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Ministère de l'Enseignement Pré-Universitaire
et de l'Alphabétisation
EVALUATION A MI-PARCOURS DU PROJET
D'ACCELERATION DE L'EDUCATION DES FILLES
DANS LA PREFECTURE DE TELIMELE
Rapport final. Juillet 2016
Odile AKPAKA
Consultante Education et Genre
ii
Evaluation à mi-parcours du projet d'accélération de l'éducation des filles (PAEF) dans la préfecture de Télimélé. Odile AKPAKA. Rapport final. Juillet 2016
REMERCIEMENTS
Nous voudrions adresser nos sincères remerciements à tous ceux et à
toutes celles qui ont accepté de partager avec nous leur expérience et
leurs points de vue au cours des entretiens dans la préfecture de
Télimélé. Les un(e)s et les autres ont ainsi largement contribué aux
résultats présentés dans ce document.
La collaboration avec l'équipe de la section Education de l'UNICEF, avec
tous les collaborateurs de Plan International Guinée en charge du projet,
avec le Comité technique au niveau du Ministère de l'Enseignement Pré-
Universitaire et de l'Alphabétisation, a été très fructueuse. Que tous et
toutes trouvent ici l’expression de notre reconnaissance.
Le précieux concours de Monsieur Mouctar Blondiaux, statisticien
informaticien et personne-ressource dans le cadre de cette évaluation, a
grandement facilité le travail. Nous ne l'oublions pas et lui en savons gré.
Merci à Monsieur Niouma Millimouno, qui a affronté les routes de la
préfecture de Télimélé pour nous conduire.
Toute notre gratitude à Monsieur Mohamed Ag Ayoya, Représentant
UNICEF Guinée, et à Monsieur Francis Sala-Diakanda, Directeur Pays
Plan International Guinée, qui nous ont fait confiance et ont manifesté
leur intérêt pour ce travail.
La Consultante
iii
Evaluation à mi-parcours du projet d'accélération de l'éducation des filles (PAEF) dans la préfecture de Télimélé. Odile AKPAKA. Rapport final. Juillet 2016
RESUME
L’évaluation à mi-parcours du «Projet d’Accélération de l’Education des filles» (PAEF)
dans la préfecture de Télimélé fait l’objet du présent rapport. Le PAEF a débuté en 2012,
il vise à mettre la préfecture de Télimélé sur la voie de l’atteinte des Objectifs du
Millénaire pour le Développement 2 et 3. Les résultats attendus à l’échéance 2017 sont
les suivants : (i) au moins 90% des enfants en âge d’être scolarisés dans les 9 sous-
préfectures de Télimélé ciblées seront inscrits et maintenus à l’école, avec parité des
filles et des garçons; (ii) au moins 80% des enfants de la cohorte ayant commencé
l’école en 2012-2013 seront prêts pour l’achèvement du cycle d’études primaires, avec
parité des filles et des garçons; (iii) la préparation des enfants à l’école à travers des
Centres d’Education préscolaire à base Communautaire (CEC) aura prouvé son efficacité
pour garantir une inscription massive à l’école primaire et une réussite accrue; (iv) une
formule d’éducation de la seconde chance pour les adolescents non scolarisés ou
précocement déscolarisés, particulièrement les adolescentes, cela au travers des écoles
primaires existantes, aura été testée avec succès.
Le PAEF agit au niveau de trois (3) principaux volets: l'accès, la qualité et la gestion.
Le volet accès se caractérise principalement par la construction de : (i) 18 écoles de 3
salles de classe, soit 54 salles de classe avec un bureau et un magasin et des blocs de
latrines séparées filles/garçons; (ii) 60 CEC à proximité des écoles appuyées par le PAEF;
(iii) 18 «classes spéciales» pour les enfants «surâgés».
Le volet qualité de l'enseignement/apprentissage comprend notamment la formation et le
suivi des enseignants formés, essentiellement en pédagogie active, la dotation des élèves
et enseignant(e)s en fournitures scolaires et matériels didactiques.
Le volet gestion est principalement orienté vers l'implication des élèves et des
communautés dans la cogestion de l'école avec le renforcement des capacités des
Gouvernements d’Enfants (GDE), des Associations de Parents d’Elèves et Amis de l’Ecole
(APEAE) et des Associations des Mères d’Elèves Filles (AMEF), et avec la mise en place et
l'équipement des Groupements Villageois d’Epargne et de Crédit (GVEC).
Au centre des interventions se trouvent les écoles et les communautés : tous les acteurs
communautaires ainsi que les autorités administratives et élus locaux, les enseignant(e)s
sont parties prenantes dans le PAEF. La Direction Préfectorale de l’Education (DPE),
représentant des autorités régionales et nationales du Ministère de l’Enseignement Pré-
Universitaire et de l’Alphabétisation (MEPU-A), est à la fois acteur engagé et bénéficiaire.
L’UNICEF, Plan International Guinée, l’Association Réussir Ensemble (ARE), contribuent
chacun(e) avec des responsabilités et rôles spécifiques à l’atteinte des résultats.
Neuf (9) sous-préfectures sur les quatorze (14) de la préfecture ont été ciblées. Parmi
ces neuf (9), quatre (4) constituent les sous-préfectures de forte focalisation.
Les termes de référence de cette évaluation à mi-parcours, retardée en raison de
l’épidémie à virus Ebola et commanditée par l’UNICEF Guinée et Plan Guinée, définissent
l'objectif général de cette évaluation comme suit: «apprécier les grandes tendances vers
iv
Evaluation à mi-parcours du projet d'accélération de l'éducation des filles (PAEF) dans la préfecture de Télimélé. Odile AKPAKA. Rapport final. Juillet 2016
l'atteinte des résultats globaux du projet, le niveau d'atteinte des résultats spécifiques et
les réalisations qui y ont contribué, au regard des résultats et activités planifiés, afin
d'apporter les éventuels ajustements qui seraient nécessaires pour accélérer l'atteinte
des résultats attendus à l'horizon 2017».
La méthodologie a été validée par le Comité de pilotage de l’évaluation, présidé par le
Directeur National de l’Enseignement Elémentaire. C’est ce même Comité qui a validé le
présent rapport, dont les principales conclusions et recommandations ont été présentées
au Secrétaire Général du MEPU-A le 19 mai 2016.
Trois orientations méthodologiques ont guidé l'ensemble du travail: démarche
participative, approche intégrée, collaboration continue. La revue documentaire s’est
poursuivie tout au long du travail. L'approche méthodologique a privilégié les méthodes
qualitatives tout en s'appuyant sur les données quantitatives existantes. Elle a visé à
recueillir le maximum d'informations auprès de toutes les parties prenantes. La
participation à la revue d’avril 2016 a constitué une occasion inespérée d'appréhender le
chemin parcouru dans l'atteinte des résultats. La collecte des données quantitatives s’est
appuyée sur les statistiques scolaires disponibles au niveau national, régional et
préfectoral. Les indicateurs d’outputs ont été renseignés ainsi que certains indicateurs
d’outcomes.
Les entretiens guidés (individuels/en groupe) ont été préférés aux questionnaires. Des
histoires de vie ont également été recueillies. La sélection des sites où ces entretiens
devaient être réalisés a été faite sur la base d’un choix raisonné. Compte tenu d'une
certaine similitude dans leurs rôles et responsabilités dans le PAEF, les acteurs et
partenaires impliqués ont été répartis en sept (7) groupes. Des guides d'entretien,
spécifiques à chacun de ces groupes, ont été élaborés. Certaines pistes de
questionnement sont communes à tous, afin d'opérer les triangulations. Au total 80
entretiens ont été menés par les deux membres de l’équipe d’évaluation, entre le 14 et le
29 avril 2016, auprès de 394 personnes : 174 filles et femmes (soit 44%) et 220 garçons
et hommes (soit 56%), sans compter les filles et les garçons des CEC, avec lesquels
quelques activités-tests ont été menées.
Les financements prévus dans les accords de partenariat ont été étudiés et mis en
relation avec les données financières disponibles. La saisie, le traitement, l'analyse des
données ont été réalisés avec le logiciel NVivo 11.
L’évaluation des acquis scolaires a été réalisée par des équipes du Service National de
Coordination de l'Evaluation du Système Educatif (SNCESE). Ont été retenues 17 écoles
en zone expérimentale (dans les 4 sous-préfectures de forte focalisation de la préfecture
de Télimélé) et 15 écoles en zone témoin (dans 4 sous-préfectures de la préfecture de
Dubreka rural, frontalières de Télimélé et présentant à peu près les mêmes
caractéristiques que celles de la zone expérimentale). Les publics sur lesquels porte
l’étude sont essentiellement les élèves, les enseignant(e)s et les directeurs d’école. Les
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Evaluation à mi-parcours du projet d'accélération de l'éducation des filles (PAEF) dans la préfecture de Télimélé. Odile AKPAKA. Rapport final. Juillet 2016
classes de CP2 et CE2 ont été choisies, et 25 élèves devaient être enquêté(e)s pour
chaque classe (au total 66 classes).
Un cahier élève CP2, un cahier élève CE2, un questionnaire enseignant et un
questionnaire directeur ont été élaborés par une équipe mixte du SNCESE et de l’Institut
National de Recherche et d’Application Pédagogique (INRAP). La collecte des données a
été réalisée du 16 au 24 mai 2016 par 24 enquêteurs. Un fichier de données a été
constitué et nettoyé avant d’entamer l’analyse, l’interprétation et la rédaction du rapport
technique d’évaluation. Des liens ont été établis entre le niveau des élèves et celui des
enseignant(e)s notamment, et entre les résultats des élèves et un ensemble de variables
environnementales.
La pertinence du PAEF est non seulement manifeste par rapport à la Politique et au
Programme sectoriels de l'Education en Guinée, par rapport au Cadre de l’Education de
Dakar, par rapport aux stratégies définies par l'UNICEF et par Plan Guinée. Mais elle l'est
encore et surtout par rapport aux problèmes des communautés et du système éducatif,
qui sont à la base de la sous-scolarisation des enfants, notamment des filles, dans la
préfecture de Télimélé.
En termes d’efficacité, certains des résultats spécifiques sont en bonne voie pour être
atteints, notamment ceux relatifs aux constructions d’écoles, aux dotations de fournitures
scolaires, à la mise en place ou au renforcement des organisations communautaires..
D’autres pourraient l'être au niveau des neuf (9) sous-préfectures, si des enseignants
sont massivement recrutés (le manque d’enseignant(e)s constitue une entrave
importante à l’efficacité du projet) ou si des stratégies pertinentes sont mises en place,
par exemple pour garantir la protection des enfants et rendre les GDE plus performants.
D'autres enfin ont peu de chances d'être obtenus en termes quantitatifs, mais pourraient
l’être en termes qualitatifs (cas des classes spéciales et des CEC).
Les ressources humaines et financières investies par le PAEF ont produit des effets
notables. La formation en pédagogie active, le suivi des enseignant(e)s formé(e)s,
l’animation pédagogique au sein des grappes ont permis, entre autres, un début de
renouvellement de l’enseignement/apprentissage et une expression orale et écrite plus
aisée des élèves, ce qui valorise l’école aux yeux des parents. Néanmoins les enseignants
continuent à privilégier le travail individuel. Face aux difficultés, ils ont tendance à se
retrancher dans leurs pratiques antérieures et à enseigner de manière traditionnelle. De
manière générale, il faut noter la grande difficulté à introduire des innovations (système
fille pour fille, recensement des enfants avant l’entrée au CP1…) dans le monde éducatif.
La mobilisation des communautés à travers les APEAE et les AMEF, leur implication dans
les constructions et dans les sensibilisations des autres parents, notamment des mères
par des mères, ont contribué aux changements d’attitudes face à l’école et à une
participation à la cogestion de celle-ci. L'énergie insufflée par le biais des renforcements
de capacités, des avantages indirects liés à leur position, ou de la pression exercée par
les Animateurs de Développement Communautaire (ADC) et les fréquentes missions de
vi
Evaluation à mi-parcours du projet d'accélération de l'éducation des filles (PAEF) dans la préfecture de Télimélé. Odile AKPAKA. Rapport final. Juillet 2016
suivi résistera-t-elle à l'usure du temps? La conviction personnelle de certains membres
de la communauté permettra-t-elle de maintenir la dynamique actuelle dans le domaine
de l'éducation? Tel est l'un des grands défis actuels du PAEF, car c'est maintenant qu'il
s'agit de mettre en place les mécanismes qui pourraient permettre de le relever.
La comparaison pour la préfecture de Télimélé entre les taux bruts d'inscription de 2011-
2012 et ceux de 2014-2015 révèle une nette progression. Pour Télimélé rural (où sont
situées la quasi-totalité des écoles appuyées par le PAEF), ces taux passent de 61% à
81%, et pour les filles de 56% à 78,4%. Dans les sous-préfectures de forte focalisation,
le projet axé sur l'accélération de l'éducation des filles a non seulement profité à celles-ci
mais également aux garçons. Les effets liés aux constructions sont visibles lorsqu'on
compare l'évolution des effectifs, entre 2012-2013 et 2015-2016 dans les écoles
construites et ceux dans les autres écoles ciblées. L'examen du nombre de candidates à
l'examen d'entrée en 7ème année montre une augmentation du nombre de candidates
entre 2013 et 2015, mais les tests statistiques ne montrent pas de différences
significatives entre les différentes catégories d’intervention.
Une comparaison des taux bruts d’achèvement entre 2011-2012 et 2014-2015 ne fait
pas apparaître d’amélioration par rapport à cet indicateur. Le problème de l’achèvement
reste entier, lié au mariage précoce, au très grand nombre d'écoles à cycle incomplet, au
manque de ressources des parents qui utilisent les enfants comme main d'œuvre, au
manque d'enseignants, au manque de modèles féminins, à la qualité de
l'enseignement/apprentissage. L’impact des sensibilisations actuelles sur les mariages
précoces reste limité.
Si la parité est quasiment réalisée dans les CEC, si les parents, et surtout les mères,
envoient volontiers leurs enfants au CEC, le fonctionnement de ceux-ci pose maints
problèmes, notamment celui de la prise en charge des éducateurs/trices. Quant aux
classes spéciales, 6 salles ont été construites, 4 classes fonctionnent. Elles accueillent
actuellement 54 jeunes de 10 à 15 ans: 45 filles et 9 garçons. Des contraintes liées à
l'âge des apprenant(e)s attiré(e)s par l'exode ou le mariage, aux difficultés
d'enseignement/apprentissage, au manque d'enseignants doivent faire l’objet d’une
réflexion avec les différents acteurs et partenaires.
La remise de fournitures scolaires à tous les enfants, filles et garçons, est considérée par
les différents groupes rencontrés comme l'intervention la plus porteuse, car elle diminue
de manière substantielle les charges financières des parents. Mais lorsque celles-ci ne
seront plus fournies, le manque de ressources des familles prendra-t-il à nouveau le pas
sur la récente conscience de l'importance de l'école pour les filles et leur famille? Les
GVEC subventionnés représentent une opportunité pour le financement d'activités liées à
la réalisation des droits des enfants, notamment en matière de scolarisation (achats des
fournitures, défraiement des éducateurs/trices). Qu'en sera-t-il pour les GVEC non
subventionnés?
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Evaluation à mi-parcours du projet d'accélération de l'éducation des filles (PAEF) dans la préfecture de Télimélé. Odile AKPAKA. Rapport final. Juillet 2016
Au vu des différents résultats atteints en 2016, on peut estimer que le premier résultat
attendu du PAEF, à savoir « au moins 90% des enfants en âge d’être scolarisés dans les
9 sous-préfectures de Télimélé ciblées seront inscrits et maintenus à l’école, avec parité
des filles et des garçons» a des chances d'être atteint à la fin du projet quant à
l’inscription, mais non pour le maintien. Pour les autres résultats attendus, la tâche parait
ardue, mais pas impossible sur le plan qualitatif.
Les résultats dont le PAEF peut se prévaloir sont en grande partie liés à l’approche qui a
été mise en œuvre, à savoir une approche holistique. En effet le PAEF a pris en compte
dans ses interventions tout à la fois les communautés et le système éducatif. De même
le PAEF a tenu compte à la fois des contraintes socio-économiques et des contraintes
socioculturelles. Même si le statut des femmes laisse encore à désirer, notamment dans
les APEAE, le PAEF a valorisé l’image des femmes à travers les AMEF (des mères,
analphabètes pour la plupart, se sentent chez elles à l'école,) et à travers les trois (3)
jeunes femmes ADC, dont le rôle de modèle est important.
L’évaluation des acquis scolaires a montré que le niveau d’acquisition des élèves est plus
élevé dans la zone du projet comparée à la zone témoin et aux évaluations antérieures
notamment celle de 2013 et ce pour les deux (2) niveaux évalués, à savoir le CP2 et le
CE2. Cette amélioration des notes des élèves qui se situent (juste) au niveau de la
moyenne nationale de 50/100 est plus marquée en français qu’en calcul. Cette
amélioration peut être attribuée aux conditions d’apprentissage rendues plus favorables
par les interventions du projet comme la mise à disposition des fournitures scolaires, des
manuels, les formations et encadrements dont ont bénéficié les enseignant(e)s. En dépit
de ces renforcements, le niveau académique des enseignants reste bas, mais cependant
supérieur dans la zone du PAEF à celui de la zone témoin. Aux dires de 98% des
directeurs d’écoles, les enseignants ont besoin de formation complémentaire pour
améliorer leurs pratiques (niveau académique et professionnel) et l’intégration des
pédagogies actives. Malgré un léger progrès, l’écart dans les résultats entre élèves filles
et garçons persiste : 3,1/100 en faveur des garçons.
Même si des marges d’amélioration en termes d’efficience existent, notamment en ce qui
concerne les CEC (pour les jeux éducatifs) et les « classes spéciales » (organisation à
moduler en fonction des effectifs), il apparaît que les ressources financières et la plupart
des ressources humaines étaient nécessaires pour l’atteinte des résultats actuels.
Des recommandations sont adressées aux acteurs et partenaires suivants :
- au MEPU-A
Niveau national : Recruter massivement des enseignant(e)s parmi les diplômé(e)s
des Ecoles Nationales des Instituteurs (ENI)
Niveau régional: Affecter des enseignant(e)s. Réaliser un répertoire des bonnes
pratiques du projet et les partager avec les autres préfectures de la région.
Niveau préfectoral et sous-préfectoral: Consolider les acquis au niveau de la
pédagogie active, développer et encourager les grappes ; former les enseignants de la
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Evaluation à mi-parcours du projet d'accélération de l'éducation des filles (PAEF) dans la préfecture de Télimélé. Odile AKPAKA. Rapport final. Juillet 2016
sous-préfecture de Kollet à la pédagogie active ; généraliser le système fille pour fille et
garçon pour garçon et veiller à son application effective ; revoir avec l'UNICEF la
stratégie des classes spéciales ; déterminer, en collaboration avec l'UNICEF et avec Plan
Guinée, une approche pour lutter contre les violences en milieu scolaire ; renforcer les
capacités des directeurs dans le domaine de la cogestion avec les structures parentales.
Niveau écoles : réaliser systématiquement, en collaboration avec les structures
parentales et des élèves de CM ou du secondaire, le recensement des enfants en âge de
commencer le CP1 ; mettre en œuvre le système fille pour fille et garçon pour garçon ;
veiller à la multiplication des travaux de groupe dans chaque classe ; assurer la cogestion
de l’école avec les structures parentales.
- Au Ministère des Affaires Sociales, de la Promotion de la Femme et de l’Enfance :
Assurer une formation simple et concrète des éducateurs/trices, notamment sur
l'utilisation des jeux éducatifs, contenus dans les mallettes ; réaliser un suivi régulier des
CEC.
- A l’UNICEF : Revoir avec les différents intervenants le Cadre logique ; définir avec
la DPE et Plan Guinée les processus de formation et de suivi des GDE; appuyer la DPE
dans la définition et la mise en œuvre d’un plan pour les « classes spéciales » et d’une
approche pour lutter contre les violences en milieu scolaire; élaborer avec Plan Guinée et
les communautés une stratégie pour la réduction des mariages précoces.
- A Plan Guinée : Renforcer les GVEC pour s'assurer de la viabilité de tous ;
renforcer les capacités des Coordinations sous-préfectorales des APEAE; favoriser les
liens entre AV/APEAE; AV/AMEF ; pousser les femmes à se présenter comme candidates
à la présidence des APEAE.
- Aux communautés : Maintenir filles et garçons à l'école jusqu'au moins la fin de
l'école primaire; refuser les mariages précoces; favoriser le partage des tâches
domestiques entre les filles et les garçons; s’impliquer dans la vie et la gestion de l’école,
notamment dans la lutte contre les violences en milieu scolaire.
1
Evaluation à mi-parcours du projet d'accélération de l'éducation des filles (PAEF) dans la préfecture de Télimélé. Odile AKPAKA. Rapport final. Juillet 2016
Sommaire
LISTE DES ACRONYMES ..................................................................................................... 4
INTRODUCTION ................................................................................................................ 6
Chapitre 1 METHODOLOGIE ................................................................................................ 7
1.1 Orientations méthodologiques ....................................................................................... 7
1.2 Approche et méthodologie mises en œuvre ..................................................................... 8
1.2.1 La revue documentaire ............................................................................................. 8
1.2.2 La collecte de données sur le terrain .......................................................................... 8
1.2.2.1 Collecte des statistiques scolaires ......................................................................... 8
1.2.2.2 Renseignement des indicateurs ............................................................................ 9
1.2.2.3 Réalisation d'entretiens individuels/ en groupe....................................................... 9
1.2.2.4 Collecte des informations financières ................................................................... 11
1.2.3 Evaluation des acquis scolaires ................................................................................. 11
1.3 Traitement et analyse des données ............................................................................... 12
Chapitre 2 BILAN GLOBAL DU PROJET ................................................................................ 13
2.1 Présentation du contexte du PAEF et de son évolution entre 2012 et 2016 ......................... 13
2.2 Description du projet .................................................................................................. 15
2.2.1 Objectifs et résultats attendus ............................................................................... 15
2.2.2 Contenu ............................................................................................................. 16
2.2.3 Intervenants ....................................................................................................... 16
2.2.4 Mode opératoire .................................................................................................. 17
2.3 Résumé du déroulement du projet depuis son démarrage ................................................ 18
2.3.1 Les principales activités ........................................................................................... 18
2.3.2 Volume et affectation des financements mobilisés ....................................................... 23
2.3.3 Principales difficultés rencontrées.............................................................................. 23
2.3.3.1 Difficultés liées aux communautés ....................................................................... 23
2.3.3.2 Difficultés liées au système éducatif .................................................................... 24
2.3.3.3 Difficultés spécifiques à la mise en œuvre du PAEF dans Télimélé ........................... 25
Chapitre 3 LES PERFORMANCES DU PROJET ........................................................................ 26
3.1 Pertinence du PAEF ..................................................................................................... 26
3.2 Efficacité du PAEF ....................................................................................................... 28
3.2.1 Contribution des activités réalisées à la résolution des problèmes ................................. 28
3.2.1.1 Les activités les plus porteuses pour la scolarisation .............................................. 29
2
Evaluation à mi-parcours du projet d'accélération de l'éducation des filles (PAEF) dans la préfecture de Télimélé. Odile AKPAKA. Rapport final. Juillet 2016
3.2.1.2 La mise en œuvre de la pédagogie active ............................................................. 30
3.2.1.3 La mobilisation pour l'implication des communautés .............................................. 31
3.2.2 Le degré d'atteinte des résultats attendus .................................................................. 32
3.2.2.1 Au niveau de la préfecture ................................................................................. 32
3.2.2.2 Au niveau des 9 sous-préfectures ........................................................................ 33
3.2.2.3 Au niveau des 4 sous-préfectures ........................................................................ 36
3.2.3 Changements induits par le PAEF .............................................................................. 39
3.2.3.1 Au niveau des communautés .............................................................................. 39
3.2.3.2 Au niveau des écoles, des CEC et des classes spéciales .......................................... 42
3.2 3.3 Au niveau de l'administration scolaire .................................................................. 45
3.2.4 Collaboration entre les structures impliquées .............................................................. 45
3.3 Efficience ................................................................................................................... 47
3.4 Les effets du PAEF ...................................................................................................... 50
3.4.1 Evolution des effectifs entre 2011-2012 et 2015-2016 ................................................. 50
3.4.2 Evolution des inscriptions au CP1 .............................................................................. 53
3.4.3 Evolution entre 2013 et 2015 au niveau de l'entrée en 7ème ........................................ 53
3.4.4 Evolution des taux d'achèvement .............................................................................. 54
3.4.5 Quelques chiffres pour les CEC et classes spéciales ..................................................... 55
3.5 Durabilité .................................................................................................................. 56
3.5.1 Les leçons apprises ................................................................................................. 56
3.5.2 Les bonnes pratiques ............................................................................................... 57
3.5.2.1 Au niveau des communautés .............................................................................. 57
3.5.2.2 Au niveau des écoles ......................................................................................... 58
3.5.2.3 Au niveau de l'administration scolaire .................................................................. 59
3.5.3 Contraintes et opportunités ...................................................................................... 59
3.5.3.1 Contraintes ...................................................................................................... 59
3.5.3.2 Opportunités .................................................................................................... 60
Chapitre 4 EVALUATION DES ACQUIS SCOLAIRES ................................................................ 62
4.1 Résultats ................................................................................................................... 62
4.2 Facteurs influençant les résultats .................................................................................. 63
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS ............................................................................... 67
3
Evaluation à mi-parcours du projet d'accélération de l'éducation des filles (PAEF) dans la préfecture de Télimélé. Odile AKPAKA. Rapport final. Juillet 2016
Liste des tableaux
Tableau 1 Evolution des effectifs inscrits au CP1 dans la préfecture de Télimélé entre 2011-2012
et 2015-2016 .................................................................................................................. 15
Tableau 2 Les principales activités du PAEF ......................................................................... 19
Tableau 3 Evolution des effectifs dans les écoles primaires de Télimélé entre 2011-2012 et 2015-
2016 .............................................................................................................................. 51
Tableau 4 Evolution des pourcentages de filles à Télimélé ..................................................... 53
Tableau 5 Evolution des inscriptions au CP1 dans les 9 sous-préfectures ciblées....................... 53
Tableau 6 Evolution des taux d'achèvement ........................................................................ 55
Tableau 7 Effectifs des CEC en 2014-15 et 2015-2016 .......................................................... 55
Tableau 8 Résultats comparés par niveau et par zone (PAEF et témoin) .................................. 62
Tableau 9 Répartition des résultats sur une échelle de 4 niveaux ........................................... 63
Tableau 10 Moyennes des enseignant(e)s au test de niveau par zone ..................................... 65
Tableau 11 Activités gratuites de soutien aux élèves en difficulté ........................................... 66
Liste des graphiques
Graphique 1 Contribution des activités du PAEF à la résolution des problèmes liés à la
scolarisation selon les personnes rencontrées ...................................................................... 29
Graphique 2 Arbre à problèmes du mariage précoce ............................................................. 41
Graphique 3 Relations entre les structures impliquées dans le PAEF........................................ 46
Graphique 4 Evolution des effectifs des filles entre 2011-12 et 2015-16 .................................. 51
Graphique 5 Evolution des effectifs garçons entre 2011-2012 et 2015-2016 ............................ 52
Graphique 6 Evolution de la proportion de candidates admises .............................................. 54
Liste des encadrés
Encadré 1 Ils parlent de l'entretien du matin ....................................................................... 30
Encadré 2 Des histoires de vie différentes ........................................................................... 42
Liste des annexes (document séparé du présent rapport)
Annexe 1 : Termes de référence de la consultation
Annexe 2 : Liste des documents consultés
Annexe 3 : Guides pour les entretiens
Annexe 4 : Liste/nombre des personnes rencontrées et sites visités
Annexe 5 : Cadre logique
Annexe 6 : Synthèse des observations dans 4 CEC
Annexe 7 : Tableaux relatifs à l’évaluation des acquis scolaires
4
Evaluation à mi-parcours du projet d'accélération de l'éducation des filles (PAEF) dans la préfecture de Télimélé. Odile AKPAKA. Rapport final. Juillet 2016
LISTE DES ACRONYMES
AACG Association des Animateurs Communautaires de Guinée
ADC Animateur de Développement Communautaire
AMEF Association de Mères des Elèves Filles
APC Approche par Compétence
APEAE Association des Parents d’Elèves et Amis de l’Ecole
ARE Association Réussir Ensemble
AT Agent de Terrain
AV Animateur Volontaire
CE1/CE2 Cours Elémentaire 1ère année. Cours Elémentaire 2ème année
CEC Centre d'Education préscolaire à base Communautaire
CIPAG Centre International pour la Pédagogie Active
CM1/CM2 Cours Moyen 1ère année/Cours Moyen 2ème année
CNO Canadian National Office/Bureau National de Plan International Canada
CP1/CP2 Cours Préparatoire 1ère année/ Cours Préparatoire 2ème année
CPPE Comité Préfectoral de Pilotage de l'Education
CR/CU Commune Rurale/Commune Urbaine
CSPPE Comité Sous- Préfectoral de Pilotage de l'Education
DEUG Diplôme d’Etudes Universitaires Générales
DNEE Direction nationale de l'Enseignement Elémentaire
DPASPFE Direction Préfectorale de l’Action Sociale, de la Promotion de la Femme et l’Enfance
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Evaluation à mi-parcours du projet d'accélération de l'éducation des filles (PAEF) dans la préfecture de Télimélé. Odile AKPAKA. Rapport final. Juillet 2016
DPE Direction/Directeur Préfectoral(e) de l’Education
DSEE Délégation Scolaire de l’Enseignement Elémentaire
ENI Ecole Nationale des Instituteurs
GDE Gouvernement des Enfants
GF Groupement Féminin
GVEC Groupement Villageois d’Epargne et de Crédit
INRAP Institut National de Recherche et Action Pédagogique
IRE Inspection/Inspecteur Régional(e) de l'Education
LPSE Lettre de Politique Sectorielle Education
MASPFE Ministère des Affaires Sociales de la Promotion de la Femme et de l'Enfance
MEPU-A Ministère de l'Enseignement Pré-Universitaire et de l'Alphabétisation
OCB Organisation Communautaire de Base
PAE Pédagogie Active dans les Ecoles
PAEF Projet d'Accélération de l’Education des Filles
PDL Plan de Développement Local
PSE Programme Sectoriel de l'Education
PTF Partenaires Techniques et Financiers
SNAPE Service National d’Aménagement des Points d’Eau
SNCESE Service National de Coordination de l'Evaluation du Système Educatif
SNIES Service National des Infrastructures et Equipements Scolaires
UNICEF Fonds des Nations Unies pour l'Enfance
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Evaluation à mi-parcours du projet d'accélération de l'éducation des filles (PAEF) dans la préfecture de Télimélé. Odile AKPAKA. Rapport final. Juillet 2016
INTRODUCTION
Engagé aux côtés du Gouvernement de la République de Guinée dans la réduction des
disparités liées au genre, aux zones et aux revenus, notamment dans le domaine de
l'éducation, le Bureau UNICEF Guinée a élaboré, en concertation avec ses partenaires
gouvernementaux et avec UNICEF France, le Projet d'Accélération de l'Education des
Filles (PAEF) dans la préfecture de Télimélé. Cette préfecture très enclavée fait partie de
la région administrative de Kindia. Le projet, prévu de 2012 à 2017, a été soumis à la
chaîne de télévision française Canal Plus, qui a accepté de le financer dans le cadre de
son projet «Kindia 2015», développé pour appuyer la progression vers l'atteinte des
résultats des Objectifs du Millénaire pour le Développement.
L'UNICEF Guinée a sollicité la participation de l'ONG Plan International Guinée dans la
mise en œuvre de ce projet, compte-tenu de l'expérience de celle-ci en matière
d'approche communautaire. Plan International Guinée a bénéficié du soutien technique et
financier de son partenaire Plan International Canada.
La préfecture de Télimélé comprend quatorze (14) sous-préfectures/communes dont neuf
(9) couvertes par le PAEF. Celui-ci intervient à trois niveaux: préfectoral, sous-préfectoral
et local (communautaire/scolaire). Il est piloté sur le terrain par la Direction Préfectorale
de l'Education (DPE) à Télimélé avec l'appui de l'Inspection Régionale de l'Education
(IRE) à Kindia et la Direction Nationale de l'Enseignement Elémentaire (DNEE) au niveau
national.
Deux évaluations sont prévues dans le mécanisme de suivi-évaluation du projet: une à
mi-parcours et l'autre à la fin du projet. L'évaluation à mi-parcours n'a pu avoir lieu
avant l'année 2016 en raison de l'épidémie de la maladie à virus Ebola. Les termes de
référence (voir annexe 1) de cette évaluation, commanditée par l’UNICEF Guinée et Plan
Guinée, définissent l'objectif général de cette évaluation comme suit: «apprécier les
grandes tendances vers l'atteinte des résultats globaux du projet, le niveau d'atteinte des
résultats spécifiques et les réalisations qui y ont contribué, au regard des résultats et
activités planifiés, afin d'apporter les éventuels ajustements qui seraient nécessaires pour
accélérer l'atteinte des résultats attendus à l'horizon 2017».
Cette évaluation du PAEF intègre une évaluation des acquis scolaires des apprenant(e)s,
confiée au Service National de Coordination de l'Evaluation du Système Educatif
(SNCESE).
Le présent rapport, réalisé sur la base des informations quantitatives et qualitatives,
recueillies à Conakry et dans la préfecture de Télimélé en avril 2016, est organisé comme
suit. Le premier chapitre présente la méthodologie. Dans le second, un bilan global du
PAEF est fait. Le troisième s'attache au rendement du projet, en termes de pertinence,
efficacité, efficience, effets, durabilité. La prise en compte du genre traverse l'ensemble
du rapport. Enfin la conclusion précède les recommandations.
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Evaluation à mi-parcours du projet d'accélération de l'éducation des filles (PAEF) dans la préfecture de Télimélé. Odile AKPAKA. Rapport final. Juillet 2016
Chapitre 1 METHODOLOGIE
1.1 Orientations méthodologiques
Pour atteindre les objectifs généraux et spécifiques de l'évaluation à mi-parcours du PAEF
à Télimélé et livrer les produits attendus, tels que précisés dans les termes de référence,
trois (3) orientations méthodologiques ont guidé l'ensemble du travail: démarche
participative, approche intégrée, collaboration continue.
Une large participation des principaux bénéficiaires a été recherchée , à savoir les filles et
les garçons scolarisé(e)s dans les différentes écoles ciblées, les enfants des Centres
d'Education à base Communautaire (CEC), des jeunes non scolarisées ou déscolarisées,
leurs parents non organisés ou organisés dans des associations communautaires
(Association des Parents d'Elèves et Amis de l'Ecole [APEAE], Associations des Mères
d'Elèves Filles [AMEF}, Groupements Villageois d'Epargne et de Crédit [GVEC]...), les
directeurs d'écoles, les enseignant(e)s, les animateurs/trices. Leurs avis ont été recueillis
avec le maximum de respect et de confidentialité. Cette large participation des acteurs
de terrain a permis de mieux prendre en compte le contexte socioculturel et
socioéconomique de la préfecture.
L’évaluation a été réalisée selon une approche intégrée à différents niveaux: au niveau
de l'école et de la communauté à laquelle l'école appartient, au niveau des différents
intrants et ressources engagés pour parvenir aux résultats attendus (constructions +
équipements/fournitures + formations + supervision...), au niveau de l'offre et de la
demande éducatives qu'on ne saurait dissocier dans l'optique des résultats à atteindre.
Enfin cette évaluation n'a pu porter ses fruits que dans une collaboration continue avec
les responsables du projet, l'administration scolaire, en premier lieu la Direction
Préfectorale de l'Education (DPE) de Télimélé, et tous les partenaires du projet,
notamment les Responsables préfectoraux et élus locaux ainsi que les différents acteurs
appuyant le projet au niveau communautaire. Il y a eu concertation d'une part avec le
staff-clé pour l'évaluation à savoir le Comité de pilotage, présidé par le Directeur National
de l'Enseignement Elémentaire (DNEE), ayant validé la présente méthodologie, l'UNICEF,
Plan Guinée, d'autre part avec le SNCESE. Une séance de travail avec le SNCESE,
responsable de l'évaluation des acquis scolaires dans les sous-préfectures ciblées par le
PAEF, a été réalisée dès la première semaine de travail et des commentaires sur certains
outils transmis au SNCESE.
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Evaluation à mi-parcours du projet d'accélération de l'éducation des filles (PAEF) dans la préfecture de Télimélé. Odile AKPAKA. Rapport final. Juillet 2016
1.2 Approche et méthodologie mises en œuvre
1.2.1 La revue documentaire
Etape incontournable, elle a porté sur l'étude de la Lettre de politique sectorielle de
l'éducation (LPSE), du Programme Sectoriel Education (PSE2), du Programme Education
Guinée-UNICEF 2013-2017, du Plan Stratégique Pays 2012-2017 de Plan Guinée, du
document de projet et du Cadre logique, des accords de partenariat, des revues du
projet, des rapports de mission, de l'étude faite dans le cadre du PAEF sur les filières
porteuses... Cette revue documentaire a permis à l'équipe chargée de l'évaluation, de
s'informer de l'historique du projet, de s'approprier le Cadre logique, et de constituer les
bases de l'évaluation, en ce qui concerne les performances du projet. Elle s'est poursuivie
tout au long de l'évaluation, par la lecture, entre autres, des plans d'action des APEAE et
GDE, des rapports des Animateurs/trices de Développement Communautaire (ADC)... On
trouvera en annexe 2 la liste des documents consultés.
1.2.2 La collecte de données sur le terrain
L'équipe d'évaluation a eu l'opportunité de participer à la revue du PAEF à Télimélé, d'y
rencontrer différents acteurs et partenaires, tels que l'Inspecteur Régional de l'Education
(IRE) de Kindia, l'un des formateurs de l'Association Réussir Ensemble (ARE), le
Représentant du MEPU-A et celui du Ministère des Affaires Sociales, de la Promotion de la
Femme et de l'Enfance (MASPFE). La participation à cette revue a constitué une occasion
inespérée d'appréhender le chemin parcouru dans l'atteinte des résultats du PAEF.
L'approche méthodologique a privilégié les méthodes qualitatives tout en s'appuyant sur
des données quantitatives existantes. Elle a visé à recueillir le maximum d'informations
auprès de toutes les parties prenantes, avec la volonté de procéder le plus souvent
possible à des triangulations. Afin de pouvoir faire des comparaisons entre les sous-
préfectures/écoles à forte focalisation (ayant bénéficié de tout le paquet d'interventions),
les sous-préfectures/écoles ciblées1 et d'autres sous-préfectures/écoles non ciblées, ces
dernières ont également été prises en compte dans la collecte des données.
1.2.2.1 Collecte des statistiques scolaires
La collecte des statistiques scolaires s'appuie sur les données fournies par les annuaires
statistiques. Mais la principale difficulté rencontrée réside dans le fait que l'annuaire des
statistiques scolaires de 2014-2015 n’a été disponible que la veille de la validation du
présent rapport; à défaut ont été prises en compte les statistiques de l’annuaire 2013-
2014 et les statistiques dont la DPE de Télimélé dispose et qu'elle a bien voulu nous
1 Parmi les 9 sous-préfectures ciblées, 4 d'entre elles sont dites de forte focalisation (Daramagnaki,
Konsotami, Missira, Tarihoye). En leur sein on distingue les 15 écoles/localités ayant bénéficié de l'approche communautaire mise en œuvre par Plan Guinée, et les autres écoles. Les 5 autres sous-
préfectures ciblées sont: Brouwal, Koba-Télimélé, Kollet, Sogolon, Thionthian. Enfin les 5 dernières sous-préfectures (Gougoudje, Santou, Sarekaly, Sinta, Commune urbaine de Télimélé) n'ont pas été ciblées. Le soulignement indique les lieux où l'équipe d'évaluation a travaillé.
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Evaluation à mi-parcours du projet d'accélération de l'éducation des filles (PAEF) dans la préfecture de Télimélé. Odile AKPAKA. Rapport final. Juillet 2016
communiquer. Les taux au niveau préfectoral, parus dans l’annuaire 2014-2015, ont été
exploités.
Une fiche de collecte statistique avait été préparée. Elle a été en grande partie remplie,
mais les données sur les promotions d'un cours à un autre n'ont pu être récupérées,
compte tenu du grand nombre d'écoles à cycle incomplet (254 sur les 259 écoles dans
les 9 sous-préfectures). Des comparaisons, toujours en tenant compte du sexe, ont été
établies:
- entre les niveaux national, régional et préfectoral,
- entre les 4 sous-préfectures de forte focalisation (Tarihoye, Konsotami, Missira
et Daramagnaki), les 5 autres sous-préfectures ciblées et les 5 autres non ciblées,
- entre les écoles des sous-préfectures de forte focalisation ayant eu une
construction et les autres écoles de ces sous-préfectures.
Enfin les enfants des CEC et ceux des classes spéciales2 ont également été pris en
compte dans le recueil des statistiques scolaires.
1.2.2.2 Renseignement des indicateurs
Divers documents (document de projet, cadre logique, chaîne de résultats, rapports
d'avancement, revues ....) ont permis de lister un certain nombre d'indicateurs
déterminés pour suivre et mesurer l'avancement du projet.
Pour renseigner ces différents indicateurs et disposer des éléments qui permettront de
les analyser à bon escient, la collaboration avec la DPE, notamment le Service
Planification, les Délégués Scolaires de l'Enseignement Elémentaire (DSEE), le Chef du
projet pour Plan Guinée a été très bénéfique. Les indicateurs d’outcomes sont issus, pour
la plupart, de l’annuaire des statistiques du primaire 2014-2015, consulté après la
validation du présent rapport.
1.2.2.3 Réalisation d'entretiens individuels/ en groupe
Rencontrer, écouter les points de vue des différents acteurs et partenaires du
PAEF, constater leurs rôles pour l'atteinte des objectifs du projet, afin d'évaluer la
progression et la dynamique du projet, telle a été la stratégie choisie par l'équipe
d'évaluation. C'est pourquoi les entretiens guidés (individuels/en groupe) et focus group
ont été préférés aux questionnaires.
Les focus group prévus n'ont pas pu être organisés, car les conditions pour faire des
focus group (homogénéité du groupe, nombre de participant(e)s), n'étaient pas remplies
et les habitudes culturelles des communautés ne s'y prêtaient pas. A leur place, des
entretiens en groupe ont été conduits par l'un ou l'autre des membres de l'équipe
d'évaluation, selon les impératifs linguistiques. Des histoires de vie ont également été
recueillies.
2 Dans ce rapport, nous adopterons l'appellation "classes spéciales", utilisée pour les classes
ouvertes pour les enfants "surâgés", encore appelée en pular "l'école des grands".
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Evaluation à mi-parcours du projet d'accélération de l'éducation des filles (PAEF) dans la préfecture de Télimélé. Odile AKPAKA. Rapport final. Juillet 2016
Compte tenu du fait que les interventions du projet ne sont pas uniformément
distribuées sur l’ensemble de la préfecture, la technique du choix raisonné a été retenue.
Les critères suivants ont été pris en compte pour ce choix raisonné:
- le degré d'intervention du projet: forte focalisation/ciblage /non ciblage des
sous-préfectures et écoles;
- la qualité du fonctionnement des écoles: la moitié de qualité moyenne et l'autre
moitié de bonne qualité;
- l'accessibilité.
En outre il a été convenu de ne pas retenir des écoles visitées quelques jours
auparavant par les participant(e)s à la revue du PAEF.
Le choix des écoles, selon ces critères, a été réalisé avec le DPE ainsi que le calendrier
des investigations. Il s'agit des écoles suivantes: Thiankoun Pouri (dans Missira); Kobet
(dans Daramagnaki); Dombé (dans Konsotami); Mabhé (dans Tarihoye); Telico (dans
Brouwal); Thionthian (dans Thionthian); Filo (dans Sarekaly). Deux autres écoles ont fait
l’objet d’une investigation ponctuelle : celles de Dara centre et de Missira centre (pour les
GDE). L'école centre de Télimélé avait également été retenue mais n'a pu faire l'objet
d'investigation faute de temps.
Compte tenu d'une certaine similitude dans leurs rôles et responsabilités dans le
PAEF, les acteurs et partenaires impliqués ont été répartis en sept (7) groupes:
A. les responsables UNICEF, Plan Guinée (Directeur des Programmes, Directeur des
subventions, Chef projet), Association Réussir Ensemble (ARE);
B. l'administration scolaire au niveau national (DNEE, INRAP,) au niveau de l'IRE, de la
DPE, des responsables statistiques;
C. les communautés: APEAE, AMEF, GVEC, Comité Consultatif, Comité des sages, Mères
d'enfants au CEC, Parents (non impliqués dans les Bureaux des structures parentales);
D. les enfants et les jeunes : des membres des Gouvernements d'Enfants (GDE),
quelques jeunes filles/femmes de 14 à 30 ans aux profils scolaires différents (de non
scolarisées à diplômées de l’enseignement supérieur), des enfants des CEC;
E. les intervenants en éducation: DSEE, directeurs d'écoles, enseignant(e)s,
éducateurs/trices CEC ;
F. les responsables de l'animation: Animateurs/trices de Développement Communautaire
(ADC), Agents de Terrain (AT), Animateurs Volontaires (AV), Responsable Association
des Animateurs Communautaires Guinéens (AACG), la Radio rurale de Télimélé ;
G. l'administration locale (préfet, maires des communes rurales, élus locaux).
Des guides d'entretien ou de focus group, spécifiques à chacun de ces groupes,
ont été élaborés (cf. annexe 3). Certaines pistes de questionnement sont communes à
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Evaluation à mi-parcours du projet d'accélération de l'éducation des filles (PAEF) dans la préfecture de Télimélé. Odile AKPAKA. Rapport final. Juillet 2016
tous, afin d'opérer les triangulations. Toutes contribuent à répondre aux questions
d'évaluation que l'équipe s'est posée.
On trouvera en annexe 4 le tableau récapitulatif du nombre de personnes et de
structures rencontrées dans le cadre d'un entretien individuel ou en groupe, ainsi que la
liste de celles-ci et des sites visités. Au total 80 entretiens ont été menés entre le 14 et le
29 avril 2016 auprès de 394 personnes: 174 filles et femmes (soit 44%) et 220 garçons
et hommes (soit 56%), sans compter les filles et les garçons des CEC, avec lesquels
quelques activités-tests ont été menées.
1.2.2.4 Collecte des informations financières
Les financements prévus dans les accords de partenariat ont été étudiés et mis en
relation avec les données financières disponibles.
Des informations sur divers aspects financiers ont été recueillies auprès de Plan Guinée
au niveau de la Direction financière et du Directeur des Subventions ainsi qu'auprès du
Chef de projet à Télimélé, portant notamment sur les constructions et sur les formations.
Des données ont également été fournies par l'UNICEF en termes d'allocations et de
dépenses engagées pour les différentes activités.
1.2.3 Evaluation des acquis scolaires
L’évaluation des acquis scolaires a été réalisée par des équipes du SNCESE. La
méthodologie utilisée privilégie une enquête quantitative et qualitative. Le public sur
lequel porte l’étude est constitué des élèves, des enseignant(e)s et des directeurs
d’écoles.
Concernant l’échantillon, les paramètres suivants ont été pris en compte : le total de
sous-préfectures en zone expérimentale et témoin, le total et le choix d’écoles à
enquêter, leur statut, les niveaux ciblés, le nombre d’élèves à enquêter par niveau. Ont
été retenues 17 écoles en zone expérimentale (dans les 4 sous-préfectures de forte
focalisation dans la préfecture de Télimélé) et 15 écoles en zone témoin (dans 4 sous-
préfectures de Dubreka rural, frontalières de Télimélé et présentant à peu près les
mêmes caractéristiques que celles de la zone expérimentale). Les écoles ciblées sont
publiques ou communautaires. Les classes de CP2 et CE2 ont été finalement retenues, et
25 élèves devaient être enquêté(e)s pour chaque classe (au total 66 classes).
Trois types d’outils ont été élaborés par une équipe mixte, SNCESE et structures
partenaires du MEPU A, et utilisés pour la collecte des données. Un cahier élève CP2, un
cahier élève CE2, un questionnaire enseignant et un questionnaire directeur. Les outils
destinés aux élèves de CP2 et CE2 sont structurés en trois parties : l’identification de
l’élève et de son école, un questionnaire environnemental et des tests de français et
calcul.
Les questionnaires enseignants et directeurs sont organisés en sections touchant des
domaines variés : identification, formation académique et professionnelle,
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Evaluation à mi-parcours du projet d'accélération de l'éducation des filles (PAEF) dans la préfecture de Télimélé. Odile AKPAKA. Rapport final. Juillet 2016
fonctionnement de l’école, rapports avec les parents d’élèves et la communauté,
rapports avec la hiérarchie et les encadreurs, type de soutien dont l’école bénéficie,
motivation au poste…Le questionnaire enseignant est complété par des tests de niveau
CM+ pour évaluer le niveau des enseignants enquêtés.
La collecte des données a été réalisée du 16 au 24 mai 2016 par 24 enquêteurs répartis
en deux (2) équipes, une dans chaque zone. Des agents de traitement des données
répartis en deux équipes (une équipe de codification et une équipe de saisie) ont été
recrutés, formés à travers les manuels de codification et de saisie élaborés à cet effet, et
encadrés par les superviseurs du SNCESE.
Un fichier de données a été constitué et nettoyé avant d’entamer l’analyse,
l’interprétation et la rédaction du rapport technique d’évaluation. Les résultats des élèves
sont analysés sous divers angles. Des liens sont établis entre le niveau des élèves et
celui des maîtres notamment et entre leurs résultats et un ensemble de variables
environnementales.
1.3 Traitement et analyse des données
Durant tout le travail de terrain, les deux membres de l'équipe d'évaluation à mi-
parcours du PAEF se sont retrouvés régulièrement, pour partager les données collectées,
faire une lecture «flottante» et dégager les éléments clés en relation avec les questions
d'évaluation. Cet exercice quotidien de pré-analyse a facilité la clarification des points
demeurés obscurs, et permis d’établir les convergences / divergences dans les
perceptions et points de vue des différents groupes rencontrés.
La saisie, le traitement, l'analyse des données ont été réalisés avec le logiciel NVivo 11,
logiciel d'analyse de données qualitatives. Des tests statistiques ont été utilisés pour
apprécier si les différences étaient significatives ( Chi deux, test de Kolmogorov-Smirnov,
test de Student).
Sur la base des données ainsi traitées, analysées et interprétées, le présent rapport a été
élaboré. En phase finale les résultats de l’évaluation des acquis scolaires ont été intégrés.
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Evaluation à mi-parcours du projet d'accélération de l'éducation des filles (PAEF) dans la préfecture de Télimélé. Odile AKPAKA. Rapport final. Juillet 2016
Chapitre 2 BILAN GLOBAL DU PROJET
Dans ce chapitre, après une présentation générale du contexte et de son évolution entre
2012 et 2016, on trouvera une description du projet et un résumé de son déroulement
depuis son démarrage.
2.1 Présentation du contexte du PAEF et de son évolution
entre 2012 et 2016
Sur le plan territorial, la République de Guinée est composée de 8 régions
administratives, 38 préfectures dont les 5 communes urbaines de Conakry et 300 sous-
préfectures et communes rurales3. La préfecture de Télimélé appartient à la région
administrative de Kindia. Très enclavée, elle se situe à 135 kms4 au nord du chef-lieu de
ladite région, et couvre une superficie de 9000 km². Sa population totale est de 283 639
en 20145, soit une densité de 31 habitants au Km². L’économie de la préfecture repose
essentiellement sur l’agriculture et l’élevage qui occupent 90% de la population active.
Les cérémonies liées aux excisions, circoncisions, mariages et baptêmes constituent des
pratiques courantes.
En 2012, la région de Kindia avait en moyenne des taux d’inscription et
d’achèvement inférieurs à la moyenne nationale, tant pour les garçons que pour les filles,
on notait en outre de fortes disparités entre les préfectures composant la région. Si la
préfecture de Coyah a des taux qui avoisinent ceux de Conakry, ceux des préfectures de
Forécariah et Télimélé sont les plus faibles de la région. Dans la région de Kindia, 62.5%
de la population vivaient en dessous du seuil de pauvreté, dans la préfecture de Télimélé
la situation est encore plus critique. La pauvreté a une forte incidence sur les capacités
des ménages à faire face aux coûts de la scolarisation des enfants et s’associe aux
facteurs socioculturels pour expliquer la non-scolarisation ou l’abandon précoce de
nombreuses filles. En effet, la priorisation des enfants à scolariser est majoritairement
défavorable aux filles, la faiblesse des ressources disponibles venant s’ajouter à la
survivance de traditions socioculturelles.
La faible instruction des parents et particulièrement des mères est également un frein à
l’éducation de leurs enfants et particulièrement des filles qui sont retenues pour des
travaux domestiques ou pour être données précocement en mariage. En effet, les
mariages précoces, mais aussi les grossesses précoces, liés souvent à la pauvreté et au
3 La sous-préfecture et la commune couvrent le même territoire. La première est sous l'autorité
d'un sous-préfet, nommé par l'Etat, la seconde sous celle d'un maire, élu. Dans le présent
rapport, l'appellation sous-préfecture sera plus souvent utilisée. 4 Source: Monographie de Télimélé mise à notre disposition par la DPE 5 Source: Arrêté n° 3015/MP/SG/CC/2014 du 13 juin 2014
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Evaluation à mi-parcours du projet d'accélération de l'éducation des filles (PAEF) dans la préfecture de Télimélé. Odile AKPAKA. Rapport final. Juillet 2016
manque d’éducation des adolescentes en matière de sexualité, viennent interrompre la
scolarité de certaines filles.
Télimélé présentait en 2012 un taux brut d’achèvement des filles en zone rurale de 32%
(contre 35% pour la région de Kindia et 34% au niveau national), autant dire que moins
d’une fille sur trois parvenait à terminer l’école primaire. De plus, avec un taux net de
scolarisation de 50%, plus d’un enfant sur deux d’âge scolaire était en dehors de l’école,
les garçons occupés aux travaux champêtres et les filles encore moins scolarisées (taux
net de scolarisation de 44% dans l’ensemble et 40% en zone rurale), accaparées
notamment par les travaux domestiques.
Au démarrage du projet, 87% des écoles manquaient d'une, de deux, de trois, voire de
quatre classes, notamment les classes de CM (1-2). La DPE de Télimélé en 2013,
recensait un déficit de 197 enseignants, L’insuffisance d’enseignantes, mais aussi de
personnel féminin dans le personnel d’encadrement et de supervision, était très aiguë
dans la préfecture (5 directrices sur les 327 personnels de direction dans l’enseignement
primaire). Le nombre de femmes était également faible dans les bureaux des APEAE
(seulement 5 présidentes d’APEAE sur 327).
Carte de la préfecture de Télimélé
Source: Bureau UNICEF Guinée
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Evaluation à mi-parcours du projet d'accélération de l'éducation des filles (PAEF) dans la préfecture de Télimélé. Odile AKPAKA. Rapport final. Juillet 2016
A partir de décembre 2013 et jusqu'à fin 2015, la Guinée a été confrontée à la
propagation de la maladie à virus Ebola. Le gouvernement guinéen et ses partenaires au
développement, notamment l'UNICEF et Plan Guinée, se sont mobilisés pour faire front
contre ce fléau. Mais l’impact de la maladie a dépassé de loin le secteur de la santé pour
s’étendre à l’ensemble des services sociaux et de la vie économique et sociale en
général. La préfecture de Télimélé n'a pas été épargnée, elle a connu quelques décès et
des malades du fait de l’épidémie. Le secteur de l'éducation y a été perturbé comme
dans l'ensemble du pays avec trois mois de retard dans le démarrage de l'année scolaire
2014-2015. Le rendement interne du système éducatif, déjà faible en temps normal, n'a
pu qu'en pâtir et la qualité de l'éducation en être impactée négativement.
Cependant des progrès significatifs ont été enregistrés dans la préfecture de Télimélé. Il
n'est pas exagéré de dire que l'engouement pour l'école est une réalité pour nombre de
parents et d'enfants, filles et garçons, comme le montre le tableau ci-dessous relatif aux
inscriptions au CP1 (1ère année du primaire) pour l'ensemble de la préfecture en 2011-
2012 et 2015-2016
Tableau 1 Evolution des effectifs inscrits au CP1 dans la préfecture de Télimélé
entre 2011-2012 et 2015-2016
Année 2011-2012 Année 2015-2016
Total Filles Garçons Total Filles Garçons
3119 1368 1751 6271 3072 3199
100% 43,9% 56,1% 100% 49,0% 51,0%
Source: DPE Télimélé/ Service Planification
En quatre (4) ans les effectifs des filles ont connu une augmentation de 125%, tandis
que ceux des garçons ont augmenté de 82,7%.
De même, si en 2012-2013, les filles représentaient 32,8% des admis à l'examen
d'entrée en 7ème année, en 2014-2015 elles constituaient 36,3% des admis et leur
nombre avait été multiplié par 1,3.
Une étude plus approfondie des résultats, dans le chapitre suivant, fera apparaître
d'autres résultats, certains positifs, d'autres beaucoup moins.
2.2 Description du projet
2.2.1 Objectifs et résultats attendus
Sur la base du document de projet (2012) et du premier rapport d'avancement soumis à
l'UNICEF France en décembre 2013, l'objectif général et les principaux résultats attendus
se présentent comme suit:
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Evaluation à mi-parcours du projet d'accélération de l'éducation des filles (PAEF) dans la préfecture de Télimélé. Odile AKPAKA. Rapport final. Juillet 2016
Le projet vise à mettre la préfecture de Télimélé sur la voie de l’atteinte des Objectifs du
Millénaire pour le Développement (OMD) 2 et 3, et qui sont aussi les Objectifs 2 et 5 du
Cadre d’Action de Dakar pour l’Education pour Tous, visant respectivement à garantir
l’éducation primaire pour tous les enfants d’une part, la parité des sexes dans les
enseignements primaire et secondaire et l’autonomisation des femmes d’autre part. Plus
précisément, à l’échéance 2017:
au moins 90% des enfants en âge d’être scolarisés dans les 9 sous-préfectures de
Télimélé ciblées seront inscrits et maintenus à l’école, avec parité des filles et des
garçons;
au moins 80% des enfants de la cohorte ayant commencé l’école en 2012-2013
seront prêts pour l’achèvement du cycle d’études primaires, avec parité des filles et des
garçons;
la préparation des enfants à l’école à travers des Centres d’Education préscolaire à
base Communautaire (CEC) aura prouvé son efficacité pour garantir une inscription
massive à l’école primaire et une réussite accrue;
une formule d’éducation de la seconde chance pour les adolescents non scolarisés
ou précocement déscolarisés, particulièrement les adolescentes, cela au travers des
écoles primaires existantes, aura été testée avec succès.
Il est attendu que les leçons du projet puissent être progressivement utilisées dans
d'autres écoles et d'autres sous-préfectures.
2.2.2 Contenu
Le PAEF agit au niveau de trois (3) principaux volets: l'accès, la qualité et la gestion.
Le volet accès se caractérise principalement par la construction de
18 écoles de 3 salles de classe, soit 54 salles de classe avec un bureau et un
magasin et des blocs de latrines séparées filles/garçons;
60 Centres d'éducation à base communautaire (CEC) à proximité des écoles
appuyées par le PAEF;
18 «classes spéciales» pour les enfants «surâgés».
Le volet qualité de l'enseignement/apprentissage comprend la formation et le suivi des
enseignan(e)s formés, essentiellement en pédagogie active, la dotation des élèves et
enseignant(e)s en fournitures scolaires et matériels didactiques.
Le volet gestion est principalement orienté vers l'implication des élèves et des
communautés dans la cogestion de l'école avec le renforcement des capacités des GDE,
APEAE et AMEF, et avec la mise en place et l'équipement des GVEC.
2.2.3 Intervenants
Au centre des interventions se trouvent les écoles et les communautés. Les intervenants
sont nombreux, ce qui est une richesse, mais peut s'avérer parfois une contrainte.
La DPE de Télimélé est au centre du dispositif d'intervention, comme représentant des
autorités régionales et nationales du MEPU-A, premier responsable du secteur éducatif
17
Evaluation à mi-parcours du projet d'accélération de l'éducation des filles (PAEF) dans la préfecture de Télimélé. Odile AKPAKA. Rapport final. Juillet 2016
dans la préfecture, acteur engagé dans le projet, et bénéficiaire. Il préside le Comité de
Pilotage Préfectoral de l'Education (CPPE), appuyé par le PAEF. Dans les sous-préfectures
ce sont les DSEE, ayant sous leur responsabilité les écoles de leur sous-préfecture, qui
constituent le relais de la DPE et assurent le suivi des enseignants et le pilotage de
l'éducation. Avec les maires, ils animent les Comités Sous- Préfectoraux de l’Education
(CSPE), qui sont une innovation du PAEF.
L'UNICEF, initiateur du PAEF, est en charge du contrôle, du suivi et de l'évaluation dudit
projet. Il assure la liaison entre les intervenants et partage avec Plan Guinée la
responsabilité du volet communication.
Plan Guinée, ONG internationale, est particulièrement responsable de l'implication et du
renforcement des communautés dans toutes les phases de la réalisation des activités du
projet, notamment dans la construction des infrastructures, assurée par Plan Guinée.
Il collabore avec une ONG nationale, l'Association des Animateurs Communautaires de
Guinée (AACG) qui met à la disposition du PAEF des Animateurs/trices de Développement
Communautaire (ADC) et des Agents de Terrain (AT) pour la mobilisation sociale et
l'encadrement des communautés.
L'Association Réussir Ensemble (ARE), après un accord de partenariat avec l'UNICEF, est
intervenue pour la mise à niveau sur le plan académique des enseignants des sous-
préfectures ciblées, la formation en pédagogie active et le suivi de cette dernière.
Outre les intervenants cités plus haut, contribuent à l'atteinte des résultats du PAEF le
Service national des infrastructures et équipements scolaires (SNIES), le Comité
consultatif préfectoral, les autorités administratives et les élus locaux, les enseignant(e)s
et tous les acteurs communautaires (élèves, parents d'élèves et amis de l'école,
animateurs volontaires, éducateurs/trices des CEC) dont le rôle est essentiel dans les
processus de changements de comportement.
2.2.4 Mode opératoire
Pour atteindre les résultats attendus, un certain nombre d'orientations accompagnées
d'actions ont été définies et opérationnalisées.
Tous les acteurs de l’éducation dans la préfecture de Télimélé, et plus particulièrement
les communautés des villages ciblés, sont mobilisés autour du projet. Il s'agit de rendre
les communautés responsables du projet dont elles bénéficient. C'est pourquoi lors des
constructions d'infrastructures (écoles ou CEC), les villageois(e)s ont en charge de
mobiliser les matériaux disponibles localement et des comités de gestion locaux gèrent
une part des fonds ainsi que le stock des matériaux. Un tel mode opératoire est mis en
œuvre pour faire en sorte que les communautés se sentent propriétaires de leur école et
s'y impliquent en tant que telles.
La participation des enfants à la construction de leur savoir est stimulée avec la
formation des enseignants en pédagogie active et la pratique de celle-ci, centrée sur
18
Evaluation à mi-parcours du projet d'accélération de l'éducation des filles (PAEF) dans la préfecture de Télimélé. Odile AKPAKA. Rapport final. Juillet 2016
l'enfant. Les échanges entre enfants sont encouragés à travers les travaux en groupes.
Leur participation est également promue à travers la mise en place des GDE, considérés
comme des moyens favorables à l’apprentissage de la citoyenneté.
L'équité entre filles et garçons, entre femmes et hommes, est recherchée aussi bien à
l'école que dans les organisations communautaires de base (OCB), même si le chemin
pour y parvenir est encore long. La parité dans les GDE et dans les Bureaux des APEAE
est prônée (mais pas toujours effective). Par contre elle est effective dans le groupe des
ADC et AT, chargé(e)s d'encadrer les GVEC. L'UNICEF a opté pour une discrimination
positive envers les filles des Cours moyens en les dotant de sacs (autres que les sacs en
plastique donnés à tous).
Les capacités financières des familles sont renforcées par le biais des GVEC, pour leur
permettre de faire face aux coûts de scolarisation de leurs enfants et/ou de contribuer à
la prise en charge de l'éducateur/trice du CEC.
Divers mécanismes de suivi ont été mis en place : suivi des APEAE/AMEF/GVEC par les
ADC/AT à l'aide d'une fiche de suivi; suivi des enseignants par les DSEE (obligation de
faire un certain nombre de suivis par mois); missions de supervision des différents
Responsables de la DPE, de l'UNICEF, de Plan Guinée; revues trimestrielles/annuelles au
cours desquelles les parties prenantes du PAEF font le suivi des indicateurs et ajustent
les stratégies.
2.3 Résumé du déroulement du projet depuis son
démarrage
2.3.1 Les principales activités
Le projet a ciblé les sous-préfectures les plus faiblement scolarisées dans la préfecture de
Télimélé avec l’ambition d’avoir progressivement un impact sur toute la préfecture. Le
choix de ces sous-préfectures a été fait sur la base des indicateurs et statistiques
scolaires de celles-ci, en collaboration avec le DPE de Télimélé.
Le tableau des pages suivantes récapitule les principales activités, précise les lieux et les
périodes dans lesquels elles se sont déroulées, et apporte quelques informations
complémentaires lorsque cela s'avère nécessaire. On trouvera en annexe 5 le Cadre
logique du projet.
19
Evaluation à mi-parcours du projet d'accélération de l'éducation des filles (PAEF) dans la préfecture de Télimélé. Odile AKPAKA. Rapport final. Juillet 2016
Tableau 2 Les principales activités du PAEF
Activités Lieux Périodes Observations
Construction et équipement de 12 écoles
avec bureau, magasin et 2 blocs de
latrines séparées
Dans les sous-préfectures de
Daramagnaki, Konsotami, Missira
et Tarihoye (forte focalisation)
De 2012 à 2015 La construction des 6 dernières écoles dans
les sous-préfectures de Daramagnaki et
Missira est en cours. Elles seront
fonctionnelles avant la rentrée 2016-2017
Réalisation de 18 forages dans un
environnement proche des écoles
Dans les localités des 18 écoles
construites
2014 et2015 Dans 6 localités (Bembousilaty, Thierno
Amadou, Daroul, Thiankoun Pouri,
Kourabonghel, Dombé), l'eau est trouble et
non potable, à cause de sa forte teneur en fer
Construction et équipement de 20 CEC Dans les sous-préfectures de
Daramagnaki, Konsotami, Missira
et Tarihoye
De 2014 à 2016 9 d'entre eux fonctionnels. Manque de
mobilier et/ou d'éducateur/trice formé(e) dans
les autres qui viennent d’être terminés
Construction de 6 salles de classes
hangars pour les classes spéciales des
enfants surâgés
A Songhe, Dombé, Kourabonghel,
Daroul
2015 Fonctionnelles
Formation de 9 formateurs en pédagogie
active
Conakry et Télimélé 2013 3 au niveau de l'IRE, 6 au niveau de la
préfecture de Télimélé
Formation de 60 enseignants sur les
droits de l'enfant, la protection et la
participation
Dans les sous-préfectures de
Tarihoye et Konsotami
2013 Par Plan Guinée
20
Evaluation à mi-parcours du projet d'accélération de l'éducation des filles (PAEF) dans la préfecture de Télimélé. Odile AKPAKA. Rapport final. Juillet 2016
Formation de 348 enseignants, dont 29
femmes, en pédagogie active, après mise
à niveau académique des deux tiers
d'entre eux
Enseignants en poste dans 8 des 9
sous-préfectures ciblées
2013 et 2014 Les enseignants de Kollet n'ont pas encore été
formés
Formation de 21 enseignants et
encadreurs en pédagogie différenciée
Télimélé 2014-2015 Pour les classes spéciales d'enfants «surâgés»
Formation de 54 enseignants, dont 2
femmes, à la gestion des classes
multigrades
Enseignants en poste dans les 9
sous-préfectures ciblées
2014
Formation de 24 éducateurs/trices pour
les CEC
Télimélé 2015 Pour les CEC déjà fonctionnels et pour
d’autres CEC, préalablement construits sur
financement de la Banque Mondiale
Réalisation d'une étude sur les filières
porteuses
Dans les sous-préfectures de
Konsotami et Tarihoye
2013
Renforcement de capacités et équipement
de 540 membres des Bureaux APEAE,
dont 240 femmes
Dans 15 écoles/villages de
chacune des 4 sous-préfectures de
Daramagnaki, Konsotami, Missira
et Tarihoye
De 2012 à 2016 Plusieurs sessions et plusieurs modules de
formation
Mise en place, renforcement des capacités
des AMEF et équipement
Dans 15 écoles/villages de
chacune des 4 sous-préfectures de
Daramagnaki, Konsotami, Missira
et Tarihoye
De 2014 à 2016
21
Evaluation à mi-parcours du projet d'accélération de l'éducation des filles (PAEF) dans la préfecture de Télimélé. Odile AKPAKA. Rapport final. Juillet 2016
Mise en place, renforcement et
équipement de 30 GVEC
Dans les sous-préfectures de
Daramagnaki, Konsotami, Missira
et Tarihoye
2014 et 2015
Subvention de 8 GVEC Dans les sous-préfectures de
Daramagnaki, Konsotami, Missira
et Tarihoye
2016
Identification, renforcement des capacités
et équipement de 30 Animateurs
volontaires
Dans les écoles/villages de
chacune des 4 sous-préfectures de
Daramagnaki, Konsotami, Missira
et Tarihoye
De 2013 à 2015
Renforcement des capacités des Cadres
de la DPE, DSEE et dotation en moyens
logistiques et en outils informatiques
Préfecture de Télimélé De 2012 à 2015
Mise en place et Orientation de 60 GDE Dans 15 écoles de chacune des 4
sous-préfectures de Daramagnaki,
Konsotami, Missira et Tarihoye
2015
Subvention des plans d'action des 60 GDE Dans 15 écoles de chacune des 4
sous-préfectures de Daramagnaki,
Konsotami, Missira et Tarihoye
2016
Dotation annuelle en fournitures scolaires
et matériels didactiques
Dans les 259 écoles des 9 sous-
préfectures ciblées
De 2013 à 2016
Suivi dans les écoles de la mise en œuvre
du contrat minimum relatif aux
Dans 8/9 des sous-préfectures De 2014 à 2016 Contrat minimum avec 8 DSEE, élaboré et mis
22
Evaluation à mi-parcours du projet d'accélération de l'éducation des filles (PAEF) dans la préfecture de Télimélé. Odile AKPAKA. Rapport final. Juillet 2016
techniques de pédagogie active ciblées en œuvre
Réalisation de 52 sessions d'animation
auprès des enseignants
Dans 8/9 des sous-préfectures
ciblées
2015/2016 173 enseignant(e)s bénéficiaires dans le cadre
de l'animation pédagogique lors des grappes
Missions de suivi au niveau sous-
préfectoral et préfectoral,
Dans les 9 sous-préfectures
ciblées pour le niveau préfectoral,
dans les 4 de forte focalisation
pour les niveaux central et
régional
De 2013 à 2016 Le plus souvent missions conjointes de suivi
Tenue d'une session du comité préfectoral
de pilotage de l'éducation (CPPE) et de
deux sessions des comités sous-
préfectoraux de pilotage de l'Education
(CSPPE)
A Télimélé et dans les 4 sous
préfectures de Daramagnaki,
Konsotami, Missira et Tarihoye
23
Evaluation à mi-parcours du projet d'accélération de l'éducation des filles (PAEF) dans la préfecture de Télimélé. Odile AKPAKA. Rapport final. Juillet 2016
2.3.2 Volume et affectation des financements mobilisés
Sur la base des informations fournies par le biais des documents transmis par l'UNICEF et
Plan Guinée, les financements mobilisés proviennent :
- des fonds de Canal Plus d'un montant de 1 512 308 $
- des fonds propres à l'UNICEF, dont certains proviennent du Partenariat Mondial pour
l'Education, d'un montant de 620 855 $
- des fonds de Plan International Canada: 181 481$ pour la période 2012-2014, et
137 045$ pour la période 2014-2016, soit un montant total de 318 526 $
- de fonds propres à Plan Guinée d'un montant de 23 560 $ pour la période 2014-2016
Le total de ces fonds s'élève à 2 475 249 $
Entre 2012 et 2016, 1 070 345 $ ont été transférés à Plan Guinée par l’UNICEF pour le
PAEF et 142 884 $ reversés par Plan Guinée. L'UNICEF a donc financé les activités mises
en œuvre par Plan Guinée pour un montant total de 828 818 $.
2.3.3 Principales difficultés rencontrées
Les difficultés ici présentées ont été identifiées lors des suivis, des revues du projet et/ou
dans les entretiens menés par l'équipe d'évaluation en avril 2016. Elles ont été classées
en trois catégories: les une liées aux communautés, les autres au système éducatif, les
dernières spécifiques à la mise en œuvre du PAEF dans la préfecture de Télimélé.
2.3.3.1 Difficultés liées aux communautés
L'analphabétisme très répandu dans les communautés impliquées dans le PAEF,
en particulier chez les femmes, représente une contrainte majeure, tant pour la
scolarisation de leurs filles que lors des renforcements de capacités des membres des
différentes structures/organisations. C'est ainsi que dans certaines AMEF, il a fallu faire
appel à un homme pour être secrétaire. Néanmoins la volonté de participer à ces
renforcements de capacités et aux activités a permis d'aller de l'avant. La «honte, car
personne ne savait lire et écrire» (selon les termes d'un membre d'une APEAE) a donné à
certains l'envie d'apprendre.
Le manque de ressources financières des familles constitue un handicap lourd
pour des enfants qui, du fait de l'éloignement de l'école, ne peuvent rentrer chez eux à
midi et n'ont rien à manger avant le soir. Il est également à la base de la difficile prise en
charge des enseignants communautaires et celle des éducateurs/trices des CEC. La
pauvreté peut être perçue comme un frein à la scolarisation, celle des filles en particulier,
mais on verra plus loin comment ce problème a pu, en partie du moins, être pris en
compte par le PAEF.
24
Evaluation à mi-parcours du projet d'accélération de l'éducation des filles (PAEF) dans la préfecture de Télimélé. Odile AKPAKA. Rapport final. Juillet 2016
Certains membres influents de ces communautés ont une perception négative de
l'école vue comme un moyen de détourner les enfants de l'Islam, comme «une école
pour les bâtards» (expression utilisée lors de la création du CEC à Filo dans la sous-
préfecture, non ciblée, de Sarekaly). Cette difficulté qui a été rencontrée et n'a pas
totalement disparu, a été néanmoins largement dépassée, comme l'atteste l'attitude d'un
khalife qui a inscrit tous ses enfants, prend en charge deux enseignants communautaires
et préconise un double apprentissage (foyer coranique et école «française»).
Beaucoup moins dépassée, la difficulté liée aux mariages précoces sera analysée
plus loin.
2.3.3.2 Difficultés liées au système éducatif
Le manque cruel d'enseignant(e)s est un problème récurrent identifié dans toutes les
missions de suivi, toutes les revues, et surtout dans nombre d'écoles appuyées par le
PAEF. Malgré les efforts de l'IRE de Kindia, malgré ceux du DPE de Télimélé, malgré les
classes multigrades (CMG), malgré la double vacation dans quelques écoles, ce manque
d'enseignants n'a pas permis d'ouvrir toutes les classes qui devaient l'être ou a fait
travailler enseignants et élèves dans de très difficiles conditions, à l'exemple d'un
enseignant à Mabhé, qui a une CMG en double vacation. Sur les 37 enseignant(e)s
affectée(e)s par l'IRE à Télimélé pour l'année 2015-2016, seul(e)s 9 ont rejoint leur
poste.
L'emploi d'enseignant(e)s communautaires, à la place des enseignant(e)s titulaires,
constitue une difficulté que la DPE et le PAEF ont du gérer: emploi exigeant pour les
communautés démunies dans les sous-préfectures ciblées, et instable. En effet ces
enseignant(e)s communautaires, payé(e)s irrégulièrement pour la plupart, sont prêt(e)s
à partir dès qu'une opportunité se présente. Leur niveau6 est très variable, souvent bas,
comme l'est celui des titulaires. Les fautes aperçues sur les tableaux dans les classes
visitées en témoignent largement! Certes le PAEF a pris en compte le renforcement de
capacités des enseignant(e)s, mais les lacunes accumulées ne peuvent être toutes
comblées en quelques semaines.
L'insuffisance des salles de classe, même dans les écoles nouvellement construites, à
laquelle s'ajoute le manque d'enseignants, préalablement rapporté, est, en grande partie
à l'origine des écoles à cycle incomplet (254 sur 259 dans les 9 sous-préfectures ciblées).
Or on sait l'impact de ce phénomène sur les abandons ou sur l'inscription à un âge tardif
au CP1, dont les effets se font sentir surtout pour les filles et favorise l'abandon lié au
mariage précoce. Le manque d'eau dans un environnement proche de l'école (dans les 6
écoles où l'eau du forage contient du fer et dans nombre d'autres écoles ciblées)
6 Nombre d'enseignant(e)s communautaires ont fait l'Ecole Nationale des Instituteurs (ENI), mais
n'ont pas été recruté(e)s.
25
Evaluation à mi-parcours du projet d'accélération de l'éducation des filles (PAEF) dans la préfecture de Télimélé. Odile AKPAKA. Rapport final. Juillet 2016
représente une contrainte importante au niveau de l'hygiène, surtout dans une période
où la Guinée a été confrontée à la maladie à virus Ebola.
2.3.3.3 Difficultés spécifiques à la mise en œuvre du PAEF dans Télimélé
L'accessibilité des écoles ciblées est souvent assez difficile, parfois très difficile, et,
surtout en saison des pluies, les routes, si on peut parler de routes, peu praticables, ce
qui a posé des problèmes pour les constructions ou continue d'en poser pour le suivi des
enseignants en salles de classe. Le PAEF a certes doté les ADC, AT, DSEE et le pool des
formateurs de motos, mais cela ne rend pas pour autant l'accès aisé.
Des contraintes liées à la géographie de Télimélé et à son niveau de développement ont
été vécues lors des constructions d'écoles et de CEC, et exposées dans les rapports
trimestriels faits par Plan Guinée, à savoir:
- manque de sable et de moyens de transport adéquats dans la zone du projet entrainant
des coûts supplémentaires;
- manque de bois pour la construction des CEC hangars ;
- rareté de potentiels fournisseurs de matériaux de construction importés;
- présence de roches ferralitiques sur les sites de projets ;
- rareté des ouvriers qualifiés dûe à l’exode rural.
Ces difficultés ont été causes de retards dans la livraison des écoles et CEC, mais n'en
ont pas entravé la réalisation.
Enfin les difficultés de communication entre l'UNICEF et Plan Guinée seront présentées
dans le chapitre suivant. Elles n’ont pas non plus empêché l’atteinte des résultats
26
Evaluation à mi-parcours du projet d'accélération de l'éducation des filles (PAEF) dans la préfecture de Télimélé. Odile AKPAKA. Rapport final. Juillet 2016
Chapitre 3 LES PERFORMANCES DU PROJET
L'évaluation à mi-parcours du PAEF s'attachera à étudier successivement (i) la
pertinence, (ii) l'efficacité, (iii) l'efficience, (iv) les effets du PAEF, et (v) la durabilité.
3.1 Pertinence du PAEF
Dans cette section, il s'agit de déterminer l'intégration du projet dans la politique
éducative guinéenne, d' étudier l'adéquation des stratégies du projet avec les stratégies
mentionnées dans les documents relatifs à cette politique, de mettre en relation les
stratégies du PAEF avec les orientations stratégiques de l'UNICEF et de Plan
International, d'examiner si la conception du projet est conforme au contexte
socioéducatif, socioéconomique et socioculturel de la préfecture de Télimélé et enfin
d'apprécier la prise en compte des problèmes et besoins identifiés à l'origine du PAEF.
Les objectifs (cf.2.2.1) du projet initié en 2012 s'intègrent totalement dans la politique
éducative guinéenne. La Lettre de politique sectorielle de l'éducation (LPSE) de 2007
fixait l'objectif de «cibler des actions pour permettre de corriger progressivement les
disparités liées au genre, aux zones, aux revenus et éviter l'exclusion»7. La LPSE de
2015-2017 détermine les priorités suivantes: poursuite de la scolarisation universelle de
qualité, réduction des disparités genre, zone et revenu, notamment la promotion de la
scolarisation, la rétention et la réussite des filles, amélioration de la qualité et de la
pertinence des enseignements/apprentissages....8-. Les objectifs du PAEF et les
activités qu'il mène sont définis et inscrits dans le cadre des Programmes Sectoriels de
l’Education (PSE1 2008-2015 et PSE2 2015-2017). Les objectifs du PSE2 sont eux-
mêmes en lien direct d'une part, au plan national, avec ceux du DSRP, et d'autre part,
au plan international, avec ceux du Cadre d'Action de l'Education de Dakar (2000),
auxquels la Guinée a souscrit.
Les stratégies du PAEF, caractérisées par une approche communautaire et une
combinaison des actions en direction des écoles et des communautés, afin de stimuler
la demande et d'améliorer l'offre éducative, sont également tout à fait conformes à
celles préconisées dans le PSE2. Ce dernier entend, entre autres, combiner les
constructions scolaires, les recrutements d’enseignants, le développement d'actions de
soutien à la demande scolaire, à la fois par des campagnes de mobilisation sociale et
par l’achat et la distribution de kits de fournitures scolaires au profit d’enfants affectés
par la grande pauvreté.
7 Source: République de Guinée. Lettre de Politique Sectorielle de l'Education. Octobre 2007 8 Source: République de Guinée. Secteur Education. Lettre de Politique Sectorielle de l'Education.
Mai 2014.
27
Evaluation à mi-parcours du projet d'accélération de l'éducation des filles (PAEF) dans la préfecture de Télimélé. Odile AKPAKA. Rapport final. Juillet 2016
Le PAEF a tout à fait sa place dans le programme Education Guinée-UNICEF 2013-20179.
En effet celui-ci a défini des stratégies spécifiques pour lutter contre les disparités,
notamment en mettant l'accent sur l'achèvement du cycle primaire (spécialement chez
les filles), en ciblant les préfectures et sous-préfectures dans lesquelles le taux
d'achèvement des filles est inférieur à la moyenne nationale, et en renforçant les
innovations qui favorisent la participation des acteurs du système éducatif aux différents
niveaux. Parmi ces préfectures, figure celle de Télimélé.
Dans le Plan Stratégique Pays 2012-2017 de l'ONG internationale, Plan Guinée, on peut
lire: «De Juillet 2012 à Juin 2017, Plan Guinée va travailler avec les enfants, les familles,
les communautés, les partenaires de la société civile et le gouvernement pour changer
les attitudes et comportements profondément enracinées, qui sont au cœur de
l'empêchement des enfants de faire valoir leurs droits, et à renforcer la capacité des
principaux acteurs à tenir leurs promesses faites en faveur des droits de l'enfant, dans
les domaines de l'éducation, de la survie et de la protection». Il est clair que le PAEF est
un projet qui entend contribuer à changer les attitudes qui empêchent la réalisation des
droits des enfants de la préfecture de Télimélé, notamment ceux relatifs à l'éducation, et
qui cherche à renforcer les capacités des parents et des communautés, premiers
responsables de l'éducation de leurs enfants. L’école par et pour les communautés, que
le PAEF entend promouvoir, est une vision conforme à celle de Plan Guinée.
Les deux derniers points relatifs à la pertinence, à savoir la conformité au contexte socio
socioéducatif, socioéconomique et socioculturel de la préfecture de Télimélé et la prise en
compte des problèmes et besoins identifiés à l'origine du PAEF, seront traités
conjointement afin d'éviter des répétitions inutiles. Dans les entretiens guidés menés
avec les différents groupes d'acteurs impliqués dans le PAEF, certaines pistes de
questionnement étaient posées à plusieurs groupes. Ainsi a-t-il été demandé à plusieurs
groupes comment les problèmes de populations à l'origine de la sous-scolarisation et des
abandons des filles avaient été pris en compte par le projet.
Nos interlocuteurs ont évoqué les raisons économiques qui peuvent être à la base de
cette sous-scolarisation et ont mis l'accent sur la distribution gratuite à tous les élèves,
filles et garçons, des fournitures scolaires à la rentrée scolaire ainsi que l'obtention des
uniformes à bas prix. Selon les termes d'un parent, «c'est avec ça que les parents ont
obtenu le courage». Le passage de l'appui aux groupements féminins à la création et à la
subvention des GVEC vise à soutenir l'économie des ménages pour que les parents
puissent supporter les coûts liés à la scolarisation.
Dans le domaine socioculturel, le PAEF a pris en compte ces réalités socioculturelles dans
la sensibilisation et dans l'installation du projet dans le milieu. La volonté de favoriser
l’implication des communautés dans les écoles, de faire de l’école leur « chose » est
particulièrement pertinente. Des élus locaux, des Sages, en plus des Responsables du
projet et des ADC, ont expliqué les avantages liés à l'école et la nécessité aujourd'hui
9 cf. prog.education_guinee_unicef_2013-2017 external.pdf
28
Evaluation à mi-parcours du projet d'accélération de l'éducation des filles (PAEF) dans la préfecture de Télimélé. Odile AKPAKA. Rapport final. Juillet 2016
pour leurs enfants de faire des apprentissages complémentaires à ceux des foyers
coraniques. D'autre part les 2 ADC femmes et l'AT femme, ont été, et sont encore des
exemples concrets de l'importance de la scolarisation et du maintien des filles à l'école.
Enfin le choix d’animateurs volontaires dans les villages a favorisé cet ancrage
socioculturel.
Parmi les problèmes à la base de la sous-scolarisation et de l'abandon des filles figurait le
constat fait par les parents de la faiblesse des apprentissages de leurs enfants. Pourquoi
se priver d'un fils pour les travaux champêtres et d'une fille pour les travaux
domestiques, si l'élève du CM2 n'en sait pas plus que celui du CE2? Ces carences liées
aux enseignements/apprentissages, ont été prises en compte, sinon comblées, par la
formation et la mise en œuvre de la pédagogie active.
En conclusion, la pertinence du PAEF est non seulement manifeste par rapport à la
politique et au programme sectoriels de l'Education en Guinée, par rapport au Cadre de
l’Education de Dakar, par rapport aux stratégies définies par l'UNICEF et par Plan Guinée.
Mais elle l'est encore et surtout par rapport aux problèmes qui sont à la base de la sous-
scolarisation des enfants, notamment des filles, dans la préfecture de Télimélé.
3.2 Efficacité du PAEF
Dans cette section seront explorées les questions suivantes:
- Les activités réalisées (et avec quelles méthodes) contribuent-elles à résoudre les
problèmes de non fréquentation scolaire, d'échec, d'abandon des filles et des garçons en
âge d'être scolarisées?
-- Les résultats attendus à la fin du projet, tels que définis dans le Cadre logique et les
accords entre l'UNICEF et Plan Guinée, entre l'UNICEF et l'Association Réussir ensemble,
sont-ils en passe d'être atteints à la fin du projet ?
- Quels sont les changements induits par le projet dans les classes, les écoles, les
communautés dans lesquelles sont implantés les écoles et CEC?
- La collaboration entre les structures impliquées produit-elle les résultats escomptés? Si
non pourquoi?
3.2.1 Contribution des activités réalisées à la résolution des problèmes
Tout d'abord les activités les plus porteuses pour résoudre les problèmes liés à la
scolarisation des enfants, particulièrement des filles seront présentées, puis
l'amélioration des enseignements/apprentissages analysée, et en dernier lieu la
mobilisation pour l'implication des communautés dans la vie scolaire sera étudiée.
29
Evaluation à mi-parcours du projet d'accélération de l'éducation des filles (PAEF) dans la préfecture de Télimélé. Odile AKPAKA. Rapport final. Juillet 2016
3.2.1.1 Les activités les plus porteuses pour la scolarisation
A six groupes d'acteurs du PAEF sur sept, il a été demandé quelles sont les activités qui
ont le plus contribué à faire avancer la question de la scolarisation des filles. Le
graphique 1 ci dessous montre que, selon ces acteurs, la remise de fournitures scolaires
à tous les enfants, filles et garçons, est considérée comme l'intervention la plus porteuse,
car elle diminue de manière substantielle les charges financières des parents. Elle attire
aussi les enfants, notamment les filles qui ont droit à un traitement particulier.
Viennent en seconde position les constructions. Rappelons que sur les 7 écoles/localités
où l'équipe d'évaluation s'est rendue, 4 ont été construites dans le cadre du PAEF. Les
communautés se sont impliquées dans la réalisation de ces constructions, y compris les
CEC, comme en témoigne cette femme, membre de l'AMEF :» c'est nous qui avons puisé
de l'eau pour la construction du CEC» ou ce parent, membre d'un comité de gestion, mis
en place pour la construction: «pendant la construction de l’école c’est nous qui avons
mobilisé les agrégats, assuré le manger et hébergé gratuitement les ouvriers». Motif de
fierté pour la communauté, l'existence d'une école, «qui n'a rien à envier aux écoles de la
ville», conforme aux plans officiels, exerce un attrait réel sur les enfants et leur donne
envie d'y aller.
Graphique 1 Contribution des activités du PAEF à la résolution des problèmes
liés à la scolarisation selon les personnes rencontrées
Source: Entretiens dans préfecture de Télimélé avril 2016
Il n'est pas étonnant que l'implication des OCB soit considérée par les acteurs rencontrés
comme une contribution à la résolution des problèmes liés à la scolarisation. Cet
engagement des communautés sera développée plus bas (cf. 3.2.1.3).
0
5
10
15
20
25
Activités porteuses pour la scolarisation des filles
Activités porteuses pourscolarisation filles
30
Evaluation à mi-parcours du projet d'accélération de l'éducation des filles (PAEF) dans la préfecture de Télimélé. Odile AKPAKA. Rapport final. Juillet 2016
Les sensibilisations, en particulier les sensibilisations de proximité (plus de 700 entre
2012 et 2014), ont répété à maintes reprises les mêmes messages sur les bénéfices de
la scolarisation des filles pour la famille, sur leur maintien à l'école, sur la nécessité de
donner les mêmes chances aux filles qu'aux garçons, en donnant des exemples concrets
comme ceux des jeunes femmes ADC, dont la conduite de motos impressionne les uns et
les autres.
Dans le libellé «formation enseignants» il faut comprendre les effets de la formation à la
pédagogie active sur les apprentissages des enfants, développés ci-dessous.
3.2.1.2 La mise en œuvre de la pédagogie active
Environ 80% des enseignant(e)s des 8 sous-préfectures sur les 9 ciblées ont été formés
en pédagogie active10. Les DSEE ont également été formés et citent les compétences
ainsi acquises comme le premier apport du PAEF pour eux-mêmes. Un contrat avec la
DPE amène les DSEE à réaliser le suivi de 16 enseignants par mois, et le projet appuie
ces suivis. Des forces et faiblesses de la mise en œuvre de la pédagogie active ont été
observées pendant les visites de classe et/ou répertoriés pendant les entretiens réalisés
en avril 2016.
Forces
- Le contrat minimum portant sur 5 techniques (entretien du matin; textes libres
1/mois; sorties étude du milieu 1/trimestre; sortie mathématique 1/trimestre; éducation
artistique et culturelle 1/trimestre) semble respecté.
L'entretien du matin est très apprécié des enseignants et des élèves, comme en
témoigne l'encadré ci-après. Il favorise l'expression orale, et les parents sont satisfaits
d'entendre leurs enfants parler français. «Maintenant quand un étranger parle avec nos
enfants, ils arrivent à répondre en français. Ils servent même d’interprète» dit une mère
avec fierté.
Encadré 1 Ils parlent de l'entretien du matin
«On a débuté en pular, puis en français, on rectifie au fur et à mesure» (EP
Thiankoun Pouri dans une classe de CP2).
«Les enfants sont contents de s'exprimer, satisfaits de raconter devant les autres ce
qu'ils ont vécu «(EP Dombé).
«Les filles sont encore plus motivées que les garçons, elles sont pressées de parler...
Ils viennent tôt le matin pour inscrire leur nom au tableau: 10 par jour s'inscrivent»
(EP Thionthian)
«Cela booste l'inscription, on a récupéré des élèves qui avaient abandonné» (EP
Telico)
- Les enseignants sont eux-mêmes plus actifs et plus satisfaits: «Après avoir suivi la
formation, j'ai compris qu'on peut utiliser des choses de la nature comme matériel
10 L'évaluation des acquis scolaires permettra d'apprécier le pourcentage de ceux qui maîtrisent
ces techniques.
31
Evaluation à mi-parcours du projet d'accélération de l'éducation des filles (PAEF) dans la préfecture de Télimélé. Odile AKPAKA. Rapport final. Juillet 2016
didactique (pour la numération)», dit l'un. Un autre remarque: «Avant, les cours étaient
abstraits, maintenant les cours sont concrétisés.... Au cours des sorties, les enfants font
le lien entre ce qu'ils apprennent en classe et la réalité».
- Les enfants produisent des textes et ces textes sont travaillés ensuite en classe. Un
père, très fier, dit à l'enseignant: «Ce matin tu as travaillé sur le texte de mon fils».
- Dans les salles de classes des supports pédagogiques sur différents thèmes sont
affichés pour concrétiser les leçons (affiches, textes libres, croquis dont certains ont été
réalisés par les élèves ….).
- «On a un musée qui rassemble tous les objets qui peuvent servir à l'apprentissage...
On a aussi un petit jardin scolaire, on voit la germination».
Faiblesses
- Les productions des élèves ne sont pas suffisamment conservées et valorisées.
- Face aux difficultés, les enseignants ont tendance à se retrancher dans leurs pratiques
antérieures qui leur paraissent plus faciles et à enseigner de manière traditionnelle,
notamment pour l'étude de la langue et le calcul.
- La participation des élèves à la construction des savoirs à travers les groupes est
encore insuffisante. Les enseignants continuent à privilégie le travail individuel, même si
tous les enfants sont assis autour d'une même table.
- Durant les visites d'écoles, beaucoup d'enseignants agissent encore comme les seuls
détenteurs du savoir, malgré le bas niveau de certains, qui ne semblent pas conscients
de leurs insuffisances.
3.2.1.3 La mobilisation pour l'implication des communautés
Comme on l'a vu en 3.2.1.1, les acteurs rencontrés estiment que l'engagement des
communautés contribue de manière importante à la résolution des problèmes liés à la
scolarisation. Les diverses structures (APEAE, AMEF, GVEC) ont été «réveillées», et
renforcées ou mises en place (pour les GVEC) dans les 15 écoles/localités de chacune des
4 sous-préfectures de forte focalisation. Des animateurs volontaires (AV) ont été mis en
place et leurs capacités renforcées.
Les contenus de formation, cités par les personnes rencontrées (93 femmes et 52
hommes, au total 145 personnes) appartenant à ces structures portent sur:
- des thèmes liés à la scolarisation: l'inscription, le maintien («ne pas sortir les
filles pour les travaux domestiques ou le mariage»), l'entretien de l'école et de
l'enseignant, la sensibilisation, la gestion des conflits...
- des thèmes relatifs à la vie des associations: l'élaboration des plans d’action, la
mobilisation de fonds pour la prise en charge de ces plans d’actions, la gestion et la
tenue des documents comptables, la création d’un compte d’épargne et sa gestion.
- des thèmes relatifs à l'hygiène et à l'environnement.
Les participant(e)s à ces renforcements de capacités ont dit leur satisfaction d’avoir reçu
ces informations et disent les avoir transférées à d’autres.
32
Evaluation à mi-parcours du projet d'accélération de l'éducation des filles (PAEF) dans la préfecture de Télimélé. Odile AKPAKA. Rapport final. Juillet 2016
Leur implication dans les constructions, déjà mentionnée (cf.3.2.1.1), est évoquée à
maintes reprises durant les entretiens, de même que leur contribution à la vie de l'école.
Parmi les diverses actions citons le bon accueil des enseignants, la culture d'une parcelle
octroyée par la communauté (pour les enseignants communautaires), l'embellissement et
l'assainissement de l’école (laver les classes et les toilettes par les AMEF). La
sensibilisation pour la scolarisation et le rejet du mariage précoce occupent une place
importante. Un membre d'une APEAE, également AV (à Mabhé), explique: « je leur
montre que si je suis AV c'est parce que j'ai un peu étudié». La sensibilisation des mères
sur l’hygiène des enfants et celle des filles en particulier est signalée par des AMEF. Les
interventions de ces dernières, souvent jugées efficaces, sont mentionnées ainsi: «l'AMEF
s'oppose à la vente au marché par les filles, elles veulent que les filles soient à l'école».
Le contrôle de l'assiduité des élèves, (spécialement des filles), qui relève en premier lieu
des enseignants à l'école, est également réalisé tantôt par des membres de l'APEAE,
tantôt par les AMEF, tantôt il n'est pas réalisé, par négligence.
Les GVEC, de création récente, ont contribué de manière ponctuelle avec la caisse de
solidarité à soutenir tel(le) ou tel(le) élève, mais ils n'ont pas commencé à prendre en
charge, même partiellement, les éducateurs/trices des CEC là où ils fonctionnent, ni les
enseignant(e)s communautaires. Les GVEC qui n'ont pas été subventionnés auront-ils la
volonté et les moyens de le faire?
Actuellement ces diverses structures sont encadrées/suivies par les ADC, mais pas par
les AV (excepté quand ceux-ci sont également membres du Bureau APEAE). L'énergie
insufflée par le biais des renforcements de capacités, des avantages indirects liés à leur
position, ou de la pression exercée par les ADC et les fréquentes missions de suivi
résistera-t-elle à l'usure du temps? La conviction personnelle de certains membres de la
communauté permettra-t-elle de maintenir la dynamique actuelle dans le domaine de
l'éducation? Tel est l'un des grands défis actuels du PAEF, car c'est maintenant qu'il s'agit
de mettre en place les mécanismes qui pourraient permettre de le relever.
3.2.2 Le degré d'atteinte des résultats attendus
Le cadre logique présenté en annexe 5 a été préparé pour la revue d'avril 2016 par la
DPE de Télimélé. L'analyse sera présentée résultat par résultat.
3.2.2.1 Au niveau de la préfecture
Résultat 1.1: Les acteurs de l’éducation dans la préfecture de Télimélé
identifient/analysent les problèmes limitant l’achèvement universel du cycle d’études
primaires, planifient les actions rectificatives, suivent leur mise en œuvre et en évaluent
l’impact
Indicateurs/nombre Valeur
attendue en 2017
Valeur
évaluation mi-parcours 2016
Observations
33
Evaluation à mi-parcours du projet d'accélération de l'éducation des filles (PAEF) dans la préfecture de Télimélé. Odile AKPAKA. Rapport final. Juillet 2016
Nbre sessions CPPE 2 par an 2 en 4 ans Sessions demeurent irrégulières
Nbre sessions CSPPE 2 par an 2 par an en 2014
et 2015
Ont lieu en début et fin d'année
scolaire
Rapports d'analyse des indicateurs et goulots d'étranglement disponibles
4 4 Préparés dans le cadre des revues
Plans préfectoraux de l'éducation développés
5 5 1 plan préfectoral et 4 plans sous-préfectoraux issus des sessions des CSPPE
Rapports des revues trimestrielles
12 3 Revues trimestrielles entre 2012 et 2014
Prise en compte dans les revues semestrielles ou annuelles
12 4 4 revues annuelles ont eu lieu
Nombre de formateurs/superviseurs formés
15 9
Malgré certains écarts, le résultat 1.1 est en voie d'être atteint. La formation d'un plus
grand nombre de formateurs en pédagogie active serait nécessaire, pour favoriser le
suivi de proximité des enseignants. La prochaine revue annuelle serait probablement
proche de la fin du projet, aussi serait-il souhaitable qu'une revue semestrielle se tienne
avant la rentrée scolaire 2016-2017.
3.2.2.2 Au niveau des 9 sous-préfectures
Résultat 2.1: Les 9 sous-préfectures ciblées disposent d'enseignants en nombre adéquat
par rapport aux besoins identifiés et sont dotés de la qualification professionnelle requise
Indicateurs/nombre Valeur
attendue en 2017
Valeur évaluation
mi-parcours 2016
Observations
Nbre d'enseignants recrutés
169 41 Nombre d'enseignants retraités supérieur au nombre de recrutés
% de femmes dans effectifs nouveaux
enseignants
30% 7% Absence de modèle féminin pour les filles scolarisées
Nbre d'enseignants formés
579 348 Formation en pédagogie active. Les enseignants de la sous-préfecture de
Kollet n'ont pas encore été formés
Nbre d'enseignants de niveau moyen et faible
579 348 Revoir le nombre d'enseignants à former, compte tenu du nombre
34
Evaluation à mi-parcours du projet d'accélération de l'éducation des filles (PAEF) dans la préfecture de Télimélé. Odile AKPAKA. Rapport final. Juillet 2016
formés d'enseignants en poste
Nbre d'éducateurs
/trices formés
120 24 Formation en 2015 en liaison avec
nombre de CEC construits. Retards dans la construction des CEC
Nbre d'écoles disposant d'un code de
conduite
261 Non disponible Code visible dans les bureaux des DSEE, mais très rarement dans les
écoles
Nbre d'enseignants formés sur les
compétences de la vie courante
579 0 Aucune formation réalisée à ce jour
L'insuffisance dans le recrutement d'enseignants affecte gravement l'efficacité du projet.
Des classes n'ont pu être ouvertes faute d'enseignants, les communautés font très
difficilement face à la prise en charge des enseignants communautaires, par ailleurs
instables. Un grand effort de l'Etat doit être fait pour que ce résultat ait des chances
d'être atteint. Les enseignants, non encore formés sur les compétences de la vie
courante, pourront-ils tous l'être avant la fin du projet? La multiplication du code de
conduite, son affichage et son explication dans chaque classe pourraient par contre être
réalisés avant la fin du projet et s’intégrer dans la lutte contre les violences à l’école.
Résultat 2.2: Des gouvernements d'enfants seront mis en place et rendus fonctionnels
dans les écoles des 9 sous-préfectures de Télimélé ciblées
Indicateurs/nombre Valeur attendue en 2017
Valeur évaluation mi-parcours 2016
Observations
Nbre de membres de
GDE formés
130 60 « Orientation » réalisée en 2015. La majorité des membres informés ont quitté l'école primaire
Nombre de directeurs d'écoles et
enseignants formés
60 260 Le directeur ou un enseignant a été informé par école
Les 60 GDE ont été mis en place. Pour que la fonctionnalité de ces GDE soit effective et
que ce résultat soit atteint, une autre stratégie doit être utilisée en s’appuyant sur le
guide définissant précisément les rôles et responsabilités des différents acteurs dans la
formation et le suivi des GDE, qui vient d’être élaboré.
Résultat 2.3: Toutes les écoles des 9 sous-préfectures ciblées dans Télimélé garantissent
la protection des enfants contre les violences
Indicateurs/nombre Valeur
attendue en
Valeur évaluation
mi-parcours 2016
Observations
35
Evaluation à mi-parcours du projet d'accélération de l'éducation des filles (PAEF) dans la préfecture de Télimélé. Odile AKPAKA. Rapport final. Juillet 2016
2017
Disponibilité du
rapport d'étude sur les violences dans les écoles des 9 sous-préfectures
1 rapport
d'étude disponible
0 Etude non réalisée
Nbre d'écoles disposant d'un mécanisme de suivi et de reportage
261 0 Aucun mécanisme n'a été mis en place. Le sujet semble rester tabou.
Nbre d'écoles et de
DSEE reportant sur les violences
270 0 Aucun mécanisme de reportage mis
en place
Nbre de rapports annuels soumis
5 0
Aucune des activités prévues pour atteindre ce résultat n'a été mise en œuvre. Pourquoi?
Tout au plus, on peut mentionner que durant la 1ère phase du projet, 60 enseignants des
écoles ciblées ont bénéficié d'un renforcement de capacités sur le droit des enfants à la
protection. On sait que le plus souvent les enseignants nient être auteurs de violences.
Pour que la prochaine année scolaire connaisse un début de réalisation, il faudrait en
premier lieu que le mur de silence soit brisé, que la question cesse d'être taboue, et
fasse l'objet de débats avant que ne soit défini un mécanisme de suivi.
Résultat 2.4 Dans les 9 sous-préfectures, les enseignants et élèves sont dotés de
manuels et fournitures indispensables pour des enseignements et apprentissages de
qualité
Indicateurs/nombre Valeur attendue en 2017
Valeur évaluation mi-parcours 2016
Observations
Nbre d'élèves
bénéficiaires de matériels didactiques appropriés
26173 17502 Distribution faite au début du projet,
laissée ensuite au gouvernement qui a acquis des manuels sur le Fonds Commun (Partenariat mondial pour l’éducation/Banque mondiale/AFD)
Nbre d'enseignants bénéficiaires
579 258 Idem
Nbre d'élèves bénéficiaires
26173 21524 Dernière distribution faite à la rentrée 2015-2016. 10024 filles bénéficiaires
Ce résultat est en passe d'être atteint.
36
Evaluation à mi-parcours du projet d'accélération de l'éducation des filles (PAEF) dans la préfecture de Télimélé. Odile AKPAKA. Rapport final. Juillet 2016
Résultat 2.5 les enseignements et progrès scolaires des élèves à l'échelle des 9 sous-
préfectures ciblées sont régulièrement suivis par les encadreurs pédagogiques et les
parents
Indicateurs/nombre Valeur attendue en 2017
Valeur évaluation mi-parcours 2016
Observations
Nombre d'animations pédagogiques réalisées
60 52 Dans le cadre des grappes
Nbre d'enseignants bénéficiaires des
sessions
579 173
% d'écoles dotées de fiches de suivi
100% 67% 67% en 2015. Pas de dotation de ces fiches en 2015-2016
% d'écoles utilisant la
fiche de suivi
100% 67% idem
Pour que ce résultat soit atteint en 2017, il serait nécessaire que le nombre d'enseignants
bénéficiaires des animations pédagogiques soit bien supérieur, que les fiches soient
remises chaque année et utilisées de manière adaptée, ce qui ne semble pas avoir été le
cas dans toutes les écoles. On peut aussi mettre en question l'utilisation de ces fiches,
peu efficientes (coût élevé et utilisation souvent insuffisante).
3.2.2.3 Au niveau des 4 sous-préfectures
Résultat 3.1 Les organisations communautaires (60 APEAE, 60 groupements féminins)
autour des 60 écoles et CEC sont mis en place ou renforcées et ont les compétences
requises pour garantir aux parents les capacités d'inscrire et de maintenir leurs enfants à
l'école
Indicateurs/nombre Valeur attendue en
2017
Valeur évaluation mi-parcours 2016
Observations
Nbre d'ADC recrutés 4 4
Nbre d'AMEF mises en place et fonctionnelles
60 60
Nbre d'APEAE
fonctionnelles
60 60
Nbre de GF/GVEC appuyés
60 30
Nbre de GVEC appuyant les CEC et
60 0 GVEC assez récents
37
Evaluation à mi-parcours du projet d'accélération de l'éducation des filles (PAEF) dans la préfecture de Télimélé. Odile AKPAKA. Rapport final. Juillet 2016
les écoles
Nbre de membres
APEAE formés et encadrés
420 540 Dont 200 femmes
Nbre de membres de GF/GVEC
formés/encadrés
300 1253 Dont 1027 femmes. Les GVEC ont mobilisé 76 236 500 NGF
Nbre de membres AMEF formées/
encadrées
420 370
% de GVEC appuyés 100% 13% % calculés sur la base de 60 GVEC
Rapport validé disponible sur les sur les filières porteuses dans la préfecture
1 1
Ce résultat est en passe d'être atteint. Il faudra néanmoins veiller à ce que les GVEC,
appuient effectivement les écoles et/ou CEC.
Résultat 3.2 La mise en place de 60 CEC dans les 4 sous-préfectures est appuyée
financièrement et répond techniquement aux normes et standards de l'approche intégrée
pour le développement du jeune enfant
Indicateurs/nombre Valeur attendue en 2017
Valeur évaluation mi-parcours 2016
Observations
Nbre de CEC construits
60 20 Au début il était prévu 60 CEC (près de chaque école ciblée), En 2016 20 construits, mais 10 seulement entièrement équipés. La valeur attendue doit être revue officiellement dans le Cadre logique.
Nbre d'enfants
bénéficiaires
2400 457 Dont 225 filles. L'écart est lié au
nombre de CEC fonctionnels
Nbre de CEC dotés en matériels didactiques et ludiques
20 10
Nbre d'éducateurs /trices recruté(e)s et formé(e)s
120 24 personnes formé(e)s
Certaines éducatrices formées travaillent dans des CEC, construits préalablement dans la préfecture
Ce résultat ne pourra être atteint qualitativement qu'après formation des nouveaux
éducateurs ou éducatrices, recyclage des anciens et résolution du problème de la prise
en charge de ces personnels. Il a très peu de chances d'être obtenu sur le plan
quantitatif.
38
Evaluation à mi-parcours du projet d'accélération de l'éducation des filles (PAEF) dans la préfecture de Télimélé. Odile AKPAKA. Rapport final. Juillet 2016
Résultat 3.3 Dans les 4 sous-préfectures, 18 écoles répondant à l'approche amie des
enfants sont construites et rendues fonctionnelles
Indicateurs/nombre Valeur attendue en 2017
Valeur évaluation mi-parcours 2016
Observations
Nbre de salles de classes construites et équipées
54 36 18 salles de classe dans Daramagnaki et Missira sont en cours de construction, elles seront prêtes en septembre 2016
Nbre d'écoles dotées de forages
18 18 6 d'entre eux posent problème (eau trouble et non potable)
Ce résultat doit être atteint en 2017, bien qu'il ait connu des retards pour les
constructions et des difficultés au niveau des forages
Résultat 3.4 Dans les 18 écoles construites, les enfants ayant dépassé l'âge d'entrer en
cycle primaire bénéficieront d'une éducation de seconde chance en vue de l'obtention du
certificat d'études primaires (classe spécifique ou multigrade)
Indicateurs/nombre Valeur attendue en 2017
Valeur évaluation mi-parcours 2016
Observations
Rapport validé disponible d'une étude sur l'ampleur du phénomène des enfants hors école
1 0 L'étude a été réalisée sur le plan national en 2016
Nbre de classes spécifiques ouvertes
18 4 6 classes hangars ont été construites, 4 seulement accueillent des apprenant(e)s
Nbre d'enseignants formés
18 21
Nbre d'enseignants
dotés de matériels didactiques appropriés
18 0
Ce résultat ne semble pas pouvoir être atteint en 2017. Les retards dans les ouvertures,
l'absence de salles (à certains endroits) et d'enseignants disponibles et formés pour un
tel public, la démotivation de celles et ceux qui avaient été identifiés avant l'ouverture
constituent quelques-uns des facteurs explicatifs de la situation actuelle qui exige une
réflexion approfondie.
En conclusion, quelques résultats sont en très bonne voie pour être atteints, comme
c'est le cas des constructions. D'autres pourraient l'être au niveau des 9 sous-
préfectures, si des enseignants sont massivement recrutés ou si des stratégies
39
Evaluation à mi-parcours du projet d'accélération de l'éducation des filles (PAEF) dans la préfecture de Télimélé. Odile AKPAKA. Rapport final. Juillet 2016
pertinentes sont mises en place. D'autres enfin ont peu de chances d'être obtenus, à
l'exemple des classes spéciales.
3.2.3 Changements induits par le PAEF
Les changements identifiés par l'équipe d'évaluation et/ou indiqués par les personnes
rencontrées se situent à trois niveaux: celui des communautés, celui de l'école (y
compris les CEC et les classes spéciales), celui de l'administration scolaire (DSEE et DPE).
Ils peuvent comporter des aspects positifs ou non.
3.2.3.1 Au niveau des communautés
Les attitudes à l'égard de l'école ont changé de l'avis général : elles sont maintenant
positives et l’école apparaît de moins en moins comme un corps étranger. Les parents
manifestent de l'intérêt pour l'école, acceptent que les enfants viennent à l'école au lieu
de les aider dans les travaux champêtres ou domestiques, s'impliquent dans la vie de
l'école (cf.3.2.1.3) et surtout font confiance à l'école pour l'éducation de leurs enfants (à
l'exemple de certaine autorités religieuses) en combinant le foyer coranique et l'école.
«Moi je ne suis pas lettrée, mais mes enfants le seront», disent souvent les mères.
«Avoir maintenant des intellectuels dans le village» est un espoir exprimé par quelques
personnes sous des formes différentes. Une certaine émulation existe entre villageois ou
parfois entre villages par rapport à la scolarisation.
La valorisation des enfants scolarisés s'est exprimée comme suit: «Les enfants sont
propres... les filles savent forcer le respect... les enfants sont disciplinés... Ils arrivent à
répondre en français...Ils sont différents de ceux qui n'ont pas été à l'école...Ils
manipulent aisément le téléphone». La motivation des enfants pour aller à l'école a
souvent été soulignée. Selon un directeur, certaines filles demandées en mariage ont
refusé, sont venues le voir, lui-même a vu les parents et «les a un peu menacés, les filles
sont encore à l'école» (mais pour combien de temps?).
L'amélioration des conditions de vie dans le village a également été notée. «Grâce à ce
projet la communauté ne fait plus de distance pour l’eau potable». Enfants et villageois
se servent des forages. Les latrines également sont appréciées.
L'ouverture des CEC est jugée très positive, surtout par les mères, qui gagnent en liberté
de mouvement lorsque l'enfant est au CEC et sont rassurées de le savoir en sécurité. Des
mères viennent voir les enfants au CEC assez régulièrement.
Enfin, la diminution de pratiques contraires aux droits de l'enfant, à savoir la location des
enfants pour les travaux champêtres, a été signalée par plusieurs personnes. Cette
lacune de capacité a été identifiée et comblée grâce aux sensibilisations et renforcements
de capacités.
40
Evaluation à mi-parcours du projet d'accélération de l'éducation des filles (PAEF) dans la préfecture de Télimélé. Odile AKPAKA. Rapport final. Juillet 2016
Des changements en matière de mariage précoce11?
Malgré les discours sur le maintien des filles à l'école et l'«interdiction du mariage
précoce», il apparaît clairement que dans toutes les écoles de la préfecture de Télimélé,
des filles abandonnent en cours d'année, ou au mieux pendant les vacances, pour cause
de mariage à 13/14 ans. L’impact de la stratégie de sensibilisation reste encore limité.
Pour trouver d'autres stratégies, il est bon de réfléchir sur les liens entre le mariage
précoce et d'autres phénomènes. L'arbre à problèmes, même incomplet, présenté à la
page suivante, peut aider à une réflexion commune, qu'il conviendrait de mener à la fois
avec les communautés (hommes /femmes et les jeunes), avec les Responsables de
l'Education, de la Santé, et avec les élus locaux.
Dans le cadre de cette évaluation, nous nous attacherons à deux éléments de cet arbre à
problèmes: la question des modèles et celle du statut de la fille/femme dans le milieu.
Qu'est ce que le PAEF a fait en la matière? Il a valorisé l’image de la femme : il a recruté
par l'intermédiaire de l'AACG trois jeunes femmes comme ADC et AT, qui représentent
effectivement des modèles pour certaines filles (scolarisées ou déscolarisées) des sous-
préfectures ciblées. Mais au niveau des AV, il n'y a aucune femme. On aurait pu imaginer
une plus grande présence de ces femmes ADC et AT dans les écoles, et même dans les
classes, une plus grande utilisation de la radio rurale de Télimélé qui pourrait consacrer
des émissions aux femmes présentes dans la préfecture, ayant poursuivi leurs études, y
compris les ADC/AT, les institutrices, les infirmières etc.
En ce qui concerne le statut des femmes dans le milieu, le PAEF a mis en place ou
dynamisé les AMEF, qui ont effectivement contribué à la scolarisation et au maintien des
filles, comme mentionné plus haut. En même temps, ces AMEF sont «naturellement»
chargées de nettoyer ici les salles de classe, là les latrines! Dans les Bureaux APEAE, les
femmes n'exercent pas souvent de réels pouvoirs. Parmi les 60 APEAE dynamisées par le
PAEF, on ne compte aucune femme présidente. Restent les GVEC, majoritairement
féminins, qui, s'ils parviennent à produire des effets financiers réels, permettront aux
femmes de s'affirmer davantage. Cela suffira-t-il à améliorer le statut des femmes dans
le milieu?
11 Dans tout le rapport, l'expression mariage précoce est utilisée, il serait plus juste d'utiliser
l'expression mariage précoce et forcé. Peut-on en effet parler d'un consentement éclairé d'une fille de 13/14 ans?
41
Evaluation à mi-parcours du projet d'accélération de l'éducation des filles (PAEF) dans la préfecture de Télimélé. Odile AKPAKA. Rapport final. Juillet 2016
Graphique 2 Arbre à problèmes du mariage précoce
Cycle
incomplet
Volonté de diminuer le
nombre de bouches à
nourrir
Mariage précoce Abandon
Faible motivation
des filles Redoublement et
échec scolaire
Eloignement
de l’école
Bas niveau
enseignants
Manque
d’enseignant
s
Charge des travaux
domestiques
Absence de modèle
dans le milieu
Part insuffisante de l’Education
dans le budget national
Statut de la fille/femme
dans la société
Crainte des
grossesses non
désirées
Absence d’éducation
sexuelle
Pauvreté des
familles
42
Evaluation à mi-parcours du projet d'accélération de l'éducation des filles (PAEF) dans la préfecture de Télimélé. Odile AKPAKA. Rapport final. Juillet 2016
L'encadré ci-après, issu d'entretiens menés à Télimélé en avril 2016, illustre les éléments
qui ont permis aux unes, âgées de 25 à 30 ans, de poursuivre leurs études, et qui ont
manqué aux autres (âgées de 14 à 21 ans), non scolarisées ou déscolarisées avant la fin
de l'enseignement primaire.
Encadré 2 Des histoires de vie différentes
Jeunes femmes ayant poursuivi leurs
études
Jeunes femmes non scolarisées ou
déscolarisées
Soutien familial très fort sur le plan
matériel, mais surtout renforcement de
leur motivation par leur famille.
Absence de soutien. Décès ou maladie du
père qui les avait inscrites. Retrait de
l'école inexpliqué.
Mariées aux alentours de 20 ans ou non
mariées.
Mariées très jeunes pour la plupart (13/14
ans). Plus de la moitié d'entre elles
divorcées peu après.
Parcours scolaire sans difficulté au
primaire, ce qui a renforcé leur motivation.
Pas d'école proche. Faible motivation.
Regret actuel d'avoir abandonné.
Présence de modèles, ayant fait des
études, respectés et considérés dans la
famille ou dans le milieu.
Pas de modèle dans leur entourage de
personnes ayant fait des études.
3.2.3.2 Au niveau des écoles, des CEC et des classes spéciales
« J'ai vu mon école vivre. A mon arrivée il y avait 2 niveaux, maintenant nous avons
envoyé trois promotions au collège avec beaucoup de filles» dit un directeur (EP
Thionthian). De l'avis général, l'assiduité des enfants est meilleure, les enfants n'achètent
plus les fournitures, et viennent malgré la distance. Néanmoins, comme constaté dans
une école, des enfants qui habitent relativement loin ne reviennent pas toujours l'après
midi.
Le renouveau des méthodes d'enseignement avec la pédagogie active a été développé
plus haut (cf.3.2.1.2).
Selon les élèves du GDE de Telico, les enseignants travaillent avec les filles et les traitent
sur le même pied d’égalité que les garçons.
Les GDE
Certes des changements positifs ont été induits au niveau des GDE par le projet, car là
où le PAEF n'est pas intervenu, les GDE existent plus sur papier que dans la réalité.
43
Evaluation à mi-parcours du projet d'accélération de l'éducation des filles (PAEF) dans la préfecture de Télimélé. Odile AKPAKA. Rapport final. Juillet 2016
L'existence de filles ministres donne envie, parait-il, à d'autres filles d'aller à l'école ou de
poursuivre au moins jusqu’au CM2.
Peut-on dire que les GDE ont été formés? Une «orientation» à laquelle participaient les
directeurs et un membre de chaque GDE a été réalisée en 2015. Ce membre a pu quitter
l'école (s'il était au CM2), et les directeurs n'ont pas toujours relayé l'information auprès
des nouveaux membres. Les membres d'un GDE ont «oublié» les informations reçues de
Plan Guinée à ce sujet. Dans la moitié des GDE rencontrés, les enfants connaissent
effectivement leurs rôles et responsabilités (sans les réciter!); quelques activités,
notamment en matière de compétitions sportives, ont été organisées par ces GDE. Dans
deux de ces GDE, les procès-verbaux de réunions sont faits et disponibles.
Les GDE des 60 écoles appuyées par le PAEF auraient fait des plans d'action, mais aucun
des GDE rencontrés, même les plus performants, n'en ont entendu parler. L'examen de
certains de ces plans d'action laisse d'ailleurs perplexe. Des activités qui ne relèvent pas
des GDE (par exemple des activités de sensibilisation sur le maintien des filles à l'école,
sur la lutte contre la violence à l'école, sur la réparation de mobiliers, sur la formation
des enseignants) sont mentionnées dans ces plans d'action et budgétisées. Il est certain
que ces plans d'action ont été préparés par d'autres que les enfants (APEAE, directeurs
d'école, ADC ...?).
Les GDE ont tous été subventionnés en recevant le même matériel de jardinage,
d'assainissement et de jeux (pourquoi demander alors un plan d'action?), ces
équipements ne sont pas gérés par les GDE qui sont néanmoins au courant de l'envoi,
mais plutôt par l'école. La marge d'amélioration de ces GDE est encore grande.
Les CEC
En 2015-2016, 9 CEC construits par le PAEF fonctionnent. L'équipe d'évaluation en a
visité 3 construits par le PAEF (Dombé, Missira centre, Mabhé) et un autre plus ancien
(Dara centre) construit sur financement de la Banque Mondiale.
Les enfants accueillis dans ces CEC prennent l'habitude d'aller à l'école et constituent la
pépinière de la 1ère année de l'école. Excepté à Dombé, où, faute d'enseignant, le CP1
n'a pas ouvert ses portes cette année, les enfants ont tous l'âge requis.
Les activités faites au sein des CEC stimulent-ils leur développement cognitif et socio
affectif? La réponse est loin d'être franchement positive. Certes les enfants établissent
des relations entre eux, sans distinction de sexe, relations favorables à leur socialisation;
certes ils apprennent quelques chansons; certes ils prennent l'habitude de quelques
gestes utiles, comme celui de se laver les mains.
Mais malgré une formation d'un mois en mai 2015, les prestations des éducateurs/trices
observé(e)s ne favorisent pas encore le développement cognitif des enfants. Est-ce du à
44
Evaluation à mi-parcours du projet d'accélération de l'éducation des filles (PAEF) dans la préfecture de Télimélé. Odile AKPAKA. Rapport final. Juillet 2016
un manque d'informations, à leur bas niveau12, à un manque de motivation lié à
l'absence ou l'irrégularité d'une rémunération, qui devait être prise en compte dans les
Plans de Développement Locaux (PDL) ou par des associations de ressortissants? Tous
ces facteurs jouent certainement.
Ainsi les riches mallettes de jeux éducatifs, qui leur ont été remises plusieurs mois après
la formation, ne sont absolument pas utilisées car ils ne savent pas comment les utiliser
(et le chargé de la petite enfance au niveau préfectoral non plus). Ainsi avons-nous
entendu une éducatrice faire répéter plusieurs fois par les enfants ce qu'elle avait inscrit
au tableau : «Langage. Objectif: se situer dans le temps»!! De manière générale les
activités de langage n'encouragent pas l'expression des enfants, mais consistent en
répétitions de mots en français (ce que les parents semblent apprécier). On trouvera en
annexe 6 la synthèse des observations et les résultats aux petits tests réalisés avec les
enfants, durant lesquels les items relatifs à la situation dans l'espace ont été réussis par
tous. L'insuffisance de suivi des CEC a déjà été notée lors de la dernière revue du PAEF.
En termes d'infrastructures et d'équipement, un problème est déjà visible au CEC de
Mabhé, où les termites et autres insectes ont commencé leur travail sur des bois non
traités. Des murettes doivent remplacer le bois, selon ce qui a été décidé lors de la revue
en avril 2016. Les mobiliers sont adaptés à l'âge des enfants et en nombre suffisant, sauf
là où l'effectif dépasse 40 enfants (cas de Missira centre où l'effectif présent était de
53/65 inscrits). Il semble que les enfants des CEC n'utilisent pas beaucoup les latrines
construites pour l'école primaire. Dans les CEC visités, seul le CEC de Dombé a le début
d'une aire de jeux avec une balançoire et un peu de sable sous la balançoire.
Pour atteindre en 2017 le résultat attendu, le chemin est encore long. Aussi faudrait-il
que les CEC développent effectivement les potentialités des enfants avant de démarrer
un programme d’éducation parentale.
Les classes spéciales
Quatre fonctionnent. L'une d'elles a été visitée à Dombé. Il n'est évidemment pas
possible à partir de cette unique visite de tirer des conclusions. Seules des questions
peuvent être posées. Est-ce rentable d'occuper un enseignant, de surcroît directeur, pour
9 élèves, dont 3 filles? Y-a-t-il eu, lors du démarrage, un engagement des élèves et de
leurs parents à poursuivre les apprentissages dans cette classe durant les 3 ans (de 15
les apprenant(e)s sont passé(e)s à 9, par suite d'abandons liés au mariage ou à l'exode)?
Dans quelle mesure la formation sur la pédagogie différenciée a-t-elle porté des fruits? A
quoi sert, pour une élève qui maîtrise mal la lecture, la copie de la règle du participe
passé avec les verbes avoir et être (règle écrite au tableau)?
12 Excepté l'éducateur de Missira, instituteur à la retraite, dont les prestations sont différentes, les
autres éducateurs/trices rencontrés disent avoir été jusqu'en 10 ou 11ème année.
45
Evaluation à mi-parcours du projet d'accélération de l'éducation des filles (PAEF) dans la préfecture de Télimélé. Odile AKPAKA. Rapport final. Juillet 2016
3.2 3.3 Au niveau de l'administration scolaire
Soutenus par le PAEF et supervisés par le DPE, les DSEE des 9 sous-préfectures ciblées
sont amenés à mieux faire leur travail: suivi des enseignants dans les classes,
participation épisodique aux grappes (séances d'autoformation des enseignants
mensuelles, obligatoires pour les enseignants). Ils président, avec les maires, les comités
sous-préfectoraux de pilotage, où les divers problèmes de l'éducation sont débattus. Ces
structures, qui n'existaient pas avant le PAEF, voient, entre autres, la participation des
présidents de district, ainsi obligés de prendre leurs responsabilités pour contribuer à la
résolution de problèmes de l'éducation, par exemple le recrutement d'un enseignant
communautaire.
Le fort engagement du DPE qui entraîne toute son équipe, notamment le service de
pédagogie, dans la mise en œuvre du PAEF, doit être souligné. La participation fréquente
à des missions conjointes de suivi et l'organisation des revues par la DPE favorisent le
travail de coordination, qui n'est pas toujours aisé.
3.2.4 Collaboration entre les structures impliquées
Le schéma ci dessous rend compte d'un certain nombre de relations entre les structures
impliquées dans le PAEF. Le MEPU-A et l'IRE de Kindia sont bien entendu impliqués, mais
représentés par le DPE sur ce schéma.
La majorité des relations figurant dans ce schéma se déroulent harmonieusement et la
collaboration sur le terrain se réalise sans heurt, même si les conceptions dans le
développement de l'éducation diffèrent quelque peu.
Néanmoins, et ce depuis pratiquement la première année de ce projet, le partenariat
entre l'UNICEF et Plan Guinée est souvent quelque peu difficile. Il s'agit pourtant de deux
organisations, qui ont des valeurs communes et se battent pour la même cause, celle des
Droits de l'enfant.
46
Evaluation à mi-parcours du projet d'accélération de l'éducation des filles (PAEF) dans la préfecture de Télimélé. Odile AKPAKA. Rapport final. Juillet 2016
Graphique 3 Relations entre les structures impliquées dans le PAEF
Ecole
CEC
Chargé
enfance
DPE
AMEF
Plan
DSEE
UNICEF
AACG
ARE GVEC
APEAE
Un premier accord a été signé entre l’UNICEF et Plan Guinée en date du 21 février 2012.
Il portait au départ sur la quasi-totalité des activités prévues dans le projet UNICEF-
Canal+. Mais certaines activités ont été par la suite transférées à d’autres partenaires et
structures de mise en œuvre. Il s’agit particulièrement du volet pédagogique qui a fait
l’objet d’un accord entre l’UNICEF et l’Association Réussir Ensemble (ARE), spécialisée
dans les pédagogies actives; il s'agit des points d’eau qui ont été pris en compte dans le
cadre d’un grand contrat signé par l’UNICEF avec un prestataire recruté pour la
réalisation de tous les points d’eau prévus par le programme Education Guinée-UNICEF;
ainsi que des mobiliers scolaires qui ont fait l’objet d’une commande internationale dans
le cadre d’une commande consolidée de l’UNICEF. Y-a t-il eu un déficit de communication
lors de ces transferts? C’est probable. S'agit-il d'une question de visibilité, liée à l'image
de chacune des organisations, et ce d'autant plus que le PAEF est en grande partie
financé par un media international? Est-ce lié à des différences d'approches? Est-ce une
combinaison de tous ces facteurs et d'autres encore?
Ce déficit de communication a eu des incidences sur l'évolution du projet, notamment
dans le cadre des constructions des écoles et des CEC ou de la mise en œuvre de
certaines innovations, provoquant des retards inutiles, voire des blocages. Malgré les
frustrations que Plan Guinée a pu ressentir du fait de ces changements, les deux paries
ont maintenu le dialogue. Les réunions de concertation et les missions conjointes ont
permis de réduire en partie ce déficit et d’atteindre les résultats attendus.
En conclusion, la comparaison entre les activités planifiées et les activités réalisées,
entre les résultats attendus et les résultats atteints, montre:
- la contribution importante des fournitures, des constructions, de la mobilisation
communautaire et de la pédagogie active dans les changements tant au niveau des
communautés que dans les écoles;
- le retard pris dans le fonctionnement efficace des CEC, imputable à plusieurs facteurs,
notamment à l'insuffisance de formation et de suivi des éducateurs/trices, et à l'absence
de leur prise en charge effective;
- la grande difficulté à introduire des innovations dans le monde éducatif: classe spéciale,
GDE, fiche de suivi scolaire, système fille pour fille...
- la nécessité de trouver de nouvelles stratégies par rapport au mariage précoce.
3.3 Efficience
Il s'agit ici de mettre en rapport les résultats obtenus, présentés en 3.2, et les moyens
humains, financiers et matériels mis en œuvre.
De manière générale, il est certain que les retards dans les constructions des écoles et
surtout celles des CEC ont eu des conséquences sur le nombre d'enfants qui ont pu
bénéficier d'un accueil dans ces structures, ce qui rend en partie compte de l'écart entre
le nombre d'enfants accueillis aujourd'hui dans les CEC et le nombre attendu.
48
Evaluation à mi-parcours du projet d'accélération de l'éducation des filles (PAEF) dans la préfecture de Télimélé. Odile AKPAKA. Rapport final. Juillet 2016
La construction des CEC a, semble-t-il, été l'occasion de nombreuses discussions en
termes de plan et de matériaux. Sans vouloir aucunement rentrer dans la «polémique»,
si le bois doit être utilisé, il est nécessaire de le traiter pour éviter qu'il ne soit attaqué
par les termites ou autres insectes (cas du CEC de Mabhé actuellement et dans d'autres
CEC peut-être, ce qui est évidemment peu efficient, après si peu de temps d'utilisation).
A ce jour la construction des 12 écoles (3 salles de classe + bureau + magasin + 2 blocs
de latrines à 5 cabines par école), sous la responsabilité de Plan Guinée, est terminée. Le
coût moyen par école s'élève à 54.500$ (sans intégration du coût des agrégats apportés
par les communautés, ni d’une partie de la mobilisation sociale). Pour les 6 dernières
constructions (actuellement en cours), sous la responsabilité de l'UNICEF, le coût moyen
prévu se monte à 56.500$13.
Au niveau des forages réalisés pour un montant de 242 192$ (y compris le suivi et la
formation pour la gestion), un tiers d'entre eux pose problème quant à la qualité de
l'eau, trouble et/ou impropre à la consommation en raison de la teneur en fer. Là encore
afin que les résultats attendus soient réellement atteints et que les élèves et les
communautés dans lesquelles l'école est implantée puissent profiter d'une eau potable, il
est indispensable qu'une solution soit rapidement trouvée. Les «défriseurs» devraient
être installés d’ici peu de temps, selon les informations reçues.
Les frais occasionnés par l'achat des mallettes de jeux éducatifs pour les CEC ne sont
jusqu'à présent absolument pas «rentables», et il est urgent que les éducateurs/trices
des CEC soient formés à l'utilisation de ces jeux éducatifs, afin que les enfants des CEC
puissent par leur intermédiaire développer leurs capacités cognitives. Il importe d'y
associer le chargé préfectoral de l'éducation de la petite enfance et d'inclure ce volet sur
les jeux éducatifs dans la formation des nouveaux/nouvelles éducateurs/trices (appelés à
travailler dans les CEC en cours de finition).
Les mobiliers importés (tables et chaises) pour les salles de classes nouvellement
construites reviennent certainement plus cher que les tables-bancs traditionnels. Il est
regrettable de ne pas donner du travail à des menuisiers locaux, mais en même temps il
est certain que ces mobiliers facilitent l'organisation de travaux en groupe et donnent
aux enseignants la possibilité de rendre la classe plus dynamique et les élèves plus actifs.
Il nous a été rapporté que les mobiliers importés ont commencé à servir de modèles pour
des fabricants locaux et que certains viennent d’être fabriqués en Guinée pour des
projets dans d’autres régions.
Les charges financières liées aux formations des enseignant(e)s, encadreurs/
superviseurs/formateurs, assurées par ARE dans le cadre des pédagogies actives et,
s'élève à un total de 67 493 $. Les effets de ces formations sur les apprentissages des
13 Dans l'un et l'autre cas, les frais de supervision ont été inclus, mais non les coûts de la
mobilisation communautaire (intégrée dans les sensibilisations et dans l’ensemble du travail avec les communautés) dans le cadre des constructions sous la responsabilité de Plan Guinée.
49
Evaluation à mi-parcours du projet d'accélération de l'éducation des filles (PAEF) dans la préfecture de Télimélé. Odile AKPAKA. Rapport final. Juillet 2016
élèves, sur le climat dans les classes et sur la perception que les communautés ont de
l'utilité de l'école ont été présentés en 3.2.1.2 et constituent un des succès du PAEF.
D'autres formations en direction des enseignants ont été prises en charge par Plan
Guinée (formation sur la protection de la participation des enfants et formation des
formateurs) pour un montant de 4035$.
Pour l’ensemble des formations en direction du système éducatif (pédagogie active,
gestion des classes multigrades, pédagogie différenciée…), assurées par les divers
acteurs de formation (ARE, IRE, DPE, Plan Guinée, formateurs), les dépenses s’élèvent à
près de 200 000$ lorsqu’on y intègre l’ensemble des frais (hébergement, nourriture,
déplacement…). Pouvait-on assurer ces diverses formations avec une somme moins
importante ? Il est difficile de se prononcer.
Les dépenses rattachées au renforcement de capacités des structures parentales (APEAE
et AMEF) ainsi que celui des AV au niveau communautaire dans 60 communautés
incluent le petit équipement remis aux uns et aux autres pour leur permettre de faire leur
travail. Elles s'élèvent à 57 428$, soit 957$ par communauté. Cette stratégie est certes
fructueuse, particulièrement en termes de durabilité (cf.3.5), mais coûteuse: s'il avait
fallu l'utiliser pour les 259 écoles dans les 9 sous-préfectures ciblées, 247 863 $ auraient
été nécessaires, sans compter les coûts liés aux ressources humaines.
Les ADC et AT, mis à la disposition du projet par l'AACG, avec laquelle Plan Guinée a
passé un Accord, ont constitué un maillon très utile dans la réalisation du PAEF. La
présence de trois femmes parmi les six a représenté un atout important pour la
mobilisation communautaire en faveur de la scolarisation des filles. Si la présence d'un
superviseur technique pouvait s'expliquer lorsque ces jeunes animateurs/trices ont
commencé, son rôle aujourd'hui semble limité: appui épisodique sur le terrain, facilitation
de l'élaboration du plan d'action trimestriel des ADC/AT, compilation des rapports
trimestriels... On peut se demander si les frais liés à ces prestations se justifient
aujourd'hui en termes d'efficience.
De même, le recours à des personnes-ressources de la DPE pour le renforcement des
capacités des AMEF ou des AV, pouvait apparaitre nécessaire au début de ces
renforcements (qui ont débuté en 2012 pour les AV). En 2016 ce recours pourrait faire
croire que les ADC/AT, titulaires d'un diplôme de l'enseignement supérieur et
responsables d'animation depuis au moins dix-huit mois, ne peuvent pas assurer de
telles activités après avoir participé eux-mêmes/elles-mêmes à de telles séances et
disposant du module de formation. Ces personnes-ressources de la DPE ont certainement
un autre rôle à jouer dans le PAEF.
Comme noté plus haut, la création d'une classe spéciale est une expérience intéressante,
mais lorsqu'elle ne concerne que 9 élèves, dont 3 filles (cas de Dombé), on peut, là
encore, se demander si une autre organisation dans le cas d’effectifs réduits ne
permettrait pas à l'enseignant, responsable de cette classe spéciale, d'être plus efficient.
50
Evaluation à mi-parcours du projet d'accélération de l'éducation des filles (PAEF) dans la préfecture de Télimélé. Odile AKPAKA. Rapport final. Juillet 2016
Evaluer les facteurs de gestion qui ont agi sur l’efficience de l’ensemble des interventions
du PAEF est une tâche réellement ardue. Il est probable que les retards de paiement,
fréquents dans ce type de projet, n’ont pas favorisé l’efficience, en perturbant par
exemple les planifications faites au niveau des formations d’enseignants, comme cela a
été rapporté par certains formateurs. A l’inverse la participation des parties prenantes, et
en particulier des communautés, même si elle a nécessité un travail de mobilisation, qui
a son coût, peut être considérée comme un facteur positif en termes d’efficience.
En conclusion, même si des marges d’amélioration en termes d’efficience existent,
notamment en ce qui concerne les CEC (jeux éducatifs) et les « classes spéciales »
(organisation à moduler en fonction des effectifs), il apparaît que les ressources
financières et la plupart des ressources humaines étaient nécessaires pour l’atteinte des
résultats actuels.
3.4 Les effets du PAEF
La présente évaluation est une évaluation à mi-parcours (même si elle intervient avec un
an de retard) et il ne saurait être question d'estimer l'impact du projet. C'est pourquoi
nous préférons utiliser le terme «effets».
Tout en sachant que les changements évoqués en 3.2.3 constituent en quelque sorte des
effets du PAEF, la présente section s'attachera à identifier les effets mesurables du projet
au niveau des écoles et des élèves. Grâce à la DPE de Télimélé et au Service
Planification, nous avons pu disposer de certains chiffres, en termes d'effectifs et de
résultats aux examens. Comme mentionné plus haut, l’annuaire statistique de 2014-2015
n’a été disponible que la veille de la validation (le 18/05/2016) du présent rapport, sans
que les statistiques au niveau des sous-préfectures ne le soient.
Nous avons tenté aussi souvent que possible d'établir des comparaisons entre les écoles
des 4 sous-préfectures de forte focalisation (avec 15 écoles par sous-préfecture qui ont
bénéficié de la totalité du paquet d'intervention), entre les écoles des autres14 sous-
préfectures ciblées et entre les écoles des sous-préfectures non ciblées.
3.4.1 Evolution des effectifs entre 2011-2012 et 2015-2016
La comparaison de l'évolution des effectifs dans les écoles des sous-préfectures de forte
focalisation, celles des 5 autres sous-préfectures ciblées, et enfin celles des 5 sous-
préfectures non ciblées fait apparaitre une progression des filles, dont les effectifs ont
doublé dans les 4 sous-préfectures de forte focalisation par rapport aux sous-préfectures
non ciblées (cf. le tableau 3 et le graphique 4 ci-dessous).
Néanmoins les tests statistiques (Chi deux et Kolmogorov-Smirnov) montrent qu’il n’y a
pas de différence significative entre les catégories d’intervention du PAEF, qu’il s’agisse
des filles ou des garçons.
14 Il s'agit de Brouwal, Koba, Kollet, Sogolon, Thionthian.
51
Evaluation à mi-parcours du projet d'accélération de l'éducation des filles (PAEF) dans la préfecture de Télimélé. Odile AKPAKA. Rapport final. Juillet 2016
Tableau 3 Evolution des effectifs dans les écoles primaires de Télimélé entre
2011-2012 et 2015-2016
Intervention PAEF
2011-2012 2015-2016
Filles Garçons Total Filles Garçons Total
Les 4 sous-préfectures de forte focalisation15 2892 3690 6582 6278 7172 13450
Les 5 autres sous-préfectures ciblées 2865 4341 7206 4863 5502 10365
Les 5 sous-préfectures non ciblées 6486 6281 12767 7191 7538 14729
Télimélé 12243 14312 26555 18332 20212 3854416
Source: DPE Télimélé/Service de Planification
Graphique 4 Evolution des effectifs des filles entre 2011-12 et 2015-16
Source: DPE Télimélé/Service Planification
Comme déjà prouvé dans maintes études, le projet axé sur l'accélération de l'éducation
des filles a également profité aux garçons (cf. tableau 3 et graphique 5). En effectuant
la même comparaison que pour leurs sœurs, il apparaît que les effectifs des garçons ont
presque doublé dans les sous-préfectures de Daramagnaki, Konsotami, Missira et
Tarihoye, alors que la progression est beaucoup plus faible dans les autres sous-
préfectures, ciblées ou non ciblées
15 Il s’agit de Daramagnaki, Konsotami, Missira, Tarihoye. 16 L’effectif total des élèves de la préfecture de Télimélé, mentionné dans l’annuaire 2014-2015 est de 36 334. En 2015-2016, selon la DPE de Télimélé, il s’élève à 38 554.
0
2000
4000
6000
8000
10000
12000
14000
16000
18000
20000
Fortefocalisation
Les 5 autresciblées
Les 5 nonciblées
Télimélé
2.21.7
1.1
1.5
2011-2012 Filles
2015-2016 Filles
2015-2016 Effectifsmultipliés par
52
Evaluation à mi-parcours du projet d'accélération de l'éducation des filles (PAEF) dans la préfecture de Télimélé. Odile AKPAKA. Rapport final. Juillet 2016
Graphique 5 Evolution des effectifs garçons entre 2011-2012 et 2015-2016
Source: DPE Télimélé/Service Planification
Les effets liés aux constructions apparaissent nettement lorsqu'on compare l'évolution
des effectifs, entre 2012-2013 et 2015-2016 dans les écoles construites et ceux dans les
autres écoles ciblées de ces sous-préfectures, mais n'ayant pas bénéficié d'une
construction. Ainsi dans les 4 écoles nouvellement construites de Tarihoye, les effectifs
des filles ont été multipliés par 2,4 tandis que dans les 11 autres écoles ciblées, les
effectifs des filles ont été multipliés par 1,5. Le phénomène est encore plus important
dans la sous-préfecture de Missira où, dans les 3 écoles construites, les filles sont trois
fois plus nombreuses en 2015-2016 qu'en 2012-2013, alors que dans les 12 autres
écoles, les effectifs ont seulement été multipliés par 1,5.
L'examen de l'évolution de la proportion des filles dans les écoles primaires de Télimélé
(cf. tableau 4) fait apparaitre que ce sont les 5 autres sous-préfectures ciblées (Brouwal,
Koba, Kollet, Sogolon, Thionthian) qui ont connu la plus forte évolution dans la
proportion de filles entre 2012-13 et 2015-2016 (+ 7,1%), liée comme on le verra plus
bas à une forte augmentation des inscriptions de filles au CP1. On peut y voir, entre
autres causes, la distribution des fournitures scolaires, qui ont motivé les parents à
scolariser leurs filles dans la mesure où cette scolarisation ne pesait pas sur leurs faibles
ressources. Par contre les 5 sous-préfectures non ciblées ont connu un recul dans la
proportion des filles. Enfin dans les 4 sous-préfectures de forte focalisation, la
progression est de + 2,8. Etant donné que les effectifs des garçons ont également
augmenté (multipliés par 1,9), il n'est pas étonnant que le pourcentage de filles n'ait pas
énormément changé.
0
5000
10000
15000
20000
25000
Fortefocalisation
Les 5autresciblées
Les 5 nonciblées
Télimélé
1.91.3
1.2
1.4
2011-2012 Garçons
2015-2016 Garçons
2015-2016 Effectifsmultipliés par
53
Evaluation à mi-parcours du projet d'accélération de l'éducation des filles (PAEF) dans la préfecture de Télimélé. Odile AKPAKA. Rapport final. Juillet 2016
Tableau 4 Evolution des pourcentages de filles à Télimélé
2011-2012 2015-2016 Ecart
Les 4 sous-préfectures de
forte focalisation 43,9% 46,7% 2,8%
Les 5 sous-préfectures ciblées 39,8% 46,9% 7,1%
Les 5 sous-préfectures non
ciblées 50,8% 48,8% -2,0%
Source DPE Télimélé/Service Planification
3.4.2 Evolution des inscriptions au CP1
Dans les 9 sous-préfectures ciblées, la croissance des inscriptions au CP1 est très forte,
particulièrement dans les 5 autres préfectures ciblées. Dans les 4 sous-préfectures de
forte focalisation on remarque un pourcentage d'augmentation des inscriptions plus
élevé chez les filles que chez les garçons. (cf. tableau 5). Ce pourcentage atteint 257%
dans les 5 autres sous-préfectures.
Tableau 5 Evolution des inscriptions au CP1 dans les 9 sous-préfectures ciblées
2012-2013 2014-2015 % augmentation
Total Filles Garçons Total Filles Garçons Total Filles Garçons
Forte focalisation 1910 922 988 3004 1486 1524 57,3% 61,2% 54,3%
Les 5 autres ciblées 1209 446 763 3267 1592 1675 170,2% 257,0% 119,5%
Source: DPE Télimélé/Service Planification
La comparaison pour la préfecture de Télimélé entre les taux bruts d'inscription de 2011-
2012 et ceux de 2014-2015 révèle une nette progression. Pour Télimélé rural (où sont
situées la quasi-totalité des écoles appuyées par le PAEF), ces taux passent de 61% à
81%, et pour les filles de 56% à 78,4% (taux supérieurs à ceux de la région de Kindia
qui ont très peu augmenté entre 2011-2012 et 2014-2015).
3.4.3 Evolution entre 2013 et 2015 au niveau de l'entrée en 7ème
Dans les entretiens avec l'administration scolaire, il nous a été dit et redit que l'un des
effets du PAEF était la réouverture des collèges de Tarihoye et Konsotami (fermés faute
d'un nombre suffisant d'élèves devant intégrer la 7ème année) et l'ouverture d'un
collège à Tourkoun dans la sous-préfecture de Sogolon, et à Bakolo dans celle de
Thionthian.
L'examen du nombre de candidates à l'examen d'entrée en 7ème année montre dans
les 4 sous-préfectures de forte focalisation une augmentation du nombre de candidates
entre 2013 et 2015 (+44,7%). Cette augmentation, même si elle est de moindre
54
Evaluation à mi-parcours du projet d'accélération de l'éducation des filles (PAEF) dans la préfecture de Télimélé. Odile AKPAKA. Rapport final. Juillet 2016
importance, se retrouve également dans les 5 autres sous-préfectures ciblées
(+22,7%). Par contre on constate dans les préfectures non ciblées une diminution du
nombre de candidates (-2,5%) pour la même période. Peut-on penser que les
interventions du PAEF ont poussé les filles à aller jusqu’au CM2 et l’entrée en 7ème
année ?
Les tests statistiques (Chi deux et Kolmogorov-Smirnov) montrent cependant qu’il n’y a
pas de différence significative entre les catégories d’intervention du PAEF.
Le graphique 6 illustre les progrès réalisés dans la proportion de candidates admises par
rapport à l'ensemble des candidats. Dans toutes les sous-préfectures, cette proportion a
connu une évolution positive. Dans les 9 sous-préfectures ciblées, ces taux restent
néanmoins inférieurs à ceux des sous-préfectures non ciblées, et moins d'un tiers des
admis à l'examen d'entrée en 7ème année sont des filles dans ces 9 sous-préfectures.
Graphique 6 Evolution de la proportion de candidates admises
Source: DPE Télimélé/Service Planification
3.4.4 Evolution des taux d'achèvement
Une comparaison des taux bruts d’achèvement entre 2011-2012 et 2014-2015 ne fait
pas apparaître d’amélioration par rapport à cet indicateur, en ce qui concerne la
préfecture de Télimélé dans son ensemble, on note même une légère régression, aussi
bien au total que pour les filles seules :TBA filles 37% en 2011-2012 et de 35,5% en
2014-2015.
Nous reproduisons ici les données présentées à la revue du PAEF en avril 2016 par le
DPE. Elles laissent penser que le problème du taux d'achèvement reste entier, lié au
mariage précoce (cf.3.2.3.1), au manque de ressources des parents qui utilisent les
0.0% 10.0% 20.0% 30.0% 40.0% 50.0%
Forte focalisation
Les 5 autres ciblées
Les 5 non ciblées
Télimélé
24.9%
28.3%
36.4%
32.8%
29.1%
31.1%
41.1%
36.3%
Evolution de la proportion de candidates admises entre 2013 et 2015
2014-2015
2012-2013
55
Evaluation à mi-parcours du projet d'accélération de l'éducation des filles (PAEF) dans la préfecture de Télimélé. Odile AKPAKA. Rapport final. Juillet 2016
enfants comme main d'œuvre, au manque d'enseignants, au très grand nombre
d'écoles à cycle incomplet, à la qualité de l'enseignement/apprentissage etc.
Tableau 6 Evolution des taux d'achèvement
2011-2012 2012-2013 2013-2014
T F T F T F
Daramagnaki 11% 8% 25% 20% 9% 4%
Konsotami 38% 30% 19% 16% 32% 24%
Missira 11% 9% 28% 20% 17% 10%
Tarihoye 23% 18% 28% 24% 30% 19%
Source: Présentation DPE à la revue du PAEF en avril 2016
3.4.5 Quelques chiffres pour les CEC et classes spéciales
Dix CEC construits par le PAEF accueillent des enfants. Les dix autres ne sont pas encore
équipés (mobilier) ou n'ont pas d'éducateur/trice. C'est également le cas d'un CEC ouvert
l'an dernier, mais sans éducateur/trice cette année. Le tableau 7 récapitule les données
chiffrées relatives à ces CEC
Tableau 7 Effectifs des CEC en 2014-15 et 2015-2016
2014-2015 2015-2016
Effectifs % Effectifs %
Filles 178 48,4 225 49,2
Garçons 191 51,6 232 50,8
Total 369 100% 457 100%
Source: Chargé de l'enfance à Télimélé. Représentant du MASPFE
Si la parité est quasiment réalisée, si les parents, et surtout les mères, envoient
volontiers leurs enfants au CEC, le fonctionnement de ceux-ci pose maints problèmes (cf.
3.2.3.2).
Quant aux classes spéciales, 6 salles ont été construites, 4 classes fonctionnent. Elles
accueillent actuellement 54 jeunes de 10 à 15 ans: 45 filles et 9 garçons.
56
Evaluation à mi-parcours du projet d'accélération de l'éducation des filles (PAEF) dans la préfecture de Télimélé. Odile AKPAKA. Rapport final. Juillet 2016
En conclusion au vu de l'évolution présentée dans cette section et des changements
identifiés plus haut (cf. 3.2.3), on peut estimer que le premier résultat attendu du PAEF,
à savoir « au moins 90% des enfants en âge d’être scolarisés dans les 9 sous-
préfectures de Télimélé ciblées seront inscrits et maintenus à l’école, avec parité des
filles et des garçons» a des chances d'être atteint à la fin du projet quant à l’inscription,
mais pour le maintien c’est beaucoup plus incertain. Pour les autres objectifs, la tâche
parait ardue.
3.5 Durabilité
Dans cette dernière partie du chapitre 3, les leçons apprises, les bonnes pratiques
susceptibles de perdurer au delà de la vie du projet, feront l'objet d'une analyse, puis
les contraintes et les opportunités, auxquelles le projet est exposé en termes de
durabilité, seront appréciées.
3.5.1 Les leçons apprises
Il serait exagéré de dire que les leçons apprises sont nouvelles. Néanmoins il est
nécessaire de mettre l’accent sur certaines leçons qui s’imposent au moment de cette
évaluation.
Les résultats dont le PAEF peut se prévaloir sont en grande partie liés à l’approche qui a
été mise en œuvre, à savoir une approche holistique. En effet le PAEF a pris en compte
dans ses interventions tout à la fois les communautés et le système éducatif. Le travail
avec les communautés pour favoriser leur implication à l’école et le travail avec les
enseignants et les élèves pour rendre le système plus performant se sont mutuellement
renforcés. De même le PAEF a tenu compte à la fois des contraintes socio-économiques
et des contraintes socioculturelles, qui constituent, les unes et les autres, des obstacles
à la scolarisation des enfants, et notamment des filles. Le succès de cette approche
holistique, proche des réalités vécues par les communautés, peut être considéré comme
une première leçon apprise.
L’effet des modèles, même s’il ne constitue évidemment pas une découverte, doit
néanmoins être perçu comme une leçon apprise. Les histoires de vie, exploitées dans
l’encadré 2, ont mis en exergue l’influence que des modèles peuvent avoir dans la
poursuite des études. De même la présence des ADC femmes dans le projet a
contribué, non seulement à la sensibilisation des communautés, mais aussi à une
possible identification des filles à ces jeunes femmes, qui ont fait des études
supérieures. Cet aspect pourrait être davantage exploité encore, comme mentionné
plus haut, dans le cadre d’émissions radio ainsi que dans le cadre scolaire.
Les AMEF ne sont pas une création du projet PAEF, mais leurs actions, dans ce projet
comme dans d’autres précédemment, ont, aux yeux des enseignant(e)s et des élèves
une force étonnante. Voir des femmes, des mères de famille, venir à l’école pour vérifier
la présence des filles, constitue un fait nouveau pour beaucoup d’enseignants, et le
57
Evaluation à mi-parcours du projet d'accélération de l'éducation des filles (PAEF) dans la préfecture de Télimélé. Odile AKPAKA. Rapport final. Juillet 2016
rapprochement de deux mondes, celui de la maison et celui de l’école, pour les élèves. Le
pouvoir de cette présence des femmes à l’école est une leçon qu’il ne faut pas négliger et
qui pourrait, elle aussi, être davantage exploitée.
L’importance que les parents accordent à l’apprentissage de la langue française et leur
satisfaction lorsque leurs enfants parviennent à s’exprimer en français sont, qu’on soit
d’accord ou non, des indicateurs qu’il ne faut pas négliger. La mise en œuvre de la
pédagogie active, et en particulier de l’entretien du matin, a grandement favorisé cette
expression en français des enfants, et du même coup l’adhésion des parents à l’envoi de
leurs enfants à l’école.
Enfin, comme cela a souvent été mentionné dans les rapports de Plan Guinée, il importe
de davantage tenir compte des périodes des travaux champêtres lorsqu’il s’agit de
mobiliser les communautés dans des activités autres que celles habituellement menées
par eux.
3.5.2 Les bonnes pratiques
Comme pour les changements, et pour plus de clarté dans la présentation, nous
distinguerons ces bonnes pratiques au niveau des communautés, des écoles et de
l'administrations scolaire, même si certaines d'entre elles impliquent à la fois les
communautés et l'école, ou l'école et l'administration scolaire.
3.5.2.1 Au niveau des communautés
En premier lieu, des parents, et particulièrement des mères dans le cadre des activités
des AMEF, viennent spontanément à l'école, par exemple pour s'enquérir de la présence
des filles, alors que dans les sous-préfectures où le PAEF n'est pas intervenu, les parents,
selon le mot d'une enseignante à l'école de Filo (sous-préfecture de Sarekaly) viennent à
l'école quand ils sont «convoqués». Si des mères, analphabètes pour la plupart, se
sentent chez elles à l'école, c'est un succès du PAEF, qu'il convient de féliciter et de
consolider. Ces visites spontanées peuvent être aussi un moyen pour la communauté de
veiller à l'assiduité des enseignants.
La participation des structures parentales (APEAE et AMEF) à la vie de l'école, la
recherche, avec le directeur et les enseignant(e)s, des solutions aux problèmes de l'école
(manque d'enseignants, manque de salles de classe etc.) est liée au «réveil» de ces
structures, au renforcement de leurs capacités et au suivi réalisé par les ADC. Cette
gestion collégiale signe l'union des forces pour l'éducation des enfants de la localité. Il
faut espérer que cette bonne pratique va s'installer dans la durée, même après la fin du
projet.
Il est une autre bonne pratique, non encore systématique dans les zones d'intervention
du PAEF, mais utile: le recensement des enfants ayant l'âge d'entrer au CP1 avant la
rentrée scolaire pour une préinscription en quelque sorte. Ce recensement, fait
actuellement par l'APEAE avec l'ADC et le directeur ou des enseignants, pourrait être
58
Evaluation à mi-parcours du projet d'accélération de l'éducation des filles (PAEF) dans la préfecture de Télimélé. Odile AKPAKA. Rapport final. Juillet 2016
systématisé, mais avec l'AV au lieu de l'ADC, appelé(e) à partir avec la fin du projet, et
avec les élèves des classes de CM ou du secondaire.
L'animation par les AV, tous des hommes malheureusement, est également une bonne
pratique, car ils vivent dans le milieu, en connaissent les forces et les faiblesses et sont
appelés à y rester au moins quelque temps. Au delà de leur rôle actuel de relai, il est
nécessaire qu'ils réalisent davantage d'animations eux-mêmes et que ces animations
fassent l'objet de discussions après l'animation avec l'ADC, afin qu'ils acquièrent une
expérience suffisante pour mener à bien de telles animations après le projet.
Enfin, le regroupement des hommes et surtout des femmes au sein des GVEC est une
innovation récente dans le milieu. La régularité de leurs réunions et de leurs versements
et surtout la rigueur dans la gestion constituent des conditions de base pour que demain
le pouvoir économique des participant(e)s aux GVEC soit accru et leur participation aux
frais liés à la solarisation effective.
3.5.2.2 Au niveau des écoles
Réalité par endroits, mais là encore non systématique dans toutes les écoles soutenues
par le PAEF, le système fille pour fille est reconnu par ceux qui l'ont mis en œuvre
comme une pratique qui s'inscrit dans les habitudes socioculturelles de la zone, qui ne
coûte rien et aide les plus jeunes tout en responsabilisant les plus grandes. Un directeur
souligne que parfois la plus jeune comprend mieux les explications de son aînée que
celles de son enseignant. Dans quelques endroits existe le système garçon pour garçon.
Ici ou là, il nous a été dit qu'avec le départ des plus grandes, le système s'est arrêté.
La mise en œuvre de la pédagogie active constitue un autre succès du PAEF, même si
«tout n'est pas rose» pour reprendre l'expression du DPE de Télimélé. Les forces et
faiblesses ont déjà été analysées plus haut (cf. 2.3.1.2). En renouvelant les pratiques de
l'enseignement/apprentissage, non seulement les compétences des enfants en matière
d'expression oral et écrite ont été développées, mais encore le regard des parents sur
l'utilité de l'école et son efficacité a évolué.
Même si les GDE sont loin d'être tous fonctionnels, la présence, en leur sein, de filles
ministres et même premières ministres constitue une pratique qui valorise les filles en
général et donne envie à certaines de poursuivre les études jusqu'au CM 1 ou 2. Comme
le disait l'une des personnes rencontrées, tout ce qui valorise la fille ou la femme
contribue à rehausser le statut de celles-ci dans le milieu.
Enfin les kits de lavage des mains et les latrines séparées filles/garçons peuvent être
considérés comme favorables à de bonnes pratiques, dans la mesure où ils contribuent à
l'amélioration de l'hygiène dans les écoles.
59
Evaluation à mi-parcours du projet d'accélération de l'éducation des filles (PAEF) dans la préfecture de Télimélé. Odile AKPAKA. Rapport final. Juillet 2016
3.5.2.3 Au niveau de l'administration scolaire
La première bonne pratique, que le PAEF a ressuscitée17, est à cheval entre les écoles et
l'administration scolaire: il s'agit des grappes. Lieu de partage, de réflexion commune,
d'auto-formation des enseignants, les grappes constituent une bonne pratique qui
fonctionne depuis cette année scolaire et est centrée sur la pédagogie active.
L'administration scolaire fait obligation aux enseignants d'y participer. Elles ont permis
à des enseignants non formés à la pédagogie active d'être initiés. L'animateur est l'un
des enseignants un peu plus expérimenté que les autres, le DSEE y participe de temps
en temps. Les enseignants de quelques écoles sont regroupés en fonction des
distances, et selon un mode rotatif. Le système est apprécié, malgré les distances à
parcourir et le fait que les APEAE censées nourrir les enseignants ne le font pas
toujours. Le Programme d’Amélioration des Ecoles (PAE) pourra contribuer au maintien
de ces grappes et à leur extension.
Le rassemblement biannuel autour du DSEE, des élus locaux, des présidents de district,
des Responsables de la santé, entre autres, dans les Comités Sous-préfectoraux de
Pilotage de l'Education (CSPPE) permet de « déballer les difficultés», d'impliquer les
présidents de district responsabilisés dans la recherche des solutions. Mais ils ont un
certain coût, qui doit être budgétisé, sinon une telle structure ne sera pas pérenne.
Hormis ce rassemblement dans les CSPPE, toutes les bonnes pratiques citées plus haut
sont des solutions endogènes et peu ou pas coûteuses, donc soutenables.
3.5.3 Contraintes et opportunités
La demande, à la fois des communautés et des structures éducatives, est très simple:
elles souhaitent toutes que le projet continue au delà de 2017. Tout d'abord, les
contraintes liées à la durabilité seront exposées, puis ce seront les opportunités sur
lesquelles le PAEF peut s'appuyer pour dépasser les contraintes préalablement
identifiées.
3.5.3.1 Contraintes
Nous ne reviendrons pas sur les difficultés présentées en 2.3.3, même si elles
représentent de réelles contraintes.
Une contrainte majeure est la question de l'achèvement. Elle demeure critique, faute
d'écoles à cycle complet, d'enseignant(e)s, de modèles féminins, d'une stratégie
efficace pour lutter contre les mariages précoces, et en raison des difficultés
économiques des familles qui comptent sur leurs fils comme main d'œuvre dans les
travaux champêtres.
17 Elle avait été introduite par l'ONG internationale Aide et Action qui a conduit, il y a quelques
années, un projet dans la préfecture de Télimélé.
60
Evaluation à mi-parcours du projet d'accélération de l'éducation des filles (PAEF) dans la préfecture de Télimélé. Odile AKPAKA. Rapport final. Juillet 2016
L'épineuse question de la prise en charge des éducateurs/trices des CEC est à la base
d'une contrainte importante pour l'évolution des CEC. Plus encore que les enseignants
communautaires, ces éducateurs/trices ne sont pas régulièrement pris en charge par les
communautés. Les associations de ressortissants, ici ou là, tentent de faire face au
problème. Les communes s'étaient engagées, lors de la formation des éducateurs/trices
en mai 2015, à inscrire leur prise en charge dans les plans de développement local18.
Que peut-on demander à quelqu'un qui n'est pas rémunéré pour son travail?
La formation dans les classes spéciales a démarré tardivement et le bilan actuel serait
prématuré, mais des contraintes liées à l'âge des apprenant(e)s attiré(e)s par l'exode ou
le mariage, aux difficultés d'enseignement/apprentissage, au manque d'enseignants
doivent être prises en compte au moment de ce bilan.
L'une des principales contraintes, mais qui a constitué en même temps un puissant
moteur, ce sont les dotations de fournitures scolaires. La croissance des inscriptions des
filles au CP1 dans les sous-préfectures de Brouwal, Koba, Kollet, Sogolon et Thionthian
(cf. 3.4.2) est en grande partie dûe à la distribution de ces fournitures. Lorsque celles-ci
ne seront plus fournies, le manque de ressources des familles prendra-t-il à nouveau le
pas sur la conscience plus ou moins forte de l'importance de l'école pour les filles et leur
famille?
3.5.3.2 Opportunités
Un engouement, tel que décrit plus haut, est forcément passager. Mais on peut estimer
que les facteurs développés ci-dessous permettront une certaine durabilité des acquis
actuels du PAEF.
Les structures parentales (APEAE et AMEF) ont participé à maints renforcements de
capacités. Elles sont actuellement convaincues et ont confiance en l'école de leur localité.
Elles peuvent continuer, avec l'appui des AV, le travail de sensibilisation auprès des
populations, à condition qu'un suivi de proximité soit réalisé par les Coordinations sous-
préfectorales des APEAE. Ces mêmes Coordinations pourraient être renforcées en 2016
et 2017, tout comme les AV le seront par l'intermédiaire des ADC (cf.3.5.1.1).
Les AMEF également continueront leur travail auprès des mères pour que celles-ci
libèrent les filles et leur permettent d'aller à l'école et de réviser leurs leçons, si besoin, à
la maison. La question du partage des travaux domestiques entre enfants, filles et
garçons, a été discutée avec un GDE lors du travail de terrain et pourrait constituer le
thème de travail commun aux 60 GDE appuyés par le PAEF en 2016-2017, afin que des
actions concrètes soient entreprises dans ce domaine.
Par ailleurs, les GVEC doivent être suivis de près, notamment ceux qui n'ont pas été
subventionnés afin que les difficultés qu'ils ont rencontrées soient dépassées. Les GVEC,
18 La commune rurale de Daramagnaki a tenu son engagement et pris en charge l’éducatrice de
Dara centre depuis novembre 2015.
61
Evaluation à mi-parcours du projet d'accélération de l'éducation des filles (PAEF) dans la préfecture de Télimélé. Odile AKPAKA. Rapport final. Juillet 2016
subventionnés, sont une opportunité pour le financement d'activités liées à la réalisation
des droits des enfants, notamment en matière de scolarisation. Qu'en sera-t-il pour les
GVEC non subventionnés?
La mise en œuvre de la pédagogie active représente également une opportunité pour la
viabilité du PAEF. Malgré les faiblesses, les pratiques pédagogiques sont en cours de
transformation et les apprentissages des élèves devraient en être améliorés. Il est
néanmoins nécessaire de travailler avec les enseignant(e)s pour aller au delà des cinq
techniques. Comme noté plus haut, ces pratiques ont contribué à changer le regard des
communautés sur l'école. Enfin il faut à nouveau mentionner l'engagement de toute la
DPE de Télimélé, qui constitue une opportunité sur laquelle le projet peut encore bâtir.
La formation à la gestion des classes multigrades peut être une opportunité pour pallier,
en partie du moins, l’insuffisance des enseignants, mais la pratique de cette gestion doit
être maîtrisée, ce qui ne serait pas encore le cas, malgré une formation dispensée à cet
effet.
En conclusion, outre les difficultés identifiées dans la mise en œuvre du PAEF (cf.
2.3.3), les principales contraintes ont pour noms: problème de l'achèvement du cycle
primaire, prise en charge des éducateurs/trices des CEC, problèmes spécifiques à la
formation dans les classes spéciales, dotations de fournitures scolaires. Face à ces
contraintes, se dressent certaines opportunités : l'implication des communautés et des
structures parentales, les GVEC dans une certaine mesure, la mise en œuvre de la
pédagogie active dans les écoles des 9 sous-préfectures ciblées et l'engagement de toute
la DPE de Télimélé.
Chapitre 4 EVALUATION DES ACQUIS SCOLAIRES
La totalité des informations de ce chapitre est issue du document du SNCESE :
« Evaluation PAEF Télimélé. Volet Evaluation des acquis. Rapport d’évaluation. Première
version » (Mai - Juillet 2016).
L’évaluation des acquis scolaires19 vise (i) à savoir si les interventions du projet ont
effectivement permis d’améliorer le niveau des élèves dans la zone d’intervention du
PAEF et (ii) à comprendre davantage les facteurs qui influencent les résultats des
élèves. Ces résultats sont analysés sous divers angles.
Le test de CE2 est composé de 66 items de français et 34 items de calcul. Le test de
CP2 est composé de 44 items de français et de 47 items de calcul. Trois types de scores
(en français, en calcul et un score global) ont été calculés à partir de ces tests pour être
croisés avec différents facteurs liés aux apprentissages, et analysés.
4.1 Résultats
Tableau 8 Résultats comparés par niveau et par zone (PAEF et témoin)
Zone
Français Calcul Global
CP2 CE2 CP2 CE2 CP2 CE2
Moyenne PAEF
52,82 54,60 51,78 47,36 52,30 52,14
Témoin 26,44 26,94 33,14 27,41 29,97 27,10
Médiane PAEF
56,82 57,57 53,19 50,00 54,95 56,00
Témoin 20,45 24,24 27,66 26,47 23,08 23,00
Mode PAEF
50,00 72,73 72,34a 64,71 64,84a
65,00
Témoin 20,45 6,06 12,77 26,47 9,89a 13,00
Ecart-type PAEF
27,50 24,65 26,69 23,78 26,18 22,30
Témoin 20,46 19,16 24,92 19,29 21,55 17,84
Minimum PAEF
,00 0,00 ,00 0,00 ,00 1,00
Témoin ,00 1,52 ,00 0,00 ,00 2,00
Maximum PAEF
97,73 95,45 100,00 94,12 98,90 92,00
Témoin 93,18 89,39 91,49 82,35 87,91 83,00
Source : Evaluation PAEF Télimélé. Volet évaluation des acquis. Rapport d’évaluation.
19 La méthodologie de l’évaluation des acquis scolaires a été présentée dans le chapitre 1 en 1.2.3.
63
Evaluation à mi-parcours du projet d'accélération de l'éducation des filles (PAEF) dans la préfecture de Télimélé. Odile AKPAKA. Rapport final. Juillet 2016
Les écarts entre les résultats en zone PAEF et en zone témoin sont significatifs (cf.
tableau ci-dessus). Les écarts au bénéfice de la zone PAEF sont respectivement de 26,38
en français, de18,64 en calcul et de 22,33 pour la note globale.
En comparant les résultats de la zone PAEF avec l’évaluation des acquis réalisée sur le
plan national en 2013, on remarque la situation suivante: dans la zone PAEF, la moyenne
globale ainsi que les sous-scores en français et calcul sont au-dessus de la moyenne
nationale généralement fixée à 50/100 ; par contre, à l’exception du test de calcul au
CP2 (51,57 sur 100), les résultats de l’évaluation des acquis de 2013 sont largement en
dessous de la moyenne des 50/100 (cf. annexe 8). Par rapport aux résultats globaux, il y
a un écart remarquable de plus de 10 points par niveau pour chaque type de résultats :
10,95/100 au CP2 et 12,29/100 au CE2.
Pour mieux appréhender la situation, une échelle de 4 niveaux allant du plus faible au
plus fort a été établie (cf. tableau 9). Au CP2 15,4% des élèves en français, 28,6% en
calcul et 23,9% pour la note globale, au CE2 seulement 12,5% des élèves en français,
15,4% en calcul et 13,6 % au pourraient être considérés comme "forts". Ce qui prouve
que la plupart des élèves atteignent juste la moyenne et que ces pourcentages
pourraient être améliorés.
Tableau 9 Répartition des résultats sur une échelle de 4 niveaux
Echelle Français Calcul Global
CP2 CE2 CP2 CE2 CP2 CE2
[0 à 25[ 55,2 51,5 47,1 47,4 53,7 53,3
[25 à 50[ 29,3 36,0 24,3 37,1 22,4 33,1
[50 à 75[ 13,1 10,3 23,2 13,6 22,4 11,4
[75 à 100] 2,3 2,2 5,4 1,8 1,5 2,2
108 109 109 117 118 109
Source : Evaluation PAEF Télimélé. Volet évaluation des acquis. Rapport d’évaluation
4.2 Facteurs influençant les résultats
En calculant les moyennes d’âge on constate qu’au CE2 la moyenne d’âge est légèrement
plus élevée en zone PAEF (11,66) qu’en zone témoin (11,52). On note une corrélation
positive entre les résultats scolaires au dessus de la moyenne et les âges au dessus de la
moyenne.
Il apparait également de manière significative que les élèves réussissent mieux dans les
classes « normales » que dans les classes à double vacation
Il y a certes un écart, mais pas de différence significative entre les moyennes des
garçons et celle des filles (test de Student) : cet écart est de 2,48 en français, de 2,68
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Evaluation à mi-parcours du projet d'accélération de l'éducation des filles (PAEF) dans la préfecture de Télimélé. Odile AKPAKA. Rapport final. Juillet 2016
pour le résultat global (cf. annexe 7 pour plus de détails) et de 3,1 points en calcul (38,35
pour les garçons et 35,25 pour les filles). Il faut également relever la forte dispersion des
notes par rapport à la moyenne notamment pour les filles : 24,81 en calcul, 24,64 pour
le score global et surtout 26,70 pour la note de français.
La possession des fournitures de base est un des facteurs pour lesquels un lien avec les
résultats a pu être établi. Au CE2 comme au CP2, les moyennes les plus élevées sont
pour ceux qui ont répondu « l’UNICEF » comme fournisseur. La possession du manuel de
lecture influence fondamentalement les moyennes des élèves tant pour la moyenne
globale que pour les sous -scores en français et en calcul au CE2. Les tests statistiques
montrent également que plus les devoirs à faire à la maison sont fréquents, plus la note
de l’élève est élevée. Une grande proportion d’élèves (48,0%) déclare n’avoir « jamais »
quelqu’un qui les aide à faire leurs devoirs de maison.
Dans l’ensemble de l’échantillon, la moyenne des élèves de CP2 n’ayant pas redoublé
leur classe est plus élevée (40,98/100) que celle des élèves ayant redoublé (27,98/100).
Pour le CE2, également c’est en français et pour le score global que les moyennes des
élèves n’ayant pas redoublé sont les plus élevées. Elles sont respectivement de 41,88
contre 30,57 et 40,47 contre 29,40.
Le facteur nutrition influe de manière homogène sur les résultats des élèves. Ce sont
surtout les notes de français et les résultats globaux qui sont les plus influencés. Au-delà
de ce constat, la remarque principale pour l’alimentation est que la modalité « jamais »
concentre toujours beaucoup de réponses, c’est dire que beaucoup d’élèves ne mangent
pas ou pas suffisamment avant, pendant et après l’école.
Dans le cadre de cette évaluation des acquis, 28 directeurs d’écoles ont été effectivement
enquêtés sur les 30 ciblés dont une seule femme, 14 en zone PAEF et 14 en zone témoin. Parmi eux, 25 soit 83 % ont le niveau Bac, 2 ont le niveau BEPC et 1 le niveau DEUG.
75% des directeurs d’écoles affirment avoir reçu une formation à l’encadrement et une
formation aux pédagogies actives. Leurs réponses révèlent que c’est plutôt l’entretien du
matin, le conseil de classe, et l’étude du milieu qui sont « toujours » mis en œuvre. Pour
ce qui est du texte libre, c’est une pratique « souvent » utilisée, mais que les directeurs
signalent comme difficile pour la plupart des enseignant(e)s.
L’analyse des réponses montre que les élèves des écoles de la zone PAEF semblent
« avoir plus de responsabilisés et être mieux impliqués au cours du déroulement des
leçons » par rapport aux apprenant(e)s des écoles témoins (selon rapport d’enquête de
terrain). Les directeurs mentionnent des difficultés récurrentes quant à l’intégration
effective des pédagogies actives dans les pratiques de classe. La grande majorité des
directeurs d’écoles (78%) estiment que les formations/encadrements, dont leurs
enseignant(e)s ont bénéficié, ont un impact certain sur les acquisitions des élèves.
Un test de niveau CM+ avait été administré aux enseignants pour déterminer avec plus
de précision leur niveau globalement et par zone. Les résultats au test sont présentés
dans le tableau ci-dessous. Les différences au bénéfice des enseignant(e)s de la zone
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Evaluation à mi-parcours du projet d'accélération de l'éducation des filles (PAEF) dans la préfecture de Télimélé. Odile AKPAKA. Rapport final. Juillet 2016
PAEF sont plus importantes en français (plus de 14 points de différence). Le score global
affiche près de 10 points de différence. Mais la faiblesse des résultats en calcul dans les
deux zones explique en partie la faiblesse constatée au niveau des apprenant(e)s en
calcul. Les directeurs en sont bien conscients et ils classent en première position les
difficultés que rencontrent leurs enseignant(e)s dans cette discipline.
Tableau 10 Moyennes des enseignant(e)s au test de niveau par zone
Zone Effectif Moyenne Ecart-type
Score en français sur 100 Zone PAEF 22 56,25 20,50
Zone témoin 29 41,59 29,42
Score en calcul sur 100 Zone PAEF 22 31,81 30,20
Zone témoin 29 27,58 35,59
Score global sur 100 Zone PAEF 22 44,03 20,34
Zone témoin 29 34,59 27,48
Source : Evaluation PAEF Télimélé. Volet évaluation des acquis. Rapport d’évaluation
Parmi l’ensemble des enseignant(e)s, 45,1% ont bénéficié de la formation à la pédagogie
active dans le cadre du PAEF. La moyenne des élèves dont les maîtres ont déclaré avoir
bénéficié de la formation à la pédagogie active est de 45,40/100, tandis que celle des
élèves dont les maîtres n’ont pas reçu cette formation est inférieure : 37,15/100. Mais
ces deux notes sont caractérisées par des écarts–types très grands, ce qui révèle
l’existence d’une grande dispersion autour de la moyenne. Selon le test de Levesne, il y a
une différence significative au seuil de 5% entre les moyennes des uns et celles des
autres.
La documentation pédagogique, dont les enseignant(e)s disposent, provient de l’INRAP
(51%), de leur Directeur d’école (51% également), d’une ONG/jumelage/PTF/Acteurs de
développement (47,1%), de l’Inspecteur ou du Conseiller pédagogique (29,7%). Les
autres sources (marché, librairie, école de formation professionnelle) ne sont utilisées
qu’en de rares occasions.
Une proportion non négligeable des enseignant(e)s visité(e)s assurent un soutien gratuit
au profit des élèves en difficultés d’apprentissage : c’est le cas de plus de quatre
enseignant(e)s sur 10 en français et en calcul, comme l’indique le tableau ci-après.
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Evaluation à mi-parcours du projet d'accélération de l'éducation des filles (PAEF) dans la préfecture de Télimélé. Odile AKPAKA. Rapport final. Juillet 2016
Tableau 11 Activités gratuites de soutien aux élèves en difficulté
Activités gratuites en dehors des heures de classe
Soutien aux élèves en difficulté d’apprentissage % Oui % Non % Non réponse
Non il n’y en a pas 35,3 41,2 23,5
Oui en français 47,1 27,5 25,4
Oui en calcul 43,1 31,4 25,5
Oui en sciences 27,5 41,2 31,4
Source : Evaluation PAEF Télimélé. Volet évaluation des acquis. Rapport d’évaluation
En conclusion, le niveau d’acquisition des élèves est plus élevé dans la zone du projet
comparée à la zone témoin et aux évaluations antérieures notamment celle de 2013 et
ce pour les deux (2) niveaux évalués, à savoir le CP2 et le CE2. Cette amélioration des
notes des élèves qui se situent (juste) au niveau de la moyenne de 50/100 est plus
marquée en français qu’en calcul. Cette amélioration peut être attribuée aux conditions
d’apprentissage rendues plus favorables par les interventions du projet comme la mise à
disposition des fournitures scolaires, des manuels, les formations et encadrements dont
ont bénéficié les enseignant(e)s. Malgré un léger progrès, l’écart dans les résultats des
élèves entre filles et garçons persiste, notamment en calcul : 3,1/100 en faveur des
garçons. Aux dires de 98% des directeurs d’écoles, les enseignants ont besoin de
formation complémentaire pour améliorer leurs pratiques (niveau académique et
professionnel) et l’intégration des pédagogies actives.
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
Dans cette conclusion, un résumé des forces et des faiblesses, identifiées lors de cette
évaluation à mi-parcours du PAEF dans la préfecture de Télimélé, sera présenté. Puis
seront exposées des recommandations en direction des différentes parties prenantes.
Dans les sous-préfectures d'intervention du PAEF, les inscriptions des filles au CP1 ont
nettement augmenté. Le projet axé sur l'accélération de l'éducation des filles a
également profité aux garçons. Le nombre de candidates à l'examen d'entrée en 7ème
année entre 2013 et 2015 a cru de 44,7%. Dans les 9 sous-préfectures ciblées, la
proportion de filles dans les écoles primaires est en 2015-2016 de 47%. Ces résultats
sont à mettre en relation avec certaines forces du projet: la confiance acquise en
l'école, la participation des structures parentales (APEAE et AMEF) et des communautés
en général à la vie de l'école, la mise en œuvre de la pédagogie active qui favorise la
transformation des pratiques pédagogiques, et simultanément le regard porté par les
communautés sur l'école. Les femmes, recrutées comme ADC et AT, représentent des
modèles pour les jeunes filles et une force du PAEF. Les missions conjointes de suivi et
les revues, même si elles n'ont pas été aussi fréquentes que prévues, sont à
comptabiliser au nombre des forces du projet, en tant qu'opportunités de partage et
d'échanges entre les différentes parties prenantes.
Les dotations en fournitures scolaires et les constructions sont, aux yeux des personnes
rencontrées au cours de cette évaluation, les activités qui ont le plus contribué à réduire
les problèmes liés à la scolarisation des enfants, notamment des filles. Mais ces mêmes
dotations peuvent fragiliser les acquis du projet, le jour où celui-ci finira.
Au titre des faiblesses du projet, il faut dire que le problème de l'achèvement du cycle
primaire est loin d'être résolu. Les sensibilisations ne peuvent pas à elles seules réduire
le phénomène social du mariage précoce. Les activités prévues pour garantir la
protection des enfants dans les écoles n'ont pas été réalisées. L'insuffisance dans le
recrutement d'enseignants affecte l'efficacité du projet et pèse sur les communautés
obligées de prendre en charge des enseignants communautaires ainsi que les
éducateurs/trices des CEC. Cette question de la prise en charge, combinée à
l'insuffisante formation des éducateurs/trices, a de graves répercussions sur le
fonctionnement des CEC. L'expérience des classes spéciales est encore très récente,
mais des contraintes spécifiques sont apparues. Pour rendre les GDE vraiment
fonctionnels, une autre stratégie doit être mise en place, définissant précisément les
rôles et responsabilités de chacun dans la formation et le suivi des GDE.
Les recommandations qui suivent s'adressent aux différents acteurs du projet. Elles
visent à consolider les acquis, à opérer quelques ajustements au niveau des résultats
attendus et à suggérer des pistes de stratégies dans la réduction de certains problèmes,
notamment le mariage précoce et les violences à l'école. Ces recommandations
devraient faire l’objet d’un suivi lors des missions de suivi et des revues.
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Evaluation à mi-parcours du projet d'accélération de l'éducation des filles (PAEF) dans la préfecture de Télimélé. Odile AKPAKA. Rapport final. Juillet 2016
Recommandations en direction du MEPU-A
Niveau central:
Pallier le manque d'enseignants en recrutant massivement parmi les diplômés de
l'ENI.
Donner une prime spéciale «significative» aux enseignants qui acceptent d'aller
dans des zones difficiles en décentralisant le paiement (permettant ainsi un contrôle
par les DPE/DSEE).
Niveau régional:
Affecter des enseignant(e)s.
Sanctionner les enseignant(e)s qui ne rejoignent pas leur poste d'affectation.
Faire respecter le principe de mobilité.
Réaliser, en collaboration avec les différents acteurs du PAEF, un répertoire des
bonnes pratiques du PAEF et les partager avec les autres préfectures de la région.
Niveau préfectoral:
Consolider les acquis au niveau de la pédagogie active, afin d'aller au delà des 5
techniques et faire en sorte que l'ensemble de l'enseignement/apprentissage se
fasse de manière active:
Développer et encourager les grappes,
Renforcer le suivi des grappes,
Valoriser les initiatives
Faire réaliser par les DSEE un catalogue des pratiques innovantes,
Etoffer le pool de formateurs parmi les DSEE ou les DE qui ont fait la
preuve de leurs compétences et former les enseignants de la sous-
préfecture de Kollet non encore pris en compte dans la formation en
pédagogie active.
Généraliser le système Fille pour Fille et Garçon pour Garçon. Veiller à son
application effective.
Organiser entre les enseignants qui tiennent une classe spéciale une session de
partage et de réflexion sur les problèmes spécifiques à ces classes.
Revoir avec l'UNICEF et Plan Guinée la stratégie de ces classes spéciales (en
fonction du nombre d’élèves et de la situation géographique) et l’établissement d’un
contrat avec famille et apprenant(e).
Définir, en collaboration avec l'UNICEF et avec Plan Guinée, une stratégie de
formation et de suivi des GDE, précisant les rôles et responsabilités de chacun.
Déterminer, en collaboration avec l'UNICEF et avec Plan Guinée, une approche pour
lutter contre les violences en milieu scolaire. Approche qui brise le mur de silence
autour de ces violences, distingue discipline et sanctions des pratiques de violences,
intègre l'affichage des codes de conduite enseignant(e)s et élèves, les explications
et le respect de ces codes, renforce le rôle de l'APEAE dans la lutte contre ces
violences en milieu scolaire, et fait l'objet d'un suivi conjoint Directeur
école/APEAE/AMEF.
Evaluer et accompagner les DSEE.
Niveau sous-préfectoral
Développer, encourager les grappes et renforcer leur suivi.
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Evaluation à mi-parcours du projet d'accélération de l'éducation des filles (PAEF) dans la préfecture de Télimélé. Odile AKPAKA. Rapport final. Juillet 2016
Assurer effectivement le suivi de 16 enseignant(e)s par mois dans leur classe.
Renforcer les capacités des directeurs dans le domaine de la cogestion avec les
structures parentales.
Généraliser le système Fille pour Fille et Garçon pour Garçon. Veiller à son
application effective.
Valoriser les initiatives des enseignant(e)s.
Réaliser par un catalogue des pratiques innovantes.
Niveau écoles
Réaliser, en collaboration avec les structures parentales et des élèves de CM ou du
secondaire, le recensement des enfants en âge de commencer le CP1.
Mettre en œuvre le système Fille pour Fille et Garçon pour Garçon.
Veiller à la multiplication des travaux de groupe dans chaque classe.
Participer activement aux grappes.
Assurer la cogestion de l’école avec les structures parentales.
Recommandations en direction du MASPFE
Assurer une formation simple et concrète des nouveaux éducateurs/trices pour les
CEC en cours de finition.
Recycler les éducateurs/trices actuellement en fonction, notamment sur l'utilisation
des jeux éducatifs, contenus dans les mallettes.
S'assurer d'une prise en charge effective des éducateurs/trices des CEC dans le
Plan de développement local des Communes rurales.
Assurer un suivi régulier des CEC.
Recommandations en direction de l'UNICEF
Faire installer les « défriseurs » pour rendre potable l'eau des 6 localités où le
forage pose problème.
Revoir avec la DPE et Plan Guinée la stratégie des classes spéciales (en fonction du
nombre d’élèves et de la situation géographique) et l’établissement d’un contrat
avec famille et apprenant(e).
Revoir avec les différents intervenants le Cadre logique du projet:
revoir la formulation des objectifs en termes de nombre/ de pourcentage,
diminuer le nombre de classes spéciales devant fonctionner à la fin du
projet, le nombre d'éducateurs/trices à former, le nombre d'enfants dans les
CEC,
ajuster le nombre d'enseignants à former, en tenant compte du nombre
effectif d'enseignants dans les neuf sous-préfectures, ainsi que le nombre de
CEC et celui des éducateurs/trices,
reformuler les activités devant permettre de garantir la protection des
enfants.
Informer dès à présent de la fin du projet pour une meilleure prise en compte des
frais liés à la scolarisation.
Définir, en collaboration avec la DPE et avec Plan Guinée, une stratégie de
formation et de suivi des GDE, précisant les rôles et responsabilités de chacun.
Déterminer, en collaboration avec la DPE et avec Plan Guinée, une approche pour
lutter contre les violences en milieu scolaire (cf. plus haut niveau DPE).
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Evaluation à mi-parcours du projet d'accélération de l'éducation des filles (PAEF) dans la préfecture de Télimélé. Odile AKPAKA. Rapport final. Juillet 2016
Elaborer avec Plan Guinée et les communautés ciblées une stratégie pour la
réduction des mariages forcés. Cette stratégie multisectorielle, basée sur une
synergie d'actions, visera à une transformation des normes sociales. Elle pourrait
favoriser un dialogue communautaire autour du thème, cibler ceux qui encouragent
et garantissent ces mariages (les pères de famille et les chefs religieux), prendre en
compte les filles et femmes (les informer des dangers sanitaires liés à ces
mariages), introduire dans l'enseignement de l'éducation civique et morale le thème
du mariage précoce.
Capitaliser les expériences réussies au niveau du PAEF.
Instaurer un dialogue approfondi avec Plan Guinée.
Recommandations en direction de Plan Guinée
Renforcer les GVEC pour s'assurer de la viabilité de tous.
Renforcer les Coordinations sous-préfectorales des APEAE
Demander aux AV de faire systématiquement les animations dans leur localité.
Intégrer dans le cahier de charges des ADC/AT les feedbacks en direction des AV
après ces animations, et un travail plus fréquent avec les écoles.
Ne pas renouveler le contrat du superviseur d'AACG.
Favoriser les liens entre AV/APEAE; AV/AMEF.
Pousser les femmes à se présenter comme candidates à la présidence des APEAE.
Accroître les suivis au niveau du chef de projet basé à Télimélé.
Faire réaliser par la radio rurale de Télimélé des émissions présentant des femmes
qui ont poursuivi leurs études (en commençant par ADC et AT), en collaboration
ave le DPE.
Définir, en collaboration avec la DPE et avec l'UNICEF, une stratégie de formation et
de suivi des GDE, précisant les rôles et responsabilités de chacun.
Déterminer, en collaboration avec la DPE et avec l'UNICEF, une approche pour
lutter contre les violences en milieu scolaire (cf. plus haut niveau DPE).
Elaborer avec l'UNICEF et les communautés ciblées une stratégie pour la réduction
des mariages précoces. (voir plus haut dans recommandations en direction de
l'UNICEF).
Instaurer un dialogue approfondi avec l’UNICEF.
Recommandations en direction des communautés
Maintenir filles et garçons à l'école jusqu'au moins la fin de l'école primaire.
Refuser les mariages précoces (notamment les chefs religieux et les pères de
famille).
Favoriser le partage des tâches domestiques entre les enfants, filles et garçons.
S'impliquer davantage encore dans la vie et la gestion de l'école, notamment dans
la lutte contre les violences en milieu scolaire (APEAE/AMEF).