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Entrepreneuriat et création d'entreprises. Facteurs déterminant l'esprit d’entreprise : cas de Béjaïa Matouk Belattaf FSEGC, LED, Université de Béjaïa [email protected] Nacéra Nasroun Doctorante FSEGC Université de Béjaïa [email protected] Une des définitions les plus courantes de l’entrepreneuriat consiste à l’associer à la création d’entreprise. La décision d'entreprendre est personnelle, souvent influencée par des facteurs environnementaux, ayant un rapport avec le vécu familial et profes- sionnel de l'entrepreneur, tels que les aides diverses dont ils bénéficient, qu'elles soient financières, matérielles ou psychologiques. Pour les besoins de notre recherche, nous avons mené une enquête en élaborant un questionnaire regroupant une série de ques- tions relatives à notre étude visant des créateurs d’entreprises (PME) privées au niveau de la wilaya de Béjaïa en Algérie. Les résultats de la recherche montrent que la création de PME dans la wilaya de Bejaia est surtout la résultante d’un ensemble de facteurs qui sont : la disponibilité des ressources financières (apport personnel et familial), les expériences antérieures et les formations suivies par les entrepreneurs et enfin, la disponibilité d’infrastructures de base développées. En dépit de certaines incitations de la part des pouvoirs publics, le rôle de ceux-ci est souvent perçu comme ne favorisant pas suffisamment la création d‘entreprise. Mots clés : Entrepreneuriat, entrepreneur, intention entrepreneuriale, création d’entreprise, motivations. Introduction L’entrepreneuriat est devenu aujourd’hui un enjeu majeur pour la quasi-totalité des pays. L’ensemble des avantages qu’il génère justifie énormément l’intérêt croissant qu’il suscite. Par ailleurs, en plus de sa contribution dans la création d’emploi, dans l’innovation et le renouvellement du tissu économique, l’entrepreneuriat peut présenter de l’intérêt pour les individus qui peuvent trouver dans des situations entrepreneuriales et plus particulière- ment dans la création d’entreprise des sources de satisfaction. Une des définitions les plus courantes de l’entrepreneuriat consiste à l’associer, parfois de façon synonymique, à la création d’entreprise. Comme le N° 14 - Janvier-Juin 2013 • La Responsabilité sociale des entreprises et les PME Management & Sciences Sociales 83

Entrepreneuriat et création d'entreprises. Facteurs

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Entrepreneuriat et création

d'entreprises. Facteurs

déterminant l'esprit

d’entreprise : cas de Béjaïa

Matouk Belattaf FSEGC, LED, Université de Béjaï[email protected]

Nacéra Nasroun Doctorante FSEGC Université de Béjaïa [email protected]

Une des définitions les plus courantes de l’entrepreneuriat consiste à l’associer à la

création d’entreprise. La décision d'entreprendre est personnelle, souvent influencée

par des facteurs environnementaux, ayant un rapport avec le vécu familial et profes-

sionnel de l'entrepreneur, tels que les aides diverses dont ils bénéficient, qu'elles soient

financières, matérielles ou psychologiques. Pour les besoins de notre recherche, nous

avons mené une enquête en élaborant un questionnaire regroupant une série de ques-

tions relatives à notre étude visant des créateurs d’entreprises (PME) privées au niveau

de la wilaya de Béjaïa en Algérie.

Les résultats de la recherche montrent que la création de PME dans la wilaya de Bejaia

est surtout la résultante d’un ensemble de facteurs qui sont : la disponibilité des

ressources financières (apport personnel et familial), les expériences antérieures et les

formations suivies par les entrepreneurs et enfin, la disponibilité d’infrastructures de

base développées. En dépit de certaines incitations de la part des pouvoirs publics, le

rôle de ceux-ci est souvent perçu comme ne favorisant pas suffisamment la création

d‘entreprise.

Mots clés : Entrepreneuriat, entrepreneur, intention entrepreneuriale, création d’entreprise,

motivations.

Introduction

L’entrepreneuriat est devenu aujourd’hui

un enjeu majeur pour la quasi-totalité

des pays. L’ensemble des avantages qu’il

génère justifie énormément l’intérêt

croissant qu’il suscite. Par ailleurs, en plus

de sa contribution dans la création

d’emploi, dans l’innovation et le

renouvellement du tissu économique,

l’entrepreneuriat peut présenter del’intérêt pour les individus qui peuvent trouver dans des situationsentrepreneuriales et plus particulière-ment dans la création d’entreprise dessources de satisfaction.

Une des définitions les plus courantes del’entrepreneuriat consiste à l’associer,parfois de façon synonymique, à lacréation d’entreprise. Comme le

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souligne Verstraete dans sa définition « l’entrepreneuriat est un phénomèneconduisant à la création d’une organisationimpulsée par un ou plusieurs individus s’étantassociés pour l’occasion » (Verstraete etFayolle, 2005, p. 37). La création d’entrepriseest devenue aujourd’hui la source dedéveloppement et de croissance. Elle se base sur deux éléments importants,l’entrepreneur et le milieu.

L’intérêt de l’algérie pour la petite etmoyenne entreprise (PME) a été tardif. L’Étata commencé à se désengager progressive-ment de la sphère économique, notammenten matière d’investissement, laissant lechamp à l’initiative privée vers la fin desannées 1980. Ce qui a été concrétisé par lacréation du ministère de la PME en 1992, lapromulgation du code des investissementsen 1993 et la mise en place de différentsdispositifs d’aides à la création d’entreprises(anDI, anSEJ, CnaC…). Plusieurs mesures ontété prises et des institutions ont été crééesafin de soutenir l'initiative individuelle. Enconséquence, il y a eu une éclosion de PMEdans plusieurs wilayas.

La wilaya1 de Béjaïa compte parmi celles quijouissent d’un certain pouvoir d’attractivitéet de compétitivité, elle est dotée d’un tissuéconomique important qui la classe parmi lesquatre premières wilayas du pays en termesde nombre d’entreprises privées.

L'acte d'investir est avant tout un choix etune décision d'entreprendre. Cette décisionest personnelle, souvent influencée par desfacteurs environnementaux, c'est-à-dire desfacteurs ayant un rapport avec le vécufamilial et professionnel de l'entrepreneur,tels que les aides diverses dont il bénéficie,qu'elles soient financières, matérielles oupsychologiques. Cet article veut soulignerque dans le processus de création, la phase de pré-création ou de l’intentionentrepreneuriale, dans laquelle l’entrepreneurest encore à la recherche de l’idée, est unephase très importante qui mérite beaucoupd’attention.

notre recherche a pour objet de contribuer àune meilleure connaissance dans le domainede l’entrepreneuriat et d’établir un profil desentrepreneurs privés permettant ainsid’identifier les conditions d’apparition et dedéveloppement de l’esprit d’entreprise,source d’idées-projets, et de présenter lesopportunités environnementales favorisantla création.

Les facteurs stimulant l’espritd'entreprise

L’entrepreneuriat est considéré comme unprocessus dynamique et complexe. Il est larésultante de facteurs psychologiques,socioculturels, politiques et économiques. Ilprend la forme d’attitudes, d’aptitudes, deperceptions, de normes, d’intentions et decomportements qui se manifestent dans uncontexte donné (tounes, 2007, p. 74). Lacréation d’entreprise constitue lamanifestation la plus visible del’entrepreneuriat. Elle se décline par quatrephases : la propension, l’intention, la décisionet l’acte d’entreprendre.

La création d’entreprise est un phénomènecomplexe pouvant être abordé sous denombreux angles. nous avons choisid’étudier la phase amont de la création, et plus précisément, l’intentionentrepreneuriale. Hernandez (2001) note quel’intention ou la volonté est le premierélément nécessaire pour créer uneorganisation. Elle reflète les objectifs descréateurs. Elle se traduit par la recherche del’information utile pour agir. En effet,l’intention, au cœur du processusentrepreneurial (Bird, 1988), présente unintérêt particulier pour comprendre lecheminement qui mène à l'acted'entreprendre. Et il est donc stratégique dechercher à mieux cerner la phase amont de lacréation d’entreprise.

1. L’équivalent du département français.

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L’intention entrepreneuriale

L’intention permet de prédire lescomportements. Comprendre ce processuspermet d’identifier les facteurs qui motiventl’engagement d’un individu dans le processusentrepreneurial bien avant de rechercher uneopportunité ou de décider quel typed'activité lancer. L'intention entrepreneurialepermettra d’expliquer les facteurs personnelset situationnels qui interviennent dans leprocessus de décision d'entreprendre où l'onaccorde un intérêt croissant aux attitudes etaux perceptions.

L'intention entrepreneuriale est définie selonCrant (1996) par les jugements de l'individusur la probabilité de créer sa propreentreprise. Pour Bruyat (1993), l'intentionentrepreneuriale est une volonté. Bird (1988et 1992) la définit aussi comme une volontéindividuelle, une liberté, un état de l'espritqui oriente l'attention, et par conséquent,l'expérience et l'action de l'individu vers unobjectif spécifique dans le but d'accomplirune mission (créer une entreprise, décisionsde croissance, de changements). Bird (1988),tout comme Krueger et Carsrud (1993),considère l'intention comme un processusqui naît avec les besoins, les valeurs, leshabitudes et les croyances de l'individu.L'intention structure et guide l'action (Bird,1988 et 1992 ; Krueger et al., 2000). Elle estune volonté personnelle, mais elle dépendaussi des variables contextuelles (Vesalainenet Pihkala, 1999).

Les intentions traduisent une véritablemotivation, et aussi une tensionpsychologique orientée vers l’action, qui sontcelles de créer ou de reprendre uneentreprise. ajzen écrit à ce sujet que « lesintentions sont des indicateurs de la volontéà essayer, de l’effort que l’on est prêt àconsentir pour se comporter d’une certainefaçon » (ajzen, 1991, p. 181). Ce qui sembledonc caractériser l’intention, c’est lapropension à faire basculer un individu dansle concret et donc à provoquer l’action en

transformant les intentions en décisiond’action.

Les motivations de l’entrepreneur

La notion d'entrepreneur est étroitementassociée à celle de création d'entreprise.L’entrepreneur joue un rôle clé dans lacréation de nouvelles organisations et, de cefait, apporte une contribution majeure à lacroissance économique (Backman, 1983).Cette association « entrepreneur/créationd'entreprise » suppose l'existence de raisonsfondamentales poussant l'individu à se lancersur un chemin nouveau, celui de la gestiond'une organisation. La personnalité desdirigeants, avec leurs expériences, leurscompétences, leurs motivations et leursgoûts personnels, joue un rôleparticulièrement fondamental dans lamesure où la création de l'entreprise est poureux un acte essentiel dans lequel ilss'expriment personnellement et se projettentdans l'avenir (albert et Mougenot, 1988). Lapropension à créer une entreprise est nonseulement influencée par des facteurspersonnels mais également parl’environnement social, culturel etéconomique. Il apparaît intéressantd'identifier ces facteurs qui peuvent favoriserl’apparition et le développement decomportements entrepreneuriaux.

Les motivations d’ordre psychologique

Plusieurs études récentes sur lesentrepreneurs naissants (Menzies et al.,2002) viennent confirmer l’importance de ladynamique psychosociologique dans lacréation de nouvelles entreprises. Lesauteurs s'entendent généralement pourreconnaître que les entrepreneurs fontpreuve de beaucoup de motivation et depersévérance dans leurs efforts.• Besoin d’indépendance : nombre d’études

de cas d’entrepreneuriat révèlent que ledésir d’être indépendant et autonome estl’explication fréquemment donnée commemotif de création d’une nouvelleentreprise. Le besoin d’indépendance et

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d’autonomie est considéré comme unecaractéristique des entrepreneurs. Il a étéreconnu comme une des motivations àentreprendre (Gasse, tremblay, 2007, p. 9).Selon Shapero (1975), les premiers mobilesde l’entrepreneur sont le besoind’indépendance, le désir d’être son proprepatron et l’aspiration à l’autonomie.Certains traits de la personnalité desentrepreneurs peuvent faire en sorte que « leur indépendance est la chose la plusdésirable au monde » (Sweeney, 1982).

• Besoin d’accomplissement : de nombreux auteurs font du besoin d’accomplissementou de réalisation une motivationentrepreneuriale dominante (Fayolle, 2003,p. 62). Ce besoin d'accomplissement peut se voir associé à une volonté de créer quelque chose de nouveau oud'appliquer des connaissances acquisesantérieurement. De même, la volontéd'être fier de sa profession et satisfait deson travail (Bragard et al., 1987) peut se ranger dans cette volontéd'accomplissement. Cela suppose qu'unepersonne préfère devenir entrepreneur etcréer sa propre affaire plutôt que deconserver un emploi frustrant ou de subirdes pressions dans son entourageprofessionnel. Enfin, cette motivation peutencore s'interpréter comme un besoin deprouver sa valeur personnelle (albert &Mougenot, 1988) ou comme la volonté defaire mieux que les autres.

Les motivations d’ordre sociologique

Les motivations sociologiques et culturellessont des éléments directement liés auxdifférents milieux connus et fréquentés parles individus, et qui peuvent jouer un rôle primordial dans l’émergence decomportements entrepreneuriaux.• Le milieu familial : la famille est une

institution qui contribue à façonner lesattitudes et comportements de sesmembres. Plusieurs recherches indiquentque les entrepreneurs proviennent le plussouvent de familles où les parents oud’autres proches sont eux-mêmes dans les affaires. Les jeunes grandissant dans

ce genre de famille ou d'entourageconsidèrent leurs parents ou leurs prochescomme des modèles à imiter (Gasse, 2003,p. 51). très souvent, dans un pays où il y abeaucoup d'entreprises familiales cephénomène est une source de créationparce que le fils crée une entreprise commele père (Sweeney, 1982). L'environnementle plus favorable pour un candidat créateursemble être un milieu familial qui associeune image positive à l'entreprise privée(Bragard et al., 1987).

L’incidence du rang de naissance a fait l’objetde plusieurs études (Hisrich et Peters, 1991,p. 57), notamment dans celle de Hennig etJardim (1977), qui ont découvert parexemple, que les femmes cadres dirigeantsont tendance à être des aînées. ainsi, un aînéou un enfant unique est entouré d’uneattention particulière et acquiert plus deconfiance en lui. Hisrich et Brush (1983) ont,par exemple, trouvé 50 % d’aînées au seind’un échantillon national de 468 femmesentrepreneurs.

• L’éducation et l’expérience antérieure : de nombreux auteurs ont insisté surl’importance de l’enseignement dans le développement de la propension à entreprendre. Pour Fayolle, « l’enseignement, à travers les stages et lavalorisation de l’image dynamique etresponsable des entrepreneurs, peutsusciter des vocations et sensibiliser unlarge public » (Fayolle, 2003, p. 65). Enoutre, l’enseignement permet de doterl’entrepreneur de compétences et deconnaissances qu’il estime très utiles,même décisives pour la concrétisation deson projet. Ce point est d’autant plussensible que, comme le mentionneWtterwulghe, « de nombreusescaractéristiques entrepreneuriales ne sontpas nécessairement innées mais peuventêtre acquises » (Wtterwulghe, 1998, p. 53).De plus, l’expérience antérieure peut jouerun rôle déterminant dans la création, lacroissance et la réussite de l’entreprise.L’expertise peut résulter d’une expérience

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fonctionnelle antérieure, d’une expérienceen tant qu’indépendant, d’uneconnaissance d’une technique, d’uneconnaissance du secteur dans lequel opèreou va opérer l’organisation qu’il va créer.

• Le territoire : le territoire dans lequel l’entrepreneur passe sa vie personnelle ouprofessionnelle joue un rôle nonnégligeable. Un territoire peut, en effet,constituer un pôle d’attractionentrepreneuriale (Fayolle, 2003, p. 66). Ilest considéré comme un déterminant grâceà la disponibilité d’atouts naturels tels quela taille, la qualité et la diversité duterritoire, la richesse des sols et des soussols, la disponibilité en eau, la douceur duclimat. nous pensons aussi aux diversesinfrastructures de base (réseaux routiers,aéroport, télécommunication, réseauxd’énergie, tissu économique, …), ainsiqu’aux ressources humaines, financières ettechnologiques.

Le territoire fournit aux entreprises desavantages, leur permettant de réaliser desexternalités positives importantes, car àtravers ses dotations matérielles etimmatérielles de facteurs, le territoire peutêtre le cadre adéquat pour la localisation desentreprises. La disponibilité de ces dotationsmatérielles et immatérielles en quantitéssuffisantes est un puissant facteurd’attraction des entreprises auxquelles elleconfère de réels avantages. À l’inverse, leurrareté relative ou leur absence joue commeun sérieux frein à l’émergence de cesentreprises et à leur développement.

Selon Marshall (1920), les éléments quiexpliquent l’apparition des externalités sont :- l’existence d’un savoir-faire local, qui réduit

le coût du travail spécialisé ;- une offre locale de matières premières,

machines et services spécialisés,relativement moins chers et surtoutrapidement disponibles (offre qui, danscertains cas, permet d’exploitercollectivement d’éventuelles économiesd’échelle) ;

- l’accès à un flux de connaissances techniques qu’une industrie localisée tend àproduire.

nous pouvons classer ces économies en deuxcatégories :- Les économies d’agglomération et de

localisation apparaissent à la suite d’uneconcentration d’entreprises dans une zonespécifique, opérant dans le même secteur.

- Les économies d’urbanisation corres-pondent à des externalités deconcentration liées au clustering, c'est-à-dire au phénomène de regroupementd’activités économiques différentes etproviennent des avantages liés audéveloppement de l’urbanisation et à laproximité d’entreprises diversifiées offrantdes services complémentaires, desressources intermédiaires et des transfertsd’information entre secteurs.

Les motivations d’ordre économique

Les facteurs économiques sont les ressourcesinformationnelles, humaines, cognitives,technologiques, financières et matérielles. Ilsoccupent une position clé dans la démarcheentrepreneuriale. Ce sont les ressourcesauxquelles doit accéder l’entrepreneur afinde créer son entreprise.• Les ressources humaines : la présence

d’une main-d’œuvre qualifiée dans la zoned’implantation favorise l’entrepreneuriat.Une région où la main-d’œuvre est bonmarché, voit forcément son taux decréation d’entreprise s’accroître. audretschet Fritsch (1994) constatent que lesnouvelles entreprises ont une plus grandepropension à se localiser dans les régionsoù les travailleurs ont un niveau dequalification élevé plutôt que dans leszones où il y a une concentration de main-d’œuvre moins qualifiée (Capron etLerminiaux, 2009, p. 60).

• Les ressources financières : la disposition d’un capital financier de départ encouragel’entrepreneuriat. ainsi, un entrepreneurne disposant pas des moyens financiersnécessaires rencontrera plusieursdifficultés.

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• Accessibilité au marché : l’existence de marchés ouverts influence positivement lacréation d’entreprise. Cependant, il existed’autres marchés qui rendentl’implantation d’une nouvelle entreprisequasiment impossible, tels les marchésouverts mais encombrés et les marchésfermés ou très réglementés.

Les réseaux personnels et professionnelsconstituent des éléments facilitateurs et descatalyseurs qui permettent de gagner dutemps et de l’efficacité face à la complexitédes situations et à la multiplication desdémarches et procédures. Ceci justifieparfaitement le vieux dicton : « ce que vousconnaissez est bien moins utile que lespersonnes que vous connaissez » (Fayolle,2003, p. 67).

Méthodologie de la recherche

Pour les besoins de notre recherche, nousavons mené une enquête auprès d’unéchantillon de 58 entreprises en élaborant unquestionnaire regroupant une série dequestions relatives à notre étude visant desdirigeants propriétaires de PME privées auniveau de la wilaya de Béjaïa en algérie.

L’enquête de terrain a été réalisée durant lemois de novembre 2010. nous avonsrécupéré 73 questionnaires sur les 100entrepreneurs contactés. Seulement 58 sontexploitables, ce qui représente un taux deréponse de 79,45 %. Les questionnairesrestants (soit 15) ont fait l’objet de refus derépondre ou ont été mal remplis, ce qui nousa obligé à les éliminer de notre étude, pourmanque de crédibilité.

notre travail de terrain présente certaineslimites, car sur le plan pratique nous nepouvions couvrir toutes les PME privéeséparpillées sur tout le territoire de Béjaia. Ceslimites sont inhérentes à :- La faiblesse de la taille de l’échantillon ;- La non-disponibilité de certains

entrepreneurs ;

- Le refus de certains entrepreneurs de coopérer avec nous ;

- La non-conformité de quelques questionnaires ;

- L’absence des entreprises sur le terrain : soit l’entreprise n’existe plus à l’adressecommuniquée, soit il s’agit d’un domicile,ou bien l’entrepreneur a cessé son activité ;

- L’absence d’un système d’information efficace et cohérent sur l’évolution réelle etle suivi de la création d’entreprises.

nous avons opté pour la méthode aléatoire.Ce choix s’explique essentiellement par le faitque l’échantillon a été constitué de façon àéviter les non-réponses, et à réduire les coûtsde l’enquête ainsi que ses délais.

Les résultats de la recherche

évolution de la population des PME privées

En algérie, la wilaya de Béjaïa occupe laquatrième position après alger, Oran et tizi-Ouzou. Elle compte à la fin de l’année 20112,17 962 PME privées soit 4,58 % du nombretotal des PME enregistrées en algérie.

En termes d’évolution, le secteur de la PMEprivée de Bejaia enregistre un taux decroissance de 7,59 % par rapport à l’annéeprécédente. Cette croissance s’explique parl’importance accordée ces dernières années àl’initiative privée grâce au processus delibéralisation croissante de l’économiealgérienne et à l’ensemble des mesuresdestinées à promouvoir l’entrepreneuriatprivé.

L’impact économique

La PME représente la forme la plus courantedans la plupart des économies. Elle estconsidérée comme la source de troisprogrès :

2. Bulletin d’Information Statistique de la PME, mars

2012.

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Emploi : en 20093, les emplois créés par lesPME privées ont été de 39 782 contre 1 812pour les PME publiques. Soit une évolution de27,25 % par rapport à l’année précédente.

Innovation : il est possible de parlerd'existence d'activité d'innovation danscertaines PME privées. Cette activitécorrespond plus à des modifications et desaméliorations de produits, en somme unevalorisation-optimisation des moyens enplace, qu'à des innovations radicales.

Exportation : pour l’exercice 20104, 15 PMEprivées ont exporté pour un montant de 1 114 479,37 € et 15 993,00 USD. La plupartdes PME exportent vers des pays magrébinset européens. Ceci peut s’expliquer par lefacteur de proximité des marchés et lesaccords commerciaux qui relient l’algérieavec ces régions (accord de l’UMa - Union duMaghreb arabe - et accord de libre-échangeavec l’Union européenne). L’essentiel desventes à l’étranger était réalisé par lesgrandes entreprises CEVItaL et IFRI.

Répartition des entreprises par commune

notre enquête a touché 12 communes de lawilaya de Béjaïa. La plupart des entreprisesenquêtées se concentrent dans la ville deBéjaïa (24,1 %), parce qu’elle dispose de plusde commodités et d’avantages économiquescomparativement aux autres villes. Ensuite

viennent des communes de la vallée de laSoummam (akbou, 17,2 %, Ouzellaguen,10,3 %, El Kseur et Chemini avec 8,6 % pourchacune d’elles).

La répartition des entreprisesenquêtées selon le secteur d'activité

Les entreprises enquêtées appartiennent auxdifférentes branches d’activité commel’industrie, le bâtiment et les travaux publicset les services. notre échantillon abrite huitsecteurs d’activité. La plus grande fréquencerevient au secteur Bâtiment et travauxpublics avec 19 unités, soit 32,76 % desentreprises enquêtées, suivi de l’industrie del’agro-alimentaire 18,97 % (11 unités) et ducommerce avec 15,52 % (9 unités).

La répartition des entreprises selon la situation entrepreneuriale

La plupart des entreprises, soit 69 %, sont denouvelles créations. 15,5 % des entreprisesenquêtées sont des extensions d’uneancienne activité et enfin 15,5 % sont desreprises d’une entreprise familiale.

3. Rapports d’activité de la direction de la PME et de

l’artisanat de la wilaya de Béjaïa, 2009.

4. Statistiques de la chambre du commerce et de

l’industrie de Béjaïa, 2010.

Table 1

Répartition des entreprises enquêtées selon la situation entrepreneuriale

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De plus, le rythme de création d’entreprisess’est accéléré, puisque sur un total de 58entreprises enquêtées, 50, soit 86,2 %, ontété créées durant les années 2000.

Les résultats de l’enquête du terrain

Les motivations d’ordre psychologique

L’aventure entrepreneuriale se nourrit demotivations très variées. La plupart desentrepreneurs sont motivés essentiellementpar la volonté d’être leur propre patron(55,17 %), d’améliorer leur situationfinancière (48,28 % et l’envie de contribuer àcréer des emplois (37,93 %).

Les motivations d’ordre sociologique

Les hommes représentent une part trèsimportante, au sein de la catégorie socialeentrepreneur. En effet, 98,3 % des enquêtéssont des entrepreneurs-hommes. La part desentrepreneurs-femmes est très négligeable,seulement 1,7 % de la population enquêtée.Ceci s’explique par la moindre préférence desfemmes à devenir indépendantes, la craintede faillite qui constitue une barrière àl’activité entrepreneuriale chez les femmesainsi que les caractéristiques de la sociétéalgérienne qui ne facilitent pas l’intégration

des femmes dans le monde des affaires. Cequi montre que la fonction de l’entrepreneurreste fermée aux femmes.

69 % des entrepreneurs se situent dans lafourchette d’âge 30-50 ans. L’entrepreneurse lance dans la création à un âge mature,après avoir acquis une importanteexpérience professionnelle et rassemblé lescapitaux nécessaires pour l’investissement.

70,7 % des enquêtés investissent dans leurcommune de naissance. Cela s’explique parl’utilisation que font les entrepreneurs deleurs propriétés familiales qui sont prochesdu lieu de résidence et par la volonté departiciper au développement de leur région.63,8 % des créateurs enquêtés sont à la foispropriétaire et gérant. Ils dirigent eux-mêmesleurs affaires et prennent seuls les décisionsqui paraissent importantes pour leurentreprise.

Le milieu familial

Plus de la moitié des répondants, soit53,45 %, sont les aînés de leur fratrie.32,76 % sont à un rang intermédiaire et 13,79% représentent les cadets de la famille. Cesrésultats sont expliqués par la coutume localedu droit d’aînesse. Les aînés ont tendance àêtre choisis pour succéder au père.

Graphique 1

les motivations des entrepreneurs

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Les entrepreneurs sont issus de différentsmilieux. Certains ont vécu dans un milieu desalariés et d’autres ont été entourésd’entrepreneurs. L’enquête fait ressortir que 34,5 % des entrepreneurs enquêtésproviennent d’une famille entrepreneuriale.En effet, le fait d’avoir un père qui travaille entant qu’indépendant marque fortementl’entrepreneur. S’agissant de la profession dela mère, 96,55 % des entrepreneurs affirmentavoir une mère sans profession.

63,8 % des enquêtés estiment que leursparents ont exercé une grande influence sureux. Ceci montre que les parents jouent unrôle dans la consolidation de la personnalitéde l’entrepreneur et dans son engagementdans l’aventure de l’entreprise.

56,9 % des entrepreneurs enquêtés affirmentne pas être les seuls de la famille à être dansles affaires, puisqu’ils ont souvent un père, unfrère ou un cousin entrepreneur.

Le fait d’avoir dans la famille des modèlesd’entrepreneurs est généralement considérécomme un facteur influençant positivementles intentions entrepreneuriales. ainsi, desindividus dont les parents ou les prochespossèdent ou ont déjà possédé uneentreprise seraient plus prédisposés à créerdes entreprises. ainsi, disposer d’unentourage entrepreneurial constitue des

opportunités non négligeables de recevoirdes conseils ou de s’imprégner du métier dedirigeant.

La situation professionnelle antérieure

L’expérience professionnelle joue un rôleimportant dans le choix du secteur d’activité.En effet, 56,9 % des enquêtés ont déclaréavoir travaillé et acquis suffisamment decompétences dans un secteur similaire à celuioù ils ont créé leurs entreprises. 79,3 % desentrepreneurs ont signalé avoir uneexpérience professionnelle et descompétences dans d’autres domaines.L’expérience professionnelle permetd’acquérir et de perfectionner des techniquesde production, et une maîtrise du métier,ainsi que la possibilité de tisser différentsréseaux qui peuvent s’avérer d’uneimportance primordiale une fois lancé dansl’activité de création.

Niveau d’instruction des entrepreneurs

Les études et formations suivies ontégalement une influence sur le choix dusecteur d’activité. Outre le savoir, les étudesapportent prestige, savoir-faire et accès à unnombre de réseaux informels. Le tableau 2montre que la majeure partie desentrepreneurs enquêtés ont un niveaud’études supérieur (43,1 %) ou secondaire(36,2 %). 31 % sont issus de la formationprofessionnelle. 15,5 % ont un niveau

Table 2

Niveau d’instruction des entrepreneurs

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fondamental. Le pourcentage desentrepreneurs ayant un niveau primaire n’estque de 5,2 %.

L’origine de l’idée de la création d’entreprise

nous constatons que les réseaux informelsdominent, car peu d’entrepreneurs(seulement 4,29 % des enquêtés) ont recouruaux bureaux d’étude pour les orienter et lesconseiller. En revanche l’appui de la famille,des amis et voisins est très apparent. Lesrelations familiales et personnelles sont dans48,28 % des cas à l’origine de l’idée decréation de l’entreprise. En deuxièmeposition vient la connaissance d’un projetsimilaire avec 34,29 % ce qui montre

l’importance du phénomène d’imitation.Enfin l’influence des relationsprofessionnelles a été primordiale pour 21,43% des enquêtés.

Les motivations d’ordre économique

Structure du financement initial

Les résultats montrent que les capitauxinitiaux investis proviennent essentiellementde l’épargne personnelle des entrepreneurs(48,28 %) et des capitaux familiaux (36,21 %).25,86 % des entrepreneurs ont emprunté del’argent à des amis et en dernière positionviennent les emprunts bancaires (17,24 %).Cette faible part des financements bancaires

Graphique 2

Origine de l’idée de création

Graphique 3

Structure du financement initial

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s’explique par la difficulté d’accéder auxcrédits bancaires ou par la volonté desentrepreneurs de rester indépendants etautonomes en s’appuyant sur les ressourcesfamiliales.

De plus, 75,9 % (44 entreprises) n’ont pasbénéficié d’aide de la part des organismespublics. Seulement 14 entreprises ontbénéficié des avantages des dispositifs anSEJet anDI avec une part de 12,1 % pour chacund’eux.

Les situations qui ont déclenché le processus

de création de l’entreprise

Il ressort de notre enquête que 36,2 % desentrepreneurs ont lancé leur entreprise

parce qu’ils avaient de l’argent à investir. Cetargent provient essentiellement de l’épargnepersonnelle et de capitaux familiaux. 32,8 %des entrepreneurs ont déclaré que le pointde départ dans leur création a été uneoccasion saisie.

Les déterminants du choix de secteur

d’activité

nous constatons que le facteur principal estl’existence d’un savoir-faire et d’uneexpérience antérieurs (48,28 %). En effet, lamajorité des entrepreneurs ont signalé avoiracquis suffisamment d’expérience et desavoir-faire dans le même secteur que celuioù ils ont créé leur entreprise. Certainsentrepreneurs (soit 43,10 % des enquêtés)

Graphique 4

Les situations qui ont déclenché le processus de création

Graphique 5

Les déterminants du choix du secteur d’activité

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ont déclaré avoir choisi un secteur parce qu’ilest caractérisé par un fort taux de rentabilité.

Les opportunités environnementales

favorisant la création

L’acte d’entreprendre n’est pas seulement liéaux caractéristiques de l’entrepreneur mais ilest également déterminé par les facteursenvironnementaux. Il ressort de notreenquête que 63,79 % des enquêtés ontlocalisé leurs activités dans lesagglomérations urbaines. Cela s’explique parles avantages qui se présentent au sein desagglomérations. La moitié (50 %), l’ont faitpour la proximité avec d’autres activités. Cequi présente des atouts certains et favorisedes contacts directs avec les autresentrepreneurs. Cette proximité permet lacirculation d’informations concernant leprocessus de production, le produit et lemarché. Elle permet également de bénéficier

d’une certaine publicité, d’être connu par desclients ou fournisseurs. La proximité permetégalement de discuter des différentsproblèmes rencontrés par les entrepreneursconcernant les aménagements,l’alimentation en énergie et les problèmes dufoncier.

Choix de localisation et proximité

Le graphique montre que le choix du secteurd’activité dans la région s’explique enmajorité, soit 28 entreprises (48,28 %), par l’existence du marché aval(débouchés/clients) et 31,03 % parl’existence d’entreprises de secteurcomplémentaire. Ce qui renvoie àl’importance de la proximité géographiquedans les choix de localisation. 16entrepreneurs (soit 27,59 %) ont donnécomme motif le fait que le secteur choisi estvierge. C’est-à-dire que certaines activités

Graphique 6

Les opportunités environnementales favorisant la création

Graphique 7

Les facteurs à l’origine de localisation du projet

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n’existaient pas encore, et offraient descréneaux d’investissement non exploités,constituant ainsi une opportunité à saisir.

Contraintes à la création d’entreprise

En réalité, les entrepreneurs privés algérienssont soumis à plusieurs contraintessignificatives. À titre d’exemple,l’administration est souvent décriée par lesentrepreneurs (56,9 %) parce qu’elleconstituerait un frein au développement desentreprises privées. En effet, le systèmeadministratif est beaucoup plus centré surses propres intérêts que sur ceux quiconstituent sa raison d’être.

Sont critiqués également le manque decollaboration et l’absence d'intégration desinstitutions financières (43,1 %). La relationentre les PME et les banques estproblématique, difficile et caractériséeessentiellement par les tracasseriesadministratives et la lourdeurbureaucratique. Il semble, en fait, quel’absence de garanties suffisantes pour lesbanques et la faible préparation du systèmebancaire à prendre en compte les problèmesspécifiques des PME privées, dressent desbarrières à la création d’entreprises. Cesbarrières sont porteuses de découragements.Plus encore, les pratiques du commerce

informel et spéculatif (32,76 %), source deconcurrence déloyale et facteur dedéstabilisation d’une économie de marchénaissante, compromettent toute approcheéconomique positive et constructive à telpoint que certains considèrent que l’acted’entreprendre est suicidaire.

Les principales recommandations desentrepreneurs sont :- améliorer les services administratifs et la

lutte contre la bureaucratie, - faciliter l’accès au financement et au

foncier industriel, - améliorer le système de formation pour les

besoins de l’économie, - lutter contre la concurrence déloyale, le

marché informel et la contrefaçon.

Conclusion

notre recherche avait pour objectif deprésenter l’intention entrepreneuriale desentrepreneurs et d’identifier les raisonspoussant l'entrepreneur privé à créer sonentreprise. Plus précisément, nous noussommes interrogés sur le profil personnel del'entrepreneur, ses origines sociales, sestrajectoires professionnelles, ses motivationset les déterminants de son action et enfin lesopportunités environnementales favorisantla création.

Graphique 8

Les déterminants du choix du secteur d’activité

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La création des richesses dans une société estle fruit du dynamisme et de la compétitivitéde son tissu industriel, la créationd’entreprises en constituant un élémentfondamental.

Cette création se base sur plusieurs élémentsimportants :- d’abord, l’entrepreneur est un élément

essentiel de cette richesse grâce à sontravail et à la décision de création. Ils’occupe de la mobilisation et de l’allocationdes ressources, la recherche d’opport-unités, la recherche de la position la plusprofitable pour son entreprise. Lesentrepreneurs privés de la wilaya de Béjaïaconstituent, comme nous l’avons vu, ungroupe social hétérogène, aux originessociales et professionnelles diverses, etayant suivi des itinéraires multiples. Ils sont motivés, principalement, dans leuracte d’entreprendre par la recherched’autonomie, le gain d’argent et la volontéde créer de l’emploi.

- ensuite, le milieu dans lequel se déroule l’action de l’entrepreneur l’influence, quece soit dans l’avènement de l’idée de lacréation ou tout au long du cycle de vie del’entreprise. toutefois, une des plusremarquables caractéristiques desentrepreneurs est qu’ils sont fréquemmentissus de milieux familiaux qui favorisent lafonction entrepreneuriale. En effet,l’environnement familial et professionnel aun effet déterminant dans l’action decréation.

En ce qui concerne l’implantationgéographique des entreprises, l’échantillonrévèle une forte concentration spatiale des entreprises enquêtées au niveau des agglomérations urbaines où lesinfrastructures de base sont développées et àproximité des autres activités.

- enfin, la création d’entreprise dans la wilayade Bejaïa est la synthèse d’un engagementindividuel et d’un environnement qui paraîtfavorable à l’entrepreneuriat. Elle estbeaucoup plus la résultante d’un ensemble

de facteurs liés à l’environnement immédiatde l’entrepreneur (relations familiales,amicales et professionnelles) que le résultatd’un processus encadré par des organismespublics.

La réalisation d’un projet d’investissementdemeure difficile, vu la complexité et larigidité du climat des affaires dans la wilayade Bejaïa. En effet, nous avons constaté àtravers notre enquête que les entrepreneurssont soumis à plusieurs contraintes. Lesprincipaux obstacles à l'entrepreneuriatprivé, tels qu'ils sont perçus par les entrepreneurs eux-mêmes, sontprincipalement d’ordre administratif(complexité et lenteur des procéduresadministratives) ou financier (rigidité desbanques) ou encore la concurrence déloyaleet l’informel.

nous suggérerons les quelquesrecommandations ci-après : - Il serait nécessaire de rénover le fonction-

nement de l’administration, de la fiscalité etdes structures d’appui aux entreprises, afinde marginaliser les comportementsbureaucratiques.

- Il convient d’envisager la création d’institutions financières spécialisées dansl’appui à l’entrepreneuriat et susceptiblesde renforcer les fonds propres des PME.

- Il nous semble très utile d’inculquer l’esprit entrepreneurial à la population, enintroduisant par exemple des coursd’entrepreneuriat dans les écoles etétablissements de formation. Parallèle-ment, à l’égard des entrepreneurs réels, ilfaut engager des formations spécifiquesrépondant aux exigences du terrain et dumarché.

- Il convient d’améliorer durablement l’organisation, le fonctionnement etl’efficacité des organismes chargés de lagestion du foncier industriel, en lesstructurant en véritables services d’appui àla promotion de l’entrepreneuriat. En effet,la modernisation du cadre de gestion deszones d’activités est un des axes les plussensibles des politiques de développementde la PME.

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Il en ressort que l’entrepreneur recherchedes appuis dans son environnement deproximité et que la logistique locale constitueune réponse à ses attentes. De ce fait, sansune stratégie saine d’infrastructure locale etde services de soutien aux entreprises, sansune administration locale efficace, sans lapossibilité pour les entrepreneurs d’obtenirdes aides auprès des instances locales, leséconomies basées sur l’entrepreneuriat sontmenacées d’échec.

Un prolongement intéressant de l’étudeprésente serait de modéliser lesdéterminants de la création d’entreprisedans la wilaya de Béjaïa en utilisant laméthode d’élimination pas à pas desvariables les moins significatives, c'est-à-direcelles qui expliquent peu le phénomène del’intention entrepreneuriale.

Une autre alternative à propos des facteursstimulant l’esprit d’entreprendre estd'effectuer une étude comparative avecd’autres régions (environnements). Une telleétude consisterait à confirmer nos résultatspar un échantillon plus large et fiable. Ellepermettrait aussi de dégager les différenceset les ressemblances des facteurs demotivation des entrepreneurs.

Finalement, la question, étroitement liée à laquestion des déterminants de la création, dela survie et la pérennité de jeunes nouvellesentreprises, ayant un potentiel important decroissance, mais aussi un risque d’échecélevé, s’avère cruciale. L’accompagnementde ces entreprises doit donc être au centredes débats, et notamment lescaractéristiques de l’entreprise au démarrageet le profil du créateur en tant que facteursde succès, ce qui constituerait un autre voletde recherche, d’autres perspectives derecherche.

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Matouk BelattafProfesseur d’Économie et enseignant-chercheur à lafaculté des Sciences économiques, commerciales et dessciences de Gestion (FSECG), et directeur de rechercheau laboratoire d’Économie et Développement (LED) del’Université de Béjaïa (algérie). Il est titulaire d’unelicence (1982, Constantine), d’un magistère (1987) etd’un doctorat d’État (1991), de l’Université d’Économiede Poznań (Pologne). Il est l’auteur de deux ouvrages,Localisation industrielle et aménagement du territoire :aspects théoriques et pratiques, OPU-alger 2009 etÉconomie du développement, OPU-alger 2010 ; d’unetrentaine d’articles dans des ouvrages collectifs et/oudes revues de renommée internationale (CREaD–alger ;Management et Gouvernance–Grenoble, Revued’Économie de targoviste-Roumanie,…) et de plus dequatre-vingt communications dans des manifestationsscientifiques internationales, touchant divers domaines :Entrepreneuriat, PME, Développement, aménagementdu territoire, Environnement, Migrationsinternationales, Géographie économique, Intégrationéconomique (UE), transports, Compétitivité,attractivité, tICs et Économie de la connaissance,auxquels s’ajoutent sept projets de recherche réaliséset/ou en cours. Il a, en outre, encadré 8 doctorats, unevingtaine de magistères, une dizaine de masters et unevingtaine de licences (Bac + 4). « La société del’information dans le monde : état des lieux etperspectives, (avec a. Mouloud) in C. Martin et G.Maciejewski (dir.), « La société de l’information.Perspective européenne et globale / l’espace européende l’information », Zeszyty Naukauwe Wydzialowe(Cahiers scientifiques), n° 149, Université économique deKatowice. « Le commerce électronique en algérie : Versde nouvelles formes de vente en ligne » (avec a.Makhloufi); in « La société de l’information. Perspectiveeuropéenne et globale / l’espace européen del’information », Zeszyty Naukauwe Wydzialowe (Cahiersscientifiques), n° 150, Université économique deKatowice.

Nacera NasrounMaître assistante et doctorante à l’universitéabderrahmane Mira de Béjaïa en algérie. titulaire desdiplômes : Magistère en management économique desterritoires et entrepreneuriat, «Dynamiqueentrepreneuriale et déterminants de la création desPME cas Wilaya de Béjaia », licence en management « lagestion des connaissances et des compétences » etDEUa en informatique de gestion «Créditd’investissement ». Deux participations dans descolloques internationaux à savoir : « Les déterminantsde la création des PME : cas de la wilaya de Béjaïa » enavril 2012 et « L’entrepreneuriat et l’innovation : la partde l’innovation dans la création des entreprises; cas de lawilaya de Béjaïa » en avril 2013, à l’université d’Ouargla.Participation aux deux journées d’études sur « lespolitiques publiques d’appui à la création d’entreprises,quels impacts sur la dynamique entrepreneuriale et larésorption du secteur informel ? », en mai 2013 àl’université de Béjaïa. « L’UE et la société del’information : état des lieux et perspectives » in C.Martin et G. Maciejewski (dir.), « La société del’information. Perspective européenne et globale /l’espace européen de l’information », Zeszyty NaukauweWydzialowe (Cahiers scientifiques), n° 149, Universitééconomique de Katowice.

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