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1 ETUDES ET TRAVAUX 16 Analyse technico-économique des systèmes de production des adhérents à la Fédération des Paysans du Fouta Djallon (République de Guinée) Etude coordonnée par Jean-Luc BOSIO Rapport de synthèse rédigé par Olivier LABORDE-DEBAT d'après les rapports de stage de DIALLO Thierno Abdoul, LETHEVE Xavier, OSSOU Zolo Charles, encadrés par OUENDENO Edouard Fédération des Paysans du Fouta Djallon Agence Française de Développement Réseau des Ingénieurs pour le Développement Ecole Nationale d’Agriculture de Tolo CNEARC ______________________________________________ Novembre 1999 cnearc Centre National d’Etudes Agronomiques des Régions Chaudes

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ETUDES ET TRAVAUX

16

Analyse technico-économique des systèmes de production

des adhérents à la Fédération des Paysans du Fouta Djallon

(République de Guinée)

Etude coordonnée par Jean-Luc BOSIO Rapport de synthèse rédigé par Olivier LABORDE-DEBAT

d'après les rapports de stage de DIALLO Thierno Abdoul, LETHEVE Xavier, OSSOU Zolo Charles,

encadrés par OUENDENO Edouard

Fédération des Paysans du Fouta Djallon Agence Française de Développement

Réseau des Ingénieurs pour le Développement Ecole Nationale d’Agriculture de Tolo

CNEARC

______________________________________________

Novembre 1999

cnearc Centre National d’Etudes Agronomiques des Régions Chaudes

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Avant propos

Cette étude a été effectuée à la demande conjointe de la Fédération des Paysans du Fouta Djallon (FPFD) et de l'Agence Française de Développement (AFD).

Depuis sa création le nombre des adhérents et des zones d’intervention de la FPFD a considérablement augmenté et ses activités se sont largement diversifiées. C'est pour mieux connaître les effets des actions de la FPFD sur les revenus de ses adhérents, et plus généralement sur le fonctionnement de leur système de production, que cette étude a été demandée.

Pour répondre à cette demande, le Centre National d'Études Agronomiques des Régions Chaudes (CNEARC) a mobilisé de façon coordonnée trois types d'intervenants : Des enseignants qui ont préparé et piloté l'étude, de jeunes ingénieurs diplômés du CNEARC qui ont assuré en relation avec nos partenaires l'organisation et le suivi de l'étude sur le terrain et enfin des étudiants stagiaires qui ont collecté les données de terrain et participé à leur traitement.

- La coordination de cette étude pour le CNEARC a été assurée par Jean-Luc Bosio avec la contribution d'Isabelle TOUZARD.

Ont été associés à l'opération : - Trois étudiants du cycle ESAT du CNEARC : Thierno Abdoul Diallo, Charles Ossou

Zolo et Xavier Lethève, - le Réseau des Ingénieurs pour le Développement (RID) qui a employé un ingénieur,

Olivier Laborde Debat, qui a contribué à l’encadrement des stagiaires et rédigé la présente synthèse,

- l’École Nationale d’Agronomie et d’Elevage (ENAE) de Tolo (République de Guinée) qui a mis à la disposition de l'étude un enseignant Ouendeno Edouard pour l'encadrement de terrain des stagiaires et deux jeunes ingénieurs de Tolo.

- La FPFD qui a fourni la logistique des travaux de terrain et mis à la disposition de l'étude ses techniciens.

- l'AFVP qui a apporté son appui à un des stagiaires. Cette coopération entre un bailleur de fond, une organisation de producteurs, deux institutions de formation, associant des professionnels, des enseignants chercheurs, et des étudiants, a permis à la fois de progresser dans la connaissance des adhérents de la fédération mais aussi de contribuer à construire des compétences . A ce titre, cette opération constitue un exemple en matière de coopération entre institution d'enseignement et de développement. Cette étude n’aurait pu voir le jour sans la confiance réciproque qui s'est établie entre les différents partenaires de l'étude. A ce titre, nous voudrions remercier Moussa Para Diallo président de la FPFD, A. Borderon de l'AFD pour avoir commandé et orienté l'étude, Carole Ly Pitois, assistante technique à la fédération et les techniciens, adhérents et élus de la fédération qui n'ont pas compté leur temps pour répondre aux questions des étudiants et les aider dans leur travail. Nos remerciements s'adressent également au directeur de l'ENAE de Tolo, M Alphaba Bayo et à M Edouard Ouendeno, enseignant, qui a largement contribué au bon déroulement des enquêtes. Enfin cette étude a bénéficié de l'appui de Fany Chabal de l'AFVP, de Claude Torre du Pasal, de Patrick Delmas du PNAPA et de l'appui de techniciens du SNPRV et de chercheurs de l'IRAG. Qu'ils en soient sincèrement remerciés.

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RÉSUMÉ

Cette étude, commandée conjointement par la Fédération des Paysans du Fouta

Djallon (FPFD) et l’Agence Française de Développement qui finance un certain nombre de ses interventions, a comme objectif d’estimer l’importance relative des productions appuyées par la Fédération pour ses adhérents. Ce document constitue la synthèse des rapports de stage de trois étudiants du CNEARC de Montpellier.

Des enquêtes économiques ont été réalisées au niveau d'un échantillon d'adhérents de

la FPFD, de manière à apprécier le revenu issu des cultures encadrées par la FPFD, à replacer ce revenu dans celui du bas-fond, et plus globalement à en étudier la place dans le revenu total de l'adhérent. L'étude se focalise surtout sur les revenus issus des cultures, même si elle tient compte des revenus difficilement quantifiables de l'élevage, du commerce et de l'exode.

Le travail de collecte des informations a couvert les trois cultures « encadrées » par la FPFD lors de la campagne 1998-1999 : la pomme de terre, l’oignon, la tomate ; et permet de comparer deux zones de production de pomme de terre et deux zones de production d'oignons. Les 5 zones d'étude ont été choisies de façon à englober la diversité des situations au sein de la zone d'intervention de la FPFD. Celle-ci a pour particularité de n'encadrer qu'une culture par zone d'intervention.

Des différences considérables existent entre les zones de production en ce qui concerne le milieu de culture (climat, sols) et l'enclavement. Au sein d'une même zone de production, la surface cultivée en bas-fond, l'accès à l'irrigation, et la possibilité de diversifier les cultures d'un bas-fond sont les principaux critères de différenciation entre les adhérents. L'accès à un circuit stable de commercialisation et à des informations techniques est également prépondérant pour différencier les adhérents.

Les revenus du bas-fond présentent une grande disparité, mais ils représentent

généralement plus de la moitié et jusqu'aux trois quarts du revenu agricole des adhérents de la FPFD. Le bas-fond est ainsi la source principale de revenu monétaire agricole. La culture appuyée par la FPFD représente près des trois quarts du revenu total du bas-fond des adhérents quand ils la pratiquent en culture pure. Elle ne représente plus qu'un tiers du revenu total du bas-fond quand ils l'associent à d'autres cultures. Ces cultures associées ont des cycles de durée différente de la culture encadrée par la FPFD et souvent des récoltes étalées dans le temps qui permettent un étalement des revenus du bas-fond. Certaines de ces cultures associées (piment, aubergine) sont souvent plus rémunératrices que la culture encadrée par la FPFD, mais les risques de méventes lors des engorgements du marché sont importants. Le nombre élevé de cultures associées représente ainsi une prévention contre les incertitudes de la commercialisation.

La culture de pomme de terre de bas-fond est fortement intensifiée. Le coût élevé des semences impose un niveau de rendement élevé pour rentabiliser cet achat, et justifie des dépenses élevées en particulier en fertilisants minéraux et organiques. Ainsi la culture de la pomme de terre se caractérise par un investissement bien supérieur à celui observé sur la

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tomate et l'oignon. Par contre, la pomme de terre ne permettant pas des cultures associées valorise moins bien la surface que de nombreuses autres cultures maraîchères. La sécurité d'écoulement de la production à un prix garanti et l'intérêt du petit calibre vendu hors de la FPFD ou réutilisé en saison des pluies compensent sans doute pour les producteurs la relative faiblesse des revenus par unité de surface de cette culture phare de la FPFD.

La culture d'oignon de bas-fond est essentiellement pratiquée par de petits producteurs sur de petites surfaces (rarement plus de 800 m²), et les revenus qu'ils en tirent sont très peu importants comparativement à ceux des bas-fond tomate ou pomme de terre. Les dépenses en consommations intermédiaires sont faibles en relation avec la faible capacité d'investissement des producteurs et permettent, grâce à des associations avec d'autres cultures maraîchères (aubergines, piments), l'obtention de revenus par surface comparables à ceux de la pomme de terre.

La culture de tomate de bas-fond occupe des surfaces par adhérent particulièrement

variables mais en moyenne deux fois plus importantes que pour la pomme de terre et sept fois plus que pour l'oignon. Elle est marquée notamment par la présence de gros entrepreneurs maraîchers qui exploitent plus d'un hectare de bas-fond. Lorsqu'elle est associée à d'autres cultures (aubergines, piments, maïs), c'est la culture de bas-fond la plus rentable de la FPFD tout en nécessitant un investissement limité.

La FPFD crée une dynamique par son intervention. Mais cet effet d'entraînement lié à l'appui d'une culture maraîchère particulière est très différent s'il s'agit de la pomme de terre qui a bouleversé tout le système de production dans lequel elle s'épanouit ou s'il s'agit de l'oignon en culture associée qui reste une culture parmi d'autres pour la majorité des petits producteurs. Quant à la production de tomate, elle reste fortement tributaire d'un circuit d'écoulement fiable.

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SOMMAIRE

RÉSUMÉ ................................................................................................................................................................3

INTRODUCTION..................................................................................................................................................7

PARTIE 1 : OBJET DE L’ETUDE ET METHODOLOGIE.............................................................................8

1- LA DEMANDE DE LA FEDERATION DES PAYSANS DU FOUTA DJALLON POUR CETTE ETUDE :.................................8 2- L’OBJET DU PRESENT RAPPORT :...........................................................................................................................8

2.1- Détermination des grands types de fonctionnement des adhérents et typologie...........................................9 2.2- Détermination des comptes d’exploitation des adhérents de la Fédération pour la culture de la pomme de terre de l’oignon et de la tomate - Détermination des revenus de l’activité maraîchère.....................................9

3- METHODOLOGIE ...................................................................................................................................................9 3.1- Choix des zones d’étude : .............................................................................................................................9 3.2- Echantillonnage des individus à enquêter :................................................................................................12 3.3- Guide d’enquête : .......................................................................................................................................13 3.4- Calculs économiques : ................................................................................................................................13

3.4.1- Mode de calcul utilisé : ..........................................................................................................................................13 3.4.2- Définitions des indicateurs utilisés :.......................................................................................................................13 3.4.3- Conventions : .........................................................................................................................................................14

PARTIE 2 : DETERMINATION DES REVENUS DU MARAICHAGE ET CARACTERISATION DES SYSTEMES DE PRODUCTION DES ADHERENTS DE LA FEDERATION. ............................................16

1- LES PRODUCTEURS DE TOMATE DE HORE MAMOU : ...........................................................................................16 1.1- Caractérisation de la zone et de la filière...................................................................................................16

1.1.1- La zone de Horé Mamou :......................................................................................................................................16 1.1.2- Le circuit de commercialisation : ...........................................................................................................................17 1.1.3- La filière tomate de la Fédération :.........................................................................................................................17

1.2- Typologie des producteurs et fonctionnement des unités de production : ..................................................18 1.2.1- Produits bruts du maraîchage – Revenus sur le bas-fond et sur l’ensemble de l’exploitation................................18 1.2.2- Typologie des producteurs : ...................................................................................................................................18 1.2.3- Caractérisation des types de producteurs : .............................................................................................................18

2- LES PRODUCTEURS DE POMME DE TERRE DE NDINDO ET TIMBI MADINA :..........................................................22 2.1- Caractérisation des zones et de la filière....................................................................................................22

2.1.1- Les zones de Ndindo et Timbi Madina : ................................................................................................................22 2.1.2- La filière pomme de terre de la Fédération :...........................................................................................................23

2.2- Typologie des producteurs et fonctionnement des unités de production : ..................................................24 2.2.1- Revenus sur le bas-fond et sur l’ensemble de l’exploitation – Produits bruts du maraîchage................................24 2.2.2- Typologie des producteurs : ...................................................................................................................................25

3- LES PRODUCTEURS D’OIGNON DE TOUGUE – MOMBEYA ET DE DONGHEL SIGON : .............................................32 3.1- Caractérisation des zones et de la filière....................................................................................................32

3.1.1- Les zones de Tougué – Mombeya et de Donghel Sigon : ......................................................................................32 3.1.2- La filière oignon de la Fédération : ........................................................................................................................33

3.2- Typologie des producteurs et fonctionnement des unités de production : ..................................................34 3.2.1- Revenus du bas-fond et de l’ensemble de l’exploitation – Produits bruts du maraîchage......................................34 3.2.2- Typologie des producteurs : ...................................................................................................................................34 3.2.3- Comparaison des producteurs de Tougué Mombeya et de Donghel Sigon : ..........................................................37

PARTIE 3 : COMPARAISON DES ADHERENTS DE LA FEDERATION DES PAYSANS DU FOUTA DJALLON ............................................................................................................................................................38

1- COMPARAISON DES ZONES D’INTERVENTION ......................................................................................................38 1.1- Le milieu .....................................................................................................................................................38 1.2- L’intervention de la Fédération..................................................................................................................39

2- PRESENTATION DES PRINCIPAUX PARAMETRES TECHNICO-ECONOMIQUES PERMETTANT DE COMPARER LES ADHERENTS.............................................................................................................................................................40

2.1- Les surfaces cultivées en bas-fond. ............................................................................................................40 2.2– Le revenu total. ..........................................................................................................................................41 2.3– La part relative du bas-fond dans le revenu agricole. ...............................................................................42

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2.4– La part de la culture encadrée par la Fédération......................................................................................42 3– COMPARAISON DE L’EFFICACITE AGRONOMIQUE ET ECONOMIQUE DES CULTURES MARAICHERES DES TYPES DE PRODUCTEURS DES DIFFERENTES FILIERES. .............................................................................................................43

3.1- Pour la filière oignon..................................................................................................................................43 3.2- Pour la filière tomate..................................................................................................................................44 3.3- Pour la filière pomme de terre....................................................................................................................45

4- APPRECIATION DES SERVICES DE LA FEDERATION PAR SES ADHERENTS : ...........................................................45

CONCLUSION.....................................................................................................................................................47

BIBLIOGRAPHIE...............................................................................................................................................48

ANNEXES.............................................................................................................................................................50

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INTRODUCTION

La Fédération des Paysans du Fouta Djallon est souvent citée comme une référence et représente

indéniablement une voie originale de structuration du monde rural en Afrique. Cependant force est de constater le manque d’informations précises dont elle dispose sur plusieurs aspects de son intervention et notamment sur ses adhérents. Cette étude a été commandée afin de combler en partie cette lacune.

Ce rapport s’intéresse peu au fonctionnement de la Fédération elle-même. En cela et contrairement à une étude antérieure (LECOINTRE et NEU 1997), elle n’a pas pour objectif d’évaluer les activités de la Fédération. Par contre, elle fournit les éléments d’information permettant d’apprécier l’impact de son action sur la situation des adhérents : pour cela, elle analyse leurs stratégies et fournit notamment des données économiques sur leurs unités de productions. Il est important de préciser cependant que l'étude n'a pas comme objectif et comme ambition de donner une représentation des systèmes de production du Fouta Djallon. En effet les adhérents de la fédération sur lesquels porte l'étude ont comme particularité de s'intéresser au maraîchage donc d'avoir accès à des parcelles irrigables de vallée (dites de bas-fond ou de périmètres aménagés) et aux cultures que la fédération a choisi d'appuyer (tomate, oignon, ou pomme de terre selon la zone) ce qui ne semble pas être le cas de la majorité des paysans du Fouta.

Il faut souligner aussi l’ambition de cette étude sur les adhérents de la Fédération : ambition concernant l’extension de la zone d’étude qui se voulait représentative des 8 préfectures et des trois filières sur lesquelles intervient la Fédération ; ambition sur la nature de l’information à collecter. Tous ceux qui ont eu à collecter des informations sur les revenus auprès des paysans du Fouta Djallon en connaissent les difficultés spécifiques. La principale difficulté pour la réalisation de cette étude fut donc de concilier cette exigence avec les contraintes de temps strictes qui lui étaient imposées.

Le présent rapport constitue une synthèse qui reprend les informations collectées par trois équipes d’enquête ayant fait l’objet de trois mémoires d’étudiants ESAT (DIALLO 1999 ; LETHÈVE 1999 ; OSSOU ZOLO 1999) du CNEARC. Elle relie les données et poursuit l’analyse pour offrir une vision synthétique de l’ensemble des adhérents de la Fédération en se concentrant sur les aspects micro économiques.

Il est à noter qu’une part de l’information spécifique à chacune des zones étudiées (présentation détaillée du milieu physique et humain, histoire de la petite région, zonage agro-écologique, détails des systèmes de production) se trouve dans les trois rapports d’étudiants cités ci-dessus et n'est pas reprise totalement dans cette note de synthèse.

Une première partie présente l’objet de l’étude et de la méthodologie employée. Dans une seconde partie, les systèmes de production des adhérents sont caractérisés et les revenus du maraîchage déterminés pour chacune des trois cultures appuyées par la Fédération. Enfin, une troisième partie permet une lecture transversale des données sur les trois «filières» de la Fédération».

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PARTIE 1 : OBJET DE L’ETUDE ET METHODOLOGIE. 1- La demande de la Fédération des Paysans du Fouta Djallon pour cette étude :

La demande à l’origine de cette étude a été formulée dans la « Proposition d’étude » rédigée par la Fédération des Paysans du Fouta Djallon et transmise au RID le 18 décembre 1998. Cette demande a été précisée par la suite, lors des entretiens menés à Timbi Madina entre l’équipe d’étude et les responsables de la Fédération.

L’objectif de l’étude est avant tout de fournir, pour les différents types d’adhérents de la fédération, une

base de données chiffrée portant sur les trois cultures maraîchères appuyées par la Fédération et pour ses différentes zones d’action. La collecte d’informations doit porter principalement sur les coûts de production et les revenus de ces trois cultures ; elle doit permettre également de resituer ces revenus par rapport aux autres revenus des systèmes de production étudiés.

En effet, l’information dont dispose actuellement la Fédération sur ses adhérents est devenue

insuffisante au niveau de développement où elle est parvenue. En conséquence, il est attendu de cette étude les résultats suivants :

- une typologie des systèmes de production mis en œuvre par les adhérents de la Fédération pour les trois cultures qu’elle appuie et sur ses différents terrains d’action ;

- l’établissement, pour chaque type d’adhérent, d’un compte d’exploitation pour les cultures maraîchères d’une part et pour l’ensemble du système de production d’autre part ;

- la description du fonctionnement des différents types de systèmes de production étudiés et l’identification des points de blocage éventuels :

- la connaissance du point de vue de ses adhérents sur les services que fournit la FPFD.

Plus largement, cette étude devait amener des informations susceptibles de contribuer à la mise en place d'indicateurs de suivi évaluation de l'intervention de la FPFD auprès de ses adhérents.

Par ailleurs cette étude est entreprise à un moment où une réflexion est menée sur les moyens

d’augmenter l’autonomie financière de la Fédération. Dans ce but, différentes options ont été envisagées notamment le relèvement du prix des services qu’elle apporte à ses adhérents. Mais le risque est grand de rendre l’activité maraîchère moins rentable et d’interrompre la dynamique en cours sur cette activité. Cette étude s’efforcera de fournir, par conséquent, des éléments d’information qui permettront à la FPFD d’envisager les conséquences d’une augmentation éventuelle de ses tarifs de service.

Cette demande formulée initialement par la direction de la Fédération a été validée au cours d’une

réunion qui s’est déroulée le lundi 19 avril 1999 à Timbi Madina et qui a rassemblé les membres du bureau de la Fédération, les responsables des trois filières ainsi que plusieurs membres du personnel d’encadrement (cf. annexe 2). 2- L’objet du présent rapport :

Cette étude a donné lieu à trois stages effectués par des étudiants du CNEARC (2 stagiaires ESAT 1 et 1 stagiaire ESAT 2). Chacun d’entre eux a réalisé, dans ce cadre, une série d’enquêtes auprès des adhérents de la fédération dans une zone d’étude déterminée. Ces étudiants ont été secondés sur le terrain par deux techniciens formés à l’Ecole Nationale d’Agriculture et d’Elevage (ENAE) de Tolo et par une Volontaire Européenne de Développement, détachée auprès de la FPFD. Les équipes d’enquête ainsi constituées ont été suivies par un formateur de l’ENAE de Tolo. Un mémoire de stage a été produit par chaque étudiant sur sa zone d’étude (DIALLO 1999 ; LETHÈVE 1999 ; OSSOU ZOLO 1999). La méthodologie de recueil de l’information, commune aux trois stagiaires, sera décrite au paragraphe 3. Le présent rapport est conçu comme une synthèse de l’ensemble de l’étude. Pour cela, il cherchera à relier les informations collectées sur les adhérents des différents terrains d’étude de façon à permettre une vision d’ensemble de la situation des producteurs, des stratégies qu’ils mettent en œuvre, de leurs perspectives d’évolution et du rôle des services offerts par la Fédération dans cette évolution.

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En conséquence, le présent rapport traitera successivement les deux points suivants : 2.1- Détermination des grands types de fonctionnement des adhérents et

typologie.

Les informations collectées lors des entretiens permettent de caractériser les stratégies des adhérents et de formuler des hypothèses concernant le rôle de l’activité maraîchère et de ses revenus dans cette stratégie. Une typologie des producteurs maraîchers offre alors, pour chaque zone d’étude, une vision synthétique sur les principaux systèmes de productions des adhérents de la Fédération.

2.2- Détermination des comptes d’exploitation des adhérents de la Fédération

pour la culture de la pomme de terre de l’oignon et de la tomate - Détermination des revenus de l’activité maraîchère.

La détermination du fonctionnement des exploitations des adhérents (activité maraîchère et ensemble de l’unité de production) ainsi que les informations recueillies sur la valorisation des produits et sous produits de chacune des activités a permis de déterminer des comptes d’exploitation pour l’activité maraîchère et les revenus de la plupart des activités qui sont apparues jouer un rôle non négligeable. Elle est basée sur les notions de produit brut, de valeur ajoutée brute et nette et de revenus agricoles. Ce mode de calcul et les définitions des indicateurs utilisés sont rappelées au paragraphe 3.4.

Les typologies de producteurs réalisées pour chacune des zones d’étude et la comparaison des différents

types de producteurs entre les trois cultures maraîchères permet de repérer différents stades d’évolution, de mettre en évidence des facteurs qui conditionnent cette évolution et d’en détecter les principaux points de blocages. Sur cette base, il est possible de formuler des recommandations pour permettre à la Fédération de mieux cibler ses services de manière à faciliter l’évolution de ses adhérents et de leur permettre d’accroître leurs revenus.

3- Méthodologie Une première méthodologie d’étude a été définie entre les stagiaires et le coordinateur. Elle se base sur une réflexion commune initiée à Montpellier en valorisant les données de la bibliographie et avec l’appui de Philippe JOUVE, Isabelle TOUZARD et Jean-Luc BOSIO. Cette réflexion s’est poursuivie à Timbi Madina en prenant en compte l’avis des responsables de la Fédération, les informations collectées auprès de techniciens et les observations effectuées lors du premier repérage de terrain.

3.1- Choix des zones d’étude : Cette étude avait pour ambition de couvrir les trois cultures sur lesquelles intervient la Fédération (pomme de terre, oignon, tomate) et d’offrir une représentativité minimum de la diversité des situations observées au sein de sa zone d’action.

Etant donné son extension géographique importante (8 préfectures appartenant à deux régions administratives), il était nécessaire de limiter l’étude à certaines parties de cette zone d’action pour éviter une trop grande dispersion des informations. L’objectif visé a donc été de rendre compte correctement de la diversité des situations sur des zones limitées choisies de façon raisonnée.

Les zones d’étude ont été choisies par les responsables et le personnel d’encadrement de la Fédération

en concertation avec l’équipe d’enquête. Le choix proposé par la Fédération recouvrait, dans une large mesure, le zonage réalisé sur la base des données de la bibliographie pendant la phase de préparation à Montpellier.

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Participation des unions de zones de la fédération

Ordre de grandeur d’après les données de la FPFD pour la campagne 1998-1999

POMME DE TERRE (1500 adhérents) Groupement kg semences kg engrais

Valeur des intrants pris à la Fédé.

Quota (kg produits)

Part des dépenses du groupement

UGTM 49 000 25 000 72 300 000 343 000 40% Dounet 10 500 11 500 18 810 000 73 500 10% Soumbolako M 13 000 14 000 23 160 000 91 000 13% Soumbolako T 17 500 19 500 31 530 000 122 500 17% Dalaba 9 500 5 000 14 100 000 66 500 8% Parawi 7 000 10 000 13 800 000 49 000 8% Ditin 5 000 5 000 8 700 000 35 000 5% Total en bas fond 111 500 90 000 182 400 000 780 500 100%

Intersaison 95 000 73 000 153 420 000 665 000 TOTAL 206 500 163 000 335 820 000 1 445 500

OIGNON (8000 à 10.000 adhérents) Groupement kg semences kg engrais

Valeur des intrants pris à la Fédé.

Quota (kg produits)

Part des dépenses du groupement

Hafia 22 1 450 2 933 000 22 4% Dara Labé 5 50 000 5 1% Timbi 5 100 554 000 5 1% Popodara 5 400 716 000 5 1% Donghel Sigon 24 1 200 2 998 000 24 4% Sannoun 16 1 450 2 333 000 16 3% Missira 142 300 14 312 000 142 19% Dionfo 23 350 2 489 000 23 3% Tangali 44 400 4 566 000 44 6% Fatako 25 700 2 878 000 25 4% Mombeya 12 1 500 2 010 000 12 3% Kona 88 1 150 9 421 000 88 12% Koïn 146 14 600 000 146 19% Kollé 53 250 5 385 000 53 7% Tougué 15 250 1 585 000 15 2% Ditin 24 2 000 3 430 000 24 4% Lelouma 52 1 000 5 740 000 52 8% TOTAL 697 12 500 76 450 000 697 100%

TOMATE (700 à 900 adhérents)

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Ainsi, cinq zones d’études ont été déterminées et réparties entre les trois binômes d’enquête. Elles permettent de couvrir les trois cultures suivies par la Fédération et offre une bonne couverture géographique de ses zones d’action :

- Timbi Madina (centre ouest du Fouta Djallon) : berceau de la Fédération, cette zone de production de

pomme de terre constitue une référence en matière d’organisation des producteurs et un exemple de réussite de son action ;

- Horé Mamou (sud du Fouta Djallon ; 10 km à l’ouest de la ville de Mamou) : constituée en Union en 1998, Horé Mamou est une zone d’extension récente des activités de la Fédération qui marque son ouverture à la culture de la tomate ;

- Ndindo (sud du Fouta Djallon ; 15 km au nord-est de Mamou) : les groupements de producteurs de pomme de terre de Ndindo ont été mis en place par la FAO suite à la réalisation d'un périmètre irrigué en 1991 et n’ont adhéré à la Fédération qu’en 1996. Cette zone a été préférée à celle de Soumbalako dont l’histoire est similaire mais où la plupart des groupements n’ont qu’une année d’ancienneté au sein de la fédération ;

- Donghel Sigon situé au nord du Fouta Djallon dans une zone de production s'intéressant de plus en plus à l'oignon mais souffrant de son enclavement.

- Tougué - Mombeya (centre est du Fouta Djallon) : comme pour Donghel Sigon, il s’agit d’une zone de production d’oignon. Ces zones sont toutes deux caractérisées par une forte hétérogénéité du milieu et par d’importantes difficultés d’accès. Tougué Mombeya semble avoir une plus ancienne spécialisation sur la culture de l'oignon.

3.2- Echantillonnage des individus à enquêter :

Sur chacun de ces terrains, l’étape suivante a consisté à constituer un échantillon d’enquête. Pour permettre un bon recoupement des informations collectées par les trois équipes d’enquêtes, une uniformisation de la méthodologie était alors nécessaire (cf. Annexe 3).

Un premier critère de choix était l’appartenance des producteurs maraîchers à la Fédération. Ce point de

vue a été adopté à la demande de la Fédération. De ce fait et en l’absence d’un « échantillon témoin » de maraîchers non-adhérents, l’étude ne peut permettre d’apprécier directement l’impact de son action sur l’évolution de ses adhérents.

Cependant, ce point de vue était également le plus réaliste. Etant donné le temps disponible pour

collecter l’information, l’étendue importante des zones d’enquête, les exigences de la méthodologie adoptée et le parti pris de couvrir l’ensemble des activités de la Fédération, le nombre d’entretiens qu’il était possible de réaliser sur chaque zone était limité : par conséquent, il aurait été difficile de constituer deux échantillons d’effectif suffisant pour offrir une représentativité correcte des producteurs de chaque zone.

L’unité de sondage qui a été choisie pour constituer les échantillons d’enquête est la sous-unité de

production avec, à sa tête, un adhérent de la Fédération : un homme marié ou célibataire, une femme seule ou une coépouse. Ce niveau est apparu en effet comme une échelle relativement pertinente pour une étude centrée sur les revenus du maraîchage, étant donné l’autonomie importante dont dispose chaque sous-unité au sein du ménage en particulier en terme de production (GARREAU, 1993 ; (LAUGA-SALLENAVE 1997) mais aussi de la contrainte de temps. Cependant, il aurait été préférable de considérer les interactions entre les sous-unités d’un même ménage et donc d’analyser la globalité des unités de production. Ceci a pu être fait dans un certain nombre de cas. Par contre, seules ont été envisagées, au niveau du bas-fond, les stratégies individuelles des adhérents. De ce point de vue, il serait intéressant de mieux caractériser les stratégies familiales par des études ultérieures (accès au bas-fond de plusieurs membres de la famille, adhésions de ces différents membres…).

Les sous-unités ont alors été sélectionnées de manière à rendre compte de la diversité des producteurs maraîchers de chaque zone étudiée et par conséquent de repérer les principaux types de sous-systèmes de production. Une attention particulière a été apportée dans cette sélection de manière à n’omettre aucun type important (Cf. annexe 3). De ce fait, la représentativité de l’échantillon n’était pas l’objectif prioritaire : ainsi, il n’a pas toujours été possible pour cette étude de quantifier le pourcentage d’adhérents correspondant à chaque type. Cette quantification pourra être réalisée ultérieurement par la Fédération qui pourrait s’appuyer sur ces types pour mettre en place un dispositif de suivi évaluation.

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3.3- Guide d’enquête :

Etant donné l’objet de l’étude, il a été décidé de procéder par entretiens semi-directifs sur la base d’un guide d’enquête de préférence à des entretiens directifs fondés sur un questionnaire fermé. Ce guide d’enquête était conçu comme une check-list quasiment exhaustive des thèmes qu’il était nécessaire d’aborder pour déterminer les revenus des différents sous-systèmes de production et plus particulièrement du sous-système de bas-fond. Plus largement, il devait permettre de caractériser le fonctionnement des unités de production enquêtées. Ce guide d’enquête a été mis au point collectivement par l’équipe d’enquête. Il a ensuite été testé à Hafia auprès de deux producteurs d’oignon et à Soumbalako auprès d’un responsable de groupement pomme de terre.

Ce guide d’enquête comporte huit parties : - identification de l’enquêté et de son ménage ; - inventaire des ressources en terre, main-d’œuvre, matériel et équipement ; - description des systèmes de culture de bas-fond, de tapade et de champs extérieurs ; - description des systèmes d’élevage ; - inventaire des activités et des revenus extérieurs à l’exploitation ; - établissement du calendrier de trésorerie ; - description de la trajectoire de l’exploitation ; - évolution de l’activité maraîchère et opinion sur les services de la Fédération.

3.4- Calculs économiques :

3.4.1- Mode de calcul utilisé : Le mode de calcul utilisé pour cette étude s’inspire de la méthode utilisée par la Chaire d’Agriculture Comparée de l’INA Paris Grignon pour caractériser les systèmes de production (DUFUMIER 1996). Ce mode de calcul a cependant été adapté pour mieux répondre aux objectifs de l’étude.

D’une part, ce mode de calcul repose sur la valorisation, aux prix du marché, de la totalité des productions de l’unité considérée, que ces productions soient vendues, auto-consommées ou fassent l’objet d’un don. Dans le cas présent, les données de la bibliographie et les premières informations collectées pendant la phase de repérage montraient clairement que, suivant le cas, les parts de production de bas-fond vendues et auto-consommées variaient fortement d’une unité de production à l’autre : la seule comptabilisation des productions vendues n’aurait pas permis de mettre en évidence et de comparer les différentes stratégies des producteurs. D’autre part, ce mode de calcul utilisé permet la comparaison des revenus obtenus pour les différents sous-systèmes de productions de chaque unité (bas-fond, tapade, champs extérieurs, élevage). Pour que cette comparaison soit possible, il est nécessaire d’affecter, à chaque sous-système, et plus particulièrement au sous-système bas-fond, les différents postes de dépense correspondants (consommations intermédiaires, amortissements, dépenses de main-d’œuvre et autres affectations). Ceci conduit par conséquent à la détermination d’un produit brut, d’un produit net et d’un revenu pour le sous-système de production de bas-fond. Les définitions de ces indicateurs économiques ainsi que les conventions utilisées pour les calculs sont données ci-après.

3.4.2- Définitions des indicateurs utilisés :

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Pour chaque sous-système de production d’une exploitation, on définit les indicateurs suivants : PRODUIT BRUT = Valeur totale de la production

= [Volume de production vendue x prix unitaire au moment de la vente] + [Volume de production auto-consommé x prix moyen pendant la période d’autoconsommation] + [Volume de production donné x prix moyen pendant la période de don] + [Volume destiné au salaire x prix moyen pendant la période du travail]

VALEUR AJOUTEE BRUTE (VAB) = PRODUIT BRUT – Consommations Intermédiaires (semences, engrais minéraux et organiques, …) MARGE NETTE = VALEUR AJOUTEE BRUTE – Salaires Sont pris en compte dans les salaires l’ensemble des dépenses de main-d’œuvre versées à des personnes extérieures à l’unité de production. Ils incluent la rémunération de la main-d’œuvre salariée ainsi que le coût de l’entraide lorsqu’elle occasionne des dépenses et qui peut alors être considérée comme étant rémunérée (kilé) Cette notion de marge nette a été introduite afin de permettre des comparaisons entre cultures sur un bas-fond. VALEUR AJOUTEE NETTE (VAN) = VALEUR AJOUTEE BRUTE – Amortissements L’amortissement représente la dépréciation annuelle pour cause d’usure ou d’obsolescence de l’ensemble du matériel et de l’équipement tel que les houes, brouettes, charrues, motopompe et tracteur. Il constitue le coût lié au renouvellement du capital productif. Il sera calculé en divisant le prix actuel d’achat de chaque matériel ou de l’équipement par sa durée vie. REVENU AGRICOLE = VALEUR AJOUTEE NETTE – Affectations

Les affectations représentent les redistributions aux différents acteurs parties prenantes de la production. Pour cette étude, ces redistributions sont composées principalement des salaires de la main-d’œuvre extérieure, des dons, de la cotisation et des prélèvements de la Fédération.

3.4.3- Conventions : Le calcul est effectué pour une période correspondant à une année. Il suppose que l’on raisonne en année moyenne et donc que l’on s’assure que l’année considérée n'était pas une année exceptionnellement bonne ou mauvaise. Pour cette étude, la période prise en compte correspond à la campagne 1997-1998 qui globalement vérifie cette hypothèse. En toute rigueur, seuls les produits bruts sont déterminés au niveau de chaque sous-système de production. La valeur ajoutée brute, la valeur ajoutée nette et le revenu sont déterminées uniquement au niveau de l’exploitation. C’est en effet à ce niveau que s’effectuent les choix du producteur en terme d’allocation à chaque sous-système de production, de la main-d’œuvre et des différents facteurs de production dont il dispose.

Cependant, la présente étude doit d’abord permettre d’établir des comptes d’exploitation des sous-

systèmes de production de bas-fond et de comparer ces comptes d’exploitation entre différents types de producteurs. Elle doit également permettre de resituer les revenus du bas-fond par rapport aux revenus des autres sous-systèmes de production de l’exploitation.

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En conséquence, il a été décidé d’utiliser les notions de valeur ajoutée et de revenu au niveau de chaque

sous-système de production et en particulier au niveau du bas-fond, en affectant à chacun d’eux les charges de consommations intermédiaires, d’amortissement et de redistribution qui lui sont propres.

Par ailleurs et par commodité de calcul, l’ensemble des amortissements a été affecté au sous-système de

production de bas-fond : en effet, la majeure partie de l’équipement de l’unité de production est utilisée en bas-fond qui constitue également, de façon très générale, la première source de revenu des producteurs maraîchers enquêtés. De ce fait, les revenus et les valeurs ajoutées nettes sont confondus pour chacun des sous-systèmes de production tapade, champs extérieurs et élevage. Enfin, lorsque plusieurs cultures sont pratiquées en bas-fond en association ou en succession et qu’il n’est pas possible d’affecter spécifiquement les consommations intermédiaires en fumure organique et minérale à chacune de ces cultures, il a été décidé d’utiliser les produits bruts de chaque culture pour comparer leurs contributions respectives au revenu du bas-fond. Par contre, lorsque les consommations intermédiaires spécifiques et les dépenses de main-d’œuvre de chaque culture sont déterminées, la comparaison est effectuée en terme de valeur ajouté brute et de marge nette. Ce dernier cas ne concerne cependant que la zone de Timbi Madina.

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PARTIE 2 : DETERMINATION DES REVENUS DU MARAICHAGE ET CARACTERISATION DES SYSTEMES DE PRODUCTION DES ADHERENTS DE LA FEDERATION. 1- Les producteurs de tomate de Horé Mamou :

1.1- Caractérisation de la zone et de la filière

1.1.1- La zone de Horé Mamou :

Présentation générale du milieu :

La zone d’étude est située à une altitude d’environ 750 m à 10 km par une bonne piste de la ville de Mamou, chef lieu préfectoral situé au carrefour de deux grands axes routiers : axe sud nord vers le Sénégal, axe est-ouest Guinée forestière – Conakry. Elle bénéficie donc d’une bonne desserte, condition favorable au développement des cultures maraîchères.

La zone est traversée par le cours d’eau Mamouwol et par ses affluents qui s’écoulent dans une petite plaine alluviale entrecoupée de bas-fonds étroits (têtes de sources), encaissés et entourés de collines aux flancs souvent raides. Dans ces bas-fonds sont pratiquées les cultures maraîchères de saison sèche, principalement sur des sols à hydromorphie quasi permanente (parawol ; engorgement pendant 6 à 8 mois par an) ou des sols à hydromorphie plus temporaire (dunkire ; engorgement pendant 3 à 4 mois par an). Des sols alluvionnaires ne subissant pas d’inondation (ndantari) sont également utilisés pour le maraîchage de part et d’autre du bas-fond, ils sont alors irrigués grâce à des canaux alimentés par un barrage ou une moto pompe. Seuls les 34 ha du bas-fond de N’daylal ont fait l’objet d’un aménagement. Les autres surfaces de bas-fond sont fréquemment soumises à des contraintes hydriques en début de saison sèche (engorgement), en fin de saison sèche (tarissement des cours d’eau) qui concernent les cultures maraîchères ou en cours de saison des pluies (inondation) ce qui gêne la culture du riz. La pluviométrie annuelle enregistrée à Mamou s’élève en moyenne à 1666 mm (période 1979 – 1986) avec une saison des pluies d’avril à octobre et une saison sèche de novembre à mars. La moyenne annuelle des températures est de 23,6 °C, l’évapotranspiration potentielle de 1674 mm (période 1951 – 1980) (ORANGE 1990). La zone est l’une des plus densément peuplées de la préfecture avec environ 80 habitants / km² contre 18 habitants / km² en moyenne sur la préfecture.

La culture de la tomate à Horé Mamou : De manière générale, la localisation des zones de production de tomate en Moyenne Guinée répond aux contraintes spécifiques de cette production : la tomate est un produit fragile qui supporte mal un transport prolongé d'autant qu'il est réalisé majoritairement dans des bassines de 50 kg et qui ne peut se conserver que quelques jours après récolte. De ce fait, sa production sera concentrée au voisinage des marchés locaux ou sur des zones sur lesquelles la collecte et le transport de la production vers les centres de consommation sont bien organisés. C’est notamment le cas de Mamou.

Horé Mamou constitue la plus importante zone de production de tomate de la préfecture de Mamou. La tomate est principalement cultivée dans les bas-fonds, en saison sèche. La plus forte période de production s’étale de février à fin mai.

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La culture de la tomate aurait été introduite dans les années 40 par un libanais du nom de Hanna Sabbak qui exploitait le périmètre de Sifama. Ce serait principalement ses anciens manœuvres qui auraient répandu cette culture après l’indépendance. L’implantation de la conserverie de Mamou en 1962 aurait joué un rôle important dans le développement de la tomate à Horé Mamou. Les volumes de productions de Hore Mamou auraient été bien moins importants qu'à l'heure actuelle, les livraisons se faisant à l'usine sur un mode de livraisons "obligatoires", mais l'usine aurait surtout joué un rôle dans la diffusion d'une connaissance de la culture de cette plante. Depuis la fermeture de la conserverie en 1971, et l'avènement de la deuxième république qui a définitivement libéralisé les échanges, la tomate de Horé Mamou se partage le marché de Conakry et même de Sierra Leone avec les productions de Kindia et de Dalaba. La zone de Kindia bénéficie d’un coût d’approche vers Conakry plus faible et sa production semble plus précoce qu’à Horé Mamou (janvier à fin mars).

1.1.2- Le circuit de commercialisation :

La collecte de la production est effectuée par les commerçants locaux ou collecteurs. Le prix d’achat au producteur n’est pas fixé au moment de la collecte au producteur : il est déterminé au moment de la livraison par le collecteur à un grossiste qui a souvent fait une avance d'argent au collecteur, et le producteur n’en a connaissance que deux ou trois jours plus tard lorsqu’il est payé par le collecteur à son retour de Conakry. Ce mécanisme a conduit un certain nombre de producteurs à s'investir eux-mêmes dans la collecte de la tomate, pour être informés des évolutions de prix et afin de capter une valeur ajoutée qui leur échappe. Les prix aux producteurs varient fortement au cours de l’année, essentiellement en fonction de l’offre : ils passent ainsi de moins de 100 NGF/kg au mois d’avril à 300 NGF/kg de juin à décembre (1 Franc Français = 220 NGF en moyenne en 1998). Le raisonnement de la mise en culture de la tomate inclut la prise en compte des retards ou avances éventuelles des bassins de production concurrents et des qualités qu'ils ont l'habitude de livrer. Ainsi certaines variétés comme la Roma sont préférées à Hore Mamou en début de période de production puis sont trop fortement concurrencées par les producteurs de Dalaba. Ensuite les producteurs de Hore Mamou remarquent que les variétés à gros fruits comme la merveille des marchés cueillies bien avant maturité passent mieux vers le marché de Sierra Leone.

Le circuit de commercialisation est marqué par des coûts d’approche vers Conakry très élevés et plus

particulièrement par des coûts de chargement souvent jugés excessifs. L’ensemble des coûts de commercialisation représenterait 75 NGF par kg de tomate soit 40 % du prix d’achat moyen au producteur (GOUDOUSSI, 1997). Malgré les tarifs élevés pratiqués, les conditions de transport sont très mauvaises et entraînent des pertes importantes que les commerçants répercutent sur les prix d’achat aux producteurs.

1.1.3- La filière tomate de la Fédération : L’organisation de la filière tomate est très récente. Pour la campagne 1998-1999, elle couvre uniquement les sous préfectures de Dounet, Porédaka et Mamou. Elle pourrait s’ouvrir dans l’avenir dans les sous préfectures voisines de Soya, Konkouré, Bouliwel et Tolo. La filière tomate compte à ce jour 30 groupements qui totalisent 939 adhérents. Sa mise en place a été précédée par un travail d’animation mené principalement pendant la campagne 1996-1997 par Goudoussi, technicien aujourd’hui en charge de cette production. Cette étude comprend un inventaire des zones productrices de tomate sur la préfecture de Mamou, la détermination des volumes de production, des prix et de leurs variations ainsi qu’une analyse des coûts de commercialisation. Elle définit également les axes d’intervention possible pour la Fédération. Pour la campagne 1997-1998, un crédit de campagne portant uniquement sur l’engrais minéral permet à la fédération de prendre pied à Horé Mamou. Encouragée par un bon taux de remboursement, elle étend ses services pour la campagne 1998—1999. Cet appui aux producteurs est comparable à l’appui apporté sur les filières pomme de terre et oignon pour la fourniture des intrants mais diffère en ce qui concerne la commercialisation. Il comprend :

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- la fourniture d’engrais minéral (17-17-17) et de semences : 35 tonnes d’engrais et 8 kg de semence (variété Roma et Caraïbo) sont apportés à l’ensemble des adhérents ;

- le crédit de campagne sur le triple 17 ; - un appui technique fourni par Goudoussi technicien tomate de la Fédération et par le SNPRV ; - des actions au niveau de la commercialisation et du transport : location de cagettes aux groupements pour

limiter les pertes durant l’acheminement de la production (de plus en plus) ; affrètement de camions entre Mamou et Conakry (exceptionnellement).

1.2- Typologie des producteurs et fonctionnement des unités de production :

1.2.1- Produits bruts du maraîchage – Revenus sur le bas-fond et sur l’ensemble de l’exploitation

De façon globale, pour l’ensemble des adhérents enquêtés à Horé Mamou, l’étude des produits bruts sur bas-fond et des revenus montre que : - les revenus totaux des sous-unités de production sont rarement inférieurs à 900 000 NGF et atteignent

21 millions de NGF, avec une moyenne autour de 3 millions NGF. - les revenus du bas-fond varient de 400 000 à près de 11 millions de NGF et représentent en moyenne

2 millions, soit plus de 60 % du revenu total ; ils constituent, dans tous les cas, la première source de revenu sur la sous-unité ;

- les champs extérieurs procurent la seconde source de revenu agricole (en moyenne 10 % du revenu total) ; la tapade, cultivée quasi exclusivement par les femmes, constitue pour elles une source de revenu comparable à celle de leur champ extérieur. Il est à noter qu'un certain nombre de producteurs s'intéressent à la culture du maraîchage (notamment de la tomate) en saison des pluies et que les "tests" de production se font sur des parties de tapades louées bien souvent à leur femmes.

- le produit brut de la tomate de bas-fond représente en moyenne juste un peu moins de la moitié du produit brut du bas-fond ; l’aubergine et le maïs se partagent également le reste du produit brut du bas-fond, soit 25 % chacun ;

- le produit brut par are de la tomate (80 700 NGF/are) est en moyenne sensiblement inférieur à celui des deux variétés d’aubergine (216 600 NGF/are pour le cobo-cobo et 110 600 NGF/are pour le diakatou) et voisin de celui du maïs (77 000 NGF/are)1. Cependant la variabilité des prix de la tomate entre la période de forte récolte et celle de récolte précoce ou tardive étant plus importante que pour les autres cultures, cette comparaison est forcément indicative. Il semblerait que cette tendance à la diminution de la rentabilité de la tomate en période de forte production se soit accélérée ces dernières années et provoque une désaffection de la culture de tomate aux périodes classiques.

1.2.2- Typologie des producteurs : Trois types distincts d’adhérent ont pu être identifiés à Horé Mamou. Le tableau 1 résume les caractéristiques de chacun d’eux, d’après des valeurs moyennes.

1.2.3- Caractérisation des types de producteurs : Pour chacun des trois types identifiés, l’option a été prise de présenter en Annexe 5 un compte d’exploitation sur le bas-fond et sur l’ensemble de la sous-unité de production. Le fonctionnement du système de production et la stratégie sont analysés en s’appuyant sur les informations collectées pour l’ensemble des producteurs de chaque type identifié.

1 Il s’agit de cultures presque toujours associées.

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Tableau 1 : Caractérisation des trois types de producteur tomate – Horé Mamou

Critère Type 1 Type 2 Type 3 Type de main-d’œuvre en bas-fond

Principalement familiale : très rarement kilé ou

salariat

Principalement familiale :

accessoirement kilé ou salariat temporaire

Familiale avec salariés permanents et temporaires

Surface totale des bas-fond

1 200 m² 4 000 m² 20 000 m²

Revenu total 1 500 000 NGF 3 100 000 NGF 15 000 000 NGF Revenu non-agricole 95 000 NGF 0 NGF 12 000 000 NGF Nature du revenu non agricole

Chasse, cueillette, apiculture,

petit commerce

Commerce, salaires et pensions

Revenu bas-fond 750 000 NGF 2 200 000 NGF 11 000 000 NGF Revenu bas-fond par m² 630 NGF/m² 550 NGF/m² 450 NGF/m² Revenu tomate 600 000 NGF 1 400 000 NGF 4 000 000 NGF Surface de tomate 600 m² 2 000 m² 11 700 m² Nature de l’équipement Petit équipement Petit équipement Petit équipement +

motopompe (+tracteur) Consommations intermédiaires par m²

54 NGF 90 NGF 73 NGF

Rendement de la tomate Plus de 50 t/ha 17 t/ha 16 t/ha Rendement aubergine (cobo-cobo)

35 t/ha 26 t/ha 14 t/ha

Type 1 : Systèmes de production de type familial :

Les sous-unités de production du type 1 sont avant tout caractérisées par des surfaces relativement faibles en bas-fond (moins de 2000 m²), et des revenus comparativement peu élevés aussi bien en bas-fond (moins de 1 500 000 NGF) que sur l’ensemble de la sous-unité de production (moins de 2 500 000 NGF).

Les unités de production du type 1 sont qualifiées «d’unités de production familiales » car elles utilisent avant tout de la main-d’œuvre familiale pour le bas-fond. Celle-ci est généralement complétée pour les travaux les plus exigeants en travail (défriche, clôture, labour) par de l’entraide tournante (balal). La main-d’œuvre salariée ou l’entraide "rémunérée" (occasionnant une dépense pour l'alimentation des invités) sont rarement utilisées. Elles représentent alors moins d’un dixième de la main-d’œuvre totale utilisée en bas-fond.

Le tableau 2 donne les temps de travaux pour les parcelles de bas-fond d’un adhérent du groupement de N’daylal de ce type, et cela pour les trois cultures qu’il pratique (tomate, aubergine et maïs). Le temps de travail total s’élève, pour une superficie de 840 m², à 677 heures soit 1 151 jours de travail à l’hectare. Le revenu du bas-fond par jour de travail est de 24 400 NGF. Comparée au prix de la main-d’œuvre salariée (1 300 NGF par jour de travail non qualifié), la valorisation de cette main-d’œuvre est donc très élevée. Elle l’est d’autant plus que le coût d’opportunité du travail familial est faible en saison sèche en l’absence d’autres possibilités d’emploi sur l’exploitation ou en dehors de l’exploitation.

Le poste (arrosage + désherbage) est le plus important sur la tomate (60% du volume total de main-d’œuvre). Il limite l'extension de la culture tant que le travail reste manuel.

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Tableau 2 : Temps de travaux sur un bas-fond de 840 m² - Adhérent n°14 – Groupement de N’daylal.

TOMATE (560 m²)

Opération culturale Temps de travail (heures) Défriche 25 Labour 20 mise en place + arrosage pépinière 2,5 Confection des planches 30 apport fumier 15 apport engrais minéral 30 Transplantation 14 Arrosage + désherbage 360 (60%) Tuteurage 30 Récolte + tri 70 TOTAL 596,5

AUBERGINE (280 m²) MAIS associé à la tomate et à l’aubergine

(840 m²) Opération culturale Temps de travail (heures) Opération culturale Temps de travail (heures) Défriche 6 Semis 9 Mise en place pépinière 0,5 Récolte 5 Labour 6 Confection des planches 6 Apport fumure 10 Arrosage 16 Transplantation 8 Récolte 14 TOTAL 66,5 TOTAL 14

TOTAL BAS-FOND 677

Cette bonne valorisation de la main-d’œuvre pour les producteurs de ce type est à mettre en relation

avec leur productivité / m² et leur revenu / m² élevés. Ils investissent en moyenne 54 NGF/m² en intrants, ce qui est plus faible que pour les entrepreneurs maraîchers du type 2 mais reste comparable à ce qu’investissent les producteurs du type 3. Les producteurs du type 1 sont par contre les seuls à collecter eux-mêmes l’essentiel de leurs besoins en matière organique.

Deux de ces producteurs interrogés parviennent à obtenir des prix très élevés pour leur production de tomate en repiquant très tôt (fin octobre) pour bénéficier des cours élevés du mois de janvier (180 à 300 NGF/kg contre 100 à 120 NGF en avril). Ce décyclage de la production suppose cependant que le bas-fond ne soit pas engorgé en début de saison sèche ; de plus, le repiquage de la tomate entre alors en concurrence avec la récolte du fonio et du riz sur les champs extérieurs ce qui implique la présence d’une main-d’œuvre familiale importante sur l’exploitation.

En saison sèche, le maïs est associé, dans la majorité des cas, à la tomate ou à l’aubergine (cobo-cobo). Lorsque les parcelles de bas-fond ne subissent pas une inondation trop importante en saison des pluies, un nouveau cycle de maïs succède à ces associations. Les productions maraîchères, vendues sur le marché, représentent en moyenne 90 % du revenu monétaire de l’exploitation. Cependant, les revenus du maraîchage ne sont pas toujours suffisants pour satisfaire la totalité des besoins familiaux. Aussi, beaucoup de producteurs du type 1 recherchent un revenu supplémentaire en pratiquant différentes activités (élevage de poules, apiculture, cueillette, chasse et petit commerce). Le revenu

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de ces activités représente alors plus de 12 % du revenu global et en devient la deuxième composante après le revenu du bas-fond.

Une minorité de ces producteurs vendent du riz et de l’arachide au moment de leur récolte sur les champs extérieurs ce qui leur permet de financer les travaux de mise en culture du maraîchage. Les revenus du bas-fond sont principalement utilisés pour des achats domestiques. Parfois pour l’achat de riz. Ils présentent l’avantage pour les producteurs d’être étalés dans le temps, généralement de mars à septembre et d’intervenir pour partie au moment de la soudure.

Type 2 : Systèmes de production intermédiaires :

Les producteurs appartenant à ce type présentent des caractéristiques intermédiaires entre celles des deux autres types aussi bien en terme de surface (surface totale de bas-fond, surface en tomate), de revenu (revenu du bas-fond, revenu total de la sous-unité de production), de rendement pour la tomate et l’aubergine, de coût en consommations intermédiaires. De même, le ratio de revenu du bas-fond par m² est inférieur à celui du type 1 et supérieur à celui du type 2. Ils se rapprochent cependant clairement du type 1 en ce qui concerne l’équipement et la nature de la main-d’œuvre utilisée : ils ne possèdent en effet qu’un petit équipement (houe, machette, pelle, hache, arrosoir, binette, bêche) et emploient presque exclusivement la main-d’œuvre familiale ou l’entraide non rémunérée sur les parcelles de bas-fond.

Par contre, leur investissement en consommations intermédiaires est plus de quatre fois supérieur au montant investi par les producteurs familiaux de type 1. Si l’on ramène cet investissement à la surface de bas-fond, il s’élève à 90 NGF/m² et dépasse l’investissement des entrepreneurs maraîcher de type 3.

Par rapport aux adhérents de type 1, il semble par conséquent que leur disponibilité supérieure en terre de bas-fond leur ait permis de mieux profiter de l’effet levier lié au crédit intrant procuré par la Fédération.

Par ailleurs, certains de ces producteurs pratiquent des activités de commerce de produits agricoles qui leur permettent notamment de s’informer d’opportunités nouvelles. Ces revenus n’ont cependant pas été estimés, les quelques producteurs de ce type n’ayant pu être enquêtés. Du point de vue technique, les systèmes de culture qu’ils pratiquent en bas-fond sont moins intensifs que pour le type 1 : seule une partie de la surface en tomate ou en aubergine est associée au maïs et le bas-fond n’est pas cultivé en saison des pluies. Cette extensification relative du bas-fond se traduit également en terme de rendements plus faibles que pour les types 1.

Type 3 : Producteurs de type « entrepreneur maraîcher » : Les adhérents qui appartiennent à ce type sont des notables villageois et de grands propriétaires terriens. Il s’agit d’hommes d’âge mûr (plus de 50 ans). Le nombre de personnes vivant sur leur exploitation est élevé et compris entre 15 et 23 personnes. Ils exploitent des surfaces de bas-fond très importantes (1 à 3,5 ha) dont ils tirent un revenu de 8 à 11 millions NGF. Du point de vue technique, les systèmes de culture qu’ils pratiquent en bas-fond sont très divers. Suivant le cas, la tomate et l’aubergine sont associées ou non au maïs. L’un d’entre eux cultive à la fois la tomate, l’aubergine (cobo-cobo et diakatou), le piment, la patate douce et le maïs. Un autre associe la tomate et le maïs sur la totalité des 15 000 m² de son bas-fond. Leur capacité d’investissement est très importante. Elle se traduit par des dépenses en consommations intermédiaires élevées, comprises entre 1 430 000 et 1 520 000 NGF, ainsi que par de très fortes dépenses de main-d’œuvre (576 000 à 2 700 000 NGF). Suivant le cas, eux-mêmes et leur famille participent ou non aux

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travaux de bas-fond. Ils recourent également dans une large mesure à une main-d’œuvre salariée permanente : en cela ils peuvent être qualifiés d’ « entrepreneurs maraîchers ».

Cette autonomie financière importante leur permet également d’investir dans un équipement lourd : motopompe, pulvérisateurs, éventuellement tracteurs. L’utilisation d’une motopompe et l’accès à la mécanisation correspond ici clairement à une extensification en travail. En effet, leur objectif premier sur le bas-fond est de maximiser leur revenu et, pour cela, de valoriser au mieux leur investissement et notamment leurs dépenses de main-d’œuvre. Ainsi, sur le bas-fond, les temps de travaux à l’hectare s’élèvent en moyenne à 541 jours de travail à l’hectare pour ces producteurs soit la moitié de la quantité de main-d’œuvre utilisée par les adhérents du groupe 1. Cette réduction est de plus permise par les investissements en motopompe qui permet de réduire les temps de travaux d'arrosage qui représentaient 60% des temps de travaux en production de tomate pour les exploitations de type 1 effectuant un arrosage manuel.

Cette recherche d’une productivité du travail élevée s’accompagne cependant d’une diminution de la productivité de la terre. De même, si les investissements en consommations intermédiaires sont très élevés en valeur absolue, leur valeur ramenée à la surface dépasse la valeur calculée pour le groupe 1 mais reste inférieur à celle du groupe 2. Leur capacité d’investissement est élevée et l’activité maraîchère constitue une source de profit au même titre que des activités de commerce, de service (possession d’un taxi ou d’une boutique) ou de transformation de produits agricoles dont ils tirent également des revenus importants. Dans ce cas, l’existence d’activités extérieures à l’exploitation a une tout autre signification que pour le groupe 1 : elles constituent à la fois une source d’investissement pour le bas-fond et une source de profit complémentaire. 2- Les producteurs de pomme de terre de Ndindo et Timbi Madina :

2.1- Caractérisation des zones et de la filière

2.1.1- Les zones de Ndindo et Timbi Madina : La zone de Ndindo : Ndindo est situé à une dizaine de kilomètres au nord-est de la ville de Mamou, sur la route de Dabola, au confluent du Bafing et du Koumiwol. La plaine alluviale dans laquelle se situe le périmètre aménagé est à une altitude de 750 m d’altitude environ. Etant donné sa proximité géographique de la zone de Hore Mamou, les caractéristiques climatiques sont similaires pour les deux zones. Par contre, les cultures maraîchères sont pratiquées majoritairement dans la vaste plaine alluviale du Bafing / Koumiwol et accessoirement dans les bas-fonds étroits de ses affluents. Seule une partie de la plaine est actuellement aménagée, qui permet de maîtriser l’irrigation en saison sèche mais pas en saison des pluies. En effet, les cours d’eau connaissent une crue de 3 à 4 mètres et il n’est pas rare que les parcelles « aménagées » se retrouvent sous plusieurs mètres d’eau pendant deux à trois mois. Les seules parties exondées sont alors les pourtours de la plaine, et les bourrelets de berge les plus hauts. Il y a donc une toposéquence : Lit du fleuve / bourrelet de berge // zone de bonne irrigation / creux où stagne l’eau / zone plus sèche. La densité démographique est plus faible à Ndindo qu’à Horé Mamou et comprise entre 40 et 50 habitants par km². La culture de la pomme de terre à Ndindo a été introduite à grande échelle à la suite de l’aménagement de cette plaine par la FAO en 1991. De 1991 à 1993, la FAO amène les producteurs recevant des parcelles dans

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le bas-fond aménagé à former des groupements auxquels elle fournit des semences et des engrais minéraux. La FAO intervient également en organisant la collecte de la production de pommes de terre. A l’expiration du projet FAO en 1993, les producteurs poursuivent la culture de la pomme de terre en s’approvisionnant en intrants sur le marché local et au comptoir agricole de Mamou. En 1996, les groupements de Ndindo adhèrent massivement à la Fédération des Paysans du Fouta Djallon. Ils sont alors intégrés à l’Union de zone de Dounet et à la filière pomme de terre de la Fédération. Ils bénéficient donc de l’ensemble des services mis en place pour cette filière, et un magasin de stockage est construit à Ndindo par la Fédération. La zone de Timbi Madina : Timbi Madina est situé dans la préfecture de Pita, à une vingtaine de kilomètres au nord-ouest de cette ville. La région de Timbi Madina, zone de hauts plateaux à 1 200 m d’altitude, est caractérisée en son centre par une grande étendue de terres au relief peu accusé et dénommée « plaine des Timbis ». Elle constitue un vaste glacis aux sols colluvionnaires limoneux à limono-sableux qui portent traditionnellement des cultures de fonio.

La pluviométrie annuelle enregistrée à Pita s’élève en moyenne à 1 389 mm (période 1979 – 1986). La pluviométrie est donc plus faible qu’à Mamou, la saison des pluies débute environ dix jours plus tard et s’achève dix jours plus tôt. La moyenne annuelle des températures est de 22,5 °C (période 1951 – 1980) (ORANGE D. , 1990). La densité de population atteint actuellement 120 habitants/km² sur la zone d’étude contre 80 habitants/km² sur l’ensemble de la sous préfecture de Timbi Madina.

Les cultures maraîchères ont été introduites en bas-fond depuis une trentaine d’années. Les actions menées par le Projet de Développement (PDA) de Timbi Madina puis par la FPFD ont cependant joué un rôle décisif dans leur développement.

Les itinéraires techniques pratiqués sur la pomme de terre sont très codifiés par la Fédération et varient faiblement entre les adhérents. La succession [pomme de terre / maïs (+ arachide) / riz] est la plus répandue. Elle impose une date de semis précoce de la pomme de terre et, par là même, une bonne organisation de chaque adhérent et de l’ensemble des adhérents du même bas-fond.

2.1.2- La filière pomme de terre de la Fédération : De manière générale en Moyenne Guinée, la localisation des zones de production de pomme de terre d’après semences importées est liée à l’existence passée, sur la zone, de projets de développement qui ont facilité et parfois financé les aménagements de bas-fonds.

Timbi Madina et, plus particulièrement, le bas-fond de Laafou où les enquêtes ont été réalisées est le berceau historique de la Fédération (DIALLO et VOGEL 1996). C’est en effet à Timbi Madina qu’elle s’est mise en place sur la base des actions initiées à partir de 1987 par le Projet de Développement Agricole de Timbi Madina. Le PDA a permis en particulier l’aménagement du périmètre de Laafou destiné initialement à la culture du riz. De nombreuses cultures furent expérimentées et c’est finalement la pomme de terre qui fut adoptée du fait des revenus importants qu’elle procure. Une boutique de vente d’engrais et de semences maraîchères fut également mise en place par le PDA. Fin 1989, une structure pérenne locale est mise en place par les producteurs pour assurer l’organisation de l’approvisionnement en intrants, la gestion de crédits de campagne et l’appui à la commercialisation. Cette structure, qui devint en 1991 l’Union des Groupements de Timbi Madina, est, dès son origine, marquée par le rôle clef joué par des leaders paysans et en particulier par Moussa Para DIALLO.

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La Fédération des Paysans du Fouta Djallon fut créée en novembre 1992 pour regrouper des producteurs d’autres zones de production maraîchères du Fouta Djallon. Ce fut alors l’UGTM qui servit de modèle à l’organisation de l’appui des producteurs par la Fédération. La filière pomme de terre de la Fédération compte aujourd’hui 60 groupements et 1 800 adhérents dont environ le quart appartient à l’UGTM. Celle ci conserve une forte spécificité dans son fonctionnement et un rôle moteur au sein de la Fédération. La production de pommes de terre en bas-fond représente la moitié de la production totale des adhérents pomme de terre de la Fédération.

L’appui apporté aux producteurs de la filière pomme de terre est plus important que pour les deux autres filières de la Fédération. Il comprend : - la fourniture d’engrais minéral (17-17-17) et de semences ; - le crédit de campagne sur le coût total des intrants ; - un appui technique fourni par les techniciens de la Fédération et par le SNPRV dans le cadre d’une

convention de prestations de services ; - une garantie d’achat de la production avec un prix plancher déterminé avant la récolte ; - l’alphabétisation et la formation des responsables de groupements.

A cet appui direct s’ajoute la réalisation d’aménagements hydrauliques et la construction de hangars de stockage. Enfin, si les services apportés par la Fédération sont identiques à Timbi Madina et à Ndindo, les producteurs de l’UGTM se distinguent par un niveau technique important et une capacité d’organisation élevée qui en font un groupe leader au sein de la Fédération.

2.2- Typologie des producteurs et fonctionnement des unités de production :

2.2.1- Revenus sur le bas-fond et sur l’ensemble de l’exploitation – Produits bruts du maraîchage

En première analyse, pour l’ensemble des adhérents enquêtés à Timbi Madina, l’étude des produits bruts sur bas-fond et des revenus montre que : - les revenus totaux hors revenu de l’élevage et revenu non agricole (sommes des revenus du bas-fond, de la

tapade et des champs extérieurs) des sous-unités de production varient de 500 000 à 3 000 000 NGF ; - les revenus du bas-fond varient de 100 000 à 2 000 000 NGF et représentent près de 75 % du revenu total

hors élevage et activités non agricoles ; il constitue, dans tous les cas, la première source de revenu sur la sous-unité de production ;

- la tapade est la seconde source de revenu (en moyenne 20 % du revenu total), les champs de fonio ne représentant que 5 % des revenus enquêtés ;

- les cultures d’intersaison n’ayant pas été concluantes en 1999, il est difficile de parler de revenus pour des opérations bien souvent déficitaires. Cette culture constitue cependant un formidable potentiel. La quinzaine de producteurs du groupement d’intersaison (cultivant une surface de 60 hectares de pommes de terre en culture pure) avait cependant pris une quantité de semences proche du double de ce qu’avait pris l’ensemble de l’UGTM pour la saison sèche. C’est donc un phénomène majeur qui se met en place à Timbi Madina.

- le produit brut de la pomme de terre représente en moyenne près de 73 % du produit brut du bas-fond ; le maïs et l’arachide, qui succèdent à la pomme de terre, contribuent pour 11 %, en moyenne à ce produit brut ; le riz qui succède à l’association maïs arachide y contribue pour 16 % ;

- la vente de pomme de terre à la Fédération représente 64 % du revenu de la pomme de terre ; les autres recettes proviennent de la vente du petit calibre comme semence (à la récolte ou pendant la saison des pluies) ou de la valorisation de cette semence par une culture hors du bas-fond. De même, sur l’ensemble de l’échantillon d’enquête de Ndindo, il apparaît que :

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- les revenus agricoles (revenus totaux hors revenus extérieurs) des sous-unités de production varient de 600 000 à 2 500 000 NGF : ils sont par conséquent du même ordre de grandeur qu’à Timbi Madina ;

- les revenus du bas-fond varient de 200 000 à 2 000 000 NGF et représentent en moyenne 70 % du revenu total ; il constitue, dans tous les cas, la première source de revenu sur la sous-unité ;

- les champs extérieurs de riz ou de fonio cultivés sur le brûlis des coteaux sont la seconde source de revenu (en moyenne 20 % du revenu total) ; la tapade, cultivée uniquement par les femmes, constitue pour elles la troisième source de revenus (en moyenne 10 % du revenu total) ;

- le produit brut de la pomme de terre représente seulement 30 % en moyenne du produit brut du bas-fond soit une proportion nettement plus faible qu’à Timbi Madina ; la contribution du maïs au produit brut de bas-fond est supérieure à celle de la pomme de terre (38 % en moyenne du produit brut du bas-fond) ;

- le produit brut par are de la pomme de terre (59 400 NGF/are) est, en moyenne, sensiblement inférieur à celui des deux variétés d’aubergine (135 300 NGF/are pour le cobo-cobo et 107 000 NGF/are pour le diakatou) et à celui du piment (152 800 NGF/are).

2.2.2- Typologie des producteurs :

2.2.2.1- Timbi Madina : Les 18 adhérents enquêtés appartiennent tous au groupement de Laafou I qui a été choisi pour son homogénéité et la facilité d’accès aux informations le concernant. Des visites effectuées auprès d’autres groupements ont cependant montré qu’il existe de fortes variations entre les groupements et que le cas de Laafou I n’était pas généralisable à l’ensemble de l’UGTM.

Les critères de différenciation

La première remarque que nous pouvons faire concernant les adhérents de Laafou I, est qu’ils ont majoritairement abandonné la culture de fonio et se concentrent sur la culture de riz irrigué qui leur apporte les céréales dont ils ont besoin pour nourrir leur famille. Une parcelle de riz de 1 200 m² fournit en effet à peu près autant de céréales qu’un hectare de fonio, alors que les surfaces disponibles par producteur sur les plaines sont de 3 000 à 4 000 m² en moyenne (Cf. Jean-Marc Garreau 93). Le travail effectué dans le bas-fond pour le riz est d’autant plus rentable qu’il prépare la venue de la pomme de terre. Il y a alors complémentarité au lieu de concurrence entre le maraîchage et la production céréalière.

La seconde remarque concerne l’organisation des cultures du bas-fond : Il existe une très grande homogénéité des productions du bas-fond (Pomme de terre, puis maïs et arachide parfois, puis riz), et une très grande homogénéité des techniques de production au sein de ce groupement (notamment sur l’itinéraire technique de la culture de pomme de terre). Cette homogénéité traduit le fort encadrement que représente la Fédération dans Laafou I. Chacun n’a en effet pas la liberté de cultiver ce qu’il veut et comme il le veut au risque de se voir expulser du bas-fond.

Il n’y a pas de plus de relation simple entre les surfaces exploitées en bas-fond et les rendements obtenus. La main d’œuvre est presque toujours salariée (le travail dans le bas-fond reste très déconsidéré). Les familles nombreuses ne semblent pas avoir un avantage comparatif par rapport aux autres et font tout autant appel à des salariés.

La dernière remarque concerne la difficulté à comparer deux adhérents en se concentrant sur le bas-

fond. D’une part la distribution initiale a été égale entre tous les adhérents, d’autre part, contrairement à d’autres zones de production, deux adhérents ayant une même surface en bas-fond peuvent avoir des logiques très différentes. Cette logique est à mettre en relation avec deux autres points principaux qui n’ont pas pu être correctement quantifiés : la présence d’un apport financier non agricole qui permet de financer les dépenses nécessaires à la mise en culture du bas-fond, et l’utilisation du petit calibre pour des cultures hors du bas-fond. Le petit calibre peut être planté pendant la saison des pluies en tapade sur de petites surfaces gérées principalement par des femmes (contre-saison). Il peut aussi être utilisé pendant la fin de la saison des pluies sur d’anciens champs de fonio clôturés, amendés par des apports conséquents de fumier. Les champs du groupement d’intersaison, dépassant l’hectare, bénéficient depuis peu d’une irrigation d’appoint pour palier aux irrégularités des précipitations de cette saison. Il existe d’autres saisons intermédiaires possibles de production qui cherchent à atteindre des périodes où les prix sont plus élevés.

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La rentabilité des systèmes de production.

* Le bas-fond.

Voici les marges nettes d’un adhérent moyen possédant une parcelle de 6 casiers (1 200 m²) et réalisant un rendement pomme de terre de 14 t/ha. On se reportera au tableau de l’annexe 6 pour plus de précisions quant aux détails de ces calculs.

Celui-ci dépensera, principalement pour la pomme de terre et le riz :

560 000 NGF (4,7 millions NGF/ha) dont une part est à crédit auprès de la Fédération 360 000 NGF (64%)

Avec un produit brut du gros calibre de pomme de terre vendu à la FPFD de 590 000 NGF (4,9 millions NGF/ha), celui-ci gagnera tout d’abord au niveau de son bas-fond une marge nette de :

avec la pomme de terre vendue Fédé (350 NGF/kg) 109 000 NGF (32 % de 339 000NGF) (24 % de 450 000 NGF) avec le riz 108 000 NGF avec le maïs + arachide 122 000 NGF soit un total de 339 000 NGF (2,8 millions NGF/ha)

Ce bas-fond produit aussi 336 kg de petit calibre (20 % de la récolte). Ce petit calibre peut être aussitôt revendu pour ceux qui ont un besoin immédiat en trésorerie. Il sera alors vendu à un prix voisin ou inférieur à celui du gros calibre (300 NGF/kg), ce qui rajoutera

101 000 NGF (17 % de 590 000 NGF) (30 % de 339 000 NGF)

En considérant 40 % de pertes, les 200 kg de petit calibre restants peuvent aussi être revendus plus tard lorsque les prix atteignent 500 à 600 NGF/kg, ce qui rajoutera

120 000 NGF (20 % de 590 000 NGF) (35 % de 339 000 NGF)

Le seul bas-fond rapporte donc en moyenne 339 000 NGF + 110 000 NGF,

c’est à dire près de 450 000 NGF pour 6 casiers (3,8 millions NGF/ha)

* Si le petit calibre est utilisé en tapade :

On considère qu’on y cultive généralement 1 000 m² en pommes de terre, ce qui nécessite 150 kg de semences2. Les dépenses sur cette surface sont estimées à 90 000 NGF3. Le rendement semence est estimé à 4 (contre 7, soit 14t/ha en bas-fond). La pomme de terre produite est vendue 450 NGF/kg. La tapade procure donc un produit brut en pommes de terre de 270 000 NGF (46 % de 590 000 NGF), soit une marge nette de :

180 000 NGF (44 % de 339 000 NGF) En revendant les 130 kg de petit calibre restant (30 % de pertes) à 500 NGF/kg, cela rapporte en plus

60 000 NGF

2 Soit un manque à gagner de 90 000 NGF si on revendait ces 150 kg de petit calibre à 600 NGF/kg. 3 50 000 NGF d’engrais, 40 000 NGF de matière organique.

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Soit un total de 240 000 NGF, (41 % de 590 000 NGF) (71 % de 339 000 NGF)

* Si le petit calibre est utilisé sur la plaine en intersaison. :

En considérant qu’on cultive 200 kg de semences restantes (cela suppose 40% de pertes, ce qui est relativement optimiste), on peut emblaver une surface de 1 300 m². En considérant un rendement semence de 4 et des dépenses proches de celles de la tapade (ce qui est sous-estimé),

En vendant à 500 ou 600 NGF/kg au moment des fêtes, on peut gagner un produit brut de 480 000 NGF (80 % de 590 000 NGF) (3,7 millions NGF/ha) Cette culture est cependant risquée car les semences peuvent être attaquées par la teigne ou la pourriture,

et les rendements peuvent être faibles si les pluies cessent trop tôt. Elle était souvent pratiquée sur des extensions de tapade gagnées sur le sol à fonio, parfois cultivées en manioc.

Notons qu’il y a bien souvent un panachage de ces différentes hypothèses en fonction de la trésorerie disponible. Etudions la rentabilité du capital investi dans ces trois systèmes de production de pomme de terre :

Prenons le cas le plus simple d’un producteur qui revend son petit calibre à bas prix sans le réutiliser. Il lui faut investir 560 000 NGF mais la Fédération prend en charge à crédit 360 000 NGF. Il dépense donc 200 000 NGF. Il gagnera avec cela une marge nette de 450 000 NGF. Le retour du capital investi par ce producteur est ainsi de 2,25 pour 1. Mais si ce producteur n’avait pas ses semences à crédit, il lui faudrait dépenser une somme initiale supérieure à la marge nette obtenue. Pour gagner 100 F, il lui faudrait tout d’abord en dépenser 124. On comprend ici l’intérêt que prend la Fédération en proposant les engrais et les semences 100 % à crédit. Or la Fédération cherche à diminuer la part qu’elle prend à crédit, augmenter le prix des intrants et diminuer le prix d’achat au producteur.

En tapade, de même, le producteur dépensera 90 000 NGF pour gagner une marge nette de 180 000 NGF, soit un retour du capital de 2. La tapade devient donc à peu près aussi rentable que le bas-fond, et presque toutes les tapades de Timbi Madina se couvrent peu à peu de pommes de terre. D’où l’intérêt suscité par le petit calibre pour les personnes n’ayant pas accès au bas-fond. Il ne semble cependant pas y avoir de dépassement de la demande qui engendrerait une flambée des prix, et la Fédération ne voit pas l’intérêt d’intervenir à ce niveau en proposant de meilleures semences, certes, mais à un prix nettement moins avantageux.

Nous ne pouvons pas faire ce calcul pour les champs d’intersaison, mais si le revenu par unité de surface peut être plus faible qu’en tapade vu les investissements initiaux nécessaires (qui pourraient atteindre les 3 à 5 millions par hectare mais qui peuvent être amortis sur 3 à 5 ans), les surfaces désormais cultivables sont bien plus importantes, acquises en 1998-1999 pour le groupement d’intersaison. Il faut de plus ajouter la marge nette du maïs cultivé après la pomme de terre. L’accès au foncier reste un facteur à prendre en compte : D’une part de très vastes zones semblent disponibles, mais d’autre part la pression sur ce foncier est forte vue la densité de population à Timbi Madina. La Fédération cherche à organiser cette production et à obtenir des semences de bonne qualité pour cette période de production.. Cette culture reste surtout l’apanage des adhérents qui ont la plus forte capacité d’investissement, financée le plus souvent par un revenu extra agricole.

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La typologie et les stratégies des producteurs :

La typologie des adhérents de Laafou I souligne la stratégie des acteurs, par rapport à trois principales sources de revenu : le bas-fond, le champ de pomme de terre hors bas-fond, et les revenus extra agricoles. Il nous semble important de ne pas mettre en avant la surface cultivée en bas-fond parce que cela gomme le rôle fondamental des deux autres sources de revenu. Nous n’avons pourtant des chiffres fiables que pour ce système de production. Notre typologie reste alors surtout qualitative.

Tableau 3 : Caractérisation des 5 types de producteurs de pommes de terre – Timbi Madina

Type 1 Type 2 Type 3 Type 4 Type 5 Surface dans Laafou I

600 à 3 400 1 400 à 1 800 1 200 à 4 200 600 à 2 400 1 400

Revenu Non Agricole

Non

pension, petit

commerce.

Non

Salaire,

gros commerce

Non

Champ de Pommes de terre Hors bas-fond

Non

Non

Environ 1000 m²

en tapade

Souvent vastes champs, lourds investissements

Parfois

Revenus totaux

Proportionnels à la Surface en

bas-fond, parfois très faibles

Globalement

moyens

Comparables

au type 2

Parmi les plus

élevés

Pas de données significatives

Pourcentage de ce type dans LaafouI

46 %

16 %

10 %

14 %

14 %

Type 1 : Les producteurs centrés sur le bas-fond. Près de la moitié des adhérents de Laafou I font partie de ce type et tirent plus de 80 % de leur revenu

du bas-fond, ce qui montre le succès de la Fédération à ce niveau. Le bas-fond leur fournit à la fois les vivres (riz, maïs et arachide) et l’argent (pommes de terre, principalement) dont ils ont besoin. A raison d’un casier par actif à peu près, il y a parmi ce type des producteurs qui ont de petites surfaces (moins de 1 400 m²), souvent âgées avec peu de bouches à nourrir ; et d’autres qui ont de grandes surfaces avec beaucoup de bouches à nourrir. Ce type de producteur a généralement une petite tapade de 1 000m² et produit quelques sacs de fonio. Mais ces revenus seront peu importants en regard de ceux issus du bas-fond.

Type 2 : Les producteurs en bas-fond ayant un revenu annexe. Ces adhérents, en plus du revenu des producteurs du type 1, reçoivent un revenu d’une activité non

agricole (commerce, artisanat, revenu de l’exode). Cet argent sert à acheter les intrants et la main d’œuvre nécessaires à la mise en culture du bas-fond et stabilise leur activité agricole.

On distingue dans ce type certains commerçants (par exemple) qui se sont mis tardivement à investir dans une petite parcelle de bas-fond qui ne représente qu’une petite partie de leur revenu total et pour qui le commerce est l’activité la plus rémunératrice.

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Type 3 : Les producteurs cultivant un champ de pommes de terre hors du bas-fond. Il s’agit principalement de femmes qui cultivent en tapade des pommes de terre de contre-saison en

utilisant leur petit calibre. Il s’agit surtout de personnes ayant une surface en bas-fond importante où ils produiront du petit calibre en quantité suffisante pour la tapade. Ces producteurs négligeront souvent la culture de maïs qui suit la pomme de terre et précède le riz, pour se concentrer sur leur tapade.

Plus rarement, il s’agira de producteurs qui cultivaient déjà un champ extérieur de plaine et qui l’ont mis en valeur grâce à la culture d’intersaison. Remarquons qu’il existe pour ces derniers des stratégies axées sur la patate douce ou le manioc, mais que la pomme de terre a tendance à les remplacer.

Type 4 : Les producteurs cultivant un champ de pommes de terre et ayant un revenu annexe. C’est parmi eux que se trouvent les adhérents les plus actifs de Laafou I et notamment des salariés dont

les agronomes travaillant avec le projet. Ceux-ci ont le plus souvent une dynamique orientée vers les champs de pomme de terre d’intersaison ou tout du moins de contre-saison. Ce sont des entrepreneurs qui placent leur argent dans l’agriculture. La plupart de ces producteurs font de l’agriculture leur activité principale. Ils y prennent des risques financiers en y investissant des sommes importantes. Ce sont eux qui cherchent par exemple à cultiver de la pomme de terre à presque toutes les saisons. C’est un groupe qui acquiert un poids croissant grâce à la Fédération.

Type 5 : Les gros producteurs de céréales hors du bas-fond.

Les producteurs de ce type sont les gros propriétaires terriens qui possèdent des parcelles

particulièrement productives ou vastes et qui tirent un revenu important de leurs champs de riz pluvial ou de fonio en faisant appel au kilé. Ce sont bien souvent des notables ou des descendants de notables du village, à moins qu’ils n’aient acquis leurs terrains dans une stratégie constante d’appropriation foncière. Ceux-ci ont une petite surface dans le bas-fond du groupement mais sont parfois propriétaires d’autres bas-fonds. Ayant de gros besoins de main d’œuvre et parfois peu de ressources monétaires, ces personnes sont dans une logique de troc (céréales contre main d’œuvre) bien différente des autres. C’est un groupe qui s’est tourné tardivement vers la Fédération et qui a un peu perdu de son importance depuis que la Fédération est en place.

2.2.2.2 Ndindo : A la suite d’une réunion rassemblant les responsables de 10 groupements de Ndindo et d’un repérage sur le terrain, 13 producteurs appartenant à 5 groupements ont été sélectionnés sur la base des critères de pré typologie. Les producteurs retenus pour construire la typologie sont les 8 adhérents qui cultivent effectivement la pomme de terre, un groupe d’adhérents de Ndindo en effet ne cultive pas la pomme de terre. Le principal critère utilisé pour cette typologie est le niveau de contrainte hydrique en bas-fond. Les principales caractéristiques des 3 types identifiés sont données dans le tableau 4 ci-dessous.

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Tableau 4 : Caractérisation des trois types de producteurs de pommes de terre – Ndindo Critère Type 1 Type 2 Type 3

Pour comparaison Timbi Madina

Situation dans la toposéquence Dépression centrale

Bourrelet de berge et zone proche du cours

d’eau

Zone éloignée du cours d’eau après la

dépression centrale.

Contrainte hydrique

Inondation importante en saison des pluies et

engorgement en début saison sèche

Inondation faible Irrigation aisée en saison sèche

Inondation faible Irrigation difficile

Inondation faible et maîtrisée

Irrigation aisée

Surface bas-fond 2 400 m² 3 400 m² 2 800 m² 1 200 m² Revenu bas-fond 560 000 NGF 1 500 000 NGF 3 100 000 NGF 500 000 NGF Revenu bas-fond / m² 230 NGF/m² 450 NGF/m² 1 100 NGF/m² 420 NGF/m² Système de culture pomme de terre

Pdt / maïs ou Pdt / Ø Pdt / maïs / riz Pdt / maïs / riz Pdt / maïs /riz

Autre système de culture en bas-fond

Maïs pur ou riz pluvial (saison sèche)

Piment ou aubergine + maïs (saison sèche)

Piment ou aubergine + maïs (saison sèche) Ø

Surface pomme de terre 1 000 m² 840 m² 580 m² 1 200 m² Part de la surf. en pdt. 42 % 25 % 25 % 100 % Rendt pomme de terre 6,4 t/ha 32 t/ha 17,7 t/ha 14 t/ha Revenu pomme de terre 230 000 NGF 880 000 NGF 360 000 NGF 310 000 NGF Part de la pdt dans le Rev tot du bas-fond 35 % 42 % 10 % 57 %

Type 1 : Les producteurs de la dépression centrale.

Les producteurs de ce type se sont lancés tardivement dans le maraîchage de bas-fond et cultivent la pomme de terre depuis moins de 5 ans. De ce fait, les parcelles qui leur ont été attribuées sont celles sur lesquelles la contrainte hydrique est la plus forte. Leur terrain est souvent inondé en saison des pluies à partir du mois de juillet et une culture de maïs en succession à la pomme de terre n’y est pas toujours possible. De plus, le retrait tardif de l’eau en début de saison sèche les amène à différer la plantation de la pomme de terre jusqu’au mois de décembre voire au-delà. Les rendements qu’ils obtiennent alors sur la pomme de terre sont peu élevés et les produits bruts qu’ils en tirent sont plus faibles que pour les types 2 et 3. Cette tendance est encore plus accentuée pour la campagne 1997-1998 qui, pour les producteurs de type I interrogés fut une mauvaise année (rendement moyen de 6,4 t/ha pour les producteurs considérés 4 ). Il est vraisemblable que les engrais minéraux pris à la Fédération ne soient pas intégralement utilisés sur cette culture. Ce type de producteurs est également celui où les producteurs achètent le moins de matière organique : ces achats se situent à un niveau très bas de 3 NGF par m² avec un sac de fiente de volaille pour 2500 m². En comparaison, ces achats s’élèvent à 45 NGF avec un sac de fiente de volaille pour 110 m² pour les types 2 et 3. Ces producteurs sont pourtant ceux qui ont la plus grande surface en bas-fond. La pomme de terre, à cycle court, est en effet particulièrement intéressante pour ces producteurs qui disposent de peu de temps cultivable dans leur bas-fond. En terme de revenu, cette forte contrainte hydrique se traduit par un faible revenu du bas-fond (560 000 NGF) et surtout par un faible revenu par m² (230 NGF/m²). Ne disposant pas par ailleurs de revenu non agricole, leurs disponibilités monétaires sont faibles. La main-d’œuvre utilisée sur la pomme de terre est uniquement familiale. Par contre, ils utilisent un peu d’entraide rémunérée et de la main-d’œuvre salariée sur d’autres cultures du bas-fond.

4, 5 et 6 Etant donné le faible effectif considéré, ce chiffre de rendement doit être considéré avec prudence et permet essentiellement d’illustrer une tendance.

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Type 2 : Les producteurs du bourrelet de berge. Ce type correspond aux producteurs qui disposent des parcelles pour lesquelles la contrainte hydrique est la plus faible. L’irrigation facile grâce à la proximité de la motopompe, et le départ rapide de l’inondation après la fin de la saison des pluies permet un semis précoce de la pomme de terre. Celle-ci est plantée en début novembre, avec des niveaux de fertilisation bien plus élevés que dans le type 1. Elle donne un rendement de 32 t/ha pour les deux adhérents enquêtés 5 ce qui n’est sans doute pas représentatif mais indique que cette situation est très favorable à la pomme de terre. De même, le rendement du riz est près de deux fois plus élevé que pour les producteurs de type 1 (820 kg/ha contre 460 kg/ha) mais reste encore relativement faible pour du riz irrigué à cause de la faible maîtrise de la lame d’eau. La contribution de la pomme de terre au produit brut total du bas-fond est également plus forte que pour les deux autres types (42 %). Le revenu du bas-fond est trois fois plus élevé que pour les adhérents du type 1 et la productivité au m² deux fois plus importante. Les dépenses de consommation intermédiaires par m² y sont également trois fois supérieures (154 NGF/m² contre 54 NGF/m²) avec, en particulier, une très forte augmentation des achats de fumier et de fiente. La vente de pomme de terre (mars), de piment, d’aubergine (mars à juin) et de maïs du bas-fond (septembre, octobre) leur procure des revenus monétaires importants et étalés dans le temps. En conséquence, ces producteurs recourent davantage que ceux du type 1 à la main-d’œuvre salariée et à l’entraide rémunérée en particulier pour la plantation de la pomme de terre et pour la récolte de l’aubergine et du piment. De même, le labour du bas-fond fait l’objet d’une prestation de service en culture attelée. Type 3 : Les producteurs éloignés du fleuve. Les producteurs de ce type disposent de parcelles dont l’irrigation est rendue difficile du fait de la distance qui sépare leurs parcelles de la prise d’eau. Dans cette situation, les rendements de la pomme de terre sont plus aléatoires que pour les producteurs du type 2. Ceci les amène à limiter leur surface pour cette culture dont le produit brut ne représente plus que 10 % du produit brut de l’ensemble du bas-fond. Les rendements enregistrés pour la campagne 1997-1998 sont cependant satisfaisants (17,7 t/ha 6 )

Par contre, cette contrainte hydrique affecte moins l’aubergine et le piment dont les rendements sont plus élevés que pour les adhérents du type 2. Ainsi, la somme des produits bruts de l’aubergine et du piment dépasse largement le produit brut de la pomme de terre (45 %). De ce fait, le revenu total du bas-fond et le revenu par m² sont deux fois plus élevés pour les producteurs du type 3 que pour les adhérents du type 2 pour des dépenses en consommations intermédiaires légèrement supérieures (167 NGF/m²).

Le recours à l’entraide rémunérée et la main-d’œuvre salariée est fréquent sur la pomme de terre (semis et récolte), sur le piment (semis et récolte) et l’aubergine (repiquage). Comme pour le type 1, le labour du bas-fond fait l’objet d’une prestation de service en culture attelée. 2.2.2.3 Comparaison des producteurs de pommes de terre à Timbi Madina et Ndindo : En terme de revenu agricole, de revenu du sous-système de bas-fond et de contribution du bas-fond au revenu total, les caractéristiques des producteurs de pommes de terre sont très voisines pour les deux zones.

Par contre la place qu’occupent les champs de coteaux à Ndindo est nettement plus importante que la place qu’occupent les champs de fonio à Timbi Madina où le bas-fond est devenu le pourvoyeur principal de céréales. Inversement, les tapades ont un rôle plus important à Timbi Madina qu’à Ndindo. La pomme de terre n’occupe pas non plus une place équivalente dans ces deux endroits.

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Dans le bas-fond de Laafou I, les itinéraires techniques et les calendriers culturaux sont très homogènes ce qui se traduit par des variations de rendements assez limitées entre producteurs.

Dans le bas-fond de Ndindo, chacun est libre de s’organiser comme il l’entend. Il faut tenir compte des variations importantes des contraintes hydriques à Ndindo qui induisent des décalages importants dans les calendriers culturaux des producteurs et des résultats contrastés en terme de rendement de la pomme de terre. Ainsi, le semis sera différé dans les parties de la plaine exondées le plus tardivement ce qui induira généralement une diminution de rendement. Les risques d’inondation en saison des pluies dans les parties basses de la plaine dissuaderont les producteurs d’y implanter des cultures à cycle long en saison sèche. De même, un accès à l’eau difficile en relation avec un éloignement de la parcelle à la motopompe amènera les producteurs à préférer à la culture de la pomme de terre celle d’espèces maraîchères qui supportent des doses d’irrigation plus faibles et plus irrégulières. Il apparaît clairement à Ndindo que la part de la pomme de terre dans le revenu total du bas-fond sera d’autant plus élevée que la situation hydrique de la parcelle sera plus favorable. Cependant, même lorsque les conditions de milieux sont propices à la culture de la pomme de terre, les producteurs diversifient les cultures de bas-fond de saison sèche (piment et aubergine associés au maïs) lorsque cela est possible. Les revenus de bas-fond par mètre carré sont d’autant plus élevés à Ndindo que les autres cultures maraîchères occupent une forte part des parcelles de bas-fond. La pomme de terre semble n’être dans le bas-fond de Ndindo qu’une culture parmi d’autres qui sont souvent plus rentables. A Timbi Madina, par contre, la pomme de terre a un rôle bien plus important depuis qu’elle est sortie du bas-fond pour coloniser la tapade et (plus récemment) les champs dits de plaine. 3- Les producteurs d’oignon de Tougué – Mombeya et de Donghel Sigon :

3.1- Caractérisation des zones et de la filière

3.1.1- Les zones de Tougué – Mombeya et de Donghel Sigon :

Tougé – Mombeya : Cette zone est située au nord-est du Fouta Djallon en retrait des grands axes d’échanges. Les altitudes sont comprises 700 et 900 m. La moyenne annuelle des températures enregistrée à Tougué est de 22,5 ° C, la pluviométrie annuelle de 1351 mm par an (période 1979-1986). La densité de population est faible dans les parties nord et est de la préfecture de Tougué avec environ 40 habitants/km² , mais plus importante dans sa partie sud et dans la sous préfecture de Mombeya (jusqu’à 80 habitants/km²).

Du point de vue du milieu physique, trois parties peuvent être distinguées :

- au sud une zone de plaines et de collines ; - au centre, une zone de plateaux à cuirasses latéritiques affleurantes ou bowé, entrecoupée par de nombreuses

vallées et plaines fertiles ; - au nord, une zone de plateaux et de collines.

Le maraîchage est pratiqué dans des bas-fonds non aménagés. L’oignon est, suivant le cas cultivé en pur ou en association avec d’autres cultures maraîchères. Donghel Sigon :

La préfecture de Donghel Sigon est située au nord du Fouta Djallon. Elle est marquée par l’importance des surfaces en bowé et par-là même par la proportion relativement faible des surfaces cultivables. De ce fait, avec une densité démographique de 50 habitants/km², la pression foncière y est importante. La préfecture est fortement enclavée avec un réseau de pistes en très mauvais état. La pluviométrie annuelle s’élève environ à 1 500 mm (période 1979-1986). La température annuelle moyenne est comprise entre 19 et 20 ° C et l’altitude entre 950 et 1 050 m.

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Trois parties distinctes peuvent être distinguées dans la préfecture de Donghel Sigon : - les montagnes du nord-est présentant des reliefs accidentés et de fortes pentes : il s’agit d’une zone

particulièrement enclavée avec moins de 20 habitants/km² mais qui présente de fortes potentialités agricoles encore peu valorisées, en particulier en bas-fonds.

- La plaine centrale marquée par un relief plus plat. La densité de population y est la plus élevée de la préfecture (60 habitants/km²), les échanges commerciaux sont plus importants et les bas-fonds plus larges ;

- Les bowé du sud et de l’est, partie la plus étendue. Les plateaux latéritiques y sont entrecoupés de vallées encaissées. La densité de population est d’environ 30 habitants/km².

Le maraîchage de bas-fond est pratiqué depuis une trentaine d’année dans la partie centrale à partir de

laquelle il s’est propagé. Les bas-fonds n’ont pas bénéficié d’aménagement et leur taille est généralement réduite (moins de 2 ha).

La culture de l’oignon en bas-fond y est le plus souvent pratiquée en association avec d’autres cultures

maraîchères dont, en particulier, l’aubergine et le piment.

3.1.2- La filière oignon de la Fédération :

De manière générale en Moyenne Guinée, les zones de forte production d’oignons sont avant tout les zones les plus enclavées où les conditions de transport sont les plus difficiles. En effet, l’oignon présente deux avantages pour les producteurs de ces zones : d’une part il peut se conserver plusieurs mois après la récolte s’il est stocké dans de bonnes conditions ; d’autre part, il n’est pas fragile et ne craint pas de mauvaises conditions de transport.

Du point de vue historique, c’est en 1992 que fut mise en place l’Union Régionale des Producteurs d’Oignons, première organisation des producteurs du Fouta Djallon. Un blocage des importations d’oignons fut négocié avec le gouvernement et un gros commerçant libanais s’engagea à livrer des intrants à crédit et à racheter la production à un prix négocié. Les producteurs s’engagèrent quant à eux à livrer 3 000 t d’oignons. Cependant, le blocage des importations entraîna une flambée des cours et le commerçant ne put contrôler qu’une faible part de la production. En juillet 1994, la Fédération mit en place sa filière oignon. Elle négocia avec des commerçants de Labé pour fixer des prix planchers aux producteurs et garantir le ramassage de la production. Après des débuts encourageants, les commerçants en contrat avec la Fédération se heurtèrent pour la campagne 1995-1996 à un dumping des importations d’oignons de Hollande et ne purent remplir leurs engagements. La Fédération décida d’acheter elle-même une part de la production mais fut limitée par ses moyens financiers. Les campagnes 1996-1997 et 1997-1998 furent marquées par des difficultés importantes liées en particulier à des problèmes de récupération des prélèvements auprès des groupements ce qui occasionna des tensions importantes au sein de la Fédération. Ainsi, pour la campagne 1998-1999, la Fédération a pris la décision d’exclure les groupements qui n’avaient pas remboursé la totalité de leur crédit et de ne plus faire crédit à ceux qui n’avaient pas payé leurs prélèvements et cotisations. L’Union de Donghel Sigon a été encore plus stricte puisque tous les intrants ont été vendus cette année au comptant, en incluant les prélèvements dans le prix des semences. La filière oignon regroupe aujourd’hui 19 unions de zone, 173 groupements et 8 500 adhérents.

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3.2- Typologie des producteurs et fonctionnement des unités de production :

3.2.1- Revenus du bas-fond et de l’ensemble de l’exploitation – Produits bruts du maraîchage :

De façon globale, pour l’ensemble des adhérents enquêtés à Tougué et Mombeya, l’étude des produits bruts du bas-fond et des revenus montre que : - les revenus agricoles totaux hors tapade des sous-unités de production varient de 77 000 à 1 300 000 NGF ; - les revenus du bas-fond varient de 6 000 à 620 000 NGF et représentent en moyenne 52 % du revenu

total hors tapade et 72 % du revenu agricole hors tapade ; il constitue, dans la majorité des cas, la première source de revenu sur la sous-unité ;

- le produit brut de l’oignon représente 70 % en moyenne du produit brut du bas-fond.

De même, sur l’ensemble de l’échantillon de Donghel Sigon : - les revenus agricoles hors élevage des sous-unités de production varient de 140 000 à 950 000 NGF ; - les revenus du bas-fond varient de 80 000 à 620 000 NGF et représentent en moyenne 56 % du revenu

agricole hors élevage ; il constitue, dans la majorité des cas, la première source de revenu sur la sous-unité ; - suivant le cas, la tapade ou les champs extérieurs sont la seconde source de revenu (en moyenne 22 et 23 %

du revenu agricole hors élevage) ; - le produit brut de l’oignon représente seulement 28 % en moyenne du produit brut du bas-fond ; la

contribution de l’aubergine de Guinée (diakatou) au produit brut de bas-fond est supérieure à celle de l’oignon (30 % en moyenne du produit brut du bas-fond) ; celle du piment presque équivalente (22 %) ;

- le produit brut par are de l’oignon (23 000 NGF/are) est voisin de celui de l’aubergine (20 000 NGF/are pour le diakatou) et celui du piment (18 000 NGF/are).

3.2.2- Typologie des producteurs :

3.2.2.1- Tougué Mombeya : Les 30 adhérents enquêtés appartiennent à 11 groupements faisant partie des Unions de Koïn, Konah, Tangaly et Mombeya.

Tableau 5 : Caractérisation des quatre types de producteurs oignons – Tougué Mombeya

Critère Type 1 Type 2 Type 3 Type 4 Type de maraîchage

Maraîchage de saison sèche en bas-fond

Maraîchage de saison des pluies

sur versants

Surface maraîchère de 50 à 1 500 m² moy : 400 m²

de 600 à 800 m² moy :700 m²

de 1 100 à 2 650 m² moy : 1 500 m²

de 700 à 2 150 m² moy : 1 500 m²

Revenu agricole tot (hors tapade) < 200 000 NGF de 690 000 NGF

à 950 000 NGF de 300 000 à 820 000 NGF

de 147 000 à 1 300 000 NGF 7

Revenu du maraîchage < 120 000 NGF de 240 000

à 500 000 NGF de 300 000 à 770 000 NGF

de 380 000 à 1 260 000 NGF

Part du maraîchage dans le revenu agic < 50 % < 50 % > 70 % > 90 %

Produit brut de l’oignon < 80 000 NGF de 200 000

à 440 000 NGF de 110 000 à 460 000 NGF

de 380 000 à 1 500 000 NGF

7 Les revenus agricoles faibles s’expliquent par des revenus fortement négatifs pour les sous systèmes de production de champs extérieurs et d’élevage.

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Type 1 : « Les petits producteurs extensifs » : Les adhérents de ce type sont souvent des femmes dont le mari est parti travailler hors de la zone8, avec un ou deux enfants pour l’aider ; ou un homme âgé. Les surfaces cultivées par ces producteurs varient de 500 à 1 500 m². Ils cultivent l’oignon en saison sèche sur le bas-fond, mais les systèmes de culture du bas-fond restent très variés. Il peut s’agir d’une culture pure d’oignon, mais bien plus souvent d’une association avec le maïs ou d’autres cultures maraîchères. Le bas-fond est parfois cultivé ensuite en saison des pluies. Ces producteurs sont caractérisés par les faibles produits bruts qu’ils tirent de la culture de l’oignon (moins de 80 000 NGF) et les revenus médiocres qu’ils obtiennent sur leurs parcelles de bas-fond (moins de 120 000 NGF). De façon plus générale, leurs revenus agricoles hors tapade sont les plus faibles de l’échantillon pour la zone de Tougué Mombeya (moins de 200 000 NGF) et les revenus du maraîchage représentent moins de la moitié du revenu total de ces producteurs. S’ils apportent tous une fumure organique sur leurs parcelles en oignon, une partie d’entre eux n’utilisent pas d’engrais minéral. Dans tous les cas, les rendements qu’ils obtiennent sur l’oignon sont extrêmement faibles (rendements moyens proches de 3 tonnes/ha).

Type 2 : « Les petits producteurs intensifs ». Ces producteurs disposent d’une surface limitée en bas-fond (600 à 800 m²) sur laquelle ils obtiennent un produit brut pour l’oignon et un revenu total trois fois plus élevé que les producteurs de type 1. Leurs revenus agricoles sont plus élevés en moyenne que pour les producteurs de type 1 et 3 et les revenus du bas-fond représentent moins de la moitié du revenu total hors tapade. Ces producteurs apportent à la fois de l’engrais organique et de l’engrais minéral avec, semble t’il, une meilleure réponse à la fertilisation que les producteurs du type 1 (rendement moyen de 12,7 tonnes/ha). Leur culture en bas-fond est plus intensive. On peut supposer qu’ils disposent d’une plus forte disponibilité en main d’œuvre que les producteurs du type 1.

Type 3 : « Les grands producteurs extensifs » : Ces producteurs cultivent des surfaces de bas-fond importantes comprises entre 1 100 et 2 650 m². L’oignon y est souvent cultivé en culture pure. Son produit brut varie fortement (problèmes phytopathologiques par endroit) mais ne dépasse pas les valeurs observées pour le type 2 pour des surfaces inférieures. Les revenus agricoles hors tapade sont intermédiaires entre ceux des producteurs de type 1 et 2. Par contre, le revenu du bas-fond dépasse, en moyenne, celui des types 1 et 2 et le revenu du maraîchage représente plus de 70 % du revenu total. Comme les producteurs de type 2, ils utilisent à la fois de l’engrais minéral et organique sur l’oignon avec une meilleure réponse en terme de rendement que les producteurs de type 1, mais leurs rendements restent faibles (moins de 10 tonnes/ha). On peut supposer que ces producteurs disposent d’une main d’œuvre voisine de celle que possèdent les producteurs du type 2, mais avec de plus grandes surfaces.

Type 4 : Les producteurs d’oignon de saison des pluies : Ce type de producteurs est à bien distinguer des trois autres car il a des systèmes de culture très différents. La culture d’oignon de saison des pluies est pratiquée depuis fort longtemps par les producteurs de la région de Galy (sous préfecture de Mombeya) en champs extérieurs. Les parcelles sont localisées sur des sols riches développés sur une roche mère doléritique (souvent des falaises de roche sombre), en bas de pente ou sur des ruptures de pentes aménagées en terrasses. Sur le glacis, la culture de l’oignon est pratiquée pendant 1 ou 2 ans après un cycle de riz pluvial qui ouvre la rotation après défriche ; une jachère de 7 à 12 ans lui succède. Sur terrasse, la culture de l’oignon est suivie par un cycle de haricot puis par un cycle de maïs ou de manioc ; cette rotation se répète sans jachère.

La grande fertilité naturelle de ces sols constitue une véritable rente de situation pour ces producteurs de Galy qui, de façon très générale n’apportent sur leurs parcelles d’oignon ni engrais organique ni engrais minéral. 8 Ce qui ne s’accompagne pas souvent d’envoi d’argent à la famille restée sur place.

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De plus, cette culture est beaucoup moins exigeante en main-d’œuvre qu’une culture de saison sèche puisqu’elle ne nécessite aucun arrosage. La production est également mieux valorisée car elle profite alors des cours élevés au moment de la récolte (500 NGF en septembre à Galy). Les surfaces ainsi exploitées sont de dimensions variables mais en moyenne plus étendues qu’en bas-fond. Les revenus de cette culture d’oignon représentent la quasi-totalité des revenus agricoles hors tapade de l’unité de production. On enregistre pour ces producteurs les revenus du maraîchage les plus élevés de l’échantillon. Ces revenus permettent notamment de financer la main-d’œuvre salariée sur les champs extérieurs et les dépenses de l’élevage. Les producteurs de ce type qui cultivent les plus grandes parcelles en oignon et qui en tirent les revenus les plus forts perçoivent, par ailleurs, d’autres revenus d’activités non agricoles. 3.2.2.2- Donghel Sigon :

Les critères de différenciation Notons tout d’abord que :

- La majorité des producteurs d’oignon entre tard dans le bas-fond car elle est retenue sur les champs de fonio. Les producteurs qui ont de très faibles rendements en fonio (ceux qui cultivent sur ndantari) ou qui ont leur champ de fonio près de chez eux sont les premiers à entrer dans leur bas-fond, ce qui leur permet souvent de mieux rentabiliser les cultures qu’ils y produisent. Malgré cela, il n’existe pas de relations fortes entre les revenus du bas-fond d’une part, les revenus de la tapade et des champs extérieurs d’autre part. Par contre, il y a en quelque sorte un équilibre qui s’établit entre la tapade et le champ extérieur : ceux qui tirent le plus de revenu de leur tapade en tirent moins de leur champ extérieur, et inversement ;

- Les producteurs mettent en œuvre des stratégies nettes de répartition des risques et d’étalement des revenus monétaires du bas-fond en cultivant d’autres espèces maraîchères que l’oignon. La culture d’oignon associée à celle des aubergines et des piments est ainsi la règle ;

- Les produits bruts du bas-fond par m² sont d’autant plus faibles que les surfaces sont importantes. Cette observation rejoint la tendance à l’extensification sur les grandes surfaces qui a déjà été observée à Horé Mamou.

La typologie des producteurs.

18 adhérents ont été enquêtés sur la préfecture de Donghel Sigon. Ils appartiennent à trois groupements de la zone centre (Téliko, Doumel, Iloya) et à un groupement de la zone sud (Bandéa Yérandé). Une typologie de ces producteurs est proposée ci-dessous. Elle est basée sur les différentes composantes du revenu agricole, notamment la place du revenu de l’oignon.

Tableau 6 : Caractérisation des trois types de producteurs d’oignons – Donghel Sigon

Critère Type 1 Type 2 Type 3 Part approximative de

ce type 60 % 30% 10%

Surface de bas-fond < 400 m² de 400 à 1 000 m² 650 m²

Revenu tot agricole < 400 000 NGF De 400 000 à 500 000 NGF > 500 000 NGF

Revenu Bas-Fond < 200 000 NGF de 200 000 à 400 000 NGF

Rev BF / Rev tot 45 % 70 % 60 %

Revenu Oignon < 50 000 NGF 60 000 NGF > 180 000 NGF

Rev Oignon/Bas-fond 30 % 16 % 45 % Nous ne décrirons pas à nouveau ces différents types, cela serait redondant, mais nous les

comparerons à ceux de Tougué Mombeya.

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3.2.3- Comparaison des producteurs de Tougué Mombeya et de Donghel Sigon :

Même si certains paramètres retenus sont différents, il est visible que les types 1 et 2 de Donghel Sigon (soit près de 90 % de l’échantillon) se rattachent au type 1 de Tougué Mombeya, caractérisé par une petite surface exploitée (moins de 1 000 m²), et un faible revenu de l’oignon (moins de 80 000 NGF).

De même, en ajoutant le revenu de la tapade, on retrouve un revenu agricole total du type 1 de Tougué Mombeya proche de celui des Types 1 et 2 de Donghel Sigon. Comme à Tougué Mombeya, les adhérents de ce type sont souvent des femmes seules avec de jeunes enfants ou des hommes âgés. Pour ce qui est des revenus totaux du bas-fond, les différences peuvent s’expliquer par la difficulté à mesurer ce paramètre et des méthodes d’enquête différentes. Elles pourraient s’expliquer par des différences de qualité des terrains, qui expliqueraient aussi que les rendements à Donghel Sigon soient plus élevés qu’à Tougué Mombeya (moyenne de 13t/ha). Elles pourraient s’expliquer enfin par des prix plus intéressants de l’aubergine et du piment à Donghel Sigon, dus à un meilleur marché (peut-être la proximité du Sénégal, intérêt de Yambering et Mali). Pareillement, le type 3 de Donghel Sigon se rattache au type 2 de Tougué-Mombeya, c’est à dire à un type possédant des surfaces agricoles à peu près équivalentes à celles du type précédent, mais les cultivant plus intensivement, aussi bien du point de vue de la fertilisation que du point de vue de la main d’œuvre utilisée. Dans les deux cas, nous restons dans une petite agriculture de type familial qui réussit mal à accumuler de la trésorerie grâce aux revenus du bas-fond. L’itinéraire technique de ces producteurs est globalement mal maîtrisé et sous-utilise l’engrais minéral dont les effets sont par ailleurs critiqués. L’oignon est pour eux une culture parmi d’autres dans leur logique de diversification pour lutter contre les aléas du marché ou du climat.

De plus, ces petits producteurs sont dispersés et vivent dans des lieux enclavés. Les difficultés liées à la commercialisation de cet oignon et les difficultés à recouvrir le crédit dans ces zones ont quelque peu rendu les producteurs méfiants vis-à-vis de la Fédération. Un assainissement de la situation actuelle va difficilement de paire avec une forte croissance du nombre d’adhérents dans ces zones étudiées. Il reste le type 3 de Tougué Mombeya, qui cultive de grandes surfaces en oignon, souvent en culture pure, rapportant l’essentiel du revenu, et le type 4 qui cultive de l’oignon de saison des pluies. Ces producteurs font de l’oignon une source de revenu importante et sont très impliqués dans la Fédération. Ils constituent probablement un moteur de développement possible de cette filière.

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PARTIE 3 : COMPARAISON DES ADHERENTS DE LA FEDERATION DES PAYSANS DU FOUTA DJALLON

Cette troisième partie porte un regard synthétique et transversal sur l’ensemble des informations collectées auprès des adhérents de la Fédération sur les cinq zones d’étude et pour les trois cultures concernées. Un premier paragraphe compare rapidement les zones d’étude, du point de vue de leur milieu puis du point de vue du degré d’intervention de la Fédération en en soulignant la diversité. Le second paragraphe compare les types et les zones étudiés d’un point de vue descriptif tout d’abord (comparaison de paramètres clés), puis plus analytique avec l’étude de l’efficacité de ces systèmes de production maraîchers. 1- Comparaison des zones d’intervention

1.1- Le milieu Les 5 zones concernées par cette étude font toutes partie du Fouta-Djallon. Elles n’en restent pas moins très différentes à de multiples égards. Le climat foutanien qui est marqué par une saison sèche et une saison des pluies de même durée connaît un gradient de précipitations Nord-Sud : il y a plus de pluies au Sud dans la préfecture de Mamou (près de 2 000 mm/an), qu’au nord dans celle de Labé (près de 1 500 mm/an). Ces précipitations n’ont pas une influence directe sur les cultures maraîchères qui sont majoritairement pratiquées en saison sèche, mais elles ont une influence indirecte sur le comportement hydrique des bas-fonds en relation avec la topographie et le type de sol. Globalement, les risques d’engorgement sont plus importants au sud, et les risques de tarissement des puits plus importants au nord. L’altitude est le second facteur climatique important qui joue sur les températures. Les températures nocturnes ne doivent pas être trop élevées (< 20 °C) pour que puisse avoir lieu une bonne tubérisation de la pomme de terre. Aussi la pomme de terre se développe-t-elle théoriquement mieux au Fouta Djallon lorsque l’altitude dépasse les 1 000 m. Pourtant, les trois cultures encadrées par la Fédération se développent toutes trois sur tout le Fouta-Djallon et on trouve de Mamou à Mali des pommes de terre, de l’oignon et de la tomate. Le callage des cycles est plus facile à certains endroits qu’à d’autres, mais les conditions climatiques sont rarement une contrainte forte pour les cultures considérées dans les conditions habituelles moyennes. On peut donc se demander ce qui explique le découpage géographique de la Fédération entre zones productrices d’oignons, de pommes de terre ou de tomates. L’explication est principalement historique : Quelques zones de grands bas-fonds aménagés (Timbi Madina, Soumbalako, Ndindo) ont été appuyées pour produire de la pomme de terre ; une autre zone proche de Mamou, siège d’une ancienne conserverie, pour produire de la tomate. L’oignon est présent depuis fort longtemps dans tout le Fouta Djallon. Il s’avère que le choix de la culture encadrée dépend surtout de la présence initiale d’un groupe de personnes motivées qui se met en relation avec la Fédération. La comparaison des cultures de pommes de terre, d’oignon et de tomate ne se fait donc pas dans l’optique de substituer une culture par une autre. Ce qui distingue les zones étudiées, c’est le type des terres cultivables (topographie, hydrographie et type de sol, végétation naturelle). - A Ndindo par exemple, les versants sont encore relativement bien boisés (Hansanghéré) et cultivables en riz pluvial près des villages (1 ou 2 km). D’où un intérêt encore fort pour cette culture. Le bas-fond aménagé de Ndindo est tout à fait favorable au maraîchage de saison sèche. Il est par contre complètement inondé en saison des pluies.

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- Les champs extérieurs de Horé-Mamou sont assez proches du village mais pas toujours très productifs en riz. Le régime hydrique des bas-fonds de Horé-Mamou (têtes de source des petits bas-fonds et grands bas-fonds qui ne s’engorgent pas trop et sont irrigables par motopompe) sont très favorables aux cultures maraîchères. - A Timbi Madina par contre, les champs dits de plaine (Ndantari) donnent de faibles rendements de fonio et ne sont pas rizicultivables. D’où un abandon de ces champs de fonio au détriment du bas-fond. Celui-ci, bien aménagé permet la culture de trois cycles de culture, dont un de riz. - A Donghel Sigon, les bowé (cuirasses de latérite) incultes occupent une place considérable dans le paysage et on ne peut globalement jamais cultiver de riz. Les champs de fonio sont souvent éloignés des habitations de plus d’une heure de marche à pied. Les bas-fonds sont étroits, rarement aménageables, et s’assèchent fréquemment en fin de saison sèche. - Les situations sont très variables dans le reste de la zone oignon. On rencontre encore beaucoup de zones de versants cultivables en riz. Les bas-fonds par contre sont souvent petits comme à Donghel Sigon. La zone oignon de saison des pluies avec ses versants proches de falaises de dolérites est encore une fois une exception à souligner. Un autre facteur fondamental vient de l’enclavement. - Horé-Mamou et surtout Ndindo sont situés tout près d’une grande route goudronnée.

- Timbi Madina est à l’écart mais de grands efforts sont fournis par la Fédération (entretien, construction de ponts) pour maintenir une bonne piste entre Timbi Madina et Pita (ou Hafia). - Donghel Sigon est extrêmement enclavé. Les pistes qui y mènent comme celles qui relient les différents villages sont à peine carrossables. Bon nombre de villages de la zone oignon (Missira et Kolé par exemple) connaissent ce même problème. Il ne s’agit majoritairement pas, de plus, de grands bas-fonds regroupant les producteurs, mais de très nombreux petits bas-fonds éparpillés dans toutes les directions. Les coûts et risques liés au transport de l’oignon sont donc bien plus élevés pour l’oignon que pour les autres cultures. Donghel Sigon bénéficie d’un marché semble-t-il dynamique, orienté vers Yambering, Mali, et un peu vers le Sénégal. Si la vente avec les commerçants qui ont passé un accord avec la Fédération ne s’effectue pas dans de bonnes conditions, ils peuvent toujours écouler l’essentiel de leurs oignons sur ce marché. D'autres zones de production d’oignons n'ont pas cette chance (Kolé, Koïn) et sont dépendantes de la venue de ces commerçants, sans quoi la production d’oignons sature aussitôt le marché et les prix s’effondrent.

1.2- L’intervention de la Fédération. La Fédération s’est organisée petit à petit. Sa zone d’influence s’est étendue en plusieurs étapes et dans des conditions différentes. On constate que le niveau d’implication des adhérents n’est pas le même partout. - A Horé Mamou, on cultive de la tomate depuis longtemps, mais on est en présence d’un encadrement de la production qui est récent (première campagne 1998-1999). Les conseils techniques de la Fédération sont, semble-t-il, bien acceptés, malgré quelques problèmes de qualité des nouvelles semences introduites. Des efforts ont été menés pour améliorer la commercialisation, mais sans grand succès pour le moment. Les engrais proposés à crédit par la Fédération ont été bien remboursés. La filière a à sa tête quelques gros producteurs qui ont des intérêts économiques considérables dans la culture de tomate. - A Ndindo, comme à Soumbalako, l’encadrement était réalisé avant la Fédération par la FAO, dans des conditions différentes (dons d’intrants). Ces producteurs adhèrent à la Fédération depuis 1996, mais certains producteurs sont dans le bas-fond depuis moins de cinq ans. Le niveau technique est très variable et le remboursement des crédits pose parfois quelques difficultés, notamment à Soumbalako. Des magasins de stockage ont été construits par la Fédération (un à Ditin et un à Douné). Un certain nombre d’adhérents se sont avérés ne pas s’intéresser aux pommes de terre mais seulement aux engrais. - A Timbi Madina, l’encadrement était réalisé avant la Fédération par le PDA qui a contribué à la création d’une dynamique collective forte. La plupart des cadres de la Fédération et le bureau central sont à Timbi Madina ce qui favorise encore la circulation de l’information à cet endroit et montre des cas de réussite intéressants. Le niveau technique moyen des producteurs est très bon et assez homogène. Le crédit porte sur

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100% des engrais minéraux et des semences. Pourtant le remboursement des crédits (souvent importants) ne pose pas de problème majeur.

La filière pomme de terre assure un approvisionnement de semences de qualité et elle garantit un prix d’achat plancher aux producteurs tout en s’impliquant dans la gestion de l’écoulement des stocks. - La zone oignon a connu une très forte croissance en terme de nombre d’adhérents et de surface encadrés par la Fédération. A Donghel Sigon et dans une grande partie de la zone oignon, la structuration des producteurs (décentralisation progressive) a été rapide et s’est accompagnée parfois de la mise en place à des postes de responsabilité de quelques intermédiaires malhonnêtes qui sapent les relations de confiance qui s’étaient établies entre les producteurs et la Fédération. Si l’approvisionnement d’intrants de qualité est une des grandes réussites de la filière oignon, il n’en est pas de même pour la commercialisation. La difficulté pour les commerçants à garantir un prix plancher et à tenir leurs engagements de venir avec des camions ont découragé certains producteurs. Le remboursement des crédits a posé des problèmes croissants. La part de crédits alloués aux producteurs a donc été bien souvent fortement réduite lors de la campagne 1999-2000, et presque totalement éliminée de certaines unions comme Donghel Sigon, ce qui s’est accompagné d’une réduction du nombre d’adhérents actifs de ces unions. Les zones étudiées sont finalement très différentes et possèdent des problématiques distinctes. C’est ce qui rend leur comparaison délicate. De plus, au sein d’une même zone, il existe des producteurs très différents qui ont été présentés par les typologies réalisées. Des écarts importants entre les types ainsi qu’un poids différent de chaque type rendent délicats l’utilisation des moyennes. Les chiffres que nous proposons sont surtout indicatifs.

Tâchons cependant de comparer certains résultats économiques de cette étude.

2- Présentation des principaux paramètres technico-économiques permettant de comparer les adhérents Le tableau de synthèse de l'annexe 7 reprend les principales données quantitatives de cette étude, et nous allons les reprendre en lisant ce tableau en lignes.

2.1- Les surfaces cultivées en bas-fond. 9 - La surface moyenne des bas-fonds de Horé-Mamou et Ndindo (1 000 à 4 000 m² ) est globalement plus importante que la surface moyenne des bas-fonds de la zone oignon. Cela peut venir d’une plus grande disponibilité de ces terres, ou bien du fait que ces bas-fonds sont dans des conditions qui facilitent leur arrosage10 et donc l’exploitation de surfaces plus importantes que pour l’oignon. - A Donghel Sigon par exemple, les bas-fonds sont étroits, petits, et la plupart des producteurs cultivent moins de 1 000 m². De plus, des tensions quant à la question du foncier nous ont été signalées. Les possibilités d’extension dans les conditions actuelles sont faibles et ne pourront avoir lieu que sur des parcelles éloignées des villages. - A Timbi Madina, la forte densité de population et l’intérêt précoce pour le maraîchage ont favorisé la colonisation rapide de ces lieux où l’intensification de l’agriculture a donné de bons résultats. Les principaux grands bas-fonds ont été aménagés et les autres ont été rapidement mis en culture.

Le bas-fonds de Laafou I est géré par la Fédération. C’est le bureau de ce groupement qui décide si une nouvelle personne est acceptée dans le bas-fond ou si un adhérent doit en partir. La possibilité d’acquérir des surfaces supplémentaires en bas-fond n’est pas simple et dépend du départ d’un adhérent.

9 Ou bien cultivées en oignon de saison des pluies. 10 Le travail qui nécessite le plus de temps est l’arrosage et le désherbage (qui ont souvent lieu en même temps). La surface que peut arroser à la main (avec une calebasse, à partir d’un puits) et entretenir régulièrement une personne seule est proche de 500 m². Une femme avec deux enfants pourra s’occuper de 1 000 m². Au delà, il faut soit un nombre plus important d’actifs, soit un système d’irrigation différent.

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Dans d’autres bas-fonds, il y a souvent une concentration des terres cultivées entre les mains des propriétaires fonciers et de leur famille.

C’est l’acquisition par le Président de l’UGTM de vastes surfaces de champs dits de plaine qui a changé cette situation et permis le lancement du groupement d’intersaison. Il y a là une considérable perspective d’accroissement des surfaces maraîchères. La quantité de semences que la Fédération a ainsi commandées en 1998 pour ces surfaces était équivalente au double de la quantité nécessaire à l’ensemble de l’UGTM en saison sèche.

La propriété foncière est dans tous les cas une question délicate et compliquée qui fait bien souvent intervenir beaucoup de personnes. Le statut social (descendant de captifs, de nobles, ou des deux) des personnes qui vendent et achètent entre en jeu. La terre, et surtout celle des bas-fonds, est devenu un enjeu de taille. Tout le monde ne peut pas s’en procurer aisément, même s’il a de l’argent.

Globalement, la disponibilité en terre de bas-fond est actuellement faible. La Fédération a mené un inventaire des surfaces aménageables. Il est ressorti qu’une centaine d’hectares pourrait être récupérée pour le maraîchage par des aménagements hydrauliques, dans les zones de Tougué, Donghel Sigon, Missira, Sannou, Popodara (c’est à dire la zone oignon) et Timbi Madina.

2.2– Le revenu total.

Notons tout d’abord que la part du revenu qui n’est pas directement liée à l’agriculture a été peu étudiée et reste difficile d’accès aux enquêtes.

La place des revenus de l’exode par exemple est très importante. C’est particulièrement vrai à Timbi

Madina et Horé-Mamou où l’exode touche l’essentiel des jeunes hommes. L’exode permet moins un revenu régulier aux femmes et enfants qui restent au village, que la construction d’une maison avec un toit de tôle pour celui qui est parti et/ou pour ses parents, dépense considérable en comparaison du budget familial. L’exode peut également procurer ponctuellement des revenus qui permettent de passer des moments difficiles ou qui favorisent la mise en culture du bas-fond. Il est rare que les revenus de l’exode soient investis dans un aménagement ou un équipement agricole.

L’élevage peut procurer des revenus monétaires importants, mais le bétail ne semble pas constituer à

proprement parler un capital productif : les ventes de bétail interviennent principalement pour couvrir les dépenses sociales ou en cas de déficit ponctuel grave de trésorerie. Les plus grands éleveurs rencontrés lors de ces enquêtes étaient proches de Mamou.

Le petit commerce est une activité extrêmement courante également. Il peut s’agir d’un commerce de produits d’utilisation courante (allumettes, cigarettes, essence, bonbons, papier) vendus sur le bord des routes passantes. Il peut aussi s’agir d’acheter (souvent à crédit), de transporter à pied et de revendre des produits agricoles.

La chasse (surtout au sud plus boisé), la cueillette (néré par exemple), et la transformation de quelques produits sont également des activités qui contribuent à financer les dépenses domestiques et l’achat de riz lors de la période de soudure.

Pour les grands producteurs, ces activités répondent à une logique de profit au même titre que l’activité

maraîchère elle-même. Elles s’effectuent souvent à une échelle bien plus importante. Ce sont principalement des activités de commerce11, de services ou de transformation agricoles. Elles constituent une partie de la capacité d’investissement importante de ces producteurs sur le bas-fond. Elles permettent de faire fructifier les revenus du maraîchage entre la récolte du bas-fond et l’installation des cultures de bas-fond pour la saison ou la campagne suivante. Nous y reviendrons.

Le revenu total agricole est la somme des revenus du bas-fond, de la tapade et des champs

extérieurs. Dans bien des cas, les revenus issus de la tapade ont été sous-estimés car leur calcul précis est très 11 Cela inclut souvent de la transformation : boucherie, boulangerie,…, ou bien cela fait appel à un réseau de grossistes des grandes villes qui fournissent à crédit.

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laborieux. Rappelons que les échanges à l’intérieur d’une famille (entre mari et femmes notamment) n’ont pas été étudiés et que l’on n’a considéré que les revenus issus d’un adhérent pris isolément. Rappelons également que ces revenus sont calculés en valorisant la vente des produits, mais aussi l’autoconsommation et les dons.

Des disparités considérables sont visibles entre les zones étudiées, mais également à l’intérieur d’une même zone. Les plus faibles revenus sont attachés à la zone oignon de bas-fond (de 200 000 NGF à moins d’un million). Certains producteurs d’oignon de saison des pluies obtiennent des revenus agricoles qui dépassent le million. Pour ce qui est de la zone pomme de terre et de la zone tomate, les principaux revenus se situent dans la même fourchette : de 1 à 3 millions (à comparer au revenu annuel de 2,4 millions (200 000 NGF/mois) d’un fonctionnaire moyen). Seuls les très gros producteurs de tomates et de pommes de terre de Timbi Madina (qui n’ont pas été enquêtés) dépassent ces valeurs.

2.3– La part relative du bas-fond dans le revenu agricole. Globalement, à part pour les petits producteurs d’oignon12, le revenu du bas-fond représente plus de la

moitié des revenus agricoles totaux. Cette part est la plus élevée pour les producteurs de Ndindo où elle représente environ les trois quarts de ce revenu. Elle est du même ordre à Timbi Madina si l’on ne tient pas compte du revenu lié à la pomme de terre hors du bas-fond (tapade surtout, intersaison parfois), ou si on l’inclut dans le revenu de bas-fond.

- A Ndindo comme à Timbi Madina, sauf exception, les champs extérieurs de fonio apportent de faibles revenus, ce qui renforce l’intérêt du bas-fond. De plus, l’irrigation globalement bien maîtrisée permet d’accroître les rendements des cultures de ces bas-fond.

Le bas-fond de Laafou fournit également du riz et/ou du maïs et l’intérêt des champs extérieurs et de la tapade s’en trouve diminué d’autant plus qu’ils entrent en concurrence avec ce bas-fond du point de vue de la main d’œuvre.

- A Horé-Mamou, pour les gros producteurs qui travaillent avec une motopompe comme pour les producteurs de type 2, la part du revenu liée au bas-fond est comparable à celle des producteurs de la zone pomme de terre. Pourtant, le bas-fond est impropre à la culture du riz. Il faut voir là la taille des surfaces cultivées ( 4 000 m² à plus de 3 hectares) qui apportent des revenus conséquents. Si le bas-fond des petits producteurs de tomate ne rapporte que la moitié des revenus agricoles, il faut y voir pour ces producteurs le fait que les coteaux de Horé-Mamou sont encore cultivables en riz et rapportent un revenu non négligeable (près du tiers des revenus).

- Pour les producteurs d’oignons, la plus faible part des revenus du bas-fond est à mettre en relation avec les très petites surfaces cultivées. Dès que ces surfaces atteignent des valeurs comparables à celles des petits producteurs de tomate, la part du revenu du bas-fond devient également importante (type 3).

Pour les producteurs d’oignon de saison des pluies, cette culture est très rentable mais elle entre en concurrence avec la culture de riz de coteau pour devenir la source de revenu presque exclusive.

Si la part du revenu du bas-fond montre à quel point le système traditionnel (champ extérieur + tapade) a

été transformé, elle ne rend pas bien compte de la place que joue la culture encadrée par la Fédération dans le revenu des producteurs. Pour cela, il faut tenir compte de la part de cette culture dans le revenu du bas-fond.

2.4– La part de la culture encadrée par la Fédération. La part de la culture encadrée par la Fédération dans le revenu du bas-fond est à première vue la plus

importante pour la culture de tomate (proche de celle de la pomme de terre à Timbi Madina), puis pour la culture de pomme de terre, enfin pour la culture d’oignon. La culture d’oignon de saison des pluies est encore une fois une exception puisque l’oignon y est cultivé en culture pure et représente plus de 90 % des revenus de ces champs. Si l’on croise ces pourcentages, on obtient la part du revenu de la culture encadrée par la Fédération dans le revenu total. Si l’on excepte l’oignon de saison des pluies, cette part est proche des 40 % pour la tomate, près du tiers pour la pomme de terre à Timbi Madina, près du quart pour la pomme de terre à Ndindo, et souvent moins d’un cinquième pour l’oignon.

12 Qui sont le plus souvent autour de 35 à 40 %.

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Si la part de revenu liée à la culture encadrée par la Fédération semble globalement faible dans un bon nombre de cas, particulièrement pour les petits producteurs d’oignon, le raisonnement change si l’on s’intéresse au revenu ‘monétaire’ de ces producteurs. La Fédération permet à ses adhérents de produire des cultures qui se vendent en général bien et qui assurent un pécule monétaire qui est d’autant plus important que ces adhérents ont un faible revenu monétaire. Il n’en reste pas moins que les producteurs n’ont pas tous des intérêts comparables en adhérant à la Fédération.

3– Comparaison de l’efficacité agronomique et économique des cultures maraîchères des types de producteurs des différentes filières.

L’efficacité agronomique est principalement mesurée par le rendement. Elle est à mettre en relation avec

le niveau technique des producteurs, et l’intégration qu’ils font des conseils techniques délivrés par les techniciens du SNPRV ou de la Fédération. Actuellement, la Fédération cherche surtout à augmenter les rendements des cultures encadrées, ce qui passe principalement par une intensification de ces cultures, c’est à dire par une augmentation des engrais utilisés par unité de surface.

L’efficacité économique est principalement mesurée grâce au revenu par unité de surface, ainsi que par

le ratio (revenu / dépense). Il n’y a pas toujours une relation positive simple entre une augmentation des dépenses et une augmentation des revenus.

3.1- Pour la filière oignon. La quantité de matière organique apportée en bas-fond13 dépend de la main d’œuvre à disposition et de

sa disponibilité sur les champs alentours. Il s’agit principalement de bouses de vache, mais aussi de feuilles et de cendres. Cette quantité semble le plus souvent satisfaisante, même si elle a tendance à concurrencer la tapade pour ce qui est de l’utilisation de la matière organique. L’enjeu tourne bien plus autour des engrais minéraux qui sont achetés auprès de la Fédération.

Les quantités d’engrais minéral14 apportées par le type 1 sont très faibles (1 à 2 kg pour 100 g de semences pour les producteurs qui l’utilisent), 3 à 6 fois en deçà des quantités recommandées par les services techniques. Une méfiance vis-à-vis de son utilisation n’a semble-t-il pas été levée par les conseils apportés dans la majorité des zones oignons concernées. L’oignon se développe bien cependant avec peu d’engrais minéral, et il se conserve d’autant mieux qu’il a été cultivé avec peu d’engrais. C’est de plus une culture qui tolère bien les associations avec les piments et les aubergines. Elle ne bouleverse donc pas le système de culture qui était en place avant la Fédération (et qui comprenait déjà l’oignon) et ne fait que consolider sa place au sein d’un ensemble complexe de cultures associées. D’une part le revenu par unité de surface d’autres cultures (aubergine, piment) est souvent plus élevé que celui de l’oignon15. D’autre part, ces producteurs sont dans une logique d’étalement des productions de façon à obtenir un revenu étalé dans le temps en fonction des besoins et de façon à se prévenir contre les variations de prix du marché qui sont très importantes. L’oignon en culture pure semble donc à la fois trop risqué et pas assez rentable pour ces producteurs qui préfèrent l’associer à d’autres cultures.

Le type 3 ressemble beaucoup au type 1 mais il travaille sur de plus grandes surfaces, avec un investissement légèrement plus fort à cause de la main d’œuvre salariée utilisée. Il pratique la culture pure ce qui augmente la part du revenu du bas-fond cultivée en oignon ainsi que le rendement de l’oignon, mais cela diminue de 20 % son revenu par unité de surface (de 500 NGF/m² à 400NGF/m²). Le risque financier est cependant dilué dans la surface cultivée. Le capital issu de ces bas-fonds pourrait être réinvesti dans de l’engrais si ces 13 Dont il n’existe pas vraiment de marché. 14 Le triple 17 de la Fédération. Nous avons peu entendu parler d’urée. L’engrais qui n’est pas de la Fédération n’inspire pas confiance, est souvent plus cher, et n’est pas utilisé par les adhérents. 15 Revenu du bas-fond/m²=500 à 600 NGF/m² Revenu de l’oignon/m²=430 à 550 NGF/m² pour les types 1 et 2. C’est encore plus net pour le type 3.

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producteurs n’utilisaient pas l’essentiel des revenus provenant du bas-fond pour combler leur déficit céréalier et se procurer le minimum vital. Le crédit de campagne accélèrerait ce phénomène. Ces producteurs sont une bonne cible potentielle de l’intensification par l’engrais minéral.

L’investissement supplémentaire par unité de surface que réalisent les producteurs du type 2 (+ 50 % par rapport au type 1) s’accompagne d’une augmentation de revenu sur le bas-fond de 20 % par unité de surface (de 500 à 600 NGF/m²). Du point de vue purement économique, le risque est accru pour les producteurs du type 2 de voir leur marge proportionnellement diminuer. C’est une part de ce risque qui est en partie prise en charge par la Fédération lors du crédit de campagne. Augmenter l’investissement en engrais minéral est donc à la fois risqué pour le producteur et pour la Fédération si elle maintient son crédit de campagne. Ne pas l’augmenter, c’est rester dans de faibles rendements et multiplier le nombre d’adhérents et les coûts d’encadrement. La plupart des producteurs d’oignons a une très faible capacité d’investissement. L’oignon est donc pour eux le moyen de rentabiliser de petites surfaces de façon intensive du point de vue du travail effectué, tout en minimisant les risques financiers. Une augmentation des investissements ne pourrait pas être supportée par nombre de ces producteurs qui préfèreront retrouver leur système de production d’avant la Fédération. La possibilité de produire ses propres semences d’oignon est une voie qui semble prometteuse pour ces producteurs, mais qui pourrait diminuer encore la part que gagne la Fédération sur ce secteur (cette part a été évaluée à près de 25% des revenus de la filière à Donghel Sigon). Une augmentation des surfaces de bas-fond disponibles au niveau de ces producteurs serait le plus intéressant pour ces producteurs et pour la Fédération.

Pour ce qui concerne les producteurs d’oignon de saison des pluies, ils n’apportent aucun

engrais et investissent donc peu d’argent dans leurs champs de coteau, bénéficiant de sols très particuliers. Ces producteurs seraient prêts à voir augmenter le prix des services de la Fédération portant sur leurs dépenses.

3.2- Pour la filière tomate. Il est encore tôt pour juger de l’effet des conseils techniques sur ces producteurs. Notons cependant qu’il

existe en leur sein un groupe de jeunes étudiants récemment installés et très réceptifs aux conseils techniques. Notons également que la tomate ne peut être cultivée en association comme l’oignon.

Les dépenses par m² sont dans tous les cas deux à trois fois plus importantes que pour l’oignon, ce qui signifie un achat d’engrais conséquent16, alors que les revenus du bas-fond par unité de surface sont comparables. Nous sommes donc dans un système financièrement plus contraignant, avec des producteurs ayant une capacité financière plus importante que les producteurs d’oignon.

Pour les Types 1 et 2, tandis que la proportion de la culture de tomate reste à peu près la

même, plus la surface est grande plus les dépenses par unité de surface augmentent. Cela signifie donc probablement que les producteurs de type 1 n’ont pas la capacité financière suffisante pour intensifier les cultures de leur bas-fond. Cependant cette fois le revenu par unité de surface du bas-fond est plus faible pour le type 2 que pour le type 1, ce qui peut sembler paradoxal vu qu’il investit plus. Ceci est lié au fait que les producteurs de type 1 considérés ont décyclé leurs cultures 17 de façon à obtenir des prix particulièrement avantageux. Il semble en tous cas que la tomate est particulièrement intéressante pour les petits producteurs puisqu’elle leur permet de valoriser au mieux les petites surfaces cultivées avec leur main d’œuvre familiale.

Les producteurs du troisième type ont quant à eux des dépenses en bas-fond par unité de

surface intermédiaires entre les deux types précédents car ils doivent payer des salariés permanents et l’entretien de leur équipement (motopompe, tracteur). Ces moyens leur permettent de cultiver de grandes surfaces et de se procurer un revenu du bas-fond conséquent, même s’il est plus faible que pour les deux autres par unité de surface. Disposant d’une plus grosse capacité de financement, ces producteurs investissent relativement moins dans leur bas-fond que les producteurs de type 2 car ils jouent sur le volume financier mis en œuvre. Ces producteurs peuvent encore petit à petit réinvestir leurs bénéfices dans le bas-fond de façon à intensifier leur culture.

16 Les producteurs de Horé-Mamou achètent de la fiente de poule qu’ils préfèrent à la bouse de vache. 17 Tomate plus précoce.

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3.3- Pour la filière pomme de terre.

Les différents types de producteurs de pommes de terre de Ndindo sont inégaux quant à leur

accès à l’irrigation. Cela influence fortement leur système de culture et notamment la place de la pomme de terre dans ce système de culture. La pomme de terre est surtout présente chez les producteurs du type 1 qui ont des champs engorgés qui ne permettent pas le développement de cultures de cycle plus long, comme le piment ou l’aubergine.

Les dépenses en consommations intermédiaires par unité de surface sont 3 fois plus importantes pour le type 3 ; et 4 fois plus importantes pour le type 2, que pour le type 1 qui est pourtant celui qui a la plus grande surface cultivée en pommes de terre. La réponse à cette intensification des types 2 et 3 est bonne sur les rendements en pommes de terre : ceux-ci sont de 6 t/ha pour le type 1, 32t/ha pour le 2, et 18t/ha pour le 3. Le type 2 de Ndindo est finalement assez proche du type de producteur de Timbi Madina.

Une idée s’impose cependant : le type 3 est celui qui a le moins accès à l’irrigation et pour qui le revenu de bas-fond par unité de surface est le plus élevé. Cela indique le rôle fondamental des autres cultures du bas-fond (piments, aubergines, maïs) qui semblent rapporter plus que la culture de pomme de terre, du moins lorsque les rendements n’atteignent pas les bonnes valeurs du type 218. Ces producteurs sont donc probablement très intéressés par l’utilisation d’engrais sur des cultures qui ne sont pas la pomme de terre.

Pour la zone pommes de terre de Timbi Madina, les dépenses par m² sont presque le double de

celles des producteurs de type 2 de Ndindo, et le double de la marge nette du bas-fond. Cela vient surtout du fait que l’ensemble de la surface reçoit les semences de la Fédération (50 % des dépenses19) mais aussi que la main d’œuvre est systématiquement salariée (20 % des dépenses). Pour rentabiliser cet investissement, le producteur a intérêt à avoir un rendement élevé et donc à assurer une bonne fumure minérale et surtout organique20. Ce lourd investissement est incontournable. Pourtant, le revenu du bas-fond par m² à Timbi Madina est plutôt en deçà de celui des autres zones. Il n’est pas rare que ce revenu soit même négatif si l’on ne considère que la part de pommes de terre vendue à la Fédération. La place de la pomme de terre de bas-fond n’est que d’un tiers des revenus agricoles (bas-fond et tapade sans pommes de terre).

Mais ces chiffres dissimulent l’importance qu’a véritablement la pomme de terre. D’une part elle est le moteur du bas-fond (travail du sol, ajout de matière organique), et d’autre part, elle est devenue un des principaux centres d’intérêt des champs de contre-saison et d’intersaison. La culture de la pomme de terre est actuellement partout et en toute saison à Timbi Madina. Aussi occupe-t-elle une place vraiment privilégiée dans les systèmes de production de cette sous-préfecture. Sans la pomme de terre, c’est bien plus du tiers du revenu des producteurs qui disparaîtrait. Les producteurs de Timbi Madina sont donc en quelque sorte dépendants de la Fédération pour plus des trois quart de leur revenu agricole. S’ils se plaignent des marges toujours plus ténues dont ils bénéficient dans leur bas-fond21, l’accès à de nouvelles zones de culture en pommes de terre est pour eux un véritable potentiel, déjà concrétisé par quelques pionniers. Les producteurs de Timbi Madina sont devenus des personnes qui sont capables de gérer efficacement des sommes très importantes (en faisant aussi intervenir des revenus annexes à l’agriculture pour à peu près un tiers des adhérents). Ce sont les adhérents qui sont financièrement les plus aidés par la Fédération mais ils ont prouvé par le passé que la Fédération pouvait leur faire confiance. Aussi sont-ils considérés souvent comme privilégiés. Pourtant, ceux qui se concentrent exclusivement sur le bas-fond gagnent souvent moins que les producteurs de tomate. Ils acquièrent cependant la capacité à gérer leur bas-fond comme des entrepreneurs financiers.

4- Appréciation des services de la Fédération par ses adhérents : L’apport d’intrants à crédit par la Fédération est apprécié par tous les adhérents de la Fédération. Il aide

les producteurs ayant de faibles disponibilités financières au moment de la mise en culture du bas-fond à avoir accès à des intrants de qualité. Avant la Fédération, ces producteurs devaient vendre des céréales pour se 18 Il n’y a que pour ce type que le revenu par m² de pomme de terre (1 000 NGF/m²) dépasse le revenu par m² du bas-fond. 19 Soit 240 NGF/m² pour la pomme de terre à Timbi Madina, alors que les dépenses pour les semences de tomates sont de l’ordre de 10 ou 20 NGF/m² et que les semences d’oignons coûtent environ 3 NGF/m². 20 La quantité d’engrais minéral fourni par la Fédération dépend de la quantité de semences prises. La qualité du composte est vérifiée par des responsables du groupement avant distribution des semences 21 L’augmentation des rendements ne suit semble-t-il pas la baisse du ratio prix d’achat aux producteurs / prix de vente des semences.

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procurer ces intrants, ou ils passaient sous la dépendance d’un commerçant en prenant un crédit remboursable en un volume de production souvent très pénalisant pour le producteur. Associé à des conseils techniques, cet apport peut permettre un gain de rentabilité agronomique important et mieux valoriser le travail effectué dans le bas-fond.

La qualité et le prix des semences sont les intérêts principaux que voient les petits producteurs d’oignon

à adhérer à la Fédération. Une augmentation des surfaces cultivées en bas-fond se traduit le plus souvent chez ces producteurs par une meilleure valorisation de la main d’œuvre disponible et par une extensification de la culture en bas-fond.

Les producteurs de la zone tomate et de Ndindo voient surtout l’intérêt de l’engrais dont ils disposeront ainsi pour d’autres cultures telles que l’aubergine ou le piment. Ces autres cultures de leur bas-fond représentent un pari, celui d’un bon prix au moment de leur production. Elles sont souvent plus rentables que la tomate et plus que la pomme de terre, mais elles offrent des revenus qui sont aussi très aléatoires en raison de leur mévente aux périodes de forte production et d’engorgement des marchés. Une diversification des cultures réalisées en bas-fond est donc un moyen de lutter contre ce risque et de renforcer le système de culture du bas-fond. En couplant le crédit engrais au crédit semences, la Fédération favorise la production de la culture qu’elle encadre au détriment des autres cultures. Elle fragilise donc le système de diversification mis en place depuis longtemps par les producteurs et augmente le risque de non-remboursement des producteurs des cultures d’oignon ou de tomate dont les cours sont encore très variables. Un simple crédit engrais est alors préférable. Il est à noter que ce découplage est déjà pratiqué en partie par la Fédération qui ne limite plus les quantités vendues aux producteurs en fonction des quantités de semences achetées.

Si les producteurs de pommes de terre de Timbi Madina sont prêts à prendre le risque de miser autant sur la pomme de terre, c’est parce qu’ils bénéficient d’une très bonne irrigation et d’un itinéraire technique bien maîtrisé qui leur garantit un niveau de rendement peu variable. Ils bénéficient de plus d’une garantie d’écoulement de leur production, ainsi que d’un prix d’achat minimum de cette production. Ils gagnent donc avec la pomme de terre l’assurance d’un revenu minimum relativement prévisible. C’est probablement parce que la filière oignon n’a pas pu assurer cela qu’il n’y a pas pour le moment de très gros producteurs d’oignon.

Un gain technique et économique supplémentaire sur le bas-fond de Laafou I est devenu maintenant difficile. Aussi ces producteurs cherchent-ils à réinvestir l’argent gagné dans le bas-fond sur d’autres champs, ce qui représente un effet d’entraînement du bas-fond sur l’ensemble des systèmes de production de Timbi Madina. Que la commercialisation soit bien organisée et les prix garantis sont alors pour les producteurs de pommes de terre de Timbi Madina particulièrement important.

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CONCLUSION Les cultures maraîchères, principalement en saison sèche, et plus généralement les cultures de bas-fonds représentent pour la grande majorité des adhérents de la Fédération des Paysans du Fouta Djallon une part dominante du revenu de leur exploitation. Bien souvent, elles représentent également l’essentiel de leur revenu monétaire. L’intervention de la Fédération, centrée pour chaque zone sur une seule spéculation, permet à de petits producteurs d’accéder plus facilement à ces cultures et, plus généralement, crée des conditions favorables au développement de l’activité maraîchère dans son ensemble (crédits de campagne sur les semences et les engrais ; facilitation de l’écoulement des productions et de la mise au point de nouveaux itinéraires techniques). En cela, la Fédération contribue de façon souvent décisive à l’augmentation du revenu de ses adhérents et à l’évolution de leurs unités de production. Cependant, cette évolution semble également influencée par la présence ou l’absence dans les zones de productions maraîchères d’autres opportunités de revenus que les cultures appuyées par la Fédération, qu’elles soient agricoles (autres cultures maraîchères de bas-fond ; cultures en succession à ces spéculations ; cultures maraîchères appuyées par la Fédération et pratiquées hors saison sèche) ou non-agricoles (commerce et activités de services). Cela se traduit clairement par une évolution plus rapide des producteurs dans les zones les moins enclavées où les opportunités de marché sont plus importantes. Par ailleurs, l’augmentation des revenus grâce à l’activité maraîchère ne semble possible que dans la mesure où les producteurs valorisent pleinement l’appui de la Fédération en augmentant leurs avances aux cultures notamment par l’achat de matière organique et le financement de main-d’œuvre supplémentaire. L’évolution induite par les revenus du maraîchage est cependant très différente pour les trois cultures appuyées par la Fédération. Ainsi, la culture de la pomme de terre a un effet d’entraînement très marqué à la fois sur le fonctionnement des unités de production des adhérents mais également sur l’ensemble du système agraire et sur l’économie locale : grâce au développement des cultures de contre-saison et d’intersaison, on assiste à un nouveau processus d’intensification sur les sous-systèmes de production de tapade et de champs extérieurs qui se traduit notamment par des apports importants d’éléments fertilisants ; les répercussions de la culture de la pomme de terre sur l’économie locale se font sentir en particulier par le développement important du marché de la main-d’œuvre salariée et de la matière organique dans les zones de production. La culture de la tomate, fortement tributaire d’un circuit d’écoulement fiable, procure à certains producteurs des revenus très élevés dont les effets induits sur l’économie locale n’ont pas été évalués mais sont sans aucun doute importants. Par contre, la culture de l’oignon, souvent localisée dans les zones les plus enclavées, ne semble pas, jusqu’à présent, permettre une évolution importante du revenu des producteurs même si elle a parfois un rôle prépondérant pour le maintien d’une activité agricole dans certaines régions très touchées par l’émigration. Les efforts consacrés par la Fédération à l’amélioration des capacités techniques des maraîchers et à la mise au point de nouveaux cycles, en particulier de cycles d’oignon de contre-saison, se justifient donc tout particulièrement pour les zones les plus reculées. Cette étude a permis également de montrer que l’impact de l’action de la Fédération dépasse le seul plan des revenus de ses adhérents : elle leur permet en particulier de mieux maîtriser différents aspects de leurs productions. Ainsi, grâce à la Fédération, les producteurs maraîchers développent leur capacité à mettre au point des itinéraires techniques adaptés aux évolutions du marché. Au niveau des économies locales, elle permet le développement du marché de la matière organique et crée des emplois et des compétences nouvelles dans le secteur agricole. Elle permet également aux maraîchers de garantir un niveau de vie satisfaisant à leurs ménages : les emplois et les investissements dans les activités agricoles deviennent une alternative crédible à l’émigration. Ces différents aspects seront à prendre en compte dans un dispositif de suivi qui se proposera de mesurer l’impact de l’action de la Fédération des Paysans du Fouta Djallon et d’en montrer l’évolution.

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ANNEXES Annexe 1 : Liste des Tableaux. Tableau 0 : Participation des unions de zones de la Fédération 11 Tableau 1 : Caractérisation des trois types de producteur tomate – Horé Mamou 19 Tableau 2 : Temps de travaux sur un bas-fond de 840 m² - Adhérent n°14 – Groupement de N’daylal. 20 Tableau 3 : Caractérisation des 5 types de producteurs de pommes de terre – Timbi Madina 28 Tableau 4 : Caractérisation des trois types de producteurs de pommes de terre – Ndindo 30 Tableau 5 : Caractérisation des quatre types de producteurs oignons – Tougué Mombeya 34 Tableau 6 : Caractérisation des trois types de producteurs d’oignons – Donghel Sigon 36 Annexe 2 : Compte rendu de la réunion du lundi 19 avril avec les responsables de la Fédération des Paysans du Fouta Djallon, expression de leurs besoins d’information sur les adhérents de la FPFD. Annexe 3 : Méthode de base type pour le choix des individus à enquêter Annexe 4 : Adaptation de la méthodologie aux différentes zones d’étude. Annexe 5 : Comptes d’exploitation de quelques producteurs typiques. Annexe 6 : Compte d’exploitation du bas-fond d’un producteur de Laafou I. Annexe 7 : Tableau de synthèse des types des zones étudiées.

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Annexe 2 Réunion du lundi 19 avril avec les responsables de la Fédération des Paysans du Fouta

Djallon A cette réunion sont présents les membres du Bureau de la Fédération et les Responsables de filières. Cette réunion débute par la présentation de l’équipe de l’étude. Après avoir rappelé expressément que l’équipe travaille pour le compte de la Fédération qui désire mieux connaître ses adhérents, nous engageons les responsables et les techniciens présents à exprimer leurs besoins d’informations sur les adhérents. Un tour de table permet de recueillir les besoins d’information de chacun. Les desiderata des responsables et techniciens ont été regroupés ci-dessous en quatre grands thèmes. Thème A : les revenus du maraîchage et les revenus des exploitations des adhérents : « Chercher à savoir comment les gens réussissent à joindre les deux bouts. » (1) « Comparer les niveaux de vie actuels et anciens ». (3) « Savoir quelles autres spéculations pourraient permettre de rapporter autant ou davantage ou si d’autres productions (maraîchères) avaient des coûts de production plus faibles. » (6) « Savoir les volumes de production des adhérents. Savoir comment ils vendent et comment ils utilisent l’argent qu’ils gagnent ». (7) « Connaître les comptes d’exploitation des trois cultures encadrées par la Fédération : pomme de terre, oignon et tomate » (12) « Jusqu’à quel niveau la Fédération peut-elle augmenter ses prélèvements. » (12) « Savoir ce que représentent les cultures de rente par rapport à l’ensemble des revenus de l’exploitation ». (13) « Savoir laquelle des trois spéculations rapporte le plus. » (14) « Savoir d’où les adhérents tirent le plus de revenus : du maraîchage avec ou sans étalement de la production, des champs extérieurs, de l’exode... » (14) Thème B : les modes de production et les conditions de production : « Savoir comment les gens arrivent-ils à trouver des surfaces pour le maraîchage. Savoir pourquoi certains n’ont que des petites surfaces à cultiver. » (1) « Savoir pourquoi certains producteurs ne font pas d’autre culture (en rotation) après l’oignon. Savoir pourquoi certains producteurs commencent la culture de l’oignon avec beaucoup de retard. » (1) « Savoir comment les gens conservent les productions agricoles. » (1) « Savoir pourquoi les rendements baissent dans les champs extérieurs. » (2) « Savoir comment les producteurs s’approvisionnaient en intrants avant la fédération (prix, qualité, disponibilité à temps). Savoir comment ils s’approvisionnent maintenant. » (7) « Savoir comment les rendements ont évolué sur le maraîchage depuis le début de l’action de la Fédération. » (11) « Savoir comment les producteurs s’approvisionnent-ils en engrais organiques. Savoir s’ils utilisent une matière organique bien décomposée. » (11) Thème C : Les caractéristiques des adhérents : « Connaître la répartition par âge et par sexe des producteurs. » (13) « Savoir pourquoi il y a un nombre important de femmes qui s’intéressent au maraîchage. Savoir pourquoi elles s’intéressent au maraîchage. » (9) Thème D : Point de vue des adhérents sur la Fédération et sur ses services. « Savoir pourquoi certains adhérents ne respectent pas leurs engagements envers la Fédération. » (2) « Savoir si les adhérents ont vraiment confiance dans la Fédération. Savoir ce qui motive leur confiance. » (4) « Savoir si les services rendus par la Fédération satisfont les adhérents. Savoir s’ils désirent un autre appui. » (3)

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« Connaître l’impact auprès des adhérents de l’alphabétisation fonctionnelle » (10) « Savoir si l’organisation de la commercialisation par la Fédération est avantageuse pour les adhérents. Savoir si la Fédération doit continuer ou non à organiser les relations entre les producteurs et les commerçants. » (11) « Savoir si les formations de la Fédération ont changé ou non la capacité des adhérents. » (11) « Savoir pourquoi les méthodes préconisées par les techniciens ne sont pas toujours acceptées par les producteurs. » (14) Autres demandes : « Savoir pourquoi certaines cultures ont disparu comme le taro en tapade. Connaître le sentiment des producteurs à ce sujet. » (1) « Savoir quelles mesures envisager contre la cercosporiose de l’oranger. » (3) « Savoir si les adhérents avaient besoin de produits phytosanitaires. Connaître les moyens de lutte qu’ils utilisent quand ils subissent des attaques. » (8) « savoir quelles dispositions prennent les producteurs pour protéger l’environnement. » La réunion se termine par quelques conseils à l’équipe d’étude prodigués par Moussa Para DIALLO et par Alpha Omar DIALLO : « Ce que vous pensez être l’essentiel pour vous : vous le faites. » « La Fédération agit sur 8 préfectures : les 4 préfectures le long du goudron, les gens ont un peu trop pris l’habitude d’être assisté par les projets (Mamou, Dalaba, Pita, Labe) ». « Ne pas se lasser des aller et retour chez un même producteur. » « Ne pas faire des enquêtes trop longues et savoir gagner la confiance des gens. » « Ne pas prendre pour argent comptant ce que disent les producteurs. Passer par plusieurs voies pour obtenir une information et recouper les informations. Savoir observer les champs. »

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Annexe 3 : Méthode de base type pour le choix des individus à enquêter. ETAPE 1 : (durée : 1 journée pour chaque union) Réunion avec des responsables des groupements de l’Union (1 responsable au moins pour chaque groupement). Chaque réunion d’une demi-journée rassemblera environ 15 groupements. Au cours de ces réunions on procédera : • à la présentation des enquêteurs ; • à la présentation de l’objectif de l’étude ; • au recueil d’informations générales pour chaque groupement : - nom des responsables du groupement ;

- nombre de membres ; nombre d’homme et de femmes ; - montant des cotisations et adhésions ; - date de constitution du groupement et d’adhésion à la Fédération ; - Quantité d’intrants pris à la Fédération ; quantité minimum et quantité maximum prise par un

adhérent ; - Base de recrutement du groupement : village, bas-fond, affinités, lien familial… - Nom du ou des villages des membres et localisation sur la carte ; - Nom du ou des bas-fonds et localisation sur la carte ; - Equipement appartenant ou géré par le groupement (motopompe en particulier).

ETAPE 2 : (durée 1 jour et demi à deux jours pour chaque union) Repérage de terrain suivant les bas-fonds et suivant des transects pertinents. L’objectif est de repérer les facteurs de variabilité spatiale du milieu physique et de mise en valeur du milieu. Par exemple : - à Horé Mamou deux facteurs d’hétérogénéité ont été repérés : les systèmes de culture (soit tomate seule, soit succession tomate/maïs, soit succession (tomate + maïs)/riz) ; le type de bas-fond et la localisation de la culture de la tomate (bas-fond de type parawol ; bas-fond de type dunkire ; culture sur ndantari de berge). - à Sumbalako deux facteurs ont été identifiés : les systèmes de culture (pomme de terre seule, succession pdt/maïs, succession pdt/maïs/riz) ; disponibilité en eau en fonction de l’éloignement des parcelles du groupement par rapport à la prise d’eau. ETAPE 3 : (durée : 1 jour pour chaque union) Pré Typologie des Unités de production et échantillonnage des adhérents à enquêter. L’hypothèse de départ est que l’unité cohérente correspond ici à un village ou à un ensemble de hameaux : il est par conséquent intéressant de choisir un village qui possède un ou plusieurs bas-fond et un ou plusieurs groupement (éventuellement deux villages). Le choix du ou des villages est effectué de manière à représenter la diversité du milieu physique et des modes de production observés lors de l’étape 2. Au cours d’un entretien avec le chef de village et le(s) président(s) du ou des groupement(s), on peut déterminer les grands traits de l’agriculture sur le village ou le(s) groupement(s), on peut savoir si les producteurs pratiquent tous l’agriculture de la même façon ou s’il existe différents types d’agriculteurs. On peut alors établir la pré typologie des systèmes de production. A partir d’une liste des adhérents du ou des groupement(s), on peut repérer sur cette liste les adhérents qui appartiennent au même ménage. On peut alors constituer avec l’aide du chef de village et du responsable de groupement une liste d’adhérents à enquêter de manière à couvrir tous les types identifiés pour la pré typologie. Dans plusieurs cas, on cherchera alors à enquêter des adhérents appartenant au même ménage de manière à pouvoir reconstituer des unités de production à partir des sous-unités qui les composent

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Annexe 4 : Adaptation de la méthodologie aux différentes zones d’études.

La méthodologie initiale se base sur des observations partielles effectuées sur les trois qui ont été visités lors de cette phase de repérage : Hafia (sud de Labé) pour la culture de l’oignon, Soumbalako (nord ouest de Mamou) pour la culture de la pomme de terre ; Hore Mamou pour la production de la tomate. Elle s’est avérée bien adaptée pour les zones de Hore Mamou et Ndindo.

Par contre, des modifications importantes lui ont été apportées pour les zones est oignon, Timbi Madina

et Donghel Sigon en relation avec les contraintes d’études et des spécificités de ces zones.

Ces adaptations de la méthode d’échantillonnage et du questionnaire d’enquête, ont pour effet d’introduire des limites supplémentaires à la portée des résultats de l’étude. Elles rendent également plus délicat le rapprochement des résultats des trois équipes d’enquête. Horé Mamou et Ndindo :

La méthode type a été utilisée avec seulement une nuance : l’appartenance à un village ou à un groupement n’est pas apparue comme un critère discriminant important et les individus enquêtés ont été choisis parmi l’ensemble des adhérents de la zone. Trois critères ont été retenus pour la pré typologie :

- la présence d’un aménagement pour l’irrigation qui est déterminante pour la culture de la pomme de terre ; - la nature de la main-d’œuvre utilisée en bas-fond : les stratégies des producteurs diffèrent fortement suivant

que la main-d’œuvre est essentiellement rémunérée ou principalement familiale ; - l’investissement en équipement lourd notamment la possession d’une motopompe qui influence la superficie

cultivée et l’importance du revenu du bas-fond.

Par ailleurs, aucune modification importante n’a été introduite pour le questionnaire d’enquête pour ces deux zones.

Donghel Sigon. Sur cette zone, plusieurs adaptations de la méthodologie ont été effectuées : - pour le choix des groupements : l’enclavement de la zone et le mauvais état des pistes n’a pas permis de

réunir les responsables des groupements et de réaliser rapidement un repérage complet de la zone. L’équipe d’enquête s’est alors appuyée sur les informations recueillies auprès de personnes ressource et plus particulièrement sur le responsable de l’Union de zone et sur le Secrétaire Communautaire pour la réalisation du zonage et le choix des groupements. Il a alors été possible de distinguer trois sous-zones (centre ; nord ; sud et est) au sein desquelles six groupements ont été sélectionnés. Deux de ces groupements ont fait uniquement l’objet d’entretiens de groupe et les entretiens individuels ont été réalisés sur les quatre groupements restant. Le choix de ces groupements était basé : • le degrés d’organisation fonctionnelle du groupement ; • la facilité à réunir les membres du groupement et à collecter de l’information auprès d’eux ; • la facilité d’accès au village du groupement.

- pour le choix des individus à enquêter : les tensions résultants des problèmes de récupération des

prélèvements auprès des groupements pour la campagne 1998 n’ont pas permis, lors des réunions effectuées avec les membres des groupements choisis, de repérer la variabilité des systèmes de production en leur sein. Le choix des individus à enquêter s’est effectué sur un seul critère la quantité d’oignon produite individuellement. Il a alors été demandé simplement aux groupements de désigner suivant la taille du groupement, un ou deux petits producteurs, un ou deux gros producteur et un ou deux producteurs intermédiaires.

Dans ce cas, le questionnaire initial a été simplifié. Ces modifications portent sur trois types d’informations :

- l’inventaire de l’équipement n’a pas été effectué ; - les revenus de l’élevage n’ont pas été enquêtés ;

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- les revenus non-agricoles n’ont pas été chiffrés et seule la présence et la nature de ces revenus ont étés enregistrées.

Timbi Madina : - pour le choix des groupements : Il a été possible de rassembler les responsables de cinq groupements sur les treize groupements de l’Union des Groupements de Timbi Madina. Cependant, cette réunion n’a pas permis de mettre en évidence clairement les facteurs de variabilité entre les groupements en ce qui concerne les systèmes de production. De même, un tour de plaine n’a pas permis de mettre en évidence une variabilité décisive des facteurs du milieu physique. Face à cette relative homogénéité, il a été décidé d’étudier, dans un premier temps , uniquement les adhérents d’un seul groupement et de comparer les résultats obtenus avec des observations effectuées dans un second temps sur d’autres groupements. Le groupement de Laafou I a été alors choisi : il s’agit en effet d’un groupement important pour lequel des données statistiques et quantitatives étaient disponibles ; les itinéraires techniques pratiqués y sont également très normalisés ce qui permettait de focaliser l’attention sur les systèmes de cultures hors bas-fond et sur leur relation avec le bas-fond. - pour le choix des individus à enquêter :

Une première enquête a été effectuée auprès d’un des responsables du groupement. Elle a permis non seulement de collecter l’information sur son système de production mais également de mieux comprendre les systèmes de culture de bas-fond et notamment ses contraintes techniques. Ont alors été sélectionnés deux petits producteurs de pomme de terre exploitants deux casiers, deux gros producteurs exploitant plus de 12 casiers et quatre producteurs intermédiaires cultivant 6 casiers. Ce choix a d’abord été effectué sur la base des données statistiques et de façon aléatoire puis sur la base de la disponibilité des personnes ainsi désignées. Après avoir réalisé cette première série d’enquête, des critères de différenciation importants sont apparus. Une seconde série de sept adhérents a alors été sélectionnée et enquêtée de manière à compléter les informations collectées sur certains types de producteurs et de caractériser des types supplémentaires qui n’apparaissaient pas dans le premier échantillon. Les enquêtes sur Laafou I ont par ailleurs été complétées par des entretiens avec des responsables d’autres groupements de Timbi Madina et par des visites de terrain sur les parcelles de quatre d’entre eux (Laafou IV, Dioungol, Bamikouré et Sonké). Ce travail a permis d’apprécier les différences qui existent entre les groupements de Timbi Madina. Enfin le questionnaire d’enquête a subit les mêmes modifications qu’à Donghel Sigon. Tougué - Mombeya :

Pour cette zone très vaste et très enclavée, l’étude porte à la fois sur la culture de l’oignon de saison sèche en bas-fond, culture pratiquée sur la majeure partie de la zone (préfecture de Tougué et majeure partie de la sous préfecture de Mombeya), et sur sa culture en saison pluvieuse sur champs extérieurs qui concerne uniquement la zone de Galy (partie ouest de la sous-préfecture de Mombeya). Des enquêtes rapides ont tout d’abord été effectuées sur 5 unions de zones et sur un total de 40 groupements. Ces enquêtes étaient basées, d’une part, sur des entretiens avec les responsables des unions de zones et des groupements, d’autre part sur la visite des bas-fonds. Elles avaient pour objectif d’identifier la diversité des groupements visités et, au sein de ces groupements, de comprendre la variabilité des producteurs. Il est apparu à l’équipe d’enquête que le critère principal de différenciation des adhérents résidait dans la nature des systèmes de cultures pratiqués sur l’oignon. C’est par conséquent ce critère qui a été utilisé pour réaliser, sur la base de ces enquêtes rapide au niveau des groupements et pour l’ensemble de la zone étudiée, deux typologies des systèmes de culture oignon : une première typologie des systèmes de culture de saison sèche

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en bas-fond ; une seconde typologie pour les systèmes de culture de saison des pluies sur champs extérieurs. Ces typologies étaient basées principalement sur la présence et la nature des associations et des successions à la culture de l’oignon. Cette typologie a servi de base au choix de 11 groupements au sein de 4 unions qui ont alors été sélectionnés de manière à ce que l’ensemble des types de systèmes de culture identifiés précédemment soit représenté. On prend donc ici pour hypothèse que, au sein des groupements sélectionnés, il existe un système de culture dominant pratiqué par une majorité de producteurs. Au sein de chaque groupement retenu, un ménage comportant généralement plusieurs adhérents à la fédération a alors été choisi. Il est alors possible de resituer la sous-unité correspondant à l’adhérent individuel au sein de l’unité de production que constitue le ménage.

Le questionnaire initial a également été simplifié et les revenus de la tapade n’ont pas été enquêtés.

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COMPTE D'EXPLOITATION SUR TOMATE - HORE MAMOU Adhérent n° 14 - Type 1 : Producteurs familiaux

ASSOLEMENT BAS-FOND Surface totale 840 m²

Surface en tomate associée maïs saison sèche 560 m² Surface en aubergine (cobo-cobo) associée maïs saison sèche 280 m²

COMPTE D'EXPLOITATION BAS-FOND

Charges Produits

Consommations Nature Unité Quantité

Prix unit (NGF)

Coût (NGF)

Nature Unité Quantité Prix unit (NGF)

Recette (NGF)

intermédiaires semences fédération cuillérée 0,25 6 400 1 600 Tomates bassines 50 kg 30 15 000 450 000 autres semences bassines 50 kg 30 9 000 270 000 engrais minéral (17-17-17) kg 50 540 27 000 Diakatou bassines 21 kg 46 20 000 920 000 engrais organique

benne 0,5 125 000 62 500 27 9 000 243 000

bouses maïs épis frais 1950 200 390 000 fiente épis secs 1950 100 195 000 traitements phyto. traitement 1 3 000 3 000 TOTAL = Produit brut (NGF) ###### participation gestion col. Produit brut par are (NGF) 293 800 TOTAL conso. interm. 94 100 Valeur ajoutée brute (NGF) ###### Valeur ajoutée brute par are (NGF) 292 000

Amortissements petit outillage 15 100 motopompe TOTAL amortissements 15 100 Valeur ajouté nette (NGF) ###### Valeur ajouté nette par are (NGF) 290 200

Affectations cotisation 300 salaires 0 kilés 0 TOTAL affectations 300 Revenu du bas fond (NGF) ###### Revenu du bas fond par are (NGF) 290 200 COMPTE D'EXPLITATION SOUS-UNITE DE PRODUCTION

Tapade % % Elevage % Sous-système de production

Bas-fond %

Champs extérieurs

% Revenus non agricoles

REVENU TOTAL

Revenu 2 437 500 77% 0 0% 500 000 16% # 1% 175 000 6% 3 157 500

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COMPTE D'EXPLOITATION SUR TOMATE - HORE MAMOU

Adhérent n° 11 - Type 2 : intermédiaire ASSOLEMENT BAS-FOND Surface totale 4000 m²

Surface en tomate culture pure saison sèche 1000 m² Surface aubergine (cobo-cobo) associée maïs s.s. 1000 m²

Surface aubergine (cobo-cobo) culture pure s.s. 500 m² Surface aubergine (djakatou) culture pure s.s. 500 m²

Surface patate douce culture pure s.s. 280 m² COMPTE D'EXPLOITATION BAS-FOND

Charges Produits Nature Unité Quantité Prix unit

(NGF) Coût (NGF)

Nature Unité Quantité Prix unit (NGF)

Recette (NGF)

Consommations intermédiaires

semences fédération cuillérée 1 6 400 6 400 Tomates bassines 50 kg 48 7 500 360 000 autres semences Cobo-cobo bassines 21 kg 47 15 000 705 000 engrais minéral (17-17-17) kg 25 540 13 500 bassines 21 kg 50 20 000 1 000 000 engrais organique tas 0,33 10 000 3 300 Diakatou bassines 21 kg 37 8 000 296 000 bouses bassines 21 kg 20 15 000 300 000 fiente Maïs épis frais 7000 200 1 400 000 traitements phyto. traitement 1 2 000 2 000 Patate douce 10 10 000 100 000 participation gestion col. TOTAL = Produit brut (NGF) ####### TOTAL conso. interm. 25 200 Produit brut par are (NGF) 104 000 Valeur ajoutée brute (NGF) #######

Amortissements petit outillage 10 470 Valeur ajoutée brute par are (NGF) 103 800 motopompe TOTAL amortissements 10 470 Valeur ajouté nette (NGF) ####### Valeur ajouté nette par are (NGF) 103 500

Affectations cotisation 300 prélèvement 0 Revenu du bas fond (NGF) ####### salaires 3 300 Revenu du bas fond par are (NGF) 103 400 kilés 0 TOTAL affectations 3 600

COMPTE D'EXPLITATION SOUS-UNITE DE PRODUCTION Sous-système de production Bas-fond % Tapade % Champs extérieurs % Elevage % Revenus non agricoles % REVENU TOTAL Revenu 4 136 460 93% 100 000 2% 200 000 5% # 0,1% 0 0% 4 442 460

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COMPTE D'EXPLOITATION SUR TOMATE HORE MAMOU Adhérent n° 16 - Type 3 : entrepreneur maraîcher

ASSOLEMENT BAS-FOND Surface totale 35000 m² Surface manioc culture pure 6670 m² Surface en tomate culture pure saison sèche 15000 m² Surface arachide culture pure s.s. 6670 m² Surface aubergine (cobo-cobo) culture pure s.s. 6670 m² Surface maïs culture pure (succesion à la tomate) 15000m² COMPTE D'EXPLOITATION BAS-FOND

Charges Produits Nature Unité Quantité Prix unit

(NGF) Coût (NGF)

Nature Unité Quantité Prix unit (NGF)

Recette (NGF)

Consommations intermédiaires

semences fédération cuillérée 1 6 400 6 400 Tomates bassines 50 kg 210 8 000 1 680 000 autres semences bassines 50 kg 225 7 500 1 687 500 engrais minéral (17-17-17) kg 300 540 162 000 Cobo-cobo bassines 21 kg 140 20 000 2 800 000 engrais organique benne 5 140 000 700 000 bassines 21 kg 210 9 000 1 890 000 traitements phyto. traitement 2 40 000 80 000 bassines 21 kg 140 20 000 2 800 000 tuteurs tuteur 90000 5 450 000 Manioc pieds 1335 625 834 375 gaz oil l 300 400 120 000 Arachide kg 122 400 48 800 participation gestion col. kg 90 500 45 000 TOTAL conso. interm. ##### kg 61 600 36 600 kg 74 800 59 200

Amortissements petit outillage 57 800 maïs épis frais 90000 40 3 600 000 motopompe 560 000 TOTAL = Produit brut (NGF) ###### tracteur 2 000 000 Produit brut par are (NGF) 44 230 TOTAL amortissements ##### Valeur ajoutée brute (NGF) ###### Valeur ajoutée brute par are (NGF) 39 900

Affectations cotisation 300 Valeur ajouté nette (NGF) ###### prélèvement 0 Valeur ajouté nette par are (NGF) 32 400 salaires 576 000 kilés 0 TOTAL affectations ##### Revenu du bas fond (NGF) ###### Revenu du bas fond par are (NGF) 30 800 COMPTE D'EXPLITATION SOUS-UNITE DE PRODUCTION Bas-fond % Tapade % Elevage Sous-système

de production % Champs extérieurs

% Revenus non agricoles % REVENU TOTAL

Revenu 10 768 975 66% 1 578 000 10% 0 0% 22% 400 000 2% 16 266 975

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COMPTE D'EXPLOITATION SUR POMME DE TERRE - NDINDO Adhérent n° 24 - Type 1

ASSOLEMENT BAS-FOND

Surface totale 2 500 m² Surface en pomme de terre saison sèche 1 250 m² Surface en maïs pur saison sèche 1 250 m² Surface riz associé au maïs saison des pluies 2 500 m² COMPTE D'EXPLOITATION BAS-FOND

Charges Produits Nature Unité Quantité Prix unit

(NGF) Coût (NGF)

Nature Unité Quantité Prix unit (NGF)

Recette (NGF)

Consommations intermédiaires

semence Fédération kg 80 1 200 96 000 Pomme de t. kg 800 350 280 000 autres semences Maïs épis frais 15000 40 600 000 engrais minéral (17-17-17) kg 39 540 21 060 Riz kg 150 300 45 000 bouses sac 5 500 2 500 kg 25 600 15 000 fiente sac 1 5 000 5 000 TOTAL = Produit brut (NGF) 940 000 Traitements phyto. traitement 0 Produit brut par are (NGF) 37 600 Participation fonct. moto pompe et entretien magazin 25 000 TOTAL conso. interm. ##### Valeur ajoutée brute (NGF) 790 440 Valeur ajoutée brute par are

(NGF) 31 600

Amortissements petit outillage 4 700 TOTAL amortissements 4 700 Valeur ajouté brut (NGF) 785 740 Valeur ajouté brut par are 31 430

Affectations cotisation 300 prélèvement 0 salaires 0 kilés 0 TOTAL affectations 300 Revenu bas-fond (NFG) 785 440 Revenu bas-fond par are (NFG) 31 420

COMPTE D'EXPLITATION SOUS-UNITE DE PRODUCTION Bas-fond

% Tapade % % Elevage % % Sous-système de production

Champs extérieurs

Revenus non agricoles

REVENU TOTAL

Revenu 785 440 80% 36 500 4% 157 800 16% 0% 0% 979 740

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COMPTE D'EXPLOITATION SUR POMME DE TERRE - NDINDO Adhérent n° 20 - Type 2

ASSOLEMENT BAS-FOND Surface totale 1 380 m² Surface piment associé maïs saison sèche 320 m² Surface en pomme de terre saison sèche 520 m² SURFACE KOBO-KOBO ASSOCIE MAÏS SAISON SECHE 540 m² Surface maïs pur début saison des pluies 520 m² Surface riz pur fin saison des pluies 520 m² COMPTE D'EXPLOITATION BAS-FOND

Charges Produits Nature Unité Quantité Prix unit

(NGF) Coût (NGF)

Nature Unité Quantité Prix unit (NGF)

Recette (NGF)

Consommations intermédiaires

semence Fédération kg 200 1 200 240 000 Pomme de t. kg 2000 350 700 000 autres semences Maïs épis frais 4830 40 193 200 engrais minéral (17-17-17) kg 100 540 54 000 Riz kg 45 300 13 500 bouses sac 5 500 2 500 Cobo-cobo bassine (21 kg) 14 15 000 210 000 fiente sac 12 5 000 60 000 bassine (21 kg) 25 8 000 200 000 traitements phyto. traitement 0 bassine (21 kg) 14 6 000 84 000 Part. fonct. motopompe Piment bassine (20 kg) 4 15 000 60 000 et entretien magazin 25 000 bassine (20 kg) 12 6 000 72 000 TOTAL conso. interm. ##### bassine (20 kg) 8 9 000 72 000 TOTAL = Produit brut (NGF) ######

Amortissements petit outillage 6 250 Produit brut par are (NGF) 116 300 TOTAL amortissements 6 250 Valeur ajoutée brute (NGF) ###### Valeur ajoutée brute par are (NGF) 88 600

Affectations loyer 0 Valeur ajouté nette (NGF) ###### cotisation 300 Valeur ajouté nette par are (NGF) 88 200 prélèvement 0 salaires 23 000 kilés 0 Revenu bas-fond (NFG) ###### TOTAL affectations 23 300 Revenu bas-fond par are (NFG) 86 500

COMPTE D'EXPLITATION SOUS-UNITE DE PRODUCTION Bas-fond % Tapade % % % % Sous-système

de production Champs extérieurs

Elevage Revenus non agricoles

REVENU TOTAL

Revenu 1 193 650 59% 750 000 37% 80 400 4% 0,2% 0 0% 2 028 050

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COMPTE D'EXPLOITATION SUR POMME DE TERRE - NDINDO Adhérent n° 21 - Type 3

ASSOLEMENT BAS-FOND Surface totale 2 750 m² SURFACE PIMENT ASSOCIE MAÏS SAISON SECHE 160 m² Surface en pomme de terre saison sèche 570 m² Surface piment pur saison sèche 145 m² Surface riz associé au maïs saison des pluies 570 m² Surface diakatou pur saison sèche 50 m² Surface aubergine associée maïs saison sèche 700 m² Surface maïs pur saison sèche 1130 m² COMPTE D'EXPLOITATION BAS-FOND

Charges Produits Consommations Nature Unité Quantité Prix unit

(NGF) Coût (NGF)

Nature Unité Quantité Prix unit (NGF)

Recette (NGF)

intermédiaires semence Fédération kg 250 1 200 300 000 Pomme de t. kg 1020 350 357 000 autres semences Maïs épis frais 27875 40 1 115 000 engrais minéral (17-17-17) kg 25 540 13 500 Riz kg 34,5 400 13 800 bouse sac 10 500 5 000 Cobo-cobo bassine (21 kg) 80,5 15 600 1 255 800 fiente sac 25 5 000 125 000 Diakatou bassine (21 kg) 8 8 600 68 800 traitements phyto. traiteme

nt 0 Piment bassine (20 kg) 54 15 000 810 000

Part. fonct. motopompe 12 500 TOTAL = Produit brut (NGF) ###### Entretien cannaux 5 000 Produit brut par are (NGF) 131 650 TOTAL conso. interm. ##### Valeur ajoutée brute (NGF) ###### Valeur ajoutée brute par are (NGF) 114 900

Amortissements petit outillage 2 000 TOTAL amortissements 2 000 Valeur ajouté nette (NGF) ###### Valeur ajouté nette par are (NGF) 114 800

Affectations cotisation

300

prélèvement 0 salaires 3 000 kilés 17 500 Revenu bas-fond (NFG) ###### TOTAL affectations 20 800 Revenu bas-fond par are (NFG) 114 100

COMPTE D'EXPLOITATION SOUS-UNITE DE PRODUCTION Sous-système de production

Bas-fond % Tapade % Champs extérieurs

% Elevage % Revenus non agricoles % REVENU TOTAL

Revenu 3 136 600 85% 0 0% 200 000 5% # 5% 150 000 4% 3 686 600

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COMPTE D'EXPLOITATION SUR POMME DE TERRE - TIMBI MADINA

Adhérent n° 17 - Type 4 ASSOLEMENT BAS-FOND Surface en pomme de terre saison sèche 1 200 m² (6 casiers) Surface maïs associé arachide saison sèche 1 200 m² (6 casiers) Surface riz saison des pluies 1 200 m² (6 casiers) COMPTE D'EXPLOITATION BAS-FOND

Charges Produits Nature Unité Quantité Prix unit Coût Culture Nature Unité Quantité Prix unit Recette semence pomme de t kg 200 1 200 240000 Pomme de t Livraison fédé. kg 1200 350 420 000 Consommations

intermédiaires engrais minéral (17-17-17) kg 109 540 58 860 saison pluies kg 1000 350 350 000 pomme de terre urée kg 0 800 0 Produit brut PdT (NGF) 770 000

Part. fonct. motopompe forf casier 6 1 000 6 000 Valeur ajoutée brute PdT (NGF)

354 640

fumier sac 45 900 40 500 Maïs sac 9 7 500 67 500 autres 70 000 Arachide sac 1 11 000 11 000 TOTAL conso. interm. PdT ##### Produit brut Maïs+Ara. (NGF) 78 500

Consommations semence maïs kg 4 600 2 400 Valeur ajoutée brute Maïs+Ara. (NGF) 75 300 intermédiaires semence arachide kg 2 400 800 Riz sac 7 14 000 98 000 maïs et arachide TOTAL conso. Interm. Maïs et Arachide 3 200 Produit brut Riz (NGF) 98 000 Consommations semences riz kg 6 500 3 000 Valeur ajoutée brute Riz (NGF) 92 000 intermédiaires engrais minéral (17-17-17) kg 0 540 0 riz Part. fonct. motopompe forft casier 6 500 3 000

urée kg 0 800 0 Produit brut bas-fond (NGF) 946 500 TOTAL conso. interm. Riz 6 000 Valeur ajoutée brute bas fond (NGF) 521 940 TOTAL conso. Interm. Totales #####

Amortissements TOTAL amortissements petit outillage (estimation) 7 500 Valeur ajoutée nette bas-fond (NGF) 514 440 Affectations main d'œuvre sur pomme de terre 35 500

main d'œuvre maïs + arachide 6 000 main d'œuvre sur riz 21 000 cotisation 300 TOTAL affectations 62 800 Revenu bas-fond (NFG) 451 640

COMPTE D'EXPLOITATION SOUS-UNITE DE PRODUCTION Sous-système de production Bas-fond % Tapade % Champs extérieurs % Elevage % Revenus non agricoles REVENU TOTAL Revenu 451 640 76% 142 000 24% 0 0% Non déterminé OUI 593 640

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COMPTE D'EXPLOITATION SUR OIGNON - TOUGUE MOMBEYA Adhérent n° g2 - Type 1

ASSOLEMENT BAS-FOND Surface totale 500 m² Surface en oignon associé maïs saison sèche 500 m² COMPTE D'EXPLOITATION BAS-FOND

Charges Produits Nature Unité Quantité Prix unit

(NGF) Coût (NGF) Nature Unité Quantité Prix unit (NGF) Recette

(NGF) Consommations intermédiaires

semences fédération g 100 80 8 000 Oignon kg 54 300 16 200 autres semences 600 kg 16 550 8 800 engrais minéral (17-17-17) kg 3 500 1 500 Maïs 19 000 engrais organique 0 TOTAL = Produit brut (NGF) 44 000 TOTAL conso. interm. 10 100 Produit brut par are (NGF) 8 800 Valeur ajoutée brute (NGF) 33 900

Amortissements petit outillage 1 435 Valeur ajoutée brute par are (NGF) 6 800 TOTAL amortissements 1 435 Valeur ajoutée nette (NGF) 32 465 Valeur ajoutée nette par are (NGF) 6 400

Affectations cotisation 300 prélèvement 0 salaires 0 location 3 000 TOTAL affectations 3 300 Revenu du bas fond (NGF) 29 165 Revenu du bas fond par are (NGF) 5 800

COMPTE D'EXPLITATION SOUS-UNITE DE PRODUCTION Sous-système de production

Bas-fond % Tapade % Champs extérieurs % Elevage % Revenus non agricoles % REVENU TOTAL

Revenu 29 165 26% Non déterminé 45 500 40% 0,0% 39 000 34% 113 665

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COMPTE D'EXPLOITATION SUR OIGNON - TOUGUE MOMBEYA Adhérent n° e5 - Type 2

ASSOLEMENT BAS-FOND

Surface totale 800 m² Surface en oignon associé maïs sèche 800 m²

COMPTE D'EXPLOITATION BAS-FOND Charges Produits

Nature Unité Quantité Prix unit

(NGF) Coût (NGF)

Nature Unité Quantité Prix unit (NGF)

Recette (NGF)

Consommations intermédiaires

semences fédération g 150 70 10 500 Oignon kg 500 300 150 000 semences maïs 2 100 kg 200 275 55 000 engrais minéral (17-17-17) kg 7 500 3 500 Maïs 93 000 engrais organique 9 000 TOTAL = Produit brut (NGF) 298 000 TOTAL conso. interm. 25 100 Produit brut par are (NGF) 37 250 Valeur ajoutée brute (NGF) 272 900

Amortissements petit outillage 12 160 Valeur ajoutée brute par are (NGF) 34 100 TOTAL amortissements 12 160 Valeur ajoutée nette (NGF) 260 740 Valeur ajoutée nette par are (NGF) 32 600

Affectations cotisation 300 prélèvement 0 salaires 17 000 location 3 000 TOTAL affectations 20 300 Revenu du bas fond (NGF) 240 440 Revenu du bas fond par are (NGF) 30 100

COMPTE D'EXPLITATION SOUS-UNITE DE PRODUCTION Sous-système de production

Bas-fond % Tapade % Champs extérieurs % Elevage % Revenus non agricoles % REVENU TOTAL

Revenu 240 440 25% Non déterminé -14 000 -1% 51,0% 250 000 26% 972 640

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COMPTE D'EXPLOITATION SUR OIGNON - TOUGUE MOMBEYA Adhérent n° b2 - Type 3

ASSOLEMENT BAS-FOND

Surface totale 1200 m² Surface en oignon pur saison sèche 1200 m² Surface riz pluvial saison des pluies 1200 m²

COMPTE D'EXPLOITATION BAS-FOND Charges Produits

Nature Unité Quantité Prix unit

(NGF) Coût (NGF)

Nature Unité Quantité Prix unit (NGF)

Recette (NGF)

semences fédération g 149 70 10 430 Oignon kg 1400 550 770 000

Consommations intermédiaires

autres semences Maïs+Riz 30 000 engrais minéral (17-17-17) kg 2 500 1 000 TOTAL = Produit brut (NGF) 800 000 engrais organique 0 Produit brut par are (NGF) 66 700 TOTAL conso. interm. 11 430 Valeur ajoutée brute (NGF) 788 570 Valeur ajoutée brute par are (NGF) 65 700

Amortissements petit outillage 16 180 TOTAL amortissements 16 180 Valeur ajoutée nette (NGF) 772 390 Valeur ajoutée nette par are (NGF) 64 400

Affectations cotisation 300 prélèvement 3 750 salaires 0 location 0 TOTAL affectations 4 050 Revenu du bas fond (NGF) 768 340 Revenu du bas fond par are (NGF) 64 000

COMPTE D'EXPLITATION SOUS-UNITE DE PRODUCTION Sous-système de production

Bas-fond % Tapade % Champs extérieurs % Elevage % Revenus non agricoles % REVENU TOTAL

Revenu 768 340 79% Non déterminé 60 000 6% -1,0% 150 000 15% 968 640

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COMPTE D'EXPLOITATION SUR OIGNON - TOUGUE MOMBEYA Adhérent n° i1 - Type 4

ASSOLEMENT MARAICHAGE Surface totale 1429 m² Surface en oignon pur saison des pluies 1429 m²

COMPTE D'EXPLOITATION BAS-FOND Charges Produits

Nature Unité Quantité Prix unit

(NGF) Coût (NGF)

Nature Unité Quantité Prix unit (NGF)

Recette (NGF)

Consommations intermédiaires

semences fédération g 1000 80 80 000 Oignon kg 2001 500 1 000 500 autres semences 0 TOTAL = Produit brut (NGF) ###### engrais minéral (17-17-17) kg 0 540 0 Produit brut par are (NGF) 43 400 engrais organique 0 TOTAL conso. interm. 80 000 Valeur ajoutée brute (NGF) 920 500 Valeur ajoutée brute par are (NGF) 37 800

Amortissements petit outillage 6 580 TOTAL amortissements 6 580 Valeur ajouté nette (NGF) 913 920 Valeur ajouté nette par are (NGF) 37 500

Affectations cotisation 300 prélèvement 0 salaires 30 000 location 0 TOTAL affectations 30 300 Revenu du bas fond (NGF) 883 620 Revenu du bas fond par are (NGF) 37 200

COMPTE D'EXPLOITATION SOUS-UNITE DE PRODUCTION Sous-système de production

Maraîchage % Tapade % Autres champs extérieurs % Elevage % Revenus non agricoles % REVENU TOTAL

Revenu 883 620 91% Non déterminé -63 000 -6% -4,5% 200 000 20% 976 220

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Annexe 6 : Les revenus du bas-fond de Laafou I.

DEPENSES POMME DE TERRE

Pour 1 ha = 50 casiers

Pour 1 casier= 200 m²

Dépenses/recettes par casier

Dépenses/recettes par parcelle

Dépenses/recettes par hectare

Caisse Entretien Laafou 1000 6000 50 000 A crédit 100%

Semences 2 t/ha 40 kg 1 200 FG/kg 48 000 288 000 2 400 000 A crédit 100%

Engrais 17-17-17 1 t/ha 20 kg

540 FG/kg 10 800 64 800 540 000 A crédit 100%

Matière Organique Bouse de vaches 25 t/ha 10 sacs 50kg

1000 FG/kg 10 000 60 000 500 000 A acheter presque toujours

TOTAL dépenses sans MO salariée 69 800 418 800 3 490 000

Main d’œuvre salariée 10 000 60 000 500 000

Compressible selon les

disponibilités familiales

TOTAL dépenses avec MO salariée 79 800 478 800 3 990 000

RECETTES POMME DE TERRE Gros calibre

vendu Fédération Rdt sem = 7

14 t/ha 280 kg

350 FG/kg 98 000 588 000 4 900 000

Petit calibre Vendu marché

20% du gros calibre

56 kg 600 FG/kg 33 600 201 600 1 680 000

TOTAL Pomme de terre 131 600 789 600 6 580 000

REVENU POMME DE TERRE Revenu sans MO salariée 61 800 370 800 3 090 000 Revenu avec MO salariée 51 800 310 800 2 590 000

DEPENSES RIZ

Pour 1 ha = 50 casiers

Pour 1 casier= 200 m²

Dépenses par casier

Dépenses par parcelle

Dépenses par hectare

Caisse Entretien Laafou 500 3 000 25 000

Semences 75 kg/ha 1,5 kg 500 FG/kg 750 4 500 37 500

Urée 50 kg/ha 1 kg 800 FG/kg 800 4 800 40 000 Pas souvent

ajoutée

TOTAL dépenses sans MO salariée 2 050 12 300 102 500

Main d’œuvre salariée 10 000 60 000 500 000

Compressible selon les

disponibilités familiales

TOTAL dépenses avec MO salariée 12 050 72 300 602 500

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RECETTES RIZ

Récolte Riz Rdt sem=47 3,5 t/ha

2 sacs Paddy 15 000 FG/sac 30 000 180 000 1 500 000

REVENU RIZ

Revenu sans MO salariée 27 950 167 700 1 397 500 Revenu avec MO salariée 17 950 107 700 897 500

REVENUS MAIS + ARACHIDE

MAIS Pour 1 ha = 50 casiers

Pour 1 casier= 200 m²

Dépenses par casier

Dépenses par parcelle

Dépenses par hectare

Semences Maïs 75 kg/ha 1,5 kg 500 FG/kg 750 4 500 37 500

Recettes Maïs 20 000 Pieds/ha

400 épis 200 FG/5 epis 16 000 96 000 800 000

Revenu du maïs 15 250 91 500 762 500

ARACHIDE Pour 1 ha = 50 casiers

Pour 1 casier= 200 m²

Dépenses par casier

Dépenses par parcelle

Dépenses par hectare

Semences Arachide 75 kg/ha 1,5 kg 500 FG/kg 750 4 500 37 500

Recettes Arachide 1,2 t/ha 22,5 kg 260 FG/kg 5 850 35 100 292 500

Revenu de l’arachide 5 100 30 600 255 000

Revenu maïs + arachide 20 350 122 100 1 017 500

REVENU TOTAL BAS-FOND 1 casier 2 casier 3 casier

Revenu sans MO salariée 110 100 660 600 5 505 000

Revenu avec MO salariée 90 100 540 600 4 505 000

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Annexe 7 : Tableau de synthèse des types des zones étudiées.

Lieu et type concernés Tomate, Horé Mamou Pdt, Ndindo Pdt, Timbi M. Oignon, Tougué Mombeya, Donghel Sigon Oignon Gali T1 T2 T3 T1 T2 T3 T1 T2 T3 T4

Part de ce type dans la zone étudiée 3/4 1/4 Minime 3/4

Type de bas-fond, type d’irrigation Petit Petit Avec

Motopompe Irrigué

excès d’eau Bonne

irrigation Irrigué

déficit d’eau Bonne

irrigation petit petit Moyen Coteau pluie

Surface en bas-fond 1 200m² 4 000 m² 20 000 m² 2 400 m² 3 400 m² 2 800 m² 1 200 m² 400 m² 700 m² 1 500 m² 1 500 m²

Revenu Total Agricole (en millions NGF) 1,4 3 12 0,8 2 1,9 1 à 2 0,2 0,7 à 0,9 0,3 à 0,8 0,1 à 1,3

Revenu BF/m² 630 NGF/m²

550 NGF/m²

450 NGF/m²

230 NGF/m²

450 NGF/m²

1 100 NGF/m² 420 NGF/m² 500 NGF/m² 600 NGF/m² 400 NGF/m² 500 NGF/m²

Part du BF dans le Revenu Total Agricole 50 % 71 % 73 % 75 % 65 % 73 % 65 % 35 % 40 % 75 % >75 %

Revenu de la culture

/m²t 500

NGF/m² 350

NGF/m² 150

NGF/m² 100

NGF/m² 260

NGF/m² 130 NGF/m² 260 NGF/m² 160 NGF/m² 300 NGF/m² 150 NGF/m² 500 NGF/m²

Revenu de la culture /m²c

1 000 NGF/m²

690 NGF/m²

260 NGF/m²

230 NGF/m²

1 000 NGF/m² 620 NGF/m² 430 NGF/m² 550 NGF/m²

Part de la culture dans Revenu BF 80 % 64 % 36 % 35 % 42 % 10 % 62 % 25 % 40 % 45 % >90 %

Part de culture dans Revenu Total Agricole 40 % 45 % 26 % 26 % 27 % 7 % 40 % 9 % 16 % 32 % 68 %

Dépense tot BF/m² 54 NGF/m²

80 NGF/m² 70 NGF/m² 60 NGF/m² 250

NGF/m² 180 NGF/m² 470 NGF/m² 20 NGF/m² 30 NGF/m² 25 NGF/m² 20 NGF/m²

Revenu BF/ Dépense BF 12 7 6 4 2 6 1 25 20 16 25

Part des avances aux cultures engagée/ Fédé 30 % 40 % 14 % 75 % 70 % 65 % 64 % 45% ou 0 40% ou 0% 45% ou 0% 30 %

Avance aux cultures totale de la Fédération

20 000 NGF

120 000 NGF

200 000 NGF

110 000 NGF

600 000 NGF 330 000 NGF 360 000 NGF 3 600 NGF 8 000 NGF 16 000 NGF 10 000 NGF

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REMARQUES : - Pour les producteurs d’oignon de saison des pluies de Gali, il faut remplacer « bas-fond » par coteau. - Le revenu de la culture par m²t est le quotient :

( revenu de la culture encadrée par la Fédé / surface cultivée en bas-fond)

- Le revenu de la culture par m²c est le quotient : ( revenu de la culture encadrée par la Fédé / surface de cette culture cultivée en bas-fond)

Lors des enquêtes :

1 US $ = 6 FF 1 FF = 220 NGF

1 US $ = 1 320 NGF