Etude de la reproduction des lamproies fluviatiles - 2014 ...€¦ · reproduction a lieu à des températures preferendum de 8.5 à 11 °C (ELIE & TAVERNY, ... Lors de la construction

Etude de la reproduction des lamproies fluviatiles - 2014

Fédération de l’Eure pour la Pêche et la Protection du Milieu Aquatique

Immeuble Leipzig, avenue de l’Europe BP 412 27504 Pont-Audemer cedex

Tél. : 02 32 57 10 73 Courriel : [email protected] site : peche27.com

Nid de lamproie fluviatile en vue du dessus

PRESENTATION DE L’ESPECE : Lampetra fluviatilis

Biologie et écologie

Migrateurs amphibiotiques anadrome, les lamproies fluviatile effectuent 70 à 90 % de leur cycle biologique en eau douce au stade larvaire dit d’ « ammocète » puis dévale en mer pour grossir. A maturité, elles remontent les cours d’eau pour se reproduire. Leur durée de vie totale moyenne est estimée à 8 ans (TAVERNY et al., 2005).

Les températures de l’eau, ainsi que les niveaux d’eau, sont des facteurs importants au déclanchement de la migration de montaison (ELIE & TAVERNY, 2010). Elles ne semblent pas soumises au phénomène de homing. Elles sont à priori attirées grâce à leur système olfactif, par les cours d’eau dans lesquels se trouvent des larves de lamproies. (ELIE & TAVERNY, 2010). La reproduction a lieu à des températures preferendum de 8.5 à 11 °C (ELIE & TAVERNY, 2010), généralement d’avril à juin.

Reproduction

La frayère correspond à la zone sur laquelle les géniteurs vont faire leurs nids. Le choix de ce site se fait suivant les facteurs substrat et vitesse : particules grossières de taille adaptée associées des vitesses d’écoulements élevées. Les fonds recherchés sont à dominante cailloux et graviers (MAITLAND, 2003 ; TAVERNY & al., 2005). La majorité des lamproies fluviatile sélectionnent des macrohabitats de type lotique : chenal lotique, banc d’atterrissement graveleux, radier, plat courant.

SUIVI BIOLOGIQUE

Etude de la reproduction des lamproies

fluviatiles sur la basse Risle

--

2014

Objet : Compte-rendu d’étude Dossier suivi par : Adrien Barault

[email protected] 02 32 57 10 73 06 79 13 81 80

Date de rédaction : 26/08/2014





Schéma d’un nid en coupe (ELIE & TAVERNY, 2010)

Les géniteurs font leurs nids sur la frayère (zone de reproduction) à l’aide de leur disque buccal et de l’agitation de leur corps. Les mâles creusent une fosse peu profonde d’environ 0.2 m² dans laquelle les femelles déposent 4 000 à 42 000 ovules de 1 mm de diamètre (CIHAR, 1991). La ponte peut s’étaler sur plusieurs jours. Les géniteurs meurent rapidement après le frai (quelques jours).

Statut de protection

Liste Rouge IUCN Directive Faune-Flore-Habitats (92/43CEE du

21/05/1992)

Convention de Berne

(19/09/1979) Arrêté du 08/12/1988

Mondiale Nationale Régionale

"Quasi menacée"

"Vulnérable" "Vulnérable"

Annexe II

Annexe III

"Espèce protégée"

Annexe V Arrêté de Biotope

Décret frayères

Cadre de l’étude

* CPER : Contrat de Projets Etat-Région 2007-2013.

METHODOLOGIE : Suivi des frayères

Lors de la construction du nid, les lamproies fluviatiles, en déplaçant les graviers et cailloux, laissent apparaître un substrat clair. Ces tâches sont facilement repérables à l’œil nu. La période idéale de suivi se situe en avril. Ainsi, le recensement des nids peut se faire à pied du bord. La position des nids est relevée au GPS, ils sont dénombrés puis mesurés. Les données vont ensuite alimenter une base de données exploitable sous SIG (MapInfo).

SDAGE PLAGEPOMI

Bassin Seine-Normandie Politiques

locales

Défi Orientation Dispositions Action Opération CPER*

6 15

54 : Maintenir et développer la fonctionnalité des … zones frayères

Recenser les stocks

Suivi des juvéniles et/ou des frayères

5.1 : Outils de connaissance ;

études de gestion des milieux

17 73 : Gérer les stocks des migrateurs

amphihalins

8 35 143 : Améliorer les connaissances

Lamproies fluviatiles sur frayère





Mesures sur des nids de lamproie marine

Mesures réalisées :

- Longueur et largeur du dôme - Longueur et largeur de la fosse - Type de substrat (WENWORTH, 1922

– in MALAVOI & SOUCHON, 1989). - Type de facies exploité (d’après

MALAVOI et SOUCHON, 2002) - Hauteur d’eau du facies exploité - Nombre de géniteurs sur le nid

Les relevés de taille des nids permettent par la suite de déterminer (de manière non-exhaustive) quelle espèce de lamproie en est à l’origine. En effet, les zones et les périodes de frai des lamproies fluviatiles et des lamproies de Planer se chevauchement. D’après les données bibliographiques, notamment de Taverny & Elie (2010), la répartition des tailles de cuvettes des nids par espèce est la suivante :

Lampetra planerii Lampetra sp Lampetra fluviatilis

0.01 à 0.04 m² 0.04 à 0.07 m² 0.07 à 0.31 m²

Il est à noter qu’il existe une incertitude dans la détermination de l’espèce lorsque la taille est comprise entre

0.04 et 0.07 m² car cette classe de taille correspond aux 2 espèces. De plus, une cuvette de taille supérieure à 0.31 m² est probablement issue de nids accolés. Les résultats obtenus sont présentés dans la figure 7.

D’après ELIE & TAVERNY (2010), les cuvettes présentant des dimensions proches de 0,1 m² caractérisent une petite population de lamproies fluviatiles.

ZONE D’ETUDE

Localisation de la zone d’étude





Le suivi a été réalisé sur plusieurs axes : la Corbie, la Risle, la Tourville et la Véronne. La Corbie est le premier affluent de la Risle (rive gauche) en aval du nœud d’ouvrages hydrauliques de Pont-Audemer. La Risle à Pont-Audemer présente les premières zones favorables à la reproduction des lamproies fluviatiles sur ce cours d’eau. Ces zones se répartissent entre les différent bras : bras sud, bras des 7 vannes et canaux latéraux. La Tourville et la Véronne sont les premiers affluents en amont du nœud d’ouvrages hydrauliques de Pont-Audemer pouvant héberger la reproduction des lamproies fluviatiles. La limite amont de la zone de suivi est localisée sur la Risle au niveau de « l’Ecopôle », dernière zone favorable actuellement accessible sur le bassin de la Risle.

Contexte réglementaire de la zone d’étude :

CONDITIONS ENVIRONNEMENTALES

Corbie Risle Tourville Véronne

L214-17 du CE : Liste 2

Natura 2000 FR2300149 Natura 2000 FR2300150

ZNIEF II n° 230 009 170

Linéaire de cours d’eau prospecté

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Débits de la Risle

Température de la Corbie

Température de la Tourville

Température de la Véronne

Température de la Risle

Preferendum thermique

Déclenchement de la reproduction

Température et débit de la zone étudiée





D’après les connaissances générales sur l’espèce, la période de reproduction des lamproies fluviatiles se situe de fin mars à début juin lorsque les débits des cours d’eau commencent à se stabiliser (sortie de crue) et que la température de l’eau augmente à 8.5-11°C (ELIE & TAVERNY, 2010). Cette année, les conditions nécessaires au frai ont été réunies à partir de début mars et sont restées optimales jusqu’à début avril. Les températures hivernales sont restées élevées pour la saison, notamment sur la Corbie qui est presque tout le temps restée dans la plage de preferendum thermique.

D’après ces résultats et ceux de SANSON (2010) et MARTIN (2012), il apparait un décalage temporel récurrent au fil des années entre les références bibliographiques et les observations de terrain. Les conditions sont optimales de manière précoce. Cette années les prospections ont été réalisées les 10 et 11 avril par temps clair et ensoleillé, la visibilité des nids était donc très bonne.

RESULTATS

Corbie

Sur l’axe Corbie, 22 nids ont été recensés cette année. Aucun géniteur n’a été observé sur les nids, ces derniers dataient visiblement de plusieurs semaines. Cela confirme la précocité de la reproduction pressenti à travers l’analyse des données de débits et de températures.

La totalité des frayères a été inventoriée sur des faciès lotiques : radier et plat courant. Ces faciès présentaient des hauteurs d’eau comprises entre 20 à 50 cm. Le couple de substrat dominant/accessoire cailloux/graviers est majoritairement utilisé (82%) pour la construction des nids observés.

Une concentration de nids accolés est remarquable à l’aval immédiat de l’ouvrage ROE378 à Toutainville. Il est à noter que la lamproie à un comportement opportuniste dans sa recherche de zone de frai et non de montaison systématique.

Selon le diagramme ci-dessous, 85% des nids peuvent être assimilé avec certitude à des lamproies fluviatiles.

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Analyse des résultats selon la taille des nids

Classe de taille (m²)

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Lampetra planerri

Lampetra sp

Lampetra

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Cartographies des zones de frai de la Corbie





Cartographies des zones de frai de la Risle

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100%

Lampetra planerri

Lampetra sp

Lampetra

fluviatilis

On remarque que 48% de nids sont compris dans la classe de taille 0.1 à 0.2 m², la classe inférieure rassemble 19% des nids. Une grande majorité des nids avoisine une taille de 0.1 m², synonyme d’une petite population de lamproies. Ceci est cohérent avec la faible colonisation observée sur la Corbie avec une limite amont localisée au niveau du moulin de Rica (ROE27171

Risle

Sur l’axe Risle, 26 nids ont été recensés à raison de 15 sur le bras des 7 vannes et de 11 sur le bras sud. Contrairement à la Corbie, la reproduction semble avoir été moins précoce, les nids observés étaient visiblement plus récents et la plupart étaient occupés par des géniteurs.

La totalité des frayères a été inventoriée sur des faciès lotiques : radier et plat courant. Ces faciès présentaient des hauteurs d’eau comprises entre 25 à 65 cm. Le couple de substrat dominant/accessoire cailloux/graviers est majoritairement utilisé (92%) pour la construction des nids observés.

On remarque une concentration non négligeable de nids accolés sur le bras des 7 vannes, en aval du barrage des 7 vannes (ROE221).

Il est probable, selon les résultats présentés ci-dessous, que l’ensemble des nids soit assimilables à des lamproies fluviatiles.

On remarque que 42% de nids sont compris dans la classe de taille 0.1 à 0.2 m², la classe inférieure rassemble 12% des nids. Une grande majorité des nids avoisine une taille de 0.1 m², synonyme d’une petite population de lamproies ou bien d’un milieu non-saturé. Il est à noter la présence non-négligeable (8%) de nids dont la cuvette mesure entre 0.7 et 0.8 m². Bien que comprise dans la classe de taille assimilé aux lamproies fluviatiles, des lamproies de planer activent ont été observées sur la zone de frai. En effet, il est à noter la présence simultanée de géniteurs Lampetra fluviatilis et Lampetra planerri sur 2 nids de 0.8m² et 1.6m².





Cartographies des zones de frai de la Véronne

Véronne

Sur l’axe Véronne, 45 nids ont été recensés à raison de 35 sur le bras principal et de 10 sur le bras dérivé alimentant l’étang « La ferme des petits prés ». Contrairement à la Corbie, la reproduction semble avoir été moins précoce, les nids observés étaient visiblement plus récents et la plupart étaient occupés par des géniteurs. Cet écart peut-être induit par un retard à la migration engendré par les ouvrages hydrauliques de Pont-Audemer.

Les nids comptabilisés sur le bras

dérivé de la Véronne dit « bras de la zup » ne seront pas pris en compte dans l’analyse car malgré leur classe de taille intermédiaire, la granulométrie était à dominante gravier et des lamproies de Planer uniquement ont été observées sur l’ensemble de la zone. De plus, l’étang situé à l’aval de ce bras le rend très peu attractif pour les lamproies fluviatiles.

La totalité des nids du bras principal

de la Véronne a été inventorié sur des faciès lotiques : radier et plat courant. Ces faciès présentaient des hauteurs d’eau comprises entre 10 à 30 cm. Le couple de substrat dominant/accessoire cailloux/graviers est majoritairement utilisé (77%) pour la construction des nids observés.

Une zone de nids accolés

remarquable était localisée à l’aval immédiat de l’ouvrage répartiteur de

Maneville (ROE354). La frayère s’étendait sur une surface de 2.80 m² (dont 1.60 m² de cuvette). Il s’agit là du front de colonisation des lamproies fluviatile sur la Véronne. En effet, seules des lamproies de Planer ont été observées sur les 2 nids (de petite taille) localisés en amont, ce qui laisse supposer qu’il ne s’agit pas d’une zone de frai occupée par les lamproies fluviatiles.

Cartographies des zones de frai de la Véronne

13%

18%

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Lampetra planerri

Lampetra sp

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Presque tous les nids, soit 84%, présentaient des cuvettes d’une taille proche de 0.1 m² traduisant une population de lamproie de taille réduite ou un milieu non-saturé. Un plus grand nombre de lamproie de Planer a été observé sur la Véronne, de plus la granulométrie y est plus fine que sur les autres axes de suivi. Il est possible qu’une part non-négligeable de nids de plus de 0.7m² soit en réalité des nids accolés de lamproies de Planer. Ce constat est conforté par la forte concentration de nids de lamproie de Planer sur le bras de la zup. A peine 70% des nids sont assimilables à des lamproies fluviatiles.

CONCLUSION

Le suivi de la reproduction des lamproies fluviatiles (Lampetra fluviatilis) sur le bassin de la Risle potentiellement accessible pour la montaison des géniteurs a permis d’inventorier 93 nids à raison de 22 sur la Corbie, 26 sur les bras de la Risle à Pont-Audemer et 45 sur la Véronne. Le front de colonisation de l’axe Corbie semble être le moulin de Rica. Sur l’axe Risle, le vannage des 7 vannes semble problématique car exerce un fort attrait pour les migrants au niveau du Bras nord mais cet ouvrage est actuellement infranchissable. L’axe Tourville n’a pas hébergé de reproduction. La Véronne a été l’axe comptant le plus grand nombre de nids, a nuancer toutefois par l’importante part d’activité de reproduction des lamproies de Planer.

La population présente actuellement sur le bassin de la Risle semble de taille réduite, ce qui peut expliquer son front de colonisation bas sur la Corbie. Il est difficile de tirer des conclusions sur l’activité de reproduction sur la Risle, car les zones favorables accessibles sont peu nombreuses. La Tourville ne semble pas attrayante, au contraire de la Véronne. Cependant, la migration des lamproies fluviatiles sur ce dernier est très vite stoppée par l’ouvrage répartiteur de Manneville.








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Etude de la reproduction des lamproies fluviatiles - 2014 ...€¦ · reproduction a lieu à des températures preferendum de 8.5 à 11 °C (ELIE & TAVERNY, ... Lors de la construction