7
3’:HIKROI=\U[ZU\:?a@k@b@q@a"; M 07487 - 16 - F: 6,50 E - RD EN MAGNUM EN MAGNUM 270

ENMAGNUM · 2019. 10. 28. · 566 [enmagnum] #16/juin-juillet-aoÛt2019 gilles de larouziÈrevient d’unmÉtier ÉloignÉ du mondovino.etlevoilÀ reprÉsentant d’une famille tout

  • Upload
    others

  • View
    1

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: ENMAGNUM · 2019. 10. 28. · 566 [enmagnum] #16/juin-juillet-aoÛt2019 gilles de larouziÈrevient d’unmÉtier ÉloignÉ du mondovino.etlevoilÀ reprÉsentant d’une famille tout

LE CÉPAGE DE MICHEL BETTANE LE MALBEC DU MONDELA BD DE RÉGIS FRANC ROSÉ DE L'EST, ROSÉ DE L'OUEST

JUIN-JUILLET-AOÛT 2019 • #16

3’:HIKROI=\U[ZU\:?a@k@b@q@a";M 07487 - 16 - F: 6,50 E - RD

3:HIKROI=\U[ZU\:?a@k@b@q@a;

TOU

SLE

SB

ON

SVI

NS,

TOU

SLE

STR

OIS

MO

ISBE

L:8.5

0€-C

H:1

1FS-L

UX:8

.50€

•JU

IN-J

UILL

ET-A

OÛT2

019•

#16

ENM

AGN

UM

TOUS LES BONS VINS, TOUS LES TROIS MOISENMAGNUM

ENM

AGN

UM

CALIFORNIEL'EXPLOSION DE LA BULLECHINECHÂTEAUX FOUS, CHÂTEAUX FORTSJAPONMA PREMIÈRE LEÇON DE SAKÉHONGRIELE SANG DU TAUREAU

LA CLASSE DE MAÎTRETRENTE FOIS ROSECHAMPAGNESPRINTEMPS-ÉTÉ 2019PETITS PRIXLES MÉDAILLES D'OR

CHAMPAGNE-BOURGOGNE« LA CULTURE DU VIN,C'EST LA CIVILISATION »

GILLES DE LAROUZIÈRE

L’été en mieuxxuxnos 270 vinssns

Page 2: ENMAGNUM · 2019. 10. 28. · 566 [enmagnum] #16/juin-juillet-aoÛt2019 gilles de larouziÈrevient d’unmÉtier ÉloignÉ du mondovino.etlevoilÀ reprÉsentant d’une famille tout

566 [EN MAGNUM] #16 / JUIN-JUILLET-AOÛT 2019

GILLES DE LAROUZIÈRE VIENT D’UN MÉTIER ÉLOIGNÉ DU MONDOVINO. ET LE VOILÀREPRÉSENTANT D’UNE FAMILLE TOUT ENTIÈRE DÉDIÉE À LA VIGNE ET AU VIN.

NEVEU DE JOSEPH HENRIOT, IL A ÉTÉ CHOISI POUR LUI SUCCÉDER. UNE NOUVELLEPAGE DE L’HISTOIRE DES MAISONS ET DOMAINES HENRIOT S’ÉCRIT SOUS NOS YEUX.

RENCONTRE

PROPOS RECUEILLIS PAR NICOLAS DE ROUYN AVEC LOUIS-VICTOR CHARVET

«LA CULTURE DU VINEST L’UNE DES PLUS BELLES

EXPRESSIONSDE LA CIVILISATION»

la grande interview

En 1995, Joseph Henriot acquiert Bou-chard Père et Fils. En 2015, vous lui succé-dez. Pourquoi vous ?J’ai été choisi par la famille, par le conseild’administration et par l’ensemble des par-tenaires. Pourquoi moi ? Il y a trois élémentsde légitimité. Le premier, c’est d’appartenir àla famille et d’être actionnaire. C’est une évi-dence, je connais les valeurs de la famille et jesuis capable de les porter. Pour être légitime,il faut avoir une expérience qui concorde avecles besoins de l’entreprise. J’avais quinze ansd’expérience dans le conseil en stratégie et j’aiconnu toutes sortes de projets de distribution,de transformations digitales, d’efficacité opé-rationnelle. Ce sont les grands problèmes desentreprises et cette expérience-là, je pouvaisl’apporter. Le troisième élément de légitimité,c’est le vote des actionnaires, le consensus quise fait autour d’une personne. En l’occurrence,une unanimité.Unanimité ?J’ai été candidat pour poursuivre l’œuvre entre-prise par Joseph et pour m’inscrire dans cettehistoire. C’est une condition. Il faut avoir envieet l’exprimer. J’ai demandé à ce que si les choses

se faisaient dans ce sens-là, ce soit le reflet d’unconsensus et d’une unanimité familiale.Votre arrivée à la présidence du groupes’est soldée par un changement de nom etle départ d’un certain nombre de cadres.On sent la volonté de faire une entrepriseà votre main.Vrai ou faux ?Mon arrivée s’est effectivement traduite parun changement. Celui du nom de “La Vigie”,la holding de participation. C’est la courroiede transmission de la volonté de l’actionnaire.Aujourd’hui, nous sommes un groupe indé-pendant, détenu par la famille. Pas de banque,pas de partenaires financiers et pas de bourse.Nous maîtrisons notre destin.Pourquoi “Maisons et Domaines Henriot”(MDH) ?Nous sommes à la fois des maisons de com-merce de vin et aussi des domaines., assis surune légitimité apportée par le métier premierdu vin : la viticulture et la propriété de foncier.Ce qui est fondamental pour MDH, c’est la maî-trise de ce foncier, la capacité à l’exploiter età comprendre l’origine de la qualité d’un vin,c’est-à-dire la qualité du raisin. Ce qui réunitChampagne Henriot, William Fèvre à Chablis,

Bouchard Père et Fils en Bourgogne, Châteaude Poncié en Beaujolais et Beaux-Frères enOregon, c’est la vision d’une famille. Elle a lapassion des grands terroirs. Elle est animée parune vision que j’exprime ainsi : la culture duvin est l’une des plus belles expressions de lacivilisation. Au-delà de la simple viticulture etdu travail du vinificateur, c’est une vision plusélevée, culturelle, civilisationnelle. Une visionqui est celle de l’élégance et celle d’un art devivre français reconnu.Dès votre arrivée, on a entendu des ru-meurs qui donnait le groupe en vente « parappartement ». Puis, vous avez fait l’acqui-sition d’une winery de haut niveau en Ore-gon. Pour faire taire les Cassandre ?Tout ça, c’est des fariboles, des bruits de couloir.Le groupe n’est pas à vendre, ne l’a jamais été.Je n’ai rien d’autre à dire à ce sujet. En ce quiconcerne l’Oregon, on ne fait pas l’acquisitiond’un domaine viticole à 9 000 kilomètres pourfaire taire une rumeur. On le fait parce que c’estun investissement jugé pertinent par la familleet qui correspond à sa vision. L’acquisition deBeaux-Frères est l’expression d’une volonté desactionnaires pour développer le groupe. Nous M

ATH

IEU

GAR

ÇO

N

Page 3: ENMAGNUM · 2019. 10. 28. · 566 [enmagnum] #16/juin-juillet-aoÛt2019 gilles de larouziÈrevient d’unmÉtier ÉloignÉ du mondovino.etlevoilÀ reprÉsentant d’une famille tout

JUIN-JJUILLET-AOÛT 2019 / #16 [EN MAGNUM] 557

Gilles de Larouzière,dans les murs du châteaude Beaune.

Page 4: ENMAGNUM · 2019. 10. 28. · 566 [enmagnum] #16/juin-juillet-aoÛt2019 gilles de larouziÈrevient d’unmÉtier ÉloignÉ du mondovino.etlevoilÀ reprÉsentant d’une famille tout

588 [EN MAGNUM] #16 / JUIN-JUILLET-AOÛT 2019

exprimons à travers cette acquisition la volon-té de développer le groupe, avec un horizonqui ne s’interdit rien en termes de géographie,concentré sur les plus beaux terroirs du monde.Pourquoi ce domaine-là ?Nous avons avec Champagne Henriot, WilliamFèvre et Bouchard Père et Fils une colonne ver-tébrale autour du pinot noir et du chardonnay.Beaux-Frères est un grand élaborateur de pinotnoir, dans une terre où ce cépage se plaît. Ily a cette culture de la vigne, des terroirs, del’identification des sols et des expositions trèsproche de celle qu’on trouve en Bourgogne eten Champagne. Et aujourd’hui, une réputationet un développement commercial spectacu-laire.Et j’imagine aussi une rentabilité immé-diate assez forte ? Le prix de vente mini-mum est élevé.Ce sont des vins d’une qualité et d’un posi-tionnement de prix très élevés, cohérents avecnotre vision. Il y un intérêt stratégique pournous. Nous avons notre propre structure de dis-tribution aux États-Unis et il y a des synergiesintéressantes à mettre en place. C’était aussiimportant d’y obtenir un écho de réputation.Beaux-frères est un domaine qui se porte trèsbien et qui permet d’envisager une croissancerentable.L’un des deux beaux-frères était RobertParker. Il s’était interdit de commenter etde noter ce domaine. Est-ce que ce n’étaitpas un handicap pour la winery ?Je trouve que le domaine s’en est bien sortipuisque peu de temps après que nous ayonstrouvé un accord avec les partenaires deBeaux-Frères, le Wine Spectator le classaitcomme le troisième meilleur vin du monde. LeWine Spectator est totalement indépendant deRobert Parker.Et Parker a quitté la winery ? Est-ce qu’ila commencé à le noter et à le commenter ?Parker est sorti définitivement. Non et je nepense pas qu’il le fasse. S’il le faisait, est-ceque ça serait un problème ? Je ne crois pas.Le nom de Robert Parker vient tout de suite àl’esprit. Mais celui qui a fait Beaux-Frères, c’estson beau-frère, Michael G. Etzel. Et aujourd’hui,ceux qui font Beaux-Frères, c’est Michael et sonfils Mike D., qui s’inscrit dans cette continuité.Ce qui me réjouit beaucoup, nous allons pou-voir inscrire cette histoire familiale dans notrehistoire familiale.On voit émerger des régions viticoles à fortpotentiel qui seront peut-être à la modedemain.Vous pensez à d’autres endroits ?Je distingue potentiel et mode. Potentiel, oui.La mode ne m’intéresse pas. L’Oregon n’estpas une mode. Il y a une appétence pour lepinot noir à l’échelle mondiale. L’Oregon est unterroir qui s’y prête bien. Son expression y estmagnifique. C’est aussi une terre assez bonnepour le chardonnay, pour le riesling, et d’autrescépages. Acquérir Beaux-Frères, ce n’est pasmettre une cloche sur la winery. Beaux-Frèrescherche à croître. Ce sera une croissance par lavaleur plus que par le volume. Je veux conser-

ver ce domaine dans des dimensions raison-nables.Combien d’hectares ?C’est un domaine de cinquante hectares, dontquatorze hectares de vignes exploités. Le reste,c’est une forêt qui joue un rôle important dansla régulation climatique.C’est où en Oregon ?Sur un petit terroir clairement défini, le Rib-bon Ridge, près de Newburg, dans le comté deYamhill, à une quarantaine de kilomètres ausud de Portland. À peu près au milieu de lavallée de la Willamette. Une terre volcanique.D’autres acquisitions ?Par principe, tout est intéressant. Un groupefamilial doit être prudent et je n’ai pas de pro-gramme comme en aurait comme un fond d’in-vestissement ou un groupe financier. J’ai une vi-sion familiale et mon objectif est de transmettrecette entreprise à la génération d’après. C’est cequi fait notre force. Je n’aborde pas les investis-sements comme ce que les financiers appellentdu build-up, mais avec la patience des famillesdans une perspective de long terme. Si, un jour,quelque chose colle avec notre vision, qu’il ya du potentiel et un niveau de qualité et depositionnement qui m’intéresse, nous verrons.Intéressons-nous à cet effort de replanta-tion du domaine Bouchard Père et Fils.J’entends qu’il s’agit d’une histoire qui vase dérouler sur 35 ans. C’est énorme.Ce programme est gigantesque. Les proportionsde vignoble arraché et replanté sont beaucoupplus élevées que la moyenne. Entre 8 et 10 %du domaine sera improductif chaque année.C’est beaucoup et ça dure longtemps. Si nousne le faisons pas en douceur, la génération sui-vante devra faire face à quelque chose d’ingé-rable : l’obligation de tout arracher et replanterd’un seul coup.Et se priver longtemps de revenu ?Si l’on veut transmettre, il faut savoir se priverde revenus de court terme pour les assurer surle long terme. La Bourgogne connaît une baissedes rendements qu’on observe tous les ans.On l’attribue beaucoup à la maladie du bois, àl’état climatique, au mauvais état général, ou àla culture intensive de la vigne. Je pense aussiqu’il est difficile de se priver d’un revenu, cequi explique qu’on se contente de complanter,de repiquer les plants qui meurent au fur età mesure. Ces plants-là mettent plus de tempsà être productifs. Ils ne sont jamais dans unétat de santé parfait. Il vaut mieux arracher au-jourd’hui, donner à la terre le temps de se repo-ser et replanter avec des pieds plus qualitatifs.Il faut environ sept ans par parcelle ?On arrache et on laisse reposer un ou deuxans. Ensuite, on plante. Il faut minimum cinqans pour commencer à avoir des raisins. Oncommence à avoir des raisins qui sont dignes sic’est un grand terroir.Chez Bouchard Père et Fils, comme chezChampagne Henriot, les choses évoluentà toute allure. Évolution dont le témoinimmédiat est l’identité graphique desmarques.

L’habillage, c’est la face visible des choses. Ilexprime notre stratégie à la fois de classicismeet de modernité avec une touche contempo-raine. Nous sommes des maisons anciennes,nous attachons une grande importance à la tra-dition. Nous sommes aussi dans notre tempset il faut le montrer. Et nous faisons partie desgrandes maisons, nous sommes des artisans degrands vins. L’habillage permet aux amateursde le percevoir.C’est bien reçu ?Ces décisions sont à chaque fois des crève-cœurs épouvantables parce qu’on a l’impres-sion de tirer un trait sur le passé. On ne sait pascomment les gens vont réagir. On ne sait pas siles clients vont retrouver ce qu’ils aimaient. Enfait, ils s’y retrouvent bien. Le contenu est plusimportant que le contenant. Nous faisons desprogrès permanents. Nous avons une telle exi-gence dans les équipes que nos marques sontaujourd’hui des labels de qualité.J’ai entendu beaucoup de bien de WilliamFèvre.C’est sans doute la maison qui donne le ton àChablis. C’est un domaine avec une identité trèsforte, précurseur dans le passage au bio et trèslargement cultivé en biodynamie. La maîtrise duchardonnay, dans le vignoble et dans la cave,est exceptionnel et nous vaut aujourd’hui d’êtretrès reconnu. Chaque maison a des enjeux dif-férents. Champagne Henriot est une maison quimaîtrise l’assemblage, avec une grande régula-rité dans la qualité de ces bruts et des cuvéesde prestige exceptionnelles. Les dernières, He-mera 2005 et 2008 sont sublimes. Le brut Sou-verain est épatant, avec des niveaux de qualitéet de vieillissement qui ne sont pas si courants.On fait un beau champagne. Il faut le valoriser.Tout ceci représente un travail et une qualitéd’approvisionnement considérables. Nous di-sons toujours que le premier assemblage, c’estcelui des hommes avant d’être celui des vins.Comme tous les produits de qualité, il faut queleurs prix et leurs valeurs soient perceptibleset compris. La France est un marché un peurétif en ce moment. En revanche, l’export estréceptif à la qualité et elle la valorise très bien.L’export compte pour quelle proportionchez Henriot ?45 % de notre marché. On est presque au mêmeniveau que la Champagne. On a augmenté nosvolumes de 50 % aux États-Unis et on a unebelle dynamique au Japon. Sur les marchés, onvoit que le travail sur la valorisation du produitet la perception de cette qualité, notamment àtravers les cuvées de prestige et les millésiméssont autant de moteurs pour les maisons. Unegrande maison aujourd’hui est internationale.Et Bouchard Père et Fils ?C’est plus complexe. Il y a 150 vins. Le position-nement est tourné vers la valeur. Je me fiched’être la première maison par le volume, lenombre de bouteilles, etc. Aucune importance.Mais Bouchard, en superficie du domaine,c’est à quel rang ?En propriété, en Côte-d’Or, nous avons 130hectares. Si on cite quelques grand crus, voilà M

ATH

IEU

GAR

ÇO

N

la grande interview

«MA VISION CONSISTE À BIEN VALORISER LES VINS EXCEPTIONNELS.LE PRIX DOIT TENIR COMPTE DE CETTE RARETÉ, MAIS ON N’EST PAS À LA BOURSE,

ON NE FAIT PAS DE LA SPÉCULATION. »

Page 5: ENMAGNUM · 2019. 10. 28. · 566 [enmagnum] #16/juin-juillet-aoÛt2019 gilles de larouziÈrevient d’unmÉtier ÉloignÉ du mondovino.etlevoilÀ reprÉsentant d’une famille tout
Page 6: ENMAGNUM · 2019. 10. 28. · 566 [enmagnum] #16/juin-juillet-aoÛt2019 gilles de larouziÈrevient d’unmÉtier ÉloignÉ du mondovino.etlevoilÀ reprÉsentant d’une famille tout

600 [EN MAGNUM] #16 / JUIN-JUILLET-AOÛT 2019

montrachet, chevalier-montrachet-la-cabotte,corton, corton-charlemagne, bonnes-mares,échezeaux. Quelques premiers crus ? C’estmeursaut-perrières, meursault-genevrières,pommard-les-rugiens. Un domaine spectacu-laire et certains vins emblématiques qui mé-ritent qu’on fasse un travail supplémentaire. Jepense par exemple au beaune-grèves Vigne del’Enfant Jésus. Pour moi, ce premier cru est auniveau d’un grand cru avec la notoriété qui vaavec. Nous avons essayé d’avoir une logiqueparticulière. Politique de petits rendements,sélection extrême des raisins au moment de lavendange. Les volumes vont être encore plusrestreints à l’avenir et la valeur du vin va aussiêtre revue. Je ne pense pas qu’on le fasse bru-talement mais on le fera de façon active. J’aihorreur des jeux de yo-yo sur les prix. Les mai-sons ont un rôle important de valorisation decertains terroirs. Aujourd’hui, elles portent laqualité des vins de la côte de Beaune.Vous considérez que la côte de Nuits estmieux portée par les vignerons ?Statistiquement, c’est vrai. Dans la perceptiondu public, les vins de la côte de Nuits sont plusrares, plus fins. Le vignoble y est plus petit. Ilest un peu plus large en côte de Beaune, maisles terroirs y sont extraordinaires.La bataille est sur les rouges.Plutôt, oui. Il y a de très grands crus en rouge.En tout cas, le rôle de Bouchard Père et Filsest de valoriser nos vins. Nous avons un rôlede stabilité et de raison. Les bourgognes fontl’objet de beaucoup de spéculations, il y a descollectionneurs et des spéculateurs. Les prixs’envolent. L’intérêt du public augmente et deplus en plus de monde s’intéresse à la Bour-gogne qui est un tout petit vignoble.Qui produit de moins en moins…Oui, mais il ne faut pas perdre les gens enroute. Nous avons pour rôle de tempérer unpeu les mouvements spéculatifs, d’être prudentet progressif dans la façon de revoir nos prix.Il y avait un fort symbole dans la désor-mais mythique vente de vieux millésimesde Bouchard à Hong Kong. Quel était lesens de cette vente ?Elle était spectaculaire par le nombre debouteilles et peu importante par rapport àl’immense collection de Bouchard. L’âme dela maison est à deux endroits. La fierté descollaborateurs est dans le domaine. Elle estaussi dans cette collection unique entretenuede façon méticuleuse par les équipes depuisdeux cents ans et qui nous permet aujourd’huid’ouvrir un meursault-charmes de 1846 ou unmontrachet de 1864 d’une jeunesse et d’unequalité d’expression extraordinaires. Peu nom-breux sont ceux qui peuvent en dire autant. Sil’on continue à entretenir cette collection avecle même niveau de soin, il n’y a pas de raisonpour que les vins ne continuent à se montrerdignes de leurs terroirs. Cette vente était uneidée initiée un peu avant que j’arrive. J’ai sou-haité qu’on aille au bout de la démarche, avecChristie’s, une historique maison de vente.Grand coup de communication aussi ?Je voulais donner un coup de projecteur sur la

maison Bouchard Père et Fils en Asie du Sud-Est. Là-bas, il y a énormément de collection-neurs à la recherche de ce genre de flaconset qui ne spéculent pas. Ils les boivent. Et unebouteille de vin est faite pour être ouverte.D’ailleurs, un des principaux acheteurs de cettevente est revenu quelques mois après avec unmontrachet 1890 et un beaune-teurons 1823. Ilnous les a offerts dans un extraordinaire dîner.L’Asie du Sud-Est est un marché d’amateurséclairés qui voient leur plaisir dans le fait deréunir des amis autour d’eux pour déguster etressentir l’émotion d’un très vieux millésime.Ce marché est géré par votre filiale à New-York ?Nos principaux marchés à l’export sont deuxmarchés aujourd’hui équivalents : les États-Uniset le Japon. Au Japon, nous travaillons avecFine Wines, une filiale de Suntory qui a un por-tefeuille de vins de haut niveau, avec laquellenous travaillons en grande confiance depuisde nombreuses années, avec une distributionremarquable. Aux États-Unis, nous avons fait lechoix en 2004 d’être notre propre importateur.Nous avons complété notre portefeuille parce que l’on appelle des vins d’agence, un vinitalien, un rosé de Provence, peut-être d’autresà l’avenir. Cette filiale distribue Beaux-Frères.Pour les autres marchés, localement, nousavons des importateurs.Dans cet environnement concurrentiel,comment se porte le groupe MDH ?Même s’il y a de bons fondamentaux, je pensequ’on ne les a pas assez travaillés et nous lesrenforçons, en France et à l’export.La Grande-Bretagne représente une petitepart de votre activité. Comment vivez-vousun possible Brexit ?Je pense que le Brexit nous ouvre des oppor-tunités parce notre petite taille d’exportateur enGrande-Bretagne ne fait peur à personne.Est-ce que ça signifie que les stocks aug-mentent beaucoup en Angleterre actuelle-ment, avant que la décision ne soit prise ?C’est ce qui se dit mais je ne l’observe pas dansnos activités. J’entends aussi qu’il y a relative-ment peu d’inquiétudes à ce sujet. C’est un jeude poker menteur.Aujourd’hui, le vignoble champenoissemble un peu ralenti dans son expansion.La Bourgogne, elle, fait l’objet de toutes lesconvoitises. Ici comme là, la récolte 2018 aété abondante. S’agit-il de compenser lesmillésimes précédents ou d’opérer un réa-justement des prix à la baisse ?Nous avons eu une belle vendange en 2018 surl’ensemble des régions où nous sommes pré-sents. C’est au moment où on le goûtera quel’on verra la qualité du millésime. Concernantles prix, il n’y a pas de raison de les baisser si laqualité des vins est là et que tout le monde enveut. Baisser les prix brutalement, les remon-ter parce qu’on a une petite vendange d’unetrès grande qualité, c’est ce que j’appelle le yo-yo et c’est une mauvaise méthode. On perd leconsommateur. Ma vision consiste à bien valo-riser les vins exceptionnels. Le prix doit tenircompte de cette rareté, mais on n’est pas à la

bourse, on ne fait pas de la spéculation. Il fautêtre cohérent et régulier. La qualité du travailest la même tous les ans. Nos équipes per-mettent de lisser les effets de millésime. Il fautrespecter les clients et ne pas leur vendre trèscher des millésimes qui ne sont pas toujoursexceptionnels et respecter les équipes, ne pasbrader un travail bien réalisé.Le groupe est déjà un propriétaire terrienimportant. Comment envisagez-vous sondéveloppement ?Le domaine Bouchard est important et les prixont atteint des niveaux assez stratosphériques.Il faut garder la tête froide. En Champagne, ilne faut pas oublier, l’assemblage est fondamen-tal. Si on a la chance d’avoir un grand domaine,c’est mieux. Si on ne l’a pas, ce qui compte,c’est la relation de grande proximité, suivie etrespectueuse, avec les vignerons qui travaillentbien. On leur explique le niveau de maturitédes raisins qu’on attend. On travaille avec eux,on les associe. Laurent Fresnet, notre chef decaves est constamment avec eux. Pour nous,ce ne sont pas des livreurs, ce sont des parte-naires. Ensuite, se développer ailleurs, s’il y ade belles occasions. Pour moi, notre missionc’est de transmettre l’émotion et la culture desgrands terroirs viticoles du monde. C’est ce quinous guide. Des maisons cohérentes en termesde vision, de positionnement, de qualité, deterroirs.Vous n’êtes pas un homme du vin au sensstrict du terme. Vous êtes arrivé après uneexpérience professionnelle différente.Etes-vous toujours le petit nouveau ?On attend de moi de diriger un groupe fami-lial, pas d’être un super chef de culture ou unsuper maître de chai. De ce point de vue, leséquipes sont de haut vol. Mon rôle est de don-ner un cap qui les inspire dans leur façon detravailler. Je m’intéresse à ce qu’ils font, je passeun peu de temps à tailler la vigne. C’est l’occa-sion d’être avec le chef de culture, de parlerdu végétal, de l’état des sols, des plants, desmaladies, des méthodes de culture, etc. C’estun moment privilégié pour parler de l’outil deproduction. J’ai été élevé dans ce milieu, danscette culture, dans cette sensibilité. Petit, j’aitoujours eu un pied dans le monde agricole etviticole. Les quatre années passées au conseild’administration ont été l’occasion d’échangesnourris avec mon oncle. Quand j’ai pris la pré-sidence, j’avais déjà une idée assez claire de cequ’il ne fallait pas toucher et de ce qu’il fallaitrenforcer. Un dirigeant doit apporter une visionet doit l’insuffler à ses équipes.

la grande interview

« J’AI UNE VISION FAMILIALE ET MON OBJECTIF EST DE TRANSMETTRECETTE ENTREPRISE À LA GÉNÉRATION D’APRÈS. C’EST CE QUI FAIT NOTRE FORCE. »

RETROUVEZNOS TROIS VIDÉOS SURENMAGNUM.COMET SUR L'APPLILE GRAND TASTINGTÉLÉCHARGEMENT GRATUIT SUR IOS ET ANDROID

Page 7: ENMAGNUM · 2019. 10. 28. · 566 [enmagnum] #16/juin-juillet-aoÛt2019 gilles de larouziÈrevient d’unmÉtier ÉloignÉ du mondovino.etlevoilÀ reprÉsentant d’une famille tout

JUIN-JJUILLET-AOÛT 2019 / #16 [EN MAGNUM] 661

la grande interviewP

RES

SE

Beaux-Frères, OregonAucune dégustation de la gammeBeaux-Frères n'a été entreprisepour l'instant.

Champagne Henriot,Brut SouverainTrès joli tirage pur et délicat, floral,profond et finement citronné enfinale. Un modèle de brut.15,5/20

Champagne Henriot,Brut 2002Construit dans l'énergie et lavivacité, ce beau 2002 apparaîtencore juvénile. Il possèdeune incontestable race qui enfait un champagne qu'on peutsoit apprécier maintenant, soitmettre en cave.17,5/20

Champagne Henriot,Hemera, brut 2005Grande performance d'associerune telle finesse saline à unmillésime naturellement riche,générosité velouté et onctueuse,persistance aromatique splendide,grand champagne de gastronomie.Le meilleur champagne jamaisproduit par la maison.19/20

Bouchard Père et Fils,Vignes de l’Enfant Jésus,beaune-premier-cru-les-grèves 2015Une finesse de taffetas maisbeaucoup de profondeur : l’enfantJésus est parti sans tapage pourune longue vie en 2015. Grandraffinement de tannin.17,5/20

Bouchard Père et Fils,chambertin-clos-de-bèze-grand-cru 2015Ample, généreux et en mêmetemps soutenu par une tensiontannique de grande distinction.Le fruit est épanoui, l’ensembleest de grande expression.18,5/20

Bouchard Père et Fils,montrachet-grand-cru2010Pour la seconde fois consécutive,cette cuvée bien réglée donnele sentiment d'exprimer laperfection en matière de vinblanc sec, avec un équilibre,une harmonie, une pureté dedéfinition qui vous laissent sansvoix. Pourvu qu'elle ne déçoivepas avec l'âge. On aurait presqueenvie de la boire immédiatement.20/20

Bouchard Père et Fils,meursault-genevrières-premier-cru 2014Un très joli vin issu de deuxparcelles situées au-dessusdu mur de contrefort desGenevrières et formant un totalde 2,65 hectares de vignes. C’estun vin qui laisse transparaîtrel’altitude et la sensationcalcaire de son cru en entrantdélicatement citronné en bouche,avant de prendre de la volupté,et de s’accomplir dans unebouche pleine, minérale, dans unéquilibre de grande précision.16/20

Domaine William Fèvre,Les Clos,chablis-grand-cru 2012Nez mélangeant un fruité blancfin et des notes de coquilled’huître, tension sublimetonifiant une finale qui sembleinterminable. Et pourtant il estsi jeune. Sans doute le plus beauclos jamais réalisé par DidierSéguier.20/20

Domaine William Fèvre,chablis 2015Une bouche bien en chair, de larondeur, et toujours ce bon fruitpropre au millésime. Il s’agit icide la cuvée domaine et pas dunégoce.15/20

Domaine William Fèvre,Vaulorent, chablis-premier-cru 2014Nez racé, élégant, avec unenote discrète de poivre blanc,un vin aux épaules larges, bâticomme un grand cru, salin, droit,persistant, associant le crémeuxà la tension.18/20

Château de Poncié,La Roche Muriers,fleurie 2015Nez de cerise, très mûr, boiséintégré. Superbe toucher,concentré, grande longueur,crémeux, retour frais. Beau vin.16/20

Château de Poncié,La Réserve, fleurie 2014Bouquet boisé, attaque ample,fruit net, violette, bonne allonge.Bon vin, parfaitement construit.15,5/20

LES MAISONS ET DOMAINES HENRIOTEN QUATRE ÉTIQUETTES (SUR CINQ)

COMMENTAIRES EXTRAITS DU GUIDE BETTANE+DESSEAUVE

Champagne Henriot81, rue Coquebert

51100 Reims03 26 89 53 00

www.champagne-henriot.com

Bouchard Père et Fils15, rue du Château - B.P. 70

21200 Beaune03 80 24 80 24

www.bouchard-pereetfils.com

Domaine William Fèvre21, avenue d’Oberwesel

89800 Chablis03 86 98 98 98

www.williamfevre.fr

Château de Poncié69820 Fleurie04 37 55 34 75

www.villaponciago.fr

LES ADRESSES