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99 FÉVRIER 2014 Lettre gratuite et mensuelle. 2 Entretien Evelyne Huytebroeck 2 Politique Les villes européennes veulent plus 2 Économie Pas d’Airbus des renouvelables Albertville, seule ville olympique d’hiver 2-3 Sciences Les éoliennes perturbent bien le climat Le réchauffement fait remonter les microbes Chauds, les marrons Des nouvelles origines du hiatus climatique 3 Initiatives Quand les milliardaires US s’en mêlent 4 Action locale Vienne teste une nouvelle mobilité partagée 5-6 Dossier EDF a l’atome crochu 7 Sciences & Technologies L’USINE A GES © la lettre des professionnels du changement climatique www.lusineages.com Suivez Volodia Opritchnik sur Twitter : http://twitter.com/Opritchnik 3,2 % Les émissions de GES britanniques ont progressé de 3,2 % entre 2011 et 2012. Et sans exploitation de gaz de schiste. L’Usine à GES © est une publication mensuelle -1- ENERGOGRAD Mon premier est une administration qui entend fixer au projet de loi sur la transition énergétique des objectifs comparables à ceux définis par la loi Pope de 2005. Mon second est une équipe qui croit, à l’instar du PDG d’EDF, que la consommation d’électricité va progresser de plus de 3 % par an durant les 40 prochaines années. Ce qui ne s’est jamais vu. Mon troisième a tellement peu d’idées sur l’avenir de l’énergie nucléaire tricolore qu’il laisse EDF et l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) s’en dépatouiller. Mon quatrième en sait si peu sur le potentiel du transport public dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) qu’il laisse les Bonnets Rouges tuer son principal outil de financement : l’écotaxe poids lourds. Mon cinquième veut absolument construire, en plein marécage, un aéroport destiné à accueillir un avion (le Concorde) qui a été retiré du service voilà onze ans déjà… Mon sixième a une telle confiance dans ses ministres chargés de l’énergie qu’il oublie de les convier à des réunions stratégiques sur le sujet – quand il ne les « remercie » pas, séance tenante, pour avoir fait leur travail. Mon septième confie au ministre des Affaires étrangères, qui a toujours été contre, l’organisation de la Conférence sur le climat de 2015 au cours de laquelle sera, peut- être, signé un accord universel sur le changement climatique. Mon huitième a découvert le jeu du changement dans l’urgence des tarifs régulés d’électricité et de gaz. Mon neuvième n’a rien fait pour éviter que les tarifs d’achat de l’électricité d’origine renouvelable soient déclarés aides d’État illégales par la cour européenne de justice, plongeant l’intégralité de la filière et ses investisseurs dans l’expectative. Mon dixième aura bien du mal à fermer les deux réacteurs de la centrale de Fessenheim, contrairement à ses engagements. Mon onzième veut bien développer l’éolien marin mais en obligeant les industriels à fixer, sept ans à l’avance, un coût fixe de production sans pouvoir mener toutes les études nécessaires ni pouvoir moduler ledit coût en fonction de l’évolution du prix des matières premières. Mon douzième est pleinement satisfait d’un projet de paquet énergie climat 2030 qui ne fait que suivre les tendances actuelles. Mon tout est un gouvernement qui a totalement abdiqué dans l’élaboration d’un ambitieux projet de loi sur la transition énergétique. Mais ça, vous le saviez déjà ! Édito Charade

ENERGOGRAD - lusineages.comlusineages.com/pdf/UGES 99_02_14-DEF.pdf · En six ans nous avons ainsi livré 81 000 m2 au standard passif, dont 340 logements. Le tout pour un surcoût

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n°99 Février 2014 Lettre gratuite et mensuelle.

2 entretien Evelyne Huytebroeck

2 Politique Les villes européennes veulent plus

2 économie Pas d’Airbus des renouvelables Albertville, seule ville olympique d’hiver

2-3 Sciences Les éoliennes perturbent bien le climat Le réchauffement fait remonter les microbes Chauds, les marrons Des nouvelles origines du hiatus climatique

3 initiatives Quand les milliardaires US s’en mêlent

4 Action locale Vienne teste une nouvelle mobilité partagée

5-6 Dossier EDF a l’atome crochu

7 Sciences & Technologies

L’USINE A GES©

la lettre des professionnels du changement climatique

www.lusineages.comSuivez Volodia Opritchnik sur Twitter :http://twitter.com/Opritchnik

3,2 %Les émissions de GeS britanniques ont progressé de 3,2 % entre 2011 et 2012. et sans exploitation de gaz de schiste.

L’Usine à GES© est une publication mensuelle -1- ENERGOGRAD

Mon premier est une administration qui entend fixer au projet de loi sur la transition énergétique des objectifs comparables à ceux définis par la loi Pope de 2005.

Mon second est une équipe qui croit, à l’instar du PDG d’EDF, que la consommation d’électricité va progresser de plus de 3 % par an durant les 40 prochaines années. Ce qui ne s’est jamais vu.

Mon troisième a tellement peu d’idées sur l’avenir de l’énergie nucléaire tricolore qu’il laisse EDF et l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) s’en dépatouiller.

Mon quatrième en sait si peu sur le potentiel du transport public dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) qu’il laisse les Bonnets Rouges tuer son principal outil de financement : l’écotaxe poids lourds.

Mon cinquième veut absolument construire, en plein marécage, un aéroport destiné à accueillir un avion (le Concorde) qui a été retiré du service voilà onze ans déjà…

Mon sixième a une telle confiance dans ses ministres chargés de l’énergie qu’il oublie de les convier à des réunions stratégiques sur le sujet – quand il ne les « remercie » pas, séance tenante, pour avoir fait leur travail.

Mon septième confie au ministre des Affaires étrangères, qui a toujours été contre, l’organisation de la Conférence sur le climat de 2015 au cours de laquelle sera, peut-être, signé un accord universel sur le changement climatique.

Mon huitième a découvert le jeu du changement dans l’urgence des tarifs régulés d’électricité et de gaz.

Mon neuvième n’a rien fait pour éviter que les tarifs d’achat de l’électricité d’origine renouvelable soient déclarés aides d’État illégales par la cour européenne de justice, plongeant l’intégralité de la filière et ses investisseurs dans l’expectative.

Mon dixième aura bien du mal à fermer les deux réacteurs de la centrale de Fessenheim, contrairement à ses engagements.

Mon onzième veut bien développer l’éolien marin mais en obligeant les industriels à fixer, sept ans à l’avance, un coût fixe de production sans pouvoir mener toutes les études nécessaires ni pouvoir moduler ledit coût en fonction de l’évolution du prix des matières premières.

Mon douzième est pleinement satisfait d’un projet de paquet énergie climat 2030 qui ne fait que suivre les tendances actuelles.

Mon tout est un gouvernement qui a totalement abdiqué dans l’élaboration d’un ambitieux projet de loi sur la transition énergétique.

Mais ça, vous le saviez déjà !

édito

Charade

inistre de l’environnement et de l’énergie de la région de Bruxelles-capitale, l’ancienne députée écolo a

initié un ambitieux programme de rénovation urbaine de la capitale du royaume. il vise à réduire la facture énergétique, dynamiser le secteur privé et créer des emplois. Un modèle à transcrire de ce côté-ci de la frontière.

La région de Bruxelles a décidé d’appliquer à son échelle, les 3 fois 20 européens. Concrètement, comment cela se passe-t-il ?Evelyne Huytebroeck : Nous espérons faire mieux que ça. Notre gouvernement régional a décidé de baisser d’un tiers les émissions régio-nales de gaz à effet de serre entre 1990 et 2025. Le bâtiment étant à l’origine de 68 % des émissions et de 72 % des consommations d’énergie, c’est notre priorité. D’autant que les prix de l’énergie montent et que beaucoup de Bruxellois sont des gens modestes.

Comment avez-vous initié ce programme ?E. H. : Une fois les objectifs connus, nous avons réuni autour de la table toutes les parties pre-nantes : institutions publiques, associations, entreprises, organismes de formation et d’aide à l’emploi. Le but était de définir ensemble les objectifs et les modes d’action. D’un côté, nous avons sensibilisé les représentants des habitants et des entreprises à nos objectifs. De l’autre, les entreprises nous ont fait part de leurs besoins, notamment de formation. À l’issue de ces réu-nions, nous avons créé l’alliance «  emploi, envi-ronnement, construction durable  ». Réunissant 55 partenaires, ce groupement public-privé sou-tient le projet gouvernemental d’obliger, à partir de 2015, les promoteurs à ne construire que des immeubles à énergie passive1. Une première en Europe ! Mais pour ce faire, il doit développer la formation de professionnels du bâtiment et sen-sibiliser les habitants à la rénovation thermique de leur logement. Ces deux conditions sont indis-pensables pour que les entreprises développent des offres compétitives de rénovation et de construction durable.

Déjà des résultats ?E. H. : Nous avons ouvert des guichets uniques pour que les Bruxellois s’informent et demandent les aides publiques à la rénovation et à l’achat de produits électroménagers sobres (prêts à taux zéro, primes énergie). En mutualisant les moyens publics et privés, nous avons déjà formé 900 personnes aux techniques de la construction sobre et durable et 70 % de ces stagiaires ont déjà trouvé un emploi. Au total, nous ambitionnons d’organiser 30 000 heures de formation et de créer 2 500 emplois dans le sec-teur du BTP bruxellois. Par ailleurs, nous avons réduit de 18 % notre consommation d’énergie par habitant au niveau régional, entre 2004 et 2010.

en attendant 2015, comment dynamiser l’activité des entreprises locales ?E. H. : Depuis 2007, nous avons lancé des appels à projets pour la construction de bâtiments exem-plaires. En six ans nous avons ainsi livré 81 000 m2 au standard passif, dont 340 logements. Le tout pour un surcoût inférieur à 10 % (pour la construction) par rapport à un immeuble classique. Parallèlement, nous avons mis en œuvre des programmes de réno-vation de bâtiments existants. En modernisant le sys-tème de chauffage, en changeant les ouvrants, en installant des chauffe-eau solaires, ces projets Plage (plan local d’action pour la gestion énergétique) ont permis de réduire de 10 à 20 % la consommation d’énergie d’une dizaine d’immeubles, de cinq hôpi-taux et d’une piscine.

Une suite est-elle prévue ?E. H. : Bien sûr. Nous continuerons à accompa-gner les entreprises bruxelloises pour qu’elles soient prêtes en 2015. Mais nous voulons aussi développer une démarche comparable pour la gestion des déchets et de l’eau.

PolitiqueLes villes européennesveulent plus Dans une lettre ouverte adressée au pré-sident du Conseil européen, les édiles de 1 000 villes européennes membres du réseau Energy Cities critiquent la proposi-tion de paquet énergie climat 2030 (lire L’Usine à GES n°98). Soutenant l’objectif d’abattre de 40 % les émissions de GES entre 1990 et 2030, les cités regrettent un manque d’ambition pour les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique.

économiePas d’Airbus des renouvelables Réuni le 19 février à l’Élysée, le dernier conseil des ministres franco-allemand n’a pas été très généreux pour les climateux. Évoqué par le président de la République lors de sa conférence de presse de rentrée, l’Airbus des énergies renouvelables n’a pas quitté son hangar. À la place, Paris et Berlin parlent d’accroître la collaboration entre institutions et entreprises des deux pays autour des renouvelables et de l’efficacité énergétique. Seule annonce : le possible lancement, d’ici à la fin mai, de la taxe eu-ropéenne sur les transactions financières, dont le produit pourrait financer le fonds vert climatique.

Albertville,seule ville olympique d’hiver Terminés les JO d’hiver. Sous la direction de Daniel Scott (université de Waterloo, Canada), des climatologues ont couplé les projections de l’Organisation météoro-logique mondiale (OMM) et du Giec pour déterminer le futur climatique des 19 sites ayant accueilli les Olympiades d’hiver. Sur le lot et quel que soit le niveau de réchauf-fement, seules six stations pourront pré-tendre en organiser de nouvelles au cours des prochaines décennies : Albertville (France), Calgary (Canada), Cortina d’Am-pezzo (Italie), Saint-Moritz (Suisse), Salt Lake City (USA) et Sapporo (Japon).

Sciences Les éoliennes perturbent bienle climatEn brassant l’air, les aérogénérateurs influent sur le climat. Connu sur le plan local, ce phénomène pourrait se produire à l’échelle continentale. Chercheur au LSCE, Robert Vautard a modélisé les effets sur l’at-mosphère européenne du fonctionnement de 200 GW éoliens. Conclusion : ces milliers de pales dévient légèrement certains vents, provoquant faibles réchauffements par-ci et refroidissement par là (jusqu’à 0,3 °C).

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entretien Propos recueillis par Valéry Laramée de Tannenberg

L’Usine à GES© est une publication mensuelle -2- ENERGOGRAD

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evelyne Huytebroeck

(1) Soit une consommation de 45 kWh/an/m2 pour le chauffage, la production d’eau chaude et l’éclairage.

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atigué par l’inaction des pouvoirs publics américains et les campagnes anticlimat financées par leurs confrères

de droite, les riches démocrates se mobilisent.

Dans le débat climatique américain, les milliar-daires les plus actifs sont à droite. Les plus connus sont sans nul doute les redoutables frères Koch. Charles et David Koch ont hérité de leurs parents le conglomérat pétrochimique éponyme. Liberta-riens convaincus, ils financent tout ce qui favorise la libre entreprise, l’exploitation sans limites des ressources. Ils encouragent aussi les institutions ou les scientifiques climato-sceptiques voire ou-vertement négationnistes. Leur heure de gloire est arrivée quand ils ont fortement soutenu les partisans d’un référendum californien appelant à l’abrogation de la loi qui avait instauré la régula-tion des émissions industrielles de gaz à effet de serre dans le Golden State. Échec sur toute la ligne.

Bill Gates, le technoAu centre, on trouve essentiellement Bill Gates. Donnant autant aux Républicains qu’aux Démo-crates, l’ancien patron de Microsoft investit à sa façon dans la lutte contre le changement clima-tique. Comme l’ont révélé Bertrand Guillaume et Valéry Laramée de Tannenberg dans leur livre Scénarios d’avenir, futurs possibles du climat et de la technologie 1, le milliardaire de Seattle a consacré 4,5 millions de dollars de son énorme fortune au financement de recherche sur la géo-ingénierie. Normal : l’ancien directeur de la stra-tégie de Microsoft travaille sur le sujet.

À gauche, on attendait un peu Godot. Serait-il arrivé ? Il y a quelques semaines, Tom Steyer s’est déclaré. Inconnu en France, ce Californien bon teint est un financier des plus riches. Après avoir officié dans la plupart des grandes banques d’af-faires (sans tâche, semble-t-il), l’ancien étudiant de Yale et de Stanford a créé Farallon Capital Manage-ment, un fonds spéculatif très rentable. Tellement rentable que Tom Steyer a pris en 2012 sa retraite

à l’âge de 55 ans. Le richissime retraité consacre désormais sa fortune d’1,4 milliard de dollars à faire le bien.

Dézinguer les sceptiquesIl a créé une banque spécialisée dans l’octroi de microcrédits. Démocrate depuis toujours, le phi-lanthrope collecte des fonds et finance les candi-dats du parti de l’âne : John Kerry, Hillary Clinton, Barack Obama lui doivent beaucoup. En 2010, il donne 5 millions de dollars aux opposants de la proposition 23, la fameuse consultation orches-trée en sous-main par les frères Koch. La théma-tique climatique lui a tant plu qu’il a décidé d’en faire son combat premier.

En quelques semaines, il crée NextGen Climate. Richement dotée, cette association a officielle-ment pour vocation de sensibiliser les Américains aux changements climatiques et à leurs consé-quences. En fait, Tom Steyer veut l’utiliser pour dézinguer les politiques climato-sceptiques. Elle devrait entrer en action lors des élections de mi-mandat. Les cibles toutes désignées de NextGen Climate ne manquent pas. Ouvertement climato-sceptique, le gouverneur de Floride Rick Scott fait figure d’ennemi public numéro un. Il devrait par-tager son désagréable statut avec les promoteurs du projet de pipeline géant Keystone XL.

Tom Steyer ne veut pas lancer seul sa croisade. Il a déjà réuni une pléiade de millardaires de la Silicon Valley, sensibles eux aussi à la menace climatique. Des contacts ont également été pris avec Michael Bloomberg. Indépendant, l’ancien maire de New York a fait du climat l’une de ses priorités per-sonnelles. Et avec une fortune personnelle esti-mée à 20 milliards de dollars, cela pourrait porter quelques fruits.

initiatives Sophie d’AnHALT

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D.R

Le réchauffement fait remonter les microbesAttendue, la migration climatique des pathogènes se confirme. Comme vient de le montrer le parasitologue Michael Grigg (NIH), les glaces de l’Arctique ont libéré en fondant un parasite (le Sarcocystis) qui s’attaque au système digestif des mammifères carnivores. Plusieurs centaines de phoques, d’otaries, d’ours et de morses ont déjà été terrassés en Alaska et au Canada. Et cela n’est qu’un début. L’agent de la toxoplasmose, que l’on trouve habituellement chez les félins, a été découvert dans des baleines blanches canadiennes.

Des nouvelles originesdu hiatus climatiqueLa question agite le monde climatique. Comment expliquer le découplage entre l’accroissement croissant de la concen-tration de GES et l’augmentation de la température de surface de la Planète, alors que les autres signes du réchauf-fement climatique (augmentation du niveau des mers, fonte de la banquise arctique, réchauffement profond des océans) ne marquent pas de pause ? Plu-sieurs théories ont déjà été formulées pour expliquer ce hiatus climatique : for-midable stockage d’énergie par l’océan, surestimation de l’impact « réchauffant » de certains nuages ou variabilité natu-relle du climat. Deux océanographes cali-forniens ont annoncé avoir remarqué un refroidissement des eaux superficielles de la partie équatoriale de l’océan Paci-fique oriental. Hypothèse crédibilisée par le renforcement du régime des alizés dans cette région. Dans un article publié le 9 février, une équipe menée par un chercheur aus-tralien estime que le renforcement du régime des alizés sur le Pacifique équa-torial a accéléré le mouvement des eaux des océans, faisant plonger vers les pro-fondeurs le réchauffement de surface. La chaleur se retrouve confinée à l’intérieur de l’océan, ne contribuant plus à l’aug-mentation de la température de surface globale. C’était sans compter la contribu-tion de Benjamin Santer. Dans un papier publié le 23 février par Nature Geoscience, le chercheur du Lawrence Livermore Na-tional Laboratory estime que ce sont les particules soufrées émises dans l’atmos-phère par les éruptions volcaniques qui sont responsables du découplage entre GES et réchauffement. À suivre…

Quand les milliardaires US s’en mêlent

(1) Armand Colin, avril 2012.

vienne teste une nouvelle mobilité partagée

vienne

Action locale

a capitale autrichienne propose aux banlieusardsdes alternatives propres à la voiture.

Depuis des années, Vienne est au top. La capi-tale d’Autriche est régulièrement placée en tête du palmarès mondial Mercer des villes où il fait bon vivre. Pour ne rien gâter, l’ancienne capitale du Saint Empire romain germanique s’est aussi dotée d’une politique climatique qui n’a rien à envier aux meilleures qu’a recensées au cours de ces dix dernières années L’Usine à GES.

Les KLiP de vienneLancée en 1999, le premier programme de pro-tection climatique, KLiP Wien, visait à réduire en dix ans les émissions communales de 2,6 millions de tonnes de CO2. En agissant simultanément sur la production et la consommation d’éner-gie, les achats, la foresterie, le but fut atteint dès 2006. Ce qui motiva d’autant plus les Viennois pour s’engager dans un second KLiP, avec pour ambition, cette fois, de réduire l’empreinte car-bone communale de 21 % entre 1990 et 2020.

Englobant 37 programmes, le KLiP 2 prévoit notamment de porter à 50 % la part du chauf-fage collectif, de doubler en dix ans la proportion d’énergies vertes consommées par les Viennois (en subventionnant l’achat de panneaux photo-voltaïques, par exemple), d’accroître le nombre de logements dont l’isolation aura été améliorée, de sensibiliser davantage les administrés aux pro-blématiques énergie-climat.

20 milliards d’eurosParallèlement à ses engagements carboniques (20 milliards d’euros leur ont déjà été consacrés entre 1990 et 2010) Vienne investit dans les nou-velles technologies de l’information. Les deux étant appelés à se rencontrer. C’est notamment le cas avec le projet eMORAIL. Lancé en 2011, il ambitionne de faire abandonner leur voiture aux banlieusards qui viennent travailler à Vienne. Fruit d’un partenariat avec OBB (la SNCF autri-chienne), l’université de Graz, IC Group et NTT, eMORAIL offre aux « navetteurs » plusieurs alter-natives à la voiture.

En achetant un ticket spécial, ils peuvent non seulement prendre un train mais aussi emprunter un vélo en libre-service ou une

voiture électrique dans la gare centrale de Vienne, selon les conditions météo et de cir-culation dont ils sont informés grâce à une application pour smartphone.

L’application sert également à réserver un véhicule (utile pour le retour à la gare), vérifier les horaires de train ou déterminer la station la plus proche pour rendre son vélo ou son véhi-cule « zéro émission ». Menée à Vienne et à Graz (avec trois véhicules partagés dans chaque ville), l’expérimentation s’est achevée fin 2013. Si elle s’avérait économiquement et écologiquement rentable, elle sera poursuivie et étendue à toute l’agglomération viennoise. La municipalité ima-gine même d’alimenter une partie du dispositif avec des minicentrales photovoltaïques.

Sophie d’AnHALT

vienne en chiffres

1,7 million d’habitants

5,25 millions de tonnes équivalent CO2 par an

414,89 km2

L’Usine à GES© est une publication mensuelle -4- ENERGOGRAD

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nicole Stroj (OBB), [email protected]

remier exploitant mondial de centrales nucléaires, l’électricien historique français peine à définir une politique atomique. Coincé entre les coûts exorbitants de l’EPR

et de la modernisation de ses 58 réacteurs, le groupe présidé par Henri Proglio est à la peine. Pas de quoi accélérer la rédaction du projet de loi sur la transition énergétique.

« Quel nucléaire pour la France demain ? » La question peut paraître saugrenue, tant la place de cette source d’énergie est importante dans l’Hexagone. Ensemble, les 58 réacteurs d’EDF produisent, sans émettre de CO2, entre 75 et 80 % des électrons tricolores. Soit 22 % de l’énergie primaire consommée par les Français, contre 69 % pour les énergies fossiles.

28 ans d’âgeLa question se pose pourtant. Et pour de nombreuses raisons. Une question d’âge, tout d’abord. Les tranches en activité affichent 28 ans d’âge moyen. La législation ne fixe, en France, aucune limite de fonctionnement. Ce qui suscite un grand débat entre experts. EDF et Areva estiment que les réacteurs français ont été conçus pour fonctionner 40 années, soit 32  années en pleine puissance. Or, c’est à l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN, le gendarme du nucléaire français) de décider, tous les dix ans, si un réacteur répond toujours aux normes de sûreté. Auquel cas, l’ASN lui délivre un nouveau bon de fonctionnement pour dix nouvelles années.

9 milliards d’euros l’unitéJusqu’au milieu des années 2000, EDF imaginait remplacer, petit à petit, ses réacteurs les plus vieux par des EPR, conçus conjointement par Areva et Siemens. Hélas, ce gros réacteur (1 650  MWe)

s’est avéré bien plus long à mettre au point et à bâtir que prévu. En cours de construction à Olkiluoto (Finlande) et à Flamanville (Manche), les deux premières têtes de série coûteront environ 9 milliards d’euros chacune (mais les deux têtes de série chinoises qui risquent d’entrer en service avant les européennes coûteront moins)  : trois fois plus que le montant du devis initial ! Certes, les prototypes sont toujours plus chers que les machines de série. Mais leur coût restera exorbitant.

Fin février, Hervé Machenaud, directeur exécutif chargé de la production et de l’ingénierie d’EDF, avouait devant une commission d’enquête parlementaire que le coût optimisé de l’EPR tournerait tout de même autour de 6 à 6,5 milliards d’euros. On reste très loin du compte initial. D’autant que les calculs de l’ex-directeur de la branche Asie-Pacifique de l’électricien ne prennent pas en compte les travaux supplémentaires qui devront être réalisés pour satisfaire aux normes « postFukushima » récemment édictées par l’ASN. Hervé Machenaud met cependant au compte de la montée des coûts le bond des composants de centrales, comme l’acier.

Très cher, le postFukushimaAutant valable pour le parc actuel que pour les futurs réacteurs, le concept de « noyaux durs  »

développé après l’accident japonais impose notamment de « bunkeriser » les équipements sensibles des centrales nucléaires (piscines de refroidissement des combustibles, centre de contrôle) et de déployer de nouveaux groupes électrogènes de secours, ainsi que des sources d’approvisionnement en eau. L’EPR est cher et le restera. Raison pour laquelle EDF et Areva vont en simplifier les plans pour tenter de le vendre moins cher à l’exportation.

Les vieilles centrales avaient la vie devant ellesBien avant la catastrophe japonaise, EDF a anticipé le désastre économique du réacteur franco-allemand et privilégié l’allongement de la durée de vie de ses « vieilles » centrales. Logique si l’on se souvient que l’essentiel du parc nucléaire français a été amorti, souligne un récent rapport de la Cour des comptes. Ce faisant, la compagnie semi-publique n’innovait pas. Sur les 104 réacteurs électrogènes exploités aux États-Unis, 73 peuvent fonctionner pendant 60 ans. Et le régulateur américain s’interroge d’ores et déjà sur les conditions d’allongement de leur durée de vie au-delà de 60 ans.

Dès 2009, EDF présentait les grandes lignes du Grand Carénage qui allait permettre de faire vivre 60 ans des réacteurs conçus dans les années 1960

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eDF a l’atome crochu

selon son président d’alors, Pierre Gadonneix. Tout compris, EDF estimait à 400 millions par réacteur le montant du devis de cette modernisation. Soit un budget total de 20 milliards d’euros pour la période 2015-2035. et puis voici les noyaux dursLà encore, les coûts ont explosé. Sous l’effet des fameux noyaux durs imposés par l’ASN et du bond des équipements, le montant de la facture du Grand Carénage est désormais fixé par EDF à 55 milliards d’euros : presque un milliard par réacteur. Et c’est là sans doute la partie basse de la fourchette. Voilà des mois que le président de l’ASN, Pierre-Franck Chevet, rappelle à qui veut bien l’entendre que la standardisation du parc nucléaire français a ses mauvais côtés. La découverte d’un « problème générique » obligerait le gendarme du nucléaire français à arrêter l’exploitation de toutes les tranches conçues sur le même modèle. Disant cela, l’ancien directeur général de l’énergie et du climat (DGEC) a sa petite idée. Mises en service dans les années 1980, les centrales du Tricastin (Drôme-Vaucluse) et de Belleville (Cher) pourraient ne pas passer le cap de la quarantaine. Les cuves des quatre réacteurs de la première ayant « plus de défauts qu’ailleurs », et les deux enceintes de la seconde ayant connu quelques problèmes de fabrication.

Ardemment souhaité par EDF, le passage des 60  ans n’est pas acquis, contrairement à celui des 40 ans. Pour que les centrales soufflent leurs 60  bougies, l’ASN veut faire durcir la résistance aux agressions des piscines de combustible, limiter les conséquences de la fusion d’un cœur de réacteur. « Or, si nous savons formuler ces questions, nous n’avons pas d’esquisse de réponse d’EDF », rappelle Pierre-Franck Chevet.

Le casse-tête des pièces détachéesLe futur n’est pas tout. Pour faire tourner longuement ses installations, EDF doit sécuriser ses approvisionnements en pièces détachées. Pas évident, si l’on garde à l’esprit que le

catalogue de pièces de rechange comprend 335  000  références. Tous les ans, un bon millier d’entre elles se révèlent obsolètes. Cinq années sont parfois nécessaires pour faire réaliser et certifier des pièces de remplacement. Pas simple. Les hommes posent et poseront, eux aussi, des problèmes. EDF paie le prix de la réduction des investissements dans la maintenance durant sa période d’expansion à l’étranger. Parce qu’il faut systématiquement réaliser plus de travaux que prévu, les arrêts de tranche sont moitié plus longs qu’annoncé par les plannings. Ce qui diminue d’autant la période durant laquelle le réacteur produira – sa disponibilité. Durant les douze premières années du siècle, la disponibilité des 19 centrales nucléaires a varié de 76 % et 83  %. Or, l’objectif du groupe est que les réacteurs atteignent 85 % de facteur de charge. Nous n’y sommes pas. Et nous risquons de ne jamais y être. Pour mémoire, un jour d’arrêt imprévu d’un réacteur, c’est un million d’euros de manque à gagner pour EDF.

La non-qualité de la maintenanceEn plus de centrales vieillissantes dans lesquelles il a peu investi durant la décennie 1990, l’électricien fait aussi les frais d’une politique de sous-traitance mal maîtrisée. Entre le groupe présidé par Henri Proglio, donneur d’ordre, et le prestataire final, on peut trouver 5 voire 6  intermédiaires. La qualité du travail fini s’en ressent. « Sur les 700  événements significatifs de sûreté notifiés l’an passé par EDF, la moitié concerne des problèmes de non-qualité de la maintenance », comptabilise Pierre-Franck Chevet. Certes, l’exploitant peut espérer internaliser nombre de ces opérations de maintenance. Ce ne sera pas simple : la moitié de son personnel technique doit « partir en inactivité  » (pas de «   retraite » dans le jargon électrique) d’ici à 2017.

Dernier point noir : la gestion des déchets nucléaires les plus problématiques. Une loi de 2006 impose à l’Agence nationale des déchets radioactifs (l’Andra) d’ouvrir en 2025 un site de

stockage souterrain de résidus de haute activité et à vie longue appelé « Cigéo ». Pour l’essentiel, il s’agit des résidus ultimes de l’activité des centrales nucléaires. Conformément au planning, la Commission nationale du débat public (CNDP) a organisé, non sans mal, la concertation qu’impose la loi pour semblables projets d’intérêt public. Rendues publiques, le 12 février, les conclusions de la CNDP n’arrangent pas EDF.

enterré, le stockage souterrain ?Dans son rapport, la commission indépendante estime que le dossier n’est pas satisfaisant. Les parties prenantes se montrent sceptiques sur plusieurs sujets : les types de déchets stockés, la réversibilité, la maîtrise des risques (d’incendie notamment en cas de stockage de déchets « Moxés » ou inertés au bitume). Elles soulignent aussi l’absence de devis. La dernière estimation du coût de Cigéo oscille entre 13,5 et 16,5 milliards d’euros. Elle date de 2005. Entretemps, le cahier des charges a sensiblement évolué. En plus des déchets de combustibles vitrifiés, on parle désormais d’entreposer dans l’argile de Champagne-Ardenne des déchets radifères et des boues enrobées dans du bitume. De quoi accroître sensiblement les besoins de stockage. En 2030, ces nouveaux déchets représenteront un volume de 133 000 mètres cubes : le tiers du volume de stockage initialement prévu. Désormais, les rumeurs tablent sur une facture d’environ 35 milliards. Conclusion logique de la CNDP : l’Andra doit poursuivre les recherches et le parlement décider ce que l’on stockera dans les réseaux de galeries souterraines de l’Andra. En clair : une nouvelle loi s’impose. Ce qui ruine les espoirs de l’agence dirigée par Marie-Claude Dupuis de tenir le calendrier fixé par la loi de 2006.

On le voit, l’avenir du nucléaire français reste incertain. Et le restera tant que le gouvernement, EDF et l’Andra n’auront pas choisi leur politique à long terme. Ce qui explique sans doute les retards observés dans la rédaction du projet de loi sur la transition énergétique.

Volodia OPriTcHnikDossier

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Sciences et technologies Antoine BOnduELLE

AGriCULTUre

Au chaud, les pouletsPour que les poulets supportent la chaleur, il leur faut du cardio-training. Au fil des ans, les éle-veurs ont obtenu des oiseaux tout en muscles dont le système respiratoire et cardiaque est affaibli, a fortiori dans un environnement cani-culaire. Or la poule ne transpire pas et a besoin d’évacuer sa chaleur en respirant de plus en plus vite (de 25 inspirations par minute à 200). Des chercheurs de l’INRA ont étudié des poulets dont les embryons ont subi des chaleurs exces-sives lors de leur incubation, aux alentours de 39,5 °C au lieu de 37,8 °C en seconde semaine d’incubation. La thermo-tolérance des oiseaux s’en est trouvée améliorée car ils ont adapté leur système respiratoire. Par rapport à un groupe de contrôle, la viande des poulets « adaptés » suggère que le stress à la chaleur a été moins important chez les oiseaux testés. La résistance à la chaleur est donc un trait intéressant pour de futures sélections, au même titre que la diminu-tion des plumes ou l’augmentation de surface des crêtes.

Anne collin, inrA,

[email protected]

éNerGie

Une énergie vraiment « de transition »Les nouvelles centrales à gaz émettent moi-tié moins de CO2 que les anciennes centrales à charbon. Problème : en produisant, des dé-cennies durant, elles bloquent les réductions futures. Pour contrer cela et respecter ses enga-gements (-25 % entre 1990 et 2020, division par cinq entre 1990 et 2050), le Massachussets vient de donner une autorisation de production à

une centrale thermique pour une durée limitée. Au lieu des 50 ans et plus de durée de vie tech-nique, l’exploitation devra obligatoirement faire décroître sa production au fil du temps et ne pourra fonctionner que pendant 40 ans. Cet ac-cord imposant le caractère transitoire du gaz est d’autant plus remarquable que l’exploitation du gaz aux États-Unis est en forte croissance. L’ONG écologiste Conservation Law Foundation (CLF), qui a négocié l’accord, est connue pour ses pro-positions innovantes en Nouvelle-Angleterre, concernant la grande distribution et l’étalement urbain, ou encore le financement de la maîtrise de l’énergie par les compagnies électriques.

Emily dahl, conservation Law Founda-

tion, [email protected]

Pv : 24 % de rendement La jonction solaire au silicium continue de donner des rendements croissants en pro-duction industrielle. Les nouveaux modules de type « n » produits à Freiberg (Allemagne) par SolarWorld sont constitués de deux plaques fines de verre spécialement traités en sandwich, passivé sans réflexion d’un côté, miroir sur le fond. La jonction électrique est répartie sur l’ensemble du fond. Ces résul-tats sont le fruit d’un travail collectif mené par dix entreprises et quatre instituts de re-cherche dont le Fraunhofer ISE. Les modules de 306  W remplacent des modules clas-siques de 240 W occupant la même surface. Leur rendement certifié en préproduction garantit que le produit commercial dépas-sera 24 % de rendement. Le rendement élevé diminue d’autant le coût du reste du système. La dégradation de la jonction est limitée à 0,35 %/an contre 0,7 %, ce qui garantit une durée de vie supérieure à 30 ans. L’ensemble

permet de diminuer de 30 % le coût du kWh, ce qui était l’objectif du projet.

Eva Bretschnider, presse@innovation-

sallianz-photovoltaik.de

Une batterie pour le solairehors réseauUne nouvelle batterie stationnaire bon mar-ché, adaptée au cycle solaire de la production photovoltaïque, permet d’éviter l’usage des batteries au plomb dans les zones non inter-connectées. Développée par un laboratoire de l’université Carnegie Mellon (Pennsylvanie, États-Unis), cette innovation a été cofinancée par Bill Gates. Pour abaisser les coûts, on met en œuvre des procédés utilisés dans la phar-macie et l’agroalimentaire. Les électrodes sont estampées dans des machines prévues pour les cachets d’aspirine et les feuilles de contact sont placées par des robots d’emballage du chocolat. Une batterie palettisée de 84 uni-tés fait 1 mètre de haut et stocke 19 kWh. La capacité annuelle de production de l’usine est de 200 MWh/an. Avec un coût de 300 dollars par kilowattheure. La batterie est non toxique, recyclable et dure deux fois plus qu’une bat-terie au plomb pour un coût similaire. L’élec-trolyte d’eau salée joint des électrodes en car-bone et en oxyde de manganèse. La batterie a une réaction lente et ne peut donc pas ser-vir aux réserves de court terme des réseaux. Le constructeur Siemens teste actuellement l’intégration de ses batteries dans des réseaux connectés en amont des inverseurs PV ou comme stockage temporaire pour absorber des pointes quotidiennes.

Hollie davis,

Siemens, [email protected]

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