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fenêtres sur . cours ( ) ( ) f e n ê t r e s sur . cours novembre 2009 www.snuipp.fr SNU ipp - FSU l’école Ensembleà

Ensemble à l’école - SNUipp.fr · 2014-11-22 · de voir les filles contraintes au travail des enfants est lié au faitque,dansdenom - breux pays, les familles donnent la préférenceauxgarçons

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Discriminations en Segpa

Grande pauvreté

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Handicap12Homophobie14

HALDE, promotion de l'égalité5

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Convention internationale desdroits de l'enfant3

Hebdomadaire du Syndicat National Unitaire des instituteurs, professeurs des écoles et pegc - 128 Boulevard Blanqui - 75 013 Paris / tél : 01 44 08 69 30 - e-mail : [email protected]. de la publication : Sébastien Sihr - Maquette et mise en page : Jérôme Quéré - Impression : SIAT - DRANCY prix du numéro : 1 € - ISSN 1241 - 0497 • CPPAP 0410 S 07284(fenêtres sur cours)

Ont travaillé à la réalisation de ce numéro spécial :Francis Barbe, Lydie Buguet, Brigitte Cerf, FrédéricDayma, Agnès Duguet, Michèle Frémont, DanielLabaquère, Marie-Noëlle Lemoine, BernardPharisien, Marie-Claire Plume, Jérôme Quéré,Corinne Vialle

Sexisme6

Gens du voyage16

Racisme18Bibliographie20Questions de droit22Ensemble à l'école23

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Novembre 2009, la Convention internationaledes droits de l'enfant a vingt ans.

Le SNUipp a voulu célébrer cet anniversaire à samanière. En protestant contre la suppressionprogrammée du Défenseur des enfants, eninscrivant une table ronde sur les droits desenfants à son université d'automne, enparticipant à l'opération « 20 millions devisages »…Les discriminations, de tous ordres, qui peuventêtre vécues et subies par les enfants, sontautant d’atteintes portées à leurs droits.L’école, parce qu’elle n’est pas en dehors duchamp social, peut produire, ou reproduire cesphénomènes de discrimination. L’institution, sielle commence à en prendre la mesure, laissetrop souvent les enseignantes et les enseignantsdémunis face à ces questions difficiles.En publiant ce numéro spécial de notre revueFenêtres sur cours, nous avons voulu proposerdes éléments de réflexion, des outils et desexemples de ce qu'il est possible de faire enclasse pour faire avancer, au quotidien, le« vivre ensemble ». Nous ne prétendons pas àl’exhaustivité, mais nous croyons qu’il estpossible de construire des gestes profession-nels, pour que tous les élèves se sentent à leurplace à l'école et, surtout, qu'ils s'y sententbien. C’est l’ambition modeste… et démesurée,de ces quelques pages.

« Comme la méthode promeut laculture des gens du voyage, lesenfants racontent leur vie autravers d'un exercice qui lesemmène vers l'écrit. »Annie Girard

“Ça fait partie du réel, et oùque l'on soit la question del'homosexualité est autour dela vie des enfants, dans leurfamille, le village, la télé...“

Didier Genty

L’école de tous !

édito

« Lutter contre les discrimina-tions... un travail de longue haleineet de tous les instants. »Christian Gastineau

«Nos livres permettent de réfléchir surles normes sexuées mais sans en imposerd’autres.»Mélanie Decourt

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« La CLIS... ni une classe fermée,ni une classe à part avec desexigences différentes. »Emmanuelle Hucher

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La CIDEConvention Internationale des Droits de l’Enfant (CIDE)

Ses 54 articles et 2 protocoles facul-tatifs fixent les normes au niveau dela culture, de la santé, del'éducation, des droits sociaux civilset juridiques en référence à la digni-té humaine et au développementharmonieux des enfants. La non-dis-crimination, la priorité à l'intérêtsupérieur de l'enfant, le droit pourlui de vivre et de se développer, lerespect des opinions de l'enfantconstituent les 4 principes fonda-mentaux de la Convention. Les pro-tocoles facultatifs associés à la CIDEconcernent l'implication d'enfantsdans les conflits armés, la vente, laprostitution et la pornographie tou-chant les enfants.

Le Comité des droits de l'enfantdes Nations Unies créé en 1991 etinstallé à Genève suit l'applicationde la Convention. Ses 18 membres,élus pour 4 ans, siègent en touteindépendance par rapport aux gou-vernements de leurs pays.

Promulguée le 20 novembre 1989, par l'ONU, la Convention internationale des droits de l'enfant est lepremier instrument qui inscrit dans le droit international la reconnaissance des droits des moins de 18ans. Elle a été ratifiée par 193 états indépendants, à l'exception des Etats-Unis et de la la Somalie. Levingtième anniversaire de la CIDE est placé sous le thème "Dignité, développement et dialogue".

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Les droits de l'enfanten EuropeEn 1990, le parlement européen a voté larecommandation N°1121 de l'Assemblée parle-mentaire, relative aux droits des enfants. En1996, le Conseil de l'Europe a publié la Conven-tion européenne sur l'exercice des droits desenfants en référence à la CIDE.

Les droits de l'enfantdans le MondeChaque année, le 12 juin est consacrée journéemondiale contre le travail des enfants. La jour-née 2009 était plus précisément destinée à poin-ter les ségrégations dont sont victimes les filles,quant au droit à l'éducation. Selon les dernièresestimations, le nombre d’enfants astreints à untravail a diminué globalement de 11% au coursdes quatre dernières années et de 26 % dans lesformes les plus dange-reuses. Mais 218 mil-lions d’enfants dansle monde sont enco-re au travail, dont126 millions effec-tuant des travauxdangereux. Le dangerde voir les fillescontraintes au travaildes enfants est lié aufait que, dans de nom-breux pays, lesfamilles donnent lapréférence aux garçonspour l’éducation.

Avec la hausse de lapauvreté liée à la crise, les familles les plusdémunies peuvent être poussées à retirer lesfilles de l’école et à les faire entrer précoce-ment dans la vie active.

Il a souligné des développements positifs et notam-ment l'abolition des différences de droits entrenaissance légitime et naissance naturelle ; le ren-forcement de la lutte contre la violence domes-tique ; l'instauration à 18 ans de l'âge minimum dumariage pour les filles ; l'établissement d'un droitopposable au logement.Cependant les observations du Comité listent unesérie de préoccupations :- Certaines dispositions de la Convention n’ont pasd'application directe.- Non application de la décision de la Cour de cas-sation quant au droit des familles non françaisesrésidant en France avec leurs enfants de bénéficierdes allocations pour enfants.- Persistance de la discrimination dans le domainedes droits économiques et sociaux, pour les enfantsdes DOM-TOM, les enfants requérants d'asile etréfugiés et les enfants appartenant à des groupesminoritaires tels que les Roms, les gens du voyageet les minorités religieuses.- Stigmatisation touchant certains groupes d'enfantsvulnérables ou vivant dans la pauvreté (Roms, han-dicapés, minorités, banlieues...)- Attitude générale négative de la police à l'égarddes enfants, en particulier des adolescents.

(nombre de décès parmi les enfants détenus en2008, usage d'émetteurs d'ultrasons, de flash-ball...)- Multiplication des bases de données personnellesdes enfants. (cf. Base élèves)- Situation d'enfants non accompagnés placés dansles zones d'attente des aéroports.

Dans l'éducation, le Comité souligne plu-sieurs problèmes pour lesquels il recommande :- la réduction des effets de l’origine sociale desenfants sur leurs résultats scolaires ;- l'abaissement des taux de redoublement etd’abandon sans pénaliser les parents ;- le développement de la formation etl’enseignement professionnels pour les enfants quiont quitté l’école sans diplôme afin d’accroîtreleurs possibilités d’emploi ;- l’augmentation des investissements pour garantirle droit de tous les enfants à une éducation vérita-blement intégratrice ;- la réduction des exclusions et le recours en milieuscolaire à des travailleurs sociaux et à des psycho-logues scolaires pour aider les enfants en “conflitavec l’école.”

Les droits de l'enfant en FranceDans la réunion de sa 51ème session qui s'est tenue en 2009, le Comitédes droits de l'enfant a examiné le rapport établi par la France.

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Stéphanie Seydoux,

directrice de la promotion del'égalité à la HALDE

Quelle est la mission de la HALDE ?Elle est double : Nous sommes chargés de traiterles réclamations de personnes qui s'estiment vic-times de discriminations (mission assurée par desjuristes) et nous avons une mission de promo-tion de l'égalité.Pour prendre l'exemple du handicap, la loi prévoitdans certaines conditions que les élèves qui le sou-haitent accèdent à une scolarisation en milieuordinaire. Si ce droit n'est pas assuré, nous inter-venons au niveau juridique face à cette inégalitéde traitement. Une action de promotion del'égalité sera, par exemple, d'encourager lesparents d'un enfant en situation de handicap àenvisager la possibilité de scolarisation en milieuordinaire, en leur fournissant une informationciblée et spécifique. C'est l'idée d'amener plus depersonnes qui ne revendiquent pas un droit à yavoir accès.

Comment travaillez-vous à la promotionde l'égalité ?

Notre méthode est d'identifier des sujets sur les-quels nous pensons qu'il est particulièrementimportant de faire levier pour inciter à un chan-gement de comportements. Nous avons des inter-locuteurs institutionnels dans les domaines del’emploi, du logement, de l’éducation... Ceux-cipeuvent, dans leur pratique, induire ou non desdiscriminations et, le cas échéant, travailler à lesprévenir et promouvoir l'égalité des chances.Nous avons ainsi noué un partenariat avec l'ESEN,qui forme les cadres de l'éducation nationale, enproposant des formations de formateurs. Commeailleurs il faut que les cadres soient sensibilisés àces questions pour que les choses avancent.L'éducation nationale, premier employeur deFrance, est fortement concernée par la luttecontre les discriminations.

Quelles questions traitez-vous autour del'école ?

Notre objectif est de sensibiliser les acteurs del'école afin de les mobiliser. Nous avons pourcela conçu un outil de formation à distance (e-learning). Par ailleurs, nous travaillons sur dessujets spécifiques. Sur la scolarisation des jeunesen situation de handicap, nous avons réalisé uneétude auprès de parents, des écoles et des col-lectivités pour examiner les réponses apportées.Nous avons émis des recommandations en mars2009, sur lesquelles nous nous appuyons pour tra-vailler avec les partenaires et améliorer les condi-tions dans lesquelles sont accueillis les jeunesen situation de handicap, à l'école ou dans d'autresstructures. Nous avons aussi étudié les freins àl'intervention en milieu scolaire d'associationsluttant contre l'homophobie et émis des recom-mandations en 2008. (voir page 12) Enfin nousavons réalisé et diffusé un module, qui s'adresseaux gens du voyage et qui traite de l'ensemble deleur accès aux droits, en particulier à la scolari-sation.Nous avons aussi réalisé une étude sur les sté-réotypes dans les manuels scolaires, assortie derecommandations.

Quelles sont vos perspectives ?Une de nos priorités futures concerneral'orientation scolaire avec une étude reprenant lesconstats sur les trois champs du sexisme, del'origine sociale et de l'origine ethnique réelle ousupposée. Le but est de voir sous quels angles nouspouvons travailler des propositions nouvelles.Nous allons nous pencher sur les stages, pourporter un message sur l'interdiction de discrimi-nation dans l'accès à ceux-ci. Le prochain chan-tier est celui de la formation des enseignants.

HALDE - Haute Autorité de Lutte contre les Discriminations et pour l'EgalitéE-learning de laHALDE :à utiliser sansmodération !Sur le site internet de la HALDE,dans le dossier éducation, lemodule e-learning fournit desaides pour aborder lesstéréotypes, les préjugésrencontrés dans les situations de

la viecouranteou dessituationsprofes-sionnelles.

Le modulepromotion

de l'égalité proposedes situations et des séquencespédagogiques, plutôt destinéesaux enseignants et aux élèves decollèges et de lycées. Ellespeuvent être pertinentes dès lecycle 3.

Il y est question des stéréotypes,du harcèlement, desdiscriminations liées au sexe, à lareligion, à l'origine, à l'apparencephysique, au handicap, àl'orientation sexuelle...Les différents sujets sont abordésen situation, dans la salle declasse, la cour, au self, augymnase, pendant une sortiescolaire. Ils sont suivisd'explications, de possibilitésd'approfondissement,d'exercices, de quiz, deressources, de rappelsjuridiques...

www.halde.fr

« Une mission depromotion del'égalité »

questions à…

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Jean-Claude Saint-Amant, auteur québécois,historien, chercheur en éducation et ensei-gnant a orienté ses recherches vers la socio-

politique de l’éducation. En effet, au Québec,une mouvance masculiniste a donné un large échoau « décrochage scolaire » des garçons, plusélevé que celui des filles. Des parents inquiets, lesmédias, des chercheurs interrogent périodique-ment le ministère sur cette question.L’étude porte sur un échantillon d’élèves des deuxsexes, de milieux socioéconomiques hétérogènes,du primaire et du secondaire. L’échec scolairene touche pas tous les garçons et l’études’applique à identifier clairement lesquels sont endifficultés. Le croisement indispensable avec lamême étude auprès des filles amène à rechercherla présence et l’impact des stéréotypes de sexe.Le milieu socioéconomique marque fortementl’acceptation ou le rejet du travail scolaire par lesélèves : les filles, en général, voient l’école commeun moyen d’atteindre l’égalité et de progresser,tandis que les garçons de milieux défavorisés laperçoivent plutôt comme un frein à leur entréedans la vie active, d’où leur décrochage.Les garçons, surtout en primaire, adhèrent plusfortement aux stéréotypes sexuels masculins queles filles aux stéréotypes sexuels féminins. Adhé-sion variable aussi selon le niveau de scolaritédes parents, le milieu et la réussite scolaire. Lesgarçons qui obtiennent les meilleurs résultatssont aussi ceux qui ont le moins intériorisé de cli-

chés sexistes. Les élèves les plus imprégné-e-sdéclarent souffrir du regard de leurs congénères del’autre sexe.L’enquête auprès du personnel éducatif montre lamême imprégnation stéréotypée issue d’une per-ception sans aucune base scientifique. Donc laréussite ou l’échec scolaires ne sont pas intrin-sèques au sexe mais dépendent fortement de fac-teurs sociaux extérieurs à l’école.Pour être plus efficace, la politique éducativedoit s’adresser dans les différentes disciplines dela même façon aux filles et aux garçons en luttantd’abord explicitement contre les stéréotypessexuels. « Ouvrir l’école aux garçons, ouvrir l’écoleaux filles ». Le travail par matière se trouveraainsi, de fait, débarrassé de l’a priori qui voudraitqu’il existe des préférences liées au sexe.Le parti pris discriminatoire amène certains pays,comme l’Australie, à revenir à des classes nonmixtes avec le risque de faire oublier les individusau profit d’un groupe prétendu homogène : laclasse de garçons, la classe de filles. L’offre édu-cative peut diminuer en fonction d’idées reçues(rugby pour les garçons, danse pour les filles).« S’impose donc une politique de la réussite quivise le plus grand nombre de filles et de garçonspossible ».

La mixité : une évidence ?La mixité allait de soi en1975. On pensait quegarçons et fillesgagneraient forcément àêtre éduqué-e-sensemble. Aujourd’hui,certains accusent cettemixité de bien desmaux : en Suède elleempêcherait les filles deprofiter de l’espace dela cour de récréation, auQuébec les garçonssouffriraient d’être enéchec devant elles ; auxUSA, les unes et lesautres auraient plus dedifficultés à seconcentrer dans unemême classe.

Avant de la remettre enquestion, ne devrions-nous pas regardercomment elle est géréeau quotidien et lamanière dont elle a étémise en place ?

Dans la société etnotamment dans lemonde du travail, lesfemmes restent lésées,l'égalité est encore àatteindre. Malgré unemeilleure réussitescolaire (bien antérieureà 1975), leurs carrièresprogressent moins vite,le chômage les toucheplus durement, le tempspartiel leur est plussouvent dévolu. La vie

publique ne présentepas une meilleureimage. Les stéréotypessexistes sont toujoursvivaces et freinent unevéritable évolution.

Pourquoi la mixité n’a t-elle pas fait disparaîtreces inégalités ?

Non seulement l'écolemixte n'a jamais proposéune réelle éducationanti-sexiste, mais ilapparaît que l'écolevéhicule et renforce cesstéréotypes notammentà travers les supports etles pratiquespédagogiques.

Les garçonset l’école

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La plupart des pays concernés ont réalisé des progrèsen terme d'égalité d'accès. Pourtant, force est deconstater que plus de la moitié des pays d’Afriquesubsaharienne, d’Asie du sud et du monde arabe ontencore d'immenses efforts à fournir, pour parvenir àla parité.

Les facteurs aggravantsSi la pauvreté est un obstacle majeur à l’accès àl’école, elle constitue un facteur aggravant pour lesfilles, comme de vivre en zone rurale et d' appartenirà un groupe ethnique ou linguistique particulier.

De la bonne gouvernance…Là où des programmes spécifiques encouragentl’éducation des filles ( bourses, gratuité del’inscription dans le secondaire liée à l’assiduité,

financement des écoles conditionné par laparticipation des filles à ces programmes), les effetsse font sentir bien au-delà de l’éducation : déclin dela mortalité infantile, meilleure alimentation,davantage de possibilités d’emploi et réduction del’écart de rémunération entre les sexes.

Atteindre les objectifs de l'éducation universelle nesera possible que grâce à l’engagement financier despays développés. Or, l'aide publique audéveloppement reste très inférieure aux besoinsidentifiés. A cet égard, la France fait d'ailleurs figurede mauvais élève.

Le rapport UNESCO est disponible àl’adresse suivante :

http://www.unesco.org/fr/efareport/

sexisme

Penser la mixité

Education pour tous... et toutes !En 2000, la communauté internationale s'était engagée à assurer l'accès à l'éducation pour tous les enfants dumonde. Dix ans plus tard, si des progrès ont pu être enregistrés, on est encore loin du compte. Dans sonrapport annuel sur le suivi de ces engagements, l’UNESCO pointe, par exemple, le chemin qui reste àparcourir pour les filles en matière d'accès à l’enseignement primaire et secondaire.

Illustration extraite deNassim et NassimaD’Ingrid Thobois etJudith Gueyfier, Ruedu monde

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Déconstruire les stéréotypes

MélanieDecourt,co-fondatrice desÉditions TalentsHauts

La HALDE a récemment mis en lumière lesdiscriminations présentes dans les manuelsscolaires. Qu'en est-il de la littérature dejeunesse ?

Les discriminations y sont très présentes. D’abord,statistiquement, il y a beaucoup moins d’héroïnesque de héros : deux fois moins d’héroïneshumaines, dix fois moins d’héroïnes quand lespersonnages sont des animaux !Ensuite, beaucoup de stéréotypes se glissent dansla représentation de chaque sexe. Les personnagesféminins sont cantonnés aux tâches domestiquesou familiales, alors que les personnages masculinstravaillent à l’extérieur.Quand elles travaillent, les femmes sontcantonnées à trois métiers, institutrice, infirmièreet hôtesse de l’air, alors que les hommes enexercent toute une palette (pompier, médecin,pilote...)Pour achever la caricature, les personnagesféminins ont leur panoplie d’accessoires liés aufoyer et à la coquetterie : tablier, soupière, miroiret rubans, tandis que les hommes sont dans unfauteuil, avec des lunettes, une pipe et unjournal.

Quelles particularités différencient lesexisme des autres discriminations ?

En 2009, sur ce sujet, on constate un retour deflammes, qui prouve qu’on a baissé la gardedepuis les années 1970. Ce phénomène n’existepas pour les autres discriminations pour lesquelleson est toujours vigilant. Dans l’édition, nous

constatons même une recrudescence du sexismeavec deux phénomènes :– La « vague nostalgique », les rééditions à succèsdes livres des années 1950 avec les stéréotypes del’époque : la petite fille y est représentée commeune parfaite femme au foyer.- La « tendance Lolita » : des livres « spécialfilles » qui leur apprennent dès 4 ans à devenir desfemmes-objets en leur donnant des conseils debeauté.

Comment vos albums contribuent-ils à lalutte contre le sexisme ?

Nous avons deux collections antisexistes : desalbums pour les 3-7 ans et des romans illustréspour les 6-10 ans.Ces livres prennent le contre-pied des stéréotypessexistes et proposent des héroïnes différentes : laprincesse de La princesse et le dragon va sauverson prince et refuse de l’épouser ; Lulu dansQuand Lulu sera grande est une héroïne fantaisisteet libre qui aide les enfants à prendre conscienceque tous les choix sont possibles ; on trouve dansnos livres une piratesse, une pompière, une cow-girl… mais aussi des héros différents : des garçonsaux cheveux longs (Longs Cheveux), qui jouent à lapoupée (Barbivore), ou à la cuisine (Je veux unequiziiine !), des papas qui s’occupent de leursenfants (Moi, mon papa…, Ma mère est maire),etc.Nos livres permettent de réfléchir sur les normessexuées mais sans en imposer d’autres. Ilspermettent d’ouvrir le débat et sont d’ailleursutilisés par des professeur-e-s des écoles pourtravailler sur les stéréotypes sexistes en classe etsensibiliser leurs élèves.

Des fiches pédagogiques sont proposées sur le site :http://www.talentshauts.fr

“Dans l’édition, nous constatons même unerecrudescence du sexisme...”

VirginieHouadec,

chargée demission àl'égalité

filles/garçons pour l'académie deToulouse et Michèle Babillot,

conseillère pédagogique proposent unouvrage pour aider les enseignants à

mettre en application la convention dejuin 2006 « pour la promotion del'égalité entre les sexes dans le

système éducatif ».Des séances pour tous les cycles et

dans tous les domaines sont proposéespour mettre à jour et lutter contre lespréjugés sexistes. Elles donnent aussi

des clés pour gérer la mixité« autrement ».

50 activités pour l'égalitéfilles/garçons à l'école, un

ouvrage édité par less.c.é.r.é.n. du CRDP Midi-

Pyrénées.

Illustration :T’es fleur ou t’es chou ?(éd. Rue du monde)

Des activités pourla classe

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Deux études récentes sur les manuelsscolaires apportent un éclairage sur ce sujet.L’une, en 2007 porte sur sept manuelscouramment utilisés en CP, l’autre en 2005,compare les manuels de français et d'histoirede deux classes de CM2 en Belgique et enFrance. Elles dressent un constat peuencourageant. Une forte similitude apparaîtquant à leur teneur en clichés sexistes.Les héros sont majoritairement masculins,l’habillement, les jeux et les comportementssont stéréotypés (caisse à outils et actionspour les garçons ; landau, tâches domestiquespour les filles). Les rôles parentaux restenttraditionnels : mères à la maison, pèresabsents ou au travail. Les auteurs cités sontlargement plus nombreux que les auteures,les exemples et les exercices d’applicationsont toujours au masculin. De plus, le françaisest une langue sexuée. Le vocabulaire et lagrammaire établissent de fait des rapportsinégalitaires.Pour les élèves, ces manuels sont perçuscomme infaillibles, ils induisent, envéhiculant souvent des stéréotypes, unereprésentation du monde et descomportements sociaux discriminatoires.A propos des manuels d’histoire, il ressortque le passé français ou belge appartient auxhommes, dans l’iconographie comme dans lechoix des personnages étudiés. Les quelquesfemmes sont souvent “ épouse de…”, oumonnaie d’échange dans les politiquesélaborées par leurs pères ou conjoints. SeuleJeanne d’Arc bénéficie d’une largeexposition ! Quid de la femme préhistorique,d’Aliénor d’Aquitaine, Blanche de Castille,Hildegarde de Bingen, Trotula Di Ruggiero,Christine de Pisan … ou de l’histoire sociale ?Les héros et les héroïnes historiques, acteurset actrices réel-le-s s’inscrivent dans

l’histoire de l’humanité. Il faudrait que lesenfants acquièrent une base de référencescommunes à travers une approche pluségalitaire et plus complète. Comment faireévoluer cette situation ?Les textes existants (dont la Conventioninterministérielle de 2000, reconduite en2006) devraient permettre une évolution,pour peu qu’ils soient appliqués…

Bibliographie :- La mixité : de l'école à la sphère publique et aumonde du travail , CACOUAULT-BITAUD Marlaine, InMaruani Margaret (dir.) « Femmes genres et société :l'état des savoirs », Paris,2005, La Découverte.- L'école des filles : quelles formations pour quelsrôles sociaux ? DURU-BELLAT Marie, Paris, 2005,L'Harmattan- Les paradoxes de la mixité filles-garçons à l'école :perspectives internationales, MARRY Catherine, Paris,2003, Ministère de l'Education Nationale, programmeincitatif de recherche en éducation et formations (PIREF)- Egalité des sexes en éducation et formation,MOSCONI Nicole, Paris, 1998, PUF- La mixité dans l'éducation. Enjeux passés etprésents, ROGERS Rébecca, Paris, 2004, ENS éditions- Les inégalités de réussite en EPS entre filles etgarçons : déterminisme biologique ou fabricationscolaire ?, VIGNERON Cécile, in Revue française depédagogie n°154, p.111 à 124.- La mixité à l'école primaire, ZAIDMAN Claude,Paris,1996, L'Harmattan

Revues

- Femmes-Hommes, quelle égalité ?, Textes etDocuments pour la Classe, n°848, janv. 2002- Tous les garçons et les filles, Fenêtres sur cours, horssérie, oct. 2002- Les filles et les garçons sont-ils éduqués ensemble ?Ville Ecole Intégration, CNDP-CRDP, n°138, sept 2004- Garçons-filles ..., JDI, n°1598, mai 2006, Nathan

Sites

- Ministère de l'éducation nationale, textes officiel,convention du 25 février 2000, données statistiques,rapports : http://www.education.gouv.fr/syst/egalite- Fonds documentaire sur l'histoire des femmes et dugenre en éducationhttp://www.lyon.iufm.fr/aspasie

8

La lutte contre lesstéréotypes ne date pasd'hier. Déjà en 1979, laConvention contre les

discriminations à l'égard desfemmes des Nations Uniesdemandait de les éliminer

dans toutes formesd'enseignement. En France,

textes officiels etrecommandations n'existentque depuis1981. Les chosesévoluent dans le bon sens,

mais nous sommes encore loindu but.

Les clichés sexistes ont la vie dure !sexisme

Ce que la HALDE recommande pour les manuelsscolaires du secondaire est tout à fait valablepour ceux du primaire :

- Une attention aux mots employés, en particulieren adoptant la féminisation systématique desnoms de fonction.- La présence des femmes dans « tous leschapitres », « tous les domaines », et dans « tousles contextes », à l’instar des hommes.- Une formation généralisée de l'ensemble despersonnels à la lutte contre les discriminations etstéréotypes sexistes.

Les manuels de lecture de CP sont-ils encore sexistes ?,ChristineFontanini, Strasbourg, 2007.

Etude comparative Belgique/France, DIU égalité entre lesfemmes et les hommes ?,NinaCharlier, Annette Girardclos, 2005,Paris 3 Paris 6.

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Comment est née l’idée de ce DVD ?Toute discrimination rend vulnérable et peutavoir des incidences graves en matière deconduites à risque. Le Crips et le Geps* se sontassociés pour réaliser en 2006 un concoursd’idées de scénarios (5 000 participants) qui adonné lieu à la réalisation de 11 courts métrages.

Quel but aviez-vous ?Permettre l’émergence d’un discours citoyen,rompre avec les messages injonctifs de typepublicitaire, en favorisant, à travers la fiction etl’émotion, la proximité, voire l’identification.

Avez-vous des retours sur sonutilisation ?

Conçu comme outil de prévention, il est utilisépar les équipes éducatives et d’animation.

Comment se le procurer [email protected] / 01 56 80 33 33Sur place : Crips – Tour Maine-Montparnasse – 4eétage

Qu’est-ce quele Crips ?

Centre régionald’information etde préventionsur le VIH/sida,les IST, la vieaffective etsexuelle, lesdrogues et lesconduites àrisque chez lesjeunes.

Un DVD supportpour la classe

La classe saisit toutes les occasions proposées, utilise lapresse locale,excellent support d’activités, et se déplaceaussi au tribunal d'instance. La participation aux activités

de la semaine de la presse à l'école, le concours académiqued'affiches sur le respect mutuel entre les filles et les garçons,sont des rendez-vous annuels pour les élèves.

Les outils utilisés sont divers, dépliants de la HALDE,DVD académique sur l'égalité des genres, films commePersépolis ou Billy Elliot. Aujourd'hui deux clips d'un DVDspécialement consacré à la lutte contre lesdiscriminations vont être décortiqués. Ces scénarios de 4à 5 minutes ont été conçus à l'issue d'un concoursorganisé par le CRIPS – Ile-de-France. Les élèves saventqu'ils devront utiliser une grille de lecture qui leurdemandera de donner des précisions sur lespersonnages, leurs attitudes et leur rôle dans l'histoire,d'expliciter les préjugés et les discriminations évoquées,et de dire ce qu'ils en pensent.

Le premier scénario met en scène une jeune fille dontl'entretien d'embauche est annulé sous le prétextequ'elle est « surdiplômée » alors que c'est manifeste-ment sa « couleur » qui est en cause. Les réactionsfusent : « Elle se sent rejetée à cause de la couleur desa peau. Pourquoi ne va-t-elle pas porter plainte ? C'estinterdit par la loi. » Le débat s'engage sur les difficultéspersonnelles de porter plainte, sur les difficultésd'apporter les preuves, sur le testing.

Le deuxième évoque le suicide d'un lycéen homosexuel àla suite de moqueries de sescamarades et de la mise surinternet d'une video prise avecun téléphone portable. Unsilence de plomb suit le coupde feu final. La prise deconscience des conséquences

des insultes se fait peu àpeu et la discussions'engage. « C'est son droitd'être homo, c'est sa vie »est la première opinionpartagée. Comment fairepour éviter ça ? « Que faire dans une situationd'homophobie ? » demande Christian. « En parler à toutprix, même si c'est difficile, aux parents, aux amis, auxprofesseurs, aux adultes du collège... » répondent lesélèves.

Puis Christian relance la discussion sur le « happyslapping » et le droit à l'image. Il explique sa méthode,« faire parler les élèves car la parole des pairs est plusimportante que la morale du prof ». Avec un public entrès grande difficulté, la reconstruction de l'estime desoi et de la confiance en soi passent par la valorisationdes acquis et de la parole des élèves. La violenceverbale n'est jamais loin quand on n'est pas tout à faitcomme les autres. Or, on le voit dans la classe, la parolecircule, les réflexions personnelles des élèves fontdébat. « C'est par petites touches, par petites graines,que les choses avancent. Et dans le même temps c'est untravail de longue haleine et de tous les instants ».Et au bout du compte, les élèves apprécient, les chosesbougent, les mentalités avancent.

Aborder les discriminations en SEGPADans la SEGPA du collège Balzac, à Alençon dans l'Orne, les élèves deChristian Gastineau sont habitués à travailler sur les discriminations dansle cadre de activités quotidiennes de la classe.

>> *GEPS : Groupe d’études et de prévention du suicide

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Une école pour tous, malgrél’exclusion sociale ?

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Aujourd'hui, l’augmentation dela précarité met en dangerd’exclusion sociale une frange

grandissante de la population. Sou-vent dans les écoles, cette situationinterpelle les enseignants mais parfoisdes malentendus s’installent. L’écoleet les familles ont beaucoup de mal àcommuniquer, à s’écouter et à secomprendre. Depuis la loi du 29 juillet1998 relative à la lutte contre lesexclusions, l’école doit prendre toutesles mesures pour garantir le droit àl’éducation pour tous. Les famillesen grande précarité se retrouventmalheureusement souvent repous-sées à la marge du système éducatifpar manque de compréhension decelui-ci.Mais de quoi parle-t-on quand onparle de précarité ? Qui sont lesfamilles concernées ?

La précarité est impossible à appré-cier globalement, mais certaines don-nées sont mesurables. Le CREDOC(Centre de recherche pour l'étude etl'observation des conditions de vie) adéfini en 1995, 5 critères de préca-rité: des ressources inférieures à 60%du SMIC, une absence d’emploi oud’emploi stable, pas de logementconvenable, une absence de diplôme,pas de permis de conduire et unesanté dégradée. Une famille est consi-dérée en grande difficulté quand elleen cumule au moins deux ou trois.La pauvreté est d’abord un manque,souvent un manque d’argent.L’insuffisance de ressources est sou-vent l’élément le plus visible de la

pauvreté mais cette dernière com-porte aussi un aspect culturel et unaspect relationnel. Comment ne passe sentir exclu quand on porte desvêtements usagés ou quand il estimpossible de faire ses devoirs car iln’y a pas l’électricité ou parce quetoute la famille vit dans un espacetrès réduit ? Les élèves qui vivent dessituations de grande pauvreté ont desdifficultés scolaires qui sont liées àdes problèmes d'ordre économique,social, environnemental et culturel :cumul de la précarité de l'emploi, dulogement, de la santé, crainte de ladislocation de la cellule familiale faceaux risques de placement des enfantspar la DASS, combat au quotidienpour la survie qui peut rendre inopé-rants les efforts des familles, rejet dela société. Ces obstacles sont àl'origine de comportementsd'intériorisation de l'échec qui nefavorisent pas la réussite scolairealors que celle-ci est un enjeu fon-damental et un immense espoir pourles parents. Ce sont tous ces manquesqui font que l’enseignant est souventdémuni face aux familles. Il existedes dispositifs pour prendre en chargeles élèves confrontés à des difficultésscolaires et certains de ceux vivant engrande pauvreté peuvent y accéder.Mais avant tout la difficulté est unedifficulté de compréhension etd’appréhension de cette population.Le regard de la société, le regard del'institution doivent changer.

Quel rôle pour l’école ?L’école a un rôle très important à jouer vis-à-visdes jeunes et de leur famille, c'est une « réfé-rence de stabilité » Même si elle présente desdéfauts d’adaptabilité, elle est un repère pour lesenfants qui y retrouvent un cadre contraignantmais rassurant quand eux-mêmes vivent dans uncadre d’insécurité et d’instabilité. En accueillanttous les enfants, elle peut permettre de romprela reproduction de l’exclusion d’une générationà l’autre. A elle de trouver le moyen de ne pasexclure et de ne pas être ressentie commeexcluante. Les enjeux sont donc importants. Ils’agit de recréer du lien social en impliquant lesparents dans l’école et en répondant à une par-tie de leurs attentes par l'écoute, mais aussi etsurtout de permettre à l’élève de trouver àl'intérieur de l’école une nourriture de l’espritqui lui permette de grandir et de s’ouvrir en pra-tiquant les activités culturelles, intellectuelleset sportives qui lui sont inaccessibles àl’extérieur.

Ci- dessus, une image extraite de Poissond’argent, un album de Sylvie Deshors(ed. Rue du Monde)

La littérature de jeunesseest un outil essentiel poursensibiliser à la lutte contreles discriminations.

une image extraitede L’oiseau de Mona(ed. Rue du Monde)

grande pauvreté

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handicap

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Devant l'augmentation des saisines et à l'occasion des trois ans de la loi du 11février 2005, la HALDE a fait réaliser en novembre 2008 un sondage* sur lascolarisation en milieu ordinaire, dans le premier degré, des élèves en situationde handicap.

Les résultats font apparaître que 96% des parents interrogés, 97% des élus et 88%des directeurs d'école sont favorables à la scolarisation des élèves porteurs dehandicap en milieu ordinaire. Par contre, 86% de ces directeurs estiment que lascolarisation de ces enfants fonctionne bien, alors que cette opinion n'estpartagée que par 45% des parents.

Suite à ces résultats, la HALDE a adressé au gouvernement et à diversorganismes, six recommandations :

1- améliorer au niveau de l’information statistique : temps de scolarisationeffectif au sein des écoles, présence dans le cadre des activités périscolaires etsituation réelle des enfants sans réponse de scolarisation en milieu ordinaire

2- enrichir l’information des parents sur le droit à la scolarisation de leursenfants et les diverses voies de recours

3- rappeler aux élus leurs obligations légales en matière d’accessibilité,notamment mise aux normes des établissements scolaires

4- veiller à une présence suffisante des enseignants référents dans lesétablissements scolaires et les encourager à être une source d’informations,notamment auprès de leurs collègues

5- le sondage pointe un besoin important de formation de la part desenseignants, et il est souhaité que la réforme à venir de la formation desenseignants n’oublie pas la question de la prise en charge de ces enfants

6- mettre en place une professionnalisation des métiers de l’accompagnementscolaire et social de ces élèves

La HALDE demande aussi le renforcement de la présence des enseignants dans lesétablissements médico-sociaux (sujet en dehors de l'étude).

* Sondage réalisé auprès de directeurs d'écoles maternelles et élémentaires, publiques etprivées sous contrats, d'élus de communes de plus de 5000 habitants et de parents d'enfantsen situation de handicap de moins de 12 ans, scolarisés ou non.

Pour consulter les résultatshttp://www.halde.fr/spip.php?page=article&id_article=12648

Emmanuelle Huchet a éténommée en CE2-CM1 dèssa sortie de l'IUFM à

l'école primaire de Bruch àForbach en Moselle. C’est une« grosse école » avec uneclasse d'intégration scolaire*.Pour Emmanuelle, ce fut une« découverte » : « ce n'était niune classe fermée, ni uneclasse à part avec des exigencesdifférentes ». Dans l'école, lesdécloisonnements – notammentpour des ateliers de lecture -sont habituels, ainsi que leséchanges. Emmanuelle a doncaccueilli pendant deux ans unélève de la CLIS dans sa classe. Etcertains de ses élèves ontprofité, lors des ateliers, descompétences de l'enseignant dela CLIS. Le fait de discuter avecce dernier, « qui a une formationspéciale, ça m'a permis de faireprogresser mes propres élèves endifficulté », constateEmmanuelle.Un constat qui tranche avec sesreprésentations du début : « jepensais que ces changements declasse n'étaient pas possible ».Bien sûr ce ne fut pas toujours unlong fleuve tranquille : « j'avaisdes inquiétudes sur sespossibilités, sur la réaction desautres élèves. Avec un double

niveau, pas facile, d'autant qu'ilétait très actif, toujoursdemandeur de ma présence ».Mais le résultat fut gratifiant :« c'était un élève très intéressé,motivé de se trouver de nouveaudans une classe du cursusnormal. Il s'est très vite adaptégrâce au travail en binôme avecdes élèves meilleurs que lui ». Ilsera en Segpa à cette rentrée.« Heureusement, l'enseignant dela CLIS a su me rassurer etm'indiquer comment je devaisprendre les choses : faire laclasse normalement, fairecomme si c'était un élèvenouveau. Et nous nousconcertions régulièrement », seremémore Emmanuelle quiaccueille à cette rentrée unnouvel élève.

* devenue classe pour l’inclusionscolaire

Mais oui,c'est possible !

Préconisations de laHALDE

Sous le grand banian

Deux sœurs dans unvillage d'Inde, l'une estaveugle. Imaginaire etfraternité fondent cemagnifique album.

Rue du monde

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Que dire de l'approche du handicap enterme de lutte contre les discriminations ?

C'est une approche complètement nouvelle, forte-ment activée par les parents et qui se traduit dansles prises de position de la HALDE. Avant, avec la loide 1975, l'intégration scolaire (1982), Handiscol(1999), on n'était pas dans ce registre, même si lalutte contre les discriminations était évoquée. C'estune revendication en terme de droit, le droit àl'école ordinaire.

Ce droit implique ce qu'on appellel'inclusion scolaire...

L'inclusion définit une école pour tous, sans restric-tion, une éducation inclusive. Cette vision très glo-bale ne vient pas de la recherche mais d'organisationsinternationales, de l'UNESCO ou l'OCDE, qui ont leurpropre approche idéologique et politique. Une cer-taine vigilance est de mise car on découvre desmicro-exclusions à l'intérieur de systèmes qui sedisent inclusifs. Et le mot même est ambigu. Il ren-voie à l'idée d'enfermement (être inséré dans unmilieu clos) et ne traite que des aspects superficiels- tout le monde au même endroit –, sans qu'on sachecomment on y est, ou qu'on puisse analyser ce qui esten amont. Le risque de la ségrégation, dans un lieuaffiché comme inclusif, est réel pour des enfantshandicapés et les enseignants peuvent être dansl'illusion de l'inclusion. Mais cette notion, prudem-ment utilisée, présente des avantages car l'éducationinclusive implique que tous les enfants appartiennentà la communauté scolaire, même si certains ontbesoin de mesures particulières.

La loi de 2005 a-t-elle apporté une vraierupture en France ? Que dire des autrespays européens ?

Les avis sont partagés. Il y a bien l'inscription dansl'école la plus proche, mais on ne dit rien de ce quise fait à l'intérieur de l'école ! Il y a aussi les ins-criptions dites « inactives ». Au fond il s'agit desavoir si on va rester à un stade purement formel ousi vraiment on s'engage concrètement vers des col-laborations entre des institutions qui ont des ins-tances et des personnels différents. En Europe, lessituations sont très hétérogènes. Certains pays ontconservé des structures séparées (Belgique, Hol-lande ou des Länder allemands). Ceux qui sont lesplus en pointe (Italie et Suède) mettent les colla-borations au centre et développent une culturepartagée. Ils restent très vigilants face aux risquespermanents de phénomènes de ségrégation « sub-tils » dans les institutions scolaires. Pour eux, lessituations sont toujours à construire, jamais donnéesdéfinitivement.

Quelles sont les priorités en France ?

C'est l'élaboration d'une culture partagée, afin queles deux cultures de professionnels aux formationsséparées et aux références différentes puissent serejoindre, au moins partiellement, autour de l'école.Le récent décret sur la coopération donne despistes, mais le chemin va être long ! Les instancesacadémiques ne vont pas forcément voir cette col-laboration d'un bon œil, ni les pouvoirs locaux aiderles choses. Pourtant, c'est la seule piste possible sion veut en finir avec une séparation des institutionsqui entraine une séparation des enfants. Dépasserla simple juxtaposition nécessite une coordination,un chef d'orchestre. Peut-être l'enseignant réfé-rent ? Mais avec des conditions de travail accep-tables. Et il y a beaucoup d'autres obstacles : situa-tion des AVS, définition des modalités defonctionnement des Sessad en complémentaritéavec les actions scolaires... Ce grand chantier descollaborations institutionnelles et professionnellesdoit se détacher d'une histoire construite sur laséparation, voire sur l'opposition, mais il se heurteaujourd'hui surtout aux obstacles de son organisa-tion.

Eric PlaisanceProfesseur des universités

Paris 5

questions à …

- Inclusion, éducationinclusive, revue NRASH,numéro spécial à paraître

- Former et accueillir desélèves en situation dehandicap, revueRecherche et formation,INRP, n°61

- Autrement capables,éditions Autrement

Bibliographie

... Au-dessusdes nuages

Ce DVD documentaire de 6 films évoque ladifférence et fait découvrir aux enfants le mondedu handicap. Le jeune public découvre des enfantshandicapés dans leur quotidien à l'école, dans leursactivités sportives, culturelles, avec leur famille...Un livret pédagogique, destiné à un public adulte,accompagne le DVD et se présente comme unsupport de travail et d'aide à la compréhension dessix épisodes. Le DVD est distribué gratuitement parle programme France de Handicap International etpar Une souris verte. Il est disponible dans lessections départementales du SNUipp

Le livret peutêtretéléchargé surle site :

www.enfantdifferent.org/audessusdesnuages

Nouvelle revuede l’adaptation et de lascolarisation de l’INS HEA

Une revue trimestrielle sur la scolarisation desélèves à besoins éducatifs particuliersLa nouvelle revue de l’adaptation et de lascolarisation a pour vocation de promouvoirl’information, la recherche et l’innovationdans le domaine des adaptations scolaires etde la scolarisation des élèves en situation dehandicap ou de difficulté. Elle constitue unorgane de médiation pour favoriser lacommunication et la compréhension entre lesacteurs et professionnels de terrain, lesresponsables institutionnels et les chercheurs.

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Parler d’homophobie à l'école primaire ?Vous n’y pensez pas !Malgré les pressions actuelles sur « les

fondamentaux du socle commun » et « les bonnesvieilles méthodes », le SNUipp estime que l’école

doit aujourd’hui mieux traiter la question desdiscriminations : les comportements citoyens de demainet l’évolution vers l’égalité effective des droits pourtous en dépendent, même si le système éducatif ne peutpas tout. Ce qu’il pourrait faire, en tout cas, c’estassurer dans ses murs, le mieux-être de milliers dejeunes et d'adultes qui, aujourd’hui, àl’école comme ailleurs, ne sont pas à l’abrides stéréotypes et des discriminations.Il y a urgence car l'homophobie tue : letaux de suicides chez les jeuneshomosexuel-le-s est sept fois plus élevé quechez les jeunes hétérosexuel-le-s. Dansnotre pays, pas une semaine ne se passesans que se révèlent de nouvellesagressions homophobes, allant parfoisjusqu'au meurtre. Les mobiles desagresseurs laissent apparaître un sentimentd'impunité, de droit à la violence, fondé sur l'idée quel'hétérosexualité est la norme et est supérieure. Lestextes existent et permettent aux enseignants detravailler ces questions. La volonté de les faireappliquer n’est, sauf exception locale, jamais visible.En tout état de cause, cela ne pourra pas reposerlongtemps sur la bonne volonté de quelques collègues :les programmes, les manuels, les modules de formationdevront les intégrer, dès l'école maternelle. En effetl'homophobie trouve ses origines bien avantl’adolescence et certains jeunes l’intériorisent en

construisant leur personnalité.L'absence sociale du discours sur l'homosexualité et soninvisibilité dans la société se sont modifiées cesdernières années au gré des évolutions sociétales,comme le PACS, les médiatisations diverses... et enparticulier l'avancée de la question de l'égalité desdroits pour tous. Paradoxalement, l'école est restée endehors de ces avancées ; or, on sait que le silence, lenon-dit participent à la stigmatisation et au mal-être

des personnes.Il n'est bien sûr pas question ici dedemander que soient effectuées à l'écoleprimaire des séquences systématiquessur l'homosexualité. Il s'agit seulement,quand il en est besoin, de répondre à uncertain nombre de « faits sociaux »touchant les élèves et d'effectuer untravail d'éducation et de préventionauprès d’eux, que ce soit à partir dutraitement de l'injure en cour derécréation, la prise en compte de la

réalité des familles des élèves, voire des questionsd'actualité ou familiales faisant irruption en classe.L’école primaire a un rôle déterminant à jouer pouréduquer et prévenir, en utilisant différentes entréesdans les apprentissages, le questionnement desstéréotypes (filles/garçons, parentalité, homosexualité),l’éducation à la sexualité, la lutte contre lesdiscriminations et pour l’égalité, autant de domaines quinécessitent une formation exigeante des personnels.

homophobie

Didier Genty est professeur desécoles, enseignant inter-degrés enRAR, au collège Bellefontaine à Tou-louse (Haute-Garonne)

Didier est membre d'un groupe académique de for-mateurs en éducation à la sexualité. Ce groupe intervient sur desformations de 2 fois 3 jours ouvertes aux personnels du 2nd degré(enseignant, CPE, infirmière…) mais aussi en animation pédagogique(2 x 3h) ou en stage de formation continue pour le 1er degré. Unepartie des formations aborde la question de l'homosexualité.« Pourquoi parler d'homosexualité et d'homophobie ? Commentaborder la question : sentiments, désir, amour, genre, discrimi-nations ? Il faut saisir les opportunités. On va en parler parce qu'onparle de sexualité, parce qu’on a une situation particulière dansl'école, parce qu'on va rencontrer le sujet dans une lecture, parcequ'on travaille sur filles/garçons ou parcequ'on a vu un film comme Billy Elliot. Ça faitpartie du réel et, où que l'on soit, la questionde l'homosexualité est autour de la vie desenfants, dans leur famille, le village, latélé... »Pour Didier, la question de la démarche péda-gogique est très importante. Il faut êtrecapable d'aborder ces questions avec desélèves qui parfois ne vont pas être d'accord, sans porter de juge-ment sur les valeurs issues de leur milieu familial. Le but est de lesamener à se « requestionner » sans forcément leur apporter deréponse. Pour cela, faire émerger les représentations et les sté-réotypes sont des activités incontournables. Didier confirme queles enseignants sont en grande difficulté avec la parole des enfantset avec la leur sur ces questions (et même parfois en formation).Mais « c'est parce que c'est difficile que ces formations sontnécessaires ! ». Les enseignants du 2nd degré déplorent que ce tra-vail avec les élèves soit effectué trop tard. Comment convaincrele ministère qu'il doit absolument débuter dès l'école primaire ?

Sur ces questions lavigilance doit êtrepermanente, nonseulement dansl'espace de la classemais particulière-ment lors desrécréations et desactivités sportives.

L’éducation à la sexualitéune opportunité

“c'est parce quec'est difficile queces formationssontnécessaires !“

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Comment se passe l’accueil à l'écoledes enfants vivant dans une famillehomoparentale ?

On a l’impression d’une relative souplesse de lapart des enseignants : quand ils sont informéset que les parents ont pris la peine de leur par-ler, un certain nombre de questions tombent etfinalement ça se passe très bien.L’homoparentalité demande un effort deréflexion sur l’organisation des familles, sur lamanière dont on nomme et dont on pense laplace de chacun. On considère en général qu’unenfant a un papa et une maman et que ça va desoi, alors qu’en réalité ça ne va pas de soi. Cequi peut faire souffrir les enfants, c’estl’ignorance.

Cela arrive-t-il ?

De temps en temps nous avons des échos de cris-pations. Est-ce que ce sont les parents qui n’ontpas fait d'effort particulier ? L'enseignant qui aeu des difficultés d'appréhension d'une situationsensible ? Les enfants semblent plutôt souffrirde l’homophobie de leurs camarades de classe,des moqueries dans la cour qui vont viser leursparents : « ton père c’est un pédé, ta mère c’estune gouine ». Nous sommes absolumentconvaincus que la banalisation del’homoparentalité et de l’homosexualité condui-rait à supprimer ce genre de comportement.

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C’est dans lesprogrammes !Evidemment, les programmesd'instruction civique sont l'occasiond'aborder la question desdiscriminations. Mais pas seulement.Les 3 séances annuelles d'éducation à lasexualité prévues dans les programmespour l’ensemble de la scolarité ne sontpas assurées à l'école primaire dans laquasi-totalité des écoles. Pourtant dansle cadre de ces séances il est possibled'aborder la « lutte contre les préjugéssexistes ou homophobes » et derépondre aux questions que se posentles élèves en insistant sur les relationsaffectives entre les personnes.

- Education à la sexualité : BO n°9 du27 février 2003- Circulaire de rentrée : BO n°21 du21 mai 2009

Que tous les enfantsaient un papa et unemaman, cela ne va pasde soi !

Marie-Claude PicardatPorte parole de l’association des parents

gays et lesbiens (APGL)

Quelles sont les pistes que vous pri-vilégiez ?Nous aimerions que la dimension del’homoparentalité soit visible dans l’institution,alors qu'elle est occultée. Quand on inscrit unenfant à l’école, on l’inscrit en tant que père oumère et nous passons beaucoup de temps àraturer les formulaires d’inscription pour rayerpère, ou ajouter mère ou une troisième per-sonne. A l’APGL, il y a beaucoup de regrets dela part des parents qui n’ont pas de reconnais-sance légale et ne peuvent pas participer etêtre inscrits parmi les parents d’élèves. Nousattendons le projet de loi sur le statut du tiers.

Familles homoparentales :30 000 enfants selon l'INED,près de 300 000 selon l'APGL

17 maiJournée mondialecontre l'homophobiePartout en France des initiatives sontorganisées pour lutter contrel'homophobie, la lesbophobie, la biphobieet la transphobie. La première journée aeu lieu le 17 mai 2005.

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Gens du voyage

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«

Certaines catégories d’enfants connaissent dessituations de grande fragilité... c’est aussi lecas des enfants des gens du voyage ou des

enfants des familles Roms qui vivent dans desconditions très précaires avec une scolarisationincertaine », c’est le constat fait par laDéfenseure des droits des enfants dans sonrapport aux Nations Unies de décembre 2008.Discriminations, exclusion sociale, ces populationsont des conditions de vie qui ne favorisent pas unescolarisation réussie. La difficulté principale deces familles est la résidence. Stationnement dansdes conditions précaires pour les uns, expulsionsrépétées pour les autres ne favorisent pas unescolarisation stable. La volonté des municipalitésde scolariser ces enfants au même titre que lesautres est loin d’être évidente partout. La HALDEa d’ailleurs plusieurs fois jugé discriminatoire lerefus de scolariser des enfants roms. Pour cetteseule population, l’association Romeurope arecensé 66,7% d’enfants scolarisés en maternelle,81,8% en primaire et 78,8% au collège. Des chiffresqui ne disent pas, par ailleurs, l’itinérance,l’absentéisme, le changementd’école d’une journée à l’autre. Deschiffres qui ne disent pas non plus lavolonté des familles de voir leurenfant aller à l’école, apprendre àlire. Un appel national a d’ailleursété lancé pour la scolarisation desmilliers d’enfants roms de 6 à 16 anspar le Collectif pour le droit desenfants Roms à l’éducation quiréunit 13 organisations dont leSNUipp-FSU à l’occasion des 20 ansde la Convention internationale desdroits de l’enfant.

Ces situations difficiles, lesenseignants les vivent dans lesclasses sans toujours pouvoir y faireface avec l’attention qu’ils

souhaiteraient. Comment aider à faire progresserun enfant qui ne restera dans la classe qu’unesemaine ? Comment intéresser un enfant dont lafamille est par ailleurs menacée d’expulsion ?Comment prendre en compte une culture familialesi éloignée de celle de l’école ? Comment assurerun suivi entre les écoles fréquentées ?Des problématiques auxquelles la circulaire parueau BO en 2002 (lire ci-contre) proposait desréponses comme la mise en place d’outils de suivipédagogique, la création de postes spécifiques,itinérants ou non, et celle des CASNAV, centres deressources destinées aux enseignants. Depuis cettedate, rien n’est venu étoffer ce dispositif pourtantfragile. Les restrictions budgétaires ont même misà mal des structures qui ont tenté d’inventer despratiques et des suivis d’élèves. Une situation quidit combien les phénomènes de discrimination, audelà des stéréotypes, peuvent malgré la bonnevolonté des acteurs perdurer. « Tous les enfantsont droit... », mais un peu moins quand ons’appelle Django.

Des intermittents de l’écoleCirculaire

La circulaire n° 2002-101 du 25 avril 2002,précise les conditions d’accueil des enfants duvoyage. Elle rappelle notamment leur droit àla scolarisation dans les mêmes conditions queles autres enfants, quelles que soient la duréeet les modalités du stationnement. Elle listeune série de recommandations pourl’organisation et le suivi de cette scolarité,ainsi que les modalités du pilotagedépartemental des actions en direction de cesenfants.

Dossier CNDPLe CNDP a mis en ligne un dossier consacré à lascolarisation des enfants du voyage et desfamilles non sédentaires. Il regroupe denombreux documents, outils, méthodes,témoignages issus des CASNAV.

http://www.cndp.fr/lesScripts/bandeau/bandeau.asp?bas=http://www.sceren.fr/vei/enfvoyage/accuei

l.htm

Gens du voyage 70Le coordonnateur académique pour le CASNAVde Besançon, les enseignants de l’ASET, lesmembres de "Gadjé" ont créé un site consacréà la question des gens du voyage. On y trouvedes informations sur les gens du voyage,tsiganes, forains, circassiens, bateliers ettravailleurs saisonniers mais aussi des outilspédagogiques.

http://www.gensduvoyage70.fr

Gadgi !L. Land – Sarbacane(Exprim’)Jeune Rom, Katarina estheureuse en Roumanieavec les siens. Maisquand l’occasion seprésente d’aller étudieren France, lucide etvolontaire, elle saisit sachance et part, au risquede passer pour une« Gadgi ».

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Six mois par an, d'octobre à mai, l'écoled'Orthevielle accueille des enfants du voyage. « Cesont des enfants de forains qui tournent sur lesfêtes de la région de mai à octobre et qui, le restedu temps, s'installent dans les villages » expliqueAnnie Girard, la directrice de l'école en charge de laclasse de CE1. Ces enfants représentent 10 % del'effectif de l'école sur cette période, avec le plussouvent un retard scolaire d'un an arrivés au CE2, auvu de leurs difficultés scolaires. Forte de ce constat,Annie Girard propose depuis 3 ans à ces élèves uneentrée dans la lecture un peu différente de celle desautres : la lecture nomade. A partir d'une méthodede lecture proposée par l'inspection académique deVendée (lire ci-contre), l'enseignante leur confie desbaladeurs numériques sur lesquels les enfantss’enregistrent et partagent le lendemain avec leurscamarades le fruit de leur travail. « Comme laméthode promeut la culture des gens du voyage, lesenfants racontent leur vie au travers d'un exercicequi les emmène vers l'écrit » raconte l'enseignante.Cet outil « high tech » valorise les enfants et susciteleur intérêt. De plus il participe à casser l'étiquette,parfois négative, qui colle encore trop souvent à cesenfants qui ne vivent pas comme les autres.Le lien avec les famillesPour renforcer le lien entre les familles foraines etl'école, Annie Girard a même enregistré, avec letableau numérique, des séances entières que lesenfants peuvent revoir et montrer à leurs parentsavec ce baladeur vidéo. « Ces enregistrementsfonctionnent comme une trace écrite et visuelle dece que les enfants apprennent en classe » précisel'enseignante. Et elle se félicite de l'investissementdes parents qui, pour beaucoup, souvent non-

lecteurs prennent à cœur que leurs enfants sachentlire. D'un point de vue matériel, les familles à quil'on confie un baladeur signent une convention avecl'école qui le prête et, de fait, l'échange fonctionnebien.Pas de miracle pédagogique mais...Si des difficultés demeurent, notamment en termede passage à l'écrit, le niveau en lecture aprogressé. Les enfants qui en ont encore besoincontinuent la méthode de lecture en CE2. « De faitj'utilise aussi l'enregistrement pour les élèves endifficulté de la classe qui y trouvent une formedifférente d'entrée dans la lecture et pour qui c'estaussi bénéfique » ajoute Annie. Elle propose mêmecette année à tous les enfants de la classe, d'utilisercet outil pour la rubrique « qu'as-tu lu ?» du blog del'école qui fonctionne comme une bibliothèque declasse.Quelle continuité ?Cette expérience, récompensée par le forum desenseignants innovants, reste malheureusement peuconnue et il est difficile pour cette école commepour les autres de faire les liens quand les enfantsquittent l'école. A partir du mois de mai, les enfantschangent d'enseignants parfois toutes les semaines.Si un livret de suivi les accompagne à leur sortie, ilest difficile pour chaque école qui les accueille detravailler pour si peu de temps en fonction de laconnaissance de leurs acquis.Une difficulté qui ne perturbe pas les deux dernièresarrivées de cette rentrée d'octobre en CP.L'aventure de la lecture commence pour elles etleurs parents.

*http://ecole.orthevielle.free.fr/Lecture_Nomade.html

Lecture nomadeL'école d'Orthevielle utilise les nouvelles technologies* pouraider les enfants du voyage à entrer dans la lecture.

ANGELO, LAURA,DALILA, JONAS...et les autres.Méthode de lecture pour les enfantsdu voyage

Grâce à l'aide des fonds sociauxeuropéens, une suite d'outils a été miseen ligne* par l'inspection académiquede Vendée. Elle propose une évaluationdestinée aux enfants de plus de 7 ans,et une méthode d'apprentissage de lalecture à vocation interculturelle ainsiqu'un carnet de suivi personnel. Le butde ces outils est de favoriserl'apprentissage initial en lecture, sidifficile à mettre en œuvre avec lesenfants du voyage quand l'itinérances'ajoute aux obstacles culturels del'apprentissage. Ces documents sontcensés accompagner l'enfant dans sonitinérance afin de lui proposer le mêmeoutil d'apprentissage de la lecturequelles que soient les écoles qu'ilfréquentera.

*http://www.ia85.ac-nantes.fr/62290718/0/fiche___pagelibre/&RH=09_EPvoyag

ALORS, PARTIR ?J. Billet – SeuilA l’issue de l’expulsion violente d’un camp deGitans, Yaya l’aïeule révèle aux siens les annéessombres où ils étaient traqués par les nazis etJaime jeune lycéen Rom choisit de devenir leurmémoire.

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Gens du voyage

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Après la recrudescence d’actesracistes et antisémites dans lesétablissements scolaires (plus de2000 cas recensés dans lesecondaire en 2004), le Conseilnational de la vie lycéenne(CNVL) avait décidé de lanceren janvier 2005 le concours descénarios 10 clips pour un autreregard, pour pousser l’ensembledes lycéens à réagir et à faireréagir. 2 000 lycéens de toutesles académies ont fait acte decandidature et 600 scénarios ontété présentés.Un jury national composé delycéens, de professionnels del’audiovisuel et de l’éducation aensuite sélectionné dixscénarios. Les heureux élus ontété mis en relation avec dejeunes réalisateurs profession-nels, puis associés à chaqueétape de l’élaboration :adaptation du scénario, choixdes acteurs, tournage, montage.

Parler du racisme« Mes élèves ont tous vécu l'exclusion, ne serait-ce qu'à l'école du fait de leurhandicap. Pour autant il est nécessaire avec eux de travailler sur les stéréo-types liés aux cultures, aux origines afin de déconstruire des pensées toutesfaites »

L'institut médico-pédagogique du château d'Etennemarepourrait paraître caché, protégé, coupé du monde au boutd'un chemin de la campagne normande...

Si le cadre est en effet enchanteur, il suffit d'entrer dans unesalle de classe pour comprendre qu'ici comme ailleurs onapprend et que la question du vivre ensemble se pose avec uneacuité particulière. 75 enfants de 6 à 16 ans s’y croisent, dont61 internes venus de tout le département de Seine-Maritime.

Philippe Gosse enseigne dans la classe des plus grands, celledes 14-16 ans. Et dans sa classe, il a décidé d'aborder lesquestions de racisme. « Parmi nos élèves nous avons desgamins de quartier du Havre ou de Rouen et la question de lastigmatisation par la couleur de la peau prend un reliefparticulier, pour des enfants qui peuvent s’entendre traiter de« gogol » sur leur passage ». La difficulté pour aborder cesquestions ce sont les supports, les outils. Philippe, qui utilisebeaucoup le support vidéo pour travailler en classe, s'est servidu DVD 10 clips pour un autre regard (lire ci-contre). Ces dixscénarii courts, écrits par des lycéens, mettent en scène dessituations où le racisme n'apparaît pas toujours là où onl'attend. En chaîne montre ainsi un jeune maghrébin qui sefait injurier, mais qui, lui-même, va tenir des propos déplacéssur une fille qui, elle-même, va fustiger une femme voilée...

« Devant ce type deséquence, aupremier visionnage,les premièresréactions se limitentà c'est pas juste »racontel'enseignant. Mais,au fil desdiscussions leslangues se libèrent,

le propos s'élabore, les débats se construisent. « Je les laisses'exprimer puis j'apporte d'autres sources de réflexions sur dessupports écrits cette fois ». Philippe a ainsi utilisé la série Jelis des Histoires vraies pour travailler en histoire sur despersonnages tels que Nelson Mandela, Martin Luther King ouRosa Parks. « Mes élèves ont tous vécu l'exclusion, ne serait-cequ'à l'école, du fait de leur handicap. Pour autant il estnécessaire avec eux de travailler sur les stéréotypes liés auxcultures, aux origines afin de déconstruire des pensées toutesfaites », insiste Philippe qui parle de ses élèves commed’adolescents à part entière.

Cette volonté de faire d'eux des ados bien dans leur peau seretrouve dans le discours du directeur de l'institut.« L'autonomie ne s'acquiert pas par miracle à 18 ans. Notretravail est de les aider à la construire ». Dans cet esprit,l'institut favorise, par exemple, les activités dans lesquelles lesfilles et les garçons sont mélangés, afin de développer entreeux des relations harmonieuses. Les élèves sont aussi, le plussouvent possible, inscrits dans les clubs sportifs de Limésy oudes villes alentour pour seconfronter à d'autres élèves.Dans l'espace de la classe, entous cas, l'atmosphèresereine et confiante danslaquelle évoluent les jeunes,semble signer une sécuritécertaine.Quels que soient la naturede son handicap, sonorigine, son genre ou lacouleur de la peau, lasociété classe accueillechacune et chacun… àégalité.

racisme

Philippe Gosse,enseignant à l’IMPd'Etennemare

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nous pensons que les valeursconstitutives de la démocratie etde la citoyenneté se construisentdès le plus jeune âge

Le CIDEM, c'est quoi ?Civisme et démocratie est un collectifd’associations qui s'est donné pour but demener des actions en faveur del'éducation à la citoyenneté, dans toutesses dimensions, de faire progresser ladémocratie et l'engagement civique. Nousavons pour ambition de contribuer à ceque davantage de citoyens, les jeunes enparticulier, soient capables d'agir pourune société responsable. Il s’agit doncpour nous, de proposer à chacune et àchacun des outils pour s’informer,susciter des questionnements, développerl’esprit critique et permettre ainsi,l’émergence d’une citoyenneté active.

De l'importance de travailler cesquestions à l’école…Si nous nous adressons à tous les publics,nous pensons que les valeursconstitutives de la démocratie et de lacitoyenneté se construisent dès le plusjeune âge. C'est pourquoi, l’éducation au« vivre ensemble », la compréhension,pour mieux les combattre, desphénomènes de discrimination, sont unaspect important de notre action. Ils’agit pour nous, concrètement, deproposer tout un corpus de situationsproblématiques que les enfants sontamenés à affronter et vivront tout aulong de leur vie.

Comment ?Nous concevons des outils pédagogiquesqui peuvent prendre la forme d’affiches,de dépliants et de livrets qui donnent lesinformations essentielles sur tous cessujets.Le CIDEM développe aussi une collectiond’ouvrages intitulés « Repères pouréduquer ». Ils sont élaborés enpartenariat avec des organismes ou desacteurs spécialistes de chacune desquestions traitées.Nous proposons également les« itinéraires de citoyenneté », un portailde ressources qui articule différentesjournées officielles et dispositifséducatifs pour sensibiliser les élèves auxproblèmes du racisme, del’antisémitisme, des discriminations et del’exclusion.Autour de thèmes comme la mémoire, lesdroits humains, l’Europe ou encorel’éducation au développement durable,ces ressources permettent deprogrammer des actions éducatives toutau long de l’année. Elles sont diffuséespar le biais de notre site Internet* etconnaissent un réel succès auprès desenseignants.

"http://www.cidem.org/

Cédric Bloquetdirecteur du CIDEM

Civisme et démocratie

«Le CIDEM pour éduquerau vivre ensemble »

Chaque année, autour du 21 mars,sont organisées les Semainesd'Education Contre le Racisme. 24organisations, associations,syndicats d'enseignants (dont leSNUipp), mouvementsd'éducation populaire, proposentaux personnels d'éducation unmatériel pédagogique à destination des enfantset des jeunes. Affiches, journaux, guides etplaquettes d'information permettent denombreuses activités de sensibilisation et deréflexion. On peut se procurer ce matérielauprès des organisations membres du collectif etdonc du SNUipp.Voir aussi: www.semainescontreleracisme.org

«»

3 questions à...

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La cour couleurs

45 poètes de tous les continents pourdire l'amitié et le respect desdifférences.Rue du monde

Le grand livre contre le racismeDes textes d’écrivains, de chercheurs,d’historiens, de poètes et des témoignagespour comprendre et savoir comment leracisme peut fonctionner, et ainsi lecombattre.Rue du monde

Je ne pense qu’à çaExcellent roman sur le quête del’identité sexuelle à lapréadolescence. Fin et subtil.Rue du monde

Pour les enfants

MaternelleJean a deuxmamans, OphélieTixier, L'école desloisirs

Dis... mamans,Muriel

Douru, Ed. gaies etlesbiennes

L'heure desparents, ChristianBruel - NicoleClaveloux, Editions Etre

Cycles 2 et 3Un mariage vraiment gai,Muriel Douru, Ed. gaies etlesbiennes

Marius, Latifa Alaoui M –Stéphane PoulinEd. du poissonsoluble

Je me marierai avecAnna, Thierry Lenain– Aurélie Guillerey,Nathan

Papa porte unerobe, Piotr Brasony,Bumcello Maya

Cycle 3Je ne suis pas unefille à papa,Christophe Honoré,Ed. Thierry Magnier

Tout contre LéoChristophe Honoré,l’école des loisirs

On m'a oubliéGuillaume Le Touze , L'écoledes loisirs

Les lettres de mon petit frèreChris Donner, L'école desloisirs

Pour les adultes

Conversations surl’homo(phobie), l’éducationcomme rempart contrel’exclusion, Philippe Clauzard,l'Harmattan

Homosexualités et Suicide,Eric Verdier et Jean-MarieFridion, H & O

Réflexions sur la questiongay, Didier Eribon, Fayard

un site, des liens

www.homoedu.com

Revues

Filles et garçons dansla littérature dejeunesse,Textes et Documentspour la Classe, n° 823,nov. 2001.Femmes – hommes,quelle égalité ?Textes et Documentspour la Classe, n° 848,janv. 2002.Filles et femmes àl’école (II),Cahiers pédagogiquesn° 372, mars 1999.

Construction etaffirmation del'identité chez lesfilles et les garçons,les femmes et leshommes de notresociété,L'orientation scolaireet professionnelle.N° spécial déc. 2002Les filles et lesgarçons sont-ilséduqués ensemble ?Ville école intégrationCNDP-CRDP, n° 138,sept. 2004.Tous les garçonset les fillesFenêtres sur courshors-série. oct. 2002

homophobie sexisme

Albums

Un petit frère pas comme lesautresMarie-Hélène Delval, SusanVarley. Bayard Poche

Une petite soeur particulièreClaude Helft, MadeleineBrunelet. Actes Sud Junior

Alex est handicapéDominique de Saint Mars, SergeBloch. Calligram

Paul-la-Toupie, histoire d’unenfant différent.Geneviève Laurencin, MichelBoucher. Editions du RocherPour les 4 /8 ans

Cœur d’AliceDes émotionssimples autour duhandicap, soutenues

par des images pleines devitalité. Rue du monde

Sous le grandbanianDeux sœurs dansun village d'Inde,l'une est aveugle.Imaginaire etfraternitéfondent cemagnifique album. Rue dumonde

Le livre noirdes couleursBel albumentièrement

noir, avec des images en reliefà découvrir du bout des doigtspour entrer dans l’univers desmalvoyants. Rue du monde

handicap

biblio

Bien entendu, cette liste n’est pasexhaustive. Elle se veut juste une aidepour aborder et développer desactivités pédagogiques dans les classes.

Mehdi met du rouge à lèvres,Medhi, est un petit garçon qui s’habille enfille et va à l’école avec du rouge à lèvres« pour que ses bises restent pluslongtemps »… Poème émouvant, éloge dela diversité, contre tous les préjugés, lesexclusions.Cheyne éditeur

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Pour les 8/10 ans :

- L’enfant du zooUne histoire d'amitié entre une petitefille et un enfant kanak présenté aupublic de l'Exposition coloniale de1931. Pour réfléchir à l'intolérance.Rue du Monde

- Chanter contre leracisme (A+CD)Dix-neuf chansons de Leforestier,Nougaro, Perret, Manu Chao, ou Zebda,aux illustrations puissantes, qui parlentde la douleur des exclus, de fraternitéet de la chaleur du métissage .

Collectif– Mango/Dada

- La cour couleursCe bel album à l’italienne propose une anthologie depoèmes du monde entier. 40 poètes venus de divershorizons, y parlent de l’amitié, de la fraternité, durejet de la haine et du racisme, du respect desdifférences… Rue du Monde

-Matin brun- 10 ans et plusCharlie et son copain vivent unepériode trouble, celle de la montéed'un régime basé sur l’exclusion. Cacommence par les chats qui ne sontpas de la bonne couleur. Ils fermentles yeux. Savent-ils jusqu’où cela vales mener ? Cheyne Mellinette

-Appel au calme (BD) Dès 12 ansRacket, tabassage raciste, un jeune martiniquais va enmourir. Dans son collège, la tension monte. Durant lanuit, la cité crie vengeance … C’est alors que lafamille de la victime lance « un appel au calme » …Tito – Casterman (Tendre Banlieue)

Pour les 4 /7 ans- J’ai vu quelque chose qui bougeaitInspiré d’un proverbe tibétain, un albumpour les jeunes lecteurs sur la rencontrede l’autre et le mystère de l’inconnu. Ruedu Monde

- Petit Bond et l’étrangerUn jour, un étranger arrive au village dePetit Bond et s’installe à l'orée du bois."Ilfaut se méfier des rats, ce sont desvoleurs", disent les amis de Petit-Bond.Mais celui-ci le défend… Pastel

Poulou et SébastienL’un habite une roulotte verte, l’autre unappartement bleu. Ils sont voisins maisleurs mamans leur interdisent de jouerensemble. Jusqu’au jour où les deuxenfants se perdent dans les bois et seréfugient dans une cabane… Bayard

La saison des bannisAvant, dans la forêt, les petits rongeurs vivaient enharmonie. Mais un jour, il plut si fort que ce futl’inondation... "Il y a forcément un coupable!" soufflala souris grise. Des coupables, on en désigna et, on lesexclut l’un après l’autre, jusqu’au jour où les boisfurent déserts.

Pour les 6/9 ans

- Le chat de TigaliSonia, sa famille et leur chat Amicheviennent d’arriver au village. Très vite ilssont en butte à l’hostilité de certainshabitants : « On n’aime pas les Arabes… ».La première victime sera Amiche… Quidonc a tué la pauvre bête et pourquoi ? SYROS

racisme - antisémitisme

bibliopour la classecycles 1 et 2- Elzbieta. petit-gris Pastel / l’école des loisirsUn jour Petit–gris et ses parents attrapèrent lapauvreté.- Le petit marchand des rues, Ruedu mondeLivre rare pour les petits, sans texte,qui raconte la survie d’un enfantdans une grande ville brésilienne.

cycles 2 et 3- Petite mère, Rue du mondeÀ 6 ans, Laetitia sait déjà tout faire.Un beau texte, plein de pudeur surla vie difficile d’une famille quiconnaît le chômage, dans le nord dela France.

- Poisson d’argent, Rue du mondeQuand on vit dans le métro, il faut sebattre pour manger et être respecté.Un roman poignant sur l'univers desenfants de la rue.

- Daniel qui n’avait pas de maison, MARA-BOTTO Paolo. Circonflexe (album)Daniel est SDF et son histoire trouve un heureuxdénouement.

- Les petits bonhommes sur le carreau, SIMONIsabelle, DOUZOU Olivier, Ed du RouergueUn petit bonhomme dessiné sur le carreau dubout du doigt dans la buée et de l’autre côté desgens dans la rue sur le carreau (cycle 1 et 2)......................................................

en direction des enseignantsCRDP de Bretagne 2004- cédérom Familles, école, grande pauvreté :dénouer les nœuds d’incompréhensionSupport de réflexion sur les pratiques et lesréponses a co-construire pour la réussite scolairede tous- vidéocassette 28’ C’est même pas le mêmeregard5 témoignages sur les relations entre l’école etles familles en grande pauvreté (pour lancer lareflexion )

grande pauvreté- La musique des gitans : Le petit cheval d’étoiles(livre+ CD) B. Fontanel, ill. C. Gastaut, voix J.Diab, musique Titi Robin – Gallimard (Premièresdécouvertes) Dès 4 ansLe petit Angelo découvre avec songrand-père dans le ciel nocturne laconstellation du petit cheval d’étoilesqui écrit là-haut le mot « Liberté ».le récit est accompagné de chants etmusiques tsiganes.

- Mille ans de contes tsiganes – Bertrand Solet –MILAN 2009 Dès 5 ansLes violons pleurent, les jeunes fillesse transforment en oiseaux… Descontes de voyage et d'aventure, demusique et de revenants qui disentl’épopée au long des routes des filset des filles du vent.

- Le tapis d’Esma (livre + CD) N. Barthélémy, O.André – Actes-Sud (Un livre, une voix)Dès 7 ansConte accompagné de musique tsigane. Depuis sonenfance, la vieille Esma tisse un tapis symbole deliberté avec les cordes cassées des instruments desmusiciens gitans.

- Fou du ventM. Laffon – Bayard (Je bouquine)Dès 10 ansUn soir d'hiver, Julien part à larecherche dans les marais de sonétalon qui s’est échappé. Il rencontredes tsiganes et découvre alors lelourd secret de son grand-pèredurant la guerre 39/45.

- J’ai vu pleurer un vieux tsiganeG. Jimenes – Oskar

Dès 12 ans1960 : le narrateur, alors âgé de 12ans assiste à l'arrivée d'un groupe de" Gitans " que tout le village traitede « sales voleurs ». Mais sarencontre avec un vieux gitan enlarmes dont le poignet est tatouéd’un numéro, le fera, plus tard,changer de point de vue.

gens du voyage sans papiersPour les 4 /8 ans

- Même les mangues ont despapiers, Rue du mondeLa traversée de la mer de deuxenfants sans papiers qui rêvent departir de l'autre côté du monde.

- L’oiseau de Mona, Rue du mondeMona vit en France maisl'oiseau noir qu’elle a sur latête peut la renvoyer à toutinstant dans son paysd'autrefois. Il disparaîtra lejour où elle aura enfin despapiers…

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Dans quelle mesure la loi du 27 mai 2008 constitue-t-elleun progrès ?

Il s'agit d'une mise en conformité de la législationfrançaise avec le droit européen et plus particulièrementavec les directives que la commission considérait commeimparfaitement transposées dans l'ordre interne. Sur lefond, la loi du 27 mai 2008 constitue incontestablementun progrès dans la lutte contre les discriminations, dontelle complète la définition et facilite les modalités depoursuites.

Comment sont définies les discriminations directe etindirecte ?

La discrimination directe est constituée par la situationdans laquelle une personne est traitée moinsfavorablement qu'une autre ne l'est, ne l'a été ou nel'aura été dans une situation comparable, sur lefondement de son appartenance, vraie ou supposée, àune ethnie ou une race, de sa religion, ses convictions,son âge, son handicap, son orientation sexuelle ou sonsexe. La discrimination indirecte est constituée par unedisposition, un critère ou une pratique qui, bien queneutre en apparence, est susceptible d'entraîner undésavantage particulier par rapport à une autre, pourl'un des motifs sus évoqués. La loi assimile en outreexplicitement à une discrimination le harcèlement, dontla répression n'exige donc plus d'actes répétés, et le faitd'enjoindre à pratiquer une discrimination.

Quelles sont les modalités de poursuites ?La loi instaure un régime général de protection contreles mesures de rétorsion, aux termes duquel aucunepersonne ayant témoigné de bonne foi d'un agissementdiscriminatoire ou l'ayant relaté ne peut être traitéedéfavorablement de ce fait. Elle généralise le régimespécifique d'administration de la preuve jusqu'à présentapplicable au seul droit du travail : ce n'est pas à lavictime d'apporter la preuve de la discrimination mais àl'auteur des faits de démontrer que son comportementn'était pas guidé par un motif discriminatoire.

Didier SEBANavocat à la cour

Les textes européens permettent de prendredes mesures nécessaires pour lutter contre lesdiscriminations fondées sur le sexe, la race, oul'origine ethnique, la religion ou lesconvictions, un handicap, l'âge ou l'orientationsexuelle.La loi n°2008-496 du 27 mai 2008 portantdiverses dispositions d'adaptation au droitcommunautaire dans le domaine de la luttecontre les discriminations est emblématique.La passion française pour l'égalité que l'onretrouve dans l'article 1er de la Déclarationdes droits de l'homme et du citoyen ou dansl'article 1er de la Constitution du 4 octobre1958 « assure l'égalité devant la loi de tous lescitoyens sans distinction d'origine, de race oude religion » . Le traitement différencié d'ungroupe heurte parfois la sensibilitérépublicaine et peut être perçu comme unemenace pour l'égalité.Le traitement juridique de l'égalité s'intéresseau groupe alors que l'interdiction de ladiscrimination s'intéresse au sujet, à ce qu'ilest (handicap, santé, orientation sexuelle) àce qu'il pense (opinions politiques, syndicales)ou à ce qu'il croit (religion). « Discriminer,c'est traiter de façon inégale des situationssemblables ou traiter de façon égale dessituations dissemblables, sans justificationobjective ou raisonnable ».*

Cette articulation que joue le droit entre laprévention et la rétorsion trouve sonexpression majeure avec la création de laHALDE le 30 décembre 2004. Sa capacité àagir en justice, ses délibérations, sesrecommandations auprès des ministères, maisaussi ses actions de promotions en font unacteur majeur.

*observation n°18 du 9 novembre 1989 du Comité desdroits de l'homme des Nations Unies

Y a-t-il un risque de confusion entre discrimination etinégalité de traitement ?

La loi du 27 mai 2008 introduit ou, à tout le moins,renforce « le principe communautaire de nécessité et deproportionnalité dans l'ordre législatif interne ». Celasignifie, en d'autres termes, que les différences detraitement sont expressément admises par ce texte, tantsur le plan civil que pénal, y compris pour l'un des motifsdiscriminatoires précités, dès lors qu'elles répondent àune exigence professionnelle essentielle et déterminanteet pour autant que l'objectif ainsi poursuivi est légitimeet l'exigence proportionnée. Par suite, le renforcementde l'arsenal répressif des discriminations induit par la loine prohibe pas pour autant toute inégalité detraitement, dès lors qu'il répond au principe de nécessitéet de proportionnalité.

Quelles sont les limites de cette loi et les évolutionspossibles ?

Sur le fond, la loi du 27 mai 2008 me semble constituerune avancée significative dans la lutte contre lesdiscriminations, en élargissant le champ répressif tout enlui attachant une certaine souplesse. Certes, lesconcepts de nécessité et de proportionnalité ressortentd'une certaine subjectivité, de sorte que leurappréciation en jurisprudence conditionnera trèslargement l'analyse des limites et des évolutions utilesde ce texte. Pour l'heure, on peut toutefois déjàregretter que le législateur ait limité le dispositif deprotection contre les rétorsions à un article général,dont il est par conséquent permis de douter del'efficacité, notamment dans le cadre de la répressiondes injonctions à discriminer, nouvellement réprimées.

Pour prévenir le comportementdiscriminatoire ou le réparer, transformerl'injuste en juste, le droit a mis en placedes lois et réglementations en s'inscrivantdans la dynamique de la constructioneuropéenne, qui en terme de discrimina-tion a fait figure d'éclaireur.

droit « Une avancée significative dans lalutte contre les discriminations »

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Partout dans le monde, desprogrès sont réalisés en matièrede lutte contre les

discriminations et de promotion desdroits de l'Homme. La communautéinternationale s'est progressivementdotée d'instruments juridiques, deplus en plus contraignants et ildevient plus difficile de s'enaffranchir. Il en va par exemple de laConvention internationale des droitsdes enfants dont on célèbre ennovembre 2009 le 20èmeanniversaire.Pourtant, le chemin qui reste àparcourir est encore long... mêmeen France. En 2008, la Défenseuredes enfants déclarait devant leComité des droits des enfants del'ONU que, si les droits des enfantsétaient globalement respectés, dessituations préoccupantes dediscriminations perduraient. Il en estainsi, par exemple, du droit àl'éducation, mis à mal pour lesenfants de parents sans papiers. Il enest de même pour les deux millionsd'enfants vivant aujourd'hui dans lapauvreté. La situation des gens duvoyage comme des enfants decertains départements d'Outre-merest elle aussi préoccupante et sourcede discriminations.

C'est pourquoi le SNUipp, depuis sacréation, s'est engagé dans la lutte

contre les discriminations. Il agit auxcôtés de ceux qui en dénoncent leseffets, en démontent lesmécanismes, en combattent lesorigines, proposent et font vivre desalternatives.

Le SNUipp est partie prenante ousoutient des associations et collectifsqui agissent contre la grandepauvreté, pour le droit au logement,pour la scolarisation des enfantssans-papiers, pour que tous lesenfants aient accès à la culture ouaux loisirs. Il contribue dans sespublications à rendre visibles lesdifficultés de scolarisation desenfants du voyage. Il s'estparticulièrement impliqué pour lascolarisation des enfants en situationde handicap et soutient la loi de2005.Associé à 25 organisations du mondede l'éducation, le SNUipp diffuseréflexion, expériences etpropositions d'activités pédago-giques, à l'occasion de la semained'éducation contre le racisme.

Les questions de sexisme et deparité sont un enjeu de sociétémajeur et une préoccupationconstante de notre organisationsyndicale. Parité dans les instances,revendications sur les carrières et lesretraites, lutte contre le sexisme et

popularisation des recherches à cesujet. Le SNUipp est investi, avec laFSU, dans un collectif intersyndicalsur les droits des femmes. Il en estde même concernant la lutte contrel'homophobie dont les manifestationsdoivent être combattues dès l'écoleprimaire.

Porter les valeurs de liberté,d’égalité et de fraternité ne peut serésumer à une simple posturerhétorique ou institutionnelle. C'estpour nous, enseignants des écoles,un engagement de chaque jour, unecomposante de notre identitéprofessionnelle.

Et c'est bien du sentiment desécurité des enfants à l'école, deleur vie d'élève, de leurdéveloppement psychologique, deleur bien-être, qu'il s'agit. Ce bien-être des enfants -ensemble à l'école-qui est une condition majeure deleurs apprentissages.

« Ensemble à l'école »

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