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Esprit Métis | n°6 | Hiver 2008 Obama ou la chance du métissage Aborigènes, Peuple du Rêve So British ! Portugal le pouce en l'air ! Métis Célèbre Peuple Métis Coup de Coeur Récit de voyage Dossier DONNER ET RECEVOIR AU PAYS DE LA TERANGA

Esprit Métis #6 / Sénégal - Donner et Recevoir au pays de la Teranga

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Magazine consacré au Sénégal. Rédactrice en chef Patricia Grange et couverture Maya Bintou

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Obama ou la chance du métissage

Aborigènes, Peuple du Rêve

So British !

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Métis Célèbre

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Coup de Coeur

Récit de voyage

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la teranga

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Le petit mot de PatriciaeDito

Nanga Def* ?

Après le Maroc l’hiver dernier, c’est de nouveau vers une destination africaine et ensoleillée que nous vous invitons à passer les fêtes de fi n d’année 2008 ! Partons pour le Sénégal !

Selon une des étymologies admises, le mot Sénégal vient du wolof Sugnu Gaal, à savoir « notre pirogue ». Puisse la barque

de notre magazine vous faire découvrir le pays de la Teranga sous un nouvel angle, celui du métissage ! Portons sur ce pays le regard de l’échange ! Ethnies multiples mais unies. Culture aux mille facettes qui s’est exportée dans le monde.

Puis entrons dans l’intimité de l’élégance sénégalaise, poussons la porte des cuisines, visionnons un fi lm de Sembène et mettons

un peu de Sénégal dans notre décor !

Mais l’hiver métis, ce sera aussi l’Angleterre et le Portugal ! Lamb et capoeira se croiseront sur les plages de deux continents ! Petit crochet dans la vie d’obama avant d’écouter des jumelles parler de leur identité ! Lire Calixthe Beyala sous un baobab en écoutant des notes de musique indienne traditionnelle ! Passer voir ce qui se passe au Japon et admirer les toiles au goût d’orient d’une artiste occidentale ! Rêver avec les Aborigènes ! Sortir à Bordeaux et à Toulouse ! Rencontrer les doutes du partage entre deux religions ! Retrouver Zeus dans

ses aventures ! Goûter à l’enthousiasme de l’équipe d’Esprit Métis !

Vous l’avez compris, votre hiver sera riche et chaleureux !En plus, sur notre site Internet, un carnet de voyage au Sénégal

et un bonus sénégalais vous mèneront plus loin !

Merci encore à tous les membres de l’équipe, à nos partenaires et à vous lecteurs !Bonne lecture et à très bientôt !

* Comment ça va ?

sitewww.EspritMEtis.coM

Esprit MEtisn°6 - Hiver 2008

Patricia GRANGE-BOUÉillustration wonderk

ESPRIT METIS Res Clos St Jacques, Appt 107 , 54 rue Deyries 33800 Bordeaux Tél: 06 79 28 56 59 [email protected] - Le magazine Esprit Métis est un trimestriel, gratuit, édité par l’association Esprit Métis et tiré à 3000 exemplaires. - IMPRESSION: I m p r i m e r i e L a p l a n t e ZA Merisud 3, impasse Jules Hetzel 33700 Mérignac - Dépôt légal à parution - ISSN: 1960 - 2332 - DIRECTRICE DE PUBLICATION : Véronique Magniant - REDACTRICE EN CHEF : Patricia Grange - SECRÉTAIRE DE RÉDACTION : Véronique Magniant - DIRECTEUR ARTISTIQUE : Laure Moullé et Martin Debray - MISE EN PAGE : Laurent Giordana, Anthony Rojo, Emilie Jacquet, Thomas Dubourg.

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MÉtis cÉlÈBre Obama .................................................................. 13

Esprit Métis | n°6 | Hiver 2008 5

MÉtissage

Douce Évasion

petit conte

Histoire Du MÉtissage

entretien avec

peuple MÉtis

couleurs BrÉsil

esprit MÉtis

un esprit plus ouvert

cuisine MÉtisse

coup De coeur

rÉcit De voyage

Bons plans

poÈMe

littÉrature / MusiQue

iDÉe DÉco / MaDe in Japan

Nubians ................................................................ 5

Syncrétisme ................................................ 6 / 7

Cathy Schein ..................................................... 8

Aborigènes, peuples du rêve ................... 9

Thiep Bou Dien ............;.................................. 24

So british ! ....................................................... 25

Portugal, le pouce en l'air ............. 26 / 27

................................................................................. 23

................................................................................. 22

BX- TLSE ................................................... 28 / 29

Vague métisse ....................................... 30 / 31

pays À l’Honneur

Dossier ........................... 14 / 21En Afrique de l'ouest, ce pays est la destination préférée des français, mais le conaissez-vous vraiment ?

Flux et refl ux ................................................... 10

Métisse ta vie ! ............................................... 11

Je ne suis pas totalement unique ....... 12

© Marc Baptiste

Peti

t cO

nte

4h du mat. Zeus ne dort pas. Installé confortablement sur le canapé du salon, il scrute l'écran, change de chaîne toutes les 2 minutes, nerveux, il soupire, "quand donc aurons-nous les résultats défi nitifs ? " Son père s'endort à moitié tandis que sa mère relit l'autobiographie du sénateur obama, bientôt président, peut être. Zeus se cherche dans la foule compacte présente à Grand Park Stadium à Chicago ce soir-là. Il s'y voit et voit le Monde, en convergence vers les urnes américaines qui enfi n crachent le résultat des bulletins anonymes de citoyens prêts à jeter aux oubliettes le masque craquelant et poussiéreux du Vieux Monde. oBAMA EST PRESIDENT !!!!!!!!!!!!!!!!!!! Zeus hurle en lisant les scripts au bas de l'écran, sa mère jette son livre et porte ses fi nes mains tremblantes sur son visage, bouche ouverte, en apnée, le Papa Chocolat se lève d'un bond, " où ça ?!? … Mais ! ...oHHHHH! Seigneur ! ", et avec la grâce d'un prince de la Funk ou d'une transe Gospel, retombe à genoux, des larmes coulent…. Béatitude habite cette maison à ce moment précis. Beati: Bienheureux, bonheur parfait, euphorie, félicité céleste.

Arrêt sur image.Combien de foyers sur la planète ont vécu la même scène au même moment ? Combien de foyers en béatitude synchrone ? Les voix de la Peur et du Doute s'élèvent alors:

d’Hélène Faussart

www.lesnubians.com www.nubiatik.com

petit conte petit conte prÉsiDentiel, DrÔlatiQue et insoMniaQue

”Rosa Parks sat so Martin Luther King can walk. Martin walked so Obama could run for the presidential. Obama is now running so our chlidren can fly …”*“Yeaaaaah !”” Ça sent le maffè à la Maison Blanche ….”

www.myspace.com/lesnubians

- Mais, est-ce que Béatitude paie mes factures ? Quand il s'agit de politique, on réfl échit et on agit avec sa tête, pas avec son cœur ! Les voix de la Victoire répondent: - Voyez donc le fi asco de vos mentales réfl exions et de vos actions égoïstes : guerres et crises nées de crispations historiques chroniques, opacité totale de la gestion des richesses mondiales, exploitations

humaines intolérables au seul nom de l'Avidité … Espoir n'est pas un vain mot quant il s'agit d'enrayer cette spirale infernale. Espoir est le petit frère d'Amour et Béatitude en est la fi lle. Richesse, Succès et Amour peuvent marcher ensemble, mais seulement si Amour ouvre la route avec Espoir et Béatitude qui lui tiennent la main.

"Quelle leçon de démocratie on vient de prendre !" est la première phrase

articulée par Maman Boucles d'or. "Ahh Zambo oh ! " chante le pater dans la langue. "C'est fait, pense Zeus, obama est offi ciellement devenu le chef d'orchestre. Nous devons maintenant chacun jouer notre partition". Il le pensa si fort que Béatitude s'éclipsa humblement pour laisser entrer sa sœur Sagesse et son cousin germain CHANGE.

*Rosa Parks s’est assise afi n que Martin Luther King puisse marcher. Martin a marché afi n qu’Obama puisse ête candidat aux présidentielles. Obama est candidat afi n que nos enfants puissent s’envoler…

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Esprit Métis | n°6 | Hiver 20086 Esprit Métis | n°6 | Hiver 2008 7

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Religions mystéRieuses.Pratiques religieuses taboues, voire criminalisées par certains gouvernements, le Candomblé et les autres religions afro-américaines ont dû affronter bien des obstacles. Malgré tout, ce sont de véritables religions qui se sont développées et ont réussi à s'ancrer dans le paysage sud-américain. Les origines sont multiples : catholiques, africaines en passant par les rites indigènes qui complètent alors le métissage. Contrairement aux idées reçues, ces religions sont monothéistes. En effet, un Dieu suprême domine les orixas, qui peuvent être apparentés aux saints catholiques. Chacun d’eux représente un élément naturel (Xangô par exemple est l'orixa du feu et de la foudre) et sont envoyés sur terre en tant qu'émissaires par le Dieu suprême. Le nom de ce dernier varie suivant les nations. Dans la religion Candomblé, Olurum pour le peuple Ketu, Zambi pour le Bantou, le Lukumi quant à lui, lui préfère le nom d'Olodumare, Olafin ou encore Olorun. Aujourd'hui, la plupart des membres considère qu'il s'agit du même Dieu que le Dieu des catholiques. Synonyme d'un syncrétisme réussi?

symbole De Résistance.Comment le Candomblé, pratiqué au Brésil, Uruguay, Paraguay, Argentine et Vénézuela, ou bien encore le Lukumi, plus connu sous le nom de Santeria, pratiqué lui à Cuba, en Colombie, et au Vénézuela, ont-ils pu résister face au temps et aux difficultés rencontrées? C'est grâce à la résistance du peuple noir nord-américain, ainsi que celle des populations de villes comme Cachoeira au Brésil, sans oublier certains organes de l'État, que les adeptes de ces religions ont pu poursuivre leur culte. C'est en 1820 que le premier lieu de culte va être créé par des femmes à Cachoeira. Aujourd'hui, il reste encore un lieu de résistance et de prise de décision en ce qui concerne la vie des noirs au Brésil. La religion Candomblé est maintenant commune en Amérique du Sud. Les chiffres montrent l'importance de ces pratiques : à Salvador de Bahia 2 230 terreiros sont recensés. Il est impossible de dénigrer l'apport culturel de ces religions dans le paysage des pays sud américains. En plus des rites, la musique, les danses et les fêtes s'intègrent désormais aux cultures populaires. Il est important pour les États de chercher à protéger ces richesses qui sont, en plus d'être l'image de l'interpénétration des cultures, le reflet d'une résistance des peuples noirs.

A présent, les brassages sont universels et toutes les religions ont subi les influences d'autres croyances.Même les grandes religions monothéistes se

sont adaptées aux différents peuples qu'elles ont rencontrés. En les étudiant de près, on note de troublantes ressemblances entre religion catholique, islam, judaïsme, bouddhisme, hindouisme et les différentes religions dites animistes.

Mais comment un métis, né de parents de religions différentes, vit-il cet héritage ?

et en FRance, aujouRD'Hui ? Comment choisir entre deux religions quand les deux parents laissent l’enfant libre de la décision ? Privilégier l'une des deux religions ou réussir à accorder les deux ? Quand on sait qu'à la base un couple métissé, c'est avant tout deux personnes qui sont censées ne pas se ressembler !Pour Laura, 24 ans, la réponse est évidente. Entre islam et catholicisme, elle tranche : «J'ai choisi : ni l'un ni l'autre». Enfant, elle partage les rites des deux religions, fête l'Aïd et Noël. «Je respecte la foi quand elle permet aux individus de s'élever». Elle n'en retire que le principal : la différence, la tolérance et ce qui en découle, une richesse inexprimable.

www.adepba.frwww.wilkipedia.frLa religion à la Havane, de Kali ARGYRIADIS, aux Archives contemporaine,1999

SoURCES

Lemanja: déesse de la mer et des eaux.oxala: Dieu suprême du Candomble.orixas: (prononcer «orishas») dieux.Terreiros: maison de candomblé

VoCABULAIRE

tRompeRies et pRéjugés.

oxalà semblable de Jésus Christ ou Iemanjà analogue de la Vierge Marie, c'est par de telles

assimilations que les esclaves d'Amérique latine pouvaient pratiquer leur religion originelle. Pendant les traites négrières, il semblait normal de dire que les esclaves cherchaient à tromper leurs maîtres, catholiques, en faisant croire qu'ils étaient totalement convertis, tout en invoquant leurs dieux sous d'autres noms. Mais la version officieuse est toute autre. L'église avait compris qu'il était impossible de convertir les esclaves car ceci impliquait de leur accorder le repos dominical. Cela exigeait aussi d'énormes

dépenses pour la construction de nouvelles églises. Ainsi dans son ouvrage La religion à la Havane, Kali Argyriadis fait allusion au synode papal du 16 septembre 1687 dans lequel « l'Église ordonne aux prêtres d'accorder les croyances religieuses africaines aux pratiques catholiques». De même, le Bando de Buen Gobierno y Policia, en 1792, oblige les Cabildos Africains à «adorer un saint catholique équivalant à leurs divinités». Un certain «accord» tenu pour tacite fut alors mis en place. Il s'agissait de convertir les esclaves de façon à ajuster au maximum, et par étapes, leur religion à la religion catholique.

syncRétisme :QUanD les ReligiOns métissent le mOnDetexte amanda guilherme illustration emilie Dedieu

bRassage Des couleuRs, Des cultuRes, voiRe Des Dieux ? et si c'était le syncRétisme qui nous peRmettait De mieux compRenDRe la place Des Religions aFRo-améRicaines pRésentes en améRique latine ? ou quanD la Fusion entRe les cultuRes entRaine la Fusion Des Religions...

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EN SAVoIR +« Vous… émois » Livre/catalogue, La part des Anges EditionsEt la galerie de portraits s'agrandit... La maladroite, le distrait, la jalouse...Prochaines expositions dans la région (avec une autre série à chaque exposition) à :• « Vous... émois » et « Dans l'herbe sage » - Langon, Les Carmes - du 8 janvier au 28 février 2009 - 05 56 63 14 45• « Vous... émois » - Soulac, Musée d'Art et d'Archéologie - Avril 2009 05 56 73 29 37

entRetien avec catHy scHeinpropos recueillis par céline bonnet Photo

catHy scHein, aRtiste FRanco-vietnamienne, vit au cRoisement Des tecHniques et Des cultuRes…

EN SAVoIR +« Vous… émois » Livre/

La part des Anges

Et la galerie de portraits s'agrandit... La maladroite, le distrait, la jalouse...Prochaines expositions dans la région (avec une autre série à chaque exposition)

• « Vous... émois » et « Dans l'herbe sage » - Langon, Les Carmes - du 8 janvier au 28 février 2009 - 05 56 63 14 45• « Vous... émois » - Soulac, Musée d'Art et d'Archéologie - Avril 2009 05 56 73 29 37

D’une part, les contrastes de l’encre noire en fond et des papiers collés, blancs ou multicolores, expriment des émotions simples mais vraies et poétiques. D’autre part, les titres et poèmes les accompagnant permettent de comprendre facilement ces émotions et les rendent ainsi plus fortes !

Esprit Métis : Sur votre site Internet* on remarque une évolution entre vos débuts et vos dernières expositions* : de la fi guration à l’abstraction, où l’encre noire rappelle la calligraphie. Vous inspirez-vous de vos cultures orientales et occidentales ?Cathy Schein : Je suis en effet attirée par l’art abstrait mais j’ai besoin de la fi guration occidentale (et des titres) pour exprimer des émotions. Son origine, on l’a toujours en soi. L’évolution des modèles correspond à ma vie. on digère ce qu’on apprend avec notre vécu et on le réinterprète. Les références culturelles font partie de moi.

EM : Justement, comment ressentez-vous votre identité ?CS : Le quotidien français fait oublier ses racines, mais je réalise mieux que je suis vietnamienne depuis que j’ai des enfants. J’ai des souvenirs à travers eux et j’ai besoin de retrouver une éducation vietnamienne parce qu’elle me ressemble plus. Mais les deux cultures auxquelles j’appartiens sont très mélangées : je suis les deux, comme mes enfants.

EM : Votre mari, français, s’est inspiré de vos œuvres pour réaliser les poèmes qui les accompagnent. Vous tenez aussi ce restaurant ensemble. Avez-vous déjà eu des divergences culturelles ?CS : Mon mari est athée, je suis bouddhiste, certes non pratiquante, mais nous n’avons jamais eu de problème pour l’éducation de nos enfants.

Gilles, mari de CS : « Tu as appris le bouddhisme de ta mère comme une philosophie. C’est très ouvert et pacifi que. Par ailleurs, j’adore la cuisine vietnamienne et elle aime la cuisine française ».CS : Le choix entre différentes cultures permet de prendre le meilleur dans chacune d’elle, pour tous les jours ou pour l’éducation.

L’évolution de la peinture de Cathy Schein semble bien représenter le trajet de sa vie, du Vietnam à la France, et de la recherche sur soi entre ces deux entités fi nalement inséparables, qui se sont croisées pour créer sa famille.

Bordeaux, Restaurant Le Phénix d’or. Vendredi 30 mai 2008

* www.cathyschein.com* « Vous… émois » et « Les rêves du botaniste » étaient présentées au Musée d'Aquitaine de Bordeaux du 8 février au 1er juin 2008, puis à Coutras pendant l'été 2008* Voir « A l’année prochaine » ; « Gage d’amour »

@ Retrouvez la version longue sur www.espritmetis.com

Le rêve n’a pas le même impact sur la vie de ces trois peuples. Les Aborigènes sont appelés ainsi

en rapport à leur mythologie, qui régit toute leur vie sociétale (organisation, vision du monde, mode de vie, etc.) Cette croyance fondamentale est la suivante : la création du monde a été érigée par des ancêtres spirituels, parfois mi-humains, qui ont façonné les terres selon leur nature. Tout cela ayant été fait durant un temps immémorial nommé le Temps du Rêve, mondialement connu sous le nom de Dreamtime et que les Aborigènes appellent Tjukurrpa. Ces esprits mystiques, comme le Serpent arc-en-ciel, Namarrgon l’Homme-Eclair, sont apparus alors que la terre était plate et sans caractéristique particulière. Ce temps de Création a donné lieu à une refonte de ces esprits anciens. Par cet acte, ceux-ci ont donné montagnes, vallées, plantes et animaux à la terre.

Selon les sources, les Aborigènes seraient sur les terres d’Australie depuis 25 000 à 50 000 ans. Dans tous les cas, ce peuple est très ancien. ou devrais-je dire ces peuples. En effet, les hommes du bush australien sont regroupés en plusieurs peuples divers, aux langues variées. Les points qui les unissent sont l’art, la grande terre australe, le dreamtime et une nouvelle langue métisse : le kriol, mélange de leurs dialectes et de l’anglais. Tous sont restés chasseurs-cueilleurs jusqu’à l’arrivée des colons européens au XVIIIème siècle. Comme à chaque arrivée d’Européens sur une terre restée intacte grâce aux croyances de peuples dits « sauvages » ou « non civilisés », les Aborigènes furent chassés de leur terre, considérée alors comme Terra Nullius, c’est-à-dire n’appartenant à personne. Chasse, traque et meurtres impunis, irrespect, racisme, haine, esclavage et interdits, vols d’enfants, épandage de maladies et découverte de l’alcool ont bien failli exterminer ce peuple respectueux de toute vie et sans aucune notion de propriété ni de capitalisme.

Depuis quelques dizaines d’années, les conditions de vie exécrables que connaissent la plupart des Aborigènes changent. En 1967, ils sont autorisés à se déplacer librement sur leurs terres, en dehors des réserves, et sont enfi n des citoyens australiens. Leur art, le dot painting sert de vecteur valorisant à leur reconnaissance en tant que peuple d’Australie bien réel et à part entière.

abORigènes,PeUPle DU RÊvetexte isis g illustration mikaël martin

il y a suR notRe belle planète bleue, tRois peuples Dits « Du Rêve » : les senoï De malaisie, les iRoquois D'améRique Du noRD et les aboRigènes D'austRalie. Faisons ici la connaissance De ce tRoisième peuple.

www.brigitteca.comwww.letempsdureve.comwww.oniros.fr/sociologiearticles.html

SoURCES

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FlUxet ReFlUx

les moments les plus exaltants sont ceuxoù nous toucHonsà l'éviDence paR la simplicité.

Jouer, lutter à deux dans un cercle, un tout, un monde qui bien rythmé peut garantir l'extase,

cela revient à être "En quelque sorte séparé du reste du monde. C'est un endroit privilégié."1

De la capoeira à la lutte sénégalaise il y a un océan d'histoires et de passions séparant bien distinctement ces deux disciplines en différentes aires géographiques ou philosophiques. Mais qu'à cela ne tienne, derrière l'apparence des gestes et énergies respectives, il y a des flux qui convergent et qui font que ce qui a priori nous semblait opposé, peut en fait révéler de bien subtils liens. Et c'est tant mieux.

Remarquons la configuration dans l'espace. Toujours circulaire, il y a comme une attention rivée sur le centre où une lutte s'engage entre deux acteurs. Ce geste de croix, cette prière qui ouvrent le jeu ou le combat, dénotent une référence à une tradition, à une transcendance peut-être, relayée par le rythme des percussions. La soudaineté de leur succès respectif pourrait également les rapprocher.

Disons qu'en quelques dizaines d'années, la brésilienne sera passée de ce que l'expérimenté Mestre Acordeon appelle une "coisa de negro rejetée par les classes supérieures (brésiliennes) et même réprimée par la loi", à un "phénoménal moyen

d'expression, et un moyen de subsistance pour beaucoup, au sens propre ou figuré"2 aujourd'hui enseigné et étudié sur les cinq continents.

La sénégalaise n'est pas en reste quant à la rapidité de son développement. Sport essentiellement rural il y a encore quarante ans, puisque pratiqué pour célébrer la fin des récoltes chez les ethnies Sérères et Diolas, il remplit aujourd'hui les plus grands stades du pays et génère une couverture médiatique à la hauteur des cachets que perçoivent les vainqueurs. "Le monde retient son souffle et regarde la RTS1" clame un présentateur de la même chaîne télévisée alors qu'une foule débordante d'enthousiasme vibre à chaque crochet ou tentative de projection exécutée au cours du combat opposant le jeune Gris Bordeaux à l'expérimenté Bombardier.

Reconnue depuis peu par le gouvernement brésilien comme patrimoine culturel, la capoeira a, comme le blues aux Etats-Unis, "trait à la nature intrinsèque de l'existence du Noir dans ce pays"3. Née d'un contexte de servitude bien spécifique aux Amériques, au Brésil et peut-être même à Bahia, elle n'en reste pas moins un exemple de transfert de rythmes et expressions non matérielles d'Afrique occidentale en terre américaine.

Au-delà d'une simple transposition culturelle elle est, comme le Lamb4, en constante mutation. Elle est "tout ce que la bouche peut manger"disait le regretté Mestre Pastinha. Insaisissable, elle est vivante.

texte maxime thierry illustration Paul cousinphoto eric escande

1. Macumba, Forces noires du Brésil, Serge Branly p.452. Capoeira Histoire, philosophie et pratique Bira Almeida p.53. Le peuple du Blues LeRoi Jones p.124. Autre mot pour désigner la lutte sénégalaise.

EN SAVoIR +

www.afrik.com rubrique Sport, Afrique de l'ouest.SoURCES

métisse ta vie !

une étuDiante Dynamique et cuRieuse D’espRit cHeRcHait une occupation DuRant ses week-enDs. elle DécouvRit Esprit Métis, une aventuRe Humaine, Dont je vais vous conteR l’HistoiRe…

qui sont-ils ?De tous âges, étudiants et salariés constituent l’équipe métisse. Citoyens du monde, ils ne connaissent pas les frontières. Leur point commun : un esprit créatif, une addiction au chocolat et une furieuse envie de briser les préjugés ! Issus de divers horizons, leurs routes se sont croisées grâce à Esprit Métis. Depuis, ils ne se sont plus quittés !

L’histoire commence avec les amoureux des lettres qui passent des heures à jongler avec les mots, pendant que les dragonnes de l’orthographe veillent et corrigent les écrits. Les illustrateurs déjantés prennent le relais en donnant vie aux articles. Les doigts de fée des maquettistes et la magie du graphisme nous concoctent un magazine haut en couleur. C’est ensuite du travail des commerciaux et des finances récoltées que dépend la publication des magazines. Les communicantes usent alors de la rhétorique pour promouvoir de façon attractive la sortie du nouveau bébé. Et voici enfin le moment privilégié : tout le monde se réunit et part à la rencontre des lecteurs sous la couleur du pays à l’honneur. Rencontres et sourires sont au rendez-vous !

mon équipeA l’origine, deux personnes s’occupaient de la communication. Notre ambition a grandi au rythme de notre travail, de plus en plus important. Une campagne de recrutement est lancée ! Les gens découvrent une équipe soudée et solidaire. Car Esprit Métis, c’est avant tout une aventure humaine basée sur l’échange et le partage. Chacun apporte son savoir, ses compétences et ses éclats de rire !

Aujourd’hui, nous sommes six communicantes. Diffusion, événementiel, relations presse, projet radio

et internet, chacune a son domaine de prédilection. Durant un an, j’ai structuré et supervisé cette petite équipe. Développer des partenariats, remotiver les troupes, respecter les plannings, coordonner le tout, ce n’est pas de tout repos ! Il faut gérer les relations avec les graphistes, les interviews des journalistes, les demandes des collaborateurs… Dur de trouver le juste milieu au creux de la vague métisse !

bilanUn an déjà que je baigne dans cet esprit métis où l’on prône la curiosité et la découverte de l’autre. J’en sors enrichie et grandie. Merci à tous pour cette belle année à vos côtés. Aujourd’hui, je passe le flambeau de la direction de la communication. Que la route d’Esprit Métis soit douce, longue, et parsemée de merveilleuses rencontres !

texte sha’aden

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je m’appelle viviane, j’ai 26 ans, et, au commencement Du commencement, Dès les pRemieRs balbutiements De ma vie, un autRe cœuR battait aussi à côté Du mien…

Ce cœur était celui de ma sœur jumelle, Emmanuelle, qui a vu le jour 10 minutes après

moi. Nous sommes « homozygotes », c’est-à-dire issues du même œuf … bref, de « vraies jumelles », comme on dit dans le langage courant ! Ainsi, dès le départ, nous avons toujours été deux, deux êtres à la très forte ressemblance, tout en étant élevées comme deux personnes « à part entière » : nous n’avons presque jamais été habillées pareil, n’avons plus partagé la même classe à partir du CP, etc., ce qui nous a permis de développer chacune notre propre personnalité sans jamais ternir notre complicité unique, bien au contraire !Notre gémellité n’a jamais laissé personne indifférent…. Et oui, car quelque part, nous ne sommes pas tout à fait comme les autres… nous sommes deux personnes au patrimoine génétique identique !! « Je » et à la fois « nous »…Emmanuelle et moi avons donc toujours suscité une certaine curiosité, principalement lorsque les gens nous voient pour la première fois : ils nous dévisagent l’une après l’autre pour trouver le petit détail qui permettra de nous différencier, nous posent des questions qui nous font parfois bien rire (« Tu n’as pas l’impression de te voir dans le miroir quand tu regardes ta sœur ? »), et se demandent même si nous n’aurions pas le don de la télépathie… Il règne toujours un mystère autour des jumeaux, voire une fascination, car… « C’est fou comme ils se ressemblent !! »… La clé ? Cherchez à nous connaître ! Notre famille proche et nos amis ne nous ont jamais confondues !

Le plus blessant pour nous, c’est lorsque nous restons « les jumelles » aux yeux de certaines personnes… Celles qui ne cherchent jamais à savoir qui sont Emmanuelle ET Viviane. « Nous » et à la fois « je »….Il faut dire aussi que, très souvent, les médias qui évoquent le sujet entretiennent cette idée de deux clones maladivement interdépendants. Ma sœur et moi avons fait des études différentes, avons chacune trouvé l’Amour de notre vie, ne vivons pas dans la même ville…. Et ne nous appelons pas deux heures tous les jours !! Nous menons chacune notre vie, nourries de cette relation exceptionnelle… Riches d’un fabuleux trésor, du cadeau inestimable de savoir que nous serons toujours là l’une pour l’autre, l’une avec l’autre, sans conditions… que nous ne serons jamais seules.

Pour poursuivre le voyage de la gémellité :www.jumellesansfrontieres.com

Je ne sUis PastOtalement UniQUetexte viviane lagarde illustration ced photos DR

Esprit Métis | n°6 | Hiver 200812 Esprit Métis | n°6 | Hiver 2008 13

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L’obamamania marie les genres : brigades de terrain et présence sur tous les médias

« on-line ». Première personne la plus influente au monde et premier afro-américain président, Barack est béni comme son prénom le signifie en swahili et en arabe.

Caucasien-africain, musulman-chrétien, ses ancêtres sont mythiques : Jefferson Davis, un guérisseur Luo et les Cherokees. Son parcours lui ouvre le monde : Djakarta avec un beau-père indonésien, Hawaï avec ses grands-parents, puis la Californie, New-York, Boston et Chicago.Animateur social, premier « noir » rédacteur en chef de l’Harvard Law Review, membre d’un grand cabinet d’avocats, puis sénateur, ses expériences le forment.

Barack a utilisé origines, formations et expériences pour être élu. C’est la chance du métissage, le rêve américain !

Obama, OU la cHance DU métissagetexte David métellus Photos DR

Le supplément du monde du 19 Avril 2008Les chroniques du républicoin du SIL :http://republicoin.blogspot.comL’Apologie du Métissage - les métis célèbres : http://apologiedumetissage.blogspot.com

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Esprit Métis | n°6 | Hiver 200814 Esprit Métis | n°6 | Hiver 2008 15

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mille Racines, mille bRancHes : un baobab multicultuRel

texte Wonder.K illustration alexis

Capitale : DakarLangue : français

Superfi cie : 1/2 x

Population :1/5 x

Je veux faire un slam couleur reggae, pour vous parler du drapeau Sénégalais. Vert pour l’espoir, l’islam et la fécondité ; jaune pour l’esprit, les arts et lettres et… ce rouge qui met tout le monde okay, c’est le sang des martyrs sacrifi és. Avant l’indépendance, Mali et Sénégal étaient sous le même drapeau. Unité symbolisée par cet homme libre qui lève les mains vers le très haut. Il a voyagé le petit, de l’Inde jusqu’au Mali. Chez les Berbères il est toujours un repère. Mais inutile de vous attrister si aujourd’hui il n’est plus sur l’étendard sénégalais. Une étoile l’a remplacé, pour éviter que les musulmans ne soient heurtés. Une étoile l’a remplacé pour marquer son ouverture au monde entier. Une étoile l’a remplacé pour exprimer espoir et unité.

texte Patricia grange-boue

texte Patricia gRange-bOUe

PRÉSENCE SÉNÉGALAISE DANS LE MONDE :LEUR CŒUR BAT TOUJOURS LÀ-BAS

VERT, JAUNE, ROUGE

La plupart vont vers les pays voisins : Maghreb et Afrique de l'ouest. D'autres partent pour l'Europe, parfois dans de périlleuses conditions. "Barcelone ou la mort" clament les chômeurs des ports de pêche avant de s'élancer en pirogue vers le vieux continent. Les mémoires restent marquées par le naufrage du Joola en 2002.Nombreux sont aussi ceux qui s'orientent vers les Etats-Unis et y rejoignent une forte communauté sénégalaise. Le chanteur de R’n’B Akon - Alioune Thiam - est d'origine sénégalaise.

Le regard occidental voit en l'expatrié sénégalais le Bana-Bana d'Europe ou le Baol-Baol des Etats-Unis, vendant à la sauvette de la pacotille exotique. Mais les exilés participent aussi à la fuite des cerveaux (20% des diplômés sénégalais n'exercent pas au Sénégal !), tout en contribuant au développement de la terre maternelle.Nombre exact de Sénégalais à l'étranger ? Inconnu. Mais on sait que dans le monde, il existe près de 700 Associations de Sénégalais de l'Extérieur !Grâce à eux, environ 460 milliards de francs CFA (soit 7 millions d'euros) ont été rapatriés au Sénégal en 2007.Ils sont très sollicités par leur pays d'origine afi n de contribuer à son développement. Un Ministère des Sénégalais de l'Extérieur a même été créé. Son but ? Faciliter l'intégration des Sénégalais dans leur pays d'accueil, mais surtout conseiller les expatriés sur les domaines d'investissement potentiels au Sénégal.Le "retour au pays natal" est une tendance qui s'inscrit dans les projets de la diaspora. L'élite tente de trouver les moyens de rentrer, physiquement ou par l'intermédiaire de capitaux.

Un Baobab. Mille branches vers le monde. Une qui s’épanouit particulièrement entre France et Sénégal.

Le regard occidental porté sur le Sénégal voit son hospitalité, l’élégance des femmes, le polémique tirailleur des boîtes de la marque Banania. Il est empreint de nostalgie et d'affection.André Malraux disait : « Depuis longtemps, je rêvais de la Casamance, à cause du mot romance et des chansons des îles. » La Casamance est considérée comme la Louisiane sénégalaise.Le regard occidental voit Gorée et sa Maison des Esclaves. Ancien entrepôt négrier devenu phare touristique.Le regard occidental voit Dakar, l’ancienne capitale de l’Afrique occidentale française.Le regard occidental se porte sur Saint-Louis avec son architecture coloniale et son festival de jazz.Le regard occidental se porte sur les animaux des parcs nationaux, sur les forêts de baobabs.Il est empreint de sourires immaculés et d'éclats de rire !

Profondément enraciné dans ses traditions, le Sénégal est géographiquement ouvert à tous les vents du monde. Il est champion du "dialogue des cultures" comme le disait Léopold Sédar Senghor. S’il en est ainsi, c’est peut-être parce que le Sénégal est un pays de voyageurs. La nation sénégalaise est constituée de différents peuples s'étant adaptés les uns aux autres :Wolofs, pêcheurs Lébous, paysans Serers, agriculteurs Toucouleurs, bergers Peuhls, commerçants Sarakolés, Bassaris animistes, "fi ls du caméléon" qui adorent les génies de la nature, Diolas animistes surnommés les "Bretons du Sénégal" en raison de leur résistance à l'islam ! Mais aussi Coniaguis, Bambaras et tant d'autres !Ce brassage ethnique a engendré une riche production culturelle dans la musique, le cinéma, la peinture et la littérature.

C'est la religion, l'islam qui semble unir cette diversité, car le Sénégal est musulman à 95%.Les talibés (fi dèles) sont encadrés par des confréries - les deux principales étant les mourides et les tidjanes – à la tête desquelles de puissants marabouts détiennent un pouvoir économique et politique tel qu'ils jouent le rôle de prescripteurs lors des élections. L'Etat coopère désormais avec eux !La place de l'islam dans la société sénégalaise se manifeste notamment lors du Grand Magal ("rendre hommage" en wolof) de Touba. Il s'agit d'un pèlerinage annuel des mourides, commémorant le départ en exil au Gabon de Cheick Amadou Bamba, leur fondateur. Dakar se vide alors littéralement de ses habitants. Tous partent vers la mosquée aux trois minarets de la ville de Touba.L'oreille occidentale tournée vers le Sénégal résonne des appels à la prière des muezzins.

Campé sur ses mille racines, le Baobab rayonne en mille branches vers le monde.

sénégal, teRRe De tRaDition D'eRRance. nomaDes en quête D'eau, voyageuRs épRis D'aventuRe et oubliés De la cRoissance économique. ce qui Fait le succès Des sénégalais à l'étRangeR, c'est leuR aDaptabilité.

Langue : français

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Ils sont présents dans l’ensemble du pays, même s’ils sont bien sûr plus nombreux dans la capitale et les grandes villes de province. Ils se sont plutôt bien intégrés en général. Mais ils restent très attachés à leurs racines et préservent leur culture. Qui pourrait leur en vouloir ? Après tout, rien ne vaut un bon plat du pays pour moins en ressentir l’éloignement physique ! Partons pour Paris ! Passons par le quartier de Barbès-La Goutte d'or et ses nombreux commerces, épiceries, restaurants sénégalais et africains en général. Au marché de Château Rouge, on trouve tous les ingrédients nécessaires pour préparer un thiep bou dien, un yassa, un maffè ou un jus de bissap ! Mais on peut aussi y dénicher les derniers pagnes à la mode et les accessoires indispensables à la réalisation de tresses et tissages complexes.Le xaliss circule, les insultes et les rires fusent !

Ailleurs en France, la présence sénégalaise se remarque en même temps que la présence africaine. Sur les marchés, les produits du Sénégal voisinent ceux d’Afrique de l’ouest, de la Réunion, de Madagascar et d’autres provenances « exotiques ». Les épiceries et grandes surfaces asiatiques en vendent également, qu’il s’agisse de denrées alimentaires ou de cosmétiques.

Les Sénégalais de France ont un fort esprit de communauté, dans le sens de "famille". Leur association principale, l’Union des Travailleurs Sénégalais en France, dispose d’antennes dans les grandes villes françaises, et défend les droits syndicaux de ses adhérents. Elle leur donne aussi l’occasion de se retrouver lors de manifestations organisées pour faire connaître le Sénégal aux hôtes et voisins français. Nombreux sont les sites Internet qui ont vu le jour, traçant le lien entre les deux pays.Et pour rester au fait de l’actualité et de la musique du Baobab, il n’y a qu’à se connecter sur Khady FM, la radio en ligne de la diaspora sénégalaise !

Les branches qui font s'embrasser France et Sénégal portent des célébrités françaises d'origine sénégalaise comme :Les chanteurs Booba (Elie Yaffa), Disiz La Peste (Serigne M'Baye Gueye), Kephren du groupe IAM (François Mendy) et Tété (Ndaye) ; l'acteur Mouss Diouf ; le joueur de football Patrick Vieira, né en Normandie ; le chorégraphe et danseur Maurice Béjart, arrière-petit-fils d'une famille de Saint Louis.

Regards occidental et sénégalais se sont croisés : un trait d'union est né !

texte Patricia grange-boue illustration cecile vangouttexte Patricia grange-boue

Saint Louis est le premier comptoir français au sud du Sahara au XVIIe siècle.Au XVIIIe siècle, or, poivre, ambre, ivoire et gomme bon marché attirent les Européens (Français, Anglais, Hollandais, Portugais) sur le sol sénégalais. Mais c'est le lucratif commerce triangulaire qui convainc la France de s'emparer de Gorée en 1677. Gorée et Saint Louis restent alors longtemps les points d'ancrage de la France en Afrique noire.L'esclavage est aboli, Gorée en déclin et Saint Louis passe au premier plan.Arrive l'ère industrielle. Les besoins commerciaux augmentent. on construit le port de Dakar en 1859 et la ville de Saint Louis est aménagée : de belles maisons colorées à balcon de bois y fleurissent. Elles appartiennent à de grandes familles bordelaises.Puis en 1904, Dakar devient le chef-lieu de l'Afrique occidentale Française et la plus française des villes africaines. Léopold Sédar Senghor, qui participera à la rédaction de la Constitution de la Ve République et sera élu plus tard à l'Académie Française, inventera le terme de "Sénégaulois". A cette époque, les habitants de Dakar, de Saint Louis, de Gorée et de Rufisque sont automatiquement des citoyens français. D'ailleurs, les vieux de Saint Louis parlent encore avec nostalgie de la France en disant "la métropole".

Le temps de la colonie est désormais lointain et presque oublié. Mais les liens tissés demeurent étroits entre Hexagone et Baobab.

Le Sénégal reste le pays d'Afrique noire favori des Français pour le tourisme, les affaires mais aussi la retraite.Il est la destination la plus chaude et la moins chère en hiver.Région la plus prisée par les touristes, la Casamance développe désormais le tourisme solidaire et responsable. Les visiteurs sont logés près des villages, dans des copies presque conformes des cases autochtones. Ils participent à la vie quotidienne de leurs hôtes et découvrent leur pharmacopée.De plus, des partenariats et jumelages se nouent entres villes sénégalaises et françaises. La ville de Kaolack par exemple est jumelée à celle de Mérignac, en région bordelaise, tandis que la ville de Toulouse est jumelée à celle de Saint Louis.

En outre, des personnalités françaises nées au Sénégal, telles que l'actrice Clémentine Célarié ou Ségolène Royal, ne manquent pas une occasion de rappeler leur attachement à ce pays. Affection symbolisée par Richard Bohringer qui a acquis la nationalité sénégalaise en 2002.

Poursuivez le voyage sur www.espritmetis.com grâce à notre bonus sénégalais !

Vocabulaire : xaliss : "argent" en wolof

Sources pour l'ensemble du dossier :- Magazine Géo, numéro 104 d'octobre 1987 sur le Sénégal- "Le Sénégal aujourd'hui" de Mylène Rémy, Editions du Jaguar, 2003.- L'émission "L'Afrique Enchantée" du 24/07/08, avec pour thème le Sénégal, sur France Inter.- Article "Près de 700 Associations de Sénégalais de l'Extérieur recensées dans le monde" sur ouestafnews le 03/06/08.- Article "Sénégal : Emigration – l'élite de la diaspora sénégalaise rentre au pays" sur www.ouestaf.com le 27/07/07.- Site du Ministère des Sénégalais de l'Extérieur : www.senex.sn- www.ausenegal.com - www.senegalaisement.com- www.khadyfm.com

Rejoignons la FRance et visitons les sénégalais De l’Hexagone !

pRemièRe contRée noiRe DécouveRte paR les euRopéens – Des maRins poRtugais en 1444 – le sénégal Fait tRès vite l'objet Des appétits euRopéens

LE SÉNÉGAL À L'HEURE FRANÇAISE : DES LIENS TRÈS ÉTROITS

LA FRANCE AU RYTHME DU SÉNÉGAL

EN SAVoIR +

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DAKAR PARADISIO texte sébastien lamigou-gratiaa

MÉTISSE D’HIVER Propos recueillis par sébastien lamigOU-gRatiaa

Quels sont les liens que tu entretiens avec tes deux cultures?Comme j’y suis née et que j'y ai vécu, la Martinique restera toujours dans mon cœur et mes préoccupations. Quant au Sénégal, j'y suis allée 2 fois. Mon père y va tous les 2 ou 3 ans. J'ai régulièrement des nouvelles et une mise à jour de la vision qu'il a de son pays natal. Vision que je ne partage pas toujours, mais qui influence beaucoup ma propre opinion de ce pays.Mon père adore son pays, mais en même temps il n'est pas du tout tendre avec ceux qu'il connaît là-bas. Il a fait le choix de partir en France pour rompre avec sa famille, parce qu'il trouvait leur mode de vie trop en décalage avec ses pensées (notamment pour la religion).Quand je pense au Sénégal, je suis assez critique. Parce que mon père lui-même est comme ça vis-à vis du pays. Par contre, si j’ai le malheur d'émettre une critique en sa présence, il ne supporte pas.

Vos familles ont-elles accepté facilement cette double culture?Très bien, aussi bien du côté de ma mère que du côté de mon père. En revanche au niveau de l'acceptation de la double culture, des deux côtés c’est compliqué.Mes cousins d’ici retiennent la nourriture sénégalaise. Ma mère aime beaucoup promouvoir la gastronomie sénégalaise et mon père a toujours fait en sorte qu'on mange sénégalais. Pour la famille ici, mon père reste un africain. Terme que je trouve parfois un peu péjoratif dans la bouche d'un martiniquais, car cela montre qu'ils ne s'intéressent pas plus que ça à l'Afrique. Quant à la famille sénégalaise, on nous voit comme des petits français, qui à priori ont de l'argent et la belle vie. Comme je ne parle pas très bien wolof, il m’est arrivé de me sentir un peu exclue des conversations. Comme une sorte de bête de foire qu'on aime bien, mais qu'on n'a pas envie de connaître. À qui on préfère asséner tous les clichés que l'on a sur l'endroit d'où elle vient plutôt que de chercher à savoir comment ça se passe vraiment en Martinique.

Que représente pour toi le métissage ?Le métissage est avant tout un mélange. C’est un apprentissage qui peut durer toute la vie dans la mesure où il s'agit à mes yeux de trouver un juste milieu, en terme d'héritage, entre ce que nous a transmis chacun de nos parents.Dans mon cas, je dirais qu'il s'agit plus d'un « mixage » que d'un métissage.

une étoile qui s’éteint :Le Sénégal fait figure de pays pionnier sur le continent africain avant même son indépendance. Il est reconnu comme le premier pays a avoir imposé son cinéma sur la terre de l’Afrique Noire. Des réalisateurs comme ousmane Sembène ou Djibril Diop mirent en avant les couleurs sénégalaises sur la scène internationale. Les premières années furent marquées par une série de court-métrages basés principalement sur le thème de l’exil et des rapports avec le pays de « tutelle ». Si le Sénégal reste un pays francophone en cette période, les cinéastes d’antan s’efforcent de réaliser leurs œuvres en langues régionales, notamment en wolof.Actuellement, beaucoup de salles se ferment au fil des jours. Ce phénomène malheureux est dû à une prolifération des DVD et surtout du piratage, bien plus économique pour nos amis sénégalais. Les films de Bollywood, moins chers que le ticket de cinéma, sont les plus populaires. Le public sénégalais ne s’enthousiasme pas nécessairement pour les films africains et préfère se ruer vers les blockbusters américains.Les réalisateurs et les acteurs sénégalais préfèrent alors tenter leur chance dans d’autres pays, tout en revendiquant leurs origines, à l’image d’Aïssa Maïga.

coup De pRojo suR aïssa maïga :Vous avez peut être entendu de loin son nom ou aperçu son visage. Jeune actrice de talent, Aïssa Maïga est pourtant une valeur montante du cinéma français. Née de mère sénégalaise et de père malien, Aïssa Maïga est propulsée sur le devant de la scène à la sortie des Poupées Russes de Cédric Klapish qui remporta un joli succès. Depuis elle entame une série de films tous aussi importants (le très beau Je vais bien, ne t’en fais pas) qui la mettent en valeur. Bamako, où elle fut nommée en tant que meilleur espoir féminin en est l’illustre exemple. En apportant sa fraîcheur et sa sensibilité à l’écran, cette jeune actrice donne une autre dimension au cinéma français, celle d’un cinéma qui se métisse enfin. Elle fait partie de ces rares actrices françaises issues de minorités visibles qui ont la chance de ne plus être cantonnée à un rôle stéréotypé. Pétillante et toujours juste, elle est l’une des comédiennes les plus talentueuses de sa génération.Guettez-la dans les salles obscures… vous succomberez à son charme !

Si le cinéma sénégalais meurt à petit feu dans son propre pays, cela ne veut en aucun cas dire que sa culture cinématographique meurt en parallèle. Cette culture, il faut la préserver !

DHyana, 28 ans, D’oRigine maRtinico-sénégalaise, tRavaille aujouRD’Hui pouR une société immobilièRe au lamentin, en maRtinique, sa ville natale.

quasi inexistant pouR nous euRopéens, il existe pouRtant une HistoiRe Du cinéma sénégalais.

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L'ÉLÉGANCE SÉNÉGALAISE BEAUTE SENEGALAISE

que ce soit Dans les clips musicaux, le monDe De la moDe, Du sHow business ou encoRe Dans la vie De tous les jouRs, on ne peut éviteR De constateR la pRésence Du style aFRicain. monDialisation ? euH non, plutôt métis action…

auteur mila illustration WonderK

auteur mila

vêtement typique et pas seulement…

BoubousDans son poème " Les boubous ", extrait de " Au cœur du monde ", aux Editions Gallimard, Blaise Cendrars rend hommage à la femme africaine : « Aucune femme au monde ne possède cette distinction, cette noblesse, cette démarche, cette allure, ce port, cette élégance, cette nonchalance, ce raffinement, cette propreté, cette hygiène, cette santé, cet optimisme, cette inconscience, cette jeunesse, ce goût (…) Fasse Dieu que durant toute ma vie, ces quelques formes entrevues se baladent dans mon cerveau ».

Le boubou, symbole de la beauté et de l’élégance des Sénégalaises, se dit mbubb en wolof et signifie "large vêtement à enfiler par la tête". Porté par les hommes, le "grand boubou complet" est composé d’un pantalon, d’une chemise et du boubou, tissu de 9 à 12 mètres qui enveloppe les vêtements portés dessous. Les femmes, elles, portent le boubou avec un pagne ou foulard appelé moussor. Mais aujourd’hui sur le marché, le Boubou nouvelle génération, c’est s’habiller branché et traditionnel en favorisant le commerce sur le continent africain.

Pagnes…PanosDes études montrent que les pagnes de Guinée Bissau, du Cap Vert et du Sénégal ont subi une influence portugaise vers le XVe siècle. Le pagne est un bout de tissu aux multiples usages. Le tissu simple est appelé seur. Le pendal est porté par la femme. Le mbotu entoure les bébés dans le dos de leur mère. Quant au ser/mouraï, c’est le pagne qui sert de couverture. Les pagnes sont associés aux moments de la vie : baptêmes, alliances et funérailles.« Le pagne est notre origine. C’est dessus qu’on est conçu, c’est dedans qu’on est porté bébé et c’est dessous qu’on est couché une fois mort », témoigne une Sénégalaise.

Bin-bin(Prononcez bine-bine)on nomme bin-bin une ceinture de perles qui accompagne souvent le petit pagne. Ce nom vient d’une onomatopée wolof qui signifie littéralement "Vas-y mollo" ! Ces ceintures de perles soulignent la taille et la cambrure. Avec leur tintement émis au moindre mouvement, elles sont devenues de véritables objets de désir pour qui veut séduire un homme sénégalais (et pas seulement sénégalais) !

Création contemporaine oumou Sy, Sénégalaise autodidacte, est l’icône d’une mode contemporaine. Styliste, son talent s'étend du maquillage à la scénographie, en passant par le design, la décoration d’intérieur. Reconnue dans la haute couture et le prêt-à-porter africains mais aussi mondiaux, elle est également célèbre pour son travail dans le monde du spectacle. Femme engagée, Oumou Sy reçoit l’insigne de Chevalier de l’Ordre National de la Légion d’honneur en 2006, de l’Ambassadeur de France au Sénégal.

beuRRe De kaRité En wolof "karité" signifie "arbre à beurre". Il est utilisé dans les soins de beauté tels que Essence’elles by Solyss à Etnika Distribution ou Activelong par les femmes africaines. En effet, ce beurre végétal très riche en vitamine E a pour vertu de protéger, réparer et adoucir la peau et les cheveux asséchés.

tResses et pas seulement…Plus qu'une appartenance ethnique, le port des tresses est devenu un phénomène de mode. Mais pas seulement car il y a également des nattes naturelles ou artificielles, dreadlocks, afro, dégradés…Pour se rendre compte de l’importance de la coiffure africaine chez les individus qui la portent, il suffit d’observer l’évolution des communautés africaines ayant quitté le continent. on constate qu'un véritable marché s’est mis en place autour de la coiffure noire. Le pôle principal des salons de coiffure pour Bordeaux se situe entre Victoire et Capucins et à Toulouse vers St Sernin, St Cyprien…Grâce à l’adaptation des techniques de tressage et à l’aide de cheveux synthétiques ou naturels, la mode des tresses touche tout le monde, toutes les classes de la société actuelle, toutes origines confondues.

EN SAVoIR +"Au cœur du monde" de Blaise Cendrars (Editions Gallimard)ht tp : / /www.au-senegal .com/Pagnes-Panos-Les-etoffes.htmlhttp://www.afrik.com/article6313.htmlhttp://www.africultures.com/index.asphttp://www.metissacana.sn/http://www.clairekane.com/

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Made in Japan

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Les japonais se sont souvent fait remarquer par des expérimentations culinaires plutôt inattendues et déconcertantes sur nos marques traditionnelles: nous pouvons trouver au Japon des produits tels que le Pepsi goût concombre ou des KitKat aromatisés au kiwi, au melon (délicieux!!) ou encore à l'azuki, un haricot rouge sucré très prisé au Japon.

iDee DecO

cOmment aFRicaniseR sOn intéRieUR ?

pouR une toucHe D’aFRique cHez vous, cHoisissez Des tons De teRRe,

ReHaussés çà et là De couleuRs vives.

Commençons par les murs, ocres par exemple, ou couverts de tissus de couleurs vives, comme les célèbres boubous des mamas africaines. Ils réchaufferont la pièce ! Ces tissus sont utilisés pour d’innombrables choses : nappe, dessus de lit, donner une seconde jeunesse à votre canapé défraîchi, mais attention au lavage, les couleurs dégorgent ! Ajoutez des objets variés, comme des calebasses sur une table ou mélangées aux fruits frais dans une panière en osier. Il existe dans le commerce des tableaux représentant des scènes de vie quotidienne, de très belles sculptures d’Africains, en bois ou en fer, ou même, pour le côté art contemporain, de « l’artisanat de récupération » : lampe à huile faite de vieilles canettes et ampoules…si, si ! Ajoutez une touche musicale à votre déco en disposant des instruments (balafon, djembé). Le top serait un véritable masque africain : à force de le côtoyer il vous semblera presque vivant… mais il en faut un vrai, un qui vient de là-bas. Bon voyage !

texte Patricia gRange-bOUe

texte eugénie baccot

"La Petite Fille du Réverbère" de Calixthe Beyala.

Beyala B'Assanga Djuli, plus connue sous le sobriquet de Tapoussière, vit seule avec sa grand-mère dans les bas-fonds d'un bidonville de Douala. La fillette part en quête de cette mère que toute la ville adule et de ce père définitivement inconnu. Alors que les enfants du village pensent à se marier et les adultes à leurs amants, Tapoussière se plonge dans son passé et s'invente un avenir fait, elle l'espère, de l'amour d'un père trop longtemps absent. La Petite Fille du Réverbère est l'un de ces romans symboles d'un continent noir en constante ébullition.

Ce prodige attira l’attention de Haridasa Swami,

grandissime maître indien de musique classique, qui le prit sous son aile pour cinq ans. Celui-ci en fit un musicien tel … que son histoire devint une légende ! C’était les années 1500. Tansen, le jeune garçon, était devenu un homme érudit, illustre chantre* et instrumentiste talentueux. Engagé à la cour d’Akbar, il reçut

les plus prestigieuses marques d’honneur. Le roi lui conféra même le titre de Miyan, et on le considéra comme l’un des neufs joyaux de la cour. Maisà quel point pouvait donc être grand le talent de cet homme pour qu’il lui confère autant de gloire ? Pour comprendre, il suffit de se plonger dans une interprétation de son Miyan–ki-todi … L’instrumentalisation est

époustouflante. Les sons purs et si naturels s’insinuent en vous et s’emparent progressivement de vos sens ; la justesse de l’émotion viole votre intimité, comme un écho de tout ce que vous êtes ; et malgré la douceur du violon, le jeu frénétique de l’instrumentiste vous emporte dans un tourbillon vertigineux. C’est un déséquilibre entre exubérance explosive et implosion méditative. C’est une musique qui fait entendre le silence. Bien entendu, le Miyan-ki-todi n’est qu’un échantillon d’une large palette de chef- d’œuvres, tous uniques en leur genre. Et s’il est vrai que le génie des interprètes flétrit devant la renommée incroyable du créateur, cela n’empêche qu’écouter du Tansen aujourd’hui, c’est recevoir la sagesse et la culture hindoue ancienne, c’est s’ouvrir aux temps passés et aux terres lointaines, et en plus…c’est zen !

*Chantre : personne chantant lors des offices religieux

tansen OU le PlaisiR De la méDitatiOn

loin là-bas, en inDe, il y a si longtemps …un jeune gaRçon imitait le Rugissement Du lion.

texte ghisca illustration emilie Dedieu

la Petite Fille DU RéveRbèRe

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certains de ces ingredients sont disponibles à l’épicerie métisse, partenaire de l’association Esprit Métis.

7av. Roger schwob cenon05.56.40.27.74www.lepicerie-metisse.fr

tHieP bOU Dienntexte & photos véro cuisine métisse

Ingrédients pour 6 personnes : - 600g de poisson (3 merlus) - 1 poisson séché - 500g de riz cassé deux fois - légumes à volonté : carottes, navets, potiron, manioc, gombos, aubergine, aubergines d’Afrique, 1 piment antillais, ¼ de chou vert - 2 bouillons cubes - 1 boîte de tomate concentrée

Pour la farce : 3 gousses d’ail, 1 cuillère à café de grains de poivre noirs, 2 piments séchés, 2 bouillons cube, 1 oignon coupé en petits morceaux.

Découvrez ce plat typique, évocation délicieuse de la générosité de la table sénégalaise.Pour un Thiep vraiment authentique, servir avec des feuilles de bissap cuites et de la sauce au tamarin. Et c’est parti pour le bonheur !

http://cuisinemetisse.canalblog.com

- Mettre tous les ingrédients de la farce dans un mortier, et piler.- Couper les poissons en gros tronçons, puis avec un couteau fi n, faire des trous dans la chair, près de l’arête (comme un tunnel). Remplir ce trou avec la farce.- Dans une grosse marmite, faire frire le poisson farci dans suffi samment d’huile, puis quand il est bien doré, le retirer et réserver. - Dans la même cocotte, ajouter 2 cuillères à soupe d’huile, et y faire revenir l’oignon.- Diluer les 2 bouillons cubes restants et le concentré dans un litre d’eau tiède, puis verser dans la cocotte.

- Saler, sucrer légèrement, y mettre à cuire les légumes et le poisson séché.- Laisser mijoter à couvert environ ½ heure.- Bien nettoyer le riz à l’eau claire, et le mettre à cuire à la vapeur 15 mn.- Lorsque les légumes sont presque cuits, rajouter le poisson et poursuivre la cuisson 10 minutes.- A la fi n de la cuisson, ôter le poisson et les légumes et réserver. Arroser les légumes d’une ou deux louches de bouillon. - Bien fi ltrer le reste de bouillon dans la cocotte, puis y mettre le riz à cuire, à petit feu, pendant environ 20 minutes.- Lorsque le riz a absorbé tout le bouillon, servir dans un plat unique, comme là-bas : riz, légumes et poisson par-dessus. Déguster tous ensemble, à l’aide d’une cuillère à soupe !

sO bRitisH !texte Fanny benquet illustration si liu photos DR

I l est vrai que de par leur histoire, ces pays n’ont pas toujours connu une entente

parfaite. Entre guerres et trêves, Français et Anglais ont fi nalement réussi à apprécier leurs différences, profi tant chacun de la richesse des cultures. Nous les avons séduits avec notre cuisine

et nos vins, ils nous ont conquis avec leur musique pop rock et leur mode punk !

pRemieRs contacts, pRemieRs espoiRs

Dès le collège, la langue de Shakespeare a déclenché chez

moi une certaine curiosité. Cette manière d’accentuer les mots d’une façon très prononcée (surtout dans la région de Londres) me fait sourire. Avec 1,5 milliard d’anglophones, c’est la deuxième langue la plus parlée au monde après le mandarin.Sur le plan international, il est indispensable de parler anglais aujourd’hui, c’est pourquoi je m’intéresse autant à cette langue.Le déclic se fi t lors d’une visite chez mon oncle dans la ville de Bristol il y a 3 ans. Dès mon arrivée, je fus conquise. Il suffi t d’un repas dans un pub pour convertir le plus réfractaire à la culture anglaise. Architecture rustique, tons sombres, les pubs sont un endroit où les Anglais aiment se retrouver autour d’une bière. Même le plus petit village a au moins un pub. Ambiance conviviale, et pressions en tout genre, les amoureux de la bière et du rugby seront séduits. La plupart des matchs y sont retransmis et beaucoup

d’Anglais préfèrent les regarder entre amis, profi tant ainsi d’une soirée chaleureuse et festive.Quand on pense à l’Angleterre, on voit bien sûr le Tower Bridge, Big Ben ou la reine Elizabeth II. Mais au delà des circuits touristiques, dès que l’on parcourt ses villages, on se rend compte de toute la beauté de ce pays. Des hectares de prairies, de vastes paysages clairsemés de moutons vous dépaysent complètement alors que seulement une mer nous sépare.

Rock cultuReDurant les années 60/70, le rock fait ses premiers pas outre-manche, formant des groupes mythiques tels que les Beatles, Sex Pistols, les Rollings Stones, ou encore Queen. Même si je suis trop jeune pour avoir connu cette fougue, leurs chansons, intemporelles, me font tout autant rêver et sont toujours au goût du jour. Malgré le fait que la musique s’est aujourd’hui assagie, le pop rock britannique a une place importante au niveau international, signe que la culture anglaise sait se renouveler.

la FRance et l’angleteRRe, Deux pays géogRapHiquement pRocHes et pouRtant paRFois si éloignés.

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Esprit Métis | n°6 | Hiver 200826 Esprit Métis | n°6 | Hiver 2008 27

Réci

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DOUc

e év

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n

En ce mois d'août ensoleillé, notre voyage commence sur un chemin landais en

direction de l'Espagne. Notre objectif est d'atteindre le Portugal. Rapidement

les longues routes du Nord de la péninsule ibérique fondent sous la chaleur. Les

véhicules et autres campings cars surchargés foncent à vive allure avec une seule

idée en tête : arriver le plus vite possible sur les belles plages du Sud. Équipés

d'un sac à dos et de quatre pouces nous entrons dans un pays fait de monts et

de vallées, prêts à parcourir des centaines de kilomètres.

Le fleuve Douro, sa vallée et ses vignes plantées en terrasse ont fait la

renommée de la région. C'est dans cette contrée que naquit le vin de Porto il y

a plusieurs siècles. Sur la route se succèdent de petites villes fortifiées et de

charmants villages assis au bord de l'eau. Porto la capitale du district éponyme est

la deuxième grande ville du pays. Elle dégage une atmosphère méditerranéenne. De

midi à 16 heures plus rien ne bouge, c'est l'instant sacré de la sieste. Dans cette

auberge familiale perchée dans les hauts quartiers, des draps bariolés sèchent

dans le couloir, les cris des mouettes se mêlent aux bruits de la rue. La ville est

un véritable labyrinthe de ruelles et d'escaliers entrelacés sur différents niveaux,

un environnement parfait pour une promenade éreintante au cœur d'un après midi

brûlant. La plupart des façades des vieux quartiers sont recouvertes d'azulejos,

ces carreaux de faïence assemblés. Au coin d'une ruelle, un bassin installé à

l'ombre occupe les enfants agités.

La promenade qui longe le Douro est parsemée de restaurants et de devantures

colorées. Perchés sur un pont, des marmots sautent dans l'eau sur le

passage des bateaux, les pêcheurs installés dans l'ombre grognent

en silence. A la nuit tombée, la fête bat son plein sur les docks.

Le lendemain matin alors que la cité dort encore, nous quittons

la ville en silence en direction de Coimbra, à une centaine de

kilomètres d'ici.

Coimbra accueille l'une des plus vieilles universités d'Europe.

L'absence des étudiants a rendu la ville calme. Seuls les

graffitis et les rubans noirs laissent présager une rentrée

prochaine. Nous passons la nuit dans un jardin recouvert

de hautes herbes. Le long de la route qui mène

à Péniche défilent les côtes portugaises. Voici

enfin venu le temps des bains

de mer. De coquettes maisons

immaculées font face à la mer,

partout du linge pâle flotte au vent.

Soudain, des cris viennent briser

cette quiétude, une femme affolée

nous bouscule, sa maison est en train

de brûler. Plus loin, entre la mer et

la piste, des petites criques et des

chemins parsemés de mottes d'herbe

verdoyante se succèdent. En quelques secondes, un épais

brouillard se lève et enveloppe la péninsule, nous sommes pris au

piège. Il est désormais impossible d'avancer, il nous faudra passer

la nuit dans le creux d'une dune, sur le sable encore gorgé de

soleil.

La ville de Sintra nous entraîne à présent dans l'arrière pays parsemé

de forêts où il fait bon vivre. A quelques stations de train d'ici se trouve

Lisbonne, la capitale du pays.

Les immeubles et les boutiques s'entremêlent dans les petites ruelles du

Bairro Alto, le quartier haut et pittoresque où l'on croise encore la vendeuse

d'œufs. Une fois la nuit tombée, le cœur de la ville se réveille. Ce soir sur

la place Rossio s'ouvre le festival des océans. Plus tard, seules les lueurs

du feu d'artifice continuent à éclairer la foule. La nuit lisboète se prolonge

au son du fado ou des musiques électroniques s'échappant des boîtes de

nuit. En se dirigeant vers le Nord, les faubourgs modernes apparaissent, les

grandes avenues bordées de banques et de bureaux sont déjà encombrées

par la circulation en cette fin d'après midi. Au milieu de ces beaux quartiers,

quelques vieilles maisons portugaises demeurent à coté des hauts immeubles,

les premiers habitants refusent de quitter les lieux.

Prendre le ferry pour traverser la baie est un agréable moyen

pour sortir de la capitale. Les bancs de sable

et les plages peuplées d'oiseaux se

découvrent au fil des vagues. Sur

la route réapparaissent des cactus

chargés de figues de barbarie, des

mues de serpent et autres jacasseries

de criquets. De petites villes en lieux

dits, nous revoilà dans l'arrière pays.

Tout autour de nous s'étendent des

vallées couvertes de champs jaunis par la

chaleur. La frontière espagnole n'est pas

très loin. Nous la rejoignons encore et toujours le

pouce en l'air.

texte eugénie baccot illustration mika

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Les Délices de Kiki - Le Gueliz.

on croise le Sénégal et l'Afrique dans les quartiers des Capucins et de Saint Michel. À Cenon, chaque année, l'Union des Travailleurs Sénégalais en France organise le festival culturel Sénéfesti au Parc Palmer. Des produits venus du Sénégal sont vendus dans les épiceries et grandes surfaces asiatiques comme les magasins Ly Kim Hak en centre ville et Eurasie à Bacalan.Côté restaurants, « Au Numéro 13 Saveurs du Sénégal » et le « Bassa Lounge » offrent de quoi satisfaire les nostalgiques !

La ville rose accueille l'Association des Etudiants et des Stagiaires Sénégalais de Toulouse."L'Exodus" propose des plats sénégalais et le "Mayombe" offre un voyage gustatif à travers l'Afrique. Chaque mois d'octobre, depuis 1983, le rallye aérien Toulouse-Saint Louis suit les traces de l'Aéropostale et part à la rencontre du peuple sénégalais.En 2006, le Festival Rio Loco, qui chaque année invite un fl euve, avait invité le Fleuve Sénégal autour des performances musicales de pointures comme Youssou N'Dour, Doudou N'Diaye Rose ou Daara J !

DE BORDEAUX

À a TOULOUSE

illustration vodka87 / WonderK

auteur Patricia gRange-bOUe

cUltURe sénégalaiseÀ bORDeaUx

À tOUlOUse

L’ALTERNATIVE 17 BIS CoURS EDoUARD VAILLANT05 56 50 43 85 WWW.LALTERNATIVEDANSES.CoM Créé et géré par le tandem franco-béninois Norbert Sènou et Caroline Fabre, ce grand espace offre deux studios de danse pour des cours, des stages, des formations professionnelles, mais aussi des spectacles. Un lieu où faire parler les corps.

SWING TIME06 15 75 77 76 WWW.SWINGTIME.FRAnimations dansantes swing jazz & blues, rencontres entre artistes de différentes disciplines (musique, danse, peinture, photo), Festival Gratuit 27, 28 février, 1er mars 2009 (initiations danses swing, salsa, hip hop, capoeira). Cours de DANSES SWING.

LE MARRAKECH15 RUE ST RÉMI 05 56 48 52 51L’hiver pointe son nez, le froid s’installe alors courez vous réchauffer dans ce restaurant marocain. L’ensemble reste fi dèle aux traditions du pays, l’accueil est chaleureux et les plats proposés sont très bons. Adeptes du Maroc, vous ne serez pas dépaysés.

LE BASSA LOUNGE76 RUE DU PAS SAINT GEoRGES05 56 44 90 70 WWW.BoRDEAUX.BASSALoUNGE.CoMAu cœur historique de Bordeaux, un restaurant métissé entre Afrique et occident, entre tradition et modernité, à tous les niveaux : décoration, musique et carte. Deux salles colorées pour apprécier des saveurs ouest africaines et des menus adaptés à toutes les circonstances.

L'ALIZEComplexe de l'oméga Rue Jean Rodier06 19 67 34 85Cette discothèque réservée aux plus de 21 ans ne vous laissera pas indifférents. Son ensemble sensuel et enivrant vous entraînera vers la piste pour danser jusqu'au matin sur les rythmes de la Caraïbe, r’n’b, socca, zouk, afro, latino, ragga-reggae, salsa-merengue, house.

TAXI BROUSS4, Rue Gabriel Péri05 34 41 18 05Ce bar vous propose de consommer tout en dansant sur du son allant du reggae au roots en passant par du ragga-dancehall et du hip-hop. Le décor vous emporte vers les Caraïbes dès que vous franchissez la porte illustrée de palmiers.

L'AIRE BIO12, RUE PEYRAS06 20 49 22 27"Tant que l'âme, le corps et l'esprit sont en harmonie, rien ne peut vous affecter." En effet, vous ressortirez zen, bien dans votre tête et dans votre peau, de ce petit institut qui vous propose une gamme de soins évidemment bio. Exemple : modelage aux techniques chinoises de relaxation.

JAPAN8, Rue de l'Echarpe05 61 22 85 85Laissez-vous guider par vos sens et savourez les plats traditionnels. Depuis 15 ans, le Japan ne peut que vous donner envie, son décor vous donne l'impression d'être dans un temple au Japon. Si jamais vous êtes pressés n'hésitez pas à consulter les ventes à emporter.

Si vous n'entendez pas résonner le son du sabar en arrivant Rue de la Rousselle, c'est dans votre assiette que les griots chanteront… L'entrée est un peu cachée (c'est normal, manger ici ça se mérite !), le décor sobre mais chaleureux comme le pays des Baobabs.Trois plats principaux au choix sur l'ardoise, des cocktails et des desserts dépaysants.on se retrouve au bord du fl euve Sénégal, assis autour de la grande calebasse pour partager le repas familial. Bismilaï !Maffè, thiep ou yassa ? Vos envies vous répondront !

Du 20 décembre 2008 au 20 mars 2009, Claire et Nafi s'associent à Esprit MEtis pour vous proposer tous les mercredis un menu Esprit MEtis sénégalo-ivoirien à 15 €.

13 Rue de la Rousselle33 000 Bordeaux

Tél : 05 57 77 75 63www.numero-13.com

au n°13 saveurs du sénégal

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les PRénOmsAbdoulaye* // Alioune* // Badara* // Boubacar* // Cheikh* // El Hadj* // Fadel // Kéba // Lamine // Ndongo // oumar* // Sanokho // Serigne* // Souleymane* // Tété // Vieux // Yacine* // Yerim // Youssoufa* // Aïssatou* // Anta* // Binta* // Bougouma // Coumba // Dewel // Fanta // Fatoumatou* // Khady* // Mariama* // Ndeye* // oumou* // Penda // Ramatoulaye* // Seynabou* // Sibett // Sokhna* // Téwa Yacine* //

on peut distinguer trois types de prénoms au Sénégal.

Tout d’abord, les prénoms d'inspiration musulmane. En effet une grande majorité des Sénégalais les portent et certains sont des adaptations africaines de prénoms arabes : comme Mohammed qui devient Mamadou ou Amadou.Ensuite il y a les prénoms typiquement traditionnels. Ceux-ci diffèrent généralement selon les communautés ethniques, leurs religions, voire les épopées. Mais il est de plus en plus rare de donner un prénom traditionnel à un enfant. Cependant de très nombreux Sénégalais (principalement en Casamance*) portent un second prénom traditionnel.Enfi n les prénoms chrétiens également présents au Sénégal, qui ne sont pas cités dans cet article car ce sont les mêmes que partout dans le monde.A noter : il n'y a pas tant d'effet de mode sur les prénoms au Sénégal. on baptise un enfant souvent en hommage à un ami ou membre de la famille.

Un petit mot sur les noms de familleLe nombre de noms de famille au Sénégal est très restreint. on retrouvera souvent les "Ndiaye-Diop-Diallo-Diouf-Faye". Ces derniers sont portés par plus de 95% de la population.

nOtOUDOU* ?texte mila

C’est par sa dénomination familiale qu'on peut connaître les origines historiques, ethniques et régionales d'une personne. Au Sénégal, les noms de famille sont aussi témoins du métissage : en Casamance, Gomis vient du portugais Gomez ; Mendy des curés basques évangélistes coloniaux. on rencontre des Johnson à Saint Louis, en raison de la présence anglaise. Les Bengeloune sont originaires du Maroc.

*Notoudou : "Quel est ton prénom?" en Wolof* = prénoms d'inspiration musulmaneLes autres prénoms sont d'inspiration traditionnelle : Sérère, Diola, Mandingue, Peuhl ou Wolof

*Casamance : Région située au sud-ouest du pays

Esprit Métis | n°6 | Hiver 200830 Esprit Métis | n°6 | Hiver 2008 31

POèm

e

mét

is c

éléb

Re

vagUe métisse

Née iciGrandie là basAujourd’hui,Loin de tout ça.

De partout et de nulle partPortée par le hasard,

Je découvre un monde métisOù le partage est la devise.

Fière de ce nouveau crédoAntagoniste du fauxOù joie, rire et voluptéFlirtent avec découvertes et curiosités.

Mosaïque de couleurs,Folies artistiques,Que de richessesDurant ces voyages exotiques !

Douceurs d’ici et d’ailleurs,Croisée d’autochtones et de rêveurs,

Par la pensée je peux m’évaderAu pays de rythmes endiablés.

Ouvrez les yeux,Tendez la main,

Partez découvrir votre prochain.

Voguez sur la vague métisse !Bon pour une immersion séductrice

Enrichissement de l’âme et du cœurPour votre plus grand bonheur…

texte sha’aden illustration emilie Dedieu

vagUe métisse

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MÉtissage

pays À l’Honneur

Douce Évasion

un esprit plus ouvertPetite fi lle de musulmans

peuple MÉtisles Jamaïcains

MÉtis cÉlÈBreFrida Kahlo

rÉcit De voyageLondon by night

poÈMeÔde à la gourmandise

DossierTour à tour admirés, décriés, adulés, critiqués: pourquoi les Américains et leur histoire sont-ils si passionnants ?

LE TRIMESTRE PROCHAIN Esprit Métis SERA DISPONIBLE LE 21 MARS 2009

cuisine MÉtisseCHOCOLAAAAT !!!!

Un métis est pour nous une personne qui vit avec des cultures différentes, quelque soit ses origines. C’est une personne qui ne peut s’enfermer dans un communautarisme culturel exclusif.

* le metissage EST PLUS UN etat D’espRit qu’un cRiteRe pHysique: