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Etat des lieux du bassin de la Dordogne

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Document préparatoire aux débats des Etats généraux du bassin de la Dordogne à Bergerac les 8 et 9 novembre 2012:

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  • Nappe phratiqueNappe captiveRetenueSurface

  • Nappe phratiqueNappe captiveRetenueSurface

  • Zones sensibles l'eutrophisation

    Dordogne

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    Dordogne

    Isle

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    Corrze

    Isle

    CreIsle

    Maronne

    0 60 km

    MauriacBlaye

    Sarlat

    UsselNontron

    Gourdon

    Brive

    Libourne

    Bergerac

    Lesparre-Mdoc

    Bordeaux

    Tulle

    Aurillac

    Prigueux

    Sources: SIE AEAG, IGN BD Carthage - Ralisation: EPIDOR juillet 2012.

  • EPIDOR EPTB DORDOGNE20

    Partie2

    La prservation de la ressource Les crues et inondations Les grands ouvrages hydrolectriques en question

  • ETAT DES LIEUX BASSIN DORDOGNE21

    La prservation de la ressource Les crues et inondations Les grands ouvrages hydrolectriques en question

  • Dordogne

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    Zone d'enjeu

    Programme d'Actions de Prvention des inondations

    50 - 200200 - 1 0001 000 - 35000

    Population en zone inondable par commune

    Dordogne Moyenne

    La Cre AurillacDomaine Fluvio-Estuarien

    Dronne Aval

    Dordogne aval Vzre

    L'Isle PrigueuxConfluents Corrze-Vzre

    Dordogne Moyenne

    La Cre AurillacDomaine Fluvio-Estuarien

    Dronne Aval

    Dordogne aval Vzre

    L'Isle PrigueuxConfluents Corrze-Vzre

    MauriacBlaye

    Sarlat

    UsselNontron

    Gourdon

    Brive

    Libourne

    Bergerac

    Lesparre-Mdoc

    Bordeaux

    Tulle

    Aurillac

    Prigueux

    Sources: CETE Mditerranen, IGN BD Carthage - Ralisation: EPIDOR juillet 2012.

    en savoir plus

  • EPIDOR EPTB DORDOGNE34

    Partie3

    Les rivires et les espaces riverains Les zones humides Lamnagement des cours deau La biodiversit

  • ETAT DES LIEUX BASSIN DORDOGNE35

    Les rivires et les espaces riverains Les zones humides Lamnagement des cours deau La biodiversit

  • EPIDOR EPTB DORDOGNE36

    rivires au profit des activits agricoles, forestires et de lurbanisation.Le lit des grands cours deau a galement t exploit de faon intensive pour lextraction de graviers. Le surcreusement des sites dexploitation sest propag en provoquant une incision2 et un approfondissement gnralis du lit. Il en a rsult un abaissement des niveaux deau dans les rivires et dans les nappes alluviales3, une dconnexion des annexes fluviales et des couasnes4 et un asschement des milieux humides voisins. Pour contenir la dynamique des rivires et viter les rosions, lhomme a tent de renforcer les berges.

    Les amnagements, lexploitation et leurs consquences

    Les interventions historiques de lhommeLes rivires du bassin de la Dordogne ont, comme ailleurs, t largement transformes durant les oprations dam-nagement du territoire passes (assainissement des terres, reprofilages, rectifications, recalibrages1). Cette politique visait matriser le plus souvent la divagation naturelle des

    Les cours d'eau sont des milieux naturels en volution permanente dont les composantes physiques, biologiques et chimiques dpendent les unes des autres. Ces espaces accueillent de nombreuses espces vgtales et animales et constituent une mosaque de milieux dune grande importance biologique et de fort intrt paysager. Les cours deau les plus proches de ltat naturel prsentent aujourdhui un attrait important pour les activits de loisirs. Mais ces rivires et leur environnement direct sont aussi des lieux dactivits conomiques, qui se dveloppent souvent au dtriment du fonctionnement cologique des milieux. On compte sur le bassin versant de la Dordogne 24 500 km de cours deau soit un peu plus de 1km de cours deau par km2. Le domaine public fluvial reprsente seulement 1000 km, le reste, soit 95%, appartient au domaine priv. Cela donne aux riverains, par dfinition propritaires du fond et des berges, des droits et des obligations. Par nature, ces cours deau traversent les limites administratives communales, dpartementales voire rgionales.

    (1) Ces termes sont ceux utiliss pour les travaux de dtournement et de curage des cours deau qui ont t raliss notamment lors des remembre-ments ou lors doprations de mise en valeur agricole des terres. (2) Phnomne dincision : abaissement du lit de la rivire. (3)Les nappes alluviales sont les nappes deau qui circulent de faon souterraine, en accompagnement du cours deau, dans les dpts de sables et de graviers du fond de la valle. (4) Les annexes fluviales sont les bras secondaires, plus ou moins actifs et connects au lit principal de la rivire. Lorsquun bras nest plus que partiellement connect, on le qualifie de bras mort ou de couasne (appellation spcifique la valle de la Dordogne)

  • ETAT DES LIEUX BASSIN DORDOGNE37

    Or, cette intervention a cr autant de points durs sur les berges, reportant le processus drosion sur le fond du lit. La consquence est une acclration des phnomnes dincision. De plus, sur la Dordogne, la dynamique fluviale a t considra-blement rduite du fait des grandes retenues hydrolectriques qui stockent la fois leau et les sdiments acclrant ainsi le phnomne denfoncement du lit. Les barrages ont pour effet dattnuer la plupart des petites crues qui se prsentent sur la Dordogne et la rivire ne connat pratiquement plus de dbits suffisamment levs pour remodeler le lit de la rivire et r-gnrer les milieux naturels.

    Une prise de conscience collectiveLa Charte Valle Dordogne de 1992 rappelle quune meilleure prise en compte des phnomnes naturels dans les dcisions individuelles et collectives passe par linformation des habitants et des collectivits de la valle. Chacun doit tre sensibilis au fonctionnement des milieux, de la rivire et aux statuts des espaces utiliss (domaine public, domaine priv, servitudes, zone protge...). Pour chaque thme abord, la charte rap-pelle la ncessit de restaurer, de protger et de valoriser les habitats aquatiques et les espces.Pour la gestion des abords des cours deau et des milieux aquatiques, la charte contient 131 consensus rappelant les principes dune gestion cologique des rivires et de la valle. Ils insistent sur la ncessit de connatre et de respecter le fonctionnement de la rivire, de mettre en uvre des espaces de libert autour des cours deau, de protger les rives et les paysages, et ces fins, de sensibiliser usagers et riverains. En 1993 le plan paysage valle de la Dordogne est mis en place, une premire nationale ! 20 ans aprs, les recomman-dations de ce plan restent toujours pertinentes.

    Restauration-entretiendes rivires, une politiqueinterventionniste

    Des responsabilits assumes de manire ingaleConscient des problmes de dgradation de ltat des cours deau, le SDAGE Adour Garonne5 indiquait en 1996 : les cours deau doivent faire lobjet dune surveillance et dun entretien rgulier et adapt, notamment de la vgtation riveraine. Sur le plan lgal, il revient au propritaire dassurer l'entretien des cours deau. LEtat est uniquement responsable des cours deau domaniaux.Mais en pratique, peu de propritaires entretiennent leur cours deau, et mme dans ce cas le travail est ralis de manire trs ingale. Pour compenser ces disparits, des structures publiques se sont dveloppes pour se substituer aux riverains. Dans ce sens, lAgence de lEau Adour Garonne a cherch dvelopper des matrises douvrage locales inter-communales et a encourag les collectivits partager cette responsabilit en dveloppant une politique de restauration-entretien des cours deau.

    Des espaces de libert pour les cours d'eauLes cours d'eau remplissent de nombreuses fonctions importantes, dont les principales exigent d'avoir suffisamment d'espace.

    Transport d'eau et charriage Un cours d'eau avec une largeur approprie possde

    la capacit de transporter l'eau et les matriaux solides sans dgts. Il a aussi un effet rgulateur en cas de crue.

    Milieux de vie et corridors biologiques Le fond du lit et les zones riveraines offrent des

    habitats spcifiques. Les cours d'eau relient aussi les divers milieux naturels et les biotopes entre eux, favorisant les aspects paysagers et la constitution d'un rseau.

    Protection contre lapport superflu de nutriments Une bande de vgtation suffisamment tendue de

    part et dautre du cours deau permet de limiter consi-drablement l'apport en substances nutritives et en substances toxiques lies aux activits riveraines.

    Capacit d'auto-puration Un cours d'eau possdant des eaux vives courantes

    et un lit pais de graviers est capable de filtrer et de rsorber une partie des germes et substances prsents dans leau.

    Espace rcratif Les cours d'eau proches de l'tat naturel prsentent

    un paysage trs attractif pour les activits de loisirs.

    en savoir plus

    (5) Les Schmas Directeur dAmnagement et de Gestion des Eaux sont des docu-ments de planification, prvus par la loi, tablis tous les 5 ans par grands bassin versants. Ils dfinissent des orientations ou des recommandations qui simposent toutes les dcisions de ladministration.

  • EPIDOR EPTB DORDOGNE38

    Des rsultats trs dcevantsLes tats des lieux raliss rcemment dans le cadre de la Directive Cadre Europenne sur lEau ont montr que 60 % des rivires du bassin sont en mauvais tat. Parmi les problmes, on relve galement une implication peu cohrente des diffrents intervenants de la gestion des cours deau. Moins de 10% des cours deau du bassin bnficient dune action collective publique. De plus, les interventions ne sont pas toujours adaptes aux problmes diagnostiqus. Dune faon gnrale, les cours deau entretenus sont en aussi mauvais tat que les autres. En ralit, les rivires ne souffrent pas du manque dentretien mais de certains usages existants sur les espaces riverains. Pourtant les actions publiques ont continu de se focaliser sur les berges et la qualit de la vgtation des berges alors que lenjeu majeur est dapprendre grer lusage des sols dans le respect de la prsence dune rivire.

    De la rparation la prventionDevant la grande quantit des cours deau du bassin et dans un contexte de contraction des financements publics, des schmas de gestion sont dvelopps pour hirarchiser les interventions et cibler les actions dentretien sur les cours deau en mauvais tat cologique. En termes dorganisation, cette approche permet doptimiser les moyens pour atteindre l'objectif de bon tat cologique de la Directive Cadre sur lEau. En revanche, ce sont les principes mme qui sont en cause car les actions curatives mises en uvre se sont rvles insuffisantes. Il est donc temps dagir plus efficacement sur les causes des dgradations par la prvention.

    Faire confiance aux quilibres naturels, un changementde philosophie

    Lvolution dans les textes...La Directive Cadre Europenne sur lEau1, la loi sur leau et les milieux aquatiques2 et le Schma Directeur dAmnagement et de Gestion des Eaux Adour Garonne (SDAGE) prconisent aujourdhui une nouvelle approche concernant les interventions sur les cours deau. Elles ne devront jamais dgrader ltat colo-gique du cours deau.La notion d'entretien est reconsidre. Elle consiste dsormais maintenir le cours d'eau dans son profil d'quilibre, assurer le libre coulement de l'eau et contribuer au bon tat colo-gique . De manire gnrale, il s'agit donc de laisser les pro-cessus naturels s'exprimer librement et de rduire ou de com-penser les pressions causes par lhomme sur les milieux. Il peut tre ponctuellement ncessaire de rduire certains risques lis aux inondations ou certains usages (navigation, baignade).

    ...peu suivie sur le terrainCette vritable rvolution dans la notion dentretien suscite peu dadhsion. On constate ainsi une trs forte inertie dans les faits et dans les pratiques. Localement, la culture du rsultat tangible, entretient une logique interventionniste. Ainsi, plutt que de permettre une reconqute de la naturalit des milieux, on observe des actions qui visent conforter les usages en place, sans chercher rduire les pressions subies par la rivire.

    (1) La Directive Cadre Europenne sur lEau (DCE) est un texte europen adopt en 2000 qui donne obligation aux tats membres de restaurer le bon tat cologique des cours deau. Il fixe des objectifs et des chances pour les annes 2015, 2021 et 2027. (2) La Loi sur lEau et les Milieux Aquatiques (LEMA), a t adopte en 2006 par le parlement franais. Elle transpose la directive europenne DCE et fixe ses principes dapplication en France.

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    Maintenir les irrgularits naturellesLa morphologie du lit est la variable prpondrante de l'tat cologique d'un cours d'eau sur laquelle doivent se concentrer les gestionnaires. Un cours deau en bonne sant est un cours deau sinueux avec des variations de profondeurs, de pentes, de profils et des berges de diff-rentes hauteurs plus ou moins abruptes. Pour se prmunir contre les volutions qui pourraient menacer les activits humaines, pour protger la ressource et la vie quil recle, le moyen le plus direct et le plus rentable est de maintenir ces irrgularits naturelles ou de les restaurer.

    Laisser un espace de libertDonner de l'espace au cours d'eau devrait devenir une rgle absolue en matire d'amnagement, que ce soit du point de vue cologique, mais aussi pour lutter contre

    les inondations et prserver la qualit des eaux. Il existe aujourd'hui des mthodes permettant dvaluer l'espace ncessaire de part et dautre dun cours d'eau pour quil squilibre librement.

    Changer de regard Au del des interventions sur son lit et ses berges, ltat dun cours deau rsulte des activits existantes et de lamnagement du territoire sur lensemble de son bassin versant.La politique de gestion des cours deau fait donc appel des com-ptences bien plus larges que la comptence rivire telle que lentendent gnralement les collectivits qui dveloppent des programmes dintervention. Cela exige de mutualiser la bonne chelle territoriale, des ressources techniques pour dvelopper une approche pluridisciplinaire et transversale. Il sagit dun tra-vail ncessitant une coordination lchelle dun bassin versant.

    Se substituer au riverain pour entretenir la rivire pose plusieurs problmes : Lintervention de la collectivit sur les

    cours deau non domaniaux revient se substituer la responsabilit des propritaires riverains et occulter la responsabilit des personnes qui gnrent les perturbations en bordure de la rivire.

    En agissant de la sorte, la collectivit se retrouve implicitement responsable des consquences de son action, y compris ventuellement dun tat cologique qui resterait mauvais en dpit de son intervention.

    Pour intervenir sur un cours deau non domanial, en lieu et place du propritaire, la collectivit doit prendre une Dclaration dIntrt Gnral (DIG). Il sagit dune procdure complexe et coteuse, qui ncessite des tudes et une enqute publique.

    Face aux checs de la politique d'entretien-restauration, inefficace et coteuse, le pragmatisme incite la non-intervention pour restaurer les quilibres naturels.

    Limiter les pressions sur lespace riverain, un axe de progrs

  • EPIDOR EPTB DORDOGNE40

    La non-intervention, principe de gestion plus performant et moins coteuxDans le cadre de cette nouvelle philosophie, la non-inter-vention devient la rgle et lentretien rgulier lexcep-tion. Mais pour cela, il faut tre en mesure de supprimer, de faire reculer ou de remplacer les activits qui exercent des pressions trop importantes sur le cours deau (prsence dun barrage, pression agricole, domestique et industrielle, voi-rie). Les notions de revitalisation, de rparation et de rg-nration, correspondent diffrents niveaux d'intervention en fonction de lhritage grer.

    Responsabiliser les premiers concernsIl convient en priorit de responsabiliser les propritaires et les riverains dans la rduction de leurs impacts sur les milieux aquatiques et la ressource en eau. Pour cela, des efforts doivent tre dploys pour informer, sensibiliser, animer.

    La gestion des cours d'eau fait appel une approche pluridisciplinaire pour travailler l'chelle du bassin versant.

  • 41ETAT DES LIEUX BASSIN DORDOGNE

    P 32 La rduction de la ripisylve, lartificialisa-tion des zones inondables, la suppression des zones humides[...] augmentent les ris-ques d'inondations et amputent les services rendus par les milieux aquatiques (ressource en eau, biodiversit, qualit de l'eau, espaces rcratifs).

    P 33 Les interventions curatives sur les rivires sont encore prfres aux actions qui visent rdui-re les pressions (agricoles, urbaines, industriel-les) qui s'exercent sur elles, alors quelles sont moins coteuses et plus efficaces long terme.

    P 34 La rivire est trop souvent corsete alors qu'il faudrait respecter son espace de libert.

    P 35 Les pouvoirs publics se substituent trop systmatiquement aux propritaires riverains sans les sensibiliser et les responsabiliser sur leurs devoirs.

    P 36 La pression morphologique (rupture du transit sdimentaire, pratiques passes d'extractions, de recalibrage...) est lorigine de la dgradation dune majorit de cours deau du bassin de la Dordogne

    S 55 Restaurer la dynamique fluviale (retour aux petites crues, restauration du transit sdimentaire...) pour augmenter la capacit naturelle dautopuration des rivires.

    S 56 Restaurer les milieux alluviaux (bras morts, zones humides, chenaux de crues) et, par voie de consquence, leurs fonctions natu-relles (biodiversit, autopuration).

    S 57 Permettre, dans certains secteurs et dans une certaine limite, la divagation naturelle de la Dordogne.

    S 58 Favoriser sur les zones sensibles des modes d'exploitation agricole peu perturbants

    (extensification) axs vers la qualit des modes de production et des produits.

    S 59 Prserver, chaque fois qu'il est possible, un espace de libert pour la rivire par exemple en utilisant loutil des trames vertes.

    S 60 Dvelopper une vision transversale de lusage des sols intgrant lespace rivire dans lamnagement du territoire.

    S 61 Eloigner les pressions humaines des rivires

    et dsanthropiser leur espace de fonctionnalit.

    S 62 Amliorer linformation des riverains, des usagers et des gestionnaires sur la dynamique et lcologie de la rivire.

  • EPIDOR EPTB DORDOGNE42

    Les zones humides sont des milieux qui prennent des appellations diffrentes : sagnes, tourbires, marais, mares, landes humides, couasnes1 , palus2. Des dbats internationaux, nationaux et locaux, il ressort clairement que ces milieux possdent un intrt vident qui justifie leur prise en compte. Les conventions internationales (RAMSAR...), ainsi que les politiques nationales mettent en avant lobligation ou la ncessit de les prserver.

    Une prise en compte rcenteLes zones humides constituent un patrimoine naturel exceptionnel. Quelles soient vastes ou de taille rduite, elles forment une mosaque de milieux qui rendent de nombreux services lhomme. Elles diminuent les vitesses de transfert de l'eau sur les bassins versants et assurent une humidit plus grande des sols et de l'atmosphre au moment o le climat est le plus sec. Elles filtrent leau et amliorent donc sa qualit. Elles abritent une faune et une flore remarquables et sont ncessaires de nombreux usages (pche, chasse, promenades ).

    Longtemps mal connues, considres comme inutiles, voire insalubres, les zones humides ont t dtruites par le drainage, lurbanisation, la monoculture Ces milieux sont en forte rgression, on en constate aujourdhui les effets. Le morcel-lement et la dtrioration des zones humides psent sur la survie de certains cosystmes et sur une gestion quilibre de leau et des milieux aquatiques. Ces milieux seront de plus en plus utiles dans certaines situations particulires, lors de scheresses extrmes par exemple. Ainsi, au cours des derniers ts secs, comme en 2011, les zones humides ont t une assurance scheresse pour certaines exploita-tions agricoles. En effet, lors de ltiage svre, la production de fourrage tait compromise sur de nombreux territoires, mais pas sur les prairies humides.

    Mme quand elles sont relativement banales les zones humides remplissent des fonctions utiles.

    Des milieux intressants mais fortement menacs

  • ETAT DES LIEUX BASSIN DORDOGNE43

    Une situation trs dgradeSur le bassin de la Dordogne, les zones humides reprsen-tent plus de 11% du territoire. Ces milieux sont principale-ment des prairies humides (47%). Prs dun quart des zones humides du bassin peuvent tre considres comme dgrades, les principaux facteurs de dgradation tant la mise en culture, le dveloppement de gravires, la cration de plans deau artificiels et lurbani-sation. Sur les zones de monoculture, de craliculture sur le bassin moyen et aval de la valle de lIsle, de viticulture sur la partie girondine, les milieux humides sont plus altrs quailleurs.

    Un constat dimpuissance

    Objectif atteint en matire de localisationLa Charte Valle Dordogne de 1992 souligne lintrt des zones humides et constate leur rgression inquitante. A lpoque, l'effort se concentre principalement sur lamlio-ration de la connaissance et la localisation de ces milieux. Ce travail de localisation est dsormais disponible sur tout le bassin. Une premire cartographie des zones humides3 et un guide de sensibilisation leur prservation ont par ailleurs t adresss toutes les communes du bassin de la Dordogne. Des conservatoires des espaces naturels, syndicats de rivire et certaines communes volontaristes ont ralis des dmarches dinventaires des chelles plus fines.

    Une prise de conscience qui progresse...En 20 ans, linformation et la sensibilisation ont galement progress. Lettres dinformation, guides de sensibilisation destination des lus, rencontres et colloques sur le sujet, organisation de manifestations loccasion de la journe mondiale des zones humides, dveloppement dun rseau de Cellules dAssistance Technique aux Zones Humides (CATZH) sur le bassin de la Dordogne[...] les initiatives ont t nombreuses.Par ailleurs, depuis une dizaine dannes, on constate une augmentation du nombre de projets en matire dacqui-sition ou de restauration des zones humides sur le bas-sin de la Dordogne : lancement de plusieurs dmarches Natura 2000 sur des zones humides, restauration danciennes zones dextractions, laboration de schmas dpartementaux ou encore acquisition de zones humides stratgiques pour la ressource en eau par les collectivits locales.La prise en compte des zones humides dans les outils et les politiques damnagement du territoire sest galement amliore, notamment ces dernires annes, mais les initia-tives en la matire restent gnralement timides. Leur prise en compte se fait principalement travers des procdures trs gnralistes que sont Natura 2000, les ZNIEFF ou les zones inondables. La protection de ces milieux reste bien souvent perue comme une contrainte environnementale supplmentaire.

    La tourbire du Longeyroux (19), une zone humide remarquable, qui donne naissance la rivire Vzre.

    (1) Une couasne est un bras mort de la rivire (appellation propre la valle de la Dordogne). (2) Un palus est un ancien marais, situ en bordure de la rivire, qui a t endigue (appellation propre la portion aval de la Dordogne girondine, soumise la mare). (3) Cartographie des zones dominante humide ralise par EPIDOR sur l'ensemble du bassin versant de la Dordogne.

  • EPIDOR EPTB DORDOGNE44

    ...mais la rgression continueMalgr cette prise de conscience collective, on constate sur le terrain des comporte-ments individuels qui continuent d'impacter fortement ces milieux. Aujourdhui, le recul des zones humides se poursuit malgr l'ur-gence affiche de freiner voire dinverser la tendance. Mais la dynamique de rgression de ces milieux est lie plusieurs facteurs :lagriculture,quiconduitdrainercessur-

    faces pour les valoriser,lurbanisation,quiconduitleurremblaie-

    ment pour les amnager,Les nombreuses destructions parses de

    petites zones humides par leurs propri-taires. Elles passent inaperues mais lef-fet cumulatif de ces destructions impacte grandement les ressources en eau.

    Les leviers daction

    LurbanismeLes zones humides doivent tre intgres dans les docu-ments durbanisme et le zonage des sols pour tre prser-ves des activits qui les dtruisent ou les morcellent. Par ailleurs, des mthodes de gestion originales de ces milieux peuvent tre dveloppes limage des initiatives menes par les exploitants membres du rseau SAGNE1. Enfin, chaque fois que cela est possible il est important de reconqurir les zones humides dont la dgradation nest pas encore irrversible.Les moyens existent : la rglementation permet la mise en place de zonages spcifiques instaurs par le prfet. Ils sont lis lintrt que reprsentent certaines zones humides et aux services quelles rendent en termes de ressource en eau, de valeur touristique, cologique, et paysagre ou encore pour la chasse de certains gibiers. Ces zonages sont appuys par le SDAGE Adour Garonne mais peinent tre instaurs.

    Le volontarisme politiqueComme les zones humides sont dsormais bien localises, il sagit prsent de travailler sur leur gestion et leur restauration. Malgr la prise de conscience de leurs intrts,

    qui tend se gnraliser sur le bassin, le passage laction nest pas toujours ais pour plusieurs raisons. Premirement, la majorit des actions engages concerne les zones humides remarquables ou de grande taille. Or les zones humides plus banales ou de petites tailles jouent par leur multiplicit un rle majeur dans la dynamique de l'eau dans les bassins versants. Il est donc prioritaire dengager des actions spcifiques de prservation et de restauration de ces petites units pour obtenir des effets cumulatifs, positifs et significatifs.Deuximement, les zones humides relvent majoritairement de la proprit prive et il est donc difficile de mener bien des actions de prservation de grande ampleur. Limite dans ses possibilits, laction publique se traduit alors bien sou-vent par lacquisition de zones humides remarquables.Enfin, au vu des disparits lchelle du bassin de la Dordogne une action diffrencie doit tre labore selon les secteurs. Une politique forte en faveur de la restauration des zones humides est aujourdhui ncessaire sur les secteurs o les zones humides ont t fortement dgrades. A linverse, des actions de protection et de prservation sont plus appro-pries pour les zones humides relativement bien conserves situes sur les ttes de bassin2.

    Exemple de cartographie communale des zones humides ralise par Epidor

    (1) Le rseau SAGNE est une association qui met en rseau des propritaires et gestionnaires de zones humides et qui dveloppe des programmes dchange et dexprimentation (2) Les ttes de bassin sont les secteurs amont des bassins versants, qui comprennent les sources, les zones humides et les petits cours deau, avant que ceux-ci ne sagrgent pour former de vritables rivires.

  • 45ETAT DES LIEUX BASSIN DORDOGNE

    S 63 Poursuivre linformation et la sensibilisation.

    S 64 Accompagner les collectivits pour une meilleure prise en compte des zones humides dans les outils et les politiques damnage-ment du territoire (SCOT, PLU, ).

    S 65 Prserver les zones humides.

    S 66 Dvelopper les actions de restauration et de reconqute des zones humides dgrades.

    S 67 Favoriser les usages adapts, peu pertur-bants, sur les zones humides.

    S 68 Compenser les atteintes portes aux zones humides.

    S 69 Restaurer une gestion des niveaux deau dans les zones de palus compatible avec la prservation des zones humides.

    S 70 Favoriser lacquisition foncire des espaces naturels remarquables ou fragiles.

    P 37 L'insuffisance des connaissances et des informations sur lintrt des milieux humides ne permet pas d'en assurer efficacement la protection en particulier via les documents durbanisme.

    P 38 La rgression des zones humides et la rupture des couloirs vgtaux limitent les habitats disponibles pour les espces ainsi que leur circulation.

    P 39 Les zones humides sont majoritairement situes sur des terres prives ce qui complique la capacit daction.

    P 40 Les actions de restauration des zones humides dgrades restent trop isoles pour permettre une reconqute significative de ces milieux.

    P 41 Les effets cumuls de la disparition des zones humides ne sont pas pris en compte.

  • EPIDOR EPTB DORDOGNE46

    Sur le bassin versant de la Dordogne seuls quelques cours d'eau ont chapp la main de lhomme cherchant matriser la nature son service. Du Moyen Age nos jours, particuliers, entreprises et collectivits ont amnag les milieux afin dexploiter des ressources naturelles : leau, le granulat et lnergie... Paralllement, la recherche de surfaces agricoles et ltalement des villes a conduit lamnagement des valles, et parfois directement des cours deau. Sur le bassin de la Dordogne, ces amnagements successifs perdurent : des tangs sur lensemble du bassin, des barrages et seuils sur tous les cours deau du bassin, des extractions de graviers nombreuses passes et prsentes.Les diffrentes politiques damnagement du territoire conduites au fil du temps ont accentu la pression sur les cours deau et ont parfois favoris la cration de ces ouvrages. Les diagnostics engags dans le cadre de la Directive Cadre Europenne sur lEau montrent que ces amnagements constituent le principal facteur de dgradation de ltat cologique des cours deau du bassin versant de la Dordogne.

    Les tangs

    Des plans deau artificiels facteurs de dsquilibresOn compte prs de 30 000 plans deau sur le bassin de la Dordogne, cela reprsente une surface totale de prs de 10 000 hectares. Il en existe partout, dans toutes les valles mais leur densit est plus forte sur les ttes de bassin . Ils ont t crs pour labreuvement, la pche ou des fins touristiques. Cest pendant les annes 70-80 que leur nombre a explos, souvent aux dpens des zones humides avec des consquences cologiques importantes.Avec lintensification des pollutions diffuses, notamment agricoles, faute de gestion et douvrages de vidanges adap-ts, nombre de ces plans deau subissent des processus deutrophisation. Ce phnomne menace les usages exigeants en matire de qualit tel que la baignade et parfois mme lalimentation en eau potable de certaines communes. Lorsquils sont connects , cest--dire relis ou traverss par un cours deau, les tangs peuvent entraner la propa-gation despces piscicoles indsirables. Elles profitent de ces milieux propices leur dveloppement et colonisent les rivires attenantes, par exemple suite une crue. Cela perturbe alors les quilibres cologiques locaux. Dautre part, lorsqu'ils sont implants sur le cours des rivires ces tangs crent de vritables obstacles la circulation des poissons vers lamont.

    Les tangs entrainent le rchauffement des eaux de surface et accentuent lvaporation (jusqu 0.5 litres par seconde et par hectare). Cela peut accentuer l'tiage des ruisseaux jusqu' provoquer des assecs. Un autre constat est ltat dabandon et labsence de gestion dun grand nombre dtangs. Labsence de procdures de vidange ou le non respect de celles-ci perturbe la qualit des eaux en aval. A l'inverse, lorsque des vidanges sont prati-ques rgulirement, les phases de remplissage des tangs peuvent impacter trs fortement les cours d'eau aval, jusqu' provoquer des asschements.

    Les freins au changementLes inventaires dtangs ont t raliss dans tous les dpartements linitiative de lEtat. Mais pour faire voluer les pratiques, les freins sont majeurs. Tout dabord, il est difficile didentifier les propritaires, donc daller leur rencontre pour encourager les bonnes pratiques. Deuximement, quand des tangs sont crs de manire sauvage, les services de lEtat mis face au fait accompli ont parfois tendance rgulariser plutt que d'exiger la res-tauration des sites dgrads. Enfin, la prsence dun tang augmente en gnral la valeur patrimoniale dun bien. La

  • recherche de plus-value financire explique donc le maintien voire la cration de plans d'eau. En somme, leffet cumul des tangs pourrait grever forte-ment les dbits des cours principaux et nuire aux usages de laval en affaiblissant la ressource en quantit et en qualit. Ds 1992, la Charte Valle Dordogne met en avant ces pro-blmatiques. Elle propose dinstaurer des dbits minimum acceptables et de lancer des rflexions lchelle supra-com-munale pour les projets de plans deau vocation touristique.Des solutions sont exprimentes localement pour diminuer limpact des plans deau, allant parfois jusqu leur suppres-sion pour renaturer les cours deau. Dimportantes actions dinformation et de sensibilisation sont menes, mais toucher tous les propritaires du bassin est un chantier considrable.

    Les extractions de granulats1

    Les besoins en granulats sont trs importants, mais il sagit dune ressource non renouvelable (donc prcieuse) du moins notre chelle.. Chaque dpartement possde un schma d-partemental des carrires qui organise lactivit, identifie les zones et les modes dexploitation susceptibles dtre autori-

    ETAT DES LIEUX BASSIN DORDOGNE47

    ss. Nanmoins cette activit engendre de nombreux ds-quilibres sur la morphologie des cours deau. Lextraction dans le lit mineur2 de la rivire a creus de vritables fosses dans le fond du cours deau, ce qui a acclr les phnomnes drosion et labaissement du niveau du lit. Cette pratique est interdite depuis 1981 mais les effets sur la Dordogne perdurent et la rivire na pas encore retrouv son profil dquilibre.Certains anciens sites dextraction situs proximit imm-diate de la rivire nont pas t remis en tat par les exploi-tants (peu dobligations lpoque). Ils peuvent reprsenter un risque de capture de la rivire (dviation du lit mineur) menaant lassise de ponts en amont.Les nouveaux sites autoriss en lit majeur3 sont gnrale-ment rhabilits en plans deau pour la pche ou les loisirs. Dans certaines zones, on trouve 2 3 sites dextraction par commune. Leur rhabilitation en plans deau sans vritable cohrence une chelle supra-communale, reprsente des investissements difficiles rentabiliser du fait dune offre disproportionne par rapport la demande.Les riverains, soutenus par les associations de protection de lenvironnement, contestent trs souvent les projets dextension de gravires.On constate donc, de fait, mais sans rflexion pralable, une concentration des sites dextraction vers des zones o la pression sociale et environnementale est moins forte.La ralit est bien loigne des prconisations formules par la Charte Valle Dordogne. Celle-ci proposait la mise en cohrence des schmas dpartementaux l'chelle des valles en se basant sur une analyse prcise de la demande locale en granulats. Elle envisageait la recherche de mat-riaux de substitution. Une autre piste possible serait de des-serrer la demande en granulats en rservant leur usage aux matriaux de haute qualit (construction, bton).

    Les activits d'extraction ont profondment modifi la morphologie des cours d'eau. Des consquences encore visibles malgr un renforcement de la rglementation.

    (1) Les granulats sont des fragments de roche, d'une taille infrieure 125 mm. Ils entrent dans la composition des matriaux destins la fabrication d'ouvrages de travaux publics, de gnie civil et de btiment. Les granulats alluviaux sont composs de graviers et galets rouls par les cours d'eau et dposs dans les valles au cours des res gologiques. (2) Le lit mineur correspond au chenal occup par la rivire, avant dbordement. (3) Le lit majeur est la zone priphrique de la valle qui est susceptible dtre occupe par la rivire en crue.

  • EPIDOR EPTB DORDOGNE48

    Les seuils

    De multiples ouvrages rigs en travers des cours deauAu 19e sicle, les seuils destins alimenter les moulins pour utiliser la force motrice de leau ont fleuri dans les cours deau. Aujourdhui, les premiers rsultats des inventaires en dnombrent encore prs de 5000 sur le bassin de la Dordogne. Certains sont entretenus par des propritaires souvent passion-ns de patrimoine, mais la majorit est inutilise, partiellement ruine ou abandonne. Limpact de ces seuils sur les cours deau dpend de leur histoire, de leur tat, de leur hauteur et de la manire dont ils sont grs. Ils peuvent jouer un rle important en contrlant les niveaux deau dans les nappes daccompagne-ment et en maintenant des poches d'eau en priode de sche-resse. Mais ils sont aussi de potentielles entraves la circulation des poissons, des sdiments et parfois mme des kayakistes. Il peut galement y avoir un effet ngatif sur la qualit de leau en favorisant laccumulation des sdiments et de divers polluants chimiques issus des bassins versants.

    On compte prs de 5 000 seuils sur le bassin.

  • ETAT DES LIEUX BASSIN DORDOGNE49

    Un diagnostic tablir pour des rponses appropriesCette trs grande diversit de situations souligne la ncessit de dvelopper la connaissance sur ces nombreux seuils. Certains sont dores et dj considrs par lONEMA comme prioritaires dans le bassin de la Dordogne, dautres non. Mais dans tous les cas, leur localisation, leur propritaire, leur statut, leur conception, les problmes ventuels quils posent et la manire dont ils sont grs sont des informa-tions quil est essentiel de rassembler. Il sagit dun travail indispensable pour envisager des solutions adaptes aux besoins cologiques des milieux naturels, et aux possibilits financires des propritaires. Paralllement, au cas par cas, un travail dinformation et de sensibilisation des propritaires est ncessaire pour rechercher, dans le dialogue, des solutions. Celles-ci sont nombreuses : am-nagement, amlioration du fonctionnement des vannages, arasement Pour assurer une bonne diffusion de linformation en direction des propritaires, il serait intressant dinformer les notaires sur les obligations de fonctionnement.

    Lamnagement agricole et lurbanisation

    Des interventions lourdes aux effets non matrissDs le Moyen Age, lhomme a engag des travaux de drai-nage et dassainissement des terres. Mais cest pour le remembrement dans les annes 1960 1980 que dim-portantes oprations de rorganisation foncire sont mises en uvre. Les cours deau qui traversent des terres agricoles ont t dvis et recalibrs pour faciliter lexploitation des terres avec des consquences bien visibles aujourdhui. Les tracs des cours deau, simplifis et raccourcis, voient leur pente dcoulement augmenter. Le surcrot dnergie dvelopp par les eaux coulant sur ces pentes a pour cons-quence lrosion du fond du lit. Cet enfoncement progres-sif du lit appel incision entrane alors une baisse des niveaux deau, dans le cours deau, dans les nappes alluvia-les. Il provoque parfois un asschement de zones humides voisines. Dans des cas assez extrmes, les phnomnes de creusement du lit peuvent se propager sur des kilomtres, entranant le dchaussement douvrages (barrages, digues) construits dans le lit. Dans de nombreux de cas, une vritable politique de non intervention , pourrait permettre de retrouver lquilibre des cours deau, mais long terme. Dans un contexte financier contraint, cette stratgie a lavantage dtre peu onreuse mais elle est difficilement accepte par les gestionnaires, les riverains et mme certains services instructeurs. En effet sa mise en uvre suppose de laisser le cours deau combler une partie de son lit, de laisser les berges sroder et accepter qu'il divague nouveau. Or cela va lencontre du principe encore dominant de restauration-entretien des rivires , fond sur le maintien en ltat du lit des cours deau.

    La planification de lurbanisme, un levier daction mobiliserLurbanisation est aussi source de dsquilibres. Le dveloppement des centres villes et centres bourgs a pous-s les amnageurs contraindre les cours deau. Buss, dtourns, certains ont littralement disparu sous les centres villes, mais il arrive loccasion dinondations que les habitants redcouvrent leur existence. Tous les usages des sols peuvent exercer des impacts sur les cours deau. Pour intgrer ces problmatiques dans lam-nagement de leur territoire, les dcideurs locaux ont leur disposition les documents durbanisme : carte communale, Plan Local dUrbanisme (PLU), Schma de Cohrence Territo-riale (SCOT). Or sur les 421 PLU (ancien POS), les 487 cartes communales et la quinzaine de SCOT, trs peu intgrent leau dans toutes ses dimensions. Cela peut tre d lchelle de gestion de leau qui dpasse les frontires administratives, des difficults de comprhension par les acteurs et les lus locaux LAgence de lEau Adour-Garonne incite depuis peu les collectivits conduire des tudes pour une meilleure in-tgration de leau dans les documents durbanismes, en par-ticulier les Schmas de Cohrence Territoriale (SCOT), mais les rsultats des premiers tests sont peux probants.

    Pour lessentiel, les amnagements lourds des cours deau (curages, recalibrages, rectification) appartiennent au pass, mme si certains riverains indlicats interviennent encore de faon brutale, mais illgale. En revanche, laction publique amnage, modifie, btonne, lgalement, le lit des cours deau, pour la ralisation des grandes infrastructures routires ou ferroviaires.

    Amnagement des cours d'eau, a-t-on rellement tourn la page ?

  • EPIDOR EPTB DORDOGNE50

    Des problmes identifisde longue date

    Une connaissance de plus en plus complteLes dsquilibres dcrits ci-dessus sont connus depuis long-temps, mme si certaines questions ont merg ou se sont prcises au fil du temps. Ainsi, lEtat des lieux ralis loccasion des Etats Gnraux de la Dordogne de 2001 est complmentaire avec la Charte Valle Dordogne de 1992.A titre dexemple en matire durbanisme, le texte de 2001 fait apparatre la ncessit dintgrer la gestion de la rivire dans les documents durbanisme. Celui de 1992 se focalisait sur les problmatiques lies au dimensionnement de las-sainissement et de leau potable ainsi que sur la protection et l'entretien des paysages et du patrimoine bti. Les seuils et ouvrages en travers autres que ceux destins la production hydrolectrique sont peu pris en compte dans ces deux textes.

    Des intentions encourageantes qui doivent se concrtiserAujourdhui, les directives europennes, la loi sur leau et les milieux aquatiques de 2006, le SDAGE 2010-1015 et son programme de mesures dfinissent des politiques visant le rtablissement de la continuit cologique et posent lobli-gation datteindre un bon tat cologique de nos cours deau dici 2015.

    La problmatique des amnagements lourds est dsormais pleinement intgre comme en tmoignent ces actions en cours :

    inventaires des seuils et des tangs, tudespouramnageroueffacerlesouvragesquicrent

    des obstacles la circulation des poissons,mthodologieencoursdlaborationpar lONEMA1 pour

    tablir des diagnostics de franchissabilit piscicole au niveau des ouvrages hydrauliques,

    rglementation plus contraignante pour la cration denouveaux ouvrages sur les cours deau,

    incitationutiliseroutransformerlesouvragesexistantsplutt que den construire de nouveaux (y compris en matire dquipements hydrolectriques),

    dconnexiondesplansdeauparrapportauxcoursdeau.

    Cependant, les moyens financiers ncessaires pour atteindre les intentions nonces dans les textes sont considrables et la question se pose de la capacit des acteurs publics les mobiliser.

    La rhabilitation des anciens sites d'extraction doit-tre envisage l'chelle supra-communale si l'on veut viter de voir fleurir une multitude d'quipements de loisirs inutiliss.

    (1) Office National de l'Eau et des Milieux Aquatiques

  • ETAT DES LIEUX BASSIN DORDOGNE51

    P 42 Les tangs se dveloppent au dtriment des zones humides et ils perturbent forte-ment les milieux aquatiques (vaporation, eutrophisation, accumulation des polluants).

    P 43 La rhabilitation des sites d'extraction de granulats est insuffisante et n'est pas rflchie une bonne chelle territoriale.

    P 44 Les nouveaux sites d'extraction de granulats augmentent en taille et se concentrent sur quelques secteurs faisant peser un plus grand risque sur les paysages et l'environnement.

    P 45 L'impact des seuils et des chausses sur les cours d'eau est important et leur ges-tion est aujourdhui inexistante ou ne prend pas en compte les enjeux cologiques.

    P 46 Les outils d'amnagement du territoire (documents d'urbanisme, schmas de co-hrence territoriaux) ne prennent pas suffisamment en compte les milieux aqua-tiques.

    P 47 Les effets cumuls des amnagements ne sont pas pris en compte dans les processus dautorisation administrative.

    Les tangsS 71 Informer et sensibiliser les propritaires

    sur leurs devoirs et sur les possibilits de mieux grer leur plan deau pour en limiter les impacts.

    S 72 Limiter la cration de nouveaux plans deau et engager une rflexion supra com-munale sur lexistant intgrant les effets cumuls.

    S 73 Envisager une politique de long terme visant amliorer la gestion des ouvrages et supprimer ceux qui sont labandon.

    Les graviresS 74 Dvelopper la filire de recyclage de granulats.S 75 Rserver les granulats issus des gravires

    en lit majeur des usages nobles comme le bton par exemple.

    S 76 Mettre en cohrence les schmas dparte-mentaux des carrires et dvelopper une politique de bassin (extraction, rhabilitation des sites).

    Les seuils et les chausses S 77 Dterminer les seuils qui, prioritairement,

    doivent tre effacs, amnags ou faire l'objet d'une gestion particulire.

    S 78 Engager un travail d'information et de sen-sibilisation des propritaires, discuter du de-venir des ouvrages et rechercher avec eux la meilleure solution entre effacement, amna-gement et amlioration du fonctionnement.

    S 79 Encourager la mise en place de stratgies coordonnes lchelle du bassin de la Dordogne pour restaurer la continuit cologique (piscicole et sdimentaire).

    Amnagements et urbanisation S 80 Intgrer les enjeux de l'eau et des milieux

    aquatiques dans les documents d'urbanisme.

    (1) Office National de l'Eau et des Milieux Aquatiques

  • EPIDOR EPTB DORDOGNE52

    Notre patrimoine naturel est un atout majeur pour le bassin de la Dordogne, il est indissociable de notre image de marque ; il est aussi la source de revenus qui irriguent notre conomie. Le tourisme vert, activit essentielle dans notre dveloppement conomique, a su valoriser cet atout en ressource pour le territoire. Dautre part, ce patrimoine remarquable est lorigine de financements publics non ngligeables pour des territoires ruraux dans le cadre des politiques de prservation de la biodiversit. Plus largement, la prise en compte des espces vulnrables est de plus en plus importante dans la gestion des rivires et des bassins versants car leur situation illustre ltat gnral des milieux. Le caractre exceptionnel de ce patrimoine naturel, riche en espces remarquables, en milieux aquatiques et en cosystmes fluviaux, permet aujourdhui au bassin de la Dordogne d'tre reconnu comme rserve mondiale de Biosphre par lUNESCO. Cependant, la vigilance simpose car les quilibres sont prcaires ; on constate dune faon gnrale des dynamiques inquitantes : diminution des populations despces vulnrables, recul et dgradation des milieux les plus typiques.

    Des inquitudes pour lalose, le saumon et languilleLe bassin de la Dordogne a connu une priode de forte crois-sance des populations d'aloses et de saumons au cours des annes 1990. Cette volution a t interprte comme un signe encourageant pour les programmes de restauration. Mais depuis, la situation de tous les migrateurs sest dgrade alors que les efforts de repeuplement sont maintenus.

    Les constats sont l : la population de saumons plafonne entre 100 et 300 individus selon les annes alors quon en comptait 1400 en 2002. Le stock daloses sest littralement effondr et seulement quelques milliers dindividus remon-tent dsormais la Dordogne. La situation de languille tait proccupante, elle est devenue alarmante avec des quanti-ts danguilles divises par 10 100 selon les lieux et les annes. Lalose feinte semble suivre une volution moins proccupante mme si la population est difficile estimer. Seule la lamproie marine se maintient selon les chiffres disposition. Par ailleurs, des contaminations par les PCB entranant une interdiction de la pche et de la consommation ont t constates sur plusieurs espces, notamment languille et lalose feinte.

    Des espoirs pour lesturgeonAprs des annes extrmement difficiles, on enregistre aujourdhui des rsultats encourageants pour lavenir de lesturgeon. Alors quelle ne sest plus reproduite de faon

    naturelle dans la Dordogne depuis 1994, on envisage aujourdhui un retour de cette espce. En effet, les efforts entams dans les annes 1990 (notamment les 2 programmes Life esturgeon) portent leurs fruits depuis 2008. Grce loutil de repeuplement mis en place il y a 15 ans, on ralise prsent des lchers importants dalevins chaque anne. Une lueur despoir mme si la capacit de survie de ces poissons une fois en mer reste une incertitude.

    Les points noirs traiterFace des rsultats plutt moroses, on est en mesure de fournir quelques pistes dexplications grce de nombreuses tudes de suivi des populations. Les principaux facteurs de dpeuplement sont mieux identifis.

    Les trois barrages du Bergeracois apparaissent clairement comme un point noir, exerant chacun un impact trs ngatif. En dpit des passes et ascenseurs poissons dont ils sont quips, ils restent difficilement franchissables par les migrateurs qui cherchent rejoindre les zones de reproduction. Des analyses menes rcemment ont montr que les impacts cumuls de ces ouvrages peuvent, eux seuls, remettre en cause lquilibre de certaines espces, comme le saumon. Amliorer lefficacit des passes au niveau de ces barrages est donc un enjeu prioritaire.

    Sur le haut bassin, les variations artificielles de dbit pro-voques par les grandes chanes hydrolectriques touchent fortement les frayres et les jeunes alevins sur leurs lieux de croissance. Ce problme est aujourdhui pris en compte, mais certains effets ngatifs subsistent.

    Un sujet emblmatique, les poissons migrateurs

  • ETAT DES LIEUX BASSIN DORDOGNE53

    Autre phnomne ngatif caus par lactivit dhydrolec-tricit : des tiages plus prcoces et plus creuss. En effet, les barrages sont en phase de stockage partir des mois de mai et juin ce qui diminue les dbits des cours deau et affecte la circulation des migrateurs. A linverse, les barrages garantissent un dbit minimum dans la rivire attnuant les situations dtiage les plus svres.

    La surpche peut jouer un rle majeur dans la rgression de certaines espces, de lalose en particulier. En effet, pendant plusieurs annes, les prlvements dus la pche dpas-saient les capacits de renouvellement naturel de la po-pulation. La pche de lalose est dsormais interdite sur la Dordogne et la Garonne depuis 2008.

    Le potentiel piscicole des affluents valoriserPlusieurs affluents de la Dordogne sont susceptibles daccueillir les poissons migrateurs. Malgr plusieurs actions entreprises pour favoriser leur recolonisation, la reconqute nest pas acheve. Des programmes doivent tre dvelop-ps dans la Maronne, la Dronne, les affluents de la Dordogne atlantique, le Cou, la Bave, la Vzre, la Corrze et ses affluents. Ces programmes consistent effacer les barrages quand ils nont plus dutilit, mettre en place des passes poissons performantes ou des systmes empchant le passage des poissons dvalant dans les turbines. Mais cela demande aussi un travail lchelle de tout le bassin versant pour garantir de bonnes conditions cologiques dans la rivire (qualit et quantit d'eau).

    La faune aquatique

    40 espces de poissonsLe bassin de la Dordogne abrite une faune piscicole varie qui comprend 40 espces dont 10 migratrices, 19 autoch-tones deau douce, et 11 espces introduites et acclimates. On considre que la plupart des peuplements sont plus ou moins altrs, selon les secteurs du bassin.

    Les sources de perturbation des cours deau sont nombreuses.Les amnagements de type recalibrage ou reprofilage pr-sents sur de nombreux affluents ont homognis le lit des rivires. Les espces exigeantes ont vu leur habitat reculer.Les obstacles, parfois trs anciens, cloisonnent les cours deau et limitent les possibilits de colonisation, voire les changes gntiques au sein des populations. Les tangs situs sur le cours des rivires, trs nombreux dans certaines zones, peuvent causer un rchauffement de leau.La baisse du niveau deau, dans les secteurs les plus sollicits par les prlvements ou sur les petits cours deau ayant subi une incision importante (creusement du cours principal de la rivire), peut accentuer les phnomnes dassecs, au point de rendre les cours deau inhabitables.

    Les efforts engags dans les annes 90 pour sauver l'esturgeon europen pourraient porter leurs fruits dans les prochaines annes.

    La pche, activit en sursisLes poissons de la Dordogne reprsentent depuis toujours une ressource exploite par la pche, pour le loisir ou des fins commerciales. Plusieurs dizaines de pcheurs professionnels exercent encore leur activit sur la Dordogne. Une grande partie dentre eux sest spcialise sur les poissons migrateurs. Pour diverses raisons dont les effets se sont souvent cumuls (destruction des milieux, pollutions, barrages, surpche), la plupart des espces migratrices qui constituaient une ressource pour ces pcheries est devenue inexploitable. Ceci a provoqu une crise des entreprises de pche et de nombreuses cessations dactivit, en particulier dans le secteur estua-rien. Une rflexion reste mener pour adapter les modes dexploitation et de valorisation aux difficults dune ressource devenue plus rare et plus fragile.

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  • EPIDOR EPTB DORDOGNE54

    Des phnomnes deutrophisation importants sont consta-ts dans certains secteurs situs laval dagglomrations ou dans des zones agricoles. Cela peut affecter loxygnation des milieux et causer la mort des poissons.Des variations de dbit brutales et frquentes touchent la Dordogne et ses affluents, causes par la grande hydrolec-tricit, ce qui peut affecter la reproduction de certaines esp-ces : mise sec de pontes et de zones de frai, chouages et pigeages dalevins. Sur la Dordogne, les liaisons des bras morts et bras secon-daires avec la rivire ont t rduites suite labaissement du niveau deau li aux extractions massives de granulats. Ces annexes fluviales perdent alors leur fonction dhabi-tat pour les poissons.Les oprations dalevinages ont longtemps t considres comme une solution palliative ces dficits de fonctionnalit des milieux aquatiques ; elles sont aujourdhui moins syst-matiques, mais la pratique persiste.Lacclimatation des espces introduites est plus ou moins importante. Les plus sensibles comme lombre commun connais-sent les mmes difficults que les espces autochtones les plus fragiles. Dautres espces ont prolifr plus facilement. La plu-part semble avoir atteint une situation dquilibre aprs une phase dexpansion. En revanche, le silure introduit plus rcemment connat encore une situation de forte expansion. On sinterroge aujourdhui sur ses impacts, notamment sur la prdation quil exerce sur les poissons migrateurs au niveau des barrages.

    Les invertbrs aquatiquesAucune information vraiment documente ne permet dapprcier la situation de la microfaune aquatique. Certaines observations indiquent toutefois un recul, au moins sur certains secteurs, despces remarquables. On rapporte par exemple une diminution progressive sur la rivire Dordogne des closions spectaculaires dphmres (insectes volants). Des tudes, menes dans le cadre de Natura 2000 sur la valle de la Dordogne, relatent galement une relative pauvret de la population dodonates (libellules) par rapport au potentiel dhabitat quoffre la rivire. Ces constats pourraient tre rvlateurs de dysfonctionnements plus profonds des milieux aquatiques ayant galement des consquences dans dautres compartiments de lcosystme.

    Lvolution des populations dcrevisses semble poursuivre un chemin inluctable : la rduction des populations locales, extrmement fragilises par le dveloppement de maladies trs destructrices, et la progression rapide des espces exo-tiques. En dehors d'inventaires, aucune vritable dmarche daction nest entreprise.Le dveloppement dun plan national daction sur les nayades (des moules perlires deau douce) a permis de collecter un nombre important dinformations sur ces espces. Des populations ont ainsi t dcouvertes sur plusieurs cours deau qui prsentent encore des habitats prservs. La pr-sence des moules perlires est aujourdhui considre comme un signe de bonne sant des cours deau ; elles ncessitent en effet des eaux de trs grande qualit et des populations

    abondantes de truites, sans lesquelles elles ne peuvent pas effectuer leur cycle biologique.

    Les mammifres et les oiseauxLa loutre, dont la prsence tait limite certaines parties recules du bassin versant il y a 20 ans, a connu un retour spectaculaire. Elle colonise dsormais presque tout le bassin versant. Cest le statut despce protge qui semble avoir permis cette recolonisation rapide.Le vison dEurope ne connat pas le mme dveloppement malgr un plan daction national pour sa protection. Il est victime dune rgression importante de ses habitats vitaux (marais et prairies humides) mais aussi de la concurrence avec le vison dAmrique qui est une espce introduite. Pour ces espces, lenjeu principal est de conserver des aires dhabitat suffisamment vastes et rgulirement rparties le long des valles tout en assurant un corridor biologique minimal. Autre espce introduite, le ragondin a fait lobjet de fortes proccupations durant la dcennie passe. Les rcriminations contre cette espce semblent stre calmes paralllement la mise en place des actions de lutte contre sa prolifration. La lutte chimique a t abandonne partout depuis la dernire dcennie au profit dune lutte par pigeage plus slective et moins impactante pour le milieu naturel et les autres espces. Concernant les oiseaux, plusieurs espces sont directement lies aux milieux aquatiques : le hron, le cormoran, le martin pcheur, le cingle plongeur, lhirondelle de rivage, le petit gravelot, le chevalier guignette, les canards. Peu dactions concernent actuellement les espces avicoles mises part lapplication de la rglementation sur les espces protges et la rgulation des cormorans la demande des pcheurs.

    Rservoirs de biodiversit, les bras morts sont des habitats spcifiques prserver.

  • Situation gnrale et formes du litdurant la premire moiti du XXe sicle (1900-1950)

    Abaissement du toit de la nappe

    Situation gnrale et formes du lit au dbut du XXIe sicle

    ETAT DES LIEUX BASSIN DORDOGNE55

    Les milieux rservoirsde biodiversit aquatiqueDes milieux remarquables reconnus Les rivires du bassin de la Dordogne reprsentent des contextes et des enjeux de biodiversit varis. Elles abritent des habitats naturels diversifis : lits de rivires courantes herbiers, lots, confluences, bras morts, prairies humides, forts alluviales Ainsi, la plupart des grands axes flu-viaux et certains affluents ont t classs au titre de Natura 2000. Les valles de la Dordogne, du Moron, du Gestas, de lEngranne, de lIsle, de la Double, de la Dronne, du Lary et du Palais, de la Tude, de la Lizonne, de la Vzre, des Beunes, de lOuysse et de lAlzou, de la Cre, de la Maronne, de l'Auze, de la Triouzoune, du Chavanon ont donc t reconnues comme sites enjeu biologique remarquable.Les grandes valles sont galement reconnues pour leur rle de corridor biologique. Elles sont en gnral bien identifies au sein des trames vertes et bleues mises en place par le Grenelle de lEnvironnement. Toutefois, ces dmarches sont dveloppes dans le cadre de projet rgionaux, ce qui peut rendre difficile la prise en compte dune vritable logique de bassin versant.Certaines grandes zones humides font galement lobjet dune attention particulire dans le SDAGE Adour Garonne et les chartes des Parcs Naturels Rgionaux du bassin (Prigord Limousin, Millevaches, Volcans dAuvergne, Caus-ses du Quercy).

    Des actions de conservation souvent isolesA limage du lit de la Dordogne, certains de ces milieux font lobjet de mesures de protection strictes. Mais ce type de me-sures ne couvre quune minorit de sites. Il est important de souligner que dans la plupart des milieux aquatiques et zones humides appartenant au domaine priv, toute action de protection relve du volontariat (do limportance de la sensibilisation des propritaires).

    Alimentation de la nappe et changes latraux

    Ce que nous enseignent les inventaires raliss sur la Dordogne au titre du rseau Natura 2000 Lenfoncement du lit de la Dordogne a induit un asschement et un vieillissement acclr des formations vgtales riveraines. Cest la consquence de labaissement de la nappe et de labsence de submersion prolonge depuis plus de cinquante ans. Cette volution est nette et aisment identifiable travers trois principales tendances :

    une substitution aux formations pionni-res (saulaies arbustives, saulaie saules blancs et peuplier noir, etc.) de boisements bois durs (frnaie aulnaie, rablaies negundo , ormaies, chnaies, etc.) aux marges du lit mineur ;

    une progression importante des boisements en lit mineur, une fixation des sols et une fermeture des marges du lit vif par la vg-tation ( effet de couloir ) ;

    une diminution de la varit des milieux biologiques du fait du comblement ou de la dconnexion de nombreuses annexes hydrauliques.

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  • EPIDOR EPTB DORDOGNE56

    Les actions de conservation sont souvent des initiatives isoles menes par des collectivits ou des conservatoires despaces naturels. Il peut sagir galement dactions de compensation dun grand ouvrage (autoroutier par exemple). Dans tous les cas, la matrise foncire est un levier daction dterminant. Le Domaine Public Fluvial (DPF) dans le bassin de la Dordogne contient beaucoup de milieux dintrt cologique : le lit de la rivire lui-mme, mais aussi les espaces de transition souvent constitus de terrains bas inondables, en particulier dans les secteurs d'lots, de confluences et de bras morts. Au vu de leur intrt pour la biodiversit, un travail de reconqute de ces habitats riverains de la rivire doit tre engag.

    Vers une politique publique de prservation de la biodiversit

    Une ambition afficheDepuis la Charte Valle Dordogne, on constate des avances importantes sur le plan de la prise de conscience et de lorganisation. En 1992, la prservation des espces sur la Dordogne se rsumait au plan saumon. On en compte dsormais une multitude : plan de gestion des poissons migrateurs, plan national anguille, plan national esturgeon, plan national vison, plan national moule perlire et grande mulette, plan vison, plan loutre, plan odonates Tous ces plans sont suivis et encadrs par des comits de pilotage, associant de nombreux partenaires. La biodiversit est galement fortement mise en avant dans de nombreux documents de planification comme le SDAGE1, dans les projets de SAGE2 et dans la plupart des politiques rgionales et dpartementales. Elle est galement soutenue par toutes les dmarches Natura 20003 et par la mise en uvre de la Trame Verte et Bleue du Grenelle de lEnviron-nement4. Elle devrait en plus tre renforce par la stratgie nationale de cration des Aires Protges5. En somme, la prservation des milieux aquatiques est dsormais devenue une relle politique publique, ce qui ntait pas le cas il y a 20 ans. Au cours de ces annes de travail, de nom-breuses tudes ont t ralises et ont permis damliorer les connaissances fondamentales sur les espces, sur ltat des populations, ainsi que sur ltat des milieux aquatiques. Forts de ces connaissances, nous comprenons mieux ce qui nuit la biodiversit. Ces lments nous ont appris que certains problmes avaient t sous-estims. Les principaux dentre eux sont : les obstacles sur les axes migratoires, la surpche de certaines espces, les aspects de qualit ou de quantit deau et leurs effets cumulatifs

    Des leviers daction efficaces trouverMais il ne suffit pas de connatre les problmes pour lutter efficacement contre ceux-ci. Ces expertises donnent des arguments pour expliquer, motiver laction publique, mais ce nest quun dbut. Dans de nombreux cas, la conservation des espces et de certains milieux passera ncessairement par des actions trs ambitieuses sur le plan environnemen-tal ; des actions qui pourront se heurter des intrts cono-miques (hydrolectricit, agriculture, pche professionnelle). Outre le levier rglementaire, la matrise foncire est un moyen utilis pour avancer plus efficacement. Il reste des inconnues importantes concernant certains changements de fond comme le changement climatique ou les polluants mergents (PCB, pesticides, mdicaments et autres toxiques). Ces lments peuvent incontestablement apporter des changements importants, mme de pertur-ber lensemble des cosystmes, ils ne doivent pas servir dalibi pour ne rien faire. Au contraire, ils soulignent souvent lurgence des plans de restauration.Au final, la situation des milieux aquatiques reste proccupante. Certaines espces semblent en voie de rtablissement alors que dautres se dtriorent et connaissent un tat encore plus prcaire quen 1992.

    le droit de leauet son application

    Le droit de leau recouvre les proccupations actuelles de notre socit. Les principaux aspects quil prend en compte sont : la disponibilit de la ressource (qualit et quantit), la protection contre les inondations, le maintien de la biodiversit... Son application, mme si elle nest pas toujours populaire, est cependant garante de latteinte des objectifs environnementaux fixs par lUnion europenne et de laccs leau de tous. Mme si le levier rglementaire nest pas la panace (pour tre efficace, il doit tre accompagn dincitations financires et dactions de sensibilisation), quel crdit porter aux politiques publiques en faveur de leau et des milieux aquatiques quand on constate que la faiblesse de la police administrative de leau nest pas compense par la vigueur de la rpression pnale6 ?

    (6) Leau et son droit, Conseil dEtat, Rapport public 2010

    (1) Schma Directeur dAmnagement et de Gestion des Eaux (2) Schma dAm-nagement et de Gestion des Eaux (3) Directive Europenne adopte en 1992 portant sur la prservation des habitats naturels de lUnion europenne (4) Outil national damnagement du territoire destin mieux protger les rservoirs de biodiversit du territoire ainsi que les corridors qui les relient (5) Rflexion natio-nale engage par le ministre de lcologie pour tendre les zones du territoire sur lesquelles les milieux naturels sont lobjet de protections rglementaires

  • ETAT DES LIEUX BASSIN DORDOGNE57

    P 48 Le manque de connaissances sur les causes l'origine de la rgression de la biodiversit aquatique ne permet pas de prendre les mesures qui s'imposent.

    P 49 Le manque d'efficacit des dispositifs de franchissement piscicole au niveau des barrages du bergeracois entrave la restauration de la population des poissons migrateurs.

    P 50 L'artificialisation des dbits lie la grande hydrolectricit rduit la diversit des habitats et le potentiel cologique de la Dordogne.

    P 51 Le recul de la biodiversit aquatique rduit la pratique de certains usages (chasse, pche) et la valeur des paysages fluviaux.

    P 52 La difficult coordonner l'action des dif-frents acteurs nuit l'efficacit des politiques publiques en faveur des milieux aquatiques.

    S 81 Maintenir les suivis de populations et les plans de restauration des espces en dan-ger en particulier : esturgeon, saumon

    S 82 Continuer lamlioration des dispositifs de franchissement au niveau des barrages du Bergeracois et poursuivre la reconqute des affluents.

    S 83 Retrouver des dbits plus naturels sur la Dordogne : suppression des cluses, ne pas diminuer les dbits en priodes de migration.

    S 84 Gestion de la pche : effort de pche adapt aux capacits des populations.

    S 85 Dvelopper des prospections sur ltat de la microfaune aquatique et des chanes alimen-taires dans les cosystmes aquatiques.

    S 86 Faire reconnatre les corridors alluviaux comme des couloirs biologiques.

    S 87 Engager une reconqute des habitats naturels sur le DPF.

    S 88 Dvelopper les investigations sur les causes des changements observs dans les cosystmes.

    S 89 Fdrer, mettre en rseau les initiatives locales et dvelopper des dmarches densemble de conservation des milieux aquatiques.

  • Crdits photos Epidor, Fotolia / Conception, rdaction & ralisation : www.otempora.com

    Etablissement Public Territorial du Bassin de la DordogneLe Tournepique, 24250 Castelnaud-la-Chapelle

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    Tl : 04 71 68 01 94

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