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Cadastre des GAAs Etude sur les Groupements d’achats alimentaires - Décembre 2011 - Avec le soutien de Saveurs Paysannes 2b, Place de la Station - 5000 Namur - T : 081/57.00.26 - [email protected] - www.saveurspaysannes.be

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Cadastre des GAAs

Etude sur les Groupements d’achats alimentaires

- Décembre 2011 -

Avec le soutien de

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1. Description des différents types de Groupements d'Achats Alimentaires

1.1. Historique et contexteAvant de proposer des définitions précises de chaque type de groupes, il importe de restituer le contexte et l'histoire du développement de ces initiatives qui se développent en Belgique depuis 1970.

Tout d'abord, rappelons les événements qui semblent avoir contribué au sursaut de conscience de la réalité agricole chez les consommateurs :

• Crise de la dioxine de juin 1999• Crises de la Vache folle de 1996 et de 2000• Campagne « Chefs d'oeuvre en péril » – décembre 2004/janvier 2005

Remarquons tout d'abord qu'avant 2005, il n'existait que des GAC aussi bien en Wallonie qu'à Bruxelles, ainsi que d'autres initiatives semblables et éparses se désignant plus par un nom propre et pas nécessairement par l'appellation « groupe d'achat ».Celle-ci semble avoir été généralisée à l’occasion de la rencontre organisée en 2003 par Luce Minet (asbl Vivre...S) de Se-raing.Les appellations GAS et GASAP sont nées après 2005.L'appellation AMAP, elle, correspond à un projet originaire de France, qui se distingue clairement du GAC. La première et encore unique AMAP est née en Wallonie en 2011, tout récemment.

Il n'existe pas à proprement parler d’appellation générale pour l'ensemble des groupes citoyens s'approvisionnant en direct chez des agriculteurs-artisans locaux. Toutefois, nous retiendrons l'appellation « Groupement d'Achats Alimentaires  », en abrégé GAA, employée par Nature&Progrès lors de la « Rencontre des GAA » en février 2011.Nous constatons qu'il y a néanmoins une tendance généralisée à rassembler ces initiatives sous une même bannière, une même idée globale.Cette tendance renforce l'idée de l'existence d'un mouvement de fond mais elle génère également de la confusion. Nombre de personnes interrogées dans le cadre de cette étude pensent en effet qu'un GAC est la même chose qu'un GASAP, par exemple.Pour un « gacqueur » lambda de Wallonie, le GASAP est similaire à un GAC, par contre l'AMAP est différente alors qu'en réalité le GASAP est pratiquement identique à l'AMAP.Il est probable que la confusion provienne de l'appellation hybride du GASAP  : Groupe d'Achat Solidaire de l'Agriculture Paysanne.Selon les fondateurs des premiers GASAP, après de longs débats, le choix du nom s’est porté vers GASAP (le nom AMAP était déposé et ne pouvait donc plus être utilisé n’importe comment. En décembre 2011 lors de l'assemblée constitutive du Réseau des GASAP, des représentants d'Alliance Provence (l'association française propriétaire de l'appellation AMAP) ont proposé aux membres des premiers GASAP d'adopter l'appellation AMAP. Les premiers membres connaissaient très bien les AMAP et s’en sont inspirés pour créer le système des GASAP. Ils ne souhaitaient pas s’associer à ce réseau français préférant créer une dynamique nouvelle en Belgique. Le mouvement des GASAP initié par l'asbl Le début des haricots était dés le départ très participatif ce qui peut expliquer aussi le sentiment qu'auraient eu les premiers membres d'avoir créé quelque chose de nouveau, de particulier à Bruxelles.

A remarquer également que les premiers GASAP utilisaient l'appellation plus courante de « GAS ». Les premiers GAS ont fonctionné avec la Ferme Arc En Ciel et dès le départ, un contrat de solidarité et d’engagement est signé.C'est au début des GASAP, que certains membres actifs de l'asbl Le début des haricots ont été témoigner auprès de grou-pements en formation à Mons et à Ath qui ont adopté l'appellation GAS. Ces GAS hennuyers n'ont quant à eux jamais adopté le principe du contrat et n'ont donc pas adhéré à la charte du Réseau des GASAP. C'est ainsi que le GAS est finalement perçu comme une formule intermédiaire entre le GAC et le GASAP.

En Flandre, ce sont les Voedselteams qui se sont développés depuis 1996. Au début dans le Brabant Flamand à l'initiative d'un centre de formation et d'insertion sociale ainsi que d'une association pour l’agriculture durable, Wervel. Les Voedsel-teams se sont formés en asbl. L'asbl comptait déjà 80 équipes locales en 2003 et aujourd'hui environ 120.Parallèlement en Flandre, se sont également développés quelques CSA (déjà fort répandus dans le monde anglo-saxon) sur une base contractuelle comme les AMAP.

Enfin, toujours dans la tendance contractuelle (GASAP et AMAP), est apparu un nouveau réseau de paniers locaux en pro-vince du Luxembourg, appelé Les Grosses Légumes. Il semble que la gestion y soit plus centralisée. Les groupes sont donc

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plutôt réunis en points de dépôt plutôt qu'en groupes autonomes. Cela dit, il est difficile de ne pas en faire mention tant leur projet ressemble à celui des GASAP ou des AMAP du fait de la contractualisation du lien de solidarité entre les consomma-teurs et le producteur. Il s'agit d'une tentative d'obtenir plus d'indépendance par rapport à l'économie de marché. Cette volonté d'indépendance se concrétise aussi au sein des Grosses Légumes par la mise sur pied d'un système de garantie participative (SGP) opérationnel. En effet, les consommateurs et les producteurs sont invités à rendre visite régulièrement à l'un ou l'autre producteur qui présente sa façon de travailler et bénéficie ainsi d'attentions et de conseils de la part de ses partenaires. Sans devoir recourir à la certification bio par un organisme tiers, les producteurs assument eux-mêmes avec les consommateurs ce travail de manière constructive et encourageante pour ceux qui désirent tendre vers des méthodes plus écologiques. A noter que plusieurs GAC en province du Luxembourg se fournissent dorénavant auprès des Grosses Légu-mes.

Il est important de différencier les GAC des dépôts de panier qui sont encore beaucoup plus nombreux en Wallonie et à Bruxelles. Ceux-ci se différencient des GAC du fait que la gestion est entièrement assurée par l'entreprise (agricole ou non) qui confectionne les paniers. Ces dépôts se situent souvent dans des magasins ou des lieux de travail. On reproche souvent à ces paniers d'être constitués de beaucoup de fruits et légumes importés.Ces dépôts se sont fortement développés en Flandre dans les années 90 mais également à Bruxelles et plus récemment en Wallonie notamment par l'action de David Duchêne, installé comme maraîcher à la Ferme de Vévi Wéron à Namur en 2004 et relocalisé à la Ferme de Montaval (commune de Cerfontaine) en 2010.Plus récemment, on a observé qu'en plus des magasins qui prennent en dépôt des paniers bio qu’ils redistribuent ensuite à leur clientèle, certains commercialisent des paniers qu’ils composent eux-mêmes avec des fruits et légumes achetés à des plateformes de distribution bio et/ou directement à un producteur bio de la région.

La frontière entre le GAC et le dépôt est parfois floue et souvent mouvante selon l'évolution du groupe. Certains GAC en effet se fournissent en paniers bio identiques à ceux des dépôts mais continuent à s'approvisionner parallèlement en pro-duits locaux, tels que des fromages, de la viande, etc. Par contre, le GASAP se distingue bien du dépôt en raison de l'exis-tence de lien contractuel entre les familles du groupe et le producteur. On remarque néanmoins que certains producteurs fournissant des dépôts fournissent également certains GASAP.

En résumé, on peut dire que la démarche du groupe d'achat se distingue des autres formules de circuit court par la convi-vialité qui se vit au sein du groupe et par l’implication bénévole de ses membres pour une économie solidaire.

1.1. Définitions-DescriptionsGroupement d'Achats Alimentaires (GAA). Appellation retenue dans le cadre de cette étude pour désigner l'ensemble des initiatives citoyennes qui réunissent un groupe qui s'approvisionne en aliments chez un agriculteur et/ou artisan local.

Groupe d'Achats (GA) : Le groupe d'achats organise périodiquement l'achat en gros de produits, principalement alimentai-res, et les répartit entre ses membres, de dix à trente, parfois plus. L'activité repose sur le bénévolat et poursuit des buts non commerciaux: rendre accessible la nourriture de qualité, soutenir les producteurs de cette nourriture, nouer des liens ville-campagne…

GAC : Groupe d'Achat Commun. Appellation la plus courante qui s'est généralisée aux débuts des années 2000.

GAG : Groupe d'Achat Groupé. On en dénombre 3 à Bruxelles, organisés comme des GAC. Ils se distinguent des GASAP.

Dépôt : Lieu privé, public ou commercial mis à disposition d'un producteur qui y livre des paniers de légumes bio. Ces dé-pôts sont créés à l'initiative du producteur le plus souvent. Il n'y a pas de projet de groupe mais la distinction avec le GAC est parfois ténue.

GAS : Groupe d'Achat Solidaire. Appellation des premiers GASAP de Bruxelles, répandue dans la région de Mons et Ath, avant même que ne soit formalisé le réseau des GASAP avec le fonctionnement contractuel.

Contrat : Engagement écrit et signé par lequel une famille s'engage à l'avance à acquérir l'entièreté de la production d'un agriculteur (le plus souvent maraîcher), tout en assumant également les risques de pertes. Le producteur signe également le contrat et s'engage à mettre tout en œuvre pour l'honorer au mieux.

GASAP : Groupe d'Achat Solidaire de l'Agriculture Paysanne. Ces groupes sont constitués en un réseau bruxellois organisé et ont adopté une charte et un mode de fonctionnement commun. Ils sont néanmoins autonomes les uns des autres et dé-veloppent une dynamique interne comme dans les GAC. Leur mode de fonctionnement est similaire aux AMAP.

AMAP : Association pour le Maintien de l'Agriculture Paysanne. Il s'agit d'un partenariat entre un groupe de consommateurs et une ferme, basé sur un système de distribution de « paniers » composés des produits de la ferme. C’est un contrat soli-daire, basé sur un engagement financier des consommateurs, qui payent à l’avance une part de la production sur une pé-riode définie par le type de production et le lieu géographique. Pour un producteur, la somme des montants engagés par les

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familles partenaires correspond normalement au coût total de la production vendue aux AMAP. Autrement dit, le montant de chaque contrat est normalement calculé en fonction des coûts de production. On constate toutefois que cette règle n'est pas toujours scrupuleusement appliquée par les groupes et les producteurs.

Voedselteam : Groupe local situé en Flandre, membre de l'asbl Voedselteam. Il réunit au moins une douzaine de ménages d'une même localité qui achètent ensemble des produits frais, de la viande, du pain, des produits laitiers et du commerce équitable auprès de producteurs locaux qui pratiquent une agriculture durable (bio ou non). Les achats peuvent se faire via un magasin en ligne. Chaque famille paye une cotisation de 10 euros.

CSA  : Community Supported Agriculture. Au Québec, on dit ASC, Agriculture Soutenue par la Communauté. Il s'agit de groupes qui fonctionnent comme les AMAP. Les premières d'entre elles se sont d'ailleurs directement inspirées des CSA.

2. Modes de fonctionnement des GAA

2.1. Principales caractéritiquesNombre de ménages par GAAQuinze à trente familles (jusqu’à septante pour le groupe de Mouscron, doyen du mouvement).Dans un GASAP, 20 ménages est le nombre idéal à rechercher et à ne pas dépasser (mention indiquée dans la charte du Réseau).

Modes de payements pratiqués• A la réception de la commande• Les ménages payent à l'enlèvement la commande suivante• GASAP-AMAP:mensuel, trimestriel, semestriel avec engagement à payer toute la part de la production destinée à

la consommation du ménage• Avance de plusieurs commandes (ex : GAC Pierreuse)

Rapport avec les producteurs• Uniquement par les gestionnaires bénévoles• Au travers de visites annuelles• Au travers de coups de mains « chantiers » ponctuellement• En cas de contestation de la qualité : présence ou absence de procédure de concertation (difficulté d'installer un

dialogue ouvert dans de nombreux GAA)

Dynamique interne• Répartition des tâches > enjeu de pouvoir > essoufflement ou tournante• GASAP : tâches tournantes (permanences, trésorerie, contact-producteur, accueil nouveaux participants, site web,

etc)• Réunions régulières (mensuelles par exemple)• Réunions par commission (ex : les « équipes » du Réseau des GASAP)• Volonté de limiter les réunions dans certains groupes• Importance de la convivialité durant les permanences• Cotisation : de 1 à 20€/an. Environ deux tiers des groupes ne demandent pas de cotisation.

Gestion des commandes• Dans certains groupes, un responsable de commandes par producteur• Gestion des commandes par internet (module « boutique en ligne »)• Commandes sur papier à l'enlèvement• Commandes fixes pour les partenariats GASAP ou AMAP

Type de produits proposés• Viande (courant, surtout en colis)• Fruits secs et graines (peu courant)• Légumes (le plus fréquent)• Fruits (courant mais souvent issus d'importations)• Poissons (très rare)• Fromages (courant)• Pain (courant)• Jus (courant)• Bières (courant)• Œufs (courant)• Huiles• Miels et sirops, confitures

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• non comestibles

Définition du projet de chaque GAA• Le groupe a rédigé une charte énonçant les valeurs et objectifs du projet• Certains groupes préfèrent ne pas définir de charte• Le Réseau des GASAP a une charte générale à laquelle adhèrent chaque producteur et ménage consommateur• Les AMAP se basent aussi sur une charte• Certaines chartes sont très succinctes, d'autres semblent comporter parfois un Règlement d'Ordre Intérieur

2.2. La Question de la structurationIl convient d'aborder ici la question des réseaux que forment les Groupes d'Achat ou des réseaux et/ou institutions qui sont à l'initiative de la création de Groupes d'Achat.

A la lumière des résultats du cadastre (point 3 de cette étude), on constate que des réseaux régionaux permettent d'intensi-fier la formation du nombre de groupes (voir 4.2. Evolution dans le temps).

En effet, avant l'émergence du réseau des GASAP à Bruxelles (à partir de 2007) et l'Inter-GAC de Liège (en 2010), selon les dires de Luce Minet, les groupes francophones se sont développés de façon autonome depuis 1970 à nos jours, à l'inverse de la Flandre où le rôle de l'asbl Voesdelteams (depuis 1996) est prépondérant et incontournable. On comptera en 2003 en Flandre, 80 groupes locaux alors que dans la partie francophone, seule une quinzaine de groupes existent.

Il est à faire remarquer qu'en Wallonie, deux initiatives ont tenté de rassembler les GAC par les deux associations subven-tionnées suivantes :

• Les Amis de la Terre asbl, en 2005

• Nature & Progrès asbl en 2006-2007

Ces deux initiatives ont indéniablement servi à faire connaître les GAC mais n'a pas abouti à la formation d'un réseau organi-sé. Une des difficultés rencontrées par ces associations fut peut-être l'indépendance des GAC existants et leur réticence à adhérer à ces asbl.

En tant qu'initiative locale, le GAC a parfois du mal à se projeter à une échelle régionale plus grande. Nous avons constaté que de nombreux membres de GAC éprouvent de la réticence envers les «  projets qui deviennent trop grands », une sorte de peur instinctive de la dénaturation possible du projet.

A cet égard, les économistes et sociologues semblent justifier scientifiquement ce sentiment. L'étude de SAW-B sur les initiatives citoyennes (voir bibliographie) est assez explicite sur le sujet. Le professeur Sybille Mertens, Professeur à l’ULg, Directrice de recherche au Centre d'Économie Sociale et Coordinatrice de la Chaire Cera, nous explique (p.20) à ce propos le risque qu'encourent les initiatives citoyennes qui s’institutionnalisent :

« Cette évolution vers des modes de financement institutionnalisés soumet très clairement l’initiative citoyenne à la surve-nance de trois risques concomitants :

• le risque de dénaturation du projet, • le risque de perte de la base « adhérente » et • le risque du rétrécissement des marges de liberté.

Pour comprendre ces trois risques, il faut étudier ce que génère le nouveau rapport à l'État et/ou au marché.(...) La proximité du marché ou de la sphère publique entraîne une pression à ce que les sociologues appellent l’isomorphisme institutionnel. On peut définir celui-ci comme la tendance que suivent des organisations actives dans un même champ à se ressembler et à se conformer à un modèle dominant. Ce qui se passe peut être décrit comme suit : « Lorsqu’une association est créée par des militants, pour faire face à une demande sociale identifiée par ceux-ci, elle connaît une phase de professionnalisation qui a pour effet d’accroître l’incertitude, ce qui conduit à mettre en œuvre des méthodes avérées de gestion et d’organisation (n.d.a : logique marchande) et à soumettre le projet associatif aux exigences des politiques publiques (n.d.a : logique non marchande institutionnalisée) afin de stabiliser les ressources de l’organisation ». (...) Ainsi, dès lors qu’elle se finance principalement sur le marché, une entreprise sociale entre sans doute en concurrence avec d’autres producteurs (parfois à but lucratif). Cela va probablement la conduire, même inconsciemment, à rapprocher ses pratiques de celles de ses concurrents. Elle pourrait ainsi devenir, plus qu’avant, sensible à la réduction des coûts, pour ré-sister à la concurrence en prix ou pour attirer des investisseurs soucieux de rentabilité. Elle va probablement engager pro-gressivement un autre type de travailleurs (personnel plus qualifié, cadres issus des écoles de gestion, etc.). Dans sa quête de stabilisation des ressources, elle peut essayer d’obtenir du financement public, surtout si son action sert l’intérêt général défendu par l'État. Or, le financement public s’assortit très souvent d’un contrôle important (agrément, cadre réglementaire, etc.). Ces normes qui visent à contrôler l’utilisation des fonds publics et à assurer la qualité des prestations conduisent sou-vent à une standardisation des prestations et, par conséquent, à une standardisation des prestataires. Là où l’initiative ci-toyenne se distinguait par l’innovation, elle peut très rapidement payer le prix d’une reconnaissance institutionnelle en deve-nant un simple bras armé de l'État.

Cette étude de SAW-B est probablement celle qui pose le mieux cette question de la structuration des initiatives citoyennes et en particulier des GAC. Il est intéressant de retenir la réaction parfois à fleur de peau de certains « gacqueurs » lors de la

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présentation publique de l'étude de SAW-B. En effet, certains craignaient que cette étude donne naissance à un projet qui aurait pour prétention de fédérer les GACs.

Aujourd'hui, Nature&Progrès poursuit cet effort de « structuration » en organisant un rassemblement annuel des GAA (GAC, GAS et GASAP). Le dernier a eu lieu en février 2011 et le prochain aura lieu en mars 2012. Lors de la rencontre de 2011, la crainte des organismes de contrôle (Fiscalité, AFSCA et Inspection du Travail) a été abordée grâce aux interventions de juris-tes qui ont traité la question à la demande de Nature&Progrès. Il en est principalement ressorti que les GAC ne sont pas menacés par d'éventuels contrôles pour autant que le caractère privé de l'acte d'achat puisse être clairement prouvé.

Néanmoins, nous avons constaté lors de nos sondages avec les GAC que beaucoup d'entre eux continuent d'éprouver des craintes à cet égard.

3. Cadastre des GACs

3.1. Répartition GéographiqueNous avons effectué un recensement aussi complet que possible des GAC de Wallonie. Pour ce faire, nous avons enquêté auprès des GAC eux-mêmes, des associations qui en font la promotion et auprès des services communaux.Sur les 262 communes de Wallonie, 64 comptent avec la présence d'au moins un GAC, soit 24,43% des communes. Ce pourcentage descend à 16,67% en province de Liège et grimpe à 55,56% en Brabant Wallon.Au total, la Wallonie compte 106 GAC dont 26 en province de Namur et 11 en province de Luxembourg.

Le graphique suivant permet de mieux se représenter la répartition des GAC par province.

Le tableau suivant présente les chiffres obtenus par province et commune, ainsi que le total pour la capture Wallonie :

Pour Bruxelles-Capitale, l'écrasante majorité du mouvement est représentée par les GASAP. On compte, fin 2011, près de 60 GASAP. Leur nombre n'a cessé de croître depuis que les trois premiers groupes ont formé en 2007 le Réseau des GASAP de Bruxelles (www.gasap.be). Nous exposons ci-après l'évolution du nombre de GASAP (voir point 4.2).

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Outre les GASAP, nous avons dénombré seulement quatre GAC et GAG.A remarquer aussi que le nombre de dépôts de paniers est très développé à Bruxelles et ce depuis les années 1990 déjà.

Ci-après, nous vous présentons le détail du nombre de GAC par commune et par province.

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3.2. Fournisseurs de dépôts de paniers bio et de GAAComme nous l'avons vu, les GAC sont en quelque sorte en concurrence ou parfois en collaboration avec des fournisseurs de paniers bio en dépôts. Il est difficile d'en ignorer l'existence ou de ne pas en tenir compte lorsqu'on étudie la réalité des Gac aujourd'hui.

Voici une liste de fournisseurs qui sont eux-mêmes producteurs :

• AGRICOVERT (coopérative créée en 2011)

• David Duchêne (Ferme de Vévy Wéron > Ferme de Montaval en 2010)

• Paniers Verts (Christian Crick)

• Christian Seruys, Bio Champ d'Ail > Charleroi, Hainaut, Liège, Bruxelles

• Nos Pilifs (Entreprise de Travail Adapté) > paniers à Bruxelles

• Ferme del Samme (EFT) à La Louvière

• TerraBio (2010) à Bruxelles

• Lochting-Dedrie (ex-Atalanta, devenu BIO3 et plus récemment « Julienne »)

en 2011 : 80 dépôts en Flandre, 16 en Wallonie, 21 à Bruxelles

• D.D.Boomgaard ("EFT" flamande au nord de Bruxelles)

• Les Grosses Légumes > province du Luxembourg

• D'UN JARDIN À L'AUTRE (label Nature&Progrès) – Jean-François Ramlot

> Namur, Gembloux, Sombreffe, Court-Saint-Etienne, Rixensart et Bierges

• FERME DE SAINTE-BARBE N&P - Joël et Paul Lambert

> Brabant Wallon, province de Liège et Bruxelles-Capitale

• LA BOURRACHE asbl (Label Nature&Progrès) > Liège et alentours

• CYNORHODON ASBL > Liège et Basse-Meuse liégeoise

• BIO-VALLÉE (label N&P) - André Grevisse & Fils

> Province du Luxembourg et Grand-Duché (pour les légumes)

4. Tendances et évolution des GAA

4.1. Tendances et motivations des “groupes fondateurs”Il nous a semblé pertinent pour comprendre le phénomène des GAC de reprendre les motivations énoncées par les 14 GAC en existence en 2003.Il s'agit en effet d'une période charnière. Avant 2003, dans les années 90, on comptait environ une trentaine de GAC. Après 2003, leur nombre va se maintenir jusqu'en 2005 où leur nombre va doubler tous les deux ans.

Voici les motivations énoncées le plus régulièrement :

• Approvisionnement en produits bio (but secondaire aujourd'hui car les magasins bio sont plus largement répandus)

• Recherche d'un meilleur prix bio ou non (principales motivations des premiers groupes nés en milieux ouvriers dans les années '80)

• Accès plus « démocratique » aux produits bio

• Recherche de produits de qualité fermière et/ou artisanale, notamment en réaction à la qualité industrielle répandue dans la grande distribution

• Recherche de convivialité

• Souci d'une alimentation bénéfique pour la santé

• Soutien aux petits producteurs et de leur pratique de transformation artisanale et fermière

• Recherche de produits de qualité, bio ou non

• Contact direct avec le producteur : visite, coups de main à la ferme...

• Volonté de « lobbying » pour une PAC et des contrôles plus adaptés aux petits producteurs

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4.2. Principales motivations des groupes actuelsSoutien aux agriculteursA l’heure actuelle, la plupart des groupes et en particulier des nouveaux se donne pour objectif le soutien aux agriculteurs qui prend différentes formes suivant les groupes. L’achat d’une partie de la production en circuit court constitue de toute évidence un premier pas. Un second pas a lieu quand les consommateurs payent à l’avance la production, par un système d’abonnement à durée plus ou moins longue. Ceci permet de partager les risques de la production et assure un revenu pré-visible à l’agriculteur. Certains groupes s’engagent aussi à ne pas faire fluctuer les quantités commandées. Enfin, quelques groupes d’achat cherchent aujourd’hui à favoriser l’installation de nouveaux agriculteurs.

Motivation environnementaleLe souci environnemental dans les groupes d’achat se décline à plusieurs niveaux. Dans l’assiette, ce sera le souhait d’une alimentation saine et de qualité, savoureuse, sans pesticides ni agents conservateurs... Dans le champ, la prairie ou l’étable, on plébiscitera un travail agricole respectueux du sol, des végétaux, des animaux et des saisons.En termes de CO2 , on privilégiera une agriculture de proximité, qui évite de transporter les produits sur de longues distan-ces (contrairement à certaines pratiques « bio » intensives, où les produits viennent de Sicile, de Turquie, voire de plus loin). Le choix de produits de saisons évite le recours aux frigos (ou, de nouveau, à des produits d’importation) – mais tous les groupes ne poussent pas l’exigence jusque là, et beaucoup de paniers sont agrémentés de produits hors saison pour varier l’ordinaire, en particulierpendant l’hiver. Enfin, beaucoup favorisent la redécouverte de variétés locales de fruits etlégumes, pour protéger la biodiversité et découvrir de nouveaux goûts (il y a là un rapprochement avec les préoccupations d’un mouvement comme le slow food).

Les motivations par sondage des GACL'étude de l'Institut du Développement Durable (voir bibliographie) a révélé que les phrases suivantes ont suscité le plus d'adhésion de la part des participants aux GAC :

• Être membre d'un groupe d'achats, c'est aussi réfléchir à la construction d'une autre consommation et d'une autre société.

• Il est important que les produits fournis par le groupe d'achats soient issus de l'agriculture locale.

• Je participe à un groupe d'achats pour soutenir les agriculteurs locaux.

• Je participe à un groupe d’achats pour moins nuire à l'environnement.

• Un groupe d’achats, c’est donner la possibilité à tout le monde de pouvoir participer, s’intégrer dans un système de valeurs, une autre façon de penser

4.3. évolution dans le tempsLe tableau ci-dessous reprend l'évolution du nombre de GAC par région, à partir de 2003. Entre 1983 environ et 2003, on a dénombré 30 GAC disparus en Belgique francophone (Luce Minet, 2003 – voir bibliographie). D'autre part en Flandre, le mouvement des Voedselteams démarre en 1996 à partir d'une poignée de groupements principalement en Brabant Fla-mand.

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A noter que le GAC le plus ancien serait celui de Mouscron créé en 1978, en lien avec un cercle horticole pour compléter en produits secs la production potagère des adhérents d'origine ouvrière.On constate que l'évolution la plus fulgurante est celle des GASAP à Bruxelles dont le nombre a triplé de 2009 à 2011.L'évolution des GAC en Wallonie est aussi impressionnante, leur nombre ayant plus que doublé dans la même période.

5. Bibliographie et ressourcesNature & Progrès, « Groupes d’achat communs : un partenariat entre producteurs et consommateurs pour produire et con-sommer autrement », 8 pages.Disponible sur Internet : http://www.natpro.be/pdf/achats.pdf

Luce Minet, « La constellation des groupes d’achats de Belgique (vivants et décédés – de 1970 à nos jours) », asbl « Vivre… S », 2003, 72 pages.(L’ouvrage n’est pas disponible en commerce mais on peut le trouver à la librairie du centre Barricade à Liège ou sur internet : http://www.barricade.be/spip.php?article67)

Les groupes d'achats, Revue des Amis de la Terre-Belgique, n°68, janvier 2002.

NEJZSATEN Michel, Au nom de l'hygiène, de formidables atouts disparaissent !,  Seraing, ASBL Vivre?S, 2003.

MINET Luce, « Groupes d'achats : le retour » Inter-Environnement-Wallonie, n°5, novembre 2003, p. 3.

Initiatives citoyennes, l'économie sociale de demain ? - Alimentation et circuits courts par Jean-Marie Coen, p. 26, SAW-B asbl, 2010.(Disponible sur :http://www.saw-b.be/EP/2010/Etude2010_Web.pdf)

Paul-Marie Boulanger, Anne-Laurence Lefin, « Enquête sur les systèmes alimentaires locaux – Aperçu des résultats », IDD-Belspo, juillet 2010, p.18.(Dans le cadre de la recherche CONSENTSUS menée par le SPF Politique scientifique.Disponible sur le Web à l’adresse : http://www.iddweb.eu/docs/enquetegacs.pdf)

CRIOC, « Circuits courts », juin 2010, 98 pages. (Pour le compte de l’Observatoire de la Consommation ; disponible sur www.observatoire-consommation.be)

CRIOC, « Typologie des circuits courts », juin 2010, 19 pages. (Pour le compte de l’Observatoire de la Consommation ; dis-ponible sur le site http://www.observatoire-consommation.be)

Kevin Fontaine, Paul-Augustin Levy, Johan Riga, Olivier Terlinden, Senne Van Dyck, Mélanie Vesters, Anne Wilmot, « Les circuits courts, un avenir pour l’agriculture en Condroz-Famenne ? », mémoire de fin d’études, UCL, décembre 2009, 100 pages.

Sites web

Le début des haricots asbl > www.haricots.orgLe réseau des GASAP asbl> www.gasap.beNature & Progrès asbl > www.natpro.beRéseau des Consommateurs Responsables asbl > www.asblrcr.beVoedselteams vzw > www.voedselteams.be

Saveurs Paysannes

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