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L ES MALADIES GÉNÉTIQUES EN ÉLEVAGE FÉLIN avec une femelle B par exemple) voire de réaliser des mariages à risques (mâle A avec une femelle de groupe B). Dans ce dernier cas, il est impératif de grouper les chatons sous la mère (à par- tir du sang du cordon) et de ne les met- tre à la mamelle que s’ils sont de groupe B. La séparation doit être de minimum 24 à 36 heures même si certaines expé- riences pratiques ont parfois réussi à diminuer ce délai… Dans cet intervalle, les chatons doivent être nourris avec un lait maternisé ou peuvent être adoptés par une femelle de groupe A. Si aucune femelle de groupe A n’est disponible, il est nécessaire de fournir un substitut colostral (colostrum prélevé sur une femelle A congelé et décongelé au bain-marie, lait d’une chatte de groupe A, sérum d’un individu de groupe A testé FIV / FeLV bien entendu !). Le substitut à partir de colostrum d’une autre espèce est décrit, mais en aucun cas, il ne peut conférer une protection spécifique vis-à-vis des agents infectieux du chat. Pour seul exemple, une étude a montré que les anticorps du cheval ne pouvaient interagir avec le système immunitaire du chaton pour lutter contre les infections. La maladie hémolytique néonatale n’est pas une particularité de l’espèce féline, elle est décrite dans d’autres espèces. Chez le chat, elle présente la particularité de pouvoir survenir dès la première gestation. Sa non-gestion peut être dramatique au sein d’un élevage… Prévenir vaut mieux que ne pas guérir Si le groupe B est peu présent au sein d’une race ou d’une lignée, les femelles de groupe B peuvent être écartées de la reproduction. Toutefois, attention à ne pas aller trop vite dans la sélection, cela pourrait entraîner une perte génétique qui risquerait de faire resurgir une affection héréditaire par exemple, voire d’être fatale à la race toute entière. Dans le cas où le groupe B est présent de façon importante, il est nécessaire de réaliser des mariages raisonnés (mâle B avec une femelle A par exemple, mâle B LES CAHIERS DU CLUB FÉLINOTECHNIQUE ROYAL CANIN - BP4 - 30470 AIMARGUES Directeur de la publication : Patrick Pailhas. Ont participé à ce numéro : Maud Henaff (UMES), Marie Abitbol, Guillaume Queney, Grégory Casseleux, Bruno Soriano, Nathalie Bourguet. La génétique en élevage Félin LES CAHIERS n°26 Fév. 2008 du ECRIVEZ NOUS... Photo couverture : © Y.Lanceau © Alexandr Shebanov - Fotolia

en élevage Félin - norvegien.com.free.frnorvegien.com.free.fr/genetique/La_lettre_du_club_felinotechnique... · d’une race ou d’une lignée, les femelles de groupe B peuvent

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L E S M A L A D I E S G É N É T I Q U E S E N É L E V A G E F É L I N

avec une femelle B par exemple) voire deréaliser des mariages à risques (mâle Aavec une femelle de groupe B).

Dans ce dernier cas, il est impératif degrouper les chatons sous la mère (à par-tir du sang du cordon) et de ne les met-tre à la mamelle que s’ils sont de groupeB. La séparation doit être de minimum 24à 36 heures même si certaines expé-riences pratiques ont parfois réussi àdiminuer ce délai…

Dans cet intervalle, les chatons doiventêtre nourris avec un lait maternisé oupeuvent être adoptés par une femelle degroupe A. Si aucune femelle de groupe An’est disponible, il est nécessaire de fournirun substitut colostral (colostrum prélevésur une femelle A congelé et décongelé

au bain-marie, lait d’une chatte de groupeA, sérum d’un individu de groupe A testéFIV / FeLV bien entendu !).

Le substitut à partir de colostrum d’uneautre espèce est décrit, mais en aucuncas, il ne peut conférer une protectionspécifique vis-à-vis des agents infectieuxdu chat. Pour seul exemple, une étude amontré que les anticorps du cheval nepouvaient interagir avec le systèmeimmunitaire du chaton pour lutter contreles infections.

La maladie hémolytique néonatale n’estpas une particularité de l’espèce féline,elle est décrite dans d’autres espèces.Chez le chat, elle présente la particularitéde pouvoir survenir dès la première gestation.Sa non-gestion peut être dramatique ausein d’un élevage…

Prévenir vaut mieux que ne pas guérir

Si le groupe B est peu présent au seind’une race ou d’une lignée, les femellesde groupe B peuvent être écartées de lareproduction.

Toutefois, attention à ne pas aller tropvite dans la sélection, cela pourrait entraînerune perte génétique qui risquerait defaire resurgir une affection héréditaire parexemple, voire d’être fatale à la racetoute entière.

Dans le cas où le groupe B est présent defaçon importante, il est nécessaire deréaliser des mariages raisonnés (mâle Bavec une femelle A par exemple, mâle B

LES CAHIERS DU CLUB FÉLINOTECHNIQUE ROYAL CANIN - BP4 - 30470 AIMARGUESDirecteur de la publication : Patrick Pailhas.Ont participé à ce numéro : Maud Henaff (UMES), Marie Abitbol, Guillaume Queney, Grégory Casseleux, Bruno Soriano, Nathalie Bourguet.

La génétiqueen élevage Félin

L E S C A H I E R S

n°26Fév. 2008

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LA G É N É T I Q U E E N É L E VAG E F É L I N, CO M M E N T Ç A M A R C H E ?

En tant qu’éleveur de chats, si vous êtes d’abord passionné, vous restez avant tout un sélectionneur.Des connaissances minimales en génétique sont nécessaires afin de pouvoir atteindre son objectif desélection. S’il fallait marier un champion avec une championne pour avoir de petits champions, l’élevageperdrait alors une partie de son mystère qui rend cette passion si particulière.

Avant d’aborder des sujets plus techniques, il est nécessaire de repartir des bases fondamentales etde définir surtout le vocabulaire qui prend toute son importance lorsqu’on aborde la génétique.

2008, sera la 10ème année de parution de votre magazine.Nous profitons de cet anniversaire pour vous proposer lanouvelle formule des Cahiers du Club Félinotechnique.Nous avons souhaité le faire évoluer, pour répondre encoremieux à vos attentes.

Dorénavant, nous traiterons dans chaque numéro desCahiers du Club Félinotechnique, une seule thématique dansson ensemble, au travers d’explications simples accompagnéesd'articles techniques. Cette présentation, permettra de poserles bases de la thématique et d'en expliquer le sujet enrépondant à des questions que vous seriez amenés à vousposer et en traitant des nouvelles connaissances.

Nous commençons cette nouvelle formule par «La Génétiqueen élevage félin», base de votre passion d’éleveur et sourcede mystères et de progrès permanent.

L’équipe de rédaction vous souhaite une excellente année etbeaucoup de plaisir à la lecture de cette nouvelle formule devos Cahiers du Club Félinotechnique.

Patr ick PA ILHAS

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Le livre de la vieDans chaque cellule de votre chat, onretrouve le matériel génétique (génome)sous forme de 19 paires de chromosomes :- 18 paires de chromosomes autosomes ;- 1 paire de chromosomes sexuels : XXchez les femelles, XY chez les mâles.

Extrait du Guide Pratique de l’ElevageFélin :

« On peut imaginer le génome duchat comme une encyclopédie en 19volumes, les chromosomes. Cesvolumes contiennent 20 à 25 000chapitres, les gènes, qui fournissentles modèles pour créer les subs-tances chimiques biologiques néces-saires pour créer et maintenir lecorps d’un chat. Les chapitres sontécrits avec des mots constitués cha-cun de trois lettres, les codons. Lechoix des lettres est lui-même réduit :il n’en existe que 4 ! Ce sont en réa-lité les quatre nucléotides qui s’ali-gnent pour former la moléculed’acide désoxyribonucléique ouADN. »

Lors de la formation des gamètes (sper-matozoïdes chez le mâle et ovule chez lafemelle), le matériel génétique desparents va se diviser en deux. Ainsi,chaque spermatozoïde ou chaque ovulene va contenir que 19 chromosomes etnon 19 paires de chromosomes.Après la fécondation, la cellule œuf (c’est-à-dire la cellule originelle qui aboutira

au jeune chaton après division et différen-ciation) va résulter de la fusion des deuxgamètes et on retrouve alors nos 19paires de chromosomes comme chez lesparents (19 chromosomes d’originepaternelle et 19 d’origine maternelle).

Ces deux phénomènes : gamétogenèse(formation des gamètes) et fécondation(réunion des gamètes) vont induire unhasard tel que tous les chats de la planètepeuvent être considérés comme diffé-rents génétiquement !

Tant qu’il y a du gène…Pour un gène donné, il existe plusieursversions qu’on appelle allèle. Ainsi, un cha-ton aura, pour un gène donné, reçu unallèle de son père et un allèle de sa mère.

Bases de génétiqueet vocabulaire

De façon encore plus générale, on peutmême affirmer que le chaton, quel quesoit son sexe, aura reçu 50% de matérielgénétique de sa mère et 50% de sonpère.

Dans le cadre des caractères qualitatifs,les 2 allèles (prenons l’exemple du caractèreagouti ou solide) vont interférer ensemblepour s’exprimer ou non et donner ceque les généticiens appellent un phénotype.

Les différentes interactions se nomment :- dominance : on parle d’allèle dominant,lorsque ce dernier s’exprime quelle quesoit la copie de l’autre allèle présentedans la cellule. Ils sont souvent désignésen majuscules (A, E, I…).

- récessivité : les allèles récessifs ont besoind’être présents sur les deux chromosomespour pouvoir s’exprimer. Ils sont souventexprimés en minuscules (a, e, i…).

- codominance : avec certains gènes, laprésence de deux allèles différents peutse traduire par une expression partielled’un trait (dominance incomplète) ouune expression intermédiaire du trait(dominance intermédiaire). Dans ce der-nier cas, les allèles sont aussi “forts” l’unque l’autre et s’exprimeront tous lesdeux.

Prenons un exemple simple et concret :le gène codant pour la longueur dupelage. C’est ce gène qui va déterminerla variété de l’individu comme par exem-ple pour les Persans/Exotic Shorthair,Abyssins/Somalis…

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La génétique en élevage félin,comment ça marche ?

Bases de génétique et vocabulaire

Comment définit-on une race ?

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Qu’est-ce que la génétique apportedans la sélection des races ?

A quoi sert l’identification génétique ?

Avoir recours au test de filiation

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Les maladies génétiques en élevage félin

Les modes de transmission des maladies génétiques monogéniques

La gestion des maladies génétiques monogéniques

Maladie hémolytique du chaton nouveau-né

La génétiqueen élevage Félin

Les ovules et les spermatozoïdesne contiennent que 19 chromo-somes et non 19 paires de chromosomes

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LA G É N É T I Q U E E N É L E VAG E F É L I N, CO M M E N T Ç A M A R C H E ? LA G É N É T I Q U E E N É L E VAG E F É L I N, CO M M E N T Ç A M A R C H E ?

La race, point de vue du législateur

D’un point du vue législatif, il est très sim-ple de définir un chat de race. En effet, laloi du 06 janvier 1999, dite « loi sur leschiens dangereux », définit par l’article276-5 ces termes en indiquant : « Nepeuvent être dénommés comme chiensou chats appartenant à une race que leschiens ou les chats inscrits à un livregénéalogique reconnu par le ministre del'agriculture. » (En réalité, cet article est lacopie d’un décret de 1947 qui compre-nait les mêmes termes).

Le seul livre d’origine reconnu par leMinistère de l’agriculture est le LivreOfficiel des Origines Félines,depuis l’arrêté du 04 novembre 1996. End’autres termes, ne peuvent être dénom-més comme chats de race uniquementles chats possédant un pedigree L.O.O.F.

Le L.O.O.F. assure donc la gestion du chatde race par l’émission de plus 20 000pedigrees par an. Il a également pourautre rôle de promouvoir le chat de race,d’établir les standards…

Revenons par la même occasion surcette notion de standard. Le standard estun document qui décrit les critères défi-nissant l’individu idéal. Il comprend descaractéristiques morphologiques, detaille, de couleur et parfois des aptitudesnaturelles ou plutôt de comportementdésiré. Ainsi, certains défauts pourrontêtre pénalisés quelle que soit la race duchat : par exemple, un caractère exécra-ble, alors que d’autres défauts serontspécifiques à chacune des races.

morphologiques, d’aptitude au travail…pouvant être plus ou moins influencéspar l’environnement.

Cet ensemble d’individus constitue uneentité distincte des autres populations.Cette notion de race n’est pas figée dansle temps mais est une entité dynamiquepouvant évoluer selon la pression desélection qu’exerce l’Homme sur cettepopulation. Cette pression de sélectionpeut être motivée par divers facteurs,goût personnel pour un certain type parexemple.

La notion de «race pure» est une notionsouvent rejetée par les spécialistes. Eneffet, l’objectif d’une race n’est pas decontenir des individus génétiquement etphénotypiquement identiques (ce qui estl’apanage des lignées consanguines). La race doit être un compromis entreune certaine homogénéité et une variabilité. L’ensemble des individus qui constituent la race sont bien distinctsgénétiquement, loin d’être des clones !De plus, la majorité des races actuellesprovient de croisements entre des indivi-dus très éloignés morphologiquement etgénétiquement.

L’origine de la plupart des races est sou-vent méconnue. En réalité, la création desraces se fait souvent en plusieurs étapesopposant deux types de comportements :l’isolement géographique, la sélection parla main humaine et le croisement d’indi-vidus de races différentes. L’isolementgéographique et la sélection exercée parl’Homme ont tendance à créer des sous-populations différentes (génétiquementet par conséquent phénotypiquement).

La race, point de vue du zootechnicien

Dans la nature, les espèces non domesti-quées peuvent parfois présenter des dif-férences fortes selon les zones géogra-phiques. Par exemple, au sein de l’espèceféline, on distingue différentes sous-espèces ou « races géographiques »selon les régions. Ces différentes sous-espècessont inter-fécondes, c’est-à-dire qu’ellessont capables de se reproduire entreelles, même si elles présentent parfois desdifférences morphologiques importantes.

Ce phénomène était, sans aucun doute,déjà présent avant la domestication du chat.Et selon les régions, différentes sous-espèces ont été à l’origine de notre chatdomestique et ont participé aux diffé-rences morphologiques que l’on observeaujourd’hui chez le chat de race.

THERET définit la race comme unensemble d’individus appartenant à lamême espèce, caractérisé par un géno-type moyen particulier conduisant à unphénotype comprenant des caractères

mon chat ou quelle est la taille de monchat ? Ils sont déterminés par de multiplesmini-gènes qui interagissent avec l’envi-ronnement. Ils sont plus difficiles à pré-voir que les caractères qualitatifs.

Mais il est important d’indiquer que lamajorité des caractères sont quantitatifsdéterminés selon un mode totalementdifférents où plusieurs « mini-gènes »vont interagir ensemble et avec l’environ-nement pour aboutir au phénotype(Quelle sera la longueur du pelage demon chat ? Quelle sera l’intensité de lacouleur de la robe de mon chat ? Quellesera la taille de mon chat…).

Ces derniers caractères qui sont les plusnombreux sont plus difficiles à prévoir etc’est bien cela qui rend si passionnant lasélection et l’élevage du chat de race !

Par exemple, le phénotype morphologiqued’une race est résumé dans le standardde cette race. Pour les maladies hérédi-taires, on peut parler de phénotype SAINou MALADE…

ConclusionCe court chapitre résume le détermi-nisme des caractères qualitatifs, c’est-à-dire les caractères pour lesquels l’on peutrépondre à la question posée par oui ounon (Mon chat aura-t-il les poils longs ?Mon chat aura-t-il une couleur de robesolide…).

Ils sont définis par quelques gènes quipeuvent interagir ensemble. Ils sont assezfaciles à prévoir lorsque les modes detransmission sont identifiés. Les carac-tères quantitatifs sont des caractères quipeuvent se chiffrer. Par exemple, quelleest l’intensité de la couleur de la robe de

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Comment définit-onune race ?

Race, espèce, variété : voilà bien des termes qui sont parfois utilisés l’un pour l’autre alors qu’ils nedéfinissent pas du tout les mêmes populations…

Si le chat de race connaît un réel (et justifié) engouement de nos jours, poussé par la passion de tousceux qui gravitent autour de lui (éleveurs, possesseurs, exposants…), il convient avant tout de définirou plutôt d’étudier s’il est possible de définir ce qui correspond à ces trois mots : chat - de - race.

■ Grégory Casseleux - Docteur Vétérinaire - ROYAL CANIN - Gammes Professionnelles

Génotype Commentaire

LLL’individu ne possède que du matérielgénétique pour « faire » du poil court.Son phénotype sera donc « poils courts ».

On dit qu’il est homozygote pour l’allèle L.

Phénotype

llL’individu ne possède que du matérielgénétique pour « faire » du poil long.Son phénotype sera donc « poils longs ».

On dit qu’il est homozygote pour l’allèle l.

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L’individu possède une copie de chaqueallèle. Les allèles vont donc interagir selonleur mode (dominance, récessivité…).L’allèle L étant dominant par rapport àl’allèle l, le chat sera « poils courts ».

On peut dire également qu’il est porteurde l’allèle l ou hétérozygote.

Quel que soit le sexe du chaton, son patrimoine génétiquesera composé pour moitié de celui de sa mère et pourmoitié celui de son père

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Ce gène peut exister sous deux formes :

- l’allèle L codant pour le poil court(Exotic Shorthair par exemple) ;- l’allèle l codant pour le poil long(Persan, par exemple).

L’allèle L est dominant par rapport à l’al-lèle l. En conséquence, selon le génotypede l’individu, nous aurons ces résultats (cf.tableau).

Génotype, phénotype, et environnement…

L’ensemble des gènes présents sous diffé-rents allèles d’un individu est le génotype.Ce dernier va interagir avec l’environne-ment pour aboutir à la manifestationexterne (« ce que l’on voit »). Cettemanifestation externe est appelée le phénotype.

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LA G É N É T I Q U E E N É L E VAG E F É L I N, CO M M E N T Ç A M A R C H E ? QU’EST-CE QUE LA GÉNÉTIQUE APPORTE DANS LA SÉLECTION DES RACES ?

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■ Dr Maud Henaff, U.M.E.S.

Le croisement d’individus de races diffé-rentes sous pression de l’Homme a pourobjectif d’apporter de nouveaux caractèresau sein d’une race donnée.

Lorsque le croisement inter-racial est utilisé, il est possible de ne pas « créer »

sont des races à part entière. Sur le plande la rigueur scientifique, il faut se méfierde ce genre d’affirmation… même si certaines fédérations de la félinophiliegrâce à une population de reproducteursimportante, ont fait ce choix.

une race mais plutôt une variété. La variété correspond à une partie de lapopulation de la race qui se distingue parun caractère (poils longs/poils courts parexemple), comme on le rencontre au seinde l’élevage de chats de race. On entend parfois dire que ces variétés

Qu’est-ce que l’identification génétique ?

DéfinitionL’identification génétique est en fait unecarte d’identité du chat, établie à partirde son génome.

Bien entendu, techniquement il n’est paspossible d’établir en routine le génomeentier de chaque chat ; heureusement, il existe, tout au long du génome du chat, des repères que l’on nomme des « marqueurs microsatellites ». Pour un marqueur, il existe plusieurs versionspossibles.

La combinaison de tous les marqueursest une empreinte spécifique du génomede chaque chat. Le laboratoire effectuedonc une recherche et une identificationde ces marqueurs, afin d’établir ce que l’onappelle une « identification génétique »,c’est-à-dire une combinaison des marqueurs pour un chat donné.

Valorisation de l’élevageFaire identifier ses reproducteurs, et doncrendre possible les tests de filiation, est ungage de qualité pour l’éleveur, qui peutainsi garantir l’origine génétique de seschatons.

Les reproducteurs identifiés génétiquementpossèdent donc une plus-value non négligeable dans un milieu où malheureu-sement la fraude existe, et où les sailliessont parfois inattendues et non détectées.

Reconnaissance en cas de volCertains chats volés sont retrouvés, maisils ont souvent subi une altération deleurs moyens d’identification (tatouageou puce), ce qui enlève au propriétairetout moyen de prouver que le chat enquestion est effectivement son chat.

Leur identification génétique ne pourraen revanche jamais être falsifiée, et le pro-priétaire qui aura fait réaliser au préalablel’identification génétique de son animalpourra le récupérer.

Choisir un chat à partir de son pedigreeIl est à l’heure actuelle assez délicat dechoisir un chat à partir de son pedigree,tant on peut être méfiant à l’égard de lavéracité de la filiation déclarée.

Acquérir un chat identifié génétiquementet dont les ascendants sont identifiésgénétiquement est le seul moyen de s’as-surer que le patrimoine génétique duchat est bien celui auquel on s’attend (aumoins pour les générations identifiéesgénétiquement !).

RéalisationL’identification génétique se fait à partird’un prélèvement contenant des cellulesqui possèdent de l’ADN. On peut doncfaire identifier son chat à partir d’un pré-lèvement sanguin ou d’un prélèvementde cellules, par exemple de cellules de lamuqueuse buccale : des cellules sont récupérées en frottantun écouvillon dans la bouche du chatcontre la paroi de sa joue. Le prélève-ment doit être authentifié pour garantir lacorrespondance entre le chat et sonidentification génétique, sinon cette der-nière n’a plus aucune valeur.

Quels sont les buts del’identification génétique ?

L’identification génétique est unique :chaque chat possédant son propre patri-moine génétique, il est statistiquementquasi impossible que deux chats aient lamême identification génétique (sauf dansles cas de vrais jumeaux, qui restent raresdans l’espèce féline).

Cette identification génétique est infalsi-fiable : contrairement à la puce ou autatouage qui peuvent faire l’objet defraude par des individus peu scrupuleux,le patrimoine génétique d’un individu nepeut pas être modifié.

Le but principal de l’identification géné-tique est la possibilité de réaliser des tests de filiation (voir article page 8). Enoutre, l’identification génétique présented’autres avantages.

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A quoi sert l’identificationgénétique ?

Depuis quelques années, nous avons vu apparaître dans les carnets de santé de nos chats de mysté-rieuses cartes plastifiées « d’identification génétique ». Cette nouveauté dans le monde de l’élevagea été une vraie révolution, permise par les découvertes récentes en génétique féline et le travail deplusieurs laboratoires qui proposent ce service aux éleveurs.

En conclusion, on constate que derrière le terme de « race », se cachent en réalité des processuscomplexes qui ont permis d’aboutir à la grande diversité que présente le chat de race. Notons toutde même que l’hétérogénéité de la population constituant une race est fondamentale à sa survie. Eneffet, l’absence de diversité génétique par une pression de sélection non raisonnée constitue un réeldanger à plus ou moins long terme.

Et, si nous avons introduit ces quelques lignes en notant l’engouement partagé autour du chat derace, notons en conclusion qu’aujourd’hui le nombre restreint de reproducteurs au sein de certainesraces doit être pris en considération afin de ne pas tendre à une pauvreté génétique qui pourrait êtrefatale à certaines lignées voire à certaines races !

L E S C A H I E R S

■ Dr Maud Henaff, Docteur Vétérinaire, U.M.E.S.

L E S M A L A D I E S G É N É T I Q U E S E N É L E V A G E F É L I NQU’EST-CE QUE LA GÉNÉTIQUE APPORTE DANS LA SÉLECTION DES RACES ?

En quoi consiste un test de filiation ?

Le test de filiation consiste à vérifiergénétiquement que le génome (c’est-à-dire le patrimoine génétique) d’un cha-ton est compatible avec celui de sesparents déclarés.

Pour effectuer un test de filiation, il fautau préalable identifier génétiquement lamère, le père et le chaton, c’est-à-direétablir leurs trois empreintes génétiques.L’empreinte génétique est une combinai-son unique de marqueurs génétiquesreprésentatifs du patrimoine génétiquedu chat. Même des chats apparentés(parents/enfants, frères/sœurs) présententdes empreintes génétiques différentes.

L’empreinte génétique peut être codéesous forme de lettres (chaque couple delettres symbolisant les différentes formesd’un marqueur génétique). Ce codagepermet de comparer simplement lesempreintes génétiques et de vérifier faci-lement la compatibilité génétique entreles reproducteurs et la descendance.

Le test de filiation est-il fiable ?

Si tous les marqueurs génétiques sontcompatibles entre le chaton et sesparents, la parenté est confirmée avecune probabilité de 99%.

Cette fiabilité de 99% dépend du pouvoirde résolution des marqueurs génétiquesutilisés. Les marqueurs génétiques, actuel-lement utilisés en France et au sein denombreux laboratoires dans le monde,ont été validés depuis 2004 par laSociété Internationale pour la Génétique

pondance entre le chat et son empreintegénétique. Le prélèvement réalisé parfrottis buccal est facile à faire, rapide,indolore, aussi fiable qu’une prise de sanget se conserve à température ambiante.

L’ADN extrait au laboratoire à partir dechaque prélèvement permet d’établirl’empreinte génétique de la mère, du pèreet du chaton. Ces empreintes génétiquessont délivrées sous la forme d’une carted’identité génétique.

Sur demande du propriétaire du chatonet en accord avec les propriétaires desparents, le laboratoire effectue le test defiliation ou vérification de parenté et déli-vre un certificat de parenté qui confirmeou exclut la maternité et/ou la paternitédes reproducteurs déclarés. Le résultatdu test de filiation est transmis de façonconfidentielle au propriétaire du chaton.

Le test de filiation est-il obligatoire ?

Le test de filiation n’est pas obligatoire.Néanmoins, le Livre Officiel des OriginesFélines (LOOF) a défini en 2007, dans uncahier des charges en cours de validation,les règles pour qu’une empreinte génétiquesoit officiellement reconnue et intégréeau pedigree.

Tout éleveur volontaire pourra autoriserle laboratoire à transmettre l’empreintegénétique de son chat et les résultats devérification de parenté au LOOF. Deuxsigles présents sur le pedigree permettrontde savoir pour chaque chat s’il est identifiégénétiquement et si sa parenté est confirmée.

Animale (ISAG, International Society forAnimal Genetics). Actuellement, l’ISAGrecommande l’utilisation d’un panel de10 marqueurs génétiques pour toutes lesraces de chats. Ce panel, appelé ISAG2007, constitue le seul système d’identifi-cation génétique reconnu au niveauinternational.

Si un ou deux marqueurs génétiquessont incompatibles entre le chaton et sesparents, la parenté est également confir-mée avec une probabilité moins forte. Eneffet, une incompatibilité génétique auniveau d’un marqueur génétique peutêtre due à une mutation ou à une erreurde génotypage.

Un tel événement n’est donc pas lié àune fausse parenté. Ce type d’événementintervient rarement, mais pour évitertoute exclusion de parenté erronée (fauxnégatif), la plupart des laboratoires auniveau international considèrent désormaisqu’un ou deux marqueurs incompatibleslors d’une vérification de parenté ne suf-fisent pas à exclure une parenté.

Si trois marqueurs génétiques sontincompatibles entre le chaton et l’un deses parents, la parenté (maternité oupaternité) est exclue avec une probabilitéde 100%.

Comment réaliser un test de filiation ?

Le vétérinaire réalise un prélèvement surla mère, le père et le chaton par frottisbuccal ou par prise de sang. L’authentificationdu prélèvement par un vétérinaire estimpérative pour garantir la correspondanceentre le numéro d’identification de l’animal(puce, tatouage) et le numéro du prélè-vement, et pour garantir ainsi la corres-

Avoir recours au test de filiation

Le test de filiation permet la certification du pedigree d'un chatonc'est à dire que les reproducteurs de qualité déclarés sur le pedigreesont bien les géniteurs. Ce test permet à l'éleveur de donner desgaranties sur les chatons vendus, une démarche de qualité, de valorisationde ses meilleurs reproducteurs et de promotion du chat de race.

Depuis une dizaine d’années, la génétique moléculaire a considérablement évolué permettant la découvertede plus en plus fréquente de gènes impliqués dans des maladies génétiques. L’espèce féline bénéficie deces avancées et les laboratoires de génétique animale proposent chaque année de nouveaux tests pourle dépistage et la gestion des maladies génétiques du Chat. Il devient ainsi plus aisé de choisir ses reproducteurset gérer ses accouplements pour éviter de faire naître des chatons atteints ou porteurs sains de cesmaladies génétiques.

Cependant, pour de nombreuses maladies génétiques le gène n’a pas encore été identifié et leurconnaissance reste parcellaire. La gestion de ces maladies, au quotidien, en élevage, reste complexe.Nous allons donc aborder, dans un premier temps, la gestion des maladies génétiques pour lesquellesun test diagnostic moléculaire est disponible, avant de réfléchir aux possibilités qui s’offrent à l’éleveurpour la gestion des maladies génétiques non encore caractérisées d’un point de vue moléculaire. Mais tout d’abord un bref rappel sur les modes de transmission des maladies génétiques félines.

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■ Dr Guillaume QUENEY - Laboratoire ANTAGENE

malade), l’une transmise par son père,l’autre par sa mère.

Les deux parents, s’ils sont indemnes dela maladie, sont alors dits porteurs sainsou hétérozygotes. L’accouplement dedeux hétérozygotes produit en moyenne25% de descendants malades (homozygotesmutés), 50% de descendants porteurssains (hétérozygotes) et 25% de descendantsindemnes de la maladie et ne la trans-mettant pas (ils sont dits homozygotessains ou homozygotes sauvages).

Prenons un exemple : admettons que legène codant pour la maladie existe sousdeux formes S et m.

L’allèle S est responsable du phénotypeSAIN, l’allèle m lui est responsable duphénotype MALADE. A l’instar de ce quia été décrit dans le premier article de cesCahiers du Club Félinotechnique avec lecaractère poils longs / poils courts, les allèles S et m vont interagir. Or l’allèle SAIN S est dominant par rapport à l’allèle m.

La recherche des bases génétiques d’uneaffection héréditaire consiste d’abord àdéterminer le mode de transmission dela maladie.

On distingue les maladies génétiquesmonogéniques (dues à un seul gène) desmaladies génétiques multifactorielles oupolygéniques (dues à plusieurs gènes et àdes facteurs d’environnement).

Nous nous limiterons aux maladiesmonogéniques, les maladies multifacto-rielles étant extrêmement complexes àétudier. Chez le chat, on distingue lesmodes de transmission suivants :

Autosomique récessifMâles et femelles sont atteints dans lesmêmes proportions et le gène en causeest porté par un autosome (chromo-some autre que les chromosomessexuels X et Y).

Un individu malade possède deux copiesmutées (malades) du gène en cause (il est dit homozygote muté ou homozygote

Les modes de transmission des maladies génétiques monogéniques

Les maladies génétiquesen élevage félin

■ Dr. Marie Abitbol - Maître de Conférences en Génétique Médicale - Consultation de Génétique - Ecole Nationale Vétérinaire d’Alfort

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Dr Pascale Pibot – Dr Vétérinaire Centre de Recherche Royal Canin

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Ce mode de transmission peut paraîtresimple car tout individu porteur de lamutation est malade et peut transmettrela mutation et donc la maladie à sa des-cendance. Il n’existe, en théorie, aucunindividu porteur sain. La situation est enréalité plus complexe car fréquemment,dans le cas des maladies autosomiquesdominantes, on est confronté à un problème de pénétrance incomplète. Ce terme signifie qu’un individu hétéro-zygote, donc porteur de la mutation causale , peut ne pas exprimer les symptômes de la maladie , tout en latransmettant à sa descendance.

Récessif lié à l’XLes mâles sont beaucoup plus fréquem-ment atteints que les femelles. Le gène encause est porté par le chromosomesexuel X. Les mâles des mammifères nepossèdent qu’un seul chromosome X (ils sont XY) alors que les femelles enpossèdent deux (elles sont XX). Un mâlemalade possède donc un chromosome Xmuté qui lui a été transmis par sa mère,son père lui ayant transmis son Y. Ainsi cesont les femelles qui sont dites conductrices(ou porteuses saines) de la maladie.

L’accouplement d’une femelle conduc-trice (possédant un chromosome Xmuté (malade) et un chromosome Xnormal) avec un mâle sain donne enmoyenne 50% de mâles malades, 50% demâles indemnes, 50% de femellesindemnes mais conductrices et 50% defemelles indemnes non conductrices.Pour qu’une femelle soit malade, elle doitavoir hérité un chromosome X muté desa mère (qui est donc conductrice) et unchromosome X muté de son père (quiest donc malade). Ce type d’accouple-ment restant très peu fréquent, il est trèsrare d’observer des femelles maladesdans ce type de maladies.

Dominant lié à l’XCe mode de transmission est très rarechez les mammifères. Aucune maladieféline n’a encore été décrite avec cemode de transmission. Les femelles sontplus fréquemment atteintes que lesmâles. Le gène en cause est porté par lechromosome sexuel X. Un mâle maladepossède un chromosome X muté héritéde sa mère, qui est elle-même malade.

En effet, la mutation d’un seul des deuxchromosomes X suffit à déclencher lamaladie. Il n’existe pas de porteurs sains.Ainsi, une femelle malade accouplée à un

mâle sain transmet la maladie à 50% deses descendants mâles et 50% de sesdescendants femelles. Un mâle maladeaccouplé à une femelle saine transmet lamaladie à 100% de ses filles mais à aucunde ses fils. C’est pourquoi les femelles sontplus fréquemment atteintes que les mâles.

La gestion des maladiesgénétiques monogéniques

Gestion des maladies pour lesquellesil existe un test génétiqueUn test génétique peut être utilisé pourconfirmer un diagnostic clinique, chez unanimal présentant les symptômes de lamaladie.Il peut surtout être utilisé pour dépisterles individus porteurs sains dans le casdes maladies récessives ou les individushétérozygotes ne présentant pas desymptômes dans les maladies autoso-miques dominantes à pénétrance incom-plète ou encore chez un jeune chat neprésentant pas encore de symptômes,dans le cas des maladies à expression tardive.

Un test génétique permet de définir lestatut d’un animal, pour une mutationprécise, dans un gène donné, pour uneseule maladie. Il répond donc à une question très précise. Pour une maladiedonnée, le test ne permet de mettre enévidence que le variant défectueuxconnu du gène dans une ou plusieursraces bien précises.

D’autres formes de la même maladiepeuvent exister dans ces races ou dansd’autres, et être dues à d’autres gènesdéfectueux. Un test génétique ne détectepas non plus les autres maladies touchantle même organe et dont le chat pourraitêtre atteint ou porteur sain. Enfin, lestests génétiques ne s’appliquent pas auxmaladies acquises non héréditaires.

Ces précautions méthodologiques prises,les tests génétiques sont des outils formi-dables pour éviter la production d’individusatteints et porteurs sains, à l’échelle del’élevage et limiter la fréquence de lamutation dans la population concernée, àl’échelle de la race. Ils restent bien sûrcomplémentaires des tests de dépistageappelés « cliniques », comme l’échographierénale dans le cadre de la maladie polykystique rénale (PKD) ou l’échographiecardiaque pour la CardiomyopathieHypertrophique (CMH).

Cas des maladies autosomiques récessivesL’objectif à atteindre est double : il estimportant de ne pas produire d’individuspotentiellement malades (mm) mais aussid’éviter de produire des individus porteurssains m qui disséminent la mutation ausein de la race. Or seule la réalisationd’un test génétique permet de déterminerle statut des porteurs sains.

D’un point de vue général il est doncconseillé de ne faire reproduire que lesanimaux homozygotes sains, d’éviter sipossible de faire reproduire les hétérozygotes(Sm) et de proscrire la reproduction deshomozygotes mutés (mm).

Cependant, dans les races à faible effectifou pour lesquelles la fréquence des hété-rozygotes porteurs sains est élevée, il estenvisageable de mettre à la reproductiondes individus hétérozygotes, de façon àne pas détériorer le potentiel génétiquede la race en écartant trop d’individus dela reproduction.

Un hétérozygote de grande valeur pourla race pourra donc être accouplé à unindividu homozygote sain. Il naitra de cemariage, en moyenne, 50% d’individushomozygotes sains qui pourront être utiliséspour perpétuer la race et 50% d’individushétérozygotes qui devront être écartésde la reproduction. Il est donc impératifde faire tester génétiquement tous lesdescendants de cette union, de façon àpouvoir identifier les homozygotes sainset les hétérozygotes.

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Génotype

Ms

Ms

M

s

M

Ms

Ms

ss

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Commentaire

SSOn dit qu’il est homozygote pour l’allèle S.

Chat sain

Phénotype

Chat malade

mm On dit qu’il est homozygote pour l’allèle m.

Sm

L’individu possède une copie de chaqueallèle. Les allèles vont donc interagir selonleur mode (dominance, récessivité…).L’allèle S étant dominant par rapport àl’allèle m, le chat sera SAIN.

On peut dire également qu’il est porteursain puisqu’il transmet dans 50% descas cet allèle muté à sa descendance.

MMLes homozygotes mutantssont souvent non viables et se traduisent par desphénomènes de résorptionembr yonnaires ou de mortinatalité (expulsion dechatons morts nés)

Autosomique dominantDans ce mode de transmission, mâles etfemelles sont également atteints dans lesmêmes proportions et le gène en causeest porté par un autosome.

Un individu malade possède en généralune seule copie mutée du gène en cause(il est dit hétérozygote), transmise soitpar son père soit par sa mère. Dans certainscas, il peut exister des individus maladesqui soient porteurs de deux copiesmutées du gène (donc homozygotesmutés MM) mais ce cas de figure resterare. Ils sont généralement plus sévèrementmalades que les hétérozygotes.

Pour certaines maladies autosomiquesdominantes, ces homozygotes mutés MMsont si atteints qu’ils ne sont pas viableset meurent in utero. L’accouplement d’unindividu malade hétérozygote MS avec unindividu indemne SS (donc homozygote sain)donne en moyenne 50% de la descendancemalade (hétérozygotes) et 50% de la descendance indemne (homozygotes sains).

Prenons comme exemple, le croisement de deux individus hétérozygotes malades :

Selon le génotype des parents, il sera possible de prévoir le risque pour chaque chaton de présenter ou non la maladie, d’être porteur sain ou malade.

Certaines maladies peuvent être dépistées par échographie comme la PKD (maladie polykystique)

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Les maladies génétiques peuvent être dépistées parsur un écouvillonage oro-pharyngé lorsque le test estdisponible.

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Sm

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devront être écartés de la reproduction.Il est donc impératif de faire tester géné-tiquement tous les descendants de cetteunion.

Cas des maladies récessives liées à l’XLes femelles conductrices transmettent lamaladie mais n’en souffrent pas. Ellesreprésentent donc un danger pour leurdescendance. Il est impératif de faire testergénétiquement toutes les femelles del’élevage. De plus, dans le cas d’une maladied’apparition tardive, il est égalementimpératif de faire tester génétiquementtous les mâles, qui pourraient êtreatteints mais ne pas encore avoir déclaréles symptômes de la maladie.

Il est fortement déconseillé de mettre àla reproduction les femelles conductriceset les mâles atteints. Cependant, dans lecas d’individus exceptionnellement amé-liorateurs pour la race, il est envisageablede mettre à la reproduction un mâlemalade avec une femelle impérativementnon conductrice. Toutes les femelles néesde cette union devront être écartées dela reproduction car conductrices mais lesmâles pourront être conservés pour lareproduction. Il est en revanche très fortementdéconseillé de mettre à la reproductionune femelle conductrice car même enl’accouplant à un mâle sain elle engendreraen moyenne 50% de mâles malades et50% de femelles conductrices quidevront être écartées de la reproduction.

Gestion des maladies pour lesquellesil n’existe pas de test génétiqueFace à une nouvelle maladie apparaissantdans un élevage, on suspectera une causegénétique, uniquement lorsque toutes lescauses infectieuses et environnementalesauront été écartées.

- Si le caractère héréditaire de l’affectionsemble établi, il est nécessaire de mettreen évidence son mode de transmission.

- Si aucun mode de transmission mono-génique ne peut être confirmé, la maladieest probablement polygénique et sa gestionsera très complexe. De façon idéale, si lesreproducteurs ayant engendré des individusmalades ne sont pas indispensables auprogramme d’élevage, il est recommandéde les écarter de la reproduction.

- Dans le cas où un mode de transmission monogénique clair apu être établi, la gestion de l’affection dans l ’é levagedépend en grande partiedu mode de transmissionet d’éventuels testsdiagnostics cliniquesdisponibles (radio-graphie, dosage bio-chimique, hémato-logique…).

Le croisement entre un porteur sain(uniquemement s’il présente une hautevaleur génétique) et un individu sain nonporteur peut parfois s’avérer nécessairedans les races à faible effectif. Dans ce cas,50 % de la descendance sera porteusesaine (et pourra à son tour transmettrel’allèle m) et 50 % sera saine non porteuse.

Cas des maladies autosomiques dominantesDans le cas des maladies à pénétrancecomplète et à expression précoce, il estaisé d’écarter de la reproduction les individusporteurs du gène muté car ils exprimentles symptômes de la maladie. Cependant,dans le cas des maladies à pénétranceincomplète et/ou à expression tardive, laréalisation d’un test génétique chez tousles reproducteurs permet d’écarter lestransmetteurs de l’anomalie (hétérozygotesou beaucoup plus rarement homozygotesmutés).

Il est alors conseillé de ne faire reproduireque les animaux homozygotes sains, d’éviter de faire reproduire les hétérozygoteset de proscrire absolument la reproduc-tion des homozygotes mutés. Cependant,comme précédemment, un hétérozygotede grande valeur pour la race pourraêtre accouplé à un individu homozygotesain. Il naitra de ce mariage, en moyenne,50% d’individus homozygotes sains quipourront être utilisés pour perpétuer larace et 50% d’individus hétérozygotesqui risquent de développer la maladie et

Maladie pour laquelle on dispose d’untest clinique pour identifier les maladesLa disponibilité d’un test diagnostic cliniqueva permettre d’identifier les individuspotentiellement malades, avant qu’ils nedéveloppent les symptômes ou de confir-mer le diagnostic clinique d’un malade. Ilest à réaliser, dans la mesure du possible,chez tous les reproducteurs, lorsque lamaladie se déclare après l’âge de mise àla reproduction. Si la maladie est précoce(déclaration des symptômes avant l’âged’un an) il devient inutile, sauf pour éviterla vente d’un futur malade.

Dans la mesure où la maladie génétiqueest nouvelle et tout juste identifiée, il estpeu probable que la fréquence du gènemuté dans la race soit élevée. Il est donc recommandé de retirer de lareproduction tous les reproducteursmalades ou futurs malades confirmés parle test clinique.

Si le mode de transmission est dominant,il est probable qu’une telle politique deretrait des individus malades ou futursmalades de la reproduction suffise à éliminer rapidement la maladie de l’effectif racial.

En revanche, si le mode de transmissionest récessif, il reste la cohorte des por-teurs sains qui ne seront probablementpas dépistés par le test clinique. Ces indi-vidus représentent une menace pour larace. Malheureusement, ils sont indétec-tables cliniquement. Il convient donc deréaliser l’arbre généalogique de l’effectifatteint afin de déterminer, par déduction,le statut probable des reproducteurs vis-à-vis de la maladie (porteur sain ounon porteur sain).

Il reste cependant indispensable de retirerde la reproduction tous les couples ayantproduit des chats malades et tous les

frères et sœurs de ces malades car ilssont porteurs sains de façon certainepour les parents et porteurs sains avecun risque de 50% pour les frères et sœurs.

Maladie pour laquelle aucun test diagnosticn’est disponibleIl s’agit bien sûr du cas le plus défavorable.En particulier si la maladie est d’apparitiontardive. Il devient impossible de vérifier lestatut indemne, porteur sain ou maladed’un individu, avant sa mise à la reproduction.

La réalisation d’un arbre généalogique de l’effectif racial est indispensable afin d’estimer le risque génétique de chaquereproducteur.

Malheureusement, le succès d’une politique d’éradication de la maladie nepourra être effectif que lorsqu’un testdiagnostic clinique ou génétique aura étémis au point.

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En conclusion, la mise au point de tests génétiques, toujours plus nombreux chez le chat, permet demieux choisir ses reproducteurs et ses accouplements. Le résultat du test génétique est utilisablecomme critère de sélection au même titre que les critères morphologiques ou comportementaux. Lamise en place de politiques d’élevage, pour chaque race confrontée à une maladie génétique, devraitpermettre, à terme, de diminuer la fréquence du gène muté dans l’effectif.

Cependant, s’il est important de réduire la fréquence de la maladie et de ses éventuels porteurs sainsdans la race, ceci ne doit pas se faire au détriment du potentiel génétique global de l’effectif racial. C’est pourquoi, toute politique d’éradication d’une affection d’origine génétique, dans une population animale, doit se faire progressivement et sans exclure de la reproduction des lignées entières.

La réduction brutale du pool génétique d’une race conduit presque inévitablement à des soucis d’ordre reproductif (baisse de fécondité, de fertilité, de viabilité des chatons…) et augmente

le risque de faire émerger de nouvelles maladies génétiques.

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Dr Pascale Pibot – Dr Vétérinaire Centre de Recherche Royal

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Les groupes sanguins chez le chat

On définit un groupe sanguin comme :l’ensemble des antigènes(2) portés par lesglobules rouges, indépendants les uns desautres et génétiquement déterminés."

Au sein de l’espèce féline, on distinguedeux types d’antigènes sur les globulesrouges :

- des antigènes spécifiques d’espèce :pour simplifier, ces antigènes traduisent lefait que le globule rouge est un globulerouge de chat. Ils sont donc communs àtous les chats domestiques.

- des antigènes allotypiques : ces antigènestraduisent le fait que le chat appartienneà un groupe sanguin précis. Ils peuventdifférencier selon l’individu.Chez le chat, à ce jour, un seul système degroupe sanguin a été identifié, il s’agit dusystème [A, AB, B]. En réalité, un 2èmesystème de groupe sanguin a été identifié

mais aucun cas de maladie hémolytiquefaisant intervenir ce système a été décrit.

L’hypothèse retenue, à ce jour, est que cesystème est commandé par un seul etunique gène pouvant être présent sous laforme de trois allèles différents : A, AB et B.

Le système d’interaction entre ces allèlesse fait ainsi :

- l’allèle A est dominant par rapport à l’allèle AB

- l’allèle A est dominant par rapport à l’allèle B

- l’allèle AB est dominant par rapport à l’allèle B.

Ainsi selon le génotype du chat, le groupe sanguin pourra être A, B ou AB (cf tableau).

La particularité, au sein de l’espèce féline,est que les individus appartenant augroupe B produisent naturellement desanticorps anti-groupe A très concentréset très actifs. Ces anticorps anti-Alorsqu’ils sont mis en contact avec desglobules rouges du groupe A vont entraî-ner leur destruction.

Chez les individus de groupe A, il peutarriver d’identifier une circulation d’anti-corps anti-groupe B. Toutefois, leurconcentration et leur activité sont sou-vent faibles.

Quant aux individus de groupe AB, ils nepossèdent ni d’anticorps anti-groupe A, nid’anti-corps anti-groupe B.

La prise colostraleAu sein de l’espèce féline, le transfert dela mémoire immunitaire de la chatte à seschatons ne se fait pas ou peu durant lagestation. En effet, la structure du pla-centa ne permet pas un passage des anti-corps(1) de la mère aux fœtus in utero.

Ce transfert passif va se dérouler lors dela prise colostrale durant les premières48 heures de vie du chaton. Commetoute protéine, les anticorps colostrauxdevraient être digérés par le chatonaprès la prise lactée. En fait, le chatonnouveau-né a la capacité d’absorberdirectement ces anticorps dans son sangsans les dénaturer. Cette capacité va luipermettre de se protéger contre les prin-cipaux agents infectieux circulant dansl’élevage jusqu’aux premières vaccinationsou jusqu’à ce que son système immuni-taire lutte contre l’infection naturelle.

(1) Les anticorps sont des protéines de l’immunité quivont se diriger de façon spécifique.

Le chaton nouveau-né est un être fragile. Un article publié dans la presse internationale étudiant desparamètres zootechniques illustre bien cette fragilité. En effet, cette enquête réalisée sur 1056 portéesen Angleterre chiffre le taux de mortinatalité (chatons morts nés) à 7,2 % et le taux de mortalité entrela naissance et huit semaines à 9,1 % !

Parmi les causes de mortalité néonatale, on retrouve la maladie hémolytique néonatale. Cette affectionest une cause fréquente de mortalité dans la première semaine de vie des chatons, certains auteurs laplacent même comme la cause principale dans certaines races.

Maladie hémolytique du chaton nouveau-né

■ Dr Maud Henaff, U.M.E.S. ■ Dr Vet Grégory Casseleux - Royal Canin

Génétique des groupes sanguins chez le chat

Génétique du chat Groupes sanguinsA > AB > B

Groupe A

Groupe AB

Groupe B

A/AA/ABA/B

AB/ABAB/A

BA

Illustration issue du Guide Pratique de l’Elevage Félin

C’est lors de la prise colostrale que le chaton absorbeles anticorps (la mémoire immunitaire de sa mère)

(2) Un antigène est une substance capable dedéclencher une réaction immunitaire.

La maladie hémolytique peut se traduire par unenécrose des extrémités comme la queue.

PathogénieLa pathogénie se définit comme l’analysedu ou des mécanismes déterminant l'ap-parition et l'évolution des maladies.

La pathogénie de la maladie hémolytiquese résume par la destruction des globulesdes chatons par des anticorps d’originematernelle (c’est-à-dire colostrale).

Ce phénomène est décrit uniquementchez les chatons de groupe A issus d’unefemelle appartenant au groupe B.Toutefois, théoriquement, il est égalementpossible que la maladie survienne chezdes chatons AB issus d’une chatte appar-tenant au groupe B.

Ce phénomène risque donc d’intervenirchez tout chaton avec un risque de :

- 100 % si une chatte appartenant au groupe B est saillie par un mâle de groupe A et homozygote AA

- 50 % si une chatte appartenant au groupe B est saillie par un mâle de groupe A et hétérozygote AB

SymptômesLa maladie hémolytique néonatale peutsubir différentes évolutions :

- suraigüe : mort du chaton dans les pre-mières 48 heures de vie sans signe cli-nique préalable. En règle générale, l’au-topsie est dite « blanche », c’est-à-diresans anomalie ;

- aigüe : la mort du chaton survient alorsaprès quelques heures voire jours d’évo-lution. La tétée s’arrête, les urines sontcouleur marron – marc de café. Un ictère(jaunisse) peut apparaître ;

- subaigüe : cette forme peut conduire audécès vers l’âge de 7 à 10 jours suite àune faiblesse du chaton difficilementréversible. Les chatons peuvent ne passuccomber à la maladie mais présentent,alors souvent, une nécrose des extrémi-tés (nécrose de la queue, des pavillons

auriculaires). Ce phénomène est dû à laformation d’un précipité dans le sangsuite à la réaction entre les anticorps etles globules rouges. Ce précipité stoppela circulation sanguine au niveau desextrémités froides entraînant la mort destissus suite à un manque d’oxygène et denutriments.

Le diagnosticCette affection doit être suspectée surtout cas de mortalité néonatale, quelsque soient la race, le rang de portée…car son diagnostic est simple et peu coûteux.Il suffit de grouper les reproducteurs etles chatons survivant (avec des testsrapides ou au laboratoire).

Un risque variable selon les races…

Des enquêtes ont montré que chez lechat de race, le facteur race influençaitbeaucoup quel que soit le pays, le risqued’apparition de cette affection.

Le tableau suivant reprend les fréquencesdu groupe A et du groupe B dans diversesraces publiées et le risque d’apparition de

l’affection si un éleveur avait choisi defaire reproduire deux individus de lapopulation testée sans les tester au préa-lable.

La gestion du risque d’apparition de cetteaffection passe donc par un groupage systématique des reproducteursavant la mise à lareproduction et lechoix de mariagesraisonnés.

Fréquence Fréquence % de portéesGroupe A Groupe B à risques

Tonkinois 100 0 0Burmese 100 0 0Siamois 100 0 0Européen 99 1 1Maine Coon 98 2 2Norvégien 93 7 6Himalayen 93 7 6Abyssin 86 14 12Persan 86 14 12Birman 84 16 13Bobtail Jap. 84 16 13Somali 83 17 14Scottish Fold 82 18 15Sphynx 82 18 16Cornish Rex 66 34 23British Shorthair 60 40 24Devon Rex 59 41 24

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