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Equito tout sur l’équitation Et lEs médias Crédit : E.M. u EQUIDIA u SUR LES éCRANS u TéMOIGNAGES u PORTRAIT équitation, télévision : la course poursuite Médias : quelle place pour l’équitation ? Guy Fichet : la voix des chevaux Seule contre tous Les cavaliers s’expriment u DOSSIER N°1 MAI 2010

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Equitotout sur l’équitation Et lEs médias

Cré

dit : E

.M.

u EQUIDIA

u SUR LES éCRANS

u TéMOIGNAGES

u PORTRAIT

équitation,télévision :

la course poursuite

Médias :quelle placepour l’équitation ?

Guy Fichet :la voix

des chevaux

Seule contre tous

Les cavalierss’expriment

u DOSSIER

N°1

MAI 2010

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sommairEEquito

N°1 / Mai 2010

la FédérationFrançaisEd’équitation :« l’équitation s’estdémocratisée »

P.4

lEs GrandséVénEmEntsComment attirerles journalistes ?

P.10

sur lEs éCranséquitation, télévision :la course poursuite

P.14l’intErViEWEmmanuelmendibure :« Ce sport doit évoluerdans sa réflexion »

P.16

sur la toilEà chevalentre le papieret internet

P.18

lEs HarasnationauXune ouverturevers le public ?

P.26

PrEssEréGionalEl’équitation :parent pauvrede la presse locale

P.12

PortraitGuy Fichet,la voixdes chevaux

P.17Zoom sur... le polo :« sport des roiset roi des sports »

P.24

témoiGnaGEsles cavalierss’expriment

P.22

Equidiaseulecontre tous

P.20

rEnContrEEve Ysern,comment intéresserle public aux sportséquestres ?

P.8

002 Equito

dossiErdans quelle mesure les médias français rendent-ilscomptent de l’équitation ?

P.7

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Edito

Vous avez entre vos mains un magazine dédiéaux relations entre l’équitation et les mé-dias. Mon premier magazine. Maintenant le

votre aussi. L’équitation est le maître-mot de cesvingt-huit pages. Le fil rouge pour ce sport connu,beaucoup pratiqué, mais peu visible dans les médias.Ce magazine est le fruit d’un travail d’investigationet d’une réflexion approfondie. il contient surtoutdes réponses à une question : pourquoi l’équitationest-elle si peu médiatisée ?

J’ai vécu avec les chevaux dès ma naissance. A l’âgede sept ans, j’ai appris à les connaître et à les mon-ter. J’ai ressenti cette relation privilégiée avec euxdont tout cavalier parle. un partage d’émotions, desensations, si incompréhensible et si futile aux yeuxdes non initiés. En grandissant, je me suis intéres-sée aux journaux et magazines équestres.

Aujourd’hui, j’ai deux passions : le journalisme, etl’équitation. Deux mots qui sonnent faux lorsquel’on regarde du côté des médias généralistes. J’aivoulu comprendre pourquoi un sport qui rassembleplus de 650 000 licenciés (la troisième fédérationsportive olympique française) est si peu diffusé.Pourquoi un animal adulé par les jeunes intéresse-t-il si peu les journalistes ? Après avoir contacté bonnombre d’entre eux, de la presse spécialisée et gé-néraliste, les explications sont multiples.

Du côté des télévisions nationales, j’ai remarquécomme un mouvement de masse. toutes se canton-nent aux mêmes sports : foot, tennis, rugby en ligne

de mire. Les raisons sont somme toute assez lo-giques : ils représentent les meilleures audiences.Néanmoins, aucune de ces chaînes ne tente la diffé-rence. Certes, diffuser un concours de saut d’obsta-cles reste encore difficile : les épreuves sont longueset répétitives pour les néophytes. un des freins pourune meilleure médiatisation unanimement évoquépar les journalistes spécialisés.Le problème ne peut être imputé seulement à ceschaînes. Les instances équestres ont probablementleur part de responsabilité. Par exemple, elles n’ontpeut-être pas su s’adapter aux formats télévisés.D’autre part, pour certains, l’équitation est une dis-cipline aujourd’hui poussiéreuse. Son image élitistelui colle à la peau, et un coup de neuf lui ferait dubien.

Mes investigations ont été jalonnées de belles ren-contres. Notamment celle d’un passionné deconcours complet, aujourd’hui à la retraite (avec leschevaux), auparavant à Ouest-France. Son interviewcomme certaines autres m’amènent vers ce constat :l’équitation est portée à travers les médias grâce àquelques personnalités. Ces « férus » croient en sonpotentiel de médiatisation. J’y crois aussi. Les évé-nements qui rassemblent des milliers de spectateursen sont la preuve. L’équitation intéresse, passionneet impressionne. il lui faut maintenant du soutiendans sa mutation. Lui apporter les armes néces-saires pour sa révolution. Et la porter sous le feudes projecteurs.

EMMANUELLE MICHAUD

003 Equito

Equito : directeur de la publication : Yann-armel Huetrédactrice en chef : Emmanuelle michaudsecrétaire de rédaction : Emmanuelle michaudCrédits photos : Emmanuelle michaud, scoopdyga, rB Presse, FFE, ouest France

l’équitation VErsunE nouVEllE médiatisation ?

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LEXIQUECompétition  club : circuit pour les débutantsmontant dans un club équestre, et ayant une licenceclub (gratuite).

Compétition amateur : circuit comprenant uncertain nombre d’épreuves amateurs, échelonnéessur différents niveaux. ouvert aux détenteurs d’unelicence compétition seulement (70 €).

Dotations : variables selon les concours : 800 € pourune épreuve amateur de bon niveau, et 1000 € pour lamême épreuve, mais réservée aux professionnels. Pourles professionnels, elle peut aller jusqu’à 2 500 €.

CSO : concours de saut d’obstacles. il s’agit d’en-chaîner un parcours d’obstacles mobiles. Les ba-rèmes varient. Si le couple fait tomber une barre, ousi le cheval refuse de sauter, ils sont pénalisés de qua-tre points. Le deuxième refus et la chute sont élimi-natoires.

Complet : discipline alliant trois épreuves. Le dres-sage : le couple cavalier/cheval doit enchaîner des fi-gures imposées, notées sur dix. Le total apparaîtsous une note négative. Le couple le plus près dezéro étant évidemment le mieux placé.

La fédération française d’équitation est latroisième fédération olympique sportive ennombre de licenciés, et la première fédéra-tion féminine. Pourquoi les femmes sont sinombreuses à pratiquer l’équitation ?

Il n’y a pas vraiment d’explications. On sait qu’une pe-tite fille est vite sous le charme d’un poney, contraire-ment aux garçons. C’est un sport dans lequel leslicenciés sont très jeunes. 75% ont entre 18 et 25 ans.Les garçons préfèrent jouer au rugby ou au foot plutôtque de monter à cheval !

Pouvez-vous nous en dire plus sur votre sup-port médiatique, la FFE Tv ?

FFE Tv existe depuis deux ans. Nous l’avons créée…parce que j’avais envie de le faire ! (rires). C’est aussidans l’air du temps. On a été la première ou l’une despremières fédérations à le faire. On a aujourd’hui uneweb tv la plus développée des fédérations sportives, avecderrière un outil de communication, d’information quiva devenir un outil pédagogique.

Actuellement, FFE Tv est très tournée vers la compé-tition. Nous avons 52 sujets vidéo équins, avec des par-tenariats. Nous voulons diffuser des sujets plus longs(de quatre minutes) sur les soins à apporter aux che-vaux. C’est un outil ludique et apprécié par le public.Au lieu d’en dire des tartines, les gens regardent unevidéo. En deux ans, nous avons eu deux millions deconsultations.

Et votre journal « La REF » alors ?

« La Ref » existe depuis 2000, créée par DanielleLambert. Elle est tirée à 8 000 exemplaires, envoyéestous les mois aux clubs, à la presse et aux associationsliées au monde du cheval.Elle contient toutes les actualités fédérales, toutes les in-formations utiles à un club. Elle participe aux opéra-tions promotions, notamment pour la journée du cheval.C’est le journal officiel de la fédération.Nous avons aussi comme nouveauté la lettre fédérale,tous les lundis soirs, et disponible sur notre site In-ternet. Notre site est un outil de communication très

004 Equito

la Fédé

« l’équitations’Est démoCratiséE »

Gautier Beaudoin, chargé de communicationà la fédération française d’équitation (FFE)(il a quitté ses fonctions le 2 avril 2010)>

Cré

dit : F

FE

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005 Equito

important. Nous avons 60 000accès sur la « home page ». Maison est en train de le refaire pour lesimplifier.

J’entends beaucoup de cava-liers amateurs et compéti-teurs dirent que lesorientations de la fédérationfavorisent les pros, et sesentent “délaissés”. Cetteannée (2009), la FFE a dé-cidé de diminuer les dota-tions des épreuves amateurs.Cela ne va-t-il pas les dé-courager ?

Les organisateurs des concourssont libres de déterminer leurs do-tations. Aujourd’hui, on vit dansun monde libéral. Les fédérationsse mettent à la place de tout lemonde. Les organisateurs veulentpouvoir mettre sur pied desconcours et trouver des bénévoles(qui se font de plus en plus rares).Ils dépensent beaucoup d’argent.Certains concours ne proposerontpas de dotations, mais il y auraquand même du monde. Au-jourd’hui, les gens veulent un belaccueil ; les amateurs sont de plusen plus exigeants.

Il y a dix ans, on faisait uneépreuve de saut d’obstacles à 1,10mètres dans le pré du voisin.Maintenant, ce n’est plus possible.Regardez à la montagne : les gensne veulent plus de bosses, et de laneige tout le temps.Pour l’équitation, c’est la mêmechose. Alors oui, les engagementssont en baisses, mais en concours,les chevaux galopent sur du ve-lours, les terrains sont supers. Si ondit aux organisateurs que les do-tations sont à nouveau obliga-toires, beaucoup ne voudront plusfaire de concours. Certains s’y re-

trouvent dans ce système.

Certains amateurs ne vont-ils pas vouloir prendre unelicence pro pour courir dansdes épreuves avec de grossesdotations ?

Moi je veux bien, mais ils vont payerleur licence 320 € (au lieu de 70 €pour une licence amateur, ndlr), etils vont courir contre des profession-nels ! Celui qui veut être performantva dépenser 80 000 € pour acheter soncheval.Je le vois dans les chiffres, la majorité

des amateurs tournent en sautd’obstacles sur des épreuves à 1m,1,10 m, 1,15 m.

La FFE est la troisième fé-dération olympique sportivefrançaise en nombre de li-cenciés. Peut-on dire que cesport s’est démocratisé aucours des dernières années ?

Oui, l’équitation s’est démocrati-sée, avec notamment la compétitionclub. Quand on voit le monde auxchampionnats de France club deLamotte-Beuvron (Loir-et-Cher)… Par contre, la compétitionamateur ne se démocratisera pas.Dès que ça coûte cher, les amateurssont moins nombreux.

Il s’est démocratisé, mais lesmédias généralistes n’enparlent (presque) jamais.Pourquoi ?

On parle de l’équitation dans lesmédias (TF1, France 2, par exem-ple parlent de la journée du cheval)mais pas des sports équestres. Çareprésente une minorité de cava-liers et ça n’intéresse pas le grandpublic. Il vaut mieux vendre de lapublicité pour un sport comme letennis. Les retombées sont 1 000fois supérieures. Et 10 000 foispour le foot. Les gens achètent lejournal L’Equipe à 80% pour lefoot. Inverser la tendance n’est passimple.Mais le cheval est populaire. Il y aplein de choses dans l’équitation. Ilest par exemple plus facile de ven-dre la journée du cheval que la vic-toire de Kévin Staut en sautd’obstacles (champion d’Europe àWindsor, le 30 août 2009).

Propos recueillis au téléphonele 17 septembre 2009

la Fédé

Cré

dit : E

.M.

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006 Equito

>quElquEs CHiFFrEs

>quElquEs datEs

650 437 : c’est le nombre de licenciés pour l’année 2009, dont 126

299 licences compétition.

50 000 épreuves sont réparties sur 8 000 concours en France. Cela

représente 1,200 millions d’engagements. un chiffre en hausse.

900 000 équidés sont dénombrés en France, selon les Haras Nationaux.

un chiffre plus ou moins vrai à 10% près.

7 500 clubs/établissements équestres existent dans l’hexagone, affiliés à

la Fédération.

1921 : création de la Fédération Française des Sports équestres.

1971 : naissance du Poney Club de France. Porte une double réforme : la rénovation de la pé-

dagogie équestre par le jeu et l'organisation fédérale sur une logique coopérative.

1987 : la Fédération Française d’équitation est constituée. Elle regroupe trois délégations na-

tionales : la Délégation Nationale aux Sports équestres (DNSE), la Délégation Nationale au tou-risme équestre (DNtE) et la Délégation Nationale à l'équitation sur Poneys (DNEP).

1999 : les comités des trois Délégations votent la réforme des statuts de la Fédération en As-

semblée générale. à partir de cette date, les Délégations vont se dissoudre et s'incorporer à laFFE.

la Fédé

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007 Equito

L’équitation est un sport de passion, de sensation. C’est la relationentre deux êtres : l’homme et le cheval. D’un côté le sport, de l’autrele loisir, l’équitation souffre encore d’une image élitiste, même si pourcertains, elle s’est démocratisée. Les médias spécialisés s’efforcent d’at-tirer un plus large public, leur cheval de bataille à eux. Alors que lesmédias nationaux s’intéressent ponctuellement à l’équitation par lebiais de sujet décalés. quelques exceptions sont encourageantes.Enquête.

Cré

dit : E

.M.

dossiEr

dans quEllE mEsurE lEsmédias Français rEndEnt-ilsComPtEnt dE l’équitation ?

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008 Equito

Les sports équestres ont leur magazine. Comme Grand Prix Magazine et Grand PrixInternational. à leur barre : Eve Ysern*. Son objectif : toucher un public encore plus large.(*Elle a quitté son poste de rédactrice en chef de Grand Prix début avril)

Pourquoi Grand Prix Magazine, un nomassez obscur au fond ? 

C’est déjà difficile de lancer un magazine, et encore plusde créer une marque de toute pièce. Comme on avaitdéjà un public assez fan de Grand Prix International,on a surfé sur le nom pour permettre aux gens de le re-connaître. Ensuite, on alancé un site internet com-munautaire d’informations,mis en ligne en mai 2009.

Selon vous, pourquoiles médias généralistesne parlent-ils (presque)jamais de sports éques-tres ?

C’est délicat (sourire)…L’équitation est une activitéqui n’est pas toujours vuecomme un sport. Des cava-liers ont jusqu’à 60 ans, cer-tains sont gros, d’autresfument… Tout ça ne véhi-cule pas une image très sainede notre sport. C’est aussi unloisir, une activité de petitesfilles. La tenue compte énormé-ment. Il y a un petit côté dés-uet et vieux dans le chevalqui n’aide pas du tout au dé-veloppement de l’équitation. Pour le grand public, çaleur semble très technique et répétitif. Si on ne s’adressepas à un public averti, les gens ont du mal à juger labeauté du geste, de l’effort et de la performance. C’est unsport très peu télégénique, même s’il s’est beaucoup po-

pularisé avec Jean Rochefort, pendant les JO d’Athènesde 2004. Certains concours ont fait des efforts pourdonner un peu plus de vivant : des pistes sont sonorisées,pour permettre au public de rentrer dans la compétitionet d’entendre le moindre bruit, la foulée d’appel du che-val, son souffle…

L’équitation reste-t-il unsport élitiste ?

Oui. Il s’est beaucoup démocra-tisé, mais reste élitiste. Je pensequ’il va encore se démocratiser.Le sport de haut niveau estconditionné par les chevaux. Etil faut des structures fédéralestrès développées.

Pensez-vous que les sportséquestres soient condamnésà une presse spécialisée ?

(Soupirs). Je ne pense pas (hé-sitation). C’est aussi une ques-tion culturelle. En Allemagne,l’équitation est très populaire,ils en parlent dans tous les mé-dias.J’ai une petite anecdote intéres-sante. à la veille des champion-nats d’Europe de sautd’obstacles, le quotidienL’Equipe a mis une photo de

Kevin Staut (membre de l’équipe de France). Dans lalégende, ils ont marqué Marcus Henning (cavalier in-ternational Allemand, ndlr) au lieu de Staut ! Çamontre bien la façon dont ils voient l’équitation : le che-val aux ordures. On sent que ce n’est pas une informa-

rEnContrE

CommEnt intérEssEr lE PuBliC

auX sPorts équEstrEs ?

Cré

dit : E

.M.

Eve Ysern

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009 Equito

tion prioritaire, parce que les gens ne s’y intéressent pas.

En tant que magazine spécialisé, vous êtes plu-sieurs  sur  le même  créneau.  à Grand Prix,comment faites-vous face à la concurrence ?

Au départ, nous nous étions vraiment positionnés entant que concurrent de L’Eperon (magazine de sportséquestres né en 1937, ndlr). Aujourd’hui, on essayede se démarquer. L’éperon souffre d’une image un peuterne, un peu poussiéreuse. C’est vraiment le magazinedes férues de la filière, il y a pleins d’articles très tech-niques, souvent indigestes et pas à la portée des gens quisont simplement fans de cheval.Notre but chez Grand Prix est de faire un magazine àla portée d’un plus large public fan de chevaux. Pourfaire simple, un magazine à mi chemin entre ChevalPratique, destiné aux adolescents, et L’Eperon, tropspécialisé et trop corporatiste.

Que trouve-t-on dans votre magazine ? 

Des papiers pluridisciplinaires et surtout un magazineplus récurrent que Grand Prix International. C’estnotre objectif de départ : répondre à une demande deslecteurs qui voulaient un magazine plus souvent.

Pourquoi avoir indiqué en première page « Lemensuel de référence des Sports Equestres » ?

Quand on lit ce magazine, on est capable d’avoir unediscussion sur n’importe quelle discipline, n’importequel événement des sports équestres.

Quels projets avez-vous pour les mois à venir ?

Notre site Internet va se développer. Nous avons prévude revoir notre ligne éditoriale de Grand Prix Maga-zine, l’affiner pour s’adresser à un large public. Il nefaut pas se spécialiser dans la compétition. Notre siteInternet l’est déjà beaucoup. Nous voulons être plus in-temporel, feuillé, analytique.Pour Grand Prix International, nous voulons en faireun magazine encore plus haut de gamme, plus rare enallant chercher de beaux reportages pour différencierles deux magazines. Avec plus d’exclusivités et de pa-piers.

Propos recueillis à Paris à la rédactionde Grand Prix magazine,

le 18 septembre 2009

rEnContrE

éclairage :La naissance de Grand Prix

2007 : Vincent Goehrs (sorti de l’école de com-merce l’ESEC), baignant dans le milieu équestredepuis son enfance, rachète le magazine GrandPrix international (bimestriel) à thomas Millot,le fondateur dix ans plus tôt.

2008 : il met sur pied un mensuel pluridiscipli-naire, Grand Prix Magazine.

Novembre 2008 : le premier numéro de GrandPrix Magazine apparaît dans les kiosques.

Janvier 2010 : Grand Prix Magazine est diffusé à40 000 exemplaires.

Grand Prix Magazine :les abonnés par âge

nmoins de 14 ans n14/18 n18/25

n25/35 n35/50 n50 et +

Fiche Technique :Grand Prix Magazine

âge : 1 an et demi

taille : 116 pages

Diffusion : 35 000 exemplaires

Abonnés : 3 500 (en constante croissance)

Fréquence : mensuel

Prix : 5,90 €

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lEs Grands éVénEmEnts

010 Equito

« Aucun salon du cheval français n’est rentable » annonce d’embléeZoé Angibaud, directrice du salon de Paris de 2005 à 2007.Pourtant, à Equita’Lyon, 83 000 visiteurs ont répondu présent

en 2008. Ce n’est pas le cas pour les journalistes. « Ceux de la télé etdes grands médias sont invités à tellement de choses « sexy » se désoleZoé. Il faut rivaliser d’inventivité pour qu’il se passe quelque chose. Une so-lution : se raccrocher à un événement très médiatique, ou une grande causecomme le téléthon. »L’équipe organisatrice du salon doit aller chercher les journalistes.Pour cela, une recette : « On envoie des communiqués de presse, on or-ganise des petits-déjeuners journalistes, des événements où on peut les invi-ter. » Et même une course spéciale « Salon du cheval » surl’hippodrome d’Auteil. « L’idée est d’avoir un coin VIP avec champagneet petits fours », explique Zoé, résignée.

Vers un salon enfant ?

« C’est très difficile d’être grand public », avoue Zoé, d’où une présenceréduite des journalistes sur place.L’organisation doit aussi relever ce challenge : « aller chercher des pu-blics qui n’ont rien voir avec les chevaux. » Au salon du cheval, le publicéquitant est nombreux, mais la majorité ne monte pas à cheval etvient pour voir des animaux. L’enjeu est donc de satisfaire tout lemonde. « Je voulais commencer à changer le salon pour faire une partieprofessionnelle, une partie équitant éclairé, et une partie grand public avecdes chevaux, des poneys et des ânes. »à Lyon, une partie des 80 000 m2 de hall était réservé aux enfants ;un vrai « village ». quatre carrières et une dizaine de pôles d’acti-

CommEnt attirErlEs journalistEs ?Montpellier, Béziers, Avi-

gnon, Albi… quatorze sa-

lons dédiés aux chevaux

sont à recenser aujourd’hui

en France. Le cheval

sillonne l’hexagone, mais les

journalistes ne suivent pas.

Les attirer relève d’un casse-

tête chinois.

vités interactives ont été ins-tallés pour satisfaire les pluspetits et leurs parents. SelonZoé, l’idéal serait à terme defaire, à Paris, un salon exclusi-vement dédié aux enfants, « dé-connecté du reste. Cela permettraitde désengorger le salon des gensqui finalement n’ont pas de dé-penses à faire et qui viennent pourautre chose. L’idée était de faireune offre qui corresponde à la de-mande visiteur, beaucoup plus ci-blée. »Alors peut-être que le salonserait plus grand public, et lesjournalistes plus nombreux.Mais c’est sans compter la pré-sence, en même temps, d’unautre événement : le salonnautique. « On a déjà énormé-ment de mal à se faire une placedans les médias, mais le salon dunautique rafle tout ! »

Propos recueillis à moulins (03)le 27 octobre 2009

Cré

dit : E

.M.

Le terrain du salon du cheval de Lyon, Equita’Lyon

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011 Equito

Chaque année, le Lion d’Angers rassemble lesmeilleurs chevaux du monde de concours com-plet, de six et sept ans. Les spectateurs ne s’ytrompent pas. Fidèles, ils sont plus de 40 000 àfaire le déplacement sous le soleil automnale d’oc-tobre.Pour l’édition 2009, une centaine de cavaliers étaitau départ. Côté presse, c’est un rendez-vous in-contournable.

« Quatre-vingt-huit journalistes ont été accrédités,précise Robert Adenot, responsable des relationspresse. Parmi eux, onze étrangers, dont cinq qui s’oc-cupaient d’un magazine équestre. Les six autres écri-vaient pour un site Internet ou représentaient leurfédération, et leurs communiquaient les résultats. »quant aux quotidiens régionaux (Ouest France, LeCourrier de l’Ouest notamment), « ils ont consacréau total un peu plus de trois cents parutions. »

La foule sur les terrains de concours

Moins d’une minute de diffusionC

rédit : E

.M.

lEs Grands éVénEmEnts

De prime abord, la liste des re-tombées médiatiques du salondu cheval de Paris semblelongue (chiffres de 2006). Autotal, 2h27 de diffusion ont étécomptabilisées à la télévision.En tête, France 2 avec 15 re-portages réalisés entre le 24novembre et le 9 décembre.En fait, beaucoup des repor-tages parmi cette liste sont unsimple commentaire sur imaged’une vingtaine de secondes…voire d’un point route !

Exemple avec LCI : les dix dif-fusions sont exactement lesmêmes. D’une durée variant de15 à 34 secondes, le journalisterépète à l’identique le mêmecommentaire sur les mêmesimages : celles du défilé dansles rues de Paris, quelquesjours avant l’ouverture dusalon.Résultat : sur les 47 passages àla télévision, 20 sont inférieursà une minute. Exception pourDirect 8. La chaîne a choisi de

ne traiter qu’une seule foisl’événement, mais d’en fairetoute une émission : « Les ani-maux de la 8 ». Diffusée à 11heures, elle se consacre au che-val pendant 52 minutes. Sur leplateau, trois invités : LucienGrüss, dresseur de chevaux,Raphaël Dubois, directeurtechnique national en chargedu Horse-ball à la FFE, tho-mas Soubes, entraîneur natio-nale de Horse-ball. Et partéléphone Zoé Angibaud.

Aux championnats d’Europe de Fontainebleau, en septembre 2009, le public est venu nombreux, les journalistes aussi.

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ils ont au moins l’honnêtetéde le reconnaître. « Noustraitons mal l’équitation,

avoue olivier Pousies, journa-liste sportif à La Voix du Nord.Elle fait partie des petites ru-briques dans lesquelles on publiedes papiers au coup par coup. Etc’est souvent selon la place qu’ilnous reste dans le journal. »à La Dépêche du Midi, mêmemusique. Jean-Pierre oyarsa-bal, journaliste sportif, ex-plique que « L’équitationapparaît ponctuellement dans noscolonnes des sports généraux. Nousn’avons pas de place et nous avonsdes axes forts sur d’autres sportstraditionnels comme le foot et lerugby. La multiplication des sportsne nous permet pas de traiterl’équitation. »Les raisons sont claires : lesjournaux de la presse quoti-dienne régionale (PqR) ont

pour objectif d’intéresser leplus grand nombre. Pour cela,rien de tel que les sports popu-laires comme le foot. « L’équi-tation ne correspond pas à uneattente de notre lectorat, expliqueXavier Antoyé, rédacteur enchef du Progrès, à Lyon. Lapriorité reste l’actualité. L’équita-tion est marginale dans nos co-lonnes, elle n’a pas de placerégulière. »

Le souci d’actualité

Pour tous, équitation doit rimeravec actualité. « Ce n’est pas lejournal où l’on traite l’équitation,excepté durant l’été au cours deschampionnats de France à La-motte-Beuvron », précise PierreHénault, journaliste sportif àLa Nouvelle République du Cen-tre-Ouest, à Blois. Cet événe-ment dure trois semaines, et

attire des milliers de personnes.Pierre Hénault se déplace doncchaque année.« Tous nos papiers sont traités sousla forme magazine, poursuit-il.Nous ne sommes pas des spécia-listes. Mais c’est une discipline trèsintéressante parce qu’il y a plein dechoses originales à raconter autourdu sport lui-même. »Comme la plupart des journauxde PqR, Pierre Hénault écritbeaucoup de portraits. Jean-Pierre oyarsabal aussi. « Nousn’avons pas de grosses vedettesdans la région. Nous traitons sur-tout l’équitation au niveau desjeunes. Les papiers paraissent dansles pages locales de nos éditionsrespectives. »La Montagne ne déroge pas àcette règle, même si les petitesconcours ont une petite placedans leurs colonnes : « Dès qu’il ya un concours, nous nous déplaçons,

012 Equito

dans la PrEssE réGionalE

L’équitation n’a pas sa

place dans les journaux

régionaux. un seul quoti-

dien sort du lot : Ouest

France (voir page 17).

Manque de place, ou peu

d’événements équestres,

ce n’est surtout pas la

priorité des quotidiens.

Démonstration avec un

tour de France.

équitation : ParEnt PauVrEdE la PrEssE loCalE

Cré

dit : E

.M.

Xavier Antoyé, rédacteur en chef  du Progrès

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013 Equito

dans la PrEssE réGionalE

annonce Eric Moine, rédacteur en chef de LaMontagne à Moulins (Allier). Nous leur donnons laplace qu’ils méritent. Un concours national occuperaitune plus grande surface dans nos pages, qu’un concoursdépartemental. »

« On refuse d’être spécialiste »

Dans certaines régions, quelques « grands » ren-dez-vous obligent les journaux à publier des pa-piers. C’est le cas dans le nord. « Maubeuge etBéthune sont deux concours internationaux de sautd’obstacles, confirme olivier Pousies. Nous faisonsdonc un compte-rendu des épreuves. En général, ce sontdes papiers entre 2 400 et 3 000 signes, avec unegrande photo et quelques échos. » Mais le journalisteajoute certaines conditions : « Maubeuge se déroulele 1er mai. Donc s’il tombe le week-end, nous auronsune belle couverture dans le journal des sports dulundi. Sinon, on n’en parle quasiment pas, parce que çafait réchauffé. Et puis ça dépend aussi des perfor-mances des français. »à Lyon, l’actualité équestre se résume au salon ducheval, Equita’Lyon, qui se déroule au mois d’oc-tobre. « Nous le traitons sous deux aspects : le côté pra-tique de loisir en essayant d’être sur le grand public, etd’autre part pour un public de pratiquants. » D’autantque la région Rhône-Alpes compte de nombreuxcavaliers. « Mais de part notre vocation généraliste, on

refuse d’être spécialiste », soutient Xavier Antoyé.Le service des sports du Progrès traite ainsi lejumping qui a lieu au moment du salon. En de-hors de cette actualité, l’équitation apparaît rare-ment dans les colonnes du journal.

Propos recueillis aux rédactions du Progrès le 21 janvier,de la montagne le 29 janvier

et au téléphone le 26 janvier 2010

Et la presse nationale ?

Le Monde, Le Figaro, Le Parisien, Aujourd’hui en France,Le Journal du Dimanche... L’équitation apparaît rare-ment dans les colonnes de ces journaux nationaux,même si tous ont un journaliste qui occupe (symboli-quement) le poste de « spécialiste » de l’équitation.L’Equipe, le quotidien sportif, accorde quelques lignesdans ses colonnes ou sur son site internet, pour lesgrands événements ou lors des performances des ca-valiers français. Mais selon Pascal Grégoire-Boutreau,journaliste à L’Equipe en charge de l’équitation, « Cesport aura de moins en moins de place, tout comme les sports« secondaires » autres que le foot, rugby... »Bien souvent, la presse généraliste évoque l’équitationparce qu’un «people» pratique ce sport. Exemple dansce TV Magazine (du dimanche 14 au samedi 20 février2010, photo ci-contre) : Nicolas Canteloup et Marc-olivier Fogiel, « à cheval sur l’information ».C

rédit : E

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014 Equito

sur lEs éCrans

tF1, France 2, France 3, même combat. Lecheval n’a toujours pas sa place au sein desmédias généralistes, et le nombre de re-

portages en témoignent. « Nous diffusons en moyennevingt à trente reportages par an, sur le monde du cheval,confie Jean-Pierre Feret, journaliste sportif à TF1.Et pourtant, Dieu sait qu’il se bat. « J’ai beaucoup dedifficultés à faire passer un sujet, même quand il y a leschampionnats d’Europe. » Pourquoi ? La réponsesonne comme une évidence : « Ça n’intéresse pas lesspectateurs, et surtout ils n’y comprennent pas grand-chose. »« L’équitation est considérée comme un sport mineur,confirme Christian Choupin, journaliste sportif àFrance Télévision. Dès que l’on sort du foot, du tenniset du vélo, ça devient compliqué. Sauf quand il s’agitdes Jeux olympiques… »

Résultat : les quelques sujets diffusés doivent ac-crocher les téléspectateurs. Et pour ça, la formuleest à peu près la même pour tous : réaliser des re-portages originaux, et raconter des histoires. « Lessujets que je tourne sont souvent autour des thèmes del’enfance, du patrimoine, de la nature, et du handicap.Ce genre d’histoires plait beaucoup » confirme JeanPierre Feret. « Il y a toujours de belles histoires à ra-conter, enchaine Christian Choupin. On réalise aussipas mal de portraits. »

« Un sport de passionnés »

tous sont unanimes : médiatiser l’équitation estdifficile. En cause, plusieurs raisons : d’abord lacomplexité des disciplines, difficiles à comprendrepour un spectateur lambda. Et surtout la longueur

équitation, téléVision :la CoursE PoursuitE

Equitation et télévision sont comme chiens et chats. L’une la cherche, l’autre la fuit. Peud’atomes crochus, donc peu de reportages. Des passionnés du cheval se battent pour luidonner plus d’ampleur. Et tente d’accrocher les téléspectateurs.

Les journalistes venus nombreux au Grand Palais, à l’occasion du Saut Hermès, jumping international(du 2 au 4 avril dernier) 

Cré

dit : E

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015 Equito

sur lEs éCrans

des épreuves. « Le public a dumal à voir la différence entre leparcours du gagnant, et celui quisera dernier. Il voit des bouts debois tous au même endroit. Et sui-vre deux heures de concours…(soupirs) Au bout d’un moment,ça devient lourd » confirme Cé-line Gualde, journaliste à Equi-dia.La médiatisation dépend aussibeaucoup des médailles. « Quandla France gagne ou obtient des ré-sultats, on en parle, poursuit Cé-line. Sinon, on n’entendra pasparler de saut d’obstacles ou deconcours complet. » ChristianChoupin ne dira pas lecontraire : « Je suis souvent at-taché au salon du cheval de Parisoù il y a beaucoup d’athlètes en de-venir, et je surveille les résultats.On est toujours lié aux résultats.Comme on se déplace sur les évé-nements importants, il faut qu’il yait des chances de victoire ou depodium pour les Français, sinonça n’intéresse pas les téléspecta-teurs. »

Une identité équestreperdue

il est clair que l’équitation estsous les projecteurs lorsqu’unepersonne la porte. « Ce sportmarche avec des passionnés, ajouteCéline. Ce sont eux qui portent lesport. Il manque des personnalitéspour soutenir l’équitation. »Pour Christian Choupin, il y ena quelques-unes : « Nicolas Tou-

zaint, en concours complet reste lefer de lance de l’équipe. C’est unpersonnage dans le monde dusport. Certains ne sont jamaismontés à cheval et le connaissent.Mais le milieu équestre doit créerdes stars. » Selon Jean-PierreFeret, ça ne suffit pas. « NicolasTouzaint n’a pas réussi à toucherle grand public. C’est une star,mais dans son domaine. »Christian Choupin parle d’uneidentité équestre, aujourd’hui per-due. Et semble résigné : « Force estde constater que l’équitation ne faitpas d’audience. C’est un sport fémi-nin, mais les femmes ne regardent pasla télévision, elles pratiquent l’équita-tion. » D’autres restent optimistes.

« Tout ça est en train d’évoluer. Ilmanque juste un champion charis-matique qui gagne tout ! Mais desefforts sont faits. Michel Robert(cavalier international de sautd’obstacles, ndlr) par exempleaccepte de se mettre en avant. »Les Jeux olympiques sont déjàune occasion de mettre l’équi-tation sous les projecteurs.Mais ils se déroulent tous lesquatre ans. insuffisant pour ap-porter une médiatisation régu-lière à l’équitation.

Propos recueillis au téléphonele 12 février,

le 17 février et le 15 mars

Cré

dit : E

.M.

Le Grand Palais a dévoilé au public son incroyable architecture datant de 1900

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l’intErViEW

EmmanuEl mEndiBurE :« CE sPort doit éVoluEr dans sa réFlEXion »

Emmanuel Mendibure est responsable du développement au sein d'Eurosport Events,filiale du groupe Eurosport en charge de l'organisation et de la promotion d'événementssportifs. il s’est occupé des acquisitions pour l’équitation depuis cinq ans.

L’équitation sur Eurosport, ça donne quoi ?

Nous diffusons essentiellement du saut d’obstacles : laCoupe du monde, la Coupe des nations, le GlobalChampions Tour (circuit de saut d’obstacles surplusieurs étapes, avec une finale et des dotationsimportantes, ndlr) les jeux équestres mondiaux, lesjeux olympiques…

Pourquoi ?

Ce sont les événements les plus télégéniques, et qui ontle plus tendance à plaire. C’est aussi là où il y a le plusde sponsors. Le saut d’obstacles est la discipline où l’onarrive à trouver la juste équation entre les objectifsd'audience et les objectifs commerciaux.

Le cross est pourtant une épreuve télégénique ?

Oui, c’est vrai, mais c’est compliqué et onéreux à filmer,les terrains sont immenses. En plus, le cross se déroulesouvent le samedi matin, un créneau où nous n’avonspas assez d’audience parce que les gens ne sont pas de-vant leur télévision. Notre intérêt est aussi de diffuserles événements en direct, donc le soir en ce qui concernele saut d’obstacles. C’est là où les audiences sont les plusimportantes.

En moyenne, combien d’heures de diffusionl’équitation représente-t-elle sur Eurosport ?

Nous diffusons une soixantaine d’heures environ desaut d’obstacles dans l’année. C’est un chiffre assez sta-ble. Et puis nous n’avons pas une offre pléthorique !Mais en termes d’audience, l’équitation est en-dessousde la moyenne de notre chaîne.

Pourquoi l’équitation est-elle moins regardée ?

L’un des problèmes vient de la date des événements. Ilsse déroulent le week-end. Or, c’est le moment où les pas-

sionnées d’équitation sont à cheval, ou en concours, etpas devant la télévision. L'équitation était plus diffu-sée avant, notamment sur les réseaux hertziens.C’est aussi un sport très féminin, ce qui peut expliquersa moindre médiatisation, parce que les télévisions dif-fusent aujourd'hui davantage de sports masculins (lefootball, les sports mécaniques par exemple).Et puis le monde de l’équitation est particulier. C’estun milieu qui vit un peu sur lui-même, et qui n’est pasouvert. Le site de la fédération équestre internationaleest assez opaque, peu lisible, très technique. Je pense quec'est un frein. L’équitation semble encore cultiver cetteimage de sport élitiste, voire aristocratique. Alors que sapratique est populaire. L'équitation doit s'ouvrir ets'adresser encore plus au grand public.

Comment selon vous, améliorer ces points faiblespour parvenir à une meilleure médiatisation ?

Je pense que c’est à la fédération française de mener descampagnes de communication, ce qu’elle ne fait pasassez. Il faut « starifier » les cavaliers. Les initiativesde Rolex (qui utilise des ambassadeurs tels que RodrigoPessoa ou Meredith Michaels Beerbaum, (des cava-liers internationaux de saut d’obstacles, ndlr)) par-ticipent à ce mouvement de médiatisation tout enpréservant le caractère prestigieux de ce sport. Il faut également densifier les épreuves pour les rendreplus télégéniques et plus propices à la retransmission.Un format télé, c’est une heure, une heure-trente maxi-mum. Il faudrait aussi réfléchir à des formats plus spec-taculaires, sans mettre en péril la santé des cavaliers.Quand je vois la popularité et l’engouement pourl’équitation en Allemagne et en Angleterre, je trouve çagénial. En France, ce sport doit continuer d'évoluerdans sa réflexion.

Propos recueillis au téléphone,le 4 mars 2010

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Portrait : GuY FiCHEt

C’est le parcours d’un jeune garçon peu tra-vailleur. à l’école Guy Fichet se passionnedéjà pour le journalisme. « J’y ai fondé un

petit journal télévisé, qui a d’ailleurs été censuré. C’étaitassez marrant ! » très vite, il commence à travail-ler en tant que garçon de course à Ouest France.Puis entame une fac de droit tout en travaillant àla rédaction locale de Rennes. « à vrai dire, je fré-quentais plus Ouest France que la fac de droit ! »avoue Guy, sourire en coin. Rapidement, il devientremplaçant pour les pages locales et travaillepresque à plein temps.un jour de 1973, il croise dans un couloir du jour-nal le chef des sports. une rencontre détermi-nante puisqu’un mois plus tard, il est embauchéen CDi. « Je n’ai plus quitté Ouest France jusqu’ennovembre 2009. J’y ai passé 37 ans » raconte-t-il, unbrin nostalgique.

« Je n’avais jamais vu sauter un cheval »

En 1985, Ouest France créé une rubrique équestre.Guy Fichet est désigné d’office pour s’en occuper,« Sûrement parce que j’étais le plus jeune, et le dernierarrivé. » quelques jours plus tard, il se retrouveseul, au concours international de saut d’obstaclesde Dinard. « J’avais quatre page couleurs à écrire, etje n’avais jamais vu un cheval sauter », se rappelle-t-il, aujourd’hui en riant. il se tourne alors versMarcel Rozier, entraineur de l’équipe de France.« Il m’a beaucoup aidé. Aujourd’hui, c’est mon pèrespirituel. »à partir de ce jour là, Guy Fichet ne quittera ja-mais les chevaux. Ni Ouest France. « La chroniqueéquestre s’est imposée d’elle-même en pages nationales,et on l’a déclinée en pages locales. »Pour intéresser les lecteurs à l’équitation, Guy abien compris la recette : « On est parti du postulatque si on faisait du pur équestre, on n’aurait pas ce lec-

torat que l’on a aujourd’hui. On a fait de l’informationmais jamais de l’analyse ou de comptes-rendus deconcours. »Et Ouest France a attiré les lecteurs en racontantdes histoires. « On a été jusqu’à faire parler les che-vaux au lieu des cavaliers tout en étant sérieux et en ap-portant de l’information. Le lecteur s’y est retrouvé »,raconte Guy, fier de cette réussite.

Dépoussiérer l’équitation

Guy Fichet le reconnaît, et le déplore : peu dejournalistes de la presse régionale traitent l’équi-tation. « Je tire mon chapeau à Ouest France qui a suentretenir une rubrique de sports équestres. » L’arri-vée d’internet a aussi aidé à développer cette ru-brique : « à Ouest France, Internet nous a donné unebouffée d’oxygène. Moi, je sautais sur tout ce qui bou-geait ! Dès que j’avais l’info, je la mettais en ligne »,explique-t-il, fougue et passion dans la voix.Les médias ont encore des progrès à faire. PourGuy, la solution est simple : « Il faut faire de l’ins-tantanéité, et ça marchera. Les informations équestresdoivent arriver en même temps que les autres informa-tions. » quant à l’équitation, un petit coup de jeunene lui ferait pas de mal. « Il faut dépoussiérer cesport. On en a marre de voir les grandes dames en taloncoincées dans leur tailleur remettre un prix alorsqu’elles ont peur des chevaux » clame Guy.En novembre, il a tiré sa révérence à Ouest France.Pour les chevaux, il n’a pas pu. Fin janvier, il alancé son site internet, dédié à l’équitation et auconcours complet. Avec un seul objectif : « susci-ter de l’intérêt pour l’équitation. »

Propos recueillis au téléphonele 19 février 2010

la VoiX dEs CHEVauXNé dans l’ouest, Guy Fichet baigne dansOuest France dès sa jeunesse. il en repar-tira 37 ans plus tard. Rien ne le destine àl’équitation. Mais au fil de ses rencontres,il ira droit vers les chevaux.

De gauche à droite : Guy Fichet, Jean Michel Foucher, direc-teur du Lion, Mathieu Coureau, journaliste à Ouest France

Cré

dit : O

uest F

rance

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sur la toilE

018 Equito

Petite ou grande photo,brèves informations etactualités occupent les

premières pages des siteséquestres. à première vu, desunes assez similaires. Leur butétant d’accrocher le lecteur etl’inciter à lire les textes. Pourcela, les formules diffèrent. Ca-vadeos (le site de L’Eperon, leseul qui ne porte pas le mêmenom que son magazine) a étécréé il y a dix ans, alors qu’in-ternet n’en était qu’à ces débuts: « il fallait être dans le mouve-ment, annonce Marie-HélèneMerlin, secrétaire générale dela rédaction de L’Eperon. Ceportail a été tout de suite très riche.C’était L’Eperon en Internet, avecen plus un espace jeune. Petit àpetit il s’est développé. On essayede travailler en synergie, pour queles infos se retrouvent différem-ment dans le journal et sur le site.C’est très difficile d’établir unecomplémentarité entre les deux. »Et selon Marie-Hélène Merlin,Cavadeos ne permet pas au ma-gazine d’être visible : « C’est

plutôt L’Eperon qui sert encoreCavadeos. D’autant que la viabi-lité économique des sites Internetest loin d’être trouvée. » Ce siteest d’ailleurs en grande partiepayant : pour 30 euros par an, ilest entièrement ouvert. Seulsquelques articles et vidéos sontvisibles gratuitement.

Les vidéos,nouvelles vedettes

Cheval Magazine et Grand PrixReplay (site de Grand Prix Ma-gazine) ont opté pour une autreformule. Pour Cheval Mag, ilfaut être inscrit (gratuitement)pour pouvoir lire les articles.De la rubrique actualité auxphotos et vidéos, en passant parl’espace jeune ou shopping, l’in-ternaute peut surfer librement.Grand Prix Replay s’organise àpeu prés de la même manière,bien que le public ciblé ne soitpas le même. Le site est répartien quatre rubriques : générale,

saut d’obstacles, concours com-plet et dressage. Et tout commeles sites d’information générale,une fenêtre « news » annonceen quelques lignes les dernièresnouvelles. Les photos étaient déjà reinessur la toile. Mais les vidéos leurvolent la vedette. tous ces sitesl’utilisent. un moyen rapide etefficace pour accrocher le lec-teur et lui donner une informa-tion en quelques secondes, touten introduisant un peu de vi-vant et de « pêche ». internet apparaît évidemmentcomme le nouveau support in-contournable. un moyen demettre en avant le magazinetout en apportant une informa-tion complémentaire. on re-marque d’ailleurs que lamajorité des cavaliers profes-sionnels ont leur site internet.Peut-être l’occasion d’apporterun nouveau souffle à la médiati-sation de l’équitation.

Propos recueillis à la rédactionde l’Eperon le 4 décembre 2009

à CHEValEntrE lE PaPiEr Et intErnEt

Grand Prix Magazine, Cheval Magazine, L’Eperon … tous les magazines équestres ontleur site internet. Gratuit ou payant, chacun sa recette. Mais avec un même objectif :apporter une nouvelle visibilité à leur magazine.

Cré

dit : E

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sur la toilE

019 Equito

D’abord journal papier, LeComplet s’oriente sur inter-net, sous la houlette de Mi-chel de Châteauvieux. il est

alors le seul site de sportséquestres. une vitrine im-portante pour médiatiser

l’équitation.

En 2002, internet n’enest qu’à ses débuts.Sous les conseils et

grâce à l’aide d’un ami, Michelde Châteauvieux créer son site,lecomplet.com. « à l’époque, çan’existait pas. Mais moi je n’yconnaissais rien ! Certains m’ontdit que ça ne marchera jamais. Ilsn’ont qu’à voir le résultat au-jourd’hui. » Michel ramène de

l’argent, et ne s’en cache pas.Même s’il avoue : « le site mecoûte quand même 15 000 € paran. » qu’importe, il gagne savie et se réjouit d’être sur lesconcours tous les week-ends.D’abord ouvert à tous, le siteest aujourd’hui en partiepayant. « J’en ai eu marre de per-

dre de l’argent, explique Michel.Pendant l’hiver, il reste ouvertgratuitement à tous. » Chacun,après s’être inscrit, peut accé-der à la page d’accueil, auforum de discussion et àquelques autres rubriques.Mais pour lire les articles, voirles photos, un abonnement de20 euros valable pour la saisondoit être payé.Sur lecomplet.com, tout le monde

peut poster des articles, brèvesou photos (à condition d’êtreinscrit). « Même des conneries, ri-gole Michel. Moi je ne veux pasme prendre la tête. »Actuellement, le site recense3 000 inscrits, et environ 400abonnés. « Ce qui est plutôt sa-tisfaisant, se félicite Michel.Chaque année, certains partent,d’autres viennent. Mais on a enmoyenne 75 000 à 80 000 visi-teurs par mois. »

Internet, la clé d’unemeilleure médiatisation

« C’est évident : Internet est la cléd’une meilleure médiatisation del’équitation, déclare Michel. Ilsuffit de regarder FFE Tv (la té-lévision de la fédération fran-çaise d’équitation, ndlr), il y aun énormément de consultationsau moment des grands rendez-vous. »à sa création, lecomplet.com estseul dans le domaine des sportséquestres. « Quelques années aprèsmoi, le magazine L’Eperon a lancéson site, Cavadeos. Mais au-jourd’hui, il n’y a pas beaucoup desites d’information sur l’équitation», reconnaît Michel. Cinq seule-ment. « Nous avons beau être letroisième sport français en nombre delicenciés, nous sommes loin en termesde médiatisation », regrette-t-il.quant à son site, il compte biencontinuer. « Il est temps de rénovernotre station de mire ! »

Propos recueillis au téléphone,le 22 janvier 2010

lEComPlEt.Com :PrEmièrE station équEstrE

sur intErnEt

Le boom de FacebookC’est la nouveauté de ces dernières années, la grande mode. Et lessites internet s’y sont rigoureusement soumis. Le réseau social Face-book semble aujourd’hui incontournable pour avoir une nouvelle visi-bilité. Grand Prix, Cheval Mag et L’Eperon ont tous leur « page »Facebook. 8 287 fans pour Grand Prix, contre 1 182 pour Cheval Mag,et 4 989 pour L’Eperon (au 7 mars 2010).

Le concours complet, terrain de jeu de Michel de Châteauvieux

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Equidia : CHaînE du CHEVal

020 Equito

Les retransmissions desgrands

événements sportifs

Depuis dix ans, les retransmis-sions sportives n’ont cesséd’évoluer. « Le dimanche soir,nous avons créé un certain nom-bre de rendez-vous en direct deBordeaux, Lyon... » Et pour lapremière fois, Equidia s’est dé-placée à Hongkong à l’occa-sion des jeux olympiques de2008. « Une équipe était sur placeet commentait les épreuves. »Equidia se prépare déjà auxjeux équestres mondiaux quise dérouleront à Lexington,aux états-unis en septembre.« Des moyens sont consacrés à lacouverture, à la mise en valeur, àl’information et à la présentationde tous ces grands événements, pasdirectement rentables pour lescourses. Mais ils sont la concréti-sation de cette volonté d’être lachaîne du cheval, de tous les che-vaux et de tous les amateurs dechevaux. »

Propos recueillisà la rédaction d’Equidia,

le 4 décembre 2009

Pour beaucoup, Equidia rime avec courses. Ce n’est pas faux,mais pas totalement vrai non plus. « Sur 24 heures, les coursesoccupent 60 à 70% de notre temps d’antenne », confie Jérôme

Lenfant, directeur de la rédaction d’Equidia. Pour cause, Equidian’est autre que la succession de la chaîne France Course, entièrementdédiée aux courses hippiques. « En créant Equidia, les pères fondateursne voulaient pas se limiter aux courses, mais faire une vraie chaîne du che-val avec une programmation généraliste. »Logiquement, les courses se sont développées au fil des années, occu-pant une place encore plus importante sur les écrans d’Equidia. « Lescourses sont les gênes de la chaîne, justifie Jérôme Lenfant. Nous sommesla vitrine des courses, et évidemment une source d’information pour lesclients du PMU. »

Drainer tout le public du cheval

Equidia, c’est aussi des documentaires, des magazines, des journaux,du sport en direct, des reportages, des jeux, des films parfois... « Nouscherchons à drainer tout le public du cheval, quel qu’il soit, concours com-plet, attelage, course à Auteuil ou Longchamp. Toutes ces personnes là, à unmoment ou à un autre, nous leur parlons de quelque chose qui doit les in-téresser. C’est notre objectif. »Parallèlement à la présence croissante des courses, Equidia a conti-nué à développer ses autres programmes. « Nous investissons énor-mément dans les documentaires », précise Jérôme Lenfant. il y a un an,la chaîne a lancé un jeu, une première. Sans pour autant mettre decôté l’information, avec « La Matinale », dédiée à l’actualité descourses et de toute la filière cheval en général.

sEulEContrE tous

Nom : Equidia. Signe particulier : unique chaîne dédiéeau cheval. Difficulté : satisfaire des milliers de passionnés.Depuis dix ans, Equidia relève ce défi.

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Jérôme Lenfant, directeur de larédaction d’Equidia

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jérômE lEnFant : « un liEn anCEstralEntrE l’HommE Et lE CHEVal »

Quel est le public d’Equidia ?Deux grosses familles nous regardent : les parieursd’un côté, les jeunes cavaliers de l’autre. Beaucoupde jeunes regardent Equidia. Evidemment, notrepublic est intéressé par les courses, et par le cheval engénéral. On a un public course, un public sportjeunes cavaliers/cavalières, et un public cheval quiaime la randonnée, les documentaires, l’équithéra-pie… Mais la plus vaste proportion du public demeureles parieurs.

Quelle est votre stratégie pour attirerun plus grand nombre de personnes ?Les dix ans d’Equidia ont été une occasion d’essayerde faire parler de nous dans la presse généraliste. Lesgens qui aiment le cheval connaissent Equidia. Lesautres connaissent à la limite Equidia, mais nevoient aucun intérêt à venir sur la chaîne. Ceux-là,on a du mal à les conquérir. à nous d’être capablede leur proposer de beaux programmes pour qu’ilsapprécient le sport sur Equidia, et les documen-taires sur la thématique du cheval.

Vous avez une nouvelle émission pourles enfants, « Ch’val dire à Sophie » ?Sophie avait déjà une émission. Pendant trois ans,elle a fait le tour des poneys clubs, ça devenait unpeu répétitif. L’idée était de rénover la formule, d’yinclure une série jeunesse pour avoir une trancheplus large, composée de différentes séquences, à lafois fiction, thématique... Et toujours avec Sophie,trés appréciée par les jeunes. Elle leur parle bien etelle est sympa avec eux et le cheval.Mais on n’est pas une chaîne d’enfants non plus.Des jeunes enfants et ados aiment le cheval. Il fautaussi s’adresser à eux en leur parlant de théma-tiques qui les intéressent.

Comment développer et valoriserl’image du cheval ?C’est le débat éternel ! Equidia est un bel outil. Maison ne peut pas obliger les gens à aimer les chevaux.Les amateurs ont une chaîne qui fait de son mieuxpour essayer de satisfaire les différentes familles dela filière. Il faut être honnête, même les parieurs re-gardent les courses parce qu’ils ont mis de l’argentsur un cheval ou sur un numéro.Je crois qu’il y a un lien entre l’homme et le cheval,un lien séculaire, ancestral. La télévision et les médiaspeuvent véhiculer beaucoup de messages autour de celien là, le faire vivre, l’expliquer. Mais l’équitation nes’est quand même pas démocratisée, c’est une pratiqueonéreuse.

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Equidia : CHaînE du CHEVal

Propos recueillis à la rédaction d’Equidiale 4 décembre 2009

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témoiGnaGEs

Jean-Marc Nicolas, 59 ans, saut d’obstacles, entraîneur de l’équipede Malaisie.1. Je suis consultant sur Eurosport et Equidia depuis plusieurs années. Je pense quepour gérer au mieux les relations avec les médias, il faut parler plusieurs langues. Moije prends du temps pour les médias. J’ai amené de gros sponsors en concours hippique.Il faut leur apprendre à connaître notre milieu et arriver à transmettre notre passion.2. Quand on voit ce qu’on a aujourd’hui dans le journal L’Equipe. Avant, tous les ré-sultats des concours se retrouvaient dans L’Equipe. Maintenant, on a trois lignes quise battent en duel. La médiatisation a beaucoup baissé.3. Il faut des professionnels. Quand Xavier Liebbrecht (rédacteur en chef du maga-zine L’Eperon) était à L’Equipe, il y avait des articles sur les concours. Certainsgrands cavaliers se prêtent au jeu. Je pense que c’est par ce biais qu’on rendra ce sportplus sympathique. Il faudrait que ces cavaliers soient parrainés par des grandes stars.Le côté « star système » est le meilleur support pour faire connaître l’équitation.

Marc Boblet, 39 ans, dressage, membrede l’équipe de France.1. Une image positive et un discours clair est essen-tiel pour notre discipline ainsi que la disponibilitépour répondre aux attentes de la presse.2. Aujourd'hui, seuls les courses et le CSO bénéfi-cient d'une réelle médiatisation. En ce qui concernele dressage, un effort de communication doit être faitpour essayer de démocratiser la discipline auprès dugrand public ainsi que les sponsors et investisseurs.Seule la médiatisation d'une locomotive sportivepermettrait la mise en avant de notre discipline.3. Nous devons travailler quand à la compréhensiontechnique du dressage. Il est important que chaqueprofessionnel ait la volonté de vouloir vendre notrediscipline du dressage par l'intermédiaire d'un dis-cours commun et d'une bonne communication.

Karim Laghouag, 34 ans, concours com-plet, membre de l’équipe de France, nu-méro un mondial en 2007.1. Ma fiancée a une société d’événementiel, donc elles’occupe de ma communication. J’ai aussi un agentqui s’occupe du sponsoring. Et puis j’ai plusieurs amisjournalistes ou qui ont des boîtes du même genre.2. Plus ça va, et plus on voit l’équitation sur deschaînes généralistes. C’est sûr, l’équitation pourraitêtre d’avantage médiatisée. La chaîne Equidia dif-fuse pas mal de reportages. Internet aussi donne unebonne visibilité à l’équitation.3. C’est à force de motivation, notamment du côté dela Fédération Française d’équitation, que l’on vaparvenir à une meilleure médiatisation. Quelquespersonnes se lient pour mettre en valeur les sportséquestres. Moi, je suis pas mal sollicité. On m’a de-mandé d’intervenir dans de grandes entreprisespour expliquer mon métier, le lien entre l’homme etle cheval… Après, on a aussi beaucoup de travail,mais on essaye de communiquer du mieux possible.

Parce que les cavaliers sont les premiers concernés par la médiatisation de leur sport,Equito est allé recueillir leurs sentiments. Six cavaliers internationaux, deux de chaquedisciplines, témoignent. trois questions : comment gèrent-ils leur médiatisation ; quepensent-ils de la médiatisation de l’équitation ; comment, selon eux, l’améliorer. Réponses.

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Karim Laghouag

Marc Boblet

Jean-Marc Nicolas

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Didier Dhennin, 49 ans, concours com-plet, membre de l’école nationale d’équi-tation (ENE) et de l’équipe de France.1. L’année dernière, quelqu’un s’en occupait, faisaitune newsletter. Ça me coûtait trop cher, donc j’aiarrêté. Dès que les médias se manifestent, je répondset j’essaye d’être le plus disponible. Mais je n’ai pasle temps d’aller à la pêche aux médias.2. Je pense que c’est l’enfant pauvre de l’équitation.On a eu un petit « boom » au moment des Jeuxd’Athènes, avec la médaille d’or de l’équipe. Après,on a eu du mal à s’ouvrir. On s’aperçoit qu’on a tou-jours les mêmes médias et les mêmes journalistes surles concours. Notre discipline a du mal à s’ouvrir.3. Les cavaliers de complet n’ont pas des partenairescomme on trouve en saut d’obstacles (Hermès,Gucci). Je pense qu’il faudrait qu’on arrive à lesattirer. On n’a pas la même aura. Le seul gros par-tenaire que nous avons est la banque HSBC. Lecomplet reste aussi une discipline très amateur dansl’âme. En fait, il faudrait une professionnalisationde la discipline, et être sur les concours tous lesweek-ends.

Sylvie Corellou, 52 ans, dressage, mem-bre de l’équipe de France *1. Très honnêtement, je ne m'occupe pas de ma mé-diatisation (manque de temps). Par contre je restedisponible chaque fois qu'un média fait appel à moipour une interview ou autre. Cela se passe au couppar coup...2. La médiatisation des sports équestres est pauvrey compris celle de l'équitation dite plus ludique.Pourtant je crois savoir que le public est assez de-mandeur.3. Il est certain que les sports équestres ont largementbesoin d'une amélioration de cette médiatisation. Lesmédailles et autres différentes réussites des cavaliersfrançais n'ont peut-être pas été suffisamment utili-sées, idem sur les lieux prestigieux de concours ou dedéroulement d'animations et de spectacles....(* Décédée dans un accident de voiture au mois defévrier)

Michel Robert, 62 ans, saut d’obstacles,médaille de bronze par équipe aux JO deSeoul et de Barcelone, médaille d’argentaux jeux équestres mondiaux de La Haye. 1. à une époque je démarchais un peu les médias,mais j’ai arrêté parce que je pense qu’il faut unmouvement d’ensemble. Donc je dis oui à tous lesmédias, je réponds aux différentes demandes, maisje ne vais pas vers eux.2. Par rapport au nombre de licenciés, les grandsmédias sont complètement à côté de l’équitation. Onne représente pas l’argent de la Formule 1. Moi, jepense que c’est une question de rapport au média.L’un entraîne l’autre, et l’équitation est tout aussiintéressante à traiter que le football ou la F1. J’enai beaucoup parlé avec le président de la Fédéra-tion Française d’équitation. Le mouvement d’en-semble doit venir de tout le monde.3. L’événement au Grand Palais à Paris (unconcours international) est une très bonne occasiond’attirer la grande masse de médias parisiens. Lesservices de presse doivent être compétents. Il y aquelques années, nous avions des retombées dans tousles grands médias, parce qu’il y avait des personnescompétentes qui s’occupaient des relations presse.

Propos recueillis par téléphone et par mailentre le 6 janvier et le 30 mars

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Sylvie Corellou

Didier Dhennin

Michel Robert

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D’où vient cette méconnaissance du polodans notre pays ? Yasmine de Givré est char-gée de la communication et de l’événemen-tiel pour le club de polo de Chantilly. Elle aaussi réalisé un mémoire sur le thème « Lepolo : un avenir tournée vers la démocratisa-tion ». Elle nous répond.

« Le polo n’est, quoi qu’il en soit, pas dans la culturefrançaise. Ce qui n’est pas vrai en Argentine. En An-gleterre et aux Etats-Unis, on joue au cricket. En Ar-gentine, on joue au polo et en France on fait du vélo(…). C’est l’image qu’il renvoie de lui-même qui donneau polo son côté privatif et très exclusif. Il pourrait at-tirer des foules car les Français sont très friands desport d’équipes … En Argentine, des stades entiers se

remplissent chaque année pour les grands rendez-vousde polo. On dit que « le Monde attire le monde », j’ensuis convaincue pour le polo. Les gens n’osent pas fran-chir la porte, disent que le polo est un monde à part. Or,nous ouvrons grand nos portes. Le polo, et les sportséquestres d’une manière générale souffrent égalementd’une trop faible médiatisation n’incitant de ce fait pasles spectateurs à venir plus nombreux sur les bords desterrains pour assister à un match de polo.

Le polo est le troisième sport national en Argentine. Cepays a pour lui cette culture Gaucho qui fait que beau-coup d’Argentins montent à cheval. Ils ont égalementle meilleur élevage de chevaux de polo au monde : lespetits Criollos. Ils peuvent vivre du polo de par l’éle-vage. Il est plus compliqué de vivre du polo en France.L’Argentine est le pays qui comprend le plus de joueursde polo au monde et les meilleurs. Si en Argentine, lesjoueurs peuvent très rapidement jouer entre profession-nels, nous n’en comptons que très peu en France.

Nous avons encore du mal à retirer des esprits des gensque tout polo n’est pas le polo du Prince Charles. EnFrance, pendant la saison hivernale, nous organisonsdes tournois de petit niveau. Grâce à leurs règles, un

joueur ne disposant qued’un cheval peut goûteraux joies du polo en com-pétition. Le temps des pé-riodes est ainsi adapté à lacavalerie : quatre périodesde quatre minutes espacéesdans le temps.Le polo est une passionavant tout : un moment dedétente que les joueurs at-tendent avec impatience lesweek-ends après une duresemaine de travail … »

Propos recueillis par mail,le 16 mars 2009

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Zoom sur...

lE Polo :“roi dEs sPorts, sPort dEs rois”1

1 : Winston CHurCHill, CF. Polo, un sPort à déCouVrir, CHarlEs-EmmanuEl BourBon ParmE Et ValériE HEim dE BalsaC.

L’équipe  : composée de quatrejoueurs. un système de handicap per-met de les classer selon leur niveau.

Le terrain : grand rectangle d’herbedélimité par des planches en bois, de230 à 276 mètres de long, 145 mètresde largeur minimum, environ six foisplus qu’un terrain de football.

Le match : entre quatre et huit pé-riodes, de sept minutes chacune.Entre chaque période, l’arbitre laisse

trois minutes au cavalier pour chan-ger de cheval.

Le but du jeu : obtenir le plus depoints, c’est-à-dire marquer le plus degoals. Les buts sont matérialisés parde grands poteaux.

Le handicap : chaque joueur parti-cipant à un match doit en avoir un.C’est une notre comprise entre -2 et10. Les meilleurs joueurs ont 10 dehandicap.

2 www.ffp.com

Le Polo, qu’est-ce que c’est ? 2

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Polo Et médias :Pas d’atomEs CroCHus !

Pourquoi le polo souffre-t-il d’une si faiblemédiatisation en France ?Réponses avec Philippe Perrier, directeur gé-néral du polo club de Chantilly qui rassem-blent 300 des 800 licenciés français.

« Le polo n’est pas assez bien équipé au niveau descommentateurs. Pour lancer un sport à la télévision, ilfaut avoir un programme toute l’année, avec les mêmeséquipes qui se rencontrent à chaque épisode pour que letéléspectateur puisse suivre et ait envie de suivre. Maisc’est un gros budget.

Le terrain de polo pose problème : il mesure 145 mètresde long. Cela représente six terrains de football. Pourqu’il y ait une bonne captation d’image sur un terrainde football, il faut entre 14 et 20 caméras. Alors mul-tiplié par six, c’est de la folie. On essaye de palier à ceproblème en mettant des nacelles en hauteur, mais aprèsc’est compliqué. Il faut un matériel un peu plus sophis-tiqué, des objectifs plus importants, et forcement c’estun coût plus onéreux.Les médias ont essayé un petit peu de se focaliser sur lepolo, et ils trouvent cela très dur. Le Figaro a essayé denous faire un spécial polo en 2007, et ils l’ont très mal

vendu. Ils ont pourtant travaillé en amont. Dans leursdifférentes rubriques, ils ont essayé d’appâter les an-nonceurs avec un article intitulé : « Le Polo le sport deluxe et le moins cher pour les annonceurs ». On a étéobligé de demander à des joueurs de prendre des pagesde publicité pour qu’il paraisse.On sent que le polo intéresse les médias au niveau del’image, mais ils ont quand même du mal à dépenserbeaucoup d’argent pour ce sport.Aujourd’hui, je pense que le principal problème est l’ar-gent. Les journalistes en ont plus besoin parce qu’ils ontde moins en moins d’annonceurs. Donc si on ne leur

amène pas des clients, ils ne parleront pas du polo.On a le sponsor Jaeger-Lecoultre pour notre épreuve laplus importante. Ils ont commencé en 2008, et ont euune couverture médiatique superbe. On avait fait desinitiations de polo pour les journalistes, on les avait in-vités. Cette année (2009) ils ont diminué leur budgetannonceur dans les magazines et les journaux de 50%et là ils ont eu du mal à avoir des papiers. »

Propos recueillis au Polo Club de Chantillyle 6 novembre 2009

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Un terrain de polo représente six terrains de football

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C’est une institution de-puis plus de 3 000 ans.ils œuvrent pour un

animal : le cheval. Les Harasnationaux ont trois missions :développer économiquement lafilière cheval, l’insérer dans lesterritoires, et produire desconnaissances et de la traçabilité.« Les Haras nationaux sont unsoutien à la filière cheval soustoutes les formes », annonce Ro-bert Adenot. Salarié des Harasnationaux, il s’occupe du suivides étalons en compétition etde la communication interne del’établissement. « Les Haras ontparticipé au développement del’élevage de sports et de l’équita-tion, notamment dans les annéessoixantes. »La preuve avec l’essor incroya-ble des poneys clubs « grâce au

directeur des Haras, Henry Blanc,qui a vu dans le développement del’équitation à poney un potentielimportant. »

70 000 visiteurs par an

tout au long de l’année, lesHaras ouvrent leurs portes aupublic qui découvre les bâtiments(souvent classés), les chevaux,étalons, juments. « C’est une ac-tivité qui se développe depuis unequinzaine d’années, expliqueRobert. Au Haras du Pin parexemple, (Normandie) il y a enmoyenne 70 000 visiteurs par an,Pompadour (Limousin) plus de50 000. à Cluny (Saône-et-Loire), l’Abbaye attire 100 000visiteurs chaque année. à quoi ilfaut ajouter toutes les personnes quiviennent dans le cadre des compé-

titions équestres. Le public profitede ces événements pour visiter lesite. »Les Haras ont bien des atouts :les étalons sélectionnés sontles plus beaux. L’établissementvalorise aussi le sport : « Le butd’animations de la filière par lesHaras Nationaux est d’avoir cer-tains sites, comme Pompadour,Cluny, le Lion d’Angers (Pays dela Loire), le Haras du Pin, Saint-Lô (Normandie), où il y a à la foisla partie bâtiment et la partiesportive avec l’organisation decompétitions. »

Le cheval de retourdans les villes

C’est nouveau, et c’est peut-êtreune petite révolution. Les che-vaux en ville ? Certains vont

lEs Haras nationauX

unE ouVErturEVErs lE PuBliC ?1665 : naissance des Haras nationaux grâce à Colbert. Fermés en 1792, ils deviennent na-tionaux et fournissent l’armée en chevaux. Aujourd’hui établissement public du ministèrede l’agriculture et de la pêche, ils ont une vocation : superviser toute la partie cheval pouraider à son développement.

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Toute l’année, les Haras ouvrent leurs portes au public qui découvre étalons, juments et poulains

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faire des bonds. Et pourtant, ils pourraient êtreune des solutions à nos problèmes. Développe-ment durable oblige.« Maintenant le cheval revient en ville, affirme Robert.C’est pas énorme mais avec l’évolution de l’écosystème ettout ce qu’on entend sur le développement durable, lesHaras nationaux ont aidé à développer le cheval en ville,et ça continue. »Le cheval commence donc à ramasser les déchetsà la place des camions. « Un certain nombre de villesont vite fait le calcul : ça coûte moins cher d’avoir uncheval même à entretenir, que d’acheter un camion etfaire des kilomètres. En plus, ça pollue moins ! »

L’élevage manquede professionnalisme

Mais certains problèmes persistent, notammenten matière d’élevage. « 80% des éleveurs sont desamateurs. Ils ont en moyenne deux juments. » Le pro-blème ? L’argent ! « C’est difficile d’en vivre.Quelques gros élevages de course y arrivent. Ils en font

vraiment un gros business, et participent notammentaux ventes internationales de Deauville. »Pour l’élevage des chevaux de sport, c’est biendifférent. Chaque éleveur doit s’efforcer d’êtrepolyvalent : la reproduction, la mise en valeurdes chevaux et la monte de leurs produits encompétition pour ensuite les vendre et en tirerle meilleur profit.C’est évident, l’élevage souffre d’un manque deprofessionnalisme. « C’est un peu le but actuellementde vouloir professionnaliser cette partie sport et loisir.Mais ce n’est pas dans le tempérament français de seprofessionnaliser dans une activité cheval. En France,seule la partie course est professionnelle. »Les courses : la filière la plus populaire du mondedu cheval, grâce… à l’argent ! « Heureusement qu’ily a eu la création du PMU en 1953. C’est ce qui a per-mis d’engranger de l’argent et de faire vivre la filiale. »

Propos recueillis au téléphonele 28 octobre 2009

lEs Haras nationauX

Budget84 millions d'euros dont 28 millions de recettes propres

Effectif1028 équivalents temps plein travaillés

Génétique800 étalons

Activités88 000 documents d'identification des équidés établis chaque année

24 500 saillies par an

15 000 journées de formation par an

500 000 € consacrés chaque année à des programmes de recherche équine 17 000 références bibliographiques 300 000 visiteurs par an sur les sites historiques des Haras nationaux 110 000 visiteurs par mois sur www.haras-nationaux.fr

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