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EVALUATION A POSTERIORI DU PROJET PROJET OIBT PD 30/96 Rev.3 (F) "Projet de plantation de 2 500 hectares de bois d’œuvre dans la Forêt Classée de Haho-Baloe (Région des plateaux - Togo) – Phase I” (Togo) Elaboré pour l’OIBT par Henri-Félix Maître et Antoine Mountanda Septembre 2004 35RFM-5 le 9 septembre 2004

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EVALUATION A POSTERIORI DU PROJET

PROJET OIBT PD 30/96 Rev.3 (F)

"Projet de plantation de 2 500 hectares de bois d’œuvre dans la Forêt Classée de Haho-Baloe (Région des plateaux - Togo) – Phase I”

(Togo)

Elaboré pour l’OIBT

par

Henri-Félix Maître et Antoine Mountanda

Septembre 2004

35RFM-5 le 9 septembre 2004

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EVALUATION A POSTERIORI DU PROJET PD 30/96 Rev.3 (F)

PROJET DE PLANTATION DE 2.500 HA DE BOIS D’ŒUVRE DANS LA FORET CLASSEE DE HAHO-BALOE (REGION DES PLATEAUX - TOGO)

INTRODUCTION Cette mission fait suite à la décision prise par le Comité de Reboisement et Gestion Forestière d’évaluer cinq (05) projets dans le domaine des plantations forestières lors de la Session du Conseil de l’OIBT qui s’est tenue à Yokohama au Japon en novembre 2003. Le présent rapport présente l’évaluation a posteriori du projet mené a terme au Togo, suivant les termes de référence de l’Annexe 1 (original en anglais). L’équipe de l’OIBT chargée de cette évaluation était composée de deux experts : Henri-Félix Maître et Antoine Mountanda qui se sont rendus au Togo pour un séjour compris entre le premier et le neuf juin 2004. La visite a été organisée par l’Agence d’exécution du projet, l’Office de Développement et d’Exploitation des Forêts du Togo (ODEF) et s’est déroulée en d’excellentes conditions. Les évaluateurs ont eu la possibilité de rencontrer les autorités de tutelle du Ministère de l’Environnement et des Ressources forestières et de la Direction de l’ODEF, ainsi que le Préfet de région et le Maire de Notsé. En outre, de très nombreuses réunions et échanges d’information ont eu lieu, non seulement avec les partenaires ou collaborateurs du projet tels que ceux de l’INADES (Institut Africain pour le Développement Economique et Social) et du Comité Local de Pilotage, mais aussi et surtout avec les populations directement concernées par le projet au sein de la forêt de Haho-Baloé. Il s’agit des enclaves de Fawukpé, Tsinigan, Yokou et Xantho et des principaux villages riverains de Hahonou, Haho-megbé, Balécopé et Balénou. Les deux membres de la mission tiennent enfin à remercier les autorités togolaises, la Direction et les techniciens de l’ODEF et toutes les personnes rencontrées qui ont eu l’amabilité de leur communiquer les informations essentielles pour la préparation de ce document. Le mandat de la mission était le suivant : - Identifier les échecs et les succès du projet ainsi que les contraintes qui ont entravé sa

mise en œuvre. - Faire état des motifs et raisons ayant entraîné les succès et les échecs. - Evaluer la contribution du projet à la réalisation de l’objectif 2000 de l’OIBT. - Dégager les leçons à tirer de cette expérience dans la perspective de l’amélioration des

conditions d’exécution des projets futurs. Contexte Le Togo est un pays à faible couvert forestier mais à forte densité de population. Il ne dispose que d’environ 140.000 hectares de forêt et la population est repartie sur des espaces dont la densité de population avoisine les 100 habitants au km² dans certaines contrées. Le gouvernement dispose, suite à l’aide de la FAO et de la Banque Mondiale, d’un Plan d’Action Forestier National et d’un Plan National d’Action d’Environnement.

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Deux faits sont à souligner: d’une part, le pays est déficitaire en bois d’œuvre et d’autre part, les forêts classées appartiennent à l’Etat et sont inaliénables. Les autorités du pays font actuellement preuve d’une volonté manifeste pour gérer durablement les espaces forestiers encore disponibles ; espaces qui vont être de plus en plus soumis à une gestion forestière participative qui, depuis peu, constitue l’un des axes prioritaires de la politique forestière actuellement menée dans le pays. C’est dans ce contexte que le présent projet a démarré en fin d’année 1998 dans le cadre de sa première phase pour une durée de trois ans. L’ODEF, établissement créé en 1971 et doté d’autonomie administrative et financière, est donc la structure d’accueil du projet. La plupart de ses cadres ont acquis de l’expérience lors de la mise en oeuvre de projets en coopération internationale, parmi lesquels : le Projet AFRI de reboisement de 4000 hectares d’espèces à croissance rapide, déroulé de1981 à 1988 au sud du pays, à Davié. 1. Objectif général du projet Le projet vise l’augmentation du potentiel ligneux du pays pour la satisfaction des besoins nationaux en bois d’œuvre avec des possibilités d’exportation à long terme. Il s’intègre de ce fait à la politique de développement du secteur forestier togolais qui entend réduire le niveau de dépendance du pays vis-à-vis de l’extérieur en matière de produits ligneux, grâce à la création d’un réseau de plantations artificielles de bois d’œuvre. 1.2 Objectifs spécifiques et produits du projet Premier objectif : Le projet vise l’aménagement durable et intégré de la forêt classée de Haho-Baloé (4.000 hectares) en vue d’une production optimale de bois d’œuvre. Deuxième objectif : Le projet appuie les communautés villageoises installées dans la forêt classée ou riveraines à s’auto-organiser pour participer à la gestion de la forêt afin d’en tirer parti pour leur développement social et économique. Les produits (résultats) attendus sont déclinés, à part, comme suit : Produit 1 : 500 hectares de plantations nouvelles Produit 2 : 100 hectares de vieilles teckeraies régénérées. Produit 3 : 1.600 hectares de forêt aménagée avec la participation des populations. Produit 4 : 20 km de pistes existantes re-profilées et 10 km de pistes nouvelles. Produit 5 : Unité de gestion du projet opérationnelle à Notsé. Produit 6 : Participation effective des populations locales à la gestion durable de la forêt. Le détail de chaque produit et les résultats obtenus ou inachevés, sont plus particulièrement passés en revue au paragraphe 2.11 ci-après.

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2. RAPPORT 2.1 Stratégie du projet et activités Bref descriptif de la forêt de Haho-Baloé : Il s’agit d’une des premières forêts classées du pays, délimitée en 1947 pour une superficie de l’ordre de 4000 hectares qui comprenait dès 1911 plus de 300 hectares de plantations de Teck, Tectona grandis, dans son secteur Sud proche de la piste principale et du village de Santho. Ce fait, a tout naturellement, guidé le choix de ce massif forestier pour relancer les activités de reboisement de la part de l’ODEF. Jusqu’en 1994, environ 140 hectares ont fait l’objet de reboisements et une quarantaine d’hectares parmi les plus vieilles teckeraies ont été exploitées et régénérées, avec succès par l’ODEF. En fait, cette forêt bénéficie d’une pluviosité annuelle relativement faible qui n’atteint plus que 1.100 mm; les formations naturelles couvrent à peine le quart de la superficie et sont du type galeries forestières au long des bas-fonds et des cours d’eau, alors que l’essentiel du massif est constitué de savanes arbustives ou arborées en fonction des sols et d’éventuelles dégradations liées au passages de feux. Enfin, d’après les estimations, un millier d’hectares étaient mis en culture, par les populations installées au sein ou à l’extérieur de la forêt, au démarrage du projet La conception du projet s’est faite à partir des résultats et des recommandations du projet préparatoire PD 204/91 : Identification et étude d’un projet de plantation pour la production de bois d’œuvre dans la forêt classée de Haho-Baloé (région des plateaux, Togo). Ce projet préalable a pu fournir la stratégie à mener et les prescriptions techniques pour le reboisement de 2.500 hectares par une série d’études, plus ou moins théoriques, parmi lesquelles : - La description et cartographie des sols qui s’avèrent être trop sommaires et à échelle

insuffisante pour un choix précis d’implantation des reboisements ou des zones à vocation agricole, mais qui mettait en exergue la faible proportion de bons sols (47% pour 1800 hectares) propices aux plantations.

- Le choix des techniques et des espèces de reboisement, avec mise en place et productivité escomptée, selon une gamme d’essences ambitieuse qui, outre le teck ou le Gmélina Gmelina arborea, préconisait des espèces plus exigeantes telles que le Cedrela odorata, le Fraké, Terminalia superba, ou le Samba, Triplochiton scleroxylon, en vue de diversifier le potentiel.

- Les estimations, issues d’une étude/enquête, révélaient que la population en 1995 était de l’ordre de 1400 habitants à l’intérieur de la forêt et de 3.800 riverains juste à l’extérieur, avec 218 champs (environ 545 hectares de maïs, coton ou palmier à huile) au sein du massif aussi bien appartenant aux allochtones qu’aux autochtones ; ceux-ci étant, en principe, disposés à collaborer avec le futur projet à condition d’obtenir des droits d’usage agricole (usufruit).

Ainsi, ce premier projet a été à l’origine du texte de la proposition présentée au Panel d’experts de l’OIBT qui l’a revu et amendé à plusieurs reprises pour arriver à une dernière version incorporant un objectif majeur mettant l’accent sur la participation directe et incontournable des populations dans le cadre du projet; alors qu’à l’origine elles n’étaient que sobrement associées aux travaux et regroupées en enclaves. En effet, au départ, la conception du projet était à outrance forestier pour reprendre en main la forêt, en reboisant l’essentiel des sols disponibles et en contrôlant l’impact humain par un

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regroupement en enclaves ; l’étendue (660 hectares) et le positionnement de ces enclaves se faisant autour des champs et des implantations existantes avec des mesures compensatoires d’accompagnement (à la charge directe du Gouvernement). Finalement, le projet a été agréé lors de la 22° session du Conseil de l’OIBT (CIBT) en mai 1997 et c’est à la suivante session que le financement a été octroyé, mais en scindant le projet en trois phases successives avec une révision du budget qui totalisait 3.735 millions de dollars en vue de réaliser 2 .500 ha de plantations, 200 ha de régénération et 940 ha d’aménagement participatif de formations naturelles. Les modifications ont ramené les surfaces plantées à 500 hectares et la régénération à 100 hectares et ceci, pour la première des trois phases effectivement financée pour trois ans, à savoir en dollars : Gouvernement du Togo : 570.787 $ OIBT (Gouv. Japon, Suisse et USA) : 684.549 $ TOTAL : 1.255.336 $ Commentaire : Il est certain que le projet, ayant subi ces diverses modifications et réorientations, a évolué dans le bon sens et que les objectifs purement forestiers de départ pour la production intense de bois d’œuvre ont été « tempérés » au fil du temps, tant financièrement que techniquement en mettant en exergue la problématique des enclaves et des droits et usages des populations que la conception du projet avait sous-estimée. L’effet pervers, constaté a posteriori, est que cette première phase s’est déroulée en tenant pour acquis les financements des deux phases suivantes et qu’il s’agissait ainsi d’une mise en route du projet sur trois premières années, au cours desquelles les problèmes restant en suspens et les activités inachevées seraient respectivement résolus et consolidées par la suite, au fur et à mesure de l’avancement des deux phases suivantes. Les donateurs n’ayant pas renouvelé le financement pour des raisons qui leur sont propres (et qu’il serait difficile d’avancer), force est de constater que l’ensemble des acteurs engagés dans le projet ont ressenti ce fait comme une « douche froide » inattendue, ce qui explique en grande partie certaines réactions de frustration et l’état actuel des réalisations et des résultats acquis ou en suspens. Cette situation est d’autant plus préoccupante qu’aucune disposition notifiant la fin du projet dans sa phase initiale n’avait été prise à quelque niveau que ce soit. La mission a noté avec étonnement que les différents rapports rédigés sur l’état d’avancement du projet et le rapport d’achèvement du projet d’août 2002, continuaient à faire allusion à un financement quasi assuré pour le démarrage de la deuxième phase du projet. 2.2 Rôle et contribution globale du projet dans le cadre des politiques forestières, des

programmes de développement, des priorités et des contraintes en vue d’atteindre l’aménagement durable des ressources forestières du Togo.

Le projet PD 30/96 Rev.3 (F) a revêtu un caractère novateur dans sa conception et a mis en avant un certain nombre de problématiques jusque-là mal connus au Togo. Dans un premier temps, la réalisation de ce projet a permis à l’ODEF d’engager des actions à caractère évolutif, c’est-à-dire, de passer des travaux en régie à un concept participatif et contractuel. Ces résultats ont eu des répercussions dans la gestion des aires protégées et les nouveaux projets financés par l’OIBT au Togo ont bénéficie de l’expérience de ce projet.

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A titre d’exemple, peut être cité le projet de Missahoé dont le démarrage effectif a été précédé d’entretiens fréquents et fructueux avec les animateurs du projet PD30/96. Ce projet avance aujourd’hui avec de moindres écueils et a été à même de créer un fond spécial devant lui permettre de garantir la poursuite de ses activités après la fin du projet, chose qui a fait cruellement défaut au projet Haho-Baloé depuis son interruption. Mais le fait le plus marquant à souligner en tant qu’indicateur d’impact du projet vis-à-vis de la politique forestière du Togo, est sans conteste : le changement d’attitude de l’Etat togolais pour honorer sa contribution au budget de l’OIBT qu’il commence à prendre directement en charge alors qu’auparavant, il avait laissé l’ODEF y faire face seul, avec son propre budget. Le gouvernement a bien réalisé que les projets tels que celui-ci, pouvaient sinon résoudre, du moins traiter au mieux, certains problèmes émergents à caractère social auxquels il est à présent confronté. Le mérite en revient d’abord au projet PD30/96 qui a su organiser plusieurs œuvres à caractère social (retenues et forages d’eau etc.) et réussit à organiser, au travers de la formation assurée par l’Ong INADES, des groupements paysans productifs crédibles qui ont collaboré étroitement avec le projet. De ce fait, la formation assurée par cette ONG à la population a permis le passage de l’approche « policière » qu’utilisaient les agents forestiers à celle du concept participatif, auquel les autorités du pays sont de plus en plus attentifs, compte tenu de la taille du pays et de la faiblesse du couvert forestier. Ce projet a également servi d’initiation des populations aux pratiques et techniques de réalisation de pépinières et de reboisements qui leur étaient jusque-là totalement inconnues. 2.3 Etat général des plantations forestières au sein de la zone d’influence du projet, ainsi

qu’efficacité de conduite du projet et de promotion de la gestion durable des plantations.

Au terme du projet ont été plantées 658 hectares sans qu’un bilan détaillé ait été réalisé par type de préparation de terrain, par espèce et par méthode de mise en place (plantation en plein ou selon le système Taungya). Par recollement des six comptes-rendus d’avancement des travaux l’équipe d’évaluation est à même de récapituler : - Campagne 1999 : Ont été réalisées 152 ha de plantations dont 99% à base de Teck et

seulement 1% de Gmélina. La préparation du terrain a été entièrement faite (en sous-traitance) mécaniquement au bulldozer, ainsi que le labour qui s’est avéré trop tardif en retardant la mise en place des plants. Parmi ces plantations 15 ha ont été menés selon la méthode Taungya par association maïs ou coton. La carbonisation des rémanents a permis de produire 6.370 sacs de charbon au prix unitaire d’environ 1, 5 dollars. L’exploitation de 28 ha de teckeraies a permis de produire 1.850 mètres cubes de grumes de teck (sans compter le bois de service et d’énergie) dont les produits de vente ont été réinvestis dans le projet. Par contre, la régénération naturelle de ces 28 hectares n’a pas été réussie (jeunes semis desséchés) et c’est par compléments de plantation que le terrain a été regarni.

- Plus succinctement, pour la campagne 2000 : ont été plantés 400 ha dont 96% en Teck, 3% en Gmélina et moins de 1% en Fraké ; parmi elles 215 ha ont été réalisé en taungya. Les défrichements ont été soit mécaniques 154 ha, soit manuels 246 ha et le labour exclusivement manuel. L’exploitation des teckeraies a couvert 60 ha avec une régénération médiocre issue de semis, les rejets de souche prenant le dessus.

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Pour la dernière campagne de 2001 le reboisement a concerné 104 hectares dont 41ha de Teck, 25 ha de Gmélina, 37 ha de Fraké et 1 ha de Samba. La préparation du terrain de plantation a été totalement manuelle avec 79% de la surface selon le système taungya. 70 ha ont été exploités et seulement 20 ha traités en régénération. Enfin, dans le cadre de l’aménagement des formations naturelles, une trentaine d’hectares ont fait l’objet d’enrichissements par layons au sein des enclaves avec des espèces locales de savane arborée : Anogeissus leiocarpus, Khaya senegalensis et Terminalia glaucescens. Selon les calculs des évaluateurs, le projet en trois campagnes a récolté à partir de 158 hectares de teckeraies exploitées : - 9.830 mètres cube de grumes de teck, ce qui représente en moyenne : 62 m³/ ha ; - un millier de mètres cube de bois de service, soit environ : 6 m³/ ha ; - 7.560 mètres cube de bois de feu, soit en moyenne : 48 m³/ ha. L’ensemble permet d’avancer que, globalement, 120m³ de bois sont utilisables ou récupérables par hectare, au sein des parcelles de teck arrivées à maturité (de l’ordre de 10.000 sacs de 39 kg de charbon de bois auraient été obtenus, à partir des débris ligneux issus de la préparation du terrain pour les plantations). L’état des peuplements de teck est très irrégulier, les premières parcelles sur sol préparé mécaniquement présentent une faible croissance, car la couche superficielle a été fortement décapée et que le labour tardif a retardé la mise en place des plants (le sous-solage préconisé n’a pas eu lieu). Les parcelles préparées manuellement, lors des deux campagnes ultérieures, sont très irrégulières surtout du fait de la nature du sol : sur ancienne savane arbustive la reprise est insuffisante malgré les regarnis et le développement des plants est très inégal. Dans les zones de savane arborée, les résultats paraissent plus satisfaisants et ce sont les parcelles suivant la méthode taungya qui semblent être les meilleures du fait d’un bon entretien. La forme des tecks est en général bonne, malgré des vigueurs de croissance disparates, ce qui est une des caractéristiques de l’espèce, surtout lors de son jeune âge. Certains beaux peuplements, observés en bord de piste, ont été récemment élagués à la base ; l’opération n’est pas obligatoire, mais elle a montré que les peuplements bien réussis, sont porteurs d’espoir. Il en est de même pour ce qui est de la reprise et de la réussite du Gmélina, qui sont intimement liées à la nature et à la préparation du terrain de plantation. Toutefois, cette espèce présente très souvent une forme déficiente, avec de multiples fourches du tronc et des brins et branches dès la base du pied de l’arbre ; ce phénomène se constate souvent sur les sols sableux. L’échec enregistré pour le Fraké et le Samba n’est guère étonnant, étant donné que les conditions de milieu (savanes) et de climat (pluviosité) de ce massif forestier ne correspond pas aux exigences de sol et d’humidité de ces deux espèces de forêt dense semi-décidue. De meilleures conditions sont réunies en forêt voisine d’Asrama, sise sur des sols forestiers plus profonds et bénéficiant d’un régime de pluies plus favorable à l’époque des plantations des années soixante dix, où les peuplements de Terminalia superba et Terminalia ivorensis, de Cedrela odorata ou de Cassia siamea sont effectivement superbes. Ils ont certainement influencé le choix trop optimiste des espèces à retenir pour le projet.

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Quoi qu’il en soit, un bilan général de réussite ou d’échec pour l’ensemble des peuplements de teck et de gmélina s’avère indispensable afin de mener à bien leur aménagement ; et ceci, en délimitant et cartographiant par blocs ou stations en fonction de leur homogénéité et croissance (sans oublier de procéder aux mesures par placeaux de sondage). La régénération naturelle des teckeraies exploitées a été, en principe, maladroitement conçue, car elle ne prévoyait une reconstitution qu’à partir des semis naturels présents après la coupe commerciale et à ras des arbres et en rabattant les rejets des souches, voire même en détruisant celles-ci. Faute de réussite des semis naturels, desséchés du fait de retards d’exécution des travaux et de l’irrégularité des pluies, ce sont des plants élevés en pépinière (en particulier de provenance tanzanienne très réputée) qui ont été plantés en regarnis, pour essayer de couvrir le terrain. Le résultat a été médiocre et décevant, alors qu’il s’agissait simplement de combiner l’apparition de plants issus des semis naturels avec la sélection des rejets de souche les plus vigoureux. Ceci est constaté au sein des parcelles de régénération conservées qui couvrent parfaitement le sol, en cumulant les plants naturels ou plantés et les rejets de souche. Ainsi, le protocole d’intervention est à modifier en tenant compte de l’aptitude des souches de teck à rejeter. Quant aux techniques de pépinière, celles-ci sont bien maîtrisées par le personnel du projet, mais aussi par les pépiniéristes formés au sein des populations locales. La multiplication du teck sous forme de stumps est sans conteste, la modalité la plus opérationnelle (bien connue depuis longtemps). La production globale du projet a presque atteint le million de plants dont environ la moitié ont été élevés et fournis par les pépiniéristes des organisations paysannes qui ont ainsi produit 255.000 stumps de teck et environ 336.000 plants élevés en pots (pour une valeur de l’ordre de 25.000 $). Les populations rurales ont tiré avantage des actions de reboisement en participant activement aux travaux rémunérés d’établissement et d’entretien des plantations. Plus particulièrement, la méthode taungya consiste à installer et à entretenir des cultures intercalaires annuelles, par et pour le paysan, au sein des plantations arborées pendant deux ou trois ans ; elle a enregistré un très net succès auprès des populations qui y trouvent bien leur compte, puisqu’en cas de bon entretien des arbres (moins de 10 % de mortalité), le projet leur verse une prime moyenne de 30 dollars par hectare (et d’après le montant des primes allouées, il est possible de déduire qu’au moins 450 hectares ont été correctement entretenus). En ce qui concerne l’aménagement des formations naturelles, les interventions ont été reportées d’année en année par manque de temps ou de compétences et le plan de gestion prévu n’a pas été élaboré. Ce n’est que vers la fin du projet qu’une trentaine d’hectares a été plantée en plein ou sous forme d’enrichissement en layons, à partir d’espèces (Khaya, Anogeissus, etc.). Ces plantations, qui constituent un premier pas « très prudent » pour honorer modestement ce volet du projet, ont surtout le mérite d’exister. Enfin, il faut de signaler non seulement, que le réseau d’accès et de circulation au sein du massif a bien été réalisé mais aussi, que lors de la visite, il a été possible de constater que les pistes ont été renforcées pour accueillir et faciliter les actions du projet de reboisement et aménagement forestier (PRAF), appelé à intervenir dans cette forêt.

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Remarque : la plupart des chiffres, montants et rendements avancés ci-dessus, résultent du recollement des données obtenues lors de la visite ou prélevées dans divers documents disponibles, ce qui implique d’inévitables imprécisions. Ceci a été nécessaire faute d’une capitalisation technique en fin de projet.

La conduite technique du projet a été menée consciencieusement : Les plantations nouvelles et les teckeraies régénérées dépassent les superficies programmées au départ, mais en gagnant en quantité les résultats ont perdu en qualité (notamment en ce qui concerne la vigueur des peuplements). Une certaine continuité est assurée: la structure de relais du projet poursuit (au ralenti) les travaux sylvicoles d’entretien et de protection des plantations, ainsi que le maintien et l’entretien (récent) des pistes, en attente d’une relance des activités au sein du massif. La capitalisation des résultats du projet n’a pas été assurée, du fait d’un report aux suivantes phases et la promotion du projet en a souffert, avec une mince diffusion des résultats. Néanmoins, l’expérience acquise a été mise à profit pour la préparation et la conduite d’autres projets similaires, proches de l’aire d’influence du projet.. 2.4 Contribution des études spécifiques, vis-à-vis des sciences et techniques, menées par

le projet pour le développement forestier dans sa zone d’influence. Etant donné ce qui précède, il apparaît que le projet, orienté vers le développement, a surtout consacré ses efforts aux réalisations de terrain et reporté l’établissement de bilans techniques au delà de cette première phase, en comptant le faire au cours du déroulement des phases suivantes. De ce fait, les études techniques essentielles restent à faire, parmi lesquelles : l’estimation des coûts directs de plantation (hors infrastructures), les modalités de création et de conduite des plantations (avantages et inconvénients), la dynamique des peuplements en fonction des sols et de leur évolution, les possibilités techniques d’exploitation et régénération des teckeraies et la mise au point d’un plan de gestion des formations naturelles. Compte tenu de ce qui précède, les résultats et l’impact potentiel des études pour l’établissement, la gestion des plantations et la connaissance globale en matière de foresterie, restent très modestes. Techniquement, il en résulte que l’ODEF est passé par une phase d’apprentissage dont l’expérience se traduit par des « connaissances grises » ou savoir partagé et non-écrit de faits et d’acquis qui ne sont pas consignés dans des rapports ou des documents techniques. 2.5 Impact du projet auprès des populations bénéficiaires. Les enquêtes et études de terrain menées pour la mise en route du projet ont conduit au maintien des populations installées dans le massif, alors qu’à l’origine les possibilités d’un transfert dans d’autres localités situées en dehors de la forêt avaient été sérieusement envisagées. Le projet a eu le mérite d’être le premier à entreprendre une action d’envergure en matière de foresterie participative, qui associe pleinement le paysannat (à l’intérieur ou en périphérie de la forêt) aux actions du projet ; en cela il est sans conteste très novateur. La gestion conjointe, avec l’INADES, du monde paysan implanté dans la forêt ou à sa périphérie, est un enjeu de taille qui ne bénéficie pas d’expériences antérieures et il a fallu improviser. Tout était à découvrir et au sein de son Unité de gestion du projet (URAF-HB), l’Agence d’exécution a prévu et organisé une cellule chargée des relations avec les populations des enclaves. Cette cellule a été en liaison directe avec l’INADES et un Comité local de pilotage du projet (consultatif en réunissant des représentants politiques, administratifs, traditionnels et privés de la zone).

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L’impact auprès des populations rurales, notamment des enclaves, a été sans conteste considérable. En premier lieu : elles sont passées du statut d’illégalité à celui de légalité, ce qui est un acquis social d’extrême importance. La pratique de la méthode taungya et la sécurisation des terres par l’adoption et l’agrément de contrats liés aux droits et devoirs fonciers ont mis en confiance les populations enclavées. Plus en détail, au niveau avantages et gains des populations, sont à citer : - Les prestations rémunérées concernant les délimitations, le piquetage la plantation et

l’entretien des parcelles. - Les primes d’entretien et de gestion des parcelles sous système taungya. - Une prime pour la protection contre les incendies par les comités anti-feu. - Certaines primes pour les constructions. - Les revenus des charbonniers à partir des bois rémanents des défriches de préparation du

terrain de plantations. - Les revenus indirects de mise à disposition de bois de feu et d’autres avantages auprès des

populations . En outre, le paysage économique a été favorablement modifié avec la création et l’impulsion de groupements économiques pour la production de plants forestiers et maraîchage et de cinq groupements d’apiculteurs dans les enclaves avec une cinquantaine de ruches ; et aussi avec la disponibilité de voies d’accès et d’évacuation de produits agricoles. Les mesures d’accompagnement concernent d’une part: l’appui à la réorganisation de la population et la sécurisation foncière (qui ont aussi touché les villages en périphérie) et d’autre part, les installations et constructions qui ont été en grande partie financées à partir des recettes de vente des produits ligneux, à savoir : - Forages et puits aux enclaves de : Xantho, Tsinigan et (sans succès) à Yokou. - Retenue d’eau, citerne et pépinière à Fawukpé. - Dispensaire à Tsinigan. - Ecoles primaires à Fawukpé et Tsinigan (inachevée). - Pistes praticables pour toutes les enclaves. - Installation de ruches à Fawukpé, Xantho, Hahonou, Balécopé et Yokou. Le regroupement dans les enclaves et leur délimitation ont provoqué un choc psychologique (auquel il fallait s’attendre) au sein des villageois. Ces actions ne se sont pas déroulées sans heurts et conflits et certains problèmes restent toujours en suspens, tels que: la destruction des palmiers à huile dans les zones de reboisement sans dédommagement des propriétaires. Par ailleurs, les activités du projet et les avantages qu’il a procurés ont entraîné un afflux de nouveaux arrivants attirés par ce regain d’activités économiques. Ainsi, l’estimation de l’augmentation de la population, résidant en forêt, est de 60% par rapport aux études de 1995. En fin de projet, après trois années de négociations, le projet a délimité les espaces qui revenaient à chaque village ou enclave, pour octroyer de l’ordre d’un millier d’hectares sous forme de contrats fonciers d’usufruit temporaire, fixant les droits et devoirs de chacun. Malheureusement, l’impact et le devenir de cette action, essentielle mais tardive, n’ont pas fait l’objet de bilans ou d’analyses, car relégués à la deuxième phase du projet. Les populations, en adhérant au projet, ont certes acquis une légalité avec les contraintes afférentes, mais le sentiment ressenti est que progressivement, les bénéficiaires ont adopté une position d’assistanat en attente d’autres appuis et avantages au cours des phases suivantes du projet. A la question posée au cours des rencontres avec la mission d’évaluation : « Pourquoi

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le projet s’est intéressé à vous (et non pas à d’autres) », aucune réponse précise ou cohérente n’a pu être avancée ; ce qui est un indicateur de l’incompréhension des enjeux réels du projet, (la communication est un art difficile). Ainsi, faute de reconduite du projet, la démotivation était inéluctable et l’ODEF s’est trouvé dans une situation très inconfortable vis-à-vis des populations concernées. Actuellement, ceci se traduit en pratique: par l’abandon des travaux d’entretien de la retenue d’eau (si coûteuse et qui s’envase inexorablement) et de finition d’une des deux écoles, par le départ de pépiniéristes vers d’autres sites plus attractifs ou par le manque d’intérêt pour l’entretien des plantations et des infrastructures. Finalement, une des principales leçons tirée par l’INADES est que: trois années de projet sont très insuffisantes pour mener à bien une approche participative consolidée, en milieu forestier. 2.6 Efficacité de diffusion des résultats du projet. La capitalisation des résultats n’ayant pas eu lieu, du fait d’un report tacite aux phases suivantes du projet, il est évident que la diffusion des résultats est restée « lettre morte » à quelques exceptions. Très peu de résultats du projet ont été diffusés au niveau national. Toutefois, le projet a mis à profit les occasions offertes par certains événements, comme la Journée Nationale de l’Arbre et de l’environnement, pour diffuser ses résultats au moyen des médias (radio et télévision). Des échanges d’expériences entre groupements villageois et avec d’autres projets en cours de réalisation ont également eu lieu. Après trois années de négociations, de contractualisation et de solutions aux conflits, il aurait été fort souhaitable et instructif de capitaliser l’expérience et l’acquis grâce à une étude sociale, culturelle et économique. En fait, les informations sont éparpillées dans de multiples documents ou compte-rendu parmi lesquels deux documents finaux ont été révélateurs : - Résultats de l’Atelier d’évaluation du projet PD 30/ 96 en juillet 2001. - Rapport bilan de la collaboration entre l’INADES et L’ODEF dans le cadre du projet

URAF / Haho-Baloé de mai 2004. Il s’agit néanmoins, de documents relativement succincts qui retracent des faits et des constatations, sans une analyse du comportement et de la psychologie des acteurs. Au niveau de la formation, il faut souligner que les trois ateliers qui se sont tenus chaque année, avec le concours d’un consultant extérieur, ont eu un impact important en termes d’information et communication ; l’intitulé /objectif de ces ateliers étant : La formation des techniciens et des acteurs de développement à la méthode d’aménagement forestier durable et participatif de la forêt classée de Haho-Baloé (faits à Notsé). Ces ateliers, ont eu davantage à considérer la problématique de négociation des intérêts des populations (organisation des communautés des enclaves, le système taungya, la police forestière, la gestion du charbon de bois, les mesures d’accompagnement, la production et la commercialisation) que les aspects plus techniques pour la gestion des formations naturelles qui, en principe, devait être confiée aux populations, avec l’élaboration d’un plan de gestion. En ce qui concerne la documentation, celle-ci a été satisfaisante pour le démarrage du projet grâce à l’apport du projet préparatoire PD 204/91, déjà cité. Actuellement, la documentation disponible concerne de multiple compte-rendu, notes et rapports intermédiaires qui ont récemment été répertoriés suivant un listing détaillé. Néanmoins, les bilans n’ayant pas été faits sous forme de documents récapitulatifs et explicatifs, cette documentation reste d’une approche limitée et de ce fait obère les synthèses et les analyses.

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2.7 Situation générale après l’achèvement du projet dans sa zone d’influence. Malgré les écueils rencontrés, il est possible de constater que le programme de travaux sylvicoles a été respecté avec les difficultés ci-devant présentées (voir paragraphe 2.3). En fait, dans l’aire d’influence du projet, la situation a été réellement transformée. Avant l’arrivée du projet, la forêt d’Haho-Baloé était laissée à elle-même et seules les anciennes plantations, bien protégées, marquaient la présence effective de l’administration forestière. Par contre, le reste du massif se trouvait à l’abandon avec des limites plus théoriques que pratiques, ce qui a été sanctionné par l’intrusion, en ordre dispersé, de populations rurales autochtones ou allochtones, en quête du moyen de subsistance qu’est la terre agricole disponible. Avec le projet, la reprise en main de la gestion de l’ensemble du massif a été effective, même si elle est jalonnée d’imperfections techniques et sociales. Les activités de reboisement et d’organisation des populations ont redonné un souffle économique certain, en répondant dans la mesure du possible, à l’attente gouvernementale de valorisation du potentiel ligneux que représentent les teckeraies arrivées à maturité et la création de nouvelles ressources forestières pour le bois d’œuvre à partir d’une essence noble qu’est le teck (avec un succès technique de revitalisation de la méthode taungya, entrée dans les habitudes, tant de l’Agence d’exécution que du milieu paysan). En outre, malgré les activités à mi-parcours inachevées, la sécurisation et légitimation des populations des enclaves, est un résultat d’importance par le fait qu’il est le premier du genre et qu’il a servi de référence (avec les exemples à suivre et les écueils à éviter) pour d’autres projets, parmi lesquels ceux de l’OIBT : - PD 07/98 : Appui à la population Akposo pour le développement d’une approche

participative d’aménagement forestier dans la zone de Bato (Amou - Nord). - PD 09/99 : Aménagement durable et participatif de la forêt classée de Missahoé et des

collectivités villageoises environnantes en vue d’une production optimale de bois d’œuvre et la conservation de la diversité biologique.

Malgré les carences inhérentes à la programmation du projet, induisant des erreurs techniques et des difficultés socio-économiques, force est de constater qu’au terme de trois années de travaux, une évolution positive est patente : d’une situation passive classique du développement au ralenti, la zone du projet a évolué vers une configuration de dynamisme économique, même si celui-ci a été fortement tempéré par la non-poursuite des phases ultérieures du projet. En effet, faute de reconduite du projet, la démobilisation des populations des enclaves était inéluctable. La poursuite des activités est aujourd’hui est au ralenti, pour des raisons financières et aussi par manque de motivation de la part de l’ensemble des acteurs concernés. Ceci s’est traduit par l’abandon des travaux d’entretien d’infrastructures, le départ de groupements vers d’autres sites ou le manque d’intérêt pour l’entretien des plantations (à l’exception des parcelles menées selon la méthode taungya). Certes, au terme du projet, l’évolution sociale globalement positive, mais plus de trois années s’avèrent nécessaires pour mener à bien une approche participative.

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2.8 Effets et impacts inattendus, nocifs ou bénéfiques, ainsi que leur raison d’être. Volet technique - principalement lié au premier objectif spécifique : - L’échec des plantations sur sols pauvres et surtout, d’espèces de forêt dense telles que le

Fraké ou le Samba, n’est pas surprenant, c’est en fait le contraire qui aurait été inattendu, - (voir paragraphe2.3). - La mauvaise reprise et le comportement hétérogène des plantations de Teck et de

Gmélina, réalisées en régie par l’ODEF, constituent une mauvaise surprise, mais en partie prévisible du fait de la déficiente préparation (mécanique) du terrain de plantations et de la faible fertilité des sols. La situation sera difficilement rattrapable puisque les parcelles mal couvertes, enherbées et lourdes à entretenir ou à réhabiliter, sont en outre, très vulnérables aux feux.

- En fait, l’écosystème de savane arbustive ou arborée qui précédait la plupart de ces plantations, était en meilleur équilibre écologique résiliant vis-à-vis des incendies et feux occasionnels ou périodiques.

- Par contre, les peuplements agroforestiers mis en place, avec les paysans selon la méthode Taungya, présentent un état de développement très satisfaisant. Ces plantations sont installées sur de sols relativement riches, mais les résultats obtenus au niveau des paysans qui venaient d’être initiés pour la première fois aux techniques des plantations forestières et l’intérêt qu’ils continuent à apporter à cette pratique associative, font partie des effets positifs, en quelque sorte inespérés.

- La régénération des vieilles plantations de teck exploitées lors du projet, a été un échec partiel inattendu qui aurait pu être évité ou amoindri, grâce à un protocole d’action privilégiant la reconstitution par rejets de souche.

Volet communautés rurales- lié au second objectif spécifique : - Le principal effet inattendu concerne l’abandon presque total des activités héritées du

projet par les populations résidant dans certaines enclaves. Ce phénomène est d’autant plus inattendu que ces enclaves figurent parmi les localités qui ont le plus bénéficié des acquis du projet, alors qu’est constaté un réel intérêt, de la part des populations résidant dans les enclaves les moins nanties, à poursuivre des activités comme l’apiculture le maraîchage, la production et la commercialisation des plants d’arbres forestiers. Il est probable que les populations de ces premières enclaves attendaient encore la 2ème phase du projet et figurent aujourd’hui parmi les plus affectés et déçus après l’arrêt du projet. « L’arbre le plus haut est sans doute, celui qui provoque la plus grande chute ». En outre, l’accroissement imprévisible de la population qui a dépassé le seuil de plus de 60% dans les enclaves et les incursions répétées des communautés nomades dans la phase optimale du projet, ont surpris les populations autochtones et certainement perturbé le climat serein de co-habitation.

- Malgré les efforts, non négligeables, de l’ODEF et de l’INADES, pour impliquer et motiver les populations rurales sises au sein de la forêt classée, l’effet attendu n’a pas réellement eu lieu; et ceci, avant même la déception de clôture de la première phase. Le projet a souffert, sans doute, de son approche innovante et c’est heurté à l’inexpérience locale en matière de foresterie participative, mais aussi, aux réticences des populations rurales peu réceptives aux nouvelles données de la part de l’administration forestière. Ainsi, les populations des enclaves, en partie déplacées, sont passées d’une situation de

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crainte à celles d’exigences et d’assistanat, faute de communication effective, d’explication des enjeux et de contrats liant parties dès le départ. Ceci s’est, a priori, accentué en octroyant la priorité aux travaux de reboisement et en reléguant ainsi les aspects communautaires au deuxième plan.

- Remarque finale: malgré les difficultés de mise en œuvre de la foresterie participative et de son échec partiel faute de suivi et de moyens adéquats, il est force de constater que le projet a été bénéfique pour ceux qui, par la suite, ont eu lieu ailleurs avec l’appui de l’OIBT. Cet impact indirect est d’autant plus inespéré ou étonnant, que ces projets ultérieurs (cités précédemment), ont été approuvés et financés, sans qu’un bilan provisoire des activités et des leçons apprises ait été préalablement demandé en ce qui concerne ce premier projet.

2.9 Efficacité économique pour la mise en route du projet, en comprenant les aspects

techniques, financiers et de gestion. Pour mener à bien ce projet, l’ODEF a créé comme prévu, une unité d’exécution des travaux dénommée URAF/HB (Unité de Reboisement et d’Aménagement de la Forêt de Haho-Baloé), bénéficiant d’une autonomie administrative et financière qui s’est dotée du personnel et des moyens nécessaires (stipulés par le budget révisé d’octobre 1997) et plus particulièrement d’une cellule chargée des relations avec les populations des enclaves. Plusieurs institutions et entités représentatives ont participé au suivi de gestion du projet, regroupées au sein d’un Comité local de Pilotage. L’OIBT intervenant directement dans le cadre décisionnel du Comité Directeur de Projet, a régulièrement mené sur place les missions de contrôle pour le bon avancement des travaux et des investissements ad hoc. Les partenaires ayant conforté l’action de l’URAF/HB, ont notamment été : l’INADES –Formation Togo (pour le volet des actions en faveur du paysannat) et un consultant suisse (pour la tenue des ateliers de formation. Pour les travaux majeurs en sous-traitance (préparation mécanique des sols, ouverture et entretien des voies d’accès, constructions de bureaux etc.), les contrats et actions ont été honorés et justifiés. La mission a bien constaté la réalité des travaux de création d’infrastructures et de mesures d’accompagnement. Quant aux retards de déblocage de fonds annuels, l’ODEF a su y faire face en avançant les fonds nécessaires pour ne pas compromettre le déroulement des travaux de terrain. L’Agence d’exécution s’est fortement impliquée pour la gestion du projet ; d’autant plus que pour atteindre ses objectifs, elle a réinvesti les fonds provenant en particulier, de l’exploitation des teckeraies pour finaliser les mesures d’accompagnement et pour rassurer les populations bénéficiaires. Les dépassements budgétaires ont surtout concerné (comme s’est usuel) les grands travaux sous-traités. Le retard d’exécution finale de cette phase du projet a été compensé par l’ODEF grâce à une extension de six mois sans demande de financement complémentaire. Au 31décembre 2001 la contribution de l’agence d’exécution atteignait 920.324 $, très supérieure à la somme de 570.787 $ prévue au budget revu en octobre 1997. Ceci est aussi un indicateur du niveau de responsabilisation et de volontarisme des acteurs chargés de la gestion du projet.

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2.10 Actions à poursuivre ou entreprendre pour faciliter la compréhension des résultats

du projet. Le projet détient un nombre important d’informations éparses et insuffisamment formulées, qu’il convient de capitaliser. Il s’agit, avant tout, d’établir un bilan exhaustif des activités qui ont été menées avec les succès et les échecs enregistrés. Ce bilan est à peine amorcé du fait de l’arrêt du projet à mi-parcours et le rapport d’achèvement d’août 2002, s’avère insuffisant et très incomplet et n’incorpore pas les commentaires explicatifs de l’INADES- Formation. Il est trop succinct et ne propose qu’une très sommaire analyse de la situation, des acquis et des leçons à tirer. Le bilan doit constituer la mémoire du projet en faisant état non seulement des réussites, mais encore plus des échecs et des erreurs qui sont toujours les plus instructifs. Les évaluateurs ne se font pas illusion sur la faisabilité d’un tel bilan récapitulatif, plusieurs années après l’arrêt du projet et le départ ou l’absence des principaux responsables de son exécution. Néanmoins, Un bilan de la situation actuelle sur le terrain est indispensable pour la reprise en main progressive et modérée de l’aménagement de la forêt de Haho-Baloé. Il s’agirait plus précisément : - d’inventorier et cartographier les plantations réalisées sur plus de 650 hectares, en

stratifiant les peuplements réussis et homogènes à entretenir et protéger prioritairement, ainsi que ceux dont l’avenir est très incertain et qui doivent être: soit reconstitués et/ou restaurés (avec d’autres espèces plus rustiques comme les acacias, pouvant améliorer les conditions des sols), soit confiés aux populations rurales ;

- de procéder de même, avec les vieilles plantations de teck subsistantes et les peuplements en principe régénérés après exploitation, afin de décider de leur avenir et des actions à entreprendre ;

- de délimiter les formations naturelles et surtout, celles des galeries forestières qui n’ont pas subi d’intervention (faute d’un plan d’action pour leur aménagement) et qui, par mesure de précaution, doivent être protégées et conservées, du fait de leur fragilité et de leur rôle environnemental très supérieur à toute spéculation commerciale ;

- et de capitaliser l’expérience acquise au long de ces années de négociations avec les populations rurales, en établissant le bilan analytique des approches sociales et culturelles et d’identifier les actions, a minima, à entreprendre pour parachever les mesures d’accompagnement et aussi, pour évaluer l’impact positif ou négatif des contrats fonciers d’usufruit octroyés en fin de projet.

2.11 Echecs et succès du projet, en retirant les principales leçons et en identifiant les

résultats et problèmes à prendre en compte pour la préparation et la conduite de futurs projets similaires.

a) Résultats du premier Objectif spécifique : Aménagement durable et intégré de la forêt

classée de Haho-Baloé (4000 ha), en vue d’une production optimale de bois d’œuvre. Résultat 1 : 500 hectares de plantations nouvelles. En trois campagnes de boisement, de 1999 à 2001, ce sont 658 hectares qui ont été plantés, (comme décrit et détaillé au paragraphe 2.3), à base essentiellement de teck. Ce résultat est atteint, voire même dépassé, mais l’état de la plupart des peuplements n’est pas satisfaisant et

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un bilan de la reprise, de la couverture du sol et du comportement s’avère indispensable, ainsi qu’il a été préconisé au précédent paragraphe. Résultat 2 : 100 hectares de vieilles teckeraies régénérées. En principe, ce sont 158 hectares de teck ayant atteint la maturité, qui ont été exploitées pour le bois d’œuvre. Leur régénération a été engagée, après débardage des produits ligneux, à partir des semis naturels et de plants complémentaires élevés en pépinière, dont le résultat est très mitigé (voir en 2.3) et il aurait été préférable de tirer parti des vigoureux rejets de souche. D’après les observations, seule une trentaine d’hectares serait bien couverte par l’ensemble des semis, plants et rejets. Il s’agit d’un demi-échec qui aurait pu être évité grâce à une bonne coordination et programmation des travaux d’exploitation et de conduite des peuplements. Quoi qu’il en soit, un bilan technique s’avère, ici aussi, nécessaire pour récupérer les parcelles les mieux réussies et améliorer le protocole sylvicole. (le Résultat 3 s’inscrit davantage dans le deuxième Objectif spécifique) Résultat 4: 20 kilomètres de pistes existantes re-profilées et 10 kilomètres de pistes nouvelles La mission d’évaluation a constaté que cette opération semble avoir été menée sans problèmes majeurs et qu’en outre, les travaux de maintenance étaient encore assurés lors des visites de terrain. b) Résultats du deuxième Objectif spécifique : Appui aux communautés villageoises

installées dans la forêt classée ou riveraines à s’auto-organiser pour participer à la gestion de la forêt, afin d’en tirer parti pour leur développement social et économique.

Les Résultats 3, 5 et 6 peuvent être regroupés en vue de répondre globalement à cet objectif et ce sont respectivement : - 1600 hectares de forêt aménagée avec la participation des populations. - Unité de gestion du projet opérationnelle à Notsé. - Participation effective des populations locales à la gestion durable de la forêt. Résultat 3 : le principal résultat escompté d’aménagement des formations forestières n’est que très modestement atteint : les activités se sont limitées à l’enrichissement en layons d’une trentaine d’hectares, avec des espèces locales (Anogeissus leiocarpus, Khaya senegalensis, etc.), ainsi qu’à la délimitation de 660 hectares; et le Plan d’action d’aménagement qui était prévu, n’a pas vu le jour. Par contre, la population a activement participé à la surveillance contre les feux de brousse et les équipes de patrouille et les postes de contrôle ont brillé par leur efficacité. Par ailleurs, l’un des produits les plus intéressants est la réalisation d’une retenue d’eau de 70.000 m3 environ dans une des localités du projet ou le manque d’eau est chronique. Résultat 5 : l’unité de gestion du projet a joué un rôle très important dans la réalisation du projet. La composition de cette structure a permis de superviser l’ensemble des travaux engagés avec les populations : les travaux courants d’entretien des plantations (rétribués), installation de parcelles selon la méthode taungya (sous contrat), la création de pépinières et la production de plants et d’autres, telles que la production de miel. Résultat 6 : la participation des populations est réelle et des comités de villages et des associations villageoises ont vu le jour. Ces associations ont été initiées aux activités génératrices de revenus et un cadre de concertation a été mis en place pour permettre à toutes

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ces catégories de personne à participer dans la mise en œuvre des mesures d’accompagnement (construction d’écoles, puits, dispensaires, etc.). La contractualisation foncière de terres en usufruit, a constitué la phase ultime de l’approche participative du projet. Ce deuxième volet du projet est difficile à évaluer, après plusieurs années écoulées, sans indicateurs pertinents des résultats effectivement atteints et les documents disponibles ne reflètent guère l’état détaillé de la situation à la fin du projet. c) Principaux échecs et réussites : En fait, les écueils pour reboiser et mener une foresterie participative, ont été identifiés et parfois surmontés, mais certaines difficultés et les solutions à trouver ont été différées dans le temps, comptant y faire face lors de la deuxième phase du projet. Les réussites et les échecs sont intimement mêlés par le fait que les actions ont été interrompues à mi-parcours et que la plupart d’entre-elles sont restées inachevées et que des maladresses techniques n’ont pas pu être rattrapées ; c’est le cas notamment des demi-échecs ou demi- réussites, en ce qui concerne les plantations en régie, la régénération des vieilles teckeraies, ainsi que l’amorce à tâtons de l’aménagement des formations naturelles. En particulier, deux succès sont à porter au crédit de l’ODEF, il s’agit d’une part, de la réussite des peuplements réalisés suivant la méthode taungya, qui concilie les intérêts des agriculteurs et des forestiers ; et d’autre part, du regroupement et de la mise en confiance des populations rurales grâce aux mesures d’accompagnement et aux contrats fonciers (même si, par la suite, la démotivation d’après- projet est manifeste). L’erreur principale a été de ne pas avoir procédé à une analyse globale et à un bilan de cette première phase, avec une récapitulation exhaustive des travaux et des actions engagés et de fournir des propositions d’actions prioritaires à assurer pour préparer l’avenir et pour garantir la préservation des acquis, tant techniques que matériels. Il est regrettable que l’ODEF n’ait pas donné plus d’importance à la formation interne de ses agents (ces bilan et analyse en auraient bénéficié). d) Principales leçons : Parmi les leçons à tirer, il en est surtout deux à retenir : - d’une part, les actions impliquant les populations rurales et la foresterie participative

requièrent un dévouement dans le temps qui dépasse largement la durée de projets de trois ans, notamment dans un contexte inexpérimenté en la matière ;

- et d'autre part, le découpage d’un projet en phases successives représente un risque important d’insuccès faute de continuité des financements. L’effet pervers qui en résulte, a été signalé par la mission d’évaluation dès le début du rapport ( en 2.1, page 4) en soulignant que : « les différents rapports rédigés sur l’état d’avancement du projet et le rapport d’achèvement du projet d’août 2002, continuaient à faire allusion à un financement quasi assuré pour le démarrage de la deuxième phase du projet ».

Il est certain que dans le cas présent, comme pour l’ensemble des projets, les activités pour être correctement menées à terme, nécessitent un début et une fin bien délimités, avec les moyens correspondants, ce qui constitue la cohérence du projet. Le fait d’être assujetti à d’hypothétiques aides ultérieures, constitue une « épée de Damoclès » pour la continuité du projet. C’est pourquoi, la leçon (et recommandation) qui en découle est de :

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- soit, ne pas accepter un projet découpé et en phases successives dont seule la première est finançable,

- ou soit, reformuler et remodeler ce type de projet en une phase unique, au terme de laquelle les résultats atteints et les échecs bien analysés doivent faire l’objet d’un bilan détaillé, pour éventuellement, préparer une nouvelle offre de projet mieux adapté aux contraintes du jour, en sachant tirer avantage des leçons apprises.

D’autres leçons à retenir pour l’exécution de projets figurent dans le paragraphe ci-après. e) Problèmes à prendre en compte pour la préparation et la conduite de projets similaires. - La préparation du projet doit être menée de circonspection pour ne pas afficher des

objectifs et des résultats inatteignables. Il s’agit de se fixer des objectifs simples avec des indicateurs réalistes et applicables pour jalonner la réalisation du projet de repères d’avancement et prévoir des mécanismes de contrôle et de prise de décision (Comité de direction, etc.) efficaces et opérationnels.

- Un diagnostic préalable du contexte et des contraintes dans la zone d’influence du projet, doit tenir compte des facteurs humains, surtout quand il s’agit de foresterie participative ; ce qui demande des enquêtes approfondies pour bien identifier les acteurs et les bénéficiaires du projet, ainsi que leurs souhaits, attentes et volonté de participation.

- Il s’agit aussi, de bien identifier les risques et d’envisager des options alternatives de changement de nature ou d’orientation des activités en fonction d’écueils prévisibles ou potentiels. D’ailleurs, les difficultés techniques sont en général, plus faciles à surmonter que les dysfonctionnements relationnels.

- Il est essentiel de faire appel aux connaissances acquises, internes ou externes et réunir une large documentation, tout en s’adjoignant les compétences requises de la part d’organismes de recherche, non gouvernementaux et /ou de développement, ainsi que de collectivités ou d’associations rurales, directement responsabilisés et impliqués dans le bon déroulement du projet.

- Techniquement, il faut prendre soin de respecter les conditions climatiques et la nature des sols, pour ne pas « planter pour planter » selon les exigences des programmations annuelles ; car, les peuplements hâtivement mis en place et mal réussis s’avèrent coûteux en maintenance et sont finalement improductifs. Les systèmes agroforestiers offrent de multiples options techniques pour ce qui à trait à la foresterie participative.

- Enfin, la gestion des reboisements et surtout, des formations naturelles fragiles, secondaires ou dégradées, aurait beaucoup à gagner en utilisant, en particulier, les directives établies par l’OIBT en la matière.

2.12 Rôle et contribution du projet en vue d’atteindre l’Objectif 2000 de l’OIBT et la

gestion durable des ressources forestières en tenant compte des directives, des objectifs de l’OIBT et de son Plan d’Action 2002-2006.

- Le projet contribue indirectement à l’accomplissement de l’Objectif 2000 de l’OIBT, en

établissant de nouvelles plantations destinées à la production de bois d’œuvre qui, en principe, devront réduire la pression qui s’exerce sur les formations arborées naturelles du pays, du fait du déboisement et de l’exploitation forestière.

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- En ce qui concerne l’Accord International de 1994 sur les Bois Tropicaux, le projet est en accord avec l’Objectif (j) : Encourager les membres à appuyer et à développer des activités de reboisement en bois d’œuvre tropicaux et de gestion forestière, ainsi que la remise en état des terres forestières dégradées, compte dûment tenu des intérêts des communautés locales qui dépendent des ressources forestières.

- Les Directives de l’OIBT pour la création et l’aménagement durable des forêts

artificielles tropicales fournissent de nombreux principes et actions recommandées de grande utilité, par exemple le projet aurait dû (parmi d’autres) suivre de plus près deux principes : Principe 40 : Une préparation du terrain peut améliorer la croissance initiale et le développement des peuplements artificiels grâce à l’amélioration des caractéristiques physiques du sol et à la réduction de la végétation adventice lors de la phase d’installation. Toutefois, les effets à plus long terme du labour, du drainage et autres formes intensives de préparation du sol doivent être soigneusement évalués, car ils peuvent entraîner une dégradation du site et des effets secondaires indésirables. Principe 51 : La mise en œuvre effective des plans d’aménagement et des programmes de recherche associés exige un personnel de haute compétence professionnelle, et ayant une aptitude à travailler avec les communautés rurales.

- Le projet a été relativement peu concerné par les Directives OIBT pour la restauration, l’aménagement et la réhabilitation des forêts tropicales dégradées et secondaires, car il s’agit essentiellement d’un projet pour la plantation de peuplements artificiels, dont le volet d’aménagement des formations naturelles n’a pas réellement démarré. Ces directives ne tiennent pas directement compte des formations ouvertes de savane, mais dans le cadre de la poursuite des activités du projet, elles pourront être mises à profit pour ce qui a trait aux forêts fragiles et appauvries et aux terres forestières dégradées.

- Finalement, en ce qui concerne le Plan d’Action de Yokohama de l’OIBT 2002-2006, le

projet est en conformité avec les deux buts du Comité du Reboisement et de la gestion forestière, à savoir: But 1 : Appui aux activités destinées à garantir la base de ressources des bois tropicaux, dont l’Action 7 est principalement, de mettre en œuvre des dispositions pour les droits de jouissance foncière, en prenant en compte les modes traditionnels de propriété ou d’usufruit. But 2 : Promotion de la gestion durable des ressources forestières tropicales, dont l’Action 10 comprend deux principaux volets : - d’une part, créer et gérer des forêts multifonctionnelles en étroite coopération avec les

propriétaires forestiers locaux et les collectivités riveraines; - et d’autre part, accroître la capacité productive des forêts naturelles, en mettant en œuvre

lorsqu’il y a lieu des pratiques sylvicoles intensives, une meilleure utilisation des essences secondaires, la promotion des produits forestiers non ligneux, la régénération naturelle guidée, les plantations d’enrichissement et le reboisement.

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CONCLUSION Ce projet a été parmi les premiers du genre au Togo, dans le cadre de l’aménagement de la Forêt classée de Haho-Baloé. Le premier (et principal) objectif, purement forestier pour la production de ressources de bois d’œuvre à partir de plantations, a été très vite confronté à la problématique que posait le second objectif: la participation des populations locales à cet aménagement. C’est ainsi que le projet a revêtu un caractère novateur, en devant improviser en matière de foresterie participative. Conduite du projet L’évaluation a posteriori du projet a été faite pratiquement trois ans après son arrêt définitif. Ce délai assez long induit une reconstitution laborieuse des faits, mais avec le recul du temps il est possible de mieux évaluer l’impact, les acquis et les résultats consécutifs. Pour conduire ce projet, l’ODEF s’est doté d’une Unité d’exécution des travaux autonome. Celle-ci a réalisé par ses propres moyens, l’ensemble des travaux forestiers qui lui étaient familiers et a seulement sous-traité à des entreprises privées les travaux exigeant des moyens mécaniques lourds. Les résultats sylvicoles sont en demi-teinte, les échecs alternant avec les succès, mais en soulignant la réussite des parcelles agroforestières (par rapport aux plantations préparées mécaniquement). Le premier objectif spécifique a été techniquement atteint pour ce qui a trait au reboisement, à la régénération et à l’ouverture de pistes ; seul le volet concernant les formations naturelles a été peu touché par les activités, faute de temps et d’expérience. Les plantations nouvelles et les teckeraies régénérées dépassent les superficies programmées au départ, mais en gagnant en quantité les résultats ont perdu en qualité (notamment en ce qui concerne la vigueur des peuplements). La gestion du monde paysan implanté dans la forêt ou à sa périphérie, a été conduite avec la participation de l’INADES et la formation (ateliers, réunions, etc.) a été faite avec le concours d’expertise externe. L’Unité d’exécution des travaux s’est doté d’une cellule chargée des relations avec les populations, en liaison avec l’INADES et un Comité local de pilotage. Les actions en vue d’atteindre le deuxième objectif spécifique, paraissent avoir été bien coordonnées. Il n’est pas aisé d’évaluer, a posteriori, les résultats de l’organisation des populations et de leur participation aux travaux du projet, mais il est manifeste que les mesures d’accompagnement ont porté leurs fruits sur le terrain et qu’elles ont eu un impact considérable vis-à-vis du contexte économique et social de la zone d’influence du projet. De nombreuses retombées favorables induites par ces actions de foresterie participative, ont été de courte durée du fait de l’arrêt (inattendu) du projet au terme de trois ans. Toutefois, deux indicateurs de continuité peuvent être signalés: d’une part, la poursuite des activités (d’encadrement et de sylviculture) de la structure de relais du projet chargée des relations avec les populations et d’autre part, le maintien et le récent entretien des pistes, en attente d’une relance des travaux de plantation. La capitalisation des résultats du projet n’a pas été assurée, du fait d’un report aux suivantes phases du projet. La promotion du projet en a souffert, avec une mince diffusion des résultats. L’ODEF détient pourtant dans ces bureaux, un cumul d’informations sous forme de multiples documents concernant le projet, qui ne sont pas suffisamment valorisés. L’expérience issue du projet, a néanmoins été mise à profit pour la préparation et la conduite d’ultérieurs projets similaires (dont ceux financés par l’OIBT).

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Ecologie et environnement En forêt de Haho-Baloé, où la pluviosité annuelle relativement faible n’atteint que 1.100 mm, les formations naturelles couvrent à peine le quart de la superficie et sont du type galeries forestières au long des bas-fonds et des cours d’eau, et l’essentiel du massif est constitué de savanes arbustives ou arborées en fonction des sols et d’éventuelles dégradations liées au passages de feux. Par ailleurs, de vieilles plantations de teck s’étendaient sur plus de cent hectares et un millier d’hectares étaient mis en culture, par les populations installées au sein ou à l’extérieur de la forêt, au démarrage du projet. Aujourd’hui l’état des nouvelles plantations (environ 650 ha principalement à base de Teck) est très irrégulier. Les peuplements purs mis en place sur des sols relativement riches, ainsi que ceux installés avec les paysans selon la méthode taungya, présentent certes, un état de développement satisfaisant. Par contre, les arbres des parcelles sur terrain préparé mécaniquement ont une faible croissance, la couche superficielle ayant été fortement décapée et la reprise des plants au sein des parcelles préparées manuellement sur savane arbustive sont très irrégulières, notamment du fait de la faible fertilité du sol. Cette situation, qui est loin d’être générale, sera difficilement rattrapable car les parcelles mal couvertes, enherbées sont coûteuses et lourdes à entretenir ou à réhabiliter et qu’en outre, elles sont peu productives et très vulnérables aux feux. En fait, l’écosystème de savane arbustive ou arborée qui précédait certaines plantations, était en meilleur équilibre écologique, résiliant vis-à-vis des feux occasionnels ou périodiques. La régénération naturelle des anciennes teckeraies est décevante, car elle a été conçue et menée à partir des semis naturels après la coupe commerciale. Les parcelles conservées qui arrivent à couvrir le sol (en cumulant les plants naturels ou plantés et les rejets de souche) sont en fait, des peuplements artificiels secondaires dont la gestion sera complexe et délicate. Les activités en faveur des formations naturelles se sont limité à l’enrichissement d’une trentaine d’hectares, avec des espèces locales. Les galeries forestières n’ont, en principe, pas subi d’interventions et par mesure de précaution, elles doivent être conservées en l’état, car leur rôle biologique et protecteur est essentiel pour l’environnement. L’impact des feux de brousse a été bien circonscrit, car la population a participé à la surveillance contre les incendies, en bonne coopération avec les équipes de patrouille et les postes de contrôle. Les activités du projet ont mis en place les conditions requises pour la protection de l’écosystème forestier, même si celui-ci a été partiellement transformé. Elles ont aussi fortement amélioré l’environnement humain, par exemple, grâce à l’excellent réseau de pistes d’accès et de circulation au sein du massif et à la réalisation d’une retenue d’eau d’environ 70.000 m3 à Fawukpé ou le manque d’eau était chronique. Aspects économiques et sociaux et leur impact Le projet a adopté une approche participative et son impact auprès des populations rurales, notamment des enclaves, a été sans conteste considérable. Celles-ci sont passées du statut d’illégalité à celui de légalité, ce qui est un acquis social important. La sécurisation des terres

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par l’adoption et l’agrément de contrats liés aux droits et devoirs fonciers ont mis en confiance les populations enclavées. Le paysage économique a été favorablement modifié en associant l’ensemble du paysannat de la zone, aux travaux du projet. Les multiples travaux forestiers de création et d’entretien des plantations, de pépinières, d’ouverture de pistes ou d’exploitation des teckeraies ont été une source importante de primes et d’emplois rémunérés, ainsi que de revenus indirects (mise à disposition de bois de feu etc.) En outre, les mesures d’accompagnement ont radicalement amélioré l’environnement social et humain en favorisant la réorganisation de la population : d’une part, avec la création et l’impulsion de groupements économiques (pépiniéristes ,maraîchers, apiculteurs etc.) disposant de voies d’accès et d’évacuation de produits agricoles ; et d’autre part, avec les installations et les constructions dont ont bénéficié les populations enclavées et riveraines, à savoir : forages et puits, écoles primaires, une retenue d’eau et un dispensaire. En fait, avant l’arrivée du projet, seules les anciennes plantations étaient bien protégées avec l’intrusion dans le reste du massif, de populations en quête de terres. La reprise en main, grâce au projet, de la gestion de l’ensemble du massif a été effective, même si elle a été jalonnée d’imperfections techniques et sociales. Le regroupement en enclaves a certes, provoqué un choc psychologique auprès des populations, mais les activités du projet et les avantages qu’il a procurés ont largement compensé les désagréments (et même attiré de nouveaux arrivants). Progressivement, certains bénéficiaires ont adopté une attitude d’assistanat en attente d’autres appuis et avantages au cours des phases suivantes du projet. Faute de reconduite du projet, la démotivation était inéluctable et l’ODEF s’est trouvé dans une situation inconfortable vis-à-vis des populations concernées. Ceci s’est traduit par une attitude passive et résignée d’abandon des travaux d’entretien d’infrastructures, de départ de groupements vers d’autres sites ou de manque d’intérêt pour l’entretien (rémunéré) des plantations. Finalement, malgré des erreurs techniques et des difficultés socio-économiques, au terme du projet, l’évolution sociale était très positive, mais trois années semblent insuffisantes pour mener à bien une approche participative consolidée. Commentaire général Malgré les difficultés rencontrées pour mener de face les deux objectifs du projet, ainsi que certaines maladresses en matière de sylviculture et de gestion du monde paysan, l’Agence d’exécution du projet et ses partenaires, ont pu surmonter la plupart des écueils et mener à terme l’essentiel des deux objectifs assignés. En un peu plus de trois ans, l’ODEF a favorablement modifié le paysage économique et forestier du massif à aménager et a su improviser une approche participative, jusqu’alors mal connue et éprouvée. La poursuite des activités est aujourd’hui est au ralenti, pour des raisons financières et aussi par manque de volonté et de motivation de la part de l’ensemble des acteurs concernés. Toutefois, les résultats du projet, malgré leur faible diffusion, ont eu des répercussions favorables pour la mise en route et la conduite de projets de gestion d’aires et de massifs protégés que finance l’OIBT au Togo.

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Recommandations Les réussites et surtout les échecs ont donné lieu à des « leçons apprises » et ce sont les recommandations qui en découlent qui sont ici brièvement récapitulées. a) D’une part, pour préparer et conduire un projet : - Procéder à des études préalables dans la zone d’influence du projet, pour tenir compte des

facteurs humains (enquêtes approfondies pour identifier les acteurs, les attentes la volonté de participation etc.) ;

- Consentir des efforts en communication pour bien faire passer les messages (enjeux du projet, droits et devoirs de chacun) ;

- Bien identifier les risques et envisager des options alternatives de changement de nature ou d’orientation des activités en fonction d’écueils prévisibles ou potentiels ;

- Eviter le découpage du projet en phases successives ce qui représente un risque important d’insuccès faute de continuité assurée des financements. Il est préférable prévoir un début et une fin, avec une analyse et un bilan final approfondis (susceptibles de donner naissance à un autre projet) ;

- Faire appel aux connaissances disponibles et réunir une large documentation, en s’adjoignant les compétences requises (de la part d’universités, d’organismes de recherche/développement, d’ONG, de collectivités rurales, etc.) et créer des partenariats ;

- Faire usage des directrices établies par l’OIBT en matière de gestion des reboisements et des formations naturelles (secondaires ou dégradées) ;

- Respecter les contraintes climatiques et édaphiques, pour ne pas planter à contre temps ou au hasard en vue d’un objectif inatteignable (les peuplements mal réussis sont peu productifs et lourds à maintenir).

b) D’autre part, pour concrétiser les acquis du projet et préparer la reprise des activités

(faute de capitalisation des acquis du projet, il s’agit, avant tout, d’établir un bilan exhaustif des activités et des résultats bénéfiques ou nocifs, c’est à dire la mémoire du projet) :

- Procéder à un bilan général de réussite ou d’échec pour l’ensemble des peuplements

de Teck et de Gmélina, afin de mener à bien leur aménagement : inventorier et cartographier les plantations réalisées sur plus de 650 hectares, en stratifiant les peuplements réussis et homogènes dont la conduite sylvicole est prioritaire), ainsi que ceux dont l’avenir est très incertain et qui doivent être soit reconstitués ou restaurés, soit confiés aux populations rurales ;

- Procéder de même, avec les vieilles plantations de teck subsistantes et les peuplements

régénérés après exploitation, afin de décider de leur avenir et des actions à entreprendre ;

- Délimiter les formations naturelles et surtout, celles des galeries forestières qui n’ont

pas subi d’intervention et qui, par mesure de précaution, doivent être protégées et conservées, du fait de leur fragilité et de leur rôle environnemental ;

- Capitaliser l’expérience acquise en foresterie participative avec les populations

rurales, en établissant le bilan analytique des approches sociales et culturelles ; et

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identifier les actions à entreprendre pour parachever les mesures d’accompagnement et aussi, pour évaluer l’impact positif ou négatif des contrats fonciers d’usufruit octroyés.

c) Enfin, des études techniques essentielles restent à faire, parmi lesquelles :

- l’estimation des coûts directs des plantations (hors infrastructures) ; - les modalités de création et de conduite des plantations ; - la dynamique des peuplements en fonction des sols et de leur évolution ; - les possibilités techniques d’exploitation et régénération des teckeraies ; et - la mise au point d’un plan de gestion des formations naturelles (fragiles ou dégradées).

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Appendix I

Terms of Reference

Ex-Post Evaluation of ITTO Projects on

Forest Plantations

II. Purpose and Scope of Evaluation

A) Purpose

The primary purpose of the evaluation is to provide a concise diagnosis of five projects related to Forest Plantations so as to:

a) point out the successful and unsuccessful outcomes,

b) the reasons for successes and failures,

c) the contribution of the projects towards the achievement of ITTO’s Objective 2000, and

d) draw lessons that can be used to improve similar projects in the future.

B) Scope

a) Analyze and assess for each project:

1. The overall role and contribution of the project in light of sectoral policies, development programmes, priorities and requirements to achieve sustainable management of forest resources in the country concerned.

2. The current management status of forest plantations within the project’s area of influence, the effectiveness of the project’s implementation and its effectiveness in promoting sustainable plantation management as defined in the ITTO Guidelines for the Establishment and Sustainable Management of Planted Tropical Forests and the ITTO Guidelines for the Restoration, Management and Rehabilitation of Degraded and Secondary Tropical Forests.

3. The contributions of the specific studies in various disciplines (genetic conservation, ecology, socio-economy, silviculture, rehabilitation, etc.) prepared by the project to the development of forestry in the project’s area of influence.

4. The results and potential impact of the applied research conducted by the project on the application of plantation establishment/management practices and its contribution to the overall forestry-related knowledge in the region.

5. The impact of project activities on the livelihoods of target populations. 6. The effectiveness of dissemination of project results. 7. The overall post-project situation in the project’s area of influence. 8. The unexpected effects and impacts, either harmful or beneficial, and the reasons

for their occurrences.

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9. The cost efficiency in the implementation of the project, including the technical, financial and managerial aspects.

10. Follow-up actions in order to enhance uptake of project results. 11. The project’s relative success or failure, including a summary of the key lessons

learnt; and the identification of any issues or problems that should be taken into account in designing and implementing similar projects in the future.

b) Provide a synthesis to:

1. assess the overall role and meaningful contribution of the five projects in achieving sustainable management of forest resources in tropical timber producing countries taking into account ITTO’s objectives, the ITTO Yokohama Action Plan 2002-2006 and Objective 2000.

2. evaluate the overall contribution of the five projects to plantation establishment/management in the tropics and to the restoration, management and rehabilitation of degraded and secondary tropical forests.

3. evaluate the overall impact on and relevance of the five projects for the Executing Agencies, the forest industry sector and local communities being served and the countries concerned.

4. evaluate the overall attainment of the objectives and to assess the overall effectiveness of the five projects.

5. evaluate the overall appropriateness of the costs and cost structure and use of resources within the five projects.

And make recommendations on:

1. the needs for similar projects in the future; 2. innovative approaches/designs for projects aiming at promoting plantation

establishment and management in the tropics and at the restoration, management and rehabilitation of degraded and secondary tropical forests;

3. appropriate target groups, e.g. countries, government, organizations, forestry sector, local communities;

4. the organizational arrangements of such projects; 5. follow-up and evaluation practices; and 6. further actions needed to sustain or increase the intended effects on sustainable

management of forest resources and Objective 2000 and to draw conclusions, which may be of relevance to other ITTO projects.

* * *