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Agents, fonctions et interdépendance générale Daniel Dufourt Professeur de Sciences Economiques IEP Lyon Eléments d’économie générale Séance du 2 septembre 2010

Eléments d'économie générale II

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Agents, fonctions et interdépendance générale

Daniel Dufourt Professeur de Sciences Economiques IEP Lyon

Eléments d’économie générale

Séance du

2 septembre 2010

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INTRODUCTIONLes « agents » une création institutionnelle nécessaire.La coordination des actions et l’interdépendance

Les « agents » (aujourd’hui secteurs institutionnels) constituent un artefact statistique nécessaire à la représentation du fonctionnement du système économique. Ils servent à rassembler, dans des catégories supposées pertinentes, les personnes physiques ou morales qui participent à l’activité économique. Le principe du regroupement est celui d’une homogènéité, au sein de la même catégorie, des comportements des acteurs concernés. Afin d’expliciter ce comportement les agents économiques se voient attribuer une fonction essentielle.Avant 1995, il y avait 5 catégories d’agents: les entreprises, les ménages, les administrations publiques et privées, les institutions financières (banques, Trésor public, assurances) et enfin l’extérieur.

En simplifiant les fonctions principales sont: la consommation pour les ménages, la production des biens et services pour les entreprises, la fourniture de services non marchands pour les administrations publiques et privées (cultes, syndicats, partis politiques etc..), l’octroi de prêts et la réalisation des emprunts pour les institutions financières.

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Intro (suite)

La mise en œuvre d’un calcul économique suppose au préalable la définition des opérations qui en sont le support.

Au niveau des acteurs ce sont les concepts et principes de la comptabilité privée qui explicitent les modalités d’enregistrement des décisions qui mettent en œuvre et finalisent leurs calculs économiques.

Au niveau de l’économie nationale, l’INSEE et les responsables des comptes publics (supports de la programmation budgétaire) ont la charge de la définition du cadre comptable et de l’enregistrement des opérations des agents aux fins de mise en œuvre des contrôles financiers et de la politique économique .

La comptabilité nationale enregistre et calcul les effets des choix des acteurs et des décisions de politique économique à l’aide d’un ensemble d’opérations:

- opérations sur biens et services, (production, consommation, formation brute de capital fixe, importations, exportations)

- opérations de répartition, (salaires, intérêts, dividendes, loyers, impôts, cotisations sociales, assurances..)

- opérations financières ( créances et dettes, emprunts et remboursements, devises..)

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Intro (fin)

L’activité des entreprises requiert une coordination des agents qui participent à la production: cette coordination intervient sous deux formes radicalement différentes, voire antinomiques:

- La coordination par la contrainte qui présuppose l’existence d’un pouvoir de commandement et d’une hiérarchie qui mette en œuvre les décisions. Cette forme de coordination des actions est celle qui prend place au sein des entreprises. Le pouvoir dont dispose le chef d’entreprise est évidemment liée à la propriété des capitaux. Les exécutants (tant les ouvriers que les cadres, les agents de maîtrise que les commerciaux) sont donc dans un rapport de subordination permanent.

- La coordination par le marché: l’entreprise procède en fonction de ses besoins à des achats de biens et services sur le marché. Les rapports, ici, sont contractuels et totalement réversibles. Mais le marché ne coordonne pas des actions mais des décisions de gestion relatives à l’utilisation de ressources de toute nature (matérielle, immatérielle, actifs monétaires, financiers etc..)

- La décision stratégique est: faut-il faire soi même (coûts de coordination) ou faire faire (coûts de transaction) ?

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A- Deux niveaux d’observation et d’analyse: micro et macro La microéconomie s’intéresse aux fondements des comportements des agents

et à la rationalité de leurs décisions, supposées prendre en compte presque exclusivement les informations données par le système de prix.

Exemple: un dentiste se demande s’il vaut mieux faire des heures supplémentaires le samedi ou aller au golf. Il compare le coût des occasions sacrifiées: ses revenus supplémentaires éventuellement fortement taxées ne seront pas nécessairement la source d’un avantage comparable à celui des heures de loisir nécessaires à l’équilibre tant de sa vie privée que de sa vie sociale. Quel intérêt, s’il doit ensuite suivre une thérapie parce qu’il est devenu « workholic » , c’est –à-dire addict au travail?

Transposé à des décisions économiques majeures telle que la décision d’investir, le raisonnement microéconomique montrera qu’il faut comparer le coût des fonds empruntés (les intérêts s’ajoutant à la somme empruntés) et les bénéfices additionnels futurs actualisés (efficacité marginale du capital) liés à chaque projet.

1ère Partie : Les agents et leurs comportements

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1ère Partie – Les agents et leurs comportements:A- Microéconomie et macroéconomie.

Comment intervenir sur les comportements des agents afin :- qu’ils améliorent leurs performances (problématique de sanctions et de rétributions: bonus des traders) - qu’ils se conforment à ce qui est attendu d’eux (problématique d’incitations comme en matière de lutte contre la pollution, par exemple) ?On voit que ces deux modalités présupposent le recours à un cadre normatif plus ou moins contraignant (hors marché, donc).La macroéconomie revêt une double particularité:- Elle pose le problème majeur des phénomènes sociaux globaux (exemple classique des décisions collectives : fait-on ou ne fait-on pas le projet ITER?),souvent liés à l’absence de marchés (problème de la fourniture des biens collectifs).- Elle s’intéresse aux effets indirects (non pris en compte dans la microéconomie) de contraintes liées à l’interdépendance générale des acteurs. Exemple: les délocalisations peuvent être profitables pour les firmes mais être la source de destruction nettes d’emplois et de charges supplémentaires d’assurance-chômage pour la collectivité nationale.

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1ère Partie – Les agents et leurs comportements:B – Entreprises, production et profit et Ménages, besoins et consommation.

L'entreprise est une unité de production, qui acquiert sur les marchés les facteurs de production qu'elle combine en vue de produire un bien ou d'offrir un service, destinés à satisfaire une demande solvable exprimée sur un marché.Du point de vue de leur statut juridique, les entreprises peuvent revêtir la forme d'exploitation individuelle dans laquelle le patrimoine de l'entreprise et celui de son propriétaire sont confondus; d'entreprise en société ,forme dans laquelle le capital de la société est réparti entre plusieurs personnes; de sociétés civiles qui se rencontrent principalement dans les domaines des professions libérales, des activités de construction immobilière et des activités agricoles.Parmi les entreprises qui prennent la forme de sociétés, on distingue les sociétés de personne (société en nom collectif, société en commandite simple) et les sociétés de capitaux ( société anonyme, société en commandite par action, société à responsabilité limitée). Tandis que dans les sociétés de personne la responsabilité des associés est totale, dans les sociétés de capitaux le principe est que la responsabilité des associés est limitée à leur apport sauf dans le cas de la société anonyme où les actionnaires ne sont pas tenus personnellement responsables des dettes de la société.

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1ère Partie – Les agents et leurs comportements:B - Entreprises et ménages, production et consommation

La production est la mesure du résultat d'une activité de création de richesses. Dans la Comptabilité nationale, la production est définie comme l'activité socialement organisée, destinée à créer des biens et des services à partir de « facteurs de production » acquis sur le marché. Par "biens" on entend des produits matériels (exemple : une automobile) tandis que par "services" on entend des produits immatériels (exemple : les soins). La production d' une entité quelconque est considérée comme la création d'un flux de richesses et est, à ce titre, toujours rapportée à une période de référence, la journée, la semaine, le mois ou l'année. La production domestique correspond à la partie de l'activité de production des ménages destinée à satisfaire leurs propres besoins telle que la mise en valeur des jardins familiaux.L'histoire de l'analyse économique conduit à mettre l'accent sur la nature de cette activité créatrice : on trouve ici l'origine de la distinction entre production marchande, qui renvoie à une évaluation par le jeu des mécanismes du marché et qui suppose la formation de prix égaux au taux marginaux de substitution entre les biens; et production non marchande qui nécessite, faute de prix de référence l'imputation d'une valeur. Aujourd'hui la production non marchande recouvre en Comptabilité nationale la plupart des services offerts gratuitement, du moins sans contrepartie directe, par les Administrations.

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1ère Partie – Les agents et leurs comportements: B –

Entreprises, production et profit et Ménages, besoins et consommation.

Dans la Comptabilité Nationale, la production est égale à la somme des valeurs ajoutées des secteurs institutionnels, c'est à dire à la somme totale évaluée aux prix du marché des valeurs des biens et services effectivement mis en vente au cours d’une période donnée, diminuée des consommations intermédiaires, c'est à dire des biens et services utilisés à l'occasion de l'activité productive. La valeur ajoutée est ainsi une grandeur additive alors que le chiffre d'affaires ne l'est pas.

La structure de la production évolue sous l'effet de la croissance des activités de services notamment des services à la collectivité (transports publics, services d'intérêt collectif, éducation) et des services aux ménages (coiffeurs, employés de maison, avocats ou notaires). Le développement récent des services aux entreprises est dû à une stratégie d'externalisation de leurs activités de services, et aussi au fait qu'en raison du progrès technique et de la mondialisation des marchés, les entreprises font davantage appel à des services extérieurs au für et à mesure que leurs besoins se développent et se diversifient.

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1ère Partie – Les agents et leurs comportements:B – Entreprises, production et profit et Ménages, besoins et consommation.

Les ménages sont en réalité des unités de consommation à l’origine de la demande finale, c’est-à-dire de la demande dont la satisfaction passe par la destruction par l’usage des biens consommés.Cette destruction est le mode usuel (hors services) de satisfaction des besoins. Les besoins, point obscur de la théorie économique, sont d’une part les besoins individuels solvables et d’autre part les besoins collectifs.

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1ère Partie – Les agents et leurs comportements:C - Etat , redistribution, biens collectifs

L' État est la forme institutionnalisée du pouvoir politique. On le définit souvent comme une "institution armistice" (1) , dotée du monopole de la contrainte légitime et chargée de rechercher des réponses consensuelles aux conflits et luttes qui traversent la société. Son apparition, les raisons qui justifient son action, son devenir soulèvent trois questions qui sont au coeur des controverses sur sa nature et ses fonctions :- Symbole et incarnation du "pacte social", l'existence de l'État légitime tous les autres contrats qui sanctionnent la vie en société : contrat de mariage, contrat de travail, etc... Comment rendre compte de la nature de l'État en tant que garant des conditions générales de la production et de la forme des rapports sociaux?- En vue d'exercer les fonctions qui lui sont dévolues, l'État prélève une part de la production annuelle. Comment justifier le montant de ce prélèvement, sa nécessité et sa nature? Cette interrogation est essentielle à un triple point de vue : le montant du prélèvement étatique est un indice quantitatif de l'importance des fonctions de l'État; la nécessité de ce prélèvement découle du mode de satisfaction des besoins matériels et culturels de la société; la nature de ce prélèvement définit le caractère positif ou négatif de l'intervention de l'État dans la vie économique.-(1) cf. A. HAURIOU. Droit Constitutionnel et Institutions Politiques, LGDJ,,1966,

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Le devenir de l'État est un indice de la place de l'État face à la montée des pouvoirs économiques. L'État peut-il s'appuyer sur les contradictions de la société civile pour élargir son champ d'intervention ou , à l'inverse, son impuissance croissante face à la mondialisation de l'économie, remet -elle en cause l'organisation du pouvoir politique sur une base nationale?

L'Etat-providence correspond à "un ensemble d'activités civiles de fournitures de services, de réglementations et de versements de revenus de transfert qui sont assurées par la puissance publique en vue, soit d'augmenter le bien-être de la collectivité nationale, soit de modifier la répartition de ce bien-être au sein de la population."(1)

L' Etat-Providence apparaît avec la création du système de protection sociale. Lord Beveridge, dans son célèbre rapport de 1942 intitulé "Social Insurance and allied services" assigne à l' Etat-Providence sa mission historique : libérer le corps social du besoin. Les assurances sociales sont apparues dès la fin du XXème siècle en Allemagne, tandis qu'en France les premières grandes lois relatives aux assurances sociales datent de 1928 et 1930. (1) B.CAZES, "L'Etat-protecteur contraint à une double manoeuvre", Futuribles, janvier 1981, p.7.

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Mais ce n'est véritablement qu'au lendemain de la seconde guerre mondiale, que l'idée d'une protection sociale fondée sur un principe de solidarité nationale s'est imposée. En France, la Charte de la Résistance avait prévu dés le 15 mars 1944, "un plan complet de sécurité sociale visant à assurer à tous les citoyens des moyens d'existence dans tous les cas où ils sont incapables de se les procurer par le travail". L'ordonnance du 4 octobre 1945 a précisé que la sécurité sociale est destinée "à garantir les travailleurs et leurs familles contre les risques de toute nature susceptibles de réduire ou supprimer leur capacité de gain, et à couvrir les charges de maternité et les charges de famille qu'ils supportent". En France, les institutions de protection sociale sont indépendantes de l'État, ce qui signifie que les prestations sociales ne sont pas financées, en principe par l'impôt mais par des cotisations sociales versés par les salariés et les employeurs.

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Selon P. ROSANVALLON, "l'Etat-providence a toujours cherché à remplir deux fonctions principales : une fonction de prévention des risques par l'assurance obligatoire (qui instaure une sorte de solidarité horizontale entre les individus) et une fonction de redistribution (qui consiste à instaurer une solidarité verticale entre les hauts et les bas revenus). Cette double fonction a longtemps semblé pouvoir être poursuivie par des instruments identiques(...)" (2)

Dans tous les pays industrialisés la croissance d'après-guerre a permis à la fois un développement des dépenses de santé à un rythme supérieur au taux de croissance du produit national brut ainsi qu' une compensation des conséquences financières de la dégradation du rapport actifs-inactifs, conséquence du boom nataliste de l'immédiat après-guerre. (2) P. ROSANVALLON, "La crise de l'Etat-providence", Seuil, 1981.

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2ème partie: La cohérence d’ensemble, comptes nationaux et politique économique

A – Les comptes d’agents: un exemple à partir des opérations sur biens et services

ProductionEn ressources du compte de COMPTE DE PRODUCTIONproduction figure le chiffre d’affaires EMPLOIS RESSOURCES hors taxes.La valeur des biens créés est égale à la production diminuée des consommations intermédiaires: le solde est la valeur ajoutée brute

Consommations

intermédiaires

Production

Valeur ajoutée brute

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2ème partie: La cohérence d’ensemble, comptes nationaux et politique économique

ExploitationLe compte d’exploitation soustrait des richesses créées le coût du travail (salaires

et cotisations sociales) et les impôts liés à la production. Le solde (excédent brut d’exploitation) permet le calcul du taux de marge (EBE/VAB) equivalent à la part des profits dans la valeur ajoutée.

Salaires VABCotisations sociales

Subventions d’exploitation

Impôts liés à la production

Excédent brut

d’exploitation

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2ème partie: La cohérence d’ensemble, comptes nationaux et politique économique

Compte de Revenu Il décrit comment se forme le

bénéfice des sociétés non financières après versements des intérêts, dividendes et impôts. Le taux d’autofinancement est le rapport entre l’épargne brute (revenu disponible brut) et le montant de la FBCF

Intérêts versés EBE

Dividendes versés Intérêts perçus

Primes d’assurance Dividendes reçus

Impôts sur le revenu des sociétés

Indemnités d’assurance

Transferts nets

REVENUDISPONIBLEBRUT

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2ème partie: La cohérence d’ensemble, comptes nationaux et politique économique

Le compte de Capital Ce compte décrit comment les

entreprises financent leurs

investissements. Si leurs ressources

sont insuffisantes pour couvrir

leurs investissements, elles éprouvent

un besoin de financement.

Dans la situation inverse elles disposent

d’une capacité de financement.

Le compte de capital des ménages enregistre en emplois des impôts (droits de succession par exemple).

La capacité de financement des ménages est

qualifiée d’épargne financière. Elle représente ce que les ménages peuvent prêter au reste de l’économie.

Formation Brutede capital fixe

RDB ou Epargne brute

Variation des stocks Aides à l’investissement

Acquisition de terrains et d’actifs incorporels

Autres transferts

BESOIN DE FINANCEMENT

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2ème Partie:B- Opérations de répartition et opérations financières

- Opérations de répartitionCes opérations visent à décrire les ressources [(impôts, cotisations sociales) et

(cotisations, dons)] des administrations publiques et privées et leurs utilisations ( dépenses publiques, assurances sociales, assistance).

On distingue les comptes d’affectation du revenu primaire où figurent essentiellement les impôts directs en Emplois, et les comptes de distribution secondaire du revenu où figurent les revenus de transferts en Ressources (prestations sociales).

La répartition secondaire est la modification de la répartition primaire (salaires, dividendes,

Intérêts) par le mécanisme de la redistribution.

- Opérations financièresCes opérations sont relatives à la création et à la circulation des

moyens de paiements. Résumées dans le Tableau des Opérations Financières ( T.O.F. ) , elles font apparaître les variations des créances et des dettes des agents économiques.

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2ème Partie : La cohérence d’ensemble: comptes nationaux et politique économiqueC- Equilibre d’ensemble

§1 – Equilibre d’ensemble entre emplois et ressources (opérations sur biens et services):

Y+M = C+ I + X Où l’on trouve en ressources: Y+M soit Produit national brut + Importations Et en emplois; C la consommation finale, I les investissements et X les

exportationsCe qui s’écrit encore: Y- C = I + (X-M) Or Y- C = S épargne nationale ; quant à X-M c’est le solde de la balabce

commerciale. Donc : S - I = X - M ce qui signifie que l’équilibre entre l’épargne et

l’investissement implique nécessairement l’équilibre extérieur. En revanche:- Si S>I, l’excès de l’épargne nationale sur les investissements de toute nature s’accompagne d’un excédent extérieur

- Si S<I, le déficit d’épargne donne lieu à un déficit extérieur.

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2ème partie: La cohérence d’ensemble, comptes nationaux et politique économique

§2 -L’héritage keynésien: les politiques de relancea) – le multiplicateur keynésienSoit C= Co + c Y fonction de consommation ( 0 < c < 1) I = Io investissement autonome Y = C + I relation d’équilibreoù c est la propension marginale à consommer. L’indice o sert à indiquer que la

variable en question prend une valeur qui n’est pas déterminée à l’intérieur du modèle.

Il vient Y = cY + Co + Io ce qui donne Y – cY = Co + Io

d’où : 1

Y = ------- [Co + Io ] 1 - c

Si la dépense d’investissement s’accroit d’un montant Δ Io alors la variation induite durevenu national est ΔY = [1/ 1-c] Δ Io avec si c = 0,75, un multiplicateur [1/1-c] = 4

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2ème Partie : La cohérence d’ensemble: comptes nationaux et politique économiqueC- Equilibre d’ensemble

b) – la politique budgétaireNous introduisons recettes et dépenses budgétaires. D’où 6 relations:C= Co + c Y fonction de consommation ( 0 < c < 1) [1]Yd = Y – T [2] ou Yd est le revenu disponible après impôtT = T* + tY prélèvement fiscal composée d’une [3] partie discrétionnaire T* et d’une partie tY variable avec l’activité (TVA par ex) ( 0 < t < 1)I = Io [4]G = Go dépenses publiques entièrement [5]discrétionnairesY = C + I + G (relation d’équilibre) [6] En remplaçant T et Yd par leur valeur dans [2] et [3] et en les portant dans[1], il vient : C = Co - cT* + c (1-t) T [7]

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2ème Partie : La cohérence d’ensemble: comptes nationaux et politique économiqueC- Equilibre d’ensemble

En remplaçant dans [6] C, I et G par leur valeur dans [7],[4] et [5] on obtient:

Y = Co - cT* + c (1- t) Y + Io + G* [8]

Soit encore:

1 Y = ---------- [ Co – cT* + Io + G* ] [9]

1- c (1- t)

Supposons maintenant que les dépenses publiques sont accrues d’un montant Δ G* et atteignent la valeur G* + Δ G* , le revenu d’équilibre correspondant

s’écrit:

1 Y+ ΔY = ---------- [ Co – cT* + Io + G + ΔG * ] [10]

1- c (1- t)

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2ème Partie : La cohérence d’ensemble: comptes nationaux et politique économiqueC- Equilibre d’ensemble

En soustrayant [9] de [10] on obtient l’effet sur le revenu national d’une augmentation des dépenses de l’Etat sans augmentation des impôts:

1 ΔY = -------- ΔG * [11] avec c = 0,75

1- c (1- t)

Si t = 0,2% - ce qui signifie que 20% d’un accroissement du revenu national

de 1% vont à l’Etat -, le multiplicateur applicable aux dépenses publiques est

de 2,5 ( 1-c +ct ayant la valeur de 0,4). Avec les mêmes valeurs pour c et t, le multiplicateur applicable à une baisse des prélèvements fiscaux est de 1,875

En effet, une fraction des revenus supplémentaires libérés par la baisse de l’impôt étant épargnée, la totalité de ces revenus n’est donc pas dépensée alors que le même montant sous forme de dépenses publiques est entièrement dépensé.

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Conclusion : retour sur les statut et la singularité de la science économique.

Ce statut et cette singularité procèdent de trois caractéristiques de la discipline économique, dès lors qu’elle ambitionne d’éclairer les fondements théoriques d’une investigation scientifique relative à une certaine classe de faits sociaux intéressant la création, la répartition et l’accumulation des richesses :

1) La singularité de la démarche scientifique en économie repose sur la nécessité de travailler sur des grandeurs quantifiables visant à caractériser des phénomènes sociaux spécifiques. Ces grandeurs quantifiables, indépendamment du choix des unités de mesure[1], ont la particularité d’être construites au terme de procédures administratives étroitement dépendantes des exigences liées à la mise en œuvre de politiques publiques, elles-mêmes expression des choix essentiels de la puissance publique. Il y a donc une construction sociale de statistiques, s’appuyant sur l’élaboration de nomenclatures sanctionnant dans leur définition de nombreux compromis sociaux au caractère plus ou moins circonstanciel. S’affirme ainsi, ab initio, la nécessité de ne pas confondre les outils de la gestion publique avec les protocoles encadrant l’investigation proprement scientifique.

[1] Question cependant essentielle, la définition de l’unité de mesure du salaire définissant d’une certaine manière un régime spécifique de salariat. Seul Keynes dans la TG en consacrant un chapitre au choix des unités de mesure a su ne pas esquiver cette question fondamentale .

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Conclusion 2) La question du pouvoir inscrite au cœur même du concept fondateur de la

discipline, « les richesses » est intimement liée aux institutions sociales qui en rendent possible l’existence et en prescrivent les usages (droits de propriété, droit de la faillite, biens méritoires de Musgrave, par exemple). Cette question du pouvoir délimite étroitement la pertinence des théories qui s’énoncent en termes de théories du fonctionnement d’un système économique,  puisque ces théories postulent un consensus sur ce que sont les structures d’encadrement (entendues au sens de F. Perroux), leurs raisons d’être, leurs modes d’existence. En revanche, une théorie de la dynamique économique ne peut esquiver l’endogènéisation des formes d’action collective à l’origine des changements institutionnels. De la même façon les théories de l’évolution économique sont astreintes à formuler des conceptualisations déterminées des rapports entre dynamique économique et connaissance de l’histoire.

3) la mathématisation, entendue comme instrument de cohérence et de déploiement, n’est pas en soi garantie de scientificité au regard des exigences de la connaissance en économie. Il appartient, en effet, à la théorie économique d’expliciter les raisons qui fondent la nécessité d’y avoir recours et d’en prescrire les modalités pertinentes au regard des objectifs théoriques poursuivis.