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Esther Shalev-Gerz Guide de l’exposition Entre l’écoute et la parole

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Esther Shalev-Gerz

Guide de l’exposition

Entre l’écoute et la parole

Installation des vidéos Videocompany (www.videocompany.ch)Scénographie salle 1 Luc Bergeron, designerSonorisation salle 3 André Décosterd (www.codact.ch)

PublicationEsther Shalev-Gerz. Entre l’écoute et la parole / Between Telling and Listening, catalogue monographique bilingue (fr./ angl.), sous la direction de Nicole Schweizer, avec des textes de Nora M. Alter, Georges Didi-Huberman, Annika Wik et James E. Young.Musée cantonal des Beaux-Arts, Lausanne & JRP | Ringier, Zurich.Prix : CHF 50.– / € 35.– / après l’exposition : CHF 60.– / € 40.– Commande au Musée cantonal des Beaux-Arts, frais de port en sus.

Musée Cantonal Des beaux-Arts, LausanneDu 22 septembre 2012 — 6 janvier 2013

HorairesMardi-mercredi 11h – 18hJeudi 11h – 20hVendredi-dimanche 11h – 17h26 décembre 11h – 18hFermé les lundis, le 25 décembre, le 1er et le 2 janvier

TarifsAdultes CHF 10.– Retraités, étudiants, apprentis CHF 8.– Jeunes jusqu’à 16 ans gratuit 1er samedi du mois gratuit

AccèsMétro M2 station Riponne-Maurice BéjartBus n° 1, 2 arrêt Rue NeuveBus n° 8 arrêt Riponne

Musée cantonal des Beaux-ArtsPalais de RuminePlace de la Riponne 6CH - 1014 Lausanne+41 21 316 34 [email protected]

Le Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne présente la première exposition monographique d’envergure consacrée à l’œuvre d’Esther Shalev-Gerz en Suisse.

La rétrospective lausannoise offre un riche panorama de l’œuvre de l’artiste à travers ses projections de diapositives, ses photographies, ses installations vidéo et ses projets dans l’espace public. Des œuvres majeures sont articulées de façon non-chronologique, au rythme des salles et des questions qu’elles explorent. Questions de lieux et de paysages, questions de traces mémorielles contenues dans les objets ou les récits, questions de portraits articulés par la parole et le silence.

Née en Lituanie en 1948, élevée en Israël et vivant à Paris, Esther Shalev-Gerz développe depuis plus de vingt ans un travail autour d’interrogations liées à la construction de la mémoire, qu’elle soit personnelle ou collective. Sa relecture de l’histoire est fermement ancrée dans le présent de ses protagonistes : la plupart de ses œuvres sont créées en dialogue avec des gens – qu’ils soient les habitants d’un lieu spécifique ou les témoins d’un événement particulier. Le passé est donc toujours lu à travers le présent de ceux qui s’en souviennent ou travaillent avec ses reliques. A travers différents récits, dans l’intervalle entre l’écoute et le dire, et grâce aux dispositifs de ses installations, Esther Shalev-Gerz crée de nouveaux espaces pour aborder les questions de souvenir, de mémoire, de témoignage et de rapport à l’histoire.

avant-propos

Salle 1

L’exposition s’ouvre sur une des premières œuvres de l’artiste, Juste un ciel (1987-1989), à laquelle répond une installation récente intitulée Still/Film (2009). Les deux œuvres interrogent des lieux qui ont marqué l’enfance et la jeunesse de l’artiste – la Lituanie et Israël –, leur représentation, les mémoires qu’ils véhiculent, et les déplacements qu’ils impliquent.

La série de diapositives Juste un ciel fait écho à des affiches anonymes qui couvrent alors les murs de Jérusalem. Esther Shalev-Gerz photographie sous différents angles la ville qu’elle a quittée en 1984 puis superpose ces images, juxtaposant ainsi des espaces disjoints dans la réalité. La projection des diapositives introduit un rythme, un mouvement d’une image à l’autre, travail précurseur de l’œuvre vidéo qui suivra.

Avec Still/Film, Esther Shalev-Gerz revient sur les lieux de son enfance et de celle de sa mère. Une série de photographies montre la maison où elle vécut à Vilnius jusqu’a l’âge de huit ans, l’autre série l’emplacement de la maison que sa mère dut fuir à l’âge de neuf ans et que l’artiste a retrouvé par hasard à Alytus, tandis qu’une série d’images montre le trajet entre les deux villes.

La première salle présente également des documents et vidéos retraçant les nombreux travaux dans l’espace public réalisés par l’artiste, notamment son célèbre Monument contre le fascisme (1986) réalisé à Hambourg avec Jochen Gerz.

↑ Juste un ciel, 1987–1989. Projection de diapositives (9 images couleur), dimensions variables.Courtoisie de l’artiste

← Monument contre le fascisme, 1986–1993 (avec Jochen Gerz).Installation permanente, Hambourg-Harbourg.Colonne en aluminium recouverte de feuilles de plomb, 12 x 1 x 1 m, 7 tonnes, panneau avec un texte traduit en sept langues.Courtoisie des artistes

Salle 2

La deuxième salle met en résonance trois œuvres, Livres aspirés par le ciel (1998), Anges inséparables : la maison éphémère pour Walter Benjamin (2000) et MenschenDinge – L’aspect humain des choses (2004-2006), qui peuvent toutes être lues comme des formes de mémoriaux.

L’installation Anges inséparables est pensée comme une maison imaginaire pour Walter Benjamin, et son titre se réfère au tableau de Paul Klee Angelus Novus (1920). La vidéo retrace le trajet entre Weimar et le camp de concentration de Buchenwald filmé à travers la fenêtre d’un taxi. Le chauffeur raconte les histoires des lieux qu’il traverse. Par moment l’image vacille, ralentit ou se dédouble, avec en voix-off des textes de Franz Kafka, Heiner Müller, Gershom Sholem, Paul Klee et Walter Benjamin, évoquant tous des anges. Une horloge à deux cadrans dont les aiguilles tournent en sens opposés et une chaise double sans dossier ainsi que trois photographies accompagnent la vidéo.

Quatre ans plus tard, Esther Shalev-Gerz réalise MenschenDinge pour le Mémorial du camp de concentration de Buchenwald. Elle choisit de faire parler les professionnels du musée qui sont en contact quotidien avec les objets trouvés sur le terrain du camp. C’est donc par le portrait de personnes situées dans le présent que s’esquisse en filigrane le portrait de celles et ceux qui ont façonné ces objets, signes d’humanité au sein d’un système concentrationnaire destiné à les en priver entièrement.

Les Inséparables, 2000-2010.Horloge électrique double-face, 120 cm.Courtoisie de l’artiste

Livres aspirés par le ciel, 1998.Projection vidéo, couleur, son, 14 min.Courtoisie de l’artiste

Salle 3

Dans cette salle, l’installation vidéo D’Eux (2009) explore une autre forme de portrait. Celui de deux personnes qu’Esther Shalev-Gerz a rencontrées à Paris, Rola Younes et Jacques Rancière, et celui de deux paysages, l’île Seguin à Paris et l’île Cortes au Canada.

Rola Younes parle de sa passion pour les langues (le yiddish, l’hébreu, le perse, l’arabe…) pour pouvoir incorporer différentes histoires, et Jacques Rancière lit un passage de son livre Le Spectateur émancipé, dans lequel il décrit un moment constitutif de sa pensée qui l’a amené à « reformuler les rapports établis entre voir, faire et parler » et où il commente la fonction de l’art contemporain.

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Salles 4, 5, 6

Situées au cœur du Musée, les salles suivantes présentent trois œuvres centrales dans la démarche de l’artiste, et qui ont inspiré le titre de l’exposition : Entre l’écoute et la parole. Entre ce qui est entendu et ce qui est articulé, il y a l’image, dit le philosophe Jacques Rancière, c’est-à-dire le lieu où la rencontre avec le spectateur devient possible : « On n’est pas devant, on n’est pas à la place de. On est toujours entre. »

Ainsi, dans White Out – Entre l’écoute et la parole (2002), Esther Shalev-Gerz dresse un magnifique portrait en deux temps d’une femme entre deux cultures, deux lieux, deux temporalités. Deux plans fixes de Åsa Simma, une femme d’origine sami vivant à Stockholm, sont projetés face à face, l’un filmé à Stockholm, l’autre dans son paysage natal en Laponie. Dans le premier, elle réagit à des citations évoquant les cultures suédoise et sami, dans l’autre, elle écoute ses propres paroles.

Ailleurs, dans Est-ce que ton image me regarde ? (2002), l’artiste poursuit sa recherche sur l’intervalle entre l’écoute et la parole en réalisant un double portrait, celui d’une femme juive polonaise rescapée du camp de concentration de Bergen-Belsen, situé non loin de Hanovre, et celui d’une femme allemande ayant passé les années de guerre dans cette ville. Elles racontent chacune leur histoire et s’écoutent l’une l’autre par image interposée dans leur poste de télévision. Leurs histoires sont du même temps, mais de lieux différents.

Est-ce que ton image me regarde?, 2002.Installation : 4 projections vidéo synchronisées, couleur, 2 avec son, 2 muettes, 38’ chacune.Courtoisie du Sprengel Museum, Hanovre

Enfin, dans la dernière des trois salles, on trouve un triptyque vidéo extrait de Entre l’écoute et la parole : derniers témoins, Auschwitz 1945-2005 (2005), impressionnante installation commémorant les soixante ans de la libération du camp de concentration d’Auschwitz-Birkenau, et exposée à l’origine à l’Hôtel de Ville de Paris. L’œuvre consiste en soixante interviews filmés (consultable aujourd’hui au Mémorial de la Shoah, à Paris), et en une projection vidéo sur trois écrans. Les visages des survivants, filmés en gros plan, sont captés dans le silence qui s’installe entre une question et l’articulation de sa réponse.

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Salles 7, 8, 9, 10

Les quatre dernières salles du Musée présentent des séries de photographies réalisées par l’artiste entre 1986 et 2012. Elles explorent des paysages naturels ou urbains, des déplacements au sein des images ou entre des lieux, le rapport au temps à travers des objets, et mettent en abyme la nature même du médium photographique.

Avec Irréparable (1986-2000), Esther Shalev-Gerz interroge la possibilité de capter la réalité au moyen de la photographie. Partant de photographies noir-blanc ou couleur, elle y découpe des rectangles et les repositionne, introduisant ainsi une rupture dans la lisibilité de l’image, pour déstabiliser la concordance entre le réel et sa représentation.

Irréparable, 1986-2000.Photographies noir et blanc et couleur, dimensions variables.Courtoisie de l’artiste

Développé avec la participation des habitants d’un quartier déshérité de Dublin, Daedal(us) (2003) existe d’abord comme intervention éphémère dans l’espace public, avant de se décliner en série de photographies. Des prises de vue de douze façades sont projetées sur douze bâtiments situés à proximité. Produisant simultanément un effet de déplacement et de reconnaissance, ce labyrinthe invite à découvrir d’autres lieux du quartier et à se réapproprier l’espace de la ville.

Commandité pour la Bibliothèque municipale de Vancouver, The Open Page (2009) consiste en une série de photographies de livres rares, consultables uniquement sur autorisation, parmi lesquels un bréviaire illustré du XVe siècle, un guide botanique anglais du XVIIe siècle ou encore une ancienne copie illustrée de Peter Pan. Chaque livre est photographié avec une caméra de très grand format révélant ces ouvrages dans leur moindre détail ainsi que les mains de bibliothécaires tenant l’exemplaire de leur choix ou en pointant des éléments. The Open Page, 2009.

15 photographies couleur, dimensions variables.Courtoisie de l’artiste

Le dernier déclic (2010) explore les changements induits par le passage de l’argentique au numérique, et son implication en terme de construction de la mémoire et de la représentation du temps. Une série photographique montre les usines Rollei à Brunswick, vidées de toute présence humaine. Dans une vidéo, des personnes souhaitant se débarrasser de leur appareil argentique reviennent sur les histoires qui les lient à cet objet.

Le dernier déclic, 2010.Installation : photographies couleur, dimensions variables ; album de photographies, et projection vidéo, couleur, son, 26’.Courtoisie de l’artiste

Pour clore l’exposition, une nouvelle œuvre intitulée Describing Labor (2011-2012), créée durant une résidence au Wolfsonian Museum à Miami, est présentée de façon partielle en avant-première à Lausanne avant son inauguration à Miami en décembre 2012. Au cours de sa résidence, Esther Shalev-Gerz a exploré la vaste collection du Wolfsonian à la recherche de documents illustrant le travail et les travailleurs. Jadis image héroïque de la conscience de classe et de l’idéal d’une nation – largement présente durant la Grande Dépression, la révolution soviétique, et les deux guerres mondiales – la figure du travailleur a depuis presque disparu des représentations contemporaines. Au moyen de la vidéo, de la photographie, du son et du texte, l’installation (dont seule une partie est montrée en avant-première à Lausanne) redonne la parole à cette figure qui façonne nos réalités quotidiennes. De même que la collection du Wolfsonian offre une image du travail dans son moment historique héroïque, Describing Labor réarticule cette image pour notre temps.

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Plan des salles

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Les jeudis au MuséeVisites commentées publiques à 18h304 octobre 2012, par Sandrine Moeschler, médiatrice culturelle 15 novembre 2012, par Esther Shalev-Gerz29 novembre 2012, par Sandrine Moeschler13 décembre 2012, par Nicole Schweizer, conservatrice et commissaire de l’exposition

Visite pour les Amis du Musée27 septembre 2012 à 18h30, par Nicole Schweizer

Visite pour les Amis de la Cinémathèque suisse18 octobre 2012 à 18h30

Le jeune public au MuséeUn audio-guide gratuit est à disposition des jeunes dès 10 ans à l’accueil du Musée.

Les premiers samedis du mois au MuséeEntrée gratuite et guide à disposition du public de 14h à 17hChaque premier samedi du mois, une guide répond aux questions des visiteurs et leur propose des échanges libres autour de l’œuvre d’Esther Shalev-Gerz.

Rendez-vousLe Musée au cinémaVendredi 2 novembre 2012, Cinémathèque suisseSoirée carte blanche à Esther Shalev-Gerz, en présence de l’artiste18h30 : Nuit et Brouillard d’Alain Resnais, suivi de L’Homme à la caméra de Dziga Vertov 21h : Le Bonheur d’Alexandre MedvedkineEn partenariat avec la Cinémathèque suisse(www.cinematheque.ch)

Atelier d’écriture au MuséeSamedi 10 novembre 2012 de 13h à 17h15Se laisser porter par les images d’Esther Shalev-Gerz et par des textes d’auteurs faisant écho à son travail. Déambulations, temps d’écriture et de lecture alterneront au fil de l’après-midi.Animation : Naël LaferCHF 30.– par participant-e (CHF 20.– avec réduction)(sur inscription)

Conférence au MuséeJeudi 15 novembre 2012 à 20h, Aula du Palais de RumineGeorges Didi-Huberman, « Le partage des émotions »Précédé d’une visite de l’exposition par Esther Shalev-Gerz à 18h30

Visites pour les enseignant-e-sMercredi 26 septembre 2012 à 12h30 et 17h (sur inscription)

Visites commentées gratuites pour les classesLes mardis, jeudis et vendredis dès 9h (sur réservation)

Visites privées au MuséeVisites commentées privées par une historienne de l’artSur demande, pour groupe de 30 pers. (maximum), CHF 120.- + billets d’entrée (réductions)