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HAL Id: dumas-01286273 https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-01286273 Submitted on 10 Mar 2016 HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of sci- entific research documents, whether they are pub- lished or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers. L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés. Engager les élèves dans l’écriture au cycle 2 : outils et enjeux Céline Perriolat To cite this version: Céline Perriolat. Engager les élèves dans l’écriture au cycle 2 : outils et enjeux. Education. 2015. dumas-01286273

Engager les élèves dans l'écriture au cycle 2: outils et

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HAL Id: dumas-01286273https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-01286273

Submitted on 10 Mar 2016

HAL is a multi-disciplinary open accessarchive for the deposit and dissemination of sci-entific research documents, whether they are pub-lished or not. The documents may come fromteaching and research institutions in France orabroad, or from public or private research centers.

L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, estdestinée au dépôt et à la diffusion de documentsscientifiques de niveau recherche, publiés ou non,émanant des établissements d’enseignement et derecherche français ou étrangers, des laboratoirespublics ou privés.

Engager les élèves dans l’écriture au cycle 2 : outils etenjeux

Céline Perriolat

To cite this version:Céline Perriolat. Engager les élèves dans l’écriture au cycle 2 : outils et enjeux. Education. 2015.�dumas-01286273�

Page 2: Engager les élèves dans l'écriture au cycle 2: outils et

Année universitaire 2014 - 2015

Master Métiers de l’enseignement, de l’éducation et de la formation

Professeur des écoles

2ème année

Engager les élèves dans l’écriture au cycle 2 :

outils et enjeux

Présenté par : PERRIOLAT Céline

Mémoire encadré par : JACQUES Marie-Paule

Page 3: Engager les élèves dans l'écriture au cycle 2: outils et

SOMMAIRE

1. ETAT DE L’ART ET PROBLEMATIQUE ......................................................................... 1

Introduction ................................................................................................................................ 1

1.1 Etat de l’art .................................................................................................................. 1

1.1.1 L’écriture à l’école : historique et travaux ............................................................ 1

1.1.1.1 Du XIXè siècle aux années 1970 .................................................................. 2

1.1.1.2 De 1970 à nos jours ....................................................................................... 3

1.1.2 L’enseignement de l’écriture aujourd’hui ............................................................ 7

1.1.2.1 Enjeux et difficultés inhérents à l’écriture .................................................... 7

1.1.2.2 Enseignement actuel et préconisations ......................................................... 8

1.2 Enjeux autour d’un type d’écrit : la lettre .................................................................. 10

1.3 Problématique ............................................................................................................ 12

2. OBSERVATION ET ANALYSE ....................................................................................... 13

2.1 Méthode ..................................................................................................................... 13

2.1.1 Participants ......................................................................................................... 13

2.1.2 Matériel et procédure.......................................................................................... 14

2.2 Résultats ..................................................................................................................... 19

2.3 Discussion et conclusion ........................................................................................... 24

2.3.1 Evolution des élèves au cours de la séquence .................................................... 24

2.3.2 Les acquis de la séquence ................................................................................... 26

2.3.3 Retour sur les travaux de recherche ................................................................... 28

2.3.4 Prise de recul sur ma propre pratique ................................................................. 28

BIBLIOGRAPHIE ................................................................................................................... 31

ANNEXES ............................................................................................................................... 32

RESUME .................................................................................................................................. 41

MOTS-CLES ............................................................................................................................ 42

Page 4: Engager les élèves dans l'écriture au cycle 2: outils et

1

1. ETAT DE L’ART ET PROBLEMATIQUE

Introduction

Dans le cadre de mon stage en tant que professeur des écoles, j’ai rencontré des

difficultés dans le domaine de la production d’écrits, domaine dont la didactique était pour

moi très floue en début d’année. Ce mémoire traite donc de ce domaine, et plus

particulièrement des démarches et outils qui permettent de lancer les élèves dans l’écriture,

en l’occurrence des élèves de cycle 2. J’avais en effet constaté en début d’année certains

blocages et inhibitions face à l’acte d’écrire que je ne savais pas comment résoudre. C’est

donc par le biais d’une séquence autour de l’écriture d’une lettre à un destinataire réel que j’ai

choisi d’expérimenter les outils et méthodes préconisés par les chercheurs. Nous sommes

aujourd’hui dans une société de culture écrite, avec des exigences très fortes dans le domaine

de l’écriture. L’enseignant a donc selon moi une tâche très importante à remplir dans ce

domaine : amener les élèves vers la maitrise de l’écrit et les décomplexer face à cette activité,

qui a en effet tendance à effrayer les élèves français. Mais cette tâche est très complexe, plus

particulièrement lorsque l’on débute, et présente certains écueils pour l’enseignant qu’il faut

essayer d’éviter. La première partie de ce mémoire dresse un historique et un état des lieux

des travaux effectués dans le domaine de la didactique de l’écriture, suivi des préconisations

actuelles quant à l’enseignement de cette discipline. Cette partie se clôt par une explication

des enjeux autour du type d’écrit expérimenté dans ce mémoire : la lettre. La deuxième partie

du mémoire présente la séquence mise en place dans ma classe (participants, matériel et

déroulement) ainsi qu’une analyse de cette dernière en confrontant les résultats de

l’expérience aux théories exposées en première partie.

1.1 Etat de l’art

1.1.1 L’écriture à l’école : historique et travaux

Les pratiques actuelles d'enseignement de l'écriture sont l'aboutissement d'une évolution

qu'il est important de connaître et comprendre. Selon les époques, l’activité d’écriture a vu ses

modalités d’enseignement évoluer en fonction de plusieurs facteurs : composante de l’activité

d’écriture privilégiée, perception de l’acte d’écrire par la société adulte, critères de réussite

Page 5: Engager les élèves dans l'écriture au cycle 2: outils et

2

mis en avant, etc. L’évolution de l’activité d’écriture à l’école est un aspect faisant de plus en

plus l’objet de travaux scientifiques, en particulier depuis une vingtaine d’années (Branca-

Rosoff & Garcia-Debanc, 2007 ; Garcia-Debanc, 1990 ; Garcia-Debanc & Fayol, 2003).

D’après ces travaux, le niveau de fonctionnement linguistique sur lequel est focalisé

l’apprentissage de l’écriture a bien évolué depuis le milieu du XIXè siècle. Nous pouvons

distinguer une première période allant du XIXè siècle aux années 1970 durant laquelle

l’activité d’écriture était plutôt centrée sur la narration, celle-ci étant encadrée par de

nombreuses contraintes et laissant peu de place à l’expression personnelle. Puis une seconde

période allant des années 1970 à nos jours a vu l’émergence d’activités davantage construites

autour de l’expression personnelle, avec une prise de conscience de l’importance de guider et

d’accompagner les élèves dans la construction de compétences en écriture. Cela correspond

d’ailleurs à un réel tournant dans les courants de pensée pédagogiques et les pratiques

préconisées, notamment avec l’émergence du socioconstructivisme.

1.1.1.1 Du XIXè siècle aux années 1970

Au XIXè siècle, le terme utilisé dans les écoles est « rédaction », il restera le terme

officiel jusqu’à 1972, même si certains enseignants l’utilisent encore en classe de nos jours.

Vers 1850, la rédaction prend de plus en plus de place dans les grandes classes et fait de

l’ombre à la grammaire et à l’orthographe, disciplines privilégiées dans l’enseignement du

français jusqu’alors. Cependant, l’exercice de rédaction reste très contraint et se limite très

souvent à mettre par écrit une leçon ou encore une histoire étudiée en classe au préalable. Ces

contraintes reposent sur le fait qu’à l’époque, on ne considère pas que les élèves aient besoin

de s’exprimer sur des sujets libres, et que l’on risque en faisant pratiquer la rédaction libre de

les accoutumer comme le disait L.C. Michel à « parler pour ne rien dire » (Branca-Rosoff &

Garcia-Debanc, 2007). Les écrits produits sont alors très éloignés de ce que les élèves peuvent

produire de façon « naturelle », c’est-à-dire en utilisant des mots et expressions qu’ils

connaissent bien et qu’ils ont l’habitude d’entendre ou d’utiliser. On refuse toute expression

personnelle afin que l’élève se concentre sur la qualité de l’écrit, déterminée alors par la

syntaxe et le lexique, et qu’il ne soit pas « pollué » par des préoccupations secondaires.

A la fin du XIXè siècle, on tend vers une langue plus simple dans les écrits produits et un

« canevas » est fourni pour la rédaction, c’est-à-dire une trame orientant les écrits des élèves

et les guidant dans chaque étape de la production. C’est aussi à cette époque qu’apparaît dans

Page 6: Engager les élèves dans l'écriture au cycle 2: outils et

3

les classes un nouveau type d’écrit non exploité à l’école jusqu’alors : la lettre. On encourage

la production de ce type d’écrit pour que l’élève s’implique personnellement, il s’agit en effet

d’un récit à la première personne. L’expression personnelle commence donc à s’introduire

dans les classes, mais timidement.

Au XXè siècle, la rédaction est encore vue comme un processus en étapes mais l’élève doit

toutes les réaliser lui-même, y compris la recherche d’idées, celle-ci étant toutefois orientée

par des questions. Le travail est centré sur l’amélioration d’un premier jet, mais surtout sur

l’amélioration lexicale et syntaxique. Cette évolution est importante dans le sens où la

didactique de l’écriture aujourd’hui insiste sur la prise de conscience par les élèves de la

nécessité d’un premier jet, du fait que l’on ne produit pas du premier coup un écrit net et

propre.1 A cette époque, les élèves sont conduits à corriger leurs productions sous les

recommandations de l’enseignant, mais bien souvent pour remplacer leurs mots par d’autres

quelque peu pittoresques et leurs phrases par des constructions syntaxiques élaborées. Les

écrits produits sont encore éloignés du langage des élèves, mais les notions de premier jet et

de réécriture sont bien là.

En revanche, la place accordée à l’expression personnelle ne progresse guère. L’article

« Ecriture » de Victor Brouet dans l’édition de 1911 du Dictionnaire de Pédagogie en

témoigne : « Ecrire, c'est exprimer en caractères graphiques les mots que la parole exprime

par des sons articulés. Nous n'avons pas à définir autrement l'écriture ni à faire l'historique

de ses différentes formes […]. » Cette conception est très éloignée de ce qui est préconisé

aujourd’hui, et pourtant nous allons voir plus loin que les élèves français ont encore du mal à

l’heure actuelle à s’exprimer librement à l’écrit, même quand on les y encourage.

1.1.1.2 De 1970 à nos jours

Les années 1970 voient se profiler des changements importants : on se focalise moins

sur le lexique et la syntaxe au profit de l’expressivité du sujet nouvellement favorisée. Les

canevas donnés aux élèves pour la rédaction disparaissent peu à peu. A partir de 1972, la

« rédaction » devient « expression écrite », signe révélateur d’un changement de la vision de

1 Cette notion est au centre de la séquence décrite dans la deuxième partie de ce mémoire.

Page 7: Engager les élèves dans l'écriture au cycle 2: outils et

4

cette activité à l’école. L’influence de la pédagogie Freinet née dans les années 1920 se fait

sentir dans les activités d’écriture : on cherche à faire écrire autour de situations inspirées de

la vie de la classe, on fait écrire aux élèves ce qu’ils vivent ou ce qu’ils imaginent, on

reconnaît la dimension subjective de l’écriture. Les écrits produits se diversifient, on fait

beaucoup écrire les élèves, et souvent. Tout cela tend vers une nouvelle volonté : chercher à

motiver les élèves. C’est d’ailleurs à cette période que les écrits authentiques et fonctionnels

sont favorisés, et que l’on cherche à mettre en place des projets d’écriture, directement

inspirés de la pédagogie Freinet. Ces projets d’écriture n’auront de cesse d’être encouragés

dans les classes, leur impact sur la motivation des élèves étant reconnu. C’est d’ailleurs dans

ce contexte que la séquence mise en place dans le cadre de ce mémoire sera réalisée.

A partir des années 1980, les chercheurs en psycholinguistique vont se pencher sur les

processus mentaux qui régissent l’écriture et vont ainsi proposer différentes théories sur ces

processus rédactionnels. Les résultats vont être exploités à différents degrés par les

enseignants dans le cadre des activités proposées jusqu’alors. Trois modèles, tous basés sur la

conception de l’écriture comme un tout décomposable, sont nés de ces travaux, celui de

Hayes et Flower ayant eu le plus fort impact sur les pratiques actuelles (voir schéma page

suivante). Mis au point par les chercheurs en psycholinguistique John R. Hayes et Linda

Flower, ce modèle met en évidence pour la première fois trois composantes du processus

d’écriture : l’environnement de la tâche de production (le contexte), les connaissances du

scripteur stockées dans la mémoire à long terme, et enfin le processus d’écriture, lui-même

décliné en trois composantes : planification, mise en texte et révision. Selon l’analyse de

Garcia-Debanc et de Fayol (2003), ce modèle envisage le processus de rédaction comme un

problème à résoudre et présente un intérêt majeur, celui de mettre en avant pour la première

fois la composante révision, outil précieux permettant l’amélioration des écrits produits et très

exploité en classe aujourd’hui.

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Modèle de Hayes & Flower (Garcia-Debanc & Fayol, 2003, p.297)

Malgré une collaboration plutôt faible entre les psycholinguistes et les didacticiens jusqu’à

récemment, les travaux menés pendant les années 1980 vont doucement pousser les

didacticiens à encourager la production « d’avant-textes » (brouillons, premiers jets, trames)

permettant de focaliser l’attention des scripteurs sur la composante planification mise en

avant par Hayes et Flower, le scripteur devant se pencher sur les choix d’écriture au niveau de

la macrostructure de l’écrit à produire (énonciation, genre du texte, structure narrative) afin

d’alléger ensuite la charge cognitive sollicitée lors de la mise en texte. Ces travaux vont

également amener les didacticiens à favoriser la composante révision par le biais d’un retour

systématique sur l’avant-texte. La composante mise en texte passe en revanche au second plan

dans les travaux menés.

A partir de 1985, le terme « expression écrite » est remplacé par le terme « production écrite »

dans les programmes scolaires, ceci faisant état d’une nouvelle conception de l’activité

d’écriture « assez techniciste » d’après Branca-Rosoff et Garcia-Debanc (2007, p.45), dans

laquelle la production d’avant-textes est fortement encouragée, comme nous l'avons vu plus

haut, et dans laquelle est préconisée pour la première fois la mise en place d’aides à l’écriture

Page 9: Engager les élèves dans l'écriture au cycle 2: outils et

6

communément appelées « outils », qui seront beaucoup exploités dans le cadre de la séquence

décrite dans ce mémoire. Ces outils évolutifs ont pour objectif de faciliter la mise en texte et

sont construits par l’enseignant et les élèves pour un usage provisoire (grilles de relecture,

répertoires, etc.).

Ce n’est que dans les années 1990-2000 que les travaux menés sur les opérations mentales

activées pendant le processus d’écriture en temps réel vont avoir un impact sur les instructions

officielles. Dans les programmes de 2002, la « production écrite » devient « écriture », et

l’accent est mis sur la littérature et la phase de révision des textes (ajouter des éléments, en

supprimer, etc.). En atteste cet extrait : « Un projet d’écriture se termine, le plus souvent, par

l’édition manuscrite ou imprimée du texte, qu’il soit collectif ou individuel. C’est un aspect

important de la production de textes qui ne peut être négligé. » (B.O. du 14 février 2002,

p.48). Les textes littéraires rencontrés en classe deviennent un matériau essentiel sur lequel se

baser pour la production de textes : activités d’imitation et de prolongement. La priorité est

donnée aux aspects pragmatiques et sémantiques plutôt qu’aux aspects lexicaux et

syntaxiques, et les écrits intermédiaires prennent de l’importance.

Toujours à cette période, certains chercheurs vont se pencher de plus près sur les stratégies

d’écriture des élèves pendant qu’ils écrivent : Garcia-Debanc (1982), Schneuwly (1988), De

Gaullmyn (1999), entre autres. Ces travaux suggèrent que les compétences en écriture des

élèves sont bien présentes et exploitables avant le début de l’apprentissage formel de

l’écriture. Selon Branca-Rosoff et Garcia-Debanc (2007, p.46), les travaux de la didacticienne

Claudine Fabre tendent aussi vers une centration sur l’étude des stratégies d’écriture mises en

place en temps réel, et mettent en avant l’importance du brouillon (ajouts, ratures,

déplacements) pour l’analyse des compétences de l’élève mais aussi de ses points de

progression.

Nous voyons donc que selon les périodes, la conception de la qualité d’un écrit a subi de

nombreuses variations, selon ce que la société adulte valorisait en tant qu’écrit de qualité à

une époque donnée. Au fil du temps, les genres scolaires privilégiés ont changé, les critères de

réussite aussi. Nous pouvons donc nous poser la question suivante : quel impact ces travaux et

perspectives variables selon les périodes ont-ils eu sur l’enseignement actuel de l’écriture ?

Page 10: Engager les élèves dans l'écriture au cycle 2: outils et

7

1.1.2 L’enseignement de l’écriture aujourd’hui

1.1.2.1 Enjeux et difficultés inhérents à l’écriture

Les chercheurs s’accordent à dire que la maitrise de l’écriture, dans toutes ses

acceptions, est aujourd’hui un élément essentiel d'intégration à la société. En effet, nous

sommes dans une société de culture écrite forte dans laquelle l’accès à la littératie, autrement

dit la maitrise des connaissances en lecture et en écriture, est hautement recherché et valorisé.

Les exigences aujourd’hui dans ce domaine sont très fortes, et l’école a un rôle essentiel à

jouer dans l’acquisition de cette compétence, avec la tâche délicate de faire entrer les élèves

dans le monde de l’écrit et de les amener à le maitriser.

En outre, la maitrise de l’écrit aujourd’hui comporte un enjeu social très important dans une

société où la recherche d’identité et d’intégration sociale est de plus en plus forte. D’après les

dernières statistiques, l’école française creuserait aujourd’hui les inégalités sociales. Les

élèves issus des classes moyennes et favorisées ont accès plus facilement à cette littératie de

par leur cadre familial et social, mais il n’en est pas de même pour les élèves issus de milieux

populaires, qui n’ont parfois que l’école pour construire leurs compétences autour de l’écrit.

Certains chercheurs comme Musset, de l’Institut Français de l’Education, parlent aujourd’hui

d’une « crise » de l’écrit (2011, p.1) qui se vérifierait dans les résultats du programme PISA.

Ce programme révélait en effet en 2009 des difficultés à produire des écrits chez les élèves

français, peu habitués à exprimer une opinion personnelle et révélant une réticence à rédiger,

même lorsqu’il s’agit de rédiger simplement une réponse à une question donnée. Par ailleurs,

les exercices portant sur la production écrite sont parmi ceux qui obtiennent les scores les plus

bas aux évaluations nationales (environ 60 % de réussite à l’école et 50% à l’entrée au collège

en 2006).

L’apprentissage de l’écriture représente donc un réel enjeu aujourd’hui, toutefois nous allons

voir que l’enseignement de cette discipline comporte des difficultés de par sa nature même.

Page 11: Engager les élèves dans l'écriture au cycle 2: outils et

8

L’écriture est un domaine vaste et complexe, les chercheurs s’accordant à dire qu’elle

recouvre plusieurs composantes devant toutes être prises en compte dans le cadre de son

enseignement. Selon Plane (2013, p.175), l’écriture peut se décliner en trois

composantes devant toutes faire l’objet d’un apprentissage à l’école :

- la sémiotique propre à l’écrit (les lettres)

- le fonctionnement de la langue (règles de syntaxe, de grammaire, etc.)

- le geste graphique.

Concernant ce dernier élément, de nombreux travaux ont montré l’incidence de la qualité du

geste sur la qualité du texte produit.

L’aspect multidimensionnel de la tâche d’écriture est largement reconnu aujourd’hui. Les

différents termes ayant désigné l’activité de production de textes (production écrite,

expression écrite, etc.) témoignent d’ailleurs des changements de la perception de cette

activité au fil des années, comme souligné plus haut.

Par ailleurs, Plane met en évidence d’autres facteurs ayant un impact sur les apprentissages de

l’écriture (2013, p.177), à savoir des facteurs sociologiques, affectifs, sociolinguistiques et

comportementaux. En effet, produire des écrits demande un investissement personnel,

d’ailleurs longtemps nié dans les classes, et nous avons vu plus haut que le fait de s’exprimer

à l’écrit était encore bien difficile pour la plupart des élèves en France.

Enfin, les élèves peuvent tout simplement rencontrer des difficultés liées à l’entrée dans

l’écrit, par exemple au niveau du graphisme, de la segmentation des mots, etc., et ces

difficultés peuvent occulter le sens donné à l’activité d’écriture.

1.1.2.2 Enseignement actuel et préconisations

Ainsi que nous l’avons vu précédemment, la conception de l’activité d’écriture à

l’école a beaucoup évolué. Les travaux cités précédemment ont permis l’émergence de grands

principes didactiques ayant plus ou moins fait leur chemin dans les classes. Selon Branca-

Rosoff et Garcia-Debanc (2007), l’objectif principal de ces travaux était d’analyser et de

décomposer la tâche d’écriture, dont le poids cognitif était trop important pour les élèves. Ces

études ont mis en relief les trois grandes composantes de l’écriture bien connues aujourd’hui :

planification, mise en texte et révision. Comme le dit Musset, le fait d’avoir dégagé ces trois

composantes dans le processus d’écriture a fait prendre conscience de la nécessité

d’accompagner l’élève dans chacune d’elles (2011). A cet égard, une nouvelle approche a été

Page 12: Engager les élèves dans l'écriture au cycle 2: outils et

9

popularisée dans les années 1980 en France et est désormais plébiscitée pour les écrits

scolaires : l’approche par genre. Il s’agit de mettre à disposition des élèves un corpus de textes

présentant les mêmes caractéristiques que le genre visé afin de « nourrir » l’écrit à produire et

de les familiariser avec les formulations-types, le vocabulaire propre au genre étudié, etc., ce

qui va les guider dans la phase de planification. L’enseignant a pour rôle ici d’expliciter les

caractéristiques de l’écrit visé afin d’élaborer des critères de fonctionnement qui lui sont

propres, voire d’exclure certains critères qu’il jugerait non pertinents pour l’évaluation de

l’écrit produit.

Garcia-Debanc et Fayol (2003) ont poursuivi dans ce sens en préconisant la construction

d’aides à l’écriture, appelées aujourd’hui « outils ». Ces outils, temporaires et construits avec

les élèves, consistent à élaborer des critères de fonctionnement de l’écrit étudié comme vu

plus haut, des répertoires récapitulant le vocabulaire dont les élèves pourraient avoir besoin

(par exemple constituer un répertoire de formules de politesse dans le cadre de l’apprentissage

autour de l’écrit lettre, ciblé dans ce mémoire), ou encore des outils de relecture (grille de

critères), afin d’aider les élèves dans la phase de révision. Les programmes de 2008 font

d’ailleurs référence à des outils pour la phase de révision dans les compétences à développer

en écriture au CE1 : « Relire sa production et la corriger ; corriger en fonction des

indications données un texte copié ou rédigé de manière autonome. » (Bulletin Officiel N°3

19 juin 2008, p.31).

Les deux didacticiens mettent cependant en garde contre le risque potentiel de ces outils qui

peuvent devenir des obstacles à l’écriture s’ils ne sont pas construits de façon pertinente avec

les élèves ou bien s’ils sont trop étoffés, créant ainsi un étau de contraintes trop important. Les

effets à long terme de ces outils sur la compétence en production d’écrits sont par ailleurs peu

connus. Garcia-Debanc et Fayol regrettent également que la composante mise en texte ait été

quelque peu délaissée par les chercheurs et donc peu abordée dans les modèles établis autour

du processus écriture.

Par ailleurs, l’aspect multidimensionnel de l’écriture (geste graphique, sémiotique,

fonctionnement de la langue) est aujourd’hui largement reconnu et pris en compte pour

construire les situations d’apprentissages. La difficulté majeure qui découle de ce principe

revient à articuler entre elles ces dimensions, ce qui représente un réel défi. Aujourd’hui,

beaucoup d’enseignants sont conscients des aspects multiples que recouvre l’apprentissage de

l’écriture, et mettent couramment au centre des activités la composante rédaction (Plane,

Page 13: Engager les élèves dans l'écriture au cycle 2: outils et

10

2013, p.177), c’est-à-dire le fait de chercher des idées et les mettre par écrit, devant le travail

de la sémiotique et du geste graphique. Mais d’après Plane (2013), la hiérarchisation des

diverses dimensions de l’écriture et donc la prise en compte de sa complexité est très variable

selon les enseignants. En effet, certains dissocient complètement les apprentissages alors que

d’autres les articulent entre eux, et cela ne dépend pas du nombre d’années d’expérience de

l’enseignant. Il est toutefois plus fréquent de voir les différents aspects de l’écriture dissociés

dans les apprentissages, ceci peut-être parce que ce système permet une gestion plus aisée des

activités, mais cette conception ne serait pas favorable à un apprentissage efficient de

l’écriture.

Enfin, la production écrite doit être un moteur des apprentissages de la langue, autrement dit

les activités d’écriture doivent alimenter les séances d’étude de la langue, et non l’inverse. Le

fait de partir des activités d’écriture pour construire des séances décrochées en grammaire, en

orthographe, etc. pour pallier une difficulté rencontrée lors de l’élaboration d’un texte permet

de donner du sens, de contextualiser l’activité d’étude de la langue et donc de motiver les

élèves. Mais à l’heure actuelle, la production écrite est encore souvent peu rattachée à l’étude

de la langue, ce que les didacticiens déplorent.

L’écriture doit également être liée aux activités de lecture, les instructions officielles reprenant

d’ailleurs cet aspect : « Les apprentissages de la lecture et de l’écriture, qu’il s’agisse des

mots, des phrases, des textes, menés de pair, se renforcent mutuellement tout au long du

cycle » (Bulletin Officiel N°3 19 juin 2008, p.18).

1.2 Enjeux autour d’un type d’écrit : la lettre

L’écrit lettre comporte des enjeux d’apprentissages bien spécifiques. Il s’agit tout

d’abord d’un objet de travail permettant aux élèves d’approcher une forme d’écrit particulière,

ses fonctions et ses propriétés. Les élèves s’approprient ainsi une des multiples formes d’écrit

qu’ils pourront rencontrer au cours de leur scolarité.

La lettre est un écrit fonctionnel, c’est-à-dire qui a une fonction sociale dans le sens où elle est

écrite pour une personne en particulier (ou plusieurs), à l’inverse des écrits fictionnels (récit,

conte, etc.). Le fait d’avoir un destinataire connu implique une posture bien particulière du

scripteur, qui perçoit les enjeux de sa production plus finement qu’avec un récit sans autre

Page 14: Engager les élèves dans l'écriture au cycle 2: outils et

11

destinataire que l’enseignant. Le fait de contextualiser la tâche d’écriture favorise la

motivation des élèves, et implique un point délicat : adapter son langage aux caractéristiques

de son interlocuteur. Garcia-Debanc (1990) souligne le fait que les travaux scientifiques ont

montré que les enfants étaient sensibles très tôt aux caractéristiques de leur destinataire à

l’oral et adaptaient leur langage en fonction de leur interlocuteur, mais qu’ils avaient bien plus

de mal à se mettre à la place de leur futur lecteur dans le cadre de la communication écrite. Il

s’agit donc là d’un point qui nécessite un travail spécifique.

L’écrit lettre a aussi la particularité d’avoir une structure très contrainte au niveau de sa

« silhouette » : la date et le lieu figurent souvent en haut à droite, on a ensuite une phrase qui

introduit la lettre, le corps du texte, une formule de politesse et la signature. Il ne s’agit pas

d’imposer un modèle aux élèves mais de leur faire comprendre que ce type d’écrit doit tout de

même respecter une mise en page réfléchie en amont. Ce mémoire ne sera toutefois pas axé

sur ce point, c’est-à-dire que la séquence décrite en seconde partie n’aura pas pour objectif

d’amener les élèves à maitriser la silhouette de la lettre. Celle-ci sera en effet donnée sous

forme d’affiche construite avec les élèves suite à l’observation de plusieurs lettres.

Un autre enjeu de cet écrit fonctionnel est que les élèves vont devoir construire leur

production en fonction du but recherché. Les élèves doivent être conscients du fait qu’une

lettre peut avoir différentes finalités (s’excuser, remercier, raconter, demander, etc.). Il est

difficile là aussi de travailler tous ces aspects dans une seule séquence, c’est pourquoi toutes

les finalités possibles de la lettre ne seront pas développées de manière approfondie.

L’écrit lettre implique également toute une terminologie propre à la correspondance que les

élèves peuvent aborder : « expéditeur », « destinataire », « adresse », « code postal »,

« formule de politesse », etc., mais là aussi des choix devront être faits quant à l’inclusion ou

non de cette terminologie dans la séquence.

Enfin, la lettre comporte des enjeux que l’on retrouve pour la majorité des types de textes

produits à l’école : soigner la présentation et l’écriture, organiser ses idées pour écrire un texte

court, écrire sans erreurs des mots et des phrases. Il peut être intéressant au vu des

recommandations des didacticiens de s’appuyer par exemple sur une lettre écrite par les

élèves pour construire une séance décrochée d’orthographe, de grammaire, etc.

Page 15: Engager les élèves dans l'écriture au cycle 2: outils et

12

1.3 Problématique

Ces travaux m’amènent à me poser la question suivante : dans une société où l’écriture

est porteuse d’un enjeu fort et dans laquelle l’expression personnelle à l’écrit est plutôt

difficile pour les élèves, comment créer une situation la plus favorable possible pour que

ceux-ci arrivent à s’engager efficacement dans une activité d’écriture ? Dans le cadre de ce

mémoire, j’ai choisi de construire une séquence à l’issue de laquelle les élèves auront à

produire une lettre qui sera envoyée à l’auteur-illustrateur d’un conte qu’ils ont étudié, et qui

présenterait une configuration la plus favorable possible à l’engagement et à l’investissement

des élèves dans l’activité. C’est donc en me basant sur les travaux et préconisations décrits

précédemment que j’ai élaboré la séquence décrite dans la deuxième partie de ce mémoire, en

retenant essentiellement les points suivants :

- le processus d’écriture est décliné en trois composantes (planification, mise en texte et

révision), et les élèves doivent être accompagnés par l’enseignant dans chacune d’elles ;

- les élèves ont besoin d’être « outillés » pour leur activité d’écriture, et ces outils doivent

être construits par eux ;

- ils ont également besoin de s’être approprié le type d’écrit qu’ils vont devoir produire, en

l’occurrence la lettre (approche par genre décrite précédemment) ;

- la contextualisation de la tâche est un moyen d’engager les élèves dans l’écrit ;

- la lettre finale sera produite collectivement dans une démarche de mini-projet, ceci

permettant de motiver encore davantage les élèves.

Page 16: Engager les élèves dans l'écriture au cycle 2: outils et

13

2. OBSERVATION ET ANALYSE

2.1 Méthode

Au vu de la problématique énoncée, j’ai élaboré une séquence de sept séances se

concluant par la rédaction d’une lettre à l’auteur-illustrateur d’un conte étudié en classe dans

le cadre d’un projet artistique se déroulant sur l’année. Les élèves ayant eu le privilège de

rencontrer cet auteur intervenu en janvier dans la classe, j’ai décidé de mettre en place un

projet d’écriture d'une lettre de remerciements à ce dernier.

Nous avons vu précédemment qu’une seule séquence sur l’écrit lettre ne pouvait suffire à

exploiter toutes les compétences et connaissances liées à cette activité. C’est pourquoi ma

séquence et l’analyse qui en sera faite sera focalisée sur la capacité des élèves à s’engager

dans l’activité, sur leur compréhension du cheminement à suivre pour y arriver, sur leur

capacité à se relire et à corriger leurs productions et sur leur compréhension des enjeux de

l’écrit lettre (écrire à quelqu’un avec un but précis). Les aspects formels (silhouette de la

lettre) seront abordés mais ne seront pas évalués ni analysés. Par ailleurs, toutes les finalités

possibles d’une lettre ne seront pas développées de façon approfondie, la séquence portant

essentiellement sur l’écriture d’une lettre pour raconter ou pour remercier.

2.1.1 Participants

La séquence a été conduite auprès d’une classe de 22 CE1, en classe entière, dans une

école plutôt favorisée. Cet élément n’est pas négligeable puisqu’il s’agit par conséquent

d’élèves entrés généralement tôt dans le monde de l’écrit de par leur milieu familial. En

revanche, cette séquence est pour la majorité des élèves de la classe une première rencontre

avec l’écrit lettre, écrit qu’ils auront l’occasion de rencontrer à nouveau au cycle 3.

Lors de la première séance, les représentations des élèves sur la lettre ont été recueillies par le

biais d’un questionnement oral : Qu’est-ce qu’une lettre ? A qui peut-on écrire ? Pourquoi ?

Quelques élèves ont fait émerger l’idée d’écrire à sa famille pour raconter ses vacances par

exemple, mais les élèves n’ont pas mentionné d’autres finalités ou destinataires que pourrait

avoir la lettre. Ce type d’écrit n’était donc pas familier aux élèves.

Page 17: Engager les élèves dans l'écriture au cycle 2: outils et

14

Dans le cadre de cette séquence, des groupes de niveaux ont été faits par rapport au niveau de

lecture-compréhension-écriture. Quatre niveaux ont été distingués sur la base des évaluations

et observations faites depuis le début de l’année.

2.1.2 Matériel et procédure

La séquence mise en place (voir plan de séquence en annexe 1) est inspirée de la

démarche de projet d’écriture schématisée ci-dessous, préconisée par la didacticienne

Françoise Picot :

Installation de la

situation de

communication.

Négociation du

projet de

production.

Lecture et analyse

d’écrits

du même type

Activités

décrochées

(grammaire,

orthographe,

vocabulaire)

Production finale

Révision

Productions écrites intermédiaires

Avec grille de relecture

Collecte des éléments caractéristiques

Elaboration d’une grille de relecture

Edition

RéinvestissementEvaluation

Le contexte du projet d’écriture a été choisi précisément pour favoriser la motivation des

élèves et l’engagement de chacun dans l’activité. L’objectif principal de cette séquence était

de construire chez les élèves une conception de l’écriture comme étant une activité qui

nécessite de chercher, d’organiser ses idées et de se relire, en lien avec les compétences des

programmes et du socle commun pour le cycle 2 :

Socle commun Programmes de 2008

Adapter le propos au destinataire et à l'effet

recherché

CP-CE1 : rédiger de manière autonome un

texte court : rechercher et organiser des

idées, choisir du vocabulaire, construire et

enchaîner des phrases, prêter attention à

l’orthographe.

CE1 : Relire sa production et la corriger ;

corriger en fonction des indications

données un texte copié ou rédigé de

manière autonome.

Page 18: Engager les élèves dans l'écriture au cycle 2: outils et

15

L’outil lettre est donc exploité dans le cadre d’un projet avec un destinataire réel, ceci posant

un contexte authentique qui donne du sens à l’activité d’écriture. La maitrise de la silhouette

de la lettre n’est pas l’objectif de la séquence menée, en revanche la structure type de la lettre

est tout de même construite avec les élèves en tant qu’outil afin de lever ce potentiel obstacle

et de leur faciliter la tâche. En effet à cet âge les élèves ne savent pas nécessairement ce qu’est

une lettre ou du moins comment ce type d’écrit se présente, et ils ne pourront pas gérer tous

les enjeux d’apprentissage en une séquence.

Les trois premières séances sont consacrées à la découverte et à l’appropriation de l’écrit

lettre par les élèves : lecture et classement de lettres, repérage des éléments caractéristiques de

ce type d’écrit. Dans la suite de la séquence, les élèves s’essayent à l’écriture d’une lettre pour

dégager des critères de relecture (introduction de la notion de premier jet) et apprennent à se

corriger en utilisant cet outil. Enfin, la séquence se termine par l’écriture de la lettre collective

à l’auteur, en utilisant tous les outils construits auparavant dans la séquence (affiches et grille

de relecture).

Lors d’une première séance introduite par le recueil des représentations des élèves sur l’écrit

lettre, j’ai présenté le projet qui allait être mené dans le cadre de cette séquence, à savoir

écrire une lettre à l’auteur d’un conte qui était intervenu dans la classe un mois auparavant.

Cela permettait aux élèves d’avoir un objectif d’apprentissage et de comprendre pourquoi

nous allions lire des lettres et apprendre à en écrire. Dans le cadre de l’approche du type

d’écrit dite « par genre », deux lettres ayant pour objet de raconter quelque chose ont été

présentées aux élèves (voir annexe 2). Les élèves ont dû répondre à trois questions, d’abord à

l’oral en collectif pour la première lettre puis individuellement à l’écrit pour la deuxième :

Qui a écrit cette lettre ? A qui ? Pourquoi ?

La deuxième séance permettait d’aborder deux points : construire la silhouette de la lettre et

découvrir une autre fonction de ce type d’écrit (remercier). Comme dit précédemment, la

maitrise de la silhouette de la lettre n’était pas un objectif d’apprentissage en soi mais devait

être donnée aux élèves. La première partie de cette séance visait à observer les deux lettres

étudiées lors de la séance précédente et à mettre en avant le fait qu’elles présentaient la même

« silhouette ». Ce terme a été expliqué aux élèves qui ont listé oralement les éléments

communs aux deux lettres afin d’élaborer en collectif une affiche sur la silhouette de la lettre

(voir page suivante). Les élèves ont ensuite dû reconstituer individuellement une lettre dont

Page 19: Engager les élèves dans l'écriture au cycle 2: outils et

16

les différents éléments avaient été mélangés, ceci dans le but d’observer si la spécificité de

l’écrit lettre avait été comprise par les élèves, à savoir un écrit signé par un auteur et qui

commence par une interpellation du destinataire à qui l’on va dire quelque chose.

Affiche présentant la silhouette de la lettre

Dans un deuxième temps, les élèves ont dû observer individuellement une lettre fictive d’une

classe de CE1 écrivant à une classe d’une autre école pour les remercier de les avoir invités à

un spectacle (voir annexe 3). Par le biais d’un questionnaire individuel comportant les trois

mêmes questions « Qui a écrit cette lettre ? A qui ? Pourquoi ? », j’ai tenté de faire émerger

ici la notion de « lettre de remerciements ». L’objectif ici était également de faire un parallèle

avec les autres lettres et de faire ressortir ce qui définit l’objet lettre, à savoir une personne qui

écrit à une autre dans un but précis.

La troisième séance visait à s’approprier encore davantage l’écrit lettre en identifiant ce type

d’écrit parmi d’autres écrits donnés. Les élèves avaient pour cela un panel de dix documents

(cinq lettres, une affiche, une ordonnance de médecin, une définition, un récit et un extrait de

bande dessinée) et devaient cocher la case si le document était bien une lettre. Cet exercice a

été réalisé individuellement sauf pour un groupe de besoins que j’ai pris en atelier dirigé, sur

la base de la correction des exercices des séances 1 et 2. La correction a été faite de manière

collective pour reprendre ensemble les éléments communs à toutes les lettres : indication du

lieu et de la date, interpellation d’une personne par une autre dans un but précis. Dans un

deuxième temps, toutes les lettres étudiées jusqu’alors ont été affichées au tableau dans le but

de les classer et constituer ensuite collectivement un répertoire contenant les mots et formules

dont les élèves pourraient avoir besoin. Deux affiches ont été ainsi élaborées (voir page

suivante) :

- répertoire de formules de politesse,

- répertoire de formules d’interpellation (« pour commencer la lettre »).

Page 20: Engager les élèves dans l'écriture au cycle 2: outils et

17

La quatrième séance avait pour objectif d’élaborer avec les élèves des critères de relecture,

basés sur leurs observations faites sur leurs propres productions. Les élèves ont été lancés

dans l’écriture du premier jet par groupes de 5 à 6. Le destinataire était le même que celui de

la lettre finale, mais il était bien précisé aux élèves que la lettre était fictive et que la vraie

lettre serait écrite plus tard. Les élèves avaient à disposition les affiches réalisées

collectivement (silhouette de la lettre et répertoires de formulations). A l’issue de cette phase

d’écriture durant laquelle j’ai pu observer les différents groupes, les productions ont été

affichées au tableau. Les élèves devaient commenter les productions, que j’ai d’abord lues à

haute voix. Cette discussion devait permettre de faire émerger des critères autour de l’écriture

d’une lettre, et le fait que les élèves constatent par eux-mêmes la nécessité de ces critères leur

permettait de mieux se les approprier.

Les critères dégagés ont été récapitulés par les élèves et notés au tableau. Je leur ai ensuite

expliqué que ces critères allaient leur servir de grille de relecture, c’est-à-dire un document

qu’ils allaient pouvoir suivre à chaque fois qu’ils écriraient une lettre et qui allait les aider à

corriger leurs productions lors de la séance suivante. A ce moment-là je n’ai pas corrigé

l’orthographe, sauf si les erreurs étaient repérées par les élèves eux-mêmes lors de la

discussion. Lors de cette séance, les élèves ont pointé la question de l’adaptation des

formulations à l’interlocuteur de façon plus précise, nous avons donc décidé de refaire les

affiches afin d’inclure plus clairement ce critère, comme suit :

Formules d’interpellation – version 1 Formules d’interpellation - version modifiée

Page 21: Engager les élèves dans l'écriture au cycle 2: outils et

18

Formules de politesse - version 1 Formules de politesse - version modifiée

La cinquième séance visait à reconstituer les mêmes groupes qu’à la séance précédente afin

que les élèves reviennent sur leur premier jet et le corrigent à l’aide de la grille de relecture

(tableau ci-dessous). Il est à noter que les critères retenus n’incluent pas la finalité de la lettre

(remercier, raconter, etc.) puisque cet aspect ne constituait pas un objectif en soi. La lettre de

remerciements produite dans le cadre de cette séquence ne faisait pas figure d’objectif mais

plutôt d’outil servant à travailler l’écrit lettre, quelle qu’en soit la finalité. Entre temps j’avais

corrigé les erreurs orthographiques ne pouvant être corrigées par les élèves. La correction des

autres erreurs était laissée au soin des élèves. Une fois la grille de relecture remplie les élèves

font appel à l’enseignant qui contrôle la correction et vérifie à l’aide de la grille de relecture.

L’intérêt ici était d’inviter les élèves à relire les deux versions de leur lettre et à constater la

pertinence de la grille de relecture dans la correction du premier jet. Si la correction était

validée les élèves recopiaient au propre sur une feuille à carreaux leur lettre.

Grille de relecture :

J'ai écrit la date

J'ai écrit le lieu

J'ai bien choisi les mots en fonction de la personne à qui j'écris la lettre

J'ai mis une formule de politesse

J'ai signé la lettre

J'ai fait attention à l'orthographe des mots

J'ai mis des majuscules en début de phrase et aux noms propres

J'ai soigné mon écriture

Page 22: Engager les élèves dans l'écriture au cycle 2: outils et

19

Les sixième et septième séances ont été consacrées à l’écriture de la lettre à l’auteur. Les

élèves ont été placés en quatre groupes pour écrire le premier jet. Afin de ne pas devoir choisir

la lettre d’un groupe et de ce fait éliminer les écrits d’un certain nombre d’élèves, chaque

groupe a dû écrire sur un thème choisi au début de la séance parmi quatre :

- le conte en lui-même,

- le spectacle de danse autour du conte vu en début d’année,

- l’intervention de l’auteur dans la classe,

- les projets faits dans d’autres disciplines autour du conte.

Les élèves ont ensuite corrigé leurs premiers jets à l’aide de la grille de relecture, puis les

productions finales ont été affichées au tableau pour recueillir les commentaires des autres

groupes et procéder à l’élaboration collective de la lettre finale. Chaque groupe devait ensuite

choisir un élève qui recopierait au propre sa partie. Afin d’impliquer tous les élèves, il a été

décidé que chacun ferait un dessin ou écrirait un mot sur une petite feuille à part et signerait,

ces feuilles étant ensuite glissées dans l’enveloppe.

La séquence se termine par une évaluation dans laquelle les élèves doivent écrire une lettre

selon un scénario donné en écrivant d’abord un brouillon qu’ils corrigent avec la grille de

relecture et qu’ils recopient ensuite au propre. L’objectif est d’évaluer la compréhension des

élèves de l’outil brouillon et de la grille de relecture, et leur capacité à les utiliser de façon à

produire un écrit final correspondant aux attentes. Pour cette évaluation les élèves avaient à

leur disposition les trois affiches élaborées collectivement.

2.2 Résultats

Productions d’élèves

Les résultats présentés dans cette section concernent les productions des élèves en séances 4

et 6 (premiers jets et corrections) et l’évolution entre les deux séances par rapport aux

éléments suivants :

- compréhension de l’écrit lettre ;

- compréhension de la notion de premier jet et de relecture ;

- engagement dans l’activité d’écriture.

Page 23: Engager les élèves dans l'écriture au cycle 2: outils et

20

Légende :

Compréhension de l’écrit lettre :

lieu et date indiqués adaptation des propos à

l’interlocuteur

présence d’une formule de

politesse

séance 4

(lettre fictive)

séance 6

(lettre finale)

séance 4

(lettre fictive)

séance 6

(lettre finale)

séance 4

(lettre fictive)

séance 6

(lettre finale)

Groupe 1 oui oui + +++ non oui

Groupe 2 non oui ++ +++ oui oui

Groupe 3 oui oui + +++ oui oui

Groupe 4 oui oui +++ +++ oui oui

Compréhension des notions de premier jet et de relecture :

Ratures Eléments insérés/déplacés

SEANCE 4

(lettre fictive)

SEANCE 6

(lettre finale)

SEANCE 4

(lettre fictive)

SEANCE 6

(lettre finale)

Groupe 1 ++ ++ 0 +

Groupe 2 +++ ++ 0 +

Groupe 3 + ++ 0 +

Groupe 4 + ++ 0 0

Engagement dans l’activité d’écriture :

Quantité de mots écrits Arguments formulés dans la

lettre

SEANCE 4

(lettre fictive)

SEANCE 6

(lettre finale)

SEANCE 4

(lettre fictive)

SEANCE 6

(lettre finale)

Groupe 1 + ++ + +++

Groupe 2 ++ ++ + +++

Groupe 3 ++ ++ + +++

Groupe 4 ++ ++ + ++

0 aucun

+ faible

++ modéré

+++ fort

Page 24: Engager les élèves dans l'écriture au cycle 2: outils et

21

Evaluation sommative (annexe 4) et résultats obtenus

L’évaluation sommative portait sur plusieurs critères en lien avec les objectifs principaux et

transversaux de la séquence cités dans le tableau page 14. Le barème a été établi en fonction de la

priorité donnée aux objectifs à atteindre :

Utilisation du brouillon et de la grille de relecture (3 pts)

0 à 1 pt L’élève a coché les items de la grille de relecture mais n’a corrigé aucune erreur

et aucune ou très peu de différence existe entre le brouillon et l’écrit final.

1,5 à 2,5

pts

L’élève a coché les items de la grille de relecture et a corrigé toutes (ou presque)

les erreurs en fonction et une amélioration existe entre le brouillon et l’écrit

final.

3 pts L’élève a vérifié tous les éléments ciblés dans la grille de relecture et a corrigé

la totalité des erreurs le cas échéant, et une amélioration existe entre le brouillon

et l’écrit final.

Présence des éléments caractéristiques de la lettre/compréhension de l'écrit lettre (3 pts)

0 à 1 pt La lettre produite ne répond pas aux consignes données (écrire à son cousin qui

habite loin, le convaincre de venir à son anniversaire) et l’élève n’a pas placé le

destinataire et l’expéditeur au bon endroit dans la lettre.

1,5 à 2,5

pts

La lettre produite ne répond pas entièrement aux consignes données (écrire à

son cousin qui habite loin, le convaincre de venir à son anniversaire) mais

l’élève a placé le destinataire et l’expéditeur au bon endroit dans la lettre.

3 pts L’élève a placé le destinataire et l’expéditeur au bon endroit dans la lettre et a

exprimé la demande imposée par la consigne en utilisant des arguments solides.

Syntaxe et ponctuation (2,5 pts)

0 à 1 pt Absence de majuscules en début de phrases et aux noms propres et/ou absence

de point en fin de phrase. Phrases incorrectes du point de vue grammatical.

1,5 à 2,5

pts

L’élève a construit en majorité des phrases grammaticalement correctes et a

ponctué correctement son écrit (majuscules, point en fin de phrase).

3 pts L’élève a construit des phrases grammaticalement correctes et a ponctué

correctement son écrit (majuscules, point en fin de phrase, point

d’interrogation).

Orthographe (1,5 pt)

0 à 1 pt Les mots étudiés en classe ne sont pas correctement orthographiés.

1,5 pt Les mots étudiés en classe sont correctement orthographiés.

Page 25: Engager les élèves dans l'écriture au cycle 2: outils et

22

Les résultats obtenus par les élèves (notes individuelles et moyennes obtenues par la classe) pour

chacun de ces critères sont présentés dans le tableau page suivante. Les notes ont été restituées aux

élèves sous la forme suivante, selon la notation utilisée dans l’école :

- De 8 à 10 : acquis

- De 6 à 7,5 : à revoir

- De 4 à 5,5 : en cours d’acquisition

- De 0 à 3,5 : non acquis

La correction de l’évaluation a été problématique dans le sens où il est finalement délicat de noter

la production d’écrits : qu’est-ce qui fait qu’un élève a réussi sa production d’écrit ? Et comment

hiérarchiser les critères de notation ? Je me suis donc basée sur les objectifs de ma séquence mais

également sur ce que j’attends des élèves pour toute production d’écrit, à savoir des phrases

correctes du point de vue syntaxique et une attention prêtée à l’orthographe, en tout cas dans la

limite des capacités des élèves dans ce domaine (mots et règles d’accord étudiés en classe). Cette

question de l’évaluation de la production d’écrits dépasse le champ d’étude de ce mémoire mais

mérite certainement d’être approfondie dans le cadre de recherches ultérieures.

Par ailleurs, j’ai pu constater lorsque j’ai corrigé les copies que j’avais évalué les élèves sur une

autre compétence sans m’en rendre compte : la copie. Lorsque les élèves ont dû recopier au propre

leur lettre rédigée au brouillon, certains ont omis des éléments ou ont mal recopié certains mots

qui étaient corrects sur le brouillon, et en effet cette étape mobilisait une compétence de copie qui

fait l’objet d’un apprentissage tout au long de l’école élémentaire et qui n’est encore pas acquise

par des élèves de niveau CE1. Il est donc nécessaire que je revois l’évaluation de cette séquence

afin de corriger ce problème.

Page 26: Engager les élèves dans l'écriture au cycle 2: outils et

23

Résultats obtenus à l’évaluation sommative (évaluation figurant en annexe 4)

Elèves brouillon et

grille de

relecture :

utilisation

pertinente

/3

présence des

éléments

caractéristiques de

la lettre

(compréhension de

l'écrit lettre)

/3

syntaxe et

ponctuation

/2,5

orthographe

/1,5

TOTAL

/10

MOYENNE

GROUPE 1 (bons lecteurs-scripteurs)

Elève 1 3 3 1,5 1,5 8

7,75

Elève 2 2,5 3 2 1,5 9

Elève 3 2 2,5 1,5 1 7

Elève 4 0 2 2,5 1,5 6

Elève 5 2 3 2 1,5 8,5

Elève 6 2 2 2,5 1,5 8

GROUPE 2 (lecteurs-scripteurs moyens)

Elève 7 1,5 3 0,75 1,5 6,75

7,6

Elève 8 2,5 2,5 1,5 1,5 8

Elève 9 2,5 2,5 0,5 1 6,5

Elève 10 1,5 3 1,5 1,5 7,5

Elève 11 2,5 2,75 2,5 1,5 9,25

GROUPE 3 (lecteurs-scripteurs moyens)

Elève 12 2,5 3 2,5 1,5 9,5

7,7

Elève 13 2 3 1,5 1,5 8

Elève 14 1,5 3 0,5 1,5 6,5

Elève 15 2,5 3 1,5 0,5 7,5

Elève 16 1,5 1,5 2,5 1,5 7

GROUPE 4 (lecteurs-scripteurs faibles)

Elève 17 Abs Abs Abs Abs Abs

6,4

Elève 18 0,5 0,5 1,5 1,5 4

Elève 19 2 3 2 1,5 8,5

Elève 20 0 1,5 1,5 1,5 4,5

Elève 21 2 2,75 2,5 1,5 8,75

Elève 22 non évalué (élève soumis à un dispositif spécifique dans la classe : niveau CP)

MOYENNES

Classe 1,7 2,5 1,7 1,4 7,4

Page 27: Engager les élèves dans l'écriture au cycle 2: outils et

24

2.3 Discussion et conclusion

L’objectif de la séquence décrite précédemment était donc d’arriver à construire une

situation d’apprentissage la plus favorable possible afin que les élèves arrivent à produire un écrit,

ici une lettre pour un destinataire réel, avec les outils et la démarche adaptés à la tâche et à leur

niveau. L’idée était également qu’ils construisent une conception de l’acte d’écrire qu’ils n’ont en

général pas du tout, j’entends par là le fait de savoir qu’écrire est un acte qui nécessite de la

réflexion, des essais, des erreurs, et qui se déroule en plusieurs étapes et implique de savoir se

relire. D’après les recherches exposées en première partie, une situation favorable à l’acte d’écrire

implique :

- une appropriation par les élèves du type d’écrit visé ;

- un contexte authentique (motivation des élèves et sens donné à l’activité) ;

- une construction avec les élèves d’outils aidant à la démarche ;

- la prise en considération de toutes les composantes du processus d’écriture (planification, mise

en texte, révision).

L’analyse des résultats exposés précédemment se présente en quatre volets : évolution des élèves

au cours de la séquence, acquis de la séquence, retour sur les travaux de recherche et enfin impact

sur ma pratique en tant qu’enseignante.

2.3.1 Evolution des élèves au cours de la séquence

L’observation des premiers jets réalisés en séances 4 et 6 et plus particulièrement de l’évolution

entre les deux m’a permis de dégager plusieurs éléments. Mais d’abord il me semble important de

rappeler que les élèves n’avaient encore jamais abordé les notions de premier jet ou de critères de

relecture, ils découvraient donc ces notions avec cette séquence. Certains d’entre eux ont eu du

mal à intégrer voire accepter le fait que l’on pouvait faire des ratures et y être même encouragé.

Lors de la réalisation des premiers jets, les élèves m’ont régulièrement posé des questions

concernant les ratures, par exemple lors de l’élaboration et de la correction du premier jet : « A-t-

on le droit de barrer sur la feuille ? ». L’une de mes élèves ne comprenait pas que je leur permette

de faire des ratures sur la feuille, pour elle il fallait que ce soit propre dès le départ : « Oui mais on

va faire des ratures ». Une autre élève avait dit lors de la réalisation du premier jet en séance 4 (les

élèves savaient que les productions allaient être affichées au tableau) : « J’ai honte de présenter ça

[le premier jet] aux autres, c’est sale ».

Page 28: Engager les élèves dans l'écriture au cycle 2: outils et

25

En revanche, ce sont des élèves du groupe ayant le plus raturé le premier jet et fait des

flèches pour déplacer ou insérer des éléments (groupe 2) qui m’ont fait ces commentaires. Je

pense que le fait que ces élèves se soient questionnés à propos des ratures a favorisé leur

compréhension de ce que j’attendais d’un premier jet. Les autres groupes ont moins corrigé leurs

brouillons, peut-être parce que leur compréhension de la notion même de brouillon n’était pas

optimale ou bien parce que les critères de relecture étaient flous.

Lors de la séance 4, les premiers jets ont été relus par la classe et c’est ce qui a permis l’émergence

de critères inscrits ensuite dans la grille de relecture donnée en séance 5. Avec cette grille de

relecture les élèves ont corrigé leurs premiers jets. En observant les brouillons réalisés en séance

6, on constate que certains éléments se sont améliorés, notamment le fait de vouvoyer le

destinataire de la lettre parce qu’il s’agit d’un adulte et que nous ne le connaissons que très peu, ou

encore d’adapter la formule de politesse en fonction de ce destinataire. Par exemple le groupe 3

avait écrit en séance 4 « je t’embrasse », mais en séance 6 on constate qu’ils adaptent dès le

premier jet la formule de politesse en écrivant « cordialement ». On peut y voir là le résultat de la

refonte de l’affiche répertoriant les formules de politesse, qui avait été effectuée en séance 4 suite

aux observations des élèves concernant des mots et expressions qui n’étaient pas adaptés à

l’interlocuteur. Les élèves semblaient dès la séance 5 avoir bien compris cet aspect.

Par ailleurs, certaines lacunes observées sur les productions de la séance 4 ont disparu sur les

premiers jets de la séance 6, comme l’indication du lieu et de la date dans la lettre (oubliés par le

groupe 2 en séance 4), la présence d’une formule de politesse (oubliée par le groupe 1 en séance

4), ou encore une incohérence du sujet employé pour le groupe 3 (« on » puis « je »), toutes ces

lacunes ayant probablement été évitées en séance 6 à la fois grâce à la construction avec les élèves

des critères de relecture, et aussi grâce au fait que les élèves envisageaient de plus en plus leur

production d’une manière globale et avec du recul, en vérifiant la cohérence de l’ensemble, et non

plus en la percevant uniquement comme une juxtaposition d’éléments isolés.

Enfin, en ce qui concerne l’engagement dans l’acte d’écrire, les élèves ont globalement davantage

écrit et se sont engagés plus facilement dans l’activité en séance 6. La comparaison des

productions des groupes 1, 2 et 3 entre la séance 4 et la séance 6 illustre bien cet aspect. Ceci peut

s’expliquer par une plus grande compréhension de ce qui était attendu d’eux et peut-être une

diminution des inhibitions liées à l’acte d’écrire qui sont souvent présentes chez les élèves,

notamment au cycle 2 car ils ne sont pas encore très habitués à produire des textes de façon

Page 29: Engager les élèves dans l'écriture au cycle 2: outils et

26

autonome. En revanche, les productions du groupe 4 ne montrent guère d’amélioration à ce

niveau-là, les élèves sont restés limités aux idées déjà fournies dans la première production

(séance 4). J’avais mis ces élèves ensemble pour répondre à un besoin spécifique, en effet il s’agit

d’un groupe ayant des difficultés de compréhension globale et également des faiblesses en lecture-

écriture. J’ai donc davantage observé et guidé ce groupe, et en me basant sur mon observation et

ma discussion avec ces élèves lors de la réalisation des brouillons, je me suis rendu compte qu’ils

avaient du mal à appréhender l’utilisation des outils donnés (affiches, grille de relecture) et à se les

approprier. Pour ces élèves-là, ma réponse a été d’expliciter la stratégie que j’employais moi pour

écrire, et de les guider dans l’utilisation des outils mis à leur disposition. Je pense que c’est en

poursuivant le travail avec ces élèves selon des modalités telles que l’atelier dirigé qu’ils pourront

progresser, notamment en transposant l’utilisation de ces outils à d’autres situations d’écriture.

2.3.2 Les acquis de la séquence

Dans l’évaluation sommative (voir annexe 1), les élèves étaient évalués sur les points

suivants :

- compréhension de l’écrit lettre (présence des éléments caractéristiques de ce type d’écrit) ;

- utilisation efficace du brouillon et de la grille de relecture ;

- syntaxe et ponctuation ;

- orthographe.

Comme expliqué précédemment, ces critères représentent à la fois les objectifs principaux et

transversaux de la séquence, le barème de notation reflétant cette hiérarchisation des critères. La

syntaxe, la ponctuation et l’orthographe, qui ne constituaient pas des objectifs directs dans cette

séquence, ont tout de même été notés mais avec un poids relatif dans la note finale, ceci afin que

les élèves comprennent que lorsque l’on est dans le domaine de l’écriture (au sens de la production

d’écrits en français), il est important de faire attention aux mots que l’on sait orthographier

correctement. Ce point mériterait une discussion plus approfondie mais qui dépasse le champ

d’étude de ce mémoire.

Je ne me pencherai donc pas sur les items syntaxe, ponctuation et orthographe qui m’intéressent

moins que les deux autres pour cette analyse. Les résultats de l’évaluation, figurant en page 19 de

ce mémoire, montrent que l’item le mieux réussi a été la compréhension de l’écrit lettre. Les

élèves ont en effet plutôt bien compris à quoi sert une lettre et de quelle façon on présente ce type

d’écrit. On peut d’ailleurs penser que le fait d’avoir confronté les élèves à un corpus de lettres au

Page 30: Engager les élèves dans l'écriture au cycle 2: outils et

27

cours de la séquence les a aidés à s’approprier ce type d’écrit, les premières productions (séance 4)

se rapprochant déjà beaucoup de l’écrit lettre, y compris pour le groupe ayant des difficultés de

compréhension.

En revanche, l’utilisation du brouillon et de la grille de relecture est encore hésitante pour certains

élèves. Quelques évaluations montrent un premier jet corrigé, raturé, mais d’autres copies ne

montrent aucune correction sur le brouillon, même si les items de la grille de relecture sont cochés

et que des erreurs subsistent. En effet un petit nombre d’élèves ont coché certains critères de la

grille de relecture mais n’ont pas corrigé les erreurs correspondant à ces critères. Ceci peut

s’expliquer selon moi de deux façons différentes :

- soit l’élève n’a pas compris l’item de la grille de relecture concerné et a coché (les élèves ont en

effet bien compris que tous les items doivent être cochés à la fin) ;

- soit l’élève n’a pas compris l’utilisation de la grille de relecture à savoir : « je lis l’item de la

grille, je vérifie dans ma production si cet item est respecté, je corrige si besoin et enfin je coche

l’item pour valider ma vérification et ma correction le cas échéant ».

D’autres ont compris l’utilité de la grille de relecture mais n’ont pas vu l’utilité de corriger sur le

brouillon, ils ont directement corrigé en écrivant la production finale au propre. Le fait de savoir

comment et pourquoi utiliser ces deux outils ne semble donc pas complètement acquis, ce qui

semble normal étant donné que tous ces apprentissages ne peuvent être construits et maitrisés en

une seule séquence. Il s’agit de compétences qui seront travaillées à nouveau cette année et

approfondies au cycle 3. Ce point m’amène à constater que les élèves ont travaillé une autre

compétence dans le cadre de cette séquence et qui n’était pas nécessairement ciblée, à savoir

comment utiliser des aides quelle qu’en soit leur forme lorsque l’on s’engage dans une activité,

comme les affiches et la grille de relecture dans ce cas précis, ou plus largement le dictionnaire, un

cahier de leçons, un recueil de mots-outils, etc.

Concernant l’implication des élèves dans les tâches d’écriture demandées, le résultat est

très positif. En effet, tous les élèves se sont sentis concernés et ont souhaité participer à chaque

production. J’ai pu constater un enthousiasme provoqué par le fait d’écrire à une personne réelle,

qui plus est un auteur-illustrateur de livres que les enfants avaient pu rencontrer et auquel ils

portent une certaine admiration. Le fait que la séquence se termine sur une production dans un

contexte de la « vie réelle » et que cela leur soit annoncé dès le départ a selon moi donné beaucoup

de sens à toute la séquence, puisque les élèves savaient pourquoi ils apprenaient à écrire une lettre.

Page 31: Engager les élèves dans l'écriture au cycle 2: outils et

28

De plus, le contexte de mini-projet (production collective) a permis une motivation

supplémentaire.

2.3.3 Retour sur les travaux de recherche

Les travaux des chercheurs exposés dans la première partie de ce mémoire avançaient

plusieurs points, notamment la production d’avant-textes fortement encouragée par les

didacticiens dès les années 1980 (notion de « premier jet »). J’ai pu constater en début d’année que

les élèves ne savaient pas ce qu’était un brouillon et étaient démunis lorsque je leur demandais

d’écrire quelques phrases de façon autonome. Le fait de leur faire travailler cet élément

« brouillon » a permis de faire comprendre aux élèves qu’on ne produit pas un écrit net et propre

du premier coup : il faut réfléchir, chercher des idées, essayer. Une fois que les élèves ont compris

qu’ils pouvaient se tromper sur ce premier jet et qu’ils pourraient le modifier autant qu’ils le

souhaitaient, ils se sont lancés dans l’activité d’écriture sans difficulté. Même si certains hésitaient

à raturer au début de la séquence, cette réticence a disparu assez rapidement.

En outre, les travaux des années 1980 ont aussi largement encouragé la construction d’outils avec

les élèves qui les guideraient dans leur production, et qui évolueraient en fonction de leurs

observations. J’ai pu vérifier l’importance de donner des outils aux élèves puisqu’auparavant dans

les tâches d’écriture, ceux-ci se trouvaient souvent bloqués et me disaient qu’ils n’avaient pas

d’idées et n’arrivaient pas à écrire beaucoup de choses. En revanche, j’ai pu voir au cours de cette

séquence que les élèves s’appropriaient ces outils et que les commentaires faits sur les productions

restaient imprimés dans leur esprit. Ce fut assez flagrant par exemple pour ce qui est d’adapter son

discours à l’interlocuteur : en effet les affiches répertoriant les formulations types d’une lettre

avaient évolué en fonction de ce critère suite à ce qu’avaient observé les élèves, et cela leur a

permis de bien intégrer cet aspect et de savoir l’expliquer.

2.3.4 Prise de recul sur ma propre pratique

L’expérience décrite dans ce mémoire m’a apporté des éclaircissements non négligeables

pour ma pratique. La conduite de cette séquence m’a apporté des connaissances significatives en

didactique de l’écriture, à savoir principalement l’importance de construire chez les élèves une

conception de l’acte d’écrire comme un acte nécessitant des essais, des erreurs, une recherche

Page 32: Engager les élèves dans l'écriture au cycle 2: outils et

29

d’idées par le biais de multiples ressources, etc. J’ai également pu constater l’importance de guider

les élèves dans le processus d’écriture, particulièrement au cycle 2 puisqu’ils n’ont pas beaucoup

l’habitude de produire des écrits autonomes dépassant une ou deux phrases simples. Par ailleurs,

j’ai pu constater l’importance de construire les situations d’apprentissage, et pas seulement dans le

domaine de l’écriture, en fonction de ce que les élèves observent, trouvent, constatent. J’avais

conscience de ce point didactique mais j’en percevais difficilement les modalités de mise en

pratique jusqu’à présent. Ceci est d’ailleurs valable pour les outils fournis aux élèves mais aussi

pour les traces écrites, qu’il faut construire avec eux pour qu’ils se les approprient.

La recherche menée dans le cadre de cette séquence comporte toutefois quelques limites. En effet,

cette expérience a été menée sur un délai assez court (7 séances soit 6 semaines) qui ne permet pas

réellement d’évaluer les apports pour les élèves en termes de compétences en écriture, et qui reste

ciblée sur un type d’écrit : la lettre. Les apprentissages visés dans cette séquence sont en quelque

sorte une entrée dans la construction de compétences en écriture autonome qui seront travaillées

tout au long de la scolarité, mais il est difficile de dire pour l’instant uniquement grâce à cette

expérience si les élèves sauront transposer les acquisitions faites à d’autres types d’écrits. Cette

remarque est toutefois vraie pour toutes les compétences qui nécessitent un apprentissage sur le

long terme.

Les perspectives que j’envisage à première vue suite à cette expérience sont variées. En me

basant sur mes observations et les difficultés des élèves observées, l’une de mes priorités pour la

période à venir est de continuer à travailler la réalisation de brouillons, à entrainer les élèves à

relire leurs productions avec un autre type de texte : le récit. En effet il est important selon moi

d’élargir ces notions à d’autres types d’écrits que la lettre afin que les élèves poursuivent la

construction de ces compétences et puissent les transposer à d’autres types d’écrits. J’envisage

également de continuer à construire des outils d’aide à l’écriture avec les élèves, cette fois peut-

être dans le domaine du lexique, par exemple en construisant un livret contenant les mots et

expressions dont les élèves pourraient avoir besoin lors de tâches d’écriture et qui pourraient être

classés en catégories grammaticales connues des élèves (verbes, noms communs, noms propres,

adjectifs). Ceci permettrait d’outiller davantage les élèves dans la phase de planification des tâches

d’écriture, favorisant ainsi leur autonomie et leur engagement dans l’activité.

Page 33: Engager les élèves dans l'écriture au cycle 2: outils et

30

Enfin, je souhaite articuler davantage les composantes de l’écriture entre elles à l’avenir, puisque

j’ai pu constater en rédigeant ce mémoire que les liens entre les activités de graphie, d’étude de la

langue et de production d’écrits que je propose aux élèves n’étaient pas forcément évidents. Par

exemple, les activités de graphisme ou d’orthographe proposées ne comportent pas de lien avec

les activités de production d’écrits dans le choix des mots ou expressions exploités pendant les

activités. Connaissant désormais l’intérêt de lier ces activités, je pourrai programmer mes

séquences dans ces domaines en les articulant mieux à l’avenir, par exemple autour d’un même

thème.

En conclusion, je retiens de cette expérience l’importance de faire construire aux élèves la

représentation de l’acte d’écrire : raturer, essayer, chercher. Dans une société où l’accès à la

littératie est un facteur de réussite et d’intégration sociale, il est pour moi crucial de désinhiber les

élèves face à l’acte d’écrire et de leur donner envie d’arriver à une maitrise de l’écrit. Cette

expérience m’a également permis d’être plus à l’aise avec le fait de construire mes traces écrites

(leçons, affiches) en fonction de ce que savent, trouvent, observent les élèves et non pas en suivant

mes propres mots et mes propres conceptions. La difficulté est de les amener à ce que l’on veut

leur faire apprendre mais en institutionnalisant avec leurs mots, et j’arrive désormais à laisser

davantage les élèves être acteurs et auteurs de leurs apprentissages. Enfin, j’ai pu constater

l’intérêt et les effets très bénéfiques d’une démarche de projet pluridisciplinaire sur la construction

des compétences. En effet ce projet d’écriture était inscrit dans un projet plus global impliquant un

travail en littérature, en danse et en arts visuels. J’ai donc pu constater l’importance de lier autant

que possible les disciplines entre elles pour donner du sens aux activités réalisées en classe,

comme c’était le cas pour le projet dans lequel s’inscrivait cette séquence autour de la lettre.

Page 34: Engager les élèves dans l'écriture au cycle 2: outils et

BIBLIOGRAPHIE

Branca-Rosoff, S. & Garcia-Debanc C. (2007). L'avant-texte à l'école primaire, quelques jalons de

1850 à nos jours. Langue française, 155, 35-50.

Brouet V. (1911). Edition électronique du Dictionnaire de Pédagogie. Repéré à

http://www.inrp.fr/edition-electronique/lodel/dictionnaire-ferdinand-

buisson/document.php?id=2625.

Garcia-Debanc C. (1990). L’élève et la production d’écrits. Metz : Centre d'analyse syntaxique de

l'Université de Metz.

Garcia-Debanc C. & Fayol M. (2003). Des modèles psycholinguistiques du processus rédactionnel

pour une didactique de la production écrite. Repères, 26-27, 293-315.

Musset M. (2011). Apprendre à écrire : du mot à l'idée. Dossier d’actualité Veille et analyses, 62.

Plane S. (2013). Analyser les débuts dans l’écriture quand on débute dans l’enseignement.

Repères, 47, 171-196.

Page 35: Engager les élèves dans l'écriture au cycle 2: outils et

ANNEXES

ANNEXE 1 - Plan de la séquence

ANNEXE 2 - Lettres présentées en séance 1

ANNEXE 3 - Lettre présentée en séance 2

ANNEXE 4 - Premiers jets de la séance 4 (lettre fictive)

ANNEXE 5 - Premiers jets de la séance 6 (lettre qui sera envoyée à l’auteur)

ANNEXE 6 - Evaluation sommative

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ANNEXE 1 - Plan de la séquence Ecrire une lettre

Objectif :

comprendre qu’écrire c’est chercher, organiser ses idées, se relire et se corriger.

Compétences :

- rédiger de manière autonome un texte court

- relire sa production et la corriger

- adapter le propos au destinataire et à l'effet recherché.

Séances Objectif(s) Activités

1

-savoir ce qu’est une lettre et son utilité, son but

-découvrir les différents enjeux d’une lettre (raconter, remercier,

demander)

-savoir trouver qui écrit, à qui, et l’enjeu de la lettre étudiée

- présentation du projet d’écriture

- découverte de l’écrit lettre : travail autour de deux lettres qui racontent quelque

chose (identifier l’auteur, le destinataire et la finalité des lettres étudiées)

2

-connaître la silhouette de la lettre et le nom des éléments qui la

constituent

-savoir trouver qui écrit, à qui, et l’enjeu de la lettre étudiée

-continuer à explorer les différents enjeux d’une lettre (raconter,

remercier)

- observation et institutionnalisation de la silhouette de la lettre

- reconstitution d’une lettre dont les éléments ont été mélangés

- découverte d’une autre finalité possible de l’écrit lettre : remercier

3

-reconnaître une lettre parmi d’autres écrits

-s’approprier l’objet lettre (étendre le corpus étudié)

-créer un répertoire de formulations types pour écrire une lettre

- identifier l’écrit lettre parmi d’autres écrits

- retour sur le corpus de lettres étudiées et constitution d’un répertoire de

formulations types (formules de politesse et formules d’interpellation)

4

-savoir écrire une lettre correspondant à un scénario précis

-relire une production et en faire émerger collectivement une grille

de critères

- écriture par groupes de 5 à 6 élèves d’un premier jet d’une lettre fictive

- élaboration collective de critères de relecture basés sur l’observation des

productions

5

-relire sa production et la corriger en fonction de critères établis

collectivement

- correction en groupes du premier jet produit lors de la séance précédente à

l’aide de la grille de relecture élaborée collectivement

- copie au propre de la production finale

6

-écrire le premier et le deuxième jet de la lettre à l’auteur (projet

d’écriture)

- choix des thèmes pour la lettre destinée à l’auteur du conte (destinataire réel) –

un thème par groupe

- écriture par groupes de 5 à 6 élèves du premier jet de la lettre et correction à

l’aide de la grille de relecture

7

-établir ensemble la lettre collective en assemblant les différentes

parties rédigées

- affichage des productions au tableau

- retouches suite aux observations des élèves

- production de la lettre finale en collectif

Evaluation -écrire une lettre seul avec un scénario donné (affiches silhouette et

répertoires données en guise d’aides)

Exercice demandé : faire un brouillon d’une lettre et se relire avec la grille de

relecture donnée avant de recopier au propre.

Page 37: Engager les élèves dans l'écriture au cycle 2: outils et

ANNEXE 2 - Lettres présentées en séance 1

Page 38: Engager les élèves dans l'écriture au cycle 2: outils et

ANNEXE 3 - Lettre présentée en séance 2

Page 39: Engager les élèves dans l'écriture au cycle 2: outils et

ANNEXE 4 - Premiers jets de la séance 4 (lettre fictive)

GROUPE 1 GROUPE 2

Page 40: Engager les élèves dans l'écriture au cycle 2: outils et

GROUPE 3 GROUPE 4

Page 41: Engager les élèves dans l'écriture au cycle 2: outils et

ANNEXE 5 - Premiers jets de la séance 6 (lettre qui sera envoyée à l’auteur)

GROUPE 1 GROUPE 2

Page 42: Engager les élèves dans l'écriture au cycle 2: outils et

GROUPE 3 GROUPE 4

Page 43: Engager les élèves dans l'écriture au cycle 2: outils et

ANNEXE 6 - Evaluation sommative

Page 44: Engager les élèves dans l'écriture au cycle 2: outils et

RESUME

Les travaux dans le domaine de la production d’écrits et plus particulièrement ce qui permet

aux élèves de se lancer dans l’acte d’écrire préconisent un guidage réfléchi des élèves dans

cette activité et dans chacune de ces composantes. L’expérience menée dans le cadre de ce

mémoire permet de tester les démarches et outils préconisés par les chercheurs pour favoriser

l’engagement des élèves dans l’écrit, à savoir un contexte motivant (pédagogie de projet et

situation authentique), des aides construites avec les élèves, une appropriation du type d’écrit

visé par l’étude préalable d’un corpus de textes, et un guidage de l’enseignant dans chacune

des composantes du processus d’écriture (planification, mise en texte et révision). Le type

d’écrit produit ici est une lettre, avec un destinataire connu des élèves. Les résultats montrent

une implication de tous les élèves dans l’activité et une prise de conscience de ce que signifie

l’acte d’écrire, bien souvent flou pour des élèves de cycle 2, avec l’appropriation de notions

essentielles inhérentes à l’écriture telles que « premier jet » ou « critères de relecture ». Il est à

noter toutefois que ces notions nécessitent d’être travaillées tout au long de la scolarité pour

être acquises.

The research done in the field of writing in primary school and particularly what enables

children to get involved in the act of writing has recommended to closely guide the pupils in

this activity and each of its components. The experiment carried out in this report has allowed

testing the tools and approaches recommended by specialists in order to boost the pupils’

involvement in the act of writing, that is: creating a motivating and authentic situation, getting

the pupils to appropriate themselves the targeted type of text, build up helping tools with the

pupils and guide the pupils in every component of the writing process (planning, translating

and reviewing). The writing medium in this case is a letter, written to a real person known by

the pupils. The results show that all the pupils got involved in the activity and became aware

of the meaning of the act of writing, which is often vague for children of that age (6-7 years

old). They integrated new notions such as “first draft” or “reviewing criteria”. Yet those

notions need to be dealt with in depth throughout the scholarship in order to be acquired.

Page 45: Engager les élèves dans l'écriture au cycle 2: outils et

MOTS-CLES

- Production d’écrits

- Ecriture au cycle 2

- S’engager dans l’écrit

- Didactique de l’écriture

- Ecrire une lettre au cycle 2