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i Esquisse de l’état des lieux des chaînes de valeur et de l’entrepreneuriat agricole au Burundi JUIN 2012 Par Fabien BIZOZA

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Esquisse de l’état des lieux des chaînes de valeur et de l’entrepreneuriat

agricole au Burundi

JUIN 2012

Par Fabien BIZOZA

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TABLE DES MATIERES

TABLE DES MATIERES ………………………………………………………………………..i 1. INTRODUCTION .............................................................................................................................. 1

2. IDENTIFICATION DES CHAINES DE VALEUR ................................................................................... 2

2.1 Chaîne de valeur et concept affilié ........................................................................................ 2

2.2 Principales chaînes de valeur adoptées par le gouvernement ............................................. 3

2.2.1 Chaînes de valeur industrielles...................................................................................... 3

2.2.2 Chaînes de valeur alimentaires ...................................................................................... 5

2.2.3 Estimations des productions des chaînes de valeur alimentaires ................................ 8

2.2.4 Répartition des intervenants sur les CdV vivrières ........................................................ 9

3. ENTREPRENEURIAT AUTOUR DES CHAINES DE VALEUR AU BURUNDI ...................................... 14

3.1 Entrepreneuriat agricole, qu’est-ce à dire ? ............................................................................ 14

3.2 Analyse SWOT de la problématique de l’entrepreneuriat agricole au Burundi .................... 15

3.2.1 Les forces .............................................................................................................................. 15

3.2.2 Les opportunités ................................................................................................................... 16

3.2.3 Les faiblesses: ....................................................................................................................... 17

3.2.4 Les menaces .......................................................................................................................... 19

3.3 Exemples d’entrepreneuriat autour des chaînes de valeur agricoles .................................... 20

4. AGRI-HUB BURUNDI ET LA PROMOTION DE L’ENTREPRENEURIAT AGRICOLE .......................... 22

4.1 Concepts d’Agri-Pro Focus et d’Agri-Hub ............................................................................ 22

4.2 Projet de création de l’Agri-Hub Burundi ............................................................................ 22

4.3 Mission d’Agri-Hub Burundi et partenariats ....................................................................... 23

4.4 Objectifs du lancement d’Agri-Hub Burundi ....................................................................... 24

4.5 Principe et mode d’intervention des agri-hubs ................................................................... 24

4.6 Atelier de lancement d’Agri-Hub Burundi ........................................................................... 25

4.6.1 Préparation ................................................................................................................... 25

4.6.2 Choix des CdV pour Agri-Hub Burundi ......................................................................... 26

5. CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS ..................................................................................... 26

ANNEXES ............................................................................................................................................... 28

Annexe 1 : Liste des investisseurs en agro-alimentaire .................................................................... 29

Annexe 2 : Localisation des intervenants sur les CdV ....................................................................... 32

TERMES DE REFERENCE POUR LANCEMENT APF AU BURUNDI ........................................................... 33

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1. INTRODUCTION

Tous les documents traitant de la situation économique du Burundi sont unanimes, le pays

est à plus de 90% agricole, sa population est pauvre et une grande partie vit en-deçà du

seuil de pauvreté. Bien que essentiellement de subsistance, l’agriculture constitue, pour les

ménages ruraux, la principale source de revenus qui sont très faibles et ne couvrent

nullement tous les besoins vitaux des membres des ménages. Des déficits alimentaires ont

été observés dus à la faiblesse des productions, elles-mêmes dues à diverses causes parmi

lesquelles figurent les aléas climatiques, l’insuffisance des terres cultivables, la faiblesse de

la fertilité des sols cultivés.

Cependant, c’est le secteur qui procure la grande partie des devises que le pays perçoit

annuellement à travers les cultures d’exportations (café et thé). On comprend alors que ces

cultures qui contribuent pour plus 44% au PIB et procurent 95% des devises du Pays, ont

bénéficié de l’attention particulière du gouvernement.

Depuis longtemps, le gouvernement s’est attelé à la promotion de l’agriculture à travers une

approche multiforme liant la recherche à la production, à la vulgarisation des bonnes

méthodes et pratiques culturales, à la disponibilisation des intrants agricoles et d’élevage.

Des résultats plutôt mitigés ont été perçus quant à l’amélioration de l’économie familiale et

de celle du pays à partir du secteur qui occupe le plus d’habitants.

Depuis très récemment, l’approche ‘’filières agricoles’’ et ‘’chaînes de valeur’’ est adoptée

par la plupart des nouveaux projets de développement agricole en particulier ceux du FIDA,

Banque Mondiale, etc. Mêmes les organisations locales et internationales, qui appuyaient

dans le temps la production, sont en pleine mutation vers une stratégie basée sur les CdV.

La stratégie agricole nationale (SAN), le CSLP, le programme national d’investissements

agricoles (PNIA) ainsi que les documents de projets internationaux, sont le reflet de la

volonté du Gouvernement d’adopter cette nouvelle approche destinée à amorcer l’agri

business et l’entreprenariat agricole.

La présente mission fait l’état des lieux de ces chaînes de valeur quant à leur identification,

leur localisation à travers le pays et leur niveau de productions en recourant aux

organisations utilisant cette nouvelle approche qui devrait aboutir au développement de

l’entreprenariat agricole et de l’agri business au Burundi et même pour la sous-région des

Grands-Lacs.

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2. IDENTIFICATION DES CHAINES DE VALEUR

2.1 Chaîne de valeur et concept affilié

L’approche chaîne de valeur est un concept nouvellement introduit au Burundi. La plupart

des intervenants entrant ou changeant d’orientation dans le secteur agricole s’y réfèrent et

l’adoptent comme mode d’intervention actuelle. Il est généralement confondu avec le

concept assez vieux au Burundi, la filière agricole, longtemps associée aux cultures dites

industrielles. Les deux notions de chaîne de valeur et filière agricole sont très proches et ne

diffèrent que par une petite subtilité liée au point de vue. La chaîne de valeur part de

l’élément produit alors que la filière agricole est basée sur les acteurs intervenant tout au

long de la première. De plus, le concept dépend de l’école qui si anglophone tend à mettre

en avant la chaîne de valeur (value chain) et si francophone l’appelle plutôt filière.

En effet, une chaîne de valeur est l’ensemble des produits obtenus après différents

processus, soit de conservation, soit de transformation qui ajoute de la valeur aux produits

successifs. Une filière agricole est l’ensemble des acteurs, du producteur au consommateur,

en passant par les transporteurs, les commerçants, les transformateurs, qui prennent en

charge les différentes étapes ou les différents maillons d’une chaîne de valeur.

Schématiquement, la situation se présente comme suit:

CdV

Dans une chaîne de valeur ou dans une filière agricole, chaque maillon est facilité par des

acteurs externes: d’une part, les fournisseurs d’intrants, les formateurs, la disponibilité des

marchés qui sont des ‘’chain supporters’’ et, d’autre part, les chercheurs, l’Etat, les

microfinances (crédits et assurances), etc. qui créent un environnement propice au

développement des CdV (‘’chain enablers’’).

Production

(Agriculteurs,

OP)

Conservation Transformatio

n Consommation

Etat / Projets Recherche Formateurs Enablers

Intrants IMF/Assurances

Marchés Supporters

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2.2 Principales chaînes de valeur adoptées par le gouvernement

Les chaînes de valeur mises en avant dans le pays sont constituées de celles dites

industrielles et alimentaires. Les deux ont des caractéristiques spécifiques qui les

distinguent suivant leur adaptation éco climatique, leur facilité de consommation, etc.

2.2.1 Chaînes de valeur industrielles

Introduites au début du siècle dernier au Burundi, les cultures dites industrielles ou de rente

sont considérées comme des cultures d’exportations, dès lors qu’une grande partie de la

plupart d’entre elles sont exportées et procurent 95% des devises d’exportation. Il s’agit du

traditionnel café auquel s’ajoutent le thé, le coton, le palmier à huile et la canne à sucre.

Ce sont des cultures qui s’adaptent à des écosystèmes biens particuliers, dépendant surtout

des conditions climatiques. Leur extension est limitée par ces conditions ainsi que par la

capacité des agriculteurs de mettre en œuvre des pratiques culturales très particulières. De

plus, leur filière est assez longue et n’aboutit généralement au stade de consommation

qu’après plusieurs étapes de conditionnement et de transformation.

Niveaux de production des cultures industrielles

S’il est difficile d’estimer les niveaux de production des chaînes de valeur alimentaires, il est

par contre facile de trouver les données de production de celles industrielles qui sont

disponibles grâce aux services de l’Etat qui les prennent en charge. La situation de leurs

productions pour ces deux dernières années est la suivante.

Table 1 : Productions en tonnes des cultures industrielles, 2010, 2011

Année Café vert Thé sec Coton graine Palmier à huile Canne à sucre

2010 24 000 8 025 1 688 11 148 18 760

2011 13 272 7 820 2 500 22 000 20 000

Source : FAO, Evaluation des récoltes 2011

Les niveaux de production de ces chaînes de valeur industrielles ne sont guère satisfaisants.

Ils sont liés aux mauvaises conditions climatiques de ces dernières années et sont tributaires

des conséquences de la crise nationale qui a détruit soit les plantations, soit les

infrastructures. Dans son plan de redressement, le gouvernement envisage leur

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redynamisation et leur diversification par l’introduction des plantes à huiles essentielles, des

plantes médicinales, du macadamia ainsi que la promotion de l’avocatier.

La gestion des filières traditionnelles d’exportation a été pendant longtemps dans les mains

de l’Etat qui s’est toujours occupé de toutes les étapes amont et aval, de la production en

passant par la transformation et la commercialisation du produit fini de consommation. En

effet, des structures comme OCIBU, SOGESTAL, SODECO, OTB, COGERCO, SOSUMO et OHP

ont été mises sur pieds pour gérer ces filières. Ce n’est qu’actuellement que des projets

financés par des bailleurs de fonds comme le PRODEMA, PPCDR et PAIOSA ont, dans leurs

plans, d’intervenir pour revitaliser les filières café, palmier à huile et thé.

Lieux de prédilection des chaînes de valeur industrielles

La localisation à travers le pays a été dictée par le souci d’introduire, au niveau des ménages

ruraux, des sources de revenus agricoles de façon à couvrir l’ensemble des régions

naturelles du territoire national. Ainsi, la répartition de ces chaînes de valeur dites

industrielles à travers les régions naturelles du pays se présente comme suit.

Table 2: Lieux de prédilection des chaînes de valeur dites industrielles

Région naturelle Café Thé Coton Canne

à sucre

Quinquina Palmier

à huile

Bugesera x x

Buragane x

Bututsi

Buyogoma x

Buyenzi x x

Bweru x

Imbo x x x x x

Kirimiro x

Moso x x x x

Mugamba x

Mumirwa x x

Source : Données recueillies par la mission, Juin 2012

On constate que presque toutes les régions naturelles, sont couvertes par au moins une

culture dite industrielle génératrice de revenus. De plus, la canne à sucre qui était connue

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au Moso a été récemment introduite dans la région de l’Imbo (Gihanga en province de

Bubanza, Mutimbuzi en province de Bujumbura).

2.2.2 Chaînes de valeur alimentaires

Les chaînes de valeur alimentaires comprennent les cultures vivrières et les productions

animales. Elles sont caractérisées par leur plasticité et leur généralisation à travers le pays.

Leur utilisation à des fins de consommation commence très tôt dès le premier maillon de

production, soit à partir des champs, soit immédiatement après la récolte. Ceci explique leur

intérêt et leur adoption sans condition par l’ensemble des agriculteurs burundais.

De ce fait, les cultures vivrières constituent la principale activité quotidienne de la

population burundaise. Elles devraient, à ce titre, jouer un double rôle d’assurer la sécurité

alimentaire et de générer des revenus par la vente des surplus commercialisables. Quant à

l’élevage, il constitue la source de protéines animales de par ses productions de lait, de

viande et d’œufs. Cependant, hormis ceux à proximité des centres urbains, le gros bétail est

une source de fumier pour l’agriculture, le petit bétail procure principalement des revenus

rapidement mobilisables et secondairement du fumier.

Dans le plan national d’investissements Agricoles (PNIA), le Gouvernement a pris l’option

non exhaustive de la banane, du riz, du manioc, de la pomme de terre, des fruits/légumes

pour les filières agricoles ainsi que du lait, de la viande des cuirs et peaux pour les filières

animales. Depuis très récemment, toutes ces cultures sont devenues des chaînes de valeur à

partir du moment où leur vente a commencé à procurer aux ménages producteurs des

revenus, souvent minimes en raison des faibles surplus commercialisables, néanmoins

nécessaires pour satisfaire d’autres besoins vitaux alimentaires ou non alimentaires. On

notera ici une particularité des chaînes de valeur alimentaires : le marché est libre et les prix

répondent généralement à la loi de l’offre et de la demande.

a) Choix des CdV par les bailleurs de fonds multilatéraux et bilatéraux

Selon le document de stratégie agricole nationale, certaines parmi les chaînes de valeur

alimentaires sont développées par les agriculteurs avec l’appui des bailleurs de fonds

multilatéraux et bilatéraux pour l’import substitution (le riz, le haricot et le manioc),

d’autres encore pour la sécurité alimentaire et la génération des revenus (banane, pomme

de terre) ainsi que pour la réduction des pertes post-récolte (fruits et légumes). Le choix des

chaînes de valeur au niveau des bailleurs de fonds se réfère apparemment à cette

préoccupation du gouvernement mais dépendent encore en grande partie de leurs

convictions en la matière et de l’enveloppe dédiée au projet.

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Il suffit, pour cela, de considérer la répartition des chaînes de valeur en fonction des

principaux bailleurs de fonds multilatéraux et bilatéraux ; elle témoigne de leur niveau de

prise en charge et, partant, de leur intérêt. Il est évident qu’une chaîne de valeur peut

devenir soudainement une préoccupation générale dès lors qu’il encourt une menace

sérieuse, ce qui est le cas pour le manioc et le bananier. Ceci est aussi vrai lorsqu’il y a

pénurie du produit induisant la hausse des prix (riz) ou que de nouvelles technologies voient

le jour (tournesol, fruits/légumes), etc.

Table 3: Intervenants de la coopération multilatérale et bilatérale

MINAGRIE / PNIA PRODEMA FIDA PPCDR FAO PAIOSA GIZ

Banane x x x x x

Riz x x x x x

Manioc x x x x

Pomme de terre x x x x

Fruits et légumes x x x x

Maïs x x

Haricot x

Soja x

Arachide x

Blé

x

Tournesol

x

Sorgho

Source : Données recueillies par la mission, juin 2012

Le tableau ci-dessus montre que les principaux bailleurs de fonds s’intéressent un nombre

limité de chaînes de valeur et à des degrés divers. PRODEMA s’occupera en première et

deuxième priorités de 5 chaînes de valeur alimentaires (banane, riz, manioc, pomme de

terre et fruits/légumes), le FIDA (PODEFI, PAIVA-B) aura 7 chaînes de valeur, le PPCDR (7),

FAO (3), PAIOSA (4) et GIZ (3). On constate également que certaines cultures comme le blé,

la colocase, le sorgho, la patate douce (le tubercule le plus produit de ces dernières années)

ne bénéficient apparemment pas de l’attention des intervenants.

Selon toute évidence, la principale observation est que beaucoup d’intervenants

investissent dans des chaînes de valeur presque similaires. En particulier, le riz est pris en

charge par plus de 80% des intervenants ; la banane, le manioc, les fruits/légumes par plus

de 65%, tandis que le blé, le sorgho, la patate douce, la colocase ne sont pas prises en

charge par ces intervenants.

Concernant les chaînes de valeur animales, les bailleurs de fonds multilatéraux et bilatéraux

mènent des activités de repeuplement du cheptel, non seulement pour la production du

fumier, mais aussi pour développer les chaînes de valeur lait et viande. Il faut noter que la

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plupart de ces projets se trouvent encore au stade de démarrage et la situation surtout

prévisionnelle se résume comme suit.

Table 4: Chaînes de valeur animales dans l’intervention des bailleurs de fonds

MINAGRIE / PNIA PRODEMA FIDA FAO PPCDR PAIOSA

Lait x x x x

Viande x x x x

Cuirs et peaux

Poissons

x x x

Œufs

Source : Données élaborées par la mission, juin2012

Les filières prescrites par l’autorité officielle sont constituées du lait, de la viande ainsi que

des cuirs et peaux. Les poissons et les œufs n’apparaissent pas dans la liste du PNIA mais

n’en restent pas moins stratégiques pour le développement du Pays. En particulier, l’activité

de pêche occupe une partie importante de la population le long du Lac Tanganyika et des

lacs du Nord du Pays. Elle a été pendant longtemps une activité de libre marché qui a fait,

dans le temps, la fortune des habitants le long du Lac Tanganyika, en particulier à Rumonge

et à Nyanza-Lac.

Choix des CdV par les ONG

Selon les données recueillies lors des interviews semi structurées, les ONG s’inscrivent

également dans la stratégie nationale agricole du Pays ainsi que dans le plan national

d’investissements agricoles arrêté par le Gouvernement du Burundi.

MINAGRIE

/ PNIA Christian

Aid IFDC

Caritas

Belgique

CORD ZOA CAPAD HCB Oxfam

Novib

Banane

x x

Riz

x

x x

Manioc

x

x x

Pomme de terre

x

x x x

Fruits et légumes

x x x x x

Maïs x

x x

Haricot

x

x x x

Soja x

Arachide

Tournesol x

Blé

Sorgho x

x

Miel x

Source : Données élaborées par la mission, juin 2012

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Comme vu pour les intervenants de la coopération multilatérale et bilatérale, les critères de

choix des chaînes de valeur chez les ONG dépendent des principes d’action inscrits dans

leurs valeurs (vision, mission), tout en respectant les priorités du gouvernement en la

matière. La contrainte budgétaire revêt une grande importance et limite généralement la

capacité d’investissement de ces organisations dans la diversité des chaînes de valeur

d’importance, en particulier les CdV animales qui demandent des fonds importants.

Les données du tableau ci haut montrent que ces organisations s’intéressent beaucoup aux

fruits/légumes, au riz, à la banane, au manioc. Très peu s’occupent des chaînes de valeur qui

sortent des sentiers battus (maïs, haricot, soja, arachide, tournesol, sorgho, blé) et aucune

n’investit dans les chaînes de valeur d’élevage, pêche et pisciculture.

2.2.3 Estimations des productions des chaînes de valeur alimentaires

Selon les données estimées de la mission conjointe (MINAGRIE, FAO, PAM, UNICEF)

d’évaluation des récoltes 2011 B, les principales cultures inscrites dans les chaînes de valeur

ont produit, au cours des deux dernières années, comme suit.

Table 5: Estimation des productions des principales cultures vivrières, années agricoles 2010 et 2011

Culture Production

2010 (T d’EC1) Production

2011 (T d’EC)

Banane 117 376 119 941

Haricot 200 684 208 665

Maïs 125 878 125 607

Sorgho 83 022 86 854

Riz 97 669 107 549

Blé 9 033 9 787

Manioc 136 084 142 138

Pomme de terre 5 851 5 954

Patate douce 335 804 341 214

Fruits et légumes 69 462 71 732

Total 1 180 862 1 219 441

Source : FAO, Evaluation des récoltes, 2011 B

Les quantités reprises ci-dessus résultent d’une estimation à partir d’enquêtes rapides des

saisons A et B et d’une projection des productions des saisons C de chaque année agricole.

Cependant, une enquête agricole nationale en bonne et due forme est en cours, qui

1 EC : unité de mesure de poids commune pour les cultures vivrières de différentes sortes : 1 kg d’EC vaut 1 kg

de céréale et de légumineuse, tandis qu’il équivaut à 0, 314 kg de tubercule et 0,00714 kg de banane. Pour couvrir les besoins alimentaire moyens, un adulte consomme 190 kg d’EC par an répartis bruts en 47 kg de céréales, 52 kg de légumineuses, 230 kg de racines et tubercules et à 264 kg de bananes et plantains correspondant à la ration minimale acceptable fournissant au moins 2100 kcal

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apportera des données plus précises des productions. La mission d’évaluation conclut que

cette production est en deçà des besoins pour nourrir près de 9 millions2 habitants qui

peuplent le Burundi. A chaque évaluation des récoltes, on constate que le gouvernement

est interpellé pour prendre certaines dispositions destinées à compléter les disponibilités

alimentaires insuffisantes en recourant par exemple aux importations et aides alimentaires.

Dans ces conditions, il est difficile d’envisager la promotion de l’entrepreneuriat agricole

dans un contexte de déficit alimentaire dû à une faible production. Cependant, cette

situation actuelle résulte de facteurs intrinsèques et extrinsèques qu’il est possible de

surmonter avant de s’engager résolument dans cette entreprise. Cela sera passé en revue

dans la section 3 de ce document.

En ce qui concerne les chaînes de valeur animales, bien des lacunes existent quant à la

disponibilité des données nationales des quantités de lait, viande, œufs et cuirs/peaux. Par

contre, des données concernant la pêche ont été collectées par la mission conjointe

d’évaluation des récoltes 2011 B.

En effet, en 2007, la mission de formulation de la stratégie nationale agricole dénombrait

11973 unités de pêche dont 2 unités industrielles, 738 unités de pêche coutumière, 328

unités de pêche artisanale simples, 129 unités de pêche artisanale avec ‘’appolo’’. Les

productions enregistrées à cette époque s’élevaient à 12 446 tonnes de poissons toutes

catégories confondues. Voici la situation avant et après cette année repère d’élaboration de

la stratégie agricole nationale.

Table 6: Quantités de poissons (en tonnes) capturés entre 2005 et 2011

Année agricole 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011

Quantités (T) 9 666 14 144 12 446 18 763 15 806 17 941 11 223

Source : FAO, Evaluation des récoltes, 2011

Malgré la contribution du Département des Pêches et Pisciculture, la chaîne de valeur

poisson a évolué pratiquement sans beaucoup d’appuis de la part des pouvoirs publics. Les

pêcheurs se sont toujours organisés à leur manière et ce n’est que longtemps plus tard que

le secteur a bénéficié de l’action de quelques bailleurs de fonds (projet DAPA, FAO).

2.2.4 Répartition des intervenants sur les CdV alimentaires

Dans le but de construire une cartographie des chaînes de valeur ainsi que celle des

intervenants y impliqués, la mission a rassemblé ces derniers dans deux groupes : les

2 Selon les projections à partir des résultats du Recensement Général de la Population de 2008

3 Selon le document de Stratégie Agricole Nationale (2008 à 2013)

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intervenants de la coopération multilatérale / bilatérale et les ONG. L’idée derrière cela est

que chaque groupe d’intervenants se distingue par la source de financement et l’approche

utilisée auprès des producteurs et leurs affiliés (l’Etat, les collectivités locales, les institutions

de micro finances, etc.)

a) Intervenants de la coopération multilatérale et bilatérale

Table 7: Intervenants de la coopération multilatérale et bilatérale

Institution multilatérale ou bilatérale

Zone d’intervention avec cette approche

Chaîne de valeur

PRODEFI/FIDA Ngozi, Cibitoke, Bubanza, Muramvya, Kayanza , Karuzi et Gitega

Riz, maïs, manioc, pomme de terre, haricot, soja, arachide, lait

Projet PAIVA-B / FIDA

Gitega et Karuzi Riz, lait

FAO Kirundo et certaines communes des Provinces de Ngozi, Kirundo, Kayanza

Riz, lait, ananas, fruits

PRODEMA/BM Ngozi, Kirundo, Muyinga, Cankuzo, Bubanza, Muramvya, Mwaro, Bururi, Makamba et Rutana

Riz, bananier, manioc, pomme de terre, café, thé, fruits/légumes, lait, viande

PPCDR/UE Kirundo, Muyinga, Cankuzo, Ruyigi et Rutana

Riz, tournesol, palmier à huile, bananier, lait, fruits /légumes

GIZ ADLP : Province Gitega

PPCR : certaines Communes de

Bujumbura Rural

Bananier, pomme de terre, maïs,

manioc

PAIOSA/CTB Les provinces de Kirundo et Cibitoke, Riz, sorgho, lait, pêche et pisciculture

DAI-PAIR/ USAID Kayanza, Muramvya Fruits et légumes, lait, café

Source : Christian Aid, in ‘’Atelier des intervenants dans le développement des chaînes de valeur

agricoles’’, Bujumbura Pearl Hotel, Mars 2012

De façon générale, on observe que la majorité de ces bailleurs de fonds interviennent de

l’amont à l’aval, de la production à la commercialisation des produits de consommation. Il

s’agit d’une démarche plutôt difficile à réaliser correctement en particulier lorsqu’il y a

plusieurs CdV à développer. Cependant, les bailleurs de fonds s’attaquent au principal

maillon, celui de la production ; en augmentant la production, l’on est amené à assurer le

développement de la conservation, de la transformation et parfois même de la

commercialisation pour limiter les pertes de production d’une part et pour générer des

revenus, d’autre part.

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De plus, l’approche adoptée varie du don total des éléments d’appui (intrants,

infrastructures de stockage) à celui exigeant un minimum de contribution en nature des

bénéficiaires (travaux agricoles, une partie des intrants). Les groupes cibles sont

généralement constitués de ménages vulnérables, femmes et femmes chefs de ménages,

ménages de groupes minoritaires (Batwa) organisés en Organisations des Producteurs (OP),

OPA, Organisations Communautaires de Base (OCB). Ces organisations souffrent

généralement du manque de cadre légal au niveau national ; elles fonctionnent sous le

régime administratif jusqu’au niveau communal et/ou provincial.

b) ONG intervenant dans les CdV alimentaires (carte)

ONG internationale ou locale

Zone d’intervention avec approche CdV Chaînes de valeur

Christian Aid Kirundo, Muyinga, Ruyigi , Gitega, Kayanza et Rutana

Tournesol, soja, miel, sorgho, maïs

IFDC-Projet CATALIST Kirundo, Kayanza, Bujumbura Rural, Muramvya, Ngozi, Makamba, Cibitoke

Riz, pomme de terre, haricot volubile, fruits/légumes, blé, manioc ;

Caritas International Belgique

certaines communes de la Province de

Cibitoke et Bururi (Rumonge)

Fruits (ananas, agrumes)

CORD Rutana (communes Giharo et Rutana) Riz, fruits

ZOA (Consedi, Miparec, Réseau 2000+)

Makamba Haricot, maïs, pomme de terre

CAPAD Toutes moins Cankuzo, Ruyigi, Muyinga, Bururi,

Riz, pomme de terre, banane, maïs, haricot, sorgho, légumes, arachide, maïs, manioc

Help Channel Burundi

Kirundo, Rutana, Bururi, Muramvya, Mwaro

Fruits/légumes, pomme de terre

COPROSEBU Gitega, Kayanza, Mwaro, Muramvya, Semences de pomme de terre, maïs,

Source : Christian Aid in Atelier des intervenants dans le développement des chaînes de valeur

agricoles, mars 2012

Il serait illusoire de prétendre avoir touché toutes les ONG œuvrant au Burundi sur les

chaînes de valeur ; leur présence dans le tableau a été le fait, soit de les avoir visitées, soit

d’avoir eu accès à leurs informations. Il suffit de se référer aux organisations diocésaines

catholiques et protestantes qui travaillent généralement en partenariat avec les bailleurs de

fonds et les ONG ci haut mentionnées pour le développement des chaînes de valeur.

Les chaînes de valeur prises en charge par les ONG sont également classiques et concernent

principalement le riz, les fruits, la banane et le manioc, à l’exception de Christian Aid qui sort

un peu des sentiers battus avec le tournesol, le miel et le sorgho.

Page 14: Esquisse de l’état des lieux des chaînes de valeur et de l ...€¦ · 3.2 Analyse SWOT de la problématique de l’entrepreneuriat agricole au urundi ... Année Café vert Thé

12

Les approches d’appui sont également diversifiées selon les principes d’action des ONG

comme suit:

- groupes cibles : généralement spécifiques avec les ménages pauvres, les femmes, les

veuves, les jeunes, les minorités, etc. organisés en associations, coopératives ou

organisations pré-coopératives;

- maillons des chaînes appuyés : vont généralement droit vers un maillon donné de la

chaîne de valeur (par ex. transformation, commercialisation, etc.) ;

- zones d’intervention : le choix dépend des principes d’intervention de l’ONG et une

convention avec l’Etat du Burundi est préalablement signée ;

- modalités de cession de l’élément d’appui:

o appui à fonds perdus ou don total (animaux, fonds, infrastructures, etc.) : est

en train de disparaître avec le retour du Pays à la paix et la diminution de

l’aide d’urgence ;

o appui avec participation du bénéficiaire : travaux agricoles, certains intrants

d’accompagnement ;

o appui à travers la mise en relation des bénéficiaires avec les Institutions de

Micro Finances (IMF);

Les organisations des bénéficiaires s’inscrivent dans un cadre légal défini par la loi n° 1/11

du 18 Avril 1992 qui reconnaît les organisations connues sous l’appellation d’associations

sans but lucratif (ASBLs), de coopératives et de sociétés.

Localisation des intervenants sur les CdV

La localisation exacte souffrira certainement du manque de détails au niveau communal

pour bien cerner le degré de couverture des intervenants œuvrant dans des provinces

similaires. Ceci devrait faire l’objet d’approfondissement dans le cadre d’un travail ultérieur

plus fouillé qui pourrait, en fin de compte, analyser le degré de chevauchements et de

sollicitations par différents intervenants sur les mêmes populations bénéficiaires en mettant

en œuvre diverses approches sur ces dernières.

En étendant la couverture d’intervention avec approche chaînes de valeur sur l’ensemble du

territoire national, on trouve que certaines provinces hébergent plus d’intervenants CdV

que d’autres. Les exemples sont Kayanza qui a 9 intervenants CdV dont trois bailleurs de

fonds et 6 ONG, Kirundo et Rutana qui enregistrent huit intervenants et Muramvya / Gitega

qui en comptent chacune environ sept.

Cependant, certaines provinces en comptent peu ; c’est le cas de Bururi, Cankuzo et Ruyigi

qui n’ont que trois intervenants CdV chacune. En particulier, Bujumbura Mairie souffre du

Page 15: Esquisse de l’état des lieux des chaînes de valeur et de l ...€¦ · 3.2 Analyse SWOT de la problématique de l’entrepreneuriat agricole au urundi ... Année Café vert Thé

13

manque d’encadrement excepté le projet HUP (Horticulture Urbaine et Périurbaine) financé

par la CTB. Les détails provinciaux se trouvent en annexe 5 de ce document.

Table 8: Couverture par les intervenants à approche CdV sur le territoire national

N° MINAGRIE /PNIA Bailleurs ONG

Total S/Total S/Total

1 BUBANZA 2 2 4

2 BUJUMBURA 1 3 4

3 BURURI 1 2 3

4 CANKUZO 2 1 3

5 CIBITOKE 2 3 5

6 GITEGA 3 4 7

7 KARUSI 2 3 5

8 KAYANZA 3 6 9

9 KIRUNDO 4 4 8

10 MAKAMBA 1 4 5

11 MURAMVYA 3 4 7

12 MUYINGA 2 2 4

13 MWARO 2 2 4

14 NGOZI 3 3 6

15 RUTANA 3 5 8

16 RUYIGI 2 1 3

17 BUJUMBURA MAIRIE 1 0 1

Source : Données recueillies par la mission, juin 2012

On notera que la présente mission n’est pas à mesure d’appréhender l’impact des

intervenants sur les CdV par la seule présence signalée dans une province. Ceci est d’autant

plus vrai que l’effectif élevé d’intervenants ne signifie pas nécessairement l’efficacité dans

l’intervention puisqu’une seule organisation peut réussir la prise en charge de toute une

province à condition que les facteurs de succès soient réunis : l’enveloppe budgétaire,

l’organisation interne, les ressources humaines nanties de capacités requises, etc.

En tout état de cause, la mission ne peut pas s’empêcher de lancer le pavé dans la mare en

se posant la question de comment les bénéficiaires des interventions parviennent à

répondre aux attentes des nombreux bailleurs pouvant se rencontrer sur la même colline le

même jour et avec des approches différentes, autour d’une même chaîne de valeur.

Le schéma suivant constitue une tentative de représenter les sollicitations auxquelles font

face les bénéficiaires d’appuis sur les chaînes de valeur agricoles de la part de plusieurs

intervenants bailleurs de fonds et ONG. L’exemple ci-dessus est pris sur le riz dans le marais

de Cumva-Karamagi et concernent les organisations de producteurs de la colline de

Karamagi en commune de Kirundo.

Page 16: Esquisse de l’état des lieux des chaînes de valeur et de l ...€¦ · 3.2 Analyse SWOT de la problématique de l’entrepreneuriat agricole au urundi ... Année Café vert Thé

14

Figure 1: Niveau de sollicitations de divers intervenants sur la CdV Riz auprès des organisations des producteurs (OP)

Dans ce schéma, ne sont prises en compte que quelques organisations impliquées dans le

développement des chaînes de valeur alors qu’il en existe d’autres n’ayant pas cette

approche et opérant sur la même colline.

3. ENTREPRENEURIAT AUTOUR DES CHAINES DE VALEUR AU BURUNDI

3.1 Entrepreneuriat agricole, qu’est-ce à dire ?

Dès lors que le concept est nouveau au Burundi et qu’il est en train de glisser dans la

terminologie et la préoccupation des développeurs, il convient de se demander qu’est-ce

que l’entrepreneuriat ?

L’entrepreneuriat est le développement de l’esprit d’entreprise qui conduit à la création et à

la mise en œuvre effective d’un projet ou d’une entreprise. On serait tenté de dire que c’est

aussi la propension qu’a un opérateur d’investir ou d’injecter des fonds dans un projet

destiné à réaliser des entrées de recettes monétaires. Mais l’entrepreneuriat va plus loin

qu’investir, car, ne peut-on pas investir sans avoir l’esprit d’entrepreneuriat, mais seulement

du fait d’amis ou de parents qui demandent la participation à un projet. L’entrepreneuriat

est plus personnel et dépend de la volonté de se lancer vers une spéculation déterminée, ce

qui requiert en plus du savoir faire dans le domaine, des compétences techniques et des

ressources, une volonté de se réaliser à travers un projet.

Qu’est-ce que l’entrepreneuriat agricole ?

C’est l’accroissement des flux d’investissements du secteur privé vers le secteur agricole, en

mobilisant des ressources pour le développement de l’agri business et des agro-industries

avec (ou sans) appui de systèmes financiers.

L’agri business est l’activité économique des privés dans les opérations réparties tout au

long d’une chaîne de valeur : production, transformation et distribution des produits

OP Riz sur colline Karamagi

commune Kirundo

Province de Kirundo

PPCDR

LIAM

PAIOSA

FAO

ISABU

Université de Ngozi

Page 17: Esquisse de l’état des lieux des chaînes de valeur et de l ...€¦ · 3.2 Analyse SWOT de la problématique de l’entrepreneuriat agricole au urundi ... Année Café vert Thé

15

agricoles (production, stockage, traitement, distribution et transformation des matières

premières agricoles). Il est primordial d’indiquer qu’il s’agit d’initiatives privées par

opposition aux activités de l’Etat dont le rôle doit se limiter à la facilitation et à la création

d’un environnement propice aux affaires.

3.2 Analyse SWOT 4 de la problématique de l’entrepreneuriat agricole au

Burundi

Certains intervenants considèrent que le petit exploitant, disposant d’un minimum de terre

peut déjà être considéré comme un entrepreneur agricole, dès lors qu’il produit sur son

petit plot avec son propre plan d’exploitation et ses propres moyens. Cependant, dans son

plan national d’investissements agricoles, le gouvernement propose de cibler des

agriculteurs ayant au moins 1ha de terre, au lieu du 0,50 ha actuel, qui pourraient

réellement se lancer dans l’agri business et le professionnalisme agricole.

De son côté, la chambre sectorielle d’agri business a déjà défini le champ d’application du

concept à partir de ce qu’ils ont appelé l’agriculteur professionnel, l’éleveur professionnel,

le pêcheur professionnel, qui sont des entrepreneurs dans ces domaines respectifs. Elle

considère que ces derniers doivent avoir au minimum et exploiter, soit 6 ha de terres, 10

têtes de gros bétail, ou une embarcation de pêcheur. L’entrepreneur agricole doit, en plus,

tirer l’essentiel de ses revenus de l’activité agricole ou pastorale.

3.2.1 Les forces

Existence de terres de marais non encore exploitées : environ 19000 ha de terres de

marais soit non exploités ou exploitées irrationnellement parce que non aménagées ou

mal aménagées et qui pourraient augmenter l’extension des espaces cultivés ; ces terres

sont généralement encore fertiles et pourraient porter surtout la riziculture dans

beaucoup de régions du pays.

Une population très laborieuse assurant quotidiennement les travaux agricoles grâce à

la main-d’œuvre familiale avec un équipement agricole non performant;

Le pays regorge de sources et de cours d’eau ainsi que des pluies abondantes réparties

presque sur toute l’année; ceci devrait permettre à l’agriculture d’effectuer plusieurs

saisons avec des cultures à court cycle.

Plusieurs types de chaînes de valeur pouvant, non seulement fournir une alimentation

riche et variée, mais aussi un vaste champ de sélection de chaînes de valeur

4 SWOT : Strengths, Weeknesses, Opportunities and Trheats (Forces, Faiblesses, Opportunités et Menaces)

Page 18: Esquisse de l’état des lieux des chaînes de valeur et de l ...€¦ · 3.2 Analyse SWOT de la problématique de l’entrepreneuriat agricole au urundi ... Année Café vert Thé

16

correspondant au choix de l’entrepreneur pour la transformation et la

commercialisation.

3.2.2 Les opportunités

Du point de vue institutionnel

Des instruments administratifs et juridiques ont été mis en place par le gouvernement pour

faciliter l’émergence du secteur privé dans les activités économiques du pays, y compris

l’entrepreneuriat agricole:

- un ensemble de lois favorisant l’entrée des privés comme entrepreneurs y compris

dans l’agriculture :

o Loi portant code des investissements ;

o Loi déterminant les avantages fiscaux en relation avec la loi ci-dessus ;

o Ordonnance ministérielle portant mesures dérogatoires aux deux lois ci-

dessus ;

o Ordonnance ministérielle portant mesures d’application des lois sur le code

des investissements et celui des avantages fiscaux ;

- une agence de promotion des investissements (API) pour l’orientation et la

facilitation des démarches dans le doing business et en faveur des investisseurs ;

- le Bureau Burundais de Normalisation (BBN) pour le contrôle de qualité des produits

y compris les produits agricoles ;

- la Stratégie Nationale Agricole, le Programme National d’Investissements Agricoles,

le Cadre Stratégique de Croissance et de Lutte contre la Pauvreté, etc. sont autant

d’outils de référence pour orienter les investisseurs voulant se lancer dans l’agri

business au Burundi ;

- le secteur privé s’est restructuré et a créé la chambre fédérale comprenant douze

chambres sectorielles dont celle d’agri business et de développement rural ;

- l’adhésion du Burundi à l’East African Community offre des opportunités énormes de

marchés pour les produits agricoles dont cette partie du monde manque

cruellement.

b) Du point de vue financier

La présence de la Banque Nationale pour le Développement Economique (BNDE) est un

atout qui devrait jouer un rôle moteur dans le financement des initiatives en faveur de

l’investissement agricole. Outre les campagnes café, les chaînes de valeur pour lesquelles la

Banque a accordé des crédits sont surtout le riz (campagnes riz), le palmier à huile, la

pomme de terre, le maïs, le bananier, le manioc ainsi que le bovin. Le total sur ces cinq

Page 19: Esquisse de l’état des lieux des chaînes de valeur et de l ...€¦ · 3.2 Analyse SWOT de la problématique de l’entrepreneuriat agricole au urundi ... Année Café vert Thé

17

dernières années s’élève à près de 9 milliards de FBU. De plus, depuis le début de ses

activités, la Banque s’est occupée du secteur agricole à concurrence de 46,5% des crédits

cumulatifs accordés.

De même, l’existence de plusieurs institutions de micro finances (IMF) réunies au sein du

Réseau des Institutions de Micro finances (RIM) et réparties à travers les provinces et

communes du pays constitue une importante source de financement des projets agricoles.

En particulier, les Coopécs sont déjà implantées à travers le pays comme on peut le voir sur

la carte de leur localisation en annexe 3.

c) Du point de vue technique

La recherche a mis au point du matériel végétal assez performant pour certaines variétés

bien que des pas supplémentaires soient encore à faire dans leur amélioration et leur

vulgarisation. La recherche est assurée par les institutions publiques : l’ISABU, l’IRAZ, les

universités (Facagro, Ngozi) ainsi que par des privés comme Agrobiotec et Phytolabu. Des

paquets technologiques sont disponibles pour permettre au secteur privé d’investir dans les

chaînes de valeur jugées rentables.

De plus, le monde rural commence à s’organiser de façon à former des ensembles locaux

capables de produire massivement pour une chaîne de valeur déterminée, adaptée à la

région et porteuse. Des contrats de production peuvent être passés entre les producteurs

organisés en coopératives avec des entrepreneurs investissant dans le secteur agricole et

des économies d’échelle sont également envisageables avec la collaboration de producteurs

ainsi organisés (entreposage communautaire, diminution des frais de transport si groupé,

etc.).

3.2.3 Les faiblesses:

Comme amorcé déjà plus haut dans ce document, le secteur agricole renferme beaucoup de

défis qu’il convient de lever en vue d’attirer les investisseurs privés désireux d’entreprendre

en toute sécurité pour leurs investissements. Très brièvement, la problématique de

l’entrepreneuriat agricole se résume par le schéma suivant :

Page 20: Esquisse de l’état des lieux des chaînes de valeur et de l ...€¦ · 3.2 Analyse SWOT de la problématique de l’entrepreneuriat agricole au urundi ... Année Café vert Thé

18

Figure 2: Schéma contextuel de l'entrepreneuriat agricole au Burundi, juin 2012

A partir d’une faible production responsable de l’actuelle malnutrition rapportée sur

l’ensemble du territoire national, comment peut-on amorcer l’agri business au Burundi ?

Il s’agit d’un ensemble de contraintes techniques majeures, les unes relativement faciles, les

autres absolument compliquées à lever pour laisser le champ libre à l’entrepreneuriat

agricole. Il ne suffira peut-être pas de créer tout l’environnement des affaires si ces

contraintes techniques majeures ne sont pas levées ou atténuées.

L’insuffisance des terres cultivables due à leur atomisation causée par l’énorme

poussée démographique actuelle; ceci a occasionné des niveaux bas de fertilité due

à leur surexploitation, ce qui nécessite l’application massive d’amendement et de

fertilisants qui engagent beaucoup de fonds d’achat et qui alourdissent le capital

d’investissement.

Une faible productivité due, non seulement à la stérilité des sols, mais aussi à la

faible performance des variétés cultivées ; ce qui n’encourage pas l’entrepreneur

agricole au risque d’occasionner des pertes de capital ou d’enregistrer des marges

bénéficiaires dérisoires. Par exemple, les variétés de pomme de terre mises en

culture au Burundi n’enregistrent que des rendements moyens de 8 à 10 tonnes/ha

alors que des variétés du Rwanda ou des pays Bas donnent respectivement 40 et 100

tonnes/ha. Il en est de même pour le maïs hybride utilisé dans certains pays de l’AEC

qui peut donner plus de cinq fois les rendements connus au Burundi.

Faible accès aux intrants agricoles dû à leur pénurie sur le marché ainsi qu’à leur prix

élevé dépassant le pouvoir d’achat des agriculteurs qui est déjà très faible à cause de

leur pauvreté exacerbée par les effets d’une longue guerre civile;

Faible production Malnutrition Agribusiness

Page 21: Esquisse de l’état des lieux des chaînes de valeur et de l ...€¦ · 3.2 Analyse SWOT de la problématique de l’entrepreneuriat agricole au urundi ... Année Café vert Thé

19

Le faible niveau technologique illustré par l’utilisation exclusive de la houe comme

seul outil agricole; ce qui ralentit les travaux, rend le travail agricole extrêmement

pénible et décourage les investisseurs dans le secteur ;

Le niveau élevé d’analphabétisme des agriculteurs qui empêche les agriculteurs à

former de grands ensembles agricoles comme les coopératives de production, de

transformation et de commercialisation.

3.2.4 Les menaces

Insuffisance des financements dans le secteur agricole

L’agriculture est considérée comme un secteur à hauts risques de pertes pour plusieurs

raisons dont la non maîtrise des conditions de cultures. L’agriculture dépend presque

totalement des conditions naturelles de pluies qui sont devenues erratiques depuis ces

dernières années. Dans ces conditions, les banques et institutions financières hésitent à

juste titre à accorder des crédits non assorties de garanties et/ou d’assurances. Les

assurances, elles-mêmes ne sont pas prêtes à garantir des crédits à très haut risque et le

cercle vicieux peut se fermer.

Dans le rapport du RIM sur les indicateurs de performance 2010, les IMF réunies en son sein

n’ont accordé que 25,7% de leurs crédits au secteur Agriculture et Elevage, contrairement

aux 52,24% alloués aux activités commerciales. Ceci résulte très probablement du niveau de

risque que présente ce secteur, du manque d’information des agriculteurs au sujet des IMF,

du mauvais système de garanties et de nantissement de ces dernières qui sont, par ailleurs,

de création récente à l’exception des Coopécs.

De plus, leur localisation à travers le pays est inégalement répartie puisque 66 points de

service sur un total de 186 se trouvent au Nord du pays comme on peut le voir au tableau

suivant.

Table 9: Localisation des IMF au sein du RIM

Région de desserte Provinces Nombre de points de service

Taux (%)

Région Nord Ngozi, Kayanza, Kirundo, Muyinga 66 35,5

Région Centre Gitega, Muramvya, Mwaro, Karusi 40 21,5

Région Sud Bururi, Makamba, Rutana 31 16,7

Région Ouest Bubanza, Bujumbura, Cibitoke 15 8,1

Région Est Ruyigi, Cankuzo 14 7,5

Total 186 100,0 Source : Rapport sur les indicateurs de performance des établissements de micro finance membres du RIM,

édition 2010

Page 22: Esquisse de l’état des lieux des chaînes de valeur et de l ...€¦ · 3.2 Analyse SWOT de la problématique de l’entrepreneuriat agricole au urundi ... Année Café vert Thé

20

Les régions Est et Ouest souffrent particulièrement de la rareté des services des IMF

puisqu’elles enregistrent relativement peu de points de services par rapport au reste du

pays.

Concernant l’existence de la BNDE, cette dernière est là depuis plus de 44 ans mais n’a

qu’une seule agence à l’intérieur du pays (agence de Ngozi), ce qui contribue largement à la

méconnaissance de ses services par une importante partie de la population.

La formation agricole et l’entrepreneuriat

Les écoles de formation réparties à travers le Pays ont sorti et sortent encore plusieurs

lauréats capables d’encadrer les activités agricoles en général et les entrepreneurs

potentiels en particulier. L’on constate malheureusement que parmi ces lauréats, peu

d’entre eux deviennent des entrepreneurs agricoles malgré le paquet de connaissance qu’ils

possèdent. Ceci fait que l’agri business est laissé aux personnes techniquement peu aptes,

seulement nantis de moyens et de leur esprit entrepreneurial.

3.3 Exemples d’entrepreneuriat autour des chaînes de valeur agricoles

On peut dire que l’entreprenariat agricole au Burundi a commencé avec les chaînes de

valeur industrielles, au départ entièrement gérées par l’Etat, à partir du moment où des

opérateurs intermédiaires à des degrés divers ont commencé à collecter le café, à le

transporter vers les lieux de transformation, de commercialisation et de consommation.

Cependant, les principaux maillons porteurs de ces chaînes de valeur (en aval de la

production) sont restés dans les mains de l’Etat et il serait malaisé de parler encore

d’entrepreneuriat agricole à ce stade.

Avec toujours l’exemple du café, l’entrepreneuriat agricole a réellement pris son vrai visage

avec la privatisation des sociétés de lavage SOGESTAL et de dépurchage (SODECO) qui est en

cours actuellement. Plusieurs sociétés privées ont émergé dans cette chaîne de valeur

notamment dans l’opération de lavage et de dépurchage ainsi que dans la

commercialisation du café cerise, café parche, café vert et café torréfié.

Du côté de la filière thé, l’implication des privés est très récente avec la création de

plantations et d’une usine privées dans les régions de production. Actuellement, même dans

la région du sud du pays autrefois dépourvue de cette culture, on voit des organisations

théicoles qui se mettent en place en attendant les résultats des nouvelles plantations à ce

jour en essai dans la région.

Page 23: Esquisse de l’état des lieux des chaînes de valeur et de l ...€¦ · 3.2 Analyse SWOT de la problématique de l’entrepreneuriat agricole au urundi ... Année Café vert Thé

21

Table 10: Intervenants dans les chaînes de valeur industrielles

Culture Gouvernement du Burundi

Acteurs privés

Café ARFIC, SOGESTAL, SODECO

BUDECA, BUCAFE, CBC, COFICO, SIVCA, WEBCOR, SONICOFF

Thé OTB PROTHEM, CAFPIN, CAMELLIA, + 2 autres du secteur sud

Coton COGERCO -

Canne à sucre SOSUMO 50% SOSUMO, Tanganyika Business Company

Quinquina SOQUINABU -

Palmier à huile OHP UATH, HPB, COGEMINI, RUPO

Source : Données recueillies par la mission, juin 2012

Il est à noter toutefois, que l’Etat garde encore une grande partie des activités dans ces chaînes de valeur dites industrielles, même s’il tend à se désengager au profit des privés.

Concernant les chaînes de valeur alimentaires, la situation est différente ; hormis la filière

riz qui a bénéficié d’efforts particulièrement importants de la part de l’Etat, toutes ont

évolué avec peu d’intervention comparée aux chaînes de valeur dites industrielles. De façon

générale, la main mise de l’Etat est due à :

- la finalité d’exportation des productions de ces chaînes de valeur qui constituent la

source principale des devises pour le Pays ;

- la longueur de la chaîne avant d’aboutir à la consommation, ce qui intéresse peu

l’agriculteur sensé tirer rapidement profit du fruit de son labeur.

La situation de l’entrepreneuriat autour des chaînes de valeur alimentaires se résume

comme suit :

Table 11: Intervenants dans les chaînes de valeur alimentaires

Culture Gouvernement du Burundi, projets et ONG

Acteurs privés

Riz SRDI (avec rizerie), décortiqueuses offertes par la FAO

Plusieurs décortiqueuses privées dans et en dehors de la SRDI, des OP pour l’étuvage du riz

Banane 5 PRODEMA, PPCDR, PAIOSA, FAO, GIZ /production

SOVIBU (Cibitoke), Farmer’s Brewery Company (Ngozi) pour la transformation

Pomme de terre

Centres semenciers COPROSEBU (semences), pas d’unités de transformation, mais plusieurs hangars de stockage pour des OP

Manioc6 PRODEFI, PRODEMA, FAO, GIZ Plusieurs petites unités de mouture du manioc, GARI

Blé - MINOLACS (Minoterie de Muramvya), plusieurs boulangeries dans et en dehors de Bujumbura

Tournesol PPCDR, Christian Aid Mutwenzi

5 Intervention des projets orientée vers la protection contre les maladies récentes (flétrissement bactérien)

6 Interventions des projets contre la mosaïque du manioc depuis près de 10 ans

Page 24: Esquisse de l’état des lieux des chaînes de valeur et de l ...€¦ · 3.2 Analyse SWOT de la problématique de l’entrepreneuriat agricole au urundi ... Année Café vert Thé

22

Maïs ZOA, CAPAD, Christian Aid AZAM, FARISANA, PEMBE

Sorgho contrepartie gouvernementale et EUCORD

BRARUDI (groupe Heineken)

Fruits Caritas International Belgique, FAO et la plupart des organisations avec approche CdV

Fruito, fruitropic, Akezamutima, Akanovera, CEDECOKI, Agahore, Akayazwe, Burasine, Brasserie de Ngozi,

Lait Centres de collecte initiés par les projets

Plusieurs producteurs de lait autour des centres urbains, principalement Bujumbura ; Natura, laiterie de Bukeye, Kiryama ;

Viande - SOGEAB (ex Abattoir de Bujumbura)

Cuirs et peaux

TANNIBU

Source : Données recueillies par la mission, juin 2012

La question que l’on est en droit de se poser est : quel est le lien (de collaboration) entre les

opérateurs privés ci-dessus et les organisations qui œuvrent déjà sur ces chaînes de valeur ?

4. AGRI-HUB BURUNDI ET LA PROMOTION DE L’ENTREPRENEURIAT AGRICOLE

4.1 Concepts d’Agri-Pro Focus et d’Agri-Hub

Fondée en 2005, Agri-Pro Focus (APF) est une plate-forme créée par 34 organisations

néerlandaises constituées par des agences de développement, des institutions de crédit, de

formation et de recherche ainsi que par des sociétés privées. Toutes ces organisations

partagent la même mission, celle d’appuyer la promotion de l’entreprenariat agricole

auprès des petits exploitants dans le contexte de la réduction de la pauvreté et de

l’insécurité alimentaire dans les pays en développement. Au cours des deux dernières

années, cette approche-réseau a été transférée dans les pays en développement et le

nouveau réseau local ainsi créé s’appelle un Agri-Hub pays.

Actuellement, il existe 10 réseaux Agri-Hubs en Afrique (Rwanda, Ethiopie, Mozambique,

Zambia, Bénin, Mali, Niger, Uganda, Kenya et Tanzanie) collaborant étroitement avec les

Ambassades et ONG d’origine néerlandaise installées dans les pays concernés.

4.2 Projet de création de l’Agri-Hub Burundi

Agri-Pro Focus entreprend de créer un ensemble ‘’Agri-Hub Grands-lacs’’ constitué de trois

agri-hubs : Agri-Hub Rwanda qui est déjà fonctionnel et deux de l’Est de la RDC et du

Burundi qui sont à mettre en place.

L’ONG ICCO&Kerk in Actie a été mandatée pour prendre le lead et démarrer l’Agri-Hub

Burundi à partir de la fin du mois de Juin 2012. Beaucoup de questions ont été posées

concernant l’aspect institutionnel d’Agri-Pro Focus et d’Agri-Hub au Burundi comme aux

pays Bas et la mission tente une représentation schématique comme suit.

Page 25: Esquisse de l’état des lieux des chaînes de valeur et de l ...€¦ · 3.2 Analyse SWOT de la problématique de l’entrepreneuriat agricole au urundi ... Année Café vert Thé

23

Représentation schématique :

PAYS BAS

Pays Bas

Burundi

Burundi :

4.3 Mission d’Agri-Hub Burundi et partenariats

La mission d’Agri-Hub Burundi est de promouvoir l’entreprenariat rural et agricole par

l’amélioration de l’accès des petits exploitants aux financements, aux intrants et au marché

des chaînes de valeur. Cette amélioration passera par la création d’une plate-forme

d’échanges ainsi que d’un partenariat (local, régional et international) entre les Producteurs,

Organisations des Producteurs (OP) des chaînes de valeurs et divers intervenants :

Partenariat local :

o les entreprises agricoles locales et internationales tisseront des liens de

coopération avec les producteurs locaux pour mener des affaires ensemble

dans le domaine de l’agriculture;

o les instituts de recherche publique et privée donneront leurs contributions

pour la disponibilisation des paquets technologiques adéquats au réseau et la

satisfaction des besoins prioritaires des agriculteurs;

o les services étatiques du Ministère de l’Agriculture et de l’Elevage ainsi que

ceux du Ministère du Commerce /Industrie ;

o les Agences internationales ;

o les institutions financières et les maisons d’assurances ;

o la Chambre Fédérale du Commerce, de l’Industrie et du Tourisme et la

Chambre Sectorielle d’Agri business,

AGRI-PRO FOCUS : 34 organisations dont,

ICCO Heineken OXFAM IFDC

Agri-Hub Burundi

Etc.

Page 26: Esquisse de l’état des lieux des chaînes de valeur et de l ...€¦ · 3.2 Analyse SWOT de la problématique de l’entrepreneuriat agricole au urundi ... Année Café vert Thé

24

Partenariat régional :

Agri-Pro Focus créera une approche régionale pour la mise en réseau d'entrepreneuriat des

agriculteurs. La logique derrière l’Agri Hub régional est que le Burundi, le Rwanda et l’Est du

Congo auront des Agri Hubs et coordinateurs indépendants. En plus de leurs activités

nationales, ils coopéreront également comme « Grands Lacs » en organisant des échanges

régionaux et certaines planifications conjointes auront lieu à un niveau plus élevé.

Par ex. l’accès à un marché d’intrants et de produits peut être étendu à la région qui souffre

actuellement de manque d’information et de communication entre acteurs des mêmes

chaînes de valeur.

Partenariat international :

Les opérateurs économiques burundais ou des Grands Lacs établiront des relations

commerciales et d’échanges avec les entreprises néerlandaises pour stimuler la naissance

d’investissements conjoints.

4.4 Objectifs du lancement d’Agri-Hub Burundi

Le gouvernement du Burundi a lancé, en 2011, le Programme National d’Investissement

Agricole (PNIA) pour la période 2012-2017 ; c’est un plan comportant de fortes

préoccupations quant à la faible implication actuelle des privés et à la persistance du

monopole de l’Etat dans le secteur agricole ainsi qu’au manque d’organisation et de

financement au sein des filières porteuses. Afin de lever les inquiétudes perçues par le

gouvernement, il est nécessaire de mettre en œuvre des scénarios visant à organiser et à

rapprocher les intervenants déjà impliqués dans les chaînes de valeur prioritaires et d’inciter

l’initiative privée à investir sur base d’informations et d’expériences concluantes tentées

ailleurs.

L'objectif principal du lancement d’Agri-Hub Burundi sera de rassembler les partenaires de

développement crédibles (développement rural, agricole et les professionnels) au sein d’un

même réseau professionnel pour appuyer le concept d'Agri-Pro Focus qui vise à renforcer

l'esprit d'entrepreneuriat agricole afin d’améliorer le niveau des revenus des petits

producteurs agricoles.

4.5 Principe et mode d’intervention des agri-hubs

Un Agri-Hub n’est pas un projet de développement qui injecte des fonds pour l’exécution

d’activités ciblées et planifiées. Il s’agit plutôt d’un cadre d’échanges offert à un ensemble

d’intervenants impliqués dans la promotion de l’entreprenariat agricole. Souvent, des

acteurs investissent dans une même chaîne de valeur sans se connaître, sans information

sur les opportunités d’affaires, de marché et de financements.

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Agri-Hub Burundi favorisera, stimulera le partage d’informations, aidera dans la mise en

valeur des synergies ainsi créées au sein du réseau. Pour cela, les acteurs accepteront de

briser les barrières ou les murs qui les séparent actuellement afin de prendre place sur une

plate-forme en vue d’imprimer une nouvelle dynamique à leur propre développement. Les

acteurs doivent comprendre qu’ils n’entreprennent pas cette démarche pour développer les

autres, mais adhèreront à ce réseau afin de mieux organiser leur propre développement à

partir de l’expérience croisée.

Agri-Hub Burundi créera un terrain commun matérialisé par un site web où tous les acteurs

pourront poster les résultats de leurs investigations, les sujets d’inquiétude ou de réussite,

les requêtes d’adhésion, etc. De plus, des rencontres seront organisées à l’intention des

acteurs/partenaires rassemblés en réseau afin de débattre de sujets de préoccupation

commune et de trouver un terrain d’entente sur des points de divergence d’opinion et

d’action.

4.6 Atelier de lancement d’Agri-Hub Burundi

4.6.1 Préparation

La présente mission a été mandatée pour procéder à la préparation de l’atelier de

lancement de l’Agri-Hub Burundi. Pour cela, un travail d’identification des Chaînes de

Valeur, de leur localisation ainsi que des intervenants impliqués dans leur développement a

été présenté comme un préalable afin de fournir des données y relatives. En particulier, une

identification des acteurs afin de les convier à l’atelier de lancement a été réalisée et les

résultats sont les suivants.

Table 12: Résultats de l’identification des acteurs impliqués dans le développement des CdV

Types d’organisations Organisations identifiées et contactées

ONG internationales Caritas International Belgique, Care International Burundi, Christian Aid, LVIA,

Instituts de recherche ISABU, AGROBIOTEC, IDEC, CNTA, CURDES, FACAGRO

Agences des NU FAO, IFAD, PRODEFI, PARSE, PRODEMA

Projet de l’Union européenne PPCDR

ONG néerlandaises IFDC, ZOA, SPARK, Oxfam Novib

Transformateurs de fruits Fruito, Fruitropic, Akezamutima

Organisations de Producteurs CAPAD, COPROSEBU

Services étatiques MINAGRIE, API, Coordination des ONG

Services financiers BNDE, RIM

Coopération bilatérale PAIOSA, GIZ (ADLP, PPCR)

ONG locales Help Channel Burundi (HCB), CASOBU, OAP, Food for the Hungry Burundi, BBIN, ADISCO,

Secteur privé: CFICB Chambre sectorielle d’agri business

Source : Données élaborées par la mission, juin 2012

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26

La mission a noté quelques ONG qui n’ont marqué leur accord ni de participation à l’atelier

de lancement ni d’adhésion à Agri-Hub Burundi: CORD, Concern World Wide, Terre des

Hommes.

L’adhésion effective à l’Agri-Hub Burundi sera concrétisée lors de l’atelier de lancement

devant se tenir en dates du 28 et 29 juin 2012 à Bujumbura.

4.6.2 Choix des CdV pour Agri-Hub Burundi

Le choix des chaînes de valeur à être développées par Agri-Hub Burundi sera fait lors de

l’atelier de lancement. Toutefois, il est nécessaire d’avoir à l’esprit que ce processus de

choix suive les préférences déjà affichées par les intervenants. Si par exemple, la filière riz

intéresse beaucoup d’intervenants, il est fort probable que cette dernière fasse l’objet d’une

chaîne de valeur avec un chef de file qui peut être soit désigné par consensus, soit élu, etc.

5. CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS

De tout ce qui précède, il sied de formuler les principales conclusions retenues dans cette

rapide revue des chaînes de valeur.

1) Une chaîne de valeur est une suite d’opérations exécutées par des opérateurs

internes mais appuyées par des facilitateurs externes et très diversifiées :

production, conservation, transport, transformation, distribution et

commercialisation;

2) Les chaînes de valeur les plus connues au Burundi sont constituées principalement

par les cultures traditionnelles d’exportation dites encore cultures industrielles dont

la privatisation est actuellement en cours. Elles sont particulièrement longues et

leurs niveaux de production ont sensiblement chuté suite aux aléas climatiques et à

la crise.

3) Les chaînes de valeur vivrières sont particulièrement courtes et satisfont rapidement

les besoins alimentaires immédiats. Elles constituent la principale occupation de la

majorité de la population mais ne parviennent pas à nourrir convenablement cette

dernière et encore moins à dégager un surplus commercialisable ;

4) Les bailleurs de fonds ainsi que les ONG investissent pratiquement dans des chaînes

de valeur similaires (riz, banane, pomme de terre, le manioc, les fruits/légumes),

tandis que certaines chaînes de valeur présentent pour eux peu d’intérêt et ne sont

pratiquement pas prises en charge (le haricot, le maïs, le sorgho, le blé, le tournesol,

le soja, la patate douce, la colocase); le lait est pris en charge par la coopération

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multilatérale et bilatérale, tandis que la viande et les œufs ne font pas l’objet

d’intervention.

5) Les bailleurs de fonds et les ONG prennent en charge la totalité de la chaîne de

valeur alors qu’il est déjà difficile d’agir efficacement sur un seul maillon ; ils y sont

obligés par le faible niveau actuel des productions qui, s’il est développé entraîne la

nécessité d’une action sur les maillons en aval et vice versa.

6) Beaucoup d’intervenants se rencontrent dans les mêmes entités territoriales, en

particulier les provinces du pays et ciblent, de ce fait, les mêmes populations avec

des approches différentes :

7) Les bailleurs de fonds et les ONG investissent dans les chaînes de valeur

apparemment en conformité avec les stratégies et orientations nationales en

matière de développement de l’agriculture ; cependant, les groupes cibles constitués

de ménages pauvres/vulnérables ne sont pas de nature à imprimer un

développement du secteur de l’agri business.

8) Le secteur privé qui devrait remorquer le développement de l’entrepreneuriat

agricole est encore au stade embryonnaire ; ceci est rapporté dans tous les

documents traitant du développement de l’agri business au Burundi. Il existe

toutefois des privés qui sont en train d’investir en créant des sociétés agro-

alimentaires et on constate que le Burundi a créé un cadre adéquat d’attraction et

de protection des investisseurs dans ce domaine.

9) Le problème crucial de manque de financement du secteur agricole peut trouver des

solutions grâce à la présence de plusieurs institutions de micro finances éparpillées à

travers le Pays. Des lacunes constatées au niveau de l’assurance du secteur agricole

et de l’information sur ces IMF constituent encore des entraves qu’il convient de

lever.

Enfin, les contacts effectués auprès des intervenants en matière de développement des

chaînes de valeur ont été couronnées de succès nonobstant la difficulté parfois rencontrée

d’harmoniser les rendez-vous avec leurs occupations quotidiennes. Plus de 30 organisations

rencontrées ont marqué leur accord d’adhésion à la création d’Agir-Hub Burundi et

participeront à l’atelier de lancement du 28 au 29 juin 2012.

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ANNEXES

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Annexe 1 : Liste des investisseurs en agro-alimentaire

Entreprise Type de projet Localisation

1

INDUSTRIE AGRO ALIMENTAIRE DE BUTERERE

Projet d'extension Q INDUSTRIEL

2 Coffee Business Center Burundi Usine de deparchage du café

Q. INDUSTRIEL, AV DE L'AGRICULTURE, RUE GATEBO 3; NGAGARA

3 COFICO Mise en place d'usine de triatement du café 1, Av du Phare; BUYENZI

4 BUCAFE S,A Usine de déparchage du café

Bujumbura mairie; Route de l'Aéroport 3514/C

5 FARISANA Production de farine ch Uvira, Ngagara

6

SODEA Mécanisation de la production et le traitement de riz paddy; valorisation de ses résidus

Commune Mpanda

7 Pembe Burundi Construction d'une unité de mouture de blé CH UVIRA

8 ETS Nduwayezu Depulpage de café Gatukuza, gashikanwa

9 ICOCOGE SPRL

Projet d'installation de 2 unités de lavage du café à Kayanza

ZONE NZEWE, COMMUNE GAHOMBO, KAYANZA

10 WEBCOR BURUNDI

Construction d'usine de déparchage de café au site de MURURI

site de MURURI, Q. Kigwati

11 LAITERIE TOP MILK Laiterie Top Milk

12 QUALITY INDUSTRIES SPRL Installation d'une unité de production des liqueurs

13 AGRO MANUFACTURE LIMITED AML

Culture intensive et transfprmation de mais dans la plaine de l'Imbo

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14 BAKHRESA GRAIN MILLING (Burundi) Projet construction d'une minoterie moderne

RN5/ MARAMVYA, MUTIMBUZI, DIR AEROPORT

15 TANGANYIKA BUSINESS COMPANY

CULTURE INDUSTRIELLE DE CANNE A SUCRE + PRODUCTION DE SUCRE

GIHANGA ET GATUMBA

16 SRI BALAJI BEVERAGES

Projet de production et conditionnement du lait, eau, alcool

Q.KAJAGA

17 MINOLACS

Minotorie des Grands Lacs

Q.Industriel et MURAMVYA

18 CASPIAN BURUNBI CREATION PERIMETRE THEICOLE DE RUTONGO Gare du Nord et MATONGO

19 LIQUIDS FABRICATION BOISSONS SUCREES Ch d'Uvira NGAGARA

20 MILK-CHEL S.A MISE EN PLACE D'UNE LAITERIE Q. ASIATIQUE, ROHERO

21 LAITERIE NYABISABO MODERNISATION

22 PROTHEM-USINE S.A. PRODUCTION ET EXPORTATION DU THE VERT GISOZI

23 FARMER'S TRADING COMPANY BURUNDI BREWERY Q KINYAMI, NGOZI

24 PROTHEM-USINE S.A. PRODUCTION ET EXPORTATION DU THE VERT GISOZI

25 SOCIETE AGRO&BIO TECHNOLOGIES

Construction et équipement du laboratoire, extension réseau pépiniere au Burundi

Ngagara Q10

26

SOCIETE GENERALE D'EXPLOITATION ET D'EXPORTATION DU CAFE "SEGEC"

CONSTRUCTION ET EQUIPEMENT D'UNE STATION DE LAVAGE DU CAFE

Kinanira 3 et COLLINE MPANGA, ZONE KABUYE

27

SOGEAB SOCIETE DE GESTION DE L'ABATTOIR DE BUJUMBURA

ACQUISITION ET MODERNISATION DE L'ABATTOIR DE BUJUMBURA

KIGOBE

28 WEBCOR BURUNDI SA CONSTRUCTION D'UNE USINE DE DEPARCHAGE

Q.Kigwati n° 42 et MARURI (ROUTE KAYANZA-NGOZI)

29 BUCAFE DEPARCHAGE ET EXPORTATION DU CAFE Av. Aeroport, Q Industriel, NGAGARA

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31

30

SOCIETE DE LAVAGE, DEPARCHAGE ET COMMERCIALISATION DU CAFE "SODECO"

Projet de construction d’une station de lavage, déparchage, conditionnement et commercialisation de café

RYARUNYINYA, RUHORORO

31 TANGA OIL NOUVEAU PROJET MUTIMBUZI

32 BUCAFE S,A EXTENSION DE CAPACITE DE PRODUCTION NGAGARA

33 BRARUDI PROJET D'EXTENSION ROHERO/BUJUMBURA

34 INDUSTRIAL FOOD PROCESSING INDUSTRY LTD NOUVEAU PROJET Q. Industriel NGAGARA/BUJUMBURA

Source : Agence Burundaise de Promotion des Investissements, juin 2012

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Annexe 2 : Localisation des intervenants sur les CdV

MINAGRIE /

PNIA

Bailleurs de fonds bilatéraux et multilatéraux ONG To tal

PRO DEFI

PAIVA-B

FAO

PRODE MA

PPCDR

GIZ PAIOSA

DAI/PAIR USAID

Christian Aid

World Relief

IFDC

FH Burundi

WV

Caritas Belgique Réseau 200+

CORD ZOA CAPAD HCB Oxfam Novib

COPRO SEBU

BUBANZA v v v v 4

BUJUMBURA v v v v 4

BURURI v v v 3

CANKUZO v v v 3

CIBITOKE v v v v v 5

GITEGA v v v v v v v 7

KARUSI v v v v v 5

KAYANZA v v v v v v v v v 9

KIRUNDO v v v v v v v v 8

MAKAMBA v v v v v 5

MURAMVYA v v v v v v v 7

MUYINGA v v v v 4

MWARO v v v v 4

NGOZI v v v v v v 6

RUTANA v v v v v v v v 8

RUYIGI v v v 3

BUJUMBURA MAIRIE V

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TERMES DE REFERENCE POUR LANCEMENT APF AU BURUNDI

1. Présentation du concept d’APF

Agri-ProFocus (APF) est un partenariat d’organisations avec des racines néerlandaises

qui favorise l'entrepreneuriat de l'agriculteur dans les pays en développement. Les

membres du réseau APF en général sont les ONGs, les entreprises privées, les

institutions de recherche et organismes Etatiques.

Actuellement, le réseau APF a une présence dans 9 pays Africains (Ethiopie, Kenya,

Uganda, Rwanda, Zambie, Mozambique, Bénin, Niger et Mali). Les réseaux au niveau de

chaque pays s’appellent des Agri-Hub.

Au Burundi, les membres qui sont ouverts à la possibilité de lancer le réseau Agri-Hub

sont les ONG Internationales Hollandaises intervenant au Burundi : Agriterra, ICCO,

IFDC, KIT, Oxfam Novib, WUR, et Terrafina en collaboration avec l’Ambassade des Pays

Bas au Burundi.

L'idée de mettre sur pied un Agri- Hub au Burundi est de fournir un espace où toutes les

organisations impliquées dans la promotion de l'entrepreneuriat des agriculteurs

pourront se rencontrer, échanger des informations et faire des affaires ensemble. Le

réseau Agri Hub Burundi veut attirer des membres variés, notamment les organisations

paysannes, ONG prestataires de services, le secteur financier, institutions

gouvernementales, instituts de recherche, des entreprises du secteur privé impliquées

dans les chaines de valeur, ainsi que d’autres bailleurs de fonds internationaux non-

néerlandais. Tous concourent à l’entrepreneuriat rural avec un accent particulier sur la

chaine de valeur dans l’agriculture. Ainsi l’on y trouve les organisations des producteurs,

de transformation, les fournisseurs d'intrants, les institutions financières et fournisseurs

de services de développement organisationnel. Les thématiques sur lesquels peuvent

porter le réseau sont : le développement de l’entrepreneuriat rural, l’accès aux intrants,

l’accès aux financements, le développement des capacités des organisations

productrices, le genre et l'inclusion sociale.

2. Contexte et Justification du lancement APF-Burundi

Le réseau Agri-Profocus a constaté que 4 membres de l’Agri- Hub Rwanda, à savoir

IFDC, ICCO, Oxfam Novib, et Agriterra travaillent au niveau régional : Rwanda, Burundi

et l'est du Congo. A ces quatre organisations, s’ajoutent KIT, WUR et Terrafina qui ont

des interventions au Rwanda et au Burundi. Suite à plusieurs concertations menées

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auprès des membres de l’APF, il est ressorti le souhait de créer un partenariat conjoint

Agri-Hub Grands Lacs. Le nom de « Grands Lacs » est choisi pour désigner

spécifiquement les pays francophones dans la région des grands lacs de l’Afrique.

En 2011, certains membres travaillant non seulement au Rwanda, mais aussi au Kivu et

au Burundi ont demandés a la coordination d’Agri-Hub Rwanda d’explorer les

possibilités de démarrage d'Agri-Hubs au Kivu et au Burundi. En fin 2011 et début 2012,

une équipe de collaborateurs ICCO s’est rendu au Burundi pour discuter avec les

intervenants-clés comme les représentants de l'EKN (Ambassade), Oxfam Novib,

Agriterra et IFDC. Au Burundi, le ministère de l'Agriculture est très intéressé par une

telle initiative. Les organisations internationales ZOA, SPARK et Christian Aid ainsi que

d’autres partenaires locaux, y compris l’Institut de Développement Economique, le

réseau des institutions de microfinance et une ONG locale bien connue dans le domaine

CAPAD ont montrés leur intérêt à joindre le réseau Agri-Hub au Burundi.

La possibilité de combiner l’Agri-Hub Rwanda avec de nouveaux Agri Hubs au Burundi et

dans les provinces de l'Est du Congo (Nord et Sud-Kivu), sous l'égide de l'Agri-Hub «

Grands Lacs » a émergé très fortement dans les deux dernières années. Comme tel,

Agri-ProFocus créera une approche régionale pour la mise en réseau d'entrepreneuriat

des agriculteurs. La logique derrière l’Agri Hub régional est que les trois pays auront des

Agri Hubs et coordinateurs indépendants. En plus de leurs activités nationales, ils

coopéreront également comme « Grands Lacs » en organisant des échanges régionaux

et certaines planifications conjointes auront lieu à un niveau plus élevé.

3. Objectif global d’APF-Burundi

La vision de partenariat Agri-ProFocus s'efforce d'améliorer l'entreprenariat rural et

renforcer la position socio-économique des agriculteurs et des organisations de

producteurs. Par la promotion de l'entrepreneuriat, les membres d’Agri-ProFocus visent

à ouvrir un plus grand marché potentiel pour les entreprises agricoles des pays en

développement (reliant les producteurs sur les marchés nationaux et internationaux).

L'objectif principal du lancement d’APF au Burundi sera d'incorporer les partenaires de

développement crédibles (développement rural, agricole et les professionnels) pour

appuyer le concept d'APF qui vise à renforcer l'esprit d'entreprenariat agricole afin

d’améliorer le niveau de revenus des petits producteurs agricoles.

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4. Objectifs spécifiques d’APF-Burundi

L'objectif spécifique du lancement est d'obtenir des organisations de producteurs, de

transformateurs, fournisseurs d'intrants, des institutions financières et fournisseurs de

services de développement organisationnel pour la création d’un réseau Agri Hub au

Burundi. Compte tenu de ce principe, les objectifs spécifiques suivants sont attendus :

Identification des organisations désireuses de collaborer à l'organisation de réseaux, à la participation d'un atelier multipartite de tous les partenaires locaux, services financiers, institutions gouvernementales de développement;

Identification des besoins spécifiques en matière d’entrepreneuriat rural pouvant constituer des opportunités de collaboration des membres de l’Agri-Hub ;

Définition des objectifs du programme pour le réseau;

Identification des sujets d'actualité ou problématiques a être abordés par l’Agri Hub;

Établissement de la liaison entre l’Agri-hub, APF Rwanda et l'équipe d'appui aux Pays-Bas.

L'évaluation des partenaires impliqués dans le réseau sera fondée sur les principes

suivants :

Conformité aux principes de libre marché (donc éviter la concentration des acteurs locaux) de la chaine de valeur des produits;

Prise en compte du potentiel pour intensifier l'intervention réelle, avec des possibilités d'innovation (au moins dans le contexte local) dans la chaîne de valeur;

Possibilités de créer un impact réel sur les groupes cibles (femmes, minorités, jeunes chômeurs.);

Possibilités pour des résultats relativement rapides et visibles à court et à moyen terme.

5. Résultats attendus

Les résultats les plus importants de cette phase sont:

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Cartographie de chaîne de valeur des principaux organismes partenaires de l'Agriculture qui sont susceptibles d'être impliqués;

Identification des principaux acteurs (acteurs de développement agricole avec lesquels APF commencera le réseau);

Identification des partenaires ainsi que leurs appuis aux Organisations de Producteurs (OP) sont conformes aux valeurs et à la mission d'APF ;

Identification des thèmes spécifiques sur lesquels les membres de l’Agri-Hub vont travailler et les organisations qui sont intéressées par chaque thème ;

Contacter les partenaires potentiels de l’Agri-Hub Burundi pour faire connaissance (connaitre mieux leur position vis-à-vis d’APF);

Contacter d’autres organisations locales ayant le potentiel de contribuer aux objectifs d’APF et de participer au lancement ;

Entretenir un contact régulier avec l’Ambassade pour faire connaissance et s’informer sur les possibilités de créer des complémentarités et synergies pour le lancement ;

Entretenir une liaison régulière avec le Bureau APF Rwanda, le Chargé de Program sur le Développement Economique et le Country Program Manager- ICCO-BGL ;

Organiser une réunion de démarrage de l’Agri-Hub Burundi qui se tiendra à Bujumbura du 28 au 29 Juin 2012 (Logistique, lancement des invitations)

Consulter ICCO – BGL et/ou APF-Rwanda pour avoir des précisions sur les aspects logistiques: location salle, invitations, matériel didactique, présentations, etc.

6. Méthodologie

Dans la première étape, il s’agit de créer une cartographie de la chaine de valeur des

produits qui seront sélectionnés pour les interventions d'Agri Hub. Lors de la

construction de l'univers des chaînes de valeur, il faudrait s’assurer de leur impact dans

le PIB agricole du Burundi. Dans la deuxième étape du processus, identifier les

partenaires de développement qui sont liés aux organisations d'agriculteurs de ces

produits, et qui peuvent apporter une valeur ajoutée significative aux agriculteurs dans

le renforcement de la capacité de l'esprit d'entreprise. Troisièmement, recueillir des

données provenant de sources disponibles sur la production de chaîne de valeur et le

potentiel de croissance afin de développer des mesures quantitatives autant que

possible. Quatrièmement, préparer le lancement selon le processus décrit ci-dessous.

Le processus de lancement d'Agri-Hub devrait comprendre :

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Identification des Organisations disposée à collaborer dans le réseau ;

Organisation d’un atelier multi acteurs auquel tous les partenaires locaux de nos partenaires, les entreprises, les gouvernements et les représentants des agriculteurs seront invités ;

Au cours de ces ateliers, définir le plan d’action du réseau ;

Identification des questions brulantes ou problématiques qui devront être résolus par l’Agri hub ;

Formation des groupes thématiques pour la mise en place effective du réseau par des organisations locales ;

Etablir des liens organisationnels avec la structure de coordination ;

Etablir la liaison entre l’Agri-hub local, Agri-Hub Au Rwanda et l'équipe d'appui aux Pays-Bas.

Les résultats attendus de ce processus sont les suivants :

Au moins 15 organisations partenaires ont intégré le network ;

Avant fin Juin, le Kick off meeting est organisé ;

Les potentialités de développement des initiatives locales offrant des plus values significatives sont identifiées y compris une analyse des acteurs principaux (secteur privé, gouvernement,…) sont identifiées;

Les organisations d’appui au développement (BDS, MFI, fonds d’investissement) impliquées sont identifiées et contactées ;

Un plan d’action et budget prévisionnel pour la phase future est élaboré.

7. Période d’exécution

La période d’exécution est de trois mois (Mai-Juin-Juillet 2012). Le programme de

lancement sera développé davantage par le réseau APF dans un processus

d’apprentissage dont le consultant sera assisté par la coordinatrice de l’Agri-Hub

Rwanda, le bureau APF Pays Bas, le P.O FED Rwanda et sera sous la supervision du

Country Program Manager de ICCO-BGL. Le démarrage de l’Agri-Hub Burundi devrait se

tenir à Bujumbura du 28 au 29 Juin 2012.

8. Organisation Logistique du lancement

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La mise en œuvre de la plateforme de lancement sera effectuée par un consultant local (responsable de liaison) en collaboration avec la coordonnatrice de l’Agri-Hub Rwanda. Ils seront conjointement responsables de la réussite de la plateforme de lancement et de l'atteinte des objectifs d’Agri Hub - Burundi. Le Comité de coordination qui est composé : du consultant, de la coordinatrice d’Agri-Hub Rwanda, du facilitateur APF pour le Rwanda (Pays Bas), du P.O de FED Rwanda à ICCO et le CPM d’ICCO-BGL devra se rencontrer à une fréquence à déterminer mutuellement, mais au moins deux fois avant la plateforme de lancement. Le consultant impliquera les partenaires locaux identifiés dans l'organisation de l'événement, qui devront ensuite prendre une coresponsabilité dans l’organisation. La liste des personnes compétentes et d'organisations à être contactées et/ou invitées sont:

- fonctionnaires du ministère du Plan, ministère de l'Agriculture, du Développement Rural, du Commerce et l'Industrie au niveau national, provincial

- certains fonctionnaires du district ; - les ONG internationales et les donateurs bilatéraux actifs dans l'agriculture, - les entreprises impliquées dans la transformation des produits agricoles, dans les

services financiers, - les ONG locales de développement rural.

Veuillez présenter votre plan d’action ainsi que votre proposition financière pour effectuer un tel travail. Votre proposition sera envoyée à la coordinatrice de l’Agri-Hub Rwanda, e-mail : [email protected], avec copie au PO FED ICCO, [email protected] au plus tard le 02/05 à 12h00. Veuillez aussi envoyer une copie électronique de votre CV. Veuillez noter qu’une interview avec les candidats qui seront pré- sélectionnés aura lieu a Bujumbura, au bureau de IFDC a