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Etude de Textes Littéraires Espagnols ; Notes 2010

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ULg BAC1 LLMFautes d'orthographes possibles!

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Page 1: Etude de Textes Littéraires Espagnols ; Notes 2010

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I. Lazarillo de Tormes Un récit révolutionnaire, inclassable (pas seulement roman picaresque), modèle du genre qui naît avec Lazarillo…Roman tout à fait particulier qui va introduire des nouveautés... [L’auteur ne se disait pas qu’il allait faire le premier roman picaresque, définition du genre : rétrospective (en arrière). Le moment de définir le genre n’arrive pas bcp plus tard que le 17e siècle (pas réellement de date). Au début du 17e siècle, imitation de modèles]. : antihéros, dérision des couches sociales A. MESSAGE CACHE

- Lázaro de lacerar (souffrir), laceria (misère) : Lazare a tout le temps faim + battu par ses maîtres. Mots qui entretiennent des rapports évidents avec Lázaro.

- Mot (perro) lazarillo, sens actuel : (chien, qui guide les aveugles) valet d’aveugle.

- Làzaro = perso de la Bible appartenant à une famille amie de Jésus (Jésus va voir la famille quand Làzaro † et le ressuscite, revient de la †).

B. HISTOIRE DU TEXTE Apparence simple, suite d’épisodes drôles MAIS Tour de force artistique OR anonyme Fierté de l’auteur rapidement édité Ca. 1552-1553 : Edition princeps perdue (la + proche du texte original) = X Le passage où l’on fouette les clochards “étrangers” permet de dater le roman après le 21 avril 1546, date à laquelle cette mesure a été approuvée. 1554 : Editions de BURGOS (près de Castille), AMBERES (Anvers) et ALCALA

(près de Madrid)… 3 éditions pas tout à fait identiques, il y a des variantes qui permettent de retracer la généalogie entre ces textes. De la même manière, on peut retracer l’arbre généalogique des premières éditions de ces livres-ci. Or, en les comparant, on se rend compte que l’édition Alcala de Henares n’a pas été fait à partir de l’édition de Burgos, parce si l’imprimeur avait eu l’édition de Burgos, il avait écrit quelque chose de différent, il n’aurait pas mal compris certains mots, il aurait utilisé une autre mise en page. On fait des hypothèses et on se dit qu’il y a des éditions perdues mais qui devaient être à) la base des éditions qui ont été connues. 1554, la premières éditions mais on suppose qu’il aurait eu déjà une autre édition princeps, antérieure de 1552-1553. En plus sur cet arbre généalogique, il faut ajouter une quatrième édition, de medina del Campo (découverte en 1995).

= 1ères éditions retrouvées, proches de la date de l’édition princeps

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= copies successives d’un texte original (titres des chap ≠ selon édition)

- Edition d’Alcalá : passages ajoutés (~2000 mots d’une main différente de celle de l’auteur original car ils se trouvent que dans l’édition Alcalá)

1995 : Découverte d’une quatrième édition [dans une bibli cachée dans un mur parmi onze livres « dangereux », appartenant à une personne cultivée qui lisait le français, le latin, l’italien et qui a surement caché ces livres car suspects d’être idéologiquement dangereux première idée entretenue entre le livre et ses lecteurs], celle de Medina del Campo.

Stemma (arbre généalogique d’un livre):

X (1553, perdues) Burgos Medina Y (dans une autre ville) Amberes Alcalá

Avec l’exemplaire de Medina il y a dans le monde QUE 9 exemplaires des éditions de 1554.

Donc on ne connait que 4 éditions de Lazarillo de Tormes. A cette époque, l’imprimeur était aussi le libraire, c’est lui qui choisissait le livre, qui l’imprimait. Et si le livre était connu, célèbre, d’autres libraires l’imprimaient et donnaient de l’argent à ce premier imprimeur. L’écriture de ce roman : nous devons lire le texte qui pourrait nous indiquer la date d’écriture : un passage qui porte sur une loi (promulgation d’un édit : entretenir les clochards dans chaque ville et ne pas qu’ils partent dans d’autres villes) : 21 avril 1546 loi qui se trouve dans ce livre. Livre en train d’être rédigé aux alentours de 1546. Le passage sur la mesure de fouetter les clochards « étrangers » permet de dater le roman après le 21 avril 1546. 1559 : Inscrit à l’Index de l’Inquisition espagnole. Dès 1573 : Version expurgée (certains passages enlevés). Le texte qu’on a lu dans les nouvelles éditions Alcalá : version expurgée (censurée) : Première évidence du danger qui entrainait les premières éditions de Lazarillo. * * * C. L’AUTEUR

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Anonymat = Stratégie consciente (volonté de tromper) : permet de critiquer la société impunément (L’auteur dérobe son propre visage en se présentant de dos. Son anonymat confine à la mystification ; de Bataillon). L’auteur de Lazarillo de Tormes très malin. Il aurait pu utiliser d’autres explications du récit mais ce qu’il a plutôt voulu, c’est de tromper l’auteur. Interdit en 1559 (l’absence d’auteur était normale avant l’interdiction de 1559). Fonction implicite de l’anonyme : notamment celle de créer l’incertitude sur la réalité du récit CAR semble autobio (donc Lazarillo de Tormes lui-même qui a écrit car il a réellement existé) : fictif ou réel ?

o Distinction auteur-narrateur floue. (Si le livre avait été signé, on aurait pu faire la distinction entre deux instances : narratives et réelles).

o On lit le livre comme une autobiographie (effets ≠) lorsqu’on écrit la vie d’une personne qui a existé.

o Récit d’activités quotidiennes semble réel, véridique. En 1554, ses contemporains n’avaient pas l’habitude de lire comme “fiction” (autobiographie fictive) un livre pareil, une histoire sur la réalité humble et familière (quotidien). Les romans de l’époque étaient des récits de chevalerie (Tirant le Blanc), fantastiques Roman moderne Ne racontant pas SON histoire, il aurait pu expliquer comment il avait “trouvé” l’histoire de Lázaro, ou comment il l’avait entendue de la propre bouche du héros. “Il a préféré prolonger jusqu’ici l’artifice autobiographique” (Bataillon) en choisissant l’anonymat Pas une « fiction » mais une « falsification » (ne voulait pas être reconnu). Le fait de ne pas signer le livre est une falsification sur la personnalité de l’auteur du livre, il simule le texte comme si c’était un texte réel. Autodiégétique : narrateur qui raconte sa propre histoire, qui est le protagoniste de sa propre histoire. CANDIDATS POSSIBLES

1. Juan de Ortega, étudiant à Salamanca + religieux de l’ordre des Hiéronymites

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Arguments : o Dans sa cellule on trouva le brouillon, ou du moins une copie du

livre écrite de sa propre main. Preuve définitive ? Non car au MA, on copiait toujours à la main, pas encore d’imprimerie.

o Réformateur, homme d’esprit « lumineux » o Blagues sur les prêtres = forme d’humour familière aux clercs. o Général de l’ordre des Hiéronymites entre 1552 et 1555.

2. Diego Hurtado de Mendoza, ambassadeur de Charles Quint à Venise Arguments :

o Un catalogue de 1607 lui consacre quelques lignes : “Il a composé aussi des poésies castillanes et le livre de divertissement appelé Lazarillo de Tormes”.

o Auteur de badinages en vers et d’incisifs pamphlets en prose inédits, a pu sembler être un auteur digne du Lazarillo

MAIS témoignage tardif d’UNE seule personne + avis non approuvé par les savants de l’époque ni par les éditeurs de ses poèmes.

3. Sebastián de Orozco, licencié de Toledo (né vers 1510)

Argument :

o Dans sa pièce (non datée) il fait intervenir Lazarillo et son maître aveugle relation évidente avec le “Tractado primero”.

o Vit sur le lieu d’édition d’une des versions de 1554 par son imprimeur (d’une des œuvres d’Orozco en 1552) A lu la version de 54 et l’a paraphrasé dans sa pièce

4. Lope de Rueda, un crieur public de Toledo Même nom que l’auteur des célèbres pasos (et vécu à la même époque) MAIS Lope de Rueda = nom très courant Différences stylistiques

* * * D. UNE LETTRE = Longue missive en réponse à une autre missive

Lettres missives Roman épistolaire

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Genre NON-littéraire (� Sujet,…) Genre littéraire fictif Très populaire Exemples : Montaigne en avait une centaine

1er exemple : Processo de cartas de Juan de Segura (1548)

On pouvait vraiment envoyer la lettre par la poste Destinataire concret

1554 = Année des plus anciennes éditions de Lazarillo + apogée du roman épistolaire REFERENCES TEMPORELLES

- Présence d’une date finale: 1525 ou 1538-39, Cortes (Cortèses) à Toledo. - Bataille “de los Gelves (lieu)”, 1510 ou (moins probable) 1520

o Bataille importante pour laquelle moult Castillans sont morts… o Mari serait † à cette bataille héroïque ? OR accusé de

tromperie… Invention de la mère ?

- Lázaro aurait 24 ou 27 ans à la fin. POURQUOI UNE LETTRE MISSIVE?

- En vogue à l’époque (XVIe), genre qu’inaugurent : o ITALIE : Pietro Aretino, Lettres (1538) o ESPAGNE : Antonio de Guevara, Epístolas familiares (1539-1541)

- Avant de s’adresser au “Monsieur” (Vuestra Merced), le narrateur permet que d’autres lecteurs lisent cette lettre privée :

« Ca ne m’étonnerait pas que d’autres personnes s’amusent de cette bagatelle »

- Y a este propósito dice Tulio [Cicerón] : «La honra cría las artes»…

o Honra = gloire (La gloire fait pousser les arts)

Cherche la gloire // soldat qui veut partir en 1er sur le front non pour mourir pour la patrie mais pour devenir un héros.

Contraste Préface-Récit � idées/style : Mention d’auteurs latins (Pline, Cicéron) Histoire d’un roi ? Savant ? Etudiant cultivé ? PUIS style grossier aurait pu trouver des synonymes aux mots vulgaires

(jarro, narices, cogote,…) qu’il choisit, des mots + classes

Style : decoro : Sociologie intuitive Tout homme se comporte selon la classe sociale

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à laquelle il appartient (� vêtements, façon de parler) Plusieurs membres de la famille de Lázaro SUSPECTS pour la société du XVIe (Voir premier chapitre):

• Père : meunier, volait la farine, emprisonné/exilé. Peut-être était-il mauresque : on ne sait pas si expédition POUR ou CONTRE les Maures.

• Mère : vit en concubinage avec un noir mauresque, fouettée Fréquentait les écuries ( ?!) = establera = prostitution de très basse classe // establo (écurie) Prostituée Etre concubine d’un noir/esclave mauresque CHOQUE dans ce récit

réaliste CAR honneur important (lignée,? du sang) • Zaide : volait l’orge et d’autres choses ; fouetté.

Martín de Riquer : une biografía no deseable (que personne ne souhaite

vivre) Auteur sème le doute sur la vraisemblance du récit…

* * * E. UNE HISTOIRE(S) BIEN RACONTEE(S) Récit parsemé d’histoires très réalistes qui, en quelques lignes, définissent le caractère des personnages (sous-entendus)… Lazaro sait apprécier l’humour avec lequel l’aveugle raconte ses aventures.

Le méchant aveugle contait à tous ceux qui s’approchaient de nous mes mésaventures et les répétait une fois et deux fois, aussi bien l’histoire de la cruche que celle des raisins te cette dernière [la saucisse]. Et tel était le rire des gens que tous ceux qui passaient par la rue entraient pour voir la fête ; et je dois dire que l’aveugle contait mes prouesses avec tat de grâce et de gentillesse, que, tout maltraité que j’étais et larmoyant, il me semblait que je lui faisais tort en ne riant pas comme les autres.

Lorsque le prêtre cherche à clouer le coffre, il arrache les clous du mur radin

Et aussitôt après me vint autre sursaut, qui fut de voir mon maître aller anxieusement ça et là, arrachant des clous au mur et cherchant des planchettes, avec lesquelles il cloua et boucha tous les trous du vieux coffre.

Ou la paille de l’écuyer.

…vous l’eussiez vu, sur le midi, descendre la rue, le corps raidi, plus long qu’un lévrier

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de bonne race, et, pour soutenir son diable d’honneur, comme ils disent, prendre un brin de la paille dont la maison n’était déjà guère pourvue, et, sortant sur le pas de la porte, se curer les dents, qui entre elles n’avaient rien…

Ces descriptions sont presque + réelles que la réalité Exagère aussi… mais comme tout le monde quand on raconte une

histoire Vraisemblable, réaliste, on le comprend.

Il porte dans la bouche “douze ou quinze maravédis, tous en demi-liards,

sans que je fusse pour cela empêché de manger” Opposition Aveugle-Ecuyer :

- Cruauté vis-à-vis de l’aveugle : Lázaro rit lors que l’aveugle s’ouvre le crâne sur le pilier, et l’abandonne presque mort.

- Pitié vis-à-vis de l’écuyer : car vit ce que lui a vécu mendie pour lui !

On admet cette opposition car densité & profondeur du perso déjà établie

Sous-entendus, mystères : Le talent narratif de Lázaro dit des choses sans les dire: la mère dans les écuries, l’ « affaire », le moine de la Merci :

Ce maître me donna les premiers souliers que j’usai en ma vie ; mais ils ne résistèrent pas huit jours, et moi-même je ne pus résister plus longtemps

à son trot. Pour cela et d’autres choses que je ne dis pas, je le quittai.

* * * F. SOURCES LITTERAIRES (ET TRADITION ORALE) 1. Trapesonda, ou Cuarto libro del esforzado caballero Reinaldos de Montalbán (Sevilla, 1542) = « Etincelle » créatrice, déclic :

- Livre de chevalerie dans lequel un personnage raconte dans 10 pages sa vie comme valet d’aveugle // Làzaro (vie avec aveugle prend bcp de pages)

- Narration autobiographique, héros issu de la dernière couche sociale, les protagonistes…

2. L’Âne d’or d’Apulée (IIe s. PCN bien avant). - Un des rares romans de l’Antiquité latine, qui fonde le roman autobio. - Le héros Lucius se transforme en âne et sert de nombreux maîtres.

Il définit le schéma de “valet aux nombreux maîtres”.

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- D’abord passé inaperçu puis grand succès (4 rééditions) Apports : L’épisode où l’écuyer interroge Lázaro sur ses origines à l’heure du repas/une version du Lazarillo (1555) transforme même le protagoniste en thon. 3. Recueils européens de facéties. Influences de…

- Till Eulenspiegel (1515) = nom du protagoniste o Schwankbiographie : récit comique en prose ou vers portant souvent sur

des sujets tabou (sexe, …) o L’(anti)héros comprend tout littéralement (pas les double-sens, sous-entendus)

- Version flamande du Liber Vagatorum (1547 [ca. 1509]), recueil d’anecdotes de vagabondages. o Ex : histoire de la fraude du marchand de bulles

// Novellino de Masuccio Salernitano (recueil de 50 nouvelles : Roméo & Juju) Speculum cerretanorum de Teseo Pini (ca. 1485).

Rem : bulles = morceau de papier sensé réduire le temps passé dans le purgatoire, voire « réserver » sa place au Paradis MAIS commerce d’indulgences a un but lucratif (pour financer les croisades, etc.) 4. Sources folkloriques Un enlumineur du XIVe siècle a représenté

aux marges des Décrétales de Grégoire IX des scènes drôles (et rien à voir avec le texte !) jouées par un aveugle et son garçon = illustrations.

La facétie de la saucisse très répandue en Europe : Oie dans version anglaise, poulet dans version allemande, un morceau de lard dans une autre version espagnole postérieure (de Sebastián de Horozco)

Survivances des épisodes apparemment originaux du Lazarillo dans la tradition orale E au folklore, tradition espagnol : l’épisode du taureau de pierre ou celui de la grappe de raisin.

* * * G. CRITIQUE SOCIALE

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Conséquences de la justice : famille désagrégée, père exilé pour avoir volé de la farine, mère condamné à la prostitution, enfant orphelin. Absence de charité : dénoncée à plusieurs reprises. Seuls personnages aimables :

- Les voisines fileuses : donnent à manger à Lazaro, disent qu’il est innocent quand il est accusé d’être le complice de l’écuyer

- La femme de la triperie, l’écuyer ? Critique érasmienne contre l’affaire économique des bulles (le salut cô marchandise) Contre la peur du purgatoire. Contre l’escroquerie et le luxe de l’Eglise (prêtre égoïste) Contre les apparences externes. Nouveau sens de l’anonymat: La vie de Lazarillo est une critique de la réputation, insincère ou paradoxale si signée par un désir de gloire Gloire en tant que narrateur et pas en tant qu’écrivain * * * H. CONCLUSIONS DE LA PARTIE PRATIQUE Intention :

- Dans chaque épisode drôle et plus ou moins folklorique se cache une intention précise.

- Lázaro — le narrateur — sélectionne ce qu’il veut raconter en fonction du rapport avec le sujet principal de son récit : l’«affaire».

Structure : Rien n’est laissé au hasard

- Narration parfaitement structurée, tous les détails ont été planifiés.

Perspective spatio-temporelle inouïe : Exemple : la parfaite mise en scène de l’épisode de la grappe :

- La facétie se joue à Almorox, chez le + fameux vignoble espagnol de l’époque. - L’automne est là CAR “au temps où l’on cueille les raisins”, qui sont très mûrs. - Peu après il commence pleuvoir prologue de la scène finale avec le ruisseau

et le pilier (l’eau de pluie a gonflé le lit du ruisseau) Lázaro n’est pas la cause de ses péripéties mais la « victime » (il les SUBIT)

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Lázaro grandit et apprend de ses expériences il CHANGE >< Héros des historiettes traditionnelles (qui n’ont pas d’âge, leur

personnalité est figée, tjs les mêmes)

«AU COMBLE DE TOUTE BONNE FORTUNE» PROGRESSION Nous, on rit de tout ce qui arrive à Lázaro MAIS AUSSI des autres personnages qu’il rencontre à travers le récit de Lázaro.

- Les coups des farces n’ont aucune conséquence… immédiatement CAR … Entre l’aveugle et Lázaro grandit une rancune (différée), haine.

- Succession de maîtres : o 1er : reçoit quelques extras de nourriture QUITTE son maître o 2ème : doit voler pour manger (dans le coffre) JETE par son

maître o 3ème : nourrit son maître ! QUITTE PAR son maître

Renversement o 4ème : Lázaro = témoin, passif (pas de tours)

Progression du thème de la faim tout au long du récit Seuls les 3 premiers maîtres sont individualisés

- Chap. V : le bulliste, 4 mois ET ± 7 pages. Chap VI : le chapelain, 4 ans ET ± ½ page (premier pas vers la belle vie)

Accélération de la narration (même si la division en chap due aux imprimeurs) + Lázaro souffre, + la narration est lente CALCULE

REFERENCE A L’«AFFAIRE»… 1. Chap. VII où il est crieur public (embauché par l’Etat) :

+ Long que les précédents. Fait « fortune », ne souffre plus MAIS ATTENTION….

“L’office du crieur public était l e p lus humble des o f f i c e s royaux, et de surcroît il s’accompagnait forcément de la fonction de bourreau ( mauvaise réputation)”

Sans doute le seul poste royal accessible à Lazaro, nouveau chrétien

d’origine juive

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2. Référence au destinataire… Cœur de « l’affaire » !

En ce temps, M. l ’archiprê tre de San Salvador , mon maître et votre ami, monsieur [Vuestra Merced], …

- L’archiprêtre ne peut pas se marier marie sa maîtresse ( ?) et servante à Lazaro,

leur achète une maisonnette jouxtant la sienne, les invitait à manger chez lui,… Même si la servante tombe enceinte de lui, camouflé !

- Les mauvaises langues disent qu’on voyait ma femme faire le lit de M. l’archiprêtre et lui apprêter son manger… soupçonne l’adultère…

- Lazaro semble naïf OR on sait qu’il a appris au fil de ses expériences Ironique, ne l’est pas (dit que sa � est fidèle)

Rem : se passe à Tolède, la capitale il y avait beaucoup de prostituées.

- L’archiprêtre dit : ne prends point garde à ce qu’on peut dire, mais à ce qui te touche, c’est

à savoir à ton profit (?) Ne nous dit pas tout, nous cache la vérité à propos de l’ « affaire »

- Le ménage à 3 (= affaire), dont un curé, n’est pas nouveau. Ça fait bien longtemps

que contes, proverbes et fabliaux en colportent l’image à travers l’Europe. 3. Conclusions : Toutes ses expériences vécues façonneront l’homme…

- Avec tous ses maîtres il a connu la faim et le froid. - Avec l’écuyer il a compris la vanité de l’honneur (s’habillait cô un prince mais pauvre)

À la fin il tolère le déshonneur conjugal (se fiche que peuvent dire les gens) - Avec le bulliste, a appris à se taire (� escroquerie) ne veut pas parler de

l’affaire, persuadé que sa � est fidèle. L’«affaire» (el caso) = sujet principal + prétexte pour raconter la vie de Lazaro (du début à la fin) et montrer les expériences qui l’ont façonné.

Récit structuré autour de cet apprentissage/affaire. Apprentissage de Lazaro // Apprentissage du lecteur (mêmes expériences)

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Utiliser « je » dit à CHAQUE Hô qu’il doit faire preuve d’incertitude dans la vie (Si narrateur omniscient, histoire serait ≠) Ex. chez l’écuyer :

…nous arrivâmes devant une maison, au seuil de laquelle mon maître s’arrêta, et moi aussi ; […] il tira de sa manche une clef et ouvrit la porte. …l’entrée était si obscure et lugubre… Puis je considérais ceci : qu’il tenait sa porte f ermée à c l e f , qu’on n’entendait en haut ni en bas nul le personne v ivante marcher par la maison, et tout ce que j’y avais vu étaient des murs, sans chaise, dressoir, banc ni table, sans même un coffre comme celui d’antan…

Rassemblent tout 2 les indices (une = SA maison, fermé à clef pas de

domestiques pour le faire rentrer et faire du bruit) Narration en phases (technique courante) Ex. avec le bulliste :

1. Présenter les faits (= miracle) 2. Interpréter les faits et découvrir la combine (Lazaro a vu le complot entre

l’alguazil – « garde » - et le bulliste avant)

Permet de comprendre ce que l’auteur ne dit pas explicitement On doit lire entre les lignes (ex. : pr comprendre l’affaire – chap. VII)

Prologue : Lazaro sous-entend que « ceux qui sont nés dans une couche sociale basse et ont monté les échelons dans l’échelle sociale sont les + méritants » Auto-louange ! (fier, se vante, mérite la gloire) MAIS Ascension sociale fictive (car pas été vertueux) Ascension possible ?

…ou seulement à la hauteur de Lazaro ? (càd mari cocu !)

Société féodale bn structurée, on ne peut changer de place qu’au prix de son honneur

Vuestra Merced “hablando con reverencia de Vuestra Merced, porque está e l la delante”

Contexte : [mes amis] m’ont bel et bien assuré qu’avant qu’elle ne m’épousât, elle avait accouché (avorté //putes) par trois fois, « sauf le respect que je dois à Votre Grâce, puisqu’elle est ici présente » (p.225)

QUI EST « ELLE » ? Mystère mystère…

Page 14: Etude de Textes Littéraires Espagnols ; Notes 2010

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Ella = Ami(e) de San Salvador Présente quand écrit le roman ? BOF car

pourrait lui dire en face ce qu’il écrit. “Vuestra Merced” ne se substitue pas à “ella” en espagnol si l’objet est

masculin (devrait être « puisque vous êtes présent ») Influence de l‘Italien ? Théorie de Rosa Navarro Durán

o Vuestra Merced serait une � qui se serait confessée à l’archiprêtre o L’archiprêtre aurait raconté ses secrets à sa servante qui les aurait répétés à

son mari Lazaro qui est… crieur public ! Tout le monde au courant. Rem : pour elle, auteur du Lazarillo = Alfonso de Valdés. Auteur aux idées érasmistes ? ± CAR blagues sur prêtres répandues (// Juan de Ortega) MAIS source d’inspiration…

Érasme : Éloge de la folie (Μοριασ Ενκωµιον/Stultitiae Laus), 1509 La Folie, personnifiée (déesse) loue la cécité dans toutes les couches sociales. (Érasme prône finalement les véritables valeurs chrétiennes). Lázaro personnifie le fou érasmien, fier de son « ascension sociale » (trompé & heureux) Fou et se vante de sa propre folie/bêtise Symbolisme de l’aveugle, avec lequel Lázaro a appris le plus : à la fin, il renonce à voir une partie de la réalité.

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II. Lope de Vega A. BIOGRAPHIE

- Nom original : Vega de Carriedo (1562-1635), prend patronyme de son père Félix de Vega.

- Vit à Montaña, région montagneuse près de Santander où vivaient les « sangs purs » (non mêlé au sang arabe) Fiers MAIS famille pauvre pas de Don, pas un

hidalgo (homme issu d’une lignée chrétienne, statut le – prestigieux mais privilégié : pas d’impôt,…)

- Son père,

o Brodeur, a voulu en faire un apprenti brodeur. o Poète amateur, lui enseigne les vers « au berceau » (surtout poésie

religieuse) - -> féru des lettres. « A cinq ans il lisait en romance (castillan) et en latin ; […] tant qu’il ne sut pas écrire, il partageait son goûter avec d’autres plus âges pour qu’ils lui

écrivissent ce qu’il leur dictait » (son disciple Montalbán)

// Hagiographie (récit de la vie des Saints) : exagère !

- Études inachevées (jusqu’à bachelier) en théologie à l’université d’Alcalá de Henares (près de Madrid), études qu’il poursuivra à Salamanca POURTANT dans ses œuvres, semble avoir une culture encyclopédique … Culture dilettante (amateur) : connaît beaucoup de sujets en surface

(grâce à des recueils spéciaux, abordant moult thèmes) mais rien en profondeur.

- 1578 : † de son père Retour à Madrid. - Voyages = source d’inspiration.

Ex : voyage de 800 km (bcp à pied) avec son ami Hernando Muñoz entre Madrid et Astorga (León)

Page 16: Etude de Textes Littéraires Espagnols ; Notes 2010

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Ex : 23 juin 1583 : expédition maritime de Lisbonne pour s’emparer de l’île Terceira (Azores)

- Moult �, parfois en même temps bébés de toutes parts ! o 18 ans : déjà une fille avec María de Aragón, appartenant à une famille

d’origine flamande de la haute bourgeoisie. o L’actrice Elena Osorio : son père lui interdit d’avoir une relation avec de

Vega et de se marier un autre furieux, Lope écrit 5 libelles où il salit l’honneur de leur famille - - -> Affaire grave (père porte plainte)…

o A Valence : épouse Isabel de Alderete († en 1594) o 1598 : mariage par intérêt avec Juana de Guardo (dot important) o L’actrice Micaela de Luján, “Lucinda” dans les poèmes, mariée (époux aux

USA) 1610 : passion � MAIS 2 enfants avec ! Doit les entretenir vendre certaines propriétés.

- Exil à Valence, en plein essor (art, poésie, théâtre) 1ères pièces, 1ers succès. - Imitation de l’Italie… o « Académies » poétiques (ex : ~ des nocturnes, se tenant la nuit ; pseudo : Silence,

Songe) o Conférences versifiées. o Club de lecture (de poésie)

- Pas d’emploi là-bas, survit grâce à ses relations à la cour de Valence + anciens amis

de collège 1590 : obtient la protection aristocratique du duc d’Alba (famille importante, propriétaire terrien) en devenant son secrétaire PUIS celui du marquis de Sarria (1598), futur comte de Lemos.

Secrétaire ? Ecrire des lettres à tout type d’individu (amis, puissants, avocats) = Art de la missive Pas écrivain ! Faut avoir un sens du social (trouver les mots justes � titre, ton, style) Faut maîtriser la rhétorique.

- 1607 : engagé par le duc de Sessa (19 ans + jeune) pour 25 ans de collaboration MAIS Relation d’amitié plutôt que de travail :

o Pas secrétaire officiellement (pas dans les registres pour la ración, entretien alimentaire, et la quitación, salaire)

o Vit toujours dans son domicile perso (pas logé) Visites du duc en

1588 : Condamné à… -­‐ 4 ans de bannissement hors de la cour et à 5 lieues de distance. S’il

enfreint l’arrêt, durée double. (ce qui se confirmera 4 - -> 8) -­‐ 2 ans d’exil hors du royaume. S’il enfreint l’arrêt, peine de mort.

Page 17: Etude de Textes Littéraires Espagnols ; Notes 2010

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famille o Lope l’influence intellectuellement CAR + jeune. o Largement rémunéré.

A 2 familles : une stable à Madrid, l’autre auprès de son maître qui voyage ds

l’Esp.

- Succès de son théâtre entretient plusieurs maisons. - Pardon inattendu de la famille d’Elena Osorio rentre à Madrid où il affirme sa

renommée en représentant ses pièces. - Achète une maison au numéro 15 de la rue de Francos, ojd Cervantes (Madrid) dans

laquelle il devait rester jusqu’à sa mort. - 1614 : TOURNANT : entre dans plusieurs congrégations religieuses (sans être

religieux peut faire des enfants) PUIS se fait ordonner prêtre (reçoit ordres sacrés)

B. LE THEATRE DU XVIe SIECLE Rappel : d’abord dans Corrales : cour des maisons puis salles spécifiques.

- Bénéfice utilisé pour entretenir les hôpitaux Intérêt pour les confréries d’assistance publique qui entretiennent donc le genre.

- A Madrid, concurrence pour monopole du théâtre public entre :

o Confrérie la Pasión, fondée en 1565 : hôpital pr � pauvres malades de fièvre. o Confrérie la Soledad, fondée en 1567 : hôpital + général.

Concurrence aboutit à entente avec partage équitable des profits.

- Mise en scène simple, économie de moyens : quelques perruques et costumes, décor = vieux drap derrière lequel les musiciens, sans instrument, chantaient un romance. Décor sous-entendu par paroles des perso (tour à tour palais, forêt, maison, rue) Permet changement rapide entre les scènes.

- Proverbe : Es muy bueno: es que es de Lope.(utilisé pour la nourriture aussi !) - Lope a écrit des centaines de pièces (rapidement). Comment ? Avec…

La comedia nueva : • 3 journées • Versification polymétrique. • Intrigue secondaire et principale s’entremêlent. • Entremés (petite pièce courte entre 2 scènes) • Présence obligée d’un valet comique (gracioso) • Unité d’action.

Traits caractéristiques :

- Flatter le public : le spectateur comprend les quiproquos entre les perso (se trompent sur sens des mots)

- Compliquer l’histoire : Situations confuses retient l’attention.

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- Mélange du comique et du tragique. - Les paysans (villanos = villageois), sujets du seigneur à l’époque féodale

- -> Héros (AVANT jouaient situations drôles ou ridicules) - Mélange social : tous niveaux représentés.

* * * C. FUENTE OVEJUNA

- Ecrit entre 1604 et 1618 (selon liste des œuvres, absente de la 1ère) - Edité une seule fois pendant le Siglo de Oro. - Pas considérée cô mieux que les autres au début revalorisée par le romantisme

CAR nationalisme, révolution pop qui bouscule le système absolutiste. - Action se passe en 1476, époque des rois catholiques.

Intrigue secondaire basée sur faits historiques (action politique, conquêtes) Permet d’installer le contexte.

o Capture de Ciudad Real par l’Ordre de Calatrava. o Reconquête de la ville par les troupes royalistes. o Réconciliation du Grand Maître avec les Rois Catholiques.

HONNEUR Inversion des attributs � honneur : les gens des hautes sphères devaient être honnêtes, soucieux du bien-être de leurs sujets. ICI c’est le peuple qui a l’honneur/digne d’admiration, pas le commandeur.

Echevin. […] N’allez pas plus loin. Vous n’avez pas le droit de nous enlever ainsi notre honneur. Commandeur. Ah ! parce que vous avez de l’honneur ! Voyez-moi ces beaux chevaliers de Calatrava ! Echevin. On en connaît certains qui ont reçu la croix de vos mains et dont le sang n’est pas plus pur que le nôtre ! Commandeur. Parfait ! Et moi je souillerais donc ce sang si précieux en y mêlant le mien ! Echevin. Le sang de l’homme vicieux salit plus qu’il ne purifie. (vv. 985-994) Jacinta [au Commandeur]. […] mon père est un homme honorable. Et si sa naissance n’égale pas la vôtre, il vous est supérieur en sagesse et en vertu. (vv. 1260-1264)

Sens de l’honneur (honra) modifié : o AVANT : uniquement les nobles. o AU TEMPS DE LOPE, paysans (villanos) ont fait valoir la pureté de

leur lignée (car non mêlé au sang juif) = honra villana Remarque : Chevaliers de Calatrava : nobles au service du Commandeur ont l’honneur normalement

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Commandeur issue d’une lignée pure MAIS sang souillé car vici|eux, malhonnête L’honneur ne s’hérite pas, il s’entretient. Autres « Casos de honra » :

- Peribáñez o el comendador de Ocaña - La dama del olivar de Tirso de Molina - El alcalde de Zalamea de Calderón de la Barca.

= Point de départ des comédies de cape et d’épée avec filles séduites, amants volages,

frères soupçonneux, duels, etc. PERSONNAGES

- Non typiques. - Personnage collectif (aucune personnalité ne se détache du reste)

CAR Décision collective, assassinat polit mis à exécution par le peuple. Nouveau dans le théâtre européen.

INTERPETATION DEMOCRATIQUE Pas d’homme avec + de pouvoir qu’un autre & les rois catholiques ? (En font l’éloge, veulent devenir ses sujets !)

[Les rois catholiques] ne permettront pas sans doute qu’il y ait dans les villes et les villages de leur pays des hommes qui tirent une telle puissance de la croix qu’ils portent sur la poitrine. C’est là un insigne qui convient seulement à la poitrine d’un roi et non à d’autres. Et le Roi y mettra bon ordre (vv. 1619-1630) Après Dieu il n’est qu’un seigneur : le Roi. Faut-il reconnaître pour seigneur un homme inhumain et barbare ? (vv. 1700-1701) ¡Nuestros señores / son los Reyes Católicos! (vv. 1885-1886) Sire, nous voulons être vos sujets. Vous êtes notre Roi légitime, et à ce titre nous avons déjà placé vos armoiries sur notre hôtel de ville. Nous comptons sur votre clémence, et nous espérons qu’en cette circonstance vous daignerez aussi nous considérer comme innocents (vv. 2434-2441).

MONARCHIQUE

- Glorification de la monarchie absolue o En faisant triompher les Rois Catholiques sur l’Ordre de Calatrava. o Le roi ne condamnant pas la tyrannie du Commandeur.

Monarchie = structure moderne, nouveauté (Fin du féodalisme) - Pour l’écrivain, monarchie = meilleur système politique : garantit la justice,

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l’ordre et l’harmonie sociale. - Monarchie = création divine : le pouvoir émane de Dieu, roi jugé par Dieu.

* * * D. SOURCES DU THEME - Basé sur un fait conservé dans la mémoire collective par le proverbe “Fuente

Ovejuna lo hizo (l’a fait)” : péjoratif. Basé sur faits réels ! - Emblemas morales de Sebastián de Orozco: Emblemas = genre poétique qui se fait à partir d’une image.

grande es la confusión de un juez cristiano, quando un caso atroz fuenteovejuna Con atrevida y vengativa mano, Sin Dios, sin Rey, sin ley, toda se auna de hecho, a un hecho barbaro inhumano, Sin que se halle claridad ninguna, Tous ensemble, innocents, nous avons Qual sea el culpado qual el inocente, fait qqch de barbare, d’inhumain, que En la comunidad de tanta gente le clergé ne peut comprendre.

- Chrónica de las tres Órdenes y Cavallerías de Santiago, Calatrava y Alcántara de Fray

Francisco de Rades.

o Faits = émeute populaire >< Comedia : Acte de justice planifié et discipliné. Rébellion précédée d’une assemblée populaire (villageois

analysent les abus du Commandeur) Options : implorer la protection des rois, quitter la ville, tuer le

Commandeur.

Fureur remplacée par une revendication du droit de résistance légitimé par l’Eglise médiévale. ICI aboutit au tyrannicide (licite selon St Thomas d’Aquin !)

* * * DERNIERES ANNEES DE LOPE

- Selon son disciple Montalbàn : Le + pauvre et le + riche de son temps : Dons des seigneurs et particuliers, produit des comédies, autos, dots des 2 mariages, ses propriétés, prix (bijoux précieux) … MAIS dépense !

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- Ordonné prêtre en 1614 + Amaryllis = pseudo de sa dernière amante (1616), Marta

de Nevares prêtre pêcheur (religieux et amantes) MS au-delà de l’hypocrisie.    

    Dejé las galas que seglar vestía; ordenéme, Amarilis, que importaba el ordenarme a la desorden mía. (Je me suis ordonné [prêtre], Amaryllis, cela importait à mes désordres [amantes])

Doña Marta mariée avec Roque Hernández (homme d’affaires) : demande de l’argent à Lope pour payer les dettes de son mari, a une enfant de Lope (baptisée en 1617, par Lope ?), Antonia Clara, qu’on fait passer pour la fille de Roque.

Dissolution du mariage. Mort du mari en 1619.

- 1625 : n’imprime plus ces œuvres (MEME SI écrit énormément et vite) Certaines pièces disparues, nous n’avons qu’un fragment de son théâtre. POURTANT, page de titre de certaines parties arbore l’orgueilleux titre de Phénix.

- Sur le point de devenir le grand et unique ordonnateur des pompes religieuses de l’Espagne. Impossible de se passer de lui (béatifications de Ste Thérèse et St Isidore, membre de l’Inquisition en 1625, autodafé (exécution par le feu) d’un moine sorti du droit chemin)

- Va de déception en déception :

o N’obtient pas le poste d’ordonnateur. o Ses enfants les quittent :

Marcela : trinitaires déchaussées (1622) = Nonne. Lope Félix : mort naufragé (1634) Feliciana : mariage avec un secrétaire du Conseil royal des

Indes de la province du Pérou (1633). Antonia (cadette) abandonne son père, séduite par un jeune

homme au service du comte duc d’Olivares (1634). o Marta de Nevares - -> aveugle PUIS aliénation mentale et † (1632).

Le génie du péché - -> génie de la repentance.

- Inflammations des yeux, défaillance cardiaque. Tout Madrid suivit son cercueil. - Le duc de Sessa avait promis de payer les droits paroissiaux, ce qu’il ne fit pas

Lope de Vega jeté à la fosse commune.

* * * RECONNAISSANCE ET INFLUENCE

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- Popularité & influence internationale (Italie, France, Amérique : Calderón, Rotrou)

Les � le suivaient qd ils le rencontraient dans la rue, les � lui jetaient des bénédictions qd elles le voyaient passer sous leurs fenêtres.

- Oublié à lépoque baroque MAIS revalorisé à la Renaissance. - Théâtre national (sujet = histoire nationale, contexte historique) - Es bueno : es que es de Lope : utilisé pour la nourriture aussi (qd c’est bon)

Réponse de l’écrivain : Si toute excellence est du Lope, Lope lui-même est de tous.

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III. Miguel de Cervantès Novelas ejemplares

“Celui-ci que tu vois ici, avec un visage aquilin, les cheveux châtain, le front lisse et découvert, les yeux vifs, le nez recourbé, quoique bien proportionné, la barbe d’argent —il n’y a pas vingt ans qu’elle était

d’or—, les moustaches longues, la bouche petite, les dents rares, car il n’en a que six sur le devant […], la taille entre les deux extrêmes, ni grande ni petite, le teint clair, plutôt blanc que brun ; un peu chargé des

épaules et non fort léger des pieds ; celui-ci, dis-je, est l’auteur de La Galathée et de Don Quichotte de la Manche […] On l’appelle communément Miguel de Cervantès Saavedra” (Prologue au lecteur des Nouvelles

exemplaires, 1613). = AUTOPORTRAIT

D. = Don = mode à l’époque d’utiliser ce titre pour prétendre appartenir à une bonne famille OR

- La famille de Cervantès est chaotique. - Il n’utilise jamais Don.

 Faux portrait, attribué à Juan de Jáuregui pour se moquer de lui.

- En 1600. - Fait selon la description ci-dessus.

* * * BIOGRAPHIE

- 1547 (date de son baptême, naissance inconnue)-1616. - Père chirurgien (entre autre) - Théorie : famille d’origine juive Raison pour laquelle Cervantès n’aurait

pas obtenu les postes qu’il sollicitait ni l’autorisation pr partir vers l’Amérique. >< Témoignages de Cervantès qui assurent sa pureté de sang.

- 8 frères et sœurs (probl ac les � qu’elles veulent épouser, qui les abandonnent compensations économiques famille mal vue : dettes + pas d’honneur)

- Débuts littéraires : grâce au rapport de son père avec l’acteur et ex-musicien Getino de Guzmán, maître d’œuvre des fêtes pour la naissance de Catalina Micaela, 2ème fille de Philippe II.

Sur les arcs de triomphe aux médaillons ornés de compositions

poétiques, il y a un sonnet de Cervantès.

- S’enfuit à Rome CAR condamné à avoir la main droite tranchée pr avoir blessé un � en duel (n’aurait plus su écrire !) devient…

- Camérier d’un patricien et futur cardinal, Monseigneur (Mgr) Acquaviva = ni confident ni domestique, pas chouette s’engage dans l’armée…

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o Malgré la fièvre, participe vaillamment à la Bataille de Lépante (1571) où la Ligue (pape, Espagne, Venise et autres principautés = Europe chrétienne) vainc les Turcs en mer ! main gauche paralysée.

o ALORS QUE Les Turcs = puissance immense, invincible en mer, voulant conquérir ports et îles de la Méditerranée.

- 1569-1575 : Italie (soldat) :

o Révèle dans un poème PUBLIC (Viaje del Parnaso) avoir eu un enfant d’une liaison en Italie.

o Parle toscan, séjour marquant à Naples. o Lit des œuvres italiennes = sources d’inspiration du Quichotte :

Les poètes lyriques (Pétrarque) Les poèmes chevaleresques (univers d’aventures, de fantaisie et

d’humour) : le Roland amoureux de Boiardo, le Roland furieux de l’Arioste.

Le Décaméron de Boccace (bcp de perso et de situations) Surnommé le « Boccace espagnol ».

- 1575 : obtient la permission (lettres de recommandation) de rentrer en Espagne pour demander la récompense (= emploi + tranquille) de ses services en tant que soldat MAIS sur le chemin du retour…

o Galère El Sol déviée par une tempête et prise par des corsaires barbaresques Cervantès et son frère Rodrigo captifs à Alger.

o Avec les lettres de recommandation, Les corsaires croient avoir affaire à un perso imp et réclame une

grosse somme d’argent pour son rachat. Pas puni pour ses 4 tentatives d’évasion (massives et compliquées)

se déclarant parfois seul coupable !! … Vraie raison = un Turc important s’est épris de Cervantes (avait

garçons de « chambre »), qui n’était pas contre !

o Esclave des turcs pendant 5 ans : écrit les “comedias” Los tratos de Argel, Los baños de Argel et le récit du captif dans Don Quichotte

Donne une représentation nuancée du monde musulman (critique l’expulsion des arabes par Philippe II) >< Ses contemporains (caricatural)

o 1580 : Rançon payée par trinitaires retour en Espagne. A Valence, rencontre écrivains : Timoneda, éditeur des pasos de Lope de Vega, …

Remarque : Trinitaire = religieux de l’ordre de la Ste-Trinité chargé

de racheté les chrétiens prisonniers des Barbaresques.

- Réputé pour ses romances de ciego (aveugle) : o Octosyllabe, rimes assonantes dans vers pairs. o Histoire d’actualité (pas guerres). o Bon marché. o Spectaculaire, ironique et fictif (homme à 3 têtes,…).

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- 1585 : publie son roman pastoral La Galatea (locus aemonus) succès jusqu’à la

cour de France. - Faute d’obtenir le poste qu’il convoitait, essaie de vivre de sa plume (autodidacte,

pas d’études universitaires) OR écrivain = profession moderne, secondaire (en +) Ecrit 20/30 œuvres (10 conservés), essaie de créer un style unique. Succès de Lope de Vega et sa comedia nueva, que Cervantès n’aime pas DONC se retire.

- A 35 ans, relation dont une fille, Isabel de Saavedra ( reconnue), serait née POURTANT épouse Catalina de Salazar en 1584.

o Salazar = une des nombreuses familles d’hidalgos convertis ( sang arabe) CAR parenté avec les Quijadas dont un des ancêtres, Alonso, moine et grand lecteur de roman de chevalerie - -> Quijote.

- S’engage comme commissaire pour l’expédition navale contre l’Angleterre

(l’Invincible Armada) o « Fuit » sa � Catalina sa belle-mère ne le pardonnera pas et

l’exclura de son héritage. o Errance de ± 15 ans durant laquelle il n’écrit pas MAIS où se tiendra

Don Quichotte (décor) o Commissaire = poste critiqué (se faisait crier dessus) :

Prenait du blé pour les troupes et payait + tard à des riches terratenientes ou chanoines (religieux membre d’un ordre) Excommunication (fréquent dans l’Espagne du XVIe CAR tout ce que l’Eglise avait en son pouvoir dans les conflits contre le pouvoir civil)

Fallait connaître les maths (savoir compter) OR en savait pas erreurs (a dû les payer de sa poche) procès prison.

- Parcourt l’Andalousie. À Séville il fait la connaissance du poète comique

Baltasar del Alcázar. - 1590 : fait une demande pour partir en Amérique et change son nom Cortinas

en Saavedra, nom emprunté à un parent lointain. - 1594 - -> percepteur. Perd une somme considérable qu’il avait déposée dans

la banque d’un négociant, disparu avec son argent. - Les 8/9 dernières années de sa vie, réécrit Nouveauté, un sonnet spécial :

o Une 5ème strophe supplémentaire de 3 vers = estrambote. o Exemple sur le catafalque (monument funéraire) de Philippe II :

IRONIE : un soldat loue le roi défunt et un fanfaron l’ayant écouté, confirme ses dires tout en semblant sceptique face au mérite du roi (sous-critique la monarchie !)

- L’héritage de son beau-frère lui offre un peu de répit, qu’il consacre à son Don Quichotte Ecrit petit à petit, entre 1591-92 et 1604:

o Influence de Philosophia antigua poetica de Pinciano (1596) dans certains chap.

o Prologue écrit dans prison de Séville (1597)

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DON QUICHOTTE Dans Prologue, voulait des éloges poétiques d’écrivains célèbres sur son livre MAIS finalement, il les écrit lui-même en signant par noms de perso fictifs issus des livres de chevalerie (Amadis de Gaula,…) Don Quichotte connu avec sa publication (édition princeps datée de 1605 pour être sûr que l’impression soit achevée) : par Lope de Vega dans une lettre, Úbeda dans La pícara Justina, 1602-04 : mis à côté de 3 grandes figures de la littérature espagnole : Lazarillo, Alfarache et Celestina. 1604

- L’éditeur Francisco de Robles acquiert le manuscrit pour une somme modique Peut en faire ce qu’il veut (le modifier, le publier plusieurs fois, le brûler)

- 26 septembre : privilège royal accordé. - Imprimeur madrilène Juan de la Cuesta met le livre en composition. - Décembre : Murcia de Llana, chargé officiellement de relever les errata

(fautes d’ortho/impression = coquilles), rend un texte bourré de coquilles        Imprimé et tasa signée (fixe le prix du volume), fixée à un prix raisonnable.

A. INTERPRETATION

- Pose une ? dangereuse :

En quoi l’existence des livres importe-t-elle à la vie réelle ? Sont-ils vrais de manière absolue ou relative et comment prouvent-ils leur vérité ?

- Don Quichotte = homme libre partagé entre le monde réel sur lequel il vit et

le monde idéal vers lequel il se projette.

B. UN LIVRE CONTRE LES LIVRES DE CHEVALERIES ?

- Critique les romans de chevalerie à une époque où ils étaient démodés (à partir de la 2ème ½ du XVIe, après le point culminant sous le règne de Charles Quint)

o MAIS encore présents dans les fêtes publiques tout au long du XVIe et au début du XVIIe (selon le professeur Pedro Cátedra) + lus par l’aristocratie (Magellan) car chers.

o Avec un côté parodique // Quichotte (issu de ces actes publics)…

- Dans un tournoi à Guadalajara en 1544, un chevalier s’est présenté avec un pot de chambre au lieu de heaume.

- Les gens s’habillaient en vert, couleur de la folie et disaient des paroles bizarres. - Milice citoyenne créée par Philippe II imitait les anciennes confréries

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chevaleresques (MA) + confréries reprenaient les noms des anciennes. C. SUCCES ET SUITE

10 juin 1605 : Fêtes pour la naissance du fils de Philippe III : lors de l’intermède d’une course de taureaux organisée sur la Plaza Mayor de Valladolid,

“un Don Quichotte fit son apparition tout seul, au premier plan, sans y avoir été prié, avec un grand chapeau sur la tête, une cape de flanelle à manches, des chausses de velours à poils longs et des bottes de bonne qualité, munies d’éperons en bec de moineau, labourant les flancs d’un misérable roussin gris pommelé dont les côtes étaient couvertes de plaies causées par un harnais de voiture et une selle de cocher ; et, devant lui, venait Sancho Pança, son écuyer. [Le chevalier] portait des lunettes pour accentuer son air grave et sa présence, et une barbe qui rebiquait” (d’après la chronique de Pinheiro de Veiga). P.S. : lunettes car lecteur avant d’être chevalier

1610 : fêtes de Salamanque pour la béatification de St Ignace, un “Triomphe de Don Quichotte” (procession de chars) a parcouru les rues de la ville. “Les personnages du roman figurent dans des fêtes, dès 1606 à Valladolid, dès 1607 à Cuzco (Pérou), au Nouveau Monde...” [Fanlo, 7] Succès international (traduit en français, en anglais. Shakespeare fera une histoire ± pareille)

D. AVELLANEDA 1614 : Segundo tomo del ingenioso hidalgo Don Quixote de la Mancha publié = Seconde partie du Don Quichotte MAIS signé par le licencié Alonso Fernández de Avellaneda ! QUI EST-CE ?

o Mateo Alemán ? Lope de Vega ? Le soldat Jérónimo de Pasamonte ? o Pseudo ? Nom réel ? o Aucune preuve. Fausses données d’édition (éditeur précédent †) o Attaques ad hominem : a “la langue mieux pendue que ne le sont ses mains

(paralyzée !) [… il] est maintenant aussi vieux que le château de San Cervantes, et son grand âge l’a mis de si méchante humeur que tout et tous le mettent en furie”…

Publié juste avant que Cervantes ne finisse SA version ! Frustré OU s’y attendait CAR - Pas de propriété absolue du personnage.

- Succès de la 1ère partie. Lecteurs déçus par cette version apocryphe CAR perso = poupées manipulées : comportements stéréotypés, se couvrent de ridicule et d’opprobre. 1615 : Segunda parte del ingenioso caballero Don Quijote de la Mancha por Miguel de Cervantes

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Saavedra, autor de su primera parte. DIFFERENCES :

- Sancho amusant, malicieux >< Sancho niais, glouton. - Perso secondaire supplémentaire, ami de Don Quichotte qui constate l’abîme

séparant les doubles jouet de l’auteur pour critiquer. - Don Quichotte meurt (pour empêcher les autres auteurs d’écrire une 3ème

partie = récit de « bonne mort » cher à la litt. de son temps) >< déchéance. Rem : Cervantès était probablement un très bon catholique.

- Une auberge est une auberge >< auberge vue cô un château par le Quichotte. BUT : faire rire MAIS au XVIIIe, avec la décadence espagnole, nouvelle portée :

Pour les romantiques allemands - -> synthèse du drame et de l’épopée, héros mythique qui se bat pour son idéal.

Pour Schelling, = lutte de la réalité contre l’idéal (dualité humaine) Pour Lord Byron : de toutes les histoires, la + triste car nous fait rire. Pour Heinrich Heine, = preuve que tout est vain, tout effort inutile.

Devient un classique car raconte notre histoire. * * * DERNIERES ANNEES DE LA VIE DE CERVANTES Le cas Ezpeleta : Le 27 juin 1605, un hô de bonne famille, Don Gaspar de Ezpeleta est blessé à † où Cervantes avait élu domicile avec les siens. 1606 : Cervantes rentre à Madrid, redevenue capitale.

Cervantes entre dans la Congrégation du Très-Saint Sacrément, association religieuse et littéraire (avec Lope de Vega, Quevedo, …)

Miguel voulait accompagner le duc de Lemos en Italie MAIS l’écrivain chargé du cortège, Leonardo de Argensola, ne le lui permit pas (risquait de lui faire ombrage) Dans le rapport d’un censeur de la deuxième partie on trouve une intéressante anecdote insérée dans le texte :

“Le 25 février de la présente année 1615, comme j’étais allé avec Son Illustrissime Don Bernardo de Sandoval y Rojas, cardinal archevêque de Tolède, rendre visite à l’ambassadeur de France, lequel était venu chez nous débattre des affaires touchant aux mariages entre les prince et princesse d’Espagne et ceux de son pays, de nombreux gentilshommes français de sa suite, non moins courtois qu’amis des belles-lettres, s’approchèrent de moi et d’autres chapelains de monseigneur le Cardinal, désireux de savoir quels ouvrages d’esprit étaient le plus en faveur, et je n’eus pas plutôt mentionné celui-ci […] et prononcé le nom de Miguel de

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Cervantes qu’ils se mirent à en parler avec grande ferveur, vantant l’estime où l’on tenait ses ouvrages en France et dans les royaumes voisins : La Galathée, que tel d’entre eux savait quasiment par cœur en toute sa première partie, et les Nouvelles. Telles furent leurs hyperboles que je m’offris à les conduire devant l’auteur, offre qu’ils estimèrent grandement, montrant par mille démonstrations qu’ils ne désiraient rien tant. Ils m’interrogèrent fort en détail sur son âge, sa profession, et s’il était aussi bien pourvu que né. Force me fut de dire qu’il était vieux, soldat, hidalgo et pauvre ; à quoi d’un d’eux fit cette grave réplique : « Quoi donc ? À un tel homme, l’Espagne n’a pas fait une grande fortune, en l’entretenant sur le Trésor public ? » Un autre de ces gentilshommes eut cette saillie qui ne manque pas d’esprit : « Si c’est la nécessité qui le pousse à écrire, plaise à Dieu qu’il n’ait jamais abondance de biens, afin qu’étant pauvre lui-même, il enrichisse par ses œuvres l’univers entier »”

Deux ouvrages où la fantaisie est contrôlée ( merveilleux MAIS vraisemblable) : Persiles = roman fini juste avant de sa mort (et publié en 1617). Les Nouvelles exemplaires publiées juste avant sa † :

o Attention ! novela = roman ≠ nouvelle (roman court, conte) o Cervantès = 1er nouvelliste en castillan (AVT, traduction de versions

étrangères) o Inspiré par les disciples de Boccace (italien). o Recueil d’histoires (rassemble plusieurs contes≠) Selon

Canavaggio, il manque l’essentiel : un récit autour d’un élément central, mettant en évidence ce qui est unique au héros et son destin (le héros intériorise les événements qu’il vit)

o Scénario en Espagne Tableau de la société espagnole du XVIIe. o Exemplaires CAR :

Morales (montre l’exemple) Versions censurées (on a enlevé ce qui pouvait choquer //

Boccace) Expérimentales (avec les voix de la création narrative)

1604 : Copie manuscrite par un prébendier (religieux mangeant gratos dans une cathédrale) contenant quelques nouvelles de Cervantès sous le pseudo de Mr Porras dont : Rinconete y Cortadillo et El celoso extremeño. Le 22 avril 1616 : Miguel de Cervantes meurt (probablement de diabète) en laissant ébauchés plusieurs projets :

- Une comedia (El engaño a los ojos) - Un roman (El famoso Bernardo) - Un recueil de nouvelles (Las semanas del jardín) - La deuxième partie de La Galathée.

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LES NOUVELLES EXEMPLAIRES

A. Le Jaloux d’Estrémadure

- Lo más cervantino e irónico de la obra - Carrizalès rencontre Léonore à sa fenêtre OR à l’époque, ces � étaient mal

vues car là pour être vue, pour parler et + si affinités = « ventaneras » - Soupçon de l’impuissance de Carrizales (et Loaysa ?)

[Marialonso à Loaysa :] […] somos doncellas (vierges) como las madres que nos parieron, excepto mi señora

Si elles accouchent, pas vierges ! Ironique : servantes ne sont pas vierges MS bien la señora, Léonore. MAIS après, Marialonso dit qu’elle est toujours vierge… Blague de Marialonso OU du narrateur ? “El viejo celoso” (1re éd. dans Ocho comedias y ocho entremeses nuevos nunca representados accepte le succès de Lope de Vega, 1615) : scénario // Jaloux.

- Doña Lorenza a peur de perdre son honneur CAR pas d’expérience dans ce genre de tromperie :

Doña Lorenza.— Como soy primeriza, estoy temerosa, y no querría, a trueco del gusto, poner a riesgo la honra. Cristina.— Eso me parece, señora tía, a lo del cantar de Gómez Arias: Señor Gómez Arias, doleos de mí; soy niña y muchacha, Synonymes bizarre prendre muchacha dans le sens de PUCELLE. nunca en tal me vi.

- Cañizares exprime la crainte de voire sa femme séduite par un autre :

Compadre.— Y con razón se puede tener ese temer, porque las mujeres querrían gozar enteros los frutos del matrimonio (avantages du mariage) dit que Lorenza n’en a pas joui. Cañizares.— La mía los goza doblados dit qu’elle en jouit DOUBLEMENT (amant) Compadre.— Ahí está el daño, señor [com]padre. […] Compadre.— En mi vida he visto hombre más recatado, ni más celoso, ni más impertinente; pero éste es de aquellos que traen la soga arrastrando (corde traînante signifiant que Cañizares/Carrizalès est impuissant ou que Lorenza est vierge) Qui est le vrai coupable ?

- Léonore ? curiosité vis-à-vis des � (CAR pas d’expérience) - Carrizalès ? victime de sa jalousie. - Marialonso ? Entremetteuse pour profiter de Loaysa (décrite négativement)

Prénom hermaphrodite : Maria-Alonso avec barbe, ‘monstre’ - Le Noir ? veut juste apprendre la guitare.

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Rem : exagération � âge : Marialonso : 30 ? 40 ?50 ? + Léonore : que 16 ans ! Dans le viejo celoso : explicite : les voisines = entremetteuses ICI le lecteur a la responsabilité de trouver la morale de l’histoire.

- Texte semble « inachevé » CAR ambigu = volonté du narrateur (qui n’est donc pas omniscient + utilise « je » à la fin - -> un perso)

- Ambiguité = recours poétique et esthétique. Le protagoniste = La maison (tout tourne autour d’elle)

- Elle est complexe, labyrinthe Efforts pr pénétrer dans la maison // efforts pour séduire Leonora.

- Seul Carrizalès à la « clé » maison = symbole de la �.

B. Le Licencié de Verre Influences de :

- Diogène Laërce : Vies, doctrines et sentences des philosophes illustres (traduction sur Diogène de Sinope)

- Pero Mexía : Silva de varia lección, possible source d’information sur Diogène. La critique érasmienne avait déjà pris exemple sur Diogène (et sa � cynique): Érasme : Enchiridion (1503), Institutio Principios Christiani (1516) La figure du fou - -> perso typique/positif de la littérature humaniste :

Sebastian Brant: La nef des fous (Das Narrenschiff, 1494) : les marins sont certains que l’humanité va vers le naufrage et sont tous fous : de livres, de luxe plusieurs types de folie. Érasme: Éloge de la folie (1509) : folie = don divin (voit la réalité d’une façon bizarre) Ressemblance avec Till Eulenspiegel (1510-1511) : prenait tout au pied de la lettre ( réponses inattendues).

Rapport avec Don Quichotte : fou intéressant qui finit en sage anodin : Don Quichotte se met à écrire qd n’a plus rien à raconter (après qu’on lui ait posé des ?, des épreuves,…) et voit que ce qu’il a dit n’a servi à rien, tt le monde s’en fout.

// Licencié de verre (� cultivé qui devient fou et célèbre PUIS plus écouté quand redevient sage se fait soldat) : fou au statut ambigu : moqué ? Admiré ?

Les Nouvelles exemplaires illustrent bien les contradictions cervantines…

- Morales, exemplaires MAIS l’ironie bouleverse les significations. - Cohérentes MAIS fantaisistes.

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Point essentiel = pertinence du savoir dans la société (+ intégré quand fou !) // L’homme qui prenait sa femme pour un chapeau d’Oliver Sacks. Allusion à la Genèse : Péché = Adam et Eve mange la pomme // Licencié qui mange un coing contenant un philtre d’amour, stratagème mis

au point par une � amoureuse du Licencié et qu’il avait rejetée. Folie = don divin, malédiction (dans les 2 hist) Ecarté de la société des hommes (dort dans grenier ou champs) Le Licencié a 3 appellations :

1) Thomas Rodaja ENFANCE Narration/Biographie 2) Vidriera (Verrière) FOLIE Dialogue 3) Rueda SAGESSE Anti-biographie (manque d’intérêt, inutile, n’apprend

rien de nouveau sur le monde)

Rem : Nouvelles exemplaires préférées au Don Quichotte jusqu’au XVIIIe.

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IV. José Zorrilla (1817-1893) - Nait à Valladolid, 1ers vers à 12 ans. - Père carliste, superintendente de la police. - Etudes de droit au Seminario de Nobles dirigé par jésuites. - Lit en cachette des romanciers réalistes : Walter Scott, Fenimore Cooper et

Chateaubriand,… - Sans finir ses études, s’enfuit à Madrid pour devenir célèbre (change même

d’identité pour ne pas que son père le retrouve se dit peintre italien) - 1836- 1837 : bohème et misère, jusqu’au suicide de Mariano José de Larra le

14 février 1837 (le remplacera dans le journal El Español), suite auquel il écrira le poème qui le rendra célèbre du jour au lendemain (assez vulgaire) MEME SI déjà connu dans cercles litt de Madrid…

A LA MEMORIA DESGRACIADA DEL JOVEN LITERATO

DON MARIANO JOSE DE LARRA (1837)

Ese vago clamor que rasga el viento es la voz funeral de una campana: vano remedo del postrer lamento de un cadáver sombrío y macilento que en sucio polvo dormirá mañana. Acabó su misión sobre la tierra y dejó su existencia carcomida como una virgen al placer perdida cuelga el profano velo en el altar. Miró en el tiempo el porvenir vacío, vacío ya de ensueños y de gloria, y se entregó a ese sueño sin memoria que nos lleva a otro mundo a despertar. Era una flor que marchitó el estío, era una fuente que agostó el verano; ya no se siente su murmullo vano, ya está quemado el tallo de la flor. Todavía su aroma se percibe y ese verde color de la llanura, ese manto de yerba y de frescura, hijos son del arroyo creador. Que el poeta en su misión sobre la tierra que habita es una planta marchita con frutos de bendición.

o Vers en 8 syll >< vers en + de 8 syll = Contraste entre † � social et personnel ; 2ème partie (interprétation de la † de Larra)

o Quinteto, octava, quinteto, redondilla. o Isotopie (= champ sémantique) végétale : tallo de la flor = tige de la

fleur brûlée CAR terre asséchée (= Larra)

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Le poète selon Zorrilla: Zorrilla parle de malditismo (notion + complexe que la simple infelicidad) :

- Le poète a reçu un don divin que les autres n’ont pas et qui l’empêche de s’intégrer dans la société = bénédiction BENI ET MAUDIT.

- Qqn de déraciné qui traverse le monde en chantant, espèce de dieu déchu. - Mission : intermédiaire, interprète misterioso du monde, transformador mágico.

- Habitué de la réunion du Parnasillo, 1ers poèmes influencés par Lamartine. - 1839 1ère pièce de théâtre, Juan Dándolo, en collaboration avec García

Gutiérrez. - 1840 1er succès théâtral avec El zapatero y el rey (parte I). - 1840-1841 Cantos del trovador, livre à succès qui lia définitivement le nom de

Zorrilla à l’idée d’un poète épique, historique et traditionaliste. Rem : Epique = narratif - -> roman. Lyrique = dialogue personnel sans faire attention au public - -> poésie Dramatique - -> théâtre. * * * ZORRILLA, UN POETE NATIONALISTE […] es el Calderón de la Barca de la edad presente (= romantisme conservateur Moralisateur) Appartient à un courant nationaliste et chrétien Principaux thèmes = Patrie & Religion (� chaste et honnête, traditions…) Refuse de suivre les modèles classiques de l’Antiquité gréco-latine s’éloigne du néoclassicisme (qui louait les exploits d’Hercule, Jules César, Vénus, Pluton,…) pour privilégier le côté patriotique et religieux en ressuscitant les héros/us du pays.

A ESPAÑA ARTÍSTICA (1840) Torpe, mezquina y miserable España (= Eglise), cuyo suelo alfombrado de memorias se va sorbiendo de sus propias glorias lo poco que ha de cada ilustre hazaña traidor y amigo sin pudor te engaña, (le traître et ton ami te trompent) se compran tus tesoros con escorias, tus monumentos, ¡ay!, y tus historias (tes monuments et tes hist exportées à l’étranger) vendidos llevan a la tierra extraña. ¡Maldita seas, patria de valientes, que por premio te das a quien más pueda por no mover los brazos indolentes! ¡Sí, venid, ¡voto a Dios!, por lo que queda, extranjeros rapaces que, insolentes, habéis hecho de España una almoneda.

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CI-DESSUS: Dénonce la “Desamortización” //Larra: sécularisation, les gouvernements libéraux vendent les propriétés de l’Église aux étrangers (qui s’approprient ainsi le patrimoine espagnol) pour inverstir dans les chemins de fer. - 1845 1er voyage à Paris. Amitiés avec Alexandre Dumas, Alfred de Musset,

Victor Hugo, Théophile Gautier et George Sand. - 1848 Élu membre de l’académie (RAE) MS ses voyages l’empêchent d’entrer en

fct°. - 1853 Voyage au Mexique (y écrit) + Londres après un nouveau séjour à Paris

pour échapper à sa �, veuve irlandaise et catho Florentina O’Reilly, de 19 ans son aînée.

- 1866 † de sa � Retour d’abord provisoire en Espagne que l’exécution de l’empereur Maximilien, son mécène et protecteur au Mexique, rend permanent.

- 1867 Álbum de un loco réunissant discours, éloges, remise de pris, etc. et fêtant les conquêtes du libéralisme.

- Lectures publiques de ses poèmes dans les théâtres avec décor adéquat atmosphère Il a conscience du décalage vis-à-vis des styles poétiques de l’époque.

- 1885 Nommé membre de l’Académie pour la 2ème fois. - 1888 Mi última brega, De Murcia al cielo - 1889 Couronnement à Grenade. Sujets de ses dernières œuvres : manque d’ambition personnelle, foi chrétienne, l’amour de la patrie poème Granada (qui restera inachevé et pour lequel il s’était beaucoup documenté, apprenant même l’arabe) Zorrilla prétend avoir inventé les légendes en vers (genre romantique) : o Historiques (si l’histoire, fantastique, se joue dans un contexte historique) o Religieuses, orientales. o Romanesques (feuilletonesques = roman quotidien publié dans les journaux

par livraison dont l’histoire est exagérée (bcp de †, faits étonnants, magie) Combinent le narratif, le lyrique et le drame (auteur et perso parlent, 1 lieu : église, couvent) * * * THEATRE Entre 21 et 33 pièces originales. Transformation de sa dramaturgie: • Sujets du présent Sujets du passé (historiques) • Scénarios ± inventés Inspirés de l’Hist. (Ancien Régime)/légendes

populaires • Accent sur la trame Sur les personnages et ses conflits intérieurs • Vers difficile Facile et sonore

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• Idéologie conventionnellement réactionnaire Critique du pouvoir • Prédominance du bien et de la bonté Du mal (identifié au pouvoir/luxure)

3 caractéristiques de + en + décisives:

1. Association de la trame à un certain trouble des relations familiales. 2. La question de l’identité - -> identité moderne :

a. Personnages hérités de Lope et Calderón (au bord de l’inceste) auxquels Zorrilla ajoute une consistance psychologique nouvelle.

b. Les personnages classiques gardaient la même identité pendant toute la pièce ; ceux de Zorrilla changent.

c. Vision critique de la monarchie (surtout des Habsbourg), ce que les auteurs classiques du siglo de oro ne pouvaient se permettre.

3. A la fin : conflits réglés HAPPY END * * * DON JUAN TENORIO Pièce la + représentée. Versions précédentes de la même histoire (par Zorrilla):

1. 1840 “Margarita la tornera” (légende en vers) : certains vers en ont été tirés.

Margarita, la novice enlevée, au centre du récit (le séducteur prendra sa place dans Don Juan Tenorio, déjà dans le titre)

2. 1840 “El capitán Montoya” (légende en vers) : séducteur sans scrupules 3. 1844 Don Juan Tenorio 4. 1877 Don Juan Tenorio. Zarzuela 5. La Leyenda de Don Juan Tenorio (fragments insuffisants)

Trois versions que Zorrilla connaissait :

1. Tirso de Molina: El burlador de Sevilla y convidado de piedra (ca. 1625) : Hérite de la pulsion machinale pour le sexe, sans aucun plaisir (mécanisme)

2. Antonio de Zamora: No hay deuda que no se pague y convidado de piedra (1714) Don Juan se sauve pour la première fois.

3. Alexandre Dumas: Don Juan de Marana ou la chute d’un ange (1836) : Le séducteur fuit l’enfer pour le ciel (s’en sort). Dumas-Zorrilla s’influencent.

Résumé de El burlador : don Juan Tenorio séduit de façon vile 4 �: 2 aristocrates et 2 plébéiennes (dont une le jour de sa noce // Ana de Zorrilla). Il tuera le père d’une des aristos qui l’a surpris. Il invitera la statue du père à souper par dérision/défi, qui viendra et l’invitera à son tour à la chapelle où il est enterré. Là, il le fera sombrer avec lui dans le gouffre infernal.

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Tirso Zorrilla Séduction de 4 femmes ≠ (2) Il tue le père de l’une d’elles = (père d’Inès, Don Gonzalo aussi) Invitation de la statue = (invité de pierre : récurrent) Chute dans l’enfer ≠ (paradis)

TIRSO : Condamnation finale = ~ sociale Dépeint négativement (menteur, cruel, lâche, orgueilleux…) >< Symbole du noble révolté. Idée d’injustice soulignée : ses délits impunis CAR protégé. Satire sociale (excès de la noblesse que le statut place au-dessus des

lois, thème bcp utilisé par moralistes de l’époque, Alemán…) Condamnation surnaturelle CAR le pouvoir civil ne fera jamais

rien contre les abus de la noblesse. ZORRILLA : Conflit moral, pas social (pas de lien avec rapport entre

classes) Rem : Vision du propre enterrement : récurrence romantique. Trois versions que Zorrilla ne connaissait (apparemment) pas :

1. Molière: Don Juan (1665) 2. Mozart / Da Ponte: Don Giovanni (1787) 3. Lord Byron: Don Juan (1818)

ORIGINALITE Thèmes courants à l’époque (�qui sauve l’� : 1ère X ac Le souper chez le Commandeur de Blaze de Bury de 1834 ; Faust de Goethe en 1832) MS Zorrilla modifie ce dont il a hérité pour en faire quelque chose d’original, surtout à 2 � :

- L’amour à Doña Inès. - La conversion finale.

Contribuent à un changement + décisif : la perte de la fixité et du caractère univoque/inchangeable de don Juan…

Don Juan - -> sympa, égaré (ne sait plus qui il est, qui il doit croire) - -> populaire Nouveauté (déjà le cas dans le don Juan de Mozart / Da Ponte) Doña Inès : Angel de amor, sorte de “Vierge Marie” rendant possible le salut du libertin.

- A de la personnalité, s’exprime bien (pas idiote/victime) - Rôle important : médiatrice entre monde spirituel et éternel. - // L’Inès de la légende El capitán Montoya.

RECEPTION

- En 1844, les gens n’aiment pas trop PUIS Succès en 1860 avec l’acteur Pedro Delgado en Don Juan.

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- Zorrilla avait vendu ses droits d’auteur à son éditeur Manuel Delgado pour 4.200 reales (± 6 € : normal à l’époque)

- Pièce écrite en 20 jours, ne pensait pas avoir un tel succès la peaufine, la réécrit, corrige les défauts MS surtout dans un intérêt écono : il veut récupérer ses droits en écrivant une « nouvelle » pièce.

A Barcelone et Madrid, on trouve des œuvres donjuanesques = parodies de Don Juan Tenorio (écrites pour la Toussaint, carnaval,…) : MEME Sujet, Style MODIFIE (comique, quotidien) >< Travesti burlesque : même style, sujet ≠ Mariano de la Pina : Juan el perdío (1849) Adelardo López de Ayala: El nuevo don Juan (1863) José Mª Nogués : Un Tenorio moderno (1864) Rafael Mª Liern : Doña Juana Tenorio (1876) Juan de Alba : La mocedades de don Juan Tenorio (1877) Javier de Burgos : El novio de doña Inés (1884)

Salvador Mª Granés : Juanito Tenorio (21886) Felipe Pérez y González : Doña Inés del alma mía (1890) Felipe Pérez Capo : La noche del Tenorio (1897) Pablo Parellada : Tenorio modernista (1906) J. Huete Ordóñez : Tenorio en el siglo XX (1917)

Tenorio en el siglo XX Don Juan Tenorio LA COMPONENDAS. ¡Vamos, empieza a leer! BRÍG. ¿[E]n qué os paráis? ¿Un suspiro? (Alumbrándola con la vela.) INÉS. ¡Ay, que cuanto más la miro, INESILLA. «¡Inesilla!... ¡Mi negraza!...» menos me atrevo a leer. (Grito exagerado.) (Lee) «Doña Inés del alma mía.» ¡Ay, mi madre! ¡Qué principio! ¡Virgen Santa, qué principio! COMP. (Aparte) ¡Éste no pierde ni ripio!... BRÍG. Vendrá en verso, y será un ripio ¡Sigue, sigue y ten cachaza!... que traerá la poesía ¡Anda! Vamos, seguid adelante INESILLA. «¡Paloma torcaz! INÉS. (Lee) «Luz de donde el sol la toma, ¡Pedrusco de mil quilates! hermosísima paloma ¡No me mates... no me mates! privada de libertad, ¡Déjame vivir en paz!». si os dignáis por estas letras […]»

- Quasi tous les dialogues sont modifiés \ les mmts les + importants. - Représentations privées/familiales de Don Juan ; peu de public, pas de

paysans (à la Residencia de Estudiantes,…)

Rem : XIXe : les modernistes ont voulu remodeler la métrique en important des éléments fr., hypotexte = txt précédent, hypertexte = textes variés. Tradition parodique et sérieuse vont se mélanger avec, entre autres, Valle-Inclán, qui tente de faire du género chico (pas cher, on peut y aller habillé comme on veut) qqch de construit, d’une grande qualité stylistique : El terno (trio) del difunto, La realidad esperpéntica (horrible) Juanito Ventolera vole le costume du pharmacien dans sa tombe (avec ag dedans). Il était † à cause du déshonneur causé par la grossesse de sa fille, qui s’est alors prostituée ICI hist banale, perso vulgaire/mal habillés, pas de provocation des forces surnaturelles (>< Don Juan qui invite le fantôme de Don Gonzalo) Grotesque. À partir de 1953, son œuvre est réduite à 2 pièces : Don Juan Tenorio et Traidor, inconfeso y mártir. Don Juan = modèle social de conduite (même si négatif), ce que les � ont vu dans les � pendant moult années (un petit Don Juan sommeille en eux !)

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CONTRE LA MONTRE Reconstruire l’action du 1er acte : 20 h : Heure du rdv entre Don Juan et Don Luis (dans l’auberge) : entrée de moult curieux, lecture de leur liste de méfaits, nouveau pari, arrestations, libérations,… p. 70-81 21 h : Doña Inès lit la lettre et Don Juan se dirige vers le couvent p. 167 22 h : Rdv entre Doña Ana et Don Luis ms Don Juan prend sa place p. 130 24 h : Doña Inès & Brigitte dans l’appart de Don Juan, qui tue Don Luis et Gonzalo Luis dans son rendez vous (cf. 149)

Délais non vraisemblables : se passe beaucoup (trop) de choses en peu de temps (une soirée : de 19h30-20h à 1h) = heures de 200 minutes propres à la montre de Don Juan ! Impression de mvt/rapidité. Délais // paris (résumés/réduits en quelques heures)

1. Rendez-vous dans l’auberge (pari = une année de péchés chanceux) 2. Séduire Doña Inès et Ana : Don Juan dit avoir besoin de 6 jours

OR se fait en une soirée ! Enjeu = vie, enlever l’honneur d’Ana et Luis.

3. Sablier = temps qu’il lui reste à vivre, temps accordé pour qu’il se repente, pour le salut de son âme.

Zorrilla dit que ni le public ni les perso ne savent l’heure… FAUX vu

qu’on le dit tout le temps dans la pièce ! Les délais (plazo) = moteurs de l’hist. = thème cher aux dramaturges romantiques. // Macías de Larra ou Los amantes de Teruel de Hartzenbusch. La contrainte du temps/délai se mêle à la personnalité du protagoniste Don Juan = hô postkantien qui intériorise la notion du tps, facteur nécessaire ds

notre connaissance des objets et de la réalité (rem : 2ème partie : tps + flou - réaliste) MORT DE DON JUAN Contrat entre Inès et Dieu = soit elle et Don Juan vont au Paradis, soit en Enfer. Quand meurt don Juan ?

Ds le cimetière, Don Juan = esprit aux sensations humaines CAR voit son cortège funéraire passer : a été tué par Centellas OR tient encore le sablier dont les grains = vie qui lui reste Hallucination ? Vision divine pr qu’il se repente ?

Pas de cohérence théologique, ni jugement dernier ni individuel, ni † ni vivant. Ambiguïté sans importance pour Zorrilla CAR ne se rem pas sur scène. Thèse de la théologie catho : † apparente (surtout pr † soudaine/violente) : † ressuscité pour quelques heures. Rem : même vision dans El capitán Montoya, Les âmes du purgatoire de Mérimée,…

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DON JUAN ET LES MOTS La lettre

- Séduit Inès avec une lettre aux mots bien choisis (1ère scène, masqué) BUT : - aller contre l’avis de Don Gonzalo. - pour gagner un pari.

- Concurrence entre la lettre et la liste des “exploits” (qui n’existait pas dans la version de Tirso ms bien dans les opéras de Mozart et Gazzaniga)

Chronologie bouleversée : lettre écrite AVANT le défi de séduire une religieuse et l’annulation du mariage entre Don Juan et Inès MS les présuppose (Incohérence dramat)

- Lettre lue dans ≠ contextes même lettre MS sens change selon l’interprétation qu’en font les personnages :

o Don Juan : lettre pour séduire. o Doña Inès : lettre d’amour. o Brigitte, complice de Don Juan commente la lettre pour faire

croire à Inès que Don Juan est amoureux d’elle. o Don Gonzalo : lettre = preuve du plan de Don Juan de séduire

Inès. o Don Juan comprend la lettre autrement - -> VRAIMENT

amoureux. MS On ne le croit pas CAR n’a jamais été amoureux/écrit sérieusement

Crise du langage : la conversion finale de don Juan = tentative pour retrouver la foi dans les mots et les choses.

Scène du sofa (p. 192) : Isotopies Conversion à la foi et à l’amour qui renverse les rôles Don Juan : langage de la soumission, images stéréotypiquement poétiques d’un monde idyllique (nature) OR ce type de discours était plutôt réservé aux � du théâtre précédent.

N’est-il pas vrai, ange d’amour,

Que sur cette rive écartée L’éclat de la lune est plus pur Et que l’air se respire mieux ? Cette brise qui souffle, emplie

Du doux parfum des fleurs des champs Qui s’élève de ce rivage…

Rép de Doña Inés : langage presque grossier (or très amoureuse), plutôt utilisé par don Juan d’habitude : Oh ! Taisez-vous, don Juan, par Dieu ! 2 champs sémantiques :

- Mots négatifs, mystérieux, violents: folie, (cœur) brûlant, enfer, talisman, arracher,

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Satan, lambeaux, (la présence) aliène, (les paroles) hallucinent, venin… - Isotopie de l’attirance : filtre, aimant, fascinant, séduisant, cœur, irrésistible…

Illustration dans la dernière redondilla :

Don Juan !, je t’implore, don Juan, ¡Don Juan!, ¡don Juan!, yo lo imploro J’implore ta compassion : de tu hidalga compasión: Ou bien arrache-moi le cœur, o arráncame el corazón, Ou aime-moi, car je t’adore. o ámame, porque te adoro.

Rompt avec la tradition romantique qui va du positif au négatif, de la

bonté à la criminalité, du consentement à la rébellion, du bien au mal (enfer). Le message essentiel = quand la statue du Commandeur dit à don

Juan que hay una eternidad/tras (après) de la vida del hombre message rassurant et catho.

La 2ème partie annule la rébellion de la 1ère : l’entrée au ciel = métaphore de l’entrée dans le monde bourgeois où règne le mariage et la foi.

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V. Benito Pérez Galdós (1843-1920) Le Balzac espagnol (réaliste) BIOGRAPHIE

- Vu comme un libre-penseur radical OU intellectuel national (conservateur) et bien-pensant.

- 10e et dernier enfant du lieutenant-colonel Sebastián Pérez et de Dolores Galdós ce contexte militaire a inspiré certaines de ses histoires (batailles,… Episodios nacionales)

- Né aux Canaries poèmes satiriques dans la presse provinciale Intérêt pour les Beaux Arts, peinture, dessin MS son père l’inscrit dans école de droit à Madrid (pour l’éloigner d’une cousine qu’il aimait passionnément)

- Personnalité : très réservé, silencieux, observateur, mémoire énorme. o Fréquente les tertulias (réunion intellectuelle, ± polit, ± littéraire)

- 1867 1er voyage à Paris : y lit Balzac (Egénie Grandet), admire aussi Charles

Dickens (1ère traduction des Pickwick Papers en castillan) - Fille naturelle avec Lorenza Cobián (se suicidera plus tard) PUIS relation ac

l’actrice Concha Morell ou encore E. Pardo Bazán + fréquentait les bordels. Renvoyé de l’unif s’adonne à sa vocation, le journalisme, dont la frontière avec la litt est floue. Ex : chroniques (essais sur l’activité culturelle et sociale) :

- 1870 Début de sa carrière litt : La Fontana de Oro, publié ac l’ag de sa sœur. Roman historique : libéraux chassés sous Fernando VII

- Ecrivain discipliné, régulier (se promenait pour entendre les hist que racontaient les gens) - Ecrira des romans à thèse.

Sa 1ère vocation était le théâtre (écrit des pièces POURTANT il le fréquente peu)

- La plupart de ses pièces de jeunesse se sont perdues (sauf Un joven de provecho) - Se consacrera bcp au théâtre dans ses dernières années malgré les précédentes

critiques (trop ennuyeux, trop peu réaliste, trop intellectuel : ses romans sont plein de pauvres/ouvriers, etc. dit qu’il a trop à dire pour soigner son style)

- 1891-1893 Pièces les + renommées (adaptées de ses romans): Realidad, La loca de la casa, etc.

- 1893 Succès de San Quintín, villa à Santander pour laquelle il dessine les plans Investissement et ruine économique qui lui pousse à continuer les Episodios.

1901 Première d’Electra (hist d’une jeune fille poussée à renoncer à son mariage avec le mathématicien Máximo et à entrer dans un couvent) Le public crie “À bas les jésuites !” Interprétation du public et indépendante du texte CAR rien d’anticlérical sauf à la

fin (pessimiste, � a des visions ahurissantes) Apothéose anticléricale (c/ prêtres, église), - -> mot utilisé cô symbole anticlérical (bonbon, polit)

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EPISODIOS NACIONALES Définition: 5 séries de 10 épisodes/romans \ la 5ème : 6, publiés sur un demi-siècle. Romans historiques de la vie nationale et contemporaine. �> Très courant au XIXe lui, parle de l’histoire contemporaine

(de la guerre en 1808 à la fin du XIXe)

- D’ABORD, Galdós avait décidé d’arrêter les Episodios en 1879, après 2 séries. MAIS difficultés économiques écrit une 3ème série en 1898.

- Dès 1874, son éditeur = Miguel H. de la Cámara. - 1897 Récupère ses droits au prix fort pour les 3 séries et devient son propre

éditeur, indépendant : se charge de l’édition et de la distribution. - 1904 Contrat d’édition avec la maison Hermando.

LES SERIES Série I (1873-1875). Défaite de Trafalgar en 1805 ; guerre d’indépendance ; expulsion des troupes napoléoniennes en 1814. Protagoniste : Gabriel Araceli dont la vie illustre les possibilités d’une ascension sociale (- -> bourgeois) : nouveau ! N’existait pas à l’Ancien Régime. La patrie ≠ puissants, mais = le peuple. Série II (1875-1879). Règne de Fernando VII. Lutte entre libéraux et absolutistes : les fils de Fernando Navarro = Espagne rétrograde >< Benigno Cordero = Espagne libérale. Ton costumbrista (roman de mœurs) >< ton épique (Série I)

Séries I et II : + patriotiques : Galdós accepte et soutient la nécessité d’une nation ainsi que le mythe bourgeois qui justifie les guerres et rassemble (mémoire collective) pour collaborer.

Série III (1898-1900). Sur la première guerre carliste. Galdós ne prend pas parti. Série IV (1902-1907). Époque isabelina : de 1847 à la révolution de 1868. Galdós sympathise avec la Reine dans son exil à Paris et devient ami avec R. Mesonero Romanos, écrivain de roman de mœurs. Corruption du régime (clergé,…) Plusieurs protagonistes voire protagoniste collectif. Galdós devient ami avec. Série V (1907-1912), inachevée. 6 épisodes, jusqu’à la † de Cánovas en 1897. Amertume de Galdós en 1907 à cause de l’échec de la Restauración L’auteur proteste contre la grande farce politique dont il a été témoin et victime (l’anticléricalisme s’accentue) Bcp d’éléments symboliques et/ou allégoriques. Curieux que précisément cette série, qui parle d’une période qui coïncide avec sa propre biographie (1868 et Restauración) foisonne de traits caricaturaux. Evolution : De l’optimisme (libéral progressiste) à une vision + pessimiste, vision d’une Espagne divisée en 2 fanatismes opposés avec des politiciens qui ne vont pas à la Chambre des députés et une oligarchie inapte et corrompue.

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Selon Galdós, - Le peuple est la fuerza determinante de la Historia. On détecte une dialectique du

grand (Histoire polit,…) et du petit (histoire) - Le roman est instrument de compréhension et non de simple représentation

Ne veut pas juste apprendre l’histoire, il donne son avis, explique. LA GENESE Précédents:

- Romans historiques d’Émile Erckmann et Alexandre Chatrian. - El Dos de Mayo de Juan de Ariza (1845) - El tigre del Maestrazgo o sea de grumete (moussaillon) a general de Ayguals de Izco (1845) - Ecos nacionales de Ventura Aguilera (1846), 6 éditions ≠ - Ramón Mesonero Romanos.

Correspondance avec les mairies pour demander des info afin de rendre ses livres vraisemblables (dem le nom de 3 grandes villes, du quartier chic,…) Chaque épisode basé sur un événement historique concret et un lieu localisable. Intègre des éléments de:

- scènes de mœurs (cuadros de costumbres) - roman historique - feuilleton : situations mélodramatiques, perso surprenants...

Dans les premiers épisodes, intrigue amoureuse. Ecrit la 1ère série en 1ère personne, les autres en 3ème et via des lettres. Succès éclatant MS problème écono pour l’auteur avec l’échec de l’édition de luxe. CONCLUSION Les 46 épisodes devait au départ être une chronique de la montée au pouvoir de la classe moyenne dans l’Espagne du XIXe MAIS en 1898, Galdós réalise que sa propre classe sociale a trahi les idéaux de la révolution de 1868. Chronique de la déception de Galdós. Au fur et à mesure qu’avance le récit, Galdós se rend compte que l’histoire qu’il raconte est la historia de la sinrazón, absurde, contre la raison. Son schéma narratif va toujours de l’enthousiasme à la déception. ENGAGMENT POLITIQUE Galdós, de libéraliste modéré, devient radicaliste - -> 1907 candidat comme député républicain (au Parlement espagnol) à Madrid. Pendant la campagne électorale sort sa nouvelle pièce (radicaliste), Casandra, bien accueillie // Electra.

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1886-1891 Député de la majorité libérale. 1906 Député républicain 1910 Député de la conjunción republicano-socialista. Le député le + voté à Madrid. Admirait le parti socialiste, seul parti discipliné et sain de la polit esp selon lui. 1914 Député républicain pour Las Palmas. ROMANS CONTEMPORAINS À partir de 1881 : La desheredada, Fortunata y Jacinta, Miau, La incógnita, Realidad,… Œuvres consacrées de façon quasi obsessionnelle à la classe moyenne de la capitale. Analyse le comportement de ses contemporains ac la technique des romans historiques :

[1] Scène d’exposition pour donner une vue d’ensemble de l’état des groupes. [2] Personnages représentatifs (de leur classe sociale), caricaturés, apparaissent

dans plusieurs romans ≠. [3] Symbolisme des lieux (avec les noms des villes,…) [4] Symbolisme des objets et des circonstances - -> allégories.

± Années 1890 : Retour à la “structure dramatique” caractéristique des romans des années 1870 :

- Conflit - -> intérieur - -> roman psychologique. - Romans dialogués : Casandra, La razón de la sinrazón, El caballero encantado,… - Rien que leur titre montre une ouverture grandissante à l’imaginaire/rêve. - Thèmes de + en + utilisés : fantastique, magie.

* * * MISERICORDIA (1897) Un de ses plus parfaits romans. Descente dans l’échelle sociale de Benigna avec la famille (de Doña Francisca) dont elle est la domestique // déménagements : vont de rue en rue, de + en + pauvres/au Sud. Claudio Coello (Quartier de Salamanca : haute bourgeoisie)

Olmo Saúco Almendro Imperial (Quartier de Quartier de las Injurias, cabanes en bois)

Une sorte de fatalité donnait des noms d’arbre à toutes ces rues, et les malheureuses faisaient penser à des oiseaux qui volent de branche en branche, dispersés par les carabines des chasseurs ou par les pierres que leur lancent les

gamins. (49)

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BUT de Galdós : décrire les classes les + pauvres de la capitale. Les observe directement : se déguise en médecin, va dans les endroits dangereux

et teste les Casas de dormir (les gens s’appuient sur une corde tendue pr dormir debout) Décrit la mendicité professionnelle, la misère douloureuse, la fainéantise

vicieuse (chôme exprès), la criminalité, la dégradation humaine. Dans ces quartiers pauvres il y a surtout des… pauvres, des criminels et le

prolétariat (a de l’honneur, loyal MS pauvre)

Les mendiants :

- Décrit comme des soldats de la misère formant une armée (en occupant toutes les entrées possibles des paroisses) isotopie militaire (regagnent leurs tentes,…)

o Il existe une hiérarchie parmi eux (ceux qui sont là depuis + longtemps vont aux endroits les + exposées,…)

- Décrits comme des percepteurs d’impôts // MA : on payait un impôt chaque fois qu’on passait les portes d’une ville avec des marchandises.

o Les paroissiens (classe moyenne) achètent la tranquillité de leur conscience CAR se sentent coupable d’avoir vendu les biens de l’église durant la période libérale rembourse petit à petit en donnant de l’argent au peuple.

Dénonciation des conditions de vie des classes dépourvues à cause d’une injustice sociale (témoignage d’un mendiant du sud) :

Un homme qui avait servi le roi pendant douze ans, qui avait durant quarante-cinq ans cassé des milliers de tonnes de cailloux tout le long des routes du Bon Dieu, et qui toute sa vie avait été ponctuel et considéré ! Il ne lui restait plus rien à faire qu’à se recommander au fossoyeur pour que beaucoup de terre soit jetée sur son cercueil et bien tassé ensuite. (177)

- Soldat (a servi le roi) PUIS travailleur (construit routes pour l’Etat) qui se

retrouve à la rue sans avoir pu épargner (ne le méritait pas !) - Les mesures adoptées par l’État restent insuffisantes. - Solutions : urbaniser les zones périphériques (bâtiments + solides,…), loger les

gens sans revenus (+ orphelins,...), bâtir des hôpitaux, construire des égoûts,…

C’est à croire, ajouta-t-il [don Romualdo], que notre pays n’est qu’une immense fourmilière de mendiants, et que nous devrions faire de toute l’Espagne un asile sans clôture, où nous vivrions tous ensemble du premier au dernier. Du train où nos allons, nous serons bientôt le plus grand hospice de l’Europe. (213)

= Distopie (>< utopie) : vision pessimiste du futur. La classe moyenne, une alternative : = � d’individus venus des classes supérieures et inférieures = déserteurs des

caractéristiques traditionnelles de leur classe large classe : o L’aristocratie qui ‘descend’ (chute sociale) o La plèbe qui ‘monte’ (ascension sociale), bien instruit/éduqué.

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o Les hommes d’affaires. o Les petits fonctionnaires de l’Etat (oficista : employé travaillant dans un

bureau) PERSONNAGES Romantiques, imaginent d’autres vies meilleures Le paysage urbain (Madrid) a presque la même importance – peut-être plus encore– que les personnages Ville = symbole de l’Espagne. Perso = symbole d’une classe sociale. Objet = symbole d’une émotion,… MAIS Galdós n’est pas un symboliste, terme réservé à la poésie. DOÑA FRANCISCA : Manque de caractère, rêveuse. Dès qu’elle récupérera une position aisée, elle développera à nouveau sa conscience bourgeoise :

Pour ma part, je me déclare convaincue de la nécessité de l’ordre et de la méthode et je fais le ferme propos de tout inscrire, oui, d’inscrire mes dépenses. (218)

Sa fille Obdulia : rêveuse, a voulu se suicider par amour et finalement se marie ac son aimé MAIS mariage morne, entourée de cercueils (métier des parents du mari) Satyre du suicide romantique : Grand Amour - -> banal, triste, va voir putes.

� de la classe moyenne, introverties, passives (ne semblent rien faire, déconnectées du monde réel) >< � du peuple, extraverties et actives que Galdós admire (demo|filia : amour du peuple)

Si l’amour du peuple est typique des naturalistes, Galdós est ≠ :

- Exprime cette sympathie avec une force particulière (≠ce de degré) - Peuple ≠ réalité idéalisée MAIS = qqch de connu, d’observé, de compris. - Inclut le peuple dans un idée + large : c’est le peuple qui fait l’histoire/société.

Le riche don CARLOS MORENO Y TRUJILLO, obsédé par l’administration méthodique et une charité calculée (pr son propre salut) → ridicule et hypocrite. DON FRASQUITO DE PONTE :

- Personnalité quichottesque : croit voir dans sa pauvre parente la réincarnation de l’impératrice Eugénie : “j’affirme que vous lui ressemblez, ou mieux qu’elle et vous, vous êtes la même personne” OR aucune ressemblance ! Vit dans une époque intérieure, sous Isabel II & le dév de classe moy…

- A peur de perdre son travail CAR n’a pas d’épargnes :

Il avait quelques années auparavant dissipé le reste de sa fortune, et l’emploi qu‘il n’avait pu obtenir qu’à grand-peine de González Bravo, la révolution le lui reprit impitoyablement. Pas de retraite. Or, il n’avait pas su faire d’économies. (103-104)

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// Licencié de verre : qd fou, dit des choses sages ; qd sage, a la tête en l’air. ICI - -> fou // Lazarillo de Tormès : soigne son aspect extérieur (se teint les cheveux) pour

cacher sa pauvreté/chute sociale. ALMUDENA, l’aveugle :

- Inspiré d’une perso historique, mendiant a tout copié, réaliste. - Origine floue :

o Appelé le Maure, l’Arabe, l’Africain. o Connaît la Bible par cœur, paraphrase la Cantique des Cantiques.

Demain, aller Hiérusalaïm, nous o On apprend son nom à la fin, Mardojai, typiquement juif. o Parle une sorte de castillan ancien) → Sefardi (juif d’Espagne)? o Baptisé chrétien Almudena (nom de � normalement)

A connu plusieurs religions dans sa vie… Symbole de la tolérance religieuse : “N’y a qu’un Dieu, un seul Dieu”.

Benigna, BENINA, Nina.

- Nom éloquent (grâce à lui, on connaît son caractère) : douce, bénigne. - Appelée aussi Ste Benina de Casia, comparaison explicite à Ste Rita de Casia

(ont toute deux une verrue sur le front) - Conduite de Job (perso biblique, ex de confiance en Dieu, de patience) - Almudena, l’aveugle visionnaire (cliché de la litt universelle), dit qu’elle vient

du ciel et accomplit des miracles/bonnes actions : Ti est vinie avec les anges, B’nina… toi, vinie avec feu.

- = Référence à la réalité : quand elle disparaît, les certitudes aussi : les perso ne savent plus si c’est un rêve ou la réalité.

Miracles de Benina = réaliser les souhaits des gens : o Entretient économiquement la famille de doña Francisca. o Sauve don Frasquito Ponte (et Almudena, qu’elle soigne de sa

“lèpre”) o Guérir la maladie imaginaire de Juliana (belle-sœur d’Obdulia) o Apparition de don Romualdo (perso inventé pour cacher le fait

qu’elle allait mendier à l’église) o Le trésor (rêvé par doña Paca) sous forme d’héritage (de Don

Romualdo) dont Bénina n’aura pas un sou.

Comme le Christ, elle doit souffrir pour obtenir le salut des autres. La fin du récit correspond à la mort sociale de Benina Dernières paroles, évangéliques

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Je ne suis pas une sainte. Mais tes enfants se portent bien et ne souffrent d’aucun mal… Ne pleure pas… et à présent rentre chez toi et ne pèche plus !

// Mots du Christ à Marie de Magdala : “Va et ne pèche plus !” Proposition de Galdós : redéfinir ce que sont la charité, l’amour et la miséricorde, valeurs négligées du christianisme il faut aider son prochain //Benina et pas agir pour son propre salut. REALITE OU REVE ? Plus de frontière nette entre réel et imaginaire (ouverture à l’imaginaire), entre donné et inventé Usage du symbole, du mystère, de la fantaisie,… (cf. Almudena) Naturalismo espiritual :

- Oxymore (naturalisme = appliquer au roman les techniques et découvertes scientifiques) - Epigraphe d’un des chapitres de Fortunata y Jacinta. - Alors que le lecteur sait à quelle classe � les perso ou quelle est leur sit écono,

pas clair pour le perso lui-même contexte/faits sociaux ≠ état intérieur. Perso échappe à la réalité à cause de cette réalité (si elle était moins

dure, n’aurait pas à y échapper !) - Motivations de nos actes pas tjs matérielles, aussi + complexes (sentimentales,…)

Intègre l’état intérieur des perso pour + de réalisme : fantaisie, symboles, psychologie dépassement du simple naturalisme.

…elle se répétait que tout ce que nous rêvons a son expérience propre et que les mensonges engendrent des vérités. (198)

o Rêve prémonitoire de doña Francisca (voit le reste de l’hist, fortune,…) o Apparition (progressive) de don Romualdo…

Point d’inflexion = Confusion de Benina qd doit faire face à l’existence de don Romualdo

Monsieur Don Romualdo, pardonnez-moi si je vous ai inventé. (197) ≠ de ce qu’elle avait imaginé vaguement. Le même ou autre personne ? Benina ne fera jamais

connaissance avec lui Ambigüité conservée. Méta-littérature : littérature sur la littérature : ICI réflexion sur le métier d’écrivain.

- Benina crée un perso // écrivain (Galdós) crée les siens. - Métalepse : le perso inventé devient réel Quand la fiction devient réalité…

• Effet paradoxal 1: le perso inventé - -> indépendant ÷ à son créateur csq

imprévues // Frankenstein qui tue son créateur. • Effet paradoxal 2 : la réalité se relativise, devient fictive à son tour // Benina

qui semble – réelle MS Don Romualdo semble + réel avec son physique : grand, fort >< faible, presque spirituel des autres protagonistes :

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Je vous supplie, cher don Romualdo, de n’ajouter foi à rien de tout cela, dit doña Paca bouleversé ; ne faites aucun cas des fausses Benina que vous pourrez rencontrer ; tenez-vous-en à la propre et authentique Benina, celle qui va faire le ménage chez vous tous les matins, celle que vous comblez de bienfaits dont je profite grâce à elle… Voilà la vraie Benina, voilà celle que nous devons rechercher […] Notre Benina n’est pas la vraie car ne respecte pas la définition !

• Effet paradoxal 3 : la raison devient folie (don Frasquito // Licencié vitré)

Rem : la folie se déclenche avec l’héritage, càd la réalisation du rêve/fantaisie. La seule possibilité d’un changement social = le miracle (les perso deviennent riches, comme ils le rêvaient) CAR il n’y a pas de justice sur terre le rêve permet d’en avoir un peu.

…je veux dire qu’il n’y a pas de justice, et pour qu’il y ait une justice sur la terre, nous devrions rêver tout ce qui nous fait envie ; ainsi, en rêvant – c’est une supposition – nous apporterions la justice de ce côté-ci de la terre.

Le deus ex machina (de Bertolt Brecht et Kurt Weil) : à la fin apparaît un perso qui rend justice // Dieu (méchant perd, gentil gagne) HAPPY END.

- Dans le théâtre, la fin est souvent heureuse MAIS on précise que dans la vie réelle, les pauvres ne changent pas leur état (cf. injustice sociale – p.44)

Focalisation interne certaines expressions sont exagérées pour bien exprimer le désespoir des perso : La situation devenait désespérée, le naufrage inévitable DERNIERES ANNEES Admiré par Unamuno (Allemand), statue à son effigie, … 1889 Élu membre de la RAE grâce à un ami. 1905 L’Académie refuse sa candidature pour le prix Nobel. 1912 - -> Aveugle. 3 janvier 1920 Galdós meurt, pauvre malgré une collecte nationale A sa mort,

rassemblement dans les rues, magasins fermés.