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18 e Congrès de pneumologie de langue franc ¸aise — Marseille, 31 janvier au 2 février 2014 A201 FRSR19 Épidémiologie et physiopathologie de la colonisation et des infections pulmonaires à Escherichia coli : premiers résultats de l’étude multicentrique COLOCOLI B. La Combe , J.-D. Ricard Inserm U722, UFR de Médecine Paris Diderot, 75018 Paris, France Introduction.— E. coli est la première entérobactérie impliquée dans la survenue de pneumonies acquises sous ventilation méca- nique (PAVM), et la plus fréquente des entérobactéries productrices d’une -lactamase à spectre élargi (BLSE). Un travail monocen- trique (1) avait montré que les souches d’E. coli responsables de PAVM étaient plus souvent de groupe phylogénétique B2, portaient significativement plus de gènes de virulence, et avaient une plus grande sensibilité aux antibiotiques. Notre objectif était de confir- mer ou d’infirmer ces résultats sur une plus large échelle. Patients et méthodes.— Nous avons réalisé une étude multicen- trique, prospective, avec recueil des isolats respiratoires d’E. coli des patients sous ventilation invasive. Pour chaque isolat, nous avons caractérisé l’antibiotype, et, déterminé par PCR, les groupes et sous-groupes phylogénétiques, le O-type et le contenu en fac- teurs de virulence (2). Nous avons établi un score de résistance aux antibiotiques, ainsi qu’un score de virulence, selon la présence de 11 gènes de virulence. Résultats.— Parmi les 84 isolats respiratoires d’E. coli recueillis chez 80 patients, 59 étaient responsables de pneumonies (23 PAVM, 20 pneumonies d’inhalation, 16 liées aux soins), et 25 de colonisa- tion simple. 13 % des isolats étaient sécréteurs de BLSE. Les isolats du groupe B2 étaient majoritaires (57 %). Ils présentaient alors des scores de résistance inférieurs aux isolats non-B2 (2 [0—5] vs 5 [1- 7] ; p = 0,004), et leur score de virulence était supérieur (7 [4—7] vs 3 [0,5—4] ; p < 0,0001). Les scores de résistance et de virulence n’étaient pas différents entre les isolats de colonisation et de pneu- monie. Au moins un gène impliqué dans le transport du fer était porté par 87 % des isolats. Discussion.— Les résultats, s’ils confirment l’implication des iso- lats du groupe phylogénétique B2 et leur fort potentiel d’invasion extra-intestinale (notamment respiratoire), montrent que d’autres groupes phylogénétiques, beaucoup moins sensibles aux anti- biotiques, sont également responsables de PAVM. Parallèlement, l’émergence de souches sécrétrices de BLSE est un aspect nouveau et préoccupant. Conclusion.— La part croissante d’isolats sécréteurs de BLSE, et la richesse en facteurs de virulence des isolats respiratoires d’E. coli, rendent nécessaire le développement de nouvelles voies thérapeu- tiques et préventives pour contrecarrer à la fois la virulence des isolats sensibles aux antibiotiques et les isolats multirésistants. http://dx.doi.org/10.1016/j.rmr.2013.10.146 FRSR20 Évaluation de la compensation corticale de la charge inspiratoire à l’éveil, par la recherche de potentiels pré-inspiratoires, chez les patients atteints de syndrome d’apnées obstructives du sommeil C. Launois, V. Attali, T. Similowski Neurophysiologie respiratoire expérimentale et clinique, ER10, UPMC, France Introduction.— Le syndrome d’apnées obstructives du sommeil (SAOS) est caractérisé par des épisodes répétitifs de collapsus des voies aériennes supérieures durant le sommeil, dus à une alté- ration de leurs propriétés mécaniques, que l’on peut assimiler à une « charge inspiratoire ». La charge inspiratoire chez le sujet sain induit l’activation des circuits corticaux prémoteurs, visuali- sables sous forme de potentiels pré-moteurs inspiratoires (PPI) à l’électroencéphalogramme (EEG). Nous avons fait l’hypothèse que les patients atteints de SAOS pou- vaient se comporter comme des sujets sains soumis à une charge inspiratoire en activant les circuits corticaux prémoteurs et que la pression positive continue (PPC) en annulant cette charge inspira- toire mettait « au repos » ces circuits de compensation (disparition du PPI). Matériels et méthodes.— Des PPI à l’éveil ont été recherchés chez 23 patients SAOS et 10 sujets « contrôle » (8 somnambules et 2 sujets sains), en position assise (n = 33) et sous PPC (n = 7). Résultats.— Un PPI était retrouvé en position assise chez 5/9 patients « SAOS sévères » (index d’apnées hypopnées (IAH) 30/h), 4/14 patients « SAOS légers à modérés » (5 < IAH < 30/h) et uniquement chez 1/10 patients « contrôles » (ns). En considérant un seuil d’IAH à 15, on retrouvait un PPI chez 54 % des patients du groupe IAH15/h et chez 15 % des patients du groupe IAH < 15/h (p = 0,02). Sous PPC, 5 patients sur 7 traités, présentaient un PPI en ventilation spontanée, et chez 3 d’entre eux, le PPI disparaissait sous PPC. Conclusion.— Cette étude met en évidence l’implication de circuits corticaux pré-moteurs dans la compensation de la charge inspira- toire dans le SAOS à l’éveil. Les résultats obtenus en ventilation spontanée sont renforcés par les données sous PPC qui peuvent être interprétés comme une « mise au repos » des circuits corticaux après annulation de la charge inspiratoire. L’étude suggère également une relation entre sévérité du SAOS et compensation corticale. http://dx.doi.org/10.1016/j.rmr.2013.10.147 FRSR21 Biomarqueurs pronostiques du mésothéliome malin pleural c/o 111 patients inclus dans l’essai de phase 2/3 IFCT-GFPC 0701 « MAPS » (Mesothelioma Avastin Pemetrexed Study) G. Levallet , G. Zalcman UMR INSERM 1086, Groupe Biomarqueurs des CBNPC et mésothéliomes (CHU de Caen) et Intergroupe Francophone de Cancérologie Thoracique (IFCT) Le mésothéliome pleural malin (MPM) est une tumeur rare (950 cas annuels) au pronostic sombre. Le traitement de référence actuel repose sur le doublet de chimothérapie (pemetrexed plus cispla- tine) avec une survie médiane de 13,5 mois et une survie à 5 ans virtuellement nulle, il est ainsi urgent de trouver de nouveaux trai- tements. Du fait de l’existence d’une boucle autocrine VEGF/VEGFR dans le mésothéliome, le Bevacizumab (BVZ) ou Avastin ® , inhibi- teur du VEGF, a alors été proposé. Son bénéfice est actuellement testé dans l’essai prospectif national de phase 2/3 « MAPS » de l’intergroupe francophone de cancérologie thoracique (IFCT). Cet essai a inclus de 2007 à novembre 2013, 445 patients atteints de mésothéliome pleural inopérable randomisé en 2 modalités de chi- miothérapie (permetrexed + cisplatin ± bevacizumab). Un tel essai était de plus une opportunité unique de constituer en France une collection de prélèvements de MPM pour laquelle nous tâchons doré- navant d’établir un profil biologique détaillé afin d’identifier de nouveaux biomarqueurs. De nombreux patients de la phase 3 étant encore sous trai- tement, nous nous sommes consacrés à l’analyse du statut d’hyperméthylation des promoteurs de plusieurs gènes suppresseurs de tumeurs (MS—PCR), ainsi que du niveau d’expression de protéines

Épidémiologie et physiopathologie de la colonisation et des infections pulmonaires à Escherichia coli : premiers résultats de l’étude multicentrique COLOCOLI

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Page 1: Épidémiologie et physiopathologie de la colonisation et des infections pulmonaires à Escherichia coli : premiers résultats de l’étude multicentrique COLOCOLI

18e Congrès de pneumologie de langue francaise — Marseille, 31 janvier au 2 février 2014 A201

FRSR19Épidémiologie et physiopathologie dela colonisation et des infectionspulmonaires à Escherichia coli :premiers résultats de l’étudemulticentrique COLOCOLIB. La Combe , J.-D. RicardInserm U722, UFR de Médecine Paris Diderot, 75018 Paris, France

Introduction.— E. coli est la première entérobactérie impliquéedans la survenue de pneumonies acquises sous ventilation méca-nique (PAVM), et la plus fréquente des entérobactéries productricesd’une �-lactamase à spectre élargi (BLSE). Un travail monocen-trique (1) avait montré que les souches d’E. coli responsables dePAVM étaient plus souvent de groupe phylogénétique B2, portaientsignificativement plus de gènes de virulence, et avaient une plusgrande sensibilité aux antibiotiques. Notre objectif était de confir-mer ou d’infirmer ces résultats sur une plus large échelle.Patients et méthodes.— Nous avons réalisé une étude multicen-trique, prospective, avec recueil des isolats respiratoires d’E. colides patients sous ventilation invasive. Pour chaque isolat, nousavons caractérisé l’antibiotype, et, déterminé par PCR, les groupeset sous-groupes phylogénétiques, le O-type et le contenu en fac-teurs de virulence (2). Nous avons établi un score de résistance auxantibiotiques, ainsi qu’un score de virulence, selon la présence de11 gènes de virulence.Résultats.— Parmi les 84 isolats respiratoires d’E. coli recueillischez 80 patients, 59 étaient responsables de pneumonies (23 PAVM,20 pneumonies d’inhalation, 16 liées aux soins), et 25 de colonisa-tion simple. 13 % des isolats étaient sécréteurs de BLSE. Les isolatsdu groupe B2 étaient majoritaires (57 %). Ils présentaient alors desscores de résistance inférieurs aux isolats non-B2 (2 [0—5] vs 5 [1-7] ; p = 0,004), et leur score de virulence était supérieur (7 [4—7]vs 3 [0,5—4] ; p < 0,0001). Les scores de résistance et de virulencen’étaient pas différents entre les isolats de colonisation et de pneu-monie. Au moins un gène impliqué dans le transport du fer étaitporté par 87 % des isolats.Discussion.— Les résultats, s’ils confirment l’implication des iso-lats du groupe phylogénétique B2 et leur fort potentiel d’invasionextra-intestinale (notamment respiratoire), montrent que d’autresgroupes phylogénétiques, beaucoup moins sensibles aux anti-biotiques, sont également responsables de PAVM. Parallèlement,l’émergence de souches sécrétrices de BLSE est un aspect nouveauet préoccupant.Conclusion.— La part croissante d’isolats sécréteurs de BLSE, et larichesse en facteurs de virulence des isolats respiratoires d’E. coli,rendent nécessaire le développement de nouvelles voies thérapeu-tiques et préventives pour contrecarrer à la fois la virulence desisolats sensibles aux antibiotiques et les isolats multirésistants.

http://dx.doi.org/10.1016/j.rmr.2013.10.146

FRSR20Évaluation de la compensationcorticale de la charge inspiratoire àl’éveil, par la recherche de potentielspré-inspiratoires, chez les patientsatteints de syndrome d’apnéesobstructives du sommeilC. Launois , V. Attali , T. SimilowskiNeurophysiologie respiratoire expérimentale et clinique, ER10,UPMC, France

Introduction.— Le syndrome d’apnées obstructives du sommeil(SAOS) est caractérisé par des épisodes répétitifs de collapsus desvoies aériennes supérieures durant le sommeil, dus à une alté-ration de leurs propriétés mécaniques, que l’on peut assimiler à

une « charge inspiratoire ». La charge inspiratoire chez le sujetsain induit l’activation des circuits corticaux prémoteurs, visuali-sables sous forme de potentiels pré-moteurs inspiratoires (PPI) àl’électroencéphalogramme (EEG).Nous avons fait l’hypothèse que les patients atteints de SAOS pou-vaient se comporter comme des sujets sains soumis à une chargeinspiratoire en activant les circuits corticaux prémoteurs et que lapression positive continue (PPC) en annulant cette charge inspira-toire mettait « au repos » ces circuits de compensation (disparitiondu PPI).Matériels et méthodes.— Des PPI à l’éveil ont été recherchés chez23 patients SAOS et 10 sujets « contrôle » (8 somnambules et 2 sujetssains), en position assise (n = 33) et sous PPC (n = 7).Résultats.— Un PPI était retrouvé en position assise chez5/9 patients « SAOS sévères » (index d’apnées hypopnées(IAH) ≥ 30/h), 4/14 patients « SAOS légers à modérés »(5 < IAH < 30/h) et uniquement chez 1/10 patients « contrôles »(ns).En considérant un seuil d’IAH à 15, on retrouvait un PPI chez 54 % despatients du groupe IAH≥15/h et chez 15 % des patients du groupeIAH < 15/h (p = 0,02).Sous PPC, 5 patients sur 7 traités, présentaient un PPI en ventilationspontanée, et chez 3 d’entre eux, le PPI disparaissait sous PPC.Conclusion.— Cette étude met en évidence l’implication de circuitscorticaux pré-moteurs dans la compensation de la charge inspira-toire dans le SAOS à l’éveil. Les résultats obtenus en ventilationspontanée sont renforcés par les données sous PPC qui peuvent êtreinterprétés comme une « mise au repos » des circuits corticaux aprèsannulation de la charge inspiratoire.L’étude suggère également une relation entre sévérité du SAOS etcompensation corticale.

http://dx.doi.org/10.1016/j.rmr.2013.10.147

FRSR21Biomarqueurs pronostiques dumésothéliome malin pleural c/o111 patients inclus dans l’essai dephase 2/3 IFCT-GFPC 0701 « MAPS »(Mesothelioma Avastin PemetrexedStudy)G. Levallet , G. ZalcmanUMR INSERM 1086, Groupe Biomarqueurs des CBNPC etmésothéliomes (CHU de Caen) et Intergroupe Francophone deCancérologie Thoracique (IFCT)

Le mésothéliome pleural malin (MPM) est une tumeur rare (950 casannuels) au pronostic sombre. Le traitement de référence actuelrepose sur le doublet de chimothérapie (pemetrexed plus cispla-tine) avec une survie médiane de 13,5 mois et une survie à 5 ansvirtuellement nulle, il est ainsi urgent de trouver de nouveaux trai-tements. Du fait de l’existence d’une boucle autocrine VEGF/VEGFRdans le mésothéliome, le Bevacizumab (BVZ) ou Avastin®, inhibi-teur du VEGF, a alors été proposé. Son bénéfice est actuellementtesté dans l’essai prospectif national de phase 2/3 « MAPS » del’intergroupe francophone de cancérologie thoracique (IFCT). Cetessai a inclus de 2007 à novembre 2013, 445 patients atteints demésothéliome pleural inopérable randomisé en 2 modalités de chi-miothérapie (permetrexed + cisplatin ± bevacizumab). Un tel essaiétait de plus une opportunité unique de constituer en France unecollection de prélèvements de MPM pour laquelle nous tâchons doré-navant d’établir un profil biologique détaillé afin d’identifier denouveaux biomarqueurs.De nombreux patients de la phase 3 étant encore sous trai-tement, nous nous sommes consacrés à l’analyse du statutd’hyperméthylation des promoteurs de plusieurs gènes suppresseursde tumeurs (MS—PCR), ainsi que du niveau d’expression de protéines