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°29 les coups de cœur des bibliothécaires hiver 09 | 10

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Coup de coeur des bibliothécaires

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°29

les coups decœur des

bibliothécaires

Il en est des livres commedu feu dans le foyer.On va le prendre chez le voisin,on l'allume chez soi,on le communique à d'autreset il appartient à tous.

hiver 09 | 10

Voltaire

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Vous tenez entre les mains un recueil éclectique de propositions de lectures concocté par vos dévoués bibliothécaires. Vous y trouverez aussi bien des nouveautés que des classiques, des essais que des bandes dessinées ou des romans, sans oublier la scien-ce-fiction ou les polars, bref, tout ce qui fait la diversité des collections que les bi-bliothèques municipales mettent à votre disposition.Nous, bibliothécaires passionnés de lecture, partageons avec vous nos coups de cœur dans ces petits textes que nous vous laissons découvrir et dont nous espérons qu’ils vous donneront envie de lire.

Visitez aussi le blog des Bibliothèques municipales :lhibouquineur.wordpress.com

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AMSLER ChristineJardin, jardins : 3 siècles d’histoire des jardins à GenèveGollion, InFolio, 2008. 143 p.Disponibilité BUS • CIT • EVI • JON • MIN • PAQ • SER • STAcote 712 JAR

Je me souviens de mon éblouissement lors de mon arrivée à Genève en découvrant tous ces magnifiques parcs et jardins, moi qui ai grandi dans une ville qui en est presque totalement dépourvue. Ce livre est né à l’occasion de l’exposition à l’Institut et Musée Voltaire en 2008. On y découvre combien Genève a eu la chance de plaire au fil des siècles à de riches familles qui l’ont dotée de jardins opulents dans lesquels nous avons la chance de nous promener aujourd’hui. On y redécouvre la Treille et ses tilleuls avant l’introduction du marronnier à la fin du 18ème siècle, le jeu de mail à Plainpalais, le Luna parc aux Eaux-Vives, le Jardin anglais né avec l’hôtel Métropole, l’action des Rothschild à Prégny. Bref, ce beau livre est un heureux prétexte à redé-couvrir l’histoire de notre cité.

FA

BANKS RussellLa réserveArles, Actes sud, 2008 (Lettres anglo-américaines). 379 p.Disponibilité BUS • CIT • JON • MIN • PAQ • SER • STAcote R BANK

Titre original anglais : The reserveDisponibilité BUS • CIT • EVI • JON • PAQ • STAcote R2 BANK

La Réserve c’est un lieu majestueux, tout en lacs, en forêts et en montagnes, dans les Adirondacks. Un lieu de vacances privilégié pour Américains aisés. On est le 4 juillet 1936 et, comme chaque année, le docteur Carter Cole invite quelques amis à célébrer la fête nationale. Sa fille Vanessa est également là, une trentenaire magni-fique à la réputation de mangeuse d’homme. Débarque alors Jordan Groves, un peintre talentueux et reconnu, habitant de la Réserve. Vanessa jette d’emblée son dévolu sur cet homme séduisant qui, connaissant sa réputation, s’adresse à elle avec la plus grande méfiance. Commence alors un jeu de séduction dont personne ne sortira indemne… Ce roman explore non seulement les profondeurs de l’âme hu-maine mais décrit également des paysages à couper le souffle. Malgré l’accueil plus que frisquet (et incompréhensible) de la critique, il démontre une fois de plus que Russell Banks est un écrivain majeur.

DM

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ALLEN WoodyL’erreur est humaineParis, Flammarion, 2007. 252 p.Disponibilité BUS • CIT • EVI • JON • STAcote R ALLE

On ne présente plus Woody Allen, le cinéaste au talent fou. Et pourtant, saviez-vous que ce cher Woody écrivait ? Ce recueil de nouvelles le confirme ! Alors, si vous avez envie de petites histoires rigolotes, jetez-vous sur L’erreur est humaine. On y re-trouve l’humour décalé du réalisateur qu’on imagine sans peine dans le rôle de ses héros malchanceux. Par exemple dans l’histoire de cet homme toujours habillé comme un as de pique aux prises avec un vendeur hautain cherchant à lui refiler un complet high-tech. Ou alors dans la mésaventure d’un obscur écrivaillon abusé par un producteur de cinéma véreux. Quant à l’histoire du père de famille et sa baby-sitter indélicate, elle est vraiment grand-guignolesque… L’auteur caricature à mer-veille certains excès de notre société où les apparences sont reines. Le nez dans ces histoires très faciles à lire, on passe un bon moment.

FB

AMMANITI NiccoloComme Dieu le veutParis, Grasset, 2008. 542 p.Disponibilité BUS • CIT • EVI • JON • MIN • PAQ • SER • STAcote R AMMA

Titre original italien : Come Dio comandaDisponibilité CIT • EVI • MIN • PAQ • SER • STAcote R5 AMMA

Cristiano Zena est un ado pas comme les autres. Sa mère a disparu depuis si long-temps qu’il n’en a aucun souvenir et son père l’élève seul. Rino Zena est aussi un père pas comme les autres : chômeur, alcoolique et nazi, mais terriblement attaché à son fils. Flanqué de ses deux potes, deux losers du même acabit que lui, il traîne son mal-être dans les rues d’une ville italienne glaciale et enneigée. Les trois hommes décident de faire le casse d’un distributeur automatique de billets de banque lors d’une nuit de tempête où un nombre incroyable de catastrophes va se produire. Niccolo Ammaniti traite une fois de plus des petites gens et des laissés pour compte de la société ita-lienne actuelle. Comme à son habitude, les proportions sont apocalyptiques et, même si c’est un peu « too much » on se laisse embarquer dans ce roman qui met habilement en place ses personnages pour leur faire subir à tous une nuit d’enfer.

DM

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oui, qu’en a-t-elle pensé ? Je n’ai pas de réponses à vous donner mais vous incite à dévorer ce petit livre délassant.

FB

BERNIERES Louis deLa fille du partisanParis, Mercure de France, 2009 (Bibliothèque étrangère). 242 p.Disponibilité CITcote R BERN

La fille du partisan, c’est la belle Roza, née dans la Yougoslavie titiste, immigrée en Angleterre où elle vit depuis plusieurs années après avoir connu divers pays et tout autant d’aventures, malgré son jeune âge. Son chemin croise celui de Chris, un quadragénaire marié à une femme insipide, représentant de commerce, qui a mis une croix sur tout ce que la vie peut avoir de « fun ». Quelle vision, donc, que celle de la flamboyante Roza ! Elle l’invite chez elle, en tout bien tout honneur et il y reviendra, jour après jour. Entre thé et cigarettes, elle va raconter sa vie à Chris, dont le désir va s’amplifiant… Un désir qui va sortir de ses gonds et faire exploser la belle complicité qu’ils avaient su créer. Un roman intimiste et magnifiquement écrit que je ne saurais que trop vous recommander.

DM

BERNIERES Louis deSeñor Vivo et le baron de la cocaParis, Stock, 1993 (Nouveau cabinet cosmopolite). 382 p.Disponibilité CITcote R BERN

Après avoir lu La fille du partisan, j’avais envie de lire un autre livre de cet auteur anglais qui vécut longtemps en Amérique du sud. C’est là que se situe l’action de ce Señor Vivo qui a pour héros le susnommé, Dionisio de son prénom et professeur de philosophie de son état. Il n’a de cesse de dénoncer les pouvoirs infinis de Pablo Ecobandodo, le seigneur local de la coca. Ce qui lui vaut de retrouver régulièrement des cadavres dans son jardin et d’avoir à ses trousses des tueurs auxquels il échappe miraculeusement. Sur un ton léger, foisonnant, dans une profusion de métaphores et de détails luxuriants qui fleurent bon l’Amérique du sud, on voit se dérouler cette tranche de vie avec un plaisir amusé… Mais ne nous y trompons pas. Tout à coup, la plume de Bernières s’affûte, la vengeance d’Ecobandodo sera à la mesure de son agacement et le lecteur assiste à l’horrible meurtre de la bien-aimée de Dionisio. Entre autres.

DM

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BELL Madison SmarttLa ballade de Jesse : anything goesArles, Actes sud, 2009 (Lettres anglo-américaines) 354 p.Disponibilité CIT • EVI • PAQ • STAcote R BELL

Avec une vingtaine d’années au compteur, Jesse est le bassiste du groupe les Anything Goes. Pendant les tournées, le groupe sillonne les Etats-Unis à travers les pubs malfamés où les soirées s’enchaînent sur fond de blues, rock, country… On retrouve l’ambiance des grands espaces américains avec ces bars et motels isolés du monde. Dans son enfance, Jesse supporte les coups durs grâce à la musique, même lorsque son père a des excès de violence sous l’effet de la boisson. Aujourd’hui, Jesse n’a pas réussi à accepter son passé d’enfant battu. Son père essaye de se réconcilie, mais Jesse ne peut lui pardonner. Ce livre retranscrit le parcours d’un jeune homme déboussolé cherchant sa propre identité.

SL

BENNETT AlanLa reine des lectricesParis, Denoël, 2009 (Denoël et d’ailleurs). 173 p.Disponibilité BUS • CIT • EVI • JON • MIN • PAQ • SER • STAcote R BENN

Titre original anglais : The uncommon readerDisponibilité BUS MIN

Existe aussi en gros caractères :Disponibilité BUS • CIT

Mais quelle mouche a donc piqué la reine Elisabeth ? Depuis quelque temps, elle semble distraite, manque de ponctualité et néglige autant ses invités que ses tenues. Dépression, vieillesse, Alzheimer ? Rien de tout cela : c’est un syndrome d’apparence inoffensive qui a frappé Sa Majesté : la lecture ! Au fur et à mesure que cette passion dévorante gagne la reine, son entourage s’en inquiète et tente en vain de l’en dé-tourner. Mais sans succès : la reine persiste et signe : elle lira envers et contre tout ! Bennett, très connu en Angleterre, nous livre un roman original où l’humour, comme d’habitude, est de mise. Et pourtant, on compatit devant Elisabeth II, première dame de Windsor mais terriblement seule et prisonnière de l’étiquette. J’ai aimé ce court roman pour sa réflexion sur la lecture et sur les diverses réactions, pas toujours positives, qu’elle suscite dans l’entourage du lecteur. Et j’ai terminé ces lignes en me posant une question essentielle : Sa Majesté a-t-elle lu La reine des lectrices ? Et si

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BUTLER Octavia EstelleLa parabole du semeurVauvert, Au diable vauvert, 2001. 388 p.Disponibilité CIT • PAQ • STAcote R BUTL

2025: Lauren est une adolescente qui grandit à l’abri d’un mur en Californie chez son père pasteur et chez sa belle-mère. Les Etats-Unis n’existent plus vraiment. Chacun vit replié en petites communautés. L’essence est rarissime, le blé aussi, les habitants font leur pain à base de farine de glands et cultivent tant bien que mal leur lopin pour survivre. Lauren est douée d’empathie et garde secret son talent qui lui permet de se réjouir avec les autres mais aussi de subir leurs souffrances physiques ou mentales. Elle a la prémonition que leur monde clos convoité par ceux du dehors sera détruit. Son père l’entend et lui ordonne le silence; son demi-frère ne rêve que d’en découdre avec les pillards. Après la disparition de son frère dans des circonstances horribles, puis de son père, Lauren franchit le mur et décide de combattre la barbarie avec «sa» religion, celle de la Parabole du semeur. Il est rare qu’Octavia Butler soit citée par les critiques francophones. Cette Afro-Américaine, morte en 2006, a pourtant développé une œuvre singulière, presque prémonitoire.

FA

CAROFIGLIO GianricoTémoin involontaireParis, Rivages, 2007 (Rivages/noir ; 658). 314 p.Disponibilité EVIcote R CARO

Titre original italien : Testimone inconsapevoleDisponibilité CIT • EVI • MIN • PAQ • SER • STAcote R5 CARO

Guido Guerrieri, avocat à Bari, traverse une période de remise en question. Du jour au lendemain, sa femme l’a quitté et ses amis qu’il croyait fidèles se sont éloignés. A l’aube de la quarantaine, le doute l’envahit, il s’interroge sur le sens de sa vie. L’ennui est partout dans son quotidien, même dans son travail. Son psy lui diagnos-tique « une forme particulière de troubles d’adaptation ». C’est sans conviction qu’il va trouver un jeune Noir dans sa cellule suite à la visite de sa compagne venue le supplier d’assurer sa défense. En questionnant le garçon et en lisant les témoignages accablants des témoins, il se demande pourquoi il a accepté cette cause perdue. Et puis, au fil des jours, il le croit innocent et cette affaire va lui redonner un second souffle, d’autant plus qu’il vient de rencontrer sa voisine Margherita. Avec elle, il réapprend à parler. Dès lors il décide de ne plus subir sa vie mais de la reprendre en

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BRAD-PITT DEUCHFAHLLa vie rocambolesque et insignifiante de Brad-Pitt DeuchfahlNeuilly-sur-Seine, M6, 2007. 286 p.Disponibilité CIT • EVI • JON • PAQ • STAcote 808.87 BRA

Feu le blog de Brad-Pitt Deuchfalh est né le 1er juin 2005, jour des 15 ans de l’auteur. L’identité de celui-ci, qui a gardé son anonymat, est très controversée : un adoles-cent de 15 ans aurait-il réellement pu écrire les billets aujourd’hui réunis dans ce recueil ? J’en doute, mais ça n’engage que moi. En tout cas, ces chroniques bourrées d’humour et de tendresse sont magnifiquement écrites. Un ado puceau qui cherche à ne plus l’être, qui raconte sa famille désargentée : son père, pasteur de la commu-nauté yavish est un abruti sans sentiment, sa mère bien-aimée est un chouïa han-dicapée, son frère Crocheton, sa sœur Pendry et, bien sûr, les potes, comme Benoît qui, lui, le veinard, est fils unique (donc vélo, playstation, etc…), les filles, et toutes les questions liées à l’adolescence. C’est plein d’humour et d’auto-dérision, c’est intelligent, et parfois triste, et la plupart des textes ont une chute totalement inat-tendue, je me suis vraiment délectée de ce livre.

DM

BUBER-NEUMANN MargareteDéportée en SibérieParis, Seuil, 2004 (Points ; 1191. Témoignage). 343 p. etDéportée à RavensbrückParis, Seuil, 2008 (Points. Témoignage ; 73). 347 p.Disponibilité CIT cote 940.547 BUB

Membre du Parti communiste, Margarete Buber-Neumann fuit l’Allemagne nazie avec son compagnon Heinz Neumann, un des leaders du Parti. Le couple se retrouve à Moscou et en 1936, victime de la répression stalinienne, tous deux sont arrêtés. Accusée d’organisation contre-révolutionnaire, Margarete Buber-Neumann est dé-portée à Karaganda, en Asie centrale. Dans le cadre du pacte germano-soviétique, elle est livrée à la Gestapo en 1940, comme des milliers de communistes et socia-listes allemands et autrichiens. Internée au camp de concentration de Ravensbrück, elle est libérée en 1945. En 1949, 20 ans avant l’Archipel du goulag, la publication de son témoignage fait sensation, ainsi que sa présence au procès Kravtchenko.

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CLEMENT GillesLe salon des bercesParis, Nil, 2009. 205 p.Disponibilité PAQcote 712 CLE

Gilles Clément, farouche défenseur des belles vagabondes, dont les fameuses berces tant décriées, a choisi de construire sa maison en fonction d’elles plutôt que de détruire des plantes avant de bâtir. Il y avait dans la Creuse une grange à laquelle, pour des raisons familiales, il n’avait plus accès et, non loin de là, un vallon parcouru et intimement connu depuis l’enfance. C’est ce lieu qu’il choisit en 1977. Personne ne veut cultiver cette terre ingrate et acide, mais ses voisins paysans Fernande et Roger lui accordent un soutien bourru, presque une bénédic-tion, et le village suit le chantier avec une curiosité bienveillante. Sa maison de granit, Gilles Clément la veut ouverte à la nature et aux animaux. Pas d’électricité, pas d’engrais, pas de pesticides. Il s’efforce d’«observer plus pour jardiner moins» et dresse chaque année le constat du mouvement naturel des plantes avant d’or-ganiser ses massifs et son potager. En vingt ans de travaux et d’amitié, la maison est finie, mais le jardin en mouvement continue. En relatant son expérience de laboratoire de jardin, Gilles Clément nous livre aussi un témoignage touchant sur la fin d’un certain monde paysan.

FA

COE JonathanBienvenue au clubParis, Gallimard, 2003 (Du monde entier). 529 p.Disponibilité BUS • CIT • EVI • JON • MIN • PAQ • SER • STAcote R COE

Ce n’est pas la première fois que Jonathan Coe figure dans nos coups de cœur mais comment résister à vous donner encore et encore envie de le lire ? D’emblée ses personnages nous intéressent. Que ce soit Benjamin, un double de l’auteur plus à l’aise pour écrire des articles dans le journal de l’école que pour parler aux filles, ou alors Claire qui ne se remet pas de la disparition mystérieuse de sa sœur. Birmingham, années 70, des jeunes lycéens lancent un journal, tombent amoureux, survivent dans un collège très « vieille Angleterre ». On refait le monde à coup de bières sirotées au pub, de tubes de Clapton et d’Abba, le cœur en général bien à gauche. A côté d’eux, le monde bouge. Le thatchérisme s’annonce, la montée de l’extrême droite avec un racisme ambiant, les attentats de l’IRA, les grèves dans les usines, les syndicats très puissants. En ombres chinoises, des parents pas toujours exemplaires mais aussi touchants que leurs enfants. L’humour de Coe s’insinue partout entre les lignes et

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mains. Carofiglio est lui-même magistrat, ce qui donne à ce roman noir une force évidente. A travers son enquête, ses déambulations de bars en plages, il nous dessine une Italie du sud gangrenée, jusque dans sa justice, par le racisme.

RL

CARRERE EmmanuelUn roman russeParis, Pol, 2007. 356 p.Disponibilité BUS • CIT • EVI • JON • MIN • PAQ • SER • STAcote 848.03 CAR

Difficile de résumer un livre tel que Un roman russe. Difficile également de dire si je l’ai aimé ou pas… disons qu’il ne m’a pas laissée indifférente. Emmanuel Carrère s’interroge sur le passé de sa famille et plus particulièrement sur celui de son grand-père maternel, un Russe émigré à Paris qui a disparu sans laisser de traces pendant la Deuxième guerre mondiale, probablement assassiné pour faits de collaboration. L’auteur est intimement persuadé que le fantôme de son grand-père plane sur son existence et l’empêche d’être heureux. Il tente de lever la chape de silence qui pèse sur toute sa famille, mais sa mère, l’académicienne Hélène Carrère d’Encausse, inter-dit à son fils de parler de son père. Emmanuel Carrère raconte aussi ses voyages en Russie avec une équipe de tournage pour enquêter sur un soldat hongrois, oublié de la guerre, libéré après plus de 40 ans passés dans un asile russe. L’enquête bouclée, l’équipe se déplace à Kotelnicht, bourg sinistre et paumé ou sera tourné Retour à Kotelnicht qui a fait partie de la sélection officielle du Festival de Venise en 2003. Si ces sujets sont passionnants, habilement imbriqués les uns aux autres, il n’en va pas de même pour le pénible déballage de la vie sentimentale de l’auteur : sa relation avec son amie est difficile, le couple est rongé par la jalousie et le lecteur subit une confidence impudique et narcissique aussi insupportable qu’inintéressante. Dommage car les pages sur Kotelnicht, l’hiver, l’alcool, ses habitants aussi tristes qu’attachants prouvent qu’Emmanuel Carrère est un grand auteur. Alors à vous, lecteurs, de voir si Un roman russe vaut tout de même le détour.

CLR

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COLLOD CarloLes aventures de Pinocchio = Le avventure di PinocchioParis, Flammarion, 2001 (GF ; 1087).Disponibilité CIT • EVI • JON • PAQ • SER • STAcote R5 COLL

Tout le monde connaît ce garnement de Pinocchio qui fait la joie des enfants depuis plus d’un siècle. J’en ai lu récemment la version intégrale qui m’a enchantée malgré le fait que je suis maintenant une très grande fille ! C’est qu’il arrive des aventures épous-touflantes à ce pauvre pantin qui souvent l’a bien mérité. S’il avait dit obéi à son papa Gepetto et avait suivi sagement l’école, il n’aurait pas fait de si mauvaises rencontres, avec le monteur de marionnettes Mangefeu qui veut l’exploiter, avec le chat et le renard qui le détroussent, avec l’horrible vendeur d’âne… car il se transforme, comme tous les enfants qui ne veulent pas étudier, en un joli petit âne… Ce texte nous plonge en plein imaginaire d’un monde où les animaux parlent et les fées surgissent du néant. Malgré un côté moralisateur bien présent, on prend du plaisir à cette lecture rafraîchissante.

FB

CONNOLY JosephJack l’Epate et Mary pleine de grâceParis, Flammarion, 2009. 542 p.Disponibilité BUS • CIT • EVI • JON • MIN • PAQ • SER • STA cote R CONN

Titre original anglais : Jack the lad and Bloody MaryDisponibilité CITcote R2 CONN

Jack le charpentier et Mary la mère au foyer vivent dans un quartier populaire du sud de Londres. Ils ont un rêve : s’installer dans une modeste maison et vivre tranquilles. Après le travail Jack ne crache pas sur une pinte au pub, tandis que la douce et (trop) soumise Mary l’attend et s’occupe de leur enfant. Les rumeurs de la guerre les atteignent à peine, tout cela semble si loin… et Mary met toute son énergie dans la préparation du réveillon. En 1940 Londres subit à son tour les bombes, les rêves se brisent, l’existence de milliers de civils bascule. Jusqu’où peut-on aller pour garder une vie décente ? Jack va glisser peu à peu dans des activités mafieuses et devenir une ordure violente et corrom-pue, tour à tour victime et bourreau. De son côté, Mary, désemparée, se transforme en « faiseuse d’anges »… Connoly s’introduit dans les pensées de ses personnages et mé-lange avec une grande maîtrise leurs réflexions intimes et les dialogues qui rendent le récit d’autant plus puissant et réaliste et en fait un témoignage aussi émouvant que dérangeant sur les ravages de la guerre.

CLR

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fait qu’on en redemande. Et justement, c’est ce qui est bien ici car quand on arrive à la dernière page, ce n’est pas fini : la suite est dans Le cercle fermé (présenté ci-dessous).

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COE JonathanLe cercle ferméParis, Gallimard, 2006 (Du monde entier). 543 p.Disponibilité BUS • CIT • EVI • JON • MIN • PAQ • SER • STAcote R COE

Titre original anglais : The closed circleDisponibilité CIT • SERcote R2 COE

Thatcher est partie, bienvenue à Tony Blair ! Fin des années 90, nos héros de Bienvenue au club ont pris 20 ans, on les retrouve en adultes soucieux aux illusions tombées une à une comme leurs cheveux. Certains élèvent avec peine leurs ados et la plupart se débattent dans un marasme affectif. Leurs idéaux de jeunesse ont été engloutis par leur quotidien plutôt confortable, quelques fantômes les titillant de temps en temps. Coe nous embarque avec lui dans ce qui ressemble à sa propre histoire, décrivant avec toujours beaucoup d’acuité et d’humour ce début de millé-naire outre-Manche. Là-bas, le gouvernement sacrifie ses ouvriers au nom de la mondialisation et n’hésite pas à envoyer ses soldats en Irak. Quelques manifesta-tions de rue, des grèves viennent vaguement enrayer la mécanique blairiste. Nos héros se retrouvent au-dessous des banderoles, « comme dans le temps ». Un superbe roman qui nous renvoie à nos propres expériences de confrontation avec notre jeu-nesse. Et quand d’anciens camarades d’école se rencontrent, la mélancolie n’est pas loin. Ici, les cercles ont tendance à se refermer, obligeant les quadras à tourner en rond ou alors, pour les plus matures, à boucler la boucle.

RL

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D’ACENKO Marina, D’ACENKO SergueïLa caverneParis, Albin Michel, 2009. 412 p.Disponibilité EVI • PAQcote R DACE

Dans une ville imaginaire qui pourrait être n’importe quelle grande capitale, les habitants vivent tout à fait normalement le jour, mais se retrouvent dans la Caverne la nuit dans leur sommeil. Dans cette caverne, ils ne sont plus des êtres humains mais des animaux : certains sont prédateurs, certains sont proies. Cette transforma-tion permet de canaliser l’agressivité qui s’exprime sous forme animale dans la Caverne, même si certains ne se réveillent pas car ils ont croisé un prédateur durant la nuit. L’agressivité étant déchargée de cette façon, les habitants ne connaissent ni meurtres ni violence d’aucune sorte durant la journée. Or, tout se complique lorsqu’une même proie échappe trois nuits de suite au même prédateur, et que, plus étonnant encore, ces deux personnes se reconnaissent de jour. L’équilibre est alors rompu et les vrais dirigeants de cette société se dévoilent au grand jour, révélant des méthodes de contrôle moins honnêtes qu’il n’y paraît.

FG

DANZIGER NickFemmes face à la guerreNice, Nice Musées, 2009. 80 p.Disponibilité STAcote 779 DAN

Nick Danziger est un photographe britannique né en 1958, qui a reçu le World Press Award en 2004. La principale raison de son travail est l’engagement humanitaire qui l’a conduit à travailler à plusieurs reprises avec le Comité international de la Croix-Rouge (CICR). Le but de ce projet était de réaliser une série de photographies sur la vie des femmes touchées par un conflit armé. En décrivant le destin de onze femmes - en Afghanistan, en Sierra Leone, en Cisjordanie, en Serbie, etc - il dépeint la vie quotidienne de ces femmes victimes de violence, mutilées, violées, détenues ou ac-cablées par le chagrin. Que sont-elles devenues ? Elles sont là, sous notre regard, incarnant une souffrance universelle, intemporelle, celle de femmes face à la guerre, atteintes dans leur dignité, en lutte pour leur survie.Au-delà de ces souffrances, deux mots réunissent ces femmes : courage et colère.

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CUNEO AnneZaïdaOrbe, Campiche, 2007. 509 p.Disponibilité BUS • CIT • EVI • JON • MIN • PAQ • SER • STAcote R CUNE

Les mémoires de Zaïda, alerte centenaire, sont passionnantes. Dans les années 1870, à tout juste 18 ans, cette aristocrate croise le chemin de Basil... le coup de foudre est immédiat : les voilà mariés quelques jours plus tard au grand dam de la mère de Zaïda. Tocade de jeunes délurés ? Pas du tout ! Après une rencontre digne d’un conte de fées, l’idylle se poursuit des années durant. Le couple se rend à Zurich afin que Zaïda puisse commencer des études de médecine dans une faculté qui tolère les femmes. Ils s’installent ensuite en Italie, toujours aussi amoureux l’un de l’autre. Ils mènent une vie légère et pleinement heureuse, à l’abri des soucis financiers... jusqu’à ce que des nuages pointent à l’horizon. Cette lecture prenante vous emporte dans le tourbillon de la vie de Zaïda aux quatre coins de l’Europe, de 1870 à 1950 environ. J’ai été vraiment emballée par cette formidable saga familiale qui allie amour, his-toire, société, médecine avec maestria... un vrai roman tel qu’on les aime !

FB

CUNNINGHAM MichaelLe livre des joursParis, Belfond, 2006. 347 p.Disponibilité BUS • CIT • EVI • JON • PAQ • MIN • SER • STAcote R CUNN

Titre original anglais : Specimen daysDisponibilité BUS • CIT • EVI • MIN • PAQcote R2 CUNN

New York, trois époques, trois histoires et un fil conducteur. La première partie nous décrit les bas-fonds ouvriers d’une ville en pleine révolution industrielle. Une seule échappatoire pour le jeune Lucas, forcé à travailler sur la machine qui a tué son frère, la poésie de Walt Whitman. Un saut temporel nous plonge ensuite dans un New York actuel non moins violent où les enfants, de façon incompréhensible, se suicident à l’explosif. Un indice : des vers de Whitman. La troisième partie du roman se passe dans un futur lointain où New York est devenue un parc d’attraction géant. Le travail de Simon, robot à apparence humaine, consiste à agresser les touristes dans Central Park. Tout irait bien pour lui si des citations de Whitman n’interféraient pas constam-ment dans son fonctionnement… Un roman étrangement fascinant.

JM

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ECHENOZ JeanCourirParis, Minuit, 2008. 141 p.Disponibilité BUS • CIT • EVI • JON • MIN • PAQ • SER • STAcote R ECHE

Comme il l’avait fait pour Ravel, Echenoz récidive là avec une autre biographie ro-mancée, celle d’Emile Zatopek, le coureur de légende qu’on surnommait « la locomo-tive tchèque ». Au début des années 40, le jeune garçon qui déteste le sport - son père ouvrier lui ayant transmis l’idée que c’est cher et que ça ne sert à rien - doit participer à une course organisée par la Wehrmacht. Avec quelques jeunes paysans tchèques faméliques, ils doivent affronter la sélection allemande athlétique et arro-gante. Sa deuxième place est remarquée ; même si son style est bizarre, les résultats sont là. « L’imprévu c’est que ça commence à lui plaire » et ce sera alors le début de son étonnante carrière. En arrière-plan, le système stalinien qui contrôle tous ses faits et gestes. Difficile de composer avec un régime qui exhibe fièrement ses héros mais qui d’autre part déteste ceux qui sortent de la masse. Mais le monde veut voir l’homme le plus rapide de la terre. Il devient une star que le parti a du mal à museler. Entre ombre et lumière, Zatopek va tenter au mieux de vivre sa vie d’athlète, mais aussi d’homme. Courez… emprunter ce livre !

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FERRANTE ElenaPoupée voléeParis, Gallimard, 2009 (Du monde entier). 175 p.Disponibilité BUS • CIT • EVI • JON • PAQ • SER • STAcote R FERR

Leda, une professeur d’université italienne de 48 ans dont les deux filles adultes viennent de repartir vers leur père au Canada, se sent enfin légère, dégagée de leur poids. Elle décide de faire un séjour à la mer. Sur la plage, elle lit, prépare ses cours et observe ses voisins de transat, une famille napolitaine hurlante et envahissante. Parmi elle, la jeune Nina détonne par sa finesse et intéresse particulièrement Leda, qui remarque les liens fusionnels qu’elle entretient avec sa petite fille de 3 ans. Il n’en fallait pas plus pour qu’elle ressasse son passé et ses relations chaotiques avec ses filles qu’elle a abandonnées pendant trois ans. L’auteur aborde, avec cette écriture puissante qui la caractérise, la difficulté d’être mère. Leda se raconte sans faux-sem-blants, ce qui rend le récit d’autant plus touchant et vraisemblable. Si le genre in-trospectif ne vous fait pas peur, n’hésitez pas, lisez Elena Ferrante !

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DELAUME ChloéLe cri du sablierParis, Farrago, 2001. 132 p.Disponibilité BUS • CIT • EVI • JON • STAcote R DELA

Voici un livre qui mérite un coup de projecteur pour vous donner envie de le lire. En effet, en parcourant la première page, on peut être sceptique : une langue étrange, des mots compliqués, une entrée en matière abrupte. Faites fi de cet a priori et laissez-vous séduire par la musique que produisent les mots qui tranquillement vont prendre sens. On comprend alors que l’auteure parle de la mort de sa mère tuée par son père qui se suicidera juste après. Ce drame va évidemment marquer la vie de la fillette, mais aussi de l’adulte qu’elle est devenue. Si les mots ont une telle impor-tance dans ce livre c’est parce que la petite Chloé aimait parler avec sa maman, apprendre du vocabulaire pour être ensuite félicitée pour sa qualité d’expression. Son père, elle ne l’aimait pas, elle voulait sa mort. Quand ça arrive, elle pense que le Bon Dieu la punit en lui enlevant sa maman. Du jour au lendemain, elle ne parlera plus… pendant une année. Encore une de ces autofictions me direz-vous ? Oui mais, quel talent ! Et pourquoi inventer des personnages quand la vie vous balance un tel destin ? (Son site vaut le détour : www.chloedelaume.net)

RL

DURIF EugèneLaisse les hommes pleurerArles, Actes sud, 2008 (Domaine français). 138 p.Disponibilité BUS • CIT • EVI • JON • MIN • PAQ • SER • STAcote R DURI

Ce singulier roman lève le voile sur un épisode méconnu des années 60, à savoir celle des enfants réunionnais orphelins ou cas sociaux, envoyés se faire rééduquer en France. En fait de rééducation, ils furent surtout exploités et humiliés. Eugène Durif nous conte l’histoire d’un gardien de prison, Léonard, trop gentil avec les détenus, donc viré, qui se met en tête de retrouver son compagnon d’infortune, Sammy. Le Réunionnais a été placé comme lui dans la Creuse, chez de « braves » paysans de la France profonde. Sammy vit maintenant retiré de tout en hôpital psychiatrique, et Léonard laisse son amie pour retrouver ce frère de malheur, son frère. Ensemble, ils refont le chemin de leur enfance, la ferme sordide, leur « chambre » avec paillasse sur laquelle ils devaient dormir à deux. Ils se souviennent de l’assistante sociale horrifiée qui les a emmenés à l’école, de la gentille petite voisine et de son père. Mais Sammy reste absent, Léonard s’éloigne de sa compagne, il lui reste ce voyage et les larmes.

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FROIDEVAUX Jacques, FROIDEVAUX HubertLes 1000 & 1 lundisLa Chaux-de-Fonds, Plonk & Replonk, 2008. 119 p.Disponibilité BUS • CIT • EVI • JON • SER • STAcote 741.5 FRO

Comment résumer un livre qui ne se veut justement pas trop bavard de mots mais ex-plicite par l’image. Juste vous dire que ça vaut le détour, que c’est suisse et surtout que c’est drôle. Début du chapitre 1 : « Lundi 5h42. Alors que les dernières salves dominicales résonnent encore dans les hauteurs du palais de votre voûte crânienne, le réveille matin magique, d’un doux baiser, vous rappelle au monde ». Sur la page d’à côté, « La danse des pommes de terre en robe des champs au printemps ». Je vous laisse imaginer des patates qui dansent en tutus et ballerines dans un champ… Plus loin, « La nouvelle salle de contrôle du Royaume de Suisse » : plusieurs horloges pour chaque canton qui indiquent la même heure. Quelques pages plus loin une photo d’un groupe de très chevelus, barbus avec la légende « 364’837e jour de la grève nationale des Patrons-Coiffeurs ». Etc, etc… D’un photomontage à l’autre, les frères Froidevaux dérident nos lundis.

RL

GAUDE LaurentLe soleil des ScortaArles, Actes Sud, 2004 (Domaine français). 246 p.Disponibilité BUS • CIT • EVI • JON • MIN • PAQ • SER • STAcote R GAUD

Existe aussi en livre luDisponibilité CIT

Tout commence par le retour au village du terrible Luciano après 15 ans de prison et d’abstinence. Il n’a qu’une envie, retrouver Filomena. Sous un soleil de plomb et sans descendre de son âne il se dirige vers sa maison. Il frappe à la porte, une fille qu’il croit être Filomena lui ouvre, et sans échanger un mot, ils vont passer les dernières heures de Luciano ensemble avant qu’il ne se fasse lapider violemment par les hommes du village. Un enfant naîtra de ces derniers moments entre ce bandit et son amour de jeunesse. Cet enfant sera le premier des Scorta, enfant maudit, montré du doigt et rejeté par toutes les familles de ce village des Pouilles. Toute sa vie, il en gardera rancune et portera en lui une violence énorme qu’il transmettra à ses descendants. Nous sommes en 1875 et, à travers les trois générations suivantes, Gaudé brosse le portrait de cette Italie du Sud où, pour échapper à la pauvreté, on part en Amérique, on trafique des cigarettes avec l’Al-banie, etc. Et tout cela baignant dans un sens de la famille et de l’honneur omniprésent et toujours sous ce soleil de folie.

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FOER Jonathan SafranTout est illuminéParis, Olivier, 2003. 331 p.Disponibilité CIT • EVI • MIN • PAQ • STAcote R FOER

Titre original anglais : Everything is illuminatedDisponibilité CIT • EVIcote R2 FOER

Tout est illuminé raconte l'histoire d'un jeune Américain d'origine juive ukrainienne qui cherche à retrouver le village d'où sa famille est originaire, Trachimbrod, et la trace d'une femme qui a sauvé son grand-père d'un massacre nazi pendant la guerre. Il est guidé par un jeune Ukrainien qui lui sert d'interprète, par le grand-père de celui-ci qui lui sert de chauffeur et par un chien plus ou moins caractériel. Que dire de plus sinon que ce roman étrange, constitué de trois histoires imbriquées, celle de l'interprète, celle du jeune Américain et celle du village Trachimbrod, est génial et que vous ne pourrez, dès lors que vous l'aurez commencé, l'abandonner. Un humour décapant, des rires et des pleurs sont au rendez-vous !

CD

FOURNIER GisèleNon-ditsParis, Minuit, 2001. 157 p.Disponibilité EVI SERcote R FOUR

Une histoire puzzle : chaque chapitre commence à la première personne mais c’est chaque fois une personne différente qui s’exprime et qui petit à petit recompose l’histoire de la famille. Lorsque Mathilde revient trente ans après dans la ferme qui abrita ses vacances d’enfant, tout lui revient par bribes. Dévoilées ainsi par petites touches, chapitre après chapitre, par les voix de chacun des acteurs, nous décou-vrons que les relations familiales étaient loin d’être limpides, construites autour de non-dits et de secrets de famille, elles asphyxiaient tranquillement chacun des membres de cette étrange famille. Une écriture presque minimaliste décrit les sen-timents avec pudeur alors qu’un beau lyrisme rend la nature très présente.

CD

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HERVIER GrégoireZen cityVauvert, Au diable vauvert, 2009. 347 p.Disponibilité PAQ cote R HERV

Ratant un rendez-vous suite à une soirée d’anniversaire trop arrosée, Dominique Dubois, jeune trentenaire, est renvoyé. Il va être recruté par la société qui gère Zen city une ville construite de toutes pièces dans les Pyrénées et concentrant des entreprises de hautes technologies. La particularité de l’endroit, sorte de Silicon valley française, est d’être truffé de puces RFID, jusqu’à ses habitants qui en portent une sous la peau. Les puces communiquent entre elles, permettent de tout contrôler et guider, des accès aux bâtiment jusqu’au comportement des consommateurs en passant par les interac-tions sociales. Facilités high-tech ou surveillance totale ? Le pas est vite franchi et notre « héros » (très citoyen lambda) qui travail dans le marketing, va se trouver au centre d’une expérience de publicité passablement intrusive, rameutant au passage quelques espions d’un concurrent plutôt féroce… Un thriller d’anticipation qui, s’il ne déploie pas des merveilles d’originalité, possède l’intérêt de pousser jusqu’aux limites la ré-flexion sur une technologie actuellement en développement.

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KATZENBACH JohnL’analysteParis, Pocket, 2008 (Pocket ; 12262). 658 p.Disponibilité BUS • CIT • EVI cote R KATZ

La vie morne et bien réglée du Docteur Starks est soudain bouleversée par une lettre anonyme qui arrive entre ses mains le jour de son 53ème anniversaire. Son mystérieux expéditeur lui reproche de n’avoir pas su soulager les maux de l’un de ses patients qui a fini par se donner la mort. Il lui ordonne de se suicider dans les quinze jours sans quoi il détruira un à un les membres de sa famille, à moins de découvrir son identité. Le docteur Starks va s’y attacher et réaliser, médusé, que l’affaire a été or-chestrée depuis des années… Ses comptes en banque ont été vidés, ses moindres habitudes ont été observées, de fausses accusations en font un paria… La partie semble perdue d’avance, et pourtant… On ne lâche pas ce thriller captivant aux multiples rebondissements.

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GIORDANO PaoloLa solitude des nombres premiersParis, Seuil, 2009. 328 p.Disponibilité BUS • CIT • EVI • JON • SER • STAcote R GIOR

Titre original italien : La solitudine dei numeri primiDisponibilité CIT • MIN • SER • STAcote R5 GIOR

Premier roman d’un jeune auteur italien encensé par la critique, La solitude des nombres premiers a également fait l’objet de nombre d’éloges dans le monde fran-cophone. Pourquoi les nombres premiers ? d’abord parce que l’auteur est un scienti-fique. Mais aussi parce qu’ils ne sont divisibles que par un et par eux-mêmes et que certains possèdent un jumeau dont ils ne sont séparés que par un nombre pair. Solitaires, donc. Comme Mattia, dont la jumelle handicapée a disparu lorsqu’ils étaient encore enfants. Ou Alice, qui souffre d’une jambe suite à un accident de ski. Ces deux-là sont aussi peu doués l’un que l’autre pour la vie en groupe qu’impose le code adolescent. En quelque sorte ils forment une paire de solitaires, que la vie va réunir, puis séparer. Fragiles, introvertis, ils vont parfois laisser la vie les malmener. Et même s’ils ont su à un moment donné se reconnaître, ils laissent parfois leur destin couler entre leurs doigts comme du sable. Ce livre sensible m’évoque finale-ment deux mots : désespoir et ratage…

DM

GONTCHAROV Ivan AleksandrovitchOblomovLausanne, Age d’homme, 1988 (Classiques slaves). 475 p.Disponibilité CIT • EVI • PAQ cote R GONT

Oblomov, propriétaire terrien, ne trouve le bonheur que dans le sommeil, il souffre d’apathie. Dépourvu d’ambition, inadapté au monde, il a renoncé à la vie. Son ami d’enfance, le dynamique Stolz, s’en inquiète et le présente à une famille amie. Oblomov tombe amoureux d’Olga, fille de ses amis. Mais même la passion amou-reuse, équivalente de tant de soucis et d’angoisse est une épreuve pour lui. Il re-nonce. De ce monument de la littérature russe publié en 1858, certains révolution-naires se serviront afin d’accabler l’ancien régime. Témoignage de l’âme russe, ce chef d’oeuvre est un grand moment d’humour et de poésie.

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LITTELL RobertL’hirondelle avant l’orageParis, Baker street, 2009. 332 p.Disponibilité BUS • CIT • EVI • JON • MIN • PAQ • SER • STAcote R LITT

Robert Littell (père de Jonathan, l’auteur des remarquées Bienveillantes) nous en-traîne dans la Russie de Staline. A travers les voix des amis intellectuels, de Nadejda sa femme, du compagnon de détention, des camarades de parti, etc…, ce sont les cinq dernières années de la vie du poète Ossip Mandelstam (1891-1938) qui nous sont racontées. Fiction et Histoire mêlées font de ce roman un superbe témoignage sur le pouvoir, le poète balançant entre rejet et fascination pour le dictateur. Un jour, furieux, il va commettre une épigramme contre Staline. Ce qui est fascinant c’est que Mandelstam n’écrivait rien par peur d’éventuelles fuites. Quand il sentait le texte prêt dans sa tête, il le dictait à sa femme qui l’apprenait par cœur et le récitait ensuite aux proches. Cette fois-là, par amour, il a voulu qu’une amante l’apprenne. N’y arrivant pas, il lui a écrit les vers pour qu’elle puisse lentement les assimiler. Une erreur fatale puisqu’elle le trahira. Les geôles, les caves où l’on torture, les camps où l’on meurt, le quotidien gâché par la peur, Littell témoigne de ce que Nadejda Mandelstam lui a dit en 1979. Il a dû attendre trente ans avant de se sentir prêt à rendre compte de ce tête-à-tête qui l’a tant marqué.

RL

MacCAMMON RobertLa malédiction de BethanyParis, Milady, 2009. 445 p.Disponibilité PAQcote R MACC

Evan et Laurie viennent s’établir avec leur petite fille dans le petit village de Bethany’s sin où ils ont pu s’offrir la maison de leurs rêves. Ils espèrent qu’Evan y trouvera le calme qui leur permettra de reprendre une vie de famille normale car il est toujours hanté par de terribles cauchemars depuis qu’il est revenu de la guerre du Vietnam. Très vite, il se rend compte que tous les hommes du village, dont beaucoup sont mutilés, semblent terrorisés et qu’ils disparaissent les uns après les autres. Parallèlement, des changements commencent à se faire sentir chez sa femme et sa petite fille. Alors qu’Evan voulait fuir ses cauchemars, il se retrouve à lutter contre des forces surnaturelles qui sont sur le point de se réveiller mais il ne lutte plus pour lui : il doit impérativement déjouer les malédictions qui enveloppent Bethany’s sin pour sauver sa femme et sa fille.

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KIHLGARD PeterLe restant de nos joursArles, Actes sud, 2009 (Lettres scandinaves). 251 p.Disponibilité BUS • CIT • PAQ • STAcote R KIHL

Ce roman, premier traduit de cet auteur suédois, s'ouvre sur le suicide, main dans la main, de deux amants, Kicki et Lasse, dans une scène touchante et lacunaire. Ensuite, le lecteur se trouve plongé, à rebours, dans l'histoire d'amour de ce couple, qui se connaît depuis plus de trente ans. Il y a d'un côté Kicki, une femme excentrique, impulsive, indépendante, et de l'autre, Lasse, un homme rationnel, sensible et porté aux crises de colère incontrôlables. Peu à peu, le lecteur en saura plus sur la rechute de la maladie qui ronge Kicki, mais aussi sur la douleur de ne pas avoir pu avoir d'enfant ou simplement sur le temps qui passe, comme une caresse, sur leur passion et leur amour. En neuf chapitres, qui s'achèvent souvent brutalement et sans vrai-ment apporter les réponses attendues, Peter Kihlgard nous plonge dans une atmos-phère ordinaire, dans un hymne à l'amour, une danse de corps affamés où les sen-timents se vivent dans l'instant. Ces neuf éclairages sur leur vie, en remontant jusqu’au jour de leur rencontre, dressent un portrait touchant de deux amoureux.

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LAURIE HughTout est sous contrôleParis, Sonatine, 2009. 380 p.Disponibilité BUS • EVI • CIT cote R LAUR

Existe aussi en grands caractèresDisponibilité BUS

Publié bien avant que son personnage du Dr House ne crève l’écran télévisuel, Hugh Laurie a commis ce petit bijou de la littérature policière. Ce récit bien écrit, cette intrigue complexe et surtout un humour « so british » m’a enthousiasmée aussi par le ton désabusé et désarmant du propos. Un ancien militaire tireur d’élite qui refuse 100 000 dollars pour tuer un homme d’affaires, c’est bien notre héros Thomas Lang qui va au contraire tout faire pour prévenir la victime potentielle. Il tombe sur la fille de l’industriel et que commence l’aventure… palpitante, jubilatoire. J’ai adoré ce livre : mauvais esprit, Laurie a surtout beaucoup d’esprit.

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MARC AURELEPensées pour moi-mêmeParis, Flammarion, 2003 (G-F ; 16). 222 p.Disponibilité CIT • EVI • JON • MIN • SERcote 188 MAR

Dernier philosophe des stoïciens, l’Empereur Marc Aurèle (121-180) écrivit toute sa vie un journal intime où il n’eut de cesse de s’analyser, de s’exhorter à devenir meilleur, à parfaire ses relations, à diriger sa vie de manière réfléchie et altruiste. S’il put difficilement appli-quer ces préceptes lors de son règne, - il dut se lancer dans de nombreuses guerres contre les invasions barbares -, il essaya toujours de calquer ses actes sur sa philosophie person-nelle puisée dans les enseignements de ses précepteurs et dans ses propres réflexions et méditations. Ces soliloques s’appuient sur la raisonnement qui doit devancer toute émo-tion, le détachement nécessaire pour comprendre les passions humaines et permettre de s’en éloigner pour mieux embrasser le monde dans sa dimension universelle. La lecture de ces « pensées » est un plongeon dans un bain de jouvence spirituelle et peut nous confor-ter dans l’idée d’une humanité toujours en perfectionnement. Pour l’être raisonnable, la même action qui est conforme à la nature, est aussi conforme à la raison.

MCM

MAUVIGNIER LaurentDes hommesParis, Minuit, 2009. 280 p.Disponibilité CIT • EVI • PAQ cote R MAUV

Cela pourrait être relativement banal, des retrouvailles familiales, un anniversaire et un départ à la retraite, le trouble-fête de service et encore une fête gâchée. Sauf que dans cette histoire, le trouble-fête, c’est Feu-de-Bois, celui qui est revenu au village sans femme ni enfants après Paris et l’Algérie, celui que presque personne à part sa sœur n’appelle Bernard. Lui qui n’a soi-disant jamais d’argent offre à sa sœur une somp-tueuse broche. Elle, toute gênée par le silence catastrophé des proches, la refuse. Et là, tout dérape, le verre de vin lancé, l’insulte au « bougnoule » présent, puis l’agression envers la femme de Saïd. Celui qui raconte l’histoire, c’est Rabut, le cousin de Bernard. Cette fête qui tourne mal le fait replonger dans leur passé commun d’appelés d’Algérie, mais aussi dans les non-dits et rancunes familiales. Avec ses longues phrases presque sans ponctuation ni respiration, Mauvignier réussit à nous plonger au cœur du trauma-tisme de ces jeunes gens précipités dans une guerre qui ne pouvait prétendre à la rela-tive « noblesse » de la première guerre mondiale et où la barbarie n’avait pas de camp.

FA

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MacDONALD IanRoi du matin, reine du jourParis, Denoël, 2009 (Lunes d’encre). 490 p.Disponibilité BUS • EVI • JON • PAQcote R MACD

Trois femmes, trois sorcières ? Emily la délaissée : pendant que son astronome de père traque les extra-terrestres et engloutit la fortune familiale, l’adolescente soli-taire photographie les fées et fait scandale lorsqu’elle se retrouve enceinte sans mari à l’aube du 20e siècle. Jessica la révoltée : la fille d’Emily grandit dans le Dublin de la guerre civile des années 30. Elle a été adoptée mais ne le sait pas. Deux étranges clochards veillent sur elle pour empêcher que ses dons pour la « mythoconscience » ne l’attirent vers l’abîme. Et puis Enye, l’agressée, la petite-fille de Jessica: publici-taire le jour, elle combat chaque nuit des « phages » monstrueux. Elle aussi est pro-tégée par des clochards à l’apparence inhumaine qui n’osent paraître le jour. Les mythes sont-ils le fruit de l’inconscient collectif cher à Jung ou ne sont-ils que le fruit de notre imagination personnelle ? telle est l’interrogation de ce roman aty-pique. Quoiqu’il en soit, le talentueux Anglais MacDonald se révèle un redoutable Irlandais !

FA

MACDONELL NickGuerre à HarvardParis, Flammarion, 2008. 94 p.Disponibilité BUS • CIT • JON • MIN • PAQ • STAcote R MACD

Né en 1984, Nick MacDonell a fait une entrée fracassante en littérature en publiant, à 17 ans, Douze et a réussi avec brio le test du second roman avec Le troisième frère. Avec Guerre à Harvard, il propose un petit livre qui offre un regard décalé sur un sujet qui a uni l’Amérique et qui maintenant la déchire. Lui-même étudiant dans cette prestigieuse université, il retrace son parcours au moment où les soldats amé-ricains ont investi les terres irakiennes. En se servant du prisme de cette guerre, il dépeint avec justesse, et une certaine froideur, l’élite estudiantine américaine. Ces étudiants sont plus préoccupés et absorbés par les fêtes, l’alcool et les jeux vidéo que par la réalité qui les entoure. Par courts chapitres mis bout à bout, il parvient parfai-tement à dépeindre les maux de cette génération et donne aux lecteurs l’impression de pénétrer cette vie en vase presque clos et de regarder par le trou de la serrure.

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de compétition, il remarque que ses performances ne sont plus « comme avant ». Je termine avec ses mots, ceux qu’il souhaiterait voir figurer sur sa tombe : « Haruki Murakami, 1940-20**, Ecrivain (et coureur). Au moins jusqu’au bout il n’aura pas marché ».

RL

NDIAYE MarieTrois femmes puissantesParis, Gallimard, 2009 (Blanche). 316 p.Disponibilité BUS • CIT • EVI • JON • PAQ • SER • STAcote R NDIA

Dans ce roman, Marie Ndiaye nous raconte en trois récits un moment important de la vie de trois femmes. Norah, jeune avocate habitant en France reçoit une lettre du Sénégal. C’est son père qu’elle n’a plus vu depuis longtemps car elle ne lui pardonne pas d’être parti avec son petit frère âgé de 5 ans à l’époque, les laissant sa mère, sa sœur et elle sans ressources… Fanta, elle, a dû suivre son mari qui ne pouvait rester au Sénégal : il avait frappé un de ses élèves qui le traitait de fils d’assassin (son père avait tué son domestique noir). En France, ils ne sont pas heureux mais n’arrivent pas à se parler... Enfin, l’auteure raconte la fuite de Khady, une veuve que sa belle-famille rejette et pousse à partir en Europe. Son voyage sera interrompu par ceux qui la voleront et la prostitueront… Ici, chaque femme, même dans la souffrance, a en elle une force, une volonté qui lui permet d’avancer. Des oiseaux magiques et fantastiques traversent les pages comme des traits d’union entre ces trois destins. Un roman qui, logiquement, devrait recevoir un prix car il est tout simplement PUISSANT.

RL

OLIVIER Jean-MichelL’enfant secretLausanne, Age d’Homme, 2004 (Contemporains). 186 p.Disponibilité EVI • JON • MIN • PAQ • SER • STAcote R OLIV

Deux récits en un, deux trajectoires qui vont se croiser. Un récit qui raconte la vie des quatre grands-parents de l’auteur : d’un côté la Suisse, de l’autre l’Italie. Le fil conducteur, la photographie puisque c’est en scrutant des photographies que le narrateur construit son récit. Deux photographes également : Julien, presque aveugle qui imagine plus qu’il ne voit et Antonio, le photographe professionnel. Les grands-parents paternels tiennent un restaurant et connaissent un bonheur modeste avec leurs deux enfants. La mort accidentelle de la cadette assombrit

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MORRISON ToniBelovedParis, Bourgois, 1989. 379 p.Disponibilité CIT • EVI • JON • MIN • PAQ • SER • STAcote R MORR

Titre en anglais : BelovedDisponibilité CIT • EVI • MIN • PAQ • SER

Dans l’Amérique des années 1870, Sethe, une femme noire, vit avec son mari et ses enfants dans la ferme de M. Garner. Compte tenu de leur condition d’esclaves, ils sont bien traités par leur propriétaire. Mais cette relative quiétude prend fin lorsque Mme Garner, devenue veuve, prend Maître d’école pour gérer ses biens. Avec lui, c’est le retour aux lois inhumaines de l’esclavage qui poussent la petite communauté à fuir. Après moult péripéties, Sethe réussi son « évasion » et rejoint le « 124 » où ha-bitent déjà sa belle-mère et ses enfants partis plus tôt. Happy end ? Non. Nous sommes à l’aube d’un acte dramatique qui va chambouler le destin de la maisonnée. Ce roman très fort a obtenu le prix Pulitzer en 1988 ne laissera personne insensible tant les horreurs de l’esclavage choquent. Tour à tour, les personnages prennent la parole pour raconter leur histoire et leur version des incidents. Au final, c’est une immense douleur qui se dégage des lignes, douleur d’une mère, douleur des hommes et des femmes noirs rabaissés au rang de marchandise. Un roman magnifique servi par le style flamboyant de l’écrivain afro-américaine Toni Morrison.

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MURAKAMI HarukiAutoportrait de l’auteur en coureur de fondParis, Belfond, 2009 (Littérature étrangère). 180 p.Disponibilité BUS • CIT • EVI • MIN • PAQ • SER • STAcote 895.6 MUR

Si vous êtes amateur des romans de Murakami, vous connaissez son penchant pour la musique souvent transmis à ses personnages. Propriétaire d’un club de jazz quand il a commencé à écrire, il s’est vite rendu compte qu’il lui fallait plus de temps pour aller au bout de son projet d’écriture. En 1978, il devient alors écrivain à plein temps. Rivé à sa table de travail, fumant cigarette sur cigarette, il éprouve le besoin de mettre en mouvement son corps. Il choisit naturellement la course à pied, un sport solitaire, simple, où aucun équipement spécialisé n’est requis. D’autre part, ce sport demande de la concentration, de la patience, de l’endurance et de la régularité, des qualités que l’on retrouve dans le travail de l’écriture. Il nous parle aussi du vieillis-sement physique car, à 60 ans, l’auteur doit accepter que même sans être un assidu

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un grand bonheur que nous retrouvons notre Agafia, qui s’affaiblit cependant malgré les contacts établis avec ses amis du siècle qui viennent la retrouver de loin en loin, lui apportant compléments de nourriture, remèdes et foin pour ses animaux. Que va-t-elle devenir, son destin sera-t-il celui de disparaître en silence dans l’isolement glacial de la Sibérie ?

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PIRZAD ZoyaOn s’y feraParis, Zulma, 2007. 331 p.Disponibilité CIT • EVI • JON • PAQcote R PIRZ

A Téhéran, Arezou a repris l’agence immobilière de son père. Avec son amie Shirine, elles mènent l’affaire de « mains de maîtresses ». Arezou est aussi maman d’une fille de 19 ans. Celle-ci ne rêve que de partir en France rejoindre son père, l’ex-mari tant honni par sa mère. Proche de sa grand-mère, elle se plaint de sa mère qui ne la comprend pas. Cela va amplifier les disputes permanentes qui opposent la grand-mère à sa fille. Arrive alors Zardjou, un client difficile de l’agence. Même si Arezou est très énervée par cet homme hésitant, elle éprouve « autre chose » qui alimente les discussions avec Shirine. Mais que va dire sa fameuse mère quand elle saura que ce prétendant n’est qu’un marchand de serrures ? La peinture d’une société iranienne à travers le regard de trois femmes, de trois générations. Un coup de projecteur sur les différences sociales : des bourgeoises habitant les beaux quartiers de Téhéran (ville superbement décrite), et Zardjou et ses proches, venant de milieux plus modestes. L’auteure n’oublie pas de nous rappeler là-bas que la femme n’est pas libre et que la police surveille leur tenue et, en passant, que certains hommes sont morts à la guerre ou ont été exécutés…

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vite le tableau. L’auberge est abandonnée, Julien, le grand-père, trouve du travail dans une fabrique d’allumettes et son épouse Emilie s’emploie à faire des abat-jour. L’auteur ajoute aux scènes intimistes celles d’une réalité économique diffi-cile. Sur le versant italien de la généalogie, Antonio et Nora sont plus à l’aise économiquement mais vivent dangereusement puisque Antonio devient le pho-tographe privé de Mussolini. Un très beau livre sur la mémoire qui a bien mérité le prix Dentan.

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PAASILINNA ArtoLa douce empoisonneuseParis, Gallimard, 2003 (Folio ; 3830). 254 p.Disponibilité CIT • EVI • PAQ • SERcote R PAAS

Linnea Lindholm, veuve d’un colonel, vit à cinquante kilomètres d’Helsinki. Elle pourrait mener une existence paisible… mais tous les mois, lorsqu’elle vient de toucher sa pension, elle reçoit la visite de son neveu par alliance accompagné de deux amis. Ce trio maudit s’invite sous son toit, la détrousse, la malmène. Ils vont même jusqu’à exiger qu’elle rédige un testament en leur faveur. Linnea quitte sa maisonnette rouge flanquée d’un petit sauna et s’installe chez son ex-amant, médecin et, comme elle, à la retraite. Chez lui elle trouve tous les ingrédients nécessaires à la fabrication d’un poison dont elle se servira pour elle en cas d’attaques. Mais les événements en décideront autrement… Cette his-toire loufoque, totalement cocasse exploite le comique de situation avec bonheur !

CD

PESKOV VassiliDes nouvelles d’AgafiaArles, Actes Sud, 2009 (Aventure). 218 p.Disponibilité CIT • EVI • JONcote 915.7 PES

Imaginer l’histoire d’une famille de « vieux Croyants » vivant en autarcie depuis les années trente au fin fond de la Sibérie, c’est possible. Rencontrer une vraie fa-mille de vieux Croyants, c’est la découverte incroyable que fit un groupe de géo-logues en 1978, rencontre qui fut rapportée par le journaliste russe Vassili Peskov, qui continua régulièrement à donner au monde des nouvelles des ermites de la Taïga. Seule a survécu et subsisté Agafia, la fille. Seule, opiniâtre et intransi-geante, celle-ci réside toujours dans la clairière au confluent de deux rivières poissonneuses : vie austère et pieuse, rigueur du climat, ours rôdeurs… C’est avec

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RICHARDSON TimJardiniers d’avant-garde : 50 regards visionnairessur le paysage contemporainArles, Actes sud, 2008. 351 p.Disponibilité CIT • EVI • PAQ • STAcote 712 RIC

« Les Victoriens croyaient que les espaces publics bien ordonnés produisent une po-pulation bien ordonnée. Se pourrait-il que les espaces publics pensés produisent une population pensante ? ». C’est à ce postulat que les paysagistes conceptualistes s’ef-forcent de répondre. L’espace doit être aménagé en fonction du lieu, mais aussi de ses habitants passés ou présents. Entre design, architecture, pop art et horticulture quand même un peu, ces jardiniers d’avant-garde aménagent l’espace de manière parfois iconoclaste, souvent drôle, en mêlant allègrement plantes, bois, cailloux et plastique. C’est leur travail, initié par Martha Schwartz avec son jardin de bagels, qui est présenté ici de manière très complète. Ne croyez pour autant pas vous plonger dans un catalogue genre Maison et Jardin. Entre la présentation des œuvres et des auteurs, se glissent des chapitres sur l’idée de nature, le rapport à l’histoire et au temps. La «peur fondamentale de la mort provient peut-être non pas de l’anticipa-tion de l’absence de vie, mais de la peur de n’être soudain nulle part». Ce beau livre invite aussi à la méditation philosophique.

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ROSZAK TheodoreLes mémoires d’Elizabeth FrankensteinParis, Librairie générale française, 2009 (Le livre de poche. Fantastique ; 31353). 597 p.Disponibilité PAQcote R ROSZ

Robert Walton, l’aventurier qui avait recueilli les mémoires de Victor Frankenstein sur la banquise, reste persuadé que le baron ne lui a pas tout raconté. Il se rend en Europe pour essayer d’en apprendre plus et réussit à se procurer le journal d’Elizabeth Frankenstein, la femme du baron assassinée par la créature. Jeune orpheline, Elizabeth avait été re-cueillie par une famille tzigane qui l’exploitait avant de rencontrer la baronne Frankenstein qui l’a rachetée à sa famille adoptive. Devenue la demi-sœur de Victor, elle est élevée sur les rives du Léman comme la propre fille de la famille. C’est là qu’elle va être initiée par sa mère adoptive à des rites secrets remontant à d’autres temps et qu’elle recevra une éducation plus ésotérique, alors que Victor est un scientifique pur. Leurs chemins ne vont pourtant pas se séparer mais bien se rapprocher, mêlant ainsi l’ésoté-risme et la science, ce qui peut rappeller le mariage alchimique parfait. Roman contem-

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PROKOSCH FredericUn chant d’amourArles, Actes Sud, 1992 (Babel ; 39). 411 p.Disponibilité CIT • EVI • PAQ cote R PROK

Une belle évocation de l’enfance du narrateur, avec en particulier des descriptions de nature qui sont de toute beauté. Le narrateur, comme Frederic Prokosch, a vu le jour en Carinthie et il nous invite à le suivre à travers tous ses périples. Il se retrouve assez vite orphelin de père d’abord puis d’une mère internée et décédée rapidement. Il est alors envoyé aux Etats-Unis chez différents membres de sa famille, qui vont tour à tour le recueillir. Apparaît le thème majeur du livre, Stella, la cousine du narrateur, dont on découvre petit à petit qu’il en est amoureux fou depuis toujours. Un amour désespéré voué à l’échec ou plutôt une passion dévorante mais qui est comme le fil conducteur de sa vie. Tous deux quittent l’Amérique et se retrouvent en Europe, se croisent, se perdent, se croisent de nouveau. Stella est belle, attire les hommes et les use – Henry vit dans son ombre et tente d’écrire, de subvenir à ses besoins. Il vit dans le sillage de Stella et de ses innombrables et généralement riches amants. Il est infiniment seul, malheureux. Les deux sont malgré tout indissociables comme les deux faces d’une même histoire qui se révèle vraiment magique et totalement envoûtante !

CD

RICE AnneEntretien avec un vampireParis, Fleuve noir, 2005. 443 p.Disponibilité CIT • EVI • MIN • PAQ • SER • STA cote R RICE

Dans un petit appartement lugubre de la Nouvelle-Orléans, Louis raconte sa vie à un journaliste, sa vie de vampire. Son immortalité débute en 1791, son frère vient de dé-céder, et Louis endosse la responsabilité de sa mort. Il rencontre alors Lestat qui lui offre la possibilité de se libérer de son fardeau. Désemparé, il accepte et devient peu à peu son esclave. Profitant de sa fortune, Lestat l’immerge dans le monde des vampires et Louis voit la vie d’un nouveau regard. Les goûts malsains de Lestat l’amènent à faire d’une fillette sa disciple vampire dans le but de créer une famille. Est-ce que Louis ar-rivera à se libérer de son emprise ? Parsemé de descriptions envoûtantes, ce classique de la littérature fantastique nous plonge dans un monde surnaturel où les sentiments complexes d’un vampire sont dépeints avec une grande finesse. Ecrit juste après la mort de son fils, Anne Rice signe ici la première partie des Chroniques des vampires. Ce livre, ainsi que son l’adaptation au cinéma par Neil Jordan (aussi disponible dans le réseau des BM), ont eu un impact colossal sur le public.

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mateur humaniste qui s’est résigné à sa disgrâce physique : il restera bossu et célibataire. Son meilleur ami est retrouvé la gorge tranchée. En « haut lieu » on lui révèle confidentiel-lement que cet assassinat n’est pas le premier du genre. Peu à peu, il comprend qu’il doit faire face à un redoutable tueur en série, fin connaisseur de l’Apocalypse…

FA

SEDARIS DavidJe suis très à cheval sur les principesParis, Olivier, 2009. 292 p.Disponibilité CIT • STAcote R SEDA

Dans ces chroniques autobiographiques, David Sedaris nous ballade au gré de ses pé-régrinations, de Paris à Tokyo, et de son enfance jusqu’aujourd’hui. Se mettant volon-tiers en scène avec beaucoup d’autodérision, Sedaris nous apparaît souvent dans son intimité et ne nous cache pas ses travers, finissant par ressembler à l’un de nos amis. On le voit en vacances, déambuler derrière son compagnon, Hugh, devenir l’ami d’une voisine acariâtre, et se ridiculiser dans un cours de japonais dont il sera le pire élève. Cela se lit d’une traite et en se tenant les côtes, car Sedaris maîtrise à la perfection l’art de l’ironie et du détail qui tue. A lire cet automne quand le stratus attaque le moral !

DM

SERNA EnriqueQuand je serai roiParis, Métailié, 2009 (Bibliothèque hispano-américaine). 263 p.Disponibilité CIT • STAcote R SERN

Ce roman polyphonique brosse un portrait grinçant du Mexique actuel où, comme dans la société contemporaine en général, il existe d’indécentes disparités entre les riches et les pauvres. D’un côté, il y a Marcos Valladares, le directeur de la station de radio, marié à une femme superficielle et père d’un fils mal élevé qui s’amuse à utiliser sa collection d’armes à feu pour tirer sur les passants. Son mode de vie futile ne serait pas si choquant s’il n’y avait pas le revers de la médaille, constitué par Jorge Osuna et ses pairs, de pauvres gamins des rues qui sniffent de la colle et tentent de se faire un peu d’argent en lavant les pare-brises aux feux rouges. Les personnages se côtoient ou se croisent, parfois pour le pire, dans ce roman cynique et bourré d’humour noir au ton typiquement latino-américain : foisonnant, luxuriant…

DM

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porain, Les mémoires d’Elizabeth Frankenstein est écrit dans un pur style gothique et se sert des trous laissés dans le récit de Mary Shelley pour nous conter une autre histoire, celle d’Elizabeth, qui s’imbrique parfaitement dans ce monument de la littérature fan-tastique gothique qu’est Frankenstein ou le Prométhée moderne.

FG

RUFIN Jean-ChristopheLe parfum d’AdamParis, Flammarion, 2007. 538 p.Disponibilité BUS • CIT • EVI • JON • MIN • PAQ • SERcote R RUFI

Deux anciens agents secrets reprennent du service à la demande de leur ancien chef pour traquer des terroristes écologiques responsables du saccage d’un laboratoire de recherche. En remontant la piste de ce qui apparaissait comme un acte de vanda-lisme banal, ils découvrent qu’une souche de choléra génétiquement modifiée et renforcée a été dérobée. Commence alors une course contre la montre pour déjouer le monstrueux objectif qu’un groupe d’extrémistes écologiques s’est fixé pour aider la planète. Fort de son expérience dans l’humanitaire et de ses nombreux voyages, J.-C. Rufin livre une fiction malheureusement inspirée de théories qui n’ont, elles, rien de fictif comme on peut le lire dans le petit dossier qui clôt l’ouvrage.

FG

SANSOM C. J.ProphétieParis, Belfond, 2009 (Littérature étrangère). 495 p.Disponibilité BUS • CIT • EVI • MIN • PAQ • SERcote R SANS

Je ne m’étais jamais vraiment intéressée à Henry VIII, ou bien très distraitement, un peu comme lorsqu’on lit la presse people. Ah oui, il a rompu avec l’Eglise catholique pour di-vorcer de Catherine d’Aragon et épouser Ann Boleyn, puis a eu plusieurs femmes. Cet excellent polar m’a fait changé d’avis car Sansom nous plonge dans l’Angleterre du 16e siècle avec une précision et une érudition jamais pédantes. Quand l’histoire commence, le roi veut épouser Catherine Parr, fraîchement veuve de Latimer (elle sera d’ailleurs sa dernière épouse et lui survivra.) Le pays est en grand désordre, les Réformateurs purs et durs ne sont plus en cour, les conseillers du roi le poussent à revenir aux pratiques de la religion catholique sans le pape, évidemment. La Bible ne serait à nouveau plus réservée qu’aux érudits. C’est dans ce contexte troublé d’intrigues politico-religieuses que le juriste Matthew Shardlake se voit confier une délicate enquête. Matthew est un ancien réfor-

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rieure, au temps qui traverse chacun. Ces deux destins, celui du vieillard et celui de l’enfant sont rejoints par un cortège d’originaux, une enfant aveugle, un triso-mique, une travestie rescapée des délires de Gilles de Rais, un supplicié et même une tortue. Olivier Sillig, comme toujours, évoque la vie de ses personnages avec beaucoup d’empathie et n’a pas son pareil pour nous immerger dans un imagi-naire qui a du souffle.

CD

STOKER BramDraculaArles, Actes sud, 2001 (Babel, 268). 602 p.Disponibilité CIT • PAQ • STAcote R STOK

Titre original anglais : DraculaDisponibilité CIT

Jeune clerc de notaire, le britannique Jonathan Harker est envoyé en Transylvanie dans le château du comte Dracula, afin d’y négocier l’achat d’un domaine en Angleterre. Jonathan est rapidement confronté à des phénomènes fort inquié-tants. Coupé du monde, seul avec son hôte maléfique, le jeune homme sent sa raison vaciller. A des milliers de kilomètres de là, à Carfax en Angleterre, Mina, la jeune fiancée de Jonathan est fort inquiète de ne plus recevoir de lettres de lui… Lorsqu’un étrange navire conduit par un capitaine décapité et ligoté à la barre s’échoue dans la paisible localité, des événements de plus en plus angoissants vont s’y succéder. La naïveté des personnages, leur méconnaissance du Mal, la lenteur avec laquelle ils communiquent leurs expériences permettent à Dracula d’étendre son empire et de satisfaire son inextinguible soif de sang. Si l’on est d’abord fas-ciné par le personnage du Comte, on bascule au fil du récit dans la répulsion la plus totale. Ecrit sous formes de lettres et de journaux intimes, ce roman gothique est à la fois un thriller (une course contre la montre s’engage pour sauver la vie d’une jeune fille) mélangeant le fantastique, l’horreur et l’amour qui pourra (peut-être) triompher des forces du Mal. Publié en 1897 le Dracula de Stoker qui a ins-piré de très nombreuses adaptations littéraires ou cinématographique plus ou moins réussies est un chef-d’œuvre à (re)découvrir.

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SHAFFER Mary Ann, BARROWS, AnnieLe cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patatesParis, Nil, 2009. 390 p.Disponibilité BUS • CIT • EVI SER • STAcote R SHAF

Titre original anglais : The Guernesey literary and potato peel pie societyDisponibilité BUS • CIT • EVI • PAQ • SERcote R2 SHAF

Existe aussi en grands caractèresDisponibilité BUS

Lorsque Juliet reçoit une lettre d’un certain Dawsey, un habitant de Guernesey tombé sur un livre d’occasion lui ayant appartenu, c’est le début d’une amitié. Lettre après lettre, il va lui raconter ce que fut l’Occupation allemande dans ces îles anglo-normandes (on est en 1946) et le « Cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patates » qui est né suite à une soirée où on avait tué en douce et mangé tout aussi discrètement un cochon. Le retour d’agapes est lui, plus bruyant ; le couvre-feu est passé depuis longtemps et les Allemands arrêtent les joyeux fêtards. Pour se justifier ils disent revenir de leur club de lecture, club qu’ils durent dès le lendemain organi-ser. Ce fut l’occasion pour certains de lire leur premier livre. Quant à l’histoire des épluchures de patates, il vous faudra lire le roman pour tout savoir… D’autres membres de ce club littéraire ayant eu vent de cette correspondance vont égale-ment écrire à Juliet. Toutes ces missives, de styles, de tons différents font de ce ro-man un objet très original. « Cherry on the pie », les deux écrivaines (la tante et sa nièce) ont énormément d’humour et quand il est anglais, c’est encore meilleur.

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SILLIG OlivierLa cire perdueLausanne, Campiche, 2009. 447 p.Disponibilité BUS • CIT • EVI • SERcote R SILL

Nous sommes en 1492, les enfants sur lesquels s’ouvre le récit, réfugiés dans la grange d’un village en ruines sont déjà bleus de froid et ne vivront pas au-delà du premier chapitre. Seul l’un d’entre eux survivra grâce à Hardoin, un vieil homme à la personnalité riche qui fait métier d’exhiber de foire en foire un hermaphrodite conservé dans l’alcool, «la Chose». Tiécelin, sept ans, sera donc sauvé. Les person-nages sont en marche de foire en foire, ce qui est une métaphore à la quête inté-

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SYLVAIN DominiqueLa nuit de GeronimoParis, Hamy, 2009 (Chemin nocturne). 355 p.Disponibilité BUS • CIT • EVI cote R SYLV

Imaginez que 30 ans après la mort par suicide de votre père, tous les membres de votre famille reçoivent un email étrange annonçant qu’il a été tué. C’est ce qui arrive à Philippine. Elle confiera l’enquête à Louise Morvan, plutôt spécialisée dans les adultères. Mais ça marche, Louise met en lumière une terrible conspiration entourant la riche famille des Domeniac active dans la fabrication d’OGM. Secrets, jalousies et mensonges auront bien été cachés pendant 30 ans jusqu’à l’arrivée de cet email.

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TEULE JeanMangez-le si vous voulezParis, Julliard, 2009. 129 p.Disponibilité BUS • CIT • EVI • PAQ • SER • STAcote R TEUL

Nous sommes le 16 août 1870, Alain de Monéys a 28 ans et vient d'être élu adjoint au maire. C'est un enfant du pays, aimé de tous. Lorsqu'il quitte la maison de ses parents pour se rendre dans le bourg voisin, à la foire de Hautefaye, il ne peut ima-giner la barbarie qui va se déchaîner contre lui. A cause d'un malentendu (il aurait dit « Vive la Prusse ») tout le village, échauffé par les bribes d'informations reçues de la guerre franco-allemande, va se retourner contre lui, pour le lyncher, le torturer, le brûler et même le manger. Jean Teulé explore l'histoire avec ce fait divers macabre, sous une plume d'une précision redoutable ponctuée d'ironie. Il retrace le chemin de croix de cet homme et cherche à comprendre comment la foule peut devenir incon-trôlable et indomptable. Il parvient à prendre par la main le lecteur pour lui faire vivre cette journée de folie.

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STROSS CharlesLe bureau des atrocitésParis, Laffont, 2004 (Ailleurs et demain). 378 p.Disponibilité BUS • CIT • JON • MIN • PAQ • STAcote R STRO

Il existe dans la science-fiction et le fantastique une culture le l’appropriation, de la réécriture et de la réinterprétation. Dans ce domaine, les relectures de l’œuvre de Lovecraft constituent presque un genre à part entière. Pour Charles Stross les « grands anciens » (les monstres sans âge imaginés par Lovecraft) sont des créa-tures issues d’univers parallèles. Des portes peuvent être ouvertes vers ces univers grâce à des formules mathématiques et des algorithmes informatiques. II existe donc des services secrets chargés de contrôler tout cela et d’éviter que les mé-chants ne s’emparent des formules concernées... Nous suivrons les aventures d’un jeune agent, un informaticien « recruté » par le service secret britannique suite à une activité de pirate informatique littéralement démoniaque. Celui-ci aura fort à faire entre les monstres, les terroristes, les relations avec les autres agences et, peut-être le plus redoutable de tout, les tracasseries de l’administration de sa Gracieuse Majesté. Les plus cartésiens auront passé leur chemin, les autres appré-cieront ce melting-pot à l’humour très british.

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SUTER MartinBusiness classParis, Bourgois, 2008 (Titres 79). 60 p.Disponibilité CIT • EVI • JON • MIN • PAQcote R SUTE

Titre original allemand : Business classDisponibilité BUS • CIT • JON • MIN • PAQ • SER • STAcote R3 SUTE

Dans Business class le talent de Martin Suter brocarde sans pitié le monde des hommes d’affaires et leurs subordonnés. Ces courts textes, publiés entre 1992 et 2004 dans la presse suisse allemande, proposent une vision sans compromis et peu reluisante de la vie au bureau. Soumission aveugle à l’autorité, fêtes d’entreprise glaciales, misogynie galopante, hypocrisie, employés prêts à tout pour être remar-qués par leurs supérieurs, ces 14 chroniques grinçantes sont aussi drôles que cruelles et offrent une effrayante démonstration des ravages de la médiocrité et de la course au profit !

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Bernard Comment. Se repliant sur ses montagnes, la Suisse se prépare à la mon-tée des eaux qu’elle a elle-même provoquée en refusant à ses voisins l’accès aux fleuves. Réfugiés climatiques et inondations la menacent mais elle tient bon… envers et contre tout. Bernard Comment réussit une nouvelle à la Buzzatti mâti-née de suisse romand particulièrement réussie. Des notices biographiques bien-venues complètent le recueil. J’attends avec impatience la suite de cette antho-logie annoncée par le successeur de Pierre Versins à la Maison d’Ailleurs et me réjouis de lire les auteurs suisses contemporains!

FA

TOURGUENIEV Ivan SergueevitchPères et filsParis, Gallimard, 1987 (Folio, 1869). 314 p.Disponibilité EVI • CIT cote R TOUR

Ce roman paru en 1862 met en scène deux jeunes gens, Arcade Kirsanov et son ami le médecin Eugène Bazarov. Arcade invite Eugène à passer quelques se-maines dans le domaine de ses parents. Très vite les idées révolutionnaires et nihilistes de Bazarov vont provoquer conflits et incompréhension entre Arcade et son père et virer en franche animosité chez Bazarov et l’oncle d’Arcade. Mais l’intérêt de Pères et fils ne réside pas uniquement dans le conflit entre généra-tions. Ce roman nous parle aussi d’amour. Si ce sentiment est partagé pour Arcade et la jeune Katia, il se révélera destructeur pour Bazarov. Celui-ci ne croit qu’aux progrès de la science et à la force de la volonté et méprise la passion et ceux qui y succombent. Sa rencontre avec une veuve dont il tombera amoureux et qui le repoussera, le précipitera vers une fin aussi stupide que pathétique. D’une construction romanesque très classique cette chronique familiale et his-torique dépeint à travers de nombreux personnages la mutation que connaît la société russe en ce milieu de 19e siècle, mutation qui la conduira vers la révolu-tion de 1917.

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TEULE JeanLe MontespanParis, Julliard, 2009. 333 p.Disponibilité BUS • CIT • EVI • JON • MIN • SER • STAcote R TEUL

Existe aussi en grands caractèresDisponibilité BUS STA

Existe aussi en livre luDisponibilité CIT

La Montespan. Tout le monde se souvient qu’elle était la maîtresse de Louis XIV. C’est une figure de l’Histoire. Mais son mari, sait-on ce qu’il est devenu ? Eh bien, Jean Teulé va s’en préoccuper ici. Dans un style gouailleur, il nous conte les déboires de ce cocu malheureux. Car oui, Monsieur de Montespan a souffert de l’infidélité de sa femme. On lui dit pourtant de ne pas en faire un drame, de voir le bon côté des choses : les privilèges et les faveurs que Sa Majesté est prête à lui accorder. Fier, mais surtout encore très amoureux, il ne veut rien accepter de celui qui lui a volé sa raison de vivre. Il exhibe ses cornes matérialisées par celles gigantesques d’un cerf qu’il a fait poser aux quatre coins de son carrosse. On rit de lui, mais parfois aussi on admire cet amoureux fou. Chaque jour, il va alimenter sa haine du Roi et ne jamais renier son amour. Apprenant un jour que son épouse (il a toujours refusé le divorce) est maltraitée par le roi - car déjà remplacée par la Maintenon - il hurle : « Je crèverai les yeux à tous ceux qui font autant de mal à Françoise !... ». Chassée de Versailles, enfin elle lui demandera l’autorisation de revenir… Acceptera-t-il ?

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THOMAS Jean-FrançoisDéfricheurs d’imaginaire : une anthologie historiquede science-fiction suisse romandeOrbe, Campiche, 2009 (CamPoche ; 32). 529 p.Disponibilité EVI • MIN • PAQcote R DEFR

Rendons grâce à Jean-François Thomas et à Bernard Campiche pour leur excel-lent travail accompli avec la publication de cette première anthologie de la SF en Suisse romande de 1884 à 2004. J’avoue qu’auparavant j’ignorais totalement que des auteurs suisses s’étaient aussi essayés au genre. Bien sûr, nous ne sommes pas dans la flamboyance américaine mais Jean-François Thomas nous a déniché quelques perles rares qui valent le détour. Mes préférences vont à L’autopsie du Docteur Z d’Edouard Rod qui fleure bon le 19ème siècle et à Château d’eau de

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WASSMO HerjorgUn long cheminLarbey, Gaïa, 1998. 220 p.Disponibilité CIT • EVI • JON • PAQ • SERcote R WASS

Hiver 44-45 dans l’extrême nord de la Norvège, à proximité de la frontière suédoise, une famille norvégienne qui survit tant bien que mal sous l’occupation allemande est contrainte de fuir. Les activités de résistant et de passeur du père mettent toute la famille en danger. Ils sont trois, le père, la mère et le petit garçon de cinq ans qui est également le narrateur de cette terrible histoire. Par une nuit froide et à travers la montagne ils tentent de gagner la Suède. Ce chemin vers la liberté par des tem-pératures de - 30°, avec seulement plusieurs épaisseurs de vêtements sur soi et quelques vivres périssables, est celui de la souffrance, de la révolte, du désespoir et de la folie. Un récit intimiste, sensible fait d’impressions et d’émotions qui décrit avec sobriété le sort que la guerre peut réserver à tout un chacun.

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WEINBAUM Stanley GUne odyssée martienne : intégrale des nouvellesCoda, 2007. 473 p.Disponibilité PAQcote R WEIN

Saviez-vous que si notre riche et opulente Terre expérimente depuis des siècles la dictature et la démocratie, Mars la désertique vit tranquillement sous le règne de l’anarchie pacifiste sans que cela pose problème à ses habitants oiseaux ? Les édi-tions Coda ont eu l’excellente idée de publier en français toutes les nouvelles de ce « brillant météore de la science-fiction » (je cite la 4ème de couverture). Ces textes parus dans les années 30 chez Wonder stories, Astounding et Amazing stories révè-lent un auteur à l’imagination débordante et pacifique, bien loin du space opéra guerrier en vogue à l’époque. Steinbaum n’a vécu que 33 ans mais a été reconnu d’emblée de jeu par ses pairs Asimov, Bradbury... comme un grand. Aujourd’hui un des cratères de Mars porte son nom et surtout, son vibrant postulat à l’acceptation d’autres intelligences que la nôtre fait que son œuvre reste toujours d’anticipation.

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TOUSSAINT Jean-PhilippeLa vérité sur MarieParis, Minuit, 2009. 204 p.Disponibilité CIT • EVI • JON • MIN • PAQ • SER • STAcote R TOUS

Après Faire l’amour (2002), puis Fuir (2005), Jean-Philippe Toussaint signe un troi-sième épisode, crépusculaire, avec La vérité sur Marie. C'est à la fois la suite, le prolongement ou un nouveau chapitre de l'histoire d'amour qui unit le narrateur et Marie. Quand le roman commence, ils font l'amour, mais pas ensemble, à quelques rues l'un de l'autre, dans un Paris plongé dans une chaleur étouffante. L'amant de Marie est victime d'une crise cardiaque et, après avoir téléphoné à une ambulance, elle réveille le narrateur. En trois chapitres, à Paris, à Tokyo et sur l'île d'Elbe, Jean-Philippe Toussaint dresse le portrait amoureux de ce couple plongé dans la nuit, baigné de lumières violentes ou de rideaux de pluie, qui trahissent une angoisse permanente de la mort, sublimée par un style précis, qui mêle habilement humour et ironie.

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TRUDEL SylvainDu mercure sous la langueParis, 10-18, 2005 (10/18 ; 3847. Domaine étranger). 124 p.Disponibilité JONcote R TRUD

Du mercure sous la langue, ou le problème de la mort à travers un adolescent confiné dans un fauteuil roulant car atteint du cancer des os. Ecrit à la première personne le lecteur pénètre de plain-pied dans la révolte du poète. « Métastase » c’est le surnom que l’adolescent s’est choisi pour surmonter sa défaite imminente. Un regard parfois cynique, parfois tendre sur la vie, la sienne, celle de sa famille et celle aussi à laquelle il ne goûtera bientôt plus. Regard sans complaisance également sur la société et ses croyances. Privé de futur, Frédéric se réfugie dans un humour féroce pour faire face à l’inéluctable.

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BANDES DESSINéES

ACOCELLA MARCHETTO, MarisaCancer and the city : une histoire vraieParis, Iconoclaste, 2007Disponibilité CIT • EVI • PAQ • SERcote BD ACOC

Le jour où Marisa Acocella Marchetto apprend à 43 ans qu’elle a un cancer du sein, sa vie bascule « dans un trou noir ». Illustratrice pour de grands journaux américains (The New Yorker, Glamour…) elle décide d’écrire et surtout de dessiner le journal de bord de sa lutte contre la maladie qui deviendra cette BD autobiographique. Toutes les phases de la maladie sont très bien montrées : l’annonce du médecin, l’annonce à la famille et aux proches, la visite (de tous les espoirs) à un charlatan, avant pen-dant après l’opération, les 8 chimios « light », les 33 séances de rayons, la peur, la tristesse, les colères, etc… Les couleurs « flashy » choisies pour illustrer le propos contrastent avec la gravité des situations. Pourtant l’humour est partout présent, même dans les moments les plus pénibles et cela évite de basculer dans le pathos. Je conseille la lecture de cette BD originale à qui désirerait mieux comprendre le quotidien de la personne atteinte du cancer. Une manière différente de se documen-ter sur ce qui n’arrive pas qu’aux autres…

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BAGIEU PénélopeMa vie est tout à fait fascinanteParis, Gawsewitch , 2008Disponibilité CIT • EVI • JON • SER • STAcote BD BAGI

Des dessins quasi quotidiens, des petits morceaux de vie, des petits bijoux d’humour et de fraîcheur, c’est ce qui a fait le succès du blog de Pénélope Bagieu … et qui fera le bonheur des lecteurs de cette bande dessinée constituée de morceaux choisis et d’inédits. Si le terme de fascinant tient plus à l’autodérision, la vie de Pénélope est en tout cas l’occasion d’un décryptage cocasse de la vie d’une trentenaire entre petit ami, shopping, boulot et famille. Le thème est certes à la mode mais le regard de Pénélope avec son dessin tout en clins d’œil, lui, n’est pas commun. A chaque page, un petit quelque chose d’un peu toutes les femmes… et, en bonus, un sourire garanti !

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XINRAN Baguettes chinoisesArles, Picquier, 2008. 341 p.Disponibilité CIT • EVI • JON • MIN • PAQ • SER • STAcote R XINR

Baguettes chinoises raconte l’intégration de trois sœurs paysannes dans la grande ville de Nankin. Qu’auraient-elles eu à gagner de rester dans leur campagne misérable où le statut de femme demeure si peu enviable ? A la ville, Trois, Cinq et Six (elles n’ont pas reçu de prénom de leur père qui attendait des fils…) font éclore chacune leur talent : Trois dans un petit restaurant familial, Cinq dans un centre thermal à la chinoise et Six dans un salon de thé littéraire. Mais l’apprentissage des us et coutumes citadines ne se fait pas sans mal, tant l’écart entre le monde archaïque des ruraux et celui en occiden-talisation galopante des villes est énorme. Finalement, elles sont en quelque sorte étrangères dans leur propre pays. Xinran a rencontré personnellement les trois jeunes filles et a décidé de retracer leur destin en l’honneur de toutes les femmes migrantes chinoises dont personne ne se fait l’écho. A travers le portrait attachant des trois sœurs, c’est aussi la Chine des années 2000 qui se dévoile. Grâce à ce livre, j’en ai beaucoup appris sur cet immense pays décidément étonnant.

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ZUSAK MarkusLa voleuse de livresParis, Oh !, 2007. 527 p.Disponibilité BUS • CIT • EVI • JON • MIN • PAQ • SER • STAcote R ZUSA

La Mort elle-même est la narratrice de l’histoire de Liesel Meminger, une petite fille allemande que sa mère emmène à Molching dans sa nouvelle famille d’accueil, les Hubermann. On est à l’aube de la deuxième guerre mondiale et Liesel ne reverra jamais sa mère. Lors du voyage jusqu’à Molching, elle verra mourir son petit frère et volera un livre tombé de la poche du fossoyeur qui l’enterre. C’est le début d’une histoire d’amour avec les mots et les livres. Son nouveau papa, Hans, lui apprend à lire lorsqu’il la rejoint dans sa chambre pour la consoler après l’un des cauchemars récurrents qui habitent chacune de ses nuits. Liesel recevra et volera d’autres livres qui seront son réconfort dans cette nouvelle vie rythmée par les matchs de foot avec ses camarades, les expéditions avec Rudi, son meilleur ami, les visites dans la cave à Max, un Juif caché par la famille. Mais la guerre s’approche des portes de Molching, et la Mort, si douce soit-elle, doit emmener de plus en plus d’âmes… J’espère que ce livre sensible, original et poétique vous emportera comme il m’a emportée.

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DEVILLE MkOtomiJuan les Pins, Enfants rouges, 2009 (Asturiale)Disponibilité CIT • PAQcote BD NICL

Deux récits adaptés des contes de Ryûnosuke Akutagawa, écrivain japonais du début du 20e siècle. Le premier est un huis clos entre une servante et un mendiant dans un village abandonné face à une invasion. Un jeu érotique, subtil et violent va se dé-rouler autour du chat que la jeune femme est venue rechercher, elle jouant de sa position sociale, lui de la force brute. Le second récit conte l’histoire d’un jeune or-phelin japonais recueilli par des moines chrétiens et injustement accusé d’avoir en-grossé la fille d’un commerçant. Sans même prendre la peine de se défendre, il se laisse condamner et renvoyer de la fraternité, retournant vivre dans la rue où il subit toutes les brimades et humiliations. Lorsqu’un incendie ravage la ville et l’église, il va revenir et se précipiter dans les flammes pour sauver le bébé de la femme qui l’a accusé, et la vérité va éclater au grand jour. Une belle leçon de tolérance, notion dont l’application ne vient pas toujours de ceux qui la prônent…

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DILLIES Renaud, LA PADULA GraziaLe jardin d’hiverGenève, Paquet, 2009 (Blandice)Disponibilité CIT • JON • PAQ • SER • STAcote BD DILL

Sam vit dans une ville grise, immense, le dos courbé, comme un petit robot. Il passe sa vie entre le Tequila sunrise, un club de jazz dans lequel il est serveur, et son vieil appartement délavé. Il a une amie, Lili, qui est danseuse. Un soir, alors que de l’eau goutte de son plafond, il monte chez son voisin pour savoir si la fuite vient de chez lui. Avant même de lui dire bonjour, le petit homme l’appelle « fiston » et lui dit : « Je savais qu’un jour tu reviendrais ». Sam lui explique qu’ils ne se connaissent pas, mais le voisin lui propose une bière comme si de rien n’était. Cette rencontre le hantera, car, comme son amie le lui fait remarquer, il ne parle jamais de sa famille. Avec des dessins magnifiques, un cadrage subtil et un scénario poétique, cette bande dessi-née transcende la nuit et offre une lueur d’espoir, un chant d’amour.

PB

BENDIS Brian MichaelGoldfishParis, Semic, 2003 (Semic noir) Disponibilité CIT • EVI • JONcote BD BEND

Petit escroc de rue, Goldfish doit fuir la ville pour préserver sa vie. Dix ans plus tard, il revient pour en sauver une autre : celle de son fils. A 10 ans, sa vision de la vie n’est que crime, drogue et jeu… Son destin est peu prometteur. Sa mère, Lauren, est gé-rante du club « Cinderella », le QG du crime organisé, là où se retrouvent les dealers, la mafia, sans oublier tous les grands pontes de la ville. Elle est devenue en quelques années la personnalité la plus puissante et la plus importante de la cité, créant ainsi son propre gang. La représentation froide de cette mégapole retranscrit l’ambiance de Sin city, les dialogues semblent inspirés des films de Tarantino, ce qui nous em-mène dans un univers sombre et violent. Grâce à tous ces succès, Brian Michael Bendis est un auteur à suivre, les producteurs d’Hollywood s’y sont intéressés pour leurs adaptations au cinéma.

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CHAVOUET FlorentTokyo sanpo : promenades à TokyoArles, Picquier, 2009Disponibilité JON • STAcote BD CHAV

Tokyo sanpo est un livre étrange, inclassable et incroyablement drôle. L’auteur est un illustrateur qui a passé six mois au Japon, accompagnant son amie qui faisait un stage à Tokyo. Se retrouvant la plupart du temps seul, il a décidé de se promener dans les différents quartiers de la ville et de réaliser des dessins, des croquis. Il ar-pentait la ville avec sa bicyclette, une chaise pliante de pêcheur et bien sûr des crayons. Chaque chapitre s’organise autour d’un quartier, avec son plan et son koban – son commissariat aux architectures délirantes – et cherche à décrire la vie de quartier, avec une multitude d’anecdotes drôles. Ce n’est pas un carnet de voyage, pas un guide touristique, pas tout à fait ou simplement une bande dessinée, c’est un ouvrage atypique et pétillant dans lequel l’auteur s’amuse, prend du plaisir. Et le résultat est communicatif.

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FOLMAN Ari, POLONSKY, DavidValse avec BachirParis, Casterman, 2009Disponibilité BUS • CIT • JON • MIN • PAQ • SER • STAcote BD FOLM

Disponibilité du film CIT • EVI • PAQcote FA FOLM

Valse avec Bachir, c’est un film d’animation, mais aussi une bande dessinée, qui traitent d’un sujet grave et poignant, en revenant sur les événements tragiques de la guerre du Liban dans les années 1980. L’Israélien Ari Folman s’entretient avec un ami qui lui parle des terribles cauchemars qui le hantent et dans lesquels il est agressé par des chiens féroces. Cette discussion le ramène vingt ans en arrière, lorsqu’il était soldat. Alors qu’il évoque les massacres de Sabra et Chatila, Ari se rend compte qu’il ne se souvient de rien, alors qu’il a assisté à cette tuerie. Il cherche alors à savoir pourquoi il a occulté ces événements et part à la chasse aux souvenirs au-près de ses compagnons d’autrefois. Comme le film, la bande dessinée est un véri-table coup de poing qui permet, non seulement de ne pas oublier, mais aussi de dénoncer la guerre et de garder les consciences en éveil.

PB

FREDMAN La vie secrèteBruxelles, Casterman, 2008 (Ecritures)Disponibilité CIT • EVI • JON • PAQcote BD FRED

Un vieil homme se meurt dans un hôpital parisien. Son fils décide finalement de se rendre à son chevet, bien qu’il ait rompu tout contact avec lui depuis plusieurs an-nées car il n’a jamais pu accepter le passé fasciste de son père à qui il reproche tous ses propres échecs, notamment sa vie de famille. Arrivé à l’hôpital, sa tante lui remet le journal que son père a tenu durant la guerre et à partir de là, le fils va être obligé de revenir sur sa vie ainsi que sur celle de son père, enrôlé volontaire dans la Waffen SS sur le front de l’est. Ce n’est qu’en réglant ses comptes avec le passé qu’il pourra essayer de vaincre ses démons et arrêter de se cacher pour ne pas affronter ses vrais problèmes.

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DOMAS 3 minutesAntony, Boîte à bulles, 2009, 1 vol. (Contre-cœur)Disponibilité PAQ • STAcote BD DOMA

Un gars, une fille, les deux sortent d’une relation qui les a un peu abîmés et sont maintenant certains qu’ils termineront célibataires. Mais voilà, ils se rencontrent par des amis communs et vont apprendre à se connaître, sans brûler les étapes.Une jolie petite histoire, drôle, qui va rappeler plein de petites choses à chacun parce que, finalement, du plus grand moment de solitude à l’exultation la plus folle, on a tous connu ça, de tomber amoureux…

FG

F’MURR Le génie des alpagesNeuilly, Dargaud, 1973Disponibilité CIT • EVI • PAQ • SER • STA(CIT • EVI • STA ont la série complète)cote BD FMUR

Cette BD atypique, généralement en double page, met en scène des brebis savantes et ridicules, au noms fleuris et charmants comme Judicaëlle, Manivelle, Bobinette et Chevillette, j’en passe beaucoup, à vous de les découvrir. Elles sont « gardées » par Romuald le bélier, un chien philosophe qui se tient debout, et bien sûr un berger. S’y ajoutent quelques personnages farfelus comme le lion qui cherche son Petit Liré, le sphinx Kattarsis, un renard bêta qui voit des poules partout, une bergère court vêtue, des touristes à lyncher. Parfois même Saint-Ex y fait une apparition, c’est tout dire. Décidemment, cet alpage est loin d’être un îlot de tranquillité à l’écart du monde. Depuis les années 70, F’murr nous régale avec son regard décalé sur nous pauvres humains. La série compte aujourd’hui 14 volumes, le dernier …courent dans la mon-tagne est paru en 2007.

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Frères d’armesBruxelles, Casterman, 2009Disponibilité CIT • PAQ • SERcote BD FRER

Deux pays, deux destins de jeunes hommes confrontés à l’extrémisme et au terrorisme. Le premier vit au Cachemire et a suivi l’enseignement des écoles coraniques depuis qu’il est enfant. Recruté par un groupe terroriste extrémiste, il entre dans la lutte ar-mée et se destine tout naturellement à devenir kamikaze. Mais le jour où son meilleur ami se fait tuer, il comprend que toute cette violence n’engendre que la violence et décide de se rendre pour fuir le terrorisme. Il vit par la suite à l’étranger, sous une fausse identité pour ne pas risquer d’être retrouvé par ses anciens frères d’armes. Le second récit relate le voyage au pays d’un jeune homme qui suit ses études en occident depuis plusieurs années et qui rentre pour voir sa famille. Dès son arrivée, il constate que son grand frère est devenu islamiste. En désaccord avec lui, tout va changer lorsque son frère va se faire tuer par les forces armées et lui le pacifiste, le calme, le lettré va devenir membre du groupe terroriste dans lequel combattait son frère.

FG

JASON Les poches pleines de pluie : et autres histoires de JasonParis, Carabas, 2009Disponibilité CIT • STAcote BD JASO

Lorsque j’ouvre un recueil consacré à des « œuvres de jeunesse », j’ai toujours un moment d’appréhension : cela en vaudra-t-il la peine, ne vais-je pas en ressortir déçu ? Dans le cas qui nous intéresse, j’y ai réfléchi à deux fois, le Norvégien Jason étant l’un de mes auteurs fétiches. Au premier feuilletage, j’ai cru ici à une erreur. Le dessin de la première histoire courte de cet album n’a rien à voir avec les person-nages anthropomorphiques caractéristiques du dessinateur. Le style fait ici plutôt penser à certains dessinateurs américains, le Jason Lutes de Double fonds par exemple. Et pourtant c’est bien Jason tout court. On reconnaît bien au fil de cette anthologie les thématiques chères à l’auteur : l’amour, la mort, la solitude, les extra- terrestres, Hemingway. On voit son style se forger à travers différents essais allant du comic strip à l’adaptation littéraire… et les personnages à tête de chien de chat ou d’oiseau apparaître. Le premier récit, une histoire d’amour « parasitée » par des malfrats extraterrestres et un tueur à gage jaloux - je n’en dirai pas plus - est par ailleurs un véritable bijou. Fascinant.

FD

KIM Su-BakQuitter la ville, vol. 1Genève, Atrabile, 2009 (Flegme)Disponibilité CIT • EVI • JON • PAQ • SER • STAcote BD KIM

Les éditions Atrabile continuent à publier des petites merveilles d’ici (souvent) et d’ailleurs (de plus en plus). Ailleurs ici, puisque l’on part – littéralement – en Corée du Sud. Un jour l’auteur reçoit une lettre d’un ami l’invitant à le rejoindre dans sa retraite forestière, loin de Séoul. Un voyage qui dans l’espace ne représente pas grand-chose, mais qui dans la vie de ce jeune homme, peu décidé - son surnom est « chamallow » - représente un grand chambardement. Nous allons donc suivre ses hésitations plus que son voyage, doit-il quitter la routine d’une vie qui de toute façon ne le satisfait pas, entre petit boulot sur les chantiers et solitude dans un appartement qu’il ne pourra bientôt plus payer… Un magnifique récit de voyage et un aperçu singulier de la vie en Corée.

FD

PEETERS FrederikPachydermeParis, Gallimard, 2009Disponibilité CIT • EVI • JON • MIN • PAQ • SER • STAcote BD PEET

Nous sommes en Suisse romande en 1951. Carine Sorrel est une jeune pianiste à la recherche de son mari accidenté. Sur le chemin de l’hôpital, une file de voiture s’est créée, car un éléphant est couché sur la chaussée, bloquant la circulation. L’irruption de cet imposant animal est le point de départ d’un basculement lent, méticuleux et total vers le fantastique. Les repères s’effondrent alors les uns après les autres. Chaque personnage nous fait douter, chaque étape de ce voyage intérieur devient plus déroutante. Frederik Peeters mène son récit d’une main de maître, gérant par-faitement le rythme, avec une narration subtile qui alterne des pages de dialogues avec de longues séquences silencieuses où le langage passe seulement par le dessin. Au lecteur de chercher, dans ce jeu de piste, ce qui est vrai, ce qui est rêvé, pour dérouler le fil de l’histoire et pour sortir de ce labyrinthe au charme envoûtant et onirique.

PB

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ROCA PacoRidesParis, Delcourt, 2007 (Mirages)Disponibilité BUS • CIT • EVI • JON • MIN • PAQ • SER • STA cote BD ROCA

Voilà un album étonnant. Si je me doutais bien, au titre et à l’illustration de couver-ture qu’il y serait question d’âge et de mémoire, je ne m’attendais pas à voir traiter de la maladie d’Alzheimer dans un ouvrage de ce format. Le sujet est difficile, mais habillé de couleurs et de touches d’humour. Le héros, Ernest, souffre d’Alzheimer et est placé en maison de retraite. Sous la plume de Paco Roca, sa découverte de cet univers devient une véritable aventure, un roman initiatique, à l’issue certes fatale. Pour autant, l’écriture est d’une grande subtilité et l’ensemble empreint de finesse et de sérénité.

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ROBERTSON Darick, ELLIS WarrenTransmetropolitanSaint-Laurent-du-Var, Panini, 2007-2009 (4 vol.)Disponibilité CIT • STAcote BD ROBE

Au premier abord, Transmetropolitan a tout d’une caricature de comics : couleurs criardes et dessin excessif, violence exacerbée. Comme souvent, il vaut la peine de passer outre la première impression. Certes, la série reste bavarde et crue, mais l’an-ticipation qu’elle propose vaut le détour. Nous sommes au 23ème siècle dans des Etats-Unis, là aussi, caricaturés à l’extrême. Nous suivons un journaliste gonzo au nom improbable de Spider Jerusalem. Celui-ci quitte son exil montagnard pour re-venir dans « la Ville » y dénoncer les dérives et au détour, garnir son compte en banque. Dans cette métropole, elle n’est jamais nommée, le vice et la corruption règnent en maîtres et les ghettos sont peuplés d’extra-terrestres et de mutants… Spider Jerusalem n’est lui-même pas étranger aux vices, mais il usera de toutes ses armes, au propre comme au figuré, pour combattre la corruption et l’hypocrisie, notamment dans un second volume épique consacré à une campagne présiden-tielle… Une autocritique savoureuse en forme de série Z, comme seul l’Amérique sait en produire.

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PINELLI Joe Giusto, OPPEL Jean-HuguesTrouilleBruxelles, Casterman, 2009 (Rivages/Casterman/noir)Disponibilité CIT • SER • STAcote BD PINE

Cette collection a été lancée conjointement par Payot/Rivages et Casterman. Elle propose des one-shots qui reprennent les titres les plus marquants des plus grands romans noirs publiés sous la prestigieuse jaquette des éditions Rivages noir. Joe Egan, le personnage principal de cette bande dessinée, est un homme étrange. Il ne cesse de fuir tout ce qui l’entoure, les femmes qu’il rencontre et passe sa vie à sauter dans des bus, des avions ou des voitures, sillonnant ainsi les Etats-Unis. Grâce à sa passion pour le poker, il parvient à vivre ou plutôt à survivre. Il semble être toujours aux aguets, pétrifié par la trouille. Pourquoi ? A cause d’une femme vêtue de noir qui le suit partout depuis des années. La technique imaginée par l’auteur, très cinéma-tographique, convient tout à fait au propos, plongeant le lecteur dans un véritable tourbillon. L’atmosphère sombre et angoissante est parfaitement rendue par des dessins pleine page, en crayonné.

PB

PLANCHON DimitriBlaiseGrenoble, Glénat, 2009 (1000 feuilles)Disponibilité CIT • JON • STAcote BD PLAN

Blaise a 8 ans, une abondante tignasse et, il faut bien le dire, il fait plutôt de la peine… Ses parents sont des intellos de gauche, qui ont l’air tout droit sortis des années 70 avec leurs chemises à carreaux. L’un lit Le lieutenant Blueberry et l’autre a tout le temps la clope au bec. Ils vivent dans un monde qui ressemble au nôtre, mais en pire : la télé passe en boucle Dabi Doubane, la personnalité préférée des Français, joueur de foot au grand cœur. Les journées de travail sont interminables et les congés n’existent plus. Les rapports humains sont entachés de politiquement correct. Racisme, critique du star-system, absurdité, cette BD percute à chaque page et sait mettre le doigt là où ça fait mal.

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SERALendemains de cendresParis, Delcourt, 2007 (Mirages)Disponibilité CIT • EVI • JON • PAQ • SER • STAcote BD SERA

Traitant du génocide cambodgien, cette bande dessinée retrace la vie des habitants d’un pays dévasté par un gouvernement communiste. Le récit débute en 1979 à la fin du régime du dictateur Pol Pot. Les Khmers rouges, fonctionnaires enrôlés pour exterminer les civils et surtout les intellectuels, exercent une violence extrême sur le peuple à travers le pays. Les horreurs prennent vie sous le trait magique et envoûtant de Séra, qui nous offre ces récits poignants de Cambodgiens cherchant à survivre. En Thaïlande, on découvre l’état précaire des camps de réfugiés installés près de la frontière, qui accueillent des milliers de civils fuyant leur pays. La beauté des dessins nous plonge dans un univers dont le romantisme et la cruauté se mêlent pour nous offrir un regard presque poétique sur cette période sanglante qu’a connue le Cambodge. On ressent une volonté de Séra pour créer une œuvre originale, voulant rester en dehors des mécanismes commerciaux de la bande dessinée.

SL

TALLEC OlivierNegrinhaParis, Gallimard, 2009 (Bayou)Disponibilité STAcote BD TALL

Maria est une jeune métisse de 13 ans qui vit au Brésil, dans le quartier de Copacabana. Elle est élevée par une mère surprotectrice, qui veut absolument offrir à sa fille une vie heureuse, intégrée à la bourgeoisie blanche de Rio. Pour cela, cette mère, analphabète, que les amies de Maria considèrent comme sa bonne, est prête à tous les sacrifices, jusqu’à en oublier sa famille restée dans une favela voisine. Mais, un jour, la jeune fille va vouloir découvrir cette part cachée. C’est une histoire émou-vante, une jolie chronique de vie qui se déroule sous des traits fragiles et délicats, sous des teintes resplendissantes, lumineuses et chaleureuses. Negrinha est une belle réflexion sur la négritude et l’injustice, mais c’est aussi un hymne au Brésil, à ses couleurs, ses musiques, ses danses.

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TANIGUCHI JiroUn zoo en hiverTournai, Casterman, 2009, 231 p.Disponibilité BUS • CIT • EVI • JON • PAQ • MIN • SER • STAcote BD TANI

Dans une veine autobiographique, Un zoo en hiver raconte les années de jeunesse de Taniguchi. Des années de formation où sa passion du dessin le mena à fréquenter un célèbre dessinateur de manga. Engagé comme simple assistant, il se heurte rapi-dement à la réalité peu reluisante du travail d’un apprenti mangakan : jalousies entre les assistants, tentatives désespérées pour se faire remarquer et toute puissance du maître qui règne sur son petit monde. C’est une histoire d’amour compliquée qui poussera finalement le jeune dessinateur à trouver un ton véritablement personnel. Peut-être pas tout à fait du niveau d’un Quartier lointain ou d’un Journal de mon père, ce manga ne manque toutefois pas d’un charme discret et d’une certaine force dramatique qui finit par nous emporter, l’air de rien.

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VIVES BastienLe goût du chloreBruxelles, Casterman, 2008Disponibilité CIT • STAcote BD VIVE

Sur les conseils de son kiné et pour réduire les douleurs liées à une scoliose, le per-sonnage principal, un jeune homme, découvre la natation. Semaine après semaine, chaque mercredi, il se rend dans une piscine couverte. Néophyte, il observe les autres et particulièrement une jeune femme qui évolue comme une championne, avec son maillot une pièce, ses lunettes, son pince-nez et son bonnet qui cache son abon-dante chevelure. Ils se lieront d’amitié et elle lui donnera des conseils pour progres-ser. Bastien Vivès maîtrise parfaitement le rythme de ce huis clos minimaliste. Le dessin est simple, limpide, jouant sans cesse avec des effets de transparence ou de clarté, dans des teintes bleues, vertes, grises. Le récit laisse une grande place à l’ima-gination du lecteur, en le plongeant dans une atmosphère aquatique et énigma-tique, dans une fluidité légère.

PB

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Ces résumés vous ont été proposés par

Françoise Aellen • Françoise Bonvin • Philippe Bonvin • Catherine Demolis • Florent Dufaux • François Gerber • Caroline Langendorf Richard • Tony Larsen • Roane Leschot • Thierry Leu • Simon Liengme • Marie-Claude Martin • Dominique Monnot • Joëlle Muster

CIT • bibliothèque de la Cité 5 place des Trois-Perdrix 1204 Genève tél. 022 418 32 22

EVI • bibliothèque des Eaux-Vives 2 rue Sillem 1207 Genève tél. 022 786 93 00

JON • bibliothèque de la Jonction 22 bd Carl-Vogt 1205 Genève tél. 022 800 13 61

MIN • bibliothèque des Minoteries 3-5 rue des Minoteries 1205 Genève tél. 022 800 01 31

PAQ • bibliothèque des Pâquis 15-17 rue du Môle 1201 Genève tél. 022 900 05 81

SER • bibliothèque de la Servette 9 rue Veyrassat 1202 Genève tél. 022 733 79 20

STA • bibliothèque de Saint-Jean 19 av. des Tilleuls (entrée rue Miléant)

1203 Genève tél. 022 418 92 01

BUS • service du Bibliobus 40 points de stationnement dans tout le canton, renseignements auprès de votre commune ou au 022 418 92 70

SPO • bibliothèque des sports 4 ch. du Plonjon parc des Eaux-Vives 1207 Genève

VOS BIBLIOTHÈQUES MUNICIPALES :

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les coups decœur des

bibliothécaires

Il en est des livres commedu feu dans le foyer.On va le prendre chez le voisin,on l'allume chez soi,on le communique à d'autreset il appartient à tous.

hiver 09 | 10

Voltaire

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