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Permanence du député Éric Alauzet 59, rue de Belfort 25000 Besançon Tél 09 67 23 39 91 courriel [email protected] affaire suivie par Hervé GROULT Réf : HG/EA à Mesdames les Maires, Messieurs les Maires, Mesdames et Messieurs les Conseiller(e)s municipaux(ales). Mesdames et Messieurs les Président(e)s des Intercommunalités, Mesdames et Messieurs les élu(e)s communautaires. La loi pour une Nouvelle Organisation Territoriale de la République (NOTRe) arrive au terme de son parcours législatif. Au moment où je vous adresse ce courrier, reste à la commission mixte paritaire entre l’Assemblée nationale et le Sénat pour trouver un compromis. Tout au long des différentes lectures à l’Assemblée nationale et au Sénat, cette loi a suscité le plus grand intérêt voire la passion des élus locaux, notamment des maires et des élus communaux. J’ai partagé avec plusieurs d’entre vous un certain nombre d’inquiétudes, de réserves voire de désaccords tout en regrettant une contestation empreinte parfois d’excès tant sur le fond que sur la forme. Pour ma part, je ne crois pas à la volonté de faire disparaître la commune et je n’en n’ai d’ailleurs jamais perçu l’intention au cours de ces trois années pendant lesquelles j’ai fréquenté assidument l’Assemblée nationale et entretenu des relations avec les différents ministères, mais je constate son affaiblissement avec le transfert progressif - souvent nécessaire - d’un certain nombre de compétences vers l’Intercommunalité. Pour autant, l’attachement des élus et des habitants à la cellule démocratique de base reste vivace et progresse même en contrepoint de la mondialisation et de l’éloignement des centres de décision politiques et économiques. Surtout, la commune reste le lieu de la mobilisation et de l’engagement de 500 000 français(es) qui donnent leur temps, le plus souvent à titre bénévole, pour une indemnisation très faible, voire nulle ou négative (1). C’est un acquis précieux qu’il faut conserver si toutefois les jeunes générations veulent encore s’investir pour le faire. Donc, oui à la commune. Oui aussi aux communes nouvelles qui représentent sans aucun doute la possibilité de mutualiser à une échelle de proximité avec des économies immédiates. Des communes nouvelles qui permettront également aux communes de mieux se positionner au sein d’intercommunalités plus larges. Oui, enfin, à l’intercommunalité quand les questions ne peuvent se régler intelligemment qu’à cette échelle. A partir de là, des questions précises sont posées par chacune et chacun d’entre vous et font l’objet de vifs débats avec la loi NOTRe. Je veux pour ma part évoquer les questions les plus souvent en débat et pour lesquels vous être un certain nombre à m’avoir interpellé, soit directement, soit à travers un vœu ou une délibération de votre conseil municipal, soit par l’intermédiaire des associations représentatives des communes. J’ai d’ailleurs participé à leurs rencontres et à leurs initiatives à chaque fois que j’étais invité et je pense en premier à l’association des Maires ruraux du Doubs que j’ai d’ailleurs tenu à rencontrer lors de leur dernière manifestation parisienne. Aussi je tenais à vous indiquer que je partage certaines de vos analyses et que j’ai agi et que j’agis en conséquence depuis plusieurs mois et presque au quotidien ces derniers temps. Je me suis concentré sur deux aspects importants : le mode de désignation des conseillers communautaires et le seuil démographique de ces intercommunalités. Besançon, le 7 juillet 2015. Le Député de la 2 e circonscription du Doubs

Eric Alauzet à Communes et Intercommunalités - 7 juillet 2015 - 9.pdf

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  • Permanence du dput

    ric Alauzet

    59, rue de Belfort 25000 Besanon

    Tl

    09 67 23 39 91

    courriel [email protected]

    affaire suivie par Herv GROULT

    Rf : HG/EA

    Mesdames les Maires, Messieurs les Maires, Mesdames et Messieurs les Conseiller(e)s municipaux(ales). Mesdames et Messieurs les Prsident(e)s des Intercommunalits, Mesdames et Messieurs les lu(e)s communautaires.

    La loi pour une Nouvelle Organisation Territoriale de la Rpublique (NOTRe) arrive au terme de son parcours lgislatif. Au moment o je vous adresse ce courrier, reste la commission mixte paritaire entre lAssemble nationale et le Snat pour trouver un compromis. Tout au long des diffrentes lectures lAssemble nationale et au Snat, cette loi a suscit le plus grand intrt voire la passion des lus locaux, notamment des maires et des lus communaux. Jai partag avec plusieurs dentre vous un certain nombre dinquitudes, de rserves voire de dsaccords tout en regrettant une contestation empreinte parfois dexcs tant sur le fond que sur la forme. Pour ma part, je ne crois pas la volont de faire disparatre la commune et je nen nai dailleurs jamais peru lintention au cours de ces trois annes pendant lesquelles jai frquent assidument lAssemble nationale et entretenu des relations avec les diffrents ministres, mais je constate son affaiblissement avec le transfert progressif - souvent ncessaire - dun certain nombre de comptences vers lIntercommunalit. Pour autant, lattachement des lus et des habitants la cellule dmocratique de base reste vivace et progresse mme en contrepoint de la mondialisation et de lloignement des centres de dcision politiques et conomiques. Surtout, la commune reste le lieu de la mobilisation et de lengagement de 500 000 franais(es) qui donnent leur temps, le plus souvent titre bnvole, pour une indemnisation trs faible, voire nulle ou ngative (1). Cest un acquis prcieux quil faut conserver si toutefois les jeunes gnrations veulent encore sinvestir pour le faire. Donc, oui la commune. Oui aussi aux communes nouvelles qui reprsentent sans aucun doute la possibilit de mutualiser une chelle de proximit avec des conomies immdiates. Des communes nouvelles qui permettront galement aux communes de mieux se positionner au sein dintercommunalits plus larges. Oui, enfin, lintercommunalit quand les questions ne peuvent se rgler intelligemment qu cette chelle. A partir de l, des questions prcises sont poses par chacune et chacun dentre vous et font lobjet de vifs dbats avec la loi NOTRe. Je veux pour ma part voquer les questions les plus souvent en dbat et pour lesquels vous tre un certain nombre mavoir interpell, soit directement, soit travers un vu ou une dlibration de votre conseil municipal, soit par lintermdiaire des associations reprsentatives des communes. Jai dailleurs particip leurs rencontres et leurs initiatives chaque fois que jtais invit et je pense en premier lassociation des Maires ruraux du Doubs que jai dailleurs tenu rencontrer lors de leur dernire manifestation parisienne. Aussi je tenais vous indiquer que je partage certaines de vos analyses et que jai agi et que jagis en consquence depuis plusieurs mois et presque au quotidien ces derniers temps. Je me suis concentr sur deux aspects importants : le mode de dsignation des conseillers communautaires et le seuil dmographique de ces intercommunalits.

    Besanon, le 7 juillet 2015.

    Le Dput de la 2e circonscription du Doubs

  • Jai eu loccasion, pas plus tard que le vendredi 5 juin dernier dinterpeller le ministre de lintrieur, Bernard Cazeneuve, sur ces deux questions prcises lors de la runion organise avec les parlementaires la Prfecture de Franche-Comt pour le dernier temps de sa visite Besanon. Javais dj exprim ces mmes avis prcdemment auprs des instances prfectorales. Jai encore chang ce vendredi 3 juillet lors de la visite du Premier ministre Besanon avec Yves Colmou, conseiller auprs du Premier ministre et Philippe Mah, chef de ple et conseiller la rforme territoriale et lamnagement du territoire de Manuel Valls. Concernant llection des Conseillers communautaires, jai insist sur les plus grandes rserves voire les oppositions exprimes par les maires au sujet de linstauration dun scrutin direct de liste intercommunale. Notamment sur le risque de politisation li au mode dlection directe des conseillers communautaires et le sentiment de perte de pouvoir de ces lus au sein de lIntercommunalit pour reprsenter leur commune. Cette volution serait en effet inluctable car elle conduirait obligatoirement la constitution de listes identifies politiquement. Cela aurait pour consquence de dcourager et dloigner nombre de nos concitoyens et dlus qui ne se sentent pas prts ou qui tout simplement ne souhaitent pas sinscrire dans un tel processus. Ce choc culturel nest videmment pas souhaitable sauf dans les agglomrations o lensemble des communes constituantes, de taille significative, sont dj inscrites dans cette logique de listes lectorales politiquement identifies. Sajoute cette crainte, une incomprhension des lus locaux, lie au fait que les communes ont consenti un certain nombre de transferts de comptences concomitamment lassurance de leur reprsentation au sein de la communaut. Cette reprsentation ne serait plus assure avec un scrutin de liste. Pour autant, les transferts de comptence taient inluctables et ncessaires, en particulier pour les petites communes dans limpossibilit de faire face, seules, aux nouveaux enjeux et la prservation dun certain nombre de services au bnfice des habitants Pour autant, nous devons considrer que si la politisation des listes nest pas toujours opportune, le systme actuel nest pas non plus tenable long terme et il devra voluer en mme temps que les comptences de la Communaut stendent. Le flchage , pour les communes de plus de mille habitants, constitue dj une volution positive en ce sens que les lecteurs sont informs des personnes qui les reprsenteront la Communaut. Mais ce progrs reste insuffisant. En effet, ce mode dlection au second degr, est critiquable au plan dmocratique et le Conseil constitutionnel ne pourra pas admettre encore trs longtemps que les lecteurs ne disposent pas dune information claire sur le projet communautaire port par les candidats lors de la campagne lectorale. Il faut donc se mettre au travail rapidement et faire preuve dimagination pour trouver une solution plus pertinente pour les communauts o dominent les petites communes que celle qui est propose dans la loi NOTRe. Pourquoi pas un mixte de reprsentations ? Certains ont argument en prenant lexemple du Snat o les lus sont effectivement lus au second degr. Pourtant, la grande diffrence du Snat avec la Communaut est li au fait que le Snat na pas de pouvoir dcisionnel, puisque cest lAssemble nationale qui examine et vote en dernire lecture les textes de loi, la diffrence de la Communaut qui dispose dune responsabilit et dune comptence pleine et entire.

  • Cest le mme type de situation - danomalie dmocratique - qui a conduit le Conseil constitutionnel considrer quil ntait plus possible de maintenir des cantons avec des diffrences de population allant de 1 40 (1 10 pour le Doubs entre les ex cantons de Pontarlier et dAmancey). Faute davoir pu discuter suffisamment tt de ce sujet, la rforme dpartementale a t brutale et na sans doute pas atteint totalement son objectif en gnrant quelques anomalies. Si dans un ultime arbitrage, la commission mixte paritaire entre lAssemble et le Snat ne retenait pas lobligation de llection directe pour lensemble des communauts de communes, jinvite les lus communaux, les maires et leurs reprsentants se saisir rapidement de ce problme avant quil ne finisse par simposer. La brutalit dapplication de certaines lois nest souvent le rsultat que dune difficult traiter les problmes en temps utiles. Il ne suffira pas de compter sur lalternance politique pour esquiver le problme et de se rassurer trop facilement en coutant les discours des opposants politiques qui, hier tenaient un discours diffrent et qui, demain pourraient bien voluer une fois confronts au pouvoir (cf. dclaration de Franois Fillon favorable la suppression de la moiti des communes). Quoiquil en soit, lamendement introduit par le Parlement en premier lecture lAssemble peut tre considr comme satisfait par le systme de flchage utilis pour la premire fois lors des lections municipales de 2014 qui constitue en droit une lection au suffrage universel direct. Larticle 22 octies doit se rsumer une disposition incitant le Gouvernement et le Parlement, avec le concours des lus locaux, rflchir la dimension dmocratique des EPCI fiscalit propre dont les pouvoirs saccroissent. Bref, larticle 22 octies est un article de principe, non normatif, qui ne dfinit pas de nouvelles modalits dlection des lus communautaires en labsence dune future loi qui aurait cet objectif, mais souhaite enclencher un ncessaire dbat sur la lgitimit dmocratique des EPCI fiscalit propre.

    Il en va ainsi de la baisse des dotations aux communes qui sinscrit dans le cadre dune rduction de 50 milliards de la dpense publique dici 2017 dont 10 milliards aux collectivits locales quand lopposition annonait vouloir en faire 110 ou 130 tout en promettant bien entendu de prserver les communes, personne ne peut y croire ! Il suffit pour sen convaincre de relire les propositions de la campagne prsidentielle du prsident sortant qui prvoyaient une rduction de 10 milliards des dotations aux collectivits locales. L encore, pour avoir attendu 35 ans avant de ragir, la potion en devient trop brutale. Et concernant ces dotations aux communes, je vous renvoie mon travail lgislatif en commission des finances avec lintroduction de fonds complmentaires en faveur des territoires ruraux (DETR) et un flchage pour la transition nergtique, laccessibilit, les bourgs-centre et laccueil des populations nouvelles (amendements novembre 2014) que le Prfet aura la charge de prciser. Alors que la Dotation de solidarit rurale (DSR) est venue dans certains cas attnuer la baisse de DGF.

    Dans ce contexte difficile, on doit lobjectivit dindiquer que des aides spcifiques ont t dcides destination des communes rurales.

    Jen viens au second point, celui du seuil dmographique de lintercommunalit. Lapplication dun seuil unique ne prend pas suffisamment en compte lextrme diversit de notre territoire national. Certes, les amendements adopts apportent des drogations qui concerneront la moiti des communauts de communes en France mais ces drogations ne sont pas toujours suffisantes.

  • (1) La proposition de loi Gourault-Sueur visant faciliter l'exercice, par les lus locaux, de leur mandat, a t enfin adopte par le Parlement, le 19 mars. Ses dispositions por-tent sur les indemnits, la formation ou encore le cong lectif. Elle cre une Charte de l'lu local qui rappelle les grands principes dontologiques de l'exercice du mandat.

    Il aurait t plus judicieux dadopter une rfrence simple en lien avec la distance ou le temps de trajet pour parcourir la Communaut dun bout lautre ou par rapport au bourg centre. La rfrence la densit dpartementale en comparaison de la densit nationale est insuffisante et biaise par la diffrence de densit dmographique au sein dun mme dpartement. Dans le cas prcis du Doubs, la densit des deux agglomrations de Besanon et de Montbliard font augmenter considrablement la densit dpartementale. Ainsi, le Doubs, proche de la densit nationale, prsente une densit deux fois suprieure celle de la Haute Sane ou du Jura alors que les territoires ruraux sont en ralit comparables. Ainsi, telle que prvue, la loi conduit des diffrences de traitement incomprhensibles dun dpartement lautre. Par exemple un territoire rural sur la rive droite de lOgnon supportera des communauts 12 000 habitants alors que le territoire voisin du Doubs se verra imposer un minimum de 19 600 habitants. Cette diffrence de traitement nest pas comprhensible et traduit linsuffisance de prise en compte de la diversit et de la singularit des territoires. Mme si je me suis moins investi sur le sujet de la dfinition de lintrt communautaire, je pense quun compromis est possible pour exclure le champ conomique. Vous aurez donc compris que mon analyse rejoint en grande partie la vtre tout en pointant les limites de la situation actuelle et la ncessit dvoluer. Cest partir de cette analyse, porte publiquement que je mne mon action auprs de la Prfecture, des ministres et de leurs cabinets, mais aussi des lus nationaux qui ne partagent pas tous cet avis. Je lai fait par exemple publiquement et rcemment lors de linauguration de la nouvelle mairie de Naisey-les-Granges, devant le maire de la commune, les lus et la population alors que se tenait la manifestation organise par lassociation des maires ruraux devant la Prfecture ou encore le mercredi 25 juin devant le Palais Bourbon o staient runie une forte dlgation des maires du Doubs et des lus de lopposition nationale rpondant lappel manifester de lassociation des Maires ruraux Lobjectif partag, cela ne fait aucun doute, est bien de sappuyer sur une intercommunalit forte qui repose sur une reprsentation indiscutable du territoire et qui permette aux communes de conserver une place de choix. Face laugmentation de la taille des intercommunalits, la commune nouvelle permettra notamment aux petits villages dtre bien reprsents au sein de la communaut...

    Je suis donc trs attentif lavis des lus locaux et je veille rester en phase avec la double lgitimit qui est la mienne, celle de la circonscription et des lecteurs du Doubs qui mont lu et celle de la majorit parlementaire et du Gouvernement que je soutiens et qui doit rpondre un certain nombre de problmes que je souhaiterais que chacun prenne en considration. Mon souci constant est donc bien celui de lcoute et de lobjectivit. Aussi, pour cette dernire lecture de la Loi NOTRe, jai dcid de ne pas y apporter mon soutien et de mabstenir, en ne soutenant pas notamment lamendement concernant le mode dlection des conseillers communautaires. Je reste votre disposition, toujours disponible pour aller votre rencontre pour changer sur ces sujets ou dautres, recevez, Mesdames, Messieurs les lu(e)s, mes sincres salutations.

    ric ALAUZET