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Enquête Tendances, 18 e année : analyse 2015 des données 2013-2014 Claire Debout, mars 2015 Bilan général de l'enquête Cette enquête au long cours est alimentée par les don- nées enregistrées depuis 18 ans. L'année 2013-2014 a été marquée par une nouvelle augmentation du nombre des observateurs qui est désormais de 83 (+ 12,5 % par rapport à l’année précédente) et aussi du nombre de parcours, soit 186 cette année (+ 16,5 %) (tableau 1). Rappelons qu’une « année Tendances » commence en août par une première session (15 août 15 septembre) et se termine en juillet de l’année suivante par la session 15 juin – 15 juillet et qu’elle comprend six sessions d’un mois, tous les deux mois. Pigeon ramier (photo Gérard Debout) Nombre de parcours Nombre d'observateurs Évolution Dépt 2012-13 2013-14 * 2012-13 2013-14 * Parcours observateurs 14 31 43 (44) 12 18 (19) + 12 + 6 27 16 21 (24) 7 10 (13) + 5 + 3 50 73 79 (82) 32 32 (34) + 6 0 61 10 12 (14) 7 8 (10) + 2 + 1 76 25 31 (38) 14 15 (19) + 6 +1 Total 155 186 (202) 72 83 + 28 + 13 16,5 % 12,5 % Tableau 1 : Évolution de l'enquête depuis 2012-2013 * Parcours ou nombre d'observateurs réels (les nombres entre parenthèses indiquent le nombre de parcours promis mais tous n'ont pas été réalisés)

Enquête Tendances : 18° année

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Enquête Tendances, 18° année : analyse 2015 des données 2013-2014 (GONm - Claire Debout, mars 2015)

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Page 1: Enquête Tendances : 18° année

Enquête Tendances,

18e année :

analyse 2015 des données

2013-2014

Claire Debout, mars 2015

Bilan général de l'enquête Cette enquête au long cours est alimentée par les don-

nées enregistrées depuis 18 ans.

L'année 2013-2014 a été marquée par une nouvelle

augmentation du nombre des observateurs qui est désormais

de 83 (+ 12,5 % par rapport à l’année précédente) et aussi du

nombre de parcours, soit 186 cette année (+ 16,5 %) (tableau

1).

Rappelons qu’une « année Tendances » commence en

août par une première session (15 août – 15 septembre) et se

termine en juillet de l’année suivante par la session 15 juin –

15 juillet et qu’elle comprend six sessions d’un mois, tous les

deux mois.

Pigeon ramier (photo Gérard Debout)

Nombre de parcours Nombre d'observateurs Évolution

Dépt 2012-13 2013-14 * 2012-13 2013-14 * Parcours observateurs

14 31 43 (44) 12 18 (19) + 12 + 6

27 16 21 (24) 7 10 (13) + 5 + 3

50 73 79 (82) 32 32 (34) + 6 0

61 10 12 (14) 7 8 (10) + 2 + 1

76 25 31 (38) 14 15 (19) + 6 +1

Total 155 186 (202) 72 83 + 28 + 13

16,5 % 12,5 % Tableau 1 : Évolution de l'enquête depuis 2012-2013 * Parcours ou nombre d'observateurs réels (les nombres entre parenthèses indiquent le nombre de parcours promis mais tous

n'ont pas été réalisés)

Page 2: Enquête Tendances : 18° année

Méthodes 186 parcours correspondent à 1 116 sessions pour cette année 2013-2014. Suite à une

analyse préliminaire des parcours dont j'ai obtenu le tracé, on peut estimer à +/- 1 km la lon-

gueur moyenne de ces parcours et donc à un peu plus de 1 000 km parcourus à pied cette an-

née. Ceci est d'autant plus remarquable que ces parcours sont réalisés depuis de nombreuses

années.

18 026 données sont analysées pour 2013-2014 concernant tous les circuits (parcourus

au moins deux fois) depuis 1996. Pour chaque espèce commune, l'analyse des données depuis

1996 se fait pour celles qui sont observées sur plus de 75 parcours à chaque session (ce que

nous appellerons 75 "contacts"), c'est-à-dire les espèces contactées en gros au minimum une

fois sur deux. Cela représente cette année 231 190 contacts.

Résultats généraux

"période internuptiale" 2013-2014 "période de reproduction" 2014

Mois 15/08-

15/09

15/10-

15/11

15/12-

15/01

15/02-

15/03

15/04-

15/05

15/06-

15/07

N données 1728 1917 2501 2895 3187 2918

N total données 6146 9000

N espèces 48 44 43 44 51 51

N total d'espèces 135 (175) 146 (179)

N esp > 75 contacts 9 (10) 9 (11) 14 (9) 15 (12) 17 (16) 15 (15)

N esp > 65 contacts + 1 +1 +2 +6 +2 +4

N total > 65 contacts 36 59 Tableau 2 : variations de la biodiversité e n Normandie en 2013-2014 (valeurs de 2012-2013).

Le nombre de contacts pour les trois sessions couvrant la période internuptiale, entre le

15 août 2013 et le 15 janvier 2014 est de 6 146 alors que, en période de reproduction, pour les

trois sessions qui vont du 15 février 2014 au 15 juillet 2014, il est de 9 000 (tableau 2).

La diversité spécifique a très sérieusement diminué par rapport aux résultats de 2012-

2013 puisqu’elle passe de 175 à 135 (- 23 %) en période internuptiale et de 179 à 146 (- 18,5

%) en période de reproduction. En 2012-2013, le nombre d’espèces était à peu près équivalent

entre les deux périodes (différence de quatre espèces).

En 2014, la différence du nombre d'espèces contactées entre les deux périodes a nette-

ment augmenté : onze espèces de plus sont observées en période nuptiale qu'en période inter-

nuptiale.

Par contre, nous verrons plus loin que les espèces qui sont présentes en période inter-

nuptiale, bien que moins nombreuses, se portent mieux (ou moins mal) que les espèces ni-

cheuses.

Évolution des espèces communes Les deux tableaux suivants 3a et b présentent le nombre de contacts par session pour les

espèces les plus communes, c'est-à-dire satisfaisant au critère arbitraire de 75 contacts mini-

mum par session (pour une information plus complète, nous citons aussi en bas de tableau les

espèces dont le nombre de contacts est compris entre 74 et 65 ainsi que les rangs de quelques

espèces migratrices).

Page 3: Enquête Tendances : 18° année

Rang Août-Septembre Nbre de

contacts Octobre-Novembre

Nbre de

contacts

Décembre-

Janvier

Nbre de

contacts

1 Pigeon ramier 118 Corneille noire 129 Merle noir 161 2 Corneille noire 110 Rouge-gorge 127 Pinson des arbres 156

3 Pinson des arbres 97 Merle noir 126 Corneille noire 156

4 Merle noir 97 Pinson des arbres 123 Mésange bleue 145 5 Mésange bleue 90 Mésange charbon. 104 Mésange charbon. 141

6 Troglodyte mignon 89 Troglodyte mignon 100 Pigeon ramier 140 7 Rouge-gorge 80 Pigeon ramier 98 Rouge-gorge 133

8 Hirondelle cheminée 76 Mésange bleue 93 Troglodyte mignon 116 9 Pouillot véloce 76 Étourneau sansonnet 87 Accenteur mou-

chet

97

10 Étourneau sanson-

net

94

11 Pie 92 12 Geai 84

13 Grive musicienne 77 14 Tourterelle turque 75

9 espèces >75 9 espèces >75 14 espèces >75

Mésange charbon 69 Pie 69 Moineau domest 70 Grive draine 65

10 espèces > 65 10 espèces > 65 16 espèces > 65

Liste complémentaire des migrateurs avec leur rang de contact

Fvtte à tête noire 16e Grive mauvis 23e

rang

Grive mauvis 21e

rang

Pouillot véloce 24e

rang

Pouillot vél. 34e

Tarin 37e Tarin 37e

Tableau 3a : Résulta ts pour l’enquête 2013 -2014 : période internuptiale

rang Février-Mars Nbre de

contacts Avril-Mai

Nbre de

contacts Juin-Juillet

Nbre de

contacts

1 Pinson des arbres 169 Merle noir 180 Pinson des arbres 162

2 Merle noir 163 Pinson des arbres 168 Pigeon ramier 161

3 Corneille noire 161 Pigeon ramier 165 Merle noir 160 4 Rouge-gorge 160 Pouillot véloce 164 Fvtte à tête noire 147

5 Pigeon ramier 158 Corneille noire 164 Pouillot véloce 146 6 Troglodyte mignon 155 Fvtte à tête noire 163 Troglodyte mi-

gnon

144

7

8

7

Mésange charbon. 152 Troglodyte mignon 161 Corneille noire 144

8 Mésange bleue 141 Rouge-gorge 142 Grive musicienne 118 9 Grive musicienne 140 Mésange charbon. 140 Mésange bleue 116

10 Accenteur mouchet 124 Grive musicienne 163 Rouge-gorge 115 11 Étourneau sanson.

ssansonnet sansonnet

98 Mésange bleue 123 Mésange char-

bon.

111

12 Pie bavarde 92 Accenteur mouchet 101 Moineau domest.

domestique

95 13 Moineau domestique 87 Étourneau sansonnet 98 Trlle turque 88

14 Trlle turque 83 Trlle turque 90 Martinet noir 76

15 Verdier d'Europe 80 Moineau domest. 86 Accenteur mou-

chet

75 16 Hirondelle chem. 79

17 Pie bavarde 79 15 espèces > 75 17 espèces > 75 15 espèces > 75

Geai des chênes 72 Verdier d'Europe 73 Etourneau 74

Grive draine 71 Grimpereau des

jardins

67 Pie bavarde 73 Pic épeiche 69 Hirondelle

chem.

70

Grimpereau des jard 67 Geai des chênes 65 Pic vert 66

22 espèces > 65 19 espèces > 65 19 espèces > 65

Liste complémentaire des migrateurs avec leur rang de contact

Pouillot véloce 21e Coucou 23e rang Coucou 46e rang

Grive mauvis 28e

Grive litorne 37e

rang

Tableau 3b : Résultats pour l’enquête 2013 -2014 : période de reproduction.

Pour ces deux tableaux, les nombres indiquent le nombre de contacts par session, pour

chaque espèce (en rouge les espèces communes aux six sessions ; en gras, les migrateurs).

Page 4: Enquête Tendances : 18° année

Les « sédentaires »

En reprenant la cohorte des espèces les plus communes aux six sessions, nous remar-

quons que ce ne sont plus huit mais sept espèces qui sont communes aux six sessions de l'en-

quête annuelle, la mésange charbonnière est sortie du lot avec sa disparition en août-

septembre (10ème

rang avec 69 contacts).

L'ordre des espèces les plus fréquentes est aussi plus variable qu'en 2012-2013. En pé-

riode de nidification, le trio [merle noir - pinson des arbres - pigeon ramier] est toujours "ga-

gnant" puisqu'il occupe les premières places sauf pour le ramier qui demeure "discret" jus-

qu'en avril. Merle noir : 2-1-3, pinson : 1-2-1, ramier : 5-3-2, et ce classement est tout à fait

comparable à l'année précédente. Pour la période internuptiale, ces trois espèces ont des clas-

sements similaires à l'année précédente, la corneille noire se plaçant dans le trio de tête.

Entre 9 et 17 espèces dépassent le seuil de 75 contacts, les sept répondant à ce critère à

toutes les sessions représentent de façon invariable le socle des oiseaux communs de

l’avifaune normande. D'août à mars, elles occupent les sept premières places avec intercala-

tion de la mésange charbonnière d'octobre à mars.

Les migrateurs partiels

Le cas des migrateurs partiels, fauvette à tête noire et pouillot véloce, est intéressant : ils

s'intercalent d'avril à juillet dans la série des sept espèces les plus communes avec des rangs

très proches et plus de 65 contacts. Bien que présentes encore en août-septembre ces deux

espèces migratrices partielles deviennent moins faciles à contacter puisqu'elles passent aux

9ème

rang pour le pouillot et au 12ème

rang pour la fauvette qui recule de 4 rangs. Il faut noter

enfin que, dès le 15 février, le pouillot véloce est détecté en 21ème

place avec 63 contacts.

C'est une nouveauté pour cette campagne 2013-2014, qui traduit son hivernage de plus en

plus évident (24 et 34èmes

rangs d'octobre à janvier), dû au réchauffement des saisons hiver-

nales normandes. Enfin on pourra sur ce tableau voir les rangs respectifs de quelques migra-

teurs.

Les migrateurs transsahariens

La nouveauté de 2013-2014 est la 8ème

place de l'hirondelle de cheminée (vrai migra-

teur) en août-septembre, ce qui voudrait peut-être traduire une bonne reproduction, meilleure

qu'en 2012-2013 où elle était au 13ème

rang ?

Hirondelle de cheminée (photo Gérard Debout)

Page 5: Enquête Tendances : 18° année

Les variations statistiquement significatives Le tableau 4 présente les résultats des 52 espèces qui satisfont au critère de seuil mini-

mal de 75 contacts/session pour l'ensemble des circuits de l'année 2013-2014 ; 28 ont des va-

riations statistiquement significatives (surlignées en jaune) soit à la hausse soit à la baisse ; 24

ne présentent pas de variation significative. 18 espèces ont une variation plutôt dans le sens

positif, 25 ont une tendance plutôt à la baisse dont 19 avec une tendance forte, 9 espèces ne

présentent pas de variation notable dans un sens ni dans l'autre.

Dans ce tableau, 55 sessions ne sont pas renseignées : cela correspond aux espèces mi-

gratrices absentes à l’époque considérée ou, dans le cas du bruant zizi, une session où le

nombre de contacts est insuffisant1.

Il nous faut repréciser qu'il n'y a pas de lien direct et obligatoire entre importance de la

variation et significativité statistique : une espèce très commune (comme le pinson des arbres,

figure 1), fournissant de nombreux contacts peut augmenter légèrement (pente faible de la

courbe) avec une valeur statistiquement significative car l'échantillon est grand (écart-type

très faible).

Figure 1 : tendance

positive statistique-

ment significative de

la population nor-

mande du pinson des

arbres en février-

mars (période de

reproduction).

Mais une espèce comme la mésange charbonnière, également très contactée, peut ne pas

présenter de variation significative, elle est représentative d'une espèce stable. A l'inverse, une

espèce dont la variation semble forte à l'observateur peut ne pas être statistiquement significa-

tive à cause d'un échantillon trop faible. C'est le cas par exemple du déclin du pouillot siffleur

qui décline de - 61 % en juin-juillet mais ce déclin n'est pas statistiquement significatif en

raison du faible nombre de contacts.

1 Depuis 1996, 52 espèces correspondent à 312 sessions-espèces ; 55 sessions sans données --> restent 257

sessions avec données ; 70 sessions-espèces avec des variations + (24) ou - (46) significatives ; restent 187

sessions -espèces sans variation significatives : espèces +/- stables.

Page 6: Enquête Tendances : 18° année

Variation 1996-2014 Aoû-Sep Oct-Nov Déc-Jan Fév-Mar Avr-Mai Jui-Juil

7 espèces dont l’indice de variation augmente à toutes les sessions

L04 - Pigeon ramier +* +* +* +* +* +*

S03-Fauvette tête noire + + + + +* +*

T12 - Mésange charbonnière + + + + + +

T17-Grimpereau des jardins +* + + + +* +*

U08-Pinson des arbres + + +* +* +* +*

V08-Geai chênes +* +* +* + + +

V13-Choucas des tours + + + +* + +*

7 espèces dont l’indice de variation augmente à toutes les sessions sauf une

L06-Tourterelle turque + + + - + +

M12-Pic épeiche +* + + + + -

N10-Hirondelle de cheminée - + +

Q08-Rougequeue noir - + +

Q13 - Grive litorne + + -

S05-Fauvette grisette - + +

V15-Corneille noire + - + + +* +

4 espèces dont l’indice de variation augmente à toutes les sessions sauf deux

M09-Pic vert - + - + + +

T11-Mésange bleue + + + - + -

V09-Pie bavarde - - + + + +

U03-Bruant zizi + - - + +

9 espèces à variation globale équilibrée

M02-Martinet noir + -

P02-Pipit arbres + -*

P13-Troglodyte mignon - - - + + +

Q15-Merle noir + - + - + -

Q17-Grive musicienne - + - - + +

Q18-Grive draine -* + + - - +

T05- Mésange longue queue + - - - + +

U10-Verdier d’Europe + - + +* - -

T14-Sittelle torchepot + - + - + -

4 espèces dont l’indice de variation diminue à toutes les sessions sauf deux

P15-Accenteur mouchet + - - - - +

Q10- Rouge-gorge familier - - - + - +

U11-Chardonneret élégant -* - + +* -* -*

U14-Linotte mélodieuse -* + - + -* -*

2 espèces dont l’indice de variation diminue à toutes les sessions sauf une

U12-Tarin des aulnes + - -

V05-Etourneau sansonnet - + - -* -* -*

19 espèces dont l’indice de variation diminue à toutes les sessions

L05-Tourterelle des bois -* - -*

L07-Coucou gris - -

N06-Alouette des champs - - - -* -* -*

P03-Pipit farlouse - - - - -* -

P07-Bergeronnette grise -* - - - - -

Q16- Grive mauvis - - -

S02-Fauvette des jardins -* - -*

S12-Pouillot fitis - - -*

S13-Pouillot véloce -* - - - - -

S15-Pouillot siffleur - -

S16-Roitelet huppé - - - -* - -

T03-Gobemouche gris - - -

T07-Mésange nonnette -* - - -* -* -*

T09-Mésange huppée - -* -* -* -* -*

U01-Bruant proyer - -

U02-Bruant jaune - - -* -* -* -*

U17-Serin cini - * -*

U19-Bouvreuil pivoine -* -* -* -* -* -*

V01-Moineau domestique -* - -* - - -

Tableau 4 : Liste des 52 espèces avec leurs variations positives (+) ou négatives ( - ) d’indices

(significative *) depuis 1996, pour chacune des sessions .

Page 7: Enquête Tendances : 18° année

Le tableau 5 montre globalement une diminution des espèces dont la tendance varie po-

sitivement et une augmentation sensible du nombre d'espèces à tendance nettement négative

(de 12 en 2011 à 19 en 2013).

Espèces dont l’indice de variation 2011-12 2012-13 2013-14

augmente à toutes les sessions 9 9 (7) 7 (6)

toutes les sessions sauf une 10 8 (3) 7 (2)

toutes les sessions sauf deux 8 4 (1) 4 (0)

à variation globale équilibrée 4 9 (2) 9 (3)

diminue à toutes les sessions sauf deux 3 2 (1) 4 (2)

toutes les sessions sauf une 6 5 (3) 2 (1)

toutes les sessions 12 15 (12) 19 (14) Tableau 5 : Évolution de 2011-12 à 2012-13 et à 2013-14. (Le nombre d'espèces avec des

variations significatives est donné entre parenthèses)

Variation 1996-2014 Août-Sept Oct-Nov Dec-Janv Fev-Mars Avr-Mai Juin-Juil

Pigeon ramier +* + * +* +* +* +* Tourterelle des bois -**

-*

Pic épeiche +*

Alouette des champs -* -* -* Pipit des arbres

-*

Pipit farlouse

-*

Bergeronnette grise -*

Grive draine -* Fauvette des jardins -*

-*

Fauvette à tête noire

+* +*

Pouillot fitis

-* Pouillot véloce -*

Roitelet huppé

-*

Mésange nonnette -* -* -* -*

Mésange huppée -* -* - * -* -*

Grimpereau jardins +*

+* +* Bruant jaune -* -* -* -*

Pinson des arbres +* +* +* +* Verdier +*

Chardonneret élégant -* + * - * -* Linotte mélodieuse -*

-* -*

Serin cini

-* -*

Bouvreuil pivoine -* -* -* -* -* -* Moineau domestique -* -*

Étourneau sansonnet -* -* -*

Geai des chênes +* +* +*

Choucas des tours +*

+*

Corneille noire +*

Session-espèces à variation significative

14

14 4 7 11 16 18

positive 4 2 3 5 5 5

négatives 10 2 4 6 11 13

Tableau 6 : Liste des 28 espèces avec des variations d’indices significativement (*) positives

(+) ou négatives (-) depuis 1996, pour chacune des sessions.

* : variation significative avec p<0,01

** : variation significative avec p<0,05

Page 8: Enquête Tendances : 18° année

Toutes sessions confondues, 9 de ces 28 espèces ont une tendance positive bien affirmée

et 18 espèces déclinent de façon significative (les évolutions du chardonneret étant différentes

selon les sessions) (tableau 6).

Par rapport à la campagne précédente 2012-2013, sept espèces n'ont plus de variations

statistiquement significatives. Parmi elles, le pic vert et la grive musicienne dont les tendances

significatives à la hausse ne se sont pas maintenues, il s'agissait donc d’évolutions à long

terme peu affirmées, avec des résultats fluctuant d’une année à l’autre. Les tendances signifi-

catives à la baisse de l'accenteur, de la grive mauvis et du bruant zizi ne se sont pas mainte-

nues, là encore il s'agit du même phénomène probable.

Par contre, cinq nouvelles espèces entrent dans le groupe présentant des variations si-

gnificatives :

- La corneille noire, la grive draine et le verdier d'Europe ont des variations positives.

Le verdier présente en fait des variations très fluctuantes d'une année sur l'autre : il avait quitté

ce groupe en 2012-2013 et il faudrait, pour notre analyse sur le long terme, analyser les fiches

de nids pour connaître le taux de réussite moyen des nichées ;

- Le serin cini et le roitelet huppé ont des variations négatives. Le serin entre en force

puisque les deux sessions où il est détectable présentent une variation en baisse significative,

son statut va être à surveiller dans l'avenir. Le roitelet huppé conserve sa tendance négative

tout au long de l'année mais elle devient significative en avril-mai.

Pour ces 28 espèces, nous constatons une augmentation sensible des variations néga-

tives statistiquement significatives : en période internuptiale, il y a 16 sessions à variation

significativement négative contre 11 en 2012-13 et 30 en période de reproduction contre 26

précédemment. Sur l'ensemble des sessions, les variations négatives sont deux fois plus nom-

breuses que les positives (bas du tableau 6). On peut noter que, d'octobre à mars, il y a un

équilibre entre les variations significatives positives et négatives alors que, aussi bien en fin

de saison de reproduction 2013 qu'en période de reproduction 2014 (colonnes rosées du ta-

bleau 6), les variations négatives sont deux fois plus nombreuses que les variations positives

(34 versus 14). Autrement dit, la fin de la saison de reproduction 2013 et la saison de repro-

duction 2014 ont été globalement plus mauvaises que la période internuptiale 2013-20142.

On peut imputer ces résultats au printemps 2013 qui a été particulièrement humide et

froid ce qui a conduit probablement à une mauvaise reproduction 2013. Pour la reproduction

2014, les mois printaniers (mars, avril et mai) ont été caractérisés par une température douce

mais avec un excédent de pluie sur la façade nord-ouest alors qu'un déficit s'installe sur le

reste du territoire français. En Haute-Normandie, la pluviométrie a même été multipliée par

1,5. Pour aller plus loin dans l'analyse, il faudrait connaître les paramètres de la reproduction

ce que pourrait apporter le "fichier nids" dans le futur avec sa réactivation.

Ce déclin de la reproduction est bien constaté chez nos voisins britanniques qui peuvent

expliquer le déclin de la reproduction de plusieurs espèces en raison du faible taux de réussite

des nichées.

2 Les espèces analysées ci-dessus pour la période nuptiale sont pratiquement les mêmes que celles qui hi-

vernent et elles ne connaissent pas en période internuptiale autant de déclin puisque il y a pratiquement autant de

variations positives que négatives : cela pourrait être dû à un automne 2013 doux bien que pluvieux à partir d'oc-

tobre et avec un très faible ensoleillement, ce dernier critère ne semble pas affecter les oiseaux. De même, l'hiver

n'a pas été rude (température moyennes de 2014 supérieures de presque 2°C par rapport à 2013).

Page 9: Enquête Tendances : 18° année

Prenons le cas du

bruant jaune qui décroît de

façon significative chez

nous comme ailleurs en

Europe.

Plusieurs études

montrent que le déclin est

concomitant avec le déclin

du nombre de jeunes à

l'envol (graphe ci-contre)

suite à des couvées moins

importantes, conséquence

de l'utilisation forte des

pesticides dans l'agricul-

ture et à la réduction du

nombre d'invertébrés dis-

ponibles. Source BTO.org/birdtrends

Mais les causes ne sont pas homogènes, loin de là. Le cas de l'alouette des champs est

exemplaire avec une augmentation du nombre de jeunes à l'envol inversement corrélé au dé-

clin de la population, démontrant ainsi que les paramètres reproducteurs ne sont pas la cause

du déclin de la population.

La cause pri-

maire semble être un

déclin des surfaces

agricoles de cultures

favorables à

l'alouette et la modi-

fication des dates de

semis des céréales,

du printemps à l'au-

tomne, ce qui res-

treint les possibilités

de seconde nidifica-

tion à cause d'une

végétation trop haute

avant la fin de la sai-

son.

Source BTO.org/birdtrends

Page 10: Enquête Tendances : 18° année

Analyses spécifiques Quelques exemples vont illustrer les variations d'indices de présence des oiseaux com-

muns en Normandie3 :

Espèces ne semblant pas ou peu dépendre des conditions météorologiques

Certaines espèces ne paraissent pas avoir souffert des conditions météorologiques mé-

diocres de la campagne 2013-2014. Ce sont essentiellement des espèces proches de l'homme,

vivant dans les jardins ou les squares et assez dépendantes des arbres et arbustes (voir les ta-

bleaux 3a et 3b). On peut citer par exemple l'excellente santé de la corneille noire dont la va-

riation positive est apparue statistiquement significative en avril-mai, ce que montre le graphe

suivant :

La tendance

française de cette

espèce est à la

stabilité (résultats

STOC-EPS 2013)

et en augmenta-

tion modérée au

niveau européen

pour les nicheurs.

Les anglais (BTO)

imputent cette

augmentation

surtout à l'accrois-

sement du succès

de reproduction.

Il en est de même pour le pigeon ramier qui présente une tendance positive significative

en toute saison (840 contacts sur les 186 parcours).

Pour ces deux exemples d'oiseaux très communs, la fiabilité de l'analyse statistique est

bien marquée par l'étroitesse de l'écart-type (figuré par la distance entre les deux lignes poin-

tillées).

3 Rappelons que la tendance (ligne rouge sur les graphes) correspond à la pente calculée sur les variations de

l'ensemble des années depuis 1996 et que l'espace entre les pointillés correspond à l'écart-type.

Page 11: Enquête Tendances : 18° année

Le pinson des arbres montre une régularité constante dans sa tendance à la hausse et l'on

retrouve les mêmes caractéristiques que l'an passé. L'espèce est stable à l'échelle européenne,

l'augmentation légère en période de nidification (STOC-EPS) est significative depuis les an-

nées 2000 pour la France.

Avec le

choucas des tours,

le geai des chênes

et la mésange

charbonnière, ces

espèces ne sem-

blent donc pas

avoir souffert de

l'augmentation de

la pluviométrie ou

du déficit d'enso-

leillement pour

passer l'hiver et

pour mener à bien

les nidifications.

Le grimpereau des jardins les accompagne avec, pour lui, une hausse nettement signifi-

cative d'avril à septembre.

Espèces migratrices nicheuses, à tendance positive

Les cas de la fauvette à tête noire et de la fauvette grisette évoqués l'an passé évoluent

encore dans le même sens, à savoir une hausse toujours fortement significative de la première

en période de reproduction, mais avec encore de l'inquiétude pour la grisette dont la tendance

à la baisse en août-septembre se confirme, laissant supposer peut-être une mauvaise reproduc-

tion ou une fin de reproduction et un départ plus précoces.

En France, un déclin significatif est observé sur le long terme, mais une augmentation

récente est notée en période de reproduction (+ 7 % sur les 10 dernières années).

Espèces migratrices à tendance négative confirmée

Le tarin des aulnes,

essentiellement détecté

lors de son arrivée en

Normandie en octobre-

novembre, semble plus

difficile à contacter en

hivernage. Pourtant, cette

espèce est en augmenta-

tion notable chez nos voi-

sins de Grande-Bretagne

et au Nord de l'Europe

alors qu'on constate une

tendance négative pour la

première fois significative,

justement en hivernage. Il est vrai que le nombre d'oiseaux présents en Normandie est margi-

nal (243 contacts en décembre-janvier, tous parcours considérés et, depuis 1996).

Page 12: Enquête Tendances : 18° année

Le statut des ni-

cheurs au Royaume-Uni

est très favorable depuis

que de nouvelles planta-

tions de conifères (depuis

1950) ont favorisé leur

extension à partir des

forêts d'Ecosse.

Tarin des aulnes Source BTO.org/birdtrends

Il ne faut pas cependant négliger les fluctuations importantes dues aux apports très va-

riables du Nord de l'Europe et finalement la tendance européenne générale est à un déclin

modéré depuis 1980. La complexité de la détection de telles espèces peut être appréhendée à

la lecture du dernier article de M. Beaufils (Le Cormoran, 2014, 79, 171-192)

Le serin cini, migrateur partiel, voit lui aussi son statut s'aggraver puisque lors de sa

présence d'avril à juillet sa tendance négative s'affirme car significative : le nombre de con-

tacts a fortement diminué depuis plusieurs années, seulement 16 contacts pour les deux ses-

sions d'avril-mai et juin-juillet en 2014 pour tous les circuits parcourus.

Sa quasi

absence du

Royaume uni et

l'absence de don-

nées exploitables

depuis 2005 à

l'échelle euro-

péenne, nous

empêchent d'in-

firmer ou de con-

firmer une éven-

tuelle évolution

parallèle.

Page 13: Enquête Tendances : 18° année

Un cas intéressant d'un migrateur partiel tendant à devenir hivernant : le

pouillot véloce.

Observons le rang avec lequel apparait cet oiseau selon les sessions :

Rang de contact du pouillot

véloce en 2013-2014

Août-Sept Oct-Nov Dec-Janv Fev-Mars Avr-Mai Juin-Juil

9e 24e 34e 21e 4e 5e

Alors que les rangs de la saison de nidification correspondent à des contacts faciles et

surtout nombreux, cet oiseau bien que plus discret se laisse contacter d'octobre à janvier, en

plein hiver.

Cependant il faut

noter que les six sessions

présentent des variations

négatives et, surtout, si-

gnificativement négatives

en août-septembre.

Cet état de fait est

constant depuis nos pre-

mières analyses statis-

tiques en 2010.

Chez nos voisins

anglais (données du BTO)

la date de ponte est avancée de 10 jours et le pic de migration est entre mi-aout et début oc-

tobre. Si la nidification finit plus tôt, les migrateurs partent plus tôt, les oiseaux sont donc

beaucoup moins nombreux et moins détectables.

En France, les résul-

tats pour les seuls oiseaux

nicheurs montrent un net

déclin. Cette tendance à la

baisse est cohérente avec

nos propres données mais,

malheureusement, les don-

nées sur l'Europe ne sont

pas disponibles après 2005.

Cette diminution en août-

septembre peut vraisem-

blablement être liée à la

tendance anglaise relative

au départ des migrateurs.

Pouillot véloce source Vigie-nature

Cependant, cette tendance négative généralisée sur toute l'année ne peut pas être inter-

prétée en l’état actuel de nos informations. Des fiches de nids et/ou les résultats du baguage

seraient les bienvenus pour affiner notre impression.

Page 14: Enquête Tendances : 18° année

Espèces sédentaires à tendance négative pérenne

Les espèces suivantes connaissent un déclin important : chardonneret, alouette des

champs, linotte, bouvreuil et bruant jaune.

Le chardonneret,

sédentaire en ce sens qu’il

est présent toute l’année,

présente quatre sessions à

tendance négative et deux

à tendance positive, sans

grand changement appa-

rent. Remarquons cepen-

dant que la session néga-

tive de août-septembre

devient elle aussi signifi-

cative ; comme nous l'a

déjà suggéré (Debout, C.

2010 et suivants), il

semble qu’un apport d'hivernants (futur oiseaux nicheurs ?) ait lieu en février ce qui se traduit

par une forte augmentation significative de la tendance en ce début de printemps, mais suivie

par une très mauvaise reproduction (trois sessions successives négatives significativement

d'avril à septembre). Cet oiseau commun facile à voir (fréquent sur les mangeoires de fin jan-

vier au jardin) est peut-être en moins bonne santé qu'il n'apparait en particulier la fraction ni-

cheuse de la population qui est probablement différente de la population hivernante.

En Angleterre l'espèce

est en forte augmentation : elle

a su compenser la perte des

graines des adventices due à

l’intensification de l'agricul-

ture par l'utilisation des man-

geoires des jardins. Cependant,

pour le BTO, les modifications

climatiques et les pressions de

chasse en France et en Es-

pagne (principales zones d'hi-

vernage des chardonnerets

anglais ?) auraient un effet sur

le taux de survie. Les pontes

plus précoces peuvent aussi

être expliquées par les chan-

gements climatiques.

Source BTO.org/birdtrends

Toujours parmi les sédentaires4 la linotte mélodieuse, le bouvreuil pivoine, le bruant

jaune ont une tendance négative pérenne. D'après les études anglaises, le bouvreuil pourrait

être victime de l'augmentation des effectifs de l'épervier d’Europe qui le chasse et l'empêche

d'exploiter certaines ressources impliquant une plus mauvaise survie des jeunes. Le bouvreuil

est en déclin modéré au niveau européen en ce qui concernent les nicheurs

4 en ce sens que l'espèce considérée est présente toute l’année,

Page 15: Enquête Tendances : 18° année

Nous terminerons par

l’alouette des champs qui

montre des tendances à la

baisse tout au long de l'an-

née mais, désormais, les

trois sessions de la période

de reproduction montrent un

déclin statistiquement signi-

ficatif.

Les trois courbes

données ci-contre corres-

pondent à une diminution

de 49, 36 et 32 % respecti-

vement

En France, une baisse de - 17% sur les dix

dernières saisons de reproduction est constatée.

L’alouette des champs est considérée en déclin

modéré en Europe avec un déclin d'environ 2 %

par an. En Normandie, il faudrait conduire une

étude comparative dans différents milieux :

plaine, marais et milieu dunaire par exemple.

L'analyse des fiches de nid pourrait également

nous éclairer sur la tendance forte en période de

reproduction. Source Vigie-nature

Page 16: Enquête Tendances : 18° année

Discussion Nous reprenons ci-dessous (tableau 7) les catégories que nous avions établies pour les

études précédentes (Debout C. 2010, 2013, 2014).

Codes et espèces Statut Codes et espèces Statut

Phénologique Trophique Phénologique Trophique

Pigeon ramier S G Pouillot siffleur Me I

Tourterelle des bois Me G Roitelet huppé S I

Tourterelle turque S G Gobemouche gris Me I

Coucou gris Me I Msge longue queue S I

Martinet noir Me I Mésange nonnette S I

Pic vert S I Mésange huppée S I

Pic épeiche S I Mésange bleue S I

Alouette des champs S G Msge charbonnière S I

Hirondelle cheminée Me I Sittelle torchepot S 0

Pipit arbres Me I Grimpereau jardins S I

Pipit farlouse S I Bruant proyer S G

Bergeronnette grise S I Bruant jaune S G

Troglodyte S I Bruant zizi S G

Accenteur S I Pinson des arbres S G

Rougequeue noir Mp I Verdier S G

Rouge-gorge S O Chardonneret S G

Grive litorne Mh O Tarin aulnes Mh G

Merle noir S O Linotte mélodieuse S G

Grive mauvis Mh O Serin cini Mp G

Grive musicienne S O Bouvreuil S G

Grive draine S O Moineau domestique S G

Fauvette des jardins Me I Étourneau sansonnet S O

Fauvette tête noire Mp I Geai chênes S O

Fauvette grisette Me I Pie bavarde S O

Pouillot fitis Me I Choucas S O

Pouillot véloce Mp I Corneille noire S O

Tableau 7 : catégories trophiques et phénologiques (S : sédentaire ; Mp : migrateur partiel ;

Me :migrateur transsaharien, estivant ; Mh : migrateur hivernant. G : granivore ; I : inse c-

tivore ; O : omnivore)

Influence du statut phénologique

En ne considérant que les espèces qui ont des variations statistiquement significatives,

on constate l'évidente dégradation du statut de 28 espèces sur 39, dont 15 en période nuptiale

et 13 en période internuptiale (tableau 8). Les espèces dont la tendance démographique est

positive sont au nombre de 11 seulement. Il est remarquable de constater que les migrateurs

n'apparaissent que dans la catégorie "régression" et ce sont aussi bien les migrateurs partiels

que les migrateurs transsahariens estivants qui sont concernés.

Nombre d'espèces à variation statistiquement significative

Progression Régression

statut période nuptiale période internuptiale période nuptiale période internuptiale

sédentaires 6 5 10 10

Mp 0 0 1 1

Me 0 0 4 2

Mh 0 0 0

Total 11 28 Tableau 8 : variation démographique des espèces en fonction de leur statut phénologique et

présentant des tendances significatives

Page 17: Enquête Tendances : 18° année

Influence du statut trophique

Le régime alimentaire des espèces permet d'analyser une répartition en fonction du sta-

tut trophique des espèces : en individualisant les mangeurs de végétaux/graines (G), les insec-

tivores (I) et les omnivores (O) et en séparant la période de nidification (de février à juillet) de

la période internuptiale (août à janvier), nous obtenons la répartition suivante (tableau 9).

Catégorie trophique des

espèces

Période de reproduction Période internuptiale

Variation significative5 Variation significative

6

Progression Régression Progression Régression

Granivores G (15 espèces) 2 7 (+3) 2 6 (+2)

Insectivores I (25 espèces) 2 (-1) 6 (+1) 1 (-1) 5 (+1)

Omnivores O (12 espèces) 2 1 1 (-3) 0

Total 6 (-1) 14 (+4) 4 (-4) 11 (+3)

Tableau 9 : variation démographique des espèces en fonction de leur statut trophique et pré-

sentant des tendances significatives et évolution par rapport à 2012-2013 (valeurs entre pa-

renthèses)

Le plus lourd tribut de la dégradation de la biodiversité est sans conteste porté par les

insectivores et par les granivores et dont le statut s'aggrave autant en saison internuptiale qu'en

période de nidification. Pour la catégorie des granivores, comme les années précédentes, ce

sont les mangeurs de petites graines dont le statut se dégrade le plus.

5 Espèces nicheuses à variation significative : espèces présentant la même variation aux sessions de la période de

reproduction, dont au moins une variation significative :

Catégorie A/ 6 espèces à variation positive : ramier, fauvette à tête noire, grimpereau des jardins, pinson, chou-

cas, corneille noire ;

Catégorie B/ 14 espèces à variation négative : chardonneret, linotte, étourneau sansonnet, tarin des aulnes, tourte-

relle des bois, alouette des champs, pipit farlouse, fauvette des jardins, pouillot fitis, mésange nonnette, mésange

huppée, bruant jaune, serin cini, bouvreuil. 6 Espèces en période internuptiale qui présentent la même variation aux sessions de la période internuptiale,

dont au moins une variation significative :

Catégorie C/ 4 espèces à variation positive en période internuptiale : ramier, grimpereau des jardins, geai, pic

épeiche ;

Catégorie D/ 11 espèces à variation négative en période internuptiale : tourterelle des bois, fauvette des jardins,

pouillot véloce, mésange huppée, bouvreuil, mésange nonnette, bruant jaune, chardonneret, linotte mélodieuse,

moineau domestique, bergeronnette grise ;

Page 18: Enquête Tendances : 18° année

Influence des habitats

Nous avons comparé nos données de la période nuptiale avec des données STOC-EPS

nationales en reprenant les catégories établies par le Muséum : généralistes (G), de milieu

agricole (A), de milieu forestier (F) et de milieux bâtis (B), mais en ne considérant que les

espèces à variations significatives7 parmi les 52 espèces étudiées pour la Normandie (ta-

bleaux 10a et 10b).

Ne

Ns

Variations significatives

En progression En régression

Généraliste8 Ne = 11

Ns = 33

Ne = 4

Ns = 9

Ne = 0

Ns = 0

Agricole9 Ne = 7

Ns = 19

Ne = 0

Ns = 0

Ne = 4

Ns = 9

Forestier10

Ne = 14

Ns = 40

Ne = 1

Ns = 2

Ne = 5

Ns = 11

Bâtis11

Ne = 10

Ns = 26

Ne = 2

Ns = 3

Ne = 2

Ns = 5 Tableau 10a : comparaison des tendances évolutives des oiseaux nicheurs selon leurs catégo-

ries : espèces communes à la liste du Muséum et à no tre échantillon de 52 espèces = lot es-

pèces-Normandie ; voir note n°7. Les données du Muséum sont de 2013, les nôtres de 2014.

Ne = Nombre d’espèces nicheuses considérées dans la catégorie

Ns = Nombre de sessions (cf. tableau 2)

7 Les catégories d'oiseaux ont été établies par le Muséum pour l'enquête STOC-EPS, consultable sur le lien sui-

vant : http://vigienature.mnhn.fr/page/produire-des-indicateurs-partir-des-indices-des-especes-habitat.

Chacun des groupes d’espèces étudiés dans les tableaux 8a et b comprend les espèces communes à la liste du

Muséum et notre échantillon de 52 espèces, et ou cet échantillon complété avec certaines de nos 52 espèces nor-

mandes ne figurant pas dans la liste du Muséum mais que nous considérons comme représentatives de chacune

des catégories. 8 Espèces généralistes (11)

Pigeon ramier, Fauvette à tête noire, Mésange charbonnière, Pinson des arbres, Geai des chênes, corneille

noire, Pic vert, Mésange bleue, merle noir, accenteur mouchet, coucou gris (en maigre, espèces communes à

l’échantillon normand de 52 espèces et à la liste du Muséum). 9 Espèces spécialistes des milieux agricoles (11) :

Fauvette grisette, bruant proyer, bruant jaune, bruant zizi, linotte mélodieuse, alouette des champs, pipit far-

louse (en maigre, espèces communes à l’échantillon normand de 52 espèces et à la liste du Muséum), pipit des

arbres, tourterelle des bois, fauvette des jardins, mésange à longue queue (en gras, espèces ajoutées) 10

Espèces spécialistes des milieux forestiers (14)

Grimpereau des jardins, pic épeiche, troglodyte mignon, grive musicienne, grive draine, sitelle torchepot, rouge-

gorge familier, pouillot fitis, pouillot véloce, pouillot siffleur, roitelet huppé, mésange nonnette, mésange hup-

pée, bouvreuil pivoine (en maigre, espèces communes à l’échantillon normand de 52 espèces et à la liste du

Muséum). 11

Espèces spécialistes des milieux bâtis (13)

Choucas des tours, tourterelle turque, hirondelle de cheminée, rouge-queue noir, pie bavarde, martinet noir,

verdier d'Europe, chardonneret élégant, serin cini, moineau domestique (en maigre, espèces communes à

l’échantillon normand de 52 espèces et à la liste du Muséum), étourneau sansonnet, bergeronnette grise, gobe-

mouche gris (en gras, espèces ajoutées)

Page 19: Enquête Tendances : 18° année

Ne

Ns

Variations significatives

En progression En régression

Généraliste G Ne = 11

Ns = 33

Ne = 4

Ns = 9

Ne = 0

Ns = 0

Agricole A Ne = 11

Ns = 28

Ne = 0

Ns = 0

Ne = 7

Ns = 12

Forestier F Ne = 14

Ns = 40

Ne = 1

Ns = 2

Ne = 5

Ns = 11

Bâtis B Ne = 13

Ns = 34

Ne = 2

Ns = 3

Ne = 3

Ns = 8 Tableau 10b : comparaison des tendances évolutives de s oiseaux nicheurs selon leurs catégo-

ries : espèces du tableau 10a plus espèces ajoutées = lot espèces Normandie-complété ; voir

note n°7. Les données du Muséum sont de 2013, les nôtres de 2014.

Ne = Nombre d’espèces nicheuses considérées dans la catégorie

Ns = Nombre de sessions (cf. tableau 2)

Quatre des onze espèces généralistes nicheuses (G) sont en progression avec une crois-

sance statistiquement significative en période de reproduction (la significativité des données

nationales n'est pas connue sur le site Vigie-Nature). La figure 2 qui compare les résultats

normands aux résultats nationaux montre que cette tendance à la hausse est nettement ampli-

fiée en Normandie.

Pour les trois autres catégories, le déclin est évident en Normandie :

- Il est nettement plus sensible qu'à l'échelle nationale pour les espèces agricoles (A) ;

- Il est comparable aux données nationales pour les espèces des zones bâties (B), mais

après avoir complété l’échantillon d’espèces par des espèces normandes caractéris-

tiques, absentes de la liste nationale ;

- Il présente une tendance négative bien établie en milieu forestier normand (F) alors

que ces espèces ne montrent pas, à l'échelle nationale, de variation.

Figure 2 : Tendances comparatives des espèces groupées pa r habitat (G, F, A et, B) pour les

espèces étudiées nationalement dans l'enquête STOC-EPS (lot espèces-France), pour celles

du lot espèces-Normandie et pour celles du lot espèces -Normandie complété (voir note 7)

Page 20: Enquête Tendances : 18° année

Conclusion Sur le plan méthodologique, il y a une cohérence intéressante des résultats entre les évo-

lutions nationales des populations d'oiseaux communs nicheurs mesurées par la méthode

STOC-EPS et celles que nous détectons en Normandie avec l’enquête Tendances : les évolu-

tions des catégories d’oiseaux regroupés par habitat sont non seulement détectables avec Ten-

dances ; elles sont même amplifiées à l'échelle régionale par rapport à l’ensemble du pays.

Ceci est donc une validation de la fiabilité de notre enquête pour détecter les variations

démographiques des oiseaux communs nicheurs. Il n’est pas possible de procéder de la même

façon pour la période internuptiale car il n’existe pas de données comparables à l’échelon

national. À notre connaissance, seule la Normandie, grâce à cette enquête du GONm, est en

mesure de proposer une mesure des variations démographiques des oiseaux communs en pé-

riode internuptiale : les évolutions entre ces deux saisons phénologiques ne sont pas forcé-

ment corrélées, ce que montrent nos résultats et ce que nous étions en droit d’attendre car,

même pour une espèce donnée présente toute l’année (et qu’on qualifie souvent de « séden-

taire » dans un raccourci commode), ce ne sont pas forcément les mêmes populations qui ni-

chent, migrent ou hivernent en Normandie.

Le présent bilan confirme les bilans précédents et montre même une situation qui

s’aggrave : les passereaux et alliés communs dans leur majorité déclinent. Contrairement aux

grandes espèces rares, ils sont désormais en première ligne des variations en baisse. En effet,

elles sont beaucoup plus répandues et sont donc beaucoup moins facilement la cible de plans

de protection précis comme on a pu en établir pour la cigogne blanche ou pour des rapaces.

L'évolution inquiétante du statut de l'alouette des champs ou du bruant jaune est quasi impos-

sible à enrayer par des plans de protection ciblés. Le remède consiste plus en une connais-

sance de plus en plus pointue de leurs exigences en matière de régime alimentaire, de site de

nidification, pour pouvoir protéger les milieux leur convenant.

L’élaboration de fiches de nids, la compilation des résultats du baguage seraient d'un

grand secours pour encore améliorer nos connaissances.

Citation Debout, C. 2015 –Enquête Tendances, 18

e année : analyse 2015 des données 2013-2014

Bibliographie Debout, C. 2010 - Enquête Tendances : analyse des résultats sur la période 1996 - 2010.

http://www.gonm.org/index.php?post/Enqu%C3%AAte-TENDANCES-%28analyse-1996-

2010%29

Debout, C. 2013 - Enquête Tendances : analyse 2011- 2012 des données

http://www.gonm.org/index.php?post/Enqu%C3%AAte-TENDANCES-%28Analyse-

2012%29

Debout, C. 2014. – Enquête Tendances : analyse 2014 des données 2012-2013

http://www.gonm.org/index.php?post/Enqu%C3%AAte-Tendances-%28analyse-2014%29

Page 21: Enquête Tendances : 18° année

Enquête STOC-EPS, résultats ; Produire des indicateurs à partir des indices des espèces (habi-

tat) http://vigienature.mnhn.fr/page/produire-des-indicateurs-partir-des-indices-des-especes-

habitat

BirdTrends 2014: trends in numbers, breeding success and survival for UK breeding birds

http://www.bto.org/about-birds/birdtrends/2014

Linotte mélodieuse (photo Gérard Debout)

Page 22: Enquête Tendances : 18° année

Remerciements Merci aux adhérents qui ont participé et qui sont en train de poursuivre cette année du

15 août 2014 au 15 juillet 2015 et merci aussi aux nouveaux participants pour les nouveaux

parcours. Merci à Vottana Tep qui saisit les fiches des observateurs et compile les données sur

le logiciel de statistiques.

La pratique de cette enquête permet d'approfondir la connaissance des milieux parcou-

rus par les observateurs. Le présent bilan aidera à la mise en place de la prochaine grande en-

quête du GONm : le futur atlas des oiseaux nicheurs et hivernants de Normandie qui sera lan-

cé en 2016. Lancez-vous et aidez le GONm à encore mieux connaître sa faune d'oiseaux

communs pour qu'il joue cet important rôle d'alerte auprès du grand public et des administra-

tions. Je vous rappelle que vous pouvez commencer cette enquête n'importe quand dans l'an-

née, il suffit de me contacter à [email protected]

Continuez à nous être fidèles !

Claire Debout

Liste des observateurs 2013-2014

Akermann Sophie Crase S Helluin Gilles Mottin Brigitte

Alamargot Jacques Dauguet Franck Jacob Yannick Muller Martial

Aupoix Alain Debout Claire Jarry Jean-Claude Noel Françoise

Barrier Alain Debout Gérard Lambert Etienne Pesquet Elisabette

Baglin Jean-Baptiste Desmares Jocelyn Lasquellec Andrée Pigeon Christelle

Basley Daniel Dumoncel Robert Lavorel Véronique Prevel Dominique

Beaufils Matthieu De Bernon Antoine Lebouteiller Claude Provost Sébastien

Benoist Dominique Ernou Sylvain Leclerc Colette Purenne Régis

Bertrand Jean-Claude Faucheux Catherine Lecocq Stéphane Ramon Evelyne

Berthou Joëlle Feather Penny Lefèvre Thierry Renault Nicole

Béteille Guy Frican Pascal Le Marchand Raymond Richter Jean-Paul

Bonfils Muriel Fuchs Maryse Le Marechal Denis Robbe Eric

Branswyck Frédéric Gachet Philippe Lenormand Bernard Rundle Robin

Burban Catherine Gallien Fabrice Letessier M Savigny Jean-Marc

Charlon-Robin Gilles Gallien Jean-Claude Loison Luc Sébire Frédéric

Chartier Alain Gérard Christian Marchalot François Travert Marie-Léa

Chartier Céline Girard Christophe Marie Roger Vassault Jacques

Chevalier Bruno Grandpierre JL/ Houette Meissonnier JL Wilkins Charles

Collette Jean Gourvenec A Mille Bernard