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e bimensuel ro parti communiste international (programme communiste) Face à la crise et à la guerre commerciale 'Ce phénomène est bien compré- hensible, plus le marché national devient étroit sous le simple effet de la croissance des forces produc- tives, et plus le marché mondial devient le débouché normal, l'exu- toire obligatoire des différentes en- treprises. Mais du simple fait que les échanges se font en argent et que les Etats sont garants des mon- naies, la concurrence commerciale se transforme en concurrence entre les différents Etats.' En même temps, la concentration du capital a déjà conduit non seulement à la fusion du capital industriel et du capital bancaire en capital financier, mais à l'interpénétration de ce dernier et de l'Etat. C'est pourquoi de plus en plus, l'Etat n'est pas seulement le finan- cier le plus pulssant : il intervient directement dans l'économie grâce CE QUI DISTINGUE NOTRE PARTI : La revendication d. la ligne qui va d. Marx Lénine, la Correspondance : Abonnements : 14 e ANNEE - N° 234 fondation d. l'Internationale Communiste et du Parti Communiste d'italie (Livourne, 1921) ; la lutt. 20, rue Jean-Bouton - 75012 Paris 1 an: 30 F (300 FB) LE NUMERO: 1,50 FF de la Oauche Communlst. contre la dégénérescence de l'Internationale, contre la théorie du " socla- Versements : 6 mois: 15 F (150 FB) lisme dans un seul pays" et 1. contre-révolution stallnienn. ; le refui des Front populaires et des pli fermé: 44 F et 23 F 15 FB - 1 FS blocs de la Résistance; 1. tiche difficile de restauration de la doctrine et de l'organisation révolution- Chèque bancaire ou "programme communlst.". nalres, en lIallon avec la cl.. se ouvrière, contre 1. politique personnelle et élecloralist •. C.C.P. 2.202-22 Marseille 1 an : 32 F (320 FB) du 1 au 14 janv. 1977 ---- -------~---- nion e a classe ouurière ar. Dessus 'es ron ières ! cc Parallèlement à l'internationalisation de l'économie et l'impérialisme, précisément au moment ces deux et du capital il s'opère un processus de nationalisation _processus parallèles s'étaient déjà télescopés dans le du capital» notait Boukharine dans l'Economie mondiale grand conflit mondial. t A l'ombre de la grandeur fran- çaise (p. 2). Premiers pas du capitalisme chinois (p. 3). La chausse-trappe du mini- Etat palestinien (p. 3). Chasse aux « gauchistes», 50- nacotra, soldats, hôpitaux, E.N., P.T.T.' (p. 4 et 5). Naissance de l'OCT: sans théo- rie révolutionnaire, pas de parti révolutionnaire (p. 6). La lutte contre le militarisme bourgeois (p. 7). DANS CE NUMERO: L 1 - aux tarifs douaniers, aux contingen- ternents, à la politique fiscale, aux subventions aux exportations et à l'organisation généralisée du dum- ping: il tente ainsi de Ilrnlter la concurrence à l'intérieur pour la reporter sur le marché mondial et y assurer la «compétitivité de l'indus- trie nationale », A l'heure la crise frappe le mode de production capitaliste dans son ensemble, tous les pays cherchent à sortir' en même temps de la récession en investissant da- vantage pour échapper à la concur- rence sur des marchés qui se sont brutalement rétrécis, toutes ces ten- dances s'exacerbent, la concurrence internationale se transforme en guerre commerciale ouverte: prenez le textile où la concurrence des pays neufs crée un déficit de la balance commerciale dans les vieux pays (suite page 2) La glorieuse politique des confédérations syndicales De capitulation en capitulation Nous soulignions, dans notre dernier journal, les effets désastreux de la direc- tion politique imprimée par l'opportu- nisme aux luttes de défense ouvrières. notamment au Parisien Libéré et aux chantiers de Saint-Nazaire. La suite n'a fait que le confirmer. On s'en souvient, l'ouverture des négo- ciations au Parisien Libéré avait été saluée come une grande victoire par la CGT-FFTL (n'avait-elle pas été l'objec- tif donné pendant les 22 mois de lutte T), victoire qui justifiait aux yeux de la centrale l'arrêt de la grève. Quant à l'élargissement du mouvement (nous montrions alors que cette possibilité existait du fait, entre autres, des grè- ves pratiquement concomitantes et d'un réel courant de solidarité déclenché par l'intervention policière), c'eût été sans doute de l'aventurisme irresponsable! On déposait donc les armes au milieu de la bataille, alors que rien n'avait été acquis; mieux, on déclarait sur de va- gues promesses la partie gagnée, ce qui ne pouvait avoir pour résultat que de désorienter et de démoraliser ultérieu- rement les ouvriers. Aujourd'hui la FFTL s'indigne et pro- teste: « Ce que les pouvoirs publics et notam- ment le premier ministre avaient présenté comme une volonté de négociation pour trouver une solution au conflit du Pari- sien Libéré est seulement une parodie qui ne veut que justifier la position et les illégalités de M. Amaury [...], rien d'ac. (suite page 4) NOUVELLES DU MONDE En Argentine, PCA·militaires : du flirt au mariage « Il Ya trois groupes subversifs en Argentine: les Montoneros, l'Armée Révo- lutionnaire du Peuple et la Brigade rouge du Pouvoir Ouvrier. C'est contre eux aussi que le gouvernement se bat, ce gouverne- ment qui lutte en permanence contre la corruption et pour le retour à la démo- cratie. Les bonnes dispositions de la Junte Militaire ont été démontrées par la libéra- tion de quatre cents personnes en deux mois seulement [il. En outre, il a fait aussi la promesse [Dieu merci !] de pu- blier les noms des prisonniers politiques [...]. Les attentats contre le gouvernement sont des attentats des ultras contre le peu- ple. Malgré sa composition idéologique hé- térogène [sic], le gouvernement militaire suit une politique sensée et dérnocrati-. que. » Ces propos ne sont pas ceux d'un am- bassadeur ni du ministre des Affaires étrangères argentin. Tenus au Mexique, ils sont le fait d'Edgardo Gutierrez; vice-pré- sident de la Fédération de la Jeunesse du . PC stalinien, en réponse à ceux qui es- saient « de donner à l'opinion publique mondiale une image défigurée de l'Argen- tine, en parlant des crimes, tortures, em- (suite page 3) L'Internationale des flics Sous l'égide de la CIA américaine, la coordination des forces de répression contre « le terrorisme et la subversion » est en place en Amérique Latine depuis fort longtemps. C'est ainsi que le « cône Sud» (Argentine - Brésil· Chili - Uruguay - Bolivie - Paraguay), san,s parler des autres pays du continents est devenu une véritable souri- cière pour tous les « opposants dangereux », qui sont traqués, em- prisonnés, torturés et exécutés par une véritable internationale des polices et des services de sécurité militaire. Cette internationalisation ne traduit pas seulement l'influence déci- sive des Etats-Unis. La suprématie yankee n'a fait qu'accélérer et rendre plus aisée cette coordination. Mais la raison en est plus pro- Le 10 novembre, une convention euro- péenne sur la « répression du terrorisme »a été adoptée à l'unanimité par les délégués des ministres des Affaires étrangères de la CEE, couronnant l'évolution de ce que Le Monde, ce dernier défenseur du libéralisme de grand-papa (tout du moins tant que les intérêts sacrés de la Patrie ne sont pas en jeu) appelle « un fascisme à visage humain », c'est-à-dire démocratique, et de « la nouvelle législation répressive mise en vigueur de- puis quelques années par l'ensemble des pays occidentaux » (Le Monde du 12-11). Cette convention aboutirait à « établir une sorte de fédéralisme de la répression de la délinquan- ce, spécialement politique ». Dorénavant se- ront considérées comme des infractions de droit commun la piraterie aérienne, les prises d'otages, les enlèvements, les séquestrations, l'utilisation de bombes, grenades, jusqu'au simple usage d'armes à feu, ainsi que toute infraction contre des agents diplomatiques, tout acte grave de violence contre la vie, l'in- tégrité corporelle ou la liberté des personnes et même tout acte grave contre les biens, fonde, car elle répond aux besoins de la défense de l'Ordre face à des contracUctions et à des antagonismes sociaux qui dépassent lar- gement Ies frontières des Etats constitués. En Europe, il n'a jamais été facile de conclure des. accords de coopération entre Etats. Mais dès que l'Ordre et la Loi sont en Jeu, la Sainte-Alliance est assurée contre tous ceux qui menacent la paix sociale, surtout lors des secousses économiques, souvent grosse.s de bouleversements sociaux et politiques, alors même que la violence permanente du capitalisme engendre' des guerres à répé- tition, des morts en série, des chômeurs et des affamés toujours plus nombreux. fussent-ils tous motivés par des raisons po- litiques. Toutes ces dispositions s'étendent à la tentative et à la complicité. Toujours d'après ce journal, '«il n'y a donc plus, avec ce texte, d'infractions politiques, et l'on pourra faire jouer très largement la procé- dure d'extradition ». Le texte prévoit par ailleurs l'entraide judiciaire la plus large pos- sible. « Il s'agit en définitive d'organiser une véritable « internationale» de la répression », conclut Le Monde, pour qui tous les principes du libéralisme, du droit international clas- sique, des juridictions traditionnellement com- pétentes viennent d'être bouleversés. Pauvre temple des libertés et des droits ! C'en est fini du refus d'extradition et du droit d'asile politique. C'en est fini du libé- ralisme, même en haillons! Vive donc l'inter- nationale des flics qui surveillent la paix so- ciale dans une société tetlernent respectueuse « de l'intégrité physique et des libertés des personnes » que, dans les dernières cin- (suite page 2) programme communiste REVUE THEORIQUE Au sommaire du nO 72 : Chine : la révolution bourgeoise a été faite, la révolution prolétarienne reste à faire. Le tournant des Fronts populaires ou la capitulation du stalinisme devant l'or- dre établi (1934-1938). Gramsci, « L'Ordine Nuovo » et « Il So- viet » (II). Cours de l'impérialisme mondial. 104 pages - 10 F Commandes aux Editions Programme

en capitulation ar. Dessus 'es ron ières - pcint.org · l'organisation généralisée du dum-ping: il tente ainsi de Ilrnlter la concurrence à l'intérieur pour la ... convention

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ebimensuel

roparti communiste international (programme communiste)

Face à la crise et à la guerre commerciale

'Ce phénomène est bien compré-hensible, plus le marché nationaldevient étroit sous le simple effetde la croissance des forces produc-tives, et plus le marché mondialdevient le débouché normal, l'exu-toire obligatoire des différentes en-treprises. Mais du simple fait queles échanges se font en argent etque les Etats sont garants des mon-naies, la concurrence commercialese transforme en concurrence entreles différents Etats.' En même temps,la concentration du capital a déjàconduit non seulement à la fusiondu capital industriel et du capitalbancaire en capital financier, mais àl'interpénétration de ce dernier et del'Etat.

C'est pourquoi de plus en plus,l'Etat n'est pas seulement le finan-cier le plus pulssant : il intervientdirectement dans l'économie grâce

CE QUI DISTINGUE NOTRE PARTI : La revendication d. la ligne qui va d. Marx • Lénine, • la Correspondance : Abonnements : 14e ANNEE - N° 234fondation d. l'Internationale Communiste et du Parti Communiste d'italie (Livourne, 1921) ; la lutt. 20, rue Jean-Bouton - 75012 Paris 1 an: 30 F (300 FB) LE NUMERO: 1,50 FFde la Oauche Communlst. contre la dégénérescence de l'Internationale, contre la théorie du " socla- Versements : 6 mois: 15 F (150 FB)lisme dans un seul pays" et 1. contre-révolution stallnienn. ; le refui des Front populaires et des pli fermé: 44 F et 23 F 15 FB - 1 FSblocs de la Résistance; 1. tiche difficile de restauration de la doctrine et de l'organisation révolution- Chèque bancaire ou "programme communlst.".nalres, en lIallon avec la cl .. se ouvrière, contre 1. politique personnelle et élecloralist •. C.C.P. 2.202-22 Marseille 1 an : 32 F (320 FB) du 1 au 14 janv. 1977

---- -------~----

nion e a classe ouurièrear. Dessus 'es ron ières !

cc Parallèlement à l'internationalisation de l'économie et l'impérialisme, précisément au moment où ces deuxet du capital il s'opère un processus de nationalisation _processus parallèles s'étaient déjà télescopés dans ledu capital» notait Boukharine dans l'Economie mondiale grand conflit mondial.

t

A l'ombre de la grandeur fran-çaise (p. 2).

Premiers pas du capitalismechinois (p. 3).

La chausse-trappe du mini-Etat palestinien (p. 3).

Chasse aux « gauchistes», 50-nacotra, soldats, hôpitaux, E.N.,P.T.T.' (p. 4 et 5).

Naissance de l'OCT: sans théo-rie révolutionnaire, pas departi révolutionnaire (p. 6).

La lutte contre le militarismebourgeois (p. 7).

DANS CE NUMERO:

L

1-

aux tarifs douaniers, aux contingen-ternents, à la politique fiscale, auxsubventions aux exportations et àl'organisation généralisée du dum-ping: il tente ainsi de Ilrnlter laconcurrence à l'intérieur pour lareporter sur le marché mondial et yassurer la «compétitivité de l'indus-trie nationale »,

A l'heure où la crise frappe lemode de production capitaliste dansson ensemble, où tous les payscherchent à sortir' en même tempsde la récession en investissant da-vantage pour échapper à la concur-rence sur des marchés qui se sontbrutalement rétrécis, toutes ces ten-dances s'exacerbent, la concurrenceinternationale se transforme enguerre commerciale ouverte: prenezle textile où la concurrence des paysneufs crée un déficit de la balancecommerciale dans les vieux pays

(suite page 2)

La glorieuse politique des

confédérations syndicales

De capitulationen capitulation

Nous soulignions, dans notre dernierjournal, les effets désastreux de la direc-tion politique imprimée par l'opportu-nisme aux luttes de défense ouvrières.notamment au Parisien Libéré et auxchantiers de Saint-Nazaire. La suite n'afait que le confirmer.

On s'en souvient, l'ouverture des négo-ciations au Parisien Libéré avait étésaluée come une grande victoire parla CGT-FFTL (n'avait-elle pas été l'objec-tif donné pendant les 22 mois de lutte T),victoire qui justifiait aux yeux de lacentrale l'arrêt de la grève. Quant àl'élargissement du mouvement (nousmontrions alors que cette possibilitéexistait du fait, entre autres, des grè-ves pratiquement concomitantes et d'unréel courant de solidarité déclenché parl'intervention policière), c'eût été sansdoute de l'aventurisme irresponsable!On déposait donc les armes au milieude la bataille, alors que rien n'avait étéacquis; mieux, on déclarait sur de va-gues promesses la partie gagnée, ce quine pouvait avoir pour résultat que dedésorienter et de démoraliser ultérieu-rement les ouvriers.

Aujourd'hui la FFTL s'indigne et pro-teste:

« Ce que les pouvoirs publics et notam-ment le premier ministre avaient présentécomme une volonté de négociation pourtrouver une solution au conflit du Pari-sien Libéré est seulement une parodie quine veut que justifier la position et lesillégalités de M. Amaury [...], rien d'ac.

(suite page 4)

NOUVELLESDU MONDE

En Argentine,PCA·militaires :du flirt au mariage

« Il Y a trois groupes subversifs enArgentine: les Montoneros, l'Armée Révo-lutionnaire du Peuple et la Brigade rougedu Pouvoir Ouvrier. C'est contre eux aussique le gouvernement se bat, ce gouverne-ment qui lutte en permanence contre lacorruption et pour le retour à la démo-cratie. Les bonnes dispositions de la JunteMilitaire ont été démontrées par la libéra-tion de quatre cents personnes en deuxmois seulement [il. En outre, il a faitaussi la promesse [Dieu merci !] de pu-blier les noms des prisonniers politiques[...]. Les attentats contre le gouvernementsont des attentats des ultras contre le peu-ple. Malgré sa composition idéologique hé-térogène [sic], le gouvernement militairesuit une politique sensée et dérnocrati-.que. »

Ces propos ne sont pas ceux d'un am-bassadeur ni du ministre des Affairesétrangères argentin. Tenus au Mexique, ilssont le fait d'Edgardo Gutierrez; vice-pré-sident de la Fédération de la Jeunesse du

. PC stalinien, en réponse à ceux qui es-saient « de donner à l'opinion publiquemondiale une image défigurée de l'Argen-tine, en parlant des crimes, tortures, em-

(suite page 3)

L'Internationale des flicsSous l'égide de la CIA américaine, la coordination des forces de

répression contre « le terrorisme et la subversion » est en place enAmérique Latine depuis fort longtemps. C'est ainsi que le « côneSud» (Argentine - Brésil· Chili - Uruguay - Bolivie - Paraguay), san,sparler des autres pays du continents est devenu une véritable souri-cière pour tous les « opposants dangereux », qui sont traqués, em-prisonnés, torturés et exécutés par une véritable internationale despolices et des services de sécurité militaire.

Cette internationalisation ne traduit pas seulement l'influence déci-sive des Etats-Unis. La suprématie yankee n'a fait qu'accélérer etrendre plus aisée cette coordination. Mais la raison en est plus pro-

Le 10 novembre, une convention euro-péenne sur la « répression du terrorisme » aété adoptée à l'unanimité par les déléguésdes ministres des Affaires étrangères de laCEE, couronnant l'évolution de ce que LeMonde, ce dernier défenseur du libéralismede grand-papa (tout du moins tant que lesintérêts sacrés de la Patrie ne sont pas enjeu) appelle « un fascisme à visage humain »,c'est-à-dire démocratique, et de « la nouvellelégislation répressive mise en vigueur de-puis quelques années par l'ensemble des paysoccidentaux » (Le Monde du 12-11). Cetteconvention aboutirait à « établir une sorte defédéralisme de la répression de la délinquan-ce, spécialement politique ». Dorénavant se-ront considérées comme des infractions dedroit commun la piraterie aérienne, les prisesd'otages, les enlèvements, les séquestrations,l'utilisation de bombes, grenades, jusqu'ausimple usage d'armes à feu, ainsi que touteinfraction contre des agents diplomatiques,tout acte grave de violence contre la vie, l'in-tégrité corporelle ou la liberté des personneset même tout acte grave contre les biens,

fonde, car elle répond aux besoins de la défense de l'Ordre face àdes contracUctions et à des antagonismes sociaux qui dépassent lar-gement Ies frontières des Etats constitués.

En Europe, il n'a jamais été facile de conclure des. accords decoopération entre Etats. Mais dès que l'Ordre et la Loi sont en Jeu,la Sainte-Alliance est assurée contre tous ceux qui menacent lapaix sociale, surtout lors des secousses économiques, souventgrosse.s de bouleversements sociaux et politiques, alors même quela violence permanente du capitalisme engendre' des guerres à répé-tition, des morts en série, des chômeurs et des affamés toujours plusnombreux.

fussent-ils tous motivés par des raisons po-litiques. Toutes ces dispositions s'étendent àla tentative et à la complicité. Toujoursd'après ce journal, '«il n'y a donc plus, avecce texte, d'infractions politiques, et l'onpourra faire jouer très largement la procé-dure d'extradition ». Le texte prévoit parailleurs l'entraide judiciaire la plus large pos-sible. « Il s'agit en définitive d'organiser unevéritable « internationale» de la répression »,

conclut Le Monde, pour qui tous les principesdu libéralisme, du droit international clas-sique, des juridictions traditionnellement com-pétentes viennent d'être bouleversés.

Pauvre temple des libertés et des droits !C'en est fini du refus d'extradition et dudroit d'asile politique. C'en est fini du libé-ralisme, même en haillons! Vive donc l'inter-nationale des flics qui surveillent la paix so-ciale dans une société tetlernent respectueuse« de l'intégrité physique et des libertés despersonnes » que, dans les dernières cin-

(suite page 2)

programmecommunisteREVUE THEORIQUE

Au sommaire du nO 72 :

• Chine : la révolution bourgeoise a étéfaite, la révolution prolétarienne reste àfaire.

• Le tournant des Fronts populaires oula capitulation du stalinisme devant l'or-dre établi (1934-1938).

• Gramsci, « L'Ordine Nuovo » et « Il So-viet » (II).

• Cours de l'impérialisme mondial.

104 pages - 10 F

Commandes aux Editions Programme

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• «Un porte-parole du ministère destransports a reconnu en toute simplicité,remarquent Les Echos du 24-12,que depuisle début de 1976, les prix à l'exportationavaient été en moyenne inférieurs de 18 %à ceux de 1975 pour les cargos et mêmede 30 % pour les vracquiers. Mais, para-doxalement, il a assuré que la marge bé-néficiaire des chantiers n'avait pas étéannulée. En ce cas, comme le fait remar-quer notre confrère, le Journal de la ma-rine marchande, ({c'est admettre que leschantiers réalisaient auparavant des béné-fices considérables et en tout cas hors deproportion avec ceux qui apparaissent àleur bilan »...

• Voici comment Les Echos - toujourseux - du 1-12 parlent de la corruption del'administration: « Le phénomène n'est pasneuf, encore qu'il n'ait pris un caractèrequasi ordinaire qu'avec l'interpénétrationmassive entre l'administration et l'écono-mie qui est le propre de l'époque actuelle.Mais la crise a beaucoup aggravé ce phé-nomène». Comme quoi, à l'heure des rè-glements de compte provoqués par l'aigui-sement de la concurrence non seulemententre capitaux mais aussi entre cliquespolitiques, l'ennemi de classe lâche unepart de la vérité ...

Le capitalisme ditpar les bourgeois

RÉUNION PUBLIQUEA PARIS

Le vendredi 28 janvier à 20 h 30, SallesLancry, 10, rus de Lancry, Parls-tü' (Mé-tro République).

Riposte de classe àl'offensive capitaliste

Union de la classe ouvrière par dessus les frontières !(suite de la page 1)

impérialistes et où tout le monderéclame des clauses de sauvegarde;prenez la sidérurgie où les Etats-Uniset la C.E.E. tentent d'imposer auJapon une limitation de ses expor-tations; prenez les constructionsnavales où les prix ont baissé depuisun an de 15 à 30 % et où les Etatsfinancent la production de la mêmemanière que dans la sidérurgie àcoups de milliards; prenez toute laréorganisation de la production sousl'égide des divers ministres de l'In-dustrie dans le nucléaire, dans l'au-tomobile, dans la chimie.

Le phénomène est le même danstous les pays; la conséquence pourles prolétaires est aussi partout:pression accrue sur leurs conditionsde vie et de travail. Dans tous lespays la restructuration 'est lancéecomme un objectif national. Vaincredans la guerre commerciale devientun objectif patriotique central quijustifie dans tous les pays la baissedu salaire - pour permettre les in-vestissements! -, le développementdu chômage - car la productivitédoit croître plus vite que la produc-tion! -, et pour convaincre la classeouvrière de la nécessité de ces sacri-fices pour le cc bien commun», lesEtats exercent partout une pressionpolitique et policière accrue sur leprolétariat.

Ces résultats désastreux de lareprise économique sont la meilleuredémonstration que le capitalisme nepeut survivre qu'en rendant la vietoujours plus difficile à la classeprolétarienne à l'échelle internatio-nale. C'est la «nationalisation ducapitalisme» qui rend insupportablel' «internationalisation de l'écono-

mie» dans sa forme actuelle, c'est-à-dire dans sa forme capitaliste etimpérialiste - dont nous n'avonsdécrit les effets que sur la' classeouvrière, sans parler de ceux quipèsent sur les épaules des massesexploitées des pays asservis et desnations plus faibles.

La perspective du communismeest de prendre appui sur la lutte qui,dans tous les pays, ne peut manquerde se manifester contre ces consé-quences barbares, pour la transfor-mer en une lutte de classe contretoutes les bourgeoisies, lutte où seprépare la force capable d'abattreles obstacles à l'émancipation prolé-tarienne. Cette perspective revient àprendre appui sur l' cc internationali-sation de l'économie» pour en finiravec la « nationalisation du capital»c'est-à-dire avec les économies natio-nales et les Etats capitalistes.

Le rôle que jouent les partis quiprétendent justement concilier lalutte ouverte et l'économie nationaleapparait alors clairement. L'oppor-tunisme « ouvrier» prétend faire lacritique de l'impérialisme au nomde la «nation » : il réclame les cc na-tionalisations démocratiques» afinde préserver l'économie contre lescc conséquences malfaisantes' destrusts». A vrai dire son oppositionne se résoud qu'à une différence dedétail avec la politique de l'affai-risme bourqeols. Cette dernière saitutiliser les vannes de la législationprotectionniste pour permettre à laconcurrence internationale de pro-duire ses effets restructurateurs surl'économie nationale elle-même -voilà à quoi se résume le libéralismemoderne! L'opportunisme ouvrier,pour sa part, faisant chorus avec les

petits capitalistes et la petite bour-geoisie et entrainant avec lui lescouches supérieures du prolétariatcrie plutôt: fermons les frontières!Si elle est profondément réaction-naire, cette politique coïncide néan-moins avec celle de la grande bour-geoisie non seulement parce qu'eUelivre l'ensemble de l'économie,même « nationalisée» - et à plusforte raison « nationalisée» devrait-on dire - à la loi des trusts, maisaussi parce qu'elle pousse au renfor-cement totalitaire de l'Etat capita-liste, instrument indispensable ducapital national face aux agressionsdu marché mondial et pour l'agres-sion des autres Etats sous la ban-nière du développement des exporta-tions, de la limitation des importa-tions et de la solidité de la mon-naie nationale!

Mais ce n'est pas sur ce terrainque l'opportunisme a son rôle spéci-fique: c'est sur le terrain politiqueoù seul il peut tenter de garantir lapaix sociale en faisant bénéficier labourgeoisie, au nom de là nation,de l'influence qu'il a sur la classeouvrlère,

La classe ouvrière ne peut aujour-d'hui se défendre - et demains'émanciper - en défendant l'éco-nomie nationale, ce qui reviendraità s'allier dans chaque pays avec sabourgeoisie contre les autres. Elle nepeut au contraire attendre son salutqu'en passant à la lutte ouverte, ycompris dans la guerre commerclala,contre sa propre bourgeoisie et ens'alliant avec la classe ouvrière desautres pays. Aujourd'hui comme hier,le mot d'ordre des communistes n'apas changé: «Prolétaires de tousles pays unissez-vous».

A l'ombreGloire à la police!

«La gauche au pouvoir, lit-on dans L'Hu-manité du 10-12, il n'y aura pas d'épurationdans la police nationale. D'abord parce quece serait absurde: en admettant (purehypothèse) que la moitié des effectifs actuelsde la police soient des adversaires du pro-gramme commun, il faudrait donc rempla-cer 50000 personnes? Ce serait une catas-trophe », Et pour cause: la police «main-tient l'ordre public » et « défend les insti-tutions républicaines n l Peur ceux quis'imaginent que l'opportunisme a encore lanaïveté de la jeunesse politique, c'est unaveu salutaire. Et c'est la preuve qu'on nepeut aller coiffer la machine gouvernemen-tale .sans agir dans le sens de son fonction-nement organique: la défense de l'ordresocial. Qui s'imaginerait le contraire nonseulement serait brisé, mais, ce qui est plusgrave, aurait paralysé la lutte prolétarienneavec de criminelles illusions.

Histoire de rançonsGiscard a fait cette confidence aux télé-

spectateurs que l'augmentation du prix dupétrole constituait ({pour les Français 50 %de l'impôt sur le revenu», et «50 % àpayer à qui » ? Hélas, « pas à l'Etat français.Nous ne le répartissons pas entre nous[capitalistes, il va sans dire], nous lepayons à l'extérieur [horreur!] comme unesorte de rançon». Il est clair qu'il n'y adans cette plainte qu'un prélude en vue denouveaux sacrifices de tous [de tous les pro-létaires, bien entendu] pour le « bien com-mun ».

Mais l'argument est un peu hypocrite,non? En effet, à la guerre comme à laguerre! La rançon est bien une pratiquede la guerre; et de la guerre des capitauxcomme de la guerre des Etats. Mais, au fait,vous, capitalistes français, de combien demilliards de francs rançonnez-vous annuel-

de la grandeur françaiselement non tant vos concurrents que lesprolétaires et les masses paysannes princi-palement d'Afrique - mais aussi d'autrespays d'Amérique, d'Asie et même d'Europe-, parce que vous les tenez sous votredomination politique directe ou indirecte,ou tout simplement par le libre jeu de larente monopoliste? Cette rançon-là est insup-portable, précisément parce qu'elle n'est pasanormale, mals parce qu'elle est la loi nor-male de l'impérialisme.

Océan Indien: la flotteveille au grain

L'Assemblée nationale vient d'autoriser legouvernement à organiser un référendumpour l'indépendance à Djibouti. Ainsi l'hon-neur impérialiste est sauf: ce n'est pas lalutte de la généreuse population de ce ter-ritoire qui contraint la très civilisée démo-cratie française à donner l'indépendancepolitique, c'est le « libre choix» du légis-lateur métropolitain qu'il faut remercier desa mansuétude! Un regret pour nous, com-munistes: c'est que cette indépendance, enl'absence d'une réelle pression du proléta-riat d'ici et avec la collaboration des partisde gauche, se fasse dans les plus mauvaisesconditions pour les populations oppriméesde Djibouti, c'est-à-dire que l'Etat françaispasse la main aux directions politiques mo-dérées qui ont pu lui donner le maximumde garanties, évidemment permises par lescirconstances.

Décidément l'Océan Indien est en ébulli-tion! Au même moment, à Madagascar, legouvernement qui a manifesté des velléitésd'indépendance vis-à-vis de Paris réprimesauvagement des émeutes populaires quali-fiées de « xénophobes » (on se demande vrai-ment pourquoi !) avec la bénédiction de toutl'arc-en-ciel des forces politiques métropo-litaines; et un changement de gouvernementlaisse dans l'incertitude en ce qui concernel'île Maurice. Heureusement pour nos clas-

ses dirigeantes, « notre» flotte de guerre,la plus importante dans cette région dumonde, veille au grain! Les prolétaires ont,quant à eux, l'intérêt exactement opposé.

Tout est à vendre

Entre le gouvernement et son opposi-tion «de gauche» s'est déroulé au moisd'octobre dernier un entretien à demi-mot à propos de la politique françaiseen Iran. Celui-ci illustre bien la solideréalité des sordides marchandages quise livrent sous le pavillon du « socialismeau visage humain» et explique la passi-vité compréhensive avec laquelle «l'oppo-sition» a accueilli les 24 expulsionsd'étudiants iraniens, et l'inculpation dedeux autres de tentative de meurtre, quiont eu lieu cette année.

La discussion a porté sur le prix (entermes de commandes) qu'il fallait fairepayer à l'Iran en échange de la couver-ture par l'Etat français de la politiqueintérieure du bourreau de Téhéran, qui,en plus de sa féroce répression « ordi-naire », a ajouté à son tableau de chassedurant l'année 1976 l'assassinat de 80 ré-volutionnaires (Iran Information, n? 7,18-12-76). Pour le PS - et le PCF ne l'apas démenti - «on pourrait compren-dre qu'au nom de l'efficacité le gouver-nement «oublie» les bavures [du Shah] »(L'Unité du 8 au 14-10-76). Mais le jeun'en vaut peut-être pas la chandelle, car,voyez-vous, «les experts [ ...] ne semblentpas espérer voir l'industrie françaisepercer », D'une part, «la France, avecseulement 4,7 % des échanges, n'esttoujours que le cinquième fournisseurde Téhéran» et, de plus, les perspecti-ves sont sombres: «après l'euphorie de1974, [l'Iran] cherche à emprunter surle marché monétaire international et ré-vise à la baisse tous ses projets, sauf

(suite page 8)

L'Internationaledes flics

(suite de la page 1)quante années, elle a fait plus de cinquantemillions de morts lors des guerres de brigan-dage C( légitimes », sans compter les victimesde la guerre quotidienne pour extraire lasueur et le sang des travailleurs 1 L'interna-tionale des flics européens existait bien déjà,mais elle n'avait pas encore reçu la sanc-tion solennelle des Etats et des codes debonne conduite internationale. La démocra-tie fascisante n'avait pas encore entièrementdit son nom.

Sur la même lancée vient d'être approuvéeen France une loi qui « autorise» les fouillespolicières de voitures, pratiquées depuis long-temps, et couramment, dans la lutte contrela C( subversion »; Rien n'est plus lent à suivrela vie que le Droit. La démocratie françaiseest déjà prête à mener son combat antiprolé-tarien au nom de la légalité, mais de tempsen temps elle doit actualiser son arsenaljuridique. Il ne s'agit pas d'un choix qui dé-coulerait des orientations politiques du « pou-voir » en place, comme l'ont prétendu lessignataires du Programme Commun lors dudébat parlementaire. C'est ainsi qu'en Italie,vient de se tenir un « sommet antiguérilla »,réunissant la Démocratie Chrétienne (au pou-voir), le PC italien, les socialistes et les répu-blicains (dans l' C( oppositlon »), qui sont fi-nalement tombés d'accord sur les mesuresnécessaires pour treiner la violence politiquedans le pays. Ces accords autorisent les for-ces de l'ordre à utiliser davantage {Il leursarmes {ce qui, remarque avec une fausse naï-veté Le Figaro du 20-12, va à l'encontre duprojet C( communiste» (sic) de « démilitari-sation » de la police) et prévoient une sévé-rité accrue de la part des tribunaux (ah! cettejustice indépendante ...).

Les défenseurs de l'Ordre n'ont pas depatrie, et ils se serrent les coudes au-delàdes océans et des couleurs politiques. Jugera-t-on encore comme un paradoxe ce quenous affirmions dès 1945 : cc le fascisme aperdu la guerrei mais il a gagné la paix ,. ?

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pas du capitalisme chinois (1)Premiers NOUVELLESDU MONDEauraient tous crevé de faim. Rude besoin

matériel, donc, et non pas « choix poli-tique » génial de Mao !Il en a été de même après la victoire.

Poursuivant la vieille tradition de lacorvée à une très vaste échelle, l'Etat amobilisé, surtout pendant l'hiver où lespaysans sont inactifs, de gigantesquesmasses humaines pour réaliser gratuite-ment les travaux publics nécessaires à lasurvie de tous. Pour se faire une idée dela formidable énergie ainsi mise en œu-vre, il suffit de dire que dans la périodede la plus intense concentration d'efforts(oct. 1957-sept.1958), on a remué 57 mil-liards de m3 de terre et de roche (1), soit300 fois ce qui a été nécessaire pourcreuser le canal de Panama !

La structure sociale de la nouvelieChine reproduit, elle aussi, la structurehiérarchique de la vieille Chine impériale :à la base, plus de 85 % de la populationest organisée de façon stable dans lesystème des « communes », lié à la terre,non assujetti au marché de la force detravail, renfermé dans l'autosuffisance lo-cale et familiale; au sommet, l'Etat,administrateur des grands travaux d'uti-lité publique et régulateur de la pro-duction. Un trait essentiel la distinguecependant de celle de la vieille Chine, oùl'Etat réprimait les forces du mercanti-lisme qui se développaient à la surfacede l'édifice social en menaçant sa sta-bilité millénaire; tandis que dans la Chi-ne moderne, c'est l'Etat lui-même, de parsa nature bourgeoise, qui aide à promou-voir la forme la plus développée du mer-

(suite page 8)

(1) Les données citées proviennent dessources suivantes : Annuario De Agostini1976 (FAO-ONU), Mondo Economico, MonthlyReview, Le Scienze, Quaderni delle EdizioniOriente, La Cina et La via cinese al socialis-ma, Wheelwright et Mc Farlane, éd. Einau-di, Turin.

Depuis une dizaine d'années, la scènepolitique chinoise est marquée par l'al-ternance spectaculaire d'ascensions etde disgrâces de personnages, élevés ausommet de l'Etat en tant que grandschefs révolutionnaires et, bien sûr, apô-tres fidèles de Mao Tsé-toung, accusés en-suite d'être des contre-révolutionnaires ettraîtres au président-penseur. Ce futle sort, entre autres (la liste en seraittrop longue), de Liu Chao Chi et Lin Piao,comme c'est le cas aujourd'hui du « grou-

pe des 4 ». Malgré les « chinoiseries » quil'accompagnent, ce spectacle est typiquedes révolutions bourgeoises, et il n'estrien d'autre que le reflet politique desformidables bouleversements provoquéspar les contradictions matérielles de lasociété chinoise où coexistent le capi-lisme naissant et les structures économi-ques et sociales archaïques. C'est pré-cisément un tableau de ce difficile accou-chement du capitalisme chinois que nousnous proposons de donner ici.

(suite de la page 1)

prisonnements et autres atrocités » (Cam-bio 16 du 19-12).

{( En attendant le moment opportunpour reprendre son activité politique »,le PCA - qui est une des pièces maîtressespossibles de la réorganisation syndicaleprévue par la Junte Militaire - fait l'apo-logie du pinochetazo,du massacre de mil-liers d'ouvriers et de révolutionnaires.

Prolétaires, ne l'oubliez pas!t

Dans le sillage de traditions millénairesEn Inde, en avant vers laDémocratie blindée!L'avant-garde prolétarienne ayant été

massacrée en 1926-27avec la complicitécriminelle du stalinisme vainqueur enRussie et dans le monde, la Révolutionchinoise s'est vue fermer la possibilitéd'une révolution double qui, sous la di-rection du prolétariat chinois et interna-tional, aurait donné une solution beau-coup plus radicale au problème - à con-tenu économique bourgeois - de laterre, l'orientant vers la création de lagrande agriculture moderne et encoura-geant en même temps l'implantation etle développement de la grande indus-trie. La Révolution chinoise est donc res-tée une révolution simple, uniquementbourgeoise : elle a dû abandonner lavoie de l'insurrection armée du prolétariatdes grands centres industriels entraînantderrière lui l'énorme masse des petitspaysans, pour emprunter la voie tour-mentée et beaucoup plus longue de laguérilla rurale de la seule paysannerieorganisée en armée-parti progressant pasà pas de la périphérie géographique etéconomique jusqu'aux centres névralgi-ques du pays. .

L'Etat issu de cette révolution paysan-ne ne pouvait que s'appuyer sur les

vieilles traditions de la campagne. Il adonc poursuivi, non seulement à causede la nature de classe de la révolutionmais aussi d'inexorables exigences maté-rielles, les traditions millénaires' du modede production asiatique qui, par ailleurs,nous ont été présentées comme le necplus ultra du communisme version chi-noise.

Comme l'explique Marx, tout le secretde la stabilité du mode de productionasiatique consistait en ceci : le pouvoircentral despotique assurait les gigantes-ques travaux de régularisation des coursd'eau et d'irrigation du sol indispensablesà l'agriculture, qu'il finançait par les tri-buts en travail et en excédents alimen-taires prélevés sur la myriade d'unitésagricoles autosuffisantes qui combinaientla petite agriculture et l'industrie domes-tique.

Pendant la guerre civile, l'armée dutassurer ces mêmes fonctions : en échanged'aliments et de l'appui des paysans,l'armée (issue de la paysannerie) se char-geait de construire des barrages et desponts, de réparer les routes, d'assurer ledéfrichage des terrains et l'entretien duréseau d'irrigation, faute de quoi ils

L'Inde se vantait d'être « la plus grandedémocratie du monde». Mais il était iné-vitable qu'un jour ou l'autre cette démo-cratie se cuirasse d'acier, en liquidant pré-cisément les institutions qui avaient donnéune impulsion au développement écono-mique du pays: par exemple les autono-mies locales, ce qu'on appelait les organesd'auto-gouvernement, les « plus prochesdes masses», Cette « proximite» est eneffet irremplaçable et précieuse tantqu'elle sert à lier les masses à la causepatriotique du « décollage économique »,en assaisonnant leurs sacrifices d'illu-sions et éventuellement de quelques miet-tes. Mais elle devient un obstacle et mêmeune gêne insupportable quand le rapportse renverse, et qu'au lieu de servir à diri-ger et à discipliner le « menu peuple », cesorganes en reflètent d'une certaine façonle mécontentement. Et c'est ainsi que lesamendements à la Constitution approuvésle 30 octobre à New-Delhi prévoient, entreautres mesures allant dans le sens d'unecentralisation totalitaire, l'utilisation de lapolice et de l'armée, sur décision du gou-vernement, dans tout Etat de l'Union in-dienne où « la loi et l'ordre public se-raient menacés». Démocratie blindée, enavant!

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La chausse-trappe du mini-État palestinienLe raz de maréedes référendums

Les préparatifs de la conférence de Genève, sous l'arbitragedu gendarme américain assisté de la Russie impuissante et flan-qué d'une France intéressée, s'accélèrent. Crise ministérielle« surprise » à Jérusalem, qui laissera les mains plus libres àRabin dans les négociations; voyage d'Assad au Caire pourmarchander une position commune; et pour parer à tout ris-que d'explosion provoquée par la nouvelle entente syro-égyp-tienne, comme pour confirmer à Israël sous quels auspices oncompte « trouver une solution au problème palestinien », étatd'urgence au Liban.

La création d'un mini-Etat palestinien, cette idée née ducerveau fécond des tenants de l'ordre établi international, avaitbesoin, pour se matérialiser, de l'acceptation des dirigeantsde la Résistance palestinienne elle-même, qui fut donnée en1974par le Fatha et le FDPLP moyennant la reconnaissancede l'OLP par l'ONU. Ce tournant, présenté par les dirigeantsofficiels comme une « étape » vers la « Palestine laïque etdémocratique» prévue dans le programme de l'OLP, a d'ail-leurs provoqué la naissance du Front du refus, qui donne ainsiun écho, bien que limité, aux besoins réels de la lutte desmasses exploitées arabes (1).

Que penser en effet de la création d'un Etat octroyé' aux.Palestiniens sur la base de leur écrasement militaire au Liban?Il se peut que la Syrie parvienne à imposer son point de vue :une confédération où la Palestine serait sous la coupe deDamas; il se peut aussi que Ryad et Jérusalem, l'une par refusd'une grande Syrie, l'autre par confiance envers Hussein -bien qu'il ne soit rien, comme le prouve la mise au pas duLiban, à côté d'Assad -, arrivent à remettre sur pied le projet,honni des masses, d'une fédération sous tutelle jordanienne;il se peut enfin qu'on parvienne à s'entendre sur une « entitépalestinienne autonome ». qui serait plus présentable pour lesmasses palestiniennes et pour les intérêts « dynastiques » etnationaux saoudiens et égyptiens, mais qui exigerait de l'OLPqu'elle donne les plus solides garanties à tout le monde. Néan-moins comme le reconnaissent les dirigeants palestiniens eux-mêmes, une chose est sûre: le mini-Etat « devra être nécessai-rement démilitarisé, et en tout cas, privé d'une armée de l'airet de défense anti-aérienne » (voir le Monde du 16-12). UnEtat sans armée! Nous sommes à cent lieues donc des promes-ses d'Arafat et d'Hawatmeh, qui le représentaient comme unpoint d'appui pour libérer. la Palestine du sionisme ...

Quels seraient donc les effets réels de la création d'un Etatné sous des auspices aussi mauvais ? Il est bon de savoir quenon seulement sa superficie ne dépasserait pas celle d'un denos départements (soit 5 ou 6.000km2), mais il serait encoredivisé en deux parties, séparées de quelque 50 km par l'Etat

'israélien lui-même ! La population actuelle du territoire luicorrespondant ne devrait pas dépasser 850.000habitants pourla Cisjordanie et 500.000pour la bande de Gaza, soit au total letiers de la population palestinienne, un autre tiers vivant en

Jordanie et le dernier étant partagé essentiellement entreIsraël, le Liban, la Syrie et le Koweit; mais il est vrai que28 camps palestiniens sur les 53 recensés se trouvent sur ceterritoire. Autant dire que le but de la création de ce mini-Etat n'est pas - en supposant que l'hypothèse soit seulementvraisemblable - de rassembler les Palestiniens.

Un autre renseignement utile est que la Cisjordanie et Gazasont justement les territoires où le taux d'activité par rapportau potentiel actif de la population palestinienne' est le plusbas, ou en d'autres termes, où le chômage réel est le plus élevé.Il est aussi intéressant de savoir que 50 % des salariés, soit30 % de la population active palestinienne, travaillaient en 1973en Israël (contre 30 % en 1970) (2).

Il n'est donc pas difficile d'imaginer qu'un tel Etat serait unEtat-dortoir, une réserve, une sorte de Transkeï arabe, brefune raison supplémentaire de laisser aux palestiniens, quiforment dans tous les Etats de la région les plus gros contin-gents de la classe ouvrière, encore moins de droits qu'aujour-d'hui, et de leur ôter au moins ceux que leur diaspora armée aréussi à imposer.

Et cet Etat, semi-colonie économique israélienne en mêmetemps qu'ôtage commun de tous les Etats de la région, enproie à toutes les vexations et à toutes les représailles à lamoindre action des Palestiniens dans quelque endroit que cesoit du Moyen-Orient, Damas trouve qu'il serait encore tropremuant s'il restait coiffé par l'OLP sous sa forme actuelle.On sait que cette organisation s'est transformée, sous l'effet del'irruption, après la guerre des 6 jours, des organisationsarmées poussées au radicalisme par la montée de la colère desmasses exploitées et expropriées devant l'échec de la politiquetimorée de l'OLP de Choukaïri, créée par la Ligue arabe. Damasveut aujourd'hui que l'on revienne à ces temps plus parlemen-taires et s'ingénie à déconsidérer même Arafat en lui faisantendosser la responsabilité de la mise au pas syrienne sur laRésistance et la rentrée dans les affaires palestiniennes de laSaïka vomie et chassée en juin du Liban par les armes. Arafatdevra donc partir, ou s'il reste, raser sa barbe et rendre sonfusil, laissant au musée du souvenir 'les attributs d'un roman-tisme plébéien qui n'est plus de mise.

Voici le produit monstrueux dont va accoucher la conférencede Genève. Il est temps que les prolétaires des grandes métro-poles impérialistes passent à la lutte ouverte contre l'ordreimpérialiste pour contribuer à desserrer l'étau qui étouffe lesprolétaires et les paysans pauvres de Palestine et de tout leMoyen-Orient.

En EspagneEn Espagne, la « masse du peuple », que

la classe dominante n'a pas eu besoin deconsulter pendant quatre décennies, vientde « ratifier » à une majorité écrasanteson projet de réforme politique né d'unmarchandage entre les différents clans dufranquisme. La consigne d'abstention pré-conisée par l'opposition démocratique adu mal à cacher le fait que celle-ci re-çoit son droit à l'existence légale des for-ces du fascisme. Il ne peut y avoir demeilleure confirmation que l'un et l'autresont au service d'une même classe et ré-pondent aux besoins d'une même conser-vation sociale. Il ne peut y avoir de meil-leure preuve que s'est contre l'un et l'autreque la classe ouvrière devra se frayer sonchemin!

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1

En SuisseAprès que l'aùgmentation des impôts ait

été votée récemment par voie de référen-dum (la forme la plus ({ pure » de la démo-cratie directe), le projet de loi pour les40 heures de travail hebdomadaires vientd'être rejeté à une écrasante majorité parle même moyen. Ainsi l'orocle populairerépond-il inexorablement aux intérêts dela minorité dominante, même lorsque lesintérêts matériels pressants des plus largesmasses travailleuses sont en jeu. Une telleexpérience ne serait pas inutile si unefrange de prolétaires tirait cette leçon, sim-ple mais essentielle, que le terrain de la dé-mocratie est incompatible avec la défensede la classe prolétarienne, et à plus forteraison avec la lutte contre la bourgeoisiepour son émancipation révolutionnaire.

En AlgérieL'élection présidentielle a atteint les

scores des référendums sur la Chartenationale et sur la Constitution, puisqueBoumedienne a été élu avec plus de 99 %des voix. Mais l' « unanime soutien popu-laire» dont se vante le régime cache malle formidable renjorcement de la pressionpolitique et militaire qu'il doit exercer surles masses exploitées et affamées, dansl'espoir de prolonger sa vie.

1....-(1) Le FPLP reste néanmoins prisonnier des principes de l'DLP, et

notamment de la « non-intervention dans les affaires intérieures ara-bes », ainsi que de l' ({ amitié de l'URSS ».

(2) Ces chiffres ressortent d'une étude parue dans le nO 2 de larevue Khamsin.

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De capitulation en(suite de la page 1)

ceptable n'a été proposé [ ...], tout tournedepuis deux séances à vouloir faire accep-ter aux travailleurs un plan de licencie-ment global, assorti de quelques promes-ses évasives de quelques emplois dans unfutur éloigné » (Parisien Libéré spécialgrève, déc. 76). Mais comment aurait-il puen être autrement puisqu'on a laissé tousles avantages à l'adversaire ?

Alors ? On épuise les ouvriers dansquelques rodéos et on en réfère - com-ble de crétinisme - aux instances supé-rieures de la bourgeoisie, espérant sansdoute qu'elle va enfin faire preuve decette morale civique dont l'opportunismene cesse de lui donner l'exemple en limi-tant journellement grèves et revendica-tions. Les patrons de la presse d'abord :«devant ce diktat et le vide des propo-sitions formulées, le Comité intersyndicals'est rendu hier après-midi auprès de lachambre patronale parisienne pour expo-ser la situation et demander aux direc-teurs de journaux de faire connaître lavérité à l'opinion [ ...], car certains silen-ces confinent à la complicité [sic !] » ; et,bien sûr, l'Etat qui «dispose de tous lesmoyens pour amener le patron à négo-cier, ne serait-ce qu'en l'obligeant à appli-quer la loi» (L'Humanité du 24-12),

Scénario peu différent à Saint-Nazaire.Le 4, les métallos répondent au lock-outpatronal en occupant le pétrolier Bella-mya dont ils bloquent la livraison. Le 6,malgré une forte mobilisation, les direc-tions syndicales réussissent à convain-cre les ouvriers de cesser l'occupation« pour faciliter la négociation », en latransformant en un pacifique défilé àtravers la ville. Cette manifestation debonne volonté n'ayant pas suffi, elles ar-rêtent le 16 l'occupation des chantierspour « enlever tout prétexte au lock-outet tout obstacle à la négociation ». Entretemps, évidemment, le lock-out s'est dur-ci et la position du patronat s'est faiteplus intransigeante à mesure qu'on dé-sarmait les ouvriers.

Négocier est une chose qu'on ne peutexclure en soi, autre chose est de tout

capitulationcentrer sur la négociation en faisant dela lutte un élément secondaire, voirenéfaste, d'être prêt pour l'obtenir à aban-donner les positions conquises, d'arrêterle combat dès qu'on l'a obtenue, commesi les objectifs étaient déjà remplis. Nousne prétendons pas que l'on puisse éviterle compromis temporaire dans les batail-les qui jalonnent la guerre de classe,c'est une question de rapport de force.Mais l'opportunisme fait du compromisun but qu'il poursuit perpétuellement, etqui selon lui trouverait sa pleine réalisa-tion dans le gouvernement de gauche,vaste compromis social, dont la tâche se-rait justement de concilier, pour le plusgrand bien de tous, les intérêts des ou-vriers avec ceux de la Nation.

Comme tout se tient, c'est au nom decette perspective électorale que l'on jus-tifie aujourd'hui le 'sabotage des luttesouvrières. « D'ici la prochaine échéanceélectorale municipale déclare Séguy me-naçant, les délais sont suffisants pourque l'action syndicale puisse encore sedévelopper ». Encore quelques petitesdémonstrations, donc, mais qui ne soientpas susceptibles de déborder sur le néces-saire recueillement électoral !

La bourgeoisie, qui connaît depuis long-temps toutes les ressources et les avan-tages qu'elle peut tirer de la démocratie,ne s'y trompe pas.

« La limitation [des grèves] prévuedans le temps et le souci de ne pas gênerl'opinion publique à la veille de ces élec-tions indique que la bataille contre legouvernement ne devrait pas prendrel'aspect d'une épreuve cie force ... En faitle danger pour le gouvernement seraitque la base, obéissant ça ou là à un ré-flexe spontané, aille au-delà des limitesprévues par les responsables syndicaux»(Les Echos, 20-12).

Pour notre part, c'est bien sur ce «ré-flexe spontané » que nous comptons etc'est vers lui que nous portons tousnos efforts, comme base pour reconsti-tuer une force de classe autonome contrele front uni de la bourgeoisie et de l'op-portunisme.

Devant la répression dans les casernes

Le besoin de la solidaritéinconditionnelle avec les soldats

La bourgeoisie poursuit la répressionsystématique des comités de soldats,dont l'existence répond à la pression etau terrorisme de la hiérarchie militaire,particulièrement en Allemagne.

Après Baden et Radstadt, où la gen-darmerie et la SM n'ont pas hésité àarrêter plus d'une centaine de soldats,en ville et dans les casernes, c'est letour de Landau et Neustadt.

Ces derniers exemples ont démontréla détermination de la bourgeoisie pourcasser dans les casernes le mouvementdes soldats, n'hésitant à employer aucunmoyen: arrestations en masse, interro-gatoires sans fin, fouilles de locaux, allantjusqu'à acheter des soldats pour s'infil-trer dans les comités, surveillant toutsoldat soupçonné dans - mais aussi horsde - la caserne, utilisant tous ses corpsspécialisés de répression: la SM maisaussi la police politique, la DST.

Les derniers exemples ont permis devoir que la répression savait utiliser lesmoindres fautes des comités, tant sur leplan des principes élémentaires de lalutte de classe que sur le plan organisa-tionnel.

Les contacts avec la hiérarchie quisemblent avoir été pris à plusieurs en-droits, ou avec des éléments marginaux- sans précautions suffisantes - surlesquels la hiérarchie peut facilementfaire pression (à Landau, c'est l'un d'euxqui a vendu le comité), ont été autantd'éléments qui ont facilité le travail dela SM et de la DST.

Mais si la bourgeoisie se permet au-jourd'hui cette impitoyable répression,c'est surtout parce qu'elle a réussi àbriser toute solidarité active, même élé-mentaùe.. entre. les soldats. et la classe.

ouvrière. Après Besançon, le haussementde ton du gouvernement a suffit pour

(suite page 8)

Sonacotra

Une cible pour les bonzes syndicaux

Les coordinations et lesassemblées ouvrières

Au moment où le capitalisme accroîtsa pression sur le prolétariat, il est logi-que que l'opportunisme serre les bou-lons de la chaudière syndicale afin demieux contenir l'énergie sociale de lalutte ouvrière, tout 'en laissant, quandil le faut, un peu de vapeur se volati-liser dans des journées d'action-bidon,dans le but de faire baisser la pression.

Particulièrement vive est la réactiondes bureaucraties syndicales aux tenta-tives des syndiqués de tisser des lienshorizontaux: un des reproches fait auxmilitants exclus de la CGT à l'IMRO aété de constituer une section d'entre-prise alors que les statuts de la FFTL nereconnaissent que les syndicats de caté-gorie; une autre cible a été constituéepar les coordinations inter-entreprises,particulièrement entre les entreprisesmenant une lutte semblable contre leslicenciemen ts.

Il serait vraiment idiot de prétendreque la violence de la réaction des bonzess'explique par une sorte de «soif dupouvoir ». Si ces derniers veulent effec-tivement que tout passe par leurs mains,c'est parce que le gonflement de la bu-reaucratie syndicale et ses petits privi-lèges ne reposent que sur la division destravailleurs. Ayant entretenu les prolé-taires, pendant la période d'expansion« tranquille» du capitalisme, dans l'illu-sion que leur sort était lié à la bonnemarche de l'entreprise ou à la défensedes privilèges de catégorie - ce quirevient à laisser tomber les catégoriesqui n'ont aucun «privilège»! -, lesbonzes ont remplacé naturellement lavie de classe, qui a disparu des organi-sations syndicales avec la seconde guerreimpérialiste, par une vie d'appareiL

Au moment où naît, dans des couchesplus larges de prolétaires, la conscienceque la défense des conditions de vie etde travail passe nécessairement par lalutte, cette division en catégories, enentreprises, etc., est le meilleur atout dela bourgeoisie pour que la lutte prolé-tarienne ne dépasse pas les limites fixéespar les exigences de l'économie natio-nale et de l'entreprise.

Aussi les bonzes ont-ils érigé en prin-cipe l'interdiction de tisser des lienshorizontaux. La CGT avait déjà travailléen ce sens efficacement en 1936 et 1945.A la CFDT, cela a entraîné certainstiraillements; dans des secteurs moinsau fait de la lutte ouvrière, il leur a falluun moment pour se persuader de cetteconséquence de la politique conciliatrice.La bourgeoisie a dû venir à la res-cousse, avec l'affaire des comités de

Non aux saisies-arrêts 1•Voici maintenant deux ans qu'a com-

mencé la grève des loyers dans les foyers-ghettos gérés par la Sonacotra: un mou-vement qui parmi les luttes récentes del'immigration se distingue non seulementpar sa durée, mais par son ampleur(53 foyers - soit 20000 travailleurs -en lutte en avril 1976, aujourd'hui encore27 'foyers), par sa combativité, par savolonté de défendre coûte que coûtel'unité et la centralisation de la lutte -sa meilleure arme et déjà son véritableacquis - au-delà de toutes les diffé-rences ethniques ou nationales, malgrél'isolement et malgré toutes les manœu-vres de division de la Sonacotra et desvalets de la bourgeoisie.

Ce mouvement, la bourgeoisie a tentéde le briser avec une implacable dureté,par les moyens puissants dont elle dis-pose, les plus violents comme les plusinsidieux: depuis les expulsions de18 délégués en avril dernier, directementtélécommandées depuis le ministère del'Intérieur, avec leur accompagnementd'infâmes brutalités policières et decalomnies haineuses de Poniatowski,jusqu'au travail opiniâtre de sabotagemené par le PCF - appuyé d'un côtésur les municipalités « communistes », del'autre sur la CGT et les Amicales - quia tout fait pour diviser, corrompre desrésidents, salir les travailleurs grévistesaux yeux de leurs frères de classe, etquLdans quelques foyers a. réussi à bd.--

ser la grève par le biais de négociationsséparées. Aujourd'hui c'est la justice quela Sonacotra appelle à son aide, en traî-nant les grévistes devant les tribunauxpour faire procéder à des saisies-arrêtssur les salaires. Le 23 décembre, 95 tra-vailleurs immigrés du foyer de Mon treuilont comparu, soutenus par 300 manifes-tants, devant le Tribunal, qui a différéson jugement jusqu'au 21 janvier. Le4 janvier au matin, 95 résidents _de Nan-terre sont convoqués au Tribunal de Pu-teaux. Ce sont 18 jugements qui doiventainsi avoir lieu.

Le Comité de Coordination des foyersen grève a rassemblé un important dos-sier qui démontre de manière aveuglantecomment la Sonacotra, non contente depomper d'un côté l'argent des immigréspar le biais du «Fond d'Action Sociale»- lequel vit à 75 % des cotisations socia-les et familiales qui ne sont pas rever-sées aux travailleurs immigrés dont lesfamilles sont restées au pays - les voleencore sur les loyers (de 200 à 300 F enmoyenne pour des chambres de 4,5 à 6,parfois 9 m-) en accumulant les «char-ges» les plus arbitraires. Mais la «jus-tice» bourgeoise ne peut elle-même s'in-cliner que devant un rapport de forces.Plus que jamais, pour faire céder laSonacotra les résidents ont un besoinurgent de la solidarité active de tousles _travailleurs.

soldats, pour aider la haute bureaucratieconfédérale à imposer la discipline àl'ensemble de l'organisation.

Or les faits doivent démontrer que lalutte ouvrière ne trouve sa pleine efficacité que si dans chaque lutte particu-lière est mis en avant l'aspect généralde la lutte, que si la lutte est conçuecomme un épisode d'une lutte plus vaste,une lutte entre l'ensemble des prolétaireset l'ensemble des capitalistes, si elle tend- au moins potentiellement - à rallierd'autres catégories, d'autres entreprises,etc., et donc si elle tend à devenir unelutte de classe. Quoi de plus natureldonc que les prolétaires cherchent à seretrouver en assemblée générale par-dessus les catégories, en assemblée localerassemblant les ouvriers de plusieursusines, simplement pour renforcer leurlutte! Et n'est-ce pas du plus grand inté-rêt pour la lutte elle-même que chacuns'aperçoive qu'en dépit des différencesde catégorie ou d'entreprise, il a lesmêmes intérêts que le voisin? Quoi deplus naturel d'autre part que les élé-ments les plus combatifs tendent à serencontrer, en rompant l'isolement desentreprises et des villes, et en profitanttout simplement du fait que le capita-lisme lui-même réduit par la route, le-train et... le téléphone, la distance entreles entreprises et les villes? Autant direque cette tendance est inévitable parcequ'elle correspond aux exigences élémen-taires de la lutte prolétarienne.

Le plus caractéristique est dans toutecette histoire que les sections syndicalesCGT ou CFDT des entreprises en luttequi ont senti le besoin de se rencontrerl'ont fait non tant par calcul' vis-à-vis desbonzes que, tout simplement, comme l'aexpliqué un ouvrier de l'IMRO au mee-ting de solidarité organisé en décembreà Paris, parce qu'ayant demandé sanscesse des directives à leurs fédérationspour lutter, ils n'avaient jamais rien'reçu. Et pour cause! Pour Messieurs lesbureaucrates, les ouvriers qui luttent ouceux qui sont au chômage sont justementce qu'ils appellent avec mépris des «pro-létaires », c'est-à-dire, dans leur esprit,des gens dont il faut se méfier parcequ'ils troublent la paix sociale, des gensqu'il faut oublier!

Mais il serai t puéril de prétendre,s'opposer à la politique des bonzes parune simple référence abstraite à la « dé-mocratie syndicale », Sans doute il fautlutter pour la participation la pluslarge des syndiqués à la lutte et à la viedes syndicats, pour briser toutes les limi-tes de catégories, d'entreprise ou de ré-gion à leur fonctionnement. Mais il fautaussi lier cette revendication à la dénon-ciation de la politique interclassiste etanticlassiste dont les pratiques desbonzes syndicaux sont la conséquencenaturelle. Il est en effet probable quedevant la tentative des groupes de prolé-taires de tisser des liens horizontauxentre eux, ces Messieurs des confédéra-tions mettent en place, lorsque l'organi-sation des confédérations ne suffit pas,des «passerelles» et des pseudo-coordi-nations - la CFDT a déjà commencé -chapeautées par eux et qu'ils les présen-tent à la masse des travailleurs commeune garantie suffisante pour n'avoir pasà se rencontrer, en même temps qu'ilsles utilisent comme une arme pour con-trôler de telles assemblées - si elles ontlieu malgré tout - et comme un prétextepour combattre les «gauchistes», c'est-à-dire en réalité les prolétaires les pluscombatifs.

Le problème n'est pas un problèmeconstitutionnel, mais un problème deforce, même s'il faut, là où c'est possi-ble, ne pas hésiter à prendre appui surles « constitutions », les statuts, les règlesqui peuvent aider la lutte quand labureaucratie, surtout par routine ou parinexpérience, n'a pu les éliminer. Orconstituer une force est bien sûr impos-sible sans une poussée prolétarienne,mais aussi sans une direction sûre. Etcette donnée n'a pas besoin de se fondersur des présupposés programmatiquesdans le domaine de la lutte syndicale,mais sur des principes authentiquementclassistes acceptables par tous les prolé-taires combatifs, même si seuls lescommunistes peuvent les manier defaçon .conséquente. . _ _ .. " __,,-_'

Le Prolétaire N° 234 - t= au 14 janvier 1977111i1111II1'11111"1I111'11111!!II!!lIIlll":I'IIIIIII"'IIII!!!!!'IIIII'lllit '1IIIHIIli' 1111::11111:1111

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Hôpitaux: préparation d'un Congrès

La c.G. T.Depuis juillet, la CGT (Santé) annon-

çait dans son bulletin, Le Service Public,la convocation d'un congrès national desinfirmiers( ères) les 4 et 5 décembre 76à Paris.

Les débats organisés en décembre dansles hôpitaux avec les infirmiers pour lepréparer, ne devaient porter que sur larevalorisation de la profession, son sta-tut, sa formation. Il s'agissait de détour-ner les revendications salariales du ter-rain de la lutte de classe et de la grève,en les canalisant vers la soi-disant défensede la catégorie et les discussions vides.

Nos camarades sont intervenus dansdes réunions locales pour avancer lespositions de classe et défendre leursmoyens d'action. Voici le compte rendude leurs interventions.

« Qu'est-ce que l'infirmier ? C'est untravailleur de la Santé qui vend sa forcede travail contre un salaire. L'institutionde la Santé fonctionne dans un cadre éco-nomique capitaliste et ne peut pas nepas obéir aux lois du Capital. C'est ce quirend l'infirmier ainsi que tous les autrestravailleurs de la Santé solidaires de leurscamarades d'autres secteurs productifs.

Quelles en sont les conséquences pourla vie des travailleurs de la Santé ? Ilssubissent les fluctuations du cycle capi-taliste; en période de crise, ils sont sou-mis à une exploitation accrue (chargesde travail) et au chômage, en mêmetemps qu'à des mesures de répressionéconomique comme celles du Plan Barre,qui contiennent à la fois des attaquescontre la santé des travailleurs et des pré-lèvements pour les cotisations de sécuritésociale plus importants sur les petitssalaires, ce qui fait supporter à la massedes travailleurs les charges de la Santé aubénéfice de l'Etat, des patrons et descadres.

Voilà ce qu'est l'infirmier : un travail-leur comme les autres, exploité comme ,lesautres.

Les niveaux de salaire des travailleursde la Santé, leurs conditions de travail,la pénurie d'effectifs, dépendent du rap-port de force qui s'établit entre l'adminis-tration et les salariés.

C'est ensemble, organisés dans un syn-\ dicat des hôpitaux regroupant tous les

travailleurs de la Santé par-delà les caté-gories professionnelles et non dans unsyndicat de catégorie, qu'on peut défen-dre efficacement ces revendications; alorsque les hiérarchies syndicales actuellesveulent nous river à la catégorie pourdéfendre... notre statut dans la perspec-tive de revaloriser notre profession aunom de l' «intérêt des malades s.

Comme toujours et partout, l'oppor-tunisme trahit les intérêts des travail-leurs en les invitant à être fiers de leurmétier, de la place indispensable qu'ilsoccupent dans la nation, et à défendrechacun leur entreprise ou leur hôpitalsans que les revendications avancées puis-sent mettre en danger la Technologte,l'Industrie ou la Santé Françaises.

Chantage ignoble, quand on connaît lesconditions de travail, l'encadrement hié-rarchique pseudo-militaire et les chargesde travail qui existent à l'hôpital pourtoutes les catégories, infirmiers, ASH,AS, ASI, auxiliaires.

Notre seule réponse à ces traîtres : horsd'ici, hors des organisations des sala-riés. La défense de classe des salariésde la Santé doit aboutir a l'exclusion desvalets de la bourgeoisie et des défenseursde l'intérêt national ».

Nos camarades ont ensuite avancé lesrevendications de notre plate-forme syndi-cale:- 2.500 F de salaire minimum,- 500' F pour tous tout de suite,- 35 h hebdomadaires, 5 jours à 7 h

, - par jour,,'- 2 jours de repos consécutifs,

- diminution de la charge de travail,- titularisation immédiate et sans con-

dition des auxiliaires,-:- parité de salaire aux travailleurs en

formation _qui effectuent actuellementun travail non payé,

1,

l

.,r-I

et les- prime uniforme intégrée au salaire,

avec abolition de la notation qui diviseles travailleurs et les soumet à la ré-

-pression hiérarchique,

- abaissement de l'âge de la retraite :50 ans pour les femmes, 55 ans pourles hommes,

- décompte sur 5 jours ouvrables pourles congés annuels.

catégoriesNos camarades ont proposé comme

moyen d'action la grève totale sans préa-vis et sans limitation de durée, et définiles formes qui renforceront son effica-cité: élection par l'Assemblée Généraledes travailleurs d'un comité de grèvechargé d'assurer :

1) les urgences (représentant seulement2 à 3 % des hospitalisés),

2) le piquet de grève dont la fonctionprincipale est d'interdire le travail auxjaunes.

Et ils ont conclu : « cette plate-formesyndicale et ces moyens de lutte ne sem-blent éloignés qu'à cause de l'entreprisede démobilisation active des directionssyndicales qui prétendent pour lutterattendre les élections et le ProgrammeCommun. Mais pour défendre leurs inté-rêts et leurs conditions de vie, les travail-leurs devront adopter les positions declasse, seules efficaces. Dans et hors dessyndicats, ils devront défendre les condi-tions de leur émancipation future, l'aboli-tion du salariat ».

P.T.T.-Créteil : Centre de Tri

La solidarité des postiersavec les ouvriers du Livre

La répression policière qui s'estabattue sur les travailleurs du Livreen lutte, et en particulier lors de l'ex-pulsion des travailleurs du ParisienLibéré, le .5 décembre, a suscité, malgréle peu de détermination des bonzessyndicaux, de nombreuses réactionsde solidarité chez les Postiers.

A Créteil CT, les travailleurs de labrigade A ont fait grève le 6 décem-bre à 90 % pour se rendre massive-ment à la manifestation de soutienorganisée à Paris. A 17 heures, 25 %des travailleurs de la brigade 17/24se mettaient aussi en grève. Enfin, à20 heures, si du fait de l'apathie desdirigeants cégétistes, les camarades dela brigade de nuit ont décidé de nepas faire grève, ils se sont cependantorganisés pour interdire l'entrée ducentre de tri au fourgon qui y livrechaque nuit le Parisien destiné auxabonnés du Val-de-Marne, fourgonescorté en général par des CRS etdes RC.

Un piquet de surveillance a étéplacé aux portes du centre pour fil-trer les entrées et prévenir l'ensembledes travailleurs de l'arrivée des flics.Par deux fois dans la nuit du 6 au 7,les flics se sont présentés devant lecentre. Chaque fois, plus de cent tra-

vailleurs ont quitté leurs postes detravail pour se précipiter aux grillesdu centre et interdire la livraison duParisien. Devant la rapidité de la mo-bilisation et la détermination des tra-vailleurs, les flics n'ont pas insisté etont renoncé à forcer le passage.

Malgré les appels de certains bonzesopportunistes à la modération, lestravailleurs du centre ont mené lamême action, les deux nuits suivan-tes.

Leur combativité et leur volontéd'exprimer dans l'action leur solida-rité étaient telles que les manœuvresde trahison d'un bonze de la CCT quin'a pas hésité à aller parlementeravec les flics avant de demander auxtravailleurs de libérer le passage pourne pas « gêner les négociations encours avec Amaury», ont été vigou-

.reusement et unanimement condam-nées, les travailleurs restant sur placejusqu'au départ de la police.

Tout au long de la journée du 6 etles jours suivants, de nombreux tra-vailleurs du centre ont discuté, enréunion de grévistes par exemple, del'historique et des - conditions de lalutte des ouvriers de l'imprimerie(IMRO, Chaix, Néogravure, etc.). Cer-tains ont même discuté du caractèrecorporatiste, collaborationniste, bou-

Grève des' surveiUants de l'E.N. dans le Sud-Ouest

tiquier et chauvin des dirigeants dela FFTL. .

A ce propos sont apparus clairementles ravages de la politique de divisionperpétrée par les bonzes parmi les tra-vailleurs: c'est ainsi qu'un travailleura contesté la nécessité de la solida-rité avec ceux du Livre pour la raisonque ces derniers avaient laissé passeren 74 des insultes contre la grève desPostiers dans le Parisien. Il a falluexpliquer les conditions (pression dupatron et du syndicat) qui avaientrendu possible cet incident qui avaitchoqué les Postiers et montrer quela solidarité prolétarienne ne se mar-chande pas.

Beaucoup ont condamné l'absenced'une préparation réelle de l'ensembledes travailleurs pour soutenir de façondirecte et collective les travailleurs duParisien Libéré, en mettant en causedirectement les directions confédéra-les des syndicats.

Malgré l'apathie ou la trahison ou-verte de certains bonzes CGT, les tra-vailleurs de Créteil CT, en s'organisantet en s'unifiant à la base, syndiquéset non syndiqués, ont montré la voiede ce que doit être une véritable soli-darité avec des travailleurs frappéspar la répression de l'Etat bourgeois:une solidarité de classe, directe etcollective, sans préalables ni espritpartisan. C'est ainsi que les travail-leurs de toutes les catégories retrou-veront le sentiment de leur force, leurconfiance dans la lutte massive etsolidaire, et n'hésiteront pas à utilisercette arme de classe qu'est la grèvede solidarité sans préavis. C'est ainsiqu'ils posent les bases d'un véritablefront uni des exploités contre le Ca-pital et ses alliés réformistes.

Pour vaincre, il faut vouloir vaincre !Les salariés de la fonction publique

n'échappent pas à 'l'aggravation desconditions de vie et de travail qu'impo-sent la bourgeoisie et son Etat à tous lestravailleurs. Comme partout, le capita-lisme frappe en priorité les catégoriesles plus exposées, celles qui ne bénéfi-cient guère des quelques miettes et« garanties» grâce auxquelles il parvientà acheter les couches supérieures de sessalariés.

Dans l'enseignement, les surveillants« hors statut» par exemple et particu-lièrement depuis la rentrée ont à subirles suppressions de postes et l'arbitrairerectoral: discipline renforcée, renvoi dessurveillants non-conformes, etc. Nousavons déjà parlé dans notre numéro _232de la saine réaction de surveillants dela région toulousaine qui ont déclenchédans deux départements un mouvementde grève illimitée pour la réintégrationde deux de leurs camarades renvoyés,lian t cette lu tte immédiate à la reven-dication d'un statut unique de stagiairedans leur catégorie, et à l'objectif plusvaste de la titularisation de tous lesauxiliaires d'enseignement et de service.Par ces mots d'ordre, la lutte avait d'em-blée un sens unificateur. D'autre part,elle dut bientôt chercher à s'étendre dansd'autres départements pour créer un rap-port de force en sa faveur. Semaine aprèssemaine, les surveillants de l'académiede Toulouse furent convoqués à desassemblées générales qui finirent parlancer une consigne de grève académi-que des surveillants et un appel à tousles personnels de l'Education nationalepour qu'ils se joignent au mouvement.

Face à une action pleine de possibi-lités de généralisation, contre l'isolementlocal et par-delà les limites de catégorie,le Rectorat a maintenu une attituded'intransigeance. Il savait en effet pou-voir compter sur les bons services dedirections syndicales particulièrementbien domestiquées (fonctionnarismeoblige l), Ainsi la grève a-t-elle dû bra-

ver l'interdit du SNES qui a tout faitpour la démolir dénonçant par circulaireles « irresponsables ». Quant au SGENqui officiellement « soutenait de l'exté-rieur» l'action en cours, il n'a rien faitpour engager dans la lutte les ensei-gnants et les autres catégories de per-

- sonne!, si ce n'est... une redoutable cam-pagne de signatures.

Enfin, au moment décisif, quand ils'agissait de mobiliser et d'organiser lagrève académique (qui avait été votéeà une forte majorité et à laquelle il avaitdéjà été appelé par tract) des militantsdu SGEN et de l'Ecole Emancipée (pro-ches de la LCR) n'ont pas hésité à remet-tre en cause l'action et même à niercontre toute évidence qu'elle ait bien étédécidée. Leur argument consistait - àdéconseiller d'avance un mouvement mi-noritaire, feignant d'ignorer que toutelutte réelle, surtout partant sans l'appuides syndicats, a bien des chances d'êtreminoritaire au départ. Exiger une majo-rité statistique comme préalable à lalutte revient à demander de ne jamaislutter ... du moins tant que les très «re-présentatives » directions syndicales n'yappellent pas elles-mêmes. Voilà donc oùmène la fameuse tactique des lettresouvertes réclamant l'appui de ces direc-tions alors même que celles-ci empêchenttout mouvement réel: à dénaturer lagrève pour en faire un instrument depression sur les bonzes et non une armeréelle de résistance contre l'ennemi l Noscamarades sont intervenus pour dénoncerlà Une pratique boutiquière, une manœu-vre mettant la lutte au service de que-relles de tendances internes aux syndi-cats, alors qu'il s'agissait d'une actionde défense ouverte à tous, syndiqués oupas. Finalement devant les réactionsd'éléments combatifs, la grève n'a puêtre formellement remise en cause, maisle refrain insistant sur le danger d'écheca contribué à détourner les efforts dubesoin d'organiser une grève, vraimentactive et a encouragé les hésitants... à

hésiter. De plus, malgré nos efforts, lesmêmes avaient réussi à ne faire démar-rer l'action qu'une semaine avant lesvacances pour soi-disant remporter unplus grand succès, mais un succès pure-ment numérique!

Malgré tous ces obstacles, les surveil-lants des Hautes-Pyrénées, sortant desétablissements où les grévistes étaienten force pour faire débrayer les établis-sements non grévistes, sont parvenus àune participation globale importante etont même fait fermer certains établis-sements. Leur exemple, même s'il esthélas resté isolé par rapport .au Testede l'académie, montre à l'évidence queles méthodes que nous préconisons nesont pas des vues de l'esprit.

Pour trouver la voie d'une lutte; luttede défense certes, mais menée de façondécidée et dans un esprit offensif, lespersonnels de l'enseignement auront àaffronter tout le poids d'une bureaucra-tie syndicale pratiquement intégrée àl'administration. Mais ils devront pourcela se démarquer de plus en plus deceux qui ne veulent rompre radicale-ment ni avec les directions opportunistes,ni avec leurs méthodes.

A NOS LECTEURS SUISSESLisez et diffusez le

Supplément au « Prolétaire »pour la Suisse

au sommaire du N° 7 (décembre 76)- Du Liban et de l'Afrique du Sud à

l'Europe: Les conséquences catastro-phiques de la contre-révolution stall-nienne.

- A propos des 40 heures: la lutte con-tre le capital pour:'. la réduction du temps de travail,• l'augmentation du salaire de base,

doit redevenir quotidienne.Dubied: une base combative battuepar la coalition Syndicat-Etat.

Le Prolétaire N° 234 - t= au 14 janvier 1977

A propos de la naissance de l'OCT (fusion de l'OC·R et de 1'0 C·GOP)

Sans théorie révolutionnaire, pas de parti révolutionnaireL'exacerbation des antagonismes de classe dans le monde, les

manifestations toujours plus criantes du caractère contre-révolutionnairedes partis staliniens qui contrôlent de manière écrasante le prolétariat,le retard des conditions subjectives de la révolution par rapport aumOrissement des antagonismes sociaux, mettent toujours plus à l'ordredu Jour la question de la construction du parti révolutionnaire. Lesdébats et les tractations qui agitent actuellement un certain nombre

Six semaines avant le congrès d'unifi-cation, la rédaction «fusionnée» deL'Outil-Révolution se vantait d'avoir ga-gné un pari: avoir réussi «pour la pre-mière fois» à inverser la tendance à«l'émiettement de l'extrême-gauche fran-çaise» depuis 1968 et à «unifier dansune organisation communiste des mili-tants que séparaient au départ leurs réfé-rences théoriques, leur histoire récente,leur langage, leurs formes de militan-tisme» (n° 153). Quel est donc ce mo-dèle, présenté comme un espoir «pourdes milliers de femmes et d'hommes », -«pour l'ensemble du mouvement révo-lutionnaire » ?

Ce qui est significatif avant tout, c'estque l'organisation issue de la fusion,l'Organisation Communiste des Travail-leurs, se constitue sur la base d'unaccord «sur les tâches des révolution-naires dans la phase actuelle de la luttede classe» (Révolution, n° 144) - enFrance, bien· entendu -, mais qu'ellen'a pas considéré comme un obstacle dedevoir encore «approfondir [...] la ré-flexion sur les problèmes liés à la straté-gie révolutionnaire et à la constructiondu parti» (L'Outil-Révolution, nO 158).L'OCR et roc GOP sont tombées d'ac-cord sur «la tactique face aux réfor-mistes ». «l'intervention dans les entre-prises, les fronts femmes, armée, immi-grés» (n" 144) et, inutile de le préciser,les «échéances» électorales de 1977 et1978; par contre, des points obscurssubsistent sur «la Révolution ininter-rompue et par étape, et les conséquen-ces précises du révisionnisme staliniensur la dégénérescence du mouvementcommuniste» (rr' 144). Dans ces condi-tions, l'accord «sur les principales déter-minations théoriques et idéologiques»dont on se targue risque fort de seréduire à une délimitation négative -une vague «opposition» au stalinismeet au centrisme du PSU et de la LCR -et à une référence à des noms d'ailleursdisparates (de Marx à Gramsci, et deLénine à Mao), sans qu'on juge utile des'entendre sur le contenu précis d'unedoctrine (qui est cohérente ou n'estrien), d'un but final (le «socialisme»serait-il la même chose pour Marx etpour Mao ?), des principes et d'un pro-gramme révolutionnaires.

Publicationsinternationales

Die Kommunlsten unddie Aufgaben der Revolutionln Nord- und 'Lateinamerika

Cette brochure en langue allemandeconsacrée aux tâches de la révolutiondans les deux Amériques reprend«l'appel aux ouvriers des deux Amé-riques » du CE de l'Internationalecommuniste (Moscou, nov. 1920) ainsique des études sur la révolution amé-ricaine et l'évolution de l'impérialismeet des problèmes sociaux en Améri-que latine depuis cette époque, c'est-à-dire tout le matériel déjà publié dansnotre revue en langue espagnole Elprograma comunista (Prix: 5 F).

*As lutas de classe em Portugalde 25 de abrU a 25 de novembro(e suas relac;Oescom as lutasde Independêncla na Africa)

Cette brochure en langue portugaisereprend les articles les plus impor-tants parus dans Programme Commu-niste, Le Prolétaire et Il Programmacomunista sur les événements deLisbonne et Luanda, d'avril 74 à dé-cembre 75. (Prix: 4 F).

Commandes au cc Prolétaire .,.

Autant dire qu'on est ici en pleineaventure. La préparation révolutionnaire,la lutte opiniâtre pour surmonter lesconséquences d'une contre-révolution decinquante années qui a détruit de fonden comble non seulement la visionmarxiste des buts et des moyens de lalutte révolutionnaire, mais, jusqu'au sou-venir des méthodes élémentaires de lalutte de classe: ce problème difficileentre tous et qui exige plus que jamaisune implacable rigueur en cette périodede débandade théorique est escamotédans une pirouette. Tout est si simple!Il n'y a qu'à «s'unir ». assumer les tâches« actuelles », et l'avenir viendra de lui-même. En attendant on a le nombre, labonne volonté, le sentiment et une plate-forme pour les municipales: cela suffitpour être «crédibles» et porteurs d'un« espoir », Les divergences internes, avecles oscillations et les heurts qu'ellespeuvent laisser prévoir? Bagatelle:«Sans contradictions il n'y a pas devie» (n- 158)!

Mais comment sans théorie, sans stra-tégie, sans principes fermes et suivissans défaillance par toute l'organisation,pourrait-on assumer les tâches de prépa-ration révolutionnaire du prolétariat quiincombent au parti? Les choses appa-raissent bien claires quand l'OCT affirmequ'elle ne se considère ni comme « leParti révolutionnaire, ni même [comme]un quelconque embryon baptisé avant-garde », mais simplement comme un« pôle» provisoire qui, « par ses propo-sitions politiques» doit « permettre à lagauche ouvrière et à ses alliés des cou-ches populaires de s'organiser et de faireles choix politiques qui la conduiront,elle et elle seule, à la révolution» (n? 153) :un pôle qui n'aspire qu'à ... disparaîtrele jour où la «gauche ouvrière et popu-laire» reprendra le flambeau et «s'in-vestira [sic] dans la construction duparti» (nv 157). Et effectivement sansthéorie révolutionnaire on ne peut quese tenir à la queue des masses, non lesprécéder; on peut leur faire des « propo-sitions », sûrement pas les diriger (2).

. « Seul un parti guidé par une théoried'avant-garde peut remplir le rôle decombattant d'avant-garde », écrivait Lé-nine en 1902 contre d'autres adorateursdes tâches «actuelles» et «concrètes»en elles-mêmes, sans lien avec le butfinal et le programme révolutionnaire.Et seul un noyau de révolutionnairesprofessionnels forgé et sélectionné autravers de combats théoriques, politiqueset pratiques peut bâtir le parti capablede grouper au tour de lui et de dirigerles bataillons prolétariens en lutte contrele capitalisme.

On ne peut avoir le sens des responsa-bilités qui incombent au parti et à luiseul que sur la base d'une délimitationpolitique claire et tranchée par rapportà tous les autres partis, y compris lesprétendus «cousins », Sous-estimantl'importance des bases théoriques et deprincipe du parti, l'OCT ne peut quenier l'importance de la lutte politiquecontre les autres courants - baptisée«sectarisme» ou « avant-gardisme » àl'égal de la «prétention» à se proclamerle parti ou son embryon - et se défen-dre de, vouloir conquérir l'avant-garde àsa seule organisation (3). A partir dumoment où on admet déjà des «contra-dictions» en son propre sein, il n'y apas de raison de considérer les contra-dictions au sein du soi-disant «camprévolutionnaire» comme un obstacle àune future unification plus large et toutaussi sans principes, dont la fusion,déjà envisagée, avec le PCR, serait laprochaine étape. De la même manière,en l'absence de bases théorico-tactiquesfermes et acceptées de tous, le centra-lisme et la discipline véritables et orga-niques du parti ne peuvent que fairedéfaut: d'où les efforts des deux « com-posantes » pour chercher à les substituerpar des recettes artificielles - depuis laformule maoïste « unité-critique-unité »jusqu'à des méthodes carrément emprun-tées à la panoplie de la démocratiebourgeoisie: «recherche du consensus»par le débat, «égalité totale» aux char-

de groupes d'extrême-gauche traduisent, à leur manière, ce problèmevital pour la reprise et, à long terme, l'issue révolutionnaire de la lutteprolétarienne. Mais la méthode suiviste et confusionniste avec laquelleils l'abordent non seulement leur interdit d'œuvrer à sa solution, maisne peut qu'alimenter les plus dangereuses illusions chez les ouvriersd'avant-garde (1) _ La récente fusion OCR-OC GOP et les commentairesqui l'ont entourée en sont un bon exemple.

ges de direction, voire « rotation» fré-quente au... pouvoir -, qui ne peuventsignifier en fait que paralysie ou «tour-nants» spectaculaires, si ce n'est capo-ralisme.

Plus généralement, si l'OCT sous-estimela nécessité et la fonction du parti aujour-d'hui, c'est parce qu'elle sous-estime lafonction du parti demain et en définitiveparce qu'elle édulcore la réalité del'affrontement révolutionnaire entre lesclasses. A quoi peut se réduire le rôledu parti dans la période révolutionnaire,quand on conçoit la révolution commeun « mouvement conscient des masses[populaires] elles-mêmes sous la direc-tion des ouvriers eux-mêmes» (Thèses duIle congrès de l'OCGOP, juin 76, Cahierspour le communisme, nO 7, p. 4), et ladictature du prolétariat comme «la priseen charge directe des affaires de l'Etat[...] par les masses populaires organiséessur le lieu de travail et d'existence enConseils populaires» (Thèses du Illecongrès de l'OCR, juin 75, Cahiers Révo-lution, n° 8, p. 59), sans dire un motde la nécessité de l'insurrection, de laterreur rouge, de la scission du prétendu«camp du peuple », et de la lutte contrel' « hydre toujours renaissante de lapetite production» ? Ou bien on ne parlecarrément pas du parti, sauf pour affir-mer vaguement et platoniquement sanécessité comme «verrou des alliancesde classe» (OCR, Thèses, p. 56); ou bienon le ravale à une espèce d'ordinateurqui «rassemble les idées des masses làoù elles s'organisent comme collectivitésconcrètes, les synthétise et les concentre,dans un travail de tri et d'élaboration, etretourne les idées aux masses sous formed'objectifs et de mots d'ordre traduisantune ligne politique» (OC GOP, Thèses,p. 19).

Idéalisme, empirisme, interclassismese conjuguent dans la vision d'un parti-pédagogue qui éclaire les masses «popu--laires », au plus « collabore» avec elleset leur renvoie, comme un miroir, leurspropres idées - de même qu'il reflète,comme un miroir, leurs propres contra-dictions -, en les triant à la lumièred'une «théorie» qui «part toujours dela pratique» et est «constamment modi-fiée, modelée par la lutte des classes,les contradictions et les luttes internes,la poussée permanente du mouvementdes masses» (ibid. p. 9), dans un éternelcercle vicieux.

Si la révolution prolétarienne n'étaitpas la guerre à mort d'une classe, celledes sans-réserves, contre une classe bour-geoise forte d'une longue expérience inter-nationale de domination et dotée d'Etatscentralisés et armés jusqu'aux dents,mais une question d'idées des masses etde mots d'ordre, si la lutte des classesn'était pas réglée par des lois matérielle-ment déterminées, mais livrée aux «choixpolitiques» des individus ou des grou-pes, il n'y aurait pas besoin, effective-ment, d'un état-major pourvu d'une claireconnaissance du but et des moyens dela lutte, d'un plan tactique établi àl'avance et d'une organisation de granit,capable de cimenter les efforts du pro-létariat et de le conduire fermementvers la victoire. Il n'y aurait pas besoind'un parti au sens où l'entend lemarxisme: un «intellectuel collectif »,un «quartier général des luttes» immé-diates et populaires pourrait le rempla-cer, et il n'y aurait pas besoin non plusde le préparer longtemps à l'avance.

** *

Si d'après Marx et Engels le particommuniste «défend et représente, dansle mouvement présent, l'avenir du mou-vement », c'est parce qu'il incarne uneligne - c'est-à-dire une théorie, un pro-gramme, des principes - unique et inva-riante ; une ligne qui n'est pas dictéepar les hauts et les bas de la lutte declasse ni par l'état d'esprit contingentdu prolétariat à tel moment, dans telpays, dans telle usine, mais qui unit sonpassé à son présent et à son avenir au-delà de toufes les limites temporelles,

nationales, catégorielles, parce qu'elletraduit les lois scientifiques, gravéestoujours plus profondément par lesconfirmations de l'histoire, de sa lutted'émancipation.

Dans les périodes de contre-révolution,où le parti s'est toujours trouvé réduità une poignée de militants, le parti n'apu renaître en tant que direction duprolétariat que sur la base de leur efforttenace pour maintenir la continuité dela doctrine contre ses révisions succes-sives, tirer les leçons des révolutions etdes contre-révolutions passées, les trans-mettre aux générations nouvelles de pro-létaires en préparant et en précédant,contre le courant, leur rupture d'avectoutes les formes d'opportunisme. C'estce qu'ont fait Marx, Engels, Lénine aprèsles défaites de 1850, 1871 et 1914. Aujour-d'hui, la lutte pour la préparation révo-lutionnaire et la reconstruction du partidu prolétariat impose d'avoir tiré jus-qu'au bout les leçons de la contre-révolu-tion stalinienne et de la dégénérescencede l'Internationale Communiste, restaurél'intégralité de la théorie marxiste contretous ses falsificateurs et ses prétendusenrichisseurs, de lutter pour aguerrir leparti naissant, au contact de la classeouvrière et dans toute une série d'affron-tements.

Il est vrai qu'à certains moments del'histoire - une puissante montée de larévolution, dont nous sommes aujour-d'hui très loin - le parti peut avoir àabsorber non plus seulement des indi-vidus, mais des courants issus d'uneautre origine que son noyau central:c'est ce qui s'est produit en 1917, pourle parti bolchévik, avec, l'adhésion dugroupe de Trotsky, et dans une certainemesure en 1921 pour le PC d'Italie (oùcependant la vague révolutionnaire étaitdéjà sur le déclin). Mais une telle adhé-sion, à plus forte raison que celle des

. individus, doit toujours se faire sur labase de l'adhésion aux positions du parti(et donc du renoncement du groupe-candidat à ses positions antérieures) eten présence d'une direction homogène 1

et éprouvée, capable de conduire I'orga- <;__

nisa tion d'une main de fer: sans cesconditions, le parti ne pourrait jamaisdiriger le prolétariat sans oscillationspar-delà tous les tournants et les sou-bresauts de l'histoire.

On ne peut lutter contre la .falsifica-tion de la théorie marxiste par le stali-nisme en ayant recours à l'éclectisme.On ne peut lutter contre sa démolitiondes principes révolutionnaires en parta-geant avec lui des postulats comme lepopulisme et le démocratisme. La voiede la préparation révolutionnaire et dela reconstitution du parti de classe estune voie difficile et escarpée. Ceux quiprêchent des voies plus «courtes» etmoins âpres ne .peuvent qu'épaissir lesobstacles sur le chemin du prolétariat.

(1) Sur les « solutions » de la LCR, de LO'-.'-,et de Révolution, voir également l'articleParti-plan et tactique-plan dans Le Prolé-taire, nOS 197 et 198.

(2) A ce propos, la « composante» Révode l'OCT - qui, deux semaines avant lafusion, répondait à sa partenaire que « nousdevons être aujourd'hui [mais pas demain!]un pas en avant [mais pas deux!] de la gau-che ouvrière et populaire précisément pourqu'elle nous rejoigne dans la constructiondu parti» (ns 157)- n'est pas moins suivisteque la « composante » GOP, même si sonsuivisme se pare encore de toute une phra-séologie gauchiste et offensiviste: « prendredes initiatives », comme elle dit, n'est nulle-ment synonyme de préparer sérieusementla révolution.

(3) Ce prétendu an ti-sectarisme n'a jamaisempêché Révo et la GOP de défendre farou-chement les intérêts de boutique dans les--luttes revendicatives. Les choses sont misesexactement à l'envers: on ouvre le parti eton gomme ses frontières théoriques etpolitiques, par contre on tend à fermer lesorganisations de défense sur, des préalablespolitiques (voir les CUFI, les CAM et lesgroupes Femmes en lutte).

'IIII::IIIIIIIIII'"IIIIIIIIIIIIIIIIIIIII:!!!!' 11II1:1111II:!!!!1, Le Prolétaire N° 234 - Jer au 14 janvier 1977 IlIIdlll~1II11

La lutte contre· le militarisme bourgeois (2)

Militarisme aggravé, •mais contradictions accruesLe militarisme bourgeois périra de la « dialectique de son

propre développement », qui implique une mort violente quilui sera donnée par le prolétariat militarisé et doué d' « unevolonté propre »; Cette perspective, que nous avons rappe-lée dans le numéro précédent de ce journal, a été, avant dedevenir celle de Lénine et la nôtre, celle d'Engels en 1876,

. au moment même où les guerres entre Etats devenaient des« guerres des peuples» où les larges masses de la popula-tion étaient entraînées, comme l'avait anticipé la révolution de1789 avec la levée en masse.

Si l'on considère l'évolution de l'armée française, ce futla défaite de 1871 qui amena la bourqeolsle à abandonnerl'armée de métier classique forgée par la loi Gouvion-SaintCyr de 1818, et à appliquer le service militaire obligatoire,malgré l'expérience de la Commune de Paris.

Pour les critiques du marxisme et les partisans intéressésdes réformes démocratiques, cette perspective serait aujour-d'hui balayée par l'évolution du capitalisme lui-même et desgrands Etats impérialistes, qui tendraient à se donner desarmées de métier, des armées de professionnels et de merce-naires. La conclusion 'en est que si le prolétariat tient à la vic-toire, il devrait impérativement défendre l'armée de conscrip-tion contre l'armée de métier.

Cette argumentation a l'avantage de procéder de façonmatérialiste; du moins elle singe le matérialisme. Son incon-vénient est d'être fausse, car elle oublie une partie de laréalité qui, encore une fois, est contradictoire, dialectique.

C'est un fait indéniable que la bourgeoisie tend à dévelop-per des corps de répression spéciaux, notamment la gen-darmerie mobile, la légion et autres corps de mercenaires,nés directement des besoins du « maintien de l'ordre » dansles colonies comme dans la métropole. Il est indéniable d'au-tre part que l'examen des statistiques montre l'accélérationau cours de ces dernières années de la formation de cestroupes professionnelles.

Un autre élément mis en avant, c'est la professionnalisa-tion de certains secteurs de l'armée comme .la marine, l'avia-tion, la cavalerie (les blindés), aujourd'hui la force de frappe,etc., qui créent des corps de soldats dont on exige une plusgrande présence à l'armée, tandis que les appelés sont relé-gués dans des tâches subalternes de manutentionnaires, plan-tons, domestiques, etc., bien qu'il soit très difficile de discer-ner dans tout cela ce qui est exigé par la technique et ce quine l'est pas. Mais en tout cas la tendance existe: il y a seule-ment 24 % d'appelés dans la marine, 38 % dans l'armée del'air et 65 % dans l'armée de terre qui reste la piétaille etle lieu où la distinction est la plus nette entre corps d'élitesolidement armés et troupes massives aux armements archaï-ques. Cette séparation est d'ailleurs théorisée et systématiséedans la fameuse Défense Opérationnelle du Territoire (DOT),mise en place par le gaullisme, qui confie les tâches de dé-mantèlement de l'ennemi et les opérations militaires à destroupes de commando tandis que les arrières sont assuréspar le gros de la troupe, en cas de subversion extérieurecomme intérieure.

Armee de conscription/armée demétier : une alternative dépassée

Sur le fond de la restructuration de l'armée il se développedans de nombreux pays une polémique opposant les tenantsde l'armée de métier et ceux de l'armée de conscription.Il est sûr que l'armée de métier répond à des considérationspolitiques internes, avant tout parce qu'elle est moins perméa-ble que l'armée de conscription ou que la « population enarmes » au défaitisme révolutionnaire. Mais en réalité lesrésultats de la polémique se réduisent le plus souvent à ladurée du service militaire ou à une histoire de gros sous, etseulement en temps de paix. Qui pourrait en effet affirmer

_qu'en temps de guerre une armée professionnelle peut suf-fire pour répondre aux exigences militaires des grands Etatsmodernes?

Engels écrivait en 1893 dans une série d'articles intituléeL'Europe peut-elle désarmer ?, que le « système des arméespermanentes a atteint dans toute l'Europe un tel degré quesi les armées permanentes ne sont pas transformées à tempsen une milice fondée sur l'armement général du peuple, oubien les peuples seront économiquement ruinés ou bien ilsseront précipités dans une guerre générale de destruction »,Et nous avons eu déjà deux de ces guerres, qui ne peuventêtre déclenchées sans un risque énorme pour la conservation

-< bourgeoise et qui, lorsqu'elles le sont, constituent un terriblemoyen de pression sur le prolétariat et sur toutes les couchesexploitées de la population.

Mais en 1893, l'impérialisme ne faisait que naître. Vingt ansplus tard il était déjà venu à maturité. Et aujourd'hui quepenser des formidables antagonismes qui menacent la société,antagonismes que la Sainte-Alliance impérialiste essaie de_contenir par une pression invraisemblable et pour le déchat-

~ pement desquels se préparent des armées immenses ? Les1 armées européennes ont à peu près le même nombre de1 soldats aujourd'hui qu'il y a cinquante ans, sans parler de la

réserve qui est de 5 à 10 fois le potentiel de l'armée perma-nente. Ainsi, pendant la première guerre, la France qui avaitune armée de 630.000 hommes en temps de paix, mobilisa4.500.000 hommes (les chiffres pour l'Allemagne étalent760.000 et 5.500.000). Mais les Etats-Unis, qui avaient hier

250.000 hommes et avaient mobilisé 1.800.000 hommes, ontaujourd'hui une armée permanente de 2.800.000 hommes;la Russie qui avait une armée de un million d'hommes et enavait mobilisés 7.000.000 entretient aujourd'hui en temps depaix 3.500.000 hommes. Combien peut-elle en lever en tempsde guerre? Sans parler du fait que de nouvelles armées sontnées, celles de l'Inde, de la Chine et des innombrables paysde tous les continents qui seront poussés par un impérialismearmé jusqu'aux dents à s'armer eux aussi jusqu'aux dents pourlutter d'abord contre lui pour l'indépendance politique puiscontre leurs voisins et leurs propres exploités (voyez le Viet-nam ou l'Angola!). 11 est assez facile de comprendre com-ment le capitalisme sénile et militarisé impose son millta-risme aux jeunes nations.

Pour imaginer que des armées de métier soient suffisantesen temps de guerre, il faudrait imaginer que l'impérialismepuisse réduire ses contradictions, que les divers impérialismespuissent atténuer les rivalités qu'ils ont entre eux et necherchent pas à profiter de la supériorité militaire que donnela participation des larges masses de la population à l'effortmilitaire direct.

Il n'y a pas si longtemps, pour une simple guerre coloniale,la France a dû lever plusieurs classes, prolonger le servicemilitaire. Et comment l'Amérique. a-t-elle fait la guerre duVietnam tout en préservant sa capacité militaire partout dansle monde sinon par la conscription ? Elle l'a certes suppri-mée aussitôt après la guerre; mais elle devra aussi sûrementla rétablir demain, dans une guerre mondiade, ne serait-ceque du simple fait qu'une guerre mondiale ne peut pas ne pasentraîner d'innombrables soulèvements nationaux et de nou-veaux Vietnam contre son oppression ...

On pourrait évidemment imaginer que les bourgeoisieseuropéennes, 'entraînées par leur habitude de s'en remettreaux Etats-Unis pour les soins de leur sécurité, envisagent deconserver une armée de métier, sans faire participer l'ensem-ble de la population à une guerre impérialiste, et conserventl'armée pour les simples besoins de la lutte contre l'ennemiintérieur.

Nous disons évidemment « on pourrait imaginer », maisnous ne disons pas que c'est possible. Si cela l'était, celamettrait la bourgeoisie européenne dans une telle dépendancevis-à-vis des Etats-Unis, une. dépendance qui frapperait tel-lement ses intérêts qu'el1e ne pourrait être obtenue quecomme le résultat d'une lutte sans merci contre des secteursentiers du capital et de la hiérarchie militaire, c'est-à-direvraisemblablement sans une défaite militaire préalable. Onne peut donc concevoir cette éventualité que si on faitabstraction de toutes les autres tendances, en poussant àfond cel1e de l'aplatissement des bourgeoisies des Etatssecondaires devant cel1es des grands Etats. Or le minimumque toute bourgeoisie a eu déjà le loisir d'expérimenter, c'estqu'une armée puissante n'est pas seulement nécessaire pourvaincre l'ennemi: même si pour cela l'armée n'intervient quecomme élément secondaire d'un dispositif impérialiste mondial- il est difficile d'imaginer une armée européenne agissanten Europe pour son propre compte - une armée puissanteet qui mobilise pour cela toutes les ressources nationales estindispensable ne serait-ce que pour ne pas se faire mettrecomplètement à genoux par ses propres alliés. Tel aura été levéritable sens des velléités d'indépendance du gaullisme enFrance.

A l'heure de l'impérialisme le plus avide, poussant tous lesantagonismes sociaux à leur paroxysme, des guerres qui nechercheraient pas à utiliser toutes les ressources nationales etmême cel1es des pays dépendants sont inconcevables. Pourvuque l'on ne s'attache pas à la surface des choses, mais quel'on considère l'évolution dans son ensemble, l'expérience deplus de soixante années démontre que la tendance à la pro-fessionnalisation des armées ne s'oppose pas à la conscrip-tion et que les deux formes s'intègrent. De la même manièreque le monopole - ne supprime pas la concurrence mais laporte à un niveau supérieur, on pourrait dire que la profession-nalisation de l'armée ne supprime pas la conscription mais laporte à ses extrêmes conséquences, en tendant à militariserl'ensemble de la population encadrée par les corps profession-nels, bref en réaUsant la miilce sur la base de l'armée. Telleest la tendance profonde que toutes les restructurations ten-dent, dans l'ensemble, à réaliser.

*Mais cette évolution réactionnaire, profondément contre-

révolutionnaire dans la mesure où elle tend à estomper ladifférence entre armée de métier et population en armes ensoumettant toute la population à la hiérarchie et à la juridic-tion militaire, a son revers de la médaille.

Tout d'abord, la professionnalisation même de l'armée déve-loppe à l'intérieur des corps professionnels l'élément proléta-rien: peut-on imaginer une marine de guerre comme la marinerusse avec ses 800.000 hommes tout à fait imperméable auxappels de la lutte des classes? On se souvient peut-être quependant la guerre du Viet Nam, un puissant porte-avionsaméricain fut immobilisé par le personnel revendiquant contreles discriminations raciales. L'exemple de la marine n'est pasfortuit. Toutes les marines dans les pays qui ont fait desrévolutions populaires peuvent donner des exemples de ma-gnifiques traditions de lutte. Eh bien, transposez cela à l'avia-tion ou aux missiles (qui permet aux avions de s'envoler etaux missiles de partir sinon 'des éléments prolétariens ?), et

vous touchez du dotqt la terrible contradiction qui traverseces monstres que sont les gigantesques armées impérialistesmodernes.

Autre chose est bien sûr la question des corps de merce--naires purs et simples, surtout ceux qui sont constitués quandla lutte de classe se déchaîne ou à plus forte raison en pleineguerre civile et dont on peut difficilement attendre qu'ils sedésagrègent de I'Intérieur : ils laissent prévoir que, dans lespays impérialistes, la victoire de la Révolution sera précédéed'une longue guerre civile qui prendra la forme de véritablesbatailles rangées.

Les défauts de la cuirassedu militarisme impérialiste

Le deuxième point à relever est que la militarisation nes'étend pas seulement à l'enrôlement de la plus grande ré-serve de la population sous les drapeaux et dans les tâchesparamilitaires, dans des milices territoriales ou autres. Elles'étend à toute la vie civile et en particulier au travail indus-triel. La force militaire s'épuise vite si 'elle n'est pas soutenuepar une puissance économique à sa hauteur. La formidablecapacité de destruction des armées modernes, J'utilisationrapide des munitions et du matériel, les destructions sys-tématiques d'objectifs non seulement militaires mais industrielset d'infrastructure logistique, le terrorisme guerrier utilisépour briser la capacité de résistance de l'ennemi (rappelez-vous Hiroshima, mais aussi Hambourg et Dresde !), tout cecisuppose un travail sans relâche pour créer un véritable frontde l'arrière, où tend à se généraliser l'application du règl'e-ment d'urgence, de la juridiction militaire, dans le travail indus-triel civil.

« La [prochaine] guerre, disait Trotsky en 1937, sera totale,ce qui ne s"exprime pas seulement par le fait que les opéra-tions se dérouleront simultanément sur terre, sous la terre,sur l'eau, sous l'eau et dans les airs, y compris la stratosphère,mais aussi par le fait que la guerre 'emportera dans sontorrent l'ensemble de la population, toute sa richesse maté-riel1e et spirituelle. Une partie de l'humanité se battra sur lefront des trois dimensions. Une autre fabriquera des munitions,souffrira de la faim, et crèvera à .« l'arrière ». Malgré laconquête de l'azur, de la stratosphère et du pôle, malgré lesrayons de la mort et autres horreurs apocalyptiques, l'arméesera tout aussi enfoncée dans la boue que pendant la der-nière guerre et peut-être, encore bien plus profondément. ,.(Sur la deuxième guerre mondiale, Paris, Seuil, 1974.p.30.)

Ceci s'est révélé parfaitement exact, et si une troisièmeguerre devait arriver ce caractère s'aggraverait encore: Lesguerres modernes se gagnent sur le front de l'arrière : maisqui se bat à l'arrière si ce n'est l'armée des prolétaires, dontl'organisation a le moins été détruite par la mobilisation sidu moins s'y fait sentir l'influence du parti révolutionnaire 7

Les souffrances de la guerre, les efforts exigés par laguerre, reposent principalement sur le prolétariat, et ce nonseulement sur le champ de batail1e mais aussi à l'usine. Làest le deuxième talon d"Achille des armées -modernes. Oncomprend d'ailleurs le rôle que jouent l'opportunisme et lesmachines syndicales qu'il contrôle en cas de guerre. Déjàdans la première guerre, ce sont les syndicats qui assuraientla paix dans les usines pour l'effort de guerre. Aussi enrésulte-t-il pour les révolutionnaires l'exigence d'une propa-gande vraiment sérieuse contre le chauvinisme et contre lesguerres impérialistes qui se cachent sous le drapeau de ladétense nationale, de la défense de la liberté et autres fre--daines.

Ce caractère des guerres modernes est aussi tellementconnu de la bourqeolsie qu'elle est conduite à mettre enplace des réseaux de communication et de transport parallè-les entièrement contrôlés par l'armée, qui retardent sa désor-ganisation mais ne peuvent la mettre complètement à l'abricar eux aussi fonctionnent avec des hommes vivants qui peu-vent sentir qu'ils appartiennent à une classe donnée, pourvuque la force qui se constitue en face de la bourgeoisie soitdéterminée à vaincre au prix de tous les sacrifices.

C'est pour cela, encore une fois, qu'est indispensable leParti.

R PROGRAMA COMUNISTA NO 22(Die. de 1976)

Desde el Libano hasta Sudâfrica pasando por Europa:Las consecuenclas extremas y devastadorasde la contrarevoluci6n stalinlana

Las Tesls de fa Izqulerda:Introduccl6nEl curso hist6rlco dei movlmlento de c1ase deiproletariado. ,Guerras y crlsis oportunistas

Propledad y Capital- Elementos de critica politlca y de apreclacl6n hi ..

t6rica de la Junta de Coordlnacl6n Revolucionarla la-tinoamerlcana.

(suite de la page 3)

cantilisme, le capitalisme, dont le déve-loppement fera éclater cette économie

Anatomie de laRegardons donc de plus près la struc-

ture agricole, base de la société chinoiseactuelle en marche vers le plein capita-lisme. Le paysan chinois consomme surplace presque tout ce qu'il produit etfournit gratuitement à l'Etat une bonnepartie de sa force de travail. Lié à la terre(il ne peut se déplacer, même pour allerà l'école, que par décision des autoritésde l'Etat !), il est encadré dans unsystème rigide qui exclut un des princi-paux résultats de la révolution bourgeoi-se : la liberté, liberté de rompre le joug dela terre, de pouvoir vendre sa force detravail au capital. L'horizon le plus largeque la société lui offre est la brigade detravail.

L'unité de base de la production agri-cole est la famille. Plusieurs familles for-ment une équipe; plusieurs équipes, unebrigade (qui, en général, correspond auvillage). Plusieurs villages forment unecommune; plusieurs communes, une pro-vince. Chaque paysan adulte et les deuxpremiers enfants du chef de famille re-çoivent, en moyenne, 1/150 d'hectare. 5 à7 % des terres disponibles sont ainsi dis-tribués aux familles, qui en tirent unepartie de ce dont elles ont besoin pourvivre et pour nourrir leur bétail (qui estleur propriété individuelle). Toute per-sonne valide fournit en moyenne à lacommune 250 jours par an (contre 120en 1930) de travail rétribué selon un sys-tème de « points de travail» par lesquelson comptabilise l'activité de chaque pay-san et dont dépend le « revenu » distribuéfamille par famille. Le revenu brut de lacommune-type chinoise est divisé ainsi :52 % à chaque paysan selon les points de

..travail; 30 % pour la recherche et l'ex-périmentation; 11 % au fonds de réinves-tissement; 3 % pour le fonds des mèreset des vieux; et seulement 4 % pour l'Etat(les communautés agricoles consommentdonc 96 % de ce qu'elles produisent).

Les 30 % pour la recherche méritentune explication. Rappelons tout d'abordque la formation de capital dans cepays agricole assez isolé du marché mon-dial a lieu à la campagne, sur la basede la petite et moyenne propriété paysan-ne, de la production parcellaire, à tra-vers l'épargne et l'investissement à longterme. Le décollage du capitalisme enChine exige donc la production d'un sur-

constituée d'îlots disséminés et isolés deproduction familiale et locale, aveccomme conséquence de profonds boule-versements dans toute la société.

campagne chinoiseplus agricole, c'est-à-dire qu'on ne pro-duise plus seulement pour l'alimentation.Or cela suppose un formidable déve-loppement de la productivité de l'agri-culture, qui doit déjà résoudre le terribleproblème de nourrir une population quiaugmente au rythme de 18millions d'âmespar an, ce qui demande 5 millions detonnes de céréales en plus chaque an-née (2).

Ces 30 % représentent donc l'énormeeffort pour dépasser l'agriculture de sub-sistance. Si le revenu destiné à la re-cherche soustrait à l'accumulation unepartie importante du capital, il est néan-moins une forme d'épargne, d'investisse-ment potentiel. Destiné à la productionpour l'amélioration des cultures, il en-traîne aujourd'hui la hon-utilisation d'unequantité importante de terres, de se-mences, de techniciens agricoles, mais ildonnera des fruits à moyen terme. Eten effet, grâce à l'amélioration génétiquedes céréales non consommées, les sta-tions expérimentales agricoles financéespar les fameux 30 % ont permis actuelle-ment le développement d'un secteur « mo-derne » représentant 20 % de l'agricul-ture chinoise et contribuant à 40 % del'augmentation de la production totale (3).

Production conditionnée par les inves-tissements; investissements condition-

nés par l'épargne; épargne conditionnéepar la consommation; consommationconditionnée par le revenu : voilà le cer-cle de l'économie chinoise. Un cercle en-tièrement capitaliste, un capitalisme jeu-ne ayant encore un long chemin à faireet, donc, aux taux de croissance élevés. Dece «communisme» du besoin, qui n'est enréalité qu'un effort tendu vers le pleincapitalisme, les jours sont comptés, et onentrevoit déjà les signes précurseurs desa fin.

Dans nos études de parti nous avonsmontré que les réformes annoncées àgrand fracas après la création de la Ré-publique populaire ne prévoyaient uneplus grande concentration de l'agricul-ture que sur la base de la productionparcellaire, des « intérêts» du paysan par-cellaire et de 1'«aide» de l'Etat à celui-ci.Dès qu'on a voulu dépasser ces limites,on a eu comme résultat une catastrophesociale d'une ampleur comparable à cellequi a suivi la fausse collectivisation sta-linienne en Russie. La « révolution agrai-re » en Chine s'est réduite, jusqu'à pré-sent, à une difficile accumulation ducapital à la campagne à travers la pre-mière phase classique de développementde l'agriculture capitaliste - celle del'instauration de .la propriété paysanne- comme prélude à un processus d'expro-priation et de concentration sous la pous-sée des forces productives bourgeoises etd'une économie de marché grandissan-te. Ce processus, lent et plein d'obstacles,commence à peine, comme nous l'illustre-rons dans le prochain volet de cet article.

(à suivre)

(2) De 1957 à 1975 l'augmentation de laproduction céréalière a été en moyenne de5,3 millions tian, c'est-à-dire qu'elle a été àpeine supérieure au seuil de l'agriculture desubsistance.

(3) En plus de ce rôle dans l'économie, lesstations expérimentaâes agricoles sont aussiun facteur politique de première importance.En effet, elles représentent des ramificationsdu pouvoir central, qui donne des di-rectives uniques, réglant d'en haut 'la produc-tion selon un schéma qui n'a rien à voiravec la planification dans une société capita-liste développée (moins encore avec la plani-fication socialiste !), mais qui tient plutôtdu schéma impérial asiatique, transformécertes au 'long de l'évolution sociale depuisI'écroulement du Céleste Empire, un schémaqui sera nécessairement brisé par le déve-Ioppement des rapports capitalistes. Ces sta-tions agissent au niveau de la provinceet ont pour tâche de faire adopter dans 'lescampagnes les nouvelles techniques, les nou-velles semences, afin de briser la tradition

müiénarre et de rapprocher 'le paysan chinoisde l'agriculture moderne. Le personnel de cesstations et les admmistrateurs des com-munes sont les seuls travailleurs dépendantdirectement de l'Etat central, les seuls « rene-

. tionnaires nationaux », et les deux corpsagissent parallèlement. Jadis le contrôle cen-'tral s'arrêtait au niveau provmciaâ, relevant dela compétence des magistrats hsien, qui cons-tituaient l'échelon le plus bas de la hiérar-chie impériale. Aujourd'hui, si les organis-mes liés directement à l'Etat central ontaussi une compétence provinciale, comme'les stations expérimentales, le système vacependant plus en profondeur : H se pro-longe de la province à la commune, de la'commune à la brigade et de celle-ci à l'équipe.Le système de calcul des points de travail in-dividuels rend chef d'équipe celui qui a leplus de points; le contact entre les échelonsde la hiérarchie est très étroit grâce à l'uti-lisation intensive du mécanisme démocra-tique : le résultat en est un contrôle beau-coup plus serré de l'Etat central, un contrôleauquel aucune cellule du système n'échappe.

Devant la répression dans les casernes(suite de la page 4)

que l'opportunisme réagisse contre lesquelques «égarements» de sa base etretrouve son terrain de lutte naturel,celui de la défense inconditionnelle etabsolue ... du militarisme bourgeois et desa hiérarchie /

Il n'hésite pas à dissoudre tJ L et VD,ni même à donner l'ordre à ses mili-tants dans les casernes de dénoncerles membres des comités à' la hiérarchie(comme c'est le cas d'une section PS /)

Face à cet alignement total des partis« ouvriers» (sic l ) sur la politique bour-geoise, conséquence inévitable de cin-quante ans de collaboration de classeset de politique social-impérialiste, lemouvement d'appui à la lutte des soldatsanimé par les organisations d' « extrême-gauche» s'est littéralement désintégré,empêtré dans les illusions qu'il avait lui-même perpétrées sur la possibilité d'uti-liser des vieux appareils opportunistespour la lutte de classe.

Les CDA et CAM sont passés du sou-tien (modéré /) aux comités au soutiendes ... objecteurs de conscience avant dedisparaître totalement du terrain de lalutte en pleine période de répression,démontrant encore une fois l'incapacitécongénitale du centrisme à mener mêmela lutte immédiate. Ces gens-là aurontdemain des comptes à rendre à la classeouvrière /

Solidarité de classe avec lesprolétaires sous l'uniforme

La brochure: 2 F

C'est dans cette situation catastrophi-que que les comités de soldats, sous l'in-fluence de ces forces équivoques, opèrentdes reculades dangereuses pour se con-cilier les grâces de l'opportunisme. Laplate-forme de la Base Aérienne de Tourspubliée dans Lutte Anti-Militariste et Ré-volution!, revendique le soutien des lut-tes immédiates... des sous-officiers etofficiers / Tout ceci au milieu de reven-dications d'un révolutionnarisme depacotille (la disparition des TPFA et dela SM entre autres présentées commedes revendications immédiates / ) voirecarrément réactionnaires (la lutte contrela militarisation de la société: entendezde la recherche, de la... musique /)

De telles plate-formes qui se situentsur le terrain de la « démocratie en gé-néral» et embrouillent toutes les ques-tions de la lutte de classe, en tentantde faire croire au prolétariat que d'au-tres forces peuvent lutter à sa place (etaujourd'hui on trouve dans celles-ci toutle marais informe et puant de la petitebourgeoisie, depuis les avocats « libé-raux» jusqu'aux officiers progressistes l)ne peuvent qu'amener un affaiblisse-ment encore plus grand des comités etpermettre une répression plus aisée dela hiérarchie.

Face à la répression bourgeoise contreleurs frères des casernes, les prolétairesdoivent retrouver le terrain de l'antimi-litarisme de classe en tissant peu à peu,en préférant l'efficacité au tapage, desliens par-dessus les grilles des usines etdes casernes, en se plaçant virilementsur le terrain que leur impose la bour-geoisie, celui de la lutte de classe.

Solidarité totale et inconditionnelleavec tous les soldats emprisonnés!

! Tout est à vendre1 (suite de la page 2)1

ses projets militaires », Mais là, nousn'avons guère plus d'espoir: en effetl'Iran qui a acheté aux USA entre 1972et 1975 près de 12 milliards de dollars({vient de passer de nouvelles comman-des, toujours aux USA [aïe !], pour unmontant de 15 milliards de dollars. Làse trouvent les marchés fabuleux [!!!].Mais il semble bien [malheureusement]que ce soit une chasse gardée améri-caine »,

Le tableau n'est pas si sombre répondle gouvernement: « comme l'annonceavec satisfaction l'entourage de Micheld'Ornano, ministre de l'industrie: « Nousaurons entre 8 et 10 % du marché ira-nien d'ici à cinq ans» (L'V sine nouvelle,14-10-76). Il est vrai que « la Grande-Bretagne exporte en Iran deux fois plusque nous, le Japon quatre fois plus,l'Allemagne Fédérale et les Etats-Uniscinq fois plus », Mais malgré ce handicap({l'Iran est devenu en quelques annéesle premier client de la France au Moyen-Orient, bien devant l'Egypte, [et] nousréalisons ici des ventes supérieures àcelles effectuées par nous au Japon, auBrésil, en Afrique du Sud, au Nigéria »,Grâce à ({une stratégie payante» baséesur la vente de gros contrats, « nous»avons réussi la performance d'arracher({un portefeuille d'affaires bien enga-gées de 60 milliards de francs dont 29 mil-liards à conclure immédiatement» (soit,« un trimestre des exportations totalesde la France! ») dont « l'effet d'entraîne-ment sur le tissu industriel français estinestimable »,

Nul doute que le PSU et le peF l'ontfinalement compris ainsi. Ces partis« ouvriers» sont toujours à vendre - etils font même des rabais. Faites vosenchères, Messieurs!

Souscriptiongénérale

Listes nOS10 et 11

Souscription pour la presse internatio-nale, 1.741,28; sympathisants, 52; Paris,oct., 1.239,70; Wanda, 73; Ray., 10; V. etP., 40; M., pour le journal, 800; Lille, nov.,50; Angers, 54,50; Grenoble, 24,50; Tou-louse, 170; Marseille, 234; Paris, nov.1.882,45; Strasbourg (10-11-12), 761; Lau.,416; Sous. B" 465,23; Réunion publiqueParis, nov., 318,50; Soutien, Maubeuge,11,50; S. Sizun, 128; Autun, soutien, 22,50 ;Soutien, Vald., 10; Montpellier, 24; sous-cription exceptionnelle, 1.802,94.

Total listes 10 et IlTotal précédent ,,'

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Total général 66.493,99

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SOMMAIRE DU N° 22 (4 décembre 1976)

de

ilprogramma comunlsla- Una economia piu ' accentrata, dispo-

tica e aguzzina.- Contro l'ignobile pateracchio padro-

nato-governo-sindacati.- La forbice fra occupazione e produtti-

vitta'.- Lotte operaie e nostri interventi.- Il coIcos russo, pilastro di conserva-

zione.- La borghesia cilena in ambasce.- La riforma sindacaIe in Spagna.- L'Internazionale degli sbirri.. e quella

dei galantuomini.- Cunhal si aggiorna .- Quadrante. '- Terrorismo e lotta di classe,- Filosofia deI «duro}).

Permanencesdu Parti

EN BELGIQUE• A Bruxelles : le dimanche 9 janvier de 10 à12 heures, local de l'ASBL-Club, .. Rencontres au53 -. 53, avenue de la Couronne, 1050 - Bruxelles.EN FRANCE• A Aix-en-Provence, une fois par mois, le mer-credi de 14 à 16 heures, soit le 15 janvier et9 février, stand à la Faculté de Lettres, GrandHall,• A Angers : vente tous les samedis de 11 h à12 h , au Grand marché, place Leclerc.• A Lille : les dimanches 19 décembre, et 2 et16 janvier, de 10 à 12 h, 27, rue Adolphe,• A Lyon : le samedi 8 janvier, et en général lepremier samedi de chaque mois, de 17 h à 18 h,brasserie de l'Etoile, 1, cours Gambetta.• A Marseille : la permanence est provisoirementfermée. Pour prendre contact, écrivez à F. Gam-bini, B.P, 266 - 13211 Marseille Cédex 1.• A Mulhouse : le premier samedi de chaquemois, de 15 h à 17 h , Klapperstel 68, 4, rue Gu-tenberg.• A Paris: 20, rue Jean Bouton (12e). Le samedi,de 16 h à 19 h, et le dimanche, de 10 h à 12 h(escalier métallique au fond de la cour à gauche),métro Gare de Lyon,• A Strasbourg : le samedi de 14 h à 16 h, 7,rue des Couples, porte vitrée à droite (près de laplace du Corbeau),• A Toulouse : vente tous les dimanches de 11 hà 12 h au marché Saint-Sernin,EN SUISSE• A Lausanne: tous les mercredis de 18 h à 20 hainsi que les samedis t er et 15 janvier, ainsi qu'engénéral tous les premier et troisième samedis dechaque mois, de 10 à 12 h , 32, rue Pré-du-Marché,1er étage à droite "Atelier".

Correspondancepour la SuisseB.P. 85 Montcholsy

LAUSANNE 19

directeur-gérantF. GAMBINI

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distribué par les NMPP

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