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La transparence dans le secteur foncier
au Cameroun
RAPPORTANNUEL2013
Etudedecaspréliminairedelacohabitationentreagro�industriesetcommunautéslocalesetautochtones
LeprojetLeprojetLeprojetLepresentrapports’inscritdanslecadred’unprojetsurl’AmeliorationdelaTransparencedans
leSecteurForestiermisenœuvredans7paysde forets tropicales (Cameroun,Equateur,Ghana,
Guatemala, Liberia, Perou, RDC), sous la coordination de Global Witness, sur 3inancement du
Bureaupour leDeveloppement InternationalduRoyaume6Uni (DFID).Leprojetvise a renforcer
les capacites des ONG dans la negociation et la contribution a la promotion de la bonne
gouvernanceforestieredansleurspaysrespectifs.Cepremierrapportsurlesecteurfoncierapour
butdeproposerdesaxesprioritairespourl’ameliorationdupartagedesinformationsautourdes
concessionsfoncieres.
Lebulletind’évaluationLebulletind’évaluationLebulletind’évaluationSurlesecteurforestier,unbulletind’evaluationaeteconçupourmesurerl’accesdescitoyensa
l’information.Cetteeditionestlapremieresurlesecteurfoncier.Lebulletinparaıtratouslesans.
Lagrilledecollecteetd’analysedesdonneespresenteesdanscebulletinestissuedecelleutilisee
danstouslespayspartenairesauprojetforestierinitial.Elleaeteadapteeauxquestionsfoncieres.
SiteWeb:www.cedcameroun.org
Rapportannuel20136LatransparencedanslesecteurfoncierauCamerounCE
D6page16
Conclusion et recommandations
1. Introduction…………………………………………………………...02
2. Contexteetproblématique…………………………………….03
3. Méthodologie………………………………………………………….04
4. Connaissance des informations générales surl’entreprise…………………………………………………………..06
4.1. Nomdelacompagnie………………………………………..06
4.2. Nationalitedesprincipauxdirigeants………………..06
4.3. Dated’implantation………………………………………….06
4.4. Dureeducontrat………………………………………………07
4.5. Super3icieconcedees………………………………………...07
4.6. Activitesmenees…………………………………….………...08
4.7. Destinationdesproduits……………………...……………08
4.8. Extensionouprojetd’extension………………………...08
5. Relationsentrecommunautésetagroindustriels…10
5.1. Villagesriverains……………………………………………...10
5.2. Reunions d’information avant le demarrage du
projet………………………………………………………………10
5.3. Existence et fonctionnement d’un cadre d’echange
entrel’entrepriseetlescommunautes……………...10
5.4. Publication d’informations par l’entreprise sur ses
activites………………………………………………………......11
5.5. Connaissancedesobligationsdel’entreprise........11
5.6. Lescon3lits………………………………………………….…..11
6. Reconnaissancedesdroitsdescommunautés..........12
7. Impacts environnementaux des activités des agro�industriels…………………………………………………….……..13
8. Analyse synthétique des problèmes et de leurscauses………………………………………………………………….14
9. Conclusionetrecommandations.................................16
CED6page01
Rapportannuel20136LatransparencedanslesecteurfoncierauCameroun
Sommaire
Laqueteef3icacede l'emergencesupposequedesprecautionssoientprisesdes apresentpourassurerune utilisation optimale de l'espace et des ressources. L'attribution rapide des concessions foncieres,
associee au developpement rapide du secteurminier, et a un secteur forestier en plein essor, peut etre
prejudiciable aux droits des communautes et aux droits a vocation commerciale, hypothequant ainsi le
developpementeconomique.
1. preciserlesmodalitesd’accesauxinformationsetdocumentsdetenusparl’administration;
2. 3inaliser le schema directeur de l’amenagement du territoire, en associant l’ensemble des
administrations en charge des secteurs lies a la gestion de la terre et des ressources et prevoir des
modalitesd’associationdesacteursnonetatiquesalaprisedesdecisions;
3. procederauneharmonisationdesloisminiere,forestiere,etfonciere,pourlesrendrecoherentesavec
la loi cadre sur l’environnement et respectueuses des
droits des communautes ; reconnaıtre et proteger les
droitsdeproprietecoutumieredescommunautes;
4. reformer le systeme d'attribution des concessions
fonciereset lemettreencoherenceavec lesdroitsdes
communautes et les autres usages des espaces et des
ressources;
5. de3inirdesmodalitesdepublicationetdediffusion
desinformationssurlesconcessionsfoncieres.
1. Mettre en place et faire fonctionner des cadres
deconcertationavectouslesacteurslocaux;
2. Creer un mecanisme de diffusion des
informationssurl'entrepriseetsesoperations.
Participeraladiffusionauniveaulocaldesinformationssurlagestiondesespacesetdesressources.
AU GOUVERNEMENT:
AUX ENTREPRISES AGRO-INDUSTRIELLES:
A LA SOCIÉTÉ CIVILE
Rapportannuel20136LatransparencedanslesecteurfoncierauCamerounCE
D6page02
Introduction
Rapportannuel20136LatransparencedanslesecteurfoncierauCameroun
Analyse synthétique des problèmes et leurs causes (suite)
Lepresentrapportanalyselatransparencedansles
cessions foncieres aux agro6industriels au
Camerounetproposedesoptionspourassurerune
communication effective et dynamique entre les
acteurs du secteur foncier. Si l'on a note au cours des dix
dernieresanneesdereellesavanceesdanslade3initiondela
transparencedanslesecteurforestier1,leseffortsdemeurent
recentsdanslesecteurfoncier2.Aussi,cetteetudeconsidere6
t6elle la transparence dans une acception simpli3iee
essentiellement axee sur le partage de l’information sur les
attributions de concessions foncieres, sur les activites des
agro6industrielsetleurimpactsurlespopulationsriveraines
desditesconcessions.End’autrestermes,ils’agitd’evaluerle
niveau de connaissance des populations et des
administrationslocalesetdecentraliseessurlesconcessions
foncieresquibordentouoccupentunepartieoulatotalitede
leur terroir ou de leur territoire de competence. L’analyse
desdonneesissuesdecetteevaluationserapresenteeci6dessous,apreslacontextualisationdes
questionsfoncieresauCamerounetladescriptiondelamethodologiedecollectedesdonnees.
refuserleurconsentementpourlesactivitess’implantantsurleurterroir,lesentrepreneursconsacreraientdavantage
detempspourlanegociationdelagestiondesimpacts.Unemeilleuresynergiepourraitsemettreenplaceentreles
communautes,l'administrationlocaleetl'entreprise,pourlapromotiondudeveloppementlocal.
• Lesdiscussionsentrelescommunautesetlesautrespartiesprenantesnesontpaslibres.Seulsleschefsdevillageparticipent ades reunionsgeneralementorganisees loinde leurvillage,de leursoutien.Dansces raresreunions
(cadres d’echange), ils sont entoures de leurs superieurs hierarchiques (autorite administrative), et n’ont pas
vraimentlapossibilited’in3luencerl’avanceedesresolutions,ycompriscellesquiconcernentleurterroir.
• Lagestiondel’informationestcapitaledansleprocessusdegestiondesentreprises.Enrealite,larumeur,lefrerequitravaillepourl’entreprise,uneaf3icheluedepassageparlamairie,uneinformationdonneeamoitie,sontautant
demoyens plus constants d’information. Ils sont plus constants que la tenue de reunions d’information par les
entreprises. A partir de l’entreprise, nous pouvons classer les informations en deux categories : basiques et
«sensibles».Ilesttressurprenantquelesinformationsbasiquestellesquelenombredevillagesriverains,lenom
de l’entrepreneur, lesactivitesrealiseesoumeme lasuper3iciede laconcessionsoientdiversementconnues tant
descommunautesquede l’administration,memesicette ignorancen'estpas forcement imputable a l'entreprise.
Lesinformationssensibles,notammentlecontrat,lemontantdesredevancesfoncieresoulesdispositionsducahier
des charges Isensiblesparcequ’en realite, ladivulgationdeces informationsestd’abordde la responsabilite de
l’administration. Quel que soit leur niveau de sensibilite, toutes les informations relatives a l’entreprise sont
litteralementabsentesduchampdeconnaissancecommunautaire.End’autrestermes,silescommunautesdevaient
donner leur consentement pour l’activite, elles le feraient presque de
maniere«aveugle».
Mais en sens inverse, l’entrepreneur ne dispose pas d’informations
crucialessur lescommunautes.Lesplus importantesconcernent lemodede
decision endogene et les limites des terroirs. Celles6ci ne sont pas
documenteesetsontinconnuesdel’entrepreneuretdel’administration.
• Le processus de consultation libre et d’information n’est pas prealable al’activite. En realite, que ce soit pour l’implantation initiale ou pour les
projetsd’extension,lescommunautessontsurprisesparlemarquageetle
defrichage,pendantquecesactivitessontrealisees.Danscescas,seulesles
cultures sont compensees, et elles le sont sansnegociationprealableavec
lesproprietairesIlebaremeenvigueurpourlesexpropriationspourcause
d'utilite publique, applique de maniere abusive dans le cas des agro6
industries, n'est pas connu des communautes. Un autre aspect cle dans
cette demarche de compensation des cultures est la non6reconnaissance
des modes de mise en valeur de l’espace qui n’impliquent pas sa
transformation. Les populations autochtones sont lesplus lesees en lamatiere : s’il n’est plus rare qu’elles
pratiquentdel’agriculture,lachasse,lacollectedesproduitsforestiersnonligneuxetlapechedemeurentdes
moyensd’existenceirremplaçables.Lescompensationssontdoncinsuf3isantessiellesnetiennentpascompte
decesressources.En3in,toutcequiestdetruitn’estpasforcementcompensable:commentpeut6onremplacer
uncimetiere,unlieudepriereouautresitesacre,ouuneplantemedicinalerare?
CED6page15
SOURCES
1. Fondation Friedrich Ebert, CED,
ACDIC. 2012. Plaidoyerpouruneréforme du régime juridique descessionsdeterresàgrandeéchelleen Afrique Centrale. DocumentCadre.Yaounde.
2. Global Witness. 2012.Makingtheforest sector transparent. Annualtransparency Report 2011.London.
3. Nguiffo,A.etSchwartz,B.2012.LeXIIètravaild’Héraklès.Yaounde.
4. Wily, L. A. 2011. Aquiappartientla terre? Le statut de lapropriétéfoncièrecoutumièreauCameroun.
1.Unexcellentexempleenlamatiereest
lade3initiondelatransparence
proposeeparGlobalWitness(2012)
autourde6criteres:(1)disponibilite
del’information,(2)droitdetenureet
d’usageenforet,(3)cadrelegalet
regulationdusecteurforestier,(4)
participationdansleprocessusde
decision,(5)redistributiondes
revenus,et,(6)evaluation
environnementalestrategique,et
activitesextra6sectoriellesetnouveaux
enjeux.
2.Atitred'illustration,onpeutciter,pour
leCameroun,NguiffoetSchwartz
(2012),LeXIIèmetravaild'HeraklesetFondationFriedrichEbert,CEDet
ACDIC(2012),PlaidoyerpouruneréformedurégimejuridiquedescessionsdeterresàgrandeéchelleenAfriquecentrale.
Rapportannuel20136LatransparencedanslesecteurfoncierauCameroun
Analyse synthétique des problèmes et leurs causes
Rapportannuel20136LatransparencedanslesecteurfoncierauCameroun
Contexte et problématique
Aufuret amesureque lescasci6dessus etaientpresentes,nousenavons identi3ie lescausesrespectives.
Maisl’ensembledecescausesspeci3iquespeutseresumerauneseule: lafaiblesseoul'inexistenced’un
processus de Consentement Libre, Informe et Prealable (CLIP). Le CLIP est construit sur l'idee selon
laquelletouteactivitedegestiondesressourcesnaturellespeutaffecterlespopulationsquiendependent,
etquelerespectdesdroitsdecespopulationsestlavoiepourrendrel’activitedurableetethique.Dansuncontexte
ou les acteurs en presence sont d’egales capacites, le CLIP n’est pas necessaire. Mais dans le cas des populations
locales et autochtones disposant dont les droits coutumiers ne sont pas reconnus sur la terre, le CLIP est
indispensable. De maniere breve, une activite menee avec le CLIP des communautes potentiellement affectees
implique que celles6ci sont rencontrees avant le debut des operations, ont le droit de donner ou de refuser leur
autorisationpour larealisationdecesactivitessur leurterroir ; leurchoixdoitse fairesans lamoindrecontrainte,
maisaucontrairealalumieredetoutel’informationnecessairepourpermettreunedecisioneclairee.
Concretement,danslecasdesagro6industriesconsidereesdanscetteetude,plusieursecartsonteteconstates:
• La faiblesse du contexte juridique en matiere de reconnaissance des droits des communautes Les textescamerounaisenvigueurnereconnaissentauxcommunautesqu'undroitd'usagesurlesespacesetlesressources
qu'ellesutilisent.Cesdroitssontessentiellementrevocables,etnepermettentpasauxcommunautesdes'opposer
alaconduited'activitesautoriseesparl'administrationsurcequ'ellesconsiderentcommeleurterroirtraditionnel.
On continue d'avoir au Cameroun une opposition forte
entre les droits coutumiers (qui font des communautes
des proprietaires) et le droit etatique, qui en fait de
simplestitulairesdedroitsd'usage.
• Lescommunautesn’ontpasdonneleurconsentementpour la realisation d’activites industrielles sur leur
terroir. En effet, l’entreprise qui a signe un contrat de
concession estimenepasavoirde compte a rendreaux
communautes qui dependent des espaces et des
ressources que lui attribue le contrat. La question du
consentement de ces dernieres ne se pose meme pas.
L’administration locale et decentralisee n’est pas non
plus favorable a une demarche de consentement, non
prevue par la loi. Ainsi, que ce soit pour l’entrepreneur
ou lesof3iciels locaux, l'oppositiondescommunautesne
peutetresuspensivedesoperationsdelacompagnie.
Ceciexpliquel’insouciancefaceauximpactsdesactivitesdescompagnies.D’unepart,lesimpactsnegatifsnesont
pasconnus,leurgestionnefaitpasl’objetdediscussionetlesconsequencesquiendecoulentsontsupporteesparune
seule categorie d’acteurs (les communautes). Quand les communautes ont proteste activement contre ces impacts
negatifs, l’entrepreneuret l’administrationsont intervenusparfois tresviolemmentdanscertainsdes sites.D’autre
part,lesimpactspositifsnesontpasameliores,documentesetrenduspublicsdemanieretransparente.L’emploi
des locaux, la redevance fonciere et la creation des infrastructures sont des impacts positifs sur lesquels les
communautesnedisposentpastoujoursdetoutel'information.Ellesnepeuventdoncpaslessuivre,nimemeen
avoirunevisiond’ensemble.Notrehypotheseestquesi lescommunautesavaient lepouvoirdedonneroude
CED6page14
Dans son Document de Strategie pour la Croissance et l’Emploi (DSCE), le gouvernement du
Camerouncitel’augmentationdelaproductionagricolecommel'undespiliersdesastrategie
pourdevenirpaysemergenten2035.Unemesurecleencesensconsistearendreaccessibles
etdisponibleslesfacteursdeproduction,dontlaterre(DSCE,2009).Quatreansplustard,on
noteunedynamiqueineditedans lesecteurde l’agro6industrie.Denouvellesconcessionssontsollicitees,
surdessuper3iciesdepassant,parfoislargement,200000ha.Auniveaumacro6economique,laperspective
del’arriveemassivedecescapitauxdesocietesagro6industriellespeutconstitueruneopportunitedansla
quetedelacroissanceeconomique,maispeutaussietreunesourcedetensionsentrelescompagniesetles
populationsdependantdesespacesconcedes.Cestensionssontd'autantplusexacerbeesquelacroissance
demographiqueetledeveloppementdeprojetsd'extractionoud'infrastructureaccroissentlapressionsur
lesressourcesfoncieres.Etcesdeveloppementsn'ontpaseteaccomplisentenantcomptedelanecessite
d'assurer l’amelioration de l’acces a la propriete fonciere des populations dependant directement des
ressources naturelles, qui sont des lors exposees aux risques de restriction d'acces aux espaces et aux
ressourcesliesauxdecisionsd'affectation
desterresprisesauniveaucentral(Wily,
2011).Dans un tel contexte, la
transparence dans le processus
d'attribution des droits a des 3ins
commercialesurlaterreetlesressources
est particulierement importante, et
constitue un prealable minimal a la
cohabitationsereineentrelescompagnies
etlescommunautes.
La presente evaluation de la
transparence des agro6industries ne
s'interessera pas aux cas particuliers de
compagniesdusecteur,maistenteraapartird'uneenqueteaupresd'unechantillondesocietesactives(ou
en cours d'installation) au Cameroun, de fournir un aperçu de la qualite de l'acces a l'information des
riverainsetdesautoritessurlescompagniesetleursactivites.Demaniereplusspeci3ique,ils’agitde:
• Faireunephotographieinitialedelasituationdelacommunicationentretouslesacteursconcernesparlesimplantationsagroindustrielles,toutenenidenti3iantlesforcesetlesfaiblesses,
• Sur la base des exigences legales nationales et internationales, proposer des mesures pourrenforcer,sinecessaire,cetelementdetransparencedanslesecteurfoncier.
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Rapportannuel20136LatransparencedanslesecteurfoncierauCameroun
Méthodologie
Rapportannuel20136LatransparencedanslesecteurfoncierauCameroun
Impacts environnementaux des activités des agro-industriels
L esdonneesanalyseesdanscetravailontetecollecteespendantunmoisentreYaoundeetlesregionsduSud,Littoral,CentreetSud6ouest.Deuxaxesdecollecteontetesuivis:
• La revue de la documentation a3in d’identi3ier dans la presse, les documents of3iciels del’administration,lessitesinternetetlesrapports,touteslesinformationsrelativesauxactivitesdes
compagniesagroindustriellesselectionnees.
• Laphasedeterrain,conduitedanslazoned’implantationdeseptcompagniesagro6industrielles.Laplusancienne (SOCAPALM6Kienke)existedepuis1963 (maisa eteprivatiseeen2000), tandis
quelaplusrecente(BIOPALM)asignesaconventiondeconcessionen2011(Tableau1).Ilconvient
denoterqu’uneseuledes sept compagnies ciblees est a capitaux camerounais.Toutes les autres
sontcontroleespardessocietesd’origineetrangere,soitalasuited’unprocessusdeprivatisation,
soitparl’obtentiondirected’uncontratdebail.Ilauraitsansdouteeteinteressant,aplusd’untitre
de,mettreunaccentsurles eventuellesdifferencesdans laperceptionetlacommunicationselon
qu'il s'agisse d'un investisseur national d’une part, ou d'un investisseur etranger, d’autre part.
Cependant, cesdifferencesn’ontpas ete abordeesdans cette
analyse preliminaire, de meme que les dynamiques liees a
l’anneed’installationoudeprivatisation,alasuper3icietotale
ouencorealaprincipaleculturepratiquee.Enrevanche,nous
avons analyse l’in3luence du statut de l’activite : plantation
installeeouprojetdeplantation.
Lademarchemethodologiquesur le terrainaprivilegie deux
techniquesdecollectededonnees sociales : l’entretiensemi6
structure et la discussion de groupe dirigee (Focus group
discussion). Ainsi, 30 villages et communautes locales et
autochtones ont ete consultes, a travers des personnes6
ressource (entretien semi6structure) et des groupes
representatifs de toutes les categories d’age (discussion de
groupedirigee).
Enoutre,13of3icielslocauxonteterencontres,aveclapriorite
auxrepresentantsdesministeresenchargedel’agricultureetducadastre.Acesujet,ilestd’ailleursutile
de preciser que des employes de cinq entreprises seulement ont accepte de participer a cette etude. La
raisongeneralement evoqueea ete la craintequ’une telle recherchegeneredes con3lits.Cepremierde3i
peut temoigner de la « sensibilite » de la transparence, et commenous le verrons plus loin, il in3luence
egalement le niveau d’information de l’administration decentralisee sur les projets. En3in, seules deux
entreprisesontparticipeal’etude,pourlesmemesraisonsquelesof3iciels.
CED6page04
CED6page13
Toutes les plantations actives visitees dans le cadre de cette etude ont realise une Etude d’Impact
Environnementale (EIE)pour envisager les impacts environnementaux de leurs activites et proposer
desmesuresd’attenuation.Cependant,aucunecommunautenedisposed'unecopiedurapportdecette
etude,nin’enconnaitlesprincipalesconclusionsetactionsproposees.Ilestdoncimpossible,pourles
principalesvictimespotentiellesdesimpactsnegatifsdelaplantationdeprevoirlesditsimpacts.
Ledomainedesimpactsenvironnementauxestsansdouteceluiouladifferenceestlaplusnetteentrelesprojets
deplantationetlesplantationsencours.Danslespremiers,lesimpactssontencoreinexistantes,puisqueaucune(ou
troppeu)activitedeterrainonteterealisees.Danslessecondes,plusieursimpactsonteterepertories:contamination
d’eaudeboisson,presenceabondantedemouchesetfortesodeurs.
Lacontaminationdel’eaudeboissonseraitduea
divers produits chimiques et dechets : herbicides,
pesticides, ferrailles, batteries, ordures menageres,
etc.Ilvadesoiquecesproduitssontdangereuxpour
lasantedescommunautes.Maisparailleurs,celles6ci
ne sontpas capablesd'indiquerdemaniere precise
quel type de produit est utilise, ni les risques reels
auxquels elles sont exposees. Par exemple, les
pesticides sont6ils plus dangereux que les
herbicides ? Parmi les herbicides, lesquels sont les
plusdangereux?Quellessontlesperiodesdel’annee
pendant lesquelles l’entreprise utilisera
massivementcesproduits?Quelssont lesrisques?
Quellesmesurespreventivespourraientadopter les
communautes ? Quelles sont les chances de survie
des savoirs environnementaux des communautes
pour assurer leur resilience dans ce contexte de fortesmutations ? Et bien d’autres questions qui, non prises en
comptedemaniereadequate,rendentpernicieuseslesactivitesdesgestionnairesdeplantationsindustrielles.
A une plus grande echelle, la gestion des impacts environnementaux s’avere dif3icile a envisager tant au sein de
l’entreprise que de l’administration decentralisee. Cette derniere constate egalement les importants risques de
pollution, mais ne peut effectivement renseigner sur des mesures d’attenuation. Les rapports d’evaluation de la
Brigade Nationale de Controle de l’Environnement ne sont pas accessibles pour tous les of3iciels decentralises, et
encoremoins pour les populations locales. Il est leur est donc impossible de (1) contribuer au suivi des impacts
environnementauxet(2)participeralanoti3icationdesnouveauxcasdedommagesenvironnementaux.
Rapportannuel20136LatransparencedanslesecteurfoncierauCameroun
Reconnaissance des droits des communautés
Rapportannuel20136LatransparencedanslesecteurfoncierauCameroun
Nousl’avonsmontreplushaut,lescommunautesparticipentfaiblementauxactivitesdesagro6industriels.
Ilestfrappantdeconstaterqued’unecommunauteal’autre,trespeudepersonnespeuventdonneravec
precisionlenombred’autrescommunautesbordantlamemeconcession.Iln’existeaucuneplateforme
d’echangeentretouslesvillages.Maisl’unedesquestionssouleveesparcettesituationdefaibledialogue
concernelerespectdesdroitsfonciersetd’usagedescommunautes.
Les terres concedees pour l’agro6industrie correspondent aux terroirs que revendiquent les communautes I
desormais Iriveraines. Ces dernieres ont releve plusieurs cas de destructions de cultures sans paiement de
compensation.Ellesdeplorentegalementdescasdedestructiondesitessacresetdezonesdecollectedeproduits
forestiersnonligneux.L’installationdel’entrepriseaegalementconduit,dansuncas,audeplacementdespopulations,
sanscompensationnegocieeetsatisfaisantepourlesditespopulations.Ensomme,lamiseenplacedesplantationsa
conduit,dansbiendecasadeuxproblemesmajeurspourlescommunautes:(1)l’expropriationetledeplacementdes
communautes de leurs terroirs et (2) le versement Iquand c’est le cas Ide compensations insuffisantes, car ne
couvrantpaslatotalitedesressources/espacesdontl'usageetaitcompromisoutoutsimplementperdu.Ilexistede
nombreusesaffairessoumisesalajusticeouadesmecanismesvolontairesdereglementdedifferendsconcernantles
relationsentredesriverains(atitreindividueloucollectif)etlesentreprisesagro6industrielles.
Lescommunautesautochtonessubissentdavantagecesdommages.Cellesrencontreesdanslecadredel’enquete
deterrainontperdudeszonesdechasseetd’autresespacesetressources,maisaussidestombesetdes lieuxde
priere.Ellesdependentpourtant,plusquelesautrescommunautesriveraines,delaqualiteetdelarichessedelaforet
pourleursurviequotidienne,puisqu'ellesnemenentengeneralpasd'activitesagricoles.
Surunautreplan,lameconnaissanceducahierdescharges
expose les communautes a la privation des benefices de
l’activite agricole. D’autres problemes importants
rencontres incluent la non6priorisation des locaux dans
l’embaucheetl’ignorance(1)del’existencedelaredevance
fonciereapplicablepourlaplantationet(2)delapartqui
devrait revenir a la communaute. Dans lesmeilleurs cas,
l’entrepriseafficheunevolonted’embauchepreferentielle
pour lescommunautes riveraines.Maisdans les faits, ces
dernieres ne sont pas toujours informees des offres
d’emplois disponibles dans l’entreprise et denoncent
l’embauche d’etrangers pour des postes dont les
competences sont disponibles au niveau local. Dans les
autres cas, les populations n’ont pas connaissance de
politiquesd’embauchepreferentielle.Une foisdeplus, les
populations autochtones sont moins privilegiees que les
autresavecdesmaximad’uneadeuxpersonnesrecruteesparcommunaute.
Lesimpactssociauxnegatifsdesplantationssontlourdspourlescommunautesriveraines.Pourtantlesefforts
d’attenuationsont,sinoninexistants,dumoinsinvisiblespourlaplupartdescommunautesimpactees.N’ayant
pasdecontrole sur la gestionde leurmilieu,quelleschancesontcesdernieresdese faireentendrepour la
preservationdeleurecosysteme?Autrementdit,sont6ellesaucourantdespossiblesimpactsenvironnementaux
desactivitesd’huiledepalmeetparticipent6ellesal’attenuationdecesimpacts?
CED6page05
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Villa
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s
SocietedesPlantationsduHaut
Penja(PHP)
C:1983
P:1991
France
En
activite
25ans
6000
Banane
Bonadam
Mbouale
Mpoula
Mouataba
Mbome
Bayile
Njombe6
fan
SocieteIndustrielledesTabacs
duCameroun(SITABAC)
1983
Cameroun
En
activite
Inexistan
tInconnueTabac
Bokaga
Tchekos
SocieteSucriereduCameroun
(SOSUCAM)
C:1964
P:1998
France
En
activite
99ans
20000
Cannea
sucre
Mbandjock
Ndo
Niobaboute
Nkoteng
Wassa6Baboute
Sibane
BioPalmEnergyLtd
2011
Singapour
Pas
encoreen
activite
Encours
de
3inalisatio
n
3300
Huilede
palme
Gwap
Nkollo
Bella
SocieteCamerounaisede
Palmeraies(SOCAPALM)6
Kienke
C:1963
P:2000
France
En
activite
60ans
21700
Huilede
palme
Mbeka’aLobe
BidouII
BidouIII
Lendi
Ndoumale
KilomboI
HeveaduCameroun
(HEVECAM)
C:1974
P:1996
Singapour
En
activite
50ans
59400
Hevea
AkomI
Nko’olong
Nyamabande
Adjap
SitheGlobalSustainableOil
(SGSOC)
2009
Etats6Unis
d’Amerique
Debut
d’activite99ans
73000
Huilede
palme
Fabe
MeangweII
Tableau�:�Zone�d’étude�
CED6page12
Rapportannuel20136LatransparencedanslesecteurfoncierauCameroun
Connaissance des informations générales sur l’entreprise
Rapportannuel20136LatransparencedanslesecteurfoncierauCameroun
Cette section presente le niveau de connaissance generale des entreprises par les populations etl’administration locale et decentralisee. Elle est structuree autour de huit rubriques qui correspondent a
autantdequestionsposeesacescategoriesd’acteurs.Ils’agitdunomdel’entreprise,sanationalite,sadate
d’implantation, la duree de son contrat, la super3icie concedee (ou convoitee), les activites menees, la
destinationdesproduitset,eventuellement,lesprojetsd’extension.
NTUVWXYZTU[Y\]^WNTUVWXYZTU[Y\]^W
Danstouslescas,lesigle(etpaslenomcomplet)estbienconnudespopulationsriverainesdelazoned’implantation,
ycomprisdansleszonesdeprojetoupeud’activitesdeterrainonteteeffectivementrealisees.
Lenomdel’entrepriseestbienconnudetouslesof3iciels
NY_^T]YX^_WVW`[a^]Z^[YbcV^a^\WY]_`NY_^T]YX^_WVW`[a^]Z^[YbcV^a^\WY]_`
Pour les entreprises etrangeres, le premier critere de clari3ication de la nationalite est la race : « blanc ». Les
communautes savent que les dirigeants sont avant tout blancs. Mais pour les plantations existantes, il existe une
gammed’informationsdifferentessur lanationalitedesdirigeants.Pour lamemecompagnie,onpeutavoir jusqu’a
troisnationalitesdifferentes,avecunepredominancepourlanationaliteeffectivedesinvestisseurs.Enrevanche,pour
deuxentreprises,lanationaliteestbienconnuedetouteslespopulations.
Exemple:danslecasdeSOCAPALM6Kienke,troisnationalitessontproposees,avecapeine55%debonnereponse.
Ducotedel’administration,laconnaissancedelanationalitedesdirigeantsestplusetablielorsquelesentreprisessont
deja installees.Maispourlesprojets, lesavissonttresvariables.Avantqu’unprojetnesemetteenplace,il leurest
clairementdif3iciled’identi3ier les investisseurs.Et cecimemequand leprocessusdemise enœuvre estdeja a ses
debuts.Danslecasdel'unedescompagnies,lanationaliteestconnuedanstoutelazonecouverteparleprojet,bien
quelesactivitesdeplantationn'aientpasdemarre.
DY_WV’^U[XY]_Y_^T]DY_WV’^U[XY]_Y_^T]
Des ecarts importants sont observables lorsqu'il s'agit de demander aux communautes d'indiquer la date
d'implantationdelacompagnie.Unpremiercasconcernelesentreprisesprivatisees.Celles6ciontparfoisexisteplus
de20 ans avantd’etre cedees soit sous lamemeappellation, soit sousun autre nom.Dans ces cas, il est tres
dif3icilepourlespopulationsdesituertantladated’implantationinitialequeladatedecreationdelanouvelle
entreprise. Une deuxieme situation est celle des plantations entourees a la fois de communautes locales et
autochtones.Lespremieresconnaissentladated’implantation,tandisquelessecondesl’ignorentcompletement.
En3in,ilrestedeuxcasoucettedateestbienconnue,etmemequandlaplantationesttresancienne.
Communautés
Administration
Communautés
Administration
Communautés
CED6page06
En3in, le cadre d’echange, quand il est reconnu comme existant est considere comme la plateforme ideale pour la
transmissiondes doleances des communautes et la defensede leurs droits. Cependant, il demeurequ’il ne suf3it pas d’y
exposer ses doleances pour que celles6ci soient prises en consideration. Un notable quali3ie ce cadre de «.cadre.de.soumission.»,c’est6a6dire,unlieuousontdeposeesdesplaintesquepersonnen’ecoute.
PbeX^ZY_^T]V’^]fTaUY_^T]`[YaX’W]_aW[a^`W`ba`W`YZ_^g^_W`PbeX^ZY_^T]V’^]fTaUY_^T]`[YaX’W]_aW[a^`W`ba`W`YZ_^g^_W`
En l’absence d’un cadre d’echange, de reunions d’information frequentes, les entreprises ne disposent pas de canal
interactifdepublicationdesinformationsrelativesaleursactivites.Enrealite,danslescasouilexisteuncadred’echange,la
tenuedereunionsauseindecelui6ciestlelieud’informerlesrepresentantsdecommunautes.Cependant,cesderniersne
disposent d’aucun support, se privant ainsi de toute possibilite de transmettre les informations reçues au reste de leurs
communautesrespectives.
Il existe cependant un canalminoritaire depublicationdes informations sur l’entreprise : il s’agit des services de la
mairieetdelasous6prefecture.Ici,desaf3ichesindiquantles«œuvressociales»realiseesparl’entreprisesontbienvisibles
surdestableaux,sanspossibilitepourlescommunautesdecontesteroud’approuverlesinformationsycontenues.
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L'ecartconstatedanslapublicationd’informationssurl’entreprisecontribuealadisseminationderumeurs,notamment
autourdesobligationsdel’entreprise.Lecahierdeschargesestinconnudescommunautes.Parconsequent,celles6cidans
leur grandemajorite, ne savent pas exactement si l’entreprise a des obligations sociales. Le cas echeant, les obligations
listees concernent essentiellement la realisation d’actions dites sociales (construction de petites infrastructures
communautaires,reparationdedommages)etlerecrutementdejeunesduvillage,maisaussil’evitementdesaccidentsdus
auxactivitesdel’entreprise.Maisils’agitd’informationsacquisesautrementquedanslecadredereunionsavecl’entreprise.
Aussi, n’est6ilpas possiblepour les communautes (1)d’assurer le suivide leurpriseen compteeffective, autantque (2)
d’imposeral’entrepriselerespectdesesobligationsreelles.
LW`ZT]fX^_`LW`ZT]fX^_`
Dans les relations entre l’entreprise et les communautes, un pan crucial, lie precisement au niveau de connaissance
disponible, concerne la gestion des con3lits. Toutes les entreprises en activites ont deja recense des con3lits avec les
riverains.Cescon3litsontplusieursorigines:(1)larealisationd’activitesdanslesterroirscommunautaires,notammentavec
destructiondeculturesdescommunautes,(2)lefaiblerecrutementdeslocaux,(3)lespollutionsdiversesdel’eau,(4)les
soupçons de vol de production, etc. Ces con3lits peuvent aller d’un refus de collaborer a des bagarres violentes avec
interventiondesforcesdel’ordre.
La resolution des con3lits peut egalement etre source de con3lits. Le principal moyen evoque par les communautes
consiste en l’implication des autorites : sous6prefet et gendarmerie. Aucun mecanisme preventif n’est connu des
communautes.Lesdifferentscadresd’echangequiauraientpuetreutilesacetegardnesontpaseffectivementfonctionnels.
Aussi,lorsquesedeclencheuncon3lit,lesbasespourledialoguesontfragiles,menanttresrapidemental’usagedelaforce
des deux parts. Au moment de l’enquete de terrain, plusieurs communautes etaient engagees dans des affaires qui les
opposaiental’entreprise,maintenantainsiunclimatlocaldeme3iance.
Les tensions entre les entreprises gestionnaires deplantations industrielles et les communautes riveraines semblent
etre la consequence d’un dialogue presqu’inexistant entre ces deux parties. Les causes de ces con3lits (pour les
communautes)ledemontrentasuf3isance.Atitred'illustration,consideronslarealisationd’activitesdanslesterroirs(avec
destruction des cultures). Les reunions d’avant6projet autant que l’existence d’un cadre d’echange fonctionnel auraient
permis de prevenir des situations de cette nature. En l’absence de mecanismes de dialogue continu Iquand de tels
mecanismesexistent,ilsdemeurentinconnusdelaplupartdescommunautesI,enl’absencedesinformationscrucialessur
lenombredevillagesriverainsde laplantation,sur lesactivitesde l’entrepriseouencoresursesobligationssociales, les
communautesn’ontpasdemargepourgarantirlerespectdesclausesducahierdeschargessigneavecl’administration.
Au6deladesproblemesspeci3iquesposesci6dessusImeconnaissancedelazoneduprojet,notammentdesvillages
riverains, insuf3isance de reunions d’information avant le demarrage des activites, absence de cadre d’echange,
d’informationsurlesactivitesdel’entrepriseetdemecanismederesolutiondescon3litsI, leproblemefondamental
posedanscettesectionconcernelareconnaissancedesdroitsdetenurefonciereauxcommunautes.Danstouslescas
examines lorsdecette etude, l’exploitantnetrouvepasnecessairederencontrer lescommunautesavant lamiseen
œuvredesonprojet,carilarrivearmedutitredecessionaccordeparl’Etat.
En somme…
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Rapportannuel20136LatransparencedanslesecteurfoncierauCameroun
Relations entre communautés et agroindustriels
Rapportannuel20136LatransparencedanslesecteurfoncierauCameroun
L’objectifdecettesectionestdemieuxcomprendrel’originedufaibleniveaud'informationconstatedans la
sectionprecedente.Lademarcheestsimilaire:nousavonsinterrogeleniveaudeconnaissancedesactivites
menees par l’entreprise dans les communautes riveraines de sa plantation. Les points traites sont : la
connaissance des autres villages riverains, la tenue de reunions d’information avant lamise enœuvre du
projetdeplantation,l'existenceetlefonctionnementd’uncadred’echangeentrel’entrepriseetlescommunautes, la
publication par l'entreprise d’informations sur ses activites, la connaissance des obligations de l’entreprise et,
l’existencedescon3litsetleurresolutioneventuelle.Enrevanche,ici,seulslesprincipauxprotagonistesontetecibles,
asavoirlescommunautes.
V^XXY\W`a^gWaY^]`V^XXY\W`a^gWaY^]`
L’etudedemontrequel’informationsurlenombredecommunautesriverainesdelaplantationpeutvarierselonles
interlocuteurs. En effet, si les chefs en ont parfois meilleure connaissance, il n’est pas de meme pour les autres
membresdelacommunaute.Ilestdonccourant,quememepouruneplantationexistante,lescommunautesnesoient
pas en mesure de lister avec precision les autres communautes environnantes. Cette lacune nous ramene a la
meconnaissancedelasuper3icie,etparricochet,deslimitesdelaconcessionentiere.Deuxquestionsseposent : les
entreprisesd’agro6industrierealisent6ellesdesetudessocio6economiques?Sioui,lesresultatssont6ilsrenduspublics
pourlescommunautes?
Exemple� :�pour les populations riveraines de la PHP, 6 possibilites de nombre de villages ont ete proposees :«plusieurs»,5,6,7,8et10communautes.Ensomme,seuls20%depersonnesconnaissent lenombreexactet les
nomsdescommunautesriverainesalaplantation.
RWb]^T]`V’^]fTaUY_^T]YgY]_XWVWUYaaY\WVb[aThW_RWb]^T]`V’^]fTaUY_^T]YgY]_XWVWUYaaY\WVb[aThW_
Seules les communautes riveraines de deux compagnies ont connaissance (meme relative) de sessions
d’information avant la mise en œuvre de la plantation. Dans un cas, l’entreprise avait signe un proces6verbal de
reunion avec les communautes (aujourd’hui, celles6ci soutiennent que leurs parents avaient alors ete dupes pour
cederleursterres),dansl’autre,unemoitiedecommunautesaeteconsultee,l’autrenel’apasete.
Demaniereplusgenerale,lemanquedereunionsavecl’entrepriseestrevenucommel’undesproblemesmajeurs.Il
ne s’agit pas seulement des reunionsd’avant6projet,mais egalement d’echangependant la realisation dudit projet.
Ainsi,memepourdesentreprisesvieillesde20ans, lescommunautesn’ontpasconnaissancedereunionsrecentes
avecl’exploitant.Ici,uneseuleentrepriseasigneuncahierdeschargesaveclescommunautesriveraines,cahierdes
chargesdontcelles6cinedisposentpasdecopie.
En3in, dans les cas les plus extremes, les seules « reunions » d’information ont consiste soit en l’arrestation de
communautesquirevendiquaientcontrel’installationdel’entreprisesurlesterroirscommunautairesouquietaient
accusees de vols de recolte. Pour les populations autochtones, les seuls contacts repertories consistent en leur
sollicitationlorsd’evenementsdansl’entreprise,a3indefournirdesprestationscommedanseurstraditionnels.
Ec^`_W]ZWW_fT]Z_^T]]WUW]_V’b]ZYVaWV’WZiY]\WW]_aWEc^`_W]ZWW_fT]Z_^T]]WUW]_V’b]ZYVaWV’WZiY]\WW]_aW
X’W]_aW[a^`WW_XW`ZTUUb]Yb_W`X’W]_aW[a^`WW_XW`ZTUUb]Yb_W`
S’ilexistedescadresd’echangeaveclescommunautes,ceux6cisontfaiblementconnusdecesdernieres.Eneffet,danslemeilleurdes
cas,lecadred’echangeestconnupar30%descommunautes.Danslesautrescas,onpeutallerauneconnaissanceequivalentea
0%,c’est6a6direpourunecompagniedonnee,aucunecommunauteneconnaitl’existenced’uncadred’echange.Cepremierniveaudemeconnaissanceestdoubledufaitqu’enrealite,seulsleschefsdevillagessontconcernesparlesrencontresaveclacompagnie.
Ils participent a des reunions avec toutes les autorites locales, et ne transmettent pas necessairement l’information a leurs
communautesrespectives.
Exemple : 70% de personnes ont donne une date inexacte pour la creation de la PHP, tandis que seuls 12% ont
proposecelledelaprivatisation,et18%n’avaientaucuneideedeladated’implantation.Dememe,ladatedecreation
del’entrepriseinitialeesttotalementinconnue.
Lesof3icielsontunemeilleureconnaissancedeladated’implantationdel’entreprise.Etmeme,danscertainscas,ils
peuventfaireladifferenceentreladated’implantationetcelledeprivatisation.
DbaWWVbZT]_aY_DbaWWVbZT]_aY_
En ce qui concerne la connaissance de la duree du contrat, les avis divergent egalement. Elle varie d’une
meconnaissance, doublee d’un manque d’interet, a une connaissance plus precise, en passant par une variete de
chiffres.Enrealite,seules4personnesdans l’ensembledes30communautes etaientenmesurededonner laduree
exacteducontrat,etils’agissaitdechefsdevillageIilsn’etaientdoncpasrepresentatifsdurestedelacommunaute.
Et ces « erudits » sont tous situes autour de deux concessions. En d’autres termes, autour de toutes les autres
concessions,aucuninformateurneconnaitladureeexacteducontratdebail.
Exemple:lescommunautesriverainesdelaPHPformulenttroisreponses:99ans,25anset«Aucuneidee».Ici,ilest
interessantdeconstaterquedesrepresentantsde l’administrationsont egalementpartagessur lesdeuxpremieres
options.
Comme mentionne ci6dessus, la duree du contrat de bail de l’entreprise n’est pas une donnee sur laquelle les
representants des administrations locales et decentralisees disposent de la meme information. Deux principales
dureessontproposees:25anset99ans.Dansuntelcontexte,laquestionpreliminairequel’onpeutseposerestde
savoirs’ilestpossiblepourdesadministrateurspeuinformesdebienrenseignera leurtourlespopulationsdontils
ontlachargedel'encadrement.
Sb[Waf^Z^WZT]ZWVWW`Sb[Waf^Z^WZT]ZWVWW`
Seules3personnes,dans30villagesvisitesconnaissentlasuper3iciereelledelaplantationindustrielle.Autrement,les
reponses sont tres approximatives, si elles ne sont tout simplement pas inconnues. Un informateur a ainsi donne,
comme taillede la concession,unchiffrequi etait45 fois inferieur a la super3icie reellede laplantation.Cecipeut
s'expliquerpartroisraisonsaumoins:(1)l’unitedemesure(ha)n’estpasforcementbienconnuedescommunautes;
(2)cescommunautesn’ontpasreçud’informationdirectesurlasuper3iciedelaplantationbordantleurlieudevie,
parfoisdepuisplusde40anset;(3)leschiffresontetecommuniquessoitaumomentdelacreationdelaplantation,
soitaumomentdesaprivatisation,etavecletempslesinformationsreçuessesonteffacees.
Exemple : les communautes autour de la PHP ont propose jusqu’a 6 reponses differentes pour la super3icie de la
plantation;reponsesauxquellesilfautajouter50%depersonnesquil’ignoraienttoutsimplement.
Contrairement a la duree du contrat de bail, la super3icie concedee estmieux connue de ces acteurs. Demaniere
generale,lesautorites,notammentcellesenchargedel’agricultureouducadastreontuneideeprecisedelasuper3icie
delaplantation.Cependant,lesecartslesplusimportantsnotes(dusimpleaudouble)concernentdesmairesetsous6
prefets.
Administration
Communautés
Administration locale et décentralisée
Communautés
Administration
CED6page07
CED6page10
Rapportannuel20136LatransparencedanslesecteurfoncierauCameroun Rapportannuel20136LatransparencedanslesecteurfoncierauCameroun
AZ_^g^_W`UW]WW`AZ_^g^_W`UW]WW`
Lesculturesrealiseesouarealiserdanslesplantationssontbienconnuesdescommunautes.Endehorsducasdela
PHP qui pratique plusieurs cultures (dont certaines n'ont pas ete citees par certains des riverains), toutes les
communautesriverainesontpuidenti3ierclairementlesactivitesrealiseessurlesiteduprojet.
Lesactivitesrealiseesouarealisersontbienconnuesdel’administration.
DW`_^]Y_^T]VW`[aTVb^_`DW`_^]Y_^T]VW`[aTVb^_`
Dans les zones de projet de plantation, la destination des produits est non seulement inconnue, mais en plus ne
semblepasfairepartiedessujetsd’interrogationdescommunautes.Danslesplantationsenrevanche,ilexistebien
unecertaineconnaissancede ladestinationdesproduitscultives.Ellen’estpasuniforme,ni toujoursprecise,mais
biendisponible.Ainsi,pourlesentreprisesexportantlesculturesdanslespayseuropeens,ladestinationevoqueeest
«Etranger»plutotquelepaysoulecontinentdedestination.En3in,pourdeuxentreprises,ladestination3inaleest
bienconnue:ils’agitd’entreprisescommercialisantleursculturesessentiellementauCameroun.Acesujet,onpeut
remarquerqu’ilestsansdoutedif3icilepourdescommunautesruralesderetenirsystematiquementlesnomsdetous
les pays dans lesquels sont exportees les cultures de la plantation (quel que soit, par ailleurs, la nature des
informationsmisesadisposition).
Ladestinationdesproduitsdesplantationsestdiversementconnuede l'administration.Leniveaud’incertitudeest
semblableaceluidescommunautes:pourlamemeplantation,plusieursdestinationsdifferentesetaientproposees.
Enrealite,pourl’administration,cetteinformationn’estpasutiledanslesactivitesquotidiennes
Ec_W]`^T]Tb[aThW_V’Wc_W]`^T]Ec_W]`^T]Tb[aThW_V’Wc_W]`^T]
Pour les plantations etablies, les zones d’extension sont
generalement bien connues des communautes ; mais elles le
sont apres la realisation de l’extension proprement dite. Les
communautesdecouvrentetprennentconnaissancedeszones
d’extension par constatation du marquage ou du defrichage.
Mais aucun membre de communaute n’a ete capable de
determiner les projets non materialisees d’extension. Par
ailleurs,memequandellesidenti3ientleszonesd’extension,les
communautesnepeuventpasevaluerleursuper3icie.
Les communautes environnantes d’une zone de projet de
plantation disposent d’une faible connaissance des limites de
laditezone.Tantquedesconsultationsn’ontpaseterealisees,il
est meme dif3icile de determiner si elles font partie de cette
zonedeprojet.
Communautés
Administration
Communautés
Administration
Communautés
CED6page08
Nomdel’entrepriseActivitésmenées
NationalitédesdirigeantsDestinationdesproduitsDated’implantationProjetd’extensionSuper3icieconcédée
Duréeducontratdebail
Niveaudécroissantdeconnaissancedescommunautés
Demanieregenerale,l’administrationaunemeilleureideedelazoned’extension.Maisunefoisdeplus,ils’agitd’une
prisedeconnaissanceexpostalamaterialisation(marquageoudefrichage)delazoneduprojetd’extension.
Administration
En somme
L’evolution du niveau de connaissance dont disposent les communautes sur l’entreprise est lineaire suivant la
schematisationsuivante :nomdel’entreprise,activitesmenees,nationalitedesdirigeants,destinationdesproduits,
dated’implantation,projetd’extension,super3icieconcedee,etladureeducontratdebail.Lesinformationslesplus
disponibles concernent le nom de l’entreprise et ses activites. En revanche, deux informations cruciales pour un
processusdepartenariat equilibre sontpresque indisponibles : la super3icie concedeeet ladureeducontrat. Il est
egalement surprenant de constater la pauvrete d’informations de base telles que la destination des produits, la
nationalitedesdirigeants.
Plus surprenant encore, l’etude
revele plusieurs ecarts dans les
connaissances des of3iciels locaux, y
comprisdeceuxenchargedesquestions
foncieres et de l’agriculture. Ce de3icit
d'information des autorites locales
rejaillit sans doute sur le niveau
d'informationdescommunautes.
En de3initive, l’evaluation sommaire
du niveau de connaissance des
communautes et de l’administration
locale et decentralisee sur les
compagniesagro6industriellesreveleque
cesacteurssonttrespeuinformes.Cette
situation est preoccupante dans la
mesure ou, en 3in de compte, les
connaissances evaluees a ce stade sont
des plus basiques. L'etude a
deliberement choisi de ne pas s'interesser, pour le moment, a des donnees relatives a la production de
l’entreprise,auxredevancesversees,aunombred'employes,aux realisations locales,etc.Qu’enaurait6il ete si
ces questions avaient ete soulevees ? Au demeurant, le de3icit d’information interpelle sur les canaux de
communicationformalisesentrel'entrepriseetlesautrespartiesprenanteslocales.
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