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2012 L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde La croissance économique est nécessaire mais elle n’est pas suffisante pour accélérer la réduction de la faim et de la malnutrition

Etat de l'insécurité alimentaire dans le monde

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FAO 2012

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L'état de l'insécurité alimentaire dans le monde 2012 présente de nouvelles

estimations de la sous-alimentation, calculées au moyen d’une méthode révisée et

améliorée. D’après ces nouvelles estimations, la lutte contre la faim menée ces

vingt dernières années a donné de meilleurs résultats que ce que l'on pensait. Si

l’on redouble d'efforts, la cible correspondante des Objectifs du Millénaire pour le

développement pourrait être atteinte au niveau mondial d'ici à 2015. Le nombre

de personnes qui souffrent de sous-alimentation chronique reste cependant à un

niveau inacceptable et l'éradication de la faim demeure un enjeu mondial majeur.

Cette année, le rapport montre aussi en quoi la croissance économique

contribue à la lutte contre la sous-alimentation. La croissance est un outil ef�cace

de lutte contre la pauvreté et la faim dès lors qu’elle crée des emplois et des

sources de revenus dont les pauvres peuvent pro�ter. Une croissance agricole

durable, en particulier, a souvent des retombées sur les pauvres, parce que la

plupart de ceux qui sont touchés par la pauvreté et la faim vivent en zone rurale,

en grande partie de l'agriculture. La croissance ne contribuera pas pour autant à

améliorer la nutrition pour tous. Pour qu’elle y contribue, les politiques et les

programmes de croissance doivent aussi promouvoir la diversi�cation de

l'alimentation, l'accès à l'eau potable, à l'assainissement et aux services de santé,

et l'éducation des consommateurs en matière de nutrition et de soins aux enfants.

Il faut du temps pour que la croissance économique atteigne les pauvres et,

parfois, elle n’arrive jamais jusqu’aux plus pauvres. Il est donc crucial de recourir à

des mécanismes de protection sociale pour éliminer la faim aussi rapidement que

possible. D’ailleurs, s'ils sont bien conçus, de tels mécanismes favorisent aussi la

croissance économique, car ils permettent d’accroître le capital humain et aident

les agriculteurs à maîtriser suf�samment les risques pour être en mesure d'adopter

des techniques modernes. En�n, pour que la lutte contre la faim progresse

rapidement, les gouvernements doivent fournir les biens et les services publics

essentiels, dans le cadre d'un système de gouvernance qui soit fondé sur la

transparence, la participation, l'obligation de rendre des comptes, l'état de droit et

le respect des droits de l'homme.

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L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde

La croissance économique est nécessaire mais elle n’est pas suf�sante pour accélérer la réduction de la faim et de la malnutrition

L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde

La croissance économique est nécessaire mais elle n’est pas suf�sante pour accélérer la réduction de la faim et de la malnutrition

Les produits d’information de la FAO sont disponibles en ligne à l’adresse suivante:

www.fao.org/publications et peuvent être commandés en s’adressant à [email protected].

Photos de la couverture: Toutes les photos proviennent de la Médiabase de la FAO

Page 2: Etat de l'insécurité alimentaire dans le monde

Principaux messages

La croissance agricole est un outil particulièrement ef�cace de lutte contre la faim et la malnutrition. La plupart des personnes vivant dans une pauvreté extrême sont tributaires de l’agriculture et d’activités connexes et en tirent une partie importante de leurs moyens d’existence. La croissance agricole mobilisant les petits exploitants, et en particulier les femmes, sera un outil d’autant plus ef�cace de lutte contre l’extrême pauvreté et la faim, qu’elle permettra d’accroître les revenus du travail et de créer des emplois pour les pauvres.

La croissance économique et agricole devrait prendre en compte des considérations nutritionnelles. La croissance doit aboutir à une amélioration de la nutrition en donnant aux pauvres les moyens de mieux diversi�er leur alimentation, en améliorant l’accès à l’eau potable, à l’assainissement et aux services de santé, en sensibilisant les consommateurs à une bonne nutrition et aux soins appropriés à donner aux enfants et en assurant une distribution ciblée de suppléments dans les situations de carences graves en micronutriments. Une fois établie, la bonne nutrition est, à son tour, un moteur essentiel d’une croissance économique durable.

La protection sociale est décisive pour accélérer la lutte contre la faim. Premièrement, elle peut protéger les plus vulnérables, qui n’ont pas béné�cié de la croissance économique. Deuxièmement, si elle est structurée de manière appropriée, elle peut contribuer directement à l’accélération de la croissance économique grâce à la valorisation des ressources humaines et au renforcement des capacités des pauvres, en particulier les petits exploitants, en matière de gestion des risques et d’adoption de technologies améliorées, à productivité plus élevée.

Pour accélérer la réduction de la faim, il faut que la croissance économique soit doublée d’une action volontariste et déterminante des pouvoirs publics. Les politiques et programmes publics doivent être créateurs d’un environnement propice à une croissance économique à long terme en faveur des pauvres. Un environnement porteur comporte la fourniture de biens et services publics pour le développement des �lières de production, un accès équitable des pauvres aux ressources, la dévolution de pouvoirs aux femmes et la conception et la mise en place de systèmes de protection sociale. Pour être ef�caces, ces politiques et programmes doivent s’appuyer sur un système amélioré de gouvernance, reposant sur la transparence, la participation, l’obligation de rendre compte, l’état de droit et le respect des droits de l’homme.

L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde 2012 présente de nouvelles estimations du nombre et de la proportion de personnes sous-alimentées à partir de 1990, dé�nies du point de vue de la répartition des disponibilités énergétiques alimentaires. En 2010–2012, la sous-alimentation chronique touche encore un nombre inacceptable de personnes – près de 870 millions dans le monde. Selon les estimations, l’écrasante majorité – quelque 850 millions de personnes, soit un peu moins de 15 pour cent de la population – vivent dans des pays en développement.

L’évolution favorable, à partir de 1990, des estimations de la sous-alimentation, laisse penser qu’en matière de lutte contre la faim, les progrès enregistrés ont été plus prononcés que ce qu’on pensait auparavant.

Cependant, c’est surtout avant 2007–2008 que les progrès mondiaux en matière de réduction de la faim ont été faits. Ils ont ensuite accusé un ralentissement et un tassement.

Les nouvelles estimations impliquent que la cible de l’Objectif du Millénaire pour le développement (OMD) relative à la réduction de moitié de la prévalence de la sous-alimentation dans les pays en développement pour 2015 peut être atteinte, pour autant que l’on fasse le nécessaire pour inverser le ralentissement tendanciel que l’on observe depuis 2007–2008.

Si la FAO a sensiblement amélioré cette année sa méthode d’estimation de la sous-alimentation, il lui reste cependant à apporter d’autres améliorations et à parfaire les données dont elle a besoin pour appréhender les effets des brusques variations des prix des denrées alimentaires et des autres chocs économiques. Par conséquent, les estimations de la sous-alimentation ne prennent pas en compte l’ensemble des effets sur la faim des brusques hausses des prix de 2007–2008, ni le ralentissement de l’économie que connaissent certains pays depuis 2009, à plus forte raison les récentes hausses des prix. On a également besoin d’autres indicateurs pour pouvoir évaluer de façon plus complète la sous-alimentation et la sécurité alimentaire.

Pour que la croissance économique se traduise par une amélioration de la nutrition des plus démunis, il faut que les pauvres soient parties prenantes au processus de croissance et qu’ils en béné�cient: i) la croissance doit mobiliser les pauvres et parvenir jusqu’à eux; ii) les pauvres doivent utiliser leur revenu supplémentaire pour améliorer quantitativement et qualitativement leur alimentation et accéder à de meilleurs services de santé et iii) les gouvernements doivent destiner les ressources publiques supplémentaires à des biens et services publics pro�tant aux pauvres et aux personnes souffrant de la faim.

NOTES de l’Annexe 1

Les pays révisent leurs statistiques of�cielles régulièrement pour les périodes passées ainsi que pour les périodes les plus récentes couvertes par le rapport. Il en va de même pour les données démographiques des Nations Unies. Dans ce cas, la FAO révise ses propres estimations de la sous-alimentation en conséquence. Les lecteurs sont donc invités à considérer l’évolution des estimations dans le temps en utilisant une même édition de L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde et à éviter de comparer les données publiées dans des éditions des autres années.

1. Objectif du Sommet mondial de l’alimentation: réduire de moitié, entre 1990-1992 à 2015, le nombre de personnes sous-alimentées.

2. Objectif du Millénaire pour le développement 1, cible 1C: réduire de moitié, entre 1990 et 2015, la proportion de la population qui souffre de la faim. Indicateur 1.9: Proportion de la population n’atteignant pas le niveau minimal d’apport calorique (sous-alimentation). Les résultats, obtenus à l’aide d’une méthodologie harmonisée, se basent sur la moyenne sur trois ans des dernières données disponibles à l’échelle mondiale. Il se peut que certains pays disposent de données plus récentes qui, si elles étaient utilisées, pourraient donner des estimations différentes de la prévalence de la sous-alimentation, et par conséquent, des progrès réalisés.

3. La période la plus récente couverte par les estimations du rapport est 2010-2012, et la période de référence est 1990-1992. Pour les pays qui n’existaient pas pendant la période de référence, la proportion 1990-1992 de personnes sous-alimentées correspond repose sur celle de 1993-1995, et le nombre de personnes sous-alimentées est calculé en à partir de la population en 1990-1992 et de cette proportion.

4. Les symboles et les couleurs indiquent les résultats qui devraient être obtenus d’ici à 2015, si la tendance actuelle se poursuit:

Kirghizstan, Lesotho, Malawi, Mali, Mongolie, Népal, Niger, Ouganda, Ouzbékistan, Paraguay, République centrafricaine, République démocratique populaire lao, République de Moldova, Rwanda, Swaziland, Tadjikistan, Tchad, Turkménistan, Zambie, Zimbabwe.

8. Comprend les pays suivants: Antigua-et-Barbuda, Antilles néerlandaises, Bahamas, Barbade, Belize, Cap-Vert, Comores, Cuba, Dominique, Îles Fidji, Grenade, Guinée-Bissau, Guyane, Haïti, Jamaïque, Kiribati, Maldives, Maurice, Nouvelle-Calédonie, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Polynésie française, République dominicaine, Saint-Kitts-et-Nevis, Sainte-Lucie, Saint-Vincent/Grenadines, Îles Salomon, Samoa, Sao Tomé-et-Principe, Seychelles, Suriname, Timor-Leste, Trinidad and Tobago, Vanuatu.

9. Comprend les pays suivants: Afghanistan, Bangladesh, Bénin, Burkina Faso, Burundi, Cambodge, Comores, Érythrée, Éthiopie, Gambie, Guinée, Guinée-Bissau, Haïti, Kenya, Kirghizstan, Libéria, Madagascar, Malawi, Mali, Mauritanie, Mozambique, Myanmar, Népal, Niger, Ouganda, République centrafricaine, République démocratique du Congo, République démocratique populaire de Corée, République-Unie de Tanzanie, Rwanda, Sierra Leone, Somalie, Tadjikistan, Tchad, Togo, Zimbabwe.

10. Comprend les pays suivants: Albanie, Arménie, Belize, Bolivie (État plurinational de), Cameroun, Cap-Vert, Congo, Côte d’Ivoire, Djibouti, Égypte, El Salvador, Fidji, Géorgie, Ghana, Guatemala, Guyane, Honduras, Îles Salomon, Inde, Indonésie, Iraq, Kiribati, Lesotho, Mongolie, Maroc, Nicaragua, Nigéria, Ouzbékistan, Pakistan, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Paraguay, Philippines, République arabe syrienne, République démocratique populaire lao, République de Moldova, Samoa, Sao Tomé-et-Principe, Sénégal, Sri Lanka, Soudan, Swaziland, Territoire palestinien occupé, Timor-Leste, Ukraine, Vanuatu, Viet Nam, Yémen, Zambie.

11. Comprend les pays suivants: Afghanistan, Bangladesh, Bénin, Burkina Faso, Burundi, Cambodge, Cameroun, Comores, Congo, Côte d’Ivoire, Djibouti, Égypte, Érythrée, Éthiopie, Gambie, Géorgie, Ghana, Guinée, Guinée-Bissau, Haïti, Honduras, Îles Salomon, Inde, Indonésie, Iraq, Kenya, Kiribati, Kirghizstan, Lesotho, Libéria, Madagascar, Malawi, Mali, Mauritanie, Mongolie, Mozambique, Népal, Nicaragua, Niger, Nigéria, Ouganda, Ouzbékistan, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Philippines, République centrafricaine, République démocratique du Congo, République démocratique populaire de Corée, République démocratique populaire lao, République de Moldova, République-Unie de Tanzanie, Rwanda, Sao Tomé-et-Principe, Sénégal, Sierra Leone, Somalie, Sri Lanka, Soudan, Syrie, Tadjikistan, Tchad, Timor-Leste, Togo, Yémen, Zambie, Zimbabwe.

12. Comprend, outre les pays qui apparaissent dans le tableau: le Cap-Vert, les Comores, Djibouti, la Guinée-Bissau, le Gabon, la Gambie, le Lesotho, la Mauritanie, Maurice, la République démocratique du Congo, Sao Tomé-et-Principe, les Seychelles, la Somalie et le Swaziland.

13. Outre les pays qui apparaissent dans le tableau, comprend l’Afghanistan et les Maldives.

14. Outre les pays qui apparaissent dans le tableau, comprend le Brunéi Darussalam, le Myanmar et le Timor-Leste.

15. Outre les pays qui apparaissent dans le tableau, comprend l’Iraq et le Territoire palestinien occupé.

16. Comprend, outre les pays qui apparaissent dans le tableau: Antigua-et-Barbuda, les Antilles néerlandaises, les Bahamas, la Barbade, la Grenade, la Dominique, la Jamaïque, Sainte-Lucie, Saint-Kitts-et-Nevis, Saint-Vincent-et-les Grenadines et Trinité-et-Tobago.

17. Outre les pays qui apparaissent dans le tableau, comprend le Belize, la Guyane, et le Suriname.

18. Comprend les Îles Fidji, Kiribati, la Nouvelle-Calédonie, la Papouasie-Nouvelle-Guinée, la Polynésie française, les Îles Salomon, Samoa et Vanuatu.

CLÉ

< 0,5 nombre de personnes sous-alimentées inférieur à 0,5 million< 5 proportion de personnes sous-alimentées inférieure à 5 pour cent nd données non disponiblesns non signi�catif au plan statistique.

5. Les pays, régions et territoires pour lesquels des données insuf�santes étaient disponibles pour conduire l’évaluation ne sont pas pris en compte. Il s’agit des pays, régions et territoires suivants: Andorre, Anguilla, Aruba, Bahreïn, Bhoutan, Îles Caïman, Îles Canton et Enderbury, Île Christmas, Îles des Cocos (Keeling), Îles Cook, Guinée équatoriale, Îles Falkland (Malvinas), Îles Féroé, Gibraltar, Groenland, Guadeloupe, Guam, Guyane française, Île Johnston, Liechtenstein, Îles Marshall, Martinique, Micronésie (États fédérés de), Île Midway, Monaco, Nauru, Nioué, Île Norfolk, Îles Mariannes du Nord, Oman, Palau, Îles Pitcairn, Porto Rico, Qatar, la Réunion, Sainte-Hélène, Saint-Pierre-et-Miquelon, Saint-Marin, Saint-Siège, Samoa américaines, Singapour, Territoire britannique de l’océan Indien, Tokélaou, Tonga, Îles Turques et Caïques, Tuvalu, Îles Vierges américaines, Îles Vierges britanniques, Île de Wake, Îles Wallis et Futuna, Sahara occidental.

Pays composant les groupements spéciaux:

6. Comprend les pays suivants: Afghanistan, Angola, Bangladesh, Bénin, Burkina Faso, Burundi, Cambodge, Comores, Djibouti, Érythrée, Éthiopie, Gambie, Guinée, Guinée-Bissau, Haïti, Kiribati, Lesotho, Libéria, Madagascar, Malawi, Mali, Mauritanie, Mozambique, Myanmar, Népal, Niger, Ouganda, République centrafricaine, République démocratique du Congo, République démocratique populaire lao, République-Unie de Tanzanie, Rwanda, Îles Salomon, Samoa, Sao Tomé-et-Principe, Sénégal, Sierra Leone, Somalie, Soudan, Tchad, Timor-Leste, Togo, Vanuatu, Yémen, Zambie.

7. Comprend les pays suivants: Afghanistan, Arménie, Azerbaïdjan, Bolivie (État plurinational de), Botswana, Burkina Faso, Burundi, Éthiopie, Ex-République yougoslave de Macédoine, Kazakhstan,

ne Non évalué

Chiffre en augmentation de plus de 5%

Objectif atteint

Chiffre en baisse de plus de 5%

Changement compris dans une fourchette de ± 5%

Objectif du Sommet mondial de l’alimentation

Objectifs du Millénaire pour le développement

Aucun progrès, ou détérioration de la situation

Progrès insuf�sants pour atteindre la cible si les tendances

A déjà atteint la cible ou devrait l’atteindre d’ici à 2015, ou prévalence < 5%

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La croissance économique est nécessaire mais elle n’est pas suf�sante pour accélérer la réduction de la faim et de la malnutrition

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ORGANISATION DES NATIONS UNIES POUR L’ALIMENTATION ET L’AGRICULTURERome, 2012

L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde

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Les appellations employées dans ce produit d’information et la présentation des données qui y figurent n’impliquent de la part de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), du Fonds international de développement agricole (FIDA) ou du Programme alimentaire mondial (PAM) aucune prise de position quant au statut juridique ou au stade de développement des pays, territoires, villes ou zones ou de leurs autorités, ni quant au tracé de leurs frontières ou limites. La mention de sociétés déterminées ou de produits de fabricants, qu’ils soient ou non brevetés, n’entraîne, de la part de la FAO, du FIDA ou du PAM, aucune approbation ou recommandation desdits produits de préférence à d’autres de nature analogue qui ne sont pas cités.

Les appellations employées et la présentation des données sur les cartes n’impliquent de la part de la FAO, du FIDA ou du PAM aucune prise de position quant au statut juridique ou constitutionnel des pays, territoires ou zones maritimes, ni quant au tracé de leurs frontières ou limites.

ISBN 978-92-5-20731-6

Tous droits réservés. La FAO encourage la reproduction et la diffusion des informations figurant dans ce produit d’information. Les utilisations à des fins non commerciales seront autorisées à titre gracieux sur demande. La reproduction pour la revente ou à d’autres fins commerciales, y compris à des fins didactiques, pourra être soumise à des frais. Les demandes d’autorisation de reproduction ou de diffusion de matériel dont les droits d’auteur sont détenus par la FAO et toute autre requête concernant les droits et les licences sont à adresser par courriel à l’adresse [email protected]

© FAO 2012

Citation requise:

FAO, FIDA et PMA. 2012. L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde 2012. La croissance économique est nécessaire mais elle n’est pas suffisante pour accélérer la réduction de la faim et de la malnutrition. Rome. FAO.

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4 Avant-propos 6 Remerciements

8 La sous-alimentation dans le monde en 2012

8 La sous-alimentation dans le monde

13 Amélioration des données et de la méthodologie

15 La croissance économique, la faim et la malnutrition

15 Croissance des revenus et modification de la consommation alimentaire

21 En quoi la croissance économique contribue-t-elle à la réduction de la faim et à l’amélioration de la nutrition?

24 Résultats en matière de nutrition – des progrès à l’échelle mondiale, mais encore beaucoup de problèmes

30 La croissance de l’agriculture et sa contribution à la réduction de la pauvreté, de la faim et de la malnutrition

30 Le rôle de la croissance agricole dans la croissance économique et la réduction de la pauvreté et de la faim

32 Contribution des petits agriculteurs à l’accroissement de la production et de la productivité agricoles

36 Faim, agriculture et développement durable

37 L’importance de l’économie rurale non agricole et ses liens avec l’agriculture

40 La protection sociale pour les personnes pauvres et vulnérables

40 Un outil essentiel à la réduction de la faim et de la malnutrition

41 Des dispositifs de protection sociale pour améliorer la sécurité alimentaire et la nutrition

45 Protection sociale et croissance économique

52 Annexe technique

52 Annexe 1: Prévalence de la sous-alimentation et progrès accomplis au niveau des objectifs fixés lors du Sommet mondial de l’alimentation et des Objectifs du Millénaire pour le développement dans les pays en développement

56 Annexe 2: Moderniser et réviser la méthode utilisée par la FAO pour évaluer l’insécurité alimentaire – résumé des changements et de leurs incidences

64 Annexe 3: Glossaire de termes et d’expressions utilisés dans le rapport

65 Notes

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L ’édition 2012 de L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde met l’accent sur l’importance que revêt la croissance économique dans la lutte contre la pauvreté, la faim et la malnutrition. Nous constatons avec satisfaction que beaucoup de pays en développement – pas tous

malheureusement ont pu se prévaloir de taux de croissance remarquables au cours des dernières décennies. Une forte croissance du PIB par habitant est certes un moyen essentiel de faire reculer l’insécurité alimentaire et la malnutrition, mais la croissance économique en elle-même n’est pas un gage de succès. Comme Jean Dreze et Amartya Sen l’ont récemment indiqué: «pour que les fruits de la croissance économique soient bien répartis, il faut à la fois mettre en œuvre des politiques publiques volontaristes, et faire en sorte – ce qui est très important – que les recettes publiques issues d’une croissance économique rapide soient utilisées à bon escient pour les services sociaux, en particulier la santé et l’éducation publiques»1 Nous partageons cet avis sans réserve.

Il y a encore trop de situations dans lesquelles les pauvres ne bénéficient pas assez des avantages produits par la croissance économique. C’est le cas, par exemple, quand la croissance est le fait de secteurs qui ne créent pas suffisamment d’emplois pour les pauvres ou quand ces derniers n’ont pas un accès sûr et équitable aux moyens de production, notamment la terre, l’eau et le crédit. Il en va de même quand les pauvres ne peuvent pas saisir immédiatement les chances offertes par la croissance, à cause de la dénutrition, du manque d’instruction, de problèmes de santé, de l’âge ou de la discrimination sociale.

Mais, dans toutes les régions en développement, il y a un enseignement que nous avons tiré des initiatives couronnées de succès: plus que l’investissement dans les autres secteurs, l’investissement dans l’agriculture peut être créateur d’une croissance économique dont les personnes touchées par la pauvreté, la faim et la malnutrition peuvent largement profiter. Il nous faut bien reconnaître, toutefois, que ce n’est pas toujours vrai. Compte tenu de la progression inexorable de l’urbanisation dans les pays en développement, il faudra que les efforts de lutte contre la pauvreté et l’insécurité alimentaire visent également les zones urbaines. Cependant, dans beaucoup de pays à faible revenu, l’agriculture demeure la principale source d’emplois et les pauvres des zones urbaines consacrent la plus grande partie de leurs revenus à l’alimentation. En outre, dans un proche avenir, la majorité des personnes touchées par la pauvreté et la faim continueront à vivre en milieu rural et l’amélioration de leurs moyens d’existence dépendra directement ou indirectement des investissements dans les infrastructures rurales et les petites exploitations agricoles.

La présente édition de L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde attire l’attention sur l’intérêt qu’il y a à investir dans une croissance agricole centrée sur les petites exploitations. Compte tenu de la double nécessité de protéger l’environnement et de faire reculer la faim, la pauvreté et la malnutrition, nous engageons toutes les parties prenantes à promouvoir les solutions concrètes qui encouragent l’intensification durable des systèmes de production alimentaire, garantissent une participation massive des petits exploitants agricoles et des autres ruraux pauvres et préservent les ressources naturelles – notamment grâce à la limitation des pertes après récolte et des gaspillages le long de la chaîne alimentaire. Des prix élevés des produits agricoles encouragent l’investissement dans l’agriculture. Mais il est aussi indispensable de mettre en œuvre des politiques plus efficaces et d’améliorer la gouvernance pour garantir un développement qui soit durable et remédier aux incidences que la plus forte instabilité des prix et la hausse du coût des produits alimentaires risquent d’avoir sur les pauvres, dont la plupart sont des acheteurs nets.

Le rapport montre, preuves convaincantes à l’appui, que les personnes touchées par la pauvreté, la faim et la malnutrition utilisent une partie de leurs revenus supplémentaires soit pour produire, soit pour acheter davantage de nourriture, dans le souci d’accroître leur apport énergétique alimentaire et de diversifier leur alimentation. Dans ce contexte, nous constatons avec satisfaction une amélioration sensible de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde. Nous observons une tendance à la baisse de la prévalence de la sous-alimentation et une certaine amélioration de l’évolution des principaux indicateurs anthropométriques de l’insuffisance pondérale, du retard de croissance et de la mortalité liée à la nutrition, chez les enfants. La lutte contre certains types de carences en micronutriments ou «faim invisible» a aussi fait des progrès dans plusieurs pays. Ces résultats encourageants tiennent aux effets combinés de plusieurs facteurs: l’attention croissante que retient le

1 Toutes les notes et les références figurent à la fin du rapport, aux pages 65 à 69.

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problème de la faim dans le monde, la croissance économique en général, la croissance agricole en particulier et les interventions politiques ciblées.

Cependant, comme l’atteste également le rapport, 868 millions de personnes sont encore sous-alimentées et quelque 2 milliards de personnes continuent à souffrir des séquelles de carences en micronutriments. Dans le monde d’aujourd’hui, nous trouvons totalement inacceptable, alors que l’on dispose de ressources techniques et économiques sans précédent, que plus de 100 millions d’enfants âgés de moins de 5 ans souffrent d’insuffisance pondérale et soient donc incapables de réaliser tout leur potentiel socioéconomique et humain, et que la malnutrition entraîne la mort de 2,5 millions d’enfants chaque année. La faim et la malnutrition peuvent compromettre considérablement la croissance économique.

Nous sommes préoccupés par le fait que la plupart des habitants des zones rurales ne bénéficient pas de conditions d’emploi décentes ni d’une protection sociale suffisante et efficace. Nous exhortons les gouvernements à consacrer une partie des ressources publiques supplémentaires qui sont générées par la croissance économique à la mise en place des systèmes de protection sociale susceptibles d’aider tous ceux qui ne peuvent pas accéder à une nutrition correcte par leurs propres moyens. Une partie du rapport retrace certaines expériences récentes, dans lesquelles la croissance agricole et la sécurité alimentaire ont été épaulées par la protection sociale. Ces approches devraient être fondées sur les droits de l’homme, cibler les pauvres, promouvoir la parité hommes-femmes, améliorer la résilience sur le long terme et favoriser une sortie progressive et durable de la pauvreté.

Si le rapport sur L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde 2012 reconnaît que la croissance économique peut effectivement accélérer le recul de la faim, de la pauvreté et de la malnutrition, il n’en attire pas moins l’attention sur le fait que la mondialisation et la croissance économique sont souvent associées à l’émergence de la suralimentation, jusque dans les pays à faible revenu. Les  transformations sociétales qui accompagnent la croissance économique, la modernisation et l’urbanisation ont conduit un nombre croissant de personnes à adopter des modes de vie et des régimes alimentaires qui favorisent la surcharge pondérale et son cortège de maladies non transmissibles. Dans nombre de pays, les systèmes de santé publique en font déjà les frais. Comme les pertes après récolte, la surconsommation et le gaspillage dilapident les maigres ressources qui pourraient servir à améliorer la nutrition de tous ceux qui souffrent de la pauvreté et de la faim et à réduire simultanément l’empreinte environnementale du système de production alimentaire.

De concert avec les gouvernements et la communauté internationale, nos trois organisations s’attachent à élaborer des approches plus intégrées de la sécurité alimentaire et de la nutrition et à promouvoir la coopération entre toutes les parties prenantes. Pour mieux lutter contre l’insécurité alimentaire sous toutes ses formes, les politiques, les stratégies et les programmes doivent non seulement être «favorables aux pauvres», mais encore être «en prise sur la question de la nutrition» et, à cet effet, promouvoir des interactions positives et durables entre les trois principaux secteurs qui doivent être mobilisés: l’agriculture, la nutrition et la santé.

Compte tenu de l’importance que revêt aujourd’hui la croissance économique dans les pays à faible revenu, nous notons avec une inquiétude particulière que la reprise de l’économie mondiale, après la crise financière qui a récemment ébranlé la planète, reste fragile. Nous engageons toutefois la communauté internationale à consentir des efforts supplémentaires pour aider les plus pauvres à accéder au droit fondamental de tout être humain à une alimentation suffisante. Le monde dispose des connaissances et des moyens nécessaires pour faire disparaître l’insécurité alimentaire et la malnutrition, peu importe sous quelle forme. Nous considérons donc que la réalisation de cet objectif n’a rien d’une ambition démesurée et nous applaudissons le défi «Faim zéro» que le Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies, Ban Ki-moon, a récemment lancé.

José Graziano da Silva Directeur général de la FAO

Kanayo F. Nwanze Président du FIDA

Ertharin CousinDirectrice exécutive du PAM

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L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde 2012 a été rédigé sous l’autorité générale de Jomo Kwame Sundaram, Sous-Directeur général, et la supervision de l’équipe de direction du Département du développement économique et social. La coordination technique de la publication a été assurée par David Dawe et Hartwig de Haen (qui ont aussi été les rédacteurs techniques du rapport), Kostas Stamoulis et Keith Wiebe, tous de la Division de l’économie du développement agricole (ESA). Michelle Kendrick a coordonné l’ensemble des services de rédaction, de conception graphique, de mise en page et de publication. Anna Doria Antonazzo a assuré l’appui administratif avec efficacité et le personnel de la Division de la statistique (ESS) a produit les données relatives à la sous-alimentation qui sous-tendent le rapport.

Cette deuxième édition du rapport a été rédigée conjointement par la FAO, le Fonds international de développement agricole (FIDA) et le Programme alimentaire mondial (PAM). Thomas Elhaut (FIDA) et Lynn Brown (PAM) ont coordonné la contribution de leurs institutions respectives. Carlos Seré, du FIDA, a aussi soutenu cette entreprise commune de ses encouragements.

Le chapitre sur «La croissance économique, la faim et la malnutrition» a été rédigé par David Dawe et Hartwig de Haen. Thomas Elhaut (FIDA) a assuré la rédaction du chapitre sur «La contribution de la croissance agricole à la réduction de la pauvreté, de la faim et de la malnutrition», et Lynn Brown (PAM) celle du chapitre sur «la protection sociale des pauvres et des vulnérables», avec la contribution de Rosaleen Martin et Susanna Sandström (PAM) et de Benjamin Davis (ESA).

L’encadré relatif à la «Promotion de conditions d’emploi décentes dans le secteur de l’agriculture et les zones rurales pour instaurer la sécurité alimentaire» a été rédigé par Elisenda Estruch Puertas, de la Division de la parité, de l’équité et de l’emploi rural (ESW). Ana Paula de la O Campos et Elisabeth Garner (ESW) ont assuré la rédaction des encadrés intitulés: «Concevoir des transferts qui promeuvent l’autonomisation sociale et économique des femmes» et «Concevoir des programmes de travaux publics qui apportent des avantages aux femmes». L’encadré intitulé «Lutter contre la malnutrition dans les zones urbaines: le système de sécurité alimentaire novateur de Belo Horizonte» a été préparé par Holger Güssefeld, de World Future Council. Benjamin Davis (ESA) a rédigé l’encadré qui a pour thème: «De la protection à la production».

Carlo Cafiero et Cinzia Cerri (ESS) ont produit l’annexe technique sous la direction de Pietro Gennari, avec l’aide de Nathalie Troubat, Chiara Brunelli, Ana Moltedo et toute l’équipe chargée des statistiques sur la sécurité alimentaire et des statistiques sociales. Adam Prakash et Gladys Moreno Garcia ont fourni des informations extrêmement utiles.

Piero Conforti et Dominique van der Mensbrugghe (ESA), et Merritt Cluff et Holger Matthey, Division du commerce et des marchés (EST), ont aimablement réalisé les analyses pour des sections du rapport. Chiara Brunelli (ESS), Ali Doroudian (ESA) et Nathan Wanner (ESS) ont apporté un appui remarquable en matière de recherche. Melanie Cowan (Organisation mondiale de la Santé [OMS]) a facilité l’accès à certaines données.

Des observations et des suggestions intéressantes ont été formulées par James Garrett (Bureau du Directeur général adjoint pour les connaissances, FAO); Panagiotis Karfakis, Leslie Lipper, Nick Parsons, Terri Raney, George Rapsomanikis, Mark Smulders (ESA); Carlo Cafiero et Joseph Schmidhuber (ESS); David Hallam, Division du commerce et des marchés (EST); Mauro Bottaro, Ana Paula de la O Campos, Elisenda Estruch Puertas, Kae Mihara, Sibyl Nelson, Hajnalka Petrics, Cristina Rapone (ESW); Pierre Gerber, de la Division de la production et de la santé animales, Département de l’agriculture et de la protection des consommateurs (AGA); Ellen Muehlhoff, Brian Thompson et Peter Glasauer, de la Division de la nutrition et de la protection des consommateurs, Département de l’agriculture et de la protection des consommateurs (AGN); Irini Maltsoglou, de la Division du climat, de l’énergie et des régimes fonciers, Département de la gestion des ressources naturelles et de l’environnement (NRC); Ilaria Firmian, Gary Howe, Geoffrey Livingston, Bettina Prato, Ganesh Thapa (FIDA); Lynn Brown, Giancarlo Cirri, Sarah Longford, Saskia de Pee, Carlo Scaramella (PAM); Ousmane Badiane (Division Afrique, Institut international de recherche sur les politiques alimentaires [IFPRI]); Melanie Cowan et Monika Bloesser (OMS); Mark Fryars (Initiative micronutriments); Mario Mazzocchi (Département de la statistique, Université de Bologne); Barry M. Popkin (Département de la nutrition, Université de Caroline du Nord); Vincent Requillart (Division des recherches, Institut national de la recherche agronomique [INRA], Toulouse); Marie Ruel (Division de la pauvreté, de la santé et de la nutrition, IFPRI); et Prakash Shetty (Institute of Human Nutrition, Université de Southampton).

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Page 9: Etat de l'insécurité alimentaire dans le monde

L ’ É T A T D E L ’ I N S É C U R I T É A L I M E N T A I R E D A N S L E M O N D E 2 0 1 2 7

Josh Graff Zivin et Fatima Frank (Université de Californie San Diego), Janice Meerman (ESA) et Amy Heyman (ESS) ont fourni du matériel de référence utile pour la rédaction des chapitres. Ce matériel de référence a été enrichi par des entretiens avec de très nombreuses personnes, notamment, Shukri Ahmed, Michelle Battat, Geraldo Calegar, Karel Callens, David Colbert, Andre Croppenstedt, Benjamin Davis, Mulat Demeke, Sophie Descargues, Dino Francescutti, Stefano Gavotti, Benjamin Henderson, Ageng Herianto, Martin Immink, Anara Jumabayeva, Juniati, Victor Leon, David Lugg, Weldeghaber Kidane, Marco Knowles, Katia Medeiros, Danilo Mejia, Ellen Muehlhoff, Florentina Williamson Noble, Alain Onibon, Luis Dias Pereira, David Phiri, Maylis Razes, Jean Risopoulos, Luca Russo, Syed Saifullah, Garry Smith, Mark Smulders, James Tefft, Benoist Veillerette, Mario Zappacosta (FAO); Ivan Cossio Cortez, Ulac Demirag, Frits Jepsen, Zainab Kenjaeva, Miriam Okong’o, Thomas Rath, Ladislao Rubio, Steven Schonberger, David Young (FIDA); Saidamon Bodamaev, Lynn Brown, Maria Catharina, Cedric Charpetier, Richard Choularton, Giancarlo Cirri, Saskia de Pee, Ugo Gentilini, Peter Guest, Sarah Longford, Asif Niazi, Kiego Obara, Carlo Scaramella (PAM); Enrique Blanco Armas, Bénédicte de la Brière, Ziauddin Hyder, Menno Mulder-Sibanda, Claudia Rokx, Ahmed Shawky (Banque mondiale); Mohammad Abdul Aziz, Mannan Abdul, Lalita Bhattacharjee, Marie Jo Cortijo, Ciro Fiorillo, Peter Ragno, Shaikh Sabur, Reza Talukder, Shahin Yaqub (équipe technique du programme de renforcement des capacités nationales en matière de politiques alimentaires, Ministère de l’alimentation et de la gestion des catastrophes, Bangladesh); Hal Hill (Université nationale australienne); Agnes Katsulukupta (Ministère de la santé, Malawi); Francesca Bastagli (London School of Economics), Millard Long (Banque mondiale, retraité), et John Oddling Smee (FMI, retraité).

Flora Dicarlo et Omar Bolbol ont assuré les services de conception graphique et de mise en page, pour l’édition anglaise. Les services de traduction et d’impression ont été assurés par le Service de programmation et de documentation des réunions, Département des services internes, des ressources humaines et des finances de la FAO.

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Page 10: Etat de l'insécurité alimentaire dans le monde

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La sous-alimentation dans le monde en 2012

La sous-alimentation dans le monde

Messages clés

• L’Étatdel’insécuritéalimentairedanslemonde2012présente de nouvelles estimations du nombre et de la proportion de personnes sous-alimentées; pour ce faire, la publication est remontée jusqu’en 1990, afin d’évaluer la répartition des disponibilités énergétiques alimentaires. En 2010-2012, près de 870 millions de personnes étaient encore chroniquement sous-alimentées dans le monde, ce qui reste un niveau inacceptable. La grande majorité de ces personnes vivent dans les pays en développement où, selon les estimations, environ 850 millions de personnes souffriraient de sous-alimentation, soit à peine moins de 15 pour cent de la population totale de ces pays.

• Les estimations de la sous-alimentation font apparaître une amélioration, par rapport à 1990, et suggèrent que les progrès en matière de réduction de la faim ont été plus importants que ce que l’on pensait précédemment.

• Il faut toutefois reconnaître que l’essentiel des progrès a été réalisé avant 2007-2008. Depuis, les progrès accomplis au niveau planétaire dans la lutte contre la faim ont ralenti et marqué le pas.

• Les résultats révisés laissent entendre que la réalisation de l’objectif du Millénaire consistant à réduire de moitié la prévalence de la sous-alimentation dans les pays en développement, pour 2015 au plus tard, reste possible, si des mesures appropriées sont prises pour inverser le ralentissement qui a eu lieu depuis 2007-2008.

• Malgré les améliorations sensibles apportées cette année à la méthodologie utilisée par la FAO pour estimer la sous-alimentation, de nouveaux affinements et de meilleures données seront nécessaires pour rendre compte des effets des fluctuations des prix des aliments et d’autres chocs économiques. En conséquence, les estimations de la sous-alimentation ne reflètent pas intégralement les effets de la flambée des prix des aliments de 2007-2008 sur la faim, ou le ralentissement de l’activité économique de certains pays depuis 2009, sans parler des hausses récentes des prix. De nouveaux indicateurs doivent être mis au point pour évaluer de façon plus globale la sous-alimentation et la sécurité alimentaire.

S elon les estimations, environ 870 millions de personnes souffriraient de sous-alimentation (calculée sur la base des disponibilités énergétiques

alimentaires) au cours de la période allant de 2010 à 2012. Ce chiffre représente 12,5 pour cent de la population mondiale, soit une personne sous-alimentée sur huit. La grande majorité de ces personnes sous-alimentées, soit 852 millions d’individus, vivent dans les pays en développement, où la prévalence de la sous-alimentation atteindrait désormais, selon les estimations, 14,9 pour cent de la population totale de ces pays (voir le tableau 1).

Si l’on en croit les chiffres révisés obtenus grâce à l’amélioration des données et de la méthodologie, le nombre de personnes sous-alimentées dans le monde aurait baissé plus nettement que prévu jusqu’en 2007, même si cette baisse a ralenti par la suite (voir la figure 1). En conséquence, l’ensemble des pays en développement se rapproche davantage de l’Objectif du Millénaire consistant à réduire de moitié le pourcentage de personnes souffrant de faim chronique, pour 2015 au plus tard. Selon l’évaluation actuelle, le pourcentage de personnes sous-alimentées était de l’ordre de 23,2 pour cent de la population totale, en 1990-1992 (soit nettement plus que le niveau estimé précédemment), ce qui signifie que l’objectif pour 2015 est de ramener ce pourcentage à 11,6 pour cent. Si la baisse moyenne annuelle des 20 dernières années se poursuivait jusqu’en 2015, la prévalence de la sous-alimentation tomberait à 12,5 pour cent dans les pays en développement, ce qui reste au-dessus du niveau correspondant à l’Objectif du Millénaire, mais bien plus proche de cet objectif que ne le laissaient entendre les estimations précédentes.

Les progrès accomplis en vue de réduire la sous-alimentation étaient plus rapides dans les régions d’Asie-Pacifique et d’Amérique latine et Caraïbes (voir la figure 2, page 10). Il existe toutefois de grands écarts d’une région à l’autre ou d’un pays à l’autre et certains se sont encore écartés de la trajectoire à suivre pour réaliser l’Objectif du Millénaire. Dans la région Asie-Pacifique, le nombre et la proportion de personnes sous-alimentées ont continué à baisser au cours des dernières années et cette région est presque sur la bonne voie pour atteindre l’objectif de réduction de la faim proclamé dans la Déclaration du Millénaire. Il en va de même de la région

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La sous-alimentation dans le monde en 2012

Amérique latine et Caraïbes. C’est en Asie du Sud-Est que l’on a assisté à la réduction la plus rapide (de 29,6 à 10,9 pour cent), suivie par l’Asie de l’Est et l’Amérique latine (voir la figure 3, page 10). En Afrique subsaharienne, la sous-alimentation a reculé, quoique plus lentement, alors que la prévalence de la sous-alimentation a gagné du terrain en Asie de l’Ouest, au cours de cette période.

Comme les progrès accomplis ont été inégaux, la répartition de la sous-alimentation dans le monde a fortement évolué entre 1990-1992 et 2010-2012 (voir la figure 4, page 11). La part des personnes sous-alimentées présentes en Asie du Sud-Est et en Asie de l’Est, par rapport au total mondial, a baissé très rapidement (respectivement de 13,4 à 7,5 pour cent et de 26,1 à 19,2 pour cent), tandis qu’elle passait de 6,5 à 5,6 pour cent en Amérique latine. Par ailleurs, cette part est passée de 32,7 à 35 pour cent en Asie du Sud, de 17 à 27 pour cent en Afrique subsaharienne et de 1,3 à 2,9 pour cent en Asie de l’Ouest et en Afrique du Nord.

Les tendances de la sous-alimentation, décrites dans la présente publication, sont en général conformes à celles qui émergent de l’analyse d’autres indicateurs de la sécurité

TAbLEAU 1

La sous-alimentation dans les régions en développement entre 1990-1992 et 2010-2012

Nombre de personnes sous-alimentées (en millions d’individus) et prévalence de la sous-alimentation (en pourcentage)

1990-1992 1999-2001 2004-2006 2007-2009 2010-2012*

MONDE1 000 919 898 867 86818,6% 15,0% 13,8% 12,9% 12,5%

RÉGIONS DÉVELOPPÉES20 18 13 15 16

1,9% 1,6% 1,2% 1,3% 1,4%

RÉGIONS EN DÉVELOPPEMENT980 901 885 852 852

23,2% 18,3% 16,8% 15,5% 14,9%

Afrique175 205 210 220 239

27,3% 25,3% 23,1% 22,6% 22,9%

Afrique du Nord5 5 5 4 4

3,8% 3,3% 3,1% 2,7% 2,7%

Afrique subsaharienne170 200 205 216 234

32,8% 30,0% 27,2% 26,5% 26,8%

Asie739 634 620 581 563

23,7% 17,7% 16,3% 14,8% 13,9%

Asie de l’Ouest8 13 16 18 21

6,6% 8,0% 8,8% 9,4% 10,1%

Asie du Sud327 309 323 311 304

26,8% 21,2% 20,4% 18,8% 17,6%

Caucase et Asie centrale9 11 7 7 6

12,8% 15,8% 9,9% 9,2% 7,4%

Asie de l’Est261 197 186 169 167

20,8% 14,4% 13,2% 11,8% 11,5%

Asie du Sud-Est134 104 88 76 65

29,6% 20,0% 15,8% 13,2% 10,9%

Amérique latine et Caraïbes65 60 54 50 49

14,6% 11,6% 9,7% 8,7% 8,3%

Amérique latine57 53 46 43 42

13,6% 11,0% 9,0% 8,1% 7,7%

Caraïbes9 7 7 7 7

28,5% 21,4% 20,9% 18,6% 17,8%

Océanie1 1 1 1 1

13,6% 15,5% 13,7% 11,9% 12,1%

* ProjectionsSource: FAO.

Nombre (axe de gauche) Prévalence (axe de droite)

FIGURE 1

La sous-alimentation dans le monde

En millions

1 100

1 000

900

800

700

600

500

400

300

0

Note: Les données de 2010-2012 présentées dans tous les graphiques sont des estimationsprovisoires Source: FAO.

852

Objectif duSMA

Objectif del'OMD

Pourcentage de personnes sous-alimentées

45

40

35

30

25

20

15

10

5

0

901 885852

980

14,9%

23,2%

18,3%16,8%

15,5%

1990-92 1999-2001 2004-06 2010-12 20152007-09

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Page 12: Etat de l'insécurité alimentaire dans le monde

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La sous-alimentation dans le monde en 2012

alimentaire et du développement (voir la figure 5, page 11). Dans ce contexte, il est très intéressant de noter que les nouvelles estimations de la sous-alimentation évoluent parallèlement aux estimations mondiales et régionales de la mortalité infantile et de la pauvreté. En effet, dans l’ensemble des pays en développement, la prévalence de la sous-alimentation est tombée de 23,2 à 14,9 pour cent, entre 1990 et 2010, alors que l’incidence de la pauvreté passait de 47,5 à 22,4 pour cent, et celle de la mortalité infantile, de 9,5 à 6,1 pour cent.

■ La sous-alimentation au cours des dernières années

Selon les estimations les plus récentes, la progression de la faim entre 2007 et 2010 – période caractérisée par la flambée des prix des aliments et par la crise économique – a été moins nette que ce que l’on pensait précédemment, et ce, pour diverses raisons. Tout d’abord, la méthodologie estime la sous-alimentation chronique, sur la base des modes habituels de consommation alimentaire, et ne rend pas

Source: FAO.

FIGURE 2

Tendances de la faim dans les régions en développement

Amérique latine et Caraïbes

En millions

Asie et Pacifique

En millions

70

60

50

40

30

20

10

0

800

700

600

500

400

300

200

100

0

Afrique subsaharienne

En millions

Proche-Orient et Afrique du Nord

En millions50

45

40

35

30

25

20

15

10

5

0

250

200

150

100

50

0

528

608 589549

723

Objectif du SMA

Objectif de l'OMD

14,0%

24,7%

18,2%16,7% 15,1%

Pourcentage de personnes sous-alimentées

50

45

40

35

30

25

20

15

10

Pourcentage de personnes sous-alimentées

35

30

25

20

15

10

5

0

Pourcentage de personnes sous-alimentées

60

50

40

30

20

10

Pourcentage de personnes sous-alimentées

50

45

40

35

30

25

20

15

10

5

0

1990-92 1999-2001 2004-06 2010-12 2015

Nombre (axe de gauche) Prévalence (axe de droite)

49

60

5450

65

Objectif du SMA

Objectif de l'OMD

8,3%14,6%

11,6%9,7%

8,7%

234200 205216

170

Objectif du SMA

Objectif de l'OMD

28,234,3%31,8%

28,8% 28,0%

2007-09

50

45

40

35

30

25

20

15

101990-92 1999-2001 2004-06 2010-12 20152007-09

1990-92 1999-2001 2004-06 2010-12 20152007-09

4133

3637

22

Objectif du SMA8,5%

6,8%8,4% 8,4% 8,2%

Objectif de l'OMD

1990-92 1999-2001 2004-06 2010-12 20152007-09

2,7

7,4

7,7

10,1

10,9

11,5

12,1

17,6

17,8

26,8

3,8

12,8

13,6

6,6

29,6

20,8

13,6

26,8

28,5

32,8

0 5 10 15 20 25 30 35

Afrique subsaharienne

Caraïbes

Asie du Sud

Océanie

Asie de l’Est

Asie du Sud-Est

Asie de l’Ouest

Amérique latine

Caucase et Asie centrale

Afrique du Nord

Personnes sous-alimentées, en pourcentage

FIGURE 3

Progrès accomplis en vue de la réalisation de l’OMD,dans les régions

Source: FAO.

2010–121990–92

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Page 13: Etat de l'insécurité alimentaire dans le monde

L ’ É T A T D E L ’ I N S É C U R I T É A L I M E N T A I R E D A N S L E M O N D E 2 0 1 2 11

La sous-alimentation dans le monde en 2012

Note: La taille des différents secteurs des diagrammes est proportionnelle au nombre total de personnes sous-alimentées, au cours de chaque période. Tous les chiffres sont arrondis. Source: FAO.

FIGURE 4

La répartition de la faim dans le monde évolue Nombre de personnes sous-alimentées par région, entre 1990-1992 et 2010-2012

Total = 1 000 millions

2010-20121990-1992

Régions développées 20

Asie du Sud 327

Afrique subsaharienne 170

Asie de l’Est 261

Asie du Sud-Est 134

Amérique latine et Caraïbes 65

Asie de l’Ouest et Afrique du Nord 13

Caucase et Asie centrale 9

Océanie 1

Total = 868 millions

H I

B

1990-92 2010-12

16

304

234

167

65

49

25

6

1

A

B

C

D

E

F

G

H

I

B

A

A

CC

D

D

EE

F

FG

G

Nombre de personnes sous-alimentées (en millions)H I

FIGURE 5

Pauvreté, sous-alimentation et mortalité infantile dansle monde en développement

Source: FAO.

43,8

36,2

26,6

22,423,2

19,718,2

16,3 15,5 14,9

9,5 8,7 7,86,9

47,5

6,1

Pourcentage

1990-92 1995-97 2000-02 2005-07 2010-12 2015

50

40

30

20

10

0

Prévalence de la sous-alimentation

Incidence de la pauvreté

Taux de mortalité parmi les enfants de moins de cinq ans

Objectif de l’OMD

Objectif de l’OMD

Objectif de l’OMD

pleinement compte des effets des flambées de prix, qui sont des phénomènes à court terme. En conséquence, il faut se garder d’utiliser l’indicateur se rapportant à la prévalence de la sous-alimentation pour tirer des conclusions définitives quant aux effets des flambées de prix ou d’autres chocs à court terme. La seconde raison, qui est aussi la plus importante, est que la transmission des chocs économiques

aux pays en développement a été moins prononcée que ce qui avait été prévu initialement. Les estimations les plus récentes concernant le PIb font apparaître que la «grande récession» de 2008-2009 n’a entraîné qu’un léger ralentissement de la croissance du PIb dans nombre de pays en développement; en outre, les prix intérieurs des aliments de base n’ont augmenté que très légèrement en Chine, en Inde et en Indonésie, les trois plus grands pays en développement. Or, dans les estimations précédentes concernant la sous-alimentation, on avait pris pour hypothèse que les pays en développement et leurs populations les plus vulnérables avaient beaucoup plus souffert du ralentissement de l’activité économique.

Même si les dernières estimations relatives à la prévalence de la sous-alimentation donnent des chiffres inférieurs aux calculs précédents, les progrès accomplis dans la lutte contre la faim ont fortement ralenti et marqué le pas, dans l’ensemble des pays en développement, au cours de la période 2007-2010. Ici aussi, le tableau d’ensemble masque des tendances très différentes entre les régions et les pays. En Asie de l’Ouest, la prévalence de la sous-alimentation était en hausse avant 2007 et a poursuivi ensuite dans cette direction. En Afrique subsaharienne, les quelques progrès accomplis entre 2002 et 2005 ont été réduits à néant et la sous-alimentation a progressé au rythme de 2 pour cent par an à partir de 2007. En Amérique latine et dans les Caraïbes, les progrès ont ralenti, passant d’un taux moyen de réduction de la faim de 1,9 pour cent par an, entre 2002 et 2005, à un taux de 0,9 pour cent par an, entre 2006 et 2009. En revanche,

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La sous-alimentation dans le monde en 2012

l’Asie de l’Est et l’Asie du Sud-Est ont réussi à accélérer la réduction de la faim. Ainsi, l’Asie du Sud-Est a intensifié la réduction de la faim, qui est passée de 3,1 pour cent par an, avant 2007, à 4,6 pour cent par an après cette date; de son côté, l’Asie de l’Est a porté son taux de réduction de la faim de 0,1 pour cent par an à plus de 4 pour cent.

Ces divergences régionales traduisent des capacités très différentes de réaction aux chocs économiques (par exemple hausse de prix ou récession économique), des degrés de vulnérabilité très variés face à la récession mondiale et des aptitudes différentes à tirer profit des hausses de prix, en augmentant l’offre, selon les infrastructures commerciales, les technologies et les ressources naturelles disponibles. (L’édition de 2011 de la présente publication fournissait, à ce sujet, des comparaisons, à titre indicatif). Certains pays d’Asie ont réussi à réduire les pressions liées aux cours internationaux en prenant des mesures aux frontières et en adoptant des dispositions anticycliques, afin d’éviter les pires effets de la récession. Dans ces pays, les prix du riz n’ont augmenté que légèrement. En revanche, de nombreux pays africains se sont trouvés pleinement exposés aux effets de la flambée de prix et de la récession mondiale et n’avaient à disposition qu’un choix limité de moyens et de mesures pour

en atténuer les retombées sur leurs populations. Tout ce qui précède montre bien que des efforts complémentaires, ciblés sur le plan régional, s’imposent. De tels efforts doivent être menés par les gouvernements nationaux, avec le plein appui de la communauté internationale.

Ces diverses expériences nous enseignent une chose: même lorsque l’on n’arrive pas à détecter une forte réduction des disponibilités énergétiques alimentaires, à la suite de la hausse des prix des aliments, une telle hausse des prix peut toutefois avoir d’autres retombées négatives, comme la détérioration de la qualité des aliments consommés ou l’accès réduit à d’autres services de base tels que les soins de santé et l’éducation. Par exemple, pour faire face à la perte de revenus ou à la hausse des prix, les consommateurs pauvres de nombreux pays ont dû réduire la qualité et la diversité des aliments consommés, en se rabattant sur des aliments moins chers, mais aussi moins nutritifs. Il est difficile de quantifier ces effets, à partir des informations actuellement disponibles dans la plupart des pays et il n’est certainement pas possible de les mesurer en utilisant un indicateur rendant compte exclusivement du niveau d’adéquation des disponibilités énergétiques alimentaires.

En outre, un indicateur de la sous-alimentation chronique

On trouvera, dans la présente édition de L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde, de nouvelles estimations du nombre et de la proportion de personnes sous-alimentées dans le monde, qui remontent à 1990 et reflètent plusieurs améliorations majeures apportées aux données et à la méthodologie suivie par la FAO pour calculer l’indicateur se rapportant à la prévalence de la sous-alimentation.Ces nouvelles estimations tiennent compte des éléments suivants:• révisions les plus récentes des données sur la

population mondiale; • nouvelles données tirées d’enquêtes portant sur la

démographie, la santé et les ménages, qui sont à l’origine d’une révision des besoins énergétiques alimentaires minimaux, par pays;

• nouvelles estimations des disponibilités énergétiques alimentaires, par pays;

• estimations, pays par pays, des pertes de produits alimentaires lors de la vente au détail;

• améliorations techniques de la méthodologie.(Pour une description plus détaillée de ces changements, se reporter aux pages 13-14 et à l’annexe technique.)

Malgré ces améliorations, une mise en garde s’impose, à plusieurs titres. Tout d’abord, l’indicateur concernant la

prévalence de la sous-alimentation ne tient compte que des disponibilités énergétiques alimentaires et de leur répartition dans l’ensemble de la population, sans envisager d’autres aspects de la nutrition. Ensuite, il évalue les disponibilités énergétiques alimentaires sur la base des besoins énergétiques minimaux nécessaires pour un faible niveau d’activité, alors que de nombreux pauvres souffrant de la faim ont probablement des moyens d’existence exigeant un travail manuel ardu. Et enfin, la méthodologie actuelle ne prend pas en considération les effets des fluctuations à court terme des prix ou d’autres chocs économiques, sauf s’ils ont une incidence sur la variation à long terme des modes de consommation alimentaire. Ces restrictions correspondent bien aux définitions utilisées précédemment, mais elles montrent qu’il faut prendre l’indicateur en question comme une estimation très prudente de la sous-alimentation. Il faudra apporter de nouveaux affinements et élargir la gamme des indicateurs pour parvenir à une compréhension plus globale de la sous-alimentation et de la sécurité alimentaire. Par exemple, on pourrait opter pour d’autres indicateurs, reposant sur des besoins énergétiques minimaux plus élevés, correspondant à des niveaux d’activité supérieurs. Un tel choix modifierait les estimations ayant trait au niveau et aux tendances de la sous-alimentation, comme expliqué à l’annexe technique.

Amélioration des données et de la méthodologie

ENCADRÉ 1

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Page 15: Etat de l'insécurité alimentaire dans le monde

L ’ É T A T D E L ’ I N S É C U R I T É A L I M E N T A I R E D A N S L E M O N D E 2 0 1 2 13

La sous-alimentation dans le monde en 2012

■ Améliorer l’indicateur relatif à la prévalence de la sous-alimentation

Au cours des deux dernières années, la FAO a fortement remanié la méthodologie utilisée pour calculer l’indicateur relatif à la prévalence de la sous-alimentation. Les modifications proposées avaient été évoquées dans l’édition de 2011 de la présente publication et avaient été soumises à plusieurs tribunes scientifiques, y compris l’Académie nationale des sciences de Washington, en février 2011, une Table ronde du Comité de la sécurité alimentaire mondiale, organisée à Rome, en octobre 2011 et le Colloque scientifique international sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle tenu à Rome, en janvier 2012.

Il s’agissait de modifications de grande ampleur, qui prévoyaient notamment une révision complète des données sur les disponibilités alimentaires (y compris une estimation plus précise des pertes de produits alimentaires), de meilleurs paramètres pour le calcul des besoins énergétiques alimentaires et une nouvelle forme de la fonction de distribution utilisée pour estimer la prévalence de la sous-alimentation. Certaines des modifications relèvent de la mise à jour régulière des données, qui se fait presque tous les ans (estimations démographiques et révision des données sur les disponibilités alimentaires), alors que d’autres étaient le fruit d’efforts intenses, visant à améliorer nettement la méthodologie actuelle. Toutes les mises à jour

et améliorations supposaient la disponibilité de nouvelles sources de données.

Pour la première fois, on disposait de données suffisantes sur la consommation et les disponibilités alimentaires pour évaluer, en détail et de façon cohérente sur le plan méthodologique, les tendances des disponibilités énergétiques alimentaires jusqu’à l’année en cours. De nouveaux bilans alimentaires ont été établis jusqu’en 2009 et des projections des disponibilités alimentaires ont été faites pour 2010-2012, reflétant les données les plus récentes concernant la production, le commerce et l’utilisation des denrées alimentaires au cours des dernières années. De plus, des données sur la consommation alimentaire, tirées d’enquêtes sur les ménages réalisées dans un certain nombre de pays, ont permis de réviser les estimations et de cerner avec plus de précision la répartition inégale des produits alimentaires dans de nombreux pays, même si de telles enquêtes portaient sur des années différentes (entre 1995 et 2010) pour certains pays.

Les analyses récentes révèlent que les pertes et gaspillages d’aliments peuvent être significatifs, même si les données sur cette question restent insuffisantes. La prise en compte des pertes d’aliments au détail est le principal élément affectant les nouvelles estimations de la faim, qui ont été relevées de 117 millions d’individus en 2008, par rapport aux estimations figurant dans l’édition de 2011 de la présente publication. La méthodologie précédente ne

Amélioration des données et de la méthodologie

calculant la consommation moyenne, sur base annuelle, ne rendra pas compte, dans sa totalité, des nombreuses épreuves à court terme rencontrées par de nombreux pauvres, confrontés à des hausses temporaires du prix des aliments ou à la perte d’emploi ou de moyens de subsistance pendant plusieurs mois, du fait de la récession économique. Les plus démunis n’ont probablement pas de réserves d’aliments ou d’économies disponibles et, si les dispositifs publics de protection sociale font défaut, ces pauvres parmi les pauvres risquent de connaître des pénuries alimentaires à court terme, qui ne seront décelées que si l’on évalue fréquemment l’insécurité alimentaire grave, dans des échantillons représentatifs de la population.

En bref, l’expérience acquise ces dernières années a montré que les retombées des hausses de prix des aliments et d’autres chocs économiques sont à la fois complexes et variées et qu’elles ne peuvent se résumer à une simple question d’apport énergétique alimentaire total; ces

retombées peuvent en effet aller de la détérioration de la qualité des aliments ingérés à une réduction d’autres types de consommation qui sont essentiels au développement humain et à la croissance à court et à long termes. Il faudra affiner encore la méthodologie et pouvoir se fonder sur de meilleures données et sur une gamme plus large d’indicateurs pour rendre compte pleinement de ces retombées. Même si les données et la méthodologie utilisées actuellement pour calculer l’indicateur relatif à la prévalence de la sous-alimentation ne permettent pas d’évaluer les effets de la hausse (ou de la baisse) temporaire des prix des aliments, il apparaît clairement que la réduction de la sous-alimentation a nettement ralenti depuis 2007 et que de nombreuses régions risquent de ne pas atteindre l’objectif de la Déclaration du Millénaire si elles ne relancent pas rapidement leurs efforts de réduction de la sous-alimentation, ce qui suppose un relèvement économique étendu à l’ensemble de la population et la stabilité des prix des aliments.

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Page 16: Etat de l'insécurité alimentaire dans le monde

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La sous-alimentation dans le monde en 2012

tenait pas compte des pertes d’aliments au détail. Les nouvelles estimations de la sous-alimentation

incorporent également les résultats des révisions des données démographiques. Ces révisions, qui n’ont guère d’effet sur le plan mondial, sont toutefois sensibles dans certains pays et certaines régions. Par exemple, les estimations démographiques de la Chine pour les années 90 ont été révisées à la hausse, avec une augmentation de 25 millions de personnes, alors que la population du bangladesh a été révisée à la baisse jusqu’en 1990, accusant une diminution d’environ 11 pour cent, ou 17 millions de personnes. Ces variations des estimations démographiques affectent les estimations de la sous-alimentation, pour deux raisons. Tout d’abord, les quantités d’aliments restent identiques, alors que la population varie, ce qui modifie les estimations des disponibilités énergétiques alimentaires du consommateur moyen, qui elles-mêmes ont un effet sur l’estimation de la prévalence de la sous-alimentation. Deuxièmement, elles changent le nombre total de personnes souffrant de sous-alimentation.

Toutes les autres révisions de données ou de méthodologies se traduisent par une réduction du nombre de personnes sous-alimentées dans les pays en développement. Ces autres révisions sont aussi plus importantes pour les années récentes que pour 1990, ce qui veut dire que la prévalence de la sous-alimentation a baissé plus qu’on ne le pensait précédemment. On trouvera dans l’annexe technique une description plus détaillée de ces changements et de leurs effets sur la prévalence de la sous-alimentation.

Malgré ces améliorations, il reste encore d’importantes lacunes et des problèmes de qualité des données, notamment:• Des efforts concertés devraient être déployés pour

améliorer les données de base sur la production, l’utilisation, le stockage et le commerce des produits alimentaires. Dans cette optique, la FAO dirige la mise en œuvre de la Stratégie mondiale pour l’amélioration des statistiques agricoles, de manière à enrayer le déclin des capacités de production de statistiques de base, dans de nombreux pays en développement, et à répondre à des besoins émergents dans ce domaine.

• Il faudra s’efforcer, sans relâche, de tenir à jour les paramètres utilisés pour estimer la sous-alimentation, en réalisant régulièrement des «bilans de santé» des

paramètres se rapportant aux besoins alimentaires et à l’accès aux aliments. Dans tout domaine statistique, la révision des méthodologies et des données est une activité régulière, qui exige des efforts continus visant à améliorer en permanence la qualité des données disponibles.

• De plus, il faudra redoubler d’efforts afin de tenir compte plus explicitement, dans l’analyse, des effets des chocs liés aux prix et aux revenus.

■ … et se diriger vers une série complète d’indicateurs de la sécurité alimentaire

Malgré les améliorations apportées aux données et à la méthodologie, l’indicateur ayant trait à la prévalence de la sous-alimentation ne suffit pas, à lui seul, à dresser un tableau complet de la sécurité alimentaire de chaque pays. Pour y remédier, on a identifié une série préliminaire de 20 indicateurs, disponibles pour la plupart des pays et des années, y compris des estimations des disponibilités énergétiques alimentaires, de la production, des prix et des dépenses alimentaires, des indicateurs anthropométriques et des paramètres relatifs à la volatilité des prix. Ces indicateurs sont présentés sur le site web dédié à L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde (www.fao.org/publications/sofi/fr/) afin de permettre aux analystes de la sécurité alimentaire et aux décideurs d’évaluer plus en détail les différentes dimensions et manifestations de l’insécurité alimentaire, et d’adopter, sur cette base, des politiques mettant en place des interventions plus efficaces.

Des plans sont actuellement établis pour élargir et améliorer les indicateurs. À cette fin, la FAO lance une initiative visant à mettre au point un indicateur de la sécurité alimentaire «basé sur la notion d’expérience vécue» (semblable à l’indice d’insécurité alimentaire établi en Amérique latine et dans les Caraïbes), qui serait disponible, année après année, pour un grand nombre de pays. Cette initiative prend pour base une enquête mondiale sur l’insécurité alimentaire, réalisée à partir de brefs entretiens. Un tel indicateur permettrait de suivre, en temps voulu, les difficultés rencontrées par les individus et les ménages pour se procurer des aliments et, sur cette base, de lancer des interventions d’amélioration de la sécurité alimentaire.

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La croissance économique, la faim et la malnutrition

Croissance des revenus et modification de la consommation alimentaire

Message clé

Pour que la croissance économique se traduise par une amélioration de la nutrition des plus démunis, il faut que les pauvres soient parties prenantes au processus de croissance et qu’ils en bénéficient: i) la croissance doit mobiliser les pauvres et parvenir jusqu’à eux; ii) les pauvres doivent utiliser leur revenu supplémentaire pour améliorer quantitativement et qualitativement leur alimentation et accéder à de meilleurs services de santé et d’assainissement; et iii) les gouvernements doivent destiner les ressources publiques supplémentaires à des biens et services publics profitant aux pauvres et aux personnes souffrant de la faim.

Ces dernières décennies, la croissance économique a multiplié les possibilités de faire reculer la faim et la malnutrition. Entre 1990 et 2010, le revenu réel par

habitant a augmenté globalement de près de 2 pour cent par an, mais avec des différences majeures selon les pays et les décennies. Pour tous les groupes de pays en développement, les taux de croissance ont été plus élevés dans les années 2000 que dans les années 90, avec des redressements particulièrement spectaculaires en Afrique subsaharienne et dans la région Europe et Asie centrale (uniquement dans les pays en développement des deux groupes; figure 6). Pendant les deux périodes, ce sont l’Asie de l’Est et le Pacifique qui ont enregistré la croissance (de loin) la plus rapide. Dans les pays à revenu élevé, les taux de croissance ont fléchi dans les années 2000.

Note: Tous les groupes se réfèrent exclusivement à des pays en développement (sauf à la rubrique «Revenus élevés»). Le PIB réel par habitant est exprimé en termes de parité du pouvoir d’achat (PPA). Source des données brutes: Banque mondiale, Indicateurs du développement dans le monde.

FIGURE 6

Les taux de croissance économique varient fortement, selon les régions et les périodes de référence

10

8

6

4

2

0

-2

-4

Taux de croissance annuels du PIB réel par habitant (en pourcentage)

Décennie 1990 Décennie 2000

Asie de l’Est et Pacifique

Asie du Sud Europe etAsie centrale

Amérique latine et Caraïbes

Moyen-Orient et Afrique du Nord

Afrique subsaharienne

Revenus élevés

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La croissance économique, la faim et la malnutrition

Pour que la croissance économique contribue à améliorer l’accès à une alimentation suffisante au plan quantitatif (énergie alimentaire) et au plan qualitatif (diversité, teneur en éléments nutritifs et sécurité sanitaire), trois conditions essentielles doivent être remplies. Premièrement, la croissance doit mobiliser les pauvres et parvenir jusqu’à eux et créer des emplois et des possibilités de génération de revenus qui soient à leur portée. Deuxièmement, les pauvres doivent utiliser leur revenu supplémentaire pour améliorer quantitativement et qualitativement leur alimentation, l’eau et l’assainissement et pour accéder à de meilleurs services de santé (les femmes jouent un rôle crucial à cet égard, car elles veillent à ce que les dépenses suivent effectivement ce modèle). Troisièmement, les gouvernements doivent allouer les recettes publiques supplémentaires à des mécanismes de protection sociale et à des biens et services publics essentiels, tels que l’éducation, les infrastructures et les mesures de santé publique.

Avant d’examiner ces trois conditions clés de manière plus approfondie, le rapport présente les grandes tendances en matière d’énergie alimentaire et de nutrition qui ont marqué les deux dernières décennies.

■ Tendances de la disponibilité énergétique alimentaire

L’augmentation annuelle de 2 pour cent du revenu réel par habitant, qui a été observée entre 1990 et 2010, a entraîné un accroissement de la demande en énergie alimentaire. En moyenne, la disponibilité énergétique alimentaire a augmenté de quelque 210 kcal par personne et par jour, soit 8 pour cent (figure 7). L’augmentation a été plus sensible dans les pays en développement (275 kcal/personne/jour) que dans les pays développés (86 kcal/personne/jour). Dans les régions des pays en développement, les augmentations absolues les plus conséquentes (260 kcal à 270 kcal par jour) ont été enregistrées en Asie (où la croissance économique a été la plus rapide), en Amérique latine et aux Caraïbes, et les plus modestes (moins de 130 kcal par jour) en Océanie et en Afrique subsaharienne (où la croissance économique a été lente). La figure 8 montre graphiquement que la demande en énergie est plus importante quand les revenus sont plus élevés. Elle montre aussi que les revenus supplémentaires ont plus d’effet quand les revenus sont faibles (dans ce cas, la pente des segments est plus raide).

Source: FAO.

FIGURE 7

Globalement, les disponibilités énergétiques alimentaires ont augmenté dans toutes les régions

3 500

3 000

2 500

2 000

1 500

1 000

500

0

Disponibilités énergétiques alimentaires (kcal/personne/jour)

1990-92 2007-09

Total mondial Paysdéveloppés

Pays en développement

Asie Amérique latine et Caraïbes

Afriquedu Nord

Afrique subsaharienne

Océanie

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La croissance économique, la faim et la malnutrition

■ Modification des modèles de consommation alimentaire

L’augmentation de l’énergie alimentaire disponible s’est accompagnée de changements dans la composition des régimes alimentaires. C’est pourquoi, les sources de la disponibilité énergétique alimentaire varient au fil du temps, parallèlement à la hausse des revenus. La figure 9 illustre ces changements au niveau régional, en faisant apparaître les parts des grands groupes d’aliments dans la disponibilité énergétique alimentaire totale. Partout dans le monde, les parts des céréales, des racines et des tubercules ont fortement baissé, tandis que les parts des fruits et légumes et des produits animaux, y compris le poisson, ont augmenté.

Au plan régional, on observe des contrastes entre les régions qui ont enregistré une croissance économique rapide et celles où la croissance a été plus lente. En Asie, une région caractérisée par une croissance rapide, la quantité d’énergie alimentaire par personne, qui est fournie par les céréales, les racines et les tubercules a décliné malgré une augmentation de la disponibilité énergétique alimentaire totale par personne. Parallèlement, l’énergie alimentaire fournie par les produits d’origine animale et les fruits et légumes a sensiblement augmenté. En revanche, en Afrique subsaharienne, la disponibilité énergétique alimentaire provenant des céréales, des racines et des

Pays développés Pays en développement

Asie Amérique latine et Caraïbes

Afrique du Nord Afrique subsaharienne

FIGURE 8

La demande d’aliments s’accroît à mesure qu’augmententles revenus

3 600

3 400

3 200

3 000

2 800

2 600

2 400

2 200

2 000

Disponibilités énergétiques alimentaires (kcal/personne/jour)

0 5 10 15 20 25 30 35

PIB par habitant, exprimé en PPA (en milliers de dollars internationaux)

Notes: PPA = parité du pouvoir d’achat. Les totaux régionaux ne tiennent compte que des pays en développement.Sources des données brutes: FAO et Banque mondiale.

Source: FAO.

FIGURE 9

Les régimes alimentaires se diversifient dans le monde entier

3 500

3 000

2 500

2 000

1 500

1 000

500

0

Contributions à l’ensemble des disponibilités énergétiques alimentaires (kcal)

Asie Paysdéveloppés

Amérique latine et Caraïbes

Afriquedu Nord

Océanie Afrique subsaharienne

1990-92 2007-09 1990-92 2007-09 1990-92 2007-09 1990-92 2007-09 1990-92 2007-09 1990-92 2007-09

Autres

Sucres

Matières grasses

Aliments d’origineanimale

Fruits et légumes

Légumineuses

Racines et tubercules

Céréales

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La croissance économique, la faim et la malnutrition

tubercules a augmenté alors que l’énergie alimentaire tirée des aliments d’origine animale et des fruits et légumes est restée relativement constante.

De nombreuses études ont montré qu’il existait une relation positive significative au plan statistique entre le revenu total du ménage par personne et la diversité de l’alimentation, définie comme le nombre d’aliments individuels ou groupes d’aliments consommés pendant une période de temps donné2. L’étroite liaison des revenus et des régimes alimentaires peut être démontrée par les enquêtes sur la consommation des ménages. La figure 10 présente les résultats de l’analyse de 59 enquêtes sur les ménages conduites dans 47 pays en développement ces dernières années, pour le quintile des plus bas revenus par personne (Q1) et celui des plus hauts revenus par personne (Q5). Malgré les particularités régionales des régimes alimentaires, les résultats de l’enquête confirment que, indépendamment de la région, l’alimentation est plus diversifiée dans les groupes à plus haut revenu. Plus les revenus s’améliorent, plus la contribution des céréales, des racines et des tubercules à la disponibilité énergétique alimentaire totale par personne diminue, tandis que la contribution des aliments d’origine animale et des fruits et légumes augmente fortement. Dans la plupart des régions, la contribution relative des sucres à la disponibilité énergétique alimentaire globale augmente aussi de manière sensible.

La modification de la composition de l’alimentation, qui

accompagne l’évolution du revenu, se répercute sur la disponibilité des éléments nutritifs. Comme le montre la figure 11, les glucides fournis par les céréales, les racines et les tubercules occupent une place bien moins importante dans l’alimentation des ménages à plus haut revenu. Inversement, la contribution des glucides provenant des sucres et d’autres aliments, de même que celle des lipides, sont relativement plus importantes chez les ménages à plus haut revenu. Ces éléments indiquent tous qu’une transition nutritionnelle majeure est en cours (voir plus loin). Ces changements comportent des aspects à la fois positifs et négatifs. De manière générale, une augmentation de la contribution des aliments autres que les produits alimentaires de base (c’est-à-dire, les aliments d’origine animale, les graisses et les huiles, les légumineuses, les fruits et légumes) est bénéfique pour la santé et la nutrition. Une augmentation de la part des lipides chez les personnes dont la consommation de matière grasse est faible peut représenter un progrès – les graisses sont fortement caloriques et sont indispensables pour assurer la biodisponibilité de certains micronutriments (ceux qui sont liposolubles). En revanche, chez les individus dont l’alimentation est plus riche en matières grasses, une nouvelle augmentation risque d’être préjudiciable pour la santé.

Enfin, on observe aussi une augmentation de la contribution relative des protéines à la disponibilité

Note: Les données se réfèrent aux ménages appartenant aux quintiles de revenu les plus faibles et les plus élevés, dans 47 pays en développement.Source: FAO, analyse des enquêtes sur les ménages.

FIGURE 10

À mesure qu’augmentent les revenus, le régime alimentaire se diversifie

100

90

80

70

60

50

40

30

20

10

0

Part des groupes d’aliments dans l’ensemble des disponibilités énergétiques alimentaires (pourcentage)

Asie Amérique latineet Caraïbes

Afrique du Nord Afrique subsaharienne

Q1 Q5 Q1 Q5 Q1 Q5 Q1 Q5

Autres

Sucres

Matières grasses

Aliments d’origineanimale

Fruits et légumes

Légumineuses

Racines et tubercules

Céréales

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La croissance économique, la faim et la malnutrition

Note: Les données se réfèrent aux ménages appartenant aux quintiles de revenu les plus faibles et les plus élevés, dans 47 pays en développement.Source: FAO, analyse des enquêtes sur les ménages.

FIGURE 11

Avec l’accroissement des revenus, la consommation de matières grasses augmente, alors que la consommation de céréales,de racines et de tubercules diminue

100

90

80

70

60

50

40

30

20

10

0

Part des macronutriments dans l’ensemble des disponibilités énergétiques alimentaires (en pourcentage)

Autres pays en développement Pays les moins avancés

Q1 Q5 Q1 Q5

Protéines

Matières grasses

Glucides provenantd’autres aliments

Glucides provenantde sucres

Glucides provenantde céréales, de racineset de tubercules

Source des données brutes: FAO.

FIGURE 12

Dans la plupart des pays connaissant un essor économique rapide, les aliments d’origine animale occupent une partplus importante dans les régimes alimentaires

2007-091961-63

Nigéria

Bangladesh

Indonésie

Chine continentale

Inde

Japon

Brésil

Mexique

Pakistan

Espagne

Italie

Allemagne

France

États-Unis d’Amérique

Part des aliments d’origine animale dans les disponibilités énergétiques alimentaires (en pourcentage)

0 5 10 15 20 25 30

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La croissance économique, la faim et la malnutrition

énergétique alimentaire totale, mais ce changement est relativement limité par rapport aux autres.

Comme le montre la figure 10, la consommation d’aliments d’origine animale (y compris le poisson) progresse notablement quand le revenu par personne augmente. Au demeurant, avec la croissance économique soutenue que l’on observe dans le monde entier depuis le début des années 60, la croissance de la consommation des aliments d’origine animale a largement pris de vitesse celle des autres grands groupes d’aliments3. La consommation de lait par personne a quasiment doublé dans les pays en développement, la consommation de viande et de poisson a triplé et la consommation d’œufs a été multipliée par cinq. La croissance a été la plus forte en Asie de l’Est et du Sud-Est et dans la région Amérique latine et Caraïbes, alors qu’elle a stagné en Afrique subsaharienne. D’une manière générale, les taux de croissance ont été plus faibles dans les pays développés, où les niveaux de consommation étaient initialement plus élevés que dans les pays en développement.

Si l’on considère la contribution relative des aliments d’origine animale à la disponibilité énergétique alimentaire totale par personne, les régimes semblent converger vers un modèle plus uniforme, comme le montre la figure 12 pour un certain nombre de pays. Les augmentations ont été faibles dans les pays où cette contribution était déjà élevée (il y a même eu un recul aux États-Unis), avec une part comprise entre 20 pour cent à 25 pour cent au début des années 60 (par exemple, la France, l’Allemagne, les États-Unis), tandis qu’elles ont été substantielles dans les pays où la contribution initiale était plus basse et où la croissance économique a été rapide pendant cette période. Ce deuxième groupe comprend des pays développés (par exemple, l’Italie et l’Espagne) et plusieurs pays en développement (par exemple, le Brésil et la Chine). En général, les niveaux de consommation d’aliments d’origine animale par personne sont encore plutôt faibles dans la plupart des pays en développement, malgré des taux de croissance élevés.

La viande, le poisson, le lait et les œufs fournissent des protéines qui contiennent une large gamme d’acides aminés et de micronutriments biodisponibles tels que le fer, le zinc, le calcium et les vitamines A et B

12, dont manquent souvent les personnes qui souffrent de malnutrition4. Plusieurs de ces éléments (notamment le fer et le zinc) sont difficiles à obtenir en quantité suffisante à partir d’une alimentation à base de produits végétaux (en raison d’une mauvaise biodisponibilité). Les aliments d’origine animale sont bénéfiques, en particulier pour les jeunes enfants. En revanche, il est à craindre qu’une consommation excessive de viande (en particulier la viande rouge), de produits laitiers et d’œufs par les enfants plus âgés et les Source des données brutes: FAO.

FIGURE 13

La consommation de fruits et de légumes augmente,mais reste insuffisante dans certaines régions

700

600

500

400

300

200

100

0

Disponibilité de fruits et de légumes par habitant (en grammes/jour)

1990-92 2007-09

Pays développés

Asie Amérique latine et Caraïbes

Afrique

adultes soit préjudiciable pour la santé et accroisse le risque de développer des maladies non transmissibles chroniques telles que les maladies de cœur, le cancer, le diabète et l’obésité.

Les fruits et les légumes représentent un élément important d’une alimentation saine. L’OMS et la FAO recommandent un apport journalier minimum de 400 g de fruits et légumes (à l’exclusion des pommes de terre et autres tubercules féculents); en dessous de ce seuil, le risque de développer des maladies chroniques pourrait augmenter5. Une consommation suffisante de fruits et légumes contribue aussi à la prévention des carences en micronutriments.

On a constaté dans une étude récente que près de 80 pour cent de la population de 52 pays, appartenant essentiellement à la catégorie des pays à faible revenu et à revenu intermédiaire, consommaient moins que la quantité minimum recommandée de fruits et légumes6. Le pourcentage de la population dont la consommation était en dessous du seuil minimum variait de 37 pour cent au Ghana à 99 pour cent au Pakistan (la fourchette était la même pour les hommes et les femmes séparément). Il a aussi été observé que la consommation de fruits et légumes tendait à décroître avec l’âge et à augmenter avec le revenu. La disponibilité quotidienne moyenne par personne a augmenté dans beaucoup de régions, notamment en Asie, alors que la moyenne régionale reste en deçà des quantités minimales recommandées en Afrique, où la disponibilité quotidienne des fruits et légumes a stagné à un niveau bien inférieur aux niveaux recommandés (figure 13).

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La croissance économique, la faim et la malnutrition

Sur le long terme, il est évident que l’augmentation du revenu par personne contribue à réduire la proportion de la population, qui ne reçoit pas un apport suffisant d’énergie alimentaire – l’ordre de grandeur des estimations de la sous-alimentation réalisées par la FAO dans les pays développés est largement inférieur à celui des estimations relatives aux pays en développement (figure 14). La section précédente a montré que la croissance économique entraînait une amélioration de la composition des régimes alimentaires et, en dernier ressort, une meilleure nutrition. Mais en quoi la croissance économique contribue-t-elle à réduire la sous-alimentation chez les plus pauvres parmi les pauvres? Et que faut-il faire de plus pour accélérer le recul de la faim et de la malnutrition?

Il y a plusieurs étapes fondamentales dans le processus qui relie la croissance économique (c’est-à-dire la croissance du PIB par habitant) à une réduction de la sous-alimentation et de la malnutrition. Premièrement, la croissance économique doit parvenir jusqu’aux personnes très pauvres. Pour réduire la pauvreté et la faim, la croissance doit générer une demande qui mobilise les moyens de production contrôlés par les pauvres. Deuxièmement, les ménages pauvres doivent utiliser une partie de leur nouveau revenu pour accroître leur consommation d’énergie alimentaire et d’autres éléments nutritifs et pour investir à titre individuel dans la santé, l’assainissement et l’éducation; à cet égard, le

rôle des femmes est crucial, car elles veillent à ce que les dépenses suivent ce modèle. Troisièmement, une grande partie des recettes publiques supplémentaires qui sont générées par la croissance économique doivent servir à financer les investissements publics dans les systèmes/mécanismes de protection sociale, la nutrition, la santé et l’éducation, afin de renforcer le capital humain des pauvres. Les gouvernements devraient aussi investir dans les biens et services publics qui promeuvent la croissance dans les secteurs où les pauvres sont employés, par exemple le secteur de l’agriculture (voir le chapitre intitulé «La croissance de l’agriculture et sa contribution à la réduction de la pauvreté, de la faim et de la malnutrition», pages 30 à 39). En outre, une bonne gouvernance au niveau national est capitale, si l’on veut que ces trois étapes clés soient effectivement et durablement franchies. La bonne gouvernance englobe la fourniture d’un large éventail de biens publics essentiels, notamment la stabilité politique, l’état de droit, le respect des droits de l’homme, le contrôle de la corruption et l’efficacité de l’administration publique.

En quoi la croissance économique contribue-t-elle à la réduction de la faim et à l’amélioration de la nutrition?

FIGURE 14

La prévalence de la sous-alimentation recule, à mesurequ’augmente le PIB par habitant

30

25

20

15

10

5

0

Prévalence de la sous-alimentation en 2010 (en pourcentage)

<2 000 2 000-5 000 5 000-10 000 10 000-20 000 >20 000

PIB par habitant en 2010, PPA ($EU courants)

Note: PPA = parité du pouvoir d’achat.Source des données brutes: FAO et Banque mondiale.

Message cléLa croissance économique et agricole devrait prendre en compte des considérations nutritionnelles. La croissance doit aboutir à une amélioration de la nutrition en donnant aux pauvres les moyens de mieux diversifier leur alimentation, en améliorant l’accès à l’eau potable, à l’assainissement et aux services de santé, en sensibilisant les consommateurs aux bonnes pratiques en matière de nutrition et de soins aux enfants et en prévoyant des distributions ciblées de compléments alimentaires dans les situations de carences graves en micronutriments. Une fois établie, la bonne nutrition est alors un moteur essentiel d’une croissance économique durable.

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La croissance économique, la faim et la malnutrition

■ La croissance économique parvient-elle jusqu’aux pauvres?

Les personnes qui ne bénéficient pas d’un apport alimentaire suffisant pour mener une vie saine et active font partie des plus pauvres du monde. Par définition, les plus pauvres ne disposent pas des ressources qui leur permettraient de produire une quantité suffisante de denrées alimentaires ou de les acheter sur le marché. C’est pourquoi la première condition que la croissance économique doit remplir pour contribuer à faire reculer la sous-alimentation est de parvenir jusqu’à ces personnes très pauvres.

Si l’on se tourne vers les données relatives à l’incidence de la croissance sur la pauvreté, la plupart des recherches à ce sujet ont conclu que la croissance économique entraînait des augmentations du revenu à la fois du quintile supérieur et du quintile inférieur de la distribution des revenus7. Mais les exceptions ne manquent pas – les pauvres ne bénéficient pas de tous les types de croissance dans toutes les situations. La mesure dans laquelle les pauvres bénéficient de la croissance est déterminée par: l’importance initiale des inégalités, les possibilités d’emploi accessibles aux pauvres qui sont générées par la croissance et le secteur économique qui est à l’origine de la croissance.

Plus la distribution des ressources telles que la terre, l’eau, les capitaux, l’éducation et la santé est inégale, plus les pauvres auront des difficultés à être parties prenantes au processus de croissance8 et plus le recul de la sous-alimentation risquera d’être lent. Par exemple, les pauvres ont souvent un niveau d’instruction trop faible pour entrer dans les nouveaux marchés du travail dynamiques où les salaires proposés sont plus intéressants. Les inégalités peuvent aussi freiner le rythme de la croissance économique globale9, ce qui représente un préjudice supplémentaire pour les pauvres. La croissance économique imputable à l’exploitation des minerais et du pétrole, par exemple, a moins de chances de réduire directement la pauvreté. Ces secteurs sont caractérisés par une forte proportion de capital, ce qui entraîne une plus faible croissance des revenus pour les pauvres, lesquels possèdent très peu de capitaux. En revanche, les recettes publiques tirées de ces secteurs peuvent être utilisées en faveur des pauvres. C’est ce qui a été fait en Indonésie, où les recettes publiques tirées des exportations de pétrole pendant les années 70 et 80 ont été utilisées pour améliorer les infrastructures rurales, notamment les centres médicaux et le réseau routier.

Les incidences de la croissance économique dépendent de la source de celle-ci. Il est abondamment démontré que les revenus des personnes très pauvres sont plus réactifs à la croissance agricole qu’à la croissance non agricole10. L’une des raisons pour lesquelles la croissance agricole tend à générer des revenus pour les pauvres est que, dans beaucoup de pays particulièrement touchés par la pauvreté, les pauvres sont souvent concentrés dans les zones rurales. Or, par rapport aux autres types de croissance, la croissance

agricole influence plus directement l’économie rurale. Ce point est examiné de manière plus approfondie dans le chapitre intitulé «La croissance de l’agriculture et sa contribution à la réduction de la pauvreté, de la faim et de la malnutrition», pages 30 à 39.

■ Comment les pauvres utilisent-ils leur revenu supplémentaire?

Même quand la croissance économique parvient jusqu’aux pauvres, d’autres facteurs importants sont susceptibles de faire reculer la sous-alimentation plus rapidement. Les pauvres doivent utiliser leur revenu supplémentaire pour acheter davantage d’énergie alimentaire et d’éléments nutritifs. Dans le cas des personnes très pauvres, la plupart des recherches montrent qu’en ce qui concerne l’énergie alimentaire, l’élasticité de la demande par rapport au revenu est effectivement positive et est d’ailleurs plus importante que chez les personnes riches ou relativement moins pauvres11. En d’autres termes, les pauvres utilisent leur revenu supplémentaire pour acheter davantage d’énergie alimentaire, tandis que les riches ont beaucoup moins, voire pas du tout, tendance à le faire.

Cependant, quand les pauvres utilisent leur revenu supplémentaire pour acheter davantage d’aliments, ils ne visent pas toujours à accroître l’apport énergétique. Même les consommateurs pauvres utiliseront une partie de leur revenu supplémentaire pour se procurer des aliments de base plus onéreux que ceux qu’ils consomment habituellement, par exemple le riz au lieu du manioc ou le riz blanc bien usiné au lieu du riz plus grossier. Certains de ces changements ne font parfois rien pour accroître l’apport énergétique ou améliorer la nutrition, en revanche ils reflètent les préférences des consommateurs pour des attributs tels que le goût, l’odeur et l’apparence.

Plus les consommateurs sont aisés, plus ils tendent à accroître leur consommation d’aliments autres que les aliments de base (voir la figure 10 à la page 18, qui montre que la part du budget alimentaire consacrée aux aliments d’origine animale et aux fruits et légumes est beaucoup plus importante chez les riches que chez les pauvres). Là encore, certains de ces aliments amélioreront l’état nutritionnel et d’autres non. Les gens accordent de la valeur au fait d’être mieux nourris mais ils veulent aussi que leur alimentation ait meilleur goût. En outre, ils ignorent parfois les problèmes de santé associés à la consommation de certains aliments (qui favorisent l’obésité) et l’importance des micronutriments tels que l’iode, le fer, le zinc ou la vitamine A (dont les carences provoquent la «faim invisible»).

Enfin, les consommateurs décideront aussi de consacrer une partie de leur revenu supplémentaire à des dépenses non alimentaires très diverses, telles que l’éducation, les vêtements, la santé ou les téléphones portables. Ces choix peuvent être influencés par des campagnes d’information ou des programmes scolaires qui promeuvent les avantages

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La croissance économique, la faim et la malnutrition

Message clé

Pour accélérer la réduction de la faim, il faut que la croissance économique soit doublée d’une action volontariste et déterminante des pouvoirs publics. Les politiques et programmes publics doivent être créateurs d’un environnement propice à une croissance économique à long terme qui soit favorable aux pauvres. Un environnement porteur comporte la fourniture de biens et services publics pour le développement des secteurs productifs, un accès équitable des pauvres aux ressources, l’autonomisation des femmes et la conception et la mise en place de systèmes de protection sociale. Pour être efficaces, ces politiques et programmes doivent s’appuyer sur un système amélioré de gouvernance, reposant sur la transparence, la participation, l’obligation de rendre compte, l’état de droit et le respect des droits de l’homme.

Comme il ressort de la première section du présent rapport, plusieurs pays ne sont pas parvenus à faire reculer la faim et la malnutrition conformément aux engagements qui ont été pris et aux objectifs qui ont été fixés. Soit leur croissance a été lente, soit la liaison entre la croissance et la réduction de la faim et de la malnutrition a mal fonctionné. L’une des raisons de ce dysfonctionnement pourrait être la faiblesse des structures de gouvernance et l’absence de volonté politique de placer la réduction de la faim au rang des premières priorités. Comme on peut le lire dans le deuxième projet de Cadre stratégique mondial pour la sécurité alimentaire et la nutrition, les causes de la faim et de la malnutrition sont notamment: «l’absence d’une bonne gouvernance permettant d’assurer la transparence, la responsabilité et la primauté du droit, qui sont les fondements de l’accès aux denrées alimentaires et de l’amélioration du niveau de vie; l’absence d’engagement politique de haut niveau et de priorité accordée à la lutte contre la faim et la malnutrition, notamment le fait que les promesses et les engagements passés n’ont pas été pleinement respectés, et l’absence de responsabilisation; le manque de cohérence dans les choix stratégiques tant dans

des investissements essentiels. Grâce aux investissements consacrés à des améliorations dans le domaine de la santé, par exemple l’aménagement de sanitaires et les visites plus fréquentes chez le médecin (en particulier pour les femmes enceintes), la croissance économique aura une incidence plus forte sur la nutrition. Ces modes de dépense impliquent que les incidences des chocs liés aux prix des denrées alimentaires et aux revenus (qu’ils soient positifs ou négatifs) ne touchent pas seulement l’apport énergétique et la consommation alimentaire mais aussi d’autres domaines, dans lesquels des ajustements deviennent nécessaires.

La façon dont le revenu supplémentaire du ménage est dépensé est fortement influencée par la part du revenu qui échoit aux femmes (voir l’encadré 6, page 41). Les recherches montrent que davantage d’argent est consacré aux dépenses qui améliorent la nutrition et la santé quand les femmes exercent un plus grand contrôle sur le revenu familial12. Pendant les deux dernières décennies, les femmes sont entrées en force dans la population économiquement active, notamment dans les régions développées telles que l’Europe et l’Amérique du Nord et, dans une certaine mesure, les zones urbaines des pays en développement. Avec la poursuite de la croissance économique, il est probable que ce mouvement s’amplifie et, s’il permet aussi aux femmes d’acquérir leur autonomie et de mieux maîtriser le revenu du ménage, il pourrait donner un nouvel élan à l’amélioration de la nutrition et de la santé des enfants.

■ Comment les gouvernements utilisent-ils leurs ressources supplémentaires?

La croissance économique fait augmenter à la fois les revenus privés et les ressources publiques. Les gouvernements peuvent utiliser ces ressources de multiples façons pour lancer et appuyer des réformes institutionnelles et des programmes qui profitent aux pauvres et aux personnes souffrant de la faim: mesures qui garantissent un accès plus équitable aux ressources productives, investissements dans les infrastructures rurales et mesures qui promeuvent le développement durable des écosystèmes agricoles – dont beaucoup de pauvres dépendent pour subsister. Une large part des recettes publiques générées par la croissance économique devrait être utilisée pour financer l’éducation, la formation professionnelle et des mesures de santé publique très diverses. On peut citer à titre d’exemple: l’accès amélioré à l’eau potable; l’augmentation de la densité des centres médicaux, en particulier dans les zones rurales; la distribution ciblée de compléments vitaminés; et les campagnes d’information qui promeuvent les pratiques améliorées de soins aux enfants, telles que l’allaitement maternel, l’alimentation d’appoint et l’espacement des naissances.

Empiriquement, plus les ressources publiques sont élevées, plus les réalisations en matière de sécurité alimentaire et de nutrition sont nombreuses13, bien que les résultats soient variables selon les pays. Il est vrai qu’une réorientation des

dépenses budgétaires publiques pourrait contribuer à faire reculer la sous-alimentation même en l’absence de croissance économique, mais la croissance économique a tout de même plus de chances d’entraîner une augmentation des dépenses sociales pertinentes. C’est pourquoi, la croissance associée à la réallocation des ressources est probablement plus efficace pour faire reculer la sous-alimentation, que la croissance ou la réallocation prise isolément.

■ Quel est le rôle de la bonne gouvernance?

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La croissance économique, la faim et la malnutrition

les pays qu’aux niveaux régional et mondial; une hiérarchisation insuffisante des politiques, des plans, des programmes et des financements prévus pour combattre la faim, la malnutrition et l’insécurité alimentaire, centrés en particulier sur les populations les plus vulnérables et en situation d’insécurité alimentaire; les guerres, les conflits, le manque de sécurité, l’instabilité politique et la faiblesse des institutions; et la faiblesse de la gouvernance internationale de la sécurité alimentaire et de la nutrition»14.

La bonne gouvernance est essentielle, si l’on veut que la croissance économique contribue effectivement et durablement à la sécurité alimentaire et à l’amélioration de la nutrition. Par bonne gouvernance, on entend notamment la fourniture de biens publics essentiels, tels que la stabilité politique, l’état de droit, le respect des droits de l’homme, la lutte contre la corruption et l’efficacité de l’administration publique. La bonne gouvernance repose sur des institutions

performantes. La concrétisation du droit à l’alimentation peut donner du poids à une stratégie efficace en matière de sécurité alimentaire, en garantissant des processus politiques transparents, la responsabilisation des institutions publiques et la définition claire des obligations du gouvernement et des droits et devoirs des bénéficiaires.

Pour que les pauvres bénéficient de la croissance économique, il est vital qu’ils aient leur mot à dire sur les décisions qui les concernent. L’expérience prouve que la participation de toutes les parties prenantes – y compris les femmes vulnérables, les jeunes, les populations autochtones et les autres groupes marginalisés de la population – à la formulation, la planification, l’exécution et le suivi et évaluation des activités de développement se traduit par un accès plus équitable aux ressources et des avantages plus nombreux pour les pauvres en conséquence de la croissance économique.

Résultats en matière de nutrition – des progrès à l’échelle mondiale, mais encore beaucoup de problèmes

Diverses indications laissent penser que l’augmentation de la disponibilité énergétique alimentaire par personne et la diversification de l’alimentation, que l’on observe dans beaucoup de pays, ont contribué à une amélioration générale de la nutrition à l’échelle mondiale15. Une évaluation récente a conclu que l’application des recommandations formulées par l’OMS en matière d’alimentation, avait progressé dans le monde entier au cours des deux dernières décennies, malgré des disparités importantes entre les régions16.

La nutrition des enfants s’est aussi améliorée. Le pourcentage d’enfants souffrant d’insuffisance pondérale (poids insuffisant par rapport à l’âge) a baissé, passant de 25 pour cent en 1990 à 16 pour cent en 2010, tandis que le retard de croissance (taille insuffisante par rapport à l’âge) chez les enfants de moins de cinq ans a globalement reculé, passant de 39 pour cent à 26 pour cent pendant la même période. La diminution de la prévalence de l’insuffisance pondérale chez les enfants, qui a été plutôt lente en Afrique, a été la plus rapide en Asie, notamment en Chine et en Asie du Sud-Est, où le retard de croissance est aussi tombé de 49 pour cent à 28 pour cent entre 1990 et 2010 (voir l’exemple du Bangladesh dans l’encadré 1)17. Les taux les plus élevés d’insuffisance pondérale chez les enfants et de mortalité infanto-juvénile sont observés en Afrique

subsaharienne mais, ces dernières années, la mortalité infantile a sensiblement reculé dans beaucoup de pays de cette région18.

La réduction des carences en micronutriments, ou «faim invisible», a aussi fait des progrès pendant les deux dernières décennies. Les avancées en matière d’élimination de la carence en vitamine A ont été remarquables en Asie de l’Est et une grande partie des pays d’Amérique centrale et d’Amérique du Sud, tandis que l’Afrique subsaharienne et l’Asie du Centre et du Sud sont restées à la traîne. Grâce à l’expansion réussie des programmes d’iodation du sel, la prévalence des carences en iode semble avoir notablement décliné dans le monde entier.

Il est vrai qu’une croissance économique plus rapide explique certains des excellents résultats obtenus en Asie, mais on peut difficilement attribuer à une croissance économique contrastée certaines disparités importantes que l’on observe d’un pays à l’autre en matière de dénutrition des enfants. L’un des facteurs qui entre en jeu est l’existence ou l’absence de lien entre la croissance et la réduction de la pauvreté. Parmi les autres facteurs, on peut citer l’ordre de priorité qui est établi dans les stratégies agricoles entre les céréales de base, les fruits, les légumes, l’élevage et la pêche, l’accès à l’eau propre, la santé et l’assainissement et les traditions culturelles. Même quand les pauvres bénéficient de

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La croissance économique, la faim et la malnutrition

Le Bangladesh a connu une croissance économique rapide pendant les deux dernières décennies et a aussi obtenu des résultats plutôt satisfaisants dans le domaine de la nutrition, en particulier dans les années 90. Le PIB par habitant a doublé entre 1990 et 2010 (voir la figure), et le taux de croissance annuel moyen dans le secteur agricole a été égal à 3,3 pour cent (propulsé par des augmentations spectaculaires des rendements du riz). Les taux de pauvreté ont sensiblement baissé pendant cette période, ce qui indique que la croissance économique est parvenue jusqu’aux pauvres. La prévalence du retard de croissance (taille insuffisante par rapport à l’âge, un indicateur de la malnutrition chronique) et de l’insuffisance pondérale (poids insuffisant par rapport à l’âge) chez les enfants de moins de cinq ans a fortement baissé dans les années 90, avant de stagner entre 1999 et 2004. Ainsi, entre 1990 et 1999, le retard de croissance a baissé de 12 pour cent, passant de 63 pour cent à 51 pour cent, et l’insuffisance pondérale est tombée de manière encore plus marquée, de

62 pour cent à 43 pour cent, alors qu’entre 1999 et 2004, aucun progrès n’a été enregistré. L’amélioration s’est ensuite poursuivie avec des ralentissements épisodiques: entre 2004 et 2011, l’insuffisance pondérale a baissé de 7 pour cent, la plus grande partie de la baisse étant concentrée entre 2007 et 2011, et le retard de croissance a reculé de 10 pour cent, dont 8 pour cent entre 2004 et 2007. Selon les estimations actuelles, le Bangladesh qui a déjà réduit la sous-alimentation de 50 pour cent et est en passe d’obtenir le même résultat pour l’insuffisance pondérale, va probablement atteindre la cible relative à la faim du premier OMD.

Le Bangladesh a connu une croissance économique rapide pendant les deux dernières décennies et a aussi obtenu des résultats plutôt satisfaisants dans le domaine de la nutrition, en particulier dans les années 90. Le PIB par habitant a doublé entre 1990 et 2010 (voir la figure), et le taux de croissance annuel moyen dans le secteur agricole a été égal à 3,3 pour cent (propulsé par des augmentations

Croissance économique et nutrition au Bangladesh

ENCADRÉ 1

Pourcentage

Note: Les données sur la prévalence du retard de croissance, de l’insuffisance pondérale et de l’émaciation se réfèrent aux enfants de moins de 5 ans.Source des données brutes: FAO et Banque mondiale.

Indicateurs du revenu, de la pauvreté et de la malnutrition au Bangladesh, 1990-2011

Dollars internationaux constants, 2005

80

70

60

50

40

30

20

10

0

1 600

1 400

1 200

1 000

800

600

400

200

01988 1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004 2006 2008 2010 2012

Taux de pauvreté Prévalence du retard de croissance Prévalence de l’insuffisance pondérale

Prévalence de l’émaciation Prévalence de la sous-alimentation PIB par habitant, PPA (axe de droite)

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La croissance économique, la faim et la malnutrition

spectaculaires des rendements du riz). Les taux de pauvreté ont sensiblement baissé pendant cette période, ce qui indique que la croissance économique est parvenue jusqu’aux pauvres. La prévalence du retard de croissance (taille insuffisante par rapport à l’âge, un indicateur de la malnutrition chronique) et de l’insuffisance pondérale (poids insuffisant par rapport à l’âge) chez les enfants de moins de cinq ans a fortement baissé dans les années 90, avant de stagner entre 1999 et 2004. Ainsi, entre 1990 et 1999, le retard de croissance a baissé de 12 pour cent, passant de 63 pour cent à 51 pour cent, et l’insuffisance pondérale est tombée de manière encore plus marquée, de 62 pour cent à 43 pour cent, alors qu’entre 1999 et 2004, aucun progrès n’a été enregistré. L’amélioration s’est ensuite poursuivie avec des ralentissements épisodiques: entre 2004 et 2011, l’insuffisance pondérale a baissé de 7 pour cent, la plus grande partie de la baisse étant concentrée entre 2007 et 2011, et le retard de croissance a reculé de 10 pour cent, dont 8 pour cent entre 2004 et 2007. Selon les estimations actuelles, le Bangladesh qui a déjà réduit la sous-alimentation de 50 pour cent et est en passe d’obtenir le même résultat pour l’insuffisance pondérale, va probablement atteindre la cible relative à la faim du premier OMD.

Mais il reste beaucoup à faire. On estime que la malnutrition au Bangladesh coûte 1 milliard de dollars des États-Unis par an en productivité économique perdue1. La prévalence de l’émaciation, un indicateur de la malnutrition aiguë, a baissé de 1990 à 2000, avant de remonter inexorablement jusqu’en 2007, pour atteindre 17 pour cent, dépassant le seuil d’urgence fixé à15 pour cent. Cette hausse est préoccupante dans la mesure où le Bangladesh n’a pas été touché par des catastrophes majeures pendant cette période. (En 2008, après le passage du cyclone Sidr et la crise de la flambée des prix des denrées alimentaires, des études ont indiqué que l’émaciation avait grimpé jusqu’à un taux de 25 pour cent). Le dernier chiffre, 16 pour cent en 2011, est encore supérieur au seuil d’urgence, ce qui ne manque pas de susciter des inquiétudes. De plus, les niveaux du retard de croissance (41 pour cent) et de l’insuffisance pondérale (36 pour cent) restent très élevés et représentent de graves problèmes de santé publique.

1 Ambassade des États-Unis, Dhaka. 2012. U.S.-Funded study shows true cost of malnutrition in Bangladesh. Communiqué de presse, juin 2012 (disponible à l’adresse http://photos.state.gov/libraries/bangladesh/8601/2012%20Press%20Releases/USAID%20malnutrition%20study_%20Jun%2025_%202012.pdf).

ENCADRÉ 1 (suite)

la croissance des revenus, il faut que des politiques et des institutions efficaces leur apportent un soutien supplémentaire, notamment des services de santé et une éducation nutritionnelle, pour que la nutrition des enfants s’améliore. Par exemple, une étude a conclu que c’était peut-être l’absence de ce type d’environnement favorable qui expliquait pourquoi la forte croissance économique observée en Inde n’avait pas entraîné une réduction uniforme de la dénutrition des enfants dans les différents États du pays19.

Beaucoup de pays ont enregistré des améliorations en matière de nutrition, cependant l’insuffisance pondérale (poids insuffisant pour l’âge) reste le principal facteur de risque qui contribue à la charge de morbidité globale dans le monde en développement. En 2010, dans les pays en développement, plus de 100 millions d’enfants âgés de moins de 5 ans présentaient encore une insuffisance pondérale. Les enfants des ménages les plus pauvres risquent deux fois plus d’en souffrir que les enfants des ménages les moins pauvres. On estime que la malnutrition infantile est une cause sous-jacente de la mort, dans 35 pour cent de tous les cas de décès d’enfants âgés de moins de 5 ans20.

Les carences en micronutriments (la «faim invisible») touchent encore plus de 30 pour cent de la population mondiale avec, pour conséquences, un accroissement de la morbidité et de la mortalité, des troubles du développement cognitif, une limitation de la faculté d’apprentissage et de la

productivité, une diminution de la capacité de travail des populations due aux nombreuses maladies et infirmités, et la perte tragique de potentiel humain. Il est indispensable de vaincre la malnutrition en micronutriments pour garantir le développement. Dans le cas de l’anémie liée à la carence en fer, la prévalence n’a pas beaucoup évolué et a même augmenté dans certains pays21. En Inde, le retard de croissance et les carences en fer et en iode se traduisent par des pertes de productivité équivalant chaque année à 2,95 pour cent du PIB22. En Sierra Leone, la carence en fer chez les femmes qui travaillent dans le secteur de l’agriculture représentera un coût de 94,5 millions de dollars des États-Unis sur cinq ans23.

Une croissance économique plus rapide peut faciliter la prise de mesures plus efficaces pour prévenir et combattre les carences en micronutriments. Les stratégies de développement agricole qui promeuvent les activités hautement productrices de valeur, tant au plan nutritionnel qu’au plan des revenus, par exemple l’élevage, la production de fruits et l’horticulture, favorisent la diversification des régimes alimentaires. En outre, la complémentation alimentaire ciblée sur les plus vulnérables, en particulier pendant les 1 000 premiers jours qui suivent la conception jusqu’à l’âge de deux ans, et l’enrichissement des principaux produits alimentaires au niveau national se sont révélés être des stratégies d’un excellent rapport coût-efficacité24.

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La croissance économique, la faim et la malnutrition

■ La transition nutritionnelle et la double charge de la malnutrition

Avec la hausse des revenus et la progression de l’urbanisation, les gens adoptent progressivement un mode de vie caractérisé par une activité physique réduite, moins de temps à consacrer aux tâches ménagères et davantage de repas pris à l’extérieur. Les régimes alimentaires comportent de plus en plus d’aliments semi-transformés très énergétiques et deviennent plus riches en graisses saturées, sucre et cholestérol. On parle de «transition nutritionnelle»25. Selon les experts, la transition nutritionnelle qui a d’abord été associée aux populations urbaines plus aisées, s’étend rapidement à tous les types de sociétés26.

La transition nutritionnelle s’accompagne d’une augmentation de la suralimentation et de l’obésité. Il semble aussi qu’elle ait une relation causale avec la transition relative à la charge de morbidité et la mortalité, qui est appelée «transition épidémiologique»27. Il s’agit de la modification du profil des maladies qui était dominé par une mortalité largement imputable aux maladies infectieuses et transmissibles et qui est désormais caractérisé par une augmentation des maladies non transmissibles, telles que les maladies cardio-vasculaires et les diabètes. Selon l’OMS, la surcharge pondérale (indice de masse corporelle [IMC] 25) et l’obésité (IMC 30) sont le cinquième facteur de risque de décès au niveau mondial28.

Globalement, le nombre de personnes en surcharge pondérale est évalué à plus de 1,4 milliard d’adultes29, dépassant le nombre de personnes sous-alimentées dans le monde. Cependant, il est permis de penser que les coûts de la surcharge pondérale (mais non de l’obésité) sont moins élevés que ceux de la sous-alimentation. Dans le monde entier, l’obésité a plus que doublé depuis 1980, mais la prévalence de l’obésité de l’adulte est actuellement beaucoup plus élevée dans les pays développés que dans les pays en développement (figure 15). Les taux les plus élevés sont observés en Afrique du Nord et au Proche-Orient, en Amérique du Nord, dans les îles du Pacifique et en Afrique du Sud.

De plus en plus, le monde doit faire face à la double charge de la malnutrition, parce que la dénutrition, en particulier chez les enfants, coexiste avec la surcharge pondérale et les maladies liées à l’alimentation et avec la malnutrition en micronutriments30. La figure 16 présente quelques pays à faible revenu et à revenu intermédiaire de différentes régions, dont les populations affichent une forte prévalence, à la fois de la dénutrition et de la suralimentation, mesurées respectivement par le retard de croissance chez les enfants âgés de moins de cinq ans et l’obésité de l’adulte31.

Pendant longtemps, ces deux dimensions de la double charge ont été perçues comme les résultats de deux facteurs distincts: la pauvreté d’un côté et la richesse de l’autre. Mais

cette distinction est trop simpliste. Aujourd’hui, on peut observer une forte prévalence de la surcharge pondérale, à côté de la dénutrition, dans des pays à faible revenu, voire dans une même famille. La raison de cette coexistence est que la surcharge pondérale n’est pas nécessairement provoquée par une consommation excessive d’aliments mais par une consommation d’aliments non nutritifs, et que les consommateurs pauvres ont souvent un accès limité à l’éducation et à l’information sur la nutrition. Un autre élément d’explication pourrait être la croissance rapide de l’offre en produits introuvables auparavant (par exemple, les plats cuisinés, les boissons sucrées et les aliments à grignoter) dans les chaînes de distribution modernes de beaucoup de pays en développement. Souvent, ces produits remplacent les aliments traditionnels, y compris les aliments vendus en rue dans les zones urbaines.

Aujourd’hui, il est de plus en plus évident que la double charge de la malnutrition se manifeste souvent comme un problème lié au cycle de vie dans les familles à faible revenu. Les femmes pauvres qui souffrent de dénutrition pendant la grossesse, donnent naissance à des bébés sous-alimentés. Une nutrition insuffisante pendant le développement prénatal et la petite enfance, suivie plus tard dans la vie par une augmentation excessive de la consommation d’énergie alimentaire, peut créer un terrain favorable à la surcharge pondérale ou à l’obésité. La dénutrition (mesurée par le retard de croissance) pendant l’enfance peut accroître le risque de devenir obèse et de souffrir de maladies non transmissibles liées à l’alimentation dans la vie d’adulte. C’est pourquoi, dans beaucoup de pays en développement, tant la dénutrition que la suralimentation et les carences en micronutriments sont souvent enracinées dans la pauvreté. La double charge, illustrée par exemple par des enfants souffrant de retard de croissance et des mères en surcharge pondérale, est donc étroitement associée au développement économique et est de plus en plus souvent observée à l’intérieur même des ménages à faibles revenus32.

■ Conclusion: il faut améliorer la nutrition aussi rapidement que possible

La modification de l’alimentation qui a été observée au cours des deux dernières décennies a eu des effets à la fois positifs et négatifs sur la nutrition. Du côté des effets positifs, la qualité de l’alimentation s’est globalement améliorée au niveau mondial et la nutrition a progressé dans la plupart des régions du monde. Les taux de mortalité et la prévalence de l’insuffisance pondérale chez les enfants âgés de moins de cinq ans ont diminué. La prévalence de certaines carences en micronutriments a également reculé, mais dans des proportions très variables selon les régions.

Du côté des effets négatifs, toutefois, le nombre global d’enfants qui souffrent de déficit pondéral et/ou de retard de croissance reste à un niveau inacceptable. De plus, le

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La croissance économique, la faim et la malnutrition

Notes: Les données se réfèrent aux adultes des deux sexes, âgés de plus de 20 ans, en 2008, et sont normalisées selon l’âge. On parle d’obésité lorsque l’indice de masse corporelle est égalou supérieur à 30kg/m².Source: Organisation mondiale de la Santé.

FIGURE 15

Prévalence de l’obésité en 2008

Prévalence de l’obésité (%)

<10

10-19,9

20-29,9

≥30

Données non disponibles

Non applicable

Source des données brutes: Organisation mondiale de la Santé.

FIGURE 16

Le double fardeau de la malnutrition: obésité à l’âge adulte et retard de croissance des enfants, dans des pays sélectionnés

50

45

40

35

30

25

20

15

10

5

0

Pourcentage

Prévalence de l’obésité à l’âge adulte Prévalence du retard de croissance chez les enfants de moins de 5 ans

Mauritanie Papouasie-Nouvelle-Guinée

Vanuatu Îles Salomon Mexique Afrique du Sud Égypte

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La croissance économique, la faim et la malnutrition

nombre global de personnes en surcharge pondérale (mais non obèses) a dépassé le nombre de personnes sous-alimentées, tandis que les carences en micronutriments continuent à toucher une population importante dans beaucoup de pays.

Il est de plus en plus largement admis qu’une forte croissance économique peut entraîner des améliorations importantes de la nutrition. Pour parvenir à ce résultat aussi rapidement que possible, le processus de croissance doit profiter aux pauvres mais doit aussi prendre en compte des considérations nutritionnelles33. Jusqu’ici, la croissance économique et la nutrition n’ont été que faiblement liées, avec de longs délais avant que de véritables changements ne soient observés dans la situation nutritionnelle. Les politiques visant à appuyer la réalisation de ces objectifs devraient être mises en œuvre dans un cadre intégré agriculture-nutrition-santé. L’amélioration de la sécurité alimentaire et de la nutrition ne consiste pas seulement à accroître la quantité de l’apport énergétique – mais aussi à améliorer la qualité de l’alimentation, du point de vue de la diversité, de la variété,

de la teneur en éléments nutritifs et de la sécurité sanitaire. Les mesures permettant de diversifier l’alimentation et de garantir un apport suffisant de micronutriments peuvent notamment consister à faire un usage judicieux de la complémentation alimentaire ciblée sur les plus pauvres, jusqu’à ce que le coût d’une alimentation diversifiée devienne abordable. Pour lutter contre la suralimentation, il convient de promouvoir des régimes alimentaires plus sains et une modification du mode de vie.

Certes, la croissance économique contribue de manière importante à l’amélioration de la nutrition des populations, mais l’inverse est également vrai, car une alimentation nutritive permet aux populations de jouir d’une bonne santé et de réaliser pleinement leur potentiel physique et cognitif, ce qui contribue à la croissance économique. L’amélioration de la nutrition infantile et l’accès à l’éducation peuvent améliorer le développement cognitif, donc permettre aux enfants de gagner des revenus plus élevés à l’âge adulte – avec des avantages pour les individus mais aussi pour la société dans son ensemble34.

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La croissance de l’agriculture et sa contribution à la réduction de la pauvreté, de la faim et de la malnutrition

Le rôle de la croissance agricole dans la croissance économique et la réduction de la pauvreté et de la faim

productivité totale des facteurs en agriculture était supérieure à celle du secteur non agricole (+ 1,5 pour cent), venant ainsi contredire l’idée reçue selon laquelle l’agriculture serait un secteur arriéré, où les investissements et les politiques sont systématiquement moins aptes que dans les autres secteurs à générer de la croissance.

Dans l’ensemble, la croissance agricole a probablement un rôle plus important à jouer en tant que facteur de réduction de la pauvreté, plutôt que comme moteur de la croissance économique. Cela s’explique par le fait que la proportion des individus travaillant dans l’agriculture est nettement supérieure à la part de la production économique provenant de l’agriculture. Dans les pays les moins avancés, la population active occupée dans le secteur agricole représentait, en 2009, 66 pour cent de la population active totale, soit le double de la part de l’agriculture dans le PIB. On peut en déduire que les travailleurs agricoles ont en général des revenus moindres, comme l’indique d’ailleurs le fait que la pauvreté est surtout concentrée dans les campagnes. Étant donné que beaucoup de pauvres travaillent dans l’agriculture, la croissance agricole aura probablement des effets plus bénéfiques pour les pauvres que la croissance non agricole.

Selon une étude détaillée récente, analysant la croissance, d’un pays à l’autre, la croissance agricole réduit la pauvreté parmi les plus démunis, à condition que les inégalités de revenus ne soient pas trop criantes36. Dans les pays à faible revenu dotés de peu de ressources, un taux donné de croissance du PIB dû à la croissance agricole réduit cinq fois plus la pauvreté que le même taux de croissance du PIB dû au développement d’autres secteurs (sauf en Afrique subsaharienne). En Afrique subsaharienne, la croissance agricole se révèle 11 fois plus efficace. Il est donc essentiel d’accroître la production et la productivité agricoles si l’on veut réduire la pauvreté de manière efficiente, surtout dans les pays à faible revenu.

Message clé

La croissance agricole est un moyen particulièrement efficace de réduire la faim et la malnutrition. La plupart des populations très pauvres tirent une bonne partie de leurs moyens d’existence de l’agriculture et d’activités apparentées. La croissance agricole obtenue par les petits agriculteurs, et notamment les femmes, réduit de manière particulièrement efficace la pauvreté extrême et la faim lorsqu’elle augmente le rendement de la main-d’œuvre et crée des emplois pour les pauvres.

L ’agriculture a une importance très variable dans les économies des différents pays, mais comme on peut s’y attendre, cette importance diminue à mesure que le PIB

par habitant augmente et que l’économie se transforme, d’un point de vue structurel. Dans certains des pays les plus pauvres de la planète, l’agriculture représente plus de 30 pour cent de l’activité économique totale et dans le groupe des pays les moins avancés, elle assure 27 pour cent du PIB (selon des chiffres de 2009). En revanche, dans les pays de l’OCDE, l’agriculture représente moins de 1,5 pour cent de l’activité économique. La contribution de l’agriculture à la croissance économique d’ensemble variera donc d’un pays à l’autre, mais elle sera en général plus importante dans les pays les plus pauvres.

Au cours des dernières décennies, la croissance agricole était, en grande partie, due à la croissance de la productivité de la main-d’œuvre agricole qui, contre toute attente, a augmenté plus rapidement que la productivité de la main-d’œuvre hors secteur agricole, depuis les années 6035. Cette croissance rapide de la productivité de la main-d’œuvre agricole a été rendue possible par un exode des travailleurs agricoles, sous l’effet combiné de l’attraction du secteur industriel et de la volonté de quitter l’activité agricole. De plus, la croissance de la

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La croissance de l’agriculture et sa contribution à la réduction de la pauvreté, de la faim et de la malnutrition

De toute évidence, l’aptitude de l’agriculture à accroître le PIB et ses avantages comparatifs en matière de réduction de la pauvreté varieront d’un pays à l’autre. À ce propos, une typologie introduite dans le Rapport de 2008 sur le développement dans le monde (voir le tableau 2) souligne que dans les économies fortement tributaires de l’agriculture (principalement en Afrique subsaharienne), l’agriculture contribue de façon marquée à la croissance économique et participe sensiblement à la réduction de la pauvreté, étant donné que les pauvres sont concentrés dans les zones rurales37. Dans ces pays, les politiques devront principalement permettre à l’agriculture de jouer le rôle de moteur de croissance et de facteur de réduction de la pauvreté. Dans les pays en phase de transformation (principalement en Asie, en Afrique du Nord et au Proche-Orient), l’agriculture contribue dans une moindre mesure à la croissance économique, mais comme la pauvreté reste, pour l’essentiel, concentrée dans les campagnes, la croissance agricole et la croissance du secteur non agricole en milieu rural auront des effets importants sur la réduction de la pauvreté. Dans les économies plus urbanisées (principalement en Europe orientale et en Amérique latine), où la pauvreté est principalement un phénomène urbain, un secteur agricole plus productif pourra aider à freiner les hausses de prix des aliments et améliorer le pouvoir d’achat des citadins pauvres, qui doivent dépenser une grande partie de leurs revenus pour l’achat de nourriture.

Selon la définition qu’en donne l’OIT, «le travail décent résume les aspirations des êtres humains au travail: possibilité d’exercer un travail productif et convenablement rémunéré, assorti de conditions de sécurité sur le lieu de travail et d’une protection sociale pour sa famille. Le travail décent donne aux individus la possibilité de s’épanouir et de s’insérer dans la société, ainsi que la liberté d’exprimer leurs préoccupations, de se syndiquer et de prendre part aux décisions qui auront des conséquences sur leur existence. Il suppose une égalité de chances et de traitement pour les femmes et les hommes1.»

En milieu rural, les marchés du travail sont très peu structurés: le travail précaire domine et l’on note des asymétries au niveau de l’information, ainsi que des inégalités selon le sexe ou l’âge. Les conditions de travail en milieu rural sont souvent médiocres, l’accès aux dispositifs de protection sociale est limité et, souvent, la législation du travail n’est pas appliquée; les travailleurs ruraux sont donc les moins organisés et les moins protégés par des cadres juridiques2.

Les politiques et les programmes doivent chercher à augmenter l’emploi, mais aussi à créer de meilleures conditions d’emploi dans le secteur agricole et non agricole3.

Par exemple, la gestion intégrée de la production et de la protection contre les ravageurs aide à réduire les quantités de pesticides utilisées et sélectionne des produits moins dangereux, quand il s’avère nécessaire d’appliquer des pesticides. S’ils connaissent ces techniques de gestion intégrée, les travailleurs agricoles sont mieux à même de négocier des clauses exigeant l’utilisation de telles techniques, lorsqu’ils concluent des conventions collectives avec les employeurs4. De même, le soutien fourni aux syndicats (par exemple, le Syndicat général des travailleurs agricoles du Ghana) de manière à faciliter l’inclusion d’agriculteurs indépendants et de travailleurs agricoles, y compris les travailleurs saisonniers, peut donner plus de poids à ces travailleurs dans le dialogue social et les négociations. On peut terminer par un autre exemple d’amélioration des conditions de travail dans le secteur agricole: le Ministère thaïlandais de l’agriculture met au point actuellement un programme visant à donner aux riziculteurs thaïlandais le droit à une pension et à des indemnités en cas d’invalidité.

Sources: Voir les notes de la page 68

Promotion de conditions de travail décentes dans l’agriculture et les zones rurales pour parvenir à la sécurité alimentaire

ENCADRÉ 2

Rôle de l’agriculture dans la croissance économique et la réduction de la pauvreté, selon le type d’économie

Économies fortement

tributaires de l’agriculture

Économies en phase de

transformation

Économies urbanisées

Population totale (en millions d’habitants)

615 3 510 965

Nombre total de pauvres (en millions d’individus) 1,08 $EU/jour 2,15 $EU/jour

170278

5831 530

3291

Main-d’œuvre agricole, en pourcentage du total (%)

65 57 18

Croissance du PIB(croissance annuelle, 1993-2005, en pourcentage)

3,7 6,3 2,6

PIB agricole, en pourcentage du PIB total

29 13 6

Croissance du PIB agricole (croissance annuelle, 1993-2005, en pourcentage)

4 2,9 2,2

Contribution de l’agriculture à la croissance du PIB (part en pourcentage, 1993-2005)

32 7 5

Source: Adapté des tableaux 1.1 et 1.2 de la Banque mondiale, 2008. Rapport de 2008 sur le développement dans le monde: l’agriculture au service du développement. Washington, DC.

TABLEAU 2

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Page 34: Etat de l'insécurité alimentaire dans le monde

L ’ É T A T D E L ’ I N S É C U R I T É A L I M E N T A I R E D A N S L E M O N D E 2 0 1 232

La croissance de l’agriculture et sa contribution à la réduction de la pauvreté, de la faim et de la malnutrition

L’aptitude du secteur agricole à contribuer à la réduction de la pauvreté ne dépend pas seulement du type d’économie au sein de laquelle il fonctionne, mais aussi de la structure de ce secteur, notamment en ce qui concerne la répartition des terres. Par exemple, dans un secteur agricole reposant sur des petites exploitations, faisant largement appel à la main-d’œuvre, l’amélioration de la productivité des terres et de la main-d’œuvre a débouché sur une réduction rapide de la pauvreté (par exemple en Asie de l’Est et du Sud-Est). La Chine a ainsi réduit très rapidement la pauvreté, dans les années 80 et jusqu’au milieu des années 90, en partant d’une situation d’accès assez équitable aux terres agricoles et au capital humain38. À mesure qu’augmente l’inégalité, la réduction de la pauvreté ralentit. En revanche, dans certaines régions d’Amérique latine, les liens entre l’augmentation de la productivité et la réduction de la pauvreté sont nettement moins évidents, compte tenu de la répartition inégale des terres et la prédominance de la mécanisation agricole: les rendements ont en effet augmenté rapidement, alors que la pauvreté rurale n’a guère reculé39.

Pour que la croissance agricole s’étende aux pauvres, il faut qu’elle fasse appel aux facteurs de production dont disposent les pauvres. Or, dans certains cas, les pauvres n’ont que leur force de travail à offrir. Pour réduire la pauvreté et améliorer l’accès à des aliments appropriés, sur le plan tant quantitatif que qualitatif, il faut donc absolument que la croissance crée des emplois, augmente les salaires et améliore la qualité des postes de travail (voir l’encadré 2), surtout pour la main-d’œuvre non qualifiée. Un accès médiocre aux aliments peut freiner la productivité du travail, qui à son tour entrave la croissance économique, notamment en milieu agraire40.

On s’accorde largement à reconnaître que la croissance doit aller de pair avec la création d’emplois, si l’on veut parvenir à un développement économique durable. Les pays qui ont réussi à réduire assez rapidement la pauvreté sont passés par des transformations structurelles axées sur la création d’emplois et ont adopté des politiques industrielles et agricoles, ainsi que des politiques sociales actives, opérant en synergie41. Parmi les politiques visant à renforcer l’emploi, on peut citer l’élimination des obstacles au développement de l’esprit d’entreprise, l’amélioration de l’alphabétisation et de l’instruction et le développement des compétences techniques, de manière à améliorer l’employabilité de la main-d’œuvre, notamment chez les jeunes.

Dans les pays où la répartition des terres est assez équitable, de nombreux pauvres peuvent accéder, eux aussi, à des lopins de terre et profiter de leur plus-value (par exemple moyennant une amélioration des rendements). La croissance des rendements et la réduction de la pauvreté ont ainsi progressé de concert, en Chine, où la répartition des terres est assez équitable42. En revanche, en Inde, où la répartition des terres est moins équitable, la croissance des rendements ne s’est pas traduite par un pareil recul de la pauvreté et de la sous-alimentation. Lorsqu’une bonne partie de la croissance de la production est concentrée dans de grandes exploitations agricoles, les pauvres peuvent encore tirer profit de cette croissance si les productions sont à forte intensité de main-d’œuvre et que les bénéfices servent à augmenter les salaires des travailleurs ruraux – mais les avantages qu’en retireront les pauvres seront moindres que s’ils possédaient directement la terre. Si, en revanche, la croissance de la production provient de grandes exploitations hautement mécanisées, les pauvres n’auront guère de chance de profiter de ses effets.

De tout temps, les petits agriculteurs ont joué un rôle essentiel dans les approvisionnements fournis pour répondre à la demande alimentaire. En Asie, pendant la Révolution verte, les petits agriculteurs ont adopté les innovations techniques, accru leur productivité et produit assez d’aliments pour faire baisser les prix réels des denrées de base achetées par les consommateurs. La demande de main-d’œuvre a augmenté dans les zones rurales, créant ainsi des emplois pour les ruraux pauvres et relevant les salaires payés aux travailleurs non qualifiés. Tous ces facteurs ont contribué

Contribution des petits agriculteurs à l’accroissement de la production et de la productivité agricoles43

La demande mondiale d’aliments devrait augmenter de 60 pour cent d’ici à 2050. L’agriculture et les filières alimentaires mondiales ont donc un défi de taille à relever, compte tenu des changements climatiques, de la pénurie de ressources naturelles et des utilisations concurrentes, notamment pour la production de biocarburant. Les petits agriculteurs, qui produisent l’essentiel des aliments dans les pays en développement, auront un rôle clé à jouer dans ces efforts, ne fût-ce qu’en raison des volumes de production qu’ils assurent dans les pays en développement.

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Page 35: Etat de l'insécurité alimentaire dans le monde

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La croissance de l’agriculture et sa contribution à la réduction de la pauvreté, de la faim et de la malnutrition

Le Viet Nam a connu une forte croissance économique d’ensemble (5,8 pour cent par habitant et par an de 1990 à 2010), ainsi qu’une croissance rapide de son agriculture. Entre 1990 et 2010, la croissance de l’agriculture était en moyenne de 4 pour cent par an, soit l’un des meilleurs résultats mondiaux, sur cette période. En agriculture, la productivité totale des facteurs a progressé rapidement, de 3,1 pour cent par an entre 1991 et 2000, puis de 2,4 pour cent par an entre 2001 et 20091.

La croissance de la production venait, pour l’essentiel, de l’amélioration des rendements. Les rendements ont augmenté de 50 pour cent pour le riz, qui est la principale culture vivrière, mais ils ont plus que doublé pour le maïs, le caoutchouc, la noix de cajou et le manioc. Les terres mises en culture ont, elles aussi, augmenté: les terres consacrées au maïs et à l’hévéa ont plus que doublé, celles destinées aux anacardiers ont plus que triplé et les terres plantées en caféiers ont été multipliées par huit (passant d’environ 60 000 hectares en 1990 à plus d’un demi-million d’hectares en 2008). Quant à l’aquaculture, elle s’est développée très rapidement, à un rythme de 12 pour cent par an depuis 1990.

Comme les terres sont réparties de façon relativement équitable au Viet Nam, par rapport à la plupart des autres pays, nombre de petits exploitants agricoles ont pu profiter de la croissance des rendements. L’augmentation des superficies cultivées a également permis d’accroître la

demande de main-d’œuvre, l’un des principaux actifs dont disposent les pauvres. Cette expansion a déterminé une réduction rapide de la pauvreté, de la sous-alimentation, des retards de croissance et de l’insuffisance pondérale (ces deux derniers termes étant appliqués aux enfants de moins de cinq ans). Le Viet Nam a, en effet, déjà atteint plusieurs des Objectifs du Millénaire pour le développement.

Vers le milieu des années 90, ce sont les ménages agricoles à l’écoute des marchés qui ont le plus profité de la situation: le taux de pauvreté de ces ménages a baissé de plus de 40 pour cent en cinq ans à peine. Les ménages pratiquant une agriculture de subsistance ont, eux aussi, tiré parti de la situation, leur taux de pauvreté baissant de 28 pour cent en cinq ans. Les ménages qui pratiquaient initialement une agriculture de subsistance, puis qui se sont tournés avec décision vers les marchés dans les années 90, ont vu, quant à eux, leur taux de pauvreté reculer de 35 pour cent. Tous ces types de ménages ont accru leurs revenus non agricoles, ce qui montre l’importance du dynamisme de l’économie rurale non agricole2.

1 K. Fuglie. 2012. Productivity growth and technology capital in the global agricultural economy. Chapitre 16 dans K.O. Fuglie, E. Ball et S.L. Wang, éd. Productivity growth in agriculture: an international perspective. Wallingford, Royaume-Uni, CABI.2 A. de Janvry et E. Sadoulet. 2010. Agricultural growth and poverty reduction: additional evidence. The World Bank Research Observer, 25(1): 1-20

La croissance agricole au Viet Nam

ENCADRÉ 3

Pourcentage

Note: Les données sur la prévalence du retard de croissance, de l’insuffisance pondérale et de l’émaciation se réfèrent aux enfants de moins de 5 ans.Source des données brutes: FAO et Banque mondiale.

Indicateurs du PIB agricole, de la pauvreté et de la malnutrition au Viet Nam, 1989-2011

Dollars des États-Unis constants 2000 (en milliards)

Taux de pauvreté Prévalence du retard de croissance Prévalence de l’insuffisance pondérale

Prévalence de l’émaciation Prévalence de la sous-alimentation Valeur ajoutée agricole (axe de droite)

70

60

50

40

30

20

10

0

14

12

10

8

6

4

2

0

1989 1991 1993 1995 1997 1999 2001 2003 2005 2007 2009 2011

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Page 36: Etat de l'insécurité alimentaire dans le monde

L ’ É T A T D E L ’ I N S É C U R I T É A L I M E N T A I R E D A N S L E M O N D E 2 0 1 234

La croissance de l’agriculture et sa contribution à la réduction de la pauvreté, de la faim et de la malnutrition

Entre 1990 et 2010, le secteur agricole de la République-Unie de Tanzanie s’est développé au rythme moyen de 3,8 pour cent par an, se plaçant ainsi parmi les 15 secteurs agricoles nationaux les plus performants au monde, au cours de cette période. La prévalence de la sous-alimentation a néanmoins augmenté, dans un premier temps, puis a stagné au cours des vingt dernières années et les progrès accomplis afin de réduire le retard de croissance et la pauvreté ont été très lents. On peut donc en déduire qu’une croissance rapide de l’agriculture n’est pas, en soi, une condition suffisante pour améliorer la nutrition.

Dans les vingt dernières années, la croissance de la production agricole était principalement due à un accroissement des superficies cultivées, plutôt qu’à l’amélioration des rendements, qui n’a joué qu’un rôle mineur. Les quatre cinquièmes des augmentations de superficies cultivées étaient dus à huit cultures: maïs, haricots secs, arachides, riz, bananes, noix de coco, sorgho et manioc. Il faut toutefois noter que les rendements du maïs, des noix de coco, du sorgho et du manioc ont baissé au cours des vingt dernières années, alors que le rendement du riz n’avait augmenté que légèrement. Cette baisse des rendements s’explique peut-être par l’expansion de l’agriculture dans des terres marginales, ayant une fertilité et des rendements potentiels moindres. La croissance de la productivité totale des facteurs en agriculture, qui n’a augmenté que de 0,4 pour cent de 1991 à 2000, puis d’un pour cent de

2001 à 2009, montre bien que la priorité était accordée à l’expansion des superficies cultivées1.

Un mode de croissance axé sur l’expansion des superficies cultivées soulève des questions de durabilité. En outre, pour déterminer si les pauvres tirent vraiment profit d’une telle croissance, il faut voir dans quelle mesure les nouvelles terres mises en culture sont fertiles et appartiennent aux pauvres.

Ces dernières années, les exportations de coton et de tabac – deux produits cultivés par les petits exploitants – ont rapidement augmenté. Il s’agit toutefois de produits non vivriers, dont la culture est concentrée dans des zones assez réduites. Une stratégie de croissance reposant sur la culture de maïs, de plantes-racines, de légumineuses et d’oléagineux réduirait plus efficacement la pauvreté et la sous-alimentation, car ces plantes sont largement cultivées par les paysans pauvres et représentent une part plus importante du budget des ménages pauvres2. Pour mettre en œuvre une telle stratégie de croissance, il faudrait accroître les dépenses consacrées à la recherche et à la vulgarisation agricoles portant sur ces cultures.

1 K. Fuglie. 2012. Productivity growth and technology capital in the global agricultural economy. Chapitre 16 dans K.O. Fuglie, E. Ball et S.L. Wang, éd. Productivity growth in agriculture: an international perspective. Wallingford, Royaume-Uni, CABI.2 K. Pauw et J. Thurlow. 2011. The role of agricultural growth in reducing poverty and hunger: the case of Tanzania. IFPRI 2020. Document de référence n° 21. Washington, DC, IFPRI.

La croissance agricole en République-Unie de Tanzanie

ENCADRÉ 4

Pourcentage

Note: Les données sur la prévalence du retard de croissance, de l’insuffisance pondérale et de l’émaciation se réfèrent aux enfants de moins de 5 ans.Source des données brutes: FAO et Banque mondiale.

Indicateurs du PIB agricole, de la pauvreté et de la malnutrition en République-Unie de Tanzanie, 1990-2011

Dollars des États-Unis constants 2000 (en milliards)

Taux de pauvreté Prévalence du retard de croissance Prévalence de l’insuffisance pondérale

Prévalence de l’émaciation Prévalence de la sous-alimentation Valeur ajoutée agricole (axe de droite)

1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004 2006 2008 2010 2012

100

90

80

70

60

50

40

30

20

10

0

5,0

4,5

4,0

3,5

3,0

2,5

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1,5

1,0

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0,0

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La croissance de l’agriculture et sa contribution à la réduction de la pauvreté, de la faim et de la malnutrition

à améliorer la sécurité alimentaire pour tous. Nombre des succès obtenus, sur le plan du développement, au cours des 20-40 dernières années, reposaient sur la production des petits agriculteurs (par exemple en Chine, en Indonésie et au Viet Nam; voir l’encadré 3). D’habitude, les petits agriculteurs étaient aussi, à cette époque, plus efficients que les grandes exploitations agricoles44. À l’avenir, la production agricole à petite échelle sera probablement plus efficiente pour les produits alimentaires à forte intensité de travail, comme les produits maraîchers.

Malgré ces succès du passé, les petits agriculteurs devront surmonter des obstacles considérables, s’ils veulent être compétitifs sur de nombreux marchés modernes. Dans les pays en développement, les changements introduits au niveau de la commercialisation, de la transformation et de la vente au détail des produits agricoles et alimentaires ont attiré des investissements accrus du secteur privé, d’origine nationale ou étrangère, dans l’agroalimentaire.

Pour vendre leurs produits dans des circuits commerciaux plus évolués, comme les supermarchés, les agriculteurs auront besoin de compétences accrues de gestion et d’organisation logistique et devront être capables d’assurer un approvisionnement continu et de fournir des aliments respectant des normes strictes de qualité et de sécurité sanitaire. La recherche et la vulgarisation agricoles sont de plus en plus privatisées et soumises aux règles de la mondialisation; elles se concentrent sur des technologies à forte intensité de connaissances, qui exigent des compétences de gestion et une bonne aptitude à l’apprentissage. Ces exigences risquent de limiter l’accès des petits agriculteurs à des intrants novateurs. Les petites exploitations agricoles ont des difficultés à obtenir des crédits, car les institutions financières hésitent souvent à consentir des prêts, lorsque les garanties sont limitées et que l’on ne sait pas grand chose des capacités de remboursement des emprunteurs potentiels. En outre, les petites agricultrices sont défavorisées par rapport à leurs homologues masculins, parce qu’elles ont un accès encore plus limité au capital financier ou social, à l’information commerciale et aux

ressources productives, comme la terre. Les petits agriculteurs sont certes capables de relever ces

défis, mais ils ont besoin, pour ce faire, d’un «environnement porteur». L’amélioration des infrastructures rurales, comme les routes, les marchés, les installations d’entreposage et les services de communication, réduira les coûts de transaction et aidera les agriculteurs à accéder plus facilement aux marchés. Des interventions destinées à sécuriser les droits fonciers et les droits de propriété encourageront les petits agriculteurs à investir dans la mise en valeur de leurs terres. Il est essentiel de fournir des services d’éducation dans les campagnes pour permettre aux petits exploitants de s’insérer sur les marchés: en effet, s’ils ne savent pas lire, écrire et compter, ou s’ils ne savent pas organiser les approvisionnements ou établir, en toute confiance, des contacts avec des acheteurs, les petits agriculteurs ne seront pas en mesure d’écouler leurs produits dans des circuits commerciaux plus complexes. De plus, il faut absolument adopter des politiques pour remédier aux inégalités, y compris entre hommes et femmes, en ce qui concerne l’accès aux actifs et aux ressources, de manière à apporter des bénéfices à long terme aux femmes et à leurs familles.

Les pouvoirs publics peuvent, en outre, appuyer fermement le développement des petites exploitations agricoles, en faisant en sorte que des travaux de recherche agricole soient spécifiquement destinés à résoudre les problèmes des petits agriculteurs et des consommateurs, si possible en partenariat avec le secteur privé. Les services publics de vulgarisation devront se concentrer davantage sur la production, mais aussi sur la commercialisation et la sécurité sanitaire des aliments.

Des efforts accrus visant à mieux intégrer les petits agriculteurs aux marchés auront plusieurs effets positifs: ils aideront à répondre à la demande future d’aliments, contribueront à améliorer la sécurité alimentaire et la nutrition, dans les villes comme dans les campagnes, et ouvriront la possibilité d’établir des liens avec l’économie rurale non agricole, dans la mesure où les petits agriculteurs utiliseront probablement une bonne partie des revenus supplémentaires à leur disposition pour acheter localement des biens et des services.

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La croissance de l’agriculture et sa contribution à la réduction de la pauvreté, de la faim et de la malnutrition

la filière alimentaire. Il existe, par ailleurs, de très bonnes possibilités d’intensification durable de la production agricole et alimentaire. Pour que la croissance de la productivité agricole soit à la fois suffisante et stable, il est indispensable que les écosystèmes agricoles restent sains et soient capables de fournir des services, comme la fertilité des sols, la résistance aux maladies et aux ravageurs et la résilience d’ensemble de tout le système productif. Des écosystèmes sains peuvent aussi fournir des bienfaits importants, qui vont au-delà de l’exploitation agricole: réduction de la pollution agricole, qui comporte des coûts élevés, contribution à l’atténuation des changements climatiques, conservation de la biodiversité et protection des bassins versants. Or, les agriculteurs, les pêcheurs et les habitants des forêts ont rarement les capacités requises pour adopter des méthodes assurant la durabilité et la santé des écosystèmes et aucune mesure incitative ne leur est proposée pour agir dans ce sens.

Les gouvernements, le secteur privé et les organisations non gouvernementales s’attachent donc, de plus en plus, à mettre en place les cadres techniques, réglementaires et financiers voulus pour appuyer des modes de production plus durables. Il existe toute une gamme d’approches possibles pour incorporer des considérations environnementales dans les politiques agricoles, de manière à reconnaître explicitement et à réduire les coûts liés à la pollution agricole et accroître les effets positifs externes du secteur agricole sur l’environnement. Il est essentiel d’évaluer l’efficience de ces approches, mais aussi leurs effets en termes d’équité, car elles comportent des transferts de coûts et de bénéfices entre divers groupes de la société. Des approches combinant réduction de la pauvreté et durabilité environnementale ont produit des effets positifs et il faudrait maintenant élargir ces efforts, sur cette base.

Partageant cette vision, les quatre organisations ayant leur siège à Rome – FAO, FIDA, PAM et Bioversity International – ont identifié 10 priorités et domaines d’action, qui représentaient leur contribution au document final du Sommet de Rio+20 (voir l’encadré 5).

Faim, agriculture et développement durable

Des changements radicaux s’imposent, dans les systèmes agricoles et alimentaires, si notre planète veut réussir à vaincre la faim et la malnutrition et répondre à la demande d’aliments des générations présentes et futures. Lors du Sommet Rio+20, qui s’est tenu récemment, les dirigeants mondiaux ont réaffirmé ce qui suit: «l’élimination de la pauvreté, l’abandon des modes de consommation et de production non viables en faveur de modes durables, ainsi que la protection et la gestion des ressources naturelles sur lesquelles repose le développement économique et social sont à la fois les objectifs premiers et les préalables indispensables du développement durable45.» La réalisation de ces objectifs est littéralement d’importance vitale, si l’on veut assurer la sécurité alimentaire et garantir une nutrition adéquate pour tous.

Cela s’applique particulièrement aux moyens mis en œuvre par les pays pour permettre à leurs systèmes agricoles et alimentaires de répondre aux besoins des générations présentes et futures. Pour instaurer un développement durable et concrétiser la vision du Sommet de Rio, il est indispensable d’éradiquer la faim et la malnutrition. Dans cette optique, il est essentiel que les gouvernements nationaux et toutes les parties prenantes prennent les mesures suivantes: encourager la mise en application progressive du droit à une alimentation adéquate, mettre au point et protéger des droits d’accès aux ressources, notamment pour les plus vulnérables, incorporer dans les filières alimentaires des mesures incitant à la consommation et à la production durables, promouvoir la mise en place de marchés agricoles et alimentaires équitables et efficaces, réduire les risques et accroître les capacités d’adaptation des populations les plus vulnérables et enfin investir les ressources publiques dans des biens publics essentiels, notamment à l’appui de l’innovation et des infrastructures.

S’agissant de la consommation, il faut favoriser l’utilisation durable des ressources, en réduisant la surconsommation, en passant à des régimes nutritifs, mais présentant une empreinte écologique inférieure et en réduisant les pertes et les gaspillages d’aliments dans toute

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La croissance de l’agriculture et sa contribution à la réduction de la pauvreté, de la faim et de la malnutrition

• Avec les méthodes de développement actuelles, 1,4 milliard d’individus vivent encore dans des conditions de pauvreté extrême, 925 millions1 ont faim et beaucoup d’autres souffrent de malnutrition et d’insécurité alimentaire.

• Les modèles de développement non durable dégradent l’environnement naturel et menacent les écosystèmes et la biodiversité, dont dépendent les moyens d’existence et la sécurité alimentaire et nutritionnelle.

• Au niveau planétaire, les risques augmentent: les variations climatiques imprévisibles, les catastrophes naturelles, la volatilité des prix et les risques commerciaux se font plus fréquents, aggravant ainsi l’incertitude entourant la sécurité alimentaire et nutritionnelle dans le monde.

• Le système agricole et alimentaire, reposant sur des bases non durables, a contribué à ces échecs sociaux et environnementaux, mais l’agriculture peut aussi offrir de nombreuses solutions, à l’appui du développement durable et de l’économie verte. Il va sans dire qu’une économie verte n’est pas possible sans une agriculture durable.

• Il faut, de toute urgence, réformer complètement le système agricole et alimentaire, afin de parvenir à la sécurité alimentaire à l’échelle mondiale, d’améliorer les conditions d’existence des populations et de gérer plus durablement l’environnement.

• Pour assurer le succès de cette réforme, il est indispensable

d’y associer des centaines de millions de ménages composés de petits exploitants agricoles et de paysans sans terre – qui souvent sont des femmes.

• Pour assurer la durabilité, il faut réformer tout le système agricole et alimentaire, de la production à la consommation.

• Il est essentiel de mettre en place des mesures de protection sociale et des filets de sécurité, pour soutenir les moyens d’existence et renforcer leurs capacités d’adaptation, protéger les plus vulnérables et les associer à des modes durables de développement.

• Il faut améliorer les politiques mondiales, nationales et locales, et les rendre plus cohérentes si l’on souhaite favoriser le développement durable et soutenir la réforme des systèmes agricoles et alimentaires, à l’échelle voulue.

• Les organisations ayant leur siège à Rome travailleront de concert afin de faire progresser les objectifs et les décisions de Rio + 20, en appuyant les efforts déployés par les pays pour établir des systèmes agricoles et alimentaires durables.

1 Il faut noter que, selon les dernières estimations de la FAO portant sur la sous-alimentation dans le monde, le nombre de personnes sous-alimentées serait actuellement de 868 millions. Source: FAO, FIDA, PAM, Bioversity International. 2012. Rome-based Organizations submission to Rio + 20 outcome document (disponible à l’adresse http://www.fao.org/fileadmin/user_upload/suistainability/pdf/11_11_30_Rome-based_Organizations_Submission_to_Rio_20_Outcome_document.pdf).

Contribution des organisations ayant leur siège à Rome (FAO, FIDA, PAM et Bioversity International) au document final du Sommet Rio+20

ENCADRÉ 5

L’importance de l’économie rurale non agricole et ses liens avec l’agriculture46

Malgré la place importante qu’elle occupe, l’agriculture ne sera pas, pour tous les ruraux, le moyen d’échapper à la pauvreté. Par ailleurs, certains petits agriculteurs – notamment ceux disposant de suffisamment de facteurs de production et ayant accès aux marchés agricoles en phase de transformation – seront en mesure d’établir des systèmes durables de production à vocation commerciale. Ces systèmes leur permettront d’entamer une ascension sociale et de sortir de la pauvreté, grâce à leur travail. Souvent, ce processus comprendra l’acquisition de nouvelles terres, pour accroître leur production et les excédents commercialisables. En revanche, il faut bien reconnaître que de nombreux

ruraux pauvres n’ont guère accès à la terre, ni aux marchés; ils ne pourront donc pas compter exclusivement sur l’agriculture pour sortir de la pauvreté. De plus, dans les pays où les terres disponibles sont rares, tous les agriculteurs ne pourront pas étendre la superficie des terres qu’ils cultivent. Certains devront donc se tourner vers l’économie rurale non agricole pour y chercher un travail salarié ou une activité autonome, qui constituera leur principale voie de sortie de la pauvreté. L’économie rurale non agricole revêtira une importance particulière pour les jeunes, qui aspirent souvent à quitter le secteur agricole.

À mesure que se développe l’économie et qu’augmente

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La croissance de l’agriculture et sa contribution à la réduction de la pauvreté, de la faim et de la malnutrition

Source: A. Valdés, W. Foster, G. Anríquez, C. Azzarri, K. Covarrubias, B. Davis, S. DiGiuseppe,T. Essam, T. Hertz, A.P. de la O, E. Quiñones, K. Stamoulis, P. Winters et A. Zezza. 2008.A profile of the rural poor. Document de référence préparé pour le Rapport du FIDA sur lapauvreté rurale 2011. Rome, FIDA.

FIGURE 17

Avec la croissance de l’économie, les revenus non agricolesjouent un rôle plus important dans l’économie rurale

80

60

40

20

0

Part des revenus non agricoles dans les revenus ruraux totaux(en pourcentage)

Panama 03

Nigéria 04

Bulgarie 01

Pakistan 01

Indonésie 00

Viet Nam 98

Nicaragua 01

Népal 96

Malawi 04Madagascar 93

Bangladesh 00

Guatemala 00

Ghana 98

Équateur 98

Albanie 05

0 2 000 4 000 6 000 8 000

PIB par habitant (en dollars des États-Unis constants 2000, PPA)

le PIB par habitant, l’économie non agricole commence à gagner en importance, en milieu rural. Dans les pays fortement tributaires de l’agriculture, la part du revenu rural imputable à des activités non agricoles peut représenter de 20 à 30 pour cent du total, mais dans des économies plus urbanisées, cette proportion peut atteindre 60 ou 70 pour cent (voir la figure 17). Une analyse des données portant sur les activités rurales génératrices de revenus fait apparaître que la majorité des ménages participe à des activités rurales non agricoles génératrices de revenu47: en Asie et en Amérique latine, ce pourcentage se situe entre 50 et 60 pour cent, alors qu’en Afrique subsaharienne, il va de 25 à 50 pour cent. Il faut toutefois préciser que seulement 20-25 pour cent des ménages ruraux d’Asie et d’Amérique latine et 10-20 pour cent des ménages ruraux d’Afrique subsaharienne tirent de l’économie non agricole plus des trois quarts de leur revenu. Pour la plupart des ménages, la participation à l’économie non agricole prend la forme d’un travail à temps partiel ou saisonnier et sert à gérer les risques et à diversifier les sources de revenus. On peut affirmer qu’à peu de choses près, la plupart des ménages ruraux ont un pied dans le secteur agricole et l’autre, dans l’économie rurale non agricole.

Il est admis, depuis longtemps, que le développement agricole joue un rôle important dans le développement du reste de l’économie, à travers leurs liens réciproques48. En outre, en général, l’agriculture contribue dans une large mesure à déterminer la taille et la structure de l’économie rurale non agricole, en fournissant des matières premières agricoles à transformer, en créant un marché pour les intrants agricoles et pour les biens et services de consommation, en libérant de la main-d’œuvre pour d’autres secteurs de l’économie et en fournissant des produits alimentaires à l’économie non agricole, contribuant ainsi à en abaisser le prix.

Dans les régions où l’agriculture a connu un essor important, le secteur rural non agricole a eu, lui aussi, une croissance rapide. Selon les ouvrages spécialisés, chaque dollar de valeur ajoutée à l’agriculture produit de 30 à 80 cents de gains supplémentaires, de second niveau, dans le reste de l’économie49, en fonction de facteurs tels que la densité démographique et la disponibilité de réserves de main-d’œuvre. Les liens entre l’agriculture et les autres secteurs évoluent en fonction du stade de développement de chaque pays: à un niveau faible de développement, l’agriculture encourage la croissance dans le reste de l’économie; à mesure que les pays se développent, les relations deviennent mutuellement bénéfiques; à un stade plus avancé, l’agriculture ne joue plus qu’un rôle mineur, en tant que moteur de la croissance économique50. Inversement, une croissance médiocre des revenus agricoles se traduit par une faible demande des consommateurs, des besoins limités en intrants agricoles, une croissance réduite de l’agroalimentaire et la stagnation des salaires. Dans ces

conditions, on ne peut attendre un grand dynamisme de la part de l’économie rurale non agricole et les ménages ruraux pauvres seront contraints de recourir à des stratégies de survie, y compris des travaux non agricoles mal rémunérés ou la migration. On voit donc, notamment dans les pays fortement tributaires de l’agriculture, que lorsque le secteur agricole se développe, il y a alors de bonnes possibilités de stimuler la croissance de l’économie non agricole et de créer un cercle vertueux de croissance rurale et de création d’emplois.

Toutefois, d’autres facteurs que l’agriculture peuvent influencer la structure et le développement de l’économie rurale non agricole. Parmi ces facteurs, on peut citer l’urbanisation et l’amélioration des liaisons entre les villes et les campagnes, au niveau des transports et des communications51. La migration de travailleurs agricoles vers l’économie rurale non agricole et vers des villes secondaires est souvent synonyme de réduction de la pauvreté rurale. Par exemple, les villages indiens situés près des villes réussissent mieux que d’autres villages à réduire la pauvreté52, et ce phénomène se répète également dans d’autres pays. L’amélioration des liaisons entre les villes et les campagnes, du point de vue des transports et des communications, offre de nouvelles possibilités aux ménages ruraux, notamment dans les économies en phase de transformation et d’urbanisation. En Chine et en Asie du Sud-Est, la production manufacturière destinée aux marchés d’exportation est transférée, en sous-traitance, vers des industries rurales, du fait des fortes densités démographiques et du coût modique des transports53.

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La croissance de l’agriculture et sa contribution à la réduction de la pauvreté, de la faim et de la malnutrition

■ Conclusion: recourir à la croissance agricole pour encourager la réduction de la pauvreté, tout en préparant les populations rurales à la transformation structurelle de l’économie rurale

En dernière analyse, le rôle joué par l’agriculture dans la réduction de la pauvreté et de la sous-alimentation dépendra des conditions spécifiques de chaque endroit. Souvent, notamment dans les zones déshéritées, l’agriculture peut être un moteur de la croissance économique. Comme nous l’avons vu, les gouvernements, agissant en liaison avec toutes les parties prenantes, peuvent soutenir et renforcer ce rôle, de diverses manières. À cet égard, il est indispensable de donner aux petits agriculteurs de meilleures possibilités de participer au développement durable de l’agriculture et des zones rurales.

Rappelons toutefois qu’à mesure que le PIB par habitant augmentera, l’agriculture jouera un rôle moins important, à la fois pour l’économie dans son ensemble et pour les pauvres; ce sera alors au tour de la croissance non agricole de jouer un rôle moteur important dans la réduction de la

pauvreté d’individus qui sont certes pauvres, mais pas très pauvres. La croissance de l’économie non agricole est donc, elle aussi, un élément indispensable à la sécurité alimentaire. Par exemple, elle peut être une source d’emplois, notamment pour les jeunes, et faciliter la transition de la main-d’œuvre du secteur agricole vers des emplois à plus forte productivité, dans l’industrie et les services et ce, à la fois dans les villes et dans les campagnes. Les gouvernements des pays concernés doivent prévoir cette transformation structurelle et prendre rapidement des mesures – notamment au moyen d’investissements dans les infrastructures, l’éducation et la formation – pour faire en sorte que les ruraux pauvres soient en mesure de participer à ce processus de transformation et de tirer profit des possibilités émergentes d’emploi rémunérateur. Les stratégies de développement agricole ouvertes à tous, lancées par les autorités nationales, comme le Programme détaillé pour le développement de l’agriculture africaine, doivent s’attacher à élaborer, appliquer et évaluer un tel cadre d’action cohérent afin d’améliorer la productivité et la durabilité, tout en accordant l’attention voulue au rôle qui revient aux petits agriculteurs et aux ruraux pauvres dans le processus de transformation.

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La protection sociale pour les personnes pauvres et vulnérables

Un outil essentiel à la réduction de la faim et de la malnutrition

Une croissance économique forte et équitable reposant sur la croissance de l’économie agricole et rurale des pays à faible revenu contribuera

grandement à améliorer l’accès à la nourriture et la nutrition des très pauvres. Mais les changements rendus possibles par la croissance économique mettent parfois du temps avant de porter leurs fruits, et souvent, les groupes de population les plus défavorisés ne peuvent bénéficier immédiatement des avantages que ces changements procurent. C’est la raison pour laquelle réduire la faim nécessite la mise en œuvre d’interventions à court et à long terme: c’est ce qu’on appelle généralement une «approche sur deux fronts»54. Les instruments de protection sociale permettent de jeter des ponts entre ces deux fronts55, en ce qu’ils jouent un rôle crucial pour garantir que la croissance économique contribue à réduire la faim et la malnutrition aussi rapidement que possible. Le rôle de la protection sociale est double: d’abord,

Message clé

La protection sociale est décisive pour accélérer la lutte contre la faim. Premièrement, elle peut protéger les plus vulnérables, qui ne bénéficient pas de la croissance économique. Deuxièmement, si elle est structurée de manière appropriée, elle peut contribuer directement à l’accélération de la croissance économique grâce à la valorisation des ressources humaines et au renforcement des capacités des pauvres, en particulier les petits agriculteurs, en matière de gestion des risques et d’adoption de technologies améliorées, à productivité plus élevée.

FIGURE 18

La Stratégie nationale de protection sociale du Gouvernement cambodgien

Note: Le rectangle tracé en pointillés dans le diagramme indique les mesures de protection sociale qui sont axées sur les pauvres.Source: Conseil cambodgien de l'agriculture et du développement rural (CARD). 2011. Stratégie nationale de protection sociale pour les personnes pauvres et vulnérables (2011-2015).

PROTECTION SOCIALE

Politiques du marché de l'emploi

Dispositifs de sécurité sociale (non contributifs)

Assurance-santé communautaire

Assurances sociales (contributives)

Subventions (pour faciliter

l'accès à la santé, à

l'éducation, au logement et aux services publics)

Programmes de travaux publics (travail contre rémunération

ou vivres contre travail)

Transferts en espèces ou en

nature (assortis ou non de conditions)

Autres assurances

Services de protection sociale complémentaires

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La protection sociale pour les personnes pauvres et vulnérables

41

elle peut aider les pays à réduire plus rapidement la sous-alimentation; ensuite, si elle est bien structurée, elle peut contribuer de manière directe à une croissance économique plus rapide. Il est utile d’établir une distinction conceptuelle entre ces deux types d’effets, mais n’importe quelle politique et n’importe quel programme peuvent apporter une contribution dans ces deux domaines simultanément.

Un système de protection sociale fait intervenir un vaste éventail de politiques et d’instruments (figure 18). Les

dispositifs de protection sociale, ou l’assistance/les transferts sociaux qui sont normalement destinés aux pauvres et ne font pas appel à la contribution financière des bénéficiaires, n’en sont que l’une des composantes. La protection sociale comporte aussi d’autres volets, comme les politiques relatives au marché de l’emploi et les contrats d’assurance (pensions de retraites contributives et assurance-maladie) ainsi que les politiques sectorielles dans les domaines de l’éducation, de la santé, de la nutrition, du VIH/sida et de l’agriculture56.

Des éléments de preuves de plus en plus nombreux montrent qu’accroître les ressources dont disposent les femmes (plutôt que les hommes) a des effets positifs sur le bien-être de la famille, et en particulier sur la santé des enfants (survie des enfants et taux de nutrition) et leur éducation1. • Des études de cas réalisées au Sri Lanka ont montré

que la consommation alimentaire des ménages était plus diversifiée lorsque les femmes exerçaient un plus grand contrôle sur les revenus du ménage2.

• Au Brésil, le programme Bolsa Familia a permis d’augmenter de 16 pour cent la participation des femmes des ménages bénéficiaires3. Les transferts en espèces dans le cadre desquels de l’argent a été directement remis aux femmes ont également eu pour effet d’améliorer leur statut au sein du ménage (Bolsa Familia au Brésil4), de leur donner davantage confiance en elles et de favoriser leur autonomisation économique (programme Progresa/Oportunidades au Mexique5).

• Au Malawi, le Programme de transferts sociaux en espèces a également permis de réduire le recours à des stratégies d’évitement du risque comme les prestations sexuelles rémunérées6 pour les femmes ou les travaux dangereux pour les enfants.

• Les programmes dans le cadre desquels l’intervention est subordonnée à la fréquentation scolaire ont également permis d’élever le taux de fréquentation des filles au Nicaragua7, et une évaluation de l’action pour les repas de midi mise en place en Inde a montré que les filles ayant bénéficié du programme avaient 30 pour cent de chances

en plus que les autres d’achever leurs études primaires8.Le type d’aliments distribués dans le cadre de ces

transferts peut également influencer leurs répercussions sur les différents membres de la famille. Une étude réalisée par l’Institut international de recherche sur les politiques alimentaires (IFPRI) au Bangladesh a montré que l’apport énergétique alimentaire qui augmentait le plus était celui des femmes en cas de distribution d’une denrée moins appréciée (farine de blé complète), et celui des hommes en cas de distribution d’une denrée de choix (riz)9.

Si l’on entend accroître le contrôle qu’exercent les femmes sur les transferts, il peut être utile, dans certaines circonstances, d’effectuer ces transferts sous forme de nourriture; en effet, dans de nombreuses sociétés, la nourriture est considérée comme un domaine relevant de la responsabilité des femmes. Elles sont dès lors plus susceptibles de contrôler l’utilisation de ce type de transferts, ainsi que des transferts en espèces liés à l’achat de nourriture10. Subordonner les transferts à des activités relevant de la responsabilité des femmes, comme le fait d’emmener les enfants dans un centre de soins, peut également garantir que l’argent revienne aux femmes plutôt qu’au chef de ménage (qui est en général un homme). Il est toutefois très important que ces programmes tiennent compte des exigences de temps qui pèsent sur les épaules des femmes, car il est prouvé que le manque de temps peut avoir des effets néfastes sur le plan de la nutrition11.

Sources: Voir notes en page 68.

Concevoir des transferts propres à favoriser l’autonomisation sociale et économique des femmes

ENCADRÉ 6

Des dispositifs de protection sociale pour améliorer la sécurité alimentaire et la nutritionLes dispositifs de protection sociale destinés aux pauvres et aux petits exploitants sont en général de nature non contributive, c’est-à-dire qu’ils ne font pas appel à la contribution financière des bénéficiaires. Il existe un vaste

éventail d’instruments de ce type, notamment les transferts (assortis ou non de conditions, en espèces ou en nature), les subventions et les programmes de travaux publics. Toutefois, les gouvernements sont de plus en plus nombreux à avoir

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La protection sociale pour les personnes pauvres et vulnérables

42

La capacité des transferts en espèces à permettre la réalisation d’objectifs nutritionnels fait l’objet d’un large débat. Des études menées en Indonésie ont par exemple montré que lors de la crise de 1997-1998, l’élasticité par rapport au revenu de certains micronutriments essentiels (par exemple le fer, le calcium et la vitamine B1) était sensiblement plus élevée qu’au cours d’une année normale1. Lorsque les ménages pauvres doivent faire face à des chocs des prix alimentaires, ils continuent à consommer des produits de base mais sont incapables de préserver la diversité de leur régime, ce qui a des effets néfastes sur leur état nutritionnel2. Les groupes de population les plus touchés sont ceux dont les besoins en nutriments sont les plus élevés, à savoir les jeunes enfants, les femmes enceintes, les mères allaitantes et les personnes atteintes de maladies chroniques. Ainsi, une augmentation marquée du dépérissement et de l’anémie chez les enfants est souvent la première conséquence d’une crise alimentaire. Dans de telles conditions, un simple transfert en espèces en cas de flambée des prix (ou de perte de revenus) peut suffire à protéger la consommation de certains micronutriments essentiels, mais pas de tous.

Mais le débat va au-delà de la question du bien-fondé des transferts en espèces lors des épisodes de flambée des prix. Dans des contextes où la production, l’accès et l’utilisation sont faibles, on s’est interrogé sur la capacité des transferts en espèces à produire des effets positifs sur la nutrition, puisque la consommation de certains nutriments clés semble ne pas être particulièrement sensible aux modifications de revenus3. Dans ces conditions, il est probable que des programmes axés sur l’apport de suppléments nutritionnels seront nécessaires. De même, les transferts en espèces ne sont pas adaptés lorsqu’il s’agit de prévenir les retards de croissance chez les enfants de moins de 2 ans, car il se peut

que les aliments hautement nutritifs dont ils ont besoin ne soient pas disponibles sur le marché local.

L’étude de l’incidence des transferts en nature et en espèces au cours d’une période de flambée des prix réalisée dans le cadre du Programme éthiopien de protection sociale fondé sur des activités productives a révélé que les bénéfices des transferts de nourriture ou des combinés «espèces plus nourriture» étaient supérieurs aux transferts en espèces non indexés, d’après les déclarations des intéressés quant à leur sécurité alimentaire4. Les auteurs en ont conclu que tout programme de protection sociale visant à améliorer ou à protéger la sécurité alimentaire des ménages devait faire intervenir des mécanismes qui isolent les transferts sociaux des chocs comme les flambées des prix. Ainsi, en cas de flambée, les «bons de produit» peuvent se révéler plus adaptés que les «bons de valeur».

Une autre étude, portant sur l’impact d’un programme pilote de transferts en espèces et en nature après le tsunami au Sri Lanka, a révélé que les ménages qui avaient reçu de l’argent étaient plus susceptibles que ceux qui avaient reçu de la nourriture de consacrer une partie de leurs ressources à la diversification de leur régime alimentaire, en achetant des céréales plus coûteuses et de plus grandes quantités de viande, de produits laitiers et d’aliments transformés5. Cette diversification s’est opérée au détriment de la consommation de deux denrées de base: le riz et le blé. Ce type de phénomène s’observe principalement chez les ménages bénéficiaires les plus pauvres. Cependant, une étude comparative des transferts en espèces et en nature, en cours au Niger, montre que la majorité des ménages préfèrent recevoir de la nourriture, et que ceux qui en reçoivent ont en général un régime plus diversifié et adoptent des stratégies de survie moins néfastes.

Sources: Voir notes en page 69.

Les transferts en espèces suffisent-ils à améliorer la nutrition?

ENCADRÉ 7

recours aux programmes de micro-assurance contributive dans les domaines de la santé et/ou de l’agriculture pour les pauvres. La récente stratégie nationale de protection sociale élaborée par le Gouvernement cambodgien accorde la priorité à la mise en place de dispositifs de protection sociale pour les personnes pauvres et vulnérables, mais comprend également des programmes d’assurance-maladie communautaires prévoyant une contribution financière de ces personnes (figure 18).

Les transferts peuvent s’effectuer directement soit en espèces, soit en nature, soit (de plus en plus souvent) sous forme combinée espèces/nature (voir l’encadré 6). Les programmes de transferts en espèces consistent à donner de l’argent, tandis que les bons d’alimentation sont

des coupons permettant d’acheter soit une quantité donnée de nourriture (bons pour produit), soit de la nourriture pour une valeur donnée (bons de valeur). Ils peuvent être distribués sous forme électronique ou en tant que coupons imprimés. Les bons peuvent également être utilisés pour soutenir de manière plus efficace les moyens de production agricole (bons pour semences améliorées, pour engrais ou bons d’accès à des services).

La distribution d’argent liquide ou de nourriture peut être ou non assortie de conditions. Les transferts conditionnels exigent en général que les bénéficiaires se plient à certaines conditions, comme le fait de fréquenter un centre de soins, de s’inscrire à l’école et de fréquenter les cours ou de suivre une formation à la nutrition, donnant ainsi corps à

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Avec une population de quelque 2,5 millions d’habitants, Belo Horizonte est la troisième ville du Brésil. Au début des années 90, 38 pour cent environ des habitants de la ville vivaient en dessous du seuil de pauvreté et près de 20 pour cent des enfants de moins de trois ans souffraient de malnutrition. Face à l’ampleur du problème, le gouvernement a imaginé une réponse structurelle multidimensionnelle qui a permis de faire du droit à une nourriture adéquate, tant sur le plan de la qualité que sur celui de la quantité, une réalité pour tous.

Le programme a entraîné une réduction de la mortalité infantile de 60 pour cent et a considérablement influencé le Programme Faim Zéro du pays, en utilisant seulement 2 pour cent environ de budget annuel de la ville. Il a été récompensé par l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) et le World Future Council (WFC). Le système dans son ensemble se compose de plus de 20 programmes hautement interconnectés qui se complètent et se renforcent les uns les autres. Ses composantes essentielles sont les suivantes:• Gestion centralisée du projet grâce à la mise en place

d’un département spécialement créé à cet effet au sein de la municipalité.

• Soutien à l’agriculture urbaine, avec la création de jardins communautaires dans les quartiers pauvres et l’organisation d’ateliers de formation destinés à favoriser la réussite des cultures.

• Mise à disposition de points de vente sur les marchés les plus fréquentés pour les marchands de fruits et

légumes qui proposent au moins 25 produits sains à prix fixe et raisonnable.

• Mise à disposition d’étals pour les petits agriculteurs des environs, afin de leur donner une chance de pouvoir vendre directement aux consommateurs.

• Mise en place d’un programme d’information sur la nutrition (comprenant notamment des cours de cuisine gratuits) destiné aux habitants des quartiers les plus pauvres de la ville. La coordination de ce programme est assurée par une équipe composée d’employés des départements de la santé, de l’éducation, des sports, du travail social et de la sécurité alimentaire.

• Repas scolaires gratuits, composés de produits frais à haute valeur nutritionnelle.

• Fourniture de repas abordables, sains et nourrissants aux citoyens à faible revenu dans des «restaurants publics» subventionnés par la municipalité. Belo Horizonte compte cinq restaurants de ce type, qui servent 4 millions de repas par an. Ces restaurants étant également ouverts aux citoyens à revenu moyen, les pauvres n’ont pas la sensation d’être stigmatisés. Le système de sécurité alimentaire de Belo Horizonte

pourrait, moyennant certains ajustements, servir de modèle pour d’autres villes partout dans le monde. Un projet de ce type est à l’étude pour Le Cap, en Afrique du Sud, ainsi que dans d’autres villes africaines.

Note: Pour en savoir plus, vous pouvez consulter le site Internet du World Future Council (www.worldfuturecouncil.org/3751.html).

Combattre la malnutrition dans les zones urbaines: le système de sécurité alimentaire pionnier de Belo Horizonte

ENCADRÉ 8

l’approche sur deux fronts d’objectifs à court et à long terme. Ce type de transferts conditionnels peut cibler l’alimentation scolaire (repas scolaires, collations comme des biscuits à haute valeur énergétique et/ou rations à emporter qui peuvent être fournies sous forme de nourriture ou d’argent), ou encore prendre la forme de transferts d’espèces assortis de conditions en matière de soins de santé ou de transferts en nature (voir l’encadré 7). Les auteurs d’une étude récente ont avancé que si les programmes d’alimentation scolaire pouvaient avoir des retombées positives sur l’éducation des écoliers et, dans une moindre mesure, améliorer la nutrition des familles des bénéficiaires, ils devaient idéalement être considérés comme des programmes de transfert constituant à la fois un filet de sécurité sociale et un investissement dans le capital humain57. Le transfert de valeur de ces programmes renforce la capacité des ménages, notamment les ménages d’agriculteurs, à faire face aux chocs et à gérer les risques. En élevant les niveaux d’éducation, ils mènent à une hausse de la productivité et à une plus grande égalité entre les hommes et les femmes58.

Les transferts inconditionnels peuvent quant à eux prendre la forme de programmes de distribution générale de nourriture, d’alimentation d’appoint, de ravitaillement d’urgence ou de transferts en espèces; ils sont généralement destinés aux groupes vulnérables et ne sont assortis d’aucune condition. L’apport d’une alimentation d’appoint et le ravitaillement d’urgence sont destinés aux femmes enceintes, aux mères allaitantes ou aux enfants de moins de 2 ans, couvrant ainsi les «1 000 jours cruciaux» qui s’écoulent entre la conception d’un enfant et le moment où il atteint l’âge de 2 ans. Ces programmes peuvent être de nature préventive ou curative, selon qu’ils remplissent une fonction d’assurance ou d’assistance.

Les subventions qui permettent de diminuer les prix payés par les pauvres peuvent également agir comme filet de sécurité en augmentant le pouvoir d’achat des ménages, grâce à la vente de certaines denrées et apports agricoles à moindre prix. Elles sont largement utilisées au Bangladesh, en Inde et dans tout le Proche-Orient. Les subventions peuvent être généralisées (universelles) ou ciblées, et sont

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souvent mises en avant comme un moyen de protéger les pauvres. Les subventions universelles, disponibles pour tous, sont les plus faciles à mettre en œuvre et bénéficient d’un plus grand appui politique. Leurs détracteurs avancent toutefois que leurs effets sont régressifs dans la mesure où les riches en bénéficient davantage que les pauvres (parce que les riches consomment, au total, plus que les pauvres), qu’elles coûtent extrêmement cher et qu’elles impliquent de renoncer à des investissements en faveur de biens publics essentiels à une croissance économique à long terme. En 2008, par exemple, l’Égypte a introduit une nouvelle subvention sur le pain, pour un coût annuel de 2,5 milliards de dollars des États-Unis.

Parfois, les autorités tentent de concevoir des subventions qui sont en théorie ouvertes à tous mais qui, parce qu’elles portent sur des denrées davantage consommées par les pauvres, ciblent implicitement ces derniers59. Le Gouvernement tunisien, par exemple, a subventionné les petits cartons de lait, qui sont ceux que les ménages pauvres achètent en général60. Les subventions au ciblage implicite sont semblables aux transferts décrits plus haut, mais il existe un risque qu’elles bénéficient en grande partie à une population mieux lotie. Selon le type de produit subventionné, le transfert de valeur peut également se révéler relativement faible pour les pauvres, et il est de toute façon nécessaire que ceux-ci disposent de ressources suffisantes pour acheter le produit en question.

■ Le ciblage et les modalités sont importants

D’après de nouvelles données publiées par la Banque mondiale, les dispositifs de protection sociale sont insuffisants, voire inexistants, dans de nombreux pays en développement. Soixante pour cent au moins de la population de ces pays – et près de 80 pour cent dans les pays les plus pauvres de la planète – ne bénéficient pas d’une couverture sociale efficace61. Récemment, devant une approche de la protection sociale de plus en plus fondée sur les droits de l’homme, des voix se sont élevées en faveur d’un niveau minimum de protection sociale pour tous62.

Toutefois, en raison de la rareté des ressources et de la nécessité de maximaliser le rapport coût-efficacité, les dispositifs de protection sociale ciblés ont conservé leur pertinence, car les programmes de protection sociale sont en grande partie financés par l’aide (notamment l’aide publique au développement), les subventions et les prêts internationaux. La capacité d’un pays à accroître ses revenus par l’impôt est souvent limitée, et lorsque cette source de revenus existe, elle est souvent consacrée à d’autres domaines prioritaires. D’après une étude, le rendement de l’investissement dans le domaine de la protection sociale ne peut en soi justifier qu’une plus grande part des deniers

publics lui soient consacrée, car il existe des formes de dépenses publiques plus productives63. Ainsi, le taux de rendement interne moyen des projets de protection sociale varie entre 8 et 17 pour cent, tandis que celui de l’ensemble des secteurs se situe aux alentours de 25 pour cent (pour tous les projets de la Banque mondiale dans l’ensemble des secteurs pour lesquels une estimation a été réalisée pour la période 2005-2007)64. L’avantage de la protection sociale par rapport à d’autres types de dépenses, c’est son puissant effet direct sur la réduction de la pauvreté, mais cet effet dépend d’un ciblage efficace.

Il est communément admis que le choix des modalités les plus adaptées dépend d’une bonne évaluation des facteurs spécifiques à chaque contexte. Lorsqu’ils choisissent les modalités de mise en œuvre des programmes de travaux publics ou des transferts directs non contributifs, les responsables politiques doivent tenir compte de plusieurs facteurs: les objectifs du programme (par exemple, si l’objectif est spécifiquement d’ordre nutritionnel, des denrées alimentaires spécialisées peuvent être plus appropriées que des transferts en espèces); le fonctionnement des marchés, et notamment la disponibilité alimentaire; les préférences des bénéficiaires65; le rapport coût-efficacité des autres modalités; et la répartition des transferts entre les hommes et les femmes et entre les membres de la famille66.

■ Retombées des transferts d’espèces sur la sécurité alimentaire et la nutrition

Une grande partie de ce que nous savons des effets des programmes de protection sociale dans les pays à faible et moyen revenu nous vient de l’étude des transferts d’espèces assortis de conditions mis en place en Amérique latine, bon nombre d’entre eux ayant été rigoureusement évalués67. Si beaucoup de ces programmes ont permis d’obtenir des résultats à court terme sur le plan de l’amélioration de la consommation alimentaire des ménages, leurs effets sur la nutrition, mesurés en résultats anthropométriques68, ou sur la réduction de la prévalence des carences en micronutriments, sont mitigés. Des programmes mis en place au Mexique et au Nicaragua ont montré une amélioration de la taille des enfants, mais au Brésil et au Honduras les effets observés sur l’état nutritionnel des enfants en âge préscolaire ont été pratiquement nuls. Une amélioration du bilan en fer a été observée au Mexique, mais pas dans les autres pays (Honduras et Nicaragua) dans lesquels ce critère a été évalué69. En outre, les facteurs qui ont permis d’atteindre ce résultat et le rôle des différentes composantes du programme sont peu clairs. À cet égard, la question de savoir si c’est le transfert lui-même, ou les conditions, qui ont mené à ce résultat, reste ouverte.

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Une étude réalisée au Guatemala a étudié les effets directs d’une intervention nutritionnelle dans la petite enfance sur la productivité économique des adultes. L’étude se fonde sur les données de 1 424 Guatémaltèques (âgés de 25 à 42 ans) recueillies entre 2002 et 2004. Ils représentaient 60 pour cent des 2 392 enfants (âgés de 0 à 7 ans) qui avaient participé à une étude nutritionnelle entre 1969 et 1977. Dans cette étude initiale, tous les enfants de 6 mois à 3 ans de deux villages désignés au hasard avaient reçu un complément alimentaire très nutritif (atole), et ceux de deux autres villages un complément alimentaire moins nutritif (fresco). Les variables évaluées en 2002-2004 étaient le revenu annuel, les heures de travail accomplies et le salaire horaire moyen pour toutes les activités économiques.

D’après les résultats, le salaire horaire moyen des hommes ayant reçu de l’atole avant l’âge de trois ans était plus élevé

de 46 pour cent. Les résultats tendaient également à montrer que les sujets ayant reçu un complément d’atole fournissaient moins d’heures de travail et avaient un revenu annuel plus élevé, bien que ces différences ne soient pas statistiquement significatives (peut-être en raison de la taille réduite de l’échantillon). Enfin, les enfants qui n’avaient pas souffert de retards de croissance au cours de leurs trois premières années de vie totalisaient plus d’années de scolarité, obtenaient de meilleurs scores aux tests cognitifs à l’âge adulte, avaient plus de chance d’obtenir des emplois de bureau ou d’être engagés comme travailleurs qualifiés, avaient moins de risques de vivre dans des ménages pauvres et, pour les femmes, on observait moins de grossesses, moins de fausses couches et une diminution de la mortinatalité.

Sources: Voir notes en page 69.

Les interventions nutritionnelles dans les «1 000 jours cruciaux» au Guatemala

ENCADRÉ 9

Protection sociale et croissance économique

La protection sociale et la croissance économique sont étroitement liées, et chacune a des effets sur l’autre. La croissance économique accroît les ressources

financières et humaines disponibles pour soutenir la protection sociale; les pays développés, par exemple, qui ont un PIB par habitant plus élevé, disposent en général de systèmes de sécurité sociale plus complets que les pays en développement. Les programmes de protection sociale mis en œuvre au sein du système de sécurité sociale contribuent également à stimuler la croissance économique. Ils permettent l’acquisition de capital humain (à la fois pour les enfants et pour les adultes) qui mène à un accroissement de la productivité. Ils peuvent protéger les pauvres des chocs économiques et climatiques, favorisant les investissements en faveur de l’agriculture et l’adoption de technologies améliorées qui augmentent les revenus agricoles. Ils contribuent en outre à la construction d’infrastructures par l’intermédiaire de programmes de travaux publics, fournissant ainsi les biens publics essentiels à l’augmentation du PIB par habitant. En travaillant main dans la main, la protection sociale et la croissance économique jettent les bases de l’élimination de la faim dans le monde.

■ Renforcer le capital humain

Certaines études se sont penchées sur les effets à long terme des interventions en matière de nutrition en faveur de la petite enfance, et notamment sur leurs effets sur l’amélioration de la nutrition, les moyens par lesquels ces effets se produisent et l’impact sur la productivité économique des adultes (voir l’encadré 9). Parmi les éléments observés ailleurs qu’en Amérique latine, une étude du Programme d’allocations de soutien à l’enfant mis en œuvre en Afrique du Sud a révélé que les enfants bénéficiaires étaient plus grands de 3,5 cm à l’âge adulte70.

Ces études nous prouvent qu’il existe un lien de cause à effet entre la dénutrition (mesurée en retard de croissance), la scolarité et le salaire perçu à l’âge adulte; ce lien est double: d’abord, les enfants qui ont été bien nourris deviennent des adultes plus grands et plus forts, et donc plus à même de gagner un bon salaire pour une activité manuelle; ensuite, les enfants bien nourris commencent à aller à l’école plus tôt et fréquentent les cours plus régulièrement que les autres, ce qui améliore leurs capacités cognitives et mène également à des salaires plus élevés.

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FIGURE 19

Dispositifs de sécurité sociale nécessaires pour une prise de risques prudente

Source: Adapté de L. Brown and U. Gentilini. 2007. On the edge: the role of food-based safety nets in helping vulnerable households manage food insecurity. Dans B. Guha-Khasnobis, S.S. Acharya et B. Davis. Food insecurity, vulnerability and human rights failure. Basingstoke, Royaume-Uni, Palgrave Macmillan et United Nations University-WIDER.

Profil de revenu B Profil de revenu A Dispositifs de sécurité sociale minimums nécessaires

Profil moyen B Profil moyen A Seuil minimal de sécurité sociale

Le message essentiel est ici que les investissements réalisés en faveur de la nutrition du jeune enfant peuvent stimuler la croissance économique, car ils ont des effets à long terme sur les capacités cognitives et la productivité. Ainsi, la protection sociale ne se limite pas à verser des allocations. Elle favorise également la croissance économique en améliorant les régimes alimentaires et en élevant les niveaux de nutrition, en limitant l’apparition des maladies et l’absentéisme, en améliorant les compétences cognitives, en maximisant les bénéfices de l’éducation et en améliorant la capacité à travailler. Ces caractéristiques des programmes de protection sociale sont examinées ci-dessous.

■ Risque, assurance et adoption de technologies

L’agriculture est une activité risquée par nature, et elle pourrait le devenir davantage encore avec l’accroissement de la fréquence des événements météorologiques extrêmes. Un agriculteur peut ne commettre aucune erreur, et ne parvenir qu’à une très faible production à cause des caprices de la nature. Pour les agriculteurs pauvres qui cultivent des variétés familières, se lancer dans de nouvelles cultures ou de nouvelles variétés peut aller au-delà de leur tolérance au risque, car un échec aurait pour eux des conséquences catastrophiques. Bien gérer les risques et les dangers et donner aux plus pauvres la possibilité de prendre davantage de risques mais également d’adopter des stratégies à plus haut rendement est essentiel pour leur

permettre de mettre en œuvre des stratégies de subsistance qui leur donnent une chance de sortir de la pauvreté. La mise en place de programmes de protection sociale efficaces, dotés de mécanismes clairement formulés, transparents et non discriminatoires peut faciliter l’adoption de ce type de stratégies en fixant un niveau minimum de consommation en dessous duquel ils savent qu’ils ne peuvent pas tomber.

Un exemple simple peut être un ménage vivant dans une zone exposée à la sécheresse et dont les droits fonciers sont précaires. Le profil de revenu A (figure 19) représente un ménage qui cultive le manioc, une culture vivrière résistante à la sécheresse, dont la période de maturation est courte et qui est commercialisée sur les marchés locaux. Le profil de revenu B représente un ménage qui cultive le café, une culture commerciale à longue période de gestation qui est moins résistante à la sécheresse et est exportée sur les marchés internationaux. La culture du café génère des revenus généralement plus élevés mais comporte également plus de risques: pertes de rendement dues à la sécheresse, risque de perdre les terres avant que les plants de café ne soient arrivés à maturité, ou chute des cours internationaux du café au moment de la récolte. N’importe lequel de ces événements (ou pire, une combinaison de plusieurs d’entre eux) aura pour conséquence de déprimer fortement les revenus du profil B. Cette perspective découragera les ménages de se lancer dans la culture de café s’ils ne disposent pas d’une certaine protection contre

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les pertes de revenus. Une telle aversion pour le risque, si elle est compréhensible, empêchera le ménage d’échapper à la faim et ralentira la croissance agricole, qui peut pourtant produire des effets multiplicateurs dans toute l’économie et promouvoir plus largement la sécurité alimentaire.

Il existe plusieurs moyens de gérer ces risques. D’abord, il est possible de réduire la probabilité que des chocs surviennent et, partant, la fréquence et/ou l’ampleur des pertes de revenus (figure 19). Parmi les exemples d’interventions permettant d’atténuer les risques, on peut citer les programmes d’irrigation, l’introduction de nouvelles variétés résistantes à la sécheresse, à la salinité ou aux inondations, et les campagnes de vaccination qui limitent le risque de maladie pour les éleveurs. Un programme d’enregistrement des terres qui favorise l’accès des femmes et respecte les schémas fonciers traditionnels (par opposition à la privatisation simple) réduira les risques de chocs néfastes pour les deux types de profil.

Ensuite, même si un choc se produit, différents types d’assurance (qui en général se fondent sur une contribution du bénéficiaire) peuvent en atténuer l’impact, essentiellement en comblant les pertes de revenus dont il est question à la figure 1971. À titre d’exemple, un système d’assurance basé sur des indices météorologiques peut jouer en cas de sécheresse, et des instruments de gestion des risques liés aux produits (p. ex. les contrats à terme) peuvent fournir des garanties contre les fluctuations de prix à court terme, réduisant ainsi l’ampleur des pertes de revenus pour les profils de type B.

Ainsi, une assurance qui atténue l’impact des chocs climatiques est un outil essentiel pour aider les agriculteurs à éviter les pièges de la pauvreté et accélérer l’adoption de technologies agricoles. Toutefois, les programmes d’assurance traditionnels se sont révélés extrêmement onéreux en raison de leurs coûts administratifs élevés. On se tourne donc de plus en plus vers de nouvelles formes d’assurances. Les assurances reposant sur des indices météorologiques, par exemple, proposent des remboursements qui sont calculés en fonction de la mesure des précipitations, des températures ou de l’humidité (le rendement des cultures sur une vaste zone peut constituer un autre indice possible) plutôt que sur les pertes enregistrées par un agriculteur en particulier72. Elles sont destinées à couvrir des risques spécifiques prédéfinis, comme les sécheresses ou les inondations73. Le fait de lier les remboursements à des seuils prédéfinis plutôt que d’en fixer le montant sur la base de pertes isolées au niveau des exploitations individuelles permet de réduire les coûts administratifs et élimine les incitations perverses (risque moral) qui pourraient pousser un agriculteur à souhaiter la perte de ses récoltes. Cela permet également d’éviter que seuls les agriculteurs qui sont exposés à un risque élevé de perte de récoltes ne souscrivent d’assurance, un phénomène appelé «antisélection».

Le système de gestion des risques météorologiques du FIDA et du PAM propose des assurances basées sur les niveaux de précipitation, atténuant ainsi l’impact des chocs météorologiques sur les petits exploitants pauvres et permettant aux agriculteurs de gérer les risques agricoles et de renforcer leur capacité de résistance. Un autre exemple est l’initiative «R4» pour le renforcement de la résilience des communautés rurales, lancée par le PAM et Oxfam America (R4 fait référence aux quatre stratégies de gestion du risque qui interviennent dans le programme). Cette initiative s’inspire du succès remporté par cadre global de gestion du risque mis au point par Oxfam America et un groupe de partenaires parmi lesquels l’Association de secours du Tigré (Relief Society of Tigray, REST), dont l’objectif est de permettre aux agriculteurs pauvres de renforcer leur sécurité alimentaire et financière grâce à une combinaison de gestion améliorée des ressources (réduction des risques), de microcrédit (prise de risques prudente), d’assurance (transfert du risque) et d’épargne (réserves pour risques). Dans le cadre de cette initiative, le projet de transfert des risques pour l’adaptation dans la corne de l’Afrique (HARITA) permet aux agriculteurs éthiopiens de souscrire une assurance récolte et de la payer au moyen de leur propre travail, via un programme de travaux publics. Une évaluation d’impact couvrant la saison 2009/10 a révélé que les assurances indexées avaient des effets très positifs sur le rendement des récoltes74. D’après cette étude, lorsque les agriculteurs contractaient une assurance pour la deuxième fois, ils étaient beaucoup plus nombreux à diversifier leurs cultures, à utiliser des engrais en plus grande quantité et à souscrire un emprunt. Il semble donc que les agriculteurs apprennent que l’assurance constitue un outil efficace de gestion du risque, qui les aide à prendre des risques prudents pour intensifier leur production et renforcer leurs moyens d’existence.

■ Investir dans des systèmes alimentaires et agricoles prenant en compte la nutrition

S’il existe de nombreuses preuves de l’incidence des transferts d’espèces assortis de conditions sur l’amélioration du capital humain75, peu d’études se sont intéressées à l’offre de main-d’œuvre ou aux effets sur la productivité76. Néanmoins, un vaste éventail d’études ne font état que de faibles diminutions du travail des adultes (à savoir le temps consacré au travail ou l’offre de main-d’œuvre) liées à la réception de transferts d’espèces assortis de conditions77. Sur le plan de la production, malgré le peu d’informations disponibles, les études dont on dispose indiquent des effets positifs sur le potentiel de production ainsi que sur l’éventualité de conflits entre les objectifs sociaux et les activités de subsistance. Deux études du programme mexicain Progresa, par exemple, ont révélé que ce type de transferts avait en général pour effet d’intensifier l’utilisation des terres, d’augmenter la taille des troupeaux

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d’élevage, la production végétale, les dépenses agricoles et les probabilités de création de micro-entreprises78. Une autre étude a toutefois montré que les ménages agricoles bénéficiant du programme Progresa étaient moins susceptibles de se plier à certaines conditions en raison de conflits de temps avec leurs activités de subsistance79.

En Afrique subsaharienne, on a observé que le programme malawien SCT avait mené à une augmentation des investissements dans les actifs agricoles, y compris l’outillage et le bétail, à une plus grande capacité des ménages à répondre à leurs besoins de consommation avec leur propre production, à une diminution du travail de la main-d’œuvre agricole et des enfants en dehors de l’exploitation et à une plus grande concentration de main-d’œuvre (adultes et enfants) au sein de l’exploitation80. En Éthiopie, les ménages qui bénéficiaient à la fois du Programme de protection sociale fondé sur des activités productives (PSNP) et de programmes complémentaires d’aide agricole ne semblaient avoir subi aucun effet dissuasif sur le plan de l’offre de main-d’œuvre, et avaient tendance à jouir d’une plus grande sécurité alimentaire, à emprunter davantage à des fins de production, à utiliser des technologies agricoles améliorées et à mener leurs propres activités commerciales non agricoles81. Une étude de suivi a révélé que le PSNP avait entraîné une amélioration sensible de la situation de sécurité alimentaire de ceux qui avaient participé au programme pendant cinq ans, par rapport à

ceux qui n’en avaient bénéficié que pendant un an82. En outre, les ménages qui avaient participé au PSNP et aux programmes complémentaires étaient parvenus à augmenter leur production de céréales de manière sensible et avaient davantage recours aux engrais.

En outre, les transferts en espèces peuvent venir compléter utilement un programme de développement rural plus vaste. L’importance d’une stratégie de croissance favorable aux pauvres centrée sur l’agriculture, en en particulier la nécessité d’une nouvelle Révolution verte en Afrique subsaharienne, ont fait l’objet d’un vaste débat83. Une telle stratégie devrait reposer à la fois sur un meilleur accès à un ensemble diversifié de technologies agricoles modernes (y compris une subvention initiale pour les engrais) et sur des investissements dans les infrastructures rurales et la recherche et la vulgarisation agricoles84. Pourtant, le manque d’accès aux actifs agricoles, aux marchés et aux institutions, et en particulier au crédit, freine ceux qui souhaiteraient s’investir davantage dans l’agriculture85. L’un des mécanismes qui permet de lever ces obstacles, notamment pour les agriculteurs pauvres, qui risquent le plus de devoir faire face à des restrictions de crédit, est la mise en place de transferts en espèces86. Ceux-ci peuvent donc constituer non seulement un vecteur de protection sociale, mais également un moyen d’encourager les gains de production au niveau de l’exploitation (voir l’encadré 10).

La FAO, le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), l’Agence du Royaume-Uni pour le développement international et sept pays d’Afrique subsaharienne ont récemment uni leurs forces – le projet «De la protection à la production» – pour étudier l’impact des programmes de transferts en espèces sur la prise de décision des ménages et l’économie locale1. L’analyse des incidences économiques et productives est également importante pour l’élaboration de politiques. De nombreux fonctionnaires au sein des ministères des finances et de l’économie perçoivent les transferts en espèces comme de l’aide sociale, de la charité et/ou des dons, qui n’ont aucune incidence économique.

Ce projet de recherche a pour objectif de comprendre les effets potentiels en matière de développement économique des transferts en espèces sur les pauvres des zones rurales en Afrique subsaharienne. Il vise à une meilleure compréhension de la manière dont les mesures de protection sociale peuvent contribuer à réduire la pauvreté de manière durable et favoriser la croissance

économique aux niveaux des ménages et de la communauté. Il sera étayé par une série d’études de cas et de comparaisons entre les pays. Le projet se fonde sur une approche mixte, combinant les méthodes économétriques, qualitatives et de simulation pour comprendre l’impact de la protection sociale sur la prise de décision des ménages et les économies locales, en utilisant des données provenant d’évaluations d’impacts rigoureuses en cours pour les programmes suivants: le programme CT-OVC au Kenya, le projet pilote de transferts à visée sociale du Tigré en Éthiopie, le programme de transferts à visée sociale au Malawi, le programme Revenu de subsistance contre la pauvreté au Ghana, le programme de subventions pour l’enfance au Lesotho, le programme de subventions pour l’enfance en Zambie et le programme de transferts à visée sociale au Zimbabwe.

1 Pour en savoir plus, consultez le site web du programme «De la protection à la production» (http://www.fao.org/economic/ptop/fr/).

De la protection à la production

ENCADRÉ 10

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Les programmes de travaux publics qui créent une infrastructure communautaire peuvent réduire le temps nécessaire à la charge de travail des femmes et aux filles, qui vont chercher l’eau et récoltent le bois de feu. Ils ouvrent également aux femmes rurales des perspectives d’emploi qui peuvent avoir des répercussions importantes sur leur sécurité alimentaire et l’amélioration de leur état nutritionnel, car le revenu des femmes est plus souvent consacré à la nourriture et aux biens dont ont besoin les enfants. Lutter contre les inégalités hommes-femmes et renforcer les capacités des femmes par l’intermédiaire des programmes de travaux publics signifie leur offrir un travail décent et nécessite de tenir compte de leurs responsabilités familiales et de leur besoin de flexibilité1. Il est prouvé que la participation des femmes au marché de l’emploi s’accroît si on leur donne la possibilité de concilier travail et responsabilités familiales, et l’introduction de formations augmente l’employabilité des

femmes au terme du programme2. L’analyse de projets de relèvement après des catastrophes a montré que former les femmes à des emplois traditionnellement occupés par des hommes, comme la construction, et leur donner des responsabilités, peut améliorer l’efficacité à long terme de ces formations pour les femmes3.

Si les programmes de travaux publics peuvent bénéficier aux femmes, il convient de prêter attention aux coûts énergétiques que peuvent entraîner leur participation. Dans certains cas, selon la répartition des bénéfices au sein du ménage, les femmes peuvent utiliser davantage d’énergie qu’elles n’en reçoivent du transfert4. La raison en est que le partage de la nourriture entre les hommes et les femmes au sein du ménage n’est pas toujours équitable, les femmes sacrifiant une partie de leur ration (volontairement ou non) au profit des autres membres de la famille.

Sources: Voir notes en page 69.

Concevoir des programmes de travaux publics qui bénéficient aux femmes

ENCADRÉ 11

■ Les programmes de travaux publics

Les programmes de travaux publics, que l’on appelle parfois travail-contre-rémunération ou vivres-contre-travail, sont les plus efficaces lorsqu’ils sont utilisés comme mécanismes de protection des moyens d’existence et mis en œuvre avec une garantie d’emploi, comme dans le cas du Plan national de garantie de l’emploi, en Inde. En cas de besoin, une garantie d’emploi fournit une assurance efficace et permet aux ménages de prendre plus de risques dans le cadre de leur stratégie de subsistance habituelle qu’ils ne le feraient sans ce type de programmes. Les ménages peuvent planter des variétés à plus haut risque mais à plus haut rendement, passant ainsi du profil de revenu A au profil de revenu B (voir la figure 19)87. Les résultats d’une évaluation du PSNP réalisée en Éthiopie entre 2006 et 2010 ont montré que la participation à ce programme et au programme de renforcement des actifs des ménages avait accru la probabilité d’utilisation des engrais de 19,5 pour cent88.

Les programmes de travaux publics peuvent également procurer des avantages indirects. La construction d’infrastructures comme les routes, les ponts et les systèmes d’irrigation peut avoir d’importantes retombées indirectes sur l’emploi et produire des effets multiplicateurs sur les économies locales et la productivité agricole. Les programmes de travaux publics peuvent s’inscrire dans le cadre de plans de développement ou de redressement et, en théorie, ils peuvent être rapidement transposés à plus grande échelle (voir l’encadré 11).

■ Systèmes de protection sociale

Eu égard au grand nombre d’objectifs différents (mais liés) de la protection sociale, on tend de plus en plus à abandonner les stratégies spécifiques, au cas par cas et à court terme qui étaient privilégiées par le passé au profit d’une approche plus systémique. La Stratégie de la Banque mondiale 2012-2022: Protection sociale et emploi stipule que «l’objectif premier de la nouvelle stratégie [...] est d’aider les pays à passer d’approches fragmentées à des systèmes harmonisés»89.

Les systèmes ne varieront pas uniquement en fonction de l’objectif, mais dépendront également du contexte - c’est-à-dire des capacités et de la stabilité politique des pays. L’approche systémique est pertinente non seulement dans les contextes de développement, mais également dans les situations d’urgence et de début de relèvement, où les chocs peuvent être récurrents (Éthiopie, Sahel, Yémen) ou uniques. C’est une manière d’aller au-delà d’une approche strictement axée sur le secours pour mettre en place des programmes de renforcement de la résilience s’étalant sur plusieurs années, comme le Programme de protection sociale fondé sur les activités productives en Éthiopie, dans le cadre duquel les ménages se trouvant en situation d’insécurité alimentaire reçoivent une aide pendant une période pouvant aller jusqu’à cinq ans, et le Programme de protection sociale contre la faim au Kenya90. Une approche systémique suppose aussi l’utilisation de mécanismes administratifs communs

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La protection sociale pour les personnes pauvres et vulnérables

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comme un guichet unique d’enregistrement des bénéficiaires, des méthodes communes de recensement et de ciblage, des systèmes de suivi et d’évaluation communs et des modalités de transfert intégrées et synchronisées. Les deux exemples les plus connus sont les programmes Bolsa Familia au Brésil et Progresa/Oportunidades au Mexique, mais des programmes similaires sont de plus en plus utilisés dans les pays à faible revenu également.

■ Conclusion: la protection sociale - aide immédiate pour les plus démunis et instrument essentiel à la réduction de la faim et de la malnutrition à long terme

Même lorsque la croissance économique bénéficie aux pauvres, ses bénéfices mettent du temps à se concrétiser.

C’est la raison pour laquelle, à court terme, la protection sociale soutient les plus vulnérables pour que la faim et la malnutrition puissent être réduites aujourd’hui. Mais la protection sociale est également un instrument essentiel pour lutter contre la sous-alimentation à long terme. D’abord, elle améliore la nutrition des jeunes enfants – un investissement qui sera payant dans l’avenir car il aura permis à ces enfants de devenir des adultes plus intelligents, plus forts et en meilleure santé. Ensuite, elle aide à atténuer l’impact du risque, favorisant ainsi l’adoption de technologies et la croissance économique. Une approche systémique est nécessaire pour jeter des ponts entre les différents objectifs de manière intégrée et rentable. Grâce à cette approche, la sous-alimentation et la malnutrition pourront être éliminées aussi rapidement que possible.

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Annexe 1

TAbleAu A1.1Prévalence de la sous-alimentation et progrès accomplis au niveau des objectifs fixés lors du Sommet mondial de l’alimentation1 et des Objectifs du Millénaire pour le développement2 dans les pays en développement3

MondeRégion/Sous-région/Pays

Nombre de personnes sous-alimentées Pourcentage de personnes sous-alimentées par rapport à l’ensemble de la population totale

1990- 1992

1999- 2001

2004- 2006

2007- 2009

2010- 2012

Évolution constatée

Réalisa-tion de

l’objectif du SMA4

1990- 1992

1999- 2001

2004- 2006

2007- 2009

2010- 2012

Évolution constatée

Réalisa-tion de l’OMD4

(millions) (%) (%) (%)

MONDe5 1 000 919 898 867 868 –13,2 ▼ 18,6 15,0 13,8 12,9 12,5 –32,8 ■Régions développées 20 18 13 15 16 ne ne 1,9 1,6 1,2 1,3 1,4 ne ne

Régions en développement 980 901 885 852 852 –13,1 ▼ 23,2 18,3 16,8 15,5 14,9 –35,8 ■Pays les moins développés6 201 228 233 243 260 29,5 ▲ 37,9 34,6 31,4 30,5 30,6 –19,3 ■Pays en développement sans littoral7 96 114 111 110 113 18,7 ▲ 35,4 34,4 30,1 28,1 27,1 –23,4 ■Petits États insulaires en développement8 11 10 10 9 9 –13,8 ▼ 25,4 20,3 19,4 17,4 16,9 –33,5 ■Économies à faible revenu9 192 223 226 234 245 27,1 ▲ 37,9 34,7 31,5 30,6 30,1 –20,6 ■Économies à revenu intermédiaire, tranche inférieure10 441 414 420 403 395 –10,4 ▼ 24,4 19,5 18,2 16,7 15,6 –36,1 ■Pays à faible revenu et à déficit vivrier11 543 561 575 568 573 5,6 ▲ 27,6 23,5 22,0 20,6 19,8 –28,3 ■

AFRIQue 175 205 210 220 239 36,8 ▲ 27,3 25,3 23,1 22,6 22,9 –16,1 ■

Afrique du Nord 5 5 5 4 4 –2,5 3,8 3,3 3,1 2,7 2,7 –28,9 ■Algérie 1 2 ns ns ns nd ne 5,2 5,8 < 5 < 5 < 5 nd ■Égypte ns ns ns ns ns nd ne < 5 < 5 < 5 < 5 < 5 nd ■Libye ns ns ns ns ns nd ne < 5 < 5 < 5 < 5 < 5 nd ■Maroc 2 2 2 2 2 –1,5 7,1 6,2 5,2 5,2 5,5 –22,5 ■Tunisie ns ns ns ns ns nd ne < 5 < 5 < 5 < 5 < 5 nd ■Afrique subsaharienne12 170 200 205 216 234 37,8 ▲ 32,8 30,0 27,2 26,5 26,8 –18,3 ■Afrique du Sud ns ns ns ns ns nd ne < 5 < 5 < 5 < 5 < 5 nd ■Angola 7 7 6 6 5 –21,0 ▼ 63,9 47,5 35,1 30,7 27,4 –57,1 ■Bénin 1 1 1 1 1 –33,7 ▼ 22,4 16,4 13,1 10,8 8,1 –63,8 ■Botswana < 0,5 1 1 1 1 45,3 ▲ 27,4 34,5 32,9 31,9 27,9 1,8 ■Burkina Faso 2 3 4 4 4 99,9 ▲ 22,9 26,4 25,8 24,4 25,9 13,1 ■Burundi 3 4 5 6 6 124,4 ▲ 49,0 63,0 67,9 72,4 73,4 49,8 ■Cameroun 5 5 3 3 3 –35,2 ▼ 38,7 29,1 19,5 15,6 15,7 –59,4 ■Congo 1 1 1 1 2 47,1 ▲ 42,8 30,1 32,9 34,6 37,4 –12,6 ■Côte d’Ivoire 2 3 4 4 4 143,4 ▲ 13,7 19,9 19,6 19,3 21,4 56,2 ■Érythrée 2 3 3 3 4 54,3 ▲ 72,4 76,2 74,8 69,1 65,4 –9,7 ■Éthiopie 34 36 35 35 34 0,1 68,0 55,3 47,7 43,8 40,2 –40,9 ■Ghana 6 3 2 1 1 –87,0 ▼* 40,5 16,6 9,5 5,8 < 5 nd ■Guinée 1 2 2 1 2 57,2 ▲ 18,4 20,6 17,0 15,5 17,3 –6,0 ■

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Annexe 1

TAbleAu A1.1Prévalence de la sous-alimentation et progrès accomplis au niveau des objectifs fixés lors du Sommet mondial de l’alimentation1 et des Objectifs du Millénaire pour le développement2 dans les pays en développement3

MondeRégion/Sous-région/Pays

Nombre de personnes sous-alimentées Pourcentage de personnes sous-alimentées par rapport à l’ensemble de la population totale

1990- 1992

1999- 2001

2004- 2006

2007- 2009

2010- 2012

Évolution constatée

Réalisa-tion de

l’objectif du SMA4

1990- 1992

1999- 2001

2004- 2006

2007- 2009

2010- 2012

Évolution constatée

Réalisa-tion de l’OMD4

(millions) (%) (%) (%)

Kenya 9 10 12 12 13 46,3 ▲ 35,6 32,8 32,9 32,4 30,4 –14,6 ■Libéria 1 1 1 1 1 88,0 ▲ 32,9 34,9 29,6 29,6 31,4 –4,6 ■Madagascar 3 5 5 6 7 147,3 ▲ 24,8 32,4 28,1 29,1 33,4 34,7 ■Malawi 4 3 3 3 4 –16,9 ▼ 44,8 26,8 24,7 23,0 23,1 –48,4 ■Mali 2 2 2 1 1 –44,3 ▼ 25,3 21,5 14,7 9,5 7,9 –68,8 ■Mozambique 8 8 8 9 9 18,0 ▲ 57,1 45,3 40,3 39,9 39,2 –31,3 ■Namibie 1 < 0,5 1 1 1 43,5 ▲ 37,5 24,9 26,8 32,7 33,9 –9,6 ■Niger 3 3 3 2 2 –31,7 ▼ 36,9 25,8 20,0 13,6 12,6 –65,9 ■Nigéria 19 13 10 11 14 –28,1 ▼ 19,3 10,2 6,8 7,3 8,5 –56,0 ■Ouganda 5 6 8 10 12 145,7 ▲ 26,6 26,5 27,9 31,0 34,6 30,1 ■République centrafricaine 1 2 2 1 1 –9,8 ▼ 49,5 45,1 40,6 32,6 30,0 –39,4 ■République-Unie de Tanzanie 8 14 14 15 18 131,1 ▲ 29,4 40,4 35,1 36,1 38,8 32,0 ■Rwanda 4 4 4 3 3 –11,9 ▼ 52,6 46,5 42,1 34,2 28,9 –45,1 ■Sénégal 2 2 2 2 3 61,9 ▲ 21,7 24,2 16,9 16,5 20,5 –5,5 ■Sierra Leone 2 2 2 2 2 3,5 41,9 41,1 35,5 33,1 28,8 –31,3 ■Soudan 11 11 12 15 18 53,8 ▲ 42,1 31,7 32,0 36,6 39,4 –6,4 ■Tchad 4 3 4 4 4 1,7 61,1 41,0 37,3 36,4 33,4 –45,3 ■Togo 1 1 1 1 1 –17,1 ▼ 32,8 25,2 20,4 19,8 16,5 –49,7 ■Zambie 3 4 6 6 6 131,1 ▲ 34,3 43,9 48,3 47,5 47,4 38,2 ■Zimbabwe 5 5 5 4 4 –11,7 ▼ 44,1 43,1 38,2 33,9 32,8 –25,6 ■

ASIe 739 634 620 581 563 –23,9 ▼ 23,7 17,7 16,3 14,8 13,9 –41,4 ■

Caucase et Asie centrale 9 11 7 7 6 –38,3 ▼ 12,8 15,8 9,9 9,2 7,4 –42,2 ■Arménie 1 1 < 0,5 ns ns nd ne 22,8 19,0 5,4 < 5 < 5 nd ■Azerbaïdjan 2 1 ns ns ns nd ne 23,0 14,7 < 5 < 5 < 5 nd ■Géorgie 3 1 1 1 1 –67,3 ▼* 60,4 21,5 28,9 30,0 24,7 –59,1 ■Kazakhstan ns 1 ns ns ns nd ne < 5 8,0 < 5 < 5 < 5 nd ■Kirghizstan 1 1 < 0,5 < 0,5 < 0,5 –49,7 ▼* 15,5 15,8 9,4 8,6 6,4 –58,7 ■Ouzbékistan ns 4 3 2 2 125,6 ▲ 3,6 14,7 9,8 7,9 6,1 69,4 ■Tadjikistan 2 3 2 2 2 31,9 ▲ 31,0 40,8 34,3 36,7 31,7 2,3 ■Turkménistan < 0,5 < 0,5 < 0,5 ns ns nd ne 9,5 8,1 5,5 < 5 < 5 nd ■

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Annexe 1

TAbleAu A1.1Prévalence de la sous-alimentation et progrès accomplis au niveau des objectifs fixés lors du Sommet mondial de l’alimentation1 et des Objectifs du Millénaire pour le développement2 dans les pays en développement3

MondeRégion/Sous-région/Pays

Nombre de personnes sous-alimentées Pourcentage de personnes sous-alimentées par rapport à l’ensemble de la population totale

1990- 1992

1999- 2001

2004- 2006

2007- 2009

2010- 2012

Évolution constatée

Réalisa-tion de

l’objectif du SMA4

1990- 1992

1999- 2001

2004- 2006

2007- 2009

2010- 2012

Évolution constatée

Réalisa-tion de l’OMD4

(millions) (%) (%) (%)

Asie de l’est 261 197 186 169 167 –35,9 ▼ 20,8 14,4 13,2 11,8 11,5 –44,7 ■Asie de l’est, sans la Chine 7 10 10 11 9 29,0 ▲ 10,4 14,0 13,6 14,5 11,7 12,5 ■Chine 254 187 176 158 158 –37,6 ▼ 21,4 14,4 13,1 11,6 11,5 –46,3 ■Mongolie 1 1 1 1 1 –18,8 ▼ 37,5 37,6 32,5 27,6 24,2 –35,5 ■République de Corée ns ns ns ns ns nd ne < 5 < 5 < 5 < 5 < 5 nd ■République démocratique populaire de Corée 5 8 9 10 8 50,5 ▲ 25,4 37,0 36,1 39,7 32,0 26,0 ■Asie du Sud13 327 309 323 311 304 –7,1 ▼ 26,8 21,2 20,4 18,8 17,6 –63,2 ■Asie du Sud, sans l’Inde 87 85 85 84 87 –0,8 26,4 21,0 19,1 18,1 17,8 –32,6 ■Bangladesh 37 24 21 23 25 –32,0 ▼ 34,6 18,4 15,1 16,1 16,8 –51,4 ■Inde 240 224 238 227 217 –9,3 ▼ 26,9 21,3 20,9 19,0 17,5 –34,9 ■Iran (République islamique d’) ns ns 4 4 ns nd ne < 5 < 5 5,8 5,2 < 5 nd ■Népal 5 6 6 6 5 8,6 ▲ 25,9 24,5 21,7 20,1 18,0 –30,5 ■Pakistan 30 35 36 35 35 15,9 ▲ 26,4 24,0 22,8 20,8 19,9 –24,6 ■Sri Lanka 6 5 6 5 5 –15,1 ▼ 33,9 28,7 27,9 25,7 24,0 –29,2 ■Asie du Sud-est14 134 104 88 76 65 –51,2 ▼* 29,6 20,0 15,8 13,2 10,9 –34,3 ■Cambodge 4 4 4 3 2 –37,8 ▼ 39,9 33,8 27,4 21,7 17,1 –57,1 ■Indonésie 37 38 34 28 21 –43,8 ▼ 19,9 17,8 15,1 11,9 8,6 –56,8 ■Malaisie ns ns ns ns ns nd ne < 5 < 5 < 5 < 5 < 5 nd ■Philippines 15 16 15 14 16 5,4 ▲ 24,2 20,9 18,0 15,9 17,0 –29,8 ■République démocratique populaire lao 2 2 2 2 2 –9,2 ▼ 44,6 39,5 33,4 29,4 27,8 –37,7 ■Thaïlande 25 12 7 6 5 –79,8 ▼* 43,8 19,6 11,2 9,5 7,3 –83,3 ■Viet Nam 32 17 13 11 8 –75,1 ▼* 46,9 22,0 15,6 12,5 9,0 –80,8 ■Asie de l’Ouest15 8 13 16 18 21 146,6 ▲ 6,6 8,0 8,8 9,4 10,1 53,0 ■Arabie saoudite ns ns ns ns ns nd ne < 5 < 5 < 5 < 5 < 5 nd ■Émirats arabes unis ns ns ns ns ns nd ne < 5 < 5 < 5 < 5 < 5 nd ■Iraq 2 5 6 8 9 334,9 ▲ 10,9 19,0 23,1 25,9 26,0 138,5 ■Jordanie < 0,5 < 0,5 ns ns ns nd ne 6,7 6,1 < 5 < 5 < 5 nd ■Koweït 1 ns ns ns ns nd ne 28,7 1,5 0,9 1,1 1,7 nd ■Liban ns ns ns ns ns nd ne < 5 < 5 < 5 < 5 < 5 nd ■République arabe syrienne ns ns ns ns ns nd ne < 5 < 5 < 5 < 5 < 5 nd ■Turquie ns ns ns ns ns nd ne < 5 < 5 < 5 < 5 < 5 nd ■Yémen 4 5 7 7 8 124,3 ▲ 28,6 30,4 31,7 30,6 32,4 13,3 ■

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Page 57: Etat de l'insécurité alimentaire dans le monde

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Annexe 1

TAbleAu A1.1Prévalence de la sous-alimentation et progrès accomplis au niveau des objectifs fixés lors du Sommet mondial de l’alimentation1 et des Objectifs du Millénaire pour le développement2 dans les pays en développement3

MondeRégion/Sous-région/Pays

Nombre de personnes sous-alimentées Pourcentage de personnes sous-alimentées par rapport à l’ensemble de la population totale

1990- 1992

1999- 2001

2004- 2006

2007- 2009

2010- 2012

Évolution constatée

Réalisa-tion de

l’objectif du SMA4

1990- 1992

1999- 2001

2004- 2006

2007- 2009

2010- 2012

Évolution constatée

Réalisa-tion de l’OMD4

(millions) (%) (%) (%)

AMÉRIQue lATINe eT CARAÏbeS 65 60 54 50 49 –24,9 ▼ 14,6 11,6 9,7 8,7 8,3 –43,2 ■

Caraïbes16 9 7 7 7 7 –23,3 ▼ 28,5 21,4 20,9 18,6 17,8 –37,5 ■Cuba 1 ns ns ns ns nd ne 11,5 < 5 < 5 < 5 < 5 nd ■Haïti 5 5 5 5 5 –2,5 63,5 53,0 53,5 46,8 44,5 –29,9 ■République dominicaine 2 2 2 2 2 –30,8 ▼ 30,4 21,6 18,6 15,9 15,4 –49,3 ■Amérique latine17 57 53 46 43 42 –25,1 ▼ 13,6 11,0 9,0 8,1 7,7 –43,4 ■Argentine ns ns ns ns ns nd ne < 5 < 5 < 5 < 5 < 5 nd ■Bolivie (État plurinational de) 2 2 3 3 2 3,4 34,6 28,7 29,1 27,5 24,1 –30,3 ■Brésil 23 21 16 15 13 –40,4 ▼ 14,9 12,1 8,7 7,8 6,9 –53,7 ■Chili 1 ns ns ns ns nd ne 8,1 < 5 < 5 < 5 < 5 nd ■Colombie 6 5 6 6 6 –8,5 ▼ 19,1 13,0 13,6 12,5 12,6 –34,0 ■Costa Rica ns ns ns ns < 0,5 nd ne < 5 < 5 < 5 < 5 6,5 nd ■El Salvador 1 1 1 1 1 –8,9 ▼ 15,6 9,2 10,6 11,3 12,3 –21,2 ■Équateur 3 3 3 3 3 4,6 24,5 20,9 21,4 19,6 18,3 –25,3 ■Guatemala 1 3 4 4 4 203,8 ▲ 16,2 26,5 29,9 30,2 30,4 87,7 ■Honduras 1 1 1 1 1 –30,9 ▼ 21,4 16,3 14,2 11,6 9,6 –55,1 ■Mexique ns ns ns ns ns nd ne < 5 < 5 < 5 < 5 < 5 nd ■Nicaragua 2 2 1 1 1 –49,2 ▼* 55,1 34,3 26,7 23,9 20,1 –63,5 ■Panama 1 1 1 < 0,5 < 0,5 –35,2 ▼ 22,8 25,7 19,7 13,1 10,2 –55,3 ■Paraguay 1 1 1 1 2 95,6 ▲ 19,7 13,0 12,6 16,8 25,5 29,4 ■Pérou 7 6 6 5 3 –54,4 ▼* 32,6 22,5 21,4 15,9 11,2 –65,6 ■Uruguay < 0,5 ns ns ns ns nd ne 7,3 < 5 < 5 < 5 < 5 nd ■Venezuela (République bolivarienne du) 3 4 3 ns ns nd ne 13,5 15,5 9,7 < 5 < 5 nd ■

OCÉANIe18 1 1 1 1 1 39,0 ▲ 13,6 15,5 13,7 11,9 12,1 –11,0 ■

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Annexe 2

Moderniser et réviser la méthode utilisée par la FAO pour évaluer l’insécurité alimentaire – résumé des changements et de leurs incidences

Introduction

l’insécurité alimentaire ont été profondément remaniés pour tenir compte de l’amélioration des données et des informations, mais de nouvelles révisions sont attendues dans un avenir proche, au fur et à mesure que de nouvelles enquêtes sur la distribution de l’accès à l’alimentation et des données plus fiables sur le gaspillage de produits alimentaires deviendront disponibles. De plus, plusieurs indicateurs supplémentaires, susceptibles de fournir des informations utiles sur la sécurité alimentaire, ont été définis mais leur couverture, que ce soit en termes de pays ou que ce soit en termes d’années pour beaucoup de pays, est encore loin d’être exhaustive.

Cette annexe technique décrit les diverses améliorations méthodologiques et innovations en matière de données qui ont été intégrées dans la présente édition du rapport et établit une comparaison avec les méthodes traditionnelles adoptées antérieurement. Elle présente une évaluation de l’incidence marginale de chaque innovation sur les estimations des nombres et des taux de prévalence, afin d’expliquer les différences importantes qui existent entre les évaluations de cette année est celles de l’année dernière. Les méthodes traditionnelles utilisées pour estimer la prévalence de la sous-alimentation sont décrites en détail dans une note technique approfondie qui peut être consultée en ligne à l’adresse www.fao.org/publications/sofi/fr/.

■ la méthode de la FAO en bref

Depuis sa création, la FAO est chargée de suivre la situation alimentaire mondiale, afin que la communauté internationale soit en mesure de cibler efficacement ses actions visant à promouvoir le droit à une alimentation suffisante partout dans le monde. Les activités que la FAO conduit dans le cadre de cette mission comprennent notamment l’estimation de l’indicateur de la prévalence de la sous-alimentation, qui est publiée annuellement dans le document intitulé L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde.

Les termes «sous-alimentation» et «faim» ont été entendus comme une incapacité permanente à obtenir une nourriture suffisante, c’est-à-dire la quantité d’énergie alimentaire requise pour mener une vie saine et active. Deux aspects doivent être clarifiés pour obtenir une définition opérationnelle acceptable de la sous-alimentation.

Premièrement, étant donné la complexité de la nutrition humaine et les dimensions quantitatives et qualitatives de l’alimentation, l’expression «nourriture suffisante» doit être précisée. La méthode de la FAO a été fondée sur la mesure de l’apport énergétique alimentaire, la notion de «suffisance» étant définie en référence à un barème normatif des besoins énergétiques alimentaires établi par des nutritionnistes. En conséquence, un être humain est considéré comme sous-alimenté si ses apports énergétiques alimentaires habituels sont

Au cours des cinq dernières années, la plus forte instabilité des prix des denrées alimentaires et la mise à disposition de nouvelles sources de données sur l’accès à l’alimentation ont fait qu’il devenait indispensable de réviser la méthode de la FAO91 pour améliorer l’estimation de la sous-alimentation. En 2010, le Comité de la sécurité alimentaire mondiale (CSA) a demandé que la méthode de mesure de la faim soit examinée et, en septembre 2011, une Table ronde d’experts a été organisée pour étudier les qualités et les défauts de la méthode existante92.

La Table ronde a confirmé que la méthode de la FAO était fondamentalement valide au plan des principes statistiques et, qu’à ce jour, il n’existait pas d’autre méthode viable pour évaluer le manque chronique de nourriture à l’échelle mondiale. Cependant, les experts réunis à Rome ont aussi estimé que la méthode pouvait être améliorée à de multiples égards et, notamment, qu’il fallait exploiter davantage le nombre croissant d’enquêtes qui étaient conduites sur les dépenses et le niveau de vie des ménages, afin d’obtenir des informations supplémentaires sur la distribution de l’accès à l’alimentation au sein de la population93.

Les experts ont aussi souligné que l’on ne pouvait pas appréhender complètement l’état de l’insécurité alimentaire dans un pays, en se référant seulement à la prévalence de la sous-alimentation, définie en termes d’énergie alimentaire. De l’avis unanime, il était nécessaire de recourir à une gamme plus large d’indicateurs de base de la sécurité alimentaire, pour cerner les dimensions de l’insécurité alimentaire autres que l’insuffisance de l’apport énergétique alimentaire. Les conséquences économiques du maintien d’un apport énergétique suffisant lorsque les prix des denrées alimentaires augmentent, de même que les implications nutritionnelles des régimes qui apportent suffisamment de calories mais sont pauvres en micronutriments vitaux («faim invisible»), ont été cités comme deux aspects qui échappent à l’indicateur de la prévalence de la sous-alimentation mais qui devraient être dûment pris en compte.

Compte tenu des conclusions exposées ci-dessus et de la demande explicitement formulée par le CSA, les données présentées dans l’édition de L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde de cette année ont été améliorées de deux façons majeures. Premièrement, tous les chiffres relatifs à la sous-alimentation ont été mis à jour en remontant jusqu’en 1990, pour refléter l’amélioration à la fois des données et de la méthode utilisées. Deuxièmement, une série initiale d’indicateurs de base a été définie pour fournir des informations sur les différentes facettes de l’insécurité alimentaire.

Ces deux améliorations doivent être considérées comme le point de départ des efforts qui seront déployés en permanence pour améliorer le suivi de la sécurité alimentaire. Cette année, tant la méthode que le cadre conceptuel de l’évaluation de

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Annexe 2

inférieurs au niveau minimum que les nutritionnistes estiment nécessaires. En ce sens, la «sous-alimentation» a été définie comme une forme extrême de l’insécurité alimentaire, qui apparaît quand la disponibilité énergétique alimentaire n’est pas même suffisante pour couvrir les besoins minimaux associés à un mode de vie sédentaire.

Deuxièmement, on peut s’interroger sur la période de temps qu’il convient de considérer pour évaluer la sous-alimentation. Pendant combien de temps, un être humain doit-il être privé de l’apport énergétique minimal avant d’être considéré comme «sous-alimenté»? Si nous nous intéressons à la sous-alimentation chronique profonde, la période de référence doit être suffisamment longue pour que l’insuffisance de l’alimentation ait des répercussions sur la santé. Il est hors de doute que les disettes temporaires ont des effets pernicieux, mais l’indicateur de la FAO se réfère à une année entière, la consommation moyenne d’aliments pendant cette période étant considérée comme le niveau habituel.

Par conséquent, l’indicateur de la FAO est conçu pour rendre compte d’un concept clairement – mais étroitement – défini de la sous-alimentation, à savoir, un état de privation énergétique qui dure un an. L’indicateur de la FAO n’est donc pas conçu pour suivre les effets ponctuels des crises temporaires. En outre, il ne tient pas compte de l’apport insuffisant des autres éléments nutritifs essentiels ni des sacrifices que chaque individu ou chaque ménage est parfois amené à consentir pour conserver le même niveau de consommation d’énergie alimentaire.

Pour obtenir une image plus complète de l’état de la sécurité (l’insécurité) alimentaire, l’indicateur de la prévalence de la sous-alimentation doit être complété par une gamme plus large d’indicateurs, qui permettent de suivre les diverses facettes de la sécurité alimentaire.

Résumé des changements et de leurs incidences

■ Principales innovations en matière de données, qui ont été intégrées dans les estimations de la sous-alimentation

Les nouvelles estimations qui sont présentées dans le rapport de cette année sont le fruit des efforts considérables qui ont été déployés pour mettre à jour et améliorer la base de données utilisée. Des données actualisées ont été obtenues sur la disponibilité alimentaire, la population et la distribution de l’accès à l’alimentation à l’intérieur des pays issue des enquêtes sur les dépenses et le niveau de vie des ménages. Le tableau A2.1 présente les estimations qui ont été publiées dans L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde 2011 et celles que l’on obtient en appliquant successivement chacune des révisions, avec une indication de leurs effets à la marge, pour les périodes allant de 1990-1992 jusqu’à 2009 (dernière année pour laquelle une évaluation a été réalisée selon l’ancienne méthode, en 2011).

Taille de la populationDes informations actualisées sur la taille et la structure de la population ont été tirées de la dernière révision des estimations de la population mondiale94. L’intégration de ces nouvelles informations s’est traduite par une modification importante des estimations de la population de certains pays comptant un grand nombre de personnes sous-alimentées, notamment le Bangladesh et la Chine. L’estimation de la population chinoise pour les années 90 a été révisée à la hausse de pas moins de 25 millions d’habitants avec, en conséquence, une augmentation à la fois de la prévalence et du

TAbleAu A2.1Incidences des divers changements apportés aux données et à la méthode.

Nombre de personnes sous-alimentées dans les régions en développement (en millions)

1990-1992 1995-1997 2000-2002 2005-2007 2009 2010 2011 2012

Chiffres présentés en 2011 833 774 821 839 866

+ Modification de la population +24 +12 +11 -5 -12

(+2,8%) (+1,5%) (+1,4%) (-0,6%) (-1,4%)

+ Modification des tailles -21 -25 -27 -23 -27

(-2,4%) (-3,2%) (-3,3%) (-2,8%) (-3,1%)

+ Modification de la disponibilité énergétique alimentaire +12 +10 -2 -31 -66

(+1,5%) (+1,4%) (-0,2%) (-3,8%) (-8,0%)

+ Pertes de produits alimentaires +111 +114 +124 +125 +125 877 874 870

(+13,2%) (+14,8%) (+15,5%) (+16,1%) (+16,4%)

+ Modification de la méthode +23 +24 -22 -35 -33

(+2,3%) (+2,7%) (-2,4%) (-3,9%) (-3,8%) (-2,9%) (-2,7%) (-2,2%)

Nouvelle évaluation 980 909 905 870 853 852 852 852

Variation globale +17,7% +17,5% +10,2% +3,6% -1,5%

Notes: Les variations marginales imputables à chaque révision figurent entre parenthèses. Les chiffres présentés en 2011 sont les chiffres qui ont été publiés dans L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde 2011.Source: FAO.

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Annexe 2

nombre absolu de personnes sous-alimentées pendant cette période, tandis que, pour le Bangladesh, la population à été révisée à la baisse de quelque 11 pour cent (soit 17 millions d’habitants). Les incidences sur la sous-alimentation pendant toute la période sont donc variables. Si les nouvelles données relatives à la population devaient être appliquées aux autres donnés utilisées pour les estimations présentées en 2011, il en résulterait une augmentation de 2,8 pour cent du nombre de personnes sous-alimentées pendant la période de base de 1990-1992 et une réduction de 1,4 pour cent en 2009.

Stature humaine et besoins en énergie alimentaireLa deuxième révision liée aux données démographiques concerne la stature physique moyenne des personnes, en fonction de leur sexe et de leur âge. De nouvelles données ont été fournies par le Programme d’enquêtes démographiques et sanitaires de l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) et les enquêtes sur les ménages qui comportent un volet de statistiques anthropométriques. À partir des tailles révisées, les besoins énergétiques alimentaires minimaux de référence pour chaque pays ont été réévalués. Dans certains cas, cette révision a entraîné des changements notables des valeurs de référence et, partant, de la prévalence de la sous-alimentation, en particulier dans les pays pour lesquels il n’existait pas antérieurement de données sur la taille et où elles étaient donc présumées identiques à celles des pays habités par des ethnies similaires. Étant donné que la révision s’est généralement traduite par une baisse des estimations de la taille moyenne par rapport à celles qui avaient été présumées (ce qui implique une diminution des besoins énergétiques alimentaires), l’incidence globale de cette révision serait une réduction de l’estimation du nombre de personnes sous-alimentées pendant toute la période visée, allant de –2,4 pour cent en 1990-1992 à –3,1 pour cent en 2009.

Disponibilité alimentaireLe changement suivant concerne la disponibilité totale de calories. La Division de la statistique de la FAO a récemment publié de nouvelles estimations de la disponibilité énergétique alimentaire pour tous les pays en 2009 et révisé entièrement la série de données. On observe des différences par rapport aux estimations antérieures dans toute la série mais elles ne sont importantes que pour les périodes les plus récentes. L’utilisation des valeurs révisées de la disponibilité énergétique alimentaire entraînerait, tout le reste restant inchangé, une augmentation de l’estimation du nombre de personnes sous-alimentées pendant les périodes initiales (+1,5 pour cent en 1990-1992 et +1,4 pour cent en 1995-1997) et une baisse pendant les périodes les plus récentes (–0,2 pour cent en 2000-2002, –3,8 pour cent en 2005-2007 et –8 pour cent in 2009).

Pertes de produits alimentairesOn sait depuis longtemps que les pertes de produits alimentaires qui surviennent au niveau de la distribution au détail faussent les estimations de la FAO relatives à la sous-alimentation, car celles-ci utilisaient jusqu’ici la disponibilité énergétique alimentaire calculée à partir du bilan des disponibilités alimentaires pour

estimer la distribution moyenne de la consommation alimentaire95. Quoi qu’il en soit, l’absence d’estimations fiables de l’ampleur de ces pertes interdisait de les prendre en compte dans les estimations antérieures. Dans la présente édition de L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde, un premier effort a été fait pour corriger l’estimation de la consommation moyenne d’énergie alimentaire au niveau du ménage, grâce à l’introduction d’un paramètre relatif aux pertes survenant pendant la distribution au détail. La valeur de la perte moyenne de calories par habitant aux divers stades de la filière des produits a été estimée pour chaque pays, à partir des données figurant dans une étude récente de la FAO sur les pertes de produits alimentaires, qui a révélé que des pertes importantes pouvaient survenir pendant la distribution au détail, c’est-à-dire entre le moment où le produit est mis à disposition pour la consommation humaine lors de la vente en gros et celui de son arrivée dans le ménage96. Les estimations varient selon la région et la catégorie de produit alimentaire, allant de 2 pour cent pour les céréales sèches jusqu’à 10 pour cent pour les fruits et les légumes frais. Appliqués aux différentes composantes des bilans des disponibilités alimentaires, ces coefficients entraînent une diminution générale des calories disponibles pour la consommation humaine au niveau du ménage, donc une augmentation de l’estimation du nombre de personnes sous-alimentées.

De toutes les révisions, c’est celle-ci qui entraîne les variations les plus spectaculaires des estimations de la prévalence de la sous-alimentation dans le monde, puisque ses incidences vont de +13,2 pour cent en 1990-1992 à +16,4 pour cent en 2007-2009. Les estimations des pertes de produits alimentaires pendant la distribution et l’entreposage sont encore provisoires, dans la mesure où elles reposent sur les agrégats régionaux approximatifs qui ont été publiés dans l’étude de la FAO susmentionnée, mais elles vont être affinées à l’avenir, au fur et à mesure que des estimations nationales plus précises deviendront disponibles.

■ Amélioration de la méthode d’estimation

La Division de la statistique de la FAO a récemment conduit un examen approfondi de sa méthode de mesure de la sous-alimentation, dont des éléments ont été présentés et analysés dans divers forums, notamment une Table ronde organisée par le Comité de la sécurité alimentaire mondiale en septembre 2011, et à l’occasion du Colloque scientifique international sur l’information relative à la sécurité alimentaire et nutritionnelle, qui s’est tenu à Rome en janvier 2012. L’examen a confirmé la validité globale de l’approche générale mais a aussi fait apparaître qu’il était possible de l’améliorer. Les changements qui ont été intégrés dans la présente édition de L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde concernent:• la forme de la fonction de distribution de la consommation de

l’énergie alimentaire dans la population; et • la façon dont les paramètres utilisés – à savoir la moyenne, le

coefficient de variation et le coefficient d’asymétrie de la distribution de la consommation alimentaire habituelle au sein de la population – sont estimés.Ces modifications améliorent à la fois la valeur méthodologique

et la validité empirique de la méthode inductive sous-jacente.

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Annexe 2

Modèle de distributionDepuis qu’elle a été adoptée pour la première fois en 1996, la spécification log-normale de la distribution n’a jamais été remise en cause et les mises à jour se sont limitées à des révisions de la consommation énergétique alimentaire moyenne (en fonction des données publiées dans les bilans des disponibilités alimentaires) et à des modifications occasionnelles du coefficient de variation, quand des données provenant d’enquêtes sur la consommation des ménages plus récentes étaient mises à la disposition de la FAO. Dans tous les autres cas, faute de données fiables sur la consommation alimentaire issues d’enquêtes représentatives au plan national, le coefficient de variation n’était pas modifié et restait donc constant. Mais, dans l’hypothèse d’une distribution log-normale, l’augmentation de la moyenne entraîne aussi un accroissement de la probabilité des hauts niveaux de consommation. Ce lien suscite des doutes sur la pertinence de la distribution qui a été utilisée ces dernières années dans beaucoup de pays, où la distribution de l’accès à l’alimentation est peut-être devenue moins asymétrique que ne le suppose le modèle log-normal. C’est pourquoi, un modèle plus flexible (la distribution normale asymétrique ou skew-normale introduite par A. Azzalini en 1985) a été jugé plus approprié pour représenter la distribution de la consommation alimentaire habituelle dans la population. Comparé à la version antérieure, le modèle statistique peut désormais intégrer les changements apportés à l’asymétrie de la distribution de la consommation alimentaire. Ces changements, qui découlent, par exemple, de programmes d’approvisionnement alimentaire ciblés sur une partie spécifique de la population, n’auraient pas été pris en compte avec l’approche antérieure.

estimation des paramètres: consommation énergétique alimentaire moyenneOn sait pertinemment que le manque d’informations fiables sur l’ampleur des pertes de produits alimentaires fausse les estimations de la sous-alimentation produites par la FAO. La pratique consistant à considérer que la moyenne de la distribution de la consommation calorique dans la population est égale à la disponibilité énergétique alimentaire moyenne qui est tirée des bilans des disponibilités alimentaires ne manque donc pas de susciter des critiques. Mais un pas important a été fait pour corriger ce défaut et ses résultats ont été intégrés dans les estimations présentées cette année. L’estimation de la moyenne de la distribution de la consommation calorique est désormais inférieure à la disponibilité énergétique alimentaire, en fonction d’un coefficient qui reflète les pertes de produits alimentaires associées à la distribution et à la vente au détail et qui a été estimé à partir des données fournies pour toutes les régions du monde dans une étude récente de la FAO (voir plus haut l’analyse de la question des pertes de produits alimentaires).

estimation des paramètres: coefficient de variation et coefficient d’asymétrie de la distribution de la consommation alimentaire tirés des enquêtes sur les ménagesDans le passé, le coefficient de variation de la distribution de la consommation énergétique alimentaire dans la population était le seul paramètre utilisé pour représenter l’inégalité de la

distribution de la consommation alimentaire. Le paramètre était estimé différemment selon les pays, en fonction des données disponibles. Il était grand temps de réviser ces estimations. Grâce à la collaboration des bureaux nationaux de la statistique chargés de la collecte et de la diffusion des données des enquêtes sur les ménages, la FAO a non seulement mis à jour les estimations des coefficients de variation mais, pour la première fois, a aussi estimé le coefficient d’asymétrie de la distribution de la consommation alimentaire dans la population.

Pas moins de 47 enquêtes ont été traitées, allant de 1995 jusqu’à 2010. La plupart de ces enquêtes portaient sur les revenus et les dépenses et n’avaient donc pas été conçues pour enregistrer spécifiquement le niveau de la consommation alimentaire habituelle annuelle des individus vivant dans les ménages interrogés; en revanche, elles fournissent des données sur le total des acquisitions de denrées alimentaires effectuées par le ménage pendant une courte période de référence (une semaine à un mois). Dans la plupart des cas, il a donc été nécessaire de traiter une nouvelle fois les informations disponibles sur les ménages pour contrôler la variabilité excessive due à la variation saisonnière des dépenses alimentaires et à la différence entre les acquisitions de denrées alimentaires effectuées pendant une courte période et les besoins, exprimés en termes de consommation alimentaire annuelle moyenne. Les autres sources de la variabilité que l’on peut observer dans les données sur la consommation alimentaire obtenues à partir de ces enquêtes sont, par exemple, que des produits alimentaires acquis peuvent être offerts à des invités ou à d’autres personnes que les membres du ménage, ou bien que, pendant la période de référence, les ménages utilisent des aliments stockés antérieurement ou, inversement, achètent des denrées destinées à être mises en réserve. Tous ces problèmes font qu’il est impératif de suivre des procédures méticuleuses pour contrôler la qualité des données et estimer le coefficient de variation et le coefficient d’asymétrie de la consommation habituelle individuelle à partir des données disponibles.

Finalement, de nouveaux paramètres ont été obtenus pour 37 pays, qui représentent ensemble près de 70 pour cent du nombre de personnes sous-alimentées dans le monde en développement. Pour les autres pays, faute de nouvelles données utilisables, les valeurs du coefficient de variation (et du coefficient d’asymétrie qui en découle) n’ont pas été modifiées.

Projection quand les données font défautLes nouvelles données sur la distribution des disponibilités alimentaires entre les ménages et sur la stature humaine et les besoins en énergie, qui sont fournies par des enquêtes, n’existent pas pour tous les pays ni pour toutes les années visées. Il a donc fallu concevoir des méthodes valides pour projeter les nouvelles informations sur les années pour lesquelles il n’existait pas de données d’enquêtes, que ce soit en matière de distribution des produits alimentaires ou en matière de besoins alimentaires.

Projection des paramètres relatifs à la distribution des produits alimentairesJusqu’à l’édition 2011 du présent rapport, les valeurs du coefficient de variation de la consommation alimentaire habituelle sont restées égales aux valeurs qui avaient été estimées en 1996

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Annexe 2

pendant la préparation de l’Enquête mondiale sur l’alimentation97. Lorsque l’on utilise une distribution log-normale, les valeurs du coefficient de variation déterminent aussi les valeurs du coefficient d’asymétrie98.

Comme indiqué précédemment, dans l’édition de cette année, nous avons calculé le coefficient de variation et le coefficient d’asymétrie applicables à la consommation alimentaire habituelle par personne, pour chaque année et chaque pays couverts par une enquête utilisable. Pour les années tombant entre deux enquêtes, l’information manquante sur ces deux coefficients a été estimée au moyen d’une interpolation linéaire simple des deux paramètres. La même interpolation linéaire a été appliquée aux cinq ans qui ont précédé la première enquête disponible, les anciens paramètres étant utilisés comme points de départ.

Pour les années qui ont suivi la dernière enquête disponible, on a conservé les deux coefficients estimés à partir de cette enquête. Leur valeur sera modifiée quand de nouvelles enquêtes deviendront disponibles.

Projection de la stature et des besoins énergétiques alimentairesLe seuil des besoins alimentaires pour un pays (les besoins énergétiques alimentaires minimaux) est calculé comme la moyenne des besoins de tous les groupes d’âge des personnes des deux sexes de la population. Pour estimer les besoins énergétiques

correspondant à chaque catégorie de sexe et d’âge, nous utilisons la taille médiane des personnes de ce groupe, qui est fournie par les enquêtes comportant des mesures anthropométriques99. Quand il existe plus d’une enquête pour un pays, nous projetons les données de l’enquête la plus ancienne pour fixer les tailles des années antérieures et celles de l’enquête la plus récente pour fixer les tailles des années futures. Pour les années qui tombent entre deux enquêtes, nous procédons à une interpolation linéaire des tailles médianes de chaque catégorie de sexe et d’âge.

L’application de ces changements à la méthode utilisée, c’est-à-dire la modification du modèle de distribution et l’utilisation de nouveaux coefficients pour la variation et l’asymétrie, outre toutes les autres révisions déjà examinées, entraînerait une variation des estimations du nombre de personnes sous-alimentées dans le monde en développement, allant d’une augmentation de 2,3 pour cent en 1990-1992 et 2,7 pour cent en 1995-1997 à des baisses de 2,4, 3,9 et 3,8 pour cent, respectivement, en 2000-2002, 2005-2007 et 2009.

La figure A2.1 montre les incidences des divers changements qui ont été décrits. La révision générale des données et des méthodes qui est exposée dans le présent rapport débouche sur une variation globale de l’estimation du nombre de personnes sous-alimentées égale à +17,9 pour cent en 1990-1992 et –1,5 pour cent en 2009, par rapport à l’évaluation fondée sur les données publiées en 2011 sans changement méthodologique.

Note: Les chiffres présentés en 2011 se réfèrent à ceux publiés dans L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde 2011.Source: FAO.

FIGURE A2.1

Effet des révisions de données et de méthodologie sur les estimations de la sous-alimentation effectuées par la FAO

833

980

Selon les informations présentées en 2011 + Révision des données démographiques

+ Révision des données sur la taille + Révision des disponibilités énergétiques alimentaires

+ Prise en compte des pertes lors de ladistribution au détail

Estimations finales (y compris modifications de la méthodologie)

Nombre de personnes sous-alimentées dans les régions en développement (en millions)

1 000

950

900

850

800

750

700

01990-92 1995-97 2000-02 2005-07 2008-10 2009-11 2010-12

774

909

821

905

839

870856

852 852

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Annexe 2

■ Introduction d’une série de nouveaux indicateurs de base sur la sécurité alimentaire

Suite à la recommandation qui a été formulée à l’issue de la Table ronde du CSA sur la méthode de mesure de la faim, une série initiale d’indicateurs susceptibles de rendre compte des diverses facettes de l’insécurité alimentaire a été élaborée (voir le tableau A2.2); les valeurs de ces indicateurs sont disponibles sur le site web de L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde (www.fao.org/publications/sofi/fr/).

Les indicateurs ont principalement été choisis en fonction de la disponibilité de données dont la couverture soit suffisante pour permettre l’établissement de comparaisons significatives entre les régions et au cours du temps. La plupart de ces indicateurs sont déjà produits et publiés par la FAO et diverses organisations internationales, tandis que d’autres ont été introduits pour la première fois, dans le souci de combler les lacunes notoires des systèmes d’information sur la sécurité alimentaire, concernant en particulier les dimensions socioéconomiques de l’insécurité alimentaire.

TAbleAu A2.2Indicateurs de la sécurité alimentaire disponibles en ligne*

Type d’indicateur Source Couverture Indicateur de base Nouveau

FACTEURS (CAUSES) DE L’INSÉCURITÉ ALIMENTAIRE

Disponibilité

Adéquation de la disponibilité alimentaire moyenne FAO 1990-2012 ■ ■Indice de la production alimentaire FAO 1990-2012 ■Part de la disponibilité énergétique fournie par les céréales, les racines et les tubercules FAO 1990-2012

Disponibilité protéique moyenne FAO 1990-2012

Disponibilité moyenne des protéines d'origine animale FAO 1990-2012

Accès physique (conditions déterminant l'accès physique aux produits alimentaires)

Pourcentage de route bitumée sur l'ensemble du réseau routier International Road Federation 1990-2009

Densité du réseau ferroviaire Banque mondiale 1990-2010

Densité du réseau routier Banque mondiale, Division des transports 1990-2009

Accès économique (prix abordables ou non)

Indice du niveau des prix des aliments FAO/Banque mondiale 1990-2010 ■ ■utilisation 1990-2010

Accès à des sources d’eau améliorées OMS/UNICEF 1990-2010

Accès à des systèmes d’assainissement améliorés OMS/UNICEF 1990-2010

CONSÉQUENCES

Accès insuffisant à l’alimentation

Prévalence de la sous-alimentation FAO 1990-2011 ■Part des dépenses alimentaires des pauvres FAO Partielle ■ ■Ampleur du déficit alimentaire FAO 1990-2011 ■Prévalence de l'insuffisance alimentaire FAO 1990-2011 ■utilisation (Déficits anthropométriques imputables à l’alimentation)

Pourcentage des enfants de moins de cinq ans présentant un retard de croissance OMS/UNICEF 1966-2010 ■Pourcentage des enfants de moins de cinq ans souffrant d'émaciation OMS/UNICEF 1966-2010 ■Pourcentage des enfants de moins de cinq ans présentant une insuffisance pondérale OMS/UNICEF 1966-2010

Pourcentage d'adultes présentant une insuffisance pondérale OMS 1974-2010

VulNÉRAbIlITÉ/STAbIlITÉ

Instabilité des prix des denrées alimentaires sur le marché intérieur FAO/OIT 1990-2010 ■ ■Variabilité de la production alimentaire par personne FAO 1980-2010 ■Variabilité de la disponibilité alimentaire par personne FAO 1980-2010 ■Stabilité politique et absence de violence/terrorisme WB WGI 1996-2010

Valeur des importations de produits alimentaires par rapport au total des exportations de marchandises FAO 1990-2009

Pourcentage des terres arables aménagé pour l'irrigation FAO 1990-2009

Ratio de dépendance à l'égard des importations de céréales FAO 1990-2009

* Les valeurs de ces indicateurs sont disponibles sur le site web de L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde (www.fao.org/publications/sofi/fr/).Note: WB WGI = Indicateurs de gouvernance dans le monde de la Banque mondiale.

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Annexe 2

Pour faciliter leur interprétation, les indicateurs proposés sont classés selon deux dimensions. Premièrement, une distinction est établie entre les indicateurs qui portent sur les facteurs de l’insécurité alimentaire, ceux qui portent sur ses conséquences et ceux qui fournissent des informations sur la vulnérabilité/stabilité. La première série d’indicateurs décrit les conditions structurelles qui sont susceptibles d’aggraver l’insécurité alimentaire, si aucune intervention politique, notamment une aide d’urgence, n’est mise en œuvre pour y remédier; la deuxième série vise à rendre compte des résultats finaux de l’insécurité alimentaire, indépendamment des interventions politiques ou des stratégies d’adaptation mises en œuvre. La troisième série d’indicateurs vise à donner des informations sur les facteurs de vulnérabilité à une éventuelle insécurité alimentaire future.

Dans le premier groupe, les indicateurs sont ensuite classés selon la dimension de l’insécurité alimentaire sur laquelle ils fournissent des informations, à savoir, la disponibilité, l’accès physique, l’accès économique (prix abordables ou non) et l’utilisation. De même, les indicateurs liés aux conséquences sont classés dans différents groupes, selon qu’ils se réfèrent à l’accès insuffisant à l’alimentation ou aux déficits anthropométriques dus à une alimentation insuffisante.

La liste intégrale des indicateurs proposés figure dans le tableau A2.2. Le tableau signale les indicateurs qui devraient faire partie de la série d’indicateurs de base et ceux qui ont été introduits pour la première fois. Les nouveaux indicateurs sont brièvement décrits ci-dessous.• Prévalence de l’insuffisance alimentaire. Au plan

conceptuel, cet indicateur est analogue à la prévalence de la sous-alimentation, si ce n’est qu’il est calculé par rapport à un seuil calorique plus élevé, qui correspond à l’énergie requise

pour une activité physique modérée (niveau d’activité physique = 1,75), normale (1,85) et intense (2,25). Il mesure le pourcentage de la population qui est exposé au risque de ne pas couvrir les besoins alimentaires associés à des niveaux particuliers d’activité physique. L’indicateur de prévalence de la sous-alimentation qui existe fournit une estimation prudente de la privation alimentaire chronique («faim»), tandis que les nouveaux indicateurs donnent des mesures de l’insuffisance alimentaire plus proches de la réalité (voir la figure A2.2).

• Indice de la disponibilité alimentaire relative. Il s’agit du rapport de la disponibilité énergétique alimentaire dans le pays, exprimée par habitant et nette des pertes alimentaires, normalisée par les besoins énergétiques alimentaires moyens du pays, une mesure des besoins caloriques moyens de la population, qui dépend de sa structure par âge et par sexe et de la distribution de la taille moyenne. Il fournit une indication sur la pénurie de produits alimentaires par rapport aux besoins, dans chaque pays.

• Indice du niveau des prix des aliments. Il s’agit d’un indice du niveau des prix des denrées alimentaires dans chaque pays, qui est comparable d’un pays à l’autre et au cours du temps. Il utilise les taux de parité du pouvoir d’achat (PPA) qui sont calculés par des chercheurs de la Banque mondiale pour le Programme de comparaison internationale. Le taux de parité du pouvoir d’achat relatif à l’agrégat alimentaire, qui existe pour 2005, est projeté dans le temps, en intégrant le taux d’inflation des produits alimentaires et le taux d’inflation générale pour chaque pays, qui sont mesurés par l’indice des prix à la consommation – à la fois l’indice relatif aux denrées alimentaires et l’indice général – publié par l’Organisation internationale du Travail et FAOSTAT.

• Part des dépenses alimentaires des pauvres. Cet indicateur mesure la part moyenne des dépenses totales, que les ménages

Note: Les graphiques montrent les estimations obtenues en prenant pour base une autre définition des besoins énergétiques alimentaires minimaux, à partir d’hypothèses différentes concernant le niveaud’activité physique. L’indicateur relatif à la prévalence type de la sous-alimentation prend pour hypothèse un coefficient d’activité physique de 1, 55, correspondant à un style de vie sédentaire. Ce coefficientd’activité physique passe à 1,85 pour un niveau d’activité normal et à 2,25 pour un niveau d’activité physique intense. Les estimations concernant la prévalence de l’insuffisance alimentaire, présentées dansle graphique, qui ont été calculées sur la base de coefficients d’activité physique normale (1,85) et intense (2,25) semblent avoir baissé moins, par rapport à l’indicateur de la prévalence de la sous-alimentation(calculé sur la base d’un coefficient de 1,55, correspondant à un niveau d’activité sédentaire). Dans tous les cas présentés, le manque de données ventilées en fonction de la profession et du niveau d’activitépar sexe et par groupes d’âge conduit à appliquer le même niveau d’activité physique à l’ensemble de la population. En conséquence, s’il est vrai que le seuil inférieur produit une estimation prudente del’insuffisance alimentaire, le seuil supérieur (correspondant à un coefficient d’activité de 2,25) entraîne presque certainement une surestimation de l’insuffisance alimentaire, même lorsqu’une bonne partiede la population (mais pas l’ensemble de la population) réalise des activités physiques pénibles. Source: FAO.

FIGURE A2.2

Sous-alimentation et niveau insuffisant des aliments dans les pays en développement Modification de la définition des besoins énergétiques alimentaires minimaux et ses effets sur les estimations concernant la faim

ProportionPourcentage

NombreMillions

60

50

40

30

20

10

0

3 100

2 600

2 100

1 600

1 100

600

01990-92 1995-97 2000-02 2005-07 2010-12

980 909 905 870 852

1 521 1 485 1 528 1 513 1 520

2 236 2 2882 436 2 492

2 566

Prévalence de la sous-alimentation Prévalence de l’insuffisance alimentaire 2: activité normale

Prévalence de l’insuffisance alimentaire 3: activité intense

23,2%

19,7% 18,2% 16,3% 14,9%

35,4%

31,7% 30,2%27,9% 26,5%

52,0%48,8% 48,2% 46,0% 44,7%

1990-92 1995-97 2000-02 2005-07 2010-12

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Annexe 2

appartenant au quintile des plus faibles revenus (les premiers 20 pour cent) consacrent à leur alimentation. Il est calculé à partir des données fournies par les enquêtes sur les dépenses des ménages et vise à rendre compte des conséquences économiques de la hausse des prix des denrées alimentaires et de la pauvreté. Une augmentation de la part des dépenses consacrée à l’alimentation illustre les difficultés que rencontrent les familles pauvres qui s’efforcent de maintenir leur consommation alimentaire quand les prix des denrées augmentent ou que les revenus diminuent, et qui sacrifient à cet effet d’autres dépenses, soit de consommation soit d’investissement.

• Instabilité des prix des denrées alimentaires sur le marché intérieur. Il s’agit d’un indice qui évalue la variabilité de l’indice annuel du niveau des prix des aliments, en vue de rendre compte des conséquences de tous les facteurs qui déterminent des déséquilibres locaux sur le marché des produits alimentaires. Associé aux deux autres indicateurs de variabilité, relatifs à la production alimentaire et à la disponibilité alimentaire dans le pays, il donne une indication

sur la capacité à maintenir la stabilité des prix des denrées alimentaires, dont le pays a fait montre dans le passé.

■ lectures utiles

A. Azzalini. 1985. A class of distributions which includes the normal ones. Scand. J. Statist., 12: 171-178. C. Cafiero. 2012 (publication prochaine). Advances in hunger measurement. Traditional FAO methods and recent innovations. Global Food Security, 2012(1).L.C. Smith et A. Subandoro. 2005. Measuring food security using household expenditure surveys. Food Security in Practice series. Washington, DC, IFPRI.L.C. Smith, H. Alderman et D. Aduayom. 2006. Food insecurity in sub-Saharan Africa. New estimates from household expenditure surveys. Research Report 146. Institut international de recherche sur les politiques alimentaires, Washington, D.C.

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Annexe 3

Glossaire de termes et d’expressions utilisés dans le rapport

Anthropométrie. Utilisation de mesures du corps humain pour obtenir des informations sur l’état nutritionnel.

Apport énergétique alimentaire. Quantité d’énergie fournie par la nourriture consommée.

besoins énergétiques alimentaires. Quantité d’énergie alimentaire nécessaire pour entretenir les fonctions vitales, être en bonne santé et avoir une activité normale.

besoins énergétiques alimentaires minimaux. Dans une catégorie donnée de personnes de la même tranche d’âge et de même sexe, la quantité minimum d’énergie alimentaire par personne, qui est jugée suffisante pour couvrir les besoins énergétiques associés à une activité légère et une bonne santé. À l’échelle de la population, les besoins énergétiques minimaux sont la moyenne pondérée des besoins énergétiques minimaux des différents groupes d’âge des deux sexes de la population. Ils sont exprimés en kilocalories par personne et par jour.

Déficit énergétique alimentaire. Différence entre l’apport énergétique alimentaire quotidien moyen d’une population sous-alimentée et ses besoins énergétiques minimaux moyens.

Dénutrition. Le résultat de la sous-alimentation ou de la mauvaise assimilation et/ou l’utilisation biologique imparfaite des éléments nutritifs consommés.

Dépérissement. Poids insuffisant par rapport à la taille, qui résulte généralement de la perte de poids associée à une période de privation de nourriture ou une maladie récente.

Disponibilité énergétique alimentaire. Quantité de nourriture disponible pour la consommation humaine, exprimée en kilocalories par personne et par jour (kcal/personne/jour). À l’échelon d’un pays, on la calcule en déduisant de la production agricole tous les emplois autres que la consommation alimentaire (exportations, alimentation des animaux, usages industriels, semences et pertes).

État nutritionnel. Désigne l’état physiologique d’un individu, qui résulte du rapport existant entre les apports et les besoins en nutriments, et de l’aptitude de l’organisme à digérer, assimiler et utiliser ces nutriments.

Faim cachée. Désigne les carences en vitamines, en minéraux et en micronutriments. Les carences en micronutriments peuvent compromettre la croissance, le système immunitaire, le développement cognitif, la fécondité et l’aptitude au travail. Une personne qui souffre de faim cachée souffre de malnutrition sans avoir forcément une sensation de faim. Les carences en micronutriments peuvent aussi être présentes chez les personnes qui souffrent de surcharge pondérale ou d’obésité.

Insécurité alimentaire. On parle d’insécurité alimentaire quand on n’a pas un accès garanti à des aliments sains et nutritifs en quantité suffisante pour permettre une croissance et un développement normaux et une vie active et saine. Cette situation peut être due à la pénurie de denrées alimentaires, à la faiblesse du pouvoir d’achat, à des problèmes de distribution ou à une mauvaise utilisation des aliments au niveau du ménage. L’insécurité alimentaire fait partie des causes principales du mauvais état nutritionnel, au même titre que les problèmes de santé, les mauvaises conditions d’assainissement et les pratiques inadaptées en matière de soins et d’alimentation. L’insécurité alimentaire peut être chronique, saisonnière ou passagère.

Insuffisance pondérale. Poids insuffisant par rapport à l’âge chez les enfants et IMC inférieur à 18,5 chez les adultes, qui s’explique par un apport alimentaire insuffisant, des épisodes antérieurs de dénutrition ou une mauvaise santé.

Kilocalorie (kcal). Unité de mesure de l’énergie. Une kilocalorie vaut 1 000 calories. Dans le Système international d’unités, l’unité universelle d’énergie est le joule (J). Une kilocalorie = 4,184 kilojoules (kJ).

Macronutriments. Dans le présent document, il s’agit des protides, des glucides et des lipides dont le corps a besoin en grandes quantités et qui peuvent être transformés en énergie. Ils sont mesurés en grammes.

Malnutrition. État physiologique anormal causé par des carences, des excès et des déséquilibres dans l’alimentation (énergie, protéines et/ou autres éléments nutritifs).

Micronutriments. Les vitamines, les minéraux et certaines autres substances dont le corps a besoin en petites quantités. Ils sont mesurés en milligrammes ou en microgrammes.

Retard de croissance. Taille insuffisante par rapport à l’âge, qui indique que le sujet a traversé par le passé un ou plusieurs épisodes prolongés de dénutrition.

Sécurité alimentaire. On parle de sécurité alimentaire quand, à tout moment, l’ensemble de la population a un accès matériel, social et économique, à des aliments sains et nutritifs en quantité suffisante pour satisfaire ses besoins énergétiques et ses préférences alimentaires et mener une vie saine et active.

Sécurité nutritionnelle. On parle de sécurité nutritionnelle quand tous les membres des ménages ont un accès garanti à une alimentation suffisamment nutritive et, en même temps, à un environnement salubre et à des services de santé et des soins propres à leur assurer une vie saine et active. La sécurité nutritionnelle se distingue de la sécurité alimentaire par le fait qu’elle tient compte non seulement de l’alimentation mais aussi de la santé, de l’hygiène et des pratiques en matière de soins.

Sous-alimentation. On parle de sous-alimentation quand l’apport alimentaire est, en permanence, insuffisant pour couvrir les besoins énergétiques alimentaires. On peut utiliser indifféremment l’expression faim chronique ou, comme dans le présent rapport, le terme faim.

Suralimentation. Apport alimentaire qui dépasse en permanence les besoins énergétiques alimentaires.

Surcharge pondérale et obésité. Masse corporelle supérieure à la normale en raison d’une accumulation excessive de graisse. Cela indique généralement une suralimentation. On considère qu’il y a surcharge pondérale lorsque l’IMC est supérieur ou égal à 25 et inférieur à 30 et obésité lorsque l’IMC est supérieur ou égal à 30.

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N O

T E

S

1 J. Dreze et A. Sen, 2011. Putting growth in its place. Outlook, 14 novembre 2011 (disponible à l’adresse http://www.outlookindia.com/article.aspx?278843).

2 J. Hoddinott et Y. Yohannes, 2002. Dietary diversity as a household food security indicator. Washington, Projet d’assistance technique pour l’alimentation et la nutrition, Académie pour le développement éducatif. Voir aussi FAO. 2012. Guide pour mesurer la diversité alimentaire au niveau du ménage et de l’individu. Rome.

3 FAO. 2009. La situation mondiale de l’alimentation et de l’agriculture 2009 – Le point sur l’élevage. Rome.

4 FAO. 2011. L’élevage dans le monde en 2011 – Contribution de l’élevage à la sécurité alimentaire. Rome.

5 Organisation mondiale de la Santé (OMS). 2004. Stratégie mondiale pour l’alimentation, l’exercice physique et la santé. Genève, Suisse.

6 J.N. Hall, S. Moore, S.B. Harper et J.W. Lynch, 2009. Global variability in fruit and vegetable consumption. American Journal of Preventive Medicine, 36(5): 402-409.

7 No. 4. Cambridge, États-Unis d’Amérique, Harvard Institute for International Development (HIID); C.P. Timmer, 1997. How well do the poor connect to the growth process? CAER II Discussion Paper No. 17. Cambridge, États-Unis d’Amérique, HIID. (polycopié); F. Bourguignon, 2003. The growth elasticity of poverty reduction: explaining heterogeneity across countries and time periods. In T. Eicher et S. Turnovsky, eds. Inequality and growth. Theory and policy implications, pp. 3-26. Cambridge, États-Unis d’Amérique, MIT Press; et A. Kraay, 2006. When is growth pro-poor? Evidence from a panel of countries. Journal of Development Economics, 80(1): 198-227.

8 M.K. Gugerty et C.P. Timmer, 1999. Growth, inequality, and poverty alleviation: implications for development assistance. CAER II Discussion Paper No. 50. Cambridge, États-Unis d’Amérique, HIID; M. Ravallion, 2001. Growth, inequality and poverty: looking beyond averages. World Development, 29(11): 1803-1815; R.H. Adams Jr., 2004. Economic growth, inequality and poverty: estimating the growth elasticity of poverty. World Development, 32(12): 1989-2014; A.K. Fosu, 2009. Inequality and the impact of growth on poverty: comparative evidence for sub-Saharan Africa. Journal of Development Studies, 45(5): 726-745.

9 A. Alesina et D. Rodrik, 1994. Distributive politics and economic growth.

The Quarterly Journal of Economics, 109(2): 465-490; T. Persson et G. Tabellini, 1994. Is inequality harmful for growth? The American Economic Review, 84(3): 600-621; A.G. Berg et J.D. Ostry, 2011. Equality and efficiency. Is there a trade-off between the two or do they go hand in hand? Finance and Development, 48(3): 12-15.

10 E. Ligon et E. Sadoulet, 2007. Estimating the effects of aggregate agricultural growth on the distribution of expenditures. Document de base pour le Rapport 2008 sur le développement dans le monde. Washington, Banque mondiale; L. Christiaensen, L. Demery et J. Kuhl, 2011. The (evolving) role of agriculture in poverty reduction: an empirical perspective. Journal of Development Economics, 96(2): 239-254.

11 M. Ravallion, 1990. Income effects on undernutrition. Economic Development and Cultural Change, 38(3): 489-515; S. Subramanian et A. Deaton, 1996. The demand for food and calories. Journal of Political Economy, 104(1): 133-162; P.J. Dawson et R. Tiffin, 1998. Estimating the demand for calories in India. American Journal of Agricultural Economics, 80(3): 474-481; N. Roy, 2001. A semiparametric analysis of calorie response to income change across income groups and gender. The Journal of International Trade and Economic Development, 10(1): 93-109; J. Gibson et S. Rozelle, 2002. How elastic is calorie demand? Parametric, nonparametric and semiparametric results for urban Papua New Guinea. Journal of Development Studies, 38(6): 23-46; L. Smith et L. Haddad, 2002. How potent is economic growth in reducing undernutrition? What are the pathways of impact? New cross-country evidence. Economic Development and Cultural Change, 51(1): 55-76; R. Tiffin et P.J. Dawson, 2002. The demand for calories: some further estimates from Zimbabwe. Journal of Agricultural Economics, 53(2): 221-232; A. Abdulai et D. Aubert, 2004. Nonparametric and parametric analysis of calorie consumption in Tanzania. Food Policy, 29(2): 113-129.

12 FAO. 2011. La situation mondiale de l’alimentation et de l’agriculture 2010-11 – Les femmes dans l’agriculture: combler le fossé entre les hommes et les femmes, pour soutenir le développement. Rome.

13 L. Smith et L. Haddad, 2002 (voir note 11); L. Haddad, H. Alderman, S. Appleton, L. Song, et Y. Yohannes, 2003. Reducing child malnutrition: how far does income growth take us? The World Bank Economic Review, 17(1): 107-131.

14 Comité de la sécurité alimentaire mondiale (CSA). 2012. Cadre stratégique

mondial pour la sécurité alimentaire et la nutrition. Deuxième projet, mai 2012, p. 6 (disponible à l’adresse http://www.fao.org/fileadmin/templates/cfs/Docs1112/WGs/GSF/DraftTwo/MD976_F_CFS_GSF_Draft_Two.pdf).

15 M. Mazzocchi, B. Shankar et B. Traill, 2012 (à paraître). The development of global diets since ICN 1992: influences of agri-food sector trends and policies. Rome, FAO.

16 M. Mazzocchi, C. Brasili and E. Sandri. 2008. Trends in dietary patterns and compliance with World Health Organization recommendations: a cross-country analysis. Public Health Nutrition, 11(5): 535-540. While this assessment covered a longer period from 1961 to 2002, similar patterns hold for the period 1992-2007, see Mazzocchi et al. (2012) (note 15).

17 OMS. 2011. Objectifs du Millénaire pour le développement liés à la santé: les progrès réalisés. Aide-mémoire no 290. Genève, Suisse.

18 G. Demombynes et S.K. Trommlerová, 2012. What has driven the decline of infant mortality in Kenya? Policy Research Working Paper 6057. Washington, Banque mondiale.

19 M.A. Subramanyam, I. Kawachi, L.F. Berkman et Subramanian, S.V. 2011. Is economic growth associated with reduction in child undernutrition in India? PLOS Medicine, 8(3) (disponible à l’adresse http://www.plosmedicine.org/article/info%3Adoi%2F10.1371%2Fjournal.pmed.1000424).

20 OMS. 2012. Portail de l’Observatoire mondial de la santé (disponible à l’adresse http://www.who.int/gho/fr/index.html).

21 Comité permanent de la nutrition du système des Nations Unies. 2010. Sixth Report on the World Nutrition Situation: Progress in nutrition. Genève, Suisse.

22 S. Horton, 1999. Opportunities for investments in nutrition in low-income Asia. Asian Development Review, 17(1,2): 246-273. S. Horton, 1992. Unit costs, cost-effectiveness, and financing of nutrition interventions. Policy Research Working Paper WPS 952. Washington, Banque mondiale.

23 I. Darnton-Hill, P. Webb, P.W.J. Harvey, J.M. Hunt, N. Dalmiya, M. Chopra, M.J. Ball, M.W. Bloem, et de B. Benoist, 2005. Micronutrient deficiencies and gender: social and economic costs. The American Journal of Clinical Nutrition, 81(5): 1198S-1205S.

24 Micronutriments Initiative. 2009. Investing in the Future. Global Report 2009 (disponible à l’adresse http://www.

Aux fins du présent document, l’agriculture comprend tous les secteurs de production vivrière (culture, élevage, aquaculture, pêche et forêts).

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unitedcalltoaction.org/documents/Investing_in_the_future.pdf).

25 B.M. Popkin, 2006. Global nutrition dynamics: the world is shifting rapidly toward a diet linked with non communicable diseases. The American Journal of Clinical Nutrition, 84(2): 289-298.

26 M. Mazzocchi, et al. (2012) (voir note 15).

27 A.R. Omran, 1971. The epidemiologic transition: a theory of the epidemiology of population change. The Milbank Memorial Fund Quarterly, 49(4): 509-38.

28 OMS. 2009. Global health risks: mortality and burden of disease attributable to selected major risks. Genève, Suisse.

29 OMS. 2012. Obésité et surpoids. Aide-mémoire no 311. Genève, Suisse.

30 Certains auteurs vont jusqu’à parler d’un triple fardeau de la malnutrition. Ils évoquent un troisième facteur, les carences en oligo-éléments, qui est à l’origine de diverses déficiences physiques et cognitives. Voir A. Herforth, A. Jones et P. Pinstrup-Andersen, 2012. Prioritizing nutrition in agriculture and rural development projects: guiding principles for operational investments (disponible à l’adresse http://dyson.cornell.edu/faculty_sites/pinstrup/pdfs/wbdec2010.pdf).

31 Pour obtenir des éléments supplémentaires sur le double fardeau de la malnutrition, voir The Chicago Council on Global Affairs. 2011. Bringing agriculture to the table: how agriculture and food can play a role in preventing chronic disease. Chicago, États-Unis d’Amérique.

32 J.L. Garrett et M.T. Ruel, 2005. Stunted child – overweight mother pairs: prevalence and association with economic development and urbanization. Food and Nutrition Bulletin, 26(2): 209-221.

33 D. Headey, 2011. Turning economic growth into nutrition-sensitive growth. Institut international de recherche sur les politiques alimentaires (IFPRI). 2020 Conference: Leveraging Agriculture for Improving Nutrition and Health, Conference Paper 6. New Delhi, 10-12 février 2011.

34 FAO. 2004. L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde 2004 – Suivi des progrès accomplis en vue de la réalisation des objectifs du Sommet mondial de l’alimentation et de la Déclaration du Millénaire. Rome.

35 L’essentiel du présent paragraphe repose sur les analyses formulées dans L. Christiaensen et al. (2011) (voir note 10).

36 L’essentiel du présent paragraphe repose sur les analyses formulées dans L. Christiaensen et al. (2011) (voir note 10)

37 Banque mondiale. 2008. Rapport sur le développement dans le monde 2008. L’agriculture au service du développement. Washington.

38 M. Ravallion, 2009. A comparative perspective on poverty reduction in Brazil, China and India. World Bank Policy Research Working Paper No. 5080. Washington, Banque mondiale.

39 A. de Janvry et E. Sadoulet, 2010. Agricultural growth and poverty reduction: additional evidence. The World Bank Research Observer, 25(1): 1-20.

40 FAO. 2012. Decent rural employment for food security: a case for action. Rome.

41 Institut de recherche des Nations Unies pour le développement social (UNRISD). 2011. Combattre la pauvreté et l’inégalité: Changement structurel, politique sociale et conditions politiques. Genève, Suisse.

42 A. de Janvry et E. Sadoulet (2010) (voir note 39).

43 L’essentiel de la présente section repose sur FAO. 2010. Politiques et institutions à l’appui des petites exploitations agricoles. Comité de l’agriculture de la FAO (COAG/2010/6). Vingt-deuxième session, Rome, 16-19 juin 2010.

44 S. Fan et C. Chan-Kang, 2005. Is small beautiful? Farm size, productivity, and poverty in Asian agriculture. Agricultural Economics, 32: 135-146.

45 Organisation des Nations Unies. 2012. L’avenir que nous voulons. Résultats de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable (Rio+20) (disponible à l’adresse http://www.un.org/french/ga/search/view_doc.asp?symbol=A/CONF.216/L.1).

46 L’essentiel de la présente section repose sur le Rapport sur la pauvreté rurale 2011 – Nouvelles réalités, nouveaux défis: de nouvelles chances pour la prochaine génération. Fonds international de développement agricole (FIDA). 2010. Rome.

47 B. Davis, P. Winters, G. Carletto, K. Covarrubias, E.J. Quiñones, A. Zezza, K. Stamoulis, C. Azzarri et S. Di Giuseppe, 2010. A cross-country comparison of rural income generating activities. World Development, 38(1): 48-63. Voir aussi la base de données RIGA sur les activités rurales génératrices de revenus (disponible à l’adresse http://www.fao.org/economic/riga/activites-rurales-generatrices-de-revenus/fr/).

48 T.W. Schultz, 1964. Transforming traditional agriculture. New Haven, États-Unis d’Amérique, Yale University Press.

49 S. Haggblade, P.B.R. Hazell et P.A. Dorosh, 2007. Sectoral growth linkages between agriculture and the rural nonfarm economy. In S. Haggblade, P.B.R. Hazell et

T. Reardon, eds. Transforming the rural nonfarm economy: Opportunities and threats in the developing world, pp. 141-182. Baltimore, États-Unis d’Amérique, John Hopkins University Press / New Delhi, Oxford University Press.

50 L. Christiaensen et al. (2011) (voir note 10).

51 S. Wiggins et P.B.R. Hazell, 2008. Access to rural non-farm employment and enterprise development. Document de travail pour le Rapport sur la pauvreté rurale 2011. Rome, FIDA.

52 S. Bhide et A.K. Mehta, 2006. Correlates of incidence and exit from chronic poverty in rural India: evidence from panel data. In A.K. Mehta et A. Shepherd, eds. Chronic poverty and development policy in India, pp. 53-85. New Delhi, Sage Publications.

53 S. Wiggins et P.B.R. Hazell, 2008 (voir note 51).

54 FAO. 2003. Programme de lutte contre la faim. Une action sur deux fronts pour lutter contre la faim: les mesures à prendre en priorité dans les pays et au niveau international. Rome.

55 CSA (2012) (voir note 14).

56 D. Bundy, C. Burbano, M. Grosh, A. Gelli, M. Jukes et L. Drake, 2009. Repenser l’alimentation scolaire: Filets de protection sociale, développement de l’enfant et éducation nationale, résumé du document Rethinking school feeding: social safety nets, child development, and the education sector. Washington, Banque mondiale; S. Devereux, R. Sabates-Wheeler, B. Guenther, A. Dorward, C. Poulton et R. Al-Hassan, 2008. Linking social protection and support to small farmer development. Rome, FAO; K. Greenblott, 2007. La protection sociale à l’ère du VIH/SIDA: Examen du rôle des interventions appuyées par une aide alimentaire. Étude thématique n° 17. Rome, PAM.

57 H. Alderman et D. Bundy, 2012. School feeding programs and development: Are we framing the question correctly? Washington, The World Bank Research Observer, 27(2): 204-221.

58 L’analyse du Boston Consulting Group montre qu’un investissement de 146 $EU dans les programmes d’alimentation scolaire au Kenya peut entraîner des gains de productivité allant jusqu’à 1 782 $EU. Voir S.W. Omamo, U. Gentilini et S. Sandström, eds. 2010. Revolution: From Food Aid to Food Assistance – innovations in overcoming hunger. Rome, Programme alimentaire mondial.

59 Les subventions sont surtout utiles pour les aliments de moindre valeur, c’est-à-dire pour ceux dont la consommation baisse avec l’augmentation du revenu.

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politiques alimentaires; E. Galasso, 2006. With their effort and one opportunity: alleviating extreme poverty in Chile. Manuscrit non publié. Washington, Banque mondiale; E. Skoufias, et V. di Maro, 2006. Conditional cash transfers, adult work incentives, and poverty. Policy Research Working Paper 3973. Washington, Banque mondiale; E. Edmonds et N. Schady, 2008. Poverty alleviation and child labor. Policy Research Working Paper 4702. Washington, Banque mondiale; V. Amarante, et A. Vigorito, 2011. Cash transfer programmes, income inequality and regional disparities. The case of the Uruguayan Asignaciones Familiares. Cambridge Journal of Regions, Economy and Society, 4(1): 139-154; M.L. Alzúa, G. Cruces et L. Ripani, 2010. Welfare programs and labor supply in developing countries: experimental evidence from Latin America. CEDLAS Working Paper 95. La Plata, Argentine, Universidad Nacional de La Plata.

78 J.E. Todd, P. Winters et T. Hertz, 2010. Conditional cash transfers and agricultural production: lessons from the Oportunidades experience in Mexico. Journal of Development Studies, 46(1): 39-67; P.J. Gertler, S.W. Martinez, et M. Rubio-Codina, 2012. Investing cash transfers to raise long-term living standards. American Economic Journal: Applied Economics, 4(1): 164-192.

79 S. Handa, B. Davis, M. Stampini et P. Winters, 2010. Heterogeneous treatment effects in conditional cash transfer programmes: assessing the impact of Progresa on agricultural households. Journal of Development Effectiveness, 2(3): 320-335.

80 K. Covarrubias, B. Davis et P. Winters, 2012. From protection to production: productive impacts of the Malawi social cash transfer scheme. Journal of Development Effectiveness, 4(1): 50-77; R. Boone, K. Covarrubias, B. Davis et P. Winters, 2012. Cash transfer programs and agricultural production: the case of Malawi. Rome, FAO.

81 D. Gilligan, J. Hoddinott et A. Taffesse, 2009. The impact of Ethiopia’s productive safety net program and its linkages. Journal of Development Studies, 45(10): 1684-1706.

82 G. Berhane, J. Hoddinott, N. Kumar et A.S. Taffesse, 2011. The impact of Ethiopia’s productive safety nets and household asset building programme: 2006-2010. Washington, Institut international de recherche sur les politiques alimentaires.

83 Voir, par exemple, Banque mondiale (2008) (voir note 37); X. Diao, D. Headey et M. Johnson, 2008. Toward a green revolution in Africa: What would it achieve, and what would it require? Agricultural Economics, 39(S1): 539-550; G. Toenniessen, A. Adesina et J. DeVries,

70 J.M. Agüero, M.R. Carter et I. Woolard, 2007. The impact of unconditional cash transfers on nutrition: the South African child support grant. Working Paper No. 39. New York, États-Unis d’Amérique, Centre international pour l’action en faveur des pauvres, Programme des Nations Unies pour le développement.

71 Différents types de filets de sécurité (décrits précédemment) peuvent aussi permettre de combler les creux que l’on observe dans la figure 19.

72 M. Hellmuth, D. Osgood, U. Hess, A. Moorhead et H. Bhojwani, 2009. Index Insurance and climate risk: prospects for development and disaster management. Centre international de recherché pour le climat et la société (IRI) No. 2. New York, États-Unis d’Amérique, Columbia University.

73 N. Balzer et U. Hess, 2010. Climate change and weather risk management: evidence from index-based insurance schemes in China and Ethiopia. In S.W. Omamo, U. Gentilini et S. Sandström, eds. Revolution: from food aid to food assistance – innovations in overcoming hunger, pp. 103-122. Rome, PAM.

74 Si on prend 2009 comme année de référence, on constate que les rendements de teff obtenus par les agriculteurs ayant ensuite contracté une assurance représentaient 86 pour cent de ceux obtenus par les agriculteurs n’ayant pas contracté d’assurance. En 2010, les rendements obtenus par ceux qui avaient contracté une assurance représentaient de 476 pour cent de ceux des agriculteurs n’ayant pas contracté d’assurance.

75 H. Djebbari et N.B. Hassine, 2011. Methodologies to analyze the local economy impact of SCTs (disponible à l’adresse http://www.fao.org/fileadmin/user_upload/p2p/Publications/ReviewLocalEconomyImpacts_finalreport_27june2011.pdf); A. Fishbein et N. Schady, 2009. Conditional cash transfers for attacking present and future poverty. Policy Research Report. Washington, Banque mondiale; S. Handa et B. Davis, 2006. The experience of conditional cash transfers in Latin America and the Caribbean. Development Policy Review, 24(5): 513-536.

76 A. Barrientos, 2012. Social transfers and growth: What do we know? What do we need to find out? World Development 40(1): 11-20; B. Davis, G. Carletto et P. Winters, 2010. Migration, transfers and economic decision making among agricultural households. Introduction du numéro spécial, Journal of Development Studies, 46(1), janvier.

77 S.W. Parker, et E. Skoufias, 2000. The impact of PROGRESA on work, leisure, and time allocation. Washington, Institut international de recherche sur les

Toutefois, dans la plupart des pays, il est difficile de repérer ces aliments. Il faut donc adopter une approche qui permette de les différencier sur la base de la qualité ou du conditionnement afin d’essayer d’écarter les foyers les plus aisés du bénéfice de la subvention.

60 L. Tuck et K. Lindert, 1996. République tunisienne – D’une subvention alimentaire universelle à un programme auto-ciblé. Rapport no 15878-TUN. Washington, Banque mondiale.

61 L’outil ASPIRE, mis en ligne par la Banque mondiale, permet d’obtenir les estimations les plus récentes sur la protection sociale et la promotion du travail. Il rassemble des données provenant de 57 pays – dont la plupart appartiennent au monde en développement – pour la période 2005-2010.

62 Déclaration universelle des droits de l’homme; Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels; Convention no 102 concernant la sécurité sociale (norme minimum) de l’Organisation internationale du Travai.

63 H. Alderman et R. Yemtsov, 2012. Productive role of safety nets. Social Protection and Labor Discussion Paper No. 1203. Document de travail pour la Stratégie 2012-2022 de la Banque mondiale en matière de travail et de protection sociale. Washington, Banque mondiale.

64 A.M. Warner, 2010. Cost–benefit analysis in World Bank projects. Groupe d’évaluation indépendant. Washington, Banque mondiale.

65 L. Brown et U. Gentilini, 2007. On the edge: the role of food-based safety nets in helping vulnerable household manage food insecurity. In B. Guha-Khasnobis, S.S. Acharya et B. Davis, Food insecurity, vulnerability and human rights failure. Basingstoke, Royaume-Uni, Palgrave Macmillan et Université des Nations Unies - Institut mondial de recherche sur les aspects économiques du développement.

66 U. Gentilini, 2007. Transferts monétaires et aide alimentaire – un premier inventaire. Document hors série n° 18. Rome, PAM.

67 A. Fiszbein et N. Schady, 2009. Transferts monétaires conditionnels: réduire la pauvreté actuelle et future. Washington, Banque mondiale.

68 Le poids en fonction de l’âge donne un aperçu des effets à court terme d’une meilleure alimentation; la taille en fonction de l’âge donne des indications sur les effets à long terme.

69 S. Bailey et K. Hedlund, 2012. The impact of cash transfers on nutrition in emergency and transitional contexts: a review of evidence. Londres, Overseas Development Institute.

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96 J. Gustavsson, C. Cederberg, U. Sonesson, R. van Otterdijk et A. Meybeck, 2011. Global food losses and food waste: extent, causes and prevention. Étude menée pour le Congrès international « Save Food! » à Interpack 2011, Düsseldorf, Allemagne. Rome, FAO.

97 FAO. 1996. La sixième enquête mondiale sur l’alimentation 1996. Rome.

98 Comme la distribution log-normale est caractérisée par seulement deux paramètres (μ et σ), le coefficient d’asymétrie est une simple fonction monotone de l’écart-type

,

et peut être exprimé de façon satisfaisante comme une fonction du coefficient de variation, selon la formule suivante:

.

Par conséquent, si on adopte un modèle log-normal, l’écart-type ne peut pas être modifié indépendamment du coefficient de variation.

99 Les besoins en énergie étant indiqués en fonction de la masse corporelle, on a utilisé la taille médiane d’un individu au sein d’un groupe pour estimer la masse corporelle minimum compatible avec la situation sanitaire de l’individu type de ce groupe. On a retenu le poids qui correspond à un indice de masse corporelle égal au cinquième centile de la distribution des indices de masse corporelle normaux (selon les principes de l’OMS).

91 La méthode généralement adoptée par la FAO pour estimer la sous-alimentation jusqu’à l’édition 2011 de L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde est résumée dans une note technique détaillée et en anglais qui peut-être consultée en ligne à l’adresse http://www.fao.org/publications/sofi/fr/. On peut aussi obtenir une description de cette méthode dans L. Naiken, 2003. Méthodologie de la FAO pour estimer la prévalence de la sous-alimentation - dans Mesure et Évaluation des pénuries alimentaires et de la dénutrition. Sommaire des débats du Colloque scientifique international, Rome, 26-28 juin 2002 (texte complet en anglais: http://www.fao.org/docrep/005/Y4249E/y4249e06.htm).

92 Voir http://www.fao.org/cfs/cfs-home/cfsroundtable1/fr/

93 Voir CSA. 2011. Résultats de la table ronde chargée d’examiner les méthodes d’estimation du nombre de personnes souffrant de la faim (disponible à l’adresse http://www.fao.org/docrep/meeting/023/mc204F.pdf).

94 Voir http://esa.un.org/wpp/index.htm.

95 Voir R. Sibrián, J. Komorowska et J. Mernies, 2006. Estimating household and institutional food wastage and losses in the context of measuring food deprivation and food excess in the total population. Document de travail no ESS/ESSA/001e de la Division de la statistique. Rome, FAO.

2008. Building an alliance for a Green Revolution in Africa. Annals of the New York Academy of Sciences, 1136: 233-242.

84 M. Johnson, P. Hazell, et A. Gulati, 2003. The role of intermediate factor markets in Asia’s Green Revolution: Lessons for Africa? American Journal of Agricultural Economics, 85(5): 1211-1216.

85 A. Zezza, P. Winters, B. Davis, G. Carletto, K. Covarrubias, L. Tasciotti et E. Quiñones, 2011. Rural household access to assets and markets: a cross-country comparison. European Journal of Development Research, 23: 569-597.

86 Pour un exemple dans le cadre de l’Amérique latine, voir E. Sadoulet, A. de Janvry et B. Davis, 2001. Cash transfer with income multiplier: PROCAMPO in Mexico. World Development, 29(6): 1043-1056.

87 L. Brown et U. Gentilini (2007) (voir note 65).

88 G. Berhane, J. Hoddinott, N. Kumar et A.S. Taffesse, 2011. The impact of Ethiopia’s Productive Safety Nets and Household Asset Building Programme: 2006-2010. Washington, Institut international de recherche sur les politiques alimentaires.

89 R. Holzmann, ed. 2009. Social protection and labor at the World Bank, 2000-08. Washington, Banque mondiale.

90 Gouvernement éthiopien. 2009. Food Security Programme 2010-2014. Addis-Abeba, Ministère de l’agriculture et du développement rural.

■■ Notes et sources des encadrés

Encadré 2: 1. Organisation internationale du Travail (OIT). 2006. Foire aux questions sur le Travail décent: Faire du travail décent un objectif mondial (disponible à l’adresse http://www.ilo.org/global/about-the-ilo/newsroom/features/WCMS_071251/lang--fr/index.htm). 2. FAO. 2012. Decent rural employment for food security: a case for action. Rome. 3. A. Dorward, S. Fan, J. Kydd, H. Lofgren, J. Morrison, C. Poulton, N. Rao, L. Smith, H. Tchale, S. Thorat, I. Urey et P. Wobst, 2004. Institutions and policies for pro-poor agricultural growth. Development Policy Review, 22(6): 611-622. 4. Organisation internationale du Travail (OIT)/FAO/Union internationale des travailleurs de l’alimentation, de l’agriculture, de l’hôtellerie-restauration, du tabac et des branches connexes (UITA). 2004. Les travailleurs agricoles et leur contribution à l’agriculture et au développement durables. Genève, Suisse.

Encadré 6: 1. E. Duflo, 2005. Gender equality in development économique (disponible à l’adresse http://economics.mit.edu/files/799; Banque mondiale, 2001. Genre et développement économique: vers l’égalité des sexes dans les droits, les ressources et la participation. Rapport de la Banque mondiale sur les politiques de développement no 21776. Washington. 2. S. Sandström et L. Tchatchua, 2010. Do cash transfers improve food security in emergencies? Evidence from Sri Lanka. In Omamo et al. (2010) (voir note 58). FAO (2011) (voir note 12). 3. F. Veras, R. Ribas et R. Osorio. 2007. Evaluating the impact of Brazil’s Bolsa Familia: cash transfer programs in comparative perspective. Brasilia, International Poverty Center. 4. M. Suarez et al., 2006. The Bolsa Família Programme and the tackling of gender inequalities. Rapport pour le Ministère brésilien du développement

social et de la lutte contre la faim et l’Agence du Royaume-Uni pour le développement international, Brasilia. 5. M. Grosh, C. del Ninno, E. Tesliuc et A. Ouerghi, 2008. Pour la protection et la promotion: Conception et mise en œuvre de filets de sociaux de sécurité efficaces, résumé du document For protection and promotion: the design and implementation of effective safety nets. Washington, Banque mondiale. 6. B. Shubert et M. Huijbregts, 2006. The Malawi Social Cash Transfer Pilot Scheme: preliminary lessons learnt. Document présenté lors de la Conférence « Protection sociale des enfants, des femmes et des familles: une analyse des expériences récentes ». UNICEF, New York, États-Unis d’Amérique, 30-31 octobre 2006. 7. S.R. Gitter et B.L. Barham, 2008. Women’s power, conditional cash transfers, and schooling in Nicaragua. The World Bank Economic Review, 22(2): 271-290.

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8. J. Drèze et G.G. Kingdon, 2001. School participation in rural India. Review of Development Economics, 5(1): 1-24. 9. A. Ahmed, A. Quisumbing, M. Nasreen, J. Hoddinott et E. Bryan, 2009. Comparing food and cash transfers to the ultra poor in Bangladesh. Washington, Institut international de recherche sur les politiques alimentaires. 10. B. Rogers et J. Coates, 2002. Food-based safety nets and related programs. Social Safety Net Primer Series. Washington, Banque mondiale. 11. H.E. Bouis et J. Hunt, 1999. Linking food and nutrition security: past lessons and future opportunities. Asian Development Review, 17(1/2): 168-213.

Encadré 7: 1. E. Skoufias, S. Tiwari et H. Zaman, 2011. Can we rely on cash transfers to protect dietary diversity during food crises? Estimates from Indonesia. Policy Research Working Paper 5548. Washington, Banque mondiale. 2. FAO. 2011. Impact of the financial and economic crisis on nutrition: policy and programme responses (disponible à l’adresse http://ebookbrowse.com/gdoc.php?id=165494341&url=44b28e9a058c2c755b9efbd49245a33f). 3. E. Skoufias et al. (2011) (voir note 1). 4. R. Sabates-Wheeler et S. Devereux, 2010. Cash transfers and high food prices:

explaining outcomes on Ethiopia’s productive safety net programme. Food Policy, 35(4): 274-285. 5. A. Ahmed, A. Quisumbing, M. Nasreen, J. Hoddinott et E. Bryan, 2009. Comparing food and cash transfers to the ultra poor in Bangladesh. Washington, Institut international de recherche sur les politiques alimentaires.

Encadré 9: J. Hoddinott, J. Maluccio, J. Behrman, R. Flores et R. Martorell, 2008. Effect of a nutrition intervention during early childhood on economic productivity in Guatemalan adults. The Lancet, 371: 411-416; J.R. Behrman, S. Duryea et J. Maluccio, 2008. Addressing early childhood deficits in Guatemala. Washington, Banque interaméricaine de développement; J.R. Behrman, M.C. Calderno, J. Hoddinott, J. Hoddinott, R. Martorell, S. Preston et A. Stein, 2008. Early life nutrition affects nutritional status of next generation. Philadelphie, États-Unis d’Amérique, University of Pennsylvania.

Encadré 11: 1. K. Subbarao, 2003. Chocs systémiques et protection sociale: le rôle et l’efficacité des programmes de travaux publics. Social Protection Discussion Paper Series No. 0302. Washington, Banque mondiale;

Antonopoulos, R. 2009. Promoting gender equality through stimulus packages and public job creation: lessons learned from South Africa’s Expanded Public Works Programme. Public Policy Brief 101. New York, États-Unis d’Amérique, The Levy Economics Institute of Bard College; N. Kabeer, 2008. Mainstreaming gender in social protection for the informal economy, publié sous la direction de T. Johnson, Londres, Secrétariat du Commonwealth. 2. R. Holmes et N. Jones, 2009. Gender inequality, risk and vulnerability in the rural economy: re-focusing the public works agenda to take account of economic and social risks. Background report for SOFA 2010. Londres: Overseas Development Institute. 3. E. Enarson, 2000. Gender and natural disasters. InFocus Programme on Crisis Response and Reconstruction Working Paper 1. Genève, Suisse, Département du redressement et de la reconstruction, Organisation internationale du Travail. 4. P.A. Higgins et H. Alderman, 1993. Labor and women’s nutrition: a study of energy expenditure, fertility, and nutritional status in Ghana. Washington, Cornell Food and Nutrition Policy Program Publication Department.

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Principaux messages

La croissance agricole est un outil particulièrement ef�cace de lutte contre la faim et la malnutrition. La plupart des personnes vivant dans une pauvreté extrême sont tributaires de l’agriculture et d’activités connexes et en tirent une partie importante de leurs moyens d’existence. La croissance agricole mobilisant les petits exploitants, et en particulier les femmes, sera un outil d’autant plus ef�cace de lutte contre l’extrême pauvreté et la faim, qu’elle permettra d’accroître les revenus du travail et de créer des emplois pour les pauvres.

La croissance économique et agricole devrait prendre en compte des considérations nutritionnelles. La croissance doit aboutir à une amélioration de la nutrition en donnant aux pauvres les moyens de mieux diversi�er leur alimentation, en améliorant l’accès à l’eau potable, à l’assainissement et aux services de santé, en sensibilisant les consommateurs à une bonne nutrition et aux soins appropriés à donner aux enfants et en assurant une distribution ciblée de suppléments dans les situations de carences graves en micronutriments. Une fois établie, la bonne nutrition est, à son tour, un moteur essentiel d’une croissance économique durable.

La protection sociale est décisive pour accélérer la lutte contre la faim. Premièrement, elle peut protéger les plus vulnérables, qui n’ont pas béné�cié de la croissance économique. Deuxièmement, si elle est structurée de manière appropriée, elle peut contribuer directement à l’accélération de la croissance économique grâce à la valorisation des ressources humaines et au renforcement des capacités des pauvres, en particulier les petits exploitants, en matière de gestion des risques et d’adoption de technologies améliorées, à productivité plus élevée.

Pour accélérer la réduction de la faim, il faut que la croissance économique soit doublée d’une action volontariste et déterminante des pouvoirs publics. Les politiques et programmes publics doivent être créateurs d’un environnement propice à une croissance économique à long terme en faveur des pauvres. Un environnement porteur comporte la fourniture de biens et services publics pour le développement des �lières de production, un accès équitable des pauvres aux ressources, la dévolution de pouvoirs aux femmes et la conception et la mise en place de systèmes de protection sociale. Pour être ef�caces, ces politiques et programmes doivent s’appuyer sur un système amélioré de gouvernance, reposant sur la transparence, la participation, l’obligation de rendre compte, l’état de droit et le respect des droits de l’homme.

L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde 2012 présente de nouvelles estimations du nombre et de la proportion de personnes sous-alimentées à partir de 1990, dé�nies du point de vue de la répartition des disponibilités énergétiques alimentaires. En 2010–2012, la sous-alimentation chronique touche encore un nombre inacceptable de personnes – près de 870 millions dans le monde. Selon les estimations, l’écrasante majorité – quelque 850 millions de personnes, soit un peu moins de 15 pour cent de la population – vivent dans des pays en développement.

L’évolution favorable, à partir de 1990, des estimations de la sous-alimentation, laisse penser qu’en matière de lutte contre la faim, les progrès enregistrés ont été plus prononcés que ce qu’on pensait auparavant.

Cependant, c’est surtout avant 2007–2008 que les progrès mondiaux en matière de réduction de la faim ont été faits. Ils ont ensuite accusé un ralentissement et un tassement.

Les nouvelles estimations impliquent que la cible de l’Objectif du Millénaire pour le développement (OMD) relative à la réduction de moitié de la prévalence de la sous-alimentation dans les pays en développement pour 2015 peut être atteinte, pour autant que l’on fasse le nécessaire pour inverser le ralentissement tendanciel que l’on observe depuis 2007–2008.

Si la FAO a sensiblement amélioré cette année sa méthode d’estimation de la sous-alimentation, il lui reste cependant à apporter d’autres améliorations et à parfaire les données dont elle a besoin pour appréhender les effets des brusques variations des prix des denrées alimentaires et des autres chocs économiques. Par conséquent, les estimations de la sous-alimentation ne prennent pas en compte l’ensemble des effets sur la faim des brusques hausses des prix de 2007–2008, ni le ralentissement de l’économie que connaissent certains pays depuis 2009, à plus forte raison les récentes hausses des prix. On a également besoin d’autres indicateurs pour pouvoir évaluer de façon plus complète la sous-alimentation et la sécurité alimentaire.

Pour que la croissance économique se traduise par une amélioration de la nutrition des plus démunis, il faut que les pauvres soient parties prenantes au processus de croissance et qu’ils en béné�cient: i) la croissance doit mobiliser les pauvres et parvenir jusqu’à eux; ii) les pauvres doivent utiliser leur revenu supplémentaire pour améliorer quantitativement et qualitativement leur alimentation et accéder à de meilleurs services de santé et iii) les gouvernements doivent destiner les ressources publiques supplémentaires à des biens et services publics pro�tant aux pauvres et aux personnes souffrant de la faim.

NOTES de l’Annexe 1

Les pays révisent leurs statistiques of�cielles régulièrement pour les périodes passées ainsi que pour les périodes les plus récentes couvertes par le rapport. Il en va de même pour les données démographiques des Nations Unies. Dans ce cas, la FAO révise ses propres estimations de la sous-alimentation en conséquence. Les lecteurs sont donc invités à considérer l’évolution des estimations dans le temps en utilisant une même édition de L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde et à éviter de comparer les données publiées dans des éditions des autres années.

1. Objectif du Sommet mondial de l’alimentation: réduire de moitié, entre 1990-1992 à 2015, le nombre de personnes sous-alimentées.

2. Objectif du Millénaire pour le développement 1, cible 1C: réduire de moitié, entre 1990 et 2015, la proportion de la population qui souffre de la faim. Indicateur 1.9: Proportion de la population n’atteignant pas le niveau minimal d’apport calorique (sous-alimentation). Les résultats, obtenus à l’aide d’une méthodologie harmonisée, se basent sur la moyenne sur trois ans des dernières données disponibles à l’échelle mondiale. Il se peut que certains pays disposent de données plus récentes qui, si elles étaient utilisées, pourraient donner des estimations différentes de la prévalence de la sous-alimentation, et par conséquent, des progrès réalisés.

3. La période la plus récente couverte par les estimations du rapport est 2010-2012, et la période de référence est 1990-1992. Pour les pays qui n’existaient pas pendant la période de référence, la proportion 1990-1992 de personnes sous-alimentées correspond repose sur celle de 1993-1995, et le nombre de personnes sous-alimentées est calculé en à partir de la population en 1990-1992 et de cette proportion.

4. Les symboles et les couleurs indiquent les résultats qui devraient être obtenus d’ici à 2015, si la tendance actuelle se poursuit:

Kirghizstan, Lesotho, Malawi, Mali, Mongolie, Népal, Niger, Ouganda, Ouzbékistan, Paraguay, République centrafricaine, République démocratique populaire lao, République de Moldova, Rwanda, Swaziland, Tadjikistan, Tchad, Turkménistan, Zambie, Zimbabwe.

8. Comprend les pays suivants: Antigua-et-Barbuda, Antilles néerlandaises, Bahamas, Barbade, Belize, Cap-Vert, Comores, Cuba, Dominique, Îles Fidji, Grenade, Guinée-Bissau, Guyane, Haïti, Jamaïque, Kiribati, Maldives, Maurice, Nouvelle-Calédonie, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Polynésie française, République dominicaine, Saint-Kitts-et-Nevis, Sainte-Lucie, Saint-Vincent/Grenadines, Îles Salomon, Samoa, Sao Tomé-et-Principe, Seychelles, Suriname, Timor-Leste, Trinidad and Tobago, Vanuatu.

9. Comprend les pays suivants: Afghanistan, Bangladesh, Bénin, Burkina Faso, Burundi, Cambodge, Comores, Érythrée, Éthiopie, Gambie, Guinée, Guinée-Bissau, Haïti, Kenya, Kirghizstan, Libéria, Madagascar, Malawi, Mali, Mauritanie, Mozambique, Myanmar, Népal, Niger, Ouganda, République centrafricaine, République démocratique du Congo, République démocratique populaire de Corée, République-Unie de Tanzanie, Rwanda, Sierra Leone, Somalie, Tadjikistan, Tchad, Togo, Zimbabwe.

10. Comprend les pays suivants: Albanie, Arménie, Belize, Bolivie (État plurinational de), Cameroun, Cap-Vert, Congo, Côte d’Ivoire, Djibouti, Égypte, El Salvador, Fidji, Géorgie, Ghana, Guatemala, Guyane, Honduras, Îles Salomon, Inde, Indonésie, Iraq, Kiribati, Lesotho, Mongolie, Maroc, Nicaragua, Nigéria, Ouzbékistan, Pakistan, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Paraguay, Philippines, République arabe syrienne, République démocratique populaire lao, République de Moldova, Samoa, Sao Tomé-et-Principe, Sénégal, Sri Lanka, Soudan, Swaziland, Territoire palestinien occupé, Timor-Leste, Ukraine, Vanuatu, Viet Nam, Yémen, Zambie.

11. Comprend les pays suivants: Afghanistan, Bangladesh, Bénin, Burkina Faso, Burundi, Cambodge, Cameroun, Comores, Congo, Côte d’Ivoire, Djibouti, Égypte, Érythrée, Éthiopie, Gambie, Géorgie, Ghana, Guinée, Guinée-Bissau, Haïti, Honduras, Îles Salomon, Inde, Indonésie, Iraq, Kenya, Kiribati, Kirghizstan, Lesotho, Libéria, Madagascar, Malawi, Mali, Mauritanie, Mongolie, Mozambique, Népal, Nicaragua, Niger, Nigéria, Ouganda, Ouzbékistan, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Philippines, République centrafricaine, République démocratique du Congo, République démocratique populaire de Corée, République démocratique populaire lao, République de Moldova, République-Unie de Tanzanie, Rwanda, Sao Tomé-et-Principe, Sénégal, Sierra Leone, Somalie, Sri Lanka, Soudan, Syrie, Tadjikistan, Tchad, Timor-Leste, Togo, Yémen, Zambie, Zimbabwe.

12. Comprend, outre les pays qui apparaissent dans le tableau: le Cap-Vert, les Comores, Djibouti, la Guinée-Bissau, le Gabon, la Gambie, le Lesotho, la Mauritanie, Maurice, la République démocratique du Congo, Sao Tomé-et-Principe, les Seychelles, la Somalie et le Swaziland.

13. Outre les pays qui apparaissent dans le tableau, comprend l’Afghanistan et les Maldives.

14. Outre les pays qui apparaissent dans le tableau, comprend le Brunéi Darussalam, le Myanmar et le Timor-Leste.

15. Outre les pays qui apparaissent dans le tableau, comprend l’Iraq et le Territoire palestinien occupé.

16. Comprend, outre les pays qui apparaissent dans le tableau: Antigua-et-Barbuda, les Antilles néerlandaises, les Bahamas, la Barbade, la Grenade, la Dominique, la Jamaïque, Sainte-Lucie, Saint-Kitts-et-Nevis, Saint-Vincent-et-les Grenadines et Trinité-et-Tobago.

17. Outre les pays qui apparaissent dans le tableau, comprend le Belize, la Guyane, et le Suriname.

18. Comprend les Îles Fidji, Kiribati, la Nouvelle-Calédonie, la Papouasie-Nouvelle-Guinée, la Polynésie française, les Îles Salomon, Samoa et Vanuatu.

CLÉ

< 0,5 nombre de personnes sous-alimentées inférieur à 0,5 million< 5 proportion de personnes sous-alimentées inférieure à 5 pour cent nd données non disponiblesns non signi�catif au plan statistique.

5. Les pays, régions et territoires pour lesquels des données insuf�santes étaient disponibles pour conduire l’évaluation ne sont pas pris en compte. Il s’agit des pays, régions et territoires suivants: Andorre, Anguilla, Aruba, Bahreïn, Bhoutan, Îles Caïman, Îles Canton et Enderbury, Île Christmas, Îles des Cocos (Keeling), Îles Cook, Guinée équatoriale, Îles Falkland (Malvinas), Îles Féroé, Gibraltar, Groenland, Guadeloupe, Guam, Guyane française, Île Johnston, Liechtenstein, Îles Marshall, Martinique, Micronésie (États fédérés de), Île Midway, Monaco, Nauru, Nioué, Île Norfolk, Îles Mariannes du Nord, Oman, Palau, Îles Pitcairn, Porto Rico, Qatar, la Réunion, Sainte-Hélène, Saint-Pierre-et-Miquelon, Saint-Marin, Saint-Siège, Samoa américaines, Singapour, Territoire britannique de l’océan Indien, Tokélaou, Tonga, Îles Turques et Caïques, Tuvalu, Îles Vierges américaines, Îles Vierges britanniques, Île de Wake, Îles Wallis et Futuna, Sahara occidental.

Pays composant les groupements spéciaux:

6. Comprend les pays suivants: Afghanistan, Angola, Bangladesh, Bénin, Burkina Faso, Burundi, Cambodge, Comores, Djibouti, Érythrée, Éthiopie, Gambie, Guinée, Guinée-Bissau, Haïti, Kiribati, Lesotho, Libéria, Madagascar, Malawi, Mali, Mauritanie, Mozambique, Myanmar, Népal, Niger, Ouganda, République centrafricaine, République démocratique du Congo, République démocratique populaire lao, République-Unie de Tanzanie, Rwanda, Îles Salomon, Samoa, Sao Tomé-et-Principe, Sénégal, Sierra Leone, Somalie, Soudan, Tchad, Timor-Leste, Togo, Vanuatu, Yémen, Zambie.

7. Comprend les pays suivants: Afghanistan, Arménie, Azerbaïdjan, Bolivie (État plurinational de), Botswana, Burkina Faso, Burundi, Éthiopie, Ex-République yougoslave de Macédoine, Kazakhstan,

ne Non évalué

Chiffre en augmentation de plus de 5%

Objectif atteint

Chiffre en baisse de plus de 5%

Changement compris dans une fourchette de ± 5%

Objectif du Sommet mondial de l’alimentation

Objectifs du Millénaire pour le développement

Aucun progrès, ou détérioration de la situation

Progrès insuf�sants pour atteindre la cible si les tendances

A déjà atteint la cible ou devrait l’atteindre d’ici à 2015, ou prévalence < 5%

*

C

M

Y

CM

MY

CY

CMY

K

Cover-inside 2012 French.pdf 1 21/12/2012 22:18

Page 73: Etat de l'insécurité alimentaire dans le monde

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L'état de l'insécurité alimentaire dans le monde 2012 présente de nouvelles

estimations de la sous-alimentation, calculées au moyen d’une méthode révisée et

améliorée. D’après ces nouvelles estimations, la lutte contre la faim menée ces

vingt dernières années a donné de meilleurs résultats que ce que l'on pensait. Si

l’on redouble d'efforts, la cible correspondante des Objectifs du Millénaire pour le

développement pourrait être atteinte au niveau mondial d'ici à 2015. Le nombre

de personnes qui souffrent de sous-alimentation chronique reste cependant à un

niveau inacceptable et l'éradication de la faim demeure un enjeu mondial majeur.

Cette année, le rapport montre aussi en quoi la croissance économique

contribue à la lutte contre la sous-alimentation. La croissance est un outil ef�cace

de lutte contre la pauvreté et la faim dès lors qu’elle crée des emplois et des

sources de revenus dont les pauvres peuvent pro�ter. Une croissance agricole

durable, en particulier, a souvent des retombées sur les pauvres, parce que la

plupart de ceux qui sont touchés par la pauvreté et la faim vivent en zone rurale,

en grande partie de l'agriculture. La croissance ne contribuera pas pour autant à

améliorer la nutrition pour tous. Pour qu’elle y contribue, les politiques et les

programmes de croissance doivent aussi promouvoir la diversi�cation de

l'alimentation, l'accès à l'eau potable, à l'assainissement et aux services de santé,

et l'éducation des consommateurs en matière de nutrition et de soins aux enfants.

Il faut du temps pour que la croissance économique atteigne les pauvres et,

parfois, elle n’arrive jamais jusqu’aux plus pauvres. Il est donc crucial de recourir à

des mécanismes de protection sociale pour éliminer la faim aussi rapidement que

possible. D’ailleurs, s'ils sont bien conçus, de tels mécanismes favorisent aussi la

croissance économique, car ils permettent d’accroître le capital humain et aident

les agriculteurs à maîtriser suf�samment les risques pour être en mesure d'adopter

des techniques modernes. En�n, pour que la lutte contre la faim progresse

rapidement, les gouvernements doivent fournir les biens et les services publics

essentiels, dans le cadre d'un système de gouvernance qui soit fondé sur la

transparence, la participation, l'obligation de rendre des comptes, l'état de droit et

le respect des droits de l'homme.

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L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde

La croissance économique est nécessaire mais elle n’est pas suf�sante pour accélérer la réduction de la faim et de la malnutrition

L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde

La croissance économique est nécessaire mais elle n’est pas suf�sante pour accélérer la réduction de la faim et de la malnutrition

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Photos de la couverture: Toutes les photos proviennent de la Médiabase de la FAO