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C’est un lieu mythique de la nuit parisienne, au cœur du Triangle d’Or. « Dobro Pojalovat » au Raspoutine, ancien cabaret russe devenu en quelques annéesl’un des clubs les plus prisés de la capitale. Un vent nouveau souffle sur ses alcôves tenduesde velours rouge, spectatrices de tant d’histoires depuis sa création en 1965.

Dans ce décor de théâtre, fruit de l’imaginaire extravagant de l’artiste Erté, se déroulent désormais, sur fond de deep house enivrante, des soirées chic et sensuelles organisées par Logan Maggio et Ghislain Evraert, les deux associés tombés amoureux de cette maison russe au passé sulfureux.

Serge Gainsbourg, l’Aga Khan et le Comte de Paris y avaient leurs habitudes, tout comme Marlène Dietrich qui embrassait la scène depuis sa table ronde fétiche, en surplomb.

On y croise désormais les mannequins stars de la Fashion Week, Karl Lagerfeld, Kanye West et Leonardo Di Caprio... qui devrait incarner prochainement Grigori Raspoutine au cinéma.

« J’ai mis tout mon enthousiasme à décorer ce lieu, que j’adore », écrivait Erté, dont un manuscrit est exposé à l’entrée. Un demi-siècle plus tard, Raspoutine fait plus que jamaispalpiter la nuit et appose son sceau à de multiples projets.

Un lieu empli de légendesHélène Martini, « l’impératrice de la nuit », fonde le Raspoutine en 1965 pour donner à la capitale le cabaret russe qui lui manquait. Elle demande à l’artiste Erté, l’un de ses plus chers amis, d’en dessiner les décors en s’inspirant de ses fantasmes débordants et de ses origines soviétiques. Ce sont toujours ses créations qui habillent les lieux, aujourd’hui classés au patrimoine des monuments historiques. Cette femme de tête, née en Pologne d’une mère russe, connaît la guerre et la déportation. Elle émigre à Paris et découvre les Folies Bergère.

Sur un pari, elle s’y fait embaucher comme mannequin, puis devient vite la « dame de fer » de l’établissement. Elle épouse alors Nachat Martini et fonde avec lui un empire de la nuit. « Tout ça, c’est le hasard », estime, modeste, celle qui est désormais âgée de 89 ans. Elle possèdera jusqu’à dix-sept cabarets à Paris, dont les mythiques Folies Bergère qui l’avaientvue débuter. Mais aussi des clubs à Las Vegas et à New York ! « Quand Sinatra me voyait, il disait à sa femme, c’est ma boss », s’amuse-t-elle.

Quand naît dans son esprit l’idée du Raspoutine, c’est immédiatement à Erté qu’elle songe pour l’épauler. « Entre nous, ça a été un coup de foudre. Il était charmant, très cultivé. Avec moi, il a mal tourné... », se souvient Hélène Martini. Le dessinateur russe donne vie au cabaret. « Ce travail m’a beaucoup amusé et j’ai passé de nombreuses soirées charmantes devant un petit verre devodka et fêté tous mes réveillons de Noël à la table numéro 18 », écrit l’artiste.

Erté dessine une multitude d’alcôves tendues de velours rouge, habille les escaliers majes-tueux de tissus chamarrés, distille lustres et dorures, met en valeur les bois sculptés, couvre le bar de peaux de loups. La maison russe, qu’il « considère un peu comme la sienne », est née.

Sur la scène se produisent musiciens et danseuses. Parfois des légendes de la chanson françaises, telle Edith Piaf, dont la loge émouvante est restée en l’état dans les sous-sols du Raspoutine.

Le succès est immédiat. Dans la salle se pressent artistes, diplomates et hommes politiques, dont les alcôves ont dû surprendre tant de conversations confidentielles. Si la môme Piaf y chantait, ce sont aujourd’hui d’autres oiseaux de nuit qui peuplent le Raspoutine...

Les plus belles nuits de ParisQue se cache-t-il derrière la devanture du Raspoutine ? Le visage du moine mystique, dessiné par Erté, observe les initiés qui se pressent au 58 de la rue de Bassano, adossé aux Champs-Elysées. Une fois le porche franchi, la lumière tamisée donne le ton. On descend à pas feutrés l’escalier, comme si l’on entrait dans une maison d’hiver, chaleureuse, le regard captivé par une foule de détails : tableaux, vitraux, tissus brodés, lustres majestueux et bois sculptés. Un second palier mène à la salle principale, écarlate. Inconcevable pour le nouvel arrivant de ne pas céder à la lame chic et festive qui déferle sur lui.

Une alchimie possible grâce à la musique, léchée et pointue, qui a fait la renommée du lieu. Cette deep house enivrante est la signature musicale du Raspoutine. Les sets sont distillés par les résidents Michael Créange et Fabrice Dayan, DJ’s talentueux de la capitale. A l’écoute, ces sorciers de l’électro savent rendre l’atmosphère torride. Aux platines se succèdent aussi d’illustres guests, comme Agoria, Jean Claude Ades, Mirco Loco ou Luciano…

Le Raspoutine se veut un lieu exclusif et discret. Ses alcôves de velours sont toujours là. Elles permettent aux clients de décider : se mêler à l’ambiance survoltée ou l’observer, en retrait. Les tables rondes dressées rappellent l’époque où le cabaret était réputé pour ses dîners spec-tacles. Sauf que désormais, ce sont les meilleures vodkas et des champagnes prestigieux qu’on y partage. L’équipe d’une dizaine de personnes, attentive et souriante, participe à rendre l’expérience unique.

En frayant dans les allées de ce lieu chargé d’âme, on sent la présence bienveillante des fan-tômes célèbres du Raspoutine. Aujourd’hui, ce sont Leonardo DiCaprio, Karl Lagerfeld, Carine Roitfeld, Ana Beatriz Barros ou encore Kanye West qu’on peut y croiser.

Plusieurs fois dans l’année, des événements privés sont organisés. L’ancien cabaret accueille également les plus belles soirées de la Fashion Week. Derrière les deux bars du club - l’un recouvert de fourrures, l’autre en bois sombre sculpté - œuvrent des artistes mixologistes. Ils concoctent aux clients des cocktails personnalisés. Même les commodités, recouvertes d’émail peint, sont artistiques. Quand au fumoir, il est l’un des plus sympathiques qu’il ait été donné de voir. Chaque détail du Raspoutine suscite l’étonnement et l’émerveillement.

La résurrection du RaspoutineRepris en 2010 par Laurent de Gourcuff, le Raspoutine a su évoluer tout en conservantson âme et son caractère exclusif. Une mue réussie. En l’espace de quelques mois, le club privé a conquis une clientèle parisienne et internationale exigeante.

Ghislain Evraert et Logan Maggio sont les nouveaux Tsars de la maison russe. Les deux associés et amis ont eu un coup de cœur pour ce lieu atypique. Anciens directeurs de l’ARC Paris - passés par le Fouquet’s Barrière pour le premier, le Bâoli de Cannes pour le second, voilà des années que les jeunes copropriétaires du Raspoutine font les beaux jours de la nuit parisienne.

Leur ambition ? Faire voyager Raspoutine... A travers des collaborations avec les clubsles plus huppés du monde, à Londres, à Milan ou à New York, qui partagent l’esprit deleur maison.

Très bientôt, le Raspoutine prendra de la hauteur : « Nous avons l’ambition de développer notre marque car nous considérons qu’un lieu et concept tel que Raspoutine, mérite d’être reproduit dans d’autres belles grandes villes de ce monde » dixit Logan & Ghislain…

Les deux figures incontournables de la nuit ont également fait appel à Ali Mahdavi pour prendre la direction artistique du club et imaginer de nouveaux concepts de soirées. Cinquante ans après sa naissance, la légende de la maison russe continue de se graver, plus ardente que jamais.

« Longue vie à ‘Raspoutine’ », comme l’écrivait Erté.