. Je rappelle quand mêmece que nous avons souvent dit :“ Sans avoir à recourir à demultiples mesures, on a à met-tre l’accent sur les bons moyensà prendre pour relever notretaux d’alphabétisation et nosdif ficultés lamentables en ma-tière de littératie : si on veut re-lever les défis de demain, c’estinévitable. En même temps, ondoit se serrer les coudes pourqu’il y ait de la formationcontinue. ” »

Le face-à-face se poursuit…

Mme Boucher souhaiteraitaborder d’autres sujets avec

le nouveau titulaire du minis-tère : « Compte tenu que cesera peut-être la ou le ministrede l’Emploi et de la Solidaritésociale, je lui demanderais dene pas créer des bouleverse-ments aussi grands que ceuxqu’on a pu connaître lors dupremier budget du gouverne-ment libéral en 2003 ; à partirde là, les entreprises n’ont plusété assujetties à la loi du 1 % àinvestir en formation, de tellesorte qu’on a senti leur déres-ponsabilisation à l’égard decelle-ci. Je lui dirais d’agiravec beaucoup de prudence ; ily en a qui veulent parfois faireleurs marques, mais ils ne lefont pas toujours de la bonnefaçon ; on a plutôt intérêt àfaire en sorte que les gens puis-sent avoir le plus possible accèsà une formation. »

Elle souligne un autre pointqui serait abordé : « Si le gou-vernement décidait d’aller del’avant avec le Plan Nord, jelui dirais de lancer un messageaux entreprises : compte tenud’un manque de main-d’œuvrequi semble assez évident, je lesinviterais à ne pas faire appelà des jeunes qui n’ont pas com-plété leur scolarité ; il peut pa-raître avantageux d’embau-cher présentement des jeunesqui n’ont pas terminé leur cin-quième secondaire et de les en-voyer dans le Grand Nord pourtravailler, parce qu’une telledémarche correspond aux im-pératifs économiques actuelsde l’État ; mais cette façon defaire risque d’avoir un coût so-cial parce que, lorsque le mi-rage des mines disparaîtra, onva se retrouver avec des gensqu’on devra former pour qu’ilssoient en mesure de réintégrerle marché du travail dans leSud, un marché qui ne serapas tout à fait le même que ce-lui du Nord. »

Elle se montre insistante surce plan : «Quand un employeurdécide de recruter un jeune, ilfaut que le contrat entre lesdeux parties stipule que celui-cipuisse terminer ses formations.On est en plein dans le volet del’adéquation formation-emploiet il existe des moyens qui peu-vent être pris pour lui facilitercette tâche ; autrement, on aurades coûts sociaux à assumer. »

CollaborateurLe Devoir

Ils sont 75 000 adultesinscrits à l’«autre»université Page 2

EDUCATIONFORMATION CONTINUE

Les diplômesd’étudessupérieures ont la cote Page 3

À la TÉLUQ,40 ans et unnouveau départPage 4

C A H I E R S P É C I A L H › L E D E V O I R , L E S S A M E D I 2 2 E T D I M A N C H E 2 3 S E P T E M B R E 2 0 1 2

Il existe bel et bien une politique de la formation continue éla-borée par les partenaires du marché du travail, mais l’appa-reil gouvernemental retarde depuis quelques années déjàl’adoption d’un deuxième plan d’action qui en assure l’appli-cation. À quoi s’attendre maintenant ?

Un deuxième pland’action se fait attendredepuis longtemps…«On a à mettre l’accent sur les bons moyens à prendre pour relever notre taux d’alphabétisation et nos difficultés lamentables en matière de littératie»

PHOTOS 1 ET 4 : SOURCE COLLÈGE LIONEL-GROULX. PHOTO 2 : NORMAND BLOUIN. PHOTO 3 : SOURCE UNIVERSITÉ DE SHERBROOKE

Photos 1 et 4: formation continue du Collège Lionel-Groulx. Photo 2: Denise Boucher, vice-présidente de la CSN. Photo 3: Centre de formation continue de l’Université de Sherbrooke.

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Page 2: EDUCATION - Le Devoir...le tuer en ne poursuivant pas le travail qui allait dans ce sens- ... C’est loin d’être banal.» ... Photos 1 et 4: formation continue du Collège Lionel-Groulx

F O R M A T I O N C O N T I N U EL E D E V O I R , L E S S A M E D I 2 2 E T D I M A N C H E 2 3 S E P T E M B R E 2 0 1 2H 2

POUR UNE ÉDUCATION POUR TOUS

Les adultes en formation : un «autre type d’auditoireque celui des 18 à 24 ans en formation initiale»Le Québec compte plus de 75 000 étudiants adultes dans ses universitésGrande négligée dans les vifsdébats suscités par la haussedes droits de scolarité et lacrise étudiante, l’éducationdes adultes dans les universi-tés doit être revalorisée,plaide Christian Blanchette,doyen de la Faculté de l’édu-cation permanente (FEP) del’Université de Montréal.

É T I E N N EP L A M O N D O N É M O N D

L e printemps dernier, lesdiscussions et les ré-

flexions sur l’accessibilité auxétudes ont été discrètes au su-jet de celle des adultes en for-mation, souvent financière-ment précaires et dont leschances d’obtenir des prêts etbourses demeurent minces.De plus, dans le débat public,Christian Blanchette remarquequ’« il y a eu une diabolisationde beaucoup d’activités univer-sitaires qui sont des éléments-clés de l’éducation des adultes»,comme les campus satellites,la publicité et les liens avec lesmilieux de travail.

Le Par ti québécois, quivient d’être élu à la tête d’ungouvernement minoritaire, apromis la tenue d’un sommetsur l ’enseignement supé-rieur. « Je pense que le sommetsera un succès si on en sort enayant mieux compris ce qu’estla gestion des universités et enayant aussi réaf firmé qu’ellesont un rôle-clé à jouer dans laformation des adultes » , dit M. Blanchette.

L’«autre» universitéOr, durant la crise étudiante,

l’éducation des adultes a étémarginalisée, tandis que, dansl’espace public, il s’est cristal-lisé une conception de l’uni-versité simplement dédiée auxjeunes de 18 à 24 ans. C’est leconstat unanime qu’ont fait lespar ticipants à une réunion tenue à l’Université de Mont-réal sous l’égide de l’Associa-tion canadienne d’éducationdes adultes des universités delangue française, à la find’août, raconte M. Blanchette.

Pourtant, le Québec comptep l u s d e 7 5 0 0 0 é t u d i a n t sadultes dans ses universités.Seulement à l’Université deMontréal, il y en a environ

12 000, ce qui équivaut à 15 %,en équivalent à temps com-plet, des étudiants inscrits aupremier cycle de l’établisse-ment. « Une université, au-jourd’hui, est faite de quatre pi-liers : la formation initiale pourles jeunes, les programmes auxétudes supérieures, la rechercheet la formation des adultes »,rappelle M. Blanchette.

Points d’accèsDans leurs solutions pour

trouver du financement autre-ment que par une hausse desdroits de scolarité, les associa-tions et les fédérations étu-diantes ont mar telé que lesuniversités pouvaient récupé-

rer des sommes en cessantd’en dilapider dans la publicitéet les campus satellites.

Or, soutient M. Blanchette,ces démarches identifiéescomme négatives servent direc-tement à l ’ éducat ion desadultes. Il rappelle que la majo-rité des campus satellites neconstituent pas des construc-tions, mais bien des salleslouées dans des cégeps et desécoles secondaires. «Ce sont despoints d’accès pour permettre auxadultes de suivre des formationsuniversitaires», soulève-t-il.

À la FEP, 80% des étudiantstravaillent, dont 56 % à tempsplein. Comme, parmi eux, ilssont nombreux à s’occuper

d’une famille et à gérer un ho-raire chargé qui limite le tempsdisponible pour les déplace-ments, les campus satellites leurpermettent de suivre ces forma-tions, assure M. Blanchette.

Du côté des publicités, il notequ’un grand volet est consacréaux programmes destinés auxadultes. «Il y a une publicité depositionnement, et c’est fort pro-bablement ce [que les associa-tions et les fédérations étu-diantes] ont ciblée, mais en par-lant de publicité, il y a aussi unepublicité pour les adultes,nuance-t-il. Nos publicités, on neles fait pas dans les cégeps. Ellessont pour toutes les personnesqui, après quelques années de

travail, quelques fois une décen-nie, jugent qu’elles doivent re-tourner aux études. Elles doiventconnaître les programmes.»

Formation et travailUn autre point qui a été sou-

levé avec passion lors deséchanges sur venus le prin-temps dernier concernait lesliens avec les milieux de tra-vail. Or cette démarche estl’un des chantiers importantsde l’éducation permanentepour s’assurer de la per ti-nence d’une formation sur unmarché du travail qui évoluerapidement.

La FEP a d’ailleurs accéléréla révision de ses programmesen ce sens. Durant les der-niers mois, une cer taineconception utilitaire des uni-versités, cherchant davantageà former une main-d’œuvre età servir l’économie plutôt qu’àinstruire les citoyens, a été fré-quemment dénoncée.

Des adultes étudiantsChristian Blanchette a déjà

travaillé sur la qualité de l’en-seignement au premier cycle etaux cycles supérieurs. À mêmede constater les différences, ilinsiste pour dire que les

adultes en formation consti-tuent un «autre type d’auditoireque celui des 18 à 24 ans en for-mation initiale. Je suis tout àfait d’accord avec ceux — et jejoins ma voix à la leur — qui di-sent que l’université doit équiperles jeunes pour qu’ils soient descitoyens qui réfléchissent sur lemonde et qui y contribuent.Mais, lorsqu’on parle d’étu-diants adultes qui reviennent, cen’est plus leur besoin.»

La plupar t des adultes enformation ont déjà entamé unecarrière. Selon une enquête dela FEP effectuée auprès de sesétudiants, environ 60% d’entreeux possèdent déjà un diplômeuniversitaire, dont 29% ont ter-miné un baccalauréat et 10 %une maîtrise. Toujours seloncette enquête, 20 % de ces étu-

diants adultes s’inscrivent dansla foulée d’une réorientationprofessionnelle, tandis que53% viennent y acquérir un en-richissement professionnel.

« Pour eux, l’objectif de venirà l’université n’est pas de deve-nir des citoyens qui contri-buent. Ils le sont déjà. Leur mo-tivation, c’est de venir chercherun programme qui les équiperaencore mieux pour les défis pro-fessionnels auxquels ils seconfrontent maintenant ouauxquels ils feront face dans lefutur. » M. Blanchette préciseque les programmes stimu-lent tout de même une ré-flexion de niveau universitaireet que le dialogue actif avec lemilieu ne vise « pas à servirune organisation ou une firmeprécise, mais à servir la profes-sion pour laquelle on construitle programme».

En ce qui concerne le ré-gime des prêts et bourses,dans « toutes les propositionsfaites au printemps, tant par legouvernement que par les asso-ciations étudiantes, on parlaitd’aide financière aux étudiantsà temps plein, mais pas auxétudiants à temps partiel », dé-plore M. Blanchette.

Or les étudiants adultes ontpeu accès à l’aide fi-nancière, alors qu’unpeu plus de 35 % desétudiants de la FEPavaient un revenu annuel inférieur à20 000 $ en 2009. « Ilfaut se rendre comptequ’ils ne sont pas tousbien nantis . Ce nesont pas tous des avo-cats ou des notaires.Au contraire. Ce sont

des gens qui ont fait des étudeset qui se sont engagés dans unparcours qui coûte cher. Ils fonténormément de sacrifices et,souvent, ils ne veulent pas s’en-detter. Mais ils doivent avoir unparcours beaucoup plus lent.»

M. Blanchette croit qu’il y alieu de repenser un systèmede prêts et bourses adapté auxadultes en formation, afinqu’ils «puissent obtenir leur di-plôme universitaire. Les gens lescommencent, mais, en cours deroute, il y a une attrition plusgrande que chez les étudiantsqui suivent leurs cours de jour,en raison des enfants, d’un nou-vel emploi, des défis financiersqui frappent», évoque-t-il.

CollaborateurLe Devoir

JACQUES NADEAU LE DEVOIR

Au Québec, on compte 75000 étudiants adultes dans les universités, dont 12000 fréquentent l’Université de Montréal.

Durant la crise étudiante, l’éducationdes adultes a été marginalisée,tandis que, dans l’espace public, ils’est cristallisé une conception del’université simplement dédiée auxjeunes de 18 à 24 ans

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F O R M A T I O N C O N T I N U EL E D E V O I R , L E S S A M E D I 2 2 E T D I M A N C H E 2 3 S E P T E M B R E 2 0 1 2 H 3

DESS

Les nouveaux diplômes d’études supérieures ont la cote« Les gens veulent un développement de carrière sans écrire un mémoire de maîtrise »

A M É L I E D A O U S T - B O I S V E R T

«L es dépar ts à la retraitelaissent des postes élevés

à combler. Ça prend une ré-flexion plus profonde pour assu-mer ces responsabilités », selonGuy Mineau. Pour le directeurgénéral de la formation conti-nue de l’Université Laval, c’estce qui explique la popularitécroissante des micropro-grammes de 2e cycle et desDESS.

En 1990, les universités qué-bécoises n’of fraient qu’unecentaine de microprogrammeset de diplômes courts de 2e cy-cle. En 2007, 14 000 étudiantsfréquentaient plus de 300 pro-grammes. C’est le tiers de l’ef-fectif étudiant au 2e cycle !

C’est en sciences de l’admi-nistration que ces formationssont les plus prisées : le tiersdes programmes sont danscette discipline. Suivent lessciences humaines (19 %), lessciences de la santé (15 %), lessciences appliquées (13 %) etles sciences de l’éducation(12 %), selon un rappor t duConseil supérieur de l’éduca-tion publié en 2010.

La nouvelle formationcontinue

«Ces programmes ont connuune augmentation incroyable de-puis dix ans », dit Ri-chard Patr y, vice-doyen à la Faculté desétudes supérieures etpostdoctora les del’Université de Mont-réal. Il observe que laformation continue amigré du premier audeuxième cycle. Nor-mal : «De plus en plus,les gens ont déjà unbaccalauréat, dit Fran-çoise Braun, direc-trice du Bureau du re-crutement à l’UQAM. Ce n’estpas intéressant pour ces profes-sionnels de poursuivre leur for-mation au premier cycle.»

«Les gens veulent un dévelop-pement de carrière sans écrireun mémoire de maîtrise, pour-suit Guy Mineau. Comme c’estdirectement lié à un projet decarrière, les gens sont très moti-vés et les taux de diplomationsont plus élevés qu’en formationrégulière. »

Alors que les micropro-grammes comptent de 9 à 18crédits, les DESS comportent30 crédits. La plupart des uni-versités offrent des formationsgigognes, c’est-à-dire que lescrédits obtenus dans un micro-programme peuvent être re-connus dans un DESS. En-suite, quelques cours et un es-sai, et le diplôme de maîtriseprofessionnelle est à portée dela main.

La majorité des inscrits sontdes professionnels en quêtede perfectionnement. Ils cher-chent non seulement de nou-velles compétences, mais unavancement d’échelon ou l’ac-cès à un poste de gestion oude responsabilité.

À l’UQAM, on note égale-ment que des immigrants ré-cents s’inscrivent à un DESSpour obtenir rapidement uneformation reconnue au Qué-bec et accéder au marché dutravail dans leur domaine. Re-tourner sur les bancs d’écoleleur permet également de gar-nir leur carnet d’adresses denouveaux contacts.

L’administration encoretrès populaire

Bien que les domaines re-présentés au DESS soient trèsdiversifiés, les programmesqui permettent d’acquérir descompétences de gestion sontencore très prisés, obser veGuy Mineau. « Quand on oc-cupe un poste élevé dans son do-maine, on finit par gérer unepartie de la boîte. On doit se dé-brouiller en ressources hu-maines et en gestion d’uneéquipe performante…»

Certains programmes sontcréés expressément en ré-ponse à un besoin sur le mar-ché du travail. En santé, les or-dres professionnels observent

des besoins émer-gents et collaborentavec les universitéspour y répondre. Parexemple, l’école d’op-tométrie de l’Univer-sité de Montréal of-fre maintenant uneformation en inter-vention en déficiencevisuelle. Car un desgrands défis des per-sonnes âgées qui sou-haitent rester à leurdomicile le plus long-

temps possible, c’est la visionqui décline. Des optométristesspécialement formés pourrontmaintenant les aider à resterautonomes.

Certaines formations sontcarrément obligatoires pourobtenir une promotion. Parexemple, les directeursd’école primaire et secondairedoivent passer par un DESSen gestion de l’éducation.

Une formation enmouvement

Formation collée sur lemonde du travail oblige, il y abeaucoup de mouvement ducôté des DESS. Autant denombreux nouveaux pro-grammes voient le jour, autantd’autres, devenus désuets, dis-paraissaient naturellement.«Certains programmes peuventdevenir obsolètes. Il faut s’adap-ter et en créer de nouveaux »,

selon Richard Patry.Le programme cour t de

2e cycle en administration sco-laire de l’UQAM, par exemple,n’attire que quelques nou-veaux inscrits par année. Laraison en est simple : le bassind’étudiants s’est tari, explique

François Braun. Créé au mo-ment où le DESS en gestionde l’éducation était devenuobligatoire pour obtenir unposte de direction dans uneécole primaire ou secondaire,ce programme était destinéaux directeurs déjà en poste.

Peu à peu, ces derniers ontgradué, et les nouveaux aspi-rants directeurs s’inscriventplutôt au DESS.

Richard Patry prédit un belavenir aux DESS et aux micro-programmes de deuxième cy-cle. « Les connaissances, les

pratiques professionnelles : lesdéfis changent de plus en plusvite et les professionnels ontb e s o in d ’une mi s e à j ou rconstante de leurs compétences.C’est là pour rester ! »

Le Devoir

De la météorologie à la musique de film, en passant par l’éco-logie internationale, les microprogrammes et les diplômesd’études supérieures spécialisées (DESS) sortent des sen-tiers battus. Pour que votre car rière prenne aussi une nouvelle tangente !

JACQUES NADEAU LE DEVOIR

Formation collée sur le monde du travail oblige, il y a beaucoup de mouvement du côté des DESS.

Certainsprogrammessont créésexpressémenten réponse à un besoinsur le marchédu travail

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F O R M A T I O N C O N T I N U EL E D E V O I R , L E S S A M E D I 2 2 E T D I M A N C H E 2 3 S E P T E M B R E 2 0 1 2H 4

COLLÈGE DE MAISONNEUVE

Des cégeps s’associent pour offrir des formations souhaitées par le monde du travail

M A R T I N E L E T A R T E

L a nouvelle AEC Gestionnaire en sécuritéprivée sera offerte par le Collège de Mai-

sonneuve cet automne. L’établissement conti-nue ainsi de développer sa spécialité dans le do-maine. « Il n’y avait pas de formation pour lesgestionnaires en sécurité privée, alors que le be-soin est bien présent. Les agents de sécurité peu-vent être formés dans les écoles de formation pro-fessionnelle, mais, lorsqu’ils gravissaient les éche-lons pour devenir gestionnaires, ils devaient ap-prendre sur le tas», affirme Éléna Galarneau, di-rectrice du service de la formation continue duCollège de Maisonneuve.

Des gens du milieu de la sécurité privée ontété consultés dans l’élaboration du programme.«On y apprendra à gérer des équipes, à planifierles mesures d’urgence, etc. Le programmes’adresse aux employés d’agence et à ceux desgrandes entreprises où on retrouve plusieursagents de sécurité », explique Mme Galarneau.

Le programme démarrera en novembre. Il sedonnera à temps partiel, puisque le Collège deMaisonneuve vise les gens en emploi. «Ce pro-gramme s’ajoute à l’AEC Techniques d’enquête etinvestigation que nous of frons depuis trois ansaux gens qui veulent devenir enquêteurs dans lesecteur privé. Nous investissons beaucoup depuisquelques années dans le domaine de la sécuritéprivée», affirme Éléna Galarneau.

Applications mobilesLe Collège de Maisonneuve tente aussi de

plus en plus de travailler en collaboration avecd’autres collèges pour offrir des programmesde formation continue. «Nous souhaitons ne pasmultiplier les programmes dans un même secteur

d’activité pour éviter que les employeurs ne s’y re-trouvent plus», indique Mme Galarneau.

Le Collège de Maisonneuve offrira dès cet hi-ver l’AEC Développement d’applications poura p p a r e i l s m o b i l e s . C e p r o g r a m m e d e405 heures a été développé par le Cégep deSainte-Foy. Il s’articule autour de trois champsde formation principaux : la programmation desystèmes natifs, la programmation web mobileet la programmation d’applications web.

C’est une AEC de spécialisation, ce qui signifieque, pour s’inscrire, il faut posséder une forma-tion antérieure dans le domaine de l’informatique.

Le programme s’adresse aux gens en emploi,donc il se donnera à temps par tiel. « Noussommes toujours dans le processus d’approbation,précise toutefois Mme Galarneau. Nous regar-dons aussi la possibilité d’of frir une partie descours en ligne avec le Cégep de Sainte-Foy, qui adéveloppé la plateforme. On pourrait donc avoirdes étudiants de façon synchrone dans les deuxcollèges, avec un professeur qui donne le cours.»

Ressources humainesLe Collège de Maisonneuve offrira également

dès l’hiver l’AEC Agent en suppor t en res-sources humaines. Cette fois, le programme aété développé par le Cégep de Chicoutimi. «Çarépond à un besoin dans les PME qui ont rare-ment toute une direction des ressources humaines.Par contre, ces entreprises doivent gérer la sélec-tion des candidats, la dotation, les assurances, laformation, etc.», explique Mme Galarneau.

Le Collège de Maisonneuve est en train d’éva-luer s’il offrira ce programme de 810 heures àtemps plein ou à temps partiel.

SharePointL’hiver dernier, le Collège de Maisonneuve a

lancé l’AEC Développeur-intégrateur Share-Point. Cette plateforme informatique basée surle web est vouée à la gestion de l’informationdans une entreprise.

« Nous allons of frir le programme à nouveaucet automne, précise Mme Galarneau. Il a été développé en collaboration avec le CollègeÉdouard-Montpetit et avec le Cégep Limoilou. »

L’AEC Développeur-intégrateur SharePointest un programme de perfectionnement pourles gens qui ont déjà une for mat ion en informatique.

«Nous offrons le programme à temps plein et ilest financé par Emploi-Québec, précise ÉlénaGalarneau. Le programme est particulièrementintéressant pour la clientèle immigrante qui a

été scolarisée à l’étranger dans le domaine del’informatique, mais qui n’arrive pas à s’intégrerau marché du travail québécois. Les besoins despécialistes SharePoint dans les entreprises sont importants. »

Le Collège de Maisonneuve of fre aussi,parmi ses nouveautés, un cours de courte du-rée sur SharePoint pour la clientèle adulte etles entreprises. Ce cours fait par tie d’unegrande offre de cours de perfectionnement of-ferts en collaboration avec Emploi-Québec à 2 $l’heure. Parmi les autres nouveautés, on re-trouve le cours PHP et mySQL pour le dévelop-pement de sites web. Au total, le Collège deMaisonneuve of fre plus de 200 ateliers de perfectionnement en informatique.

DEC intensifsLe Collège de Maisonneuve offre aussi à la

clientèle adulte des DEC intensifs dans différents domaines.

« Nous sommes le collège avec le plus gros vo-lume d’étudiants au DEC intensif Soins infir-miers, fait remarquer Mme Galarneau. On ac-cueille toujours énormément de gens dans lesréunions d’information pour ce programme etnous recevons une centaine de dossiers chaquefois que nous formons un groupe, soit trois foispar année. Chaque fois, nous prenons seulement36 étudiants. Environ 70% de la clientèle est im-migrante. Plusieurs ont acquis une formationdans leur pays, par exemple comme médecin, nu-tritionniste, vétérinaire. »

Le Collège de Maisonneuve of fre aussi leDEC intensif Comptabilité et gestion.

« Nous sommes un des rares collèges à le pro-poser aux adultes, précise Mme Galarneau. Laclientèle est presque exclusivement immigrante.Les gens ont fait une formation en administra-tion ou en finance dans leur pays, mais ils n’ar-rivent pas à s’intégrer au marché du travail. Ilsne perdent pas leur temps dans le programme,puisque les notions sont très dif férentes d’unpays à un autre. »

CollaboratriceLe Devoir

Le Collège de Maisonneuve of frira trois nou-velles attestations d’études collégiales (AEC)dans les domaines de la sécurité privée, destechnologies de l’information (TI) et des res-sources humaines. La collaboration entre éta-blissements est aussi favorisée.

COLLÈGE DE MAISONNEUVE

Éléna Galarneau, directrice du service deformation continue du Collège de Maisonneuve

Page 5: EDUCATION - Le Devoir...le tuer en ne poursuivant pas le travail qui allait dans ce sens- ... C’est loin d’être banal.» ... Photos 1 et 4: formation continue du Collège Lionel-Groulx

F O R M A T I O N C O N T I N U EL E D E V O I R , L E S S A M E D I 2 2 E T D I M A N C H E 2 3 S E P T E M B R E 2 0 1 2 H 5

La TÉLUQ fête son quarantième anniversairecette année. L’établissement, qui of fre, bonan mal an, quelque 400 cours à distance et75 programmes à environ 18 000 étudiants,vient de retrouver son statut d’école supé-rieure au sein du réseau de l’Université duQuébec.

C A R O L I N E R O D G E R S

D epuis sa fondation, l’établissement avaitlongtemps été une école supérieure faisant

partie de ce réseau. Puis, pendant quelques an-nées, il a été rattaché à l’UQAM. En se déta-chant de l’UQAM en août dernier, il a retrouvéson statut d’antan. « Le mariage avec l’UQAMn’a pas parfaitement fonctionné, dit Elena La-roche, directrice des études. En retrouvant sonautonomie, la TÉLUQ retrouve la liberté de sedévelopper davantage. »

InteractionGrâce aux progrès technologiques de la der-

nière décennie, la formation à distance devientplus accessible, plus dynamique et plus inter-active. L’époque des notes de cours et des tra-vaux sur papier envoyés par la poste sera unjour de l’ordre des souvenirs. « On utilise en-core le papier, mais les cours sont de plus enplus dans Internet. L’avantage de la formationà distance est de pouvoir rejoindre des per-sonnes en région, à la maison et même àl’étranger », ajoute-t-elle.

Au cours des prochaines années, la stratégiede développement de la TÉLUQ sera notam-ment de consolider et d’actualiser ses cours etses programmes aux trois cycles et de dévelop-per la formation continue.

« Aujourd’hui, quand on parle de formationcontinue, le terme est souvent associé à des coursnon crédités qui répondent aux besoins pointus

d’une clientèle déjà en emploi. Ce sont de courtsmodules de formation créés en fonction de la de-mande, pour permettre l’acquisition de connais-sances et de compétences très spécifiques, qu’onmet sur pied souvent parce qu’aucun programmeexistant dans les universités québécoises n’y cor-respond», explique Mme Laroche.

Beaucoup d’universités offrent de la formationcontinue. «Ce qui nous distingue, c’est l’approchequ’on développe, qui est une approche par compé-tences, et toute la pédagogie qui est derrière la for-mation à distance. Nous ne sommes pas un orga-

nisme de médiatisation qui prend un contenu et lemet simplement en ligne. On analyse la clientèle àlaquelle on s’adresse et on a toute une approched’accompagnement de l’étudiant.»

DéveloppementLa TÉLUQ compte développer la formation

continue en misant sur les volets institutionnelet individuel. «D’un côté, il y a de grands projetsque la TÉLUQ développe pour répondre aux be-soins spécifiques de ministères ou d’associationspatronales et syndicales en leur of frant une for-

mation sur mesure. La formation à distance aainsi permis de former plusieurs centaines demilliers de participants, notamment parmi lesprofessionnels de la santé et les délégués syndi-caux, dispersés à la grandeur du Québec. »

Toutefois, en raison d’ententes de confiden-tialité, il n’est pas possible de divulguer lesnoms des ministères ou des organisationsayant eu recours à ces services de formationsur mesure.

Formations courtesLa TÉLUQ développe aussi un nouveau volet

pour of frir de cour tes formations sur desthèmes divers, afin de répondre aux besoinsdes ordres professionnels et d’autres orga-nismes d’accréditation. « Nous travaillons ac-tuellement à la conception de plusieurs cours surdes thématiques courtes et spécifiques qui s’adres-sent davantage aux individus qui ont besoin desuivre un certain nombre d’heures en formationcontinue afin de demeurer membres d’un ordreprofessionnel, dit Mme Laroche. Ces cours pour-raient s’adresser, par exemple, à des conseillersen ressources humaines ou à des comptables.Nous allons tenter de rejoindre cette clientèle àtravers des collaborations avec les ordres profes-sionnels ou d’autres organismes qui font la pro-motion de la formation. »

Dans cette catégorie, un premier cours sur lamesure et l’interprétation des ratios financiersest déjà disponible pour les comptables. D’au-tres nouveaux cours seront of fer ts dans lesprochaines années.

«De plus en plus de gens vont à l’université etle niveau d’instruction général augmente. Deplus, les exigences des ordres professionnels sontcroissantes. On assiste donc, dans la société, àune spécialisation de plus en plus grande des pro-fessionnels. Avec la formation continue, oncontribue à cette spécialisation. »

CollaboratriceLe Devoir

TÉLUQ

Quarante ans, et un nouveau départ« Ce qui nous distingue est une approche par compétences »

UNIVERSITÉ DE SHERBROOKE

«La règle est de répondre à des besoins»L’université a une présence en formation continue, même hors du Québec

P I E R R E V A L L É E

«L’ immeuble du campusde Longueuil a été

conçu pour accueillir des étu-diants, souligne Lucie La-flamme, vice-rectrice auxétudes de l’Université de Sher-brooke. En plus des classes etdes locaux d’enseignement, plu-sieurs aires ouvertes sont à ladisposition des étudiants, on ytrouve même une aire de res-tauration. Tous nos servicesuniversitaires s’y trouvent. »

I l é ta i t donc logique deconcentrer sur ce campus l’of-fre en formation continues’adressant aux résidants de laRive-Sud et même à ceux de lagrande région montréalaise.Rien de surprenant, donc, àconstater que près de 85 % desquelque 150 programmes of-ferts au campus de Longueuilsont des pr ogrammes de formation continue.

« Ce sont sur tout des pro-grammes de deuxième cycle quise déclinent en micropro-grammes de 6 à 15 crédits, endiplômes de 2e cycle de 30 créditsou en maîtrises de 45 crédits. Laplupart de ces programmes sontcumulatifs. C’est une tendanceimportante de nos jours dans ledomaine de la formation conti-nue. Nous avons aussi certainsprogrammes de 3e cycle.»

Deux exceptions à cette rè-gle : la formation au premiercycle en sciences infirmières

et le baccalauréat en enseigne-ment professionnel. «Dans cesd eux ca s , l ’Un iv e r s i t é d e Sherb r o o k e a r é p o n d u àdes demandes spéc i f i quesdu gouvernement. »

Toutes les facultés de l’Uni-versité de Sherbrooke sontprésentes au campus de Lon-gueuil, y compris la Facultédes lettres et des sciences hu-maines et la Faculté de théolo-gie et des sciences religieuses.Évidemment, elles n’ont pastoutes le même poids. « Lesdeux facultés les plus présentes,autant en nombre d’étudiantsqu’en nombre de programmesofferts, sont la Faculté d’éduca-tion et la Faculté d’administra-tion. Mais, comme toutes nosfacultés sont présentes, il est as-sez facile pour nous de répondreà une demande et de mettre enplace un programme.»

Centre universitaire deformation continue

Même s’il est situé sur lecampus principal, le mandatdu Centre universitaire de for-mation continue dépasse gran-dement cette frontière. « LeCentre universitaire de forma-tion continue agit comme gui-chet unique. Il a aussi le man-dat de coordonner les actionsdes facultés en matière de for-mation continue. Ce rôle a sonimpor tance, car aujourd’huiplusieurs formations continuessont multidisciplinaires et né-

cessitent la collaboration d’ex-per tises dif férentes. Ensuite,c’est aussi lui qui est responsa-ble de la formation continuenon créditée. »

C’est ce dernier aspect deson mandat qui assure la pré-sence de l’Université de Sher-brooke hors de ses campus,notamment en Montérégie.« Ces formations sont diverses,par fois ce sont des cours, par-fois des ateliers, mais elles onten commun le fait de répondreà des besoins spécifiques etd’être mises en place avec lacollaboration d’un partenaire.On s’installe dans les locauxqui sont mis à notre disposi-tion. Pas question de débarqueravec le fanion de l’Université deSherbrooke. On est surtout làpour of frir un service à notrepartenaire. » Ces partenairespeuvent être des organismes,des villes, des commissionsscolaires ou des entreprises.

Ailleurs au Québec etdans le monde

La présence de l’Universitéde Sherbrooke sur l’ensembledu territoire du Québec est as-surée en partie par la participa-tion de l’Université de Sher-brooke à la formation continuedes professeurs de cégep.Cette participation se fait par lebiais du réseau PERFORMA,qui compte maintenant 59 éta-blissements collégiaux.

«Il ne faudrait pas oublier no-tre université du 3e âge, qui estprésente dans différents coins duQuébec. C’est une façon dif fé-rente d’aborder la formationcontinue, je l’avoue, mais, à y re-garder de plus près, c’est bien dela formation continue qu’ils’agit. » En effet, car ceux qui

s’y inscrivent, même s’ils le fonten fonction de leurs intérêtspersonnels plutôt que de leurtravail, s’inscrivent tout demême dans une démarche deformation. «L’université du 3e

âge compte présentement 6800étudiants et ce nombre augmentechaque année. C’est la preuve del’intérêt qu’ont les personnes aî-nées pour ce type de formation.»L’université du 3e âge de l’Uni-versité de Sherbrooke possèdeprésentement 27 antennes uni-versitaires réparties dans 10 ré-gions du Québec.

De plus, l’Université de Sher-brooke a une présence en for-mation continue même hors duQuébec. «Au fil des ans, l’uni-

versité a signé de nombreusesententes avec des par tenairesétrangers afin de mettre en placedes formations continues. Nousavons des par tenaires enFrance, mais aussi au Maroc,en Tunisie, et même en Haïti.Ces ententes peuvent porter surune formation créditée toutcomme sur une formation noncréditée. Tout dépend des be-soins des par tenaires. » Unexemple récent de ce type decollaboration est l’entente si-gnée avec l’une des plus impor-tantes universités chiliennes,l’Université australe, qui achoisi l’Université de Sher-brooke pour l’aider à la ré-forme pédagogique de ses pro-

grammes en génie. Financéeen grande partie par la Banquemondiale, cette collaborationvise à passer de l’enseignementmagistral à l’apprentissage parprojets et par problèmes.

«La formation continue peutprendre plusieurs formes. Mais,peu importe la forme, la règle àl’Université de Sherbrooke est derépondre à des besoins. On n’estpas là pour lancer à gauche et àdroite de nouveaux programmes.Notre rôle est de mettre en placedes programmes qui répondentaux besoins de nos étudiants etde nos partenaires.»

CollaborateurLe Devoir

La formation continue à l’Université de Sherbrooke ne se li-mite pas à son seul campus principal. L’établissement estbien présent en Montérégie, mais aussi sur l’ensemble du ter-ritoire québécois. Et il possède même en la matière un vais-seau amiral, soit le campus de Longueuil.

SOURCE UNIVERSITÉ DE SHERBROOKE

L’Université de Sherbrooke of fre plusieurs programmes de formation continue, dont beaucoup sontdonnés au campus de Longueuil.

SOURCE TÉLUQ

Les volets institutionnel et individuel seront visés dans le développement de la formation continue àla TÉLUQ au cours des prochaines années.

Page 6: EDUCATION - Le Devoir...le tuer en ne poursuivant pas le travail qui allait dans ce sens- ... C’est loin d’être banal.» ... Photos 1 et 4: formation continue du Collège Lionel-Groulx

F O R M A T I O N C O N T I N U EL E D E V O I R , L E S S A M E D I 2 2 E T D I M A N C H E 2 3 S E P T E M B R E 2 0 1 2H 6

EMPLOI-QUÉBEC

Le programme AERE permet à des entreprises québécoises de relancer leurs activitésLe Québec affiche au Canada le plus faible taux de participation à des activités de formation officielle liée à l’emploi

JACQUES NADEAU LE DEVOIR

Peu importe le secteur dans lequel elles œuvrent, les entreprises québécoises peuvent faire appel au programme AERE pour relancer leurs activités par le biais de la formation de leurs employés.

É M I L I E C O R R I V E A U

S’ inscrivant dans le cadre de l’initiative In-vestissement-compétences, laquelle est

née à l’hiver 2012 et vise la mobilisation detous les acteurs du milieu du travail autourde l’enjeu de la formation et du développe-ment des compétences, ainsi que l’instaura-tion d’une culture de formation continue dansles entreprises, le programme AERE a pourobjectif de soutenir les firmes québécoisesdans les premières étapes de la relance deleurs activités en répondant aux besoins deformation de leur personnel. Pour l’année fi-nancière 2012-2013, son enveloppe budgé-taire est de 10 millions de dollars et les entre-prises qui y font appel ont droit à une aidemaximale de 100 000 $.

Pour être admissibles au programme AERE,les firmes doivent, sans égard à leurmasse salariale, à leur taille ou à leursecteur d’activité, répondre à cer-tains critères. Elles doivent soit dé-montrer qu’elles ont subi un ralentis-sement conjoncturel de leurs activi-tés au cours des trois dernières an-nées, soit avoir été bénéficiaires duprogramme Travail par tagé du gou-vernement fédéral ou encore des pro-grammes Soutien aux entreprises àrisque de ralentissement écono-mique (SERRE) ou Soutien aux entre-prises de la métropole pour l’emploiet la relance (SEMER).

Suite logiqueIl faut savoir qu’AERE s’inscrit

dans la continuité des programmesSERRE et SEMER. Développé à la suite du ra-lentissement économique en 2008, le SERREavait pour objectif de permettre aux entre-prises de couvrir une partie des frais de for-mation de base ou de formation liée à leurs ac-tivités, afin de maintenir leur personnel enemploi et d’améliorer leur productivité.

« Ce programme-là a connu un succès bœuf !C’est pourquoi on a décidé de créer le pro-gramme SEMER, qui avait le même objectif quele programme SERRE, mais qui ne s’adressaitqu’aux entreprises de Montréal et Laval, car cesdeux régions-là avaient des besoins plus impor-tants pour se sortir de la crise économique », af-firme Mme Caroline Girard, coordonnatrice à laLoi sur les compétences, Direction du soutienau développement de la main-d’œuvre à laCommission des partenaires du marché du tra-vail (CPMT).

Comme le SERRE, le programme SEMER aété très populaire auprès des entreprises. Parleur entremise, Emploi-Québec a pu faireconnaître ses services auprès d’une kyriellede firmes avec lesquelles l’organisme avaitpeu collaboré ou pas du tout. Grâce à ces pro-grammes, il a également pu constater quenombre de PME vivaient des dif ficultés im-portantes en matière d’organisation et de dé-veloppement de structures de formation pourleurs employés.

« Ce que SERRE et SEMER ont permis auxentreprises québécoises qui ont fait appel à cesprogrammes, c’est de se sortir la tête de l’eau,soutient Mme Girard. Ce qu’on a constaté, parcontre, c’est qu’une fois la tête sortie de l’eau,elles avaient tout de même besoin d’aide pourgagner le rivage, parce qu’elles étaient encoreexposées à des risques de dif ficultés écono-

miques et d’emploi. C’est vraimentpour soutenir ces entreprises fragili-sées et pour leur permettre de bénéfi-cier des bienfaits de la formationcontinue que nous avons crééAERE. »

Changer les mentalitésIl faut dire que, au Canada, le Qué-

bec fait figure de parent pauvre enmatière de formation continue.D’après les plus récentes donnéesdisponibles, qui datent de 2008, leQuébec affiche le plus faible taux departicipation à des activités de forma-tion officielle liée à l’emploi (27 %). Lamoyenne nationale est de 36 %. C’estla Saskatchewan qui per forme lemieux, avec 45 %.

De plus, bien qu’au Québec la participationà des activités de formation of ficielle liée àl’emploi se soit accrue entre 1997 et 2008,d’après Statistique Canada, les plus récentesdonnées québécoises disponibles montrentque les investissements en formation des en-treprises tendent à d i m i n u e r d e p u i s l e ralent issement économique en 2008.

En 2009, les entreprises dont la masse sala-riale dépassait un million de dollars ont investi945 millions en formation, en vertu de la Loifavorisant le développement et la reconnais-sance des compétences de la main-d’œuvre.En 2007, ce montant était plutôt de 985 mil-lions. Pour tant, 466 entreprises de moinsétaient assujetties à la loi.

Depuis la mise en œuvre du programmeAERE, 107 entreprises ont pu bénéficier deson apport, la majorité d’entre elles œuvrant

dans l’industrie manufacturière, le commercede gros, les ser vices aux entreprises et lecommerce de détail. Puisque, à ce jour, seule-ment 60 % de son enveloppe budgétaire a étéutilisée, plusieurs autres entrepreneurs sontsusceptibles d’obtenir des subventions d’ici le31 mars 2013.

MobilisationGrâce à cette initiative, Emploi-Québec et la

CPMT espèrent réussir à instaurer une cul-ture plus durable de la formation continuedans les milieux de travail québécois etconvaincre davantage d’entrepreneurs que laformation continue doit être perçue commeun investissement.

« On veut mobiliser les entreprises et les tra-vailleurs en vue d’amener une stratégie d’inves-tissement cohérente dans les compétences, sou-ligne la coordonnatrice. On veut que les entre-

prises considèrent la formation continue nonpas comme une dépense, mais comme un inves-tissement. On souhaite qu’elles comprennentque plus les employés seront formés, plus ils se-ront compétents et plus ils seront productifs. »

La durée de vie du programme est pourl’instant indéterminée. « Comme c’est un projetqui a pour objectif de sauvegarder des emplois,lorsque la relance économique sera bien enta-mée, le programme n’aura plus sa raison d’être.C’est donc la conjoncture économique qui déter-minera la durée de vie du programme » ,confirme Mme Girard.

Pour plus de détails sur le programme AERE,on consulte emploiquebec.net/entreprises/forma-tion/loi-competences/aere.asp.

CollaboratriceLe Devoir

Le printemps dernier, Emploi Québec a lancé un nouveau programme de formation continue,le programme d’accompagnement des entreprises pour la relance de l’emploi (AERE). Grâce àcelui-ci, 107 entreprises québécoises ont entamé la relance de leurs activités après avoir subile ralentissement économique des dernières années.

Depuis lamise enœuvre duprogrammeAERE, 107entreprisesont pubénéficier deson apport