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Envie de lire n° 34 / automne - hiver

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Les coups de coeur des bibliothécaires (espaces adultes): romans, documentaires, BD

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“ Il en est des livres comme du feu dans le foyer. On va le prendre chez le voisin, on l’allume chez soi, on le communique à d’autres et il appartient à tous. ” Voltaire EN

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Visitez aussi le blog des livres des Bibliothèques municipales :lhibouquineur.wordpress.com

COORDINATION & CORRECTIONS Dominique MonnotGRAPHISME & ILLUSTRATIONS Bruno Fernandes / bpoeta.net IMPRESSION Centrale Municipale d’Achat et d’Impression Ville de Genève

www.ville-ge.ch/bmu/

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Vous tenez entre les mains un recueil éclectique de propositions de lectures concocté par vos dévoués bibliothécaires. Vous y trouverez aussi bien des nouveautés que des classiques, des essais que des bandes dessinées ou des romans, sans oublier la science-fiction ou les polars, bref, tout ce qui fait la diversité des collections que les bibliothèques municipales mettent à votre disposition.Nous, bibliothécaires passionnés de lecture, partageons avec vous nos coups de coeur dans ces textes que nous vous laissons découvrir et dont nous espérons qu’ils vous donneront...

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ABERCROMBIE, Joe La première loiCote R ABER Paris, Pygmalion, 2010 (Fantasy). 3 vol.L’Union est menacée de l’intérieur comme de l’extérieur. De l’intérieur par sa décadence et son empereur bouffi, lâche et sans autorité qui laisse le pouvoir à un conseil corrompu. De l’extérieur par les Peuples du Nord, réunis sous la bannière de Bethod, et par les Gurkhiens du sud qui n’ont pas oublié leur défaite quelques décennies auparavant. Dans cette atmosphère de guerre imminente, l’inquisiteur Sand dan Glotka, ancien fleuron de l’armée malheureusement passé par les geôles gurkhiennes et devenu infirme à la suite des tortures qu’il y a endurées, va s’évertuer à trouver des coupables. Il devra composer avec une troupe bizarre menée par Bayaz, le premier des mages, qui revient de nulle part pour sauver ce qui pourra l’être, entouré de plusieurs personnages hétéroclites. On suivra les faits et gestes de Logen neuf-doigts, gentiment surnommé le Sanguinaire, de Maljinn Ferro, ancienne esclave des Gurkhiens, de Jezal dan Luthar, jeune noble arrogant, et de nombreux personnages secondaires. Si cette

trilogie ne révolutionne pas le genre, c’est par contre l’une des meilleures que j’aie lues depuis bien longtemps :humour, cynisme, aventure, complots, trahisons tissent une intrigue qui tient en haleine du début à la fin. Chaque personnage a un caractère et une personnalité bien marqué et c’est un réel plaisir que d’avancer dans cet ouvrage. Pour un premier roman, Joe Abercrombie fait très fort et l’on attend avec impatience les suivants. FG

ABECASSIS, Eliette Une affaire conjugaleCote R ABEC Paris, Albin Michel, 2010. 324 p.Agathe et Jérôme s’aiment. Ou plutôt, ils s’aimaient. Après huit ans de vie commune, un mariage et des jumeaux plus tard, leur couple est à l’agonie. Si Agathe ose garder l’espoir d’une amélioration, la découverte des infidélités récurrentes de son mari ainsi que le manque de respect de celui-ci achèvent de la lasser : elle demande le divorce. En faisant cela, elle s’engage sans le savoir dans un jeu dur, pervers, qui la poussera au bout de ses limites, et lui permettra de découvrir que c’est souvent dans la douleur que le vrai visage des proches se révèle. Manipulateur et prêt à tout pour gagner la partie, Jérôme l’entraînera dans une lutte à mort, une lutte acharnée dont l’enjeu sera les enfants, mais aussi l’honneur. Tous deux y laisseront des plumes. Inspirée par sa propre histoire, Eliette Abecassis nous fait part d’une vision intime du divorce, des ravages engendrés par celui-ci, de la désillusion et de l’incompréhension ressentie lorsque l’amour se transforme en haine. Un livre réaliste et poignant, qu’il est difficile de reposer avant la fin. LF

© Luisafer

Photo du chariot : © Patrik Tschudin, 2007 / Photo du sang : © Jaime Cooper, 2006 / Photomontage : bpoeta.net

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ALVTEGEN, Karin RecherchéeCote R ALVT Paris, Plon, 2003. 270 p.Poursuivie par la police pour un crime qu’elle n’a pas commis, Sibylla tente de se terrer pour échapper à la traque. Or sa situation s’empire encore lorsque d’autres crimes sont perpétrés en son nom. Jeune SDF que tout accuse, vivant en marge de la société malgré une jeunesse bourgeoise, Sibylla comprend qu’elle n’a qu’une solution : mener une contre-enquête pour découvrir qui est le véritable auteur de ces crimes abominables. Pour ce faire, il s’agira de faire confiance à ce jeune homme prêt à l’aider, alors même qu’elle s’est tellement habituée à se méfier de tous. Récompensé par le prix du meilleur roman policier nordique, l’intérêt de Recherchée réside plus dans la découverte du personnage complexe de Sybilla que dans le suspense en lui-même. JM

ANTUNES, Antonio Lobo Livre de chroniquesCote R ANTU Paris, Bourgois, 2000. 4 vol.Dans ces quatre livres de chroniques (qui sont suivis de deux autres), le grand écrivain portugais nous offre en deux ou trois pages des nouvelles soit fictives, soit basées sur son enfance et sa jeunesse, et ce sont celles-ci que je préfère. On y voit le jeune Antonio en culottes courtes, dans son quartier de Benfica à Lisbonne, sous le gouvernement de Salazar. Elevé au sein d’une famille bourgeoise, il raconte sa grand-mère bigote, ses tantes, l’épicier du coin, la taverne dos Ossos, patinée par la fumée de cigarette. Il y a chez Antunes un style délicat, délicieux, mélancolique, nostalgique, tendre et tendrement ironique, le regard d’un homme vieilli sur sa vie, son art, ses aspirations, et surtout sur cette jeunesse à jamais enfuie, ce qui fait dire à l’auteur « Tout bien réfléchi, je ne suis pas un monsieur âgé dont le cœur est resté enfant. Je suis un enfant dont l’enveloppe s’est usée ». Lire Antunes, c’est atteindre, à mon avis, à la meilleure définition de l’intraduisible saudade portugaise. DM

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BENNETT, Alan So shocking !Cote R BENN Paris, Denoël, 2012 (Denoël et d’ailleurs). 235 p.Mrs Donaldson est une veuve d’une cinquantaine d’années qui, pour arrondir les fins de mois, sous-loue une chambre de sa maison à un couple d’étudiants, malgré les mises en garde de sa fille : ne vont-ils pas mettre la musique à fond toute la nuit ? Vont-ils payer leur loyer à temps ? Ne vont-ils pas vouloir escroquer leur logeuse ? Mrs Donaldson est confiante. Et plus ouverte d’esprit que prévu… En retard dans le paiement de leur loyer, Andy et Laura proposent de s’acquitter de leur dette en lui offrant le spectacle de leurs ébats amoureux. Contre toute attente, Mrs Donaldson accepte… et y prend un certain plaisir ! Quant à MrsForbes, elle est la mère de l’homme le plus beau que la terre ait porté. Mais pourquoi donc Graham veut-il épouser cette Betty, qui est, au mieux, si quelconque ? Cela a-t-il un rapport avec le fait qu’il paie un prostitué pour assouvir ses pulsions homosexuelles ? Deux petites histoires délicieuses et pleines d’humour pour faire un pied de nez à la bienséance et au politiquement correct ! DM

BACIGALUPI, Paolo La fille automateCote R BACI Vauvert, Diable vauvert, 2012. 595 p.Après la montée des océans, les épidémies en tous genre ont ravagé plantes et humains. La terre est aux mains des « compagnies caloriques ». Elles contrôlent l’approvisionnement en nourriture transgénique. Suite à la guerre du charbon, l’énergie est aussi l’objet d’une féroce bataille : il n’y a plus de pétrole ni d’électricité. Les ordinateurs sont à pédales et des mastodontes font tourner les machines. Seule la Thaïlande parvient à produire des fruits et des légumes naturellement immunisés contre les maladies. Ce miracle suscite les convoitises des farangs, les jalousies internes des ministères du commerce et de l’environnement. A Bangkok se retrouvent aussi tous les réfugiés de l’Asie du sud-est chassés de leur pays d’origine. Emiko a un statut plus précaire encore : la fille automate fabriquée au Japon pour les besoins de son maître a été abandonnée comme un déchet. Clandestine, elle est sous la coupe d’un proxénète quand elle apprend d’un client qu’il existerait au nord du pays un village avec des gens comme elle. Paolo Bacigalupi signe là un premier thriller d’anticipation fort réussi ! FA

© Yann Andre, 2006

© anyjazz65, 2003

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BOIS, Ariane Le monde d’HannahCote R BOIS Paris, Laffont, 2011. 283 p.1939, 11ème arrondissement de Paris. Hannah est d’une famille judéo-espagnole qui a quitté la Turquie pour vivre heureux en France. Le père tient un magasin, la mère est couturière. Chez Suzon, le père est directeur d’un dépôt de bus, la mère femme au foyer. La famille est catholique et surtout plus huppée. Il y a de la moquette dans leur appartement… et des domestiques pour servir à table. Les deux fillettes deviennent pourtant inséparables. Lorsque Hannah doit porter l’étoile jaune, Suzon lui prête son écharpe rouge pour la cacher aux regards. Hélas, l’amitié ne peut arrêter le cours de l’histoire. Après avoir échappé à la rafle du Vel’ d’hiv’, les parents d’Hannah décident de retourner à Istanbul. Hannah et sa mère prennent le dernier train. Haïm le père les rejoindra. Ces retrouvailles n’ont jamais lieu. Après la guerre, Suzon vivote comme actrice tandis qu’Hannah devient journaliste. Elle découvre ainsi la véritable raison de la disparition de son père. Quelle différence entre le laisser faire et la trahison? C’est la question que pose Ariane Bois dans ce délicat roman. FA

BLIXEN, Karen La ferme africaineCote R BLIX Paris, Gallimard, 2008 (Folio ; 4440). 508 p.C’est avec enthousiasme que je vous conseille de vous plonger vous aussi dans le récit des 17 années que Karen Blixen passa au Kenya. Elle y a vécu dans une plantation de café, un énorme territoire composé du corps de ferme, des bâtiments utilisés par ses « squatteurs », ses employés, si on préfère, et des terrains agricoles. Avec l’auteur, on plonge au cœur de l’Afrique, de sa culture, des mentalités du lieu, on vit avec les Masais et leurs concurrents, les Kikuyus, on apprend leurs rivalités, leur façon de voir les choses. C’est tout à fait fascinant. A noter que les lecteurs qui chercheraient trace de l’histoire d’amour reprise par Sidney Pollack dans Out of Africa seront grandement déçus. Blixen n’évoque même pas ses sentiments pour Denys Finch-Hatton. Plus étrange, elle ne mentionne jamais son mari, qu’elle est venue rejoindre ici. On la pense seule, la baronne, régnant sur tout ce petit monde, prenant des décisions, servant à la population locale tout à tour de médecin et d’avocat. Et c’est tant mieux pour le propos de ce livre, qui s’avère être moins une autobiographie qu’un documentaire ethnologique. DM

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BRAGANCE, Anne Une affection longue duréeParis, Mercure de France, 2011. 148 p.Cote R BRAG Florent est parti avec une autre. Brusquement, alors que rien ne laissait présager cela, sans laisserle temps à sa femme et à ses trois enfants de luidemander des explications.Il laisse derrière lui un vide immense, dans lequella petite famille a du mal à se retrouver. Sabine, la soeur cadette, tient les rênes de la maison depuis que sa mère a été hospitalisée. Entre les crises et les rebellions inhérentes à l’adolescence de Sophie, son aînée, et les pleurs quotidiens de Sylvain, son petit frère, elle essaye péniblement de maintenir un climat stable et serein. Si elle semble rester forte, elle maudit intérieurement cette inconnue qui lui a enlevé son père, et projette de partir à sa recherche. Quelle que soit l’issue de la situation, elle permettra à chacun des membres de la famille de se découvrir, de tisser ou de briser des liens, d’en ressortir plus fort ou au contraire plus éprouvé. Un livre simple, relatant des faits ordinaires, qui saura cependant toucher le lecteur par la sincérité de ses personnages. LF

BOYD, William L’attente de l’aubeParis, Seuil, 2012. 411 p.Cote R BOYD Titre original anglais : Waiting for sunrise. Cote R2 BOYD

En séjour à Vienne, le jeune comédien anglaisLysander Rief compte bien,grâce à la psychanalyse,soigner un mal d’ordre sexuel qui le ronge d’autant plus qu’il est fiancé à la sublime actrice

Blanche Blondel. C’est dans le cabinet du docteur Bensimon qu’il tombe sous le charme d’une sculptrice quelque peu instable, Hettie. Elle va lui prouver durant les mois de leur liaison secrète (elle est la compagne d’un peintre célèbre) que son trouble sexuel est bel et bien guéri. Mais un jour, Lysander est embarqué par la police pour viol sur la personne d’Hettie. Il parviendra, grâce à l’aide de deux ambassadeurs de Grande-Bretagne à Vienne, à fuir la ville, déguisé, par un train en route pour l’Italie et de là, à rejoindre l’Angleterre. Mais l’aide des deux diplomates n’est pas sans contrepartie, d’autant plus que la première guerre mondiale vient d’éclater. Lysander se voit contraint d’endosser un costume d’agent secret, de décoder des missives secrètes et de découvrir qui est la taupe qui sévit au ministère des Transports. Un très bon roman haletant, comme toujours très bien troussé, du grand William Boyd. DM

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BRIGGS, Patricia Le pacte du hobNantes, Atalante, 2010 (La dentelle du cygne). 317 p.Cote R BRAM Jeune mariée, Aren voit sa vie basculer lorsque sa famille et son mari sont massacrés par desmaraudeurs. Alors qu’elleavait toujours eu quelquedon de prémonition, la magie se libère et révèle

ses talents réels. Sous la menace des maraudeurs et de forces anciennes, Aren va devoir faire son deuil pour grandir, s’affirmer et tenter de sauver son village. Elle sera en cela aidée par Caëfan le Hob, dernier représentant de son espèce, dont l’objectif est de réconcilier les humains et les forces naturelles magiques, luttant ainsi contre l’influence néfaste des prêtres qui ont entravé la magie élémentaire. Le parcours initiatique d’une adolescente qui se découvre femme de pouvoir mais aussi femme sensuelle... en un seul volume, ce mérite d’être relevé pour un roman de fantasy ! JM

BRAMI, Alma C’est pour ton bienParis, Mercure de France, 2012. 195 p.Cote R BRIG Lili, jeune fille de bonne famille, croise un jour lechemin d’un garçon decirque dont elle ne connaît rien. De cetterencontre naît Charlotte.Ses parents ne supportantpas le fait qu’elle soit tombée enceinte hors mariage, décident de l’éloigner afin de préserver l’image de leur famille. Ils lui louent un appartement et lui versent chaque mois de quoi subvenir largement à ses besoins. Abandonnée par les siens, Lili se voue toute entière à l’éducation de sa fille. Elle ne vit que quand celle-ci est près d’elle et s’évertue à la rendre heureuse. Mais Charlotte grandit et cette relation, si simple au départ, va se compliquer à l’adolescence. Alma Brami relate avec brio les problèmes de communication qui peuvent surgir entre une mère et sa fille, malgré l’amour qu’elles se portent. AM

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BUCKLEY, Jonathan ContactCote R BUCK Paris, Rivages, 2012. 286 p.Dominic Pattison est un quinquagénaire dont la vie sans histoire s’agrémente de belles réussites : un mariage heureux, un succès professionnel qui s’accroît, une belle maison dans la banlieue londonienne. Mais voilà que surgit comme un diable de sa boîte un certain Sam, qui prétend être son fils… Dominic se souvient d’avoir eu, il y a une trentaine d’années, une liaison avec une certaine Sarah, mais il n’a jamais rien su de sa grossesse. Et puis, est-il vraiment le père ?Il n’y a aucune ressemblance entre Sam et lui, et Sarah a très bien pu coucher avec un autre homme, lui-même étant déjà avec Eileen. Sam a été soldat, en Irlande du Nord puis en Irak. Aujourd’hui il se déplace avec son mobil-home au gré des chantiers comme maçon ou couvreur. C’est avec cette casquette qu’il se présentera au domicile des Pattison et proposera ses services à Eileen, qui, après concertation avec Dominic, accepte. Mais Sam est de plus en plus pressant : il veut être reconnu, construire son identité et pour cela il a besoin que son père parle de lui à sa femme. Pattison essaie de se défiler et entre les deux hommes s’engage un combat psychologique qui laissera des traces… DM

BRYSON, Bill Promenons-nous dans les boisCote 917.3 BRY Paris, Payot, 2012. 346 p.Titre original anglais : A walk in the woods. Cote 917.3 BRY

L’Applachian Trail (AT) est un sentier de 3500 km environ, qui traverse 14 états des Etats-Unis, du Nord au Sud, du Maine en Géorgie. Bryson, récemment redevenu résident étatsunien, ne résiste pas à l’appel de cette randonnée exceptionnelle. Il lit, s’informe, s’équipe au mieux pour ce trek éprouvant (beaucoup plus qu’il ne s’y attendait) et le voilà parti, flanqué de son vieux pote Stephen Katz, dont la seule activité physique habituelle est d’appuyer sur le bouton d’une télécommande et de se traîner jusqu’au drugstore pour acheter du chocolat. En surpoids, soufflant comme un phoque à l’agonie, Katz suit, tant bien que mal, un Bryson qui n’est plus de première jeunesse non plus. Et les voici en enfer. Il faut escalader et redescendre montagne après montagne, dans le froid et la neige. Affronter des journées de pluies ininterrompues, puis marcher des jours entiers sous un cagnard implacable, il faut faire attention aux ours, dormir sous des abris plus que spartiates, et surtout éviter certains autres randonneurs pénibles… Le tout est passionnant car Bryson, comme toujours, a l’art du récit. A dévorer. DM

© Brett Taylor, 2005

Photo jeu d’échecs : © Aleksandra P., 2009 / Photo du couple : © Electric Images, 2010 :/ Photomontage : bpoeta.net

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CARMONA, José Carlos Pour l’amour du chocolatCote R VILL Paris, Grasset, 2010. 181 p.En 1922 à Lausanne, la route d’Adrian Troadec croise celle d’Alma. Le jeune livreur de lait en tombe immédiatement amoureux. Alma quant à elle ne le remarque même pas. Pour la séduire Adrian est prêt à tout. Découvrant que le père d’Alma est joueur d’échecs, Adrian décide d’apprendre à y jouer. Il devient champion suisse ce qui lui permet de rencontrer le père d’Alma et d’en devenir son ami. Mais Alma ne s’intéresse toujours pas à lui. En l’espionnant, il découvre qu’après chaque concert Alma s’arrête dans une boulangerie pour y manger une sucrerie. Adrian décide donc d’ouvrir une chocolaterie. Ce livre se déroule sur une trentaine d’années, et nous montre qu’il y a toujours de la place pour l’espoir. AM

BUFFAT, Françoise Le violon d’HenriCote R BUFF Paris, l’Harmattan, 2001 (Ecritures). 220 p.Dans ce livre, Françoise Buffat nous parle des traumatismes et des blessures laissés par la Shoah sur la jeunesse d’après-guerre. Elle décrit le chemin parcouru par Philippe pour exorciser le mal. Ce dernier choisit l’oubli, le refoulement de ses origines, de sa culture pour se fondre dans le moule de la culture dominante. Mais choisit-il vraiment ? Un jour, alors qu’il est au sommet de sa carrière en tant que professeur d’histoire à l’Université de Lausanne, son passé le rattrape. Il décide, peut-être à la mémoire de sa soeur récemment décédée, de mener une enquête pour retrouver un violon, celui de son oncle assassiné dans un camp. Cette enquête va le conduire entre autres à Jérusalem, l’amener à rencontrer des personnages hauts en couleur. Enquête qui va s’avérer à la fois douloureuse, déroutante mais aussi jouissive car, petit à petit, Philippe renoue le fil cassé, retrouve sa culture originelle, remonte l’écheveau de son histoire et par là même arrive à se réconcilier avec lui-même. CD

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CHI, Li Pour qui te prends-tu ?Cote R CHI Arles, Actes Sud, 2000 (Lettres chinoises). 154 p.Lu Wuqiao a invité trois amis dans son appartement attenant au restaurant qu’il dirige. Ils se préparent à passer le week-end à joueur au mah-jong, à écouter de la musique, à échanger des blagues salaces, à oublier leur travail qui les déborde. Arrive alors la sœur de l’hôte, qui est également son employée, pour lui annoncer la mort de leur mère. Ce n’est en fait qu’une ruse pour réunir toute sa famille : il faut sermonner leur plus jeune fils qui escroque au bonneteau les passants naïfs et réfléchir ensemble à l’avenir d’une de ses filles trompée par son mari. Avec finesse et ironie l’auteure nous montre une Chine des années 90, en pleine mutation, à travers le regard des parents ouvriers nostalgiques de Mao, du fils frustré qui n’a pas pu faire d’études, des soeurs abandonnées, d’une étudiante carriériste et de jeunes attirés par le fric. RL

CAPUS, Alex Le roi d’OltenCote R CAPU Orbe, Campiche, 2011 (CH). 119 p.Normand de souche, Alex Capus est un authentique amoureux de la bonne ville d’Olten en Suisse. Telles des chroniques journalistiques, ses observations aiguisées de ses concitoyens les Oltenois, son inimitable description du grand atout de Olten – soit le plus important nœud ferroviaire suisse, un casus belli bien fondé envers Soleure la voisine si fade, où il ne se passe et ne se passera absolument jamais rien, et ce brouillard, dense, blanc, intense qui rassemble ses habitants transis. Et puis, il y a le roi d’Olten, un roi sans carrosse, ni marquis de Carabas, le roi-chat des plus noirauds, celui que tous vénèrent et dont le nom est si peu d’ici : Toulouse. Beaucoup d’affection, de tendresse, de simplicité et d’humanité dans ces chroniques de bon voisinage. Olten serait-elle LE paradis helvétique ? MCM

Photo du chat : © Tomcraft, 2006

Photomontage : bpoeta.net

© Lola Alvarez Bravo, 1995 Center for Creative Photography, The University of Arizona Foundation

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DAY, Thomas La voie du sabreCote R DAY Paris, Gallimard, 2008 (Folio science-fiction ; 115). 2 vol.

Dans le Japon du XVIIème siècle, un chef de guerre confie son fils unique à Miyamoto Musashi, un samouraï de légende, pour qu’il apprenne la voie du sabre. La destinée du jeune Mikédi est toute tracée : devenir à son tour un combattant fabuleux qui pourra prétendre à demander la main de la fille de l’empereur. Si Mikedi s’avère doué, passant aisément les différentes étapes de son apprentissage, la véritable voie du sabre lui restera pourtant fermée. Rongé par l’ambition, il ne parviendra jamais à saisir réellement l’enseignement de son maître et finira même par se retourner contre lui. Si ce roman prend sa source dans des légendes et un Japon historiques, les extravagantes aventures de Mikédi et de Miyamoto sont dignes des films de samouraïs à grands effets spéciaux, un style d’ailleurs parfaitement assumé par l’auteur. L’autre volet de ce roman est L’homme qui voulait tuer l’empereur, même si les deux ouvrages peuvent se lire indépendamment. JM

CORTANZE, Gérard de Frida Kahlo : la beauté terribleCote 759.06 KAH Paris, Albin Michel, 201. 206 p.A l’âge de 18 ans, Frida Kahlo est victime d’un grave accident d’autobus : une main courante traverse son corps, brisant sa colonne vertébrale, sa clavicule, son pelvis et sa jambe droite. Depuis lors, la souffrance ne la quittera plus et seule la peinture l’aidera à la supporter ainsi que l’amour qu’elle portera à Diego Rivera, le célèbre muraliste mexicain. Même si ce dernier la trompe et la rend bien souvent malheureuse, elle l’aimera toute sa vie. Elle s’engage également du côté des communistes et aura même une courte liaison avec Trotski, en exil à Mexico, qu’elle appelait affectueusement « Barbichette ». C’est une vie bien remplie, passionnante qui méritait bien que Gérard de Cortanze lui consacre un livre. Pour compléter cette biographie, plongez-vous aussi dans le Journal de Frida Kahlo (voir page 43 ). RL

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DONDA, Victoria Moi, Victoria, enfant volée de la dictature argentineParis, Laffont, 2010. 267 p.Cote 982 DON Victoria, jeune femme de 27 ans, découvre que ceux qu’elle appelaitpapa et maman depuis toujours, ne sont pas ses parents biologiques. Ses vrais parents, de fervents militants contre la dictatureargentine, furent dénoncés par l’oncle paternel de Victoria, tortionnaire dans un des centres de détention de Buenos Aires. Sa mère, enceinte de 5 mois au moment de son arrestation, accoucha dans une des chambres de ce même centre. Très rapidement, malgré les tentatives de sa famille pour la retrouver, Victoria fut donnée en adoption à un couple dont l’homme était un membre des forces de sécurité. Dans ce livre, Victoria nous raconte son enfance, la découverte de la vérité et comment aujourd’hui encore elle continue à se battre pour que les enfants volés connaissent enfin leurs vraies origines. Un témoignage poignant sur son histoire personnelle et celle d’un pays qui a encore de la peine à faire face à ses propres démons. AM

DEL ARBOL, Victor La tristesse du samouraïArles, Actes sud, 2012 (Actes noirs). 349 p.Cote R DELA Merida, 1941. La belleIsabel Mola tente de s’enfuir au Portugal avecson fils cadet. Elle sera rattrapée et son mari,un phalangiste influent,c ommand i t e r a s o nassassinat, exécuté par un homme de main dans

une carrière. Barcelone, 1976. Maria Bencheoaga, avocate, réussit le coup de sa vie en envoyant derrière les barreaux l’inspecteur César Alcalá, pour avoir tabassé un pauvre type, indic à ses heures. Avec cette condamnation, Maria a agité le bâton dans la fourmilière, et elle ne s’en rendra compte que quelques années plus tard. Quel est le lien qui la rattache à César Alcalá ? Et quel est le lien entre ces deux événements, à quarante ans de distance ? Un thriller haletant - à lire avec concentration en raison de la navigation incessante entre présent et passé - où l’on voit que planent encore sur l’Espagne les ombres noires du franquisme. DM

© Mykola Velychko

René Char (1907-1988)est un poète et résistant français

Source : tiensetc.org

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DUBOIS, Jean-Paul Le cas SneijderParis, Olivier, 2011. 217 p.Cote R DUBO Paul Sneijder, le narrateur,est victime d’un accidentrare : une chute d’ascenseurdans une Tour à Montréal.Sur les cinq occupants, il est le seul survivant, protégé par les corps des autres. Parmi les victimes, il y a sa fille, sa

joie de vivre. Depuis son réveil, après trois semaines de coma, il dit avoir : « une perception plus affinée de la réalité ». Ce nouveau regard sur lui, sur ses proches, lui donne des angoisses, en particulier quand il se sent enfermé, trop proche des autres, ou simplement avec sa femme. Pour changer d’air, il répondra à une annonce de « dog walker » (promeneur de chiens). Il est aussi obsédé par les ascenseurs et pour en comprendre leurs mécanismes, il lit des revues spécialisées. Derrière cette obsession se cache bien sûr le deuil de sa fille bien-aimée. Il faut savoir que sa femme n’avait jamais voulu la rencontrer. Il pouvait la voir, mais sans elle et sans leurs deux fils. Elle a quand même daigné accepter que Paul garde les cendres de sa fille à la maison… RL

DU BOUCHET, Paule EmportéeArles, Actes sud, 2011. 109 p.Cote 848.03 DUBO Paule du Bouchet relateici la passion amoureuseque sa mère a éprouvéepour René Char. Elle n’avait que 6 ans quand cet amour débuta pour ne finir qu’à la mort dupoète, 30 ans plus tard.P a u l e s ’ e s t s e n t i ea b a n d o n n é e p a rcet te mère qui fuyai trégulièrement sa famille pour courir retrouver sonamant. Il était défendu de l’appeler chez lui, même en cas d’urgence, même le jour où elle tenta de se suicider à 18 ans. Paule voyait également son père souffrir et craignait qu’il ne mette fin à ses jours. Angoissée, elle souhaitait chaque jour la mort de l’homme qui lui volait sa maman. Quand il mourut (Paule était adulte), sa mère continua à vivre sa passion, se plongeant dans ses lettres, flirtant encore avec son ombre jusqu’à en mourir dix ans plus tard. André du Bouchet, le père, également poète, s’éteignit 18 mois après sa femme qu’il n’avait jamais cessé d’aimer. Au final, un émouvant témoignage et une envie de réconciliation avec cette mère trop« emportée » pour pouvoir lui revenir. RL

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DURET, Patrice Le chevreuilCote R DURE Carouge, Zoé, 2004. 122 p.Un marcheur à l’écoute des souffles les plus ténus, du va-et-vient entre intérieur et extérieur et qui ne sait pas où il va. Il chemine sac au dos et s’arrête à l’orée de son inspiration, se laisse faire ou défaire, c’est selon. Il est juste un réceptacle pour ce qui peut advenir lorsque l’intellect fait silence. Le temps alors se dilate, pour une fois il n’est plus linéaire, il jaillit là où on ne l’attend pas et repart à pas de loup. Ce qui est vu, vécu et partagé laissera une empreinte, un reflet au fond de l’être, comme ce couple de chevreuils rencontrés dans une clairière, libres, magnifiques. Ce livre initiatique qui est aussi un éloge à la lenteur, à la disponibilité et à la vacuité a obtenu le prix Pittard de l’Andelyn-Découverte en 2005. Patrice Duret a également fondé Le Miel de l’Ours, une petite maison d’édition qui parle la langue des poètes et qui vaut vraiment le détour. CD

DUGAIN, Marc Avenue des géantsCote R DUGA Paris, Gallimard, 2012 (Blanche). 360 p.Le nom d’Edmund Kemper vous évoque-t-il quelque chose ? Il défraya la chronique en 1962 pour avoir tué ses grands-parents. Après une expertise psychiatrique, on le jugea apte à réintégrer la société. Mais très rapidement, il est à nouveau possédé par ses démons et découpe en morceaux six malheureuses auto-stoppeuses, puis il massacre sa mère et l’une de ses amies. Ed Kemper fait 2,10 m et pèse plus de 100 kilos, son QI est comparable à celui d’Einstein. Il est toujours vivant, emprisonné à perpétuité dans une prison de Californie. Pas étonnant que Dugain s’en soit inspiré pour son Avenue des géants. Ici, il s’appelle Al Kenner, il est un peu plus grand (2,20 m) et un peu plus lourd, mais c’est le même homme, sa vie de souffrance, l’espoir de rédemption, le même vide affectif, la même mère déséquilibrée. Avec lui, on entre dans l’intimité d’un homme poussé par quelque chose de bien plus fort que lui, et le tour de force de Marc Dugain est de parvenir à nous faire oublier le bourreau pour considérer la victime. DM

© Joey Tranchina, 1979

© alma_sacra

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FERNANDEZ, Dominique TranssibérienCote 915 FER Paris, Grasset, 2012. 299 p.En 2010, dans le cadre de l’Année France-Russie, une vingtaine d’écrivains, acteurs, photographes, journalistes français et russes sont invités à prendre le mythique Transsibérien pour rallier Moscou à Vladivostok. 9288 kilomètres de bouleaux, de taïgas et de fuseaux horaires qui défilent lentement. Il ne s’agit pas d’un récit de voyage comme les autres. D’abord il est écrit par un très grand écrivain qui manie la langue comme un cosaque le sabre : très habilement. Ensuite, il y a l’intérêt qu’il suscite par sa culture. Il est évidemment question de Tolstoï, Tchekhov ou Gorki mais aussi de Dumas et de Jules Verne. Son érudition, ses références et ses propres réflexions séduisent et nous donnent envie d’en savoir plus. Au bout de ces 300 pages, on resterait volontiers encore un peu avec Dominique Fernandez. Abandonné sur ce quai de gare, il ne nous reste plus qu’à aller acheter un billet de train ou rentrer chez soi lire les auteurs évoqués dans ce livre. RL

ELLENA, Jean-Claude Journal d’un parfumeurCote 668.5 ELL Paris, Wespieser, 2011. 129 p.Qui n’a jamais envié ces personnes qui ont du flair, ces professionnels de l’odeur, qui mélangent la nature à la chimie pour créer des parfums, des « accroche-nez ». Jean-Claude Ellena se dit « écrivain d’odeurs ». Comme celui qui chaque jour travaille sur son texte, le modifie, le continue, le parfumeur reprend ses flacons, ses essais, ses formules pour jeter ou conserver et avancer lentement dans sa composition : « les odeurs sont mes mots ». Au fil d’une année, le grand parfumeur de chez Hermès écrit son journal, passant d’un souvenir à une rencontre significative, d’un jardin à un voyage. Ça sent bon le jasmin, l’iris, le vétiver mais on manque de culture olfactive pour saisir pleinement le parfum et le décrire. On apprend que l’odeur de la rose est faite de 500 molécules et que le parfumeur différencie l’essence de bergamote de novembre, décembre, janvier ou février. Il fait bon flâner dans ces pages parfumées et, au bout de cette balade, il nous reste des relents de papier et de très belles émotions. RL

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FOENKINOS, David Nos séparationsCote R FOEN Paris, Gallimard, 2008 (Blanche). 177 p.Fritz et Alice n’arrivent pas à être ensemble. Ce n’est pourtant pas faute d’essayer : depuis de nombreuses années leur couple se fait, se défait, puis se recompose à un rythme effréné. Jalousie, malchance, beaux-parents loufoques et maîtresses trop insistantes sont quelques-unes des nombreuses causes de ce cycle interminable de séparations. Malgré tout, le destin semble bien décidé à ne pas les laisser abandonner la partie. Après avoir essuyé un mariage raté, fait un enfant à une écrivaine et être devenu représentant de cravates, Fritz parviendra-t-il à être enfin heureux avec celle qui lui est, vraisemblablement, destinée ? Au rythme de définitions du Larousse et d’anecdotes croustillantes, David Foenkinos manie habilement la plume pour nous offrir un ouvrage léger, humoristique, et souvent terriblement prenant. LF

FLYNN, Michael EifelheimCote R FLYN Paris, Laffont, 2008 (Ailleurs et demain). 525 p.Ce passionnant roman se lit à deux niveaux. Dans notre futur proche, Tom est un historien qui enquête sur la disparition totale d’un petit village de Forêt noire après 1348. Jamais Oberhochwald devenu Teufelheim, (la maison du diable), puis Eifelheim, n’a été reconstruit. C’est là qu’au 14ème siècle officie le père Dietrich au passé quelque peu trouble. Il a été l’élève de Buridan (oui, celui de l’âne), et pratique fort bien philosophie et théologie. Le village est troublé par l’arrivée d’êtres étranges qui ressemblent à des sauterelles et que Dietrich protège en les faisant passer pour des lépreux. Les « Krenken » s’installent dans la forêt et un dialogue commence entre l’homme de Dieu et ses protégés. Dietrich part du postulat que ces étrangers ont une âme, même si certains de leurs comportements lui paraissent aberrants. Toute ressemblance avec notre époque n’est peut-être pas fortuite… La partie au 21ème siècle est sans doute un peu faible; heureusement, Michael Flynn nous fait revivre un Moyen âge dynamique, intellectuel et lumineux, occulté dans notre imaginaire collectif par le souvenir de la Grande peste. FA

© International Centre Of Photography, 1936

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FULLER, Alexandra Une vie de cow-boyCote R FULL Paris, Deux Terres, 2010 (Essais & récits). 296 p.Colton n’est pas seulement un garçon que les autres garçons de son âge traitent de taré. Dans un Wyoming aux paysages troublants, assailli par des vents qui ne faiblissent jamais, Colton chevauche son mustang, chasse avec ses copains, rejoint les places de rodéo en pick-up. Comme son père et son grand-père avant lui, il se résout à rejoindre la plateforme située sur un gigantesque champ de gaz. Cadences infernales, pollution endémique, travail au-delà du danger. Colton, en tombant d’une passerelle dont la rampe était défectueuse va y laisser la vie. Sa vie de cow-boy, sa vie d’aventure, de grands espaces, de chevauchées. Cette histoire ne pourrait être qu’une histoire, un conte, un roman. Elle est plus que ça. Colton H. Bryant a existé. Il était différent, était marié à Kaylee et avait deux garçons. MCM

FORTES, Susana En attendant Robert CapaCote R FORT Paris, 10/18, 2012 (10/18 ; 4539). 237 p.Titre original espagnol : Esperando a Robert Capa. Cote R6 FORT

Gerda Taro, jeune juive polonaise née à Stuttgart en 1910 fut la compagne du photographe André Friedman, le futur Capa. D’abord réfugiée à Paris, elle fréquente les milieux anti-fascistes puis s’initie à l’art de la photographie. Elle partira en Espagne et couvrira en tant que reporter la guerre civile de 1936. Ce récit romancé nous fait découvrir une jeune femme volontaire, téméraire malgré les doutes sur son engagement journalistique ou ses sentiments amoureux. A l’aube d’un vingtième siècle tumultueux, combattant et empli des souffrances de milliers d’humains, son amour–amitié pour le grand Robert Capa nous la rend extrêmement aimable et sympathique : nous souffrons, aimons, doutons et mourons avec elle, elle qui fut la première femme photographe tuée au combat. MCM

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GARNIER, Pascal CartonsParis, Zulma, 2012. 182 p.Cote R GARN Brice a une soixantaine d’années et il est marié à Emma, une journaliste bien plus jeune que lui. Ils viennent d’acheter unemaison en Ardèche et il lui incombe de s’y installer, alors qu’Emma est en repor tage. Lescartons sont emballés,chargés, transportés et débarqués par les déménageurs.Au lieu de les vider, Brice installe un lit de camp dans le garage et fouille dedans au gré de ses besoins. Mais le temps passe et Emma ne revient toujours pas. Brice finit par sortir un peu de son garage, adopte un chat, fait la connaissance de Blanche, une étrange jeune femme du village. On comprend peu à peu qu’Emma est décédée lors de sa mission et que Brice ne parvient pas à affronter la réalité. Il voit de plus en plus souvent Blanche – Brice lui rappelle feu son père. Tout cela n’a l’air de rien mais les micro-événements vont se précipiter et le tout se terminer très mal. Cartons est un roman posthume de Pascal Garnier et il nous fait regretter sa plume subtile et son ton cynique et quelque peu décalé. DM

GARDE, François Ce qu’il advint du sauvage blancParis, Gallimard, 2012 (Blanche). 326 p.Cote R GARD Le jeune mousse NarcissePelletier, matelot à bord de la goélette Saint-Paul, est abandonné parson navire un jour de 1844 alors qu’il a été envoyé chercher de l’eau

pour l’équipage sur une péninsule australienne. Cuit par le soleil implacable, à moitié mourant de faim et de soif, il est recueilli par une tribu aborigène. Les jours passent et Narcisse doit bien se rendre à l’évidence : malgré ses espoirs, le Saint-Paul ne viendra pas le rechercher. C’est ainsi dix-sept années qu’il passera chez les sauvages, peu à peu il apprend leur langue, tatoue et scarifie sa peau, tout comme eux. Lorsqu’il est recueilli par un bateau anglais en 1861, il ne parle plus français, connaît à peine son nom. Sous la protection de l’explorateur Octave de Vallombrun, il va regagner la France et sa ville natale en Vendée. Mais comment retrouver sa place après autant de temps ? En a t-il seulement envie ? Sa vraie famille n’est-elle pas celle qui l’a recueilli là-bas en Australie ? Ce roman, basé sur l’histoire vraie de Narcisse Pelletier, nous emmène dans une réflexion indispensable sur le regard que l’humain porte sur ses semblables. Un premier roman passionnant. DM

© The Graphic, 1875

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HIGASHINO, Keigo La maison où je suis mort autrefoisArles, Actes sud, 2010 (Actes noirs). 253 p.Cote R HIGA Le narrateur se voit embarqué par Sayaka, qui fut sa petite amie à l’université, dans une enquête troublante. Sayaka a reçu de son père comme héritage une clé à tête de lion

et un plan. Elle pense qu’en découvrant la maison qu’ouvrira cette clé, elle pourra retrouver son passé : en effet, elle n’a plus aucun souvenir de son enfance et il lui est difficile de se construire. Sayaka a une petite fille de trois ans qu’elle ne peut s’empêcher de faire souffrir… Cela a-t-il un lien avec sa propre enfance ? La maison qu’ils finissent par retrouver est étrange : elle est censée ne plus être habitée depuis 23 ans, alors que tout porte à croire qu’elle a dû être quittée précipitamment par ses habitants il n’y a pas si longtemps. Toutes les horloges sont arrêtées à 11h10. En lisant le journal du petit Yusuke, ils vont pouvoir grappiller quelques indices… Un roman haletant à la conclusion surprenante. DM

GINDRE, Philippe Demain ça vientGenève, Sauvages, 2012. 172 p.Cote R GIND Philippe Gindre a uneplume, ça on le savaitdepuis Pagaille temporelle,son premier roman. Si on a pu être agréablementsurpris par le ton de son premier opus, on trouvera i c i n o n s e u l emen t confirmation de son talent littéraire, mais on sera même agréablement surpris. Ici aussi, on est (partiellement) dans l’autobiographie. Nous voici avec notre narrateur punk dans un établissement psychiatrique entouré de zombies de diverses formes, et s’il est là, c’est qu’il veut s’en sortir, enfin. Les substances psychotropes, c’est fini. Demain j’arrête tout ? Voeu pieux... Entre 2005 et 2010, temps sur lequel court ce récit, on va connaître la panoplie des stratégies de fuite ou de rédemption. Notre futur ex-toxicomane fait de la musique, travaille dans une librairie, s’envoie en l’air. Difficile cependant de garder cette vie d’embourgeoisé. Heureusement il y a la rencontre avec LA femme et, surtout, il y a la musique. Le récit est émaillé des créations de notre rocker-écrivain, dont la production se trouve sous forme de CD avec le roman. L’un comme l’autre sont des chefs d’oeuvre d’humour, d’ironie, d’auto-dérision et de tendresse. Ne passez pas à côté de cette voix !DM

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JAHN, Ryan David De bons voisinsCote R JAHN Arles, Actes sud, 2011 (Actes noirs). 269 p.Ce roman est tiré du fait divers qui a donné naissance au « syndrome Kitty Genovese » (lors d’une situation d’urgence, les témoins sont d’autant moins susceptibles d’intervenir qu’ils sont nombreux) dans les années 60 à New York. Une jeune femme rentre chez elle vers 4h du matin après avoir fermé le bar où elle travaille. Elle se fait poignarder sur le parking devant chez elle. Dans les immeubles alentour avec vue sur le parking, aucun des nombreux témoins ne va intervenir, ni même appeler la police. Autour de cette tragédie, Ryan David Jahn construit les vies des témoins pour qui cette nuit aura également une signification particulière. On suit avec intérêt ces tranches de vie alternées avec l’agonie de la pauvre Kat, et ce roman, au-delà de la critique liée à l’indifférence des voisins, est prétexte à illustrer une époque. Ce roman qui fait froid dans le dos, est donc intéressant à plus d’un titre et je vous le recommande vivement. DM

JACKSON, Mick Le journal de la veuveCote R JACK Paris, Bourgois, 2012. 272 p.Juste après le décès de son mari, une femme quitte Londres et s’installe dans une petite maison de pêcheurs dans le Norfolk. Elle a besoin de s’éloigner de son quotidien, des jérémiades de son entourage, de leur fausse complaisance et de leurs conseils. Les jours se passent, indolents, elle marche sur des plages, dans des marais, et la langueur des vagues accompagnent ses humeurs moroses. Ses apparitions au pub du village rendent perplexes les habitués. L’alcool la sevre de sa tristesse, de ses tourments. Peu à peu lui reviennent les émotions, la drôlerie de la vie, et les mots réapparaissent, des mots dont elle s’empare et qu’elle couche sur les pages d’un journal. Elle se sent bien, mieux, mais non, elle se sent mal et ses sentiments la minent. Mais il lui fallait ce départ, ces nouveaux paysages, cet alcool, cet esseulement pour se sentir vivante. MCM

© Kris Carillo, 2012

© Benjamin Earwicker, 2006

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KASHUA, Sayed La deuxième personneCote R KASH Paris, Olivier, 2012. 355 p.Un avocat arabe installé dans le quartier juif de Jérusalem, marié et père de deux enfants, dont la vie est réglée par la routine, voit ses certitudes voler en éclats le jour où il trouve dans un magasin de livres d’occasion, entre deux pages de Tolstoï, un billet d’amour écrit de la main de sa propre femme. Fou de jalousie, il mène l’enquête sur ce Yonatan dont le nom est écrit sur la page de garde du livre. On suit en parallèle le récit d’Amir, un étudiant qui accepte un travail un peu particulier : passer toutes ses nuits auprès d’un tétraplégique, qui ne peut plus ni boire ni manger ni parler. Je vous laisse découvrir comment les deux parties de l’histoire vont se rejoindre et se mêler, la construction de cette histoire étant très subtile. Un magnifique roman écrit en hébreu par un Arabe israélien. DM

KAHLO, Frida Le journal de Frida KahloCote 759.06 KA Paris, Chêne, 1995. 295 p.Frida Kahlo a commencé à écrire son journal dans les années 40. Elle venait de perdre son père, avait divorcé de Diego Rivera en 1939 pour se remarier avec lui une année plus tard. Mutilée par de nombreuses opérations suite à son terrible accident d’autobus 20 ans plus tôt et après 3 fausses couches, elle avait définitivement perdu l’espoir d’être enceinte. Ce journal est intime. Elle l’a d’abord écrit (et illustré de nombreux dessins) pour s’encourager à vivre malgré ses souffrances. La lire, c’est entrer dans sa « Casa Azul ». Dans ce foisonnement de couleurs vives, on devine des autoportraits qui saignent, des mots d’amour, voire d’érotisme criés à Diego, cet homme qu’elle a dans la peau malgré ses nombreux adultères. Si on ne maîtrise pas l’espagnol, la seconde partie du livre est la traduction française et le commentaire de chaque page. L’émotion est à son apogée quand on arrive aux derniers croquis, témoignages des quelques heures précédant sa mort, à seulement 47 ans. RL

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KITTLE, Katrina Le garçon d’à côtéCote R KITT Paris, Phébus, 2012 (Littérature étrangère). 452 p.Sarah Laden, jeune veuve qui élève seule ses deux fils, voit sa vie bouleversée le jour où elle sauve par hasard le fils des voisins, Jordan, qui a tenté de se suicider. Suite à cette tentative, Jordan est hospitalisé et les médecins détectent sur l’enfant des traces d’abus sexuels. La police ouvre immédiatement l’enquête et découvre dans la maison des parents de Jordan des photos d’actes sexuels impliquant des adultes et des enfants. La mère de Jordan, bien que n’apparaissant sur aucune des photos, est arrêtée pour complicité, tandis que le père parvient à prendre la fuite. Sarah et ses fils, touchés par l’histoire de Jordan, décideront de le recueillir chez eux. Katrina Kittle narre avec douceur et talent cette histoire sur la pédophilie et l’inceste. AM

KERANGAL, Maylis de Tangente vers l’estCote R KERA Paris, Verticales, 2012 (Minimales). 127 p.Ce court roman se passe dans le Transsibérien. La narratrice, Hélène, fuit un homme ou plutôt le quotidien sibérien qu’il lui a choisi. Elle se retrouve un peu par hasard dans ce train et c’est également sans l’avoir vraiment décidé qu’elle est amenée à cacher dans son compartiment un jeune conscrit, Aliocha. Il a déserté pour échapper au service militaire. Tous les jeunes entre 18 et 27 ans tentent tout pour éviter l’exil en Sibérie. Dans ces casernes où (presque) tout est permis, les bizutages peuvent mal tourner et Aliocha a peur. Les fils de bonnes familles se font oublier à coup de corruption. Aliocha n’a pas eu de chance : ni certificat médical, ni compagne enceinte de 6 mois, personne n’a rien pu faire pour lui, sauf aujourd’hui peut-être cette Française et la provodnitsa, l’hôtesse en charge du wagon… L’écriture est magnifique, ce qui donne à ce court roman un air de petit bijou. RL

© Katherine Evans, 2005

© The Wandering Angel, 2006

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LAPIERRE, Dominique Un arc-en-ciel dans la nuitCote 968 LAP Paris, Laffont, 2008. 363 p.L’auteur retrace dans ce livre l’histoire extrêmement mouvementée de l’Afrique du Sud. Les premiers colons hollandais n’y avaient mis le pied, en 1652, que pour y planter des légumes destinés au ravitaillement des navigateurs transitant au cap. Petit à petit, la colonie des Boers s’agrandit et s’enfonce dans le pays. S’ensuivent des affrontements et des guerres contre les tribus locales et contre les Anglais débarqués depuis. Les violences ne feront qu’empirer avec le temps pour aboutir au pire : le régime de l’apartheid, très bien décrit dans cet ouvrage. Dominique Lapierre rend l’histoire plus vivante en y ajoutant des récits de vie tel que celui de cette logopédiste blanche, Helen Lieberman, véritable Mère Térésa sud-africaine ou celui de Christiaan Barnard, célèbre pour avoir réussi la première transplantation cardiaque. Pour qui veut comprendre ce pays, je recommande fortement ce livre ! FB

LANGER, Adam Les voleurs de Manhattan.Cote R LANG Paris, Gallmeister, 2012. 253 p.Voici un beau roman, extrêmement travaillé et plein d’humour. Ian Minot écrit et veut être publié. Jed Roth, ancien éditeur, a écrit une autobiographie très spéciale et propose à Ian de la réécrire. La proposition intéresse le futur écrivain qui, peu à peu, découvre les dessous de cette arnaque littéraire. Les deux personnages sont rusés, inventifs, mais l’un se révelera totalement machiavélique. Manuscrit volé, bibliothèque incendiée, jusqu’où ira cette histoire passionnante servie par une vraie écriture, plaisante et juste ? Du grand art, truffé de merveilleux néologismes. MCM

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LEGARDINIER, Gilles Demain j’arrête !Paris, Fleuve noir, 2012. 350 p.Cote R LEGA Julie, 28 ans, déprime depuis la séparation avecson petit ami. Mais lorsqu’un beau jeune homme emménage danssa ville de province française… et dans son immeuble, son moralremonte illico presto. Elle use des stratagèmesles plus rocambolesques pour approcher son nouveau voisin et obtient ma foi certains résultats… Mais le fameux Ric semble lui cacher bien des choses que Julie est déterminée à découvrir. Humour, amour, action… les ingrédients de ce roman fonctionnent à merveille. J’ai été emballée par sa lecture… lecture légère ou profonde, c’est un peu des deux… à vous de voir ! FB

LE GUILLOU, Philippe Les marées du FaouParis, Gallimard, 2008 (Folio ; 4057). 251 p.Cote R LEGU Dans ce récit, l’auteurnous raconte son enfance,plus particulièrement son rapport à ses grands-parents. Le lecteur est invité au Faou, un petit village situé au fond de la rade de Brest. Gabriel, le grand-père maternel, l’intimidait par

son côté réservé. Il était si différent de Jean, l’autre grand-papa, qui savait si bien raconter des histoires. Il se souvient aussi d’Anne, la catholique, la femme de Gabriel, qui partait fièrement travailler à la conserverie. Marie, l’autre grand-mère, sans avoir pu faire d’études, avait surpris son petit-fils en connaissant l’année de publication de L’immoraliste, ce livre qui avait embrasé son adolescence. Outre sa famille, les paysages et la vie en Bretagne sont très bien décrits. On s’y croirait. Son amour pour la langue française lui vient de ses grands-parents et on se délecte à chaque page de ce précieux héritage. RL

© Erwan Martin, 2010

© middleeastvoices.com, 2012

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MAY, Peter L’île des chasseurs d’oiseauxArles, Actes sud, 2012 (Babel noir ; 51). 424 p.Cote R MAY Sur l’île de Lewis, au large de l’Ecosse, on parle le gaëlique. On y pratique le sabbat chrétien et un bien curieux rituel. Chaque année, douze hommes et deux adolescents

partent sur un rocher perdu tuer deux mille jeunes fous de bassan, le maximum autorisé par la loi. Cette étrange tuerie permet aux îliens de se régaler des gugas, et d’introniser les jeunes gens dans l’âge adulte. Pendant deux semaines, tous sont coupés du monde et s’engagent à ne jamais parler de ces journées. L’inspecteur Fin MacLeod est envoyé à Lewis parce qu’un meurtre commis présente des similitudes avec un autre assassinat à Edimbourg. Sa vie personnelle est en plein naufrage suite à la mort de son fils. Mais Fin connaît tout le monde sur l’île. Son amour de jeunesse est mariée avec son ami d’enfance, la victime était l’un de leurs tourmenteurs à l’école, et le fils de son amour va devoir se soumettre au rituel que lui aussi a subi. Peter May mène de main de maître une double enquête, celle du présent, et celle du passé qui n’a jamais été ouverte: le père de son meilleur ami est mort sur le fameux rocher… FA

LITTEL, Jonathan Carnets de HomsParis, Gallimard, 2012. 233 p.Cote 956.91 LIT Plus que le récit d’un carnage, plus qu’un témoignage de guerre, ce texte brut, sans recherche de style, est une parole terriblement poignante, urgente etcapitale. Pendant troissemaines, Littell a côtoyél’enfer, a vu la barbarie, a vécu la guerre auprès des insurgés syriens. Homs était appelée Emèse dans l’antiquité. Elle pourrait s’appeler maintenant « désolation,ruines ou ville du malheur ». Littell voulait enquêter sur la situation sanitaire à Homs, il a vu les rues éventrées, les cadavres sur le sol, les murs déchirés par les bombes et les balles des snipers. Beaucoup sont venus vers lui pour lui raconter des histoires, leurs histoires de vies fauchées. Il a tout recueilli, dans de simples carnets. Pas besoin de style, de circonvolutions. Il y a urgence. MCM

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MENDOZA, Eduardo Une comédie légèreCote R MEND Paris, Seuil, 2009 (Points ; 658). 551 p.Titre original espagnol : Una comedia ligera. Cote R6 MEND

Carlos Prullas est un metteur en scène de vaudevilles à succès. Son mariage lui a apporté la richesse, sa dernière pièce Arrivederci, pollo est un succès à Barcelone, et il navigue entre la capitale catalane et sa résidence balnéaire où se trouvent sa femme et sa fille. Sa vie est bien légère, comme cette comédie, lui qui ne sait pas résister aux chants des sirènes. Le voici donc embringué dans une relation extra-conjugale avec une amie de sa femme, charmante et écervelée, puis une autre avec la jeune comédienne qui joue dans sa pièce, qui est aussi jolie que dépourvue de talent. Cette petite vie bien excitante est tout à coup enrayée par le meurtre d’un homme dont Prullas est malgré lui le principal suspect. Il devra se démener pour prouver son innocence et fera ainsi connaissance avec les bas-fonds de Barcelone, un monde insoupçonné pour cet homme gâté par la vie. J’ai particulièrement aimé, comme toujours chez Mendoza, l’écriture de ce roman, vive, ironique, en un mot ibérique. Et sa manière également de nous faire vivre Barcelone, la ville des prodiges. DM

MENDOZA, Eduardo Bataille de chats : Madrid 1936Cote R MEND Paris, Seuil, 2012. 390 p.Titre original espagnol : Riña de gatos. Cote R6 MEND

On est à Madrid, juste avant la guerre civile. Anthony Whitelands, jeune Britannique spécialiste du peintre Velázquez est appelé dans la capitale espagnole pour expertiser un tableau appartenant au duc de la Igualada. Bien malgré lui, Anthony va se trouver au cœur d’une tourmente où s’affrontent différents mouvements politiques : les phalangistes, les fascistes, les communistes et autres démocrates tentent tous de tirer leur épingle du jeu. La construction de ce roman est remarquablement ficelée et les événements bien amenés, il me serait compliqué d’en dévoiler davantage sans en dévoiler trop. Sachez seulement que Mendoza, ici comme dans ses autres romans, prend un plaisir sadique à malmener ses personnages et notamment son héros, qui n’y comprend rien et se retrouve immanquablement au cœur de situations inextricables. Le malheur des uns (le héros) faisant le bonheur des autres (le lecteur), je ne peux que vous recommander chaleureusement cet opus, qui vous en apprendra également beaucoup sur les prémices de la guerre d’Espagne. DM

Bataille de chats, Goya 1786-87 © Madrid, Museo Nacional del Prado

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MOURON, Quentin Au point d’effusion des égoûtsCote R MOUR S.l., Morattel, 2011. 137 p.Dans un Los Angeles contemporain, le narrateur, qui habite chez Clara, une vague cousine, découvre, dans une ambiance surchauffée, la cité et surtout Laura, une fille ordinaire et pas si belle que ça. Après que Clara l’ait jeté à la rue, il se fait larguer peu après par son amour de passage, et roule dans le désert, se retrouve à Trona, ville de tous les possibles, la fin du monde connu. La moitié de ses habitants sont fous, l’autre moitié en passe de le devenir. A Trona règnent la violence, la pauvreté, les vices. Au-delà du propos, le narrateur-écrivain cherche le sens de son écriture, et un sens à sa vie : lui faudra-t-il rejoindre les autres, ceux du système ? Beaucoup de force, d’expressivité dans ce roman d’un jeune auteur canado-suisse. Quentin Mouron a 23 ans. MCM

MICHEL-AMADRY, Marc Deux zèbres sur la 30e rueCote R MICH Paris, Ormesson, 2012. 114 p.A la mort des deux zèbres du zoo de Gaza, Mahmoud, son directeur décide de peindre deux ânes pour remplacer les chers disparus. Cette histoire pittoresque est reprise par un journaliste new yorkais, ascendant déprimé, qui retrouve le moral grâce à cet évènement. Rencontres palestino-américaines entre les deux hommes, chassés-croisés entre deux couples, s’enroulent dans cette histoire d’où émanent de nobles sentiments, des pulsions humaines, par-delà les frontières. Les sentiments sont universels, la parole ou les mots toujours les mêmes pour magnifier la fraternité entre les peuples, les personnes, les âmes. Une histoire simple pour des gens pas compliqués. Gaza, un zoo, deux zèbres. Un bonheur de lecture. MCM

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Collectif Nouvelles d’HaïtiCote R NOUV Paris, Magellan, 2012 (Miniatures). 142 p.« La ville où je suis né était un bord de mer composé de deux rangées de maisons droites et étroites, soudées par des murs mitoyens. C’était une ville aveugle. On n’y cultivait pas le regard ». Ainsi parle Lyonel Trouillot dans Yanvalou. Les nouvelles publiées dans ce recueil montrent que la littérature haïtienne est tout sauf aveugle, qu’elle fait plus que regarder la langue française, elle la magnifie avec beaucoup de bonheur et d’images. Pour vous en convaincre plongez dans ces récits d’exil et de vaudou, de fantastique, d’enfance et de vie paysanne. Allez à la rencontre d’autres auteurs que Lyonel Trouillot, découvrez Kettly Mars, Gary et Marvin Victor, Jean-Claude Fignolé et Faubert Bolivar. Avec cette anthologie, publiée en partenariat avec le Courrier international, vous ne serez pas déçus du voyage. FA

MURGIA, Michela AccabadoraCote R MURG Paris, Seuil, 2011. 211 p.Titre original Italien : Accabadora. Cote R5 MURG

En Sardaigne, dans les années 50, il arrivait qu’une veuve en difficulté financière donne sa fille à une femme sans enfants. C’est ainsi que la petite Maria devient la « fille d’âme » de Tzia Bonaria qui lui enseigne son métier de couturière, l’envoie à l’école, mais surtout lui donne de l’amour. La petite dernière, l’enfant de trop dans sa vraie famille, trouve auprès de cette nouvelle maman la tendresse et l’attention dont elle manquait. Pourtant la nuit, il se passe des choses secrètes dans son nouveau foyer. Il arrive souvent que sa mère adoptive soit réveillée par des villageois et qu’elle les suive, peu importe l’heure. A son retour, elle refuse de répondre aux interrogations de Maria. Le jour où elle apprendra enfin les raisons de ces errances nocturnes, Maria sera révoltée et décidera de partir faire sa vie sur le continent. Répondra-t-elle à la demande de Tzia de la revoir avant de mourir ? Ce qui paraissait à un moment impardonnable, l’est-il encore quelques années plus tard ? RL

© Dan Lundmark, 2009

© Lotus Head, 2004

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OGIEN, Ruwen L’influence de l’odeur des croissants chauds sur la bonté humaineCote 170 OGI Paris, Grasset, 2011. 325 p.Si la philosophie morale semble un domaine hermétique, Ruwen Ogier a un talent rare : celui de vulgariser le propos et de donner envie de philosopher. Au travers de cas portant sur toutes sortes de sujets, il nous place en situation de réfléchir à nos conceptions morales et de nous interroger sur les raisons de nos prises de positions. Pour sauver cinq ouvriers travaillant sur les voies d’un tram lancé à pleine vitesse, serions-nous prêts à sacrifier une personne innocente ?Non, répondrions-nous. Mais si cet innocent s’avère par ailleurs être un pédophile ? Cette nouvelle information pourrait alors ébranler une conviction qui paraissait pourtant bien établie. Ainsi, plus nous avançons dans la lecture du livre et plus nous découvrons qu’il suffit parfois de peu pour passer du statut de saint à celui de monstre... Et oui, un petit rien tel que l’odeur d’un croissant chaud peut modifier notre attitude morale ! JM

OGAWA, Yôko La merCote R OGA Arles, Actes sud, 2009 (Lettres japonaises). 148 p.Comment le passage d’un camion chargé de poussins peut-il redonner la voix à une petite fille muette ? Après quels hasards un voyage organisé à Vienne permet-il à une femme d’accompagner un inconnu durant ses derniers instants de vie ? Dans chacune des nouvelles de ce livre, des liens simples et parfois improbables se tissent entre les différents protagonistes, faisant fi des milieux et des générations. Ici, un vieil homme qui autrefois fut poète apprend le sens des souvenirs à un enfant. Là, un mystérieux « gardien des caractères » explique à une jeune employée les étonnantes personnalités des lettres de sa machine à écrire. Quelque part à la campagne, un garçonnet garde dans son tiroir un précieux instrument de musique fonctionnant grâce à la brise de la mer. Partagera-t-il ce secret ? Yôko Ogawa nous livre dans La mer sept histoires poétiques, simples, délicates, mettant en relief les trésors cachés du quotidien. Une délicieuse invitation à la rêverie. LF

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PETTERSON, Per Pas facile de voler des chevauxParis, Gallimard, 2011(Folio ; 4756). 300 p.Cote R PETT Trond Sander, 67 ans, se retire dans une petite maison de la campagne norvégienne, non loin de la frontière suédoise. Une rencontre fortuite avec son voisin va le replonger en 1948, l’étéde ses quinze ans, où il passait des vacances avec son père. Trond se souvient de son ami Jon avec qui il empruntait des chevaux pour de folles échappées, de son accident et de l’incompréhensible explosion de colère de Jon, du terrible drame survenu dans la famille de celui-ci, de la sensualité de la mère de Jon et du rôle joué par son père dans la Résistance pendant la deuxième guerre mondiale… Per Petterson mêle subtilement le passé et le présent et il se dégage de ce roman grave et beau une délicate mélancolie où secret de famille et liens entre père et fils sont évoqués par petites touches. CLR

ONFRAY, Michel Théorie du corps amoureuxParis, Grasset, 2002. 303 p.Cote 180 ONF Cinquième essai de Michel Onfray sur le thème de l’hédonisme, la Théorie du corps amoureux replace nos relations amoureuses contemporaines à l’aunedes philosophes antiques.I l montre comment le

couple fusionnel, la fidélité, la monogamie, la procréation et l’hétérosexualité sont peu à peu devenus un idéal. A cet idéal, il oppose une vision solaire et libérée de l’amour, du plaisir et de l’érotique. Au couple judéo-chrétien, il préfère ainsi la conception libertine, joyeuse et décomplexée d’une relation amoureuse placée sous le signe d’une éthiqueludique : rester libre, habiter le présent, refuser la pesanteur, pratiquer le jeu. Un essai qui nous interroge sur notre façon d’appréhender nos relations intimes, nos idéaux romantiques et notre vision du couple traditionnel. JM

© Kedai Lelaki, 2010

© artto

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POULIN, Jacques Tournée d’automneOttawa, Leméac, 1999.208 p.Cote R POUL Un chauffeur de bibliobuss’apprête à partir pour sa tournée d’été dans les petits villages entre Québec et la Côte -Nord. Son dernier voyage,pense-t-il…. Il a rempli son bus de nouveautés que le ministère de laculture lui prépare pour

ses trois tournées annuelles. Dans les étagères, sont rangés également des classiques (français mais également québécois) qu’il aime conseiller à seslecteurs glanés au hasard des routes ou aux habitués qui l’attendent avec impatience. Juste avant son départ, il croise le chemin d’une fanfare française invitée à se produire à Québec. Parmi ces saltimbanques, Marie, une femme ni jeune, « ni toute vieille », comme il se décrit lui-même. Très vite, ils peinent à se quitter. Ils vont cheminer ensemble, lui, dans son bibliobus, la fanfare dans un bus scolaire de location et Marie passant d’un camion à l’autre, d’activités avec son groupe à des moments d’intimités avec le chauffeur. Livres et sentiments s’échangent délivrant une nouvelle énergie de vivre. RL

POLLOCK, Donald Ray Le diable, tout le tempsParis, Albin Michel, 2012 (Terres d’Amérique). 369 p.Cote R POLL Un couple d’auto -stoppeurs qui violent ettuent, un père qui emmène son fils prierdevant des animaux crucifiés en décomposition,un prédicateur amateur de fillettes, un pauvre type qui pense pouvoir ressusciter les morts et rate sa démonstration en tuant (définitivement) sa femme avec un tournevis. Nous sommes entre 1940 et 1960 et la plupart des personnages du roman sont fracassés par les guerres ou par leur enfance. Une partie du roman se situe dans l’Ohio où la nature pluvieuse et brumeuse obscurcit encore un peu plus le tableau. Pollock est lui-même originaire de Knockemstiff, une bourgade sinistre du Sud de l’Ohio, ce qui explique le réalisme des descriptions. Dans une prose magnifique et en dépit de la violence ambiante, l’auteur sait aussi nous amuser et nous rendre attachants quelques-uns de ces paumés. RL

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ROTH, Joseph Job : roman d’un homme simpleCote R ROTH Paris, Seuil, 2012. 221 p.Titre original allemand : Hiob : Roman eines einfachen Mannes. Cote R3 ROTH

Dès les premières lignes un écho au lointain texte du Livre de Job « Il y avait jadis, au pays d’Uç, un homme appelé Job : un homme intègre et droit … » « Ily a de nombreuses années vivait à Zuchnow un homme qui avait pour nom Mendel Singer. Il était pieux… » Le destin singulier d’un homme donc mais aussi par et avec lui, celui plus universel de toute une Communauté, celle judéo-allemande de l’Europe orientale (Galicie et Volhynie actuellement Ukraine du nord-ouest). Mendel Singer, maître d’école hébraïque fort pieux, vit avec sa femme Déborah et ses quatre enfants dans un sthetl de Russie. Son fils aîné, Jonas, va, contre l’avis de ses parents, s’enrôler dans l’armée du tsar, tandis que le cadet, Chémariah, s’exile aux Etats-Unis pour contourner le recrutement. Pour sauver sa fille Miriam qui s’offre au premier cosaque venu (il s’agit d’une ville de

garnison), le couple décide d’émigrer à New York pour rejoindre Chémariah. Le plus jeune fils, Ménouhim, épileptique, semblant mentalement retardé, est confié à un couple sans enfants qui, en échange, prend possession de leur maison. Ce roman est une réflexion sur l’exil, ses leurres et ses souffrances, sur le sentiment d’insécurité d’une minorité livrée aux pogroms, sur la transcendance ainsi que sur le vieillissement du couple et sur la paternité. Un roman envoûtant qui nous plonge au cœur d’une communauté souvent méconnue. CD

PROULX, Monique Les aurores montréalesCote R PROU Montréal, Boréal, 2010 (Boréal ; 85). 243 p.S’il y a un personnage dans ce roman, c’est bien Montréal. Dans ces vingt-sept nouvelles se croisent des vies, des parcours, des extravagances, des doutes. Il y a ceux d’ici et ceux qui viennent d’ailleurs, des vies jeunes ou vieilles, des affamés, des repus, des qui cherchent et des qui savent déjà. Au fil des saisons, sous le soleil ou la neige, on suit, on observe, on écoute ces hommes, ces femmes qui marchent, courent, se retournent ou s’arrêtent. Des banalités, des choses ordinaires, des riens, mais c’est à Montréal et c’est un régal. MCM

© Sandra Cohen-Rose and Colin Rose, 1972

Source : Panneau d’information touristique Sancerre

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SEIGNE, Aude Chroniques de l’occident nomadeCote 848.03 CH SEI Genève, Zoé, 2011. 132 p.Sur les traces d’Ella Maillart, de Nicolas Bouvier pour ne citer qu’eux, Aude Seigne se laisse traverser, emporter, métamorphoser, sculpter, éroder par le voyage et nous restitue ses rencontres dans une langue riche et musicale. Jeune Genevoise de 25 ans, elle a obtenu avec ce livre le Prix Nicolas Bouvier 2011. Nicolas Bouvier, Ella Maillart, Charles-Albert Cingria et d’autres sont en effet là, se faufilent entre les pages, entre les mots car invités par l’auteure. Aude Seigne nous donne une furieuse envie de préparer nos bagages pour un ailleurs à découvrir et à réinventer et ce tout en douceur, un peu comme si elle nous murmurait à l’oreille les couleurs, les sons, les odeurs et toutes ces saveurs que transporte le vent. CD

RUFIN, Jean-Christophe Le grand CœurCote R RUFI Paris, Gallimard, 2012. 497 p.Le grand Cœur, ou comment un fils de pelletier devint un des plus grands marchands de son temps, un négociant des plus avisé, un banquier richissime, un armateur industrieux et visionnaire. Né à la fin de la Guerre de Cent ans, il servit le changeant et fieffé roi de France Charles VII, associés dans la même aventure et quête d’un nouvel ordre du commerce européen et méditerranéen. Devenu Grand Argentier, fondant monnaies royales, son rôle de maître des changes au service de la royauté se confondra plus que de raison à sa propre fortune, inestimable, et qui lui vaudra le déclassement et le bannissement. Il mourra, seul sur l’Ile de Chios en Grèce après avoir perdu tous ses domaines et châteaux et surtout après avoir survécu à la mort de la Dame de Beauté, son amour, son idéal, la favorite du Roy Agnès Sorel. Ce long monologue de Jacques Cœur est un texte magnifique, un pan de l’histoire de France que l’on aurait tendance à oublier. Il ne faut pas. Le récit de Maître Cœur est aussi notre histoire, celle d’une France tant majestueuse qu’aimable. MCM

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STROUT, Elizabeth Olive KitteridgeCote R STRO Paris, Ecriture, 2010. 374 p.Il faut tout d’abord saluer l’inventivité dans la construction de ce portrait d’Olive Kitteridge. L’auteur donne la parole à une multitude de personnes qui ont, un jour ou l’autre, croisé sa vie. Il peut s’agir d’une femme qui se souvient de cette prof de maths exigeante mais également compréhensive, d’une vague voisine, mais aussi la parole plus intime de son mari, de son fils ou d’une amie. A travers 30 ans de relations, par petites touches, l’auteur colorie cette personnalité contrastée. Egoïste et généreuse, sûre d’elle et pleine de doutes, amoureuse et persifleuse, Olive est multiple et c’est parce qu’elle nous ressemble qu’on s’y attache. Les embruns du Maine jouent également sur les couleurs de ce tableau. Ce roman est intelligent où rien n’est tout noir, ni tout blanc et on reconnaît ici la patte d’une très grande auteure. Un dernier argument pour commencer sa lecture, c’est le prix Pulitzer que ce livre a obtenu en 2009. RL

SHRIVER, Lionel Tout ça pour quoiCote R SHRI Paris, Belfond, 2012 (Littérature étrangère). 527 p.Titre original anglais : So much for that. Cote R2 SHRI

Dans son dernier roman, inspiré par la maladie puis la mort d’une de ses amies, Lionel Shriver s’en prend au système de santé américain. Shep a remis son entreprise de bricolage et, avec l’argent de la vente, s’apprête à partir à Zanzibar pour y terminer tranquillement sa vie. C’est à ce moment-là qu’il apprend la maladie de sa femme, un cancer extrêmement rare dont elle a peu de chance de réchapper. Mais la vie humaine, on le sait, n’a pas de prix, alors adieu Zanzibar ! Au fil des thérapies suivies par Glynis, le compte en banque de Shep fond comme neige au soleil. Les amis du couple connaissent bien le problème puisque leur fille aînée est atteinte d’un trouble neurologique incurable… Lionel Shriver a voulu montrer que le système d’assurance maladie est un leurre aux Etats-Unis et, l’on se demande avec elle si prolonger une survie horriblement douloureuse de trois mois vaut vraiment tout cet argent. Un roman coup de poing qui fait froid dans le dos. DM

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SUTER, Martin Allmen et le diamant roseCote R SUTE Paris, Bourgois, 2012. 189 p.Titre original allemand : Allmen und der rosa Diamant. Cote R3 SUTE

Dans cette deuxième aventure policière, Allmen, gentleman désargenté, doit rechercher, avec l’aide de son majordome Carlos, un certain diamant rose. Il s’agit de pister un dénommé Solokov. Nos détectives patentés retrouvent la trace du diamant rose… qui n’est pas celui qu’on attendait ! Dans cet épisode, on suit avec plaisir nos deux fins limiers, des banlieues chics suisses allemandes aux plages tout aussi chics de la Baltique. Le roman baigne dans une atmosphère désuète aux confins de la réalité. Je me réjouis de retrouver ces mêmes personnages dans une nouvelle suite ! FB

SULZER, Alain Claude Un garçon parfaitCote R SULZ Paris, Chambon, 2008. 236 p.Titre original allemand : Ein perfekter Kellner. Cote R3 SULZ

On pourrait penser qu’Ernest a voué sa vie entière à son travail : il vit seul, n’a pas d’amis, pas de famille, pas de loisirs, même pas de télévision, d’ici une paire d’années il aura économisé assez pour s’en offrir une. Il a beau être ce garçon parfait du palace de Giessbach, en Suisse allemande, on est en 1966 et le salaire n’est pas mirobolant. Un jour, le tonnerre éclate dans la petite vie triste et terne du tout aussi triste Ernest sous la forme d’une lettre en provenance des Etats-Unis et rédigée par Jacob. Jacob, l’amour de sa vie ! C’était il y a 30ans, ils avaient 20 ans, travaillaient ensemble au palace et passaient tout leur temps libre à s’aimer secrétement avec fureur et passion. Jacob a ensuite abandonné Ernest pour suivre un écrivain célèbre au-delà de l’Atlantique. Et Ernest ne s’en est jamais remis. Est-il prêt à ouvrir cette lettre, à affronter et exprimer enfin son incommensurable douleur ? Un roman sensible et d’une grande délicatesse, porté par un souffle dramatique remarquable. Une vraie découverte. DM

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TORDAY, Paul Descente aux grands crusParis, Lattès, 2009. 332 p.Cote R TORD Quelques années avant le début du roman, Wilberforce ne pensait et ne vivait qu’à travers son travail qui consistait à développer des logicielsdans sa petite entreprise en p l e i n e s so r. Son associé le poussait à sortir, à rencontrer des gens mais c’est par le plus grand hasard qu’il va faire connaissance d’un groupe d’aristocrates « so british ». On l’initie à la chasse au pigeon, à l’équitation mais surtout à la dégustation des grands crus de Bordeaux. Parmi eux il y a Francis Blake, un collectionneur de vin. Dans sa crypte aux milliers de bouteilles, il lui apprend l’œnologie. Petit à petit Wilberforce prend plaisir à boire en compagnie de cet esthète. Francis transmet sa passion à celui qu’il va considérer comme son fils. C’est ainsi que l’auteur remonte le temps pour nous expliquer comment, un jour de 2009, notre héros en est arrivé à boire seul deux bouteilles de Château Pétrus 1982 dans un restaurant de Londres, à la stupéfaction du sommelier qui ne s’attendait pas à servir un tel millésime à un personnage aussi commun. RL

TESICH, Steve Karoo[S.l.], Monsieur ToussaintLouverture, 2012. 606 p.Cote R TESI Saul Karoo accumule les problèmes. I l est empêtré dans un divorcequi n’en finit plus et leur grand fils adopté lui demande de partager plus de moments tous les

deux, ce qu’il fait tout pour éviter car il déteste l’intimité. Son corps, lui aussi, marque le coup et il insulte l’assistante médicale quand elle lui annonce un poids et une taille qu’il n’admet pas. Alcoolique invétéré, il souffre depuis 3 mois de ne plus être ivre malgré la peine qu’il se donne. Son travail d’écrivaillon ne lui convient pas non plus : son boss l’exaspère quand il lui demande de saboter le scénario parfait d’un vieil auteur admirable. Trop opportuniste et égoïste pour avoir le courage de reprendre sa vie en main, il se laisse dériver jusqu’au jour où une femme… Ce névrosé saura-t-il libérer ses émotions ? Renoncera-t-il à ses pirouettes favorites : les mensonges ? Félicitations aux Editions de Monsieur Toussaint Louverture d’avoir publié en français ce roman remarquable de Steve Tesich (1942-1996) qui est décédé quelques jours après l’avoir achevé. RL

© Corto_Maltese_83

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VERHULST, Dimitri Hôtel ProblemskiParis, Bourgois, 2005. 157 p.Cote R VERH Après avoir passé quelquetemps dans un centre d’accueil pour réfugiés en Belgique en tant quejournaliste, Dimitri Verhulsta ressenti le besoin d’entirer un roman. Que voici.Il est composé d’une vingtaine de récits assez brefs mettant en scène les résidents disparates

et désespérés d’un centre d’accueil : Tchétchènes, Soudanais, Kazakhs, Sierra Leonais cohabitent tant bien que mal entre deux entretiens avec l’Office des étrangers. Les restrictions sont nombreuses et importantes, concernant la consommation d’alcool ou le couvre-feu, par exemple. Les moyens sont inversement proportionnels. Quant à l’espoir, il est presque inexistant. L’auteur a choisi de traiter son sujet avec un cynisme tout personnel. Ce qui fait qu’on se surprend soi-même à rire à gorge déployée des misères de nos protagonistes. Intéressant point de vue, que je vous invite à considérer… DM

VAUTHIER, Bernard Le patrimoine fruitier de Suisse romande : fruits d’aujourd’hui et pomologie ancienneLausanne, Bibliothèque des arts, 2011. 271 p.Cote 634 VAU Pomme de reinette et pomme d’api… nous connaissons tous au moinsces deux variétés depomme. Bernard Vauthiernous invite à en découvrir bien davantage! Faites la connaissance de l’« étoile », de la « croison » et du « museau de mouton ». Apprenez la différence entre une « cougnarde » et une « chèvre » en sachant que toutes les deux sont faites à base de jus de fruits. L’auteur ne se limite pas qu’aux pommes. En effet, la pomologie est la science de tous les fruits à noyaux et à pépins! Il traite aussi des prunes, raisins, abricots, noix, etc. Il rappelle que la poire était tellement importante dans l’alimentation du 18ème siècle que la pomme de terre, nouvellement introduite, est appelée « poire de terre »! Cet ouvrage richement illustré, fruit - c’est le cas de le dire - de vingt-cinq ans d’enquête historico-botanique dans les jardins et manuscrits de Suisse romande et des pays voisins, est à déguster sans modération. FA

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YATES, Richard Un été à Cold SpringCote R YATE Paris, Laffont, 2011 (Pavillons). 205 p.Evan est le fils unique d’un militaire qui a dû renoncer à l’armée à cause de problèmes de vue et d’une femme neurasthénique qui ne quitte pas sa maison. Evan est beau garçon, passionné de mécanique, et projette d’entreprendre des études à l’université. Las, il doit épouser Mary, puisqu’elle est enceinte, et ainsi renoncer à ses rêves. Un an et demi plus tard, le voici divorcé et de retour chez papa-maman. Il rencontre par hasard la timide Rachel, dont la mère, Gloria, divorcée, hystérique et autant avide d’amour que d’alcool, va la jeter dans ses bras. Elle est charmante, cette jeune Rachel, mais ne se donnera pas à lui avant d’avoir passé devant Monsieur le maire. S’il faut se marier pour coucher, marions-nous vite fait, semble se dire Evan. Et voici l’université à nouveau reléguée aux oubliettes, le mariage est encore une désillusion, surtout lorsqu’on emménage dans une maison humide avec sa belle-mère et son beau-frère. Que d’illusions perdues, que de vies gâchées, se dit-on en lisant chacun des romans de Yates, qui décrit comme personne cette période où les rêves s’enfuyaient dans la fumée épaisse des cigarettes et les flots intarissables d’alcool. DM

VIGAN, Delphine de Les heures souterrainesCote R VIGA Paris, Lattès, 2009. 299 p.Victime de harcèlement moral par son supérieur direct, Mathilde n’est plus que l’ombre d’elle-même, l’ombre de cette cadre dynamique qui alliait si parfaitement réussite professionnelle et vie familiale. Au fil du roman, le cycle infernal qui l’a menée à se pencher dangereusement au-dessus des voies du métro est mis en lumière par petites touches sensibles. De brimades en silences, de pressions en exclusion, Mathilde subit encore et encore. Jusqu’à quand ? Cette nouvelle journée sera-t-elle différente ? En parallèle, on suit Thibault, médecin à domicile, qui parvient de moins en moins bien à se protéger de toute la misère humaine qu’il côtoie au quotidien, d’autant qu’il vient de mettre enfin un terme à une histoire d’amour qui l’a laissé exsangue. Ces deux solitudes vont-elles finalement se rencontrer pour se sauver ? JM

© Jaimie Duplass

YVONNET, Marie-Noëlle Carnet de potagistiqueCote 635 YVO Paris, Rustica, 2012. 119 p.Format agréable, pages de couverture cartonnées, agrémentées d’une jolie illustration ne sont pas les seuls atouts de ce carnet de potagistique. Ce livre remarquable est un guide sérieux, plein de ressources, bourré de trucs pour commencer un jardin. L’originalité du graphisme, la simplicité et le bon sens des conseils, des tests, des mises en garde, des anecdotes font de cet opus un objet à lire et relire sans modération. Tous les thèmes liés à la potagistique y sont traités avec beaucoup d’humour et beaucoup de sagesse, parole de jardinière ! MCM

© starush

BAN

DES

DES

SIN

ÉES La cote des BD étant variable d’un site à l’autre, nous ne l’avons

pas mentionnée. Vous pouvez vous renseigner auprès de votre bibliothèque.

La Page blanche - BOULET ; BAGIEU, Pénélope © Guy Delcourt Productions, 2012

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BAGIEU, Pénélope ; BOULET La page blanche Paris, Delcourt, 2012 (Mirages)Eloïse, jeune Parisienne branchée perd subitement la mémoire : qui est-elle, où habite-t-elle, quelle profession exerce t-elle ? C’est ce qu’elle va tenter de découvrir. D’abord retrouver son nom et son domicile. Les pages où Eloïse monte chez elle et imagine ce qui l’attend (un mari ? des enfants ? un amoureux en train de la tromper ? personne ?) sont aussi drôles qu’haletantes. Que va découvrir Eloïse ? Qu’elle est quelqu’un qui ne lui plaît pas vraiment : photos banales et commentaires plats postés sur Facebook, films et livres navrants rangés dans sa bibliothèque, déco sans personnalité, collègues médiocres, Eloïse n’est pas quelqu’un qui sort du lot ! Le scénario de Boulet est efficace, accrocheur, les planches monochromes bleues ou roses de Pénélope Bagieu très jolies bref, La page blanche offre un agréable moment de lecture. Un bémol toutefois : Boulet et Bagieu brocardent la culture de masse alors qu’ils en sont tous les deux un pur produit. Leurs blogs respectifs cartonnent, Bagieu est la chouchou des magazines féminins et ce sont les éditions Delcourt qui ont eu l’idée de réunir ces deux auteurs, flairant la bonne affaire… Une lecture fort plaisante, donc, mais sans réelle profondeur. CLR

BLAIN, Christophe En cuisine avec Alain Passard Paris, Gallimard, 2011Pendant plus de deux ans, Christophe Blain a suivi le chef étoilé du restaurant l’Arpège, Alain Passard. Des cuisines de son restaurant à ses jardins potagers, l’auteur nous fait partager la passion d’Alain Passard pour son métier. En le voyant œuvrer on ne peut qu’affirmer que la cuisine est un art. Des assiettes remplies de couleur, de différentes saveurs que le grand chef aime mélanger, pour le plus grand bonheur de ses clients. Une bande dessinée pleine d’humour et d’énergie, qui plaira aussi bien aux fins gourmets qu’aux amateurs des dessins de Christophe Blain. Petit plus, la bande dessinée est composée de 14 recettes inédites et de conseils pratiques pour les réaliser. AM

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DETEINDRE, Stéphane Petites éclipses Tournai, Casterman, 2007 (Ecritures)Six amis se retrouvent dans un gîte du sud de la France, pour attendre une éclipse de soleil qui aura lieu dans quelques jours. Parmi les six amis, un trentenaire marié venu avec une petite jeune rencontrée sur le net, un couple qui se déchire suite à un adultère, une femme fatale qui déteste les hommes et, comme il aime le dire lui-même, l’homo de service. Ces personnages vont s’aimer et se déchirer tout au long de la bande dessinée. Les thèmes de l’amitié, l’amour, le temps qui passe, rien ne manque dans ce huis-clos. A chaque page, les héros arrivent à nous bousculer, nos questionner et nous surprendre. Une bande dessinée forte en émotion, que je vous conseille vivement de lire. AM

CATEL ; BOCQUET, José-Louis Olympe de Gouges Paris, Casterman, 2012 (Ecritures)Marie Gouze dite Olympe de Gouges est née en 1748 dans une famille bourgeoise de Montauban. Très jeune, elle fait preuve d’une grande indépendance d’esprit et d’une vive intelligence. Révoltée par la condition des femmes, elle qui déclara : « la femme a le droit de monter sur l’échafaud, elle doit avoir également celui de monter sur la tribune » rédigea la déclaration de droits de la femme et de la citoyenne dont certains articles entrèrent en vigueur en… 1971, ainsi que de nombreux écrits demandant l’abolition de l’esclavage des noirs. Femme de lettres, polémiste engagée aux propos parfois virulents, elle s’oppose à Robespierre et ses visions trop radicales à son goût. Jetée en prison, elle assurera brillamment sa défense et sera malgré tout guillotinée à Paris en 1793. Elle était âgée de quarante-cinq ans. Olympe de Gouges fut longtemps injustement oubliée par l’histoire. Cette épaisse bande-dessinée (487 p.) au texte dense et aux dessins noir et blanc, complétée par une chronologie détaillée, rend un bel hommage à cette figure incontournable du 18ème siècle. CLR

Olympe de Gouges - CATEL ; BOCQUET, José-Louis © Casterman, 2012

A boire et à manger - LONG, Guillaume © Gallimard, 2012

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LONG, Guillaume A boire et à manger Paris, Gallimard, 2012Depuis quelques années Guillaume Long tient un blog culinaire sur le site du Monde et il a eu la riche idée d’en faire ce merveilleux album. Vous appréhendez le « chantier de la ratatouille » alors que vous avez de magnifiques aubergines ? Vous n’avez pas envie d’empoisonner votre famille en confondant ail des ours et muguet ? Quid du radis noir ? Découvrez sa chanson sur un air de Barbara, ainsi que l’histoire méconnue de la Jean-Fera du lac! Vous l’aurez compris, l’auteur nous livre d’hilarantes et néanmoins réussies recettes et expériences culinaires, de l’enfance à l’âge adulte et geek. Ce garçon a quelques obsessions : le radis noir déjà cité, et les tomates. Je vous recommande la recette de crêpes par un authentique Breton, les voyages à Budapest et à Venise, les conseils du « nouvel ami » cuisinier nageur. Cerise sur le gâteau, en bas de page et en cinq bulles, vous aurez droit aux bons conseils de pépé Roni sur l’art et la manière de ne pas confondre un « Chinois » et un « chinois », un « économe » et le couteau du même nom. A bon entendeur salut culinaire compris ! FA

JISUE, Shin 3 grammes Paris, Cambourakis, 2012Un matin Shin n’arrive plus à boutonner sa chemise, elle est trop serrée. Elle essaie ses autres vêtements et se rend compte qu’aucun de ses habits ne lui va. Inquiète, elle décide de faire un contrôle à l’hôpital, où les médecins se moquent d’elle et lui diagnostiquent d’énormes gaz. Seulement voilà, le temps passe et son ventre ne dégonfle pas. Après un temps de réflexion, elle décide d’avoir un deuxième diagnostic dans un hôpital plus grand et là on lui apprend sans ménagement qu’elle souffre d’un cancer de l’ovaire. Elle n’a que vingt-six ans. Tout au long de cette magnifique bande dessinée autobiographique, nous allons suivre la lutte de Shin contre son cancer, sa solitude en milieu hospitalier et les rapports avec ses proches. Shin raconte son expérience avec beaucoup d’humour et d’optimisme, on ne peut qu’admirer son courage face à la maladie. AM

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SOREL, Guillaume ; SEKSIK, Laurent Les derniers jours de Stefan Zweig Paris, Casterman, 2012En 1941 l’écrivain autrichien Stefan Zweig et sa jeune épouse Lotte se réfugient au Brésil, à Petropolis. En Europe les juifs sont persécutés, les ouvrages de Zweig brûlés. Ce pacifiste humaniste persuadé que la raison l’emportera sur la barbarie et la violence perd peu à peu espoir, ne supportant plus de voir l’Europe plongée dans le chaos. Malgré l’amour et l’admiration que lui porte sa femme et en dépit de ses projets littéraires, Zweig, envahi par une amère mélancolie, sombre dans la dépression. Les époux Zweig se donneront la mort le 22 février 1942. Le récit subtilement émaillé de flash-backs qui relatent la douceur de vie dans le « monde d’hier » est accompagné par les splendides aquarelles de Sorel. Cette bande dessinée est une adaptation du roman éponyme de Laurent Seksik. CLR

RICARD, Sylvain 20 ans ferme Paris, Futuropolis, 2012Milan est condamné à 20 ans ferme pour plusieurs braquages. Incarcéré, il va vite se rendre compte qu’à part l’enferment difficile à vivre, les prisonniers sont privés de tout droit. Milan n’est pas décidé à se laisser marcher dessus et pour se faire entendre il organise une émeute, ce qui lui vaudra de passer un temps en cellule d’isolement. Puis s’ensuivront de nombreux transferts dans d’autres prisons, afin de le déstabiliser et d’essayer de casser sa volonté. Seulement voilà, Milan ne cédera pas. Cette bande dessinée est inspirée du témoignage de Milko Paris, le fondateur de l’association Ban public, qui se bat afin que les prisonniers bénéficient de meilleures conditions d’emprisonnement. AM

Les derniers jours de Stefan Zweig - SOREL, Guillaume ; SEKSIK, Laurent © Casterman, 2012

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VOS BIBLIOTHÈQUES MUNICIPALES :

CES RÉSUMÉS VOUS SONT PROPOSÉS PAR :Anabel Matute • Caroline Langendorf Richard • Catherine Demolis • Dominique Monnot • François Gerber • Françoise Aellen • Françoise Bonvin • Joëlle Muster • Laetitia Freuler • Marie-Claude Martin • Roane Leschot

DISPONIBILITÉ DES DOCUMENTS :

Existe en gros caractères

Existe en livre lu • Existe en livre lu en allemand

bibliothèque de la Citéplace des Trois-Perdrix 51204 Genève022 418 32 22

bibliothèque des Eaux-Vivesrue Sillem 21207 Genève022 418 37 70

bibliothèque de la Jonctionbd Carl-Vogt 221205 Genève022 418 97 10

bibliothèque des Minoteriesrue des Minoteries 3-51205 Genève022 418 37 46

bibliothèque des Pâquisrue du Môle 15-171201 Genève022 418 37 50

bibliothèque de la Servetterue Veyrassat 91202 Genève022 418 37 80

bibliothèque de Saint-Jeanav. des Tilleuls 19 (entrée rue Miléant)1203 Genève022 418 92 01

Service du Bibliobus40 points de stationnement dans tout le canton, renseignements auprès de votre commune ou au 022 418 92 70

bibliothèque des Sportsch. du Plonjon 4, Parc des Eaux-Vives1207 Genève022 418 37 66

Tous les documents présentés ici se trouvent en un ou plusieurs exemplaires dans les bibliothèques municipales. Vous trouverez leur disponibilité dans votre bibliothèque ou en consultant notre site internet :http://collectionsbmu.ville-ge.ch/

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COORDINATION & CORRECTIONS Dominique MonnotGRAPHISME & ILLUSTRATIONS Bruno Fernandes / bpoeta.net IMPRESSION Centrale Municipale d’Achat et d’Impression Ville de Genève

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“ Il en est des livres comme du feu dans le foyer. On va le prendre chez le voisin, on l’allume chez soi, on le communique à d’autres et il appartient à tous. ” Voltaire EN

VIE

DE

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