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Entretien Gérard Longuet dans Minute

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Page 1: Entretien Gérard Longuet dans Minute

« Minute »: Comment analysez-vous lesrésultats du premier tour?Gérard Longuet : La montée des extrêmes, à

gauche et à droite, traduit un pays inquiet, bienque les électeurs aient placé en tête deux per-sonnalités – François Hollande et Nicolas Sar-kozy – incarnant les cli vages traditionnels. Lescandidats du second tour sont cependant obli-gés de construire des alliances, puisque par défi-nition, ils n’ont pas de majorité absolue, lagauche culminant à 53 % et la droite à 47 %.

Et au milieu, se trouve le Front national…Au milieu, je dirais que se trouve le centre de

François Bayrou. Et à la droite de l’échiquier, leFront na tional, qui rassemble un électorat d’ori-gines et de motivations différentes.

En disant « au centre », je sous-entendais« au cœur des enjeux ».J’entends bien, et le score de Ma rine Le Pen

est effectivement très respectable par son impor-tance et par sa diffusion géographique. Ce n’estplus un résultat « régional », ci blé, mais un votelissé à l’échelle na tionale. Elle dépasse les terresin dustrielles de l’Est et du Nord, ou la frangeméditerranéenne, et progresse dans des secteursgéographi ques et sociologiques où l’immigra-tion n’est pas perçue comme un pro blèmemajeur. Je pense à tout l’Ouest de la France, aux

zones ru rales, au monde paysan, aux artisans…Cela indique une inquiétude des Français face àun monde en mutation. Il y a dans l’électorat deMarine Le Pen une nostalgie d’une France plusclassique, plus tranquil le, plus établie. D’autrepart, j’ai été frappé par l’impact de Marine Le

Pen chez les jeunes, qui traduit, au contraire,une aspiration à faire bouger les lignes et lesenjeux ac tuels.

N’y a-t-il pas aussi le contrecoup d’unedéception par rapport aux espoirs quenombre d’électeurs avaient placés enNicolas Sarkozy?C’est possible. Mais je dirais que c’est aux

torts partagés des électeurs et de l’exécutif. Lesélecteurs at tendent trop d’une présidentielle. Lechef de l’Etat n’est pas Dieu sur Terre. Beaucoupde nos compatrio tes croient encore que la prési-dentielle peut tout changer, mais, si le pouvoirpolitique a le devoir d’aller vers les bonnes solu-tions, c’est la mo bilisation des Français qui fait ladifférence. Nos compatriotes ne doi vent pas sesentir dans la situation de supporters soutenantune équipe en train de jouer. Ils sont sur le ter-rain!

Il est un terrain, cependant, où lesFrançais sont obligés de s’en remettre àl’exécutif, c’est la lutte contrel’immigration et l’insécurité: ils nepeuvent pas fermer les frontières ou fairejustice eux-mêmes. L’insuffisance deNicolas Sarkozy est patente en cesdomaines…Nicolas Sarkozy a fait beaucoup et, là encore,

n’oubliez pas que la Fran ce est tenue par un cer-

tain nom bre d’engagements, de traités, de régle-mentations et de lourdeurs ad ministrativeslégales qui empêchent l’exécutif de trancher dansle vif à chaque fois. Il ne faut pas écou ter les déma-gogues ou les op posants sans expérience quidisent « il n’y a qu’à… » et « il faut qu’on… ». Et jevous engage à lire le programme de François Hol-lande pour voir quelle politique il prône en matiè-re d’immigration, cela de vrait inciter n’importequel patriote à faire bloc contre lui!

Comment « diviser par deuxl’immigration », comme le propose NicolasSarkozy? Et pourquoi ne pas l’avoir faitavant?Une chose après l’autre. Pour ré duire l’immi-

gration drastiquement, il faut d’abord luttercontre les fi lières d’immigration illégale, qui ga -gnent de l’argent sur la misère des gens. Puis ilfaut revoir le re groupement familial. Je suis hos-tile au fait que des personnes issues de commu-nautés étrangères aillent chercher des con jointsà l’extérieur de la France, notamment dans leurpays d’origine, comme s’ils refusaient toute pos-sibilité d’enracinement. La multiplication de cegenre de communautés débouche fatalementsur la balkanisation d’un territoire, ce qui est in -quiétant.

Et l’arrêt des pompes aspirantes?C’est à étudier de près, car l’immi gration est en

effet motivée par des perspectives économiquespour les plus courageux des immigrés; et par desavantages sociaux pour les moins courageux…Mais la question majeure, c’est l’unité na tionale,l’intégrité de la République et de la Nation. L’inté-gration n’est possible que si aucune communauténe s’organise en groupe constitué. Or, quand onpropose de donner le droit de vote à des étrangersqui, par ailleurs, perpétuent sur no tre territoiredes traditions extérieures, on a toutes les condi-

PRÉSIDENTIELLE

« Les patriotes ne peuvent pas laisser passer

François Hollande »

Gérard Longuet, ministre de la Défense, a quitté les théâtres d’opérations extérieures pourmener « la campagne de France » au service de Sarkozy. Sa mission : convaincre l’électorat

patriote que le candidat de l’UMP vaut mieux que François Hollande. Pourles futures élections, et contrairement à ses collègues Chantal Jouanno etNathalie Kosciusko-Morizet, le fondateur d’Occident estime impossiblede voter par défaut au profit de la gauche socialo-communiste…

Entretien avec Gérard Longuet, ministre de la Défense

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