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jeudi 06 février 2014 - N 5364 www.latribune.fr France Métropolitaine CAC 40 : 4117,79 pts +0,01% FTSE (6 458 / +0,13%) 1 = 1,3535$ (+0,14%) BRENT (105,8$ / -0,07%) OR (1 257,9$ / +0,40%) En Europe, Google préfère abdiquer que payer ! En Europe, Google préfère abdiquer que payer ! Le commissaire chargé de la Concurrence, Joaquin Almunia, a accepté les concessions de Google pour remédier aux entraves à la concurrence dont est accusé le géant américain. Celui-ci se voyait principalement reprocher de mettre en avant ses propres services au détriment des autres moteurs de recherche spécialisés. POLITIQUE ÉCONOMIQUE AUTOMOBILE LOCATIONS Auto-entrepreneurs: pourquoi Sylvia Pinel a perdu la partie Renault va produire son monospace low cost Lodgy en Inde Immobilier: quelles sont les garanties locatives qui marchent ? Les défenseurs du régime qui prévalait jusqu'ici ont gagné leur bras de fer avec la ministre de l'Artisanat qui souhaitait sa limitation. Fabriqué uniquement au Maroc et après un semi-échec en Europe, ce véhicule familial va vivre une seconde vie en Asie-Pacifique. Plusieurs dispositifs sécurisant les paiements des loyers ont été mis en oeuvre, mais aucun n'a été couronné de succès.

En Europe, Google préfère abdiquer que payer

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jeudi 06 février 2014 - N 5364 www.latribune.fr France Métropolitaine

CAC 40 : 4117,79 pts +0,01%

FTSE (6 458 / +0,13%)

1 = 1,3535$ (+0,14%)

BRENT (105,8$ / -0,07%)

OR (1 257,9$ / +0,40%)

En Europe, Google préfèreabdiquer que payer !En Europe, Google préfèreabdiquer que payer !

Le commissaire chargé de laConcurrence, JoaquinAlmunia, a accepté lesconcessions de Google pourremédier aux entraves à laconcurrence dont est accuséle géant américain. Celui-ci sevoyait principalementreprocher de mettre en avantses propres services audétriment des autres moteursde recherche spécialisés.

POLITIQUE ÉCONOMIQUE AUTOMOBILE LOCATIONS

Auto-entrepreneurs:pourquoi Sylvia Pinel aperdu la partie

Renault va produire sonmonospace low costLodgy en Inde

Immobilier: quelles sontles garanties locatives quimarchent ?

Les défenseurs du régime qui prévalaitjusqu'ici ont gagné leur bras de feravec la ministre de l'Artisanat quisouhaitait sa limitation.

Fabriqué uniquement au Maroc et aprèsun semi-échec en Europe, ce véhiculefamilial va vivre une seconde vie enAsie-Pacifique.

Plusieurs dispositifs sécurisant lespaiements des loyers ont été mis enoeuvre, mais aucun n'a été couronné desuccès.

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Sommaire 06/02/2014

Edition du 06/02/2014 page 2/98

ECONOMIE

Auto-entrepreneuriat : pourquoi Sylvia Pinel a perdula partie !

Après de longs mois de tergiversations et de polémiques, leprojet de loi sur l’artisanat et les TPE ne modifiera que trèspartiellement le régime de l’auto-entrepreneuriat. Les défenseursdu régime qui prévalait jusqu’ici ont...

La "ville durable", l'offre qui fédère les entreprises françaises àl'export

Quand Michel Sapin se retrouve à son tour sous le feu des critiques

La loi "Florange" rejetée sans surprise par le Sénat

1.490 euros par mois: le coût de la vie selon les Français

Les séniors prêts à communiquer par mail avec leur médecin

La BCE, combien de divisions?

BCE : les données du problème avant la décision de jeudi

Grèce : Bild Zeitung sort l'arme du mensonge pour sauver lecontribuable allemand...

Patronats français et allemands plaident pour un pacte decompétitivité européen

Un nouvel OGM bientôt autorisé à la culture en Europe

Ecoutes de la NSA : après Merkel, au tour de Schröder ?

L'assurance santé abordable décourage le travail, selon le Congrèsaméricain

Cristina Kirchner face à la crise du ketchup

ENTREPRISES

Renault va produire son monospace marocain Lodgyà bas coûts en Inde

La firme tricolore prévoit d’industrialiser cette année en Inde sonmonospace Lodgy d’entrée de gamme, fabriqué uniquement àTanger (Maroc) aujourd’hui. Après un semi-échec en Europe, cevéhicule familial va vivre une seconde...

Renault vise une forte croissance en Asie-Pacifique

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Sommaire 06/02/2014

Edition du 06/02/2014 page 3/98

Aston Martin rappelle 17.590 voitures après des soupçons decontrefaçon

Le délai de 15 minutes pour les VTC suspendu par le Conseil d'Etat

Le grand retour de Zodiac dans la classe affaires d'Air France(sièges d'avions)

Antitrust : Bruxelles accepte les engagements de Google

153 milliards de dollars: une estimation de la valeur du chinoisAlibaba

Sony sur le point de se retirer du marché des ordinateurs?

Le laboratoire américain BMS menace de supprimer des emplois enFrance

Les Français ont mangé près d'un milliard de burgers en 2013

Ce gérant d'hypermarché E.Leclerc qui jouait les big brother...

BANQUE & FINANCE

Immobilier : quelles sont les garanties locatives quimarchent ?

Loca-Pass, Solibail, GRL ou GLI. Plusieurs dispositifs sécurisantles propriétaires-bailleurs du paiement de leurs loyers ont été misen œuvre ces dernières années, mais aucun n’a été couronné desuccès. Nouvelle...

Immobilier : les prix accroissent les inégalités entre villes françaises

Subprimes : Morgan Stanley paie à son tour pour éviter lespoursuites

Réforme bancaire européenne: les propos de Christian Noyer fontdes vagues

Standard & Poor's, Moody's et Fitch visés par une enquête en Italie

Faut-il supprimer la déductibilité de la CSG? Le débat fait rage

OPINIONS

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Sommaire 06/02/2014

Edition du 06/02/2014 page 4/98

" Ce n'est pas en copiant l'Allemagne que la Francerestera une grande puissance économique mais ense projetant sur les mers "

La France dispose du deuxième domaine maritime mondial,derrière les Etats-Unis. Pourtant, les gouvernements successifsn’ont pas été capables de construire une politique maritime dignede ce nom, préférant tenter de dupliquer le modèle...

Zone euro: de l'inflation à la déflation

Quelle époque formidable!

Faire croître les "medtechs" françaises

L'agro-alimentaire doit savoir utiliser les labels

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5 EconomieLA TRIBUNE 06/02/2014

POLITIQUE ÉCONOMIQUE > Après de longs mois de tergiversations et depolémiques, le projet de loi sur l’artisanat et les TPE ne modifiera que trèspartiellement le régime de l’auto-entrepreneuriat. Les défenseurs du régime quiprévalait jusqu’ici ont gagné leur bras de fer avec la ministre de l’Artisanat quisouhaitait sa limitation.

Fabien Piliu

Auto-entrepreneuriat : pourquoi Sylvia Pinel aperdu la partie !

Les Poussins et les défenseurs de l'auto-entreprise ont gagné ! Après des mois de tergiversationset de polémiques, le régime de l'auto-entreprise ne sera retouché qu'à la marge. Votés en début desemaine par la commission des affaires économiques de l'Assemblée nationale, les amendementsretouchant le projet de loi initial sur l'artisanat et les TPE suppriment la limitation dans le temps durégime et les seuils réduits d'activité. Inscrites dans le projet de texte présent cet été par laministre, ces deux mesures avaient provoqué la colère estivale des Poussins et des défenseurs dece régime créé en 2009. Le projet de loi sera débattu à partir du 12 février à l'Assemblée nationale.

« Travailler plus pour gagner plus »

Dernière survivance du « travailler plus pour gagner plus » cher à Nicolas Sarkozy, le régime del'auto-entreprise est un dispositif allégé en matière de règlementation sociale et fiscale, via unefranchise de TVA et un calcul des impôts sur le montant du chiffre d'affaires. Il permet aux salariés,qu'ils appartiennent au secteur privé ou qu'ils soient fonctionnaires, aux chômeurs, aux retraités et

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6 EconomieLA TRIBUNE 06/02/2014

aux étudiants, de développer une activité à titre principal ou complémentaire pour accroître leursrevenus.

 A ces mesures directement inspirées du rapport du député PS de la Côte-d'Or LaurentGrandguillaume remis le 17 décembre à Sylvia Pinel, ce ne sont pas les seules modifications dutexte apportées par les députés. Le projet de loi amendé simplifie le cadre juridique de l'entrepriseindividuelle en entérinant la fusion du régime micro fiscal et microsocial sur le modèle del'auto-entreprise. Il laisse également les auto-entrepreneurs libres de choisir le moment où ils ont leplus intérêt à basculer en régime classique (SARL, EIRL…).

Une promesse de François Hollande

Pour Sylvia Pinel, partisane d'une limitation du régime, le vote des députés constitue un reversassez cinglant. Mais ce n'est pas la seule à subir un camouflet. Son action n'avait-elle pas étéguidée par les promesses de François Hollande faites aux artisans du bâtiment lors de lacampagne présidentielle ? Le candidat socialiste s'était prononcé en faveur d'une remise en causede ce régime simplifié au motif qu'il entraînait des distorsions de concurrence.

Après sa victoire électorale, ce fut au tour de Michel Sapin, le ministre du Travail de remettre encause l'auto-entreprise. Bien décidé à tenir la promesse du candidat Hollande, Sylvia Pinel avaitmis au placard commandé un rapport à l'Inspection générale des finances (IGF) et à l'Inspectiongénérales des affaires sociales (IGAS) dont les conclusions publiées en avril recommandaient lestatu quo.

Pour quelles raisons Sylvia Pinel a-t-elle perdue la partie ?

Parce que le régime social et fiscal de l'auto-entrepreneuriat a déjà séduit près d'un million depersonnes, généré plus de 15 milliards de chiffres d'affaires et permis à l'Etat d'engranger plus 3milliards de recettes fiscales supplémentaires ? Ces chiffres ont dû forcément peser dans laréflexion des députés. On peut aussi imaginer que le parlement ait voulu suivre le gouvernementtoujours en quête de relations apaisées avec le monde entrepreneurial à qui il a proposé de signerun pacte de responsabilité. soucieux de montrer patte blanche aux chefs d'entreprises, PierreMoscovici, le ministre de l'Economie et des Finances, Fleur Pellerin, la ministre des PME et duNumérique, Najat Vallaud-Belkacem, la porte -parole du gouvernement et ministre des Droits desfemmes, Geneviève Fioraso, la ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, et SylviaPinel se rendront ce mercredi au Salon de l'entrepreneur où le MEDEF a décidé d'organiser sonson comité exécuitif 

Un complément de revenu pour un entrepreneur sur deux

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7 EconomieLA TRIBUNE 06/02/2014

Lors de cette manifestation, plusieurs ateliers de réflexion sont organisés autour du thème de l'auto-entreprise et des différents moyens de développer une entreprise. Leurs participants pourrontreprendre les statistiques de l'étude de l'Insee  dévoilée ce mercredi. Selon l'Institut,  pour plus dela moitié des auto-entreprises immatriculées au premier semestre 2010, ce régime permettaitd'encadrer une activité secondaire procurant un complément de revenu. Quatre profils typescorrespondent à ce cas de figure. L'Insee distingue les salariés du privé de, plutôt jeunes et enrégions, qui se servent du régime pour exercer une activité secondaire avec peu de moyens. Ilssont 87 % à n'avoir jamais créé d'entreprise auparavant et leur activité est souvent centrée sur lecommerce ou les services à la personne. Le deuxième profil est celui des retraités qui valorisentainsi une expérience passée - ils sont 41 % à avoir déjà créé une entreprise - et exercent uneactivité dans le domaine du conseil. Ils ne sont que 3 % à être retraité. Seuls 15 % desauto-entrepreneurs salariés du privé envisagent de changer de régime. Pour lesauto-entrepreneurs qui ont une activité dans le domaine de l'enseignement et les étudiants,l'auto-entreprise constitue également un complément de revenu.

Parmi les personnes dont l'auto-entrepreneuriat est l'activité principale, l'Insee recense beaucoupde « non-diplômés débutants » . Parmi ces derniers, 49 % se lancent dans la création d'uncommerce. Ils sont également 49 % à affirmer qu'ils n'auraient pas franchi le pas de la créationd'entreprise sans régime.

 

 

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8 EconomieLA TRIBUNE 06/02/2014

COMMERCE EXTÉRIEUR > Nicole Bricq, ministre du Commerce extérieur, adévoilé les contours de la nouvelle offre intégrée proposée par les entreprisesfrançaises pour construire ou moderniser les villes de demain. Regroupés dansdeux consortia, une demi-douzaine d’entreprises a déjà répondu aux appelsd’offre lancés par la kazakhe Astana et Santiago la Chilienne.

Fabien Piliu

La "ville durable", l'offre qui fédère lesentreprises françaises à l'export

Nicole Bricq en a assez ! Assez de se faire répéter que les entreprises françaises sont incapablesde se regrouper à l'export, contrairement à nos voisins et concurrents allemands et italiens.

Cette attitude de franc-tireur serait notamment à l'origine des déboires du made in France àl'export. Pour inciter les entreprises à " chasser en meute " ou " naviguer en escadre ", desexpressions martelées en vain par ses prédécesseurs au ministère du Commerce extérieur, NicoleBricq a décidé de prendre l'initiative dans le domaine de la ville durable, symbolisée par Vivapolis,la marque créée par Bercy sensée être la vitrine du savoir-faire tricolore dans ce secteur. Financéspar des fonds d'études du ministère, deux consortiums d'entreprises présentant des offresintégrées de leur savoir-faire dans ce domaine ont été lancés. Le premier réunit Eiffage, Egis etGDF Suez. Le second regroupe Artélia et Véolia.

Un simulateur en 3D pour présenter l'offre française

Concrètement, répondant à un appel à projets lancé en juillet par la ministre, ces consortia devront

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9 EconomieLA TRIBUNE 06/02/2014

réaliser un simulateur en 3D permettant la création d'une maquette virtuelle à l'échelle d'un quartierou d'une ville. Celle-ci devra permettre de référencer le maximum d'entreprises françaises danstous les segments de la ville durable et qui serve de vitrine du savoir-faire tricolore à l'international.

" Les lauréats mettront en place d'ici trois mois une plate-forme d'inscription, accessible sur www.vivapolis.fr , pour les entreprises françaises qui souhaiteraient intégrer leurs technologies ausein de ces simulateurs. Les quartiers qui seront étudiés en détail dans les simulateurs serontdéfinis avec les collectivités concernées. Ils représentent une centaine d'hectares et une dizaine demilliers d'habitants. Ces quartiers correspondent à de réels projets portés par les autoritéskazakhes et chiliennes et qui devraient voir le jour d'ici 2030 ", précise Bercy. Les projets devrontêtre opérationnels début 2015.

"   Pour la 1ère fois, industriels, ingénieurs, architectes, grands groupes, entreprises de tailleintermédiaire et PME, travailleront de manière coordonnée sur un projet d'aménagement urbain àl'international ", avance Nicole Bricq.

Un marché dont le potentiel est estimé à 100 milliards

Jouer collectif pourrait rapporter gros. Selon les calculs du ministère, les marchés liés au conceptde ville durable représenteraient un chiffre d'affaires potentiel de 50 milliards d'euros en 2017 et de100 milliards en 2022. " Au regard de l'excellence française dans le domaine de la mobilité, desservices à la collectivité, des smart-grids, nos entreprises ont une belle carte à jouer ", expliqueNicole Bricq qui s'est fixé pour objectif d'équilibrer la balance commerciale de produitsmanufacturés d'ici 2017.

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POLITIQUE > Après les mauvais chiffres du chômage, le ministre du travail,longtemps épargné et proche du président, est à présent soumis à un "Sapinbashing"... sans doute éphémère.

Jean-Christophe Chanut

Quand Michel Sapin se retrouve à son toursous le feu des critiques

Y a-t-il un "contrat" sur Michel Sapin ? Avec les cafouillages, pour certains, les adaptations, pourd'autres, autour du contrat de génération, les critiques commencent à fuser sur le ministre del'Emploi, du Travail, du Dialogue social et de la Formation professionnelle. Jusqu'ici, cet hommediscret avait pourtant la baraka ! Alors que la France compte plus de 3 millions de chômeurs, leministre de l'Emploi, aurait dû être depuis longtemps dans le collimateur de l'opposition. N'est-cepas lui qui pendant des mois devait révéler les mauvaises statistiques mensuelles du nombre desdemandeurs d'emploi ? N'est-ce pas lui qui doit gérer la litanie des plans sociaux ?

Eh bien non, Michel Sapin s'en sortait quasi indemne. Pour beaucoup, il était même en train des'ouvrir tout grand les portes de Bercy. Mais pas avant la fin du printemps, après les électionseuropéennes du 25 mai, quand son vieil ami de trente ans le président François Hollande déciderad'un remaniement ministériel.

Michel Sapin à Bercy ?

Si Jean-Marc Ayrault reste à Matignon, alors, il est en effet fort probable que Michel Sapin soit le

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prochain ministre de l'Economie et des Finances. Après tout, n'était-ce pas le poste qui l'attendaitau lendemain de l'élection présidentielle en mai 2012 ? Il s'y était préparé mais afin de respecter desubtils équilibres au sein du Parti socialiste, finalement, c'est Pierre Moscovici qui avait hérité deBercy, en remerciement de son ralliement rapide à François Hollande, après la "chute" deDominique Strauss-Kahn. Sans oublier que Michel Sapin avait déjà été ministre de l'Economie etdes Finances… C'était il y a plus de 20 ans dans le gouvernement Bérégovoy (1992-93). D'ailleurs,l'actuel ministre du Travail est, avec Laurent Fabius, l'un des plus "capés" du gouvernement deJean-Marc Ayrault, où ceux qui avaient déjà une expérience ministérielle ne sont pas légions. Defait, il fut aussi ministre de la Fonction publique sous Lionel Jospin (2000-2002).

Surtout, et cela en agace plus d'un, y compris au sein de sa propre majorité, Michel Sapin est unintime de François Hollande depuis plus de 30 ans. "Si tu lui dis quelque chose, tu peux être certainque François Hollande est au courant 10 minutes après", assure un ministre du gouvernement.Que ce soit l'Ena - la fameuse "promotion Voltaire", ou le service militaire, puis le militantisme ausein du Parti socialiste, ces deux-là ont tout connu ensemble. Il partage surtout les mêmes opinionspolitiques. Comme son ami-président, Michel Sapin revendique ouvertement son caractèresocial-démocrate. Ce qui lui vaut pas mal d'inimitiés sur l'aile gauche du PS ainsi qu'au Front degauche, où il incarne le parfait "social-traitre".

L'homme des compromis

D'ailleurs, il n'a eu de cesse depuis son arrivée au ministère du Travail de chercher des compromisavec les organisations syndicales et patronales. Plutôt avec succès. Et ce n'était pas forcémentgagné, notamment avec l'accord national interprofessionnel du 11 janvier 2013 qui a jeté les basesd'une " flexisésurité" à la française et qui est venu assouplir des pans entiers du droit du travailfrançais, considéré comme si rigide.

C'est à Michel Sapin, aussi, que l'on doit l'accord du 14 décembre réformant la formationprofessionnelle et dont la transcription législative commence ce 5 février 2014 à l'Assembléenationale. Sur le terrain européen, l'ancien maire de la bonne ville d'Argenton-sur-creuse - où ilfigurera d'ailleurs sur la liste PS aux prochaines élections municipales des 23 et 30 mars - aégalement acquis ses lettres de noblesse en arrachant une modification de la directive sur ledétachement des salariés, grâce à un ralliement de la Pologne - pour lequel il a beaucoup œuvré -aux idées défendues par la France.

La "galère" des chiffres du chômage

Tout allait bien donc pour le confident du président. Mais, depuis quelques semaines, sa fameusebaraka semble l'avoir abandonnée. Et pour cause ! A propos de l'inversion de la courbe duchômage, Michel Sapin est contraint de jouer les paratonnerre pour un président réfugié sur leshauteurs élyséennes. C'est le ministre de l'Emploi qui, le 27 janvier, après la publication desmédiocres statistiques du chômage pour le mois de décembre doit aller " ramer" sur les plateaux

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12 EconomieLA TRIBUNE 06/02/2014

de télé et sur les ondes des radios pour expliquer "que l'inversion nous y sommes presque" que " lepari n'est pas raté", etc.

C'est lui encore qui, maintenant, endosse le rôle du "méchant " a propos d'éventuelles pénalités quipourraient frapper les entreprises de plus de 50 salariés rechignant à recruter via le fameux contratde génération. Même si, en vérité, l'affaire est plus compliquée que cela. Certaines obligationsinstaurée par le dernier ministre du Travail du gouvernement Fillon, c'est-à-dire Xavier Bertrand(UMP), ont été supprimées, s'agissant notamment de l'emploi des seniors, de l'égalitéprofessionnelle. Elles ont été remplacées (et simplifiées) par d'autres par l'actuelle majorité, à lasuite de l'instauration du contrat de génération. Les entreprises bénéficiaient d'un délai pours'adapter. Une fois expiré ce délai, le ministère du Travail envoie, certes, des injonctions… Mais,en réalité, aucune entreprise n'a encore dû payer des pénalités.

Les fameuses "contreparties" au "pacte de responsabilité"

L'attitude actuelle du ministère du Travail est surtout justifiée par un besoin de rassurer lessyndicats, à la suite de l'annonce du " pacte de responsabilité"   auquel Michel Sapin a étéétroitement associé. Dans le cadre de ce pacte, le gouvernement s'engage sur une baisse du coûtdu travail, via un nouvel allègement des cotisations (en l'occurrence familiales) des entreprises.Bien entendu, il en attend des contreparties sur l'emploi. Les syndicats se disent sceptiques. Enaffichant une certaine fermeté sur les engagements des entreprises en matière de formation,d'emploi des seniors ou sur le contrat de génération, Michel Sapin tente de les rassurer. Pascertain que l'opération réussisse.

Michel Sapin traverse donc une mauvaise passe mais l'homme est solide et surtout doté d'uncalme à toute épreuve. Surtout, il a l'oreille du patronat. Les dirigeants du Medef, de la CGPME etde l'UPA (artisans employeurs) ne cachent pas leur satisfaction de l'avoir comme interlocuteur auministère du Travail. " Il travaille et il connaît ses dossiers, mieux vaut lui qu'un plus excité" confieainsi un caciques de l'UPA. Dans ces conditions, à l'heure où le gouvernement fait tout pourséduire les entreprises, pas sûr que le "Sapin bashing" continue très longtemps.

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13 EconomieLA TRIBUNE 06/02/2014

DÉSINDUSTRIALISATION > Le texte de loi inspiré par la fermeture des hautsfourneaux de Florange a été rejeté au Sénat. Les communistes lui reprochent dene pas aller assez loin. Mais celui-ci devrait être adopté en seconde lecture àl’Assemblée nationale.

Romain Renier

La loi "Florange" rejetée sans surprise par leSénat

Vidée de sa substance, la loi "Florange" déçoit . En bloquant son passage au Sénat, le groupecommuniste l'a fait savoir. Inspiré par une promesse de campagne de François Hollande, le texte arecueilli 159 voix de gauche, PS, RDSE et écologistes contre 166 voix de droite, UMP et UDI-UC.L'abstention du groupe Communiste, républicain et citoyen aura donc suffi, sans surprise, à fairepencher la balance.

Une commission mixte paritaire (7 sénateurs, 7 députés) se réunira mercredi après-midi pouressayer de trouver une version commune aux deux chambres. L'Assemblée nationale, où le Partisocialiste est majoritaire, aura le dernier mot. Le texte avait été adopté sans heurts au PalaisBourbon. L'abstention des communistes tient donc plus du baroud d'honneur.

Vestige de la campagne de François Hollande

La proposition de loi répond à une promesse de François Hollande qui, en pleine campagneprésidentielle, avait annoncé à Florange devant les salariés d'ArcelorMittal un texte prévoyant que "

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14 EconomieLA TRIBUNE 06/02/2014

quand une grande firme ne veut plus d'une unité de production et ne veut pas non plus la céder", elle ait l'"obligation" de la vendre.

Au final, le texte oblige seulement les entreprises de plus de 1.000 salariés à rechercher unrepreneur pendant trois mois, sous peine de pénalités. Un groupe ne jouant pas le jeu de larecherche d'un repreneur pourrait être condamné à verser une pénalité pouvant atteindre 20 Smicmensuels par emploi supprimé -mais pas plus de 2% de son chiffre d'affaires-, voire à rembourserdes aides publiques perçues lors des deux dernières années.

"Le texte ne poursuit pas un objectif punitif; il vise à généraliser les bonnes pratiques, à favoriser ledialogue avec les partenaires sociaux et sanctionnera les seuls comportements qui ne sont pasvertueux", a assuré le ministre de l'Economie, Pierre Moscovici.

>> Que reste-t-il de la "loi Florange" ?

Un symbole étriqué

Ce qui passe mal pour les sénateurs communistes, c'est l'abandon de la disposition phare chère auministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, qui prévoyait la nationalisation de sitesrentables le temps de trouver un repreneur crédible. Mais l'idée a rapidement été abandonnée,risquant de se retrouver invalidée par le Conseil constitutionnel pour atteinte excessive au droit depropriété. Abandon qui avait donné lieu à une sévère passe d'armes en coulisses entre le Premierministre, Jean-Marc Ayrault, et Arnaud Montebourg . Au final, le texte dans sa mouture actuelle n'aurait pas été applicable à un site comme Florange.

"Quand les plans sociaux se multiplient, quand la désindustrialisation gagne, on pouvait espérer mieux",a déploré Laurence Cohen (CRC), en ajoutant que son groupe "regrette de devoir s'abstenir". "Il faudraitavoir le courage de prendre des mesures qui s'attaquent réellement aux problèmes".

Ce qui n'empêche pas le sénateur de Moselle, où est implanté ArcelorMittal, Jean-Marc Todeschini(PS), d'affirmer que ce texte "est attendu". En réalité, ce compromis qui ne plaît ni à la gauche de lagauche car trop "mou", ni à la droite car trop interventionniste, a surtout valeur de symbole...étriqué.

>> La "loi Florange" ne mérite pas son nom

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15 EconomieLA TRIBUNE 06/02/2014

POUVOIR D'ACHAT > Une enquête de la Drees montre que les Françaisperçoivent de plus en plus les inégalités sociales. En 2011, près de la moitiéd’entre eux ont gagné moins de cette somme.

latribune.fr

1.490 euros par mois: le coût de la vie selonles Français

1.490 euros par mois, voilà la somme minimum qu'il faut gagner par mois pour vivre en France,selon selon une enquête de la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et desstatistiques (Drees) publiée mercredi.

75 euros de plus qu'en 2008

L'inflation mise à part, ce niveau est en augmentation de 75 euros par rapport à 2008. Il varietoutefois en fonction des revenus les cadres et professions libérales citant 1.560 euros enmoyenne, les ménages les moins riches évoquant 1.410 euros. 

De même, les habitants de l'agglomération parisienne citent un revenu supérieur (1.620 euros),tandis que ceux des communes de moins de 20.000 habitants évoquent un montant inférieur(1.430 euros). 

À titre de comparaison, le Smic mensuel dans l'Hexagone s'élève à 1445,38 euros bruts (environ1.128 euros nets). Quant au niveau de vie médian après impôts -la moitié des Français gagne

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16 EconomieLA TRIBUNE 06/02/2014

moins, l'autre moitié gagne plus -  était en 2011 de 1.630 euros par mois. La même année, 8,7millions de personnes vivaient avec moins de 977 euros par mois (seuil de pauvreté, qui toucheune personne sur deux à Roubaix).

Des inégalités sociales de plus en plus fortes 

Publié chaque année, le baromètre de la Drees montre également que "les Français perçoivent deplus en plus la montée des inégalités sociales". Neuf sur dix estiment que les inégalités ontaugmenté ces cinq dernières années (sept sur dix partageaient ce constat en 2000).

Les inégalités des revenu sont considérées par 42% des sondés comme les plus répandues maisles inégalités d'accès aux soins sont considérées comme les plus inacceptables (22%), devant lesrevenues (19%) et le logement (16%).

Le niveau des cotisations jugé correct

Le niveau de vie des retraités est moins bon que celui du reste de la population pour près d'unFrançais sur six (58%). Ils sont d'ailleurs 62%, soit 6% de plus qu'en 2004, à ne pas considérercomme envisageable de vivre dans une maison de retraite. 

Fait étonnant, si huit Français sur dix s'estiment en bonne santé, ils sont 42% à penser que celle deleurs compatriotes se dégrade (38% estiment le contraire).

Face à ces constats, une large majorité (64%) juge normal que la France consacre un tiers durevenu national au financement de la protection sociale,  mais 60% pensent que les entreprises nedoivent cotiser "ni plus ni moins qu'actuellement", une évolution "notable" selon la Drees.

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17 EconomieLA TRIBUNE 06/02/2014

SANTÉ > Une étude récente met en avant un désir de plus en plus accru despersonnes âgées de 65 et plus de communiquer par email avec leur médecin oude prendre rendez-vous en ligne.

Laszlo Perelstein

Les séniors prêts à communiquer par mailavec leur médecin

Loin d'être effrayés par les nouvelles technologies comme ils ont  pu l'être un temps, les séniorsaujourd'hui attendent du numérique qu'il se mette au service de leur santé. Une étude du cabinetde conseil Accenture révèle que 86% des personnes de 65 et plus interrogées (215 sur unéchantillon de 1.015 Français) estiment important un accès en ligne à leur dossier médical. 

"Après s'être convertis à Internet pour leurs services bancaires, achats, loisirs et communications,les seniors entendent désormais pouvoir gérer en ligne certains de leurs services de santé",constate Kiryakos Chebel, directeur des activités Santé d'Accenture en France. 

La déception du dossier médical personnalisé 

Si une offre existe déjà sous la forme du dossier médical personnalisé, elle reste pourtant peuutilisée, avec à peine plus de 418.000 DMP ouverts au 2 janvier, très loin en-deçà des 5 millionsespérés.

En cause, la peur des patients de voir n'importe qui accéder à leurs données, mais aussi les

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18 EconomieLA TRIBUNE 06/02/2014

professionnels de la santé qui ne les remplissent que peu. Chacun ayant ses propres archivesmédicales. Seulement 21% des médecins interrogés par Accenture se prononcent en faveur d'unaccès total du patient au dossier médical partagé.

Faciliter les interactions

Plus qu'un dossier médical électronique (à distinguer du DMP), c'est un contacter facilité avec lesprofessionnels de la santé que souhaitent les séniors interrogés dans l'étude.

Ils sont ainsi 67% à plaider pour des systèmes de rappel électronique et 73% à désirer des prisesde rendez-vous en ligne. 

La communication est également au centre des préoccupations, près de deux tiers d'entre eux(61%) aimeraient pouvoir communiquer par mail avec leur médecin. Mais parmi les professionnelsde santé, moins de 1 sur 10 (7%) proposait jusqu'à présent ce type de services.

Évolution des usages

"Les systèmes de santé doivent proposer davantage de services de santé numérique pour attirerles patients âgés et les aider à suivre et gérer leur parcours de soins", estime Kiryakos Chebel.

Une révolution numérique au cours de laquelle le patient 2.0 devient acteur de sa santé. D'aprèsl'étude Accenture, plus d'un quart des séniors (27%) effectuent personnellement le suivi de leursindicateurs de santé et 20 % assurent le suivi de leurs antécédents médicaux.

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19 EconomieLA TRIBUNE 06/02/2014

POLITIQUE MONÉTAIRE > Avant la décision très attendue ce jeudi de la BCE, LaTribune propose une revue de détail des moyens dont dispose Mario Draghi pourcombattre le risque déflationniste.

Romaric Godin

La BCE, combien de divisions?

La décision du conseil des gouverneurs de la BCE ce jeudi est fort attendue, car la situationdemeure très délicate en zone euro. Devant l'étendue des problèmes et des contradictions (quel'on retrouvera résumée ici), la BCE dispose de plusieurs types d'armes - pour reprendre levocabulaire guerrier de Mario Draghi.

1.L'arme blanche : la baisse des taux de 15 points de base

C'est l'hypothèse la plus souvent avancée par les économistes. La BCE pourrait ramener son tauxde refinancement principal à 0,1 % contre 0,25 % aujourd'hui. Ce serait une façon de pratiquer unepolitique de taux zéro sans le dire officiellement. L'efficacité de cette mesure est cependant trèsincertaine, puisque les deux dernières baisses des taux n'ont pas réellement eu d'effet sur latendance à la désinflation de l'économie européenne. Les banques n'ont pas un problème de coûtde leur refinancement, mais plutôt un problème de demande de crédit et de qualité de leur bilan.Néanmoins, une baisse des taux peut avoir un effet positif sur l'euro et montrer aux investisseursque la BCE est bel et bien prête à agir en cas d'affaiblissement de l'inflation. Le tout, sans tropfâcher une Buba pour qui un taux de 0,25 % ou de 0,1 % ne change fondamentalement rien.

1.L'arme de poing : réduire les réserves obligatoires

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La BCE peut décider de réduire les réserves obligatoires requises pour les banques actives dans lazone euro, autrement dit la partie des dépôts et des instruments financiers à court terme (moins dedeux ans) que les banques doivent déposer à la BCE. En décembre 2011, ce taux a déjà étéabaissé de 2 % à 1 %. Si elles étaient abaissées à 0,5 %, ceci pourrait libérer 50 milliards d'euros.Sera-ce suffisant ?

1.Le « canon de 75 » : la fin de la stérilisation des achats de titres

On y réfléchit de plus en plus : la BCE pourrait cesser de « stériliser » son programme de rachat detitres (Securities Market Programme ou SMP). En clair, il s'agirait de cesser de racheter lesmontants que la BCE a mis sur le marché jusqu'en septembre 2012 pour racheter des obligationsd'Etat. Il s'agirait donc de lancer la presse à billet en créant de la monnaie, ou plutôt en augmentantla liquidité disponible des montants pas encore stérilisés (actuellement 170 milliards d'euros). Lebilan de la BCE gonflerait et, en théorie, la masse monétaire également. L'idée serait alors derassurer les banques sur l'offre de liquidité et de les inciter à prêter davantage. La Bundesbank amontré quelques signes positifs en faveur de cette option, ce qui a ouvert la voie à bien desrumeurs. Mais l'efficacité de cette création monétaire a posteriori est loin d'être certaine.

1.L'artillerie lourde : un nouveau LTRO

Pour donner de la visibilité aux banques, la BCE pourrait lancer u n nouveau programme derefinancement à long terme à taux fixe ou à taux maximum . Ceci permettrait aux banques dedisposer d'un matelas de liquidité suffisamment sûr pour qu'elles prêtent à nouveau auxentreprises. Fin 2011, début 2012, la BCE avait mis en place un LTRO de 3 ans qui avait permis dedistribuer près de 1.000 milliards d'euros dont 590 demeurent encore à rembourser. Cette fois, onévoque plutôt une période de remboursement de 12 ou 18 mois. Une partie du conseil desgouverneurs hésite cependant encore à relancer cette option qui est un pari sur l'avenir, car lesbanques doivent rembourser ces prêts. Il y a donc un risque important sur le bilan de la BCE.

1.La « Grosse Bertha » : un taux de dépôt négatif

« Techniquement prêts. » C'est ce qu'a toujours dit Mario Draghi concernant la mise en place d'untaux de dépôt négatif. Actuellement, ce taux de dépôt est à 0 % et les dépôts auprès de la BCE s'élève à 56 milliards d'euros. En imposant un taux négatif à ces dépôts, on incite les banques à nerien déposer à la BCE et à placer ces sommes sur le marché interbancaire, donc on donne plus desécurité au système financier pour prêter à l'économie. L'ennui, c'est que l'on ne maîtrise pasvraiment cet instrument, utilisé un temps au Danemark dans un autre contexte. Il pourrait avoir deseffets pervers et incontrôlable ou n'être que fort peu efficace, comme la Grosse Bertha quibombardait à l'aveugle Paris en 1918 et qui n'a pas servi à grand-chose. Mario Draghi préfèreraitsans doute qu'elle demeure à l'état de menace suffisamment impressionnante…

1.L'arme nucléaire : un Quantitative Easing à l'européenne

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Pour stopper la déflation, rien ne vaut la planche à billet pourrait-on penser. la BCE pourrait doncse lancer dans un programme de rachats d'actifs massifs, à l'image de ce que la Fed a fait etqu'elle est en train de ralentir. Le rachat, notamment, de prêts aux PME titrisés a été évoqué. Ilpermettrait à la fois de fournir une liquidité abondante et d'inciter les banques à prêter à desconditions facilitées à l'économie. Le danger, c'est à la fois l'opposition radicale de l'Allemagne àcette politique ultra-expansionniste et la difficulté d'en sortir. On l'a vu avec la Fed. Sans doute laBCE n'aura-t-elle recours à cette arme suprême qu'en tout dernier recours.

                                           

 

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POLITIQUE MONÉTAIRE > La réunion de la BCE jeudi est très attendue. Pourcomprendre la situation, voici un tour d’horizon des défis auxquels la banquecentrale doit faire face.

Romaric Godin

BCE : les données du problème avant ladécision de jeudi

 

1.Le risque déflationniste persiste

Le chiffre provisoire de la hausse des prix en janvier reste inquiétant . L'indice des prix à laconsommation a progressé sur un an de 0,7 %. Hors énergie et alimentation, la hausse n'est quede 0,8 %. Pour le quatrième mois consécutif, l'inflation se situe en deçà de 1 %. En octobre,l'affaiblissement des prix de 1,1 % à 0,7 % sur un mois avait déterminé la BCE à baisser d'un quartde point son taux directeur à 0,25 %.

Certes, ce chiffre n'est pas une bonne nouvelle. Il est néanmoins cohérent avec la doctrine d'une« période prolongée d'inflation faible » proclamée depuis trois mois par Mario Draghi. Cettestatistique, à la différence de celle d'octobre dernier, n'est pas un élément nouveau. Il montrenéanmoins que la zone euro joue les équilibristes. La demande demeure faible et les marges desentreprises sont sous pression. A terme, cette situation est explosive : si un affaiblissement de lademande survenait, si les entreprises décident de rétablir des niveaux de marge supérieurs, on

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pourrait tomber dans un cycle déflationniste où la baisse des prix entretiendrait la réduction deseffectifs…

L'enjeu pour la BCE est donc de donner les moyens à la demande de se redresser, notamment parle biais des investissements. Mais, pour cela, il lui faudra enfin réussir à faire transmettre sapolitique monétaire à l'économie réelle.

1.Le credit crunch

On en est encore loin. La croissance de la masse monétaire M3, celle qui regroupe l'ensemble desmoyens de paiement, a continué à ralentir en décembre. Certes, les conditions de distribution ducrédit tendent à se stabiliser si l'on en croit les dernières données de la BCE. Compte tenu desmoyens engagés jusqu'ici par la BCE, de ses deux baisses des taux cette année et de son « forward guidance » (l'assurance de maintenir les taux à ce niveau ou plus bas pendant une périodeprolongée), ces résultats sont décourageants. Le nœud du problème est double : le systèmefinancier européen est resté très prudent dans l'attente des stress tests de la BCE et, dans certainspays (Chypre, Grèce, Slovénie), il demeure plus que convalescent. Mais la demande de créditreste également très faible, notamment du côté des entreprises où il a reculé de 12 % en janviercontre -10 % en décembre. Signe là encore qu'il existe en zone euro un problème du côté dufacteur demande.

1.La crise des émergents

Le modèle européen de sortie de crise repose sur une reprise des exportations. Le moteur de cettereprise ne peut n'être que les pays émergents. Or, jusqu'ici, la reprise s'est surtout réalisée eninterne : la stabilisation de la situation dans les pays périphériques a conduit à une amélioration desexportations, notamment en Allemagne. Pour accélérer, la zone euro ne peut compter que sur lemoteur externe. Les États-Unis peuvent aider, mais sans une demande émergente, la croissanceeuropéenne risque de se retrouver rapidement à court de carburant.

Face à la tourmente qui emporte les « Fragile Five » et au ralentissement chinois, la BCE ne peutconcrètement rien faire. Sauf, là encore, compenser par une dynamisation de la demande enprovenance de la zone euro. Si l'investissement repart en zone euro, la croissance pourra monteren puissance en attendant que la situation se redresse dans les pays émergents. La BCE doitaussi prendre en compte son taux de change pour compenser la perte de compétitivité desentreprises de la zone euro induite par les dépréciations des monnaies émergentes.

1.Le dollar et le tapering

Officiellement, la BCE ne se préoccupe pas de la politique de la Fed. Le tapering a eu, jusqu'ici, uneffet positif sur la zone euro en conduisant les investisseurs à se replier vers la dette des payspériphériques. L'Irlande a pu ainsi sortir du plan d'aide, la Slovénie éviter l'arrivée de la troïka et le

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Portugal espérer ne pas avoir besoin d'une « rallonge » cet été. Mais, malgré le tapering, l'eurodemeure fort. Son affaiblissement avec l'annonce de la décélération des rachats de titres de la Feda été très réduit. Certes, en un mois, il a perdu 1,8 % pour redescendre à 1,3540 dollar pour uneuro, mais le niveau reste encore supérieur à la moyenne de 2013, déjà jugée élevée. Sanscompter qu'entre juillet et décembre dernier, l'euro a bondi de 8 %...

L'euro fort pèse sur les exportations, dont on a vu qu'elles étaient le seul vrai moteur de lacroissance européenne. Surtout, il oblige les entreprises de la zone euro qui joue sur lacompétitivité prix à encore baisser leurs coûts et donc à peser sur la demande intérieure de larégion. Enfin, il réduit la facture énergétique et tire vers le bas l'indice des prix. Il a donc un tripleeffet déflationniste. La BCE, il est vrai, dispose encore d'une politique bien moins accommodanteque la Fed…

1.La reprise économique

Depuis le milieu de l'année 2013, le scénario d'une reprise économique en zone euro se dessine.Mais elle reste très faible et incertaine, soumise à des accès de faiblesse, comme celle qu'a connula France au troisième trimestre (contraction du PIB de 0,1 %). L'accélération à venir semble trèsinégale, l'Allemagne semblant faire cavalier seul. Pour la BCE, il est essentiel qu'il y ait uneaccélération réelle de la dynamique conjoncturelle afin de sortir de la désinflation. En réalité,l'unique salut de la BCE réside dans la croissance à court terme. Toute sa politique doit donc viserà la soutenir.

1.Le facteur allemand au sein du conseil des gouverneurs

Mario Draghi doit agir prudemment face à l'opposition de la Bundesbank et de ses alliés. Ladifficulté, c'est que l'Allemagne, première économie de la zone euro, est dans une situation trèsdifférente du reste de la zone euro. Sa compétitivité dépend peu du niveau de l'euro, elle ne réalisepas de dévaluation interne et certains s'inquiètent de l'envolée des prix de l'immobilier dans lesgrandes agglomérations en raison de la politique de taux bas de la BCE (qui, outre-Rhin, setransmet bien à l'économie réelle). Sans compter la mauvaise réception faite en Allemagne à la« répression financière » menée par la BCE sur les rendements et l'épée de Damoclès politiqueque représente le parti « anti-euro » Alternative für Deutschland.

Autrement dit, la Bundesbank a toutes les raisons du monde de freiner des quatre fers toutetentative de la BCE s'assouplir encore sa politique monétaire, même si elle devrait céder surcertaines mesures légères (la conjoncture allemande dépend beaucoup de la demande de la zoneeuro ). Mario Draghi pourrait certes, en cas d'urgence, se passer de l'accord du gouverneurallemand. Il l'a déjà fait. Mais d'une part, il ne peut nier que certains des arguments de la Bubasont, dans le cas allemand, justifiés et, d'autre part, il a toutes les raisons de se montrer prudentsalors que la Cour constitutionnelle de Karlsruhe planche sur le cas de son programme OMT etqu'elle doit, en avril, donner son avis sur le sujet. Une décision défavorable, d'une façon ou d'une

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autre, à l'OMT, compliquerait la tâche de la BCE. Mario Draghi sait qu'il doit éviter de brusquerl'opinion allemande pour laisser les juges de Karlsruhe décider sans subir de pressions.

 

 

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CRISE DE LA ZONE EURO > Le tabloïd allemand fait encore ce mercredi matinune "manchette" au vitriol sur la richesse des Grecs au moment où se négocie untroisième plan d’aide. Mais leur argumentation est entièrement fausse.

Romaric Godin

Grèce : Bild Zeitung sort l'arme du mensongepour sauver le contribuable allemand...

C'est une sorte d'habitude. Lorsqu'un nouveau plan d'aide à la Grèce se prépare, le tabloïdallemand Bild Zeitung lance une campagne pour s'insurger contre la mise en croix (supposée) descontribuables allemands. Alors que le ministre des Finances fédéral Wolfgang Schäuble travailledésormais à la constitution d'un nouveau programme pour Athènes, Bild a titré ce mercredi matindans sa typographie criarde habituelle : « Les Grecs sont plus riches que nous ! » Et d'ajouter : « C'est officiel : la fortune moyenne est deux fois plus importantes qu'en Allemagne, mais legouvernement prépare une nouvelle aide de plusieurs milliards. »

Les explications du tabloïd

Tout l'article qui se déploie sur la page 2 est à l'avenant. Parmi les raisons de la « richessegrecque », Bild condamne la faiblesse des impôts (alors qu'il fustige la pression fiscale française),la propriété immobilière, les retraites trop élevées et… l'évasion fiscale («  ils trichent avec leursimpôts !  »). Et de reprendre une proposition du chef de la FDP libérale Christian Lindner deremplacer le troisième plan d'aide à la Grèce par un « impôt sur la fortune. » Là encore, cetteproposition est cocasse lorsque l'on se souvient que la proposition française d'une tranche à 75 %de l'impôt sur le revenu avait déclenché une réaction vive de la presse allemande, Bild compris.

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Médian n'est pas moyen

Qu'en est-il en réalité ? Bild a été cherché une étude de la BCE publiée en 2013. Et on peut direqu'il l'a particulièrement maltraité. Bild écrit : « en moyenne un ménage grec a 101.900 euros. (…)Un ménage allemand n'a au contraire que 52.000 euros.  » Un coup d'œil sur les données de laBCE permet de montrer que ce qu'écrit Bild est faux. Ces chiffres se réfèrent à la valeur« médiane » (Median Net Wealth), autrement dit à la fortune qui coupe la population en deux. Cecisignifie que la moitié des ménages allemands disposent de plus de 52.000 euros, tandis que lamoitié des ménages grecs ont, eux, plus de 101.900 euros. Ce chiffre ne dit donc rien de la« moyenne » des fortunes.

Pour cela, il faut se référer à la fortune moyenne des ménages, chiffre également donné par la BCEsous la rubrique Mean Net Wealth . Mais l'ennui, c'est que, cette fois, la moyenne allemande estsupérieure à la moyenne grecque de 25 %. La fortune nette moyenne des ménages allemands estde 195.200 euros contre 147.800 euros pour les Grecs… On comprend que Bild n'ait pas pris lebon chiffre.

Etude de 2010

Par ailleurs, l'étude de la BCE utilise des données qui datent de 2010. Depuis, les mesures« d'ajustement » préconisées par le gouvernement allemand sous la pression de journaux commeBild a nettement réduit la fortune des Grecs. L'office statistique grec Elstat lui-même a estiméqu'entre 2008 et 2012, la perte de revenu disponible a atteint 40 % en Grèce . Les argumentsavancés par Bild ne tiennent plus depuis longtemps : les impôts ont été relevé et rentrent nettementmieux dans les caisse de l'Etat. Les retraites ont été à plusieurs reprises réduites et les Grecs vontvoir l'âge de départ à la retraite passer à 68 ans en 2030, date à laquelle les Allemands partiront à67 ans (et pas avant, comme on l'entend trop souvent). Enfin, selon la Banque centrale grecque, lavaleur des biens immobiliers grecs a chuté de 34 % depuis 2010 et la réalisation de l'étude de laBCE.

Article mensonger

L'article de Bild semble tout droit sortir de 2010. C'est un article qui, en réalité, nie tous les effortsdu peuple grec et toutes ses souffrances dans le seul but de flatter l'ego allemand et de faire dusensationnel. Cet article mensonger a cependant été distribué ce matin dans toute l'Allemagne aplus de 3 millions d'exemplaires… Les donneurs de leçons devraient parfois en prendrequelques-unes.

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EUROPE > Le Medef et la Fédération allemande de l’industrie ont demandémercredi que "la compétitivité des entreprises européennes soit au cœur dechacune des politiques de l’Union".

latribune.fr

Patronats français et allemands plaident pourun pacte de compétitivité européen

"Il y a entre les entrepreneurs français et allemands une totale convergence de vue sur lediagnostic et sur les moyens d'agir", estime Pierre Gattaz, pour qui "il y a besoin aussi en Europed'un choc de simplification".

Le président du Medef et celui de la fédération allemande de l'industrie (BDI) Ulrich Grillo ontdemandé mercredi que "la compétitivité des entreprises européennes soit au coeur de chacunedes politiques de l'Union" :

Nous sommes convaincus qu'une plus forte intégration européenne est un atout majeur pour notrecompétitivité, nous souhaitons donc un gouvernement de la zone euro pour que des décisions enmatière de compétitivité puissent être prises.

"Tailler dans la bureaucratie"

La mise en oeuvre d'un pacte de compétitivité au niveau européen devrait notamments'accompagner pour le Medef et le BDI de mesures permettant de "tailler dans la bureaucratie,

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d'allonger la durée du temps de travail et de durée d'activité, et de lutter contre le protectionnismeen facilitant l'adoption du traité transatlantique".

"On veut un changement de gouvernance majeur, la Commission européenne doit désormais tenircompte de l'impact de chacune de ses mesures sur l'industrie", a indiqué pour sa part Ulrich Grillo,qui a rappelé son hostilité à la création d'un salaire minimum en Allemagne.

Concernant la situation économique en France, le président du BDI, qui arborait à la boutonnièreun pin's "un million d'emplois" popularisé par son homologue, a "le sentiment que les choses vonts'améliorer", voyant "un pas important" dans le pacte de responsabilité présenté par FrançoisHollande.

"Le retour à l'équilibre ne peut se faire en alourdissant les charges des entreprises, la réduction desdépenses publiques doit être la priorité", a de son côté nuancé Pierre Gattaz.

Rencontre à l'Elysée

Les deux hommes s'exprimaient dans la perspective du conseil des ministres franco-allemand du19 février prochain mais également du conseil européen du 20 et 21 mars, qui doit "poser les jalonsde la politique industrielle européenne pour les 20 prochaines années", selon le patron du Medef.

Ulrich Grillo devait rencontrer mercredi après-midi le président de la République à l'Elysée enprésence du ministre de l'Economie Pierre Moscovici puis s'entretenir à Matignon avec le Premierministre Jean-Marc Ayrault.

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AGRICULTURE > Faute d’accord entre les États membres de l’Union européenne,un nouvel OGM, le maïs TC 1507 du groupe Pionneer, devrait être autorisé enEurope dès la semaine prochaine.

latribune.fr

Un nouvel OGM bientôt autorisé à la cultureen Europe

Il faut 260 voix pour obtenir la "majorité qualifiée" au Conseil européen. En ce qui concernel'interdiction du maïs OGM TC1507 du groupe Pionneer, elle ne devrait pas être atteinte carl'Allemagne, notamment, a annoncé mercredi sa volonté de s'abstenir lors du vote mardi prochain.

"Les États qui s'abstiendront voteront en faveur de l'autorisation", a averti le commissaire chargé dela Santé, Tonio Borg. "Si aucune majorité qualifiée n'est réunie contre la demande, alors elle seraautomatiquement approuvée", a-t-il précisé dans un entretien diffusé par Vieuws, un média internetspécialisé dans les affaires européennes.

Avis divergents en Allemagne

"Le gouvernement a décidé de s'abstenir lors du vote sur l'autorisation de ce maïs OGM TC1507, aexpliqué le porte-parole du gouvernement d'Angela Merkel, Steffen Seibert. C'est la procédurehabituelle quand il y a des avis divergents entre les ministères au sein du gouvernement sur undossier ou sur un sujet."

Lors d'une réunion des représentants des 28 États membres de l'UE mercredi à Bruxelles, àlaquelle l'Allemagne n'a pas participé, les États opposés à la culture du maïs TC1507, dont laFrance, l'Italie et la Pologne, ont rassemblé 176 voix. Les pays favorables à la culture de cet OGM,dont le Royaume-Uni et la Suède, ont réuni 91 voix. Les pays qui ont choisi l'abstention, comme laBelgique et les Pays-Bas, ont rassemblé 56 voix.

Le choix de l'Allemagne "aurait pu changer la donne"

Le porte-parole du ministère de l'Agriculture allemand, Jens Teschke, a décliné toute responsabilitéallemande dans ce dossier :

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Quelle que soit l'attitude de l'Allemagne, la Commission européenne avait déjà fait savoir qu'elleautoriserait la culture de cet OGM, indépendamment de notre vote, parce que la majorité qualifiée contrele culture n'aurait pas été atteinte. Donc notre attitude n'aurait eu aucune conséquence sur l'autorisation.

Un diplomate européen a confirmé que même si l'Allemagne (29 voix) avait choisi de voter contrel'autorisation de mise en culture du maïs TC1507 la "majorité qualifiée" n'aurait pas été atteinte.Mais le choix de l'Allemagne "aurait pu changer la donne", a ajouté ce diplomate s'exprimant souscouvert de l'anonymat.

L'enjeu était de rallier les autres abstentionnistes --Irlande, Belgique, Pays-Bas, RépubliqueTchèque et Portugal et leurs 56 voix-- et de convaincre la Roumanie (14 voix) prête à changer sonvote de pour à contre, a-t-on expliqué. Dans ces conditions une "majorité qualifiée" aurait pu êtretrouvée.

Opposition de la France

La Commission européenne avait relancé le dossier du maïs TC1507 en novembre, après avoir étécondamnée par la Cour de Justice de l'UE pour les retards pris dans la procédure d'autorisation,lancée en 2001 et bloquée depuis 2009 par les dissensions entre Etats.

Le ministre français de l'Agriculture, Stéphane Le Foll, a réaffirmé la détermination de la France àfermer les champs de l'UE à cette culture, et à réformer le cadre juridique européen. Le Parlementeuropéen a aussi appelé au rejet de la demande d'autorisation, par 385 voix contre 201 et 35abstentions.

Quatre OGM ont obtenu une autorisation de culture dans l'UE, mais un seul est encore cultivé dansquelques États, le maïs MON810 du groupe américain Monsanto, qui a demandé le renouvellementde cette autorisation. Les autres, deux maïs (BT176 et T25) et la pomme de terre Amflora, ont étéabandonnés.

Adoption de clauses de sauvegarde

La riposte à l'autorisation de culture donnée pour le TC1507 sera l'adoption de clauses desauvegarde par les Etats, comme celles adoptées en 2008 pour interdire sa culture en France, enAutriche, en Hongrie, en Grèce, en Roumanie, en Bulgarie et au Luxembourg.

La Commission a proposé une réforme de la procédure pour donner une base légale à la possibilitépour un Etat d'interdire la culture d'un OGM sur son territoire et en finir avec les clause desauvegarde. Cette réforme est bloquée par la France, l'Allemagne et le Royaume-Uni.

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ESPIONNAGE > Berlin soupçonne la NSA d’avoir placé Gerhard Schröder sousécoute alors qu’il était chancelier d’Allemagne. Un nouvel éclat dans l’affaireSnowden - et probablement pas le dernier.

latribune.fr

Ecoutes de la NSA : après Merkel, au tour deSchröder ?

Alors, à qui le tour ? Alors que l'Allemagne apprenait avec colère, en octobre dernier, que leurchancelière Angela Merkel avait été mise sur écoute par la NSA (National Security Agency), c'estau tour de son prédecesseur Gerhard Schröder de faire l'objet de révélations similaires, écritmercredi le quotidien Süddeutsche Zeitung.

Schröder était hostile à la guerre en Irak

L'agence de renseignement américaine a placé sur écoute le téléphone de Gerhard Schröder aumoins à partir de 2002, alors qu'il était chancelier d'Allemagne, affirme le quotidien. Selon cedernier, la principale raison qui a présidé à cette surveillance était l'hostilité du chanceliersocial-démocrate à l'intervention anglo-américaine contre l'Irak de Saddam Hussein.

"Nous avions des raisons de croire que Schröder ne contribuait pas au succès de la coalition(anti-Saddam Hussein)" , a déclaré au Süddeutsche Zeitung une personne qui était au fait de cesécoutes.

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35 EconomieLA TRIBUNE 06/02/2014

Gerhard Schröder, qui fut à la tête d'une coalition avec les Verts de 1998 à 2005, a déclaré ne pasêtre surpris. La découverte de la mise sur écoute du mobile d'Angela Merkel, en octobre dernier,avait choqué l'opinion publique allemande et conduit Berlin à réclamer, en vain jusqu'à présent, laconclusion avec les Etats-Unis d'un accord prohibant l'espionnage mutuel.

Le Congrès américain également espionné ?

Cette révélation intervient alors qu'un trouble a été jeté mardi au sein même de la Chambre desreprésentants américaine. Interrogé lors d'une audition de la commission judiciaire de laChambre, James Cole, le ministre adjoint de la Justice, a admis que la NSA avait "probablement"collecté des données provenant des communications téléphoniques des élus du Congrès.

Questionné avec insistance sur une possible surveillance des appels d'Obama, le responsable arefusé de répondre mais a promis de le faire ultérieurement.

Tandis que la NSA traverse un scandale sans précédent, l'administration Obama a promis, le 17janvier, une réforme du programme de surveillance, annonçant des changements sur le stockagedes milliards de métadonnées téléphoniques collectées. Le président américain a par ailleursproposé de placer le vice-amiral Michael Rogers, qui dirige les cyberservices de la marineaméricaine, à la tête de l'agence de renseignement. Si sa candidature est confirmée parle Congrès, l'homme succédera à Keith Alexander, qui dirige la NSA depuis 2005 et partira à laretraite en mars

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36 EconomieLA TRIBUNE 06/02/2014

LA PHRASE DU JOUR > Obamacare réduit l’incitation à travailler selon le bureaudu Budget du Congrès américain. Victime d’un succès mitigé, la réforme de lasanté de Barack Obama a toutefois pour atout d’être rentable pour l’Etat fédéral.

latribune.fr

L'assurance santé abordable décourage letravail, selon le Congrès américain

Les débats sur Obamacare, le système d'assurance santé défendu par Barack Obama, se sontapaisés au Congrès. Mais ils pourraient bien être relancés par le rapport publié cette semaine parle bureau du Budget du Congrès américain (CBO), une agence fédérale indépendante qui évaluel'impact des politiques publiques américaines. Celui-ci est en effet une mine d'arguments tant pourses partisans que pour ses opposants.

2 millions d'emplois en moins

Ainsi, " les subventions dans le cadre de l'ACA (pour Afordable Care Act, la loi qui institueObamacare) réduiront l'incitation à travailler ", pour le CBO. Selon l'agence fédérale, ce sont pasmoins de 2 millions d'emplois qui risquent de disparaître rien que par la mise en place d'un systèmed'assurance santé abordable et obligatoire.

Selon le CBO, le fait de ne plus avoir besoin de travailler pour bénéficier d'une assurance devraitavoir un double effet de découragement. Les personnes qui ne gardent leur emploi que pourbénéficier de l'assurance offerte par l'employeur (système généralisé aux États-Unis) pourraient

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désormais ne plus avoir de frein pour le quitter. L'agence fédérale considère aussi qu'une partiedes chômeurs en recherche d'emploi pourraient n'être motivés que par l'obtention d'une assurancesanté. Ceux-ci, en bénéficiant d'une couverture subventionnée par l'État fédéral, pourraient sedétourner de l'emploi.

Peu d'engouement de la part des américains

Cet argument ajoute de l'eau au moulin des républicains, farouchement opposés à Obamacare.D'autant plus que pour le moment, le système de couverture subventionné n'a pas rencontré lesuccès attendu par l'administration Obama. Notamment en raison des nombreux problèmestechniques rencontrés par la plateforme de souscription en ligne qui avaient conduits le présidentaméricain à présenter des excuses publiques. Cette année, le CBO s'attend à ce que 14 millionsd'américains souscrivent à une couverture santé, contre 16 millions prévus par le gouvernementfédéral.

Mais des recettes supplémentaires pour le budget fédéral

Les démocrates pourront toutefois se consoler en présentant un argument inattendu et bienvenu ences temps de restrictions budgétaires réclamées par les républicains. Obamacare est rentable. Eneffet, les recettes, prélevées sur les assurances privées rentables devraient atteindre quelque 16milliards de dollars en 2014, alors que les dépenses pour subventionner les contrats d'assuranceabordables aux plus démunis ne s'élèveront qu'à 8 milliards de dollars. Les républicains pourronttoutefois opposer aux démocrates que l'État fédéral se fait de l'argent sur le dos du contribuable...

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PÉNURIE > Dans un contexte de forte inflation et d’érosion des devises,l’Argentine de Cristina Kirchner est au plus mal. Dernier symptôme en date : unepénurie de sauce ketchup dans les restaurants McDonald’s.

Florence Trainar

Cristina Kirchner face à la crise du ketchup

Si les Argentins se sont habitués à toute sorte de pénuries ces dernières années (soja, dollars...),l'absence de ketchup dans les McDonald's de leur pays pourrait bien être la goutte de trop.

Lundi 3 février, la célèbre chaîne de fast-food américaine s'est excusée auprès des Argentins de neplus pouvoir proposer de ketchup dans ses restaurants, et a évoqué une véritable situation de "pénurie"  dans tout le pays. Les clients en colère ont saisi cette occasion pour exprimer leurfrustration à l'encontre de la présidente Cristina Kirchner, qu'ils jugent responsable de l'état désastreux de l'économie argentine.

Problème d'accès aux dollars ou capotage des fournisseurs ?

Sous la présidence de Cristina Kirchner, la veuve de l'ancien président Nestor Kirchner, legouvernement a en effet mis en place un certain nombre de mesures visant notamment à contrôlerles importations et les échanges de devises. Ces restrictions, à l'origine d'un effondrement de laconfiance des investisseurs dans le pesos, sont aujourd'hui au premier rang des accusés.

Le problème, comme pour chaque pénurie,  "est largement lié au contrôle exercé par le

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gouvernement argentin sur les échanges de devises", estime ainsi Jimena Blanco, une analyste deMaplecroft, citée par  The Independent .  "Dans le cas du ketchup, il semblerait que les sachetssoient empaquetés au Chili, poursuit-elle. McDonald's Argentine aurait suffisamment d'argent pourpayer ce service en pesos - mais le manque d'accès au dollar" pose problème.

De leur côté, les représentants de McDonald's à Buenos Aires n'ont cependant pas encoreexpliqué si la pénurie était due à un problème de devises et d'importation ou à un défaut de la partdes fournisseurs.

Colère sur les réseaux sociaux

Dans un contexte de forte inflation et d'érosion des devises, le gouvernement argentin commenceenfin à essayer de redresser la barre. Le chef du gouvernement Jorge Capitanich avait notammentannoncé, vendredi 24 janvier, la levée d'une mesure impopulaire qui compliquait l'achat de dollars.

Mais pour les argentins, traumatisés par la débâcle économique de 2001, il semble que la pénuriede ketchup soit bien la goutte de trop. Ainsi, lundi, les réseaux sociaux ont-il été le théâtre d'unedéferlante de colère contre Cristina Kirchner.

"Grâce à Cristina, dans le pays du chaos qu'est l'Argentine, il n'y a plus de ketchup dans lesMcDonald's..." , a ironisé un jeune homme exaspéré sur Twitter. "Pas le ketchup Cristina ! Pas leketchup !", a surenchéri une autre internaute. On n'ose pas imaginer ce qu'il se serait passé en casde défaut de frites.

Photos : impressions-écrans Twitter

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AUTOMOBILE > La firme tricolore prévoit d’industrialiser cette année en Inde sonmonospace Lodgy d’entrée de gamme, fabriqué uniquement à Tanger (Maroc)aujourd’hui. Après un semi-échec en Europe, ce véhicule familial va vivre uneseconde vie en Asie-Pacifique. En attendant la voiture à très bas coûts en 2015.

Alain-Gabriel Verdevoye, à New Delhi

Renault va produire son monospace marocainLodgy à bas coûts en Inde

Renault ne se contente pas de produire depuis 2012 le 4x4 Duster à bas coûts en Inde. Il va aussiproduire l'an prochain son modèle à très bas coûts à moins de 4.500 euros. Mais, avant cela, « Renault va lancer en 2014 son monospace Lodgy en Inde », nous déclare une source proche dudossier au salon de l'auto de New Delhi, qui s'est ouvert aux professionnels ce mercredi.

« C'est un produit très adapté au marché, qui devrait connaître le même succès que le Duster ».

Ce Lodgy, produit depuis l'an passé à Tanger au Maroc pour l'Europe essentiellement, étaitcommercialisé sous le logo roumain Dacia jusqu'ici. Mais si, sur le Vieux continent, c'est unsemi-échec, ce véhicule à bas coûts familial, simple et fonctionnel, va se relancer enAsie-Pacifique. Il sera produit à Chennai, en Inde. Avant sans doute d'être aussi fabriqué ailleurscomme en Indonésie. Un nouveau modèle universel, après la Logan ou le Duster.

« Le projet du Lodgy en Inde a pris du retard, car il a fallu l'adapter pour le rendre plus beau », souligne

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notre source.

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Effectivement, son physique ingrat a fortement desservi le Lodgy en Europe. Vendu en Inde sous lelabel Renault, ce modèle a pour avantage de partager sa plate-forme et énormément de piècesavec le Duster. Son industrialisation dans le site géant de l'Alliance Renault-Nissan à Chennai(ex-Madras, dans le sud du sous-continent) ne pose donc aucun problème. Ce Lodgy indienrivalisera avec le Toyota Innova japonais et le Maruti-Suzuki Ertiga, de la co-entrepriseindo-nippone, qui rencontrent un beau succès comme moyen de transport familial.

Plein de nouveaux modèles

Renault, qui est déjà la première marque européenne sur place, va donc étoffer sérieusement soncatalogue. Le Duster représente aujourd'hui 80% des volumes de la marque en Inde (64.368 unitésl'an dernier, +83%). Renault vise 5% de part de marché à terme ici, contre 2,6% l'an dernier. LeLodgy pourrait ajouter 50.000 unités supplémentaires annuelles, même si Renault refuseofficiellement de communiquer le moindre chiffre, refusant même d'évoquer le sujet publiquement.

Après le Lodgy, viendra le modèle à très bas coûts, sur une toute nouvelle plate-forme « CMF -A ».Cette voiture de la taille d'une Twigo européenne - on évoque 3,60 mètres environ - « seracommercialisée en 2015 », nous précise Arnaud Deboeuf, directeur de la gamme « Entry » deRenault, qui a dévoilé ce mercredi un concept de petit véhicule évoquant - de loin - le prochainprojet.

Cette future « mini-Logan » tant attendue et aussi produite à Chennai va pouvoir concurrencer, elle,les Maruti-Suzuki ou autres Hyundai coréennes premier prix, qui cartonnent en Inde.

« Ce segment est au coeur du marché. Il s'agit de véhicules à moins de 4.500 euros », explique SylvainBilaine, qui fut le premier directeur général de Renault en Inde avant de devenir aujourd'hui le directeurdu consultant SyB Consulting.

« C'est le segment où triomphe Maruti-Suzuki, où Hyundai arrive et où les autres constructeurs… seplantent régulièrement », précise-t-il !

« Toute l'ingénierie du futur véhicule aura été faite en Inde. Et on s'adresse aux fournisseurs deSuzuki-Maruti et de Hyundai. C'est le marché le plus compétitif du monde », souligne Arnaud Deboeuf,histoire de souligner que l'Inde est le pays qui construit aux coûts les plus faibles.

Ce modèle pas cher ne sera pas une sous-voiture.

« Il faut sortir un bel objet. Sinon, ça ne marche pas. Ce sera un modèle crédible, sexy, une vraievoiture », lâche Arnaud Deboeuf.

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La marque Datsun a présenté le concept Datsun Redi-Go qui préfigure la voiture à très bas-coût de Renault - Nissan./

DR

Au Brésil, en Europe

Ce modèle sera-t-il commercialisé ailleurs qu'en Inde ?

« On se polarise sur l'Inde. Après, pour d'autres marchés, on peut toujours ajouter des exigences et deséquipements, mettre des aciers plus épais. Mais, il vaut mieux d'abord faire le produit le moins cherpossible. Quitte à l'enrichir ensuite. A l'inverse, il est très difficile de dépouiller une voiture en partantd'une base plus compliquée », explique le dirigeant.

D'après nos informations, cette voiture serait ultérieurement industrialisée au Brésil. Elle devraitaussi être à terme commercialisée en Europe… Mais il est trop tôt pour savoir si elle viendra del'Inde par exemple ou sera produite dans usine est-européenne ou du pourtour méditerranéen. Lesresponsables de la marque française poussent en tous cas - publiquement - les hauts cris quandon leur parle de la question.

« Souvenez-vous de ce qui s'est passé avec la Logan », nous assure pourtant in petto un dirigeant.

La Logan, lancée en 2004, avait été prévue initialement rien que pour les pays émergents… avantde débarquer en Europe de l'ouest assez rapidement. A bon entendeur.

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AUTOMOBILE > Alors qu’il progresse fortement en Inde, démarre en Indonésie etconstruit son usine en Chine, Renault compte finaliser un nouveau projet departenariat industriel dans la région Asie-Pacifique cette année.

Alain-Gabriel Verdevoye, à New Delhi

Renault vise une forte croissance enAsie-Pacifique

Pas de chance. Renault aurait dû afficher une forte croissance l'an dernier en Asie-Pacifique. Maislas. Le quasi-retrait de la firme tricolore d'Iran, pour se conformer aux exigences de boycottinternational en milieu d'année dernière, lui a fait perdre l'équivalent de 64.000 voitures. Du coup,Renault a réduit ses ventes sur l'ensemble de la zone Asie-Pacifique en 2013 à 238.450 véhicules.

Mais, hors Iran, « nos ventes y ont progressé de 29%. La région représente la moitié du marché automondial, mais seulement 10% des ventes totales de Renault. On veut donc y croître le plus rapidementpossible », souligne Gilles Normand, directeur de la zone Asie-Pacifique du constructeur automobilefrançais, en avant-première du salon de New Delhi en Inde qui ouvre ses portes aux professionnels cemercredi. 

« Nous avons fortement investi au Brésil, qui est devenu notre deuxième débouché mondial, puis enRussie qui est notre troisième. Ensuite, Renault a investi en Inde, puis il le fait maintenant en Chine, enIndonésie. Et, en 2014, nous allons finaliser un nouveau projet d'implantation dans la région », annoncele dirigeant.

Gilles Normand se refuse à citer le pays. Il assure toutefois, à un autre moment de notre

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discussion :

« la Thaïlande est un important marché sur lequel nous ne sommes pas »…

Objectifs chiffrés flous

S'il abandonne, du moins, publiquement, ses objectifs chiffrés de doubler ses ventes à terme dansla région, comme il l'affirmait il y a quelques mois, le responsable veut toutefois « multiplier pardeux la part de marché en Inde à 5% à moyen terme (2,6% l'an passé) ».

Le constructeur français a déjà affiché un formidable bond de ses ventes de 83% l'an dernier dansle pays à 64.368 unités. Et ce, grâce au succès du 4x4 Duster. La firme au losange est devenue lapremière marque européenne sur le marché, devant Volkswagen, à travers un réseau de 125points de vente, qui sera porté à 175 en fin d'année.

Avec la présentation le 5 février de son concept destiné à occuper le terrain en attendant son futurvéhicule à très bas coûts qui sera industrialisé sur place en 2015, Renault est d'ailleurs l'un desconstructeurs phare du douzième salon de l'auto de New Delhi.

La gamme Renault démarre aujourd'hui sur place « autour de 5.000 euros avec la Pulse (ndlr : unepetite Nissan Micra restylée) », explique Gilles Normand.

Or, « 40% du marché indien, ce sont des véhicules à moins de 5.000 euros. Le plus gros de cesegment, ce sont même des modèles entre 2.500 et 3.000 euros », souligne de son côté SumitSawhney, PDG de Renault India…

Ce véhicule révolutionnaire sera produit sur le site de l'Alliance Renault-Nissan à Chennai, dans lesud de l'Inde, dont les capacités de production sont de 400.000 unités annuelles. Un projet de «mini-Logan » qui pourra évidemment servir aussi sur d'autres marchés.

Retour en Iran

En Indonésie, Renault vient par ailleurs de débuter l'assemblage du 4x4 Duster avec descomposants venus d'Inde. Une vraie industrialisation devrait commencer en 2015.

« Objectif : devenir en Indonésie, comme en Inde le premier constructeur européen, et ce en 2016 »,indique Gilles Normand.

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Viendra ensuite le gros projet chinois, après un tardif feu vert du gouvernement de Pékin enfinaccordé fin 2013. Une usine à Wuhan, dans le centre de l'ex-Empire du milieu, sera opérationnelleen 2016, «  avec des produits spécifiques. Il s'agira d'une gamme de « SUV » (4x4)  », enco-entreprise avec le groupe chinois Dongfeng, déjà partenaire de Nissan et… PSA.

Enfin, même sur le délicat marché iranien, Renault entrevoit une embellie. Le groupe y fabriquedepuis quelques années sa Logan (baptisée Tondar), dont il a écoulé 100.000 unités en 2012.

« La levée des sanctions américaines le 20 janvier 2013 pour six mois renouvelables génère un meilleurenvironnement. Ce marché a pesé 1,4 million d'unités avant les sanctions. On a réussi à en occuper10%. Et ce marché a un potentiel pour monter à deux millions », assure le dirigeant de Renault,gourmand, qui ajoute : « on peut recommencer les ventes cette année ».

Il reste toutefois à s'assurer que «  la levée des sanctions sera durable et permettra de fluidifier ladisponibilité en devises (ndlr : pour acheter des pièces à Renault afin de produire sur place) ». Lafirme au losange affirme avoir 350.000 véhicules qui roulent en Iran. Un beau parc, même s'il esttrès inférieur à celui des Peugeot.

Gros retard à comble

Indiscutablement, Renault est très en retard dans cette région Asie-Pacifique, où son allié japonaisNissan règne en maître. En Chine, il sera même le dernier entrant parmi les constructeursmondiaux ! Mais l'exemple de sa percée en Iran, avant les sanctions, et en Inde, démontre qu'il a,avec sa fameuse gamme "Entry"  (Logan, Sandero, Duster…), les produits susceptiblesd'intéresser les clients dans la zone. Le futur modèle à très bas coûts devrait encore renforcersingulièrement son potentiel de séduction.

Pour la Chine, un marché sur lequel les étrangers ne se battent pas avec des véhicules à bas coûtsmais au contraire des modèles très occidentaux, Renault peut compter sur ses "SUV" développésen collaboration avec le spécialiste Nissan. L'alliance avec le japonais est d'ailleurs la clé de voûted'une percée de Renault dans cette zone.

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AUTOMOBILE > La luxueuse marque Aston Martin a sonné mercredi le rappel enatelier de 75% de sa production des six dernières années, après avoir découvertqu’un sous-traitant utilisait du plastique de contrefaçon.

latribune.fr

Aston Martin rappelle 17.590 voitures aprèsdes soupçons de contrefaçon

Problème de fournisseur pour Aston Martin. L'emblématique firme britannique a annoncé mercredirappeler 17.590 véhicules après avoir découvert qu'un sous-traitant d'un fournisseur chinois utilisaitdu plastique de contrefaçon pour fabriquer un composant.

Ce rappel concerne tous les modèles à conduite à gauche construits depuis novembre 2007 ettoutes les voitures à conduite à droite produits depuis mai 2012, soit environ 75% de l'ensembledes véhicules construits sur cette période. Le modèle Vanquish n'est pas concernée, a précisé uneporte-parole.

Problème d'accélérateur

Aston Martin a découvert que Shenzhen Kexiang Mould Tool, un sous-traitant chargé de produireune partie de la pédale d'accélérateur, utilisait un matériau plastique contrefait fourni par SyntheticPlastic Raw Material, une autre entreprise chinoise, explique le constructeur propriétéd'investisseurs financiers, dans des documents transmis aux autorités américaines de la sécuritéroutière.

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L'utilisation de ce matériau contrefait implique un risque de rupture de la pédale d'accélérateur,augmentant donc le risque d'accident, ajoute-t-il. Une porte-parole d'Aston Martin a déclaréqu'aucun accident lié à ce facteur n'avait été porté à la connaissance de l'entreprise.

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TAXIS VS VTC > Les sociétés de Voitures de tourisme avec chauffeur (VTC) onteu gain de cause : le Conseil d’Etat a suspendu le délai de 15 minutes qui leur estimposé par décret depuis le 1er janvier.

latribune.fr

Le délai de 15 minutes pour les VTCsuspendu par le Conseil d'Etat

Dans le conflit qui les oppose aux taxis, les VTC (véhicules de tourisme avec chauffeur) marquentdes points. Saisi en référé, le Conseil d'Etat a suspendu mercredi le délai de 15 minutes entre laréservation et la prise en charge du client imposé aux VTC , estimant que le décret "porte uneatteinte grave et immédiate aux intérêts économiques" des sociétés requérantes, parmi lesquellesla société Allocab, à l'origine de la demande.

>> Lire : Conflit taxis-VTC: le Conseil d'Etat tranchera "dans la semaine"

Le Conseil d'Etat devra encore se prononcer sur la validité du décret, émanant du ministère del'Intérieur. Lundi, celui-ci expliquait :

Le préjudice (pesant sur les entreprises de VTC, Ndlr) est illégitime car il se base sur la volonté debénéficier du même droit que les taxis alors que les statuts sont différents. Les VTC et les taxis nerendent pas les mêmes services, ils ne sont pas censés répondre aux mêmes besoins.

Le magistrat estime par ailleurs que le décret "nuit au développement en France d'une offre de

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51 EntreprisesLA TRIBUNE 06/02/2014

transport de personnes sur réservation préalable. Le décret porte atteinte à la liberté du commerceet de l'industrie et à la liberté d'entreprendre", selon la décision dont l'AFP a copie.

Les taxis demandent une loi

Quelques heures après l'annonce de la décision, les syndicats de taxis ont demandé augouvernement "de prendre ses responsabilités en légiférant" pour préserver leur profession face àdes VTC dont la concurrence les fait "couler".

Les syndicats de taxis, qui manifesteront lundi à Paris, attendent des pouvoirs publics "qu'ils interdisent toutes les applications de réservation qui permettent à d'autres de faire n'importequoi".

"Première marche vers la victoire"

Pour l'avocat de la société Allocab, Me Patrice Spinosi, la décision de la plus haute juridictionadministrative est "une première marche vers la victoire définitive des VTC" :

Je suis optimiste pour la suite, depuis la décision de l'Autorité de concurrence nous savons que le droitétait à notre bénéfice. Nous en avons à présent la confirmation.

Calmer la grogne des taxis

Mi-octobre, le gouvernement avait annoncé qu'à partir du 1er janvier 2014, un délai de 15 minutes -les taxis voulaient deux heures de délai - serait instauré entre le moment où un client commandeune voiture avec chauffeur et sa prise en charge, exception faite pour les réservations effectuées àpartir d'un hôtel haut de gamme ou lors d'un salon professionnel.

>> Lire : Taxis contre VTC: la bataille des 15 minutes n'est pas terminée

Il espérait ainsi calmer la grogne des taxis, qui voient d'un mauvais oeil l'arrivée de ces nouveauxconcurrents. En effet, ce délai ne s'appliquerait pas aux radio-taxis. Or ceux-ci fonctionnent euxaussi sur réservation, il y aurait donc "distorsion de concurrence ayant des conséquences trèsnégatives sur l'activité économique des sociétés de VTC" et ce serait "défavorable auxconsommateurs", souligne l'Autorité.

Car selon elle, au contraire, l'apparition des VTC "est susceptible de rééquilibrer la demande etl'offre de transports particuliers et de permettre une diversification de cette dernière" , surtout enrégion parisienne où il existe une pénurie.

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>> Lire : Taxis, VTC, que choisir? Ça dépend...

[Edité à 16h40 avec réaction des syndicats de taxi]

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AÉRIEN > Après avoir conçu le siège de la classe affaires long-courrier de lacompagnie française en 1995 (l"Espace 127), Zodiac n’avait pas retenu pour lesiège suivant. Aujourd’hui, c’est à nouveau l’industriel français, leader de cemarché, qui est choisi pour réaliser le nouveau siège Business d’Air France.

Fabrice Gliszczynski

Le grand retour de Zodiac dans la classeaffaires d'Air France (sièges d'avions)

En fabriquant le nouveau siège de classe affaires d'Air France, Zodiac signe son grand retour ausein de la compagnie française. Après avoir conçu le fameux Espace 127 en 1995 sous laprésidence de Christian Blanc, l équipementier aéronautique français n'avait pas été sélectionnépour le siège suivant, celui mis en service en 2004. C'est en effet le britannique Contour qui futchoisi à l'époque (lequel fut acheté en 2012 par… Zodiac) avec pas mal de déboires pour AirFrance. Le fabriquant de siège a non seulement connu quelques problèmes de production, lefauteuil ne convenait qu'à moitié aux passagers. En position couchée, il ne se transformait pas enun lit plat et de nombreux passagers se plaignaient de "glisser".

"Siège toboggan"

Mécontente la compagnie française avait demandé très vite une deuxième version. A nouveauinsatisfaite de ce siège "toboggan", Air France a changé de fournisseurs en faisant appel à B/EAerospace qui lancera les versions 3 et 4 de ce siège, lesquels ont apporté des améliorations trèsnettes. Mais pour sa montée en gamme, Air France a voulu un lit complètement plat en positionallongée. Pour disposer de ce "full flat bed", la compagnie française a fait appel à Zodiac, le leader

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du marché des sièges d'avions, qui fournit déjà des "business seats" à plusieurs grands noms dusecteur comme Emirates (sur ses A380) All Nippon Airways sur ses B787 et bien d'autres. Maiscontrairement à ces deux compagnies, qui ont choisi le siège "Skylounge", Air France a opté pourle "Cirrus", comme Cathay Pacific, ou American Airlines sur ses B777. Pour autant les sièges sontdifférents.

Ce produit est le meilleur du marché pour Zodiac

"Air France a choisi une plateforme et sur cette base, les designers et les marketeurs ont travaillédessus", a expliqué ce mardi le président du directoire de Zodiac Aerospace, Olivier Zarrouati., lorsde la présentation du nouveau siège de classe affaires d'Air France. La durée de ce travail a durédeux ans. "La part d'appropriation de la compagnie d'une plateforme est considérable. Il y a unesomme de détails qui fait la différence. C'est ainsi qu'on spécialise un produit", a-t-il ajouté enprécisant au sujet du siège d'Air France que "ce produit est le meilleur du marché. Il n'y a aucundoute là-dessus". Pour Olivier Zarrouati, "le métier des sièges d'avions réunit le métier industriel etceux de la mode et du design". Au prix catalogue, le prix des sièges First peuvent grimper jusqu'à500 000 euros. Et jusqu'à 50.000 euros en classe affaires, un prix auquel il faut ajouter 30%supplémentaire pour le système de divertissement à bord (IFE).

"Nous sommes un client extrêmement dur et exigeant et les équipes de Zodiac on été très bonnes. Ellesont réussi à répondre à nos demandes", a déclaré Alexandre de Juniac, le PDG d'Air France-KLM.

Plus de 2000 sièges à livrer d'ici à 2016

Pour autant, Air France a préféré la société américaine B/E Aerospace pour le siège Première quisera dévoilé en mai à Shanghai. Il n'empêche, fournir le siège business d'une compagnie qui visele leadership mondial en termes de confort et de qualité de services est un excellent coup pourZodiac. D'autant qu'après les 2.000 sièges affaires environ pour les 44 B777 concernés parl'installation de ce nouveau siège (ils doivent être livrés d'ici à 2016)  Zodiac est évidemment enpôle position pour remporter le marché de la reconfiguration des A380, ainsi que celui del'aménagement des 110 A350 et B787 d'Air France-KLM, à partir de 2016.

Un marché à 3 milliards de dollars par an

L'équipementier revendique 35% du marché mondial des sièges d'avions, un marché d'une valeurde 3 milliards de dollars selon Christian Novella, directeur général de Zodiac Seats. « Le marchéest en croissance est nous gagnons des parts de marchés », explique-t-il. Christian Novellarevendique pour la branche qu'il dirige une part de marché d'environ 45% sur les sièges des avionslong-courrier et environ 40% sur le seul marché de la classe affaires.

 Ce marché est très fermé. Zodiac Seats et B/E Aerospace détiennent les deux tiers du marché

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selon Yan Derocles, analyste chez Oddo Securities, cité par l'AFP. L'Allemand Recaro vientderrière avec environ 20% du marché. Seuls Zodiac et B/E Aerospace offrent tous les servicesquels que soient les sièges.

Les autres concurrents ne couvrent qu'une partie du marché. Sogerma (groupe Airbus) n'estspécialisé que sur les sièges Business. Le Japonais Gemco que sur la First et la Business..Recaro, plutôt sur les sièges de classe économique, comme les entreprises italiennes Geven ouAvio Interiors. C'est un marché de niche en raison d'importantes barrières à l'entrée", commentetoutefois Christophe Ménard, expert aéronautique chez Kepler Cheuvreux. "Les exigencestechniques sont très élevées. On ne fabrique pas des sièges d'avions comme on fabrique dessièges automobiles", dit-il.

Amortissement au bout de 7 à 10 ans

Leur conception et leur développement prennent du temps (entre 6 et 9 mois pour la conception,entre 12 et 20 mois pour la fabrication sur mesure). "Leur tenue au choc est en outre un élémentclé pour obtenir une certification", ajoute l'analyste, renvoyant aux images de l'accident d'un aviond'Asiana Airlines à l'aéroport de San Francisco en juillet 2013. Les sièges avaient alorsmanifestement résisté à l'impact.

L'amortissement des sièges se fait selon les compagnies au bout de 7 à 10 ans. Pour autant, lesspécialistes s'accordent à dire qu'à partir de 8 ans, le siège commence à atteindre ses limites. Ilexiste un marché du retrofit" qui permet de donner un coup de lifting à des sièges. Le prix est deuxfois moins cher qu'un changement complet de sièges. Mais on ne peut le faire qu'une fois 

>> Lire ici : L'incroyable business de la classe affaires

>> Les photos des nouveaux fauteuils business d'Air France sont visibles ici

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CONCURRENCE > La Commission européenne a accepté les concessions deGoogle pour remédier aux entraves à la concurrence dont est accusé le géantaméricain sur le marché de la recherche et de la publicité en ligne.

latribune.fr

Antitrust : Bruxelles accepte les engagementsde Google

C'est un accord qui peut ouvrir la voie à un règlement amiable. "La nouvelle proposition de Googleest de nature à résoudre les problèmes de concurrence", a déclaré mercredi le commissaire chargéde la Concurrence, Joaquin Almunia, au cours d'un point de presse.

Google se voyait reprocher principalement de mettre en avant ses propres services au détrimentdes autres moteurs de recherche spécialisés, par exemple des comparateurs de prix commeKelkoo ou des sites spécialisés dans les voyages comme Expedia ou lastminute.com.

"Nous allons faire des changements importants dans la manière dont Google opère en Europe", aréagi dans un communiqué un porte-parole de Google, Kent Walker. "Nous travaillons avec laCommission européenne pour résoudre les problèmes qu'elle a soulevés et sommes impatients derésoudre cette affaire".

Organisme indépendant de contrôle

Dans sa dernière offre, le géant américain a accepté de garantir que lorsqu'il proposera sur ses

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57 EntreprisesLA TRIBUNE 06/02/2014

pages ses propres services pour des restaurants, des hôtels ou des produits de consommation parexemple, il proposera également les services de trois concurrents sélectionnés selon une méthodeobjective.

Les services concurrents seront présentés d'une manière clairement visible pour les utilisateurs etcomparable à celle dont Google présente ses propres services, explique la Commission. Unorganisme indépendant sera chargé de vérifier si Google respecte ses engagements.

Joaquin Almunia a expliqué :

Sans empêcher Google de mettre en avant ses propres services, cela propose à l'utilisateur un choixréel entre services concurrents présentés de manière comparable. Ce sera à eux de choisir la meilleurealternative.

Google s'est également engagé à donner aux fournisseurs de contenus une possibilité de retrait("opt-out") afin que leurs contenus ne soient pas utilisés dans ses sites de recherche spécialisés,sans qu'ils en soient pénalisés. Il s'est également engagé à ne pas imposer de clauses d'exclusivitédans ses accords de publicité.

Des concessions insuffisantes pour les concurrents dont Microsoft

Ce début d'épilogue intervient après plusieurs rebondissements: la Commission avait manifesté àdeux reprises l'année dernière son refus des engagements proposés par Google, jugés insuffisantset dont ses concurrents, notamment le géant Microsoft, estimaient qu'ils ne feraient que renforcerson avantage.

>> Lire : Antitrust: Bruxelles demande à Google de revoir sa copie

Mi-janvier, M. Almunia avait exhorté Google à lui faire rapidement de nouvelles propositions,menaçant dans le cas contraire de s'engager sur la voie d'une communication des griefs, qui peutdéboucher au final sur des sanctions financières allant jusqu'à 10% du chiffre d'affaires global del'entreprise et exposait Google à près de 4 milliards d'euros d'amende.

Décision finale dans les prochains mois

Les 14 plaignants seront consultés sur l'analyse de la Commission avant la décision finale, sansdoute dans les prochains mois, de rendre les engagements de Google légalement contraignants. "Envisager un règlement sans consulter les parties prenantes constitue pour nous un échecretentissant. Nous ne croyons pas à la véritable intention de Google de s'en tenir à ces propositions" a réagi l'organisation Icomp, qui regroupe des plaignants dont Mappy et Microsoft.

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58 EntreprisesLA TRIBUNE 06/02/2014

Google devrait ainsi échapper à des sanctions qui auraient pu se monter à plusieurs milliardsd'euros, et cela mettra fin à une enquête particulièrement longue, puisqu'elle a débuté en novembre2010.

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59 EntreprisesLA TRIBUNE 06/02/2014

LE CHIFFRE DU JOUR > Le champion du e-commerce chinois prépare sonintroduction en Bourse outre-Atlantique. Elle pourrait être l’une des plusimportantes depuis celle de Facebook en 2012.

latribune.fr

153 milliards de dollars: une estimation de lavaleur du chinois Alibaba

Alibaba, un trésor à 153 milliards de dollars. Cette somme (équivalente à 113 milliards d'euros)correspond à la valeur totale du groupe selon une estimation moyenne établie par l'agence Bloomberg à partir de celles d'un groupe d'analystes. Au mois d'octobre, elle était de prèsde 30% moins élevées (120 milliards de dollars). 

Si son projet d'IPO (initial public offering, introduction en bourse) outre-Atlantique, évoqué enseptembre par Reuters, se concrétise, il s'agirait de l'un des plus gros de l'histoire.

>> Le palmarès des "IPO" mondiales

Jusqu'à 200 milliards... 

L'optimisme des analystes, dont certain estiment même que l'entreprise pourrait être valorisée 200milliards de dollars, s'est renforcé notamment depuis la publication de résultats trimestriels del'enseigne de e-commerce. Pour le trimestre se terminant en septembre 2013,ses bénéfices ontatteint 792 millions de dollars, soit 12% de plus que lors du trimestre précédent. De leur côté,

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60 EntreprisesLA TRIBUNE 06/02/2014

Facebook déclarait 297 millions de dollars de profits pour cette période et Yahoo (l'un de sesactionnaires) 297 millions. 

" Les gens sont optimistes à propos de la stratégie mobile d'Alibaba et le lancement de jeux etd'autres offres ", commente par exemple Ricky Lai, analyste chez Guotai Junan InternationalHoldings à Hong Kong, cité par Bloomberg. 

Des analystes plus méfiants

A l'inverse, d'autres analystes ont un peu calmé leurs ardeurs, notamment chez Evercore Groupqui a réduit son estimation à 150 millions de dollars, en affirmant que les résultats publiés le 28janvier par Alibaba étaient un peu en deçà de leurs prévisions. 

Tout dépendra en fait de ce que le groupe fondé par Jack Ma décide de placer en bourse, sa filialede micro-finance ainsi qu'Alibaba Cloud pouvant en être exclus.

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61 EntreprisesLA TRIBUNE 06/02/2014

HIGH-TECH > L’entreprise nippone, qui n’est pas parvenue à conserver sesmarges sur un marché très concurrentiel, procède à une restructuration de sesactivités pour sauver son bénéfice.

latribune.fr

Sony sur le point de se retirer du marché desordinateurs?

Fin de partie pour Sony. Vingt ans après son arrivée sur le marché des ordinateurs, le géant del'électronique a décidé de vendre une majorité des parts de sa filiale "Vaio" au fonds JapanIndustrial Partners pour une somme de l'ordre de 40 à 50 milliards de yens (295 à 370 millionsd'euros), rapporte mercredi la Une du quotidien économique japonais Nikkei.

Pour l'exercice 2013, Sony ne mise que sur la vente de 5,80 millions d'unités, une activitédéficitaire rapporte Nikkei . Le chiffre est loin des pics de ventes que pouvait atteindre l'entreprisenippone il y a quelques années, quand elle pouvait vendre près de 9 millions d'unité par an.

Des prix moyens trop élevés

 Si Sony est le 9e fabricant mondial de PC, sa part de marché ne dépasse toutefois pas les 1,9%pour la période de janvier à septembre, contre 2,5% en 2010, selon le cabinet IDC.

"Ils ont essayé d'avoir plus de modèles bas prix, mais jouent majoritairement dans le haut degamme, avec des prix moyens plus élevés que la plupart des vendeurs de PC du Top10 mondial"

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62 EntreprisesLA TRIBUNE 06/02/2014

, constate Jay Chou, chercheur analyste pour IDC.

Face à la montée en puissance des autres appareils numériques comme les tablettes ou lessmartphones, remplaçant parfois des ordinateurs personnels, et celle de la concurrence chinoise,aux produits à très bas prix, les marges de Sony se sont réduites, le nippon n'arrivant plus à lesconserver. 

Disparition possible de Vaio dans de nombreux pays 

L'essentiel des 1.000 salariés concernés par le rachat devraient conserver leur emploi au seind'une nouvelle entreprise, toujours située au Japon, et dont Sony n'aurait qu'une petite part. Elledevrait continuer à vendre des PC sous la marque Vaio au Japon et assurer le développement defuturs ordinateurs. Mais ceux-ci pourraient disparaître des rayons dans de nombreux pays, avertit Nikkei.

La chaîne NHK suggère toutefois une reprise à l'étranger par le chinois Lenovo. L'entreprise, qui arécemment racheté Motorala à Google pour 2,91 milliards de dollars , serait en discussion avecSony. 

Restructuration des activités

La cession de la filière PC fait partie d'un vaste programme de recentrage des activités de Sony,qui vise à sauver ses bénéfices. Le groupe doit annoncer jeudi ses résultats financiers pour lesneuf premiers mois de l'exercice 2013-2014 mais prévoit un bénéfice net de 30 milliards de yens(22 millions d'euros). Une révision pourrait toutefois intervenir, en même temps que l'annonce de lacession de Vaio.

En 2013, les ventes de PC ont continué à s'effondrer, avec un recul de 10% par rapport à 2012.Seul le Chinois Lenovo est parvenu à maintenir ses résultats, enregistrant même une croissancede 2,1% de ses expéditions

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63 EntreprisesLA TRIBUNE 06/02/2014

MÉDICAMENTS GÉNÉRIQUES > Si la substitution du Dafalgan et des autresmédicaments au Paracétamol est autorisée en France, le laboratoire supprimerait550 emploi à Agen, selon le Wall Street Journal.

latribune.fr

Le laboratoire américain BMS menace desupprimer des emplois en France

Dafalgan, mais aussi Doliprane, ou Efferalgan seront peut-être bientôt substituables par desgénériques. Ce qui ne fait bien sûr pas l'affaires des laboratoires qui produisent ces médicaments àbase de paracetamol. L'un d'eux, l'américain Bristol-Myers Squibb (BMS), qui emploie plus de2.600 personnes dans l'Hexagone , dont 1.400 sur ses deux sites d'Agen menace même desupprimer des emplois. 

550 employés en moins?

Une telle mesure, envisagée parmi les pistes de réformes visant à réduire le déficit de l'AssuranceMaladie, se traduirait " immédiatement par la suppression de 550 emplois " dans la ville duLot-et-Garonne. C'est du moins ce qu'auraient affirmés des membres de la direction à desreprésentants du personnels lors d'une réunion, selon le Wall Street Journal. 

Déjà, l'entreprise, premier employeur du département, aurait gelé un plan d'investissement de 60millions d'euros pour 2014 et 2015. La production du Dafalgan et d'autres médicaments à base deParacétamol rapporterait à la maison-mère d'UPSA quelque 180 millions d'euros de chiffre

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64 EntreprisesLA TRIBUNE 06/02/2014

d'affaires chaque année, selon le quotidien financier. 

Une procédure lancée en décembre

Plus largement, les autres acteurs de ce marché, et notamment Sanofi, se mobilisent eux aussi et évoquent dans la presse des suppressions d'emploi du même ordre. 

L'Autorité de la concurrence a proposé en juillet dernier que le paracetamol soit inscrit au répertoiredes génériques, comme dans la plupart des pays d'Europe. C'est l'Agence nationale de sécurité dumédicament (ANSM) qui est chargée de cette procédure. Celle-ci a d'ailleurs été lancée findécembre. 

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65 EntreprisesLA TRIBUNE 06/02/2014

RESTAURATION > Le hamburger occupe une part de plus en plus importante surle marché des sandwichs. Les fast-food n’ont plus le monopole et un quart desventes se font dans les restaurants traditionnels français.

latribune.fr

Les Français ont mangé près d'un milliard deburgers en 2013

Les ventes de hamburgers n'ont jamais été aussi importantes dans l'Hexagone où elles atteignent970 millions d'unités, rapporte une étude du cabinet Gira Conseil. Le burger représente près d'unsandwich consommé sur deux (45%)  en 2013.

En tout, ce sont 2,144 milliards de sandwichs que les Français ont englouti l'an passé, un marchéqui représente 7,27 milliards d'euros de chiffres d'affaires. 

"C'est la première fois que l'on qualifie les volumes de burgers vendus en France. Les chiffres sontimpressionnants: en 2000, on comptait un burger vendu pour 9 sandwichs; en 2007, 1 pour 7 et en2013, un pour deux", explique Bernard Boutboul, directeur général de Gira Conseil.

La France, 2ème plus gros consommateur européen

Avec plus de 14 burgers par an et par habitant, les Français sont les deuxièmes plus grosmangeurs européens de ce type de sandwich, derrière le Royaume-Uni (17), d'après une étude deNPD Group.

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66 EntreprisesLA TRIBUNE 06/02/2014

D'après Bernard Boutboul, "75% des restaurants traditionnels français (110.000 au total) proposentau moins un hamburger à leur carte" et "on enregistre une hausse de 40% de ses ventes en deuxans".  L'engouement des Français pour l'hamburger est tel qu'il le préfère à des plats traditionnelsde brasserie.

 "Pour un tiers des restaurateurs ayant le burger à sa carte, il est devenu le leader de la gamme de plat,devant l'entrecôte, les grillades ou les poissons."

Les restaurants classiques représentent désormais un quart des ventes totales de burger, avec 247millions de sandwichs servis. McDonald's et Quick, avec respectivement 1.200 et 370établissements, restent toutefois leader, avec 655 millions d'hamburgers vendus.

 

Crédit photo : Little Hamburgers . Via Flickr CC License by. 

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67 EntreprisesLA TRIBUNE 06/02/2014

JUSTICE > La Cnil a mis en demeure la société Hypercosmos, exploitant decentre commercial E.Leclerc en Gironde, pour surveillance excessive dessalariés.

latribune.fr

Ce gérant d'hypermarché E.Leclerc qui jouaitles big brother...

138 caméras, dont 39 dans des locaux non accessibles au public et des appareils biométriques...Le dispositif d'une émission de télé-réalité? Non. Le système de surveillance d'un centrecommercial de l'enseigne E.Leclerc situé à Saint-Médard-en-Jalles (Gironde).

Contrôler les salariés

Une partie de ces caméras ainsi que les appareils biométriques utilisés pour contrôler les horairesservent apparemment à contrôler davantage les salariés qu'à assurer leur sécurité ainsi que celledes produits dans le magasin. 

Mise en demeure

Ce dispositif jugé intrusif par la Commission nationale de l'informatique et des libertés (Cnil) amême conduit l'organisme à mettre la société Hypercosmos, qui gère l'établissement,en demeurede se conformer à la loi d'ici le 15 mars. Il ne s'agit cependant pas d'une sanction. 

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LOCATIONS > Loca-Pass, Solibail, GRL ou GLI. Plusieurs dispositifs sécurisantles propriétaires-bailleurs du paiement de leurs loyers ont été mis en œuvre cesdernières années, mais aucun n’a été couronné de succès. Nouvelle venue, laGarantie universelle des loyers (GUL) a l’ambition de faire mentir l’histoirerécente.

Mathias Thépot

Immobilier : quelles sont les garantieslocatives qui marchent ?

Même si elle a déjà fait couler beaucoup d'encre, la garantie universelle des loyers (GUL) de laministre du logement Cécile Duflot suscite toujours moult interrogations quant à son succès futur.Intégrée à la loi pour l'accès au logement et un urbanisme rénové (Alur), la GUL s'appliquera àpartir du 1er janvier 2016.Pour faire part de leurs scepticismes, les "Cassandre" avancent notamment les dernièresexpériences menées en matière de garanties locatives . La plus récente - qui inspirait la versioninitiale de la GUL avant sa modification par le Parlement - se nomme "Garantie des risques locatifs"(GRL).

La GRL trop complexe

Elle est apparue en 2006 pour faciliter l'accès au logement des ménages et principalement auxlocataires les plus modestes. Ce qui n'a jamais convaincu les assureurs, toujours à la recherched'un aléa.On a également reproché à la GRL l'exigence d'un trop grand nombre de critères, la rendant quasi

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69 Banque & FinanceLA TRIBUNE 06/02/2014

inaccessible . Au final, seuls 300.000 logements bénéficient de la GRL. Devant le surplus decontraintes, de nombreux bailleurs ont en fait préféré souscrire une assurance Garantie LoyersImpayés (GLI) auprès de leur assureur.

La GLI ne s'adresse pas aux plus modestes

Mais si cette dernière est tout de même souscrite pour 900.000 logements, elle ne s'adresse qu'auxpublics pouvant accéder sans difficulté au parc locatif privé, avec un taux d'effort allant jusqu'à 30ou 33 %. Cette garantie est donc inappropriée dans les zones tendues où le loyer peut facilementatteindre une part supérieure à un tiers des revenus.Et le gouvernement en place, qui a pour objectif de couvrir le maximum de ménages et en prioritéles plus démunis, n'a jamais milité pour un nouveau dispositif de ce type.

Solibail attend son second souffle

Le dispositif Solibail est pour sa part davantage en adéquation avec les objectifs du gouvernement,tout en permettant aux bailleurs de ne pas porter les risques d'impayés. La gestion de la locationest concrètement déléguée à une association. Mais la contrepartie pour le propriétaire-bailleur estque les loyers sont plafonnés à des niveaux dits intermédiaires. Ce qui a certainement nuit àl'attractivité de Solibail auprès des propriétaires.

A la base, "ce dispositif était destiné à inciter les propriétaires à mettre en location les logementsvacants", explique Laure Bourgoin, chargée de mission à l'association de consommateurs CLCV. Pour l'instant développé de manière trop marginale, Solibail pourrait trouver un second soufflegrâce à un partenariat signé ce mardi entre l'État et l'Union nationale de la propriété immobilière (UNPI). Laquelle s'engage à " faire connaître et valoriser " le dispositif Solibail auprès de "ses 250.000 adhérents et de son réseau de 120 chambres de propriétaires affiliées, sur l'ensembledu territoire", précise l'association.

Le Loca-Pass, le modèle de la GUL

Un autre dispositif efficient a officié... mais il a été supprimé après 10 ans d'existence le 1er janvier2010 pour les logements du parc locatif privé. Il s'agit de la garantie Loca-Pass. Elle semblaitpourtant "prendre son envol juste avant son arrêt" regrette Laure Bourgoin.Le Loca-Pass garantissait gratuitement le paiement du loyer et des charges au bailleur en cas dedéfaillance du locataire et ce, à hauteur de dix-huit mois pendant les trois premières années dubail.Pour déclencher la garantie, le locataire devait envoyer son dossier à Action logement (ancien 1%Logement) qui, après étude, lui " certifiait gratuitement (sans d'intérêt ni frais de dossier ndlr),l'avance du dépôt de garantie et/ou la couverture en cas d'impayés", indique Laure Bourgoin. Cetengagement était reconnu valable par l'État et par toutes les organisations représentant lesbailleurs. Malheureusement, "le Loca-Pass a eu un démarrage un peu difficile. Les propriétaires

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n'avaient pas confiance dans ce dispositif nouveau, lui préférant le recours à la caution. C'étaitréellement une question de confiance", déplore Laure Bourgoin. 

Dommage, car le dispositif semblait attractif pour tous les intéressés. Ce n'est d'ailleurs pas unhasard si la nouvelle GUL de Cécile Duflot ressemble à s'y méprendre à un Loca-Pass élargi auplus grand nombre.D'abord parce que la GUL est aussi gratuite ; ensuite parce qu'elle n'impose rien au bailleur; etenfin car c'est encore une fois Action Logement qui est sollicité pour en financer une bonne partie(la moitié). Ce, aux côtés de l'Etat.

 

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POUVOIR D'ACHAT > Pour 1.000 euros de mensualité, on peut s’acheter unlogement de 73 mètres carré à Toulouse, 58 à Lille et seulement... 21 à Paris !

Mathias Thépot

Immobilier : les prix accroissent les inégalitésentre villes françaises

Si l'on prend les dix plus grandes métropoles françaises, les écarts en matière de pouvoir d'achatimmobilier (qui évolue en fonction des taux d'intérêt de crédits et des prix) des ménages se sontaccrus en 2013. En effet, les légères baisses des prix dans certaines villes comme Toulouse,Marseille, Nice, ou celle, plus marquée, à Montpellier (-6%) ont contrasté avec la forte hausse àLille (+ 13%).Ce qui crée des différences substantielles en matière de pouvoir d'achat immobilier : désormais,pour 1.000 euros de mensualité, on peut acheter un bien de 58 mètres carré à Lille ; alors qu'àToulouse, par exemple, on peut acquérir un appartement de 73 mètres carré, selon une étude ducourtier immobilier meilleurtaux.com. On constate ainsi que l'évolution du pouvoir d'achatimmobilier en 2013 fut davantage liée à la variation des prix qu'à celle des taux d'intérêts de créditsimmobiliers.

Remontée des taux en 2014 ?

D'autant que "si l'année 2013 restera marquée par le niveau historiquement bas des taux, ceux-cisont restés globalement stables sur 12 mois" , indique meilleurtaux. Plus concrètement, "en moyenne les taux sur 20 ans sont passés de 3,47 % en janvier 2013 à 3,35 % en janvier 2014", ajoute le courtier. Et " pour 2014, si les taux restent actuellement stables à un niveau très

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avantageux, ils pourraient remonter progressivement au second semestre ", prévoit Hervé Hatt,président de meilleurtaux.com. Ils pourraient donc agir davantage sur l'évolution du pouvoir d'achatimmobilier.

Paris reste à part

Reste que dans une ville comme Paris, ce ne sont pas quelques points de pourcentage en plus surles taux qui changeront la donne du marché : une large partie de la population parisienne reste eneffet bien loin de pouvoir s'offrir un bien immobilier dans la Capitale.  Jugez plutôt : l'âge moyend'un couple effectuant leur premier achat y est proche de 40 ans et leurs revenus mensuelscumulés se situent en moyenne autour de 8.000 euros… Autre chiffre révélateur de la folie des prixparisiens : pour mille euros de mensualité sur 20 ans, on ne peut s'offrir que... 21 mètres carré !Soit 4 fois moins par exemple qu'à Strasbourg. Une preuve de plus que Paris est vraiment unmarché à part dans l'hexagone.

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ETATS-UNIS > La banque d’affaires américaine Morgan Stanley va verser 1,25milliards de dollars à la FHFA, un régulateur de prêts immobiliers aux Etats-Unis,pour mettre fin aux poursuites des autorités américaines dans le dossier destitres dérivés des prêts hypothécaires à risque (les fameux "subprimes").

Florence Trainar

Subprimes : Morgan Stanley paie à son tourpour éviter les poursuites

Après les 5,1 milliards de dollars versés par la banque d'affaire américaine JPMorgan, c'est au tourde Morgan Stanley de régler ses comptes avec l'Agence fédérale de financement du logement(FHFA), le régulateur des organismes para-publics de refinancement hypothécaire Fannie Mae etFreddie Mac.

1,25 milliards de dollars à l'amiable

Par un accord amiable négocié avec la FHFA, la banque va verser 1,25 milliards de dollars (925millions d'euros) pour clore des accusations de fraude dans l'affaire dite des "subprimes".

Le régulateur accusait Morgan Stanley d'avoir trompé les deux organismes de refinancementpara-publics, Fannie Mae et Freddie Mac, en leur vendant avant la crise de 2008 des titres dérivésde prêts hypothécaires risqués (subprimes). Les deux organismes estimaient avoir été trompés surla valeur de ces actifs et sur les risques qui y étaient associés.  

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Cette décision va affecter de 5 cents le bénéfice courant par action du dernier trimestre 2013, aprévenu Morgan Stanley. Le régulateur de prêts immobiliers a par ailleurs contraint l'établissementfinancier à renforcer à hauteur de 150 millions de dollars son enveloppe allouée aux litiges.

La banque d'affaires américaine n'en a pour autant pas fini avec les autorités américaines : elle estnotamment toujours  poursuivie en justice par la NCUA , le régulateur américain des caissesd'épargne, qui l'accuse d'avoir trompé deux banques coopératives, US Central et WesCorp, en leurvendant également des produits dérivés adossés à des prêts immobiliers risqués.

16 autres banques attaquées pas la FHFA

Souhaitant coûte que coûte récupérer les pertes infligées par les banques à Fannie et Freddie, laFHFA avait également déposé plainte en 2011 contre 16 autres banques, que sont Ally Financial(ex-GMAC), Bank of America (Bofa), Barclays, Citigroup, Countrywide Financial (filiale de BofA),Credit Suisse, Deutsche Bank, First Horizon National, General Electric, Goldman Sachs, HSBC,JPMorgan Chase, Merrill Lynch (filiale BofA), Nomura, The Royal Bank of Scotland et  la banquefrançaise Société Générale.

A l'instar des accords passés en 2013 avec Bank of America, Citi ou JPMorgan, ou de celui signédésormais avec Morgan Stanley, les deux organismes para-publics ont soldé la plupart des litiges àl'amiable.

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POLÉMIQUE > Après que le gouverneur de la Banque de France a jugé"irresponsables" les idées mises sur la table par le commissaire européen MichelBarnier dans le cadre de la réforme bancaire européenne, plusieurs experts de lafinance ont adressé une lettre ouverte au Conseil général de la Banque deFrance, lui demandant de réprimander Christian Noyer.

Mathias Thépot

Réforme bancaire européenne: les propos deChristian Noyer font des vagues

Relayées abondamment dans les médias, les déclarations du gouverneur de la Banque de FranceChristian Noyer, qui avait jugé "irresponsables et contraires aux intérêts de l'économie européenne" les propositions de réforme bancaire de Bruxelles, ont choqué plusieurs observateurs avertis.En premier lieu, c'est le commissaire européen Michel Barnier, qui porte les propositions de laCommission européenne visant à limiter les risques pris par les plus grandes banques du vieuxcontinent, qui s'est indigné des propos de Christian Noyer.

Il confiait à l'agence Reuters, la semaine dernière, qu'il refusait de "croire que Christian Noyer, quiest un homme compétent, ait pu faire ces déclarations en ayant pris connaissance du détail de nospropositions ". Avant d'expliquer : " Ce que nous faisons précisément c'est de donner auxsuperviseurs le pouvoir d'imposer la filialisation de banques trop grosses pour faire faillite, tropcomplexes pour être résolues sans crise systémique et trop chères à sauver avec des fondspublics, lorsque ces banques prennent des risques excessifs".

Les dirigeants français s'indignent des propositions Barnier

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76 Banque & FinanceLA TRIBUNE 06/02/2014

De manière stupéfiante, le projet Barnier a reçu un accueil très mitigé des élites dirigeantesfrançaises, visiblement satisfaites du projet de loi bancaire adopté en juillet dernier par la France, etcomplètement aseptisé par le lobby bancaire.

Las de la servilité ambiante des pouvoirs publics au lobby bancaire français, un groupe de 13experts de la finance, outrés par les déclarations de Christian Noyer, a adressé une lettre ouverteau Conseil général de la Banque de France. Ce dernier est habilité à mettre fin aux fonctions deChristian Noyer. "Sans envisager une telle extrémité", les signataires de la lettre demandent aux 11membres de conseil d'expliquer publiquement " si le gouverneur a pris la précaution de (les)consulter avant de faire cette déclaration comme gouverneur, donc en (leur) nom ; et dans le cascontraire, s'(ils) approuv(aient) cette déclaration". Ce, tout en invitant "fermement le gouverneur às'en tenir aux missions de la Banque de France et de faire preuve de mesure dans ses prises deposition publiques".

Christian Noyer est coutumier de ce type de déclarations

Si Christian Noyer est visé par cette fronde, c'est aussi parce qu'il est coutumier de ce type dedéclarations. Les signataires de la pétition rappelle qu'il "s'est déjà permis de critiquer la taxe surles transactions financières, promue par la France et 10 autres pays européens". Avant de poserune question d'ordre déontologique aux membres du Conseil général de la Banque de France : "Ne vous semble-t-il pas que cette nouvelle critique renforce le risque que le gouverneur et soninstitution apparaissent comme le porte-parole de grandes banques dont il reprend sans nuancesles arguments, alors qu'il préside l'Autorité qui les supervise ?".

Avec les banques lors de l'élaboration de la loi bancaire française

Durant l'élaboration de la loi française de séparation des activités bancaires, Christian Noyer avait déjà fait part à l'Est Républicain de ses convictions sur la solidité du modèle de banqueuniverselle, que François Hollande avait pourtant promis de réformer lors du fameux discours duBourget . "Nous avons aujourd'hui un système bancaire solide (…) Certaines activités de marchésont nécessaires à l'économie et nos banques doivent les poursuivre", avait ainsi déclaré M.Noyer.Et de reprendre les arguments du lobby sur le risque d'affaiblissement du secteur bancairefrançais.

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77 Banque & FinanceLA TRIBUNE 06/02/2014

NOTE SOUVERAINE > La Cour des comptes italienne a ouvert une enquête visantles trois principales agences de notations mondiales, Standard & Poor’s, Fitch etMoody’s. L’Italie estime son préjudice à plus de 117 milliards d’euros après unedégradation "injustifiée".

latribune.fr

Standard & Poor's, Moody's et Fitch visés parune enquête en Italie

Des accusations " sans fondement ". Standard & Poor's et Moody's ont dénoncé mercredi ladécision de la Cour des comptes italienne (Corte dei Conti) d'ouvrir une enquête sur leurs notation.

Selon Raffaele De Dominicis, procureur de la région du Latium, les trois grandes agences sont eneffet visées par une enquête au sujet des réductions de la note de la dette souveraine italienne en2011 et en 2012.

117 milliards d'euros de préjudice

La Cour des comptes estime que les déclassements effectués par Standard & Poor's, Moody's etFitch Investor Service, intervenus au pire moment de la crise de la dette de la zone euro, sontinjustifiés et ont coûté à l'Etat italien plus de 117 milliards d'euros.

Raffaele De Dominicis, interrogé par l'agence Reuters, a ajouté que les "Big Three" avaient deuxmois pour répondre au courrier de la Cour, au terme desquels le parquet disposerait de quatre

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mois pour étudier la suite des opérations.

Commentaires acerbes

En juillet 2012, l'abaissement de la note de l'Italie par Moody's, de A3 à Baa2 (deux échelonsau-dessus de la catégorie spéculative) avait suscité des commentaires acerbes en Italie. Plusieursanalystes avaient notamment remis en cause la capacité d'analyse de l'agence de notation.

Dans un commentaire de marché le chef économiste d'UniCredit, un des principaux groupesbancaires italiens, avait ainsi dénoncé le manque de capacité d'analyse de Moody's :

Cela pose un véritable problème lorsque les opinions de trois petits groupes auto-désignés, disposantde budgets de recherche très limités, ont une influence significative sur l'allocation de l'épargne. Je suissûr que Moody's fait tout ce qu'elle peut mais c'est de la folie que l'épargne des gens soit allouée sur labase d'un tel niveau d'analyse.

En novembre de la même année, la justice italienne avait également demandé le renvoi en justicede dirigeants de Standard & Poor's et Fitch, pour, selon le parquet de Trani (sud de l'Italie), des "manipulations de marché".

Plainte d'associations de consommateurs

Le parquet de Trani avait déjà ouvert fin 2010 une enquête pour manipulation de marché à la suited'une plainte déposée par des associations de consommateurs contre un rapport de Moody's,datant de mai 2010. Ce document avait eu un effet négatif sur les cours de Bourse des banquesitaliennes.

L'affaire avait été classée sans suite car l'enquête n'avait pas permis de conclure à "l'intention desauteurs" de ce rapport de "fournir aux marchés financiers des informations tendancieuses etpouvant provoquer une manipulation des marchés".

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LA POLÉMIQUE > Une fusion entre contribution sociale généralisée et impôt surle revenu étant écarté, la majorité songerait à d’autres solutions, notamment lasuppression de la déductibilité de la CSG.

latribune.fr

Faut-il supprimer la déductibilité de la CSG?Le débat fait rage

Il faudra attendre avril pour connaître les propositions du groupe de travail sur la fiscalité mis enplace par le Premier ministre. Mais déjà, certaines suggestions provoquent des remous. Ladernière polémique concerne une éventuelle réforme de la contribution sociale généralisée (CSG).Point d'achoppement: la question de sa déductibilité. Celle-ci est particulièrement évoquée depuisque des extraits du rapport du groupe de travail ont fuité dans la presse qui indiquaient que la pisted'une fusion entre l'impôts sur le revenu et CSG devait être écartée.  

● Christian Eckert pour une révision de la déductibilité

Christian Eckert (PS), le rapporteur général du Budget à l'Assemblée nationale a estimé fin janvierdans une interview au Parisien qu'il y avait "une injustice à corriger" dans le fait que la CSG puisseactuellement être en partie déduite de l'impôt sur le revenu. Plus précisément, il a jugé qu'"il existeplusieurs taux suivant les types de revenus et une partie de ce prélèvement peut être déduite del'impôt sur le revenu. Ce système est complexe et incompréhensible". 

Toutefois "il faudra en parallèle réformer les taux et les tranches de l'impôt sur le revenu. Car si la CSG ne peut plus être déduite, cela signifie que l'impôt sur le revenu augmente. Or la réforme doit

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se faire à prélèvements constants, sans faire de perdants ", a souligné le député deMeurthe-et-Moselle.

Lundi 3 février, le rapporteur du budget a défendu son idée sur Twitter.

CSG déductible : regarder les choses sereinement ! http://t.co/z5TqOoPgtC

- Christian ECKERT (@CECKERT56) 3 Février 2014

Dans une note de blog, il ajoute:

Aujourd'hui, la CSG (7.5%) prélevée sur les salaires est EN PARTIE soumise à l'impôt. Seuls 5.1% nesont pas imposables. Ainsi, les français payent DÉJÀ de l'impôt sur des sommes non perçues.

 Une réforme à 10 milliards d'euros? 

De son côté, Dominique Lefebvre, député (PS) du Val-d'Oise, qui co-dirige le groupe de travail surla fiscalité à chiffré ce que pourrait rapporter la mesure évoquée par Christian Eckert:

"La non-déductibilité, c'est entre 9 et 10 milliards d'euros qui peuvent être manipulés pour mettre unpeu plus de progressivité dans le système."

Jean-François Copé: "une folie"

Plus récemment, lors de l'émission "Preuve par 3" le 4 février, le président de l'UMP a marqué sonopposition à une telle idée. Il a lancé:

"La nouvelle folie, c'est de dire aux Français: vous allez payer de l'impôt, la CSG, et maintenant on vavous faire payer de l'impôt sur le revenu sur l'impôt que vous avez payé (...) "C'est un nouveau hold upsur le pouvoir d'achat des Français".

A l'UDI, Charles de Courson, député de la Marne, rejette lui aussi cette mesure. "Cela permet augouvernement de dire qu'il n'a pas touché aux taux , mais c'est énorme,. (...)  les citoyens vontpayer des impôts sur des revenus qu'ils n'ont pas perçus. C'est incompréhensible", a-t-il déclaréselon des propos rapportés par le Monde. 

Le gouvernement botte en touche

De son côté le ministre de l'Economie, Pierre Moscovici a botté en touche, affirmant qu'il ne

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s'agissait que d'une piste parmi d'autres.

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ENTRETIEN > La France dispose du deuxième domaine maritime mondial,derrière les Etats-Unis. Pourtant, les gouvernements successifs n’ont pas étécapables de construire une politique maritime digne de ce nom, préférant tenterde dupliquer le modèle économique allemand basé sur le développement del’industrie à l’export. En plusieurs volets, La Tribune enquête sur cet « oubli » dela politique économique gouvernementale et sur les opportunités dedéveloppement qu’offrent nos territoires ultra-marins. Après avoir fait un pointsur l’importance du domaine maritime nationale, un entretien avec MichelRocard, l’ancien Premier ministre à l’origine des premières initiatives favorisantl’essor économique des DOM TOM illustre le second volet de cette enquête.

Fabien Piliu

" Ce n'est pas en copiant l'Allemagne que laFrance restera une grande puissanceéconomique mais en se projetant sur les mers"

La Tribune - Pour beaucoup d'experts, vous êtes le premier homme politique à vous êtrepenché sur la situation des DOM TOM lors de votre passage au ministère du Plan et del'Aménagement du territoire, de 1981 à 1983, puis à Matignon, de 1988 à 1991. Commentjustifiez-vous votre action ?

Michel Rocard - En tant que ministre du Plan, j'avais pour mission d'élaborer la programmation de

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l'avenir économique tricolore ce qui, soit dit au passage, était assez savoureux, François Mitterrandétant un homme du court terme, un homme de « coups ». Les DOM-TOM étaient évidemmentconcernés par cette mission.

Connaissiez-vous la France outre-mer ?

Je n'y avais jamais mis les pieds ! Je n'en connaissais que le passé colonial et des cartes postalesde plages paradisiaques.

Quelle était la réalité ?

Les DOM TOM étaient dans une situation déplorable. L'industrie était à peine embryonnaire etl'agriculture déclinait. A l'exception de la Nouvelle-Calédonie, qui affichait une balance commercialeexcédentaire, tous ces territoires étaient dans l'impasse économique. Ils importaient entre 90% et95% de ce qu'ils consommaient. Même les jus de fruits venaient d'ailleurs. Pourtant, la plupart deces îles possèdent et possédaient des sources d'eau et des fruits abondantes ! Résultat, les excèsde population entraînaient d'importants phénomènes migratoires vers la métropole. Ces territoiresétaient au bord de l'implosion sociale. Je voyais arriver la catastrophe.

Comment en était-on arrivé là ?

Trois éléments peuvent être avancés. Comme les importateurs avaient la mainmise sur la plupartdes activités économiques, ils avaient tout intérêt à étouffer les initiatives entrepreneuriales. Enoutre, l'essentiel des ressources fiscales de ces territoires étant assurées par l'octroi de mer, lataxe pesant sur les marchandises transitant par les ports, les Chambres de commerce et d'industrielocales n'étaient en aucune manière à inciter à stimuler l'économie. A ces blocages structurelss'ajoutaient des obstacles institutionnels.

Lesquels ?

En dressant l'inventaire de la situation économique et sociale des DOM -TOM, j'ai découvert leprincipe de l'exclusive. Ce principe, qui datait de Louis XIV et de Colbert, empêchait les opérateurspublics mais aussi privés d'avoir des relations administratives et commerciales avec les paysétrangers voisins, et donc avec les ambassadeurs français des pays voisins. Tout devait passer parParis. C'était aberrant. A cause de ce principe hérité de l'économie de traite, nous avons perduplusieurs contrats commerciaux qui auraient pu favoriser le développement économique de cesterritoires.

Quelles mesures avez-vous prises ?

C'est en tant que Premier ministre que j'ai mis fin au principe de l'exclusive. Pour ce faire, j'ai créé

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les secrétariats de coordination, des structures obligatoires au sein desquelles se rencontraient lespréfets, les Hauts-commissaires et les ambassadeurs des pays frontaliers. Grâce à ce réseau, laFrance pouvait commencer à tisser des liens diplomatiques et commerciaux via ses territoiresultra-marins.

Les DOM TOM ont-ils été concernés par le processus de décentralisation initié dès l'arrivéede François Mitterrand au pouvoir ?

Ils ne pouvaient en aucun cas en être exclus. Dans ce contexte, la loi de 1982 a créé des contratsde plan avec des clauses contractuelles de droit privé. Toutes les régions l'ont signé. Cette loiprévoyait que les Régions avaient l'autorisation de négocier, par exemple, des contrats dedéveloppement avec les régions frontalières. La Guadeloupe, la Martinique et La Réunion ont saisicette opportunité. L'idée sous-jacente était d'autoriser enfin les Régions à négocier avec lespuissances étrangères, ce qui était mal acceptée par tous les partis Jacobins, farouchementattachés à la domination de Paris sur le reste des territoires français.

Cette politique de désenclavement des territoires ultra-marins a-t-elle portée ses fruits ?

Il faut bien admettre que les choses avancent assez doucement. La diffusion d'une culture politiqueet économique prend du temps. Certaines initiatives sont néanmoins porteuses d'espoir. Grâce audéveloppement de centrales brûlant de la bagasse, la paille issue du traitement de la canne àsucre, l'Ile de la Réunion tente de parvenir à l'indépendance énergétique. Ce savoir-faire nepourrait-il pas être exporté ? Les travaux et les projets menés par le Cluster maritime français, quise penche notamment sur les services portuaires du futur, sur la connaissance et l'exploitation desgrands fonds marins, sont aussi très prometteurs. Il faut bien que la classe politique et les forcesvives de ce pays prennent enfin conscience que ce n'est pas en copiant l'Allemagne que la Francerestera une grande puissance économique mais en se projetant sur les mers.

Pourtant, les gouvernements successifs de droite comme de gauche s'acharnent à vouloirdupliquer le modèle allemand, malgré les difficultés industrielles chroniques de la Franceincitent. Font-ils fausse route ?

En partie, je le crains. Les principaux atouts de l'industrie allemande reposent sur la force de leursfilières sidérurgiques et chimiques qui datent de la fin du XIXème siècle et qui structurent unegrande partie de l'économie outre-Rhin. Il est très difficile de pouvoir lutter dans ces domainesprécis. Mais la France a bien d'autres atouts à faire valoir. C'est bien évidemment le cas danscertains secteurs industriels comme l'aéronautique et le spatial mais aussi et surtout dans ledomaine maritime. Il y a tant à faire, à construire, que ce soit dans le domaine énergétique, ledéveloppement durable ou l'alimentaire.

Quel rôle peut jouer le ministère des DOM TOM ?

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C'est une question très importante. Sur le plan institutionnel, les DOM-TOM payent beaucoup lesconséquences du fait que leurs affaires soient gérées par un ministère des DOM-TOM qui est troppetit pour être efficace et pour assurer le développement social et économique de ces territoires.Ce ministère ne doit plus être un ministère de gestion mais un ministère de mission avec desobjectifs de développement bien précis.

Vous êtes ambassadeur de France chargé des négociations internationales relatives auxpôles Arctique et Antarctique. Quels sont les intérêts de la France dans ces zones ?

Je vais être clair. En Arctique et en Antarctique, la France mène exclusivement une politiqued'intérêt général. En Arctique, en permettant l'exploitation de sous-sols marins jusqu'iciinaccessibles, la fonte des glaces entraîne des problèmes qui ne se posaient pas avant.Savez-vous que l'Arctique regorge de matières premières, que dans son sol se trouverait 30% desréserves mondiales de gaz naturel et de 14% des réserves de pétrole ? Cette richesse encoreinexploitée attire bien des convoitises.

Dans ce contexte, il faut trouver des solutions collectives pour résoudre les problèmes d'intérêtsnationaux puisque, à terme, une fois les revendications territoriales acceptées, il ne restera que10% d'eaux libres. C'est le sens de ma mission. En Antarctique, outre des travaux de recherchedans les deux bases installées en Terre Adélie et à Concordia, la France mène avec les marinesaméricaine et australienne une mission de préservation de l'environnement naturel dans le cadredu traité de l'Antarctique.

 

 Lire aussi : 

>> Pourquoi la France doit enfin se doter d'une politique maritime

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OPINIONS > Créée en 1999, la zone euro a connu une inflation relativementmodérée. Le risque est aujourd’hui celui de la déflation. Par Sylvain Fontan,économiste

Sylvain Fontan

Zone euro: de l'inflation à la déflation

L'histoire de la zone euro est relativement récente. Elle s'étend depuis la décision de sa création en1991, en passant par son lancement officiel en 1999 et l'introduction de l'euro fiduciaire en 2002, etjusqu'à maintenant. L'évolution de l'inflation en zone euro durant cette période est marquée par sixpériodes distinctes. La mise en perspective de ces périodes permet de mieux comprendre lescraintes déflationnistes auxquelles fait face actuellement la zone euro.

 

 

Depuis 1991, six étapes sont à distinguer concernant l'inflation de la zone euro

1)     A partir de 1991, le Traité de Maastricht acte la volonté de certains pays membres de l'UnionEuropéenne d'être prétendants à l'Union Economique et Monétaire (UEM) dont la finalité pratiqueest l'abandon de la souveraineté monétaire et le partage d'une monnaie commune : l'euro. Pour cefaire, ces pays doivent respecter des critères de convergence concernant la stabilité des prix, lesfinances publiques, le taux de change et les taux d'intérêts. Dès lors, les pays laxistes à forte

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87 OpinionsLA TRIBUNE 06/02/2014

inflation effectuent les efforts nécessaires pour s'aligner sur les "bons élèves" (notammentl'Allemagne) en matière d'inflation. Ainsi, l'inflation moyenne passe de +4% à +1% par an entre1992 et 1999.

Le calme lors du lancement de l'euro, en 1999

 2)     A partir du 1er janvier 1999, l'euro est officiellement créé. La BCE (Banque CentraleEuropéenne) est l'institution en charge de piloter cette monnaie et son objectif est de maintenir uneinflation "proche mais inférieure" à +2% par an. A cette date, la BCE hérite d'une situation trèssaine du fait des efforts passés pour stabiliser les prix dans l'ensemble des pays prétendants.

 3)     Puis, l'inflation et la croissance économique s'accélèrent fortement lorsque la rigidité descritères de convergence cesse. En effet, les pays ne sont plus incités à conserver des niveauxd'inflation bas. De plus, le coût du crédit dans les pays du Sud de l'Europe tend à diminuersignificativement avec l'adoption de la monnaie commune car ils bénéficient notamment del'assurance implicite des pays plus vertueux de la zone euro. Ainsi, il devient très facile pour lesagents économiques (ménages et entreprises) de ces pays de s'endetter, les banques octroientdes crédits facilement sans être trop regardantes sur la viabilité des projets, et l'activitééconomique est stimulée.

Par conséquent, l'accroissement des crédits stimule la hausse des prix dans ces pays, ce quientraine la réapparition des disparités d'inflation au sein de la zone euro et fait augmenter lamoyenne. De plus, ce phénomène vient s'ajouter à la hausse des prix observée dans l'ensembledes pays de la zone euro avec le lancement de l'euro fiduciaire (c'est-à-dire l'euro "physique" avecles pièces et es billets) le 1er janvier 2002. Toutefois, la Banque Centrale Européenne, vianotamment sa politique de taux d'intérêts, réajuste l'inflation de la zone qui oscille autour de sacible de 2% jusqu'en 2007.

Sous le coup de la flambée des prix des matières premières, puis de leur rechute

 4)     En 2008, l'inflation accélère fortement avec la flambée des matières premières (notammenténergétiques et alimentaires) qui amène l'évolution des prix à 4%.

 5)     En 2009, la rechute est brutale avec la récession issue de l'éclatement de la crise globale etl'effondrement généralisé des matières premières. les prix deviennent même brièvement négatifs,avant d'augmenter de nouveau sous l'impulsion des injections de liquidités (BCE et gouvernementsnationaux).

 6)     A partir de 2011, les prix décélèrent de nouveau. En revanche, cette fois ce sont leséconomies dites "périphériques" (notamment : Grèce, Italie, Espagne, Portugal, Irlande) quidiminuent la moyenne car ces dernières ajustent leur compétitivité via les prix et les salaires car

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88 OpinionsLA TRIBUNE 06/02/2014

elles ne peuvent plus le faire au travers d'une dévaluation monétaire traditionnelle comme c'étaitencore le cas avant l'introduction de l'euro. Néanmoins, la zone euro est potentiellement rentréedans un processus dangereux car il peu initier un mécanisme déflationniste (baisse des prix) quipeut mener au blocage de l'économie et contaminer l'ensemble des autres pays de la zone euro.

 Pour aller plus loin

Sylvain Fontan, "Zone Euro : entre la désinflation et le risque de déflation", analyse publiée sur «leconomiste.eu» le 04/02/2014.

Citation

Sylvain Fontan, "Histoire de l'évolution de l'inflation en zone euro", analyse publiée sur « leconomiste.eu » le 06/02/2014.

Plus sur le blog L'Economiste

 

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89 OpinionsLA TRIBUNE 06/02/2014

OPINIONS > Jamais le rythme de changement de nos sociétés n’a été aussirapide. Mais où est la réflexion, en France, sur les bouleversements du monde, lafaçon de les appréhender? par Pierre-Yves Cossé, ancien commissaire au Plan

Pierre-Yves Cossé, ancien commissaire au Plan

Quelle époque formidable!

Le monde a basculé. En 1492, Christophe Colomb découvrait l'Amérique. C'était le début de ladomination de l'Europe sur le monde. Nous vivons le mouvement inverse. Le poids relatif del'Europe diminue. De nouvelles grandes puissances sont apparues. Ce retournement est fascinantpar sa rapidité. La globalisation, avec l'introduction des nouvelles techniques de transport et decommunication explique pour une part ces mutations. Pas complètement. En trente ans, la Chine,est devenue une des économies les plus évoluées et les plus complexes du monde. Commentexpliquer un tel rythme ? Le paysage industriel, agricole, social, financier est bouleversé. Lesrègles du jeu, les rapports de force ont changé. L'Union Européenne, qui apparaissait comme unesolution devient une question.

Les sociétés européennes connaissent aussi des changements stupéfiants

Parallèlement à ces changements à l'échelle du monde, les sociétés connaissent des changementsaussi stupéfiants ; mise en cause du modèle social et familial, revendications identitaires, nouvellehiérarchie des valeurs fondées sur les droits des individus au détriment des valeurs collectives.

Ce que nous avons appris est pour une part périmé, comme nos certitudes et nos analyses. Il nousfaut réapprendre le monde, notre environnement et changer nos manières de voir. C'est un

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immense défi intellectuel , comparable à celui de la Renaissance ou du Siècle des Lumières, quidemande de l'audace. Il devrait y avoir, en Europe, une compétition intellectuelle intense pourexpliquer, évaluer, apprécier les forces et les faiblesses de ce monde et de cette société nouvelle.

Les mandarins enfermés dans des savoirs cloisonnés

La période est propice à un épanouissement comparable aux « cent fleurs » et à l'émulation entre« cent écoles », souhaitée un bref moment par le président Mao. Le champ est d'autant plus ouvertque les mandarins, experts et autres « sachant » trop souvent enfermés dans des savoirscloisonnés sont plus ou moins décontenancés et que les politiques, faute de temps consacré à laréflexion, sont manifestement dépassés. Le besoin d'approches nouvelles et transversales, decomparaisons hardies, donc d'esprits neufs est évident et urgent.

Ce besoin peut être satisfait. Jamais le niveau des connaissances n'a été aussi élevé en Europe etdans le monde et les sources de connaissance aussi variées. Jamais le progrès desconnaissances n'a été aussi rapide. La mondialisation multiplie les échanges humains ettechniques. Les nouvelles techniques de communication mettent à la disposition du plus grandnombre un stock de connaissances chaque jour enrichi.

 Un besoin de réflexions, de débats... mais les trouve-t-on en France?

Il existe d'un côté un besoin immense et nouveau et de l'autre des outils originaux pour y répondre.Il devrait en résulter une jubilation intellectuelle, des réflexions et des débats incessants, unesatisfaction extrême pour des citoyens ouverts sur le monde. Est-ce le cas, au moins en France ?On peut en douter.

Il est vrai qu'il existe des obstacles : pléthore et valeur inégale des informations et desconnaissances disponibles, "présentisme" qui absorbe le temps et l'énergie d'un grand nombre,tendance à confondre hypothèses et connaissances avec des modes passagères, voire ducharlatanisme. La soumission à la rigueur, l'apprentissage de nouvelles méthodes de travaill'acceptation de la contradiction sont des exigences que d'aucuns rejettent.

 Freiner le mouvement

Au-delà des exigences de méthodes, la condition la plus forte pour un épanouissement des espritsest l'appétit de connaissances, la soif de découverte. Cet appétit suppose un minimum d'empathiepour l'objet étudié. Or elle est absente chez trop de Français, qui rejettent la mondialisation-contrairement à la majorité des habitants de notre planète- et préfèrent la caricaturer et seretourner vers un passé idéalisé. Dans la majorité des discours et des écrits, le monde révolu estprésenté, comme si les injustices, les inégalités, la violence et l'arbitraire avaient été beaucoupmoins fortes que dans le monde actuel. Ce passéisme conduit sinon à souhaiter sinon le retour pur

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91 OpinionsLA TRIBUNE 06/02/2014

et simple à ce qui existait, au moins le freinage à tout changement, à ce qui est présenté, parfois àtort et à travers comme les «  réformes »

Pourquoi donc se passionner pour le monde présent, en détailler les mécanismes pour en tirer lemeilleur parti puisque l'urgence est de gagner du temps et de freiner le mouvement ? Mesconcitoyens me font penser parfois à cette scène hilarante du « Soulier de Satin » où des savantsexigent que l'on cesse de ruiner des dizaines d'années de travail et que l'on n'invente plus que cequi a déjà été découvert. Ils ont peur du nouveau.

Une condition de survie collective

Rejeter l'ennui, le "présentisme" et le désintérêt pour notre monde n'est pas seulement un exercicestimulant et salubre sur le plan intellectuel. C'est une condition de survie collective dans lesconditions les meilleures possibles.

Mettons de côté les questions oiseuses de « rang » et de « prestige » et cherchons notre placedans ce nouveau monde, en exploitant notre patrimoine physique, intellectuel et moral, qui estconsidérable et en tirant parti de nos avantages comparatifs.

Gérer la mondialisation

La première étape d'une démarche constructive consiste à se colleter avec ce monde tel qu'il est,sinon à l'aimer, au moins à en reconnaître les points forts. Il nous faut contribuer à gérer lamondialisation, ce qui implique des régulations adaptées à l'échelle nationale, européenne etmondiale.

Ce n'est possible que si l'on se situe à l'intérieur et si l'on dispose de connaissances approfondiesen vue de mener de nécessaires batailles intellectuelles et politiques. Il existe des Françaisimmergés dans la mondialisation, des chefs d'entreprise ou des cadres, des chercheurs mais dansles confrontations intellectuelles nous restons trop souvent silencieux, passifs ou déclamatoires.Nous préférons la plainte et la récrimination au compromis éclairé par une vision d'ensemble.Depuis le départ de Bruxelles de Jacques Delors, nous avons été aux abonnés absents, lorsqu'ils'est agi de peser sur les grandes orientations de l'Union Européenne.

Une réforme intellectuelle et morale

Cette étape ne sera pas franchie sans stimulation collective ou pour parler en termes pompeuxsans une « réforme intellectuelle et morale » qui mobilise ceux qui en ont la capacité et la volontéet dépasse nos peurs.

Je me félicite d'avoir, durant la dernière partie de ma vie, autant à apprendre et à remettre en

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92 OpinionsLA TRIBUNE 06/02/2014

cause. Il n'y a pas une semaine où une nouvelle concernant notre société ou notre monde ne mesurprenne pas. J'ai une certitude : jusqu'à la fin de mes jours, je ne serai pas menacé par l'ennui.C'est ce que je souhaite à tous les Français.

 

Pierre-Yves Cossé

 

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93 OpinionsLA TRIBUNE 06/02/2014

OPINIONS > Comment transformer de jeunes "Medtechs" françaises enentreprises championnes mondiales de leurs catégories? Par André-MichelBallester (Sorin), Gonzague Issenmann (Stentys), Yves Lepine (Guerbet), PierreMoustial (Laboratoires Urgo), Thierry Zylberberg (Orange Santé), MembresFondateurs de InnoTechmed France

Pierre Moustial, directeur général des laboratoires Urgo

Faire croître les "medtechs" françaises

C 'est une grande première : des industriels français, dont la taille va de la start up à  la grandeentreprise, et dans des secteurs aussi différents que l 'imagerie médicale, la valve cardiaque, lecœur artificiel, les "pace makers", la télémédecine, la compression et les pansements de hautetechnologie, se sont regroupées au sein d'une association, InnoTechmed France. Avec un seulobjectif : permettre à leurs innovations d 'accéder plus rapidement au marché français pouraccélérer l'émergence de champions industriels français.

Appuyer sur l'accélérateur... et le frein

Mais cet objectif est loin d'être atteint, car aujourd'hui en France nous appuyons sur le frein etl'accélérateur en même temps.

Sur l'accélérateur, car d'excellents dispositifs, comme le Crédit Impôt Recherche ou la BanquePublique d'Investissements, existent en France et permettent à de jeunes entreprises de menerdes projets à risque ambitieux et, via la recherche partenariale, de bénéficier de notreenvironnement universitaire de recherche de haut niveau dans les sciences du vivant.

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94 OpinionsLA TRIBUNE 06/02/2014

Sur le frein, car pour mettre une innovation sur le marché il faut un jour de délai en Allemagne, sixmois en Angleterre et trois ans en France, en raison de délais administratifs pour accéder auremboursement alors que les garanties apportées en termes de sécurité et de sûreté sont lesmêmes.

Les jeunes "medtechs" françaises contraintes de faire leurs premières armes à l'étranger

Sans parler d'un autre effet délétère qui est celui de la perte de chance pour le personnel soignantet les patients français qui ne bénéficient pas de technologies pourtant disponibles dans d'autrespays qui les plébiscitent ! Faut-il rappeler, en examinant le modèle des entreprises américaines,qu'il n'y a pas de champion mondial qui ne soit pas déjà champion sur son propre marché national.

Or, les jeunes medtechs françaises n'ont souvent pas d'autres solutions que de faire leur premierchiffre d'affaires à l'étranger sur des marchés aussi complexes et coûteux que le marché américain.En l'absence de ventes significatives en France, le risque de voir nos pépites nationales partir àl'étranger est bien réel à force de dilution par les tours de table successifs pour financer leursbilans, car les apporteurs de fonds ont le plus souvent la nationalité du pays où l'on génère lechiffre d'affaires.

 Le choc de simplification bienvenu

L'autofinancement par des ventes sur le marché français serait une solution pérenne et bien plusvertueuse pour faire émerger les champions de demain, vitrines de l'excellence médicale ettechnologique françaises. Les entreprises innovantes manquent certes de financements, mais lesmeilleurs financements sont ceux provenant des clients eux-mêmes.

Voilà pourquoi le choc de simplification initié par le gouvernement  pourra servir à éliminer ce quifonctionne comme un protectionnisme à l 'envers. Des dispositifs existent déjà et doivent enfin êtremis en œuvre comme le forfait innovation dont la mise en place se fait attendre. D'autres sont àinventer dans le cadre d'une politique du « gagnant-gagnant », c'est-à-dire gagnant pour lespatients, les entreprises et les comptes de la sécurité sociale.

 Faire émerger les champions de demain

Cela permettrait aux patients, aux entreprises et aux contribuables de bénéficier pleinement de lavaleur générée par nos innovations dans les technologies médicales, domaine dans lequel laFrance est à la pointe de l'innovation mondiale.

C'est la raison pour laquelle InnoTechmed se place à la pointe de ce combat et compte bien en

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95 OpinionsLA TRIBUNE 06/02/2014

faire un atout pour faire émerger les champions de demain.

 

 

 

 

 

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OPINIONS > Si l’utilisation des dénominations protégées est complexe, dansl’ago-alimentaire, la mise en avant de labels pourrait permettre de valorisercertains plats préparés Par Véronique le Meur-Baudry et Lucia Pereira, ArmandAssociés

Par Véronique le Meur-Baudry et Lucia Pereira

L'agro-alimentaire doit savoir utiliser leslabels

 La garantie de qualité passe par la diminution des substances chimiques, mais aussi par lasélection d'ingrédients de qualité. Les produits sous signe d'identification de la qualité et de l'origine(SIQO) - label rouge, IGP, AOP/AOC, etc. qui sont peu vendus à l'industrie agroalimentairepourraient voir leurs ventes augmenter si ce débouché s'ouvrait à eux.

Les règles sur l'étiquetage des denrées alimentaires sont-elles propices à cette ouverture ?Examinons-les à l'aube de l'entrée en application du règlement INCO[1] qui recentre l'imaginationdes créateurs d'emballages sur la réalité du produit.

Des règles d'étiquetage insuffisantes

L'étiquetage autorisé de ces mentions dans la liste des ingrédients n'est pas suffisant pourpermettre une information claire et rapide du consommateur. Ces listes ne sont pas mises envaleur sur les étiquetages, alors qu'elles constituent la principale information sur le produit. Leconsommateur se fie à la face avant de l'emballage et à la dénomination de vente.

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97 OpinionsLA TRIBUNE 06/02/2014

 La Commission européenne fait évoluer le dossier

La Commission considère que les mentions AOP ou IGP peuvent être mentionnées dans lesétiquetages lorsque trois conditions sont réunies. La denrée ne doit contenir aucun autre« ingrédient comparable » (par exemple, un fromage bleu à pâte persillée est comparable auRoquefort). L'ingrédient sous AOP ou IGP doit être utilisé en quantité suffisante. Enfin, lepourcentage de l'ingrédient sous AOP ou IGP doit être indiqué.

La position de l'administration française

Une note de service du 27 février 1995 énumère les conditions à respecter pour faire référence àune certification sur l'étiquetage de charcuteries-salaisons. La mention de l'ingrédient certifié nedoit pas faire l'objet d'une mise en valeur excessive. Le logotype de la certification, par exemple lelogotype « label rouge » ne doit pas figurer sur les étiquetages. La DGCCRF a aussi renduplusieurs avis en ce sens dans le secteur des plats cuisinés à base de fromage[3].

 La dénomination « Champagne », exemple d'une jurisprudence protectrice

Dans un arrêt du 15 mars 2013, la Cour d'appel de Paris a confirmé qu'en commercialisant desproduits sous les dénominations « Pintade au Champagne » ou « Foie gras de canard aux deuxpoivres et au Champagne », une société tirait indûment profit de la notoriété de l'appellation« Champagne », et l'a condamné sous le fondement de l'article L. 643-1 du code rural.

Se pose la question de la compatibilité de cet article du code rural avec les dispositions durèglement européen (CE) n° 1234/2007 du 22 octobre 2007 sur la protection des appellationsd'origine dans le secteur vitivinicole[4]. En effet, le règlement ne vise pas le risque de détournementde la notoriété. L'arrêt a fait l'objet d'un pourvoi à surveiller.

 L'utilisation des dénominations protégées très surveillée

Le Comité Interprofessionnel des Vins de Champagne se réfère au raisonnement de la Courd'appel de Paris. Cette référence dépasse les frontières françaises. Le tribunal de commerce deBruxelles a interdit dans un jugement du 15 avril 2013 la commercialisation d'un sorbet sousl'appellation « Sorbet au Champagne ». D'autres organisations surveillent l'utilisation desdénominations qu'elles protègent… Certains imposent un pourcentage minimum de l'ingrédientsous SIQO. C'est le cas du Consortium du Parmesan qui impose la mise en œuvre d'au moins 5%de parmesan dans le produit fini.

 Vers une labellisation des plats cuisinés de qualité ?

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98 OpinionsLA TRIBUNE 06/02/2014

Les plats cuisinés biologiques sont courants aujourd'hui. En revanche, le label rouge gage d'unequalité supérieure est peu utilisé. On trouve la pizza surgelée label rouge régie par un cahier descharges depuis 2004. En 2013, la reconnaissance en label rouge du plat cuisiné « tartiflette auReblochon de Savoie AOP » a été demandée. Ce fromage doit constituer le seul fromage mis enœuvre à hauteur minimum de 20%. N'est-ce pas là une manière intéressante de créer de nouveauxdébouchés pour nos produits de qualité ?

 

[1] Règlement (UE) n° 1169/2011 du 25 octobre 2011 concernant l'information des consommateurssur les denrées alimentaires.

[2] Communication de la Commission - Lignes directrices sur l'étiquetage des denrées alimentairesutilisant des appellations d'origine protégées (AOP) et des indications géographiques protégées(IGP) comme ingrédients (2010/C 341/03).

[3] Avis de décembre 2008 concernant l'utilisation de Reblochon AOC dans des produitstransformés, avis du 17 août 2009[3] faisant le point sur les modalités d'étiquetage des platscuisinés selon les fromages qu'ils renferment, en particulier lorsqu'il s'agit de fromages bénéficiantd'une AOC.

[4] Notamment son article 118 quaterdecies.